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Bac philo : LA LIBERTÉ

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08min |23/05/2025|

58

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08min |23/05/2025|

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Description

Bac philo : liberté....Fatalisme, déterminisme, libre arbitre : ce podcast vous donne des clés pour structurer votre dissertation et interroger les paradoxes de la liberté.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous ! Aujourd'hui, on s'attaque à une question vertigineuse. La liberté. Est-ce qu'on est vraiment aux commandes ? Ou plutôt, des marionnettes ?

  • Speaker #1

    C'est la grande question, oui.

  • Speaker #0

    On va essayer d'explorer ça en s'appuyant sur des notes d'un cours de philo. L'idée, c'est de démêler un peu tout ça, du fatalisme pur et dur jusqu'au libre-arbitre le plus total.

  • Speaker #1

    Un sacré programme.

  • Speaker #0

    Allez, on plonge. Alors, pour commencer, le fatalisme. L'idée que tout est écrit d'avance. Le fatum.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et l'exemple type, c'est Oedipe, non ? Plus il veut fuir son destin atroce,

  • Speaker #1

    plus il s'y enfonce.

  • Speaker #0

    Il accomplit la prophétie justement en essayant d'échapper. C'est tragique. Et ça, ça pose une question énorme. Si tout est déjà joué, ben où est notre responsabilité dans tout ça ?

  • Speaker #1

    C'est le point crucial. Mais attention, il faut bien distinguer ce fatalisme un peu écrasant du déterminisme stoïcien.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est différent. Oui,

  • Speaker #1

    pour les stoïciens, Le monde suit bien un enchaînement de causes et d'effets, c'est vrai. L'imarméné, comme disait Cicéron, c'est un ordre nécessaire.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Mais la liberté humaine, pour eux, elle n'est pas dans le fait de vouloir changer les événements. Ça, c'est impossible. Elle est dans notre jugement sur ce qui nous arrive.

  • Speaker #0

    Changer notre regard, en quelque sorte.

  • Speaker #1

    C'est ça. Epictète disait « Ne demande pas que les événements arrivent comme tu le désires, mais désire qu'ils arrivent comme ils arrivent. » En gros, Vouloir ce qui arrive.

  • Speaker #0

    Donc, une liberté très intérieure, finalement. Accepter ce qu'on ne peut pas changer.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est la capacité à consentir rationnellement au réel, à maîtriser nos réactions, nos passions. Le sage, il est libre même en prison, disait-il.

  • Speaker #0

    L'image du verre à moitié plein ou vide.

  • Speaker #1

    C'est un peu ça, oui. La situation est là, mais notre interprétation, notre jugement, ça change tout. C'est là qu'est notre pouvoir, notre liberté.

  • Speaker #0

    D'accord. Mais cette idée d'enchaînement de causes, elle a été reprise plupart par la science, non ? Avec cette fameuse image du...

  • Speaker #1

    Du démon de la place, oui.

  • Speaker #0

    C'est ça, une intelligence qui saurait tout, absolument tout, les forces, les positions de chaque atome.

  • Speaker #1

    Et qui pourrait donc prédire l'avenir dans ses moindres détails. Notre sentiment de hasard, de choix, ce serait juste une illusion due à notre ignorance des causes profondes.

  • Speaker #0

    Ici, ça devient vraiment troublant.

  • Speaker #1

    Et Spinoza, philosophiquement... Va dans ce sens. Mais avec une nuance importante. Il dit « On se croit libre, oui, parce qu'on a conscience de nos actions, de nos désirs. »

  • Speaker #0

    Eh bien oui, on sent bien qu'on décide.

  • Speaker #1

    Ceci ou cela. Son image, c'est la pierre qui roule.

  • Speaker #0

    La pierre qui roule, oui.

  • Speaker #1

    Oui, imagine une pierre qui dévale une pente. Si d'un coup elle devenait consciente, dit Spinoza, elle serait persuadée de rouler par sa propre volonté. Ah oui !

  • Speaker #0

    Sans savoir qu'on l'a poussée au départ.

  • Speaker #1

    Voilà, elle ignore la cause initiale et les lois de la physique. Nous, c'est pareil. Conscientes de l'effet, notre action, mais ignorants des causes multiples qui nous y poussent.

  • Speaker #0

    C'est assez déprimant comme vision, non ? Si on est juste des pierres conscientes.

  • Speaker #1

    Mais pour Spinoza, ce n'est pas la fin de la liberté. Au contraire, la vraie liberté, c'est justement de comprendre ses déterminismes. De connaître les causes qui nous font agir.

  • Speaker #0

    Comprendre pour être libre.

  • Speaker #1

    C'est ça. Il appelle ça la libre nécessité. La liberté ne vient pas d'un choix arbitraire sorti de nulle part, mais de l'action qui découle de notre nature propre, comprise rationnellement. Et plus tard, Freud va ajouter une autre couche, avec l'inconscient. Ah,

  • Speaker #0

    l'inconscient freudien ! Le moi n'est pas maître dans sa propre maison.

  • Speaker #1

    Exactement. Nos lapsus, nos rêves, nos actes manqués, tout ça, ce sont des manifestations de désirs refoulés, de forces psychiques qui nous échappent. qui nous détermine à notre insu.

  • Speaker #0

    Donc, encore un déterminisme, mais intérieur cette fois.

  • Speaker #1

    Oui, mais là aussi, la connaissance est une voie de libération. La psychanalyse, c'est un chemin pour comprendre ses forces, pour que le « je » , la conscience, puisse advenir là où régnait le « ça » , l'inconscient. « Là où ça a été, je dois advenir » , dit Freud.

  • Speaker #0

    Bon, alors, on a le destin, l'ordre cosmique, les lois scientifiques, l'inconscient. Face à tout ça... Que devient notre sentiment intime, presque évident, qu'on est capable de choisir ? Descartes, lui, il défendait cette idée, non ? Ah oui,

  • Speaker #1

    Descartes, c'est le grand défenseur du libre-arbitre. Pour lui, la volonté, c'est cette capacité qu'on expérimente directement. Affirmer, nier, faire, ne pas faire. Sans sentir de contraintes extérieures qui nous y forcent.

  • Speaker #0

    On le sent bien, ça.

  • Speaker #1

    Il distingue même des degrés. Le plus bas degré, c'est ce qu'il appelle la liberté d'indifférence. C'est quand on choisit sans vraiment savoir pourquoi, par ignorance. L'âne de Buridan, affamé et assoiffé, incapable de choisir entre l'avoine et l'eau.

  • Speaker #0

    Il meurt de faim et de soif, faute de raison de choisir.

  • Speaker #1

    C'est l'image, oui. Pour Descartes, c'est le plus bas degré de liberté. Le plus haut degré, c'est la liberté éclairée, quand on choisit en connaissance de cause, guider par la raison, faire ce qui est perçu comme vrai ou bon.

  • Speaker #0

    Et puis il y a Sartre, peut-être la position la plus radicale ? Oui,

  • Speaker #1

    l'existentialisme sartrien, c'est encore autre chose. Sa formule choque, l'existence précède l'essence.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Ça veut dire qu'on n'arrive pas au monde avec une nature humaine prédéfinie, un mode d'emploi. On existe d'abord, et ensuite, par nos choix, nos actes, on se définit. On crée notre essence.

  • Speaker #0

    On est ce qu'on fait, en gros.

  • Speaker #1

    Exactement. Et c'est pour ça qu'il dit qu'on est condamné à être libre. On ne peut pas y échapper. Même refuser de choisir, c'est encore un choix.

  • Speaker #0

    Condamné. Le mot est fort.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ça implique une responsabilité totale. On est responsable de tout ce qu'on est, de tout ce qu'on fait, même de nos passions. Même dans une situation de contrainte extrême, comme un prisonnier.

  • Speaker #0

    Il ne peut pas sortir, pourtant.

  • Speaker #1

    Non, mais il reste libre de choisir son attitude face à sa captivité. Libre d'essayer de s'évader, libre de désespérer ou de résister intérieurement. La liberté, c'est cette capacité de projet, de choix, même quand les options sont limitées.

  • Speaker #0

    On voit ça dans certains films d'ailleurs. Minority Report, avec la prédiction du crime. Oui,

  • Speaker #1

    peut-on changer le futur si on le connaît ?

  • Speaker #0

    C'est la question.

  • Speaker #1

    Ou le choix de Sophie. Un choix tragique, insoutenable, mais un choix quand même, avec une responsabilité écrasante. Tout à fait. Ses œuvres explorent bien cette tension. Qu'est-ce qui nous définit ? Les circonstances, les déterminismes ou nos décisions face à eux. Matrix aussi, bien sûr, la pilule rouge ou la pilule bleue, le choix face à l'illusion du système. Bon,

  • Speaker #0

    eh bien, on a fait un sacré voyage. D'Édipe écrasée par son destin aux stoïciens qui trouvent la paix dans l'acceptation.

  • Speaker #1

    En passant par les déterminismes scientifiques de Laplace, psychique de Freud, la nécessité comprise de Spinoza.

  • Speaker #0

    Jusqu'à cette liberté radicale, presque angoissante. de Descartes et surtout de Sartre. Finalement, tout ça, ça nous ramène à des questions très concrètes pour nos vies,

  • Speaker #1

    non ? Absolument. Comment on vit avec ça ? Quelle est notre part de responsabilité ? Ces idées philosophiques, elles ne sont pas juste abstraites. Elles résonnent avec nos expériences. On sent bien parfois le poids des contraintes et d'autres fois ce sentiment très fort d'avoir fait un choix décisif.

  • Speaker #0

    Il y a une tension permanente en fait.

  • Speaker #1

    C'est ça. D'un côté, comprendre les mécanismes qui nous influencent, notre histoire, notre biologie, la société. Ça peut apporter une certaine paix, une certaine sérénité, comme le suggèrent les stoïciens ou Spinoza. Moins de lutte vaine.

  • Speaker #0

    Accepter ce qui est.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais de l'autre t, affirmer notre liberté radicale, comme Sartre, ça met un poids énorme sur nos épaules. Tout repose sur nous.

  • Speaker #0

    C'est presque vertigineux.

  • Speaker #1

    Totalement. Alors, peut-être une pensée pour finir. Et si la liberté, la vraie, ce n'était pas tant une capacité impossible à échapper à toute cause, à être une cause première ?

  • Speaker #0

    Une sorte de pouvoir magique.

  • Speaker #1

    Oui. Une illusion, peut-être. Mais si la liberté résidait plutôt dans la lucidité ?

  • Speaker #0

    La conscience comprend de toutes ces forces qui nous traversent.

  • Speaker #1

    Notre passé, nos désirs, le contexte.

  • Speaker #0

    Exactement. Reconnaître tout ça, et ensuite, dans ce qu'on décide activement d'en faire. Même si c'est juste un petit ajustement, une petite bifurcation, la liberté serait alors moins un état donné qu'un processus. Un effort constant de conscience et de choix, même minuscule. au cœur même des déterminismes. Qu'est-ce qu'on fait de ce qui nous a fait ? peut-être relax à ce jour.

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Bac philo : liberté....Fatalisme, déterminisme, libre arbitre : ce podcast vous donne des clés pour structurer votre dissertation et interroger les paradoxes de la liberté.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous ! Aujourd'hui, on s'attaque à une question vertigineuse. La liberté. Est-ce qu'on est vraiment aux commandes ? Ou plutôt, des marionnettes ?

  • Speaker #1

    C'est la grande question, oui.

  • Speaker #0

    On va essayer d'explorer ça en s'appuyant sur des notes d'un cours de philo. L'idée, c'est de démêler un peu tout ça, du fatalisme pur et dur jusqu'au libre-arbitre le plus total.

  • Speaker #1

    Un sacré programme.

  • Speaker #0

    Allez, on plonge. Alors, pour commencer, le fatalisme. L'idée que tout est écrit d'avance. Le fatum.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et l'exemple type, c'est Oedipe, non ? Plus il veut fuir son destin atroce,

  • Speaker #1

    plus il s'y enfonce.

  • Speaker #0

    Il accomplit la prophétie justement en essayant d'échapper. C'est tragique. Et ça, ça pose une question énorme. Si tout est déjà joué, ben où est notre responsabilité dans tout ça ?

  • Speaker #1

    C'est le point crucial. Mais attention, il faut bien distinguer ce fatalisme un peu écrasant du déterminisme stoïcien.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est différent. Oui,

  • Speaker #1

    pour les stoïciens, Le monde suit bien un enchaînement de causes et d'effets, c'est vrai. L'imarméné, comme disait Cicéron, c'est un ordre nécessaire.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Mais la liberté humaine, pour eux, elle n'est pas dans le fait de vouloir changer les événements. Ça, c'est impossible. Elle est dans notre jugement sur ce qui nous arrive.

  • Speaker #0

    Changer notre regard, en quelque sorte.

  • Speaker #1

    C'est ça. Epictète disait « Ne demande pas que les événements arrivent comme tu le désires, mais désire qu'ils arrivent comme ils arrivent. » En gros, Vouloir ce qui arrive.

  • Speaker #0

    Donc, une liberté très intérieure, finalement. Accepter ce qu'on ne peut pas changer.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est la capacité à consentir rationnellement au réel, à maîtriser nos réactions, nos passions. Le sage, il est libre même en prison, disait-il.

  • Speaker #0

    L'image du verre à moitié plein ou vide.

  • Speaker #1

    C'est un peu ça, oui. La situation est là, mais notre interprétation, notre jugement, ça change tout. C'est là qu'est notre pouvoir, notre liberté.

  • Speaker #0

    D'accord. Mais cette idée d'enchaînement de causes, elle a été reprise plupart par la science, non ? Avec cette fameuse image du...

  • Speaker #1

    Du démon de la place, oui.

  • Speaker #0

    C'est ça, une intelligence qui saurait tout, absolument tout, les forces, les positions de chaque atome.

  • Speaker #1

    Et qui pourrait donc prédire l'avenir dans ses moindres détails. Notre sentiment de hasard, de choix, ce serait juste une illusion due à notre ignorance des causes profondes.

  • Speaker #0

    Ici, ça devient vraiment troublant.

  • Speaker #1

    Et Spinoza, philosophiquement... Va dans ce sens. Mais avec une nuance importante. Il dit « On se croit libre, oui, parce qu'on a conscience de nos actions, de nos désirs. »

  • Speaker #0

    Eh bien oui, on sent bien qu'on décide.

  • Speaker #1

    Ceci ou cela. Son image, c'est la pierre qui roule.

  • Speaker #0

    La pierre qui roule, oui.

  • Speaker #1

    Oui, imagine une pierre qui dévale une pente. Si d'un coup elle devenait consciente, dit Spinoza, elle serait persuadée de rouler par sa propre volonté. Ah oui !

  • Speaker #0

    Sans savoir qu'on l'a poussée au départ.

  • Speaker #1

    Voilà, elle ignore la cause initiale et les lois de la physique. Nous, c'est pareil. Conscientes de l'effet, notre action, mais ignorants des causes multiples qui nous y poussent.

  • Speaker #0

    C'est assez déprimant comme vision, non ? Si on est juste des pierres conscientes.

  • Speaker #1

    Mais pour Spinoza, ce n'est pas la fin de la liberté. Au contraire, la vraie liberté, c'est justement de comprendre ses déterminismes. De connaître les causes qui nous font agir.

  • Speaker #0

    Comprendre pour être libre.

  • Speaker #1

    C'est ça. Il appelle ça la libre nécessité. La liberté ne vient pas d'un choix arbitraire sorti de nulle part, mais de l'action qui découle de notre nature propre, comprise rationnellement. Et plus tard, Freud va ajouter une autre couche, avec l'inconscient. Ah,

  • Speaker #0

    l'inconscient freudien ! Le moi n'est pas maître dans sa propre maison.

  • Speaker #1

    Exactement. Nos lapsus, nos rêves, nos actes manqués, tout ça, ce sont des manifestations de désirs refoulés, de forces psychiques qui nous échappent. qui nous détermine à notre insu.

  • Speaker #0

    Donc, encore un déterminisme, mais intérieur cette fois.

  • Speaker #1

    Oui, mais là aussi, la connaissance est une voie de libération. La psychanalyse, c'est un chemin pour comprendre ses forces, pour que le « je » , la conscience, puisse advenir là où régnait le « ça » , l'inconscient. « Là où ça a été, je dois advenir » , dit Freud.

  • Speaker #0

    Bon, alors, on a le destin, l'ordre cosmique, les lois scientifiques, l'inconscient. Face à tout ça... Que devient notre sentiment intime, presque évident, qu'on est capable de choisir ? Descartes, lui, il défendait cette idée, non ? Ah oui,

  • Speaker #1

    Descartes, c'est le grand défenseur du libre-arbitre. Pour lui, la volonté, c'est cette capacité qu'on expérimente directement. Affirmer, nier, faire, ne pas faire. Sans sentir de contraintes extérieures qui nous y forcent.

  • Speaker #0

    On le sent bien, ça.

  • Speaker #1

    Il distingue même des degrés. Le plus bas degré, c'est ce qu'il appelle la liberté d'indifférence. C'est quand on choisit sans vraiment savoir pourquoi, par ignorance. L'âne de Buridan, affamé et assoiffé, incapable de choisir entre l'avoine et l'eau.

  • Speaker #0

    Il meurt de faim et de soif, faute de raison de choisir.

  • Speaker #1

    C'est l'image, oui. Pour Descartes, c'est le plus bas degré de liberté. Le plus haut degré, c'est la liberté éclairée, quand on choisit en connaissance de cause, guider par la raison, faire ce qui est perçu comme vrai ou bon.

  • Speaker #0

    Et puis il y a Sartre, peut-être la position la plus radicale ? Oui,

  • Speaker #1

    l'existentialisme sartrien, c'est encore autre chose. Sa formule choque, l'existence précède l'essence.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Ça veut dire qu'on n'arrive pas au monde avec une nature humaine prédéfinie, un mode d'emploi. On existe d'abord, et ensuite, par nos choix, nos actes, on se définit. On crée notre essence.

  • Speaker #0

    On est ce qu'on fait, en gros.

  • Speaker #1

    Exactement. Et c'est pour ça qu'il dit qu'on est condamné à être libre. On ne peut pas y échapper. Même refuser de choisir, c'est encore un choix.

  • Speaker #0

    Condamné. Le mot est fort.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ça implique une responsabilité totale. On est responsable de tout ce qu'on est, de tout ce qu'on fait, même de nos passions. Même dans une situation de contrainte extrême, comme un prisonnier.

  • Speaker #0

    Il ne peut pas sortir, pourtant.

  • Speaker #1

    Non, mais il reste libre de choisir son attitude face à sa captivité. Libre d'essayer de s'évader, libre de désespérer ou de résister intérieurement. La liberté, c'est cette capacité de projet, de choix, même quand les options sont limitées.

  • Speaker #0

    On voit ça dans certains films d'ailleurs. Minority Report, avec la prédiction du crime. Oui,

  • Speaker #1

    peut-on changer le futur si on le connaît ?

  • Speaker #0

    C'est la question.

  • Speaker #1

    Ou le choix de Sophie. Un choix tragique, insoutenable, mais un choix quand même, avec une responsabilité écrasante. Tout à fait. Ses œuvres explorent bien cette tension. Qu'est-ce qui nous définit ? Les circonstances, les déterminismes ou nos décisions face à eux. Matrix aussi, bien sûr, la pilule rouge ou la pilule bleue, le choix face à l'illusion du système. Bon,

  • Speaker #0

    eh bien, on a fait un sacré voyage. D'Édipe écrasée par son destin aux stoïciens qui trouvent la paix dans l'acceptation.

  • Speaker #1

    En passant par les déterminismes scientifiques de Laplace, psychique de Freud, la nécessité comprise de Spinoza.

  • Speaker #0

    Jusqu'à cette liberté radicale, presque angoissante. de Descartes et surtout de Sartre. Finalement, tout ça, ça nous ramène à des questions très concrètes pour nos vies,

  • Speaker #1

    non ? Absolument. Comment on vit avec ça ? Quelle est notre part de responsabilité ? Ces idées philosophiques, elles ne sont pas juste abstraites. Elles résonnent avec nos expériences. On sent bien parfois le poids des contraintes et d'autres fois ce sentiment très fort d'avoir fait un choix décisif.

  • Speaker #0

    Il y a une tension permanente en fait.

  • Speaker #1

    C'est ça. D'un côté, comprendre les mécanismes qui nous influencent, notre histoire, notre biologie, la société. Ça peut apporter une certaine paix, une certaine sérénité, comme le suggèrent les stoïciens ou Spinoza. Moins de lutte vaine.

  • Speaker #0

    Accepter ce qui est.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais de l'autre t, affirmer notre liberté radicale, comme Sartre, ça met un poids énorme sur nos épaules. Tout repose sur nous.

  • Speaker #0

    C'est presque vertigineux.

  • Speaker #1

    Totalement. Alors, peut-être une pensée pour finir. Et si la liberté, la vraie, ce n'était pas tant une capacité impossible à échapper à toute cause, à être une cause première ?

  • Speaker #0

    Une sorte de pouvoir magique.

  • Speaker #1

    Oui. Une illusion, peut-être. Mais si la liberté résidait plutôt dans la lucidité ?

  • Speaker #0

    La conscience comprend de toutes ces forces qui nous traversent.

  • Speaker #1

    Notre passé, nos désirs, le contexte.

  • Speaker #0

    Exactement. Reconnaître tout ça, et ensuite, dans ce qu'on décide activement d'en faire. Même si c'est juste un petit ajustement, une petite bifurcation, la liberté serait alors moins un état donné qu'un processus. Un effort constant de conscience et de choix, même minuscule. au cœur même des déterminismes. Qu'est-ce qu'on fait de ce qui nous a fait ? peut-être relax à ce jour.

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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous ! Aujourd'hui, on s'attaque à une question vertigineuse. La liberté. Est-ce qu'on est vraiment aux commandes ? Ou plutôt, des marionnettes ?

  • Speaker #1

    C'est la grande question, oui.

  • Speaker #0

    On va essayer d'explorer ça en s'appuyant sur des notes d'un cours de philo. L'idée, c'est de démêler un peu tout ça, du fatalisme pur et dur jusqu'au libre-arbitre le plus total.

  • Speaker #1

    Un sacré programme.

  • Speaker #0

    Allez, on plonge. Alors, pour commencer, le fatalisme. L'idée que tout est écrit d'avance. Le fatum.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et l'exemple type, c'est Oedipe, non ? Plus il veut fuir son destin atroce,

  • Speaker #1

    plus il s'y enfonce.

  • Speaker #0

    Il accomplit la prophétie justement en essayant d'échapper. C'est tragique. Et ça, ça pose une question énorme. Si tout est déjà joué, ben où est notre responsabilité dans tout ça ?

  • Speaker #1

    C'est le point crucial. Mais attention, il faut bien distinguer ce fatalisme un peu écrasant du déterminisme stoïcien.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est différent. Oui,

  • Speaker #1

    pour les stoïciens, Le monde suit bien un enchaînement de causes et d'effets, c'est vrai. L'imarméné, comme disait Cicéron, c'est un ordre nécessaire.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Mais la liberté humaine, pour eux, elle n'est pas dans le fait de vouloir changer les événements. Ça, c'est impossible. Elle est dans notre jugement sur ce qui nous arrive.

  • Speaker #0

    Changer notre regard, en quelque sorte.

  • Speaker #1

    C'est ça. Epictète disait « Ne demande pas que les événements arrivent comme tu le désires, mais désire qu'ils arrivent comme ils arrivent. » En gros, Vouloir ce qui arrive.

  • Speaker #0

    Donc, une liberté très intérieure, finalement. Accepter ce qu'on ne peut pas changer.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est la capacité à consentir rationnellement au réel, à maîtriser nos réactions, nos passions. Le sage, il est libre même en prison, disait-il.

  • Speaker #0

    L'image du verre à moitié plein ou vide.

  • Speaker #1

    C'est un peu ça, oui. La situation est là, mais notre interprétation, notre jugement, ça change tout. C'est là qu'est notre pouvoir, notre liberté.

  • Speaker #0

    D'accord. Mais cette idée d'enchaînement de causes, elle a été reprise plupart par la science, non ? Avec cette fameuse image du...

  • Speaker #1

    Du démon de la place, oui.

  • Speaker #0

    C'est ça, une intelligence qui saurait tout, absolument tout, les forces, les positions de chaque atome.

  • Speaker #1

    Et qui pourrait donc prédire l'avenir dans ses moindres détails. Notre sentiment de hasard, de choix, ce serait juste une illusion due à notre ignorance des causes profondes.

  • Speaker #0

    Ici, ça devient vraiment troublant.

  • Speaker #1

    Et Spinoza, philosophiquement... Va dans ce sens. Mais avec une nuance importante. Il dit « On se croit libre, oui, parce qu'on a conscience de nos actions, de nos désirs. »

  • Speaker #0

    Eh bien oui, on sent bien qu'on décide.

  • Speaker #1

    Ceci ou cela. Son image, c'est la pierre qui roule.

  • Speaker #0

    La pierre qui roule, oui.

  • Speaker #1

    Oui, imagine une pierre qui dévale une pente. Si d'un coup elle devenait consciente, dit Spinoza, elle serait persuadée de rouler par sa propre volonté. Ah oui !

  • Speaker #0

    Sans savoir qu'on l'a poussée au départ.

  • Speaker #1

    Voilà, elle ignore la cause initiale et les lois de la physique. Nous, c'est pareil. Conscientes de l'effet, notre action, mais ignorants des causes multiples qui nous y poussent.

  • Speaker #0

    C'est assez déprimant comme vision, non ? Si on est juste des pierres conscientes.

  • Speaker #1

    Mais pour Spinoza, ce n'est pas la fin de la liberté. Au contraire, la vraie liberté, c'est justement de comprendre ses déterminismes. De connaître les causes qui nous font agir.

  • Speaker #0

    Comprendre pour être libre.

  • Speaker #1

    C'est ça. Il appelle ça la libre nécessité. La liberté ne vient pas d'un choix arbitraire sorti de nulle part, mais de l'action qui découle de notre nature propre, comprise rationnellement. Et plus tard, Freud va ajouter une autre couche, avec l'inconscient. Ah,

  • Speaker #0

    l'inconscient freudien ! Le moi n'est pas maître dans sa propre maison.

  • Speaker #1

    Exactement. Nos lapsus, nos rêves, nos actes manqués, tout ça, ce sont des manifestations de désirs refoulés, de forces psychiques qui nous échappent. qui nous détermine à notre insu.

  • Speaker #0

    Donc, encore un déterminisme, mais intérieur cette fois.

  • Speaker #1

    Oui, mais là aussi, la connaissance est une voie de libération. La psychanalyse, c'est un chemin pour comprendre ses forces, pour que le « je » , la conscience, puisse advenir là où régnait le « ça » , l'inconscient. « Là où ça a été, je dois advenir » , dit Freud.

  • Speaker #0

    Bon, alors, on a le destin, l'ordre cosmique, les lois scientifiques, l'inconscient. Face à tout ça... Que devient notre sentiment intime, presque évident, qu'on est capable de choisir ? Descartes, lui, il défendait cette idée, non ? Ah oui,

  • Speaker #1

    Descartes, c'est le grand défenseur du libre-arbitre. Pour lui, la volonté, c'est cette capacité qu'on expérimente directement. Affirmer, nier, faire, ne pas faire. Sans sentir de contraintes extérieures qui nous y forcent.

  • Speaker #0

    On le sent bien, ça.

  • Speaker #1

    Il distingue même des degrés. Le plus bas degré, c'est ce qu'il appelle la liberté d'indifférence. C'est quand on choisit sans vraiment savoir pourquoi, par ignorance. L'âne de Buridan, affamé et assoiffé, incapable de choisir entre l'avoine et l'eau.

  • Speaker #0

    Il meurt de faim et de soif, faute de raison de choisir.

  • Speaker #1

    C'est l'image, oui. Pour Descartes, c'est le plus bas degré de liberté. Le plus haut degré, c'est la liberté éclairée, quand on choisit en connaissance de cause, guider par la raison, faire ce qui est perçu comme vrai ou bon.

  • Speaker #0

    Et puis il y a Sartre, peut-être la position la plus radicale ? Oui,

  • Speaker #1

    l'existentialisme sartrien, c'est encore autre chose. Sa formule choque, l'existence précède l'essence.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Ça veut dire qu'on n'arrive pas au monde avec une nature humaine prédéfinie, un mode d'emploi. On existe d'abord, et ensuite, par nos choix, nos actes, on se définit. On crée notre essence.

  • Speaker #0

    On est ce qu'on fait, en gros.

  • Speaker #1

    Exactement. Et c'est pour ça qu'il dit qu'on est condamné à être libre. On ne peut pas y échapper. Même refuser de choisir, c'est encore un choix.

  • Speaker #0

    Condamné. Le mot est fort.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ça implique une responsabilité totale. On est responsable de tout ce qu'on est, de tout ce qu'on fait, même de nos passions. Même dans une situation de contrainte extrême, comme un prisonnier.

  • Speaker #0

    Il ne peut pas sortir, pourtant.

  • Speaker #1

    Non, mais il reste libre de choisir son attitude face à sa captivité. Libre d'essayer de s'évader, libre de désespérer ou de résister intérieurement. La liberté, c'est cette capacité de projet, de choix, même quand les options sont limitées.

  • Speaker #0

    On voit ça dans certains films d'ailleurs. Minority Report, avec la prédiction du crime. Oui,

  • Speaker #1

    peut-on changer le futur si on le connaît ?

  • Speaker #0

    C'est la question.

  • Speaker #1

    Ou le choix de Sophie. Un choix tragique, insoutenable, mais un choix quand même, avec une responsabilité écrasante. Tout à fait. Ses œuvres explorent bien cette tension. Qu'est-ce qui nous définit ? Les circonstances, les déterminismes ou nos décisions face à eux. Matrix aussi, bien sûr, la pilule rouge ou la pilule bleue, le choix face à l'illusion du système. Bon,

  • Speaker #0

    eh bien, on a fait un sacré voyage. D'Édipe écrasée par son destin aux stoïciens qui trouvent la paix dans l'acceptation.

  • Speaker #1

    En passant par les déterminismes scientifiques de Laplace, psychique de Freud, la nécessité comprise de Spinoza.

  • Speaker #0

    Jusqu'à cette liberté radicale, presque angoissante. de Descartes et surtout de Sartre. Finalement, tout ça, ça nous ramène à des questions très concrètes pour nos vies,

  • Speaker #1

    non ? Absolument. Comment on vit avec ça ? Quelle est notre part de responsabilité ? Ces idées philosophiques, elles ne sont pas juste abstraites. Elles résonnent avec nos expériences. On sent bien parfois le poids des contraintes et d'autres fois ce sentiment très fort d'avoir fait un choix décisif.

  • Speaker #0

    Il y a une tension permanente en fait.

  • Speaker #1

    C'est ça. D'un côté, comprendre les mécanismes qui nous influencent, notre histoire, notre biologie, la société. Ça peut apporter une certaine paix, une certaine sérénité, comme le suggèrent les stoïciens ou Spinoza. Moins de lutte vaine.

  • Speaker #0

    Accepter ce qui est.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais de l'autre t, affirmer notre liberté radicale, comme Sartre, ça met un poids énorme sur nos épaules. Tout repose sur nous.

  • Speaker #0

    C'est presque vertigineux.

  • Speaker #1

    Totalement. Alors, peut-être une pensée pour finir. Et si la liberté, la vraie, ce n'était pas tant une capacité impossible à échapper à toute cause, à être une cause première ?

  • Speaker #0

    Une sorte de pouvoir magique.

  • Speaker #1

    Oui. Une illusion, peut-être. Mais si la liberté résidait plutôt dans la lucidité ?

  • Speaker #0

    La conscience comprend de toutes ces forces qui nous traversent.

  • Speaker #1

    Notre passé, nos désirs, le contexte.

  • Speaker #0

    Exactement. Reconnaître tout ça, et ensuite, dans ce qu'on décide activement d'en faire. Même si c'est juste un petit ajustement, une petite bifurcation, la liberté serait alors moins un état donné qu'un processus. Un effort constant de conscience et de choix, même minuscule. au cœur même des déterminismes. Qu'est-ce qu'on fait de ce qui nous a fait ? peut-être relax à ce jour.

Description

Bac philo : liberté....Fatalisme, déterminisme, libre arbitre : ce podcast vous donne des clés pour structurer votre dissertation et interroger les paradoxes de la liberté.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous ! Aujourd'hui, on s'attaque à une question vertigineuse. La liberté. Est-ce qu'on est vraiment aux commandes ? Ou plutôt, des marionnettes ?

  • Speaker #1

    C'est la grande question, oui.

  • Speaker #0

    On va essayer d'explorer ça en s'appuyant sur des notes d'un cours de philo. L'idée, c'est de démêler un peu tout ça, du fatalisme pur et dur jusqu'au libre-arbitre le plus total.

  • Speaker #1

    Un sacré programme.

  • Speaker #0

    Allez, on plonge. Alors, pour commencer, le fatalisme. L'idée que tout est écrit d'avance. Le fatum.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et l'exemple type, c'est Oedipe, non ? Plus il veut fuir son destin atroce,

  • Speaker #1

    plus il s'y enfonce.

  • Speaker #0

    Il accomplit la prophétie justement en essayant d'échapper. C'est tragique. Et ça, ça pose une question énorme. Si tout est déjà joué, ben où est notre responsabilité dans tout ça ?

  • Speaker #1

    C'est le point crucial. Mais attention, il faut bien distinguer ce fatalisme un peu écrasant du déterminisme stoïcien.

  • Speaker #0

    Ah oui, c'est différent. Oui,

  • Speaker #1

    pour les stoïciens, Le monde suit bien un enchaînement de causes et d'effets, c'est vrai. L'imarméné, comme disait Cicéron, c'est un ordre nécessaire.

  • Speaker #0

    D'accord.

  • Speaker #1

    Mais la liberté humaine, pour eux, elle n'est pas dans le fait de vouloir changer les événements. Ça, c'est impossible. Elle est dans notre jugement sur ce qui nous arrive.

  • Speaker #0

    Changer notre regard, en quelque sorte.

  • Speaker #1

    C'est ça. Epictète disait « Ne demande pas que les événements arrivent comme tu le désires, mais désire qu'ils arrivent comme ils arrivent. » En gros, Vouloir ce qui arrive.

  • Speaker #0

    Donc, une liberté très intérieure, finalement. Accepter ce qu'on ne peut pas changer.

  • Speaker #1

    Exactement. C'est la capacité à consentir rationnellement au réel, à maîtriser nos réactions, nos passions. Le sage, il est libre même en prison, disait-il.

  • Speaker #0

    L'image du verre à moitié plein ou vide.

  • Speaker #1

    C'est un peu ça, oui. La situation est là, mais notre interprétation, notre jugement, ça change tout. C'est là qu'est notre pouvoir, notre liberté.

  • Speaker #0

    D'accord. Mais cette idée d'enchaînement de causes, elle a été reprise plupart par la science, non ? Avec cette fameuse image du...

  • Speaker #1

    Du démon de la place, oui.

  • Speaker #0

    C'est ça, une intelligence qui saurait tout, absolument tout, les forces, les positions de chaque atome.

  • Speaker #1

    Et qui pourrait donc prédire l'avenir dans ses moindres détails. Notre sentiment de hasard, de choix, ce serait juste une illusion due à notre ignorance des causes profondes.

  • Speaker #0

    Ici, ça devient vraiment troublant.

  • Speaker #1

    Et Spinoza, philosophiquement... Va dans ce sens. Mais avec une nuance importante. Il dit « On se croit libre, oui, parce qu'on a conscience de nos actions, de nos désirs. »

  • Speaker #0

    Eh bien oui, on sent bien qu'on décide.

  • Speaker #1

    Ceci ou cela. Son image, c'est la pierre qui roule.

  • Speaker #0

    La pierre qui roule, oui.

  • Speaker #1

    Oui, imagine une pierre qui dévale une pente. Si d'un coup elle devenait consciente, dit Spinoza, elle serait persuadée de rouler par sa propre volonté. Ah oui !

  • Speaker #0

    Sans savoir qu'on l'a poussée au départ.

  • Speaker #1

    Voilà, elle ignore la cause initiale et les lois de la physique. Nous, c'est pareil. Conscientes de l'effet, notre action, mais ignorants des causes multiples qui nous y poussent.

  • Speaker #0

    C'est assez déprimant comme vision, non ? Si on est juste des pierres conscientes.

  • Speaker #1

    Mais pour Spinoza, ce n'est pas la fin de la liberté. Au contraire, la vraie liberté, c'est justement de comprendre ses déterminismes. De connaître les causes qui nous font agir.

  • Speaker #0

    Comprendre pour être libre.

  • Speaker #1

    C'est ça. Il appelle ça la libre nécessité. La liberté ne vient pas d'un choix arbitraire sorti de nulle part, mais de l'action qui découle de notre nature propre, comprise rationnellement. Et plus tard, Freud va ajouter une autre couche, avec l'inconscient. Ah,

  • Speaker #0

    l'inconscient freudien ! Le moi n'est pas maître dans sa propre maison.

  • Speaker #1

    Exactement. Nos lapsus, nos rêves, nos actes manqués, tout ça, ce sont des manifestations de désirs refoulés, de forces psychiques qui nous échappent. qui nous détermine à notre insu.

  • Speaker #0

    Donc, encore un déterminisme, mais intérieur cette fois.

  • Speaker #1

    Oui, mais là aussi, la connaissance est une voie de libération. La psychanalyse, c'est un chemin pour comprendre ses forces, pour que le « je » , la conscience, puisse advenir là où régnait le « ça » , l'inconscient. « Là où ça a été, je dois advenir » , dit Freud.

  • Speaker #0

    Bon, alors, on a le destin, l'ordre cosmique, les lois scientifiques, l'inconscient. Face à tout ça... Que devient notre sentiment intime, presque évident, qu'on est capable de choisir ? Descartes, lui, il défendait cette idée, non ? Ah oui,

  • Speaker #1

    Descartes, c'est le grand défenseur du libre-arbitre. Pour lui, la volonté, c'est cette capacité qu'on expérimente directement. Affirmer, nier, faire, ne pas faire. Sans sentir de contraintes extérieures qui nous y forcent.

  • Speaker #0

    On le sent bien, ça.

  • Speaker #1

    Il distingue même des degrés. Le plus bas degré, c'est ce qu'il appelle la liberté d'indifférence. C'est quand on choisit sans vraiment savoir pourquoi, par ignorance. L'âne de Buridan, affamé et assoiffé, incapable de choisir entre l'avoine et l'eau.

  • Speaker #0

    Il meurt de faim et de soif, faute de raison de choisir.

  • Speaker #1

    C'est l'image, oui. Pour Descartes, c'est le plus bas degré de liberté. Le plus haut degré, c'est la liberté éclairée, quand on choisit en connaissance de cause, guider par la raison, faire ce qui est perçu comme vrai ou bon.

  • Speaker #0

    Et puis il y a Sartre, peut-être la position la plus radicale ? Oui,

  • Speaker #1

    l'existentialisme sartrien, c'est encore autre chose. Sa formule choque, l'existence précède l'essence.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    Ça veut dire qu'on n'arrive pas au monde avec une nature humaine prédéfinie, un mode d'emploi. On existe d'abord, et ensuite, par nos choix, nos actes, on se définit. On crée notre essence.

  • Speaker #0

    On est ce qu'on fait, en gros.

  • Speaker #1

    Exactement. Et c'est pour ça qu'il dit qu'on est condamné à être libre. On ne peut pas y échapper. Même refuser de choisir, c'est encore un choix.

  • Speaker #0

    Condamné. Le mot est fort.

  • Speaker #1

    Oui, parce que ça implique une responsabilité totale. On est responsable de tout ce qu'on est, de tout ce qu'on fait, même de nos passions. Même dans une situation de contrainte extrême, comme un prisonnier.

  • Speaker #0

    Il ne peut pas sortir, pourtant.

  • Speaker #1

    Non, mais il reste libre de choisir son attitude face à sa captivité. Libre d'essayer de s'évader, libre de désespérer ou de résister intérieurement. La liberté, c'est cette capacité de projet, de choix, même quand les options sont limitées.

  • Speaker #0

    On voit ça dans certains films d'ailleurs. Minority Report, avec la prédiction du crime. Oui,

  • Speaker #1

    peut-on changer le futur si on le connaît ?

  • Speaker #0

    C'est la question.

  • Speaker #1

    Ou le choix de Sophie. Un choix tragique, insoutenable, mais un choix quand même, avec une responsabilité écrasante. Tout à fait. Ses œuvres explorent bien cette tension. Qu'est-ce qui nous définit ? Les circonstances, les déterminismes ou nos décisions face à eux. Matrix aussi, bien sûr, la pilule rouge ou la pilule bleue, le choix face à l'illusion du système. Bon,

  • Speaker #0

    eh bien, on a fait un sacré voyage. D'Édipe écrasée par son destin aux stoïciens qui trouvent la paix dans l'acceptation.

  • Speaker #1

    En passant par les déterminismes scientifiques de Laplace, psychique de Freud, la nécessité comprise de Spinoza.

  • Speaker #0

    Jusqu'à cette liberté radicale, presque angoissante. de Descartes et surtout de Sartre. Finalement, tout ça, ça nous ramène à des questions très concrètes pour nos vies,

  • Speaker #1

    non ? Absolument. Comment on vit avec ça ? Quelle est notre part de responsabilité ? Ces idées philosophiques, elles ne sont pas juste abstraites. Elles résonnent avec nos expériences. On sent bien parfois le poids des contraintes et d'autres fois ce sentiment très fort d'avoir fait un choix décisif.

  • Speaker #0

    Il y a une tension permanente en fait.

  • Speaker #1

    C'est ça. D'un côté, comprendre les mécanismes qui nous influencent, notre histoire, notre biologie, la société. Ça peut apporter une certaine paix, une certaine sérénité, comme le suggèrent les stoïciens ou Spinoza. Moins de lutte vaine.

  • Speaker #0

    Accepter ce qui est.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais de l'autre t, affirmer notre liberté radicale, comme Sartre, ça met un poids énorme sur nos épaules. Tout repose sur nous.

  • Speaker #0

    C'est presque vertigineux.

  • Speaker #1

    Totalement. Alors, peut-être une pensée pour finir. Et si la liberté, la vraie, ce n'était pas tant une capacité impossible à échapper à toute cause, à être une cause première ?

  • Speaker #0

    Une sorte de pouvoir magique.

  • Speaker #1

    Oui. Une illusion, peut-être. Mais si la liberté résidait plutôt dans la lucidité ?

  • Speaker #0

    La conscience comprend de toutes ces forces qui nous traversent.

  • Speaker #1

    Notre passé, nos désirs, le contexte.

  • Speaker #0

    Exactement. Reconnaître tout ça, et ensuite, dans ce qu'on décide activement d'en faire. Même si c'est juste un petit ajustement, une petite bifurcation, la liberté serait alors moins un état donné qu'un processus. Un effort constant de conscience et de choix, même minuscule. au cœur même des déterminismes. Qu'est-ce qu'on fait de ce qui nous a fait ? peut-être relax à ce jour.

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