- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans l'état d'esprit. Aujourd'hui, je reçois Bénédicte Duport, fondatrice et dirigeante de Subventis, une entreprise innovante qui aide les professionnels et les particuliers à décrocher subventions et financements publics. Avec elle, on va parler de ses racines, des femmes qui l'ont inspirée, de ses doutes et surtout de cette force intérieure qui l'a toujours poussée à avancer sans jamais renoncer. Bénédicte, est-il simple aujourd'hui d'être une femme chef d'entreprise ?
- Speaker #1
Non, ce n'est pas... pas toujours simple en cours de nos jours, tout simplement parce que lorsqu'on est une femme et femme chef d'entreprise, il faut quand même quelque part que l'on prouve deux fois plus que les autres que l'on est capable de, que l'on est réprochable et même si les mentalités évoluent, c'est quand même pas encore simple. On s'en aperçoit également, notamment quand on veut créer son entreprise sur l'accès au crédit bancaire. Bien entendu, ce n'est pas contre les hommes, parce qu'il y a aussi beaucoup d'inclusion sur ces sujets-là, mais une femme, par réflexe, elle va d'abord mettre de l'argent de côté, et après, elle va oser se lancer quand elle ose. Alors qu'à contrario, un homme, il a une idée, il va voir le banquier, et il fait un dossier de financement, et il avance. Les femmes se mettent naturellement des barrières. On voit bien certaines instances, ou même encore... certaines réunions publiques, quand on regarde le quota de femmes qui sont invitées à participer sur ces colloques, parfois il y en a zéro, encore un.
- Speaker #0
Mais est-ce que ce sont les femmes qui se mettent des barrières, ou bien c'est vraiment la société qui est comme ça ?
- Speaker #1
C'est également une question de tempérament. Je ne me suis jamais trop posé la question, parce que je suis constituée comme ça. Beaucoup se disent, oh là là, mais est-ce que je vais pouvoir... Est-ce qu'on va me juger ? C'est la raison pour laquelle d'ailleurs je suis au réseau FCE France, Femmes Cheveux d'Entreprise. L'objectif, c'est de promouvoir l'entrepreneuriat féminin et surtout promouvoir nos talents et nos compétences aussi par la prise de mandats sociaux. C'est par la prise de mandats sociaux que l'on fait aussi progresser l'avancée, la cause des femmes dans l'entrepreneuriat.
- Speaker #0
Alors vos grands-parents tenaient un garage, vous y alliez souvent. Qu'est-ce que ces moments que vous avez vécu ? Avec eux, vous ont transmis à la fois humainement et puis peut-être professionnellement.
- Speaker #1
Ces moments, ils m'ont appris la valeur du travail bien fait. Parce que j'avais des grands-parents qui travaillaient beaucoup, c'était la génération qui travaillait beaucoup, y compris le dimanche. Ils m'ont appris donc la persévérance et puis surtout le contact avec les gens et l'amour de développement commercial quelque part. Et puis comme tous les enfants, je jouais à la marchande. J'ai appris à faire des factures, j'ai appris à faire plein de choses. C'était un contexte où même les ouvriers faisaient partie de la famille. Ils mangeaient avec nous le midi. Donc j'ai toujours eu cette vision que l'entreprise, ça veut dire que les salariés font partie intégrante de la famille. Les femmes ont joué un rôle important parce que tant ma grand-mère maternelle Que paternelle, et après bien entendu ma mère, la notion du mot travail et indépendance financière. Elles m'ont toujours inculqué ça, qu'il fallait que je sois une femme autonome, libre, indépendante, mais que tout ça, ça passait surtout par le travail et le travail bien fait. Donc maintenant je me dis, j'ai effectivement eu des rôles modèles féminins dans ma famille, ce qui n'est pas le cas malheureusement. pour tout le monde.
- Speaker #0
En 2009, alors que vous avez des périodes un peu compliquées, on va dire, vous refusez un emploi stable pour lancer l'entreprise que vous dirigez actuellement, qui est Subventis. Qu'est-ce qui vous pousse à ce moment-là à faire ce choix ?
- Speaker #1
Je suis assez intuitive par nature. Quand j'ai mon fond intérieur qui me dit de ne pas y aller, je n'y vais pas. J'avais aussi l'envie de donner du sens à mon travail, d'être en phase avec mes valeurs. Et de créer un service utile. Parce qu'à l'époque, Subantis, c'était un nouveau service, ça n'existait pas. Il a fallu que je révise ma copie. Et puis, au lieu d'être prête, contrairement à ce que j'imaginais en six mois, il m'a fallu deux ans. Ce qui a été déterminant, ça a été l'encouragement de mes enfants, parce qu'ils étaient jeunes.
- Speaker #0
Justement, est-ce qu'il n'y a pas eu un moment où vous vous êtes dit, bon, j'arrête tout ?
