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COLETTE, Les Vrilles de la vigne & Sido - Ecriture de la sensation, CÉLÉBRATION DU MONDE cover
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L'Oreille qui lit

COLETTE, Les Vrilles de la vigne & Sido - Ecriture de la sensation, CÉLÉBRATION DU MONDE

COLETTE, Les Vrilles de la vigne & Sido - Ecriture de la sensation, CÉLÉBRATION DU MONDE

05min |22/05/2025|

33

Play
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Description

Colette, "Les Vrilles de la vigne" et "Sido" : comment l'auteure célèbre le monde à travers les sens et la nature. dimension sensorielle et poétisation du réel dans son écriture, ainsi que les thèmes récurrents de la nostalgie de l'enfance et du pays natal.Peinture des êtres aimés dans leur complexité et leur ambivalence. Une 'écriture pour reconstruire et idéaliser le passé, tout en restant ancrée dans le présent. LColettea structure et les thèmes spécifiques de chaque ouvrage, notamment la libération dans "Les Vrilles de la vigne" et le portrait des membres de la famille dans "Sido", établissant des parallèles avec l'œuvre de Proust.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, aujourd'hui on plonge dans l'univers de Colette, cette autrice incroyable qui, avec ses mots, nous fait vraiment ressentir le monde, presque physiquement.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une expérience très sensorielle.

  • Speaker #0

    Exactement, et on va s'intéresser plus particulièrement à deux de ses œuvres, Les Vrilles de la Vigne et Sido. On s'appuie pour ça sur une analyse littéraire assez poussée.

  • Speaker #1

    Oui, et l'idée c'est de voir comment Colette, eh bien, elle célèbre le monde, la nature, les êtres. Et comment l'écriture lui permet aussi de sonder sa mémoire et même de se libérer.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ce qui frappe d'emblée, c'est cette place centrale des sens. La vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher.

  • Speaker #1

    Tout passe par là, oui. C'est une découverte que je qualifierais de charnelle du réel.

  • Speaker #0

    Ça fait penser un peu à Proust, forcément, avec cette idée de la sensation qui réveille un souvenir, une émotion. Je crois qu'elle en parle dans Le Jour Gris, non ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, il y a ce lien. Mais chez Colette, c'est peut-être moins une mémoire involontaire. Qu'une sorte d'attention très aiguë au présent, au monde naturel, son style d'ailleurs, il est souvent comparé à l'impressionnisme. Des touches comme ça pour capter un instant, une lumière. Il y a une vraie dimension picturale avec beaucoup d'importance donnée aux couleurs, par exemple.

  • Speaker #0

    Et ce qui est fort, c'est que cette célébration n'est jamais, comment dire, naïve ou idéalisée.

  • Speaker #1

    Ah non, pas du tout. C'est ça qui est puissant. Elle n'hésite pas à parler du parfum un peu pourri de la fraise des bois. ou du délicat squelette, du nombre.

  • Speaker #0

    C'est très juste.

  • Speaker #1

    Oui, elle a une lucidité assez remarquable. Elle refuse le sentimentalisme facile. Même quand elle parle des gens qu'elle aime, comme sa demi-sœur Juliette, c'est toujours avec leur complexité, leur faille.

  • Speaker #0

    Et cette lucidité, on la retrouve aussi dans son rapport au passé, j'imagine. La nostalgie est très présente, mais…

  • Speaker #1

    Elle est là, bien sûr. Cette souffrance du désir de retour, comme disait Kundera, c'est une constante. Mais chez Colette, ce n'est pas quelque chose qui paralyse. Au contraire.

  • Speaker #0

    Comment ça au contraire ?

  • Speaker #1

    Cet ancrage dans le passé, surtout dans l'enfance, son pays natal qu'elle transforme un peu en jardin d'Éden, il faut le dire. Oui,

  • Speaker #0

    un peu idéalisé peut-être.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais ça lui sert de fondation pour construire son présent, pour affirmer qui allait. L'écriture devient alors un moyen de lutter contre le temps qui passe, de reconstruire ce passé, quitte à l'embellir un peu, oui.

  • Speaker #0

    On est presque dans ce qu'on appelle aujourd'hui l'autofiction alors, ce mélange de vécu et d'invention.

  • Speaker #1

    Oui, on n'est pas loin de ça. Ce mélange où l'expérience vécue est retravaillée, sublimée par l'écriture. Et cette écriture, c'est aussi, et c'est très important, un acte d'émancipation.

  • Speaker #0

    Ah oui, surtout dans les Vries de la Vigne de 1908. C'est très net.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Ce recueil, c'est vraiment une rupture. Une rupture avec Willy, son mari, et avec la période d'Éclaudine. Il y a cette fameuse métaphore du rossignol.

  • Speaker #0

    Celui qui découvre sa propre voie en s'échappant.

  • Speaker #1

    Exactement. Elle écrit qu'il jette Tout haut, une plainte qui lui a révélé sa voix. C'est magnifique et très parlant de sa propre situation.

  • Speaker #0

    Et ce livre, Les vrilles de la vigne, il est foisonnant. Il introduit déjà tous ses grands thèmes. L'enfance perdue, la nature, les animaux.

  • Speaker #1

    Oui, les dialogues avec Toby Chien par exemple. L'amour aussi, vu sous un angle complexe. Et puis il y a de l'humour, une certaine critique des mondanités. C'est un éloge de la liberté, vraiment.

  • Speaker #0

    Et puis ce changement de ton plus tard, avec Sido en 1930. Là, on est plus dans la célébration de la famille.

  • Speaker #1

    Oui, 22 ans après. Le regard amuri, c'est un retour sur les figures aimées, mais avec une perspective peut-être plus apaisée, plus lucide encore. Et au centre, il y a Sido, sa mère.

  • Speaker #0

    Personnage incroyable, Sido. Complexe, hein ? À la fois possessive, autoritaire...

  • Speaker #1

    Oui, mais aussi celle qui lui apprend à « regarder » , comme elle dit. Une sorte de grande prêtresse de son jardin, en lien constant avec la nature. Presque une écologiste avant l'heure.

  • Speaker #0

    Colette a dit qu'il lui avait fallu du temps pour que cette figure maternelle mûrisse en elle, après sa mort.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et à côté de cette figure solaire presque écrasante parfois, il y a l'hommage au père, le capitaine.

  • Speaker #0

    Qui était plus mystérieux pour elle, non ?

  • Speaker #1

    Beaucoup plus. Elle dit elle-même l'avoir peu connue. Et c'est l'écriture justement qui va lui permettre de le découvrir, de comprendre sa gaieté qui cachait la tristesse de l'amputer, son côté rêveur, son amour pour Sido.

  • Speaker #0

    Il y a cette anecdote terrible et belle des livres qu'il achetait mais dont... Tine ne coupait pas les pages, sauf pour écrire une dédicace.

  • Speaker #1

    Oui, c'est bouleversant. Lui qui rêvait d'être écrivain. Et c'est elle qui le deviendra. En portant son nom de famille, Colette, comme nom d'autrice. Une transmission un peu paradoxale.

  • Speaker #0

    Il y a aussi les frères, les sauvages.

  • Speaker #1

    L'incarnation de l'enfance libre, sauvage, complètement ancrée dans ce pays natal.

  • Speaker #0

    Donc ces deux œuvres, Lévry et Sido, même si elles sont différentes dans le ton, elles partagent ce même élan. Saisir le monde par les sens, célébrer la nature. Explorer la complexité des êtres.

  • Speaker #1

    Absolument. Et elle montre cette capacité incroyable de l'écriture colétienne à sculpter la mémoire, à rendre l'éphémère presque éternelle. Transformer le vécu en littérature universelle.

  • Speaker #0

    Si on devait résumer, on retiendrait donc cette immersion sensorielle unique, cette célébration du monde très lucide, sans phare, et puis l'écriture comme un espace de mémoire, de construction de soi et de liberté.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça. Une œuvre d'une richesse incroyable. ...

  • Speaker #0

    avec une question... Dans quelle mesure est-ce que nos propres histoires d'origine, les lieux, les personnes qui nous ont façonnés, déterminent qui nous sommes aujourd'hui ? Est-ce que, comme Colette, explorer ses racines, que ce soit par l'écrit ou juste par la pensée, ce ne serait pas une manière de mieux comprendre et peut-être d'affirmer notre propre voix ?

  • Speaker #1

    C'est une belle question pour finir, effectivement, ça donne à réfléchir.

Description

Colette, "Les Vrilles de la vigne" et "Sido" : comment l'auteure célèbre le monde à travers les sens et la nature. dimension sensorielle et poétisation du réel dans son écriture, ainsi que les thèmes récurrents de la nostalgie de l'enfance et du pays natal.Peinture des êtres aimés dans leur complexité et leur ambivalence. Une 'écriture pour reconstruire et idéaliser le passé, tout en restant ancrée dans le présent. LColettea structure et les thèmes spécifiques de chaque ouvrage, notamment la libération dans "Les Vrilles de la vigne" et le portrait des membres de la famille dans "Sido", établissant des parallèles avec l'œuvre de Proust.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, aujourd'hui on plonge dans l'univers de Colette, cette autrice incroyable qui, avec ses mots, nous fait vraiment ressentir le monde, presque physiquement.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une expérience très sensorielle.

  • Speaker #0

    Exactement, et on va s'intéresser plus particulièrement à deux de ses œuvres, Les Vrilles de la Vigne et Sido. On s'appuie pour ça sur une analyse littéraire assez poussée.

  • Speaker #1

    Oui, et l'idée c'est de voir comment Colette, eh bien, elle célèbre le monde, la nature, les êtres. Et comment l'écriture lui permet aussi de sonder sa mémoire et même de se libérer.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ce qui frappe d'emblée, c'est cette place centrale des sens. La vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher.

  • Speaker #1

    Tout passe par là, oui. C'est une découverte que je qualifierais de charnelle du réel.

  • Speaker #0

    Ça fait penser un peu à Proust, forcément, avec cette idée de la sensation qui réveille un souvenir, une émotion. Je crois qu'elle en parle dans Le Jour Gris, non ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, il y a ce lien. Mais chez Colette, c'est peut-être moins une mémoire involontaire. Qu'une sorte d'attention très aiguë au présent, au monde naturel, son style d'ailleurs, il est souvent comparé à l'impressionnisme. Des touches comme ça pour capter un instant, une lumière. Il y a une vraie dimension picturale avec beaucoup d'importance donnée aux couleurs, par exemple.

  • Speaker #0

    Et ce qui est fort, c'est que cette célébration n'est jamais, comment dire, naïve ou idéalisée.

  • Speaker #1

    Ah non, pas du tout. C'est ça qui est puissant. Elle n'hésite pas à parler du parfum un peu pourri de la fraise des bois. ou du délicat squelette, du nombre.

  • Speaker #0

    C'est très juste.

  • Speaker #1

    Oui, elle a une lucidité assez remarquable. Elle refuse le sentimentalisme facile. Même quand elle parle des gens qu'elle aime, comme sa demi-sœur Juliette, c'est toujours avec leur complexité, leur faille.

  • Speaker #0

    Et cette lucidité, on la retrouve aussi dans son rapport au passé, j'imagine. La nostalgie est très présente, mais…

  • Speaker #1

    Elle est là, bien sûr. Cette souffrance du désir de retour, comme disait Kundera, c'est une constante. Mais chez Colette, ce n'est pas quelque chose qui paralyse. Au contraire.

  • Speaker #0

    Comment ça au contraire ?

  • Speaker #1

    Cet ancrage dans le passé, surtout dans l'enfance, son pays natal qu'elle transforme un peu en jardin d'Éden, il faut le dire. Oui,

  • Speaker #0

    un peu idéalisé peut-être.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais ça lui sert de fondation pour construire son présent, pour affirmer qui allait. L'écriture devient alors un moyen de lutter contre le temps qui passe, de reconstruire ce passé, quitte à l'embellir un peu, oui.

  • Speaker #0

    On est presque dans ce qu'on appelle aujourd'hui l'autofiction alors, ce mélange de vécu et d'invention.

  • Speaker #1

    Oui, on n'est pas loin de ça. Ce mélange où l'expérience vécue est retravaillée, sublimée par l'écriture. Et cette écriture, c'est aussi, et c'est très important, un acte d'émancipation.

  • Speaker #0

    Ah oui, surtout dans les Vries de la Vigne de 1908. C'est très net.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Ce recueil, c'est vraiment une rupture. Une rupture avec Willy, son mari, et avec la période d'Éclaudine. Il y a cette fameuse métaphore du rossignol.

  • Speaker #0

    Celui qui découvre sa propre voie en s'échappant.

  • Speaker #1

    Exactement. Elle écrit qu'il jette Tout haut, une plainte qui lui a révélé sa voix. C'est magnifique et très parlant de sa propre situation.

  • Speaker #0

    Et ce livre, Les vrilles de la vigne, il est foisonnant. Il introduit déjà tous ses grands thèmes. L'enfance perdue, la nature, les animaux.

  • Speaker #1

    Oui, les dialogues avec Toby Chien par exemple. L'amour aussi, vu sous un angle complexe. Et puis il y a de l'humour, une certaine critique des mondanités. C'est un éloge de la liberté, vraiment.

  • Speaker #0

    Et puis ce changement de ton plus tard, avec Sido en 1930. Là, on est plus dans la célébration de la famille.

  • Speaker #1

    Oui, 22 ans après. Le regard amuri, c'est un retour sur les figures aimées, mais avec une perspective peut-être plus apaisée, plus lucide encore. Et au centre, il y a Sido, sa mère.

  • Speaker #0

    Personnage incroyable, Sido. Complexe, hein ? À la fois possessive, autoritaire...

  • Speaker #1

    Oui, mais aussi celle qui lui apprend à « regarder » , comme elle dit. Une sorte de grande prêtresse de son jardin, en lien constant avec la nature. Presque une écologiste avant l'heure.

  • Speaker #0

    Colette a dit qu'il lui avait fallu du temps pour que cette figure maternelle mûrisse en elle, après sa mort.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et à côté de cette figure solaire presque écrasante parfois, il y a l'hommage au père, le capitaine.

  • Speaker #0

    Qui était plus mystérieux pour elle, non ?

  • Speaker #1

    Beaucoup plus. Elle dit elle-même l'avoir peu connue. Et c'est l'écriture justement qui va lui permettre de le découvrir, de comprendre sa gaieté qui cachait la tristesse de l'amputer, son côté rêveur, son amour pour Sido.

  • Speaker #0

    Il y a cette anecdote terrible et belle des livres qu'il achetait mais dont... Tine ne coupait pas les pages, sauf pour écrire une dédicace.

  • Speaker #1

    Oui, c'est bouleversant. Lui qui rêvait d'être écrivain. Et c'est elle qui le deviendra. En portant son nom de famille, Colette, comme nom d'autrice. Une transmission un peu paradoxale.

  • Speaker #0

    Il y a aussi les frères, les sauvages.

  • Speaker #1

    L'incarnation de l'enfance libre, sauvage, complètement ancrée dans ce pays natal.

  • Speaker #0

    Donc ces deux œuvres, Lévry et Sido, même si elles sont différentes dans le ton, elles partagent ce même élan. Saisir le monde par les sens, célébrer la nature. Explorer la complexité des êtres.

  • Speaker #1

    Absolument. Et elle montre cette capacité incroyable de l'écriture colétienne à sculpter la mémoire, à rendre l'éphémère presque éternelle. Transformer le vécu en littérature universelle.

  • Speaker #0

    Si on devait résumer, on retiendrait donc cette immersion sensorielle unique, cette célébration du monde très lucide, sans phare, et puis l'écriture comme un espace de mémoire, de construction de soi et de liberté.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça. Une œuvre d'une richesse incroyable. ...

  • Speaker #0

    avec une question... Dans quelle mesure est-ce que nos propres histoires d'origine, les lieux, les personnes qui nous ont façonnés, déterminent qui nous sommes aujourd'hui ? Est-ce que, comme Colette, explorer ses racines, que ce soit par l'écrit ou juste par la pensée, ce ne serait pas une manière de mieux comprendre et peut-être d'affirmer notre propre voix ?

  • Speaker #1

    C'est une belle question pour finir, effectivement, ça donne à réfléchir.

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Description

Colette, "Les Vrilles de la vigne" et "Sido" : comment l'auteure célèbre le monde à travers les sens et la nature. dimension sensorielle et poétisation du réel dans son écriture, ainsi que les thèmes récurrents de la nostalgie de l'enfance et du pays natal.Peinture des êtres aimés dans leur complexité et leur ambivalence. Une 'écriture pour reconstruire et idéaliser le passé, tout en restant ancrée dans le présent. LColettea structure et les thèmes spécifiques de chaque ouvrage, notamment la libération dans "Les Vrilles de la vigne" et le portrait des membres de la famille dans "Sido", établissant des parallèles avec l'œuvre de Proust.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, aujourd'hui on plonge dans l'univers de Colette, cette autrice incroyable qui, avec ses mots, nous fait vraiment ressentir le monde, presque physiquement.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une expérience très sensorielle.

  • Speaker #0

    Exactement, et on va s'intéresser plus particulièrement à deux de ses œuvres, Les Vrilles de la Vigne et Sido. On s'appuie pour ça sur une analyse littéraire assez poussée.

  • Speaker #1

    Oui, et l'idée c'est de voir comment Colette, eh bien, elle célèbre le monde, la nature, les êtres. Et comment l'écriture lui permet aussi de sonder sa mémoire et même de se libérer.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ce qui frappe d'emblée, c'est cette place centrale des sens. La vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher.

  • Speaker #1

    Tout passe par là, oui. C'est une découverte que je qualifierais de charnelle du réel.

  • Speaker #0

    Ça fait penser un peu à Proust, forcément, avec cette idée de la sensation qui réveille un souvenir, une émotion. Je crois qu'elle en parle dans Le Jour Gris, non ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, il y a ce lien. Mais chez Colette, c'est peut-être moins une mémoire involontaire. Qu'une sorte d'attention très aiguë au présent, au monde naturel, son style d'ailleurs, il est souvent comparé à l'impressionnisme. Des touches comme ça pour capter un instant, une lumière. Il y a une vraie dimension picturale avec beaucoup d'importance donnée aux couleurs, par exemple.

  • Speaker #0

    Et ce qui est fort, c'est que cette célébration n'est jamais, comment dire, naïve ou idéalisée.

  • Speaker #1

    Ah non, pas du tout. C'est ça qui est puissant. Elle n'hésite pas à parler du parfum un peu pourri de la fraise des bois. ou du délicat squelette, du nombre.

  • Speaker #0

    C'est très juste.

  • Speaker #1

    Oui, elle a une lucidité assez remarquable. Elle refuse le sentimentalisme facile. Même quand elle parle des gens qu'elle aime, comme sa demi-sœur Juliette, c'est toujours avec leur complexité, leur faille.

  • Speaker #0

    Et cette lucidité, on la retrouve aussi dans son rapport au passé, j'imagine. La nostalgie est très présente, mais…

  • Speaker #1

    Elle est là, bien sûr. Cette souffrance du désir de retour, comme disait Kundera, c'est une constante. Mais chez Colette, ce n'est pas quelque chose qui paralyse. Au contraire.

  • Speaker #0

    Comment ça au contraire ?

  • Speaker #1

    Cet ancrage dans le passé, surtout dans l'enfance, son pays natal qu'elle transforme un peu en jardin d'Éden, il faut le dire. Oui,

  • Speaker #0

    un peu idéalisé peut-être.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais ça lui sert de fondation pour construire son présent, pour affirmer qui allait. L'écriture devient alors un moyen de lutter contre le temps qui passe, de reconstruire ce passé, quitte à l'embellir un peu, oui.

  • Speaker #0

    On est presque dans ce qu'on appelle aujourd'hui l'autofiction alors, ce mélange de vécu et d'invention.

  • Speaker #1

    Oui, on n'est pas loin de ça. Ce mélange où l'expérience vécue est retravaillée, sublimée par l'écriture. Et cette écriture, c'est aussi, et c'est très important, un acte d'émancipation.

  • Speaker #0

    Ah oui, surtout dans les Vries de la Vigne de 1908. C'est très net.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Ce recueil, c'est vraiment une rupture. Une rupture avec Willy, son mari, et avec la période d'Éclaudine. Il y a cette fameuse métaphore du rossignol.

  • Speaker #0

    Celui qui découvre sa propre voie en s'échappant.

  • Speaker #1

    Exactement. Elle écrit qu'il jette Tout haut, une plainte qui lui a révélé sa voix. C'est magnifique et très parlant de sa propre situation.

  • Speaker #0

    Et ce livre, Les vrilles de la vigne, il est foisonnant. Il introduit déjà tous ses grands thèmes. L'enfance perdue, la nature, les animaux.

  • Speaker #1

    Oui, les dialogues avec Toby Chien par exemple. L'amour aussi, vu sous un angle complexe. Et puis il y a de l'humour, une certaine critique des mondanités. C'est un éloge de la liberté, vraiment.

  • Speaker #0

    Et puis ce changement de ton plus tard, avec Sido en 1930. Là, on est plus dans la célébration de la famille.

  • Speaker #1

    Oui, 22 ans après. Le regard amuri, c'est un retour sur les figures aimées, mais avec une perspective peut-être plus apaisée, plus lucide encore. Et au centre, il y a Sido, sa mère.

  • Speaker #0

    Personnage incroyable, Sido. Complexe, hein ? À la fois possessive, autoritaire...

  • Speaker #1

    Oui, mais aussi celle qui lui apprend à « regarder » , comme elle dit. Une sorte de grande prêtresse de son jardin, en lien constant avec la nature. Presque une écologiste avant l'heure.

  • Speaker #0

    Colette a dit qu'il lui avait fallu du temps pour que cette figure maternelle mûrisse en elle, après sa mort.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et à côté de cette figure solaire presque écrasante parfois, il y a l'hommage au père, le capitaine.

  • Speaker #0

    Qui était plus mystérieux pour elle, non ?

  • Speaker #1

    Beaucoup plus. Elle dit elle-même l'avoir peu connue. Et c'est l'écriture justement qui va lui permettre de le découvrir, de comprendre sa gaieté qui cachait la tristesse de l'amputer, son côté rêveur, son amour pour Sido.

  • Speaker #0

    Il y a cette anecdote terrible et belle des livres qu'il achetait mais dont... Tine ne coupait pas les pages, sauf pour écrire une dédicace.

  • Speaker #1

    Oui, c'est bouleversant. Lui qui rêvait d'être écrivain. Et c'est elle qui le deviendra. En portant son nom de famille, Colette, comme nom d'autrice. Une transmission un peu paradoxale.

  • Speaker #0

    Il y a aussi les frères, les sauvages.

  • Speaker #1

    L'incarnation de l'enfance libre, sauvage, complètement ancrée dans ce pays natal.

  • Speaker #0

    Donc ces deux œuvres, Lévry et Sido, même si elles sont différentes dans le ton, elles partagent ce même élan. Saisir le monde par les sens, célébrer la nature. Explorer la complexité des êtres.

  • Speaker #1

    Absolument. Et elle montre cette capacité incroyable de l'écriture colétienne à sculpter la mémoire, à rendre l'éphémère presque éternelle. Transformer le vécu en littérature universelle.

  • Speaker #0

    Si on devait résumer, on retiendrait donc cette immersion sensorielle unique, cette célébration du monde très lucide, sans phare, et puis l'écriture comme un espace de mémoire, de construction de soi et de liberté.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça. Une œuvre d'une richesse incroyable. ...

  • Speaker #0

    avec une question... Dans quelle mesure est-ce que nos propres histoires d'origine, les lieux, les personnes qui nous ont façonnés, déterminent qui nous sommes aujourd'hui ? Est-ce que, comme Colette, explorer ses racines, que ce soit par l'écrit ou juste par la pensée, ce ne serait pas une manière de mieux comprendre et peut-être d'affirmer notre propre voix ?

  • Speaker #1

    C'est une belle question pour finir, effectivement, ça donne à réfléchir.

Description

Colette, "Les Vrilles de la vigne" et "Sido" : comment l'auteure célèbre le monde à travers les sens et la nature. dimension sensorielle et poétisation du réel dans son écriture, ainsi que les thèmes récurrents de la nostalgie de l'enfance et du pays natal.Peinture des êtres aimés dans leur complexité et leur ambivalence. Une 'écriture pour reconstruire et idéaliser le passé, tout en restant ancrée dans le présent. LColettea structure et les thèmes spécifiques de chaque ouvrage, notamment la libération dans "Les Vrilles de la vigne" et le portrait des membres de la famille dans "Sido", établissant des parallèles avec l'œuvre de Proust.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, aujourd'hui on plonge dans l'univers de Colette, cette autrice incroyable qui, avec ses mots, nous fait vraiment ressentir le monde, presque physiquement.

  • Speaker #1

    Oui, c'est une expérience très sensorielle.

  • Speaker #0

    Exactement, et on va s'intéresser plus particulièrement à deux de ses œuvres, Les Vrilles de la Vigne et Sido. On s'appuie pour ça sur une analyse littéraire assez poussée.

  • Speaker #1

    Oui, et l'idée c'est de voir comment Colette, eh bien, elle célèbre le monde, la nature, les êtres. Et comment l'écriture lui permet aussi de sonder sa mémoire et même de se libérer.

  • Speaker #0

    C'est vrai que ce qui frappe d'emblée, c'est cette place centrale des sens. La vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher.

  • Speaker #1

    Tout passe par là, oui. C'est une découverte que je qualifierais de charnelle du réel.

  • Speaker #0

    Ça fait penser un peu à Proust, forcément, avec cette idée de la sensation qui réveille un souvenir, une émotion. Je crois qu'elle en parle dans Le Jour Gris, non ?

  • Speaker #1

    Tout à fait, il y a ce lien. Mais chez Colette, c'est peut-être moins une mémoire involontaire. Qu'une sorte d'attention très aiguë au présent, au monde naturel, son style d'ailleurs, il est souvent comparé à l'impressionnisme. Des touches comme ça pour capter un instant, une lumière. Il y a une vraie dimension picturale avec beaucoup d'importance donnée aux couleurs, par exemple.

  • Speaker #0

    Et ce qui est fort, c'est que cette célébration n'est jamais, comment dire, naïve ou idéalisée.

  • Speaker #1

    Ah non, pas du tout. C'est ça qui est puissant. Elle n'hésite pas à parler du parfum un peu pourri de la fraise des bois. ou du délicat squelette, du nombre.

  • Speaker #0

    C'est très juste.

  • Speaker #1

    Oui, elle a une lucidité assez remarquable. Elle refuse le sentimentalisme facile. Même quand elle parle des gens qu'elle aime, comme sa demi-sœur Juliette, c'est toujours avec leur complexité, leur faille.

  • Speaker #0

    Et cette lucidité, on la retrouve aussi dans son rapport au passé, j'imagine. La nostalgie est très présente, mais…

  • Speaker #1

    Elle est là, bien sûr. Cette souffrance du désir de retour, comme disait Kundera, c'est une constante. Mais chez Colette, ce n'est pas quelque chose qui paralyse. Au contraire.

  • Speaker #0

    Comment ça au contraire ?

  • Speaker #1

    Cet ancrage dans le passé, surtout dans l'enfance, son pays natal qu'elle transforme un peu en jardin d'Éden, il faut le dire. Oui,

  • Speaker #0

    un peu idéalisé peut-être.

  • Speaker #1

    Voilà. Mais ça lui sert de fondation pour construire son présent, pour affirmer qui allait. L'écriture devient alors un moyen de lutter contre le temps qui passe, de reconstruire ce passé, quitte à l'embellir un peu, oui.

  • Speaker #0

    On est presque dans ce qu'on appelle aujourd'hui l'autofiction alors, ce mélange de vécu et d'invention.

  • Speaker #1

    Oui, on n'est pas loin de ça. Ce mélange où l'expérience vécue est retravaillée, sublimée par l'écriture. Et cette écriture, c'est aussi, et c'est très important, un acte d'émancipation.

  • Speaker #0

    Ah oui, surtout dans les Vries de la Vigne de 1908. C'est très net.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Ce recueil, c'est vraiment une rupture. Une rupture avec Willy, son mari, et avec la période d'Éclaudine. Il y a cette fameuse métaphore du rossignol.

  • Speaker #0

    Celui qui découvre sa propre voie en s'échappant.

  • Speaker #1

    Exactement. Elle écrit qu'il jette Tout haut, une plainte qui lui a révélé sa voix. C'est magnifique et très parlant de sa propre situation.

  • Speaker #0

    Et ce livre, Les vrilles de la vigne, il est foisonnant. Il introduit déjà tous ses grands thèmes. L'enfance perdue, la nature, les animaux.

  • Speaker #1

    Oui, les dialogues avec Toby Chien par exemple. L'amour aussi, vu sous un angle complexe. Et puis il y a de l'humour, une certaine critique des mondanités. C'est un éloge de la liberté, vraiment.

  • Speaker #0

    Et puis ce changement de ton plus tard, avec Sido en 1930. Là, on est plus dans la célébration de la famille.

  • Speaker #1

    Oui, 22 ans après. Le regard amuri, c'est un retour sur les figures aimées, mais avec une perspective peut-être plus apaisée, plus lucide encore. Et au centre, il y a Sido, sa mère.

  • Speaker #0

    Personnage incroyable, Sido. Complexe, hein ? À la fois possessive, autoritaire...

  • Speaker #1

    Oui, mais aussi celle qui lui apprend à « regarder » , comme elle dit. Une sorte de grande prêtresse de son jardin, en lien constant avec la nature. Presque une écologiste avant l'heure.

  • Speaker #0

    Colette a dit qu'il lui avait fallu du temps pour que cette figure maternelle mûrisse en elle, après sa mort.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et à côté de cette figure solaire presque écrasante parfois, il y a l'hommage au père, le capitaine.

  • Speaker #0

    Qui était plus mystérieux pour elle, non ?

  • Speaker #1

    Beaucoup plus. Elle dit elle-même l'avoir peu connue. Et c'est l'écriture justement qui va lui permettre de le découvrir, de comprendre sa gaieté qui cachait la tristesse de l'amputer, son côté rêveur, son amour pour Sido.

  • Speaker #0

    Il y a cette anecdote terrible et belle des livres qu'il achetait mais dont... Tine ne coupait pas les pages, sauf pour écrire une dédicace.

  • Speaker #1

    Oui, c'est bouleversant. Lui qui rêvait d'être écrivain. Et c'est elle qui le deviendra. En portant son nom de famille, Colette, comme nom d'autrice. Une transmission un peu paradoxale.

  • Speaker #0

    Il y a aussi les frères, les sauvages.

  • Speaker #1

    L'incarnation de l'enfance libre, sauvage, complètement ancrée dans ce pays natal.

  • Speaker #0

    Donc ces deux œuvres, Lévry et Sido, même si elles sont différentes dans le ton, elles partagent ce même élan. Saisir le monde par les sens, célébrer la nature. Explorer la complexité des êtres.

  • Speaker #1

    Absolument. Et elle montre cette capacité incroyable de l'écriture colétienne à sculpter la mémoire, à rendre l'éphémère presque éternelle. Transformer le vécu en littérature universelle.

  • Speaker #0

    Si on devait résumer, on retiendrait donc cette immersion sensorielle unique, cette célébration du monde très lucide, sans phare, et puis l'écriture comme un espace de mémoire, de construction de soi et de liberté.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça. Une œuvre d'une richesse incroyable. ...

  • Speaker #0

    avec une question... Dans quelle mesure est-ce que nos propres histoires d'origine, les lieux, les personnes qui nous ont façonnés, déterminent qui nous sommes aujourd'hui ? Est-ce que, comme Colette, explorer ses racines, que ce soit par l'écrit ou juste par la pensée, ce ne serait pas une manière de mieux comprendre et peut-être d'affirmer notre propre voix ?

  • Speaker #1

    C'est une belle question pour finir, effectivement, ça donne à réfléchir.

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