- Speaker #1
Ça, je ne me le suis jamais dit, parce que j'avais une conviction. profondes sur l'utilité de ce projet. qui était quand même, finalement, je bouclais la boucle, qui était quand même liée à cet amour des gens. Je me disais que chaque petit pas, que chaque client satisfait, parce qu'ils allaient obtenir leurs aides, et que ça allait les aider à passer un cap stratégique chacun à leur niveau, parce qu'il n'y a pas de grandes et de petites personnes, ni de grandes et de petites entreprises. Pour moi, il n'y a que des entrepreneurs. Ça m'a permis de m'accrocher et de... de trouver une utilité à mon projet. La grande évolution, elle a été quand même post-Covid, où tout quand même s'est bousculé. On apprend beaucoup parce que l'entrepreneuriat, c'est les montagnes russes. J'ai appris quand même à être plus résiliente et j'ai appris aussi à faire confiance, à déléguer. J'ai reconstruit une équipe. Grâce à eux, ça me permet de partir sur de nouveaux horizons. et de diversifier. J'ai appris quand même tout ça post-COVID. La réussite, pour moi, c'est quand même bon déjà d'être toujours passionnée, se lever le matin, poser les pieds par terre et de rester passionnée par ce que l'on fait. Personnellement, moi, je ne vais pas... Bien sûr, je vais travailler, mais en fait, tous les jours, je suis heureuse parce que je rencontre des gens différents, qui ont des projets différents. Et pour moi, bien sûr, la réussite, c'est en avançant en âge, c'est d'avoir moins de soucis, parfois financiers. également, mais pour moi, la réussite, c'est progresser intellectuellement. Si chaque jour, j'apprends quelque chose, je me dis, bon, ça va, j'ai avancé. Pour moi, la réussite, elle est quand même à ce niveau-là.
- Speaker #0
Si une femme ou un homme nous écoute et qui aimerait entreprendre, mais qui n'ose pas, quel conseil vous lui donneriez ?
- Speaker #1
Premier conseil, je lui dirais de foncer, mais avec lucidité. On a eu, voilà, je vais encore revenir un peu au Covid, mais il y a quand même beaucoup de gens qui se sont mis en danger. On a eu beaucoup de contacts ici avec des entrepreneuses et des entrepreneurs qui se sont réellement mis en danger, qui ont mis en danger leur famille, notamment sur toutes les personnes qui étaient déjà un peu fragilisées avant et qui sont parties sur le développement personnel, pensant qu'ils allaient toucher des allocations pour l'emploi, pour pouvoir tenir. Sauf que ça a fragilisé l'entreprise. Les fins de mois, elles arrivent vite. On a des charges à payer et il faut quand même avoir des projets raisonnables. Il ne faut pas se lancer non plus n'importe comment. Il faut bien préparer son projet. Il faut savoir s'entourer aussi, bien s'entourer. Il ne faut pas quand même attendre que tout soit parfait pour se lancer parce que ça ne se passe jamais en fait, comme on imagine du moins.
- Speaker #0
On va imaginer justement qu'on a une machine à remonter le temps et qu'on se retrouve... 16 ans en arrière, quel conseil la Bénédicte Duport de 2025 donnerait à la Bénédicte de 2009 ?
- Speaker #1
Je lui dirais fais-toi confiance, continue à te faire confiance, suis ton intuition, je lui dirais également que les doutes sont normaux et que ce sont eux qui forgent la force et le courage.
- Speaker #0
Cette émission s'appelle l'état d'esprit, c'est quoi votre état d'esprit qui vous anime ? au quotidien ?
- Speaker #1
Ce qui m'anime, c'est la vie d'accompagner, de transmettre. Quand je parle de transmettre, c'est aussi pouvoir transmettre tout ce que j'ai appris avec toute la somme d'entreprises que j'ai vues. J'ai vu des gens très inspirants. Et ce qui m'anime, c'est l'impact positif finalement que je peux avoir sur les autres et les aider à avancer.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a une personne euh femme ou homme d'ailleurs, qui vous a inspiré ?
- Speaker #1
J'ai un ami qui est avocat d'affaires à Bordeaux, qui m'a vraiment aidé au démarrage. Et puis après, ce sont des hommes en fait. Et après, j'ai deux amis hommes qui sont visionnaires, qui sont à la tête de grands groupes. Et quand j'ai eu des doutes, ils se sont rendus toujours disponibles pour m'aider à mieux structurer. On a validé certaines de mes interrogations. Et puis après, la réciproque a été vraie également.
- Speaker #0
Et ça, c'est important de ne pas être seule dans son projet ?
- Speaker #1
Il faut oser dire quand ça ne va pas. Parce que quand on est dans une société où la faiblesse est considérée, les baisses de régime sont considérées comme une faiblesse, moi, je crois qu'au contraire, c'est une force.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Bénédicte, pour ce moment d'échange et de sincérité. J'espère que cet échange... vous a inspiré autant que moi, et si c'est le cas, n'hésitez pas à partager cet épisode autour de vous et à découvrir les autres conversations de l'état d'esprit sur toutes les bonnes plateformes de podcast, Spotify, Apple, Google ou encore Ausha. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode.