118. Le paradoxe de l'obésité  entretien avec Lisa de "Mon gros podcast" cover
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La pleine conscience du pouvoir

118. Le paradoxe de l'obésité entretien avec Lisa de "Mon gros podcast"

118. Le paradoxe de l'obésité entretien avec Lisa de "Mon gros podcast"

59min |22/10/2024|

728

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La pleine conscience du pouvoir

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Description

Bienvenue à toutes et tous sur mon podcast « La pleine conscience du pouvoir » ! Je m’appelle Anne Pioz, je suis psychopraticienne spécialisée dans les troubles alimentaires. Avec ce podcast sur la relation avec l’alimentation, je vous accompagne à retrouver une relation sereine avec la nourriture et avec votre corps.


Dans cet épisode 118 du podcast, je suis très heureuse de recevoir Lisa, créatrice du podcast “Mon gros podcast” et du compte Instagram du même nom.

Nous échangeons ensemble sur le sujet de de l'obésité et de ses paradoxes. Et pour commencer, de ce terme même d’obésité, et du problème qu’il représente. L’obésité serait une maladie ? L’obésité serait une épidémie ? Quels traitements pour l’obésité ?

C'était passionnant d'entendre le point de vue de Lisa, personne concernée et militante sur ce sujet.


Retrouvez "Mon gros podcast" ici : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/mongrospodcast/id1684052171

Et le compte Instagram de LIsa : https://www.instagram.com/mongrospodcast/


Retrouvez moi sur Instagram ! https://www.instagram.com/annepiozpsy/


Vous pouvez soutenir le podcast « La pleine conscience du pouvoir » grâce à une contribution ici :  https://fr.tipeee.com/la-pleine-conscience-du-pouvoir/


Téléchargez le guide des épisodes du podcast ici : https://annepioz91.systeme.io/guide-des-episodes


Pour me contacter : anne@pouvoircannelle.com

Pour prendre un premier rendez-vous pour une séance de psychothérapie en visio ou en présentiel : https://calendly.com/annepiozpsy/seance-de-psychotherapie-en-visioconference-clone


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je suis Anne Piausse, psychothérapeute, et je vous accompagne à retrouver une relation sereine et intuitive avec votre alimentation. La pleine conscience du pouvoir est un podcast qui vous accompagne à reprendre le pouvoir dans votre relation avec la nourriture, à sortir des injonctions de la culture des régimes et à ne plus vous sentir seul avec tout ça. Dans ce podcast, je partage des outils, des réflexions. Je vous parle aussi de pleine conscience et d'introduire dans votre quotidien plus d'observations de votre propre fonctionnement. Je vous propose également des témoignages de femmes et d'hommes qui vivent ou ont vécu un trouble du comportement alimentaire ou une relation compliquée avec leur alimentation. Leurs témoignages vous permettront, je l'espère, de réaliser que nous sommes nombreux à nous retrouver pris au piège de cette relation toxique. Je vous laisse avec l'épisode du jour. Bienvenue dans l'épisode 118 du podcast La pleine conscience du pouvoir Aujourd'hui, nous allons parler avec mon invité de l'obésité et de ses paradoxes. Et pour commencer, de ce terme même d'obésité et du problème qu'il représente. L'obésité serait une maladie ? L'obésité serait une épidémie ? Quel traitement pour l'obésité ? Je suis très heureuse de recevoir aujourd'hui Lisa, créatrice du podcast Mon gros podcast et du compte Instagram du même nom, dont bien sûr nous vous mettrons les liens dans la description de cet épisode. Bonjour Lisa et bienvenue sur la Pleine Conscience du Pouvoir.

  • Speaker #1

    Bonjour, merci beaucoup de m'accueillir, ça me fait très plaisir d'être là.

  • Speaker #0

    Alors le plaisir est partagé, on va dire, par nous deux. Alors avant que nous entrions dans le vif du sujet, est-ce que tu veux bien te présenter et présenter ton podcast pour les personnes qui ne le connaîtraient pas encore ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, donc je m'appelle Lisa, j'ai 47 ans, j'ai créé mon gros podcast il y a un peu plus d'un an, un an et demi peut-être. Parce que j'étais dans un chemin de déconstruction justement de la grossophobie, ma grossophobie, la grossophobie de la société. J'avais envie d'en parler. J'avais surtout envie d'en parler en tant que personne concernée. Je trouve qu'il y a de plus en plus de contenu grâce aux réseaux sociaux. Mais je trouve que très souvent, c'est des choses qui sont incarnées par des personnes qui ne sont pas forcément grosses et qui ne sont pas forcément aussi à mon âge. Et moi, on m'a beaucoup menacée comme... comme on le fait avec pas mal de personnes grosses, de mourir très jeune. Et du coup, je trouvais ça important de signaler, de pouvoir parler, de s'exprimer en disant que oui, on peut dépasser 40 ans, qu'on peut avoir une vie assez agréable, même en étant grosse et même en vieillissant. Et puis, j'ai pas mal de maladies chroniques qui ne sont pas liées à mon poids. Certaines pourraient expliquer mon poids, mais c'est plutôt dans ce sens-là que l'autre. Et du coup, j'avais aussi envie de parler de ça, parce que je trouve qu'il y a des choses dont on parle très peu, notamment le fait d'être diabétique en étant grosse. Le diabète, c'est une maladie extrêmement stigmatisée par rapport aux personnes grosses. Et donc, vraiment, vivre en tant que personne grosse et diabétique, c'est un sujet. Le SOPK aussi, qui est, pareil, une maladie qui est très importante et qui cause beaucoup d'infertilité, mais dont on parle peu. Donc voilà, j'avais envie de parler de tout ça. J'avais envie d'en parler à ma façon. C'est-à-dire un peu, voilà, c'est un podcast très amateur, naturel. Je fais très peu de montage. Je me lance sur des sujets et on en parle. Et voilà. Et en général, j'anime le compte Instagram. En conséquence, c'est-à-dire que quand je sors un épisode, je mets la jaquette de l'épisode sur Instagram pour que les gens puissent commenter, interagir, etc. Et puis sur mon compte, je publie pas mal de contenu justement sur ces thématiques. grossophobie, visibilité aussi des corps gros. J'aime bien poster des choses pour qu'on s'habitue à avoir des corps gros dans l'imaginaire collectif, parce qu'on est là, on existe, on fait des choses et c'est important pour moi. Et puis voilà, je suis quelqu'un de grosse avec des maladies, c'est le début, mais je fais aussi d'autres choses. Je suis très militante dans l'âme, donc je fais aussi très attention à la politique et aux ramifications politiques de tous ces sujets-là. J'aime bien rigoler, j'aime bien faire des activités un peu manuelles. Et puis, je fais du sport sur chaise. Et c'est pareil, c'est quelque chose dont j'aime bien parler parce qu'on peut faire du sport de façon adaptée à son corps. Voilà, voilà un petit peu comment je me présenterais.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Oui, moi, ce que... Alors, je n'ai pas écouté tous les épisodes de ton podcast encore, mais ce que j'aime particulièrement, c'est justement ta spontanéité. En fait, la façon dont tu vas parler. Ça part vraiment des tripes, en fait. Ça part de toi, de ce que tu vis. On est dedans, en fait. Moi, en tant que personne non concernée par la grosseur, même si j'ai pu le croire, enfin bref, c'est un autre sujet, le sujet d'un autre épisode, peut-être. J'ai l'impression vraiment que tu nous embarques avec toi, en fait, dans ce que tu vis, dans la façon dont tu vis les choses, dans la façon dont tu penses les choses. Et justement, j'avais à cœur que tu puisses nous partager pour les auditeurs, les auditrices du podcast La Pleine Conscience du Pouvoir, comment tu vis les choses de l'intérieur et ton point de vue éclairé et personnel, en fait, qui est le tien, et tu le dis bien dans le podcast, c'est la façon dont moi je vis les choses et c'est la façon dont moi je pense les choses, mais j'imagine que tu n'es pas la seule, en fait, et en tant que personne concernée, pour vraiment nous emmener au cœur du sujet. Donc, allons-y au cœur du sujet, je suis hyper motivée pour... Et je sais que je suis avec la bonne personne pour nous en parler. Et puis voilà, le côté militant aussi. Je trouve que c'est extrêmement important. Et le côté militant de la personne concernée, tu vois.

  • Speaker #1

    C'est très gentil de le dire, mais il y a beaucoup de gens qui me disent ça, de dire même des personnes grosses qui auraient des opinions identiques. Le fait de les entendre et de les voir formuler comme ça, ça éveille des choses, au moins du questionnement. En fait, moi, je ne veux pas que tout le monde soit d'accord avec moi, mais je voudrais qu'on se questionne. Donc, on est d'accord. On ne peut pas tout cru ce qu'on nous dit. Et sur le militantisme, c'est pareil. Il y a pas mal de personnes qui ont dit Waouh ! J'avais jamais pensé à ça, mais ouais, en fait, il y a vraiment des ramifications politiques importantes sur les choix de santé publique, etc.

  • Speaker #0

    Complètement, complètement. Bon, eh bien, lançons-nous. C'est parti. Dis-moi. Et puis, je vais aussi me placer, voilà, comme si je n'avais pas écouté tes épisodes, comme peut-être la plupart des personnes qui nous écoutent. Donc, replaçons ce terme obésité. C'est quoi le problème ? Parce qu'on l'entend à toutes les sauces, brandi comme un épouvantail par rapport à notre santé. Donc, c'est quoi le problème, en fait ? Ou les problèmes ?

  • Speaker #1

    Déjà, la première chose, c'est que moi, je me suis auto-appelée obèse pendant des années. Vraiment, comme beaucoup de gens aujourd'hui. Quand je disais que j'étais obèse, je me décrivais comme obèse, etc. Et sauf que j'ai fait le travail de me dire non, en fait, je rejette ce terme pour plusieurs raisons qu'on va développer. Mais du coup, j'ai changé et aujourd'hui, je me définis comme une personne grosse. Je parle de grosseur, mais pas d'obésité. Et la première raison, c'est que l'obésité, c'est un terme médical. C'est la terminologie de la grille de l'IMC. À tel ou tel IMC, on arrive au stade d'obèse. Je sais qu'aujourd'hui, les termes ont un peu changé, mais moi, je suis même en ce qu'on appelle l'obésité morbide. Aujourd'hui, on ne dit plus comme ça, mais quand même, je veux dire aux gens que j'ai passé une vingtaine d'années où on me disait que j'étais en obésité morbide. Et je trouve que déjà, première chose, le terme est juste moche. Il est agressif, il est médical, en fait. Et je trouve que ce n'est pas OK quand je me présente ou quand je parle de moi. dans une sphère privée ou même publique ou whatever, mais quand je ne suis pas avec des médecins, je ne vois pas pourquoi je ferais référence à moi avec un terme médical qui sort d'une grille, ce fameux IMC que lui aussi je rejette. Et puis surtout, de manière générale, il y a le côté, moi, je ne considère pas qu'être grosse, c'est être malade. Je ne pense pas que le fait d'avoir de la graisse autour du corps est une maladie. Par exemple, avoir énormément d'amas graisseux sur les jambes, c'est une maladie. Ça s'appelle le lipodème. Ça ne s'appelle pas l'obésité. Ça a un nom, cette maladie. Donc, le seul cas où on peut considérer qu'avoir un ama graisseux à un endroit est une maladie, il y en a une, c'est celle autour des jambes, et ça s'appelle le lipodème. Mais avoir de la graisse sur le corps, avoir un gros ventre, des gros bras ou des grosses cuisses, à quel moment c'est OK de juste dire que ça, c'est une maladie, en fait ? et du coup je ne veux pas de ce terme parce que je me en l'occurrence comme je l'ai dit dans l'introduction j'ai des maladies chroniques donc j'ai d'autres raisons de dire que je suis malade mais mon poids et la caractéristique de mon corps la forme de mon corps la façon dont mon corps est je ne considère pas que ça puisse être résumé à une maladie

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as une idée de l'historique ? Tu vois à quel moment la médecine a considéré que c'était une maladie pourquoi ? Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Le terme obésité, il a commencé avec la grille vraiment de l'IMT, sur poids, machin, obésité, etc. Et la maladie, c'est tout simplement l'OMS. Je suis extrêmement nulle en date, c'est-à-dire que j'ai l'impression que c'était il y a 5 ans quand en vrai c'était il y a 15 ans. Mais il y a un moment, je ne saurais pas vous dire comment, il y a une vingtaine d'années, où l'OMS a déclaré la grande cause de la maladie obésité. Et c'est à partir de là où on a eu cette histoire que l'obésité est une épidémie, il y a de plus en plus d'obèses dans le monde, etc. Et ils ont fait le choix de parler d'obésité et pas de grosseur ou de personnes grosses, etc. Mais c'est vraiment à ce moment-là. Et tout simplement, techniquement parlant, en France, il y a aussi le fait que c'est la Haute Autorité de Santé qui a déclaré que l'obésité était une maladie. Donc, c'est des choix... politiques et médicaux à l'échelle mondiale et à l'échelle de notre pays. Mais pour autant, je ne suis pas d'accord. Et c'est quelque chose qui fait débat, même dans la communauté scientifique, par exemple. Parce que moi, je suis assez proche de l'association de professionnels qui s'appelle le GROSSE. Donc, ça veut dire Groupement de Réflexion sur l'Obésité et le Chinois. Donc là, c'est des professionnels de santé. Il y a des nutritionnistes, il y a des psys, notamment Jean-Philippe Zarnat. Et c'est eux, par exemple, qui sont pour le fait de reconnaître l'obésité comme une maladie, en espérant que ça puisse ouvrir la porte au fait d'avoir une ALD. Une ALD, c'est...

  • Speaker #0

    Oui, mais du coup, ça donne droit à des remboursements. Exactement.

  • Speaker #1

    Attention, chaque ALD, pareil, les autorités de santé décident ce qu'on met avec. Et aujourd'hui, une ALD obésité ne donne droit à rien. La Haute Autorité de Santé a décidé que... le traitement d'obésité était effectivement une cause nationale. Et que le traitement de l'obésité se faisait de façon tripartite. Il y a médicaments, thérapie et nutrition. Non, quatre. Il y a le sport aussi. Et du coup, on pourrait se dire, ok, super, très bonne idée, on est tous d'accord, il faut s'adresser à tout ça. Sauf que la seule chose qui est remboursée à ce jour, c'est médicaments et chirurgie. Par exemple, le fait d'aller chez une psy, ça n'est pas pris en charge, même pour une personne grosse. Le fait d'aller chez une nutritionniste toutes les semaines ou tous les mois, ça n'est pas pris en charge. Aujourd'hui, on s'améliore sur l'activité physique puisqu'il y a de plus en plus d'APA, donc activité physique adaptée. Que l'APA, quand elle est prescrite par un médecin généraliste et que vous avez un centre APA autour de chez vous, ça peut avoir une certaine gratuité. Ce n'est pas toujours le cas. Mais voilà, ce que je veux dire, c'est que même l'autorité de santé française dit que l'obésité est une maladie et qu'il faut la dresser multifactorielle par différents biais, etc. Mais la seule chose qu'on rembourse, c'est... La chirurgie, les médicaments. Et quand je dis les médicaments, ce n'est pas tout à fait juste, parce que je crois qu'à ce jour, Ouigovy et Saxanda ne sont pas pris en charge. Je pense qu'on rembourse les médicaments, si on considère, vous savez, il y a des gens qui considèrent que les kilos, c'est émotionnel. Donc je dis n'importe quoi, si on vous fousse vos antidépresseurs parce que vous êtes trop gros, vos antidépresseurs sont remboursés. Mais les traitements eux-mêmes de l'obésité, je ne crois pas qu'ils soient encore sujets à remboursement, ce qui d'ailleurs est une question. Si c'est une maladie et que ces traitements sont efficaces pour cette maladie, pourquoi vous ne les remboursez pas ? Si je suis cardiaque et que je prends un traitement cardiaque, vous me le remboursez. Enfin, dans notre système, le système de redistribution à la française, on cotise toute sa vie et la Sécurité sociale prend en charge nos traitements. Et moi, vraiment, ce qui m'énerve, c'est que je suis convaincue, quoi qu'on considère du fait d'être gros, que ce soit parce qu'on mange trop, parce qu'on a des problèmes psychologiques, que ce soit qu'on mange trop, parce qu'on ne connaît pas l'alimentation ou que ce soit pour d'autres raisons, etc. Dans tous les cas... pourquoi on ne rembourse pas la thérapie et la nutrition.

  • Speaker #0

    Et là, c'est un sacré paradoxe. Je m'en rends compte, j'avais pas réfléchi à ça. Moi, ça fait ça de l'hypocrisie. Moi, je suis polie. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas poli. Mais oui, tout à fait. Parce que les fameux manger-bouger, et qu'on serait gros parce qu'on mange trop et qu'on ne fait pas assez de sport, ou qu'on a des problèmes émotionnels qui font qu'on va se jeter sur la nourriture. Ok, bon, dans ce cas, pourquoi on ne les traite pas ?

  • Speaker #1

    En restant sur cette idée-là, imaginez une maladie pour laquelle, depuis 70 ans, on n'a plus qu'une stratégie, qui est de faire des régimes sans voir de nutritionniste, puisqu'encore une fois, on ne vous rembourse pas le nutritionniste, mais vous devez quand même faire des régimes. Donc, on se paye nos propres régimes tout seul, on se débrouille avec des bouquins. Mais ça fait 70-80 ans qu'on est sur la thématique. manger moins à travers des régimes et faire du sport, et c'est comme ça qu'il n'y aura plus de gros, ça fait 70 ans, on est toujours là, il y a toujours des personnes grosses. Ça veut dire que depuis 70 ans, on accepte qu'une soi-disant maladie, encore une fois, moi je ne crois pas, mais très bien, si c'est une maladie, pour quel autre type de maladie on accepterait 70 années d'un traitement qui ne marche pas, qui ne fait pas ses preuves, un traitement où, ok, tu fais un régime, tu perds du poids, mais après tu reprends, C'est-à-dire qu'on accepte même, et c'est pareil pour la chirurgie, on fait la chirurgie de l'obésité, on coupe un organe sain pour s'empêcher de manger. Organe qui peut regrossir après, parce que l'estomac, il peut reprendre sa place. Donc, on accepte de rembourser une chirurgie. La chirurgie, ça veut dire anesthésie, ça veut dire tout ça. Ça veut dire des compléments alimentaires toute sa vie, etc. Pour quelque chose qui a un taux d'échec de l'espace. Pour quelle autre maladie, collectivement, on accepterait de payer tout ça ? Et on accepterait pendant 70 ans de constater échec, échec, échec, sans se dire, hé ho les gars, venez on se regroupe et on essaye de réfléchir si peut-être il n'y aurait pas autre chose. Et au hasard, on pourrait peut-être demander aux personnes grosses est-ce qu'elles ont des idées, d'autres trucs à faire éventuellement. Et justement, ça fait 70 ans qu'on rembourse des chirurgies, etc. Et bien, tenez, si pendant les 70 prochaines années, on remboursait la thérapie et la nutrition. Et on va voir. Est-ce que peut-être il y aura plus de gens moins gros ? Et encore, ça m'arrache de dire ça, parce que moi, je ne suis pas pour l'éradication des gens gros. Je ne considère pas qu'on devrait tous être minces, qu'on devrait tous avoir le même corps. Mais si vraiment on est dans la logique des gens qui croient ça, quand ça fait 70 ans que ça ne marche pas, au bout d'un moment, il faut se remettre en cause quand même.

  • Speaker #0

    Oui, mais sauf que, tu vas me dire si tu es d'accord, mais la raison à laquelle tout le monde pense, c'est que c'est la faute des personnes. C'est juste qu'elles n'arrivent pas à suivre le truc.

  • Speaker #1

    Perdre du poids, youpi, c'est grâce au régime. Ce régime merveilleux, tellement efficace et génial, mais quand on n'y arrive pas, c'est de la faute du patient qui, lui, est vraiment trop naze et n'est pas capable de faire le régime correctement. C'est ça. Donc, c'est en ça que c'est plus qu'un paradoxe, c'est de l'hypocrisie. C'est-à-dire que vraiment, quand ça fonctionne, on dit, vous voyez, il suffit de faire un régime pour ne plus être gros. Mais quand ça ne fonctionne pas, c'est, vous voyez, il est vraiment trop nul. Il n'a pas suivi le régime correctement, pas dû se restreindre suffisamment. Il n'a fait qu'une heure de sport par jour au lieu d'en faire deux. C'est toujours de la faute du patient. et là c'est pareil, j'invite les gens à se poser la question pour quelle autre maladie on accepterait à ce point-là de tout mettre sur le comportement du patient à quel moment on ne se dirait pas, le traitement ne marche pas la chirurgie ne marche pas et que peut-être il faut faire autrement même dans les maladies de santé mentale et Dieu merci encore une fois moi je ne crois pas que la santé mentale soit une question de volonté mais à quel moment on dit à quelqu'un de schizophrène, ça suffit, choisis ta bonne personnalité On ne fait pas ça. On accepte que c'est une maladie qui se gère par des médicaments, que c'est difficile pour la personne. Mais quand on est gros, non, non. Gère ta volonté, grosse personne. Mais que tu fais ça, si vraiment, vraiment vous êtes dans l'idée de vouloir croire que je suis malade d'être grosse. Mais à quel moment on traite des malades comme ça, en fait ? Une personne grosse qui devient diabétique, littéralement, on lui dit, ah ben voilà. Ça allait arriver.

  • Speaker #0

    Ce qui devait arriver est arrivé.

  • Speaker #1

    Genre, tu l'as bien cherché, ta maladie, madame.

  • Speaker #0

    C'est horrible. Et oui. Et douce, tu sais, je suis avec ce qu'on disait tout à l'heure, de cette idée de brandir, en fait, ce terme d'obésité, comme un épouvantail, en fait. Et attention, il va vous arriver.

  • Speaker #1

    C'est aussi ce qui me gêne dans ce terme, tu as tout à fait raison, c'est que ça, pour moi, c'est là où c'est une question de société. C'est-à-dire qu'on accepte d'être dans une société où on peut se faire des choses, capitaliste, performative, productive, où ce qui compte, c'est l'efficacité, à quel point on est productif, etc. Et du coup, on veut d'abord tout ce décor parfait, géniaux, qui fonctionne. Et on est OK de se faire peur. On croit que les personnes sont grosses parce qu'elles n'ont pas de motivation. Déjà, là, c'est non. Mais très bien, on croit ça. Et on croit que générer la motivation, c'est sous forme de menace. C'est sous forme de... peur au lieu d'être sous forme de je vais t'apprendre à être apaisée avec toi-même et à trouver la motivation d'être apaisée avec toi-même. Et si être apaisée avec toi-même, c'est peser 70 kilos ou 130 ou 40, on s'en fout tant que t'es apaisée avec toi-même. Sauf qu'on est dans une stratégie de, on doit être en guerre. Il faut être en bataille. C'est là, tu vas être trop baisse. Tu vas être diabétique. Ouh là là, tu vas avoir de la résistance à l'insuline. Ouh là là, le sucre est ton ennemi. Ouh là là, Nutri-Score, ce que tu manges, c'est rouge, cramoisi, tellement c'est mal pour toi. Et cette stratégie de la peur, encore une fois, c'est que soit en disant qu'on est dessus, elle ne marche pas.

  • Speaker #0

    Ben non.

  • Speaker #1

    Et c'est quand autre chose.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. C'est vraiment ce constat que ce qui continue à être s'amener sans arrêt.

  • Speaker #1

    Mais en se réinventant continuellement. Exact. Parce que ce qui est très puissant avec cette notion d'obésité, ce qu'on n'a pas encore nommé. C'est ce qu'on appelle la culture des régimes. Alors, ce que je trouve un petit peu compliqué avec le vocabulaire culture des régimes, c'est qu'il y a plein de gens à qui on en parle qui vont dire Ah non, mais moi, je ne suis pas au régime Oui, mais oui. Parce qu'il y a des gens, ils ont tellement intégré les concepts de la culture des régimes qu'ils sont dans un contrôle alimentaire quasiment transparent pour eux tellement c'est intégré. Tout à fait. Donc, je trouve que ce vocabulaire est important de comprendre. Quand on dit culture des régimes, ça ne veut pas dire au sens où tout le monde est au régime, mais ça veut dire qu'on baigne dans un environnement où on passe notre temps à nous donner des règles et des injonctions sur les bons aliments, les mauvais aliments, la bonne heure pour manger, la mauvaise heure pour manger, ce qu'on mange l'été, ce qu'on mange l'hiver, et tous ces trucs-là. Et toutes ces règles-là, qui impactent tout le monde, en fait. Moi, honnêtement, je ne connais pas grand monde qui n'est pas impacté par cette culture des régimes, mais du coup, on est driveé par elle. Et cette culture des régimes, derrière, il y a tout simplement l'industrie des régimes. Et là, vraiment, on parle de la chirurgie. C'est des médecins qu'on paye. C'est des techniques chirurgicales. Les médicaments d'obésité, c'est des labos pharmaceutiques qui font de l'argent. Les régimes Weight Watcher, Ducan, les montagnes de bouquins, de magazines, les salles de sport avec qui, en gros, vous venez perdre vos kilos de l'hiver. Tout ça, en bas de chez moi, j'ai un truc comme j'aime, avec des massages pour enlever la cellulite, les crèmes pour enlever... Tout ça, c'est une industrie qui fait de l'argent. Et c'est ça qu'il y a derrière la culture des régimes, l'industrie des régimes, et tous ensemble, ils se réinventent. Aujourd'hui, honnêtement, on parle beaucoup moins de régime, on parle de l'équilibrage alimentaire.

  • Speaker #0

    C'est un mauvais espace, ce terme. Aujourd'hui,

  • Speaker #1

    au lieu d'être vraiment sur t'es gros, c'est de ta faute on a un petit peu assaini ou calmé le discours sur les pauvres, ils sont malades, il faut les aider, mais quand même, il faut vraiment les aider à se bouger Ce que je veux dire, c'est que le truc, c'est non seulement qu'il y a un discours permanent, mais en plus, ce discours se modernise. Et du coup, quand on commence à le reconnaître en se disant c'est vrai, on parle de partout, de régime, etc. Eh bien, deux ans après, on ne parle plus de régime. On vous dit, non, mais faites une petite rééducation alimentaire. Mais en vrai, derrière, c'est la même chose. C'est restriction, manger moins pour perdre du poids. Et c'est ça qui est très pervers. C'est que du coup, on est constamment à devoir, nous, être humains, se réadapter en se disant... Ah ouais, merde, ils disent pas régime. Mais en fait, c'est clairement un régime qu'il y a derrière. Ah oui, là, ils sont pas en train de dire c'est de ma faute, mais ils sont quand même un peu en train de dire que je suis pas très motivée.

  • Speaker #0

    Et c'est pas évident d'avoir cette prise de recul en fait, parce que je pense qu'on peut très facilement se faire embarquer en fait dans le truc et être rattrapée par ces discours-là.

  • Speaker #1

    Et je pense que c'est ça qui est extrêmement difficile, c'est que moi, j'ai été obèse et fumeuse pendant 20 ans. On m'a systématiquement questionnée sur mon poids. y compris cardiologues, y compris des tas de gens comme ça, jamais sur ma cigarette. Je fumais 15 cigarettes par jour. La cigarette est un produit dont on n'a pas besoin pour vivre. La cigarette est un produit qui a 100% de chance de détériorer mon corps. Ça passe. Le poids, en soi, avoir de la graisse autour du corps, ça n'a jamais été prouvé comme étant un problème en soi. On y reviendra. Mais on m'a toujours... Même un ORL m'a demandé si j'avais pensé à maigrir. Un gars que je vais voir pour une grippe me demande si j'ai pensé à maigrir, mais il ne me demande pas si je continuais de fumer des clopes pendant que j'ai la grippe. Et oui, je fumais des cigarettes en ayant la grippe. Et je me permets de faire cette comparaison. Je sais que je ne veux pas toujours la faire philosophiquement parlant, mais moi, je le fais parce que moi, je l'ai vécu. J'ai été et grosse et fumeuse. On m'a foutu la paix sur la cigarette. J'ai arrêté de fumer. Ne venez pas me dire que je n'ai pas de motivation. J'ai arrêté de fumer toute seule. Ça fait dix ans que je n'ai pas fumé, alors que j'ai fumé pendant vingt ans. Donc oui, je sais ce que c'est avoir de la motivation. Je sais ce que c'est qu'avoir une addiction. Et non, je ne considère pas que l'alimentation, c'est pareil. Mais si je fais cette démonstration, c'est pour dire qu'arrêter de fumer, collectivement, en termes de société, on est tous désolés pour les gens qui essayent d'arrêter de fumer. On sait que ça va être très dur. On sait qu'il va y avoir des échecs. On est super désolés, etc. Alors que c'est un produit dont on n'a pas... pas besoin, qu'on a décidé de commencer à fumer tout seul comme des couillons, là, ok. Par contre, on peut, entre guillemets, beaucoup plus facilement arrêter de fumer parce que fumer, t'en as pas besoin. Par contre, manger, c'est continuellement. On mange trois fois par jour, voire quatre, voire cinq. C'est-à-dire que quand on dit à quelqu'un Non, mais t'as juste à arrêter tes TCA, arrête de manger c'est pas un truc auquel je pense une fois de temps en temps parce que j'ai envie de griller une cigarette et qu'en fait, j'en ai pas besoin pour vivre. C'est quelque chose auquel je dois penser pour faire mes courses, pour faire mes repas. Et donc, c'est constamment dans la tête. Et là où tu as raison, c'est que... Ton podcast s'appelle La pleine conscience Quand on est en conscience des choses et qu'on regarde, la culture des régimes, on est noyé dedans. C'est deux. partout. C'est à la télé, c'est dans les films. Je veux dire, il n'y a pas une série télé qu'on regarde où il n'y a pas quelqu'un qui arrive en disant Oh, dis donc, t'as pris un petit peu de bite, toi, ce matin ? Il n'y a pas de... Il y en a de partout des petites phrases qui sortent comme ça, dans les magazines, dans les bouquins. Là, en ce moment, je lis des romans. Donc, je ne dis pas des bouquins de développement personnel ou de régime. Et dans un des romans, ils décrivent un personnage gros et je ne te dis même pas les termes pour utiliser. Et donc, on est constamment nourri de ce type de choses, on est gros, la société nous rejette et nous le dit constamment, mais on devrait quand même être les rois du monde et être complètement capable d'être en détente, motivé et de s'interdire de manger, etc. Donc on comprend que quelqu'un galère à arrêter la cigarette, voire n'y arrive jamais complètement, mais on est incapable de comprendre que s'extirper de la culture des régimes dans une société profondément noyée de culture des régimes et grossophobe, ce soit pas facile quoi.

  • Speaker #0

    ça n'a aucun sens quoi ben oui ça n'a aucun sens je suis avec ce constat tu sais ça m'en coupe les mots en fait parce que c'est tellement cette aberration et tu vois je pense que quand je vais réfléchir au titre du podcast l'hypocrisie de l'obésité finalement tu vois on est au-delà du paradoxe quoi Et tu en as déjà parlé, mais concernant les traitements, puisque maladie, maladie-traitement, normalement, ou au moins on fait de la recherche, ou au moins on réfléchit. Comment ? Parce qu'il y a des maladies auxquelles on ne trouve pas de traitement. Bon, qu'est-ce qui est proposé aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    C'est que là, on arrive sur quelque chose de difficile pour moi, parce que pour moi, l'obésité n'est pas une maladie. Elle se croque trop, ce n'est pas une maladie. Donc je suis déjà choquée qu'on accepte dans une communauté qui est scientifique et médicale ce statement alors qu'il n'est pas soutenu par des faits. Il n'y a aucune maladie qui est uniquement attribuée à la grosseur. Ça n'existe pas. Toutes les personnes diabétiques ne sont pas grosses. Ça n'est pas vrai. Il y a des gens minces qui sont diabétiques. Il y a des gens minces qui ont des problèmes cardiovasculaires. Il y a des gens minces qui ont des problèmes d'arthrose. Il y a des gens minces qui ont des problèmes d'articulation, etc. Il y a... qu'une pathologie qui ne peut s'expliquer que par la grosseur. Ok, il y a des personnes grosses qui n'ont aucun problème de cholestérol, de tension, etc. Et on peut dire les phrases en sens inverse, ça n'est pas vrai que toutes les personnes grosses ont des problèmes de tension. Ça n'est pas vrai que toutes les... Donc, il n'y a aucune maladie qu'on ne peut expliquer que par la grosseur, et il n'y a aucune maladie qui n'arrive que aux personnes grosses, et il n'y a aucune maladie que... toutes les personnes grosses ont. Ça, ce sont des faits. Et pour autant, on explique que gros, c'est être malade. L'autre chose, c'est que gros, il y a mille et une façons d'être gros. C'est pas la même chose, la forme grosse, vous savez, un peu en mode orangina, où on a un gros ventre, mais on a des épaules et des jambes un peu plus fines. Souvent, les hommes, ils sont gros comme ça, ils ont un gros ventre. Moi, j'ai un petit peu ce profil-là aussi. Il y a des gens qui ont plutôt des grosses jambes, mais qui n'ont pas du tout de ventre. Donc, à quel moment on considère que c'est la même pathologie, ce serait la même maladie, alors que la graisse n'est même pas au même endroit dans le corps ? Pourquoi on considérait qu'on met tous les gens dans la même catégorie, juste parce qu'ils ont de la graisse sur le corps ? C'est ça. Non, ça ne peut pas être vrai. Et du coup... On va parler évidemment des médicaments, etc. Mais moi, là, j'ai besoin de le dire.

  • Speaker #0

    Oui, c'est important.

  • Speaker #1

    Je suis choquée que les médecins qui me soignent, qui vous soignent, soient OK collectivement pour accepter quelque chose qui n'est pas démontré.

  • Speaker #0

    Oui, et qu'il faudrait être, tu sais, c'est ce que tu disais tout à l'heure, maigrisser d'abord, revenir à un IMC plus normal, entre guillemets, d'abord. Et après, on verra ce qu'on fait. Ou alors que ce serait une prévention. Moi, tout d'un coup, je me dis, mais attends, la chirurgie de l'obésité qui est brandie comme le traitement, qui fonctionne, blablabla. On veut même opérer des enfants. Maintenant, j'ai vu ça l'autre jour, mais je me suis hérissé. Tous mes poils se sont dressés. Et pour prévenir des potentiels problèmes de santé qu'ils n'auront peut-être jamais. Puisque comme tu nous le rappelles, et c'est super important, et j'en parlais dans... Une des rediffusions que nous avons faites cet été sur les liens entre poids santé et décorréler le poids de la santé, c'est toujours cette idée que la causalité, la corrélation, tu sais, j'aurais expliqué ça. Et oui, comme tu l'as très justement dit, toutes les personnes grosses, neuves, ne vont pas développer de diabète. Il y a des personnes minces qui ont du diabète, etc. Donc, on va faire subir quelque chose d'extrêmement violent, en fait, que c'est la chirurgie de l'obésité. Parce que, voilà, je ne me suis pas penchée plus sur la question, mais est-ce que tu me confiantes qu'on va opérer en prévention des personnes qui n'ont même pas de maladie, qui seraient potentiellement liées à l'obésité ?

  • Speaker #1

    On opère.

  • Speaker #0

    en fonction d'un IMC. Donc ça veut dire que déjà, le premier postulat, c'est qu'on considère que l'IMC, c'est OK. Et c'est vrai que je n'en ai pas parlé ici, parce qu'on est entre nous et on sait de quoi on parle, mais pensons aux auditeuristes qui ne le savent peut-être pas. On rappelle que l'IMC, c'est tout pourri. D'accord ? Oui. À partir de 30, on est en obésité morbide. Je lisais hier une publication de La Grosse Parole qui disait que Teddy Riner, il a un IMC de 31. D'accord ? Donc Teddy Riner, il a le même IMC que moi, sauf que Teddy Riner, c'est un athlète. D'accord ? Donc oui. il a beaucoup de muscles et beaucoup de poids, mais le gars, je ne crois pas qu'on puisse considérer que lui et moi, on a le même corps gros. Mais puisque ce qui compte, c'est l'IMC, l'IMC, c'est un outil statistique. Ça a été développé par un statisticien. Sur une population, c'était au début de la Première Guerre mondiale, des gens sportifs, des gens blancs. Donc déjà, je crois qu'il n'y avait pas de femmes. Donc c'était des hommes blancs. Et ça date d'avant la Première Guerre mondiale. On est en 2024. Les gars, on pourrait peut-être... réinventer l'outil 2 secondes et c'est un outil qui fait le rapport poids-taille, point barre c'est ça aucune autre information préventive et sur la base de cette IMC on considère qu'à telle IMC on peut avoir la chirurgie de l'obésité à telle IMC on peut avoir les médicaments de l'obésité donc là où tu as raison en termes préventifs c'est que eux ils ne peuvent pas dire que c'est préventif puisqu'ils considèrent qu'être gros c'est une maladie ils considèrent qu'ils traitent une maladie moi je suis d'accord avec toi, je considère qu'être gros tout court C'est-à-dire qu'une personne qui est grosse, qui n'a pas de cholestérol, pas de problème de tension, aucune maladie, diabète, etc., qui engage sa santé, rien. On considère qu'on l'opère quand même, parce que ce qu'on soigne, c'est ses kilos.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et on parle d'une opération, moi j'aime bien la définir comme ça. On considère qu'on va vous découper un organe sain qui n'a pas de problème, c'est-à-dire votre estomac, on le coupe littéralement pour vous empêcher de manger. Point barre. C'est ça la chirurgie de la diversité. Ou alors, je ne les connais pas toutes, mais il y a celui où c'est carrément, on connecte à notre intestin, on bypass l'estomac, voilà, c'est le bypass. On fait genre, tout l'estomac, ça ne sert à rien dans le corps, t'inquiète, pas besoin de s'en occuper. On va directement connecter. On est sur des choses, moi je suis convaincue que genre dans 50 ans, on va regarder ça en se disant mais c'est quoi cette barbarie en fait ? À quel moment on a vendu à des gens ? Et on a laissé des gens se faire anesthésier, etc. Enfin, le parcours, il y a carrément des gens, par exemple, pour faire la chirurgie de l'obésité, ils doivent perdre du poids. C'est-à-dire qu'avant de commencer la chirurgie, on se fait un petit régime. On rentre dans une bonne petite restriction. Derrière, on enchaîne sur une chirurgie. Chirurgie avec les risques inhérents à l'anesthésie, être anopédale. Pendant trois mois, on ne peut bouffer que des yaourts, du père. Le plaisir alimentaire à son max. Et après, à vie, on doit prendre des compléments parce que non, le corps humain n'est absolument pas fait pour défoncer le système digestif juste pour avoir moins envie de manger. Il y a des gens qui sont choqués du foie gras et du gavage des oies, mais ils ne sont pas choqués qu'on coupe à des humains un organe sain pour les empêcher de manger. Je suis désolée, mais quand on explique cette chirurgie, je... Non, mais non. Alors, rappelons quand même qu'elle a été inventée pour des raisons positives et qu'elle a été détournée. Elle a été inventée pour des très gros obèses qui, justement, auraient eu, par exemple, une pathologie cardiaque et qui ne pouvaient pas se taper 5 heures d'anesthésie pour faire un triple pontage à cause de leurs problèmes de tension, etc. Et donc, à ce moment-là, à tort ou à raison, parce qu'honnêtement, je ne suis pas certaine des données scientifiques, mais bref, à ce moment-là, on considérait qu'en leur coupant l'estomac, en parlant 30 kilos en 3 mois, on pouvait leur faire la chirurgie dont ils avaient besoin. ok un peu comme la chirurgie esthétique c'est l'urgence quoi en fait on a inventé la chirurgie esthétique pour les grands brûlés pour les personnes qui avaient des becs de lièvres et des déformations aujourd'hui on s'en sert pour avoir des jolies fesses et moins de rides on a détourné la chirurgie de l'obésité comme on a détourné la chirurgie esthétique donc en soi la chirurgie de l'obésité je vais pas lui tirer dessus complètement mais ce qu'on décide d'en faire aujourd'hui des usines à chirurgie de l'obésité des unités alors en plus aujourd'hui on a fait On parlait de réinvention, ça s'appelle la chirurgie métabolique. On ne dit plus obésité. On parle de troubles métaboliques, parce que comme ça, ça fait encore un peu plus maladie. Ça veut dire qu'il y a des problèmes dans le métabolisme de ton corps et qu'on va les régler. Et par exemple, la chirurgie de l'obésité, les critères sont relativement protecteurs. Quand on regarde la décision des autorités de santé, il faut avoir essayé tous les régimes. Il faut avoir suivi une thérapie, il faut ne pas avoir de TCA, il faut être au-dessus de tel IMC. Ça, c'est les critères. Dans les faits, moi, je connais des gens qui ont été opérés en n'ayant pas un IMC qui justifierait une opération, et surtout, entre obèses. Je vais le dire parce que c'était l'époque où j'ai considéré cette chirurgie. Je m'appelais encore obèse. Entre obèses, on sait tous, voire même les médecins nous le disent, il faut cocher la case de dire qu'on n'a pas de TCA. Ben oui. Et tout simplement, on a le droit à une chirurgie alors qu'on a une maladie qui est censée nous interdire l'accès à cette... Et pour se protéger, avant la chirurgie métabolique, on fait un entretien psy-TCA. Comme si les TCA que moi j'essaye de soigner depuis 5-6 ans que je suis sur le sujet... Mais un entretien avant une chirurgie, youpi, ça laisse tu soigner des TCA, allez-y, enlevez-moi l'estomac, tout va bien. C'est barbare, vraiment. C'est vraiment, vous avez mal aux yeux, on constate que vous pouvez renforcer votre mal des yeux en mettant le doigt dans l'œil, je vais vous couper le doigt. Comme ça, vous ne mettez plus le doigt dans l'œil, vous n'aurez plus mal aux yeux. Voilà, super. Je constate que vous êtes grosse, je considère qu'être gros, c'est parce qu'on mange trop. Bon, je vous coupe l'estomac, comme ça, vous aurez moins de manger. Mathématiques, 1 plus 1 égale 2. OK. Ça fait 70 ans que ça ne marche pas, mais on continue.

  • Speaker #1

    Pareil, ben oui.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai besoin des médecins aujourd'hui, pas à cause de mon obésité, mais pour tout le reste. Et c'est quand même très dur de devoir faire face à une communauté scientifique et à des médecins en sachant que c'est des gens qui croient à ça. Ils acceptent de mettre en place une chirurgie barbare sur la base de non-faits. Il n'y a pas de faits qui... C'est comme, par exemple, quand moi, j'ai commencé à être diabétique, on m'a dit, si vous perdez... 30 kilos. Alors, attendez, c'était 30 kilos à l'époque. On va dire, si c'était 10 de mon poids, je pouvais ne plus être diabétique. OK, super. Où sont les faits ? Il n'y en a pas. C'est une croyance populaire. Il y a des études qui ont montré que certaines... Alors, je suis nulle en détail. Je vous invite à aller sur tous les comptes qui vont référer les bonnes, vraies études. Mais en gros, il y a une étude qui dit que, je ne sais pas, genre 15 des gens qui ont participé à cette étude et qui ont perdu... 40 kilos en 6 mois, n'ont plus eu les marqueurs du diabète. Parce que déjà, une fois qu'on a été diabétique, on l'est à vie. Ça n'existe plus de plus être diabétique, c'est pas grave. Mais surtout, tous ces gens-là, ils sont redevenus diabétiques au bout de 3, 4, 5 ans. Donc en fait, l'idée, c'est je me coupe l'estomac à travers une anesthésie. Je ne pourrai plus jamais manger un repas de Noël, par exemple. Parce qu'il ne faut pas oublier qu'une fois que l'estomac est dans cet état... Il n'y a plus d'autorégulation. C'est-à-dire le jour où j'ai envie de faire un plus gros repas qu'un autre jour, parce que oui, la faim n'est pas constante. Parfois, on a plus envie de manger que d'autres fois. Ça n'existe plus. L'estomac n'est plus capable de le recevoir. Ce n'est plus possible. Donc, OK, on me coupe l'estomac. Je ne peux plus avoir trop de plaisir alimentaire, etc. Ou par toute petite dose. Il faut que je mange comme un petit oiseau, etc. Je ne suis plus diabétique pendant 3, 4, 5 ans. Mais après, hop, je redeviens diabétique. Et juste parce que j'ai gagné 3, 4, 5 ans en concert, c'est génial. Moi, je ne trouve pas que ça vaut le risque. Non, je ne suis pas d'accord.

  • Speaker #1

    Alors, justement, il y a plusieurs choses où tu disais on va revenir dessus. Mais entre autres, cette question de santé. Je sais que tu as à cœur aussi de parler de ce sujet de la santé d'une manière plus globale. Comment tu souhaiterais qu'on l'aborde ? D'où tu voudrais qu'on parle ?

  • Speaker #0

    C'est quelque chose qui est assez récent pour moi. Ça doit faire deux ans que je lis des choses là-dessus et que ça m'a... Pareil, dans le travail de déconstruction, d'un seul coup, j'ai pris conscience de me dire Mais oui, mais attendez, mais on est devenus dingos ou quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Parce qu'en fait, aujourd'hui, on a l'impression que c'est normal. On parle de la santé tout le temps. Être en bonne santé, les aliments santé, l'alimentation santé, le sport santé. Pareil, il y a des magazines tous les mois qui sortent pour... Comment gérer votre santé ? Comment être en bonne santé ? Oui,

  • Speaker #1

    et aussi la culture des régimes, c'est réapproprier ça, en fait. C'est plus pour être beau et tout ça. Non, c'est pour notre santé.

  • Speaker #0

    Pour être en bonne santé. Et les gens grossophobes qui se permettent de nous faire des remarques. Oui. Parce qu'il y a ça aussi, être gros. Tout le monde croit qu'il a la solution au fait d'être gros. Quand vous dites à quelqu'un que vous avez la sclérose en plaques, vous n'avez pas 40 personnes qui vous font un traitement. Quand on vous dit, oh mince, on m'a proposé la chirurgie de l'obésité, il y a 15 personnes qui vont vous dire, ah bah oui, bah machin, ils ont leur régime à eux. Tout le monde a une opinion sur les personnes grosses. Et ça, d'ailleurs, il faudrait qu'on arrête. On arrête de lutter, bref. Mais le fait de se dire à quel moment on a considéré que la santé, c'était une valeur au-dessus de tout et une valeur qu'on pouvait contrôler. Parce que moi, j'ai 47 ans. Je n'ai pas souvenir que quand j'avais 18, 20 ans, 30 ans, on était dans un tel délire sur santé, santé, santé. Alors évidemment, de fait, moi, la première, j'ai envie d'être en bonne santé. et j'ai envie de mourir le plus tard possible. On est d'accord. Et donc, on fait le raccourci de plus je suis en bonne santé, plus je me retarde, bon, c'est cool. Évidemment, je suis d'accord. Mais quand ça devient une obsession collective, sociétale, voire quasiment un truc qu'on doit aux autres.

  • Speaker #1

    Oui, mais oui.

  • Speaker #0

    Genre, on se doit de ne pas trop impacter le système de santé. On se doit de ne pas renforcer le trou de la sécu. Parce que, par exemple, dans les gens qui luttent contre la grossophobie, Il y a des gens qui disent, non, mais moi, je suis grosse, mais je suis en bonne santé. OK, cocotte, mais moi, je vote pour que tout le monde qui est gros, on lui foute la paix. On est en mauvaise santé, en fait. Il n'y a pas de... T'inquiète, non, mais attends, je suis grosse, mais moi, je n'ai pas de cholestérol. Non, non, mais je suis grosse, mais moi... Et attention, je ne juge personne, je l'ai fait. Moi, jusqu'à il y a 5 ans, enfin, non, 10 ans maintenant, et qu'on me diagnostique toutes les autres maladies qui sont des vraies maladies pour moi, j'étais pareil. J'étais en mode, non, non, mais OK, je suis grosse, les gars, mais moi, je n'ai aucun problème de santé. Je n'ai pas de cholestérol, je n'ai pas de tension, je n'ai pas de douleur. foutez-moi la paix, c'est juste grosse. Et donc c'est une réponse normale au fait qu'on voit le côté tu vas mourir. Non, je ne vais pas mourir, je vais bien. Mais sauf qu'après, il faut aller plus loin, il faut dire et si je suis grosse et en mauvaise santé ? On me laisse sur la bande d'arrêt d'urgence ?

  • Speaker #1

    Oui, je reste avec cette notion de santé qui serait érigée comme le graal de la valeur la plus importante sans nous interroger nous en tant qu'individus, chacun d'entre nous sur un... Ok, pour moi, c'est une valeur importante. Mais en même temps, nous sommes tellement noyés dans un discours sociétal d'importance. Et puis, tu sais, je reviens à ce que tu disais de cette responsabilité que nous aurions vis-à-vis de la société d'être en bonne santé pour ne pas coûter trop cher, pour ne pas poser...

  • Speaker #0

    Mais oui, mais bien sûr....abuser du système, qu'on pèse sur le système, qu'à cause de nous, on coûte de l'argent au système. Enfin, vraiment. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Ce qui n'est pas le cas dans d'autres... Tu parlais du tabac. C'est peut-être de plus en plus mal vu de fumer, mais je ne suis pas sûre que ce soit au point de la grossesse.

  • Speaker #0

    Il y a ce côté, on arrive à croire que la personne qui fume, elle ne le fait pas exprès. Mais on est incapable de se dire que non, je ne suis pas grosse juste parce que je mange trop. Je ne manque pas de volonté. Et puis, je suis désolée, mais être gros dans une société grossophobe, Moi, j'ai plus de force et de mental que toi. Désolée. Le grosophobe qui te dit, t'as pas de volonté, t'es grosse, viens vivre dans mon corps, dans cette société et je vais t'expliquer ce que c'est la volonté.

  • Speaker #1

    Mais oui.

  • Speaker #0

    Et le dernier, être grosse, c'est être extrêmement fort et courageux et faire face à tous ces grossophobes et à tous ces gens qui croient nous expliquer la vie. Moi, j'ai fait des épisodes où je vais acheter des baguettes et je me prends une remarque en disant, quatre baguettes pour quelqu'un de ton gabarit, c'est un peu beaucoup. Voilà. dans la vie publique, comme ça, je ne demande rien à personne. J'achète des baguettes et on me fait une remarque. Je vais acheter des framboises et il y a une dame qui vient m'expliquer que les framboises, c'est très sucré et que je ferais mieux pour prendre des fruits moins sucrés. Mais si ! Vraiment ! C'est-à-dire qu'être gros, on est un panneau sur place. La société a tellement acquis le côté être gros, c'est être en mauvaise santé. La seule valeur acceptable, c'est d'être en bonne santé et de tout faire pour être en bonne santé. Parce qu'une personne grosse qui essaye de maigrir, ça passe. Une personne grosse qui fait du sport, ça passe. Mais une personne grosse qui veut juste exister comme elle est et ne pas croire qu'elle est en mauvaise santé, eh bien ça, ce n'est pas possible. T'assumer en tant que personne grosse, c'est non. Et le fait de croire qu'être grosse, c'est manger trop, et que du coup, chaque être humain qui est mince a une meilleure solution et peut te la soumettre. Que tu sois en train de faire tes courses, que tu sois à la boulangerie, que tu sois au resto, que tu sois n'importe qui se sent OK. De te dire, non mais regarde, choisis la salade au lieu de la pizza, tu verras, c'est mieux pour toi. Non mais, écoute, t'as déjà pris une part de lasagne, n'en prends pas deux, tu verras, c'est mieux. Toutes ces remarques, c'est insupportable. On considère que c'est grossier de faire des remarques à des parents sur leurs enfants mal élevés. On considère que c'est grossier de parler de religion au repas de famille. On considère que c'est grossier de parler de politique au boulot. Mais on ne considère pas que c'est grossier de commenter le corps et ce que mange quelqu'un. Mais c'est profondément mal poli et grossier. Et si, et on en revient, si, je remets bien l'hypothèse, on croit que c'est une maladie, à quel moment c'est OK de parler de la maladie de quelqu'un toutes les deux secondes ? Quand bien même tu crois qu'être gros, c'est ma maladie ? Si j'ai la sclérose en plaques, à quel moment tu crois que me rappeler... toutes les secondes de toute la journée que je suis malade de la sclérose en plaques, ça va m'aider à gérer ma sclérose en plaques. Oui,

  • Speaker #1

    et puis ce ne serait pas fait de toute façon. La question ne se pose même pas en fait.

  • Speaker #0

    Alors même que, je ne sais pas, il y a pas mal de gens qui ont une sclérose en plaques et qui peuvent, enfin, je veux dire, ça peut se voir. Parce que les maladies invisibles, évidemment, on fout la paix aux gens. Mais voilà. Vraiment, je pense que c'est important chacun de se dire, est-ce que je suis d'accord pour être sur des valeurs de... les seules personnes qui ont de la valeur, c'est les personnes productives, qui contribuent à la société en étant au top de leur forme. Et donc, ça veut dire que toutes les personnes malades et handicapées, non, quand même, ça ne sert pas à grand-chose. Est-ce que je suis d'accord d'être prête à faire n'importe quoi, y compris me couper un organe sain ? pour soi-disant être en bonne santé, alors que rien n'indique que même en ayant fait... Vous imaginez les gens qui traversent la chirurgie de l'obésité et qui, derrière, se tapent en diabète ? Ils ont tout fait pour ne pas l'avoir, mais rien ne leur garantit qu'ils ne l'auront pas. Je veux dire, quelqu'un qui, dans sa trentaine, décide courageusement de traverser tout ce truc, de faire la chirurgie, lachanana, et qui, dix ans après, se retrouve diabétique ? Mais comment ? Quel médecin peut après lui dire oui, non, mais en fait, c'est parce que ce n'était pas à cause du poids.

  • Speaker #1

    Eh bien, ouais. Je vois que le temps tourne. Là, il y aura encore tellement de sujets que j'aurais envie qu'on aborde. Mais bon, peut-être on refera des épisodes et puis tu les abordes de toute façon sur ton propre podcast. Donc, j'invite vraiment les personnes qui nous écoutent à aller l'écouter. Oui, je suis avec deux choses là. Une question que je me posais, je ne sais pas si tu l'as évoquée au début, je ne crois pas, c'est qu'est-ce qui t'a mené, toi, à commencer à te poser des questions ? Et ça pourrait être aussi, comment nous pourrions encourager les personnes qui nous écoutent, et en particulier les personnes grosses, à avancer, tu vois, dans cette déconstruction, à se poser ces questions-là, à aller dans ce processus-là ? Je ne sais pas si tu t'en souviens, d'ailleurs, il y a quelques années.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas comment... Bon, déjà, j'ai commencé les réseaux sociaux et j'ai découvert plein de militantes plutôt anglophones, des personnes justement qui disaient on peut être gros et s'accepter. Et au début, vraiment, j'étais là, je regardais chaque corps en me disant, ah ouais, non, mais elle est grosse. C'était vraiment... Et puis petit à petit, oui, ça m'a habituée à me dire, bon, OK, j'ai fait un travail. Donc, quand j'ai été diagnostiquée du diabète, comme tout le monde, t'es grosse, t'es diabétique, faut arrêter le sucre. Donc, je n'ai plus mangé de sucre du jour au lendemain. Je me suis rendue malade. J'ai fait une crise de vésicule. J'ai fini aux urgences. Enfin, n'importe quoi. Et du coup, là, je me suis dit, OK, ça ne marche pas. On va tenter une nutritionniste. J'ai rencontré une nutritionniste formidable. Heureusement. Dieu, merci. Je suis tombée sur une nutritionniste qui, à l'époque, était affiliée aux grosses et donc qui n'était pas dans une démarche automatiquement de régime. Et donc, on a commencé à travailler ensemble. Et alors, on n'était pas directement sur l'alimentation intuitive. On était plutôt... Moi, j'étais vraiment en mode, aidez-moi à maigrir. Mais du coup, elle, elle était bon, doucement, on va y aller par des petits bouts. Et puis, sauf que j'ai fait un très gros travail. Et j'ai vu, j'ai transformé mon alimentation. J'ai changé mon rapport alimentaire. Et je n'ai pas perdu de poids. Et là, il y a eu un moment où je me suis dit, bon, ça ne marche pas. J'ai fait la thérapie, je fais la nutrition. Je vois que je change. Je vois que je me sens... tellement mieux dans ma vie alimentaire. Je vois que tout ça s'améliore et mon poids ne bouge pas. Donc, comment on fait ? Et là, il y a eu un moment où j'ai justement fait le choix qu'on discutait de se dire, moi, j'ai commencé à être grosse vers 20 ans. On m'a traité de grosse avant, mais techniquement, j'étais grosse, on va dire, vers 20 ans. Donc, quand j'ai eu ces réalisations, j'en avais 40. Je me suis dit, OK, ça fait 20 ans que tu fais régime, que tu détestes. Ça fait 3 ans que tu apprends à t'aimer, à manger. ton poids il est toujours pareil qu'est-ce qu'on fait ? Et là je me suis dit c'est hors de question, je passe pas 30 ans avec ce même truc, je veux plus être obsédée de qu'est-ce que j'ai mangé la veille, qu'est-ce que j'ai mangé demain je devrais pas manger ci je veux plus ce brouillard mental, j'ai pas le temps pour ça j'ai plus l'énergie de ça, et c'est ça qui a été le driver pour travailler avec Grappolitik pour lire le bouquin gros n'est pas un gros mot pour m'abonner à des tas de comptes sur Instagram, pour lire des contenus, pour comprendre ce que c'était la grossophobie, la grossophobie internalisée, celle de la société. J'ai eu la chance de tomber sur des soignants pas grossophobes, etc. Et c'est comme ça que petit à petit, le chemin est venu. Et je pense que c'est ce qui est important, c'est de se dire, OK, en vrai, on n'a qu'une vie. En vrai, on ne la contrôle pas. En vrai, ce n'est pas parce que je vais manger des pommes tous les jours que je mourrai à 95 ans. Il n'y a pas de guide. Il n'y a pas de bullet point, de liste, ou si je fais du skate, la liste, tout ira bien. Ça n'existe pas. Parce que vraiment, moi, quand on m'a été diagnostiquée du diabète, j'avais déjà arrêté de fumer depuis 5 ans. J'avais une espèce d'addiction au coca. C'est une autre histoire que j'avais arrêtée. Donc moi, j'étais déjà en train de me sentir mieux. Et le diabète est tombé. Après le diabète, je fais ce travail de nutrition. Et toujours, le poids n'a pas bougé. Et du coup, ça ne matchait plus dans ma tête. Et je me suis dit, il faut trouver une autre voie. Trouver autre chose. Et surtout, je pense que ce qui m'appelait le plus, c'était la paix. Je veux dire, je ne peux plus être en guerre, en fait. Je ne veux plus ça. Je suis épuisée d'être en guerre contre mon corps, contre ce que je mange. Et du coup, ça a été plein de petites touches. J'ai découvert aussi la pleine conscience. Donc, prendre des douches en pleine conscience, prendre conscience de mon corps. Parce que quand on est obèse... qu'on se déteste, etc. Le corps, on ne le voit pas, on ne lui parle pas, on l'ignore, on ne peut pas en entendre parler. Et là, de reconnecter avec ça... Puis je vous dis, alimentairement, moi, j'avais une alimentation extrêmement restrictive. En fait, ma grosseur, bizarrement, justement, j'ai plus un TCA restrictif. Moi, j'étais sûre que j'étais une hyperphagique de l'espace, etc. Et pas du tout, je ne fais absolument pas... Ce n'est pas ça, mon alimentation. Par contre, c'est énormément de restrictions et des craquages, etc. Puis bon, surtout, depuis, j'ai été diagnostiquée d'autres maladies qui expliquent le SOPK, il fait prendre du poids et il crée du diabète. Et le haut, ce n'est pas mon poids qui a créé ça. Et du coup, c'était retrouver le plaisir. Enfin, je veux dire, j'ai appris à sélectionner et préparer une salade à 42 ans. Et j'ai trouvé ça trop cool. J'ai appris à manger de l'avocat, du kiwi, des brocolis. Et le fait de voir tous ces trucs arriver dans mon assiette, pas pour des raisons de régime, de restriction, de faire attention, d'être une good girl, etc., mais juste pour... Wow, purée, mais c'est bon, ce truc, en fait. Et j'avais trop envie que ça continue. Et plus on trouve ça, plus on se dit, non, mais c'est quand même... La vie est beaucoup plus... Et après, j'ai rencontré l'alimentation intuitive. Et là, pour le coup, ça a été le boom de dire, moi, c'est ça que je veux, quoi. Et le premier principe de l'alimentation intuitive... c'est de déconstruire la mentalité des régimes, la culture des régimes, etc. Donc là, ça a renforcé de dire, c'est stop. Je ne me crois plus, je n'en veux plus, je ne veux pas de ça dans ma vie. Mais ce n'est pas facile. Je ne veux pas avoir du rêve. Tout ça, ça s'est fait avec des années, avec des mois. Je suis en thérapie depuis 7 ans. Je suis en nutrition depuis 7 ans. J'ai encore des relents de TCA parfois. Mais ça n'empêche que ça existe. Et je sais qu'aujourd'hui, je suis plus malade, j'ai plus de maladies. pas à l'obésité qu'avant, mais je suis 15 fois mieux dans mes baskets. Et dans ma tête, c'est plus les montagnes de pensées, je suis trop nue, je devrais pas manger ça, je devrais pas boire ça, je devrais être comme si, purée, je vais faire ça. Les séances de sport qu'on fait à coup de culture des régimes, elles sont horribles. Et aujourd'hui, j'ai découvert le sport à coup de, j'ai trop envie de me dépenser, j'ai envie de faire bouger ce corps que je ne déteste plus. Et c'est le même sport. Mais ça n'a rien à voir. Les bénéfices ne sont pas du tout les mêmes.

  • Speaker #1

    Ça ne part plus du tout du même endroit, en fait. Et tu le disais aussi pour l'alimentation. Ça part de l'envie d'être bien, de se sentir bien. Ça part de la... On va dire ça... Je n'aime pas trop ces termes parce qu'ils sont tellement, je trouve, galvaudés. Mais ça parle de l'amour de soi, en fait. Ça parle de la paix.

  • Speaker #0

    Je n'aurais jamais dit il y a plusieurs années. Et tu vois, maintenant que j'y suis, je me dis, bah si, en fait. Après, à t'aimer. Alors, moi, je ne dis pas que je m'aime et tout, mais j'emploie les termes de respect. J'ai appris à me respecter et à prendre soin de moi. Je me suis dit, OK, ce corps-là, il va t'accompagner jusqu'au bout. En plus, il est en train de devenir de plus en plus malade. Ces dernières années, je suis aussi entrée dans le handicap. Donc, je ne peux plus faire ce que je veux. Je ne peux plus utiliser mon corps comme je veux. C'est des choses qui sont très dures à vivre et qui sont aggravées partout à cause de la grossophobie, justement. Et du coup, tout est difficile. Je ne peux plus être en guerre. Il faut qu'on soit une team. Il faut qu'on soit... C'est un partenariat que je veux construire. Et j'ai construit ce partenariat. Et je voudrais préciser que j'ai arrêté de me peser il y a huit ans. Il y a des médecins qui m'ont pesé parfois, mais je leur ai dit de ne pas me donner les chiffres. Quand je pouvais, j'ai demandé à ne pas être pesée du tout, etc. Et j'ai commencé un traitement il y a un an, en septembre. Il fallait prendre mon poids, etc. Et on a constaté qu'en huit ans, mon poids était identique. J'avais un kilo de différence.

  • Speaker #1

    Donc, il est stable.

  • Speaker #0

    Ça ne veut pas dire que je n'ai pas pris 2-3 kilos par an et que j'ai perdu. J'en sais rien parce que je ne me suis pas pesée toutes les deux secondes. Mais ce que je sais, c'est que sur les huit ans, j'avais un kilo de différence à la fin. Donc, par rapport à ma vie d'avant, où j'étais pesée, je vérifiais combien je fais, j'ai perdu un kilo, merde, j'en ai repris deux. Et si j'en prenais trois, et nanani, et nanana. Et où ça n'allait jamais. Et au final, je n'ai fait que prendre du poids. Là, pour la première fois, alors que je me suis mise à manger plus varié, mais aussi de plus grande quantité. Au repas, je veux dire, au lieu de manger pendant des crises, à me faire plaisir, à ajouter des aliments plutôt qu'en enlever, mon poids n'a pas bougé. Et en termes de santé, si vraiment on veut parler de santé, c'est beaucoup moins dangereux d'avoir un poids qui se maintient sans efforts titanesques, en espèce de set point, là, le fameux set point, plutôt que de faire le yo-yo. Et moi, là, je suis arrivée à un stade où, pendant les 20 premières années, j'ai fait tellement de yo-yo qu'aujourd'hui, J'ai l'alimentation la plus équilibrée, si on veut parler des termes régime, de ma vie. Et pour autant, je ne perds pas un gramme. Parce que c'est terminé. J'ai cramé la capacité de mon corps à moduler le poids. Ce n'est plus possible. Et ce n'est pas grave. Ma target, c'est de ne plus prendre. Mais sans effort insurmontable. Juste de ne pas me peser, de faire confiance à mon corps, de faire confiance au fait que nous, on est des femmes. Quand on a nos règles, on a plus faim. Il y a des moments où on a moins faim. C'est OK, c'est comme ça. La vie, elle est changement. On n'a pas tout le temps la même faim. On n'a pas tout le temps envie de manger les mêmes trucs. On n'a pas tout le temps le même corps. Non, ce n'est pas une fierté d'avoir à 40 ans son corps de 20 ans. Non. Moi, quand j'ai 40 ans, je veux que mon corps voit les 40 ans qu'il a passés. Et à 50 ans, je ne suis plus dans le contrôle. La vie, elle est changement et j'accueille ce changement. Et à des jours, c'est plus facile que d'autres, etc.

  • Speaker #1

    Bien sûr, oui. J'aime bien quand tu parles de ce partenariat, en fait.

  • Speaker #0

    C'est ça qui a tout changé. Ben oui,

  • Speaker #1

    c'est ça.

  • Speaker #0

    Parce que s'aimer, c'est trop dur. Oui,

  • Speaker #1

    peut-être que c'est plus adapté de parler d'auto.

  • Speaker #0

    bienveillance d'auto compassion de partenariat par le partenariat en me disant le deal que tu fais avec toi Cocotte c'est à partir de maintenant je ne me brutalise plus je ne me fais plus de mal volontairement c'est un engagement j'entends à partir d'aujourd'hui on va découvrir la douceur, la bienveillance la compassion, on fait un deal Toi et moi, on est partenaires. J'ai des problèmes de santé très importants qui vont augmenter mon handicap, etc. Et ça n'empêche que là, je suis restée dans l'idée, toi et moi, on va y arriver. Quand je dis toi, c'est mon corps. Toi et moi, on va traverser ça, on va trouver nos solutions, on va adapter ce qui est adapté, mais on bosse là-dessus ensemble. Et ça, je me souviens des exercices de dire, par exemple, se regarder tous les matins dans la glace et se dire, je m'aime, je m'aime. Moi, je n'ai jamais pu faire ces choses-là.

  • Speaker #1

    C'est trop fort pour moi.

  • Speaker #0

    Non,

  • Speaker #1

    c'est violent presque.

  • Speaker #0

    Je suis l'adulte qui est responsable de prendre soin de son partenaire. Je prends soin de toi. Je te donne à manger. Je te donne du sommeil. Je te donne du temps. Je te donne du repos quand tu en as besoin. Je te donne des aliments kiffants quand tu as envie de kiffer. Je te donne du sport quand tu as envie de te dépenser et d'aller capter des tonnes d'hormones du kiff. Je suis là pour toi et je m'occupe de toi.

  • Speaker #1

    Ah, j'en ai des frissons !

  • Speaker #0

    Toi aussi !

  • Speaker #1

    Je te remercie beaucoup, beaucoup, Lisa, pour cet épisode qui est extrêmement riche, dense. Je vous encourage vraiment à même le réécouter plusieurs fois, parce qu'il y a aussi beaucoup de notions que tu as abordées et de prises de conscience, je pense, que vous aurez, je pense et je l'espère, en fait, en écoutant. Donc, c'est hyper précieux. Pour moi, ça va devenir... je pense, un des épisodes vraiment pépites du podcast. Et j'ai hâte qu'il sorte. Il va sortir pas tout de suite, tout de suite au moment où nous l'enregistrons, mais quand vous nous écouterez, il sera sorti forcément. Donc voilà, n'hésitez pas à l'écouter, le réécouter, à le conseiller aux personnes autour de vous qui ont envie, besoin de faire ce travail de déconstruction, parce que, voilà, encore une fois, il contient beaucoup de pépites. Lisa, où est-ce qu'on peut te contacter plus facilement ? Sur Instagram ?

  • Speaker #0

    Sur Instagram, sur la page du podcast. Je suis mes DM assez régulièrement. Avec plaisir. Je suis toujours très contente d'avoir des commentaires. Et je sais que c'est un chemin qui est long. Et avec plaisir,

  • Speaker #1

    oui. Et qui prend du temps. Restons aussi là-dessus.

  • Speaker #0

    Vraiment, j'insiste sur le côté, je ne crois pas à une guérison finale. aujourd'hui il y a des moments mes TCA elles reviennent, elles repartent il y a des jours où je recommence à détester mon corps et dans ce cas là je sais de me dire oula attends on est en train de revenir c'est la vie qui est un long fleuve tranquille ça n'existe pas mais c'est beaucoup plus apaisé, plus cool que quand on est en guerre et quand on est dans la culture des régimes tout à fait merci beaucoup Lisa merci c'était super

  • Speaker #1

    Nous sommes à la fin de cet épisode. Je vous encourage encore une fois à le partager autour de vous. N'hésitez pas à vous abonner au podcast si ce n'est pas encore fait. Mais qu'attendez-vous ? Voilà, enfin, enfin. Et à nous laisser des avis si la plateforme que vous utilisez le permet. Je pense particulièrement à Apple Podcasts ou Spotify. Et puis, je vous donne rendez-vous très bientôt pour un prochain épisode.

Description

Bienvenue à toutes et tous sur mon podcast « La pleine conscience du pouvoir » ! Je m’appelle Anne Pioz, je suis psychopraticienne spécialisée dans les troubles alimentaires. Avec ce podcast sur la relation avec l’alimentation, je vous accompagne à retrouver une relation sereine avec la nourriture et avec votre corps.


Dans cet épisode 118 du podcast, je suis très heureuse de recevoir Lisa, créatrice du podcast “Mon gros podcast” et du compte Instagram du même nom.

Nous échangeons ensemble sur le sujet de de l'obésité et de ses paradoxes. Et pour commencer, de ce terme même d’obésité, et du problème qu’il représente. L’obésité serait une maladie ? L’obésité serait une épidémie ? Quels traitements pour l’obésité ?

C'était passionnant d'entendre le point de vue de Lisa, personne concernée et militante sur ce sujet.


Retrouvez "Mon gros podcast" ici : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/mongrospodcast/id1684052171

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je suis Anne Piausse, psychothérapeute, et je vous accompagne à retrouver une relation sereine et intuitive avec votre alimentation. La pleine conscience du pouvoir est un podcast qui vous accompagne à reprendre le pouvoir dans votre relation avec la nourriture, à sortir des injonctions de la culture des régimes et à ne plus vous sentir seul avec tout ça. Dans ce podcast, je partage des outils, des réflexions. Je vous parle aussi de pleine conscience et d'introduire dans votre quotidien plus d'observations de votre propre fonctionnement. Je vous propose également des témoignages de femmes et d'hommes qui vivent ou ont vécu un trouble du comportement alimentaire ou une relation compliquée avec leur alimentation. Leurs témoignages vous permettront, je l'espère, de réaliser que nous sommes nombreux à nous retrouver pris au piège de cette relation toxique. Je vous laisse avec l'épisode du jour. Bienvenue dans l'épisode 118 du podcast La pleine conscience du pouvoir Aujourd'hui, nous allons parler avec mon invité de l'obésité et de ses paradoxes. Et pour commencer, de ce terme même d'obésité et du problème qu'il représente. L'obésité serait une maladie ? L'obésité serait une épidémie ? Quel traitement pour l'obésité ? Je suis très heureuse de recevoir aujourd'hui Lisa, créatrice du podcast Mon gros podcast et du compte Instagram du même nom, dont bien sûr nous vous mettrons les liens dans la description de cet épisode. Bonjour Lisa et bienvenue sur la Pleine Conscience du Pouvoir.

  • Speaker #1

    Bonjour, merci beaucoup de m'accueillir, ça me fait très plaisir d'être là.

  • Speaker #0

    Alors le plaisir est partagé, on va dire, par nous deux. Alors avant que nous entrions dans le vif du sujet, est-ce que tu veux bien te présenter et présenter ton podcast pour les personnes qui ne le connaîtraient pas encore ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, donc je m'appelle Lisa, j'ai 47 ans, j'ai créé mon gros podcast il y a un peu plus d'un an, un an et demi peut-être. Parce que j'étais dans un chemin de déconstruction justement de la grossophobie, ma grossophobie, la grossophobie de la société. J'avais envie d'en parler. J'avais surtout envie d'en parler en tant que personne concernée. Je trouve qu'il y a de plus en plus de contenu grâce aux réseaux sociaux. Mais je trouve que très souvent, c'est des choses qui sont incarnées par des personnes qui ne sont pas forcément grosses et qui ne sont pas forcément aussi à mon âge. Et moi, on m'a beaucoup menacée comme... comme on le fait avec pas mal de personnes grosses, de mourir très jeune. Et du coup, je trouvais ça important de signaler, de pouvoir parler, de s'exprimer en disant que oui, on peut dépasser 40 ans, qu'on peut avoir une vie assez agréable, même en étant grosse et même en vieillissant. Et puis, j'ai pas mal de maladies chroniques qui ne sont pas liées à mon poids. Certaines pourraient expliquer mon poids, mais c'est plutôt dans ce sens-là que l'autre. Et du coup, j'avais aussi envie de parler de ça, parce que je trouve qu'il y a des choses dont on parle très peu, notamment le fait d'être diabétique en étant grosse. Le diabète, c'est une maladie extrêmement stigmatisée par rapport aux personnes grosses. Et donc, vraiment, vivre en tant que personne grosse et diabétique, c'est un sujet. Le SOPK aussi, qui est, pareil, une maladie qui est très importante et qui cause beaucoup d'infertilité, mais dont on parle peu. Donc voilà, j'avais envie de parler de tout ça. J'avais envie d'en parler à ma façon. C'est-à-dire un peu, voilà, c'est un podcast très amateur, naturel. Je fais très peu de montage. Je me lance sur des sujets et on en parle. Et voilà. Et en général, j'anime le compte Instagram. En conséquence, c'est-à-dire que quand je sors un épisode, je mets la jaquette de l'épisode sur Instagram pour que les gens puissent commenter, interagir, etc. Et puis sur mon compte, je publie pas mal de contenu justement sur ces thématiques. grossophobie, visibilité aussi des corps gros. J'aime bien poster des choses pour qu'on s'habitue à avoir des corps gros dans l'imaginaire collectif, parce qu'on est là, on existe, on fait des choses et c'est important pour moi. Et puis voilà, je suis quelqu'un de grosse avec des maladies, c'est le début, mais je fais aussi d'autres choses. Je suis très militante dans l'âme, donc je fais aussi très attention à la politique et aux ramifications politiques de tous ces sujets-là. J'aime bien rigoler, j'aime bien faire des activités un peu manuelles. Et puis, je fais du sport sur chaise. Et c'est pareil, c'est quelque chose dont j'aime bien parler parce qu'on peut faire du sport de façon adaptée à son corps. Voilà, voilà un petit peu comment je me présenterais.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Oui, moi, ce que... Alors, je n'ai pas écouté tous les épisodes de ton podcast encore, mais ce que j'aime particulièrement, c'est justement ta spontanéité. En fait, la façon dont tu vas parler. Ça part vraiment des tripes, en fait. Ça part de toi, de ce que tu vis. On est dedans, en fait. Moi, en tant que personne non concernée par la grosseur, même si j'ai pu le croire, enfin bref, c'est un autre sujet, le sujet d'un autre épisode, peut-être. J'ai l'impression vraiment que tu nous embarques avec toi, en fait, dans ce que tu vis, dans la façon dont tu vis les choses, dans la façon dont tu penses les choses. Et justement, j'avais à cœur que tu puisses nous partager pour les auditeurs, les auditrices du podcast La Pleine Conscience du Pouvoir, comment tu vis les choses de l'intérieur et ton point de vue éclairé et personnel, en fait, qui est le tien, et tu le dis bien dans le podcast, c'est la façon dont moi je vis les choses et c'est la façon dont moi je pense les choses, mais j'imagine que tu n'es pas la seule, en fait, et en tant que personne concernée, pour vraiment nous emmener au cœur du sujet. Donc, allons-y au cœur du sujet, je suis hyper motivée pour... Et je sais que je suis avec la bonne personne pour nous en parler. Et puis voilà, le côté militant aussi. Je trouve que c'est extrêmement important. Et le côté militant de la personne concernée, tu vois.

  • Speaker #1

    C'est très gentil de le dire, mais il y a beaucoup de gens qui me disent ça, de dire même des personnes grosses qui auraient des opinions identiques. Le fait de les entendre et de les voir formuler comme ça, ça éveille des choses, au moins du questionnement. En fait, moi, je ne veux pas que tout le monde soit d'accord avec moi, mais je voudrais qu'on se questionne. Donc, on est d'accord. On ne peut pas tout cru ce qu'on nous dit. Et sur le militantisme, c'est pareil. Il y a pas mal de personnes qui ont dit Waouh ! J'avais jamais pensé à ça, mais ouais, en fait, il y a vraiment des ramifications politiques importantes sur les choix de santé publique, etc.

  • Speaker #0

    Complètement, complètement. Bon, eh bien, lançons-nous. C'est parti. Dis-moi. Et puis, je vais aussi me placer, voilà, comme si je n'avais pas écouté tes épisodes, comme peut-être la plupart des personnes qui nous écoutent. Donc, replaçons ce terme obésité. C'est quoi le problème ? Parce qu'on l'entend à toutes les sauces, brandi comme un épouvantail par rapport à notre santé. Donc, c'est quoi le problème, en fait ? Ou les problèmes ?

  • Speaker #1

    Déjà, la première chose, c'est que moi, je me suis auto-appelée obèse pendant des années. Vraiment, comme beaucoup de gens aujourd'hui. Quand je disais que j'étais obèse, je me décrivais comme obèse, etc. Et sauf que j'ai fait le travail de me dire non, en fait, je rejette ce terme pour plusieurs raisons qu'on va développer. Mais du coup, j'ai changé et aujourd'hui, je me définis comme une personne grosse. Je parle de grosseur, mais pas d'obésité. Et la première raison, c'est que l'obésité, c'est un terme médical. C'est la terminologie de la grille de l'IMC. À tel ou tel IMC, on arrive au stade d'obèse. Je sais qu'aujourd'hui, les termes ont un peu changé, mais moi, je suis même en ce qu'on appelle l'obésité morbide. Aujourd'hui, on ne dit plus comme ça, mais quand même, je veux dire aux gens que j'ai passé une vingtaine d'années où on me disait que j'étais en obésité morbide. Et je trouve que déjà, première chose, le terme est juste moche. Il est agressif, il est médical, en fait. Et je trouve que ce n'est pas OK quand je me présente ou quand je parle de moi. dans une sphère privée ou même publique ou whatever, mais quand je ne suis pas avec des médecins, je ne vois pas pourquoi je ferais référence à moi avec un terme médical qui sort d'une grille, ce fameux IMC que lui aussi je rejette. Et puis surtout, de manière générale, il y a le côté, moi, je ne considère pas qu'être grosse, c'est être malade. Je ne pense pas que le fait d'avoir de la graisse autour du corps est une maladie. Par exemple, avoir énormément d'amas graisseux sur les jambes, c'est une maladie. Ça s'appelle le lipodème. Ça ne s'appelle pas l'obésité. Ça a un nom, cette maladie. Donc, le seul cas où on peut considérer qu'avoir un ama graisseux à un endroit est une maladie, il y en a une, c'est celle autour des jambes, et ça s'appelle le lipodème. Mais avoir de la graisse sur le corps, avoir un gros ventre, des gros bras ou des grosses cuisses, à quel moment c'est OK de juste dire que ça, c'est une maladie, en fait ? et du coup je ne veux pas de ce terme parce que je me en l'occurrence comme je l'ai dit dans l'introduction j'ai des maladies chroniques donc j'ai d'autres raisons de dire que je suis malade mais mon poids et la caractéristique de mon corps la forme de mon corps la façon dont mon corps est je ne considère pas que ça puisse être résumé à une maladie

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as une idée de l'historique ? Tu vois à quel moment la médecine a considéré que c'était une maladie pourquoi ? Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Le terme obésité, il a commencé avec la grille vraiment de l'IMT, sur poids, machin, obésité, etc. Et la maladie, c'est tout simplement l'OMS. Je suis extrêmement nulle en date, c'est-à-dire que j'ai l'impression que c'était il y a 5 ans quand en vrai c'était il y a 15 ans. Mais il y a un moment, je ne saurais pas vous dire comment, il y a une vingtaine d'années, où l'OMS a déclaré la grande cause de la maladie obésité. Et c'est à partir de là où on a eu cette histoire que l'obésité est une épidémie, il y a de plus en plus d'obèses dans le monde, etc. Et ils ont fait le choix de parler d'obésité et pas de grosseur ou de personnes grosses, etc. Mais c'est vraiment à ce moment-là. Et tout simplement, techniquement parlant, en France, il y a aussi le fait que c'est la Haute Autorité de Santé qui a déclaré que l'obésité était une maladie. Donc, c'est des choix... politiques et médicaux à l'échelle mondiale et à l'échelle de notre pays. Mais pour autant, je ne suis pas d'accord. Et c'est quelque chose qui fait débat, même dans la communauté scientifique, par exemple. Parce que moi, je suis assez proche de l'association de professionnels qui s'appelle le GROSSE. Donc, ça veut dire Groupement de Réflexion sur l'Obésité et le Chinois. Donc là, c'est des professionnels de santé. Il y a des nutritionnistes, il y a des psys, notamment Jean-Philippe Zarnat. Et c'est eux, par exemple, qui sont pour le fait de reconnaître l'obésité comme une maladie, en espérant que ça puisse ouvrir la porte au fait d'avoir une ALD. Une ALD, c'est...

  • Speaker #0

    Oui, mais du coup, ça donne droit à des remboursements. Exactement.

  • Speaker #1

    Attention, chaque ALD, pareil, les autorités de santé décident ce qu'on met avec. Et aujourd'hui, une ALD obésité ne donne droit à rien. La Haute Autorité de Santé a décidé que... le traitement d'obésité était effectivement une cause nationale. Et que le traitement de l'obésité se faisait de façon tripartite. Il y a médicaments, thérapie et nutrition. Non, quatre. Il y a le sport aussi. Et du coup, on pourrait se dire, ok, super, très bonne idée, on est tous d'accord, il faut s'adresser à tout ça. Sauf que la seule chose qui est remboursée à ce jour, c'est médicaments et chirurgie. Par exemple, le fait d'aller chez une psy, ça n'est pas pris en charge, même pour une personne grosse. Le fait d'aller chez une nutritionniste toutes les semaines ou tous les mois, ça n'est pas pris en charge. Aujourd'hui, on s'améliore sur l'activité physique puisqu'il y a de plus en plus d'APA, donc activité physique adaptée. Que l'APA, quand elle est prescrite par un médecin généraliste et que vous avez un centre APA autour de chez vous, ça peut avoir une certaine gratuité. Ce n'est pas toujours le cas. Mais voilà, ce que je veux dire, c'est que même l'autorité de santé française dit que l'obésité est une maladie et qu'il faut la dresser multifactorielle par différents biais, etc. Mais la seule chose qu'on rembourse, c'est... La chirurgie, les médicaments. Et quand je dis les médicaments, ce n'est pas tout à fait juste, parce que je crois qu'à ce jour, Ouigovy et Saxanda ne sont pas pris en charge. Je pense qu'on rembourse les médicaments, si on considère, vous savez, il y a des gens qui considèrent que les kilos, c'est émotionnel. Donc je dis n'importe quoi, si on vous fousse vos antidépresseurs parce que vous êtes trop gros, vos antidépresseurs sont remboursés. Mais les traitements eux-mêmes de l'obésité, je ne crois pas qu'ils soient encore sujets à remboursement, ce qui d'ailleurs est une question. Si c'est une maladie et que ces traitements sont efficaces pour cette maladie, pourquoi vous ne les remboursez pas ? Si je suis cardiaque et que je prends un traitement cardiaque, vous me le remboursez. Enfin, dans notre système, le système de redistribution à la française, on cotise toute sa vie et la Sécurité sociale prend en charge nos traitements. Et moi, vraiment, ce qui m'énerve, c'est que je suis convaincue, quoi qu'on considère du fait d'être gros, que ce soit parce qu'on mange trop, parce qu'on a des problèmes psychologiques, que ce soit qu'on mange trop, parce qu'on ne connaît pas l'alimentation ou que ce soit pour d'autres raisons, etc. Dans tous les cas... pourquoi on ne rembourse pas la thérapie et la nutrition.

  • Speaker #0

    Et là, c'est un sacré paradoxe. Je m'en rends compte, j'avais pas réfléchi à ça. Moi, ça fait ça de l'hypocrisie. Moi, je suis polie. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas poli. Mais oui, tout à fait. Parce que les fameux manger-bouger, et qu'on serait gros parce qu'on mange trop et qu'on ne fait pas assez de sport, ou qu'on a des problèmes émotionnels qui font qu'on va se jeter sur la nourriture. Ok, bon, dans ce cas, pourquoi on ne les traite pas ?

  • Speaker #1

    En restant sur cette idée-là, imaginez une maladie pour laquelle, depuis 70 ans, on n'a plus qu'une stratégie, qui est de faire des régimes sans voir de nutritionniste, puisqu'encore une fois, on ne vous rembourse pas le nutritionniste, mais vous devez quand même faire des régimes. Donc, on se paye nos propres régimes tout seul, on se débrouille avec des bouquins. Mais ça fait 70-80 ans qu'on est sur la thématique. manger moins à travers des régimes et faire du sport, et c'est comme ça qu'il n'y aura plus de gros, ça fait 70 ans, on est toujours là, il y a toujours des personnes grosses. Ça veut dire que depuis 70 ans, on accepte qu'une soi-disant maladie, encore une fois, moi je ne crois pas, mais très bien, si c'est une maladie, pour quel autre type de maladie on accepterait 70 années d'un traitement qui ne marche pas, qui ne fait pas ses preuves, un traitement où, ok, tu fais un régime, tu perds du poids, mais après tu reprends, C'est-à-dire qu'on accepte même, et c'est pareil pour la chirurgie, on fait la chirurgie de l'obésité, on coupe un organe sain pour s'empêcher de manger. Organe qui peut regrossir après, parce que l'estomac, il peut reprendre sa place. Donc, on accepte de rembourser une chirurgie. La chirurgie, ça veut dire anesthésie, ça veut dire tout ça. Ça veut dire des compléments alimentaires toute sa vie, etc. Pour quelque chose qui a un taux d'échec de l'espace. Pour quelle autre maladie, collectivement, on accepterait de payer tout ça ? Et on accepterait pendant 70 ans de constater échec, échec, échec, sans se dire, hé ho les gars, venez on se regroupe et on essaye de réfléchir si peut-être il n'y aurait pas autre chose. Et au hasard, on pourrait peut-être demander aux personnes grosses est-ce qu'elles ont des idées, d'autres trucs à faire éventuellement. Et justement, ça fait 70 ans qu'on rembourse des chirurgies, etc. Et bien, tenez, si pendant les 70 prochaines années, on remboursait la thérapie et la nutrition. Et on va voir. Est-ce que peut-être il y aura plus de gens moins gros ? Et encore, ça m'arrache de dire ça, parce que moi, je ne suis pas pour l'éradication des gens gros. Je ne considère pas qu'on devrait tous être minces, qu'on devrait tous avoir le même corps. Mais si vraiment on est dans la logique des gens qui croient ça, quand ça fait 70 ans que ça ne marche pas, au bout d'un moment, il faut se remettre en cause quand même.

  • Speaker #0

    Oui, mais sauf que, tu vas me dire si tu es d'accord, mais la raison à laquelle tout le monde pense, c'est que c'est la faute des personnes. C'est juste qu'elles n'arrivent pas à suivre le truc.

  • Speaker #1

    Perdre du poids, youpi, c'est grâce au régime. Ce régime merveilleux, tellement efficace et génial, mais quand on n'y arrive pas, c'est de la faute du patient qui, lui, est vraiment trop naze et n'est pas capable de faire le régime correctement. C'est ça. Donc, c'est en ça que c'est plus qu'un paradoxe, c'est de l'hypocrisie. C'est-à-dire que vraiment, quand ça fonctionne, on dit, vous voyez, il suffit de faire un régime pour ne plus être gros. Mais quand ça ne fonctionne pas, c'est, vous voyez, il est vraiment trop nul. Il n'a pas suivi le régime correctement, pas dû se restreindre suffisamment. Il n'a fait qu'une heure de sport par jour au lieu d'en faire deux. C'est toujours de la faute du patient. et là c'est pareil, j'invite les gens à se poser la question pour quelle autre maladie on accepterait à ce point-là de tout mettre sur le comportement du patient à quel moment on ne se dirait pas, le traitement ne marche pas la chirurgie ne marche pas et que peut-être il faut faire autrement même dans les maladies de santé mentale et Dieu merci encore une fois moi je ne crois pas que la santé mentale soit une question de volonté mais à quel moment on dit à quelqu'un de schizophrène, ça suffit, choisis ta bonne personnalité On ne fait pas ça. On accepte que c'est une maladie qui se gère par des médicaments, que c'est difficile pour la personne. Mais quand on est gros, non, non. Gère ta volonté, grosse personne. Mais que tu fais ça, si vraiment, vraiment vous êtes dans l'idée de vouloir croire que je suis malade d'être grosse. Mais à quel moment on traite des malades comme ça, en fait ? Une personne grosse qui devient diabétique, littéralement, on lui dit, ah ben voilà. Ça allait arriver.

  • Speaker #0

    Ce qui devait arriver est arrivé.

  • Speaker #1

    Genre, tu l'as bien cherché, ta maladie, madame.

  • Speaker #0

    C'est horrible. Et oui. Et douce, tu sais, je suis avec ce qu'on disait tout à l'heure, de cette idée de brandir, en fait, ce terme d'obésité, comme un épouvantail, en fait. Et attention, il va vous arriver.

  • Speaker #1

    C'est aussi ce qui me gêne dans ce terme, tu as tout à fait raison, c'est que ça, pour moi, c'est là où c'est une question de société. C'est-à-dire qu'on accepte d'être dans une société où on peut se faire des choses, capitaliste, performative, productive, où ce qui compte, c'est l'efficacité, à quel point on est productif, etc. Et du coup, on veut d'abord tout ce décor parfait, géniaux, qui fonctionne. Et on est OK de se faire peur. On croit que les personnes sont grosses parce qu'elles n'ont pas de motivation. Déjà, là, c'est non. Mais très bien, on croit ça. Et on croit que générer la motivation, c'est sous forme de menace. C'est sous forme de... peur au lieu d'être sous forme de je vais t'apprendre à être apaisée avec toi-même et à trouver la motivation d'être apaisée avec toi-même. Et si être apaisée avec toi-même, c'est peser 70 kilos ou 130 ou 40, on s'en fout tant que t'es apaisée avec toi-même. Sauf qu'on est dans une stratégie de, on doit être en guerre. Il faut être en bataille. C'est là, tu vas être trop baisse. Tu vas être diabétique. Ouh là là, tu vas avoir de la résistance à l'insuline. Ouh là là, le sucre est ton ennemi. Ouh là là, Nutri-Score, ce que tu manges, c'est rouge, cramoisi, tellement c'est mal pour toi. Et cette stratégie de la peur, encore une fois, c'est que soit en disant qu'on est dessus, elle ne marche pas.

  • Speaker #0

    Ben non.

  • Speaker #1

    Et c'est quand autre chose.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. C'est vraiment ce constat que ce qui continue à être s'amener sans arrêt.

  • Speaker #1

    Mais en se réinventant continuellement. Exact. Parce que ce qui est très puissant avec cette notion d'obésité, ce qu'on n'a pas encore nommé. C'est ce qu'on appelle la culture des régimes. Alors, ce que je trouve un petit peu compliqué avec le vocabulaire culture des régimes, c'est qu'il y a plein de gens à qui on en parle qui vont dire Ah non, mais moi, je ne suis pas au régime Oui, mais oui. Parce qu'il y a des gens, ils ont tellement intégré les concepts de la culture des régimes qu'ils sont dans un contrôle alimentaire quasiment transparent pour eux tellement c'est intégré. Tout à fait. Donc, je trouve que ce vocabulaire est important de comprendre. Quand on dit culture des régimes, ça ne veut pas dire au sens où tout le monde est au régime, mais ça veut dire qu'on baigne dans un environnement où on passe notre temps à nous donner des règles et des injonctions sur les bons aliments, les mauvais aliments, la bonne heure pour manger, la mauvaise heure pour manger, ce qu'on mange l'été, ce qu'on mange l'hiver, et tous ces trucs-là. Et toutes ces règles-là, qui impactent tout le monde, en fait. Moi, honnêtement, je ne connais pas grand monde qui n'est pas impacté par cette culture des régimes, mais du coup, on est driveé par elle. Et cette culture des régimes, derrière, il y a tout simplement l'industrie des régimes. Et là, vraiment, on parle de la chirurgie. C'est des médecins qu'on paye. C'est des techniques chirurgicales. Les médicaments d'obésité, c'est des labos pharmaceutiques qui font de l'argent. Les régimes Weight Watcher, Ducan, les montagnes de bouquins, de magazines, les salles de sport avec qui, en gros, vous venez perdre vos kilos de l'hiver. Tout ça, en bas de chez moi, j'ai un truc comme j'aime, avec des massages pour enlever la cellulite, les crèmes pour enlever... Tout ça, c'est une industrie qui fait de l'argent. Et c'est ça qu'il y a derrière la culture des régimes, l'industrie des régimes, et tous ensemble, ils se réinventent. Aujourd'hui, honnêtement, on parle beaucoup moins de régime, on parle de l'équilibrage alimentaire.

  • Speaker #0

    C'est un mauvais espace, ce terme. Aujourd'hui,

  • Speaker #1

    au lieu d'être vraiment sur t'es gros, c'est de ta faute on a un petit peu assaini ou calmé le discours sur les pauvres, ils sont malades, il faut les aider, mais quand même, il faut vraiment les aider à se bouger Ce que je veux dire, c'est que le truc, c'est non seulement qu'il y a un discours permanent, mais en plus, ce discours se modernise. Et du coup, quand on commence à le reconnaître en se disant c'est vrai, on parle de partout, de régime, etc. Eh bien, deux ans après, on ne parle plus de régime. On vous dit, non, mais faites une petite rééducation alimentaire. Mais en vrai, derrière, c'est la même chose. C'est restriction, manger moins pour perdre du poids. Et c'est ça qui est très pervers. C'est que du coup, on est constamment à devoir, nous, être humains, se réadapter en se disant... Ah ouais, merde, ils disent pas régime. Mais en fait, c'est clairement un régime qu'il y a derrière. Ah oui, là, ils sont pas en train de dire c'est de ma faute, mais ils sont quand même un peu en train de dire que je suis pas très motivée.

  • Speaker #0

    Et c'est pas évident d'avoir cette prise de recul en fait, parce que je pense qu'on peut très facilement se faire embarquer en fait dans le truc et être rattrapée par ces discours-là.

  • Speaker #1

    Et je pense que c'est ça qui est extrêmement difficile, c'est que moi, j'ai été obèse et fumeuse pendant 20 ans. On m'a systématiquement questionnée sur mon poids. y compris cardiologues, y compris des tas de gens comme ça, jamais sur ma cigarette. Je fumais 15 cigarettes par jour. La cigarette est un produit dont on n'a pas besoin pour vivre. La cigarette est un produit qui a 100% de chance de détériorer mon corps. Ça passe. Le poids, en soi, avoir de la graisse autour du corps, ça n'a jamais été prouvé comme étant un problème en soi. On y reviendra. Mais on m'a toujours... Même un ORL m'a demandé si j'avais pensé à maigrir. Un gars que je vais voir pour une grippe me demande si j'ai pensé à maigrir, mais il ne me demande pas si je continuais de fumer des clopes pendant que j'ai la grippe. Et oui, je fumais des cigarettes en ayant la grippe. Et je me permets de faire cette comparaison. Je sais que je ne veux pas toujours la faire philosophiquement parlant, mais moi, je le fais parce que moi, je l'ai vécu. J'ai été et grosse et fumeuse. On m'a foutu la paix sur la cigarette. J'ai arrêté de fumer. Ne venez pas me dire que je n'ai pas de motivation. J'ai arrêté de fumer toute seule. Ça fait dix ans que je n'ai pas fumé, alors que j'ai fumé pendant vingt ans. Donc oui, je sais ce que c'est avoir de la motivation. Je sais ce que c'est qu'avoir une addiction. Et non, je ne considère pas que l'alimentation, c'est pareil. Mais si je fais cette démonstration, c'est pour dire qu'arrêter de fumer, collectivement, en termes de société, on est tous désolés pour les gens qui essayent d'arrêter de fumer. On sait que ça va être très dur. On sait qu'il va y avoir des échecs. On est super désolés, etc. Alors que c'est un produit dont on n'a pas... pas besoin, qu'on a décidé de commencer à fumer tout seul comme des couillons, là, ok. Par contre, on peut, entre guillemets, beaucoup plus facilement arrêter de fumer parce que fumer, t'en as pas besoin. Par contre, manger, c'est continuellement. On mange trois fois par jour, voire quatre, voire cinq. C'est-à-dire que quand on dit à quelqu'un Non, mais t'as juste à arrêter tes TCA, arrête de manger c'est pas un truc auquel je pense une fois de temps en temps parce que j'ai envie de griller une cigarette et qu'en fait, j'en ai pas besoin pour vivre. C'est quelque chose auquel je dois penser pour faire mes courses, pour faire mes repas. Et donc, c'est constamment dans la tête. Et là où tu as raison, c'est que... Ton podcast s'appelle La pleine conscience Quand on est en conscience des choses et qu'on regarde, la culture des régimes, on est noyé dedans. C'est deux. partout. C'est à la télé, c'est dans les films. Je veux dire, il n'y a pas une série télé qu'on regarde où il n'y a pas quelqu'un qui arrive en disant Oh, dis donc, t'as pris un petit peu de bite, toi, ce matin ? Il n'y a pas de... Il y en a de partout des petites phrases qui sortent comme ça, dans les magazines, dans les bouquins. Là, en ce moment, je lis des romans. Donc, je ne dis pas des bouquins de développement personnel ou de régime. Et dans un des romans, ils décrivent un personnage gros et je ne te dis même pas les termes pour utiliser. Et donc, on est constamment nourri de ce type de choses, on est gros, la société nous rejette et nous le dit constamment, mais on devrait quand même être les rois du monde et être complètement capable d'être en détente, motivé et de s'interdire de manger, etc. Donc on comprend que quelqu'un galère à arrêter la cigarette, voire n'y arrive jamais complètement, mais on est incapable de comprendre que s'extirper de la culture des régimes dans une société profondément noyée de culture des régimes et grossophobe, ce soit pas facile quoi.

  • Speaker #0

    ça n'a aucun sens quoi ben oui ça n'a aucun sens je suis avec ce constat tu sais ça m'en coupe les mots en fait parce que c'est tellement cette aberration et tu vois je pense que quand je vais réfléchir au titre du podcast l'hypocrisie de l'obésité finalement tu vois on est au-delà du paradoxe quoi Et tu en as déjà parlé, mais concernant les traitements, puisque maladie, maladie-traitement, normalement, ou au moins on fait de la recherche, ou au moins on réfléchit. Comment ? Parce qu'il y a des maladies auxquelles on ne trouve pas de traitement. Bon, qu'est-ce qui est proposé aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    C'est que là, on arrive sur quelque chose de difficile pour moi, parce que pour moi, l'obésité n'est pas une maladie. Elle se croque trop, ce n'est pas une maladie. Donc je suis déjà choquée qu'on accepte dans une communauté qui est scientifique et médicale ce statement alors qu'il n'est pas soutenu par des faits. Il n'y a aucune maladie qui est uniquement attribuée à la grosseur. Ça n'existe pas. Toutes les personnes diabétiques ne sont pas grosses. Ça n'est pas vrai. Il y a des gens minces qui sont diabétiques. Il y a des gens minces qui ont des problèmes cardiovasculaires. Il y a des gens minces qui ont des problèmes d'arthrose. Il y a des gens minces qui ont des problèmes d'articulation, etc. Il y a... qu'une pathologie qui ne peut s'expliquer que par la grosseur. Ok, il y a des personnes grosses qui n'ont aucun problème de cholestérol, de tension, etc. Et on peut dire les phrases en sens inverse, ça n'est pas vrai que toutes les personnes grosses ont des problèmes de tension. Ça n'est pas vrai que toutes les... Donc, il n'y a aucune maladie qu'on ne peut expliquer que par la grosseur, et il n'y a aucune maladie qui n'arrive que aux personnes grosses, et il n'y a aucune maladie que... toutes les personnes grosses ont. Ça, ce sont des faits. Et pour autant, on explique que gros, c'est être malade. L'autre chose, c'est que gros, il y a mille et une façons d'être gros. C'est pas la même chose, la forme grosse, vous savez, un peu en mode orangina, où on a un gros ventre, mais on a des épaules et des jambes un peu plus fines. Souvent, les hommes, ils sont gros comme ça, ils ont un gros ventre. Moi, j'ai un petit peu ce profil-là aussi. Il y a des gens qui ont plutôt des grosses jambes, mais qui n'ont pas du tout de ventre. Donc, à quel moment on considère que c'est la même pathologie, ce serait la même maladie, alors que la graisse n'est même pas au même endroit dans le corps ? Pourquoi on considérait qu'on met tous les gens dans la même catégorie, juste parce qu'ils ont de la graisse sur le corps ? C'est ça. Non, ça ne peut pas être vrai. Et du coup... On va parler évidemment des médicaments, etc. Mais moi, là, j'ai besoin de le dire.

  • Speaker #0

    Oui, c'est important.

  • Speaker #1

    Je suis choquée que les médecins qui me soignent, qui vous soignent, soient OK collectivement pour accepter quelque chose qui n'est pas démontré.

  • Speaker #0

    Oui, et qu'il faudrait être, tu sais, c'est ce que tu disais tout à l'heure, maigrisser d'abord, revenir à un IMC plus normal, entre guillemets, d'abord. Et après, on verra ce qu'on fait. Ou alors que ce serait une prévention. Moi, tout d'un coup, je me dis, mais attends, la chirurgie de l'obésité qui est brandie comme le traitement, qui fonctionne, blablabla. On veut même opérer des enfants. Maintenant, j'ai vu ça l'autre jour, mais je me suis hérissé. Tous mes poils se sont dressés. Et pour prévenir des potentiels problèmes de santé qu'ils n'auront peut-être jamais. Puisque comme tu nous le rappelles, et c'est super important, et j'en parlais dans... Une des rediffusions que nous avons faites cet été sur les liens entre poids santé et décorréler le poids de la santé, c'est toujours cette idée que la causalité, la corrélation, tu sais, j'aurais expliqué ça. Et oui, comme tu l'as très justement dit, toutes les personnes grosses, neuves, ne vont pas développer de diabète. Il y a des personnes minces qui ont du diabète, etc. Donc, on va faire subir quelque chose d'extrêmement violent, en fait, que c'est la chirurgie de l'obésité. Parce que, voilà, je ne me suis pas penchée plus sur la question, mais est-ce que tu me confiantes qu'on va opérer en prévention des personnes qui n'ont même pas de maladie, qui seraient potentiellement liées à l'obésité ?

  • Speaker #1

    On opère.

  • Speaker #0

    en fonction d'un IMC. Donc ça veut dire que déjà, le premier postulat, c'est qu'on considère que l'IMC, c'est OK. Et c'est vrai que je n'en ai pas parlé ici, parce qu'on est entre nous et on sait de quoi on parle, mais pensons aux auditeuristes qui ne le savent peut-être pas. On rappelle que l'IMC, c'est tout pourri. D'accord ? Oui. À partir de 30, on est en obésité morbide. Je lisais hier une publication de La Grosse Parole qui disait que Teddy Riner, il a un IMC de 31. D'accord ? Donc Teddy Riner, il a le même IMC que moi, sauf que Teddy Riner, c'est un athlète. D'accord ? Donc oui. il a beaucoup de muscles et beaucoup de poids, mais le gars, je ne crois pas qu'on puisse considérer que lui et moi, on a le même corps gros. Mais puisque ce qui compte, c'est l'IMC, l'IMC, c'est un outil statistique. Ça a été développé par un statisticien. Sur une population, c'était au début de la Première Guerre mondiale, des gens sportifs, des gens blancs. Donc déjà, je crois qu'il n'y avait pas de femmes. Donc c'était des hommes blancs. Et ça date d'avant la Première Guerre mondiale. On est en 2024. Les gars, on pourrait peut-être... réinventer l'outil 2 secondes et c'est un outil qui fait le rapport poids-taille, point barre c'est ça aucune autre information préventive et sur la base de cette IMC on considère qu'à telle IMC on peut avoir la chirurgie de l'obésité à telle IMC on peut avoir les médicaments de l'obésité donc là où tu as raison en termes préventifs c'est que eux ils ne peuvent pas dire que c'est préventif puisqu'ils considèrent qu'être gros c'est une maladie ils considèrent qu'ils traitent une maladie moi je suis d'accord avec toi, je considère qu'être gros tout court C'est-à-dire qu'une personne qui est grosse, qui n'a pas de cholestérol, pas de problème de tension, aucune maladie, diabète, etc., qui engage sa santé, rien. On considère qu'on l'opère quand même, parce que ce qu'on soigne, c'est ses kilos.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et on parle d'une opération, moi j'aime bien la définir comme ça. On considère qu'on va vous découper un organe sain qui n'a pas de problème, c'est-à-dire votre estomac, on le coupe littéralement pour vous empêcher de manger. Point barre. C'est ça la chirurgie de la diversité. Ou alors, je ne les connais pas toutes, mais il y a celui où c'est carrément, on connecte à notre intestin, on bypass l'estomac, voilà, c'est le bypass. On fait genre, tout l'estomac, ça ne sert à rien dans le corps, t'inquiète, pas besoin de s'en occuper. On va directement connecter. On est sur des choses, moi je suis convaincue que genre dans 50 ans, on va regarder ça en se disant mais c'est quoi cette barbarie en fait ? À quel moment on a vendu à des gens ? Et on a laissé des gens se faire anesthésier, etc. Enfin, le parcours, il y a carrément des gens, par exemple, pour faire la chirurgie de l'obésité, ils doivent perdre du poids. C'est-à-dire qu'avant de commencer la chirurgie, on se fait un petit régime. On rentre dans une bonne petite restriction. Derrière, on enchaîne sur une chirurgie. Chirurgie avec les risques inhérents à l'anesthésie, être anopédale. Pendant trois mois, on ne peut bouffer que des yaourts, du père. Le plaisir alimentaire à son max. Et après, à vie, on doit prendre des compléments parce que non, le corps humain n'est absolument pas fait pour défoncer le système digestif juste pour avoir moins envie de manger. Il y a des gens qui sont choqués du foie gras et du gavage des oies, mais ils ne sont pas choqués qu'on coupe à des humains un organe sain pour les empêcher de manger. Je suis désolée, mais quand on explique cette chirurgie, je... Non, mais non. Alors, rappelons quand même qu'elle a été inventée pour des raisons positives et qu'elle a été détournée. Elle a été inventée pour des très gros obèses qui, justement, auraient eu, par exemple, une pathologie cardiaque et qui ne pouvaient pas se taper 5 heures d'anesthésie pour faire un triple pontage à cause de leurs problèmes de tension, etc. Et donc, à ce moment-là, à tort ou à raison, parce qu'honnêtement, je ne suis pas certaine des données scientifiques, mais bref, à ce moment-là, on considérait qu'en leur coupant l'estomac, en parlant 30 kilos en 3 mois, on pouvait leur faire la chirurgie dont ils avaient besoin. ok un peu comme la chirurgie esthétique c'est l'urgence quoi en fait on a inventé la chirurgie esthétique pour les grands brûlés pour les personnes qui avaient des becs de lièvres et des déformations aujourd'hui on s'en sert pour avoir des jolies fesses et moins de rides on a détourné la chirurgie de l'obésité comme on a détourné la chirurgie esthétique donc en soi la chirurgie de l'obésité je vais pas lui tirer dessus complètement mais ce qu'on décide d'en faire aujourd'hui des usines à chirurgie de l'obésité des unités alors en plus aujourd'hui on a fait On parlait de réinvention, ça s'appelle la chirurgie métabolique. On ne dit plus obésité. On parle de troubles métaboliques, parce que comme ça, ça fait encore un peu plus maladie. Ça veut dire qu'il y a des problèmes dans le métabolisme de ton corps et qu'on va les régler. Et par exemple, la chirurgie de l'obésité, les critères sont relativement protecteurs. Quand on regarde la décision des autorités de santé, il faut avoir essayé tous les régimes. Il faut avoir suivi une thérapie, il faut ne pas avoir de TCA, il faut être au-dessus de tel IMC. Ça, c'est les critères. Dans les faits, moi, je connais des gens qui ont été opérés en n'ayant pas un IMC qui justifierait une opération, et surtout, entre obèses. Je vais le dire parce que c'était l'époque où j'ai considéré cette chirurgie. Je m'appelais encore obèse. Entre obèses, on sait tous, voire même les médecins nous le disent, il faut cocher la case de dire qu'on n'a pas de TCA. Ben oui. Et tout simplement, on a le droit à une chirurgie alors qu'on a une maladie qui est censée nous interdire l'accès à cette... Et pour se protéger, avant la chirurgie métabolique, on fait un entretien psy-TCA. Comme si les TCA que moi j'essaye de soigner depuis 5-6 ans que je suis sur le sujet... Mais un entretien avant une chirurgie, youpi, ça laisse tu soigner des TCA, allez-y, enlevez-moi l'estomac, tout va bien. C'est barbare, vraiment. C'est vraiment, vous avez mal aux yeux, on constate que vous pouvez renforcer votre mal des yeux en mettant le doigt dans l'œil, je vais vous couper le doigt. Comme ça, vous ne mettez plus le doigt dans l'œil, vous n'aurez plus mal aux yeux. Voilà, super. Je constate que vous êtes grosse, je considère qu'être gros, c'est parce qu'on mange trop. Bon, je vous coupe l'estomac, comme ça, vous aurez moins de manger. Mathématiques, 1 plus 1 égale 2. OK. Ça fait 70 ans que ça ne marche pas, mais on continue.

  • Speaker #1

    Pareil, ben oui.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai besoin des médecins aujourd'hui, pas à cause de mon obésité, mais pour tout le reste. Et c'est quand même très dur de devoir faire face à une communauté scientifique et à des médecins en sachant que c'est des gens qui croient à ça. Ils acceptent de mettre en place une chirurgie barbare sur la base de non-faits. Il n'y a pas de faits qui... C'est comme, par exemple, quand moi, j'ai commencé à être diabétique, on m'a dit, si vous perdez... 30 kilos. Alors, attendez, c'était 30 kilos à l'époque. On va dire, si c'était 10 de mon poids, je pouvais ne plus être diabétique. OK, super. Où sont les faits ? Il n'y en a pas. C'est une croyance populaire. Il y a des études qui ont montré que certaines... Alors, je suis nulle en détail. Je vous invite à aller sur tous les comptes qui vont référer les bonnes, vraies études. Mais en gros, il y a une étude qui dit que, je ne sais pas, genre 15 des gens qui ont participé à cette étude et qui ont perdu... 40 kilos en 6 mois, n'ont plus eu les marqueurs du diabète. Parce que déjà, une fois qu'on a été diabétique, on l'est à vie. Ça n'existe plus de plus être diabétique, c'est pas grave. Mais surtout, tous ces gens-là, ils sont redevenus diabétiques au bout de 3, 4, 5 ans. Donc en fait, l'idée, c'est je me coupe l'estomac à travers une anesthésie. Je ne pourrai plus jamais manger un repas de Noël, par exemple. Parce qu'il ne faut pas oublier qu'une fois que l'estomac est dans cet état... Il n'y a plus d'autorégulation. C'est-à-dire le jour où j'ai envie de faire un plus gros repas qu'un autre jour, parce que oui, la faim n'est pas constante. Parfois, on a plus envie de manger que d'autres fois. Ça n'existe plus. L'estomac n'est plus capable de le recevoir. Ce n'est plus possible. Donc, OK, on me coupe l'estomac. Je ne peux plus avoir trop de plaisir alimentaire, etc. Ou par toute petite dose. Il faut que je mange comme un petit oiseau, etc. Je ne suis plus diabétique pendant 3, 4, 5 ans. Mais après, hop, je redeviens diabétique. Et juste parce que j'ai gagné 3, 4, 5 ans en concert, c'est génial. Moi, je ne trouve pas que ça vaut le risque. Non, je ne suis pas d'accord.

  • Speaker #1

    Alors, justement, il y a plusieurs choses où tu disais on va revenir dessus. Mais entre autres, cette question de santé. Je sais que tu as à cœur aussi de parler de ce sujet de la santé d'une manière plus globale. Comment tu souhaiterais qu'on l'aborde ? D'où tu voudrais qu'on parle ?

  • Speaker #0

    C'est quelque chose qui est assez récent pour moi. Ça doit faire deux ans que je lis des choses là-dessus et que ça m'a... Pareil, dans le travail de déconstruction, d'un seul coup, j'ai pris conscience de me dire Mais oui, mais attendez, mais on est devenus dingos ou quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Parce qu'en fait, aujourd'hui, on a l'impression que c'est normal. On parle de la santé tout le temps. Être en bonne santé, les aliments santé, l'alimentation santé, le sport santé. Pareil, il y a des magazines tous les mois qui sortent pour... Comment gérer votre santé ? Comment être en bonne santé ? Oui,

  • Speaker #1

    et aussi la culture des régimes, c'est réapproprier ça, en fait. C'est plus pour être beau et tout ça. Non, c'est pour notre santé.

  • Speaker #0

    Pour être en bonne santé. Et les gens grossophobes qui se permettent de nous faire des remarques. Oui. Parce qu'il y a ça aussi, être gros. Tout le monde croit qu'il a la solution au fait d'être gros. Quand vous dites à quelqu'un que vous avez la sclérose en plaques, vous n'avez pas 40 personnes qui vous font un traitement. Quand on vous dit, oh mince, on m'a proposé la chirurgie de l'obésité, il y a 15 personnes qui vont vous dire, ah bah oui, bah machin, ils ont leur régime à eux. Tout le monde a une opinion sur les personnes grosses. Et ça, d'ailleurs, il faudrait qu'on arrête. On arrête de lutter, bref. Mais le fait de se dire à quel moment on a considéré que la santé, c'était une valeur au-dessus de tout et une valeur qu'on pouvait contrôler. Parce que moi, j'ai 47 ans. Je n'ai pas souvenir que quand j'avais 18, 20 ans, 30 ans, on était dans un tel délire sur santé, santé, santé. Alors évidemment, de fait, moi, la première, j'ai envie d'être en bonne santé. et j'ai envie de mourir le plus tard possible. On est d'accord. Et donc, on fait le raccourci de plus je suis en bonne santé, plus je me retarde, bon, c'est cool. Évidemment, je suis d'accord. Mais quand ça devient une obsession collective, sociétale, voire quasiment un truc qu'on doit aux autres.

  • Speaker #1

    Oui, mais oui.

  • Speaker #0

    Genre, on se doit de ne pas trop impacter le système de santé. On se doit de ne pas renforcer le trou de la sécu. Parce que, par exemple, dans les gens qui luttent contre la grossophobie, Il y a des gens qui disent, non, mais moi, je suis grosse, mais je suis en bonne santé. OK, cocotte, mais moi, je vote pour que tout le monde qui est gros, on lui foute la paix. On est en mauvaise santé, en fait. Il n'y a pas de... T'inquiète, non, mais attends, je suis grosse, mais moi, je n'ai pas de cholestérol. Non, non, mais je suis grosse, mais moi... Et attention, je ne juge personne, je l'ai fait. Moi, jusqu'à il y a 5 ans, enfin, non, 10 ans maintenant, et qu'on me diagnostique toutes les autres maladies qui sont des vraies maladies pour moi, j'étais pareil. J'étais en mode, non, non, mais OK, je suis grosse, les gars, mais moi, je n'ai aucun problème de santé. Je n'ai pas de cholestérol, je n'ai pas de tension, je n'ai pas de douleur. foutez-moi la paix, c'est juste grosse. Et donc c'est une réponse normale au fait qu'on voit le côté tu vas mourir. Non, je ne vais pas mourir, je vais bien. Mais sauf qu'après, il faut aller plus loin, il faut dire et si je suis grosse et en mauvaise santé ? On me laisse sur la bande d'arrêt d'urgence ?

  • Speaker #1

    Oui, je reste avec cette notion de santé qui serait érigée comme le graal de la valeur la plus importante sans nous interroger nous en tant qu'individus, chacun d'entre nous sur un... Ok, pour moi, c'est une valeur importante. Mais en même temps, nous sommes tellement noyés dans un discours sociétal d'importance. Et puis, tu sais, je reviens à ce que tu disais de cette responsabilité que nous aurions vis-à-vis de la société d'être en bonne santé pour ne pas coûter trop cher, pour ne pas poser...

  • Speaker #0

    Mais oui, mais bien sûr....abuser du système, qu'on pèse sur le système, qu'à cause de nous, on coûte de l'argent au système. Enfin, vraiment. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Ce qui n'est pas le cas dans d'autres... Tu parlais du tabac. C'est peut-être de plus en plus mal vu de fumer, mais je ne suis pas sûre que ce soit au point de la grossesse.

  • Speaker #0

    Il y a ce côté, on arrive à croire que la personne qui fume, elle ne le fait pas exprès. Mais on est incapable de se dire que non, je ne suis pas grosse juste parce que je mange trop. Je ne manque pas de volonté. Et puis, je suis désolée, mais être gros dans une société grossophobe, Moi, j'ai plus de force et de mental que toi. Désolée. Le grosophobe qui te dit, t'as pas de volonté, t'es grosse, viens vivre dans mon corps, dans cette société et je vais t'expliquer ce que c'est la volonté.

  • Speaker #1

    Mais oui.

  • Speaker #0

    Et le dernier, être grosse, c'est être extrêmement fort et courageux et faire face à tous ces grossophobes et à tous ces gens qui croient nous expliquer la vie. Moi, j'ai fait des épisodes où je vais acheter des baguettes et je me prends une remarque en disant, quatre baguettes pour quelqu'un de ton gabarit, c'est un peu beaucoup. Voilà. dans la vie publique, comme ça, je ne demande rien à personne. J'achète des baguettes et on me fait une remarque. Je vais acheter des framboises et il y a une dame qui vient m'expliquer que les framboises, c'est très sucré et que je ferais mieux pour prendre des fruits moins sucrés. Mais si ! Vraiment ! C'est-à-dire qu'être gros, on est un panneau sur place. La société a tellement acquis le côté être gros, c'est être en mauvaise santé. La seule valeur acceptable, c'est d'être en bonne santé et de tout faire pour être en bonne santé. Parce qu'une personne grosse qui essaye de maigrir, ça passe. Une personne grosse qui fait du sport, ça passe. Mais une personne grosse qui veut juste exister comme elle est et ne pas croire qu'elle est en mauvaise santé, eh bien ça, ce n'est pas possible. T'assumer en tant que personne grosse, c'est non. Et le fait de croire qu'être grosse, c'est manger trop, et que du coup, chaque être humain qui est mince a une meilleure solution et peut te la soumettre. Que tu sois en train de faire tes courses, que tu sois à la boulangerie, que tu sois au resto, que tu sois n'importe qui se sent OK. De te dire, non mais regarde, choisis la salade au lieu de la pizza, tu verras, c'est mieux pour toi. Non mais, écoute, t'as déjà pris une part de lasagne, n'en prends pas deux, tu verras, c'est mieux. Toutes ces remarques, c'est insupportable. On considère que c'est grossier de faire des remarques à des parents sur leurs enfants mal élevés. On considère que c'est grossier de parler de religion au repas de famille. On considère que c'est grossier de parler de politique au boulot. Mais on ne considère pas que c'est grossier de commenter le corps et ce que mange quelqu'un. Mais c'est profondément mal poli et grossier. Et si, et on en revient, si, je remets bien l'hypothèse, on croit que c'est une maladie, à quel moment c'est OK de parler de la maladie de quelqu'un toutes les deux secondes ? Quand bien même tu crois qu'être gros, c'est ma maladie ? Si j'ai la sclérose en plaques, à quel moment tu crois que me rappeler... toutes les secondes de toute la journée que je suis malade de la sclérose en plaques, ça va m'aider à gérer ma sclérose en plaques. Oui,

  • Speaker #1

    et puis ce ne serait pas fait de toute façon. La question ne se pose même pas en fait.

  • Speaker #0

    Alors même que, je ne sais pas, il y a pas mal de gens qui ont une sclérose en plaques et qui peuvent, enfin, je veux dire, ça peut se voir. Parce que les maladies invisibles, évidemment, on fout la paix aux gens. Mais voilà. Vraiment, je pense que c'est important chacun de se dire, est-ce que je suis d'accord pour être sur des valeurs de... les seules personnes qui ont de la valeur, c'est les personnes productives, qui contribuent à la société en étant au top de leur forme. Et donc, ça veut dire que toutes les personnes malades et handicapées, non, quand même, ça ne sert pas à grand-chose. Est-ce que je suis d'accord d'être prête à faire n'importe quoi, y compris me couper un organe sain ? pour soi-disant être en bonne santé, alors que rien n'indique que même en ayant fait... Vous imaginez les gens qui traversent la chirurgie de l'obésité et qui, derrière, se tapent en diabète ? Ils ont tout fait pour ne pas l'avoir, mais rien ne leur garantit qu'ils ne l'auront pas. Je veux dire, quelqu'un qui, dans sa trentaine, décide courageusement de traverser tout ce truc, de faire la chirurgie, lachanana, et qui, dix ans après, se retrouve diabétique ? Mais comment ? Quel médecin peut après lui dire oui, non, mais en fait, c'est parce que ce n'était pas à cause du poids.

  • Speaker #1

    Eh bien, ouais. Je vois que le temps tourne. Là, il y aura encore tellement de sujets que j'aurais envie qu'on aborde. Mais bon, peut-être on refera des épisodes et puis tu les abordes de toute façon sur ton propre podcast. Donc, j'invite vraiment les personnes qui nous écoutent à aller l'écouter. Oui, je suis avec deux choses là. Une question que je me posais, je ne sais pas si tu l'as évoquée au début, je ne crois pas, c'est qu'est-ce qui t'a mené, toi, à commencer à te poser des questions ? Et ça pourrait être aussi, comment nous pourrions encourager les personnes qui nous écoutent, et en particulier les personnes grosses, à avancer, tu vois, dans cette déconstruction, à se poser ces questions-là, à aller dans ce processus-là ? Je ne sais pas si tu t'en souviens, d'ailleurs, il y a quelques années.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas comment... Bon, déjà, j'ai commencé les réseaux sociaux et j'ai découvert plein de militantes plutôt anglophones, des personnes justement qui disaient on peut être gros et s'accepter. Et au début, vraiment, j'étais là, je regardais chaque corps en me disant, ah ouais, non, mais elle est grosse. C'était vraiment... Et puis petit à petit, oui, ça m'a habituée à me dire, bon, OK, j'ai fait un travail. Donc, quand j'ai été diagnostiquée du diabète, comme tout le monde, t'es grosse, t'es diabétique, faut arrêter le sucre. Donc, je n'ai plus mangé de sucre du jour au lendemain. Je me suis rendue malade. J'ai fait une crise de vésicule. J'ai fini aux urgences. Enfin, n'importe quoi. Et du coup, là, je me suis dit, OK, ça ne marche pas. On va tenter une nutritionniste. J'ai rencontré une nutritionniste formidable. Heureusement. Dieu, merci. Je suis tombée sur une nutritionniste qui, à l'époque, était affiliée aux grosses et donc qui n'était pas dans une démarche automatiquement de régime. Et donc, on a commencé à travailler ensemble. Et alors, on n'était pas directement sur l'alimentation intuitive. On était plutôt... Moi, j'étais vraiment en mode, aidez-moi à maigrir. Mais du coup, elle, elle était bon, doucement, on va y aller par des petits bouts. Et puis, sauf que j'ai fait un très gros travail. Et j'ai vu, j'ai transformé mon alimentation. J'ai changé mon rapport alimentaire. Et je n'ai pas perdu de poids. Et là, il y a eu un moment où je me suis dit, bon, ça ne marche pas. J'ai fait la thérapie, je fais la nutrition. Je vois que je change. Je vois que je me sens... tellement mieux dans ma vie alimentaire. Je vois que tout ça s'améliore et mon poids ne bouge pas. Donc, comment on fait ? Et là, il y a eu un moment où j'ai justement fait le choix qu'on discutait de se dire, moi, j'ai commencé à être grosse vers 20 ans. On m'a traité de grosse avant, mais techniquement, j'étais grosse, on va dire, vers 20 ans. Donc, quand j'ai eu ces réalisations, j'en avais 40. Je me suis dit, OK, ça fait 20 ans que tu fais régime, que tu détestes. Ça fait 3 ans que tu apprends à t'aimer, à manger. ton poids il est toujours pareil qu'est-ce qu'on fait ? Et là je me suis dit c'est hors de question, je passe pas 30 ans avec ce même truc, je veux plus être obsédée de qu'est-ce que j'ai mangé la veille, qu'est-ce que j'ai mangé demain je devrais pas manger ci je veux plus ce brouillard mental, j'ai pas le temps pour ça j'ai plus l'énergie de ça, et c'est ça qui a été le driver pour travailler avec Grappolitik pour lire le bouquin gros n'est pas un gros mot pour m'abonner à des tas de comptes sur Instagram, pour lire des contenus, pour comprendre ce que c'était la grossophobie, la grossophobie internalisée, celle de la société. J'ai eu la chance de tomber sur des soignants pas grossophobes, etc. Et c'est comme ça que petit à petit, le chemin est venu. Et je pense que c'est ce qui est important, c'est de se dire, OK, en vrai, on n'a qu'une vie. En vrai, on ne la contrôle pas. En vrai, ce n'est pas parce que je vais manger des pommes tous les jours que je mourrai à 95 ans. Il n'y a pas de guide. Il n'y a pas de bullet point, de liste, ou si je fais du skate, la liste, tout ira bien. Ça n'existe pas. Parce que vraiment, moi, quand on m'a été diagnostiquée du diabète, j'avais déjà arrêté de fumer depuis 5 ans. J'avais une espèce d'addiction au coca. C'est une autre histoire que j'avais arrêtée. Donc moi, j'étais déjà en train de me sentir mieux. Et le diabète est tombé. Après le diabète, je fais ce travail de nutrition. Et toujours, le poids n'a pas bougé. Et du coup, ça ne matchait plus dans ma tête. Et je me suis dit, il faut trouver une autre voie. Trouver autre chose. Et surtout, je pense que ce qui m'appelait le plus, c'était la paix. Je veux dire, je ne peux plus être en guerre, en fait. Je ne veux plus ça. Je suis épuisée d'être en guerre contre mon corps, contre ce que je mange. Et du coup, ça a été plein de petites touches. J'ai découvert aussi la pleine conscience. Donc, prendre des douches en pleine conscience, prendre conscience de mon corps. Parce que quand on est obèse... qu'on se déteste, etc. Le corps, on ne le voit pas, on ne lui parle pas, on l'ignore, on ne peut pas en entendre parler. Et là, de reconnecter avec ça... Puis je vous dis, alimentairement, moi, j'avais une alimentation extrêmement restrictive. En fait, ma grosseur, bizarrement, justement, j'ai plus un TCA restrictif. Moi, j'étais sûre que j'étais une hyperphagique de l'espace, etc. Et pas du tout, je ne fais absolument pas... Ce n'est pas ça, mon alimentation. Par contre, c'est énormément de restrictions et des craquages, etc. Puis bon, surtout, depuis, j'ai été diagnostiquée d'autres maladies qui expliquent le SOPK, il fait prendre du poids et il crée du diabète. Et le haut, ce n'est pas mon poids qui a créé ça. Et du coup, c'était retrouver le plaisir. Enfin, je veux dire, j'ai appris à sélectionner et préparer une salade à 42 ans. Et j'ai trouvé ça trop cool. J'ai appris à manger de l'avocat, du kiwi, des brocolis. Et le fait de voir tous ces trucs arriver dans mon assiette, pas pour des raisons de régime, de restriction, de faire attention, d'être une good girl, etc., mais juste pour... Wow, purée, mais c'est bon, ce truc, en fait. Et j'avais trop envie que ça continue. Et plus on trouve ça, plus on se dit, non, mais c'est quand même... La vie est beaucoup plus... Et après, j'ai rencontré l'alimentation intuitive. Et là, pour le coup, ça a été le boom de dire, moi, c'est ça que je veux, quoi. Et le premier principe de l'alimentation intuitive... c'est de déconstruire la mentalité des régimes, la culture des régimes, etc. Donc là, ça a renforcé de dire, c'est stop. Je ne me crois plus, je n'en veux plus, je ne veux pas de ça dans ma vie. Mais ce n'est pas facile. Je ne veux pas avoir du rêve. Tout ça, ça s'est fait avec des années, avec des mois. Je suis en thérapie depuis 7 ans. Je suis en nutrition depuis 7 ans. J'ai encore des relents de TCA parfois. Mais ça n'empêche que ça existe. Et je sais qu'aujourd'hui, je suis plus malade, j'ai plus de maladies. pas à l'obésité qu'avant, mais je suis 15 fois mieux dans mes baskets. Et dans ma tête, c'est plus les montagnes de pensées, je suis trop nue, je devrais pas manger ça, je devrais pas boire ça, je devrais être comme si, purée, je vais faire ça. Les séances de sport qu'on fait à coup de culture des régimes, elles sont horribles. Et aujourd'hui, j'ai découvert le sport à coup de, j'ai trop envie de me dépenser, j'ai envie de faire bouger ce corps que je ne déteste plus. Et c'est le même sport. Mais ça n'a rien à voir. Les bénéfices ne sont pas du tout les mêmes.

  • Speaker #1

    Ça ne part plus du tout du même endroit, en fait. Et tu le disais aussi pour l'alimentation. Ça part de l'envie d'être bien, de se sentir bien. Ça part de la... On va dire ça... Je n'aime pas trop ces termes parce qu'ils sont tellement, je trouve, galvaudés. Mais ça parle de l'amour de soi, en fait. Ça parle de la paix.

  • Speaker #0

    Je n'aurais jamais dit il y a plusieurs années. Et tu vois, maintenant que j'y suis, je me dis, bah si, en fait. Après, à t'aimer. Alors, moi, je ne dis pas que je m'aime et tout, mais j'emploie les termes de respect. J'ai appris à me respecter et à prendre soin de moi. Je me suis dit, OK, ce corps-là, il va t'accompagner jusqu'au bout. En plus, il est en train de devenir de plus en plus malade. Ces dernières années, je suis aussi entrée dans le handicap. Donc, je ne peux plus faire ce que je veux. Je ne peux plus utiliser mon corps comme je veux. C'est des choses qui sont très dures à vivre et qui sont aggravées partout à cause de la grossophobie, justement. Et du coup, tout est difficile. Je ne peux plus être en guerre. Il faut qu'on soit une team. Il faut qu'on soit... C'est un partenariat que je veux construire. Et j'ai construit ce partenariat. Et je voudrais préciser que j'ai arrêté de me peser il y a huit ans. Il y a des médecins qui m'ont pesé parfois, mais je leur ai dit de ne pas me donner les chiffres. Quand je pouvais, j'ai demandé à ne pas être pesée du tout, etc. Et j'ai commencé un traitement il y a un an, en septembre. Il fallait prendre mon poids, etc. Et on a constaté qu'en huit ans, mon poids était identique. J'avais un kilo de différence.

  • Speaker #1

    Donc, il est stable.

  • Speaker #0

    Ça ne veut pas dire que je n'ai pas pris 2-3 kilos par an et que j'ai perdu. J'en sais rien parce que je ne me suis pas pesée toutes les deux secondes. Mais ce que je sais, c'est que sur les huit ans, j'avais un kilo de différence à la fin. Donc, par rapport à ma vie d'avant, où j'étais pesée, je vérifiais combien je fais, j'ai perdu un kilo, merde, j'en ai repris deux. Et si j'en prenais trois, et nanani, et nanana. Et où ça n'allait jamais. Et au final, je n'ai fait que prendre du poids. Là, pour la première fois, alors que je me suis mise à manger plus varié, mais aussi de plus grande quantité. Au repas, je veux dire, au lieu de manger pendant des crises, à me faire plaisir, à ajouter des aliments plutôt qu'en enlever, mon poids n'a pas bougé. Et en termes de santé, si vraiment on veut parler de santé, c'est beaucoup moins dangereux d'avoir un poids qui se maintient sans efforts titanesques, en espèce de set point, là, le fameux set point, plutôt que de faire le yo-yo. Et moi, là, je suis arrivée à un stade où, pendant les 20 premières années, j'ai fait tellement de yo-yo qu'aujourd'hui, J'ai l'alimentation la plus équilibrée, si on veut parler des termes régime, de ma vie. Et pour autant, je ne perds pas un gramme. Parce que c'est terminé. J'ai cramé la capacité de mon corps à moduler le poids. Ce n'est plus possible. Et ce n'est pas grave. Ma target, c'est de ne plus prendre. Mais sans effort insurmontable. Juste de ne pas me peser, de faire confiance à mon corps, de faire confiance au fait que nous, on est des femmes. Quand on a nos règles, on a plus faim. Il y a des moments où on a moins faim. C'est OK, c'est comme ça. La vie, elle est changement. On n'a pas tout le temps la même faim. On n'a pas tout le temps envie de manger les mêmes trucs. On n'a pas tout le temps le même corps. Non, ce n'est pas une fierté d'avoir à 40 ans son corps de 20 ans. Non. Moi, quand j'ai 40 ans, je veux que mon corps voit les 40 ans qu'il a passés. Et à 50 ans, je ne suis plus dans le contrôle. La vie, elle est changement et j'accueille ce changement. Et à des jours, c'est plus facile que d'autres, etc.

  • Speaker #1

    Bien sûr, oui. J'aime bien quand tu parles de ce partenariat, en fait.

  • Speaker #0

    C'est ça qui a tout changé. Ben oui,

  • Speaker #1

    c'est ça.

  • Speaker #0

    Parce que s'aimer, c'est trop dur. Oui,

  • Speaker #1

    peut-être que c'est plus adapté de parler d'auto.

  • Speaker #0

    bienveillance d'auto compassion de partenariat par le partenariat en me disant le deal que tu fais avec toi Cocotte c'est à partir de maintenant je ne me brutalise plus je ne me fais plus de mal volontairement c'est un engagement j'entends à partir d'aujourd'hui on va découvrir la douceur, la bienveillance la compassion, on fait un deal Toi et moi, on est partenaires. J'ai des problèmes de santé très importants qui vont augmenter mon handicap, etc. Et ça n'empêche que là, je suis restée dans l'idée, toi et moi, on va y arriver. Quand je dis toi, c'est mon corps. Toi et moi, on va traverser ça, on va trouver nos solutions, on va adapter ce qui est adapté, mais on bosse là-dessus ensemble. Et ça, je me souviens des exercices de dire, par exemple, se regarder tous les matins dans la glace et se dire, je m'aime, je m'aime. Moi, je n'ai jamais pu faire ces choses-là.

  • Speaker #1

    C'est trop fort pour moi.

  • Speaker #0

    Non,

  • Speaker #1

    c'est violent presque.

  • Speaker #0

    Je suis l'adulte qui est responsable de prendre soin de son partenaire. Je prends soin de toi. Je te donne à manger. Je te donne du sommeil. Je te donne du temps. Je te donne du repos quand tu en as besoin. Je te donne des aliments kiffants quand tu as envie de kiffer. Je te donne du sport quand tu as envie de te dépenser et d'aller capter des tonnes d'hormones du kiff. Je suis là pour toi et je m'occupe de toi.

  • Speaker #1

    Ah, j'en ai des frissons !

  • Speaker #0

    Toi aussi !

  • Speaker #1

    Je te remercie beaucoup, beaucoup, Lisa, pour cet épisode qui est extrêmement riche, dense. Je vous encourage vraiment à même le réécouter plusieurs fois, parce qu'il y a aussi beaucoup de notions que tu as abordées et de prises de conscience, je pense, que vous aurez, je pense et je l'espère, en fait, en écoutant. Donc, c'est hyper précieux. Pour moi, ça va devenir... je pense, un des épisodes vraiment pépites du podcast. Et j'ai hâte qu'il sorte. Il va sortir pas tout de suite, tout de suite au moment où nous l'enregistrons, mais quand vous nous écouterez, il sera sorti forcément. Donc voilà, n'hésitez pas à l'écouter, le réécouter, à le conseiller aux personnes autour de vous qui ont envie, besoin de faire ce travail de déconstruction, parce que, voilà, encore une fois, il contient beaucoup de pépites. Lisa, où est-ce qu'on peut te contacter plus facilement ? Sur Instagram ?

  • Speaker #0

    Sur Instagram, sur la page du podcast. Je suis mes DM assez régulièrement. Avec plaisir. Je suis toujours très contente d'avoir des commentaires. Et je sais que c'est un chemin qui est long. Et avec plaisir,

  • Speaker #1

    oui. Et qui prend du temps. Restons aussi là-dessus.

  • Speaker #0

    Vraiment, j'insiste sur le côté, je ne crois pas à une guérison finale. aujourd'hui il y a des moments mes TCA elles reviennent, elles repartent il y a des jours où je recommence à détester mon corps et dans ce cas là je sais de me dire oula attends on est en train de revenir c'est la vie qui est un long fleuve tranquille ça n'existe pas mais c'est beaucoup plus apaisé, plus cool que quand on est en guerre et quand on est dans la culture des régimes tout à fait merci beaucoup Lisa merci c'était super

  • Speaker #1

    Nous sommes à la fin de cet épisode. Je vous encourage encore une fois à le partager autour de vous. N'hésitez pas à vous abonner au podcast si ce n'est pas encore fait. Mais qu'attendez-vous ? Voilà, enfin, enfin. Et à nous laisser des avis si la plateforme que vous utilisez le permet. Je pense particulièrement à Apple Podcasts ou Spotify. Et puis, je vous donne rendez-vous très bientôt pour un prochain épisode.

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Bienvenue à toutes et tous sur mon podcast « La pleine conscience du pouvoir » ! Je m’appelle Anne Pioz, je suis psychopraticienne spécialisée dans les troubles alimentaires. Avec ce podcast sur la relation avec l’alimentation, je vous accompagne à retrouver une relation sereine avec la nourriture et avec votre corps.


Dans cet épisode 118 du podcast, je suis très heureuse de recevoir Lisa, créatrice du podcast “Mon gros podcast” et du compte Instagram du même nom.

Nous échangeons ensemble sur le sujet de de l'obésité et de ses paradoxes. Et pour commencer, de ce terme même d’obésité, et du problème qu’il représente. L’obésité serait une maladie ? L’obésité serait une épidémie ? Quels traitements pour l’obésité ?

C'était passionnant d'entendre le point de vue de Lisa, personne concernée et militante sur ce sujet.


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  • Speaker #0

    Je suis Anne Piausse, psychothérapeute, et je vous accompagne à retrouver une relation sereine et intuitive avec votre alimentation. La pleine conscience du pouvoir est un podcast qui vous accompagne à reprendre le pouvoir dans votre relation avec la nourriture, à sortir des injonctions de la culture des régimes et à ne plus vous sentir seul avec tout ça. Dans ce podcast, je partage des outils, des réflexions. Je vous parle aussi de pleine conscience et d'introduire dans votre quotidien plus d'observations de votre propre fonctionnement. Je vous propose également des témoignages de femmes et d'hommes qui vivent ou ont vécu un trouble du comportement alimentaire ou une relation compliquée avec leur alimentation. Leurs témoignages vous permettront, je l'espère, de réaliser que nous sommes nombreux à nous retrouver pris au piège de cette relation toxique. Je vous laisse avec l'épisode du jour. Bienvenue dans l'épisode 118 du podcast La pleine conscience du pouvoir Aujourd'hui, nous allons parler avec mon invité de l'obésité et de ses paradoxes. Et pour commencer, de ce terme même d'obésité et du problème qu'il représente. L'obésité serait une maladie ? L'obésité serait une épidémie ? Quel traitement pour l'obésité ? Je suis très heureuse de recevoir aujourd'hui Lisa, créatrice du podcast Mon gros podcast et du compte Instagram du même nom, dont bien sûr nous vous mettrons les liens dans la description de cet épisode. Bonjour Lisa et bienvenue sur la Pleine Conscience du Pouvoir.

  • Speaker #1

    Bonjour, merci beaucoup de m'accueillir, ça me fait très plaisir d'être là.

  • Speaker #0

    Alors le plaisir est partagé, on va dire, par nous deux. Alors avant que nous entrions dans le vif du sujet, est-ce que tu veux bien te présenter et présenter ton podcast pour les personnes qui ne le connaîtraient pas encore ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, donc je m'appelle Lisa, j'ai 47 ans, j'ai créé mon gros podcast il y a un peu plus d'un an, un an et demi peut-être. Parce que j'étais dans un chemin de déconstruction justement de la grossophobie, ma grossophobie, la grossophobie de la société. J'avais envie d'en parler. J'avais surtout envie d'en parler en tant que personne concernée. Je trouve qu'il y a de plus en plus de contenu grâce aux réseaux sociaux. Mais je trouve que très souvent, c'est des choses qui sont incarnées par des personnes qui ne sont pas forcément grosses et qui ne sont pas forcément aussi à mon âge. Et moi, on m'a beaucoup menacée comme... comme on le fait avec pas mal de personnes grosses, de mourir très jeune. Et du coup, je trouvais ça important de signaler, de pouvoir parler, de s'exprimer en disant que oui, on peut dépasser 40 ans, qu'on peut avoir une vie assez agréable, même en étant grosse et même en vieillissant. Et puis, j'ai pas mal de maladies chroniques qui ne sont pas liées à mon poids. Certaines pourraient expliquer mon poids, mais c'est plutôt dans ce sens-là que l'autre. Et du coup, j'avais aussi envie de parler de ça, parce que je trouve qu'il y a des choses dont on parle très peu, notamment le fait d'être diabétique en étant grosse. Le diabète, c'est une maladie extrêmement stigmatisée par rapport aux personnes grosses. Et donc, vraiment, vivre en tant que personne grosse et diabétique, c'est un sujet. Le SOPK aussi, qui est, pareil, une maladie qui est très importante et qui cause beaucoup d'infertilité, mais dont on parle peu. Donc voilà, j'avais envie de parler de tout ça. J'avais envie d'en parler à ma façon. C'est-à-dire un peu, voilà, c'est un podcast très amateur, naturel. Je fais très peu de montage. Je me lance sur des sujets et on en parle. Et voilà. Et en général, j'anime le compte Instagram. En conséquence, c'est-à-dire que quand je sors un épisode, je mets la jaquette de l'épisode sur Instagram pour que les gens puissent commenter, interagir, etc. Et puis sur mon compte, je publie pas mal de contenu justement sur ces thématiques. grossophobie, visibilité aussi des corps gros. J'aime bien poster des choses pour qu'on s'habitue à avoir des corps gros dans l'imaginaire collectif, parce qu'on est là, on existe, on fait des choses et c'est important pour moi. Et puis voilà, je suis quelqu'un de grosse avec des maladies, c'est le début, mais je fais aussi d'autres choses. Je suis très militante dans l'âme, donc je fais aussi très attention à la politique et aux ramifications politiques de tous ces sujets-là. J'aime bien rigoler, j'aime bien faire des activités un peu manuelles. Et puis, je fais du sport sur chaise. Et c'est pareil, c'est quelque chose dont j'aime bien parler parce qu'on peut faire du sport de façon adaptée à son corps. Voilà, voilà un petit peu comment je me présenterais.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Oui, moi, ce que... Alors, je n'ai pas écouté tous les épisodes de ton podcast encore, mais ce que j'aime particulièrement, c'est justement ta spontanéité. En fait, la façon dont tu vas parler. Ça part vraiment des tripes, en fait. Ça part de toi, de ce que tu vis. On est dedans, en fait. Moi, en tant que personne non concernée par la grosseur, même si j'ai pu le croire, enfin bref, c'est un autre sujet, le sujet d'un autre épisode, peut-être. J'ai l'impression vraiment que tu nous embarques avec toi, en fait, dans ce que tu vis, dans la façon dont tu vis les choses, dans la façon dont tu penses les choses. Et justement, j'avais à cœur que tu puisses nous partager pour les auditeurs, les auditrices du podcast La Pleine Conscience du Pouvoir, comment tu vis les choses de l'intérieur et ton point de vue éclairé et personnel, en fait, qui est le tien, et tu le dis bien dans le podcast, c'est la façon dont moi je vis les choses et c'est la façon dont moi je pense les choses, mais j'imagine que tu n'es pas la seule, en fait, et en tant que personne concernée, pour vraiment nous emmener au cœur du sujet. Donc, allons-y au cœur du sujet, je suis hyper motivée pour... Et je sais que je suis avec la bonne personne pour nous en parler. Et puis voilà, le côté militant aussi. Je trouve que c'est extrêmement important. Et le côté militant de la personne concernée, tu vois.

  • Speaker #1

    C'est très gentil de le dire, mais il y a beaucoup de gens qui me disent ça, de dire même des personnes grosses qui auraient des opinions identiques. Le fait de les entendre et de les voir formuler comme ça, ça éveille des choses, au moins du questionnement. En fait, moi, je ne veux pas que tout le monde soit d'accord avec moi, mais je voudrais qu'on se questionne. Donc, on est d'accord. On ne peut pas tout cru ce qu'on nous dit. Et sur le militantisme, c'est pareil. Il y a pas mal de personnes qui ont dit Waouh ! J'avais jamais pensé à ça, mais ouais, en fait, il y a vraiment des ramifications politiques importantes sur les choix de santé publique, etc.

  • Speaker #0

    Complètement, complètement. Bon, eh bien, lançons-nous. C'est parti. Dis-moi. Et puis, je vais aussi me placer, voilà, comme si je n'avais pas écouté tes épisodes, comme peut-être la plupart des personnes qui nous écoutent. Donc, replaçons ce terme obésité. C'est quoi le problème ? Parce qu'on l'entend à toutes les sauces, brandi comme un épouvantail par rapport à notre santé. Donc, c'est quoi le problème, en fait ? Ou les problèmes ?

  • Speaker #1

    Déjà, la première chose, c'est que moi, je me suis auto-appelée obèse pendant des années. Vraiment, comme beaucoup de gens aujourd'hui. Quand je disais que j'étais obèse, je me décrivais comme obèse, etc. Et sauf que j'ai fait le travail de me dire non, en fait, je rejette ce terme pour plusieurs raisons qu'on va développer. Mais du coup, j'ai changé et aujourd'hui, je me définis comme une personne grosse. Je parle de grosseur, mais pas d'obésité. Et la première raison, c'est que l'obésité, c'est un terme médical. C'est la terminologie de la grille de l'IMC. À tel ou tel IMC, on arrive au stade d'obèse. Je sais qu'aujourd'hui, les termes ont un peu changé, mais moi, je suis même en ce qu'on appelle l'obésité morbide. Aujourd'hui, on ne dit plus comme ça, mais quand même, je veux dire aux gens que j'ai passé une vingtaine d'années où on me disait que j'étais en obésité morbide. Et je trouve que déjà, première chose, le terme est juste moche. Il est agressif, il est médical, en fait. Et je trouve que ce n'est pas OK quand je me présente ou quand je parle de moi. dans une sphère privée ou même publique ou whatever, mais quand je ne suis pas avec des médecins, je ne vois pas pourquoi je ferais référence à moi avec un terme médical qui sort d'une grille, ce fameux IMC que lui aussi je rejette. Et puis surtout, de manière générale, il y a le côté, moi, je ne considère pas qu'être grosse, c'est être malade. Je ne pense pas que le fait d'avoir de la graisse autour du corps est une maladie. Par exemple, avoir énormément d'amas graisseux sur les jambes, c'est une maladie. Ça s'appelle le lipodème. Ça ne s'appelle pas l'obésité. Ça a un nom, cette maladie. Donc, le seul cas où on peut considérer qu'avoir un ama graisseux à un endroit est une maladie, il y en a une, c'est celle autour des jambes, et ça s'appelle le lipodème. Mais avoir de la graisse sur le corps, avoir un gros ventre, des gros bras ou des grosses cuisses, à quel moment c'est OK de juste dire que ça, c'est une maladie, en fait ? et du coup je ne veux pas de ce terme parce que je me en l'occurrence comme je l'ai dit dans l'introduction j'ai des maladies chroniques donc j'ai d'autres raisons de dire que je suis malade mais mon poids et la caractéristique de mon corps la forme de mon corps la façon dont mon corps est je ne considère pas que ça puisse être résumé à une maladie

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as une idée de l'historique ? Tu vois à quel moment la médecine a considéré que c'était une maladie pourquoi ? Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Le terme obésité, il a commencé avec la grille vraiment de l'IMT, sur poids, machin, obésité, etc. Et la maladie, c'est tout simplement l'OMS. Je suis extrêmement nulle en date, c'est-à-dire que j'ai l'impression que c'était il y a 5 ans quand en vrai c'était il y a 15 ans. Mais il y a un moment, je ne saurais pas vous dire comment, il y a une vingtaine d'années, où l'OMS a déclaré la grande cause de la maladie obésité. Et c'est à partir de là où on a eu cette histoire que l'obésité est une épidémie, il y a de plus en plus d'obèses dans le monde, etc. Et ils ont fait le choix de parler d'obésité et pas de grosseur ou de personnes grosses, etc. Mais c'est vraiment à ce moment-là. Et tout simplement, techniquement parlant, en France, il y a aussi le fait que c'est la Haute Autorité de Santé qui a déclaré que l'obésité était une maladie. Donc, c'est des choix... politiques et médicaux à l'échelle mondiale et à l'échelle de notre pays. Mais pour autant, je ne suis pas d'accord. Et c'est quelque chose qui fait débat, même dans la communauté scientifique, par exemple. Parce que moi, je suis assez proche de l'association de professionnels qui s'appelle le GROSSE. Donc, ça veut dire Groupement de Réflexion sur l'Obésité et le Chinois. Donc là, c'est des professionnels de santé. Il y a des nutritionnistes, il y a des psys, notamment Jean-Philippe Zarnat. Et c'est eux, par exemple, qui sont pour le fait de reconnaître l'obésité comme une maladie, en espérant que ça puisse ouvrir la porte au fait d'avoir une ALD. Une ALD, c'est...

  • Speaker #0

    Oui, mais du coup, ça donne droit à des remboursements. Exactement.

  • Speaker #1

    Attention, chaque ALD, pareil, les autorités de santé décident ce qu'on met avec. Et aujourd'hui, une ALD obésité ne donne droit à rien. La Haute Autorité de Santé a décidé que... le traitement d'obésité était effectivement une cause nationale. Et que le traitement de l'obésité se faisait de façon tripartite. Il y a médicaments, thérapie et nutrition. Non, quatre. Il y a le sport aussi. Et du coup, on pourrait se dire, ok, super, très bonne idée, on est tous d'accord, il faut s'adresser à tout ça. Sauf que la seule chose qui est remboursée à ce jour, c'est médicaments et chirurgie. Par exemple, le fait d'aller chez une psy, ça n'est pas pris en charge, même pour une personne grosse. Le fait d'aller chez une nutritionniste toutes les semaines ou tous les mois, ça n'est pas pris en charge. Aujourd'hui, on s'améliore sur l'activité physique puisqu'il y a de plus en plus d'APA, donc activité physique adaptée. Que l'APA, quand elle est prescrite par un médecin généraliste et que vous avez un centre APA autour de chez vous, ça peut avoir une certaine gratuité. Ce n'est pas toujours le cas. Mais voilà, ce que je veux dire, c'est que même l'autorité de santé française dit que l'obésité est une maladie et qu'il faut la dresser multifactorielle par différents biais, etc. Mais la seule chose qu'on rembourse, c'est... La chirurgie, les médicaments. Et quand je dis les médicaments, ce n'est pas tout à fait juste, parce que je crois qu'à ce jour, Ouigovy et Saxanda ne sont pas pris en charge. Je pense qu'on rembourse les médicaments, si on considère, vous savez, il y a des gens qui considèrent que les kilos, c'est émotionnel. Donc je dis n'importe quoi, si on vous fousse vos antidépresseurs parce que vous êtes trop gros, vos antidépresseurs sont remboursés. Mais les traitements eux-mêmes de l'obésité, je ne crois pas qu'ils soient encore sujets à remboursement, ce qui d'ailleurs est une question. Si c'est une maladie et que ces traitements sont efficaces pour cette maladie, pourquoi vous ne les remboursez pas ? Si je suis cardiaque et que je prends un traitement cardiaque, vous me le remboursez. Enfin, dans notre système, le système de redistribution à la française, on cotise toute sa vie et la Sécurité sociale prend en charge nos traitements. Et moi, vraiment, ce qui m'énerve, c'est que je suis convaincue, quoi qu'on considère du fait d'être gros, que ce soit parce qu'on mange trop, parce qu'on a des problèmes psychologiques, que ce soit qu'on mange trop, parce qu'on ne connaît pas l'alimentation ou que ce soit pour d'autres raisons, etc. Dans tous les cas... pourquoi on ne rembourse pas la thérapie et la nutrition.

  • Speaker #0

    Et là, c'est un sacré paradoxe. Je m'en rends compte, j'avais pas réfléchi à ça. Moi, ça fait ça de l'hypocrisie. Moi, je suis polie. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas poli. Mais oui, tout à fait. Parce que les fameux manger-bouger, et qu'on serait gros parce qu'on mange trop et qu'on ne fait pas assez de sport, ou qu'on a des problèmes émotionnels qui font qu'on va se jeter sur la nourriture. Ok, bon, dans ce cas, pourquoi on ne les traite pas ?

  • Speaker #1

    En restant sur cette idée-là, imaginez une maladie pour laquelle, depuis 70 ans, on n'a plus qu'une stratégie, qui est de faire des régimes sans voir de nutritionniste, puisqu'encore une fois, on ne vous rembourse pas le nutritionniste, mais vous devez quand même faire des régimes. Donc, on se paye nos propres régimes tout seul, on se débrouille avec des bouquins. Mais ça fait 70-80 ans qu'on est sur la thématique. manger moins à travers des régimes et faire du sport, et c'est comme ça qu'il n'y aura plus de gros, ça fait 70 ans, on est toujours là, il y a toujours des personnes grosses. Ça veut dire que depuis 70 ans, on accepte qu'une soi-disant maladie, encore une fois, moi je ne crois pas, mais très bien, si c'est une maladie, pour quel autre type de maladie on accepterait 70 années d'un traitement qui ne marche pas, qui ne fait pas ses preuves, un traitement où, ok, tu fais un régime, tu perds du poids, mais après tu reprends, C'est-à-dire qu'on accepte même, et c'est pareil pour la chirurgie, on fait la chirurgie de l'obésité, on coupe un organe sain pour s'empêcher de manger. Organe qui peut regrossir après, parce que l'estomac, il peut reprendre sa place. Donc, on accepte de rembourser une chirurgie. La chirurgie, ça veut dire anesthésie, ça veut dire tout ça. Ça veut dire des compléments alimentaires toute sa vie, etc. Pour quelque chose qui a un taux d'échec de l'espace. Pour quelle autre maladie, collectivement, on accepterait de payer tout ça ? Et on accepterait pendant 70 ans de constater échec, échec, échec, sans se dire, hé ho les gars, venez on se regroupe et on essaye de réfléchir si peut-être il n'y aurait pas autre chose. Et au hasard, on pourrait peut-être demander aux personnes grosses est-ce qu'elles ont des idées, d'autres trucs à faire éventuellement. Et justement, ça fait 70 ans qu'on rembourse des chirurgies, etc. Et bien, tenez, si pendant les 70 prochaines années, on remboursait la thérapie et la nutrition. Et on va voir. Est-ce que peut-être il y aura plus de gens moins gros ? Et encore, ça m'arrache de dire ça, parce que moi, je ne suis pas pour l'éradication des gens gros. Je ne considère pas qu'on devrait tous être minces, qu'on devrait tous avoir le même corps. Mais si vraiment on est dans la logique des gens qui croient ça, quand ça fait 70 ans que ça ne marche pas, au bout d'un moment, il faut se remettre en cause quand même.

  • Speaker #0

    Oui, mais sauf que, tu vas me dire si tu es d'accord, mais la raison à laquelle tout le monde pense, c'est que c'est la faute des personnes. C'est juste qu'elles n'arrivent pas à suivre le truc.

  • Speaker #1

    Perdre du poids, youpi, c'est grâce au régime. Ce régime merveilleux, tellement efficace et génial, mais quand on n'y arrive pas, c'est de la faute du patient qui, lui, est vraiment trop naze et n'est pas capable de faire le régime correctement. C'est ça. Donc, c'est en ça que c'est plus qu'un paradoxe, c'est de l'hypocrisie. C'est-à-dire que vraiment, quand ça fonctionne, on dit, vous voyez, il suffit de faire un régime pour ne plus être gros. Mais quand ça ne fonctionne pas, c'est, vous voyez, il est vraiment trop nul. Il n'a pas suivi le régime correctement, pas dû se restreindre suffisamment. Il n'a fait qu'une heure de sport par jour au lieu d'en faire deux. C'est toujours de la faute du patient. et là c'est pareil, j'invite les gens à se poser la question pour quelle autre maladie on accepterait à ce point-là de tout mettre sur le comportement du patient à quel moment on ne se dirait pas, le traitement ne marche pas la chirurgie ne marche pas et que peut-être il faut faire autrement même dans les maladies de santé mentale et Dieu merci encore une fois moi je ne crois pas que la santé mentale soit une question de volonté mais à quel moment on dit à quelqu'un de schizophrène, ça suffit, choisis ta bonne personnalité On ne fait pas ça. On accepte que c'est une maladie qui se gère par des médicaments, que c'est difficile pour la personne. Mais quand on est gros, non, non. Gère ta volonté, grosse personne. Mais que tu fais ça, si vraiment, vraiment vous êtes dans l'idée de vouloir croire que je suis malade d'être grosse. Mais à quel moment on traite des malades comme ça, en fait ? Une personne grosse qui devient diabétique, littéralement, on lui dit, ah ben voilà. Ça allait arriver.

  • Speaker #0

    Ce qui devait arriver est arrivé.

  • Speaker #1

    Genre, tu l'as bien cherché, ta maladie, madame.

  • Speaker #0

    C'est horrible. Et oui. Et douce, tu sais, je suis avec ce qu'on disait tout à l'heure, de cette idée de brandir, en fait, ce terme d'obésité, comme un épouvantail, en fait. Et attention, il va vous arriver.

  • Speaker #1

    C'est aussi ce qui me gêne dans ce terme, tu as tout à fait raison, c'est que ça, pour moi, c'est là où c'est une question de société. C'est-à-dire qu'on accepte d'être dans une société où on peut se faire des choses, capitaliste, performative, productive, où ce qui compte, c'est l'efficacité, à quel point on est productif, etc. Et du coup, on veut d'abord tout ce décor parfait, géniaux, qui fonctionne. Et on est OK de se faire peur. On croit que les personnes sont grosses parce qu'elles n'ont pas de motivation. Déjà, là, c'est non. Mais très bien, on croit ça. Et on croit que générer la motivation, c'est sous forme de menace. C'est sous forme de... peur au lieu d'être sous forme de je vais t'apprendre à être apaisée avec toi-même et à trouver la motivation d'être apaisée avec toi-même. Et si être apaisée avec toi-même, c'est peser 70 kilos ou 130 ou 40, on s'en fout tant que t'es apaisée avec toi-même. Sauf qu'on est dans une stratégie de, on doit être en guerre. Il faut être en bataille. C'est là, tu vas être trop baisse. Tu vas être diabétique. Ouh là là, tu vas avoir de la résistance à l'insuline. Ouh là là, le sucre est ton ennemi. Ouh là là, Nutri-Score, ce que tu manges, c'est rouge, cramoisi, tellement c'est mal pour toi. Et cette stratégie de la peur, encore une fois, c'est que soit en disant qu'on est dessus, elle ne marche pas.

  • Speaker #0

    Ben non.

  • Speaker #1

    Et c'est quand autre chose.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. C'est vraiment ce constat que ce qui continue à être s'amener sans arrêt.

  • Speaker #1

    Mais en se réinventant continuellement. Exact. Parce que ce qui est très puissant avec cette notion d'obésité, ce qu'on n'a pas encore nommé. C'est ce qu'on appelle la culture des régimes. Alors, ce que je trouve un petit peu compliqué avec le vocabulaire culture des régimes, c'est qu'il y a plein de gens à qui on en parle qui vont dire Ah non, mais moi, je ne suis pas au régime Oui, mais oui. Parce qu'il y a des gens, ils ont tellement intégré les concepts de la culture des régimes qu'ils sont dans un contrôle alimentaire quasiment transparent pour eux tellement c'est intégré. Tout à fait. Donc, je trouve que ce vocabulaire est important de comprendre. Quand on dit culture des régimes, ça ne veut pas dire au sens où tout le monde est au régime, mais ça veut dire qu'on baigne dans un environnement où on passe notre temps à nous donner des règles et des injonctions sur les bons aliments, les mauvais aliments, la bonne heure pour manger, la mauvaise heure pour manger, ce qu'on mange l'été, ce qu'on mange l'hiver, et tous ces trucs-là. Et toutes ces règles-là, qui impactent tout le monde, en fait. Moi, honnêtement, je ne connais pas grand monde qui n'est pas impacté par cette culture des régimes, mais du coup, on est driveé par elle. Et cette culture des régimes, derrière, il y a tout simplement l'industrie des régimes. Et là, vraiment, on parle de la chirurgie. C'est des médecins qu'on paye. C'est des techniques chirurgicales. Les médicaments d'obésité, c'est des labos pharmaceutiques qui font de l'argent. Les régimes Weight Watcher, Ducan, les montagnes de bouquins, de magazines, les salles de sport avec qui, en gros, vous venez perdre vos kilos de l'hiver. Tout ça, en bas de chez moi, j'ai un truc comme j'aime, avec des massages pour enlever la cellulite, les crèmes pour enlever... Tout ça, c'est une industrie qui fait de l'argent. Et c'est ça qu'il y a derrière la culture des régimes, l'industrie des régimes, et tous ensemble, ils se réinventent. Aujourd'hui, honnêtement, on parle beaucoup moins de régime, on parle de l'équilibrage alimentaire.

  • Speaker #0

    C'est un mauvais espace, ce terme. Aujourd'hui,

  • Speaker #1

    au lieu d'être vraiment sur t'es gros, c'est de ta faute on a un petit peu assaini ou calmé le discours sur les pauvres, ils sont malades, il faut les aider, mais quand même, il faut vraiment les aider à se bouger Ce que je veux dire, c'est que le truc, c'est non seulement qu'il y a un discours permanent, mais en plus, ce discours se modernise. Et du coup, quand on commence à le reconnaître en se disant c'est vrai, on parle de partout, de régime, etc. Eh bien, deux ans après, on ne parle plus de régime. On vous dit, non, mais faites une petite rééducation alimentaire. Mais en vrai, derrière, c'est la même chose. C'est restriction, manger moins pour perdre du poids. Et c'est ça qui est très pervers. C'est que du coup, on est constamment à devoir, nous, être humains, se réadapter en se disant... Ah ouais, merde, ils disent pas régime. Mais en fait, c'est clairement un régime qu'il y a derrière. Ah oui, là, ils sont pas en train de dire c'est de ma faute, mais ils sont quand même un peu en train de dire que je suis pas très motivée.

  • Speaker #0

    Et c'est pas évident d'avoir cette prise de recul en fait, parce que je pense qu'on peut très facilement se faire embarquer en fait dans le truc et être rattrapée par ces discours-là.

  • Speaker #1

    Et je pense que c'est ça qui est extrêmement difficile, c'est que moi, j'ai été obèse et fumeuse pendant 20 ans. On m'a systématiquement questionnée sur mon poids. y compris cardiologues, y compris des tas de gens comme ça, jamais sur ma cigarette. Je fumais 15 cigarettes par jour. La cigarette est un produit dont on n'a pas besoin pour vivre. La cigarette est un produit qui a 100% de chance de détériorer mon corps. Ça passe. Le poids, en soi, avoir de la graisse autour du corps, ça n'a jamais été prouvé comme étant un problème en soi. On y reviendra. Mais on m'a toujours... Même un ORL m'a demandé si j'avais pensé à maigrir. Un gars que je vais voir pour une grippe me demande si j'ai pensé à maigrir, mais il ne me demande pas si je continuais de fumer des clopes pendant que j'ai la grippe. Et oui, je fumais des cigarettes en ayant la grippe. Et je me permets de faire cette comparaison. Je sais que je ne veux pas toujours la faire philosophiquement parlant, mais moi, je le fais parce que moi, je l'ai vécu. J'ai été et grosse et fumeuse. On m'a foutu la paix sur la cigarette. J'ai arrêté de fumer. Ne venez pas me dire que je n'ai pas de motivation. J'ai arrêté de fumer toute seule. Ça fait dix ans que je n'ai pas fumé, alors que j'ai fumé pendant vingt ans. Donc oui, je sais ce que c'est avoir de la motivation. Je sais ce que c'est qu'avoir une addiction. Et non, je ne considère pas que l'alimentation, c'est pareil. Mais si je fais cette démonstration, c'est pour dire qu'arrêter de fumer, collectivement, en termes de société, on est tous désolés pour les gens qui essayent d'arrêter de fumer. On sait que ça va être très dur. On sait qu'il va y avoir des échecs. On est super désolés, etc. Alors que c'est un produit dont on n'a pas... pas besoin, qu'on a décidé de commencer à fumer tout seul comme des couillons, là, ok. Par contre, on peut, entre guillemets, beaucoup plus facilement arrêter de fumer parce que fumer, t'en as pas besoin. Par contre, manger, c'est continuellement. On mange trois fois par jour, voire quatre, voire cinq. C'est-à-dire que quand on dit à quelqu'un Non, mais t'as juste à arrêter tes TCA, arrête de manger c'est pas un truc auquel je pense une fois de temps en temps parce que j'ai envie de griller une cigarette et qu'en fait, j'en ai pas besoin pour vivre. C'est quelque chose auquel je dois penser pour faire mes courses, pour faire mes repas. Et donc, c'est constamment dans la tête. Et là où tu as raison, c'est que... Ton podcast s'appelle La pleine conscience Quand on est en conscience des choses et qu'on regarde, la culture des régimes, on est noyé dedans. C'est deux. partout. C'est à la télé, c'est dans les films. Je veux dire, il n'y a pas une série télé qu'on regarde où il n'y a pas quelqu'un qui arrive en disant Oh, dis donc, t'as pris un petit peu de bite, toi, ce matin ? Il n'y a pas de... Il y en a de partout des petites phrases qui sortent comme ça, dans les magazines, dans les bouquins. Là, en ce moment, je lis des romans. Donc, je ne dis pas des bouquins de développement personnel ou de régime. Et dans un des romans, ils décrivent un personnage gros et je ne te dis même pas les termes pour utiliser. Et donc, on est constamment nourri de ce type de choses, on est gros, la société nous rejette et nous le dit constamment, mais on devrait quand même être les rois du monde et être complètement capable d'être en détente, motivé et de s'interdire de manger, etc. Donc on comprend que quelqu'un galère à arrêter la cigarette, voire n'y arrive jamais complètement, mais on est incapable de comprendre que s'extirper de la culture des régimes dans une société profondément noyée de culture des régimes et grossophobe, ce soit pas facile quoi.

  • Speaker #0

    ça n'a aucun sens quoi ben oui ça n'a aucun sens je suis avec ce constat tu sais ça m'en coupe les mots en fait parce que c'est tellement cette aberration et tu vois je pense que quand je vais réfléchir au titre du podcast l'hypocrisie de l'obésité finalement tu vois on est au-delà du paradoxe quoi Et tu en as déjà parlé, mais concernant les traitements, puisque maladie, maladie-traitement, normalement, ou au moins on fait de la recherche, ou au moins on réfléchit. Comment ? Parce qu'il y a des maladies auxquelles on ne trouve pas de traitement. Bon, qu'est-ce qui est proposé aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    C'est que là, on arrive sur quelque chose de difficile pour moi, parce que pour moi, l'obésité n'est pas une maladie. Elle se croque trop, ce n'est pas une maladie. Donc je suis déjà choquée qu'on accepte dans une communauté qui est scientifique et médicale ce statement alors qu'il n'est pas soutenu par des faits. Il n'y a aucune maladie qui est uniquement attribuée à la grosseur. Ça n'existe pas. Toutes les personnes diabétiques ne sont pas grosses. Ça n'est pas vrai. Il y a des gens minces qui sont diabétiques. Il y a des gens minces qui ont des problèmes cardiovasculaires. Il y a des gens minces qui ont des problèmes d'arthrose. Il y a des gens minces qui ont des problèmes d'articulation, etc. Il y a... qu'une pathologie qui ne peut s'expliquer que par la grosseur. Ok, il y a des personnes grosses qui n'ont aucun problème de cholestérol, de tension, etc. Et on peut dire les phrases en sens inverse, ça n'est pas vrai que toutes les personnes grosses ont des problèmes de tension. Ça n'est pas vrai que toutes les... Donc, il n'y a aucune maladie qu'on ne peut expliquer que par la grosseur, et il n'y a aucune maladie qui n'arrive que aux personnes grosses, et il n'y a aucune maladie que... toutes les personnes grosses ont. Ça, ce sont des faits. Et pour autant, on explique que gros, c'est être malade. L'autre chose, c'est que gros, il y a mille et une façons d'être gros. C'est pas la même chose, la forme grosse, vous savez, un peu en mode orangina, où on a un gros ventre, mais on a des épaules et des jambes un peu plus fines. Souvent, les hommes, ils sont gros comme ça, ils ont un gros ventre. Moi, j'ai un petit peu ce profil-là aussi. Il y a des gens qui ont plutôt des grosses jambes, mais qui n'ont pas du tout de ventre. Donc, à quel moment on considère que c'est la même pathologie, ce serait la même maladie, alors que la graisse n'est même pas au même endroit dans le corps ? Pourquoi on considérait qu'on met tous les gens dans la même catégorie, juste parce qu'ils ont de la graisse sur le corps ? C'est ça. Non, ça ne peut pas être vrai. Et du coup... On va parler évidemment des médicaments, etc. Mais moi, là, j'ai besoin de le dire.

  • Speaker #0

    Oui, c'est important.

  • Speaker #1

    Je suis choquée que les médecins qui me soignent, qui vous soignent, soient OK collectivement pour accepter quelque chose qui n'est pas démontré.

  • Speaker #0

    Oui, et qu'il faudrait être, tu sais, c'est ce que tu disais tout à l'heure, maigrisser d'abord, revenir à un IMC plus normal, entre guillemets, d'abord. Et après, on verra ce qu'on fait. Ou alors que ce serait une prévention. Moi, tout d'un coup, je me dis, mais attends, la chirurgie de l'obésité qui est brandie comme le traitement, qui fonctionne, blablabla. On veut même opérer des enfants. Maintenant, j'ai vu ça l'autre jour, mais je me suis hérissé. Tous mes poils se sont dressés. Et pour prévenir des potentiels problèmes de santé qu'ils n'auront peut-être jamais. Puisque comme tu nous le rappelles, et c'est super important, et j'en parlais dans... Une des rediffusions que nous avons faites cet été sur les liens entre poids santé et décorréler le poids de la santé, c'est toujours cette idée que la causalité, la corrélation, tu sais, j'aurais expliqué ça. Et oui, comme tu l'as très justement dit, toutes les personnes grosses, neuves, ne vont pas développer de diabète. Il y a des personnes minces qui ont du diabète, etc. Donc, on va faire subir quelque chose d'extrêmement violent, en fait, que c'est la chirurgie de l'obésité. Parce que, voilà, je ne me suis pas penchée plus sur la question, mais est-ce que tu me confiantes qu'on va opérer en prévention des personnes qui n'ont même pas de maladie, qui seraient potentiellement liées à l'obésité ?

  • Speaker #1

    On opère.

  • Speaker #0

    en fonction d'un IMC. Donc ça veut dire que déjà, le premier postulat, c'est qu'on considère que l'IMC, c'est OK. Et c'est vrai que je n'en ai pas parlé ici, parce qu'on est entre nous et on sait de quoi on parle, mais pensons aux auditeuristes qui ne le savent peut-être pas. On rappelle que l'IMC, c'est tout pourri. D'accord ? Oui. À partir de 30, on est en obésité morbide. Je lisais hier une publication de La Grosse Parole qui disait que Teddy Riner, il a un IMC de 31. D'accord ? Donc Teddy Riner, il a le même IMC que moi, sauf que Teddy Riner, c'est un athlète. D'accord ? Donc oui. il a beaucoup de muscles et beaucoup de poids, mais le gars, je ne crois pas qu'on puisse considérer que lui et moi, on a le même corps gros. Mais puisque ce qui compte, c'est l'IMC, l'IMC, c'est un outil statistique. Ça a été développé par un statisticien. Sur une population, c'était au début de la Première Guerre mondiale, des gens sportifs, des gens blancs. Donc déjà, je crois qu'il n'y avait pas de femmes. Donc c'était des hommes blancs. Et ça date d'avant la Première Guerre mondiale. On est en 2024. Les gars, on pourrait peut-être... réinventer l'outil 2 secondes et c'est un outil qui fait le rapport poids-taille, point barre c'est ça aucune autre information préventive et sur la base de cette IMC on considère qu'à telle IMC on peut avoir la chirurgie de l'obésité à telle IMC on peut avoir les médicaments de l'obésité donc là où tu as raison en termes préventifs c'est que eux ils ne peuvent pas dire que c'est préventif puisqu'ils considèrent qu'être gros c'est une maladie ils considèrent qu'ils traitent une maladie moi je suis d'accord avec toi, je considère qu'être gros tout court C'est-à-dire qu'une personne qui est grosse, qui n'a pas de cholestérol, pas de problème de tension, aucune maladie, diabète, etc., qui engage sa santé, rien. On considère qu'on l'opère quand même, parce que ce qu'on soigne, c'est ses kilos.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et on parle d'une opération, moi j'aime bien la définir comme ça. On considère qu'on va vous découper un organe sain qui n'a pas de problème, c'est-à-dire votre estomac, on le coupe littéralement pour vous empêcher de manger. Point barre. C'est ça la chirurgie de la diversité. Ou alors, je ne les connais pas toutes, mais il y a celui où c'est carrément, on connecte à notre intestin, on bypass l'estomac, voilà, c'est le bypass. On fait genre, tout l'estomac, ça ne sert à rien dans le corps, t'inquiète, pas besoin de s'en occuper. On va directement connecter. On est sur des choses, moi je suis convaincue que genre dans 50 ans, on va regarder ça en se disant mais c'est quoi cette barbarie en fait ? À quel moment on a vendu à des gens ? Et on a laissé des gens se faire anesthésier, etc. Enfin, le parcours, il y a carrément des gens, par exemple, pour faire la chirurgie de l'obésité, ils doivent perdre du poids. C'est-à-dire qu'avant de commencer la chirurgie, on se fait un petit régime. On rentre dans une bonne petite restriction. Derrière, on enchaîne sur une chirurgie. Chirurgie avec les risques inhérents à l'anesthésie, être anopédale. Pendant trois mois, on ne peut bouffer que des yaourts, du père. Le plaisir alimentaire à son max. Et après, à vie, on doit prendre des compléments parce que non, le corps humain n'est absolument pas fait pour défoncer le système digestif juste pour avoir moins envie de manger. Il y a des gens qui sont choqués du foie gras et du gavage des oies, mais ils ne sont pas choqués qu'on coupe à des humains un organe sain pour les empêcher de manger. Je suis désolée, mais quand on explique cette chirurgie, je... Non, mais non. Alors, rappelons quand même qu'elle a été inventée pour des raisons positives et qu'elle a été détournée. Elle a été inventée pour des très gros obèses qui, justement, auraient eu, par exemple, une pathologie cardiaque et qui ne pouvaient pas se taper 5 heures d'anesthésie pour faire un triple pontage à cause de leurs problèmes de tension, etc. Et donc, à ce moment-là, à tort ou à raison, parce qu'honnêtement, je ne suis pas certaine des données scientifiques, mais bref, à ce moment-là, on considérait qu'en leur coupant l'estomac, en parlant 30 kilos en 3 mois, on pouvait leur faire la chirurgie dont ils avaient besoin. ok un peu comme la chirurgie esthétique c'est l'urgence quoi en fait on a inventé la chirurgie esthétique pour les grands brûlés pour les personnes qui avaient des becs de lièvres et des déformations aujourd'hui on s'en sert pour avoir des jolies fesses et moins de rides on a détourné la chirurgie de l'obésité comme on a détourné la chirurgie esthétique donc en soi la chirurgie de l'obésité je vais pas lui tirer dessus complètement mais ce qu'on décide d'en faire aujourd'hui des usines à chirurgie de l'obésité des unités alors en plus aujourd'hui on a fait On parlait de réinvention, ça s'appelle la chirurgie métabolique. On ne dit plus obésité. On parle de troubles métaboliques, parce que comme ça, ça fait encore un peu plus maladie. Ça veut dire qu'il y a des problèmes dans le métabolisme de ton corps et qu'on va les régler. Et par exemple, la chirurgie de l'obésité, les critères sont relativement protecteurs. Quand on regarde la décision des autorités de santé, il faut avoir essayé tous les régimes. Il faut avoir suivi une thérapie, il faut ne pas avoir de TCA, il faut être au-dessus de tel IMC. Ça, c'est les critères. Dans les faits, moi, je connais des gens qui ont été opérés en n'ayant pas un IMC qui justifierait une opération, et surtout, entre obèses. Je vais le dire parce que c'était l'époque où j'ai considéré cette chirurgie. Je m'appelais encore obèse. Entre obèses, on sait tous, voire même les médecins nous le disent, il faut cocher la case de dire qu'on n'a pas de TCA. Ben oui. Et tout simplement, on a le droit à une chirurgie alors qu'on a une maladie qui est censée nous interdire l'accès à cette... Et pour se protéger, avant la chirurgie métabolique, on fait un entretien psy-TCA. Comme si les TCA que moi j'essaye de soigner depuis 5-6 ans que je suis sur le sujet... Mais un entretien avant une chirurgie, youpi, ça laisse tu soigner des TCA, allez-y, enlevez-moi l'estomac, tout va bien. C'est barbare, vraiment. C'est vraiment, vous avez mal aux yeux, on constate que vous pouvez renforcer votre mal des yeux en mettant le doigt dans l'œil, je vais vous couper le doigt. Comme ça, vous ne mettez plus le doigt dans l'œil, vous n'aurez plus mal aux yeux. Voilà, super. Je constate que vous êtes grosse, je considère qu'être gros, c'est parce qu'on mange trop. Bon, je vous coupe l'estomac, comme ça, vous aurez moins de manger. Mathématiques, 1 plus 1 égale 2. OK. Ça fait 70 ans que ça ne marche pas, mais on continue.

  • Speaker #1

    Pareil, ben oui.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai besoin des médecins aujourd'hui, pas à cause de mon obésité, mais pour tout le reste. Et c'est quand même très dur de devoir faire face à une communauté scientifique et à des médecins en sachant que c'est des gens qui croient à ça. Ils acceptent de mettre en place une chirurgie barbare sur la base de non-faits. Il n'y a pas de faits qui... C'est comme, par exemple, quand moi, j'ai commencé à être diabétique, on m'a dit, si vous perdez... 30 kilos. Alors, attendez, c'était 30 kilos à l'époque. On va dire, si c'était 10 de mon poids, je pouvais ne plus être diabétique. OK, super. Où sont les faits ? Il n'y en a pas. C'est une croyance populaire. Il y a des études qui ont montré que certaines... Alors, je suis nulle en détail. Je vous invite à aller sur tous les comptes qui vont référer les bonnes, vraies études. Mais en gros, il y a une étude qui dit que, je ne sais pas, genre 15 des gens qui ont participé à cette étude et qui ont perdu... 40 kilos en 6 mois, n'ont plus eu les marqueurs du diabète. Parce que déjà, une fois qu'on a été diabétique, on l'est à vie. Ça n'existe plus de plus être diabétique, c'est pas grave. Mais surtout, tous ces gens-là, ils sont redevenus diabétiques au bout de 3, 4, 5 ans. Donc en fait, l'idée, c'est je me coupe l'estomac à travers une anesthésie. Je ne pourrai plus jamais manger un repas de Noël, par exemple. Parce qu'il ne faut pas oublier qu'une fois que l'estomac est dans cet état... Il n'y a plus d'autorégulation. C'est-à-dire le jour où j'ai envie de faire un plus gros repas qu'un autre jour, parce que oui, la faim n'est pas constante. Parfois, on a plus envie de manger que d'autres fois. Ça n'existe plus. L'estomac n'est plus capable de le recevoir. Ce n'est plus possible. Donc, OK, on me coupe l'estomac. Je ne peux plus avoir trop de plaisir alimentaire, etc. Ou par toute petite dose. Il faut que je mange comme un petit oiseau, etc. Je ne suis plus diabétique pendant 3, 4, 5 ans. Mais après, hop, je redeviens diabétique. Et juste parce que j'ai gagné 3, 4, 5 ans en concert, c'est génial. Moi, je ne trouve pas que ça vaut le risque. Non, je ne suis pas d'accord.

  • Speaker #1

    Alors, justement, il y a plusieurs choses où tu disais on va revenir dessus. Mais entre autres, cette question de santé. Je sais que tu as à cœur aussi de parler de ce sujet de la santé d'une manière plus globale. Comment tu souhaiterais qu'on l'aborde ? D'où tu voudrais qu'on parle ?

  • Speaker #0

    C'est quelque chose qui est assez récent pour moi. Ça doit faire deux ans que je lis des choses là-dessus et que ça m'a... Pareil, dans le travail de déconstruction, d'un seul coup, j'ai pris conscience de me dire Mais oui, mais attendez, mais on est devenus dingos ou quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Parce qu'en fait, aujourd'hui, on a l'impression que c'est normal. On parle de la santé tout le temps. Être en bonne santé, les aliments santé, l'alimentation santé, le sport santé. Pareil, il y a des magazines tous les mois qui sortent pour... Comment gérer votre santé ? Comment être en bonne santé ? Oui,

  • Speaker #1

    et aussi la culture des régimes, c'est réapproprier ça, en fait. C'est plus pour être beau et tout ça. Non, c'est pour notre santé.

  • Speaker #0

    Pour être en bonne santé. Et les gens grossophobes qui se permettent de nous faire des remarques. Oui. Parce qu'il y a ça aussi, être gros. Tout le monde croit qu'il a la solution au fait d'être gros. Quand vous dites à quelqu'un que vous avez la sclérose en plaques, vous n'avez pas 40 personnes qui vous font un traitement. Quand on vous dit, oh mince, on m'a proposé la chirurgie de l'obésité, il y a 15 personnes qui vont vous dire, ah bah oui, bah machin, ils ont leur régime à eux. Tout le monde a une opinion sur les personnes grosses. Et ça, d'ailleurs, il faudrait qu'on arrête. On arrête de lutter, bref. Mais le fait de se dire à quel moment on a considéré que la santé, c'était une valeur au-dessus de tout et une valeur qu'on pouvait contrôler. Parce que moi, j'ai 47 ans. Je n'ai pas souvenir que quand j'avais 18, 20 ans, 30 ans, on était dans un tel délire sur santé, santé, santé. Alors évidemment, de fait, moi, la première, j'ai envie d'être en bonne santé. et j'ai envie de mourir le plus tard possible. On est d'accord. Et donc, on fait le raccourci de plus je suis en bonne santé, plus je me retarde, bon, c'est cool. Évidemment, je suis d'accord. Mais quand ça devient une obsession collective, sociétale, voire quasiment un truc qu'on doit aux autres.

  • Speaker #1

    Oui, mais oui.

  • Speaker #0

    Genre, on se doit de ne pas trop impacter le système de santé. On se doit de ne pas renforcer le trou de la sécu. Parce que, par exemple, dans les gens qui luttent contre la grossophobie, Il y a des gens qui disent, non, mais moi, je suis grosse, mais je suis en bonne santé. OK, cocotte, mais moi, je vote pour que tout le monde qui est gros, on lui foute la paix. On est en mauvaise santé, en fait. Il n'y a pas de... T'inquiète, non, mais attends, je suis grosse, mais moi, je n'ai pas de cholestérol. Non, non, mais je suis grosse, mais moi... Et attention, je ne juge personne, je l'ai fait. Moi, jusqu'à il y a 5 ans, enfin, non, 10 ans maintenant, et qu'on me diagnostique toutes les autres maladies qui sont des vraies maladies pour moi, j'étais pareil. J'étais en mode, non, non, mais OK, je suis grosse, les gars, mais moi, je n'ai aucun problème de santé. Je n'ai pas de cholestérol, je n'ai pas de tension, je n'ai pas de douleur. foutez-moi la paix, c'est juste grosse. Et donc c'est une réponse normale au fait qu'on voit le côté tu vas mourir. Non, je ne vais pas mourir, je vais bien. Mais sauf qu'après, il faut aller plus loin, il faut dire et si je suis grosse et en mauvaise santé ? On me laisse sur la bande d'arrêt d'urgence ?

  • Speaker #1

    Oui, je reste avec cette notion de santé qui serait érigée comme le graal de la valeur la plus importante sans nous interroger nous en tant qu'individus, chacun d'entre nous sur un... Ok, pour moi, c'est une valeur importante. Mais en même temps, nous sommes tellement noyés dans un discours sociétal d'importance. Et puis, tu sais, je reviens à ce que tu disais de cette responsabilité que nous aurions vis-à-vis de la société d'être en bonne santé pour ne pas coûter trop cher, pour ne pas poser...

  • Speaker #0

    Mais oui, mais bien sûr....abuser du système, qu'on pèse sur le système, qu'à cause de nous, on coûte de l'argent au système. Enfin, vraiment. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Ce qui n'est pas le cas dans d'autres... Tu parlais du tabac. C'est peut-être de plus en plus mal vu de fumer, mais je ne suis pas sûre que ce soit au point de la grossesse.

  • Speaker #0

    Il y a ce côté, on arrive à croire que la personne qui fume, elle ne le fait pas exprès. Mais on est incapable de se dire que non, je ne suis pas grosse juste parce que je mange trop. Je ne manque pas de volonté. Et puis, je suis désolée, mais être gros dans une société grossophobe, Moi, j'ai plus de force et de mental que toi. Désolée. Le grosophobe qui te dit, t'as pas de volonté, t'es grosse, viens vivre dans mon corps, dans cette société et je vais t'expliquer ce que c'est la volonté.

  • Speaker #1

    Mais oui.

  • Speaker #0

    Et le dernier, être grosse, c'est être extrêmement fort et courageux et faire face à tous ces grossophobes et à tous ces gens qui croient nous expliquer la vie. Moi, j'ai fait des épisodes où je vais acheter des baguettes et je me prends une remarque en disant, quatre baguettes pour quelqu'un de ton gabarit, c'est un peu beaucoup. Voilà. dans la vie publique, comme ça, je ne demande rien à personne. J'achète des baguettes et on me fait une remarque. Je vais acheter des framboises et il y a une dame qui vient m'expliquer que les framboises, c'est très sucré et que je ferais mieux pour prendre des fruits moins sucrés. Mais si ! Vraiment ! C'est-à-dire qu'être gros, on est un panneau sur place. La société a tellement acquis le côté être gros, c'est être en mauvaise santé. La seule valeur acceptable, c'est d'être en bonne santé et de tout faire pour être en bonne santé. Parce qu'une personne grosse qui essaye de maigrir, ça passe. Une personne grosse qui fait du sport, ça passe. Mais une personne grosse qui veut juste exister comme elle est et ne pas croire qu'elle est en mauvaise santé, eh bien ça, ce n'est pas possible. T'assumer en tant que personne grosse, c'est non. Et le fait de croire qu'être grosse, c'est manger trop, et que du coup, chaque être humain qui est mince a une meilleure solution et peut te la soumettre. Que tu sois en train de faire tes courses, que tu sois à la boulangerie, que tu sois au resto, que tu sois n'importe qui se sent OK. De te dire, non mais regarde, choisis la salade au lieu de la pizza, tu verras, c'est mieux pour toi. Non mais, écoute, t'as déjà pris une part de lasagne, n'en prends pas deux, tu verras, c'est mieux. Toutes ces remarques, c'est insupportable. On considère que c'est grossier de faire des remarques à des parents sur leurs enfants mal élevés. On considère que c'est grossier de parler de religion au repas de famille. On considère que c'est grossier de parler de politique au boulot. Mais on ne considère pas que c'est grossier de commenter le corps et ce que mange quelqu'un. Mais c'est profondément mal poli et grossier. Et si, et on en revient, si, je remets bien l'hypothèse, on croit que c'est une maladie, à quel moment c'est OK de parler de la maladie de quelqu'un toutes les deux secondes ? Quand bien même tu crois qu'être gros, c'est ma maladie ? Si j'ai la sclérose en plaques, à quel moment tu crois que me rappeler... toutes les secondes de toute la journée que je suis malade de la sclérose en plaques, ça va m'aider à gérer ma sclérose en plaques. Oui,

  • Speaker #1

    et puis ce ne serait pas fait de toute façon. La question ne se pose même pas en fait.

  • Speaker #0

    Alors même que, je ne sais pas, il y a pas mal de gens qui ont une sclérose en plaques et qui peuvent, enfin, je veux dire, ça peut se voir. Parce que les maladies invisibles, évidemment, on fout la paix aux gens. Mais voilà. Vraiment, je pense que c'est important chacun de se dire, est-ce que je suis d'accord pour être sur des valeurs de... les seules personnes qui ont de la valeur, c'est les personnes productives, qui contribuent à la société en étant au top de leur forme. Et donc, ça veut dire que toutes les personnes malades et handicapées, non, quand même, ça ne sert pas à grand-chose. Est-ce que je suis d'accord d'être prête à faire n'importe quoi, y compris me couper un organe sain ? pour soi-disant être en bonne santé, alors que rien n'indique que même en ayant fait... Vous imaginez les gens qui traversent la chirurgie de l'obésité et qui, derrière, se tapent en diabète ? Ils ont tout fait pour ne pas l'avoir, mais rien ne leur garantit qu'ils ne l'auront pas. Je veux dire, quelqu'un qui, dans sa trentaine, décide courageusement de traverser tout ce truc, de faire la chirurgie, lachanana, et qui, dix ans après, se retrouve diabétique ? Mais comment ? Quel médecin peut après lui dire oui, non, mais en fait, c'est parce que ce n'était pas à cause du poids.

  • Speaker #1

    Eh bien, ouais. Je vois que le temps tourne. Là, il y aura encore tellement de sujets que j'aurais envie qu'on aborde. Mais bon, peut-être on refera des épisodes et puis tu les abordes de toute façon sur ton propre podcast. Donc, j'invite vraiment les personnes qui nous écoutent à aller l'écouter. Oui, je suis avec deux choses là. Une question que je me posais, je ne sais pas si tu l'as évoquée au début, je ne crois pas, c'est qu'est-ce qui t'a mené, toi, à commencer à te poser des questions ? Et ça pourrait être aussi, comment nous pourrions encourager les personnes qui nous écoutent, et en particulier les personnes grosses, à avancer, tu vois, dans cette déconstruction, à se poser ces questions-là, à aller dans ce processus-là ? Je ne sais pas si tu t'en souviens, d'ailleurs, il y a quelques années.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas comment... Bon, déjà, j'ai commencé les réseaux sociaux et j'ai découvert plein de militantes plutôt anglophones, des personnes justement qui disaient on peut être gros et s'accepter. Et au début, vraiment, j'étais là, je regardais chaque corps en me disant, ah ouais, non, mais elle est grosse. C'était vraiment... Et puis petit à petit, oui, ça m'a habituée à me dire, bon, OK, j'ai fait un travail. Donc, quand j'ai été diagnostiquée du diabète, comme tout le monde, t'es grosse, t'es diabétique, faut arrêter le sucre. Donc, je n'ai plus mangé de sucre du jour au lendemain. Je me suis rendue malade. J'ai fait une crise de vésicule. J'ai fini aux urgences. Enfin, n'importe quoi. Et du coup, là, je me suis dit, OK, ça ne marche pas. On va tenter une nutritionniste. J'ai rencontré une nutritionniste formidable. Heureusement. Dieu, merci. Je suis tombée sur une nutritionniste qui, à l'époque, était affiliée aux grosses et donc qui n'était pas dans une démarche automatiquement de régime. Et donc, on a commencé à travailler ensemble. Et alors, on n'était pas directement sur l'alimentation intuitive. On était plutôt... Moi, j'étais vraiment en mode, aidez-moi à maigrir. Mais du coup, elle, elle était bon, doucement, on va y aller par des petits bouts. Et puis, sauf que j'ai fait un très gros travail. Et j'ai vu, j'ai transformé mon alimentation. J'ai changé mon rapport alimentaire. Et je n'ai pas perdu de poids. Et là, il y a eu un moment où je me suis dit, bon, ça ne marche pas. J'ai fait la thérapie, je fais la nutrition. Je vois que je change. Je vois que je me sens... tellement mieux dans ma vie alimentaire. Je vois que tout ça s'améliore et mon poids ne bouge pas. Donc, comment on fait ? Et là, il y a eu un moment où j'ai justement fait le choix qu'on discutait de se dire, moi, j'ai commencé à être grosse vers 20 ans. On m'a traité de grosse avant, mais techniquement, j'étais grosse, on va dire, vers 20 ans. Donc, quand j'ai eu ces réalisations, j'en avais 40. Je me suis dit, OK, ça fait 20 ans que tu fais régime, que tu détestes. Ça fait 3 ans que tu apprends à t'aimer, à manger. ton poids il est toujours pareil qu'est-ce qu'on fait ? Et là je me suis dit c'est hors de question, je passe pas 30 ans avec ce même truc, je veux plus être obsédée de qu'est-ce que j'ai mangé la veille, qu'est-ce que j'ai mangé demain je devrais pas manger ci je veux plus ce brouillard mental, j'ai pas le temps pour ça j'ai plus l'énergie de ça, et c'est ça qui a été le driver pour travailler avec Grappolitik pour lire le bouquin gros n'est pas un gros mot pour m'abonner à des tas de comptes sur Instagram, pour lire des contenus, pour comprendre ce que c'était la grossophobie, la grossophobie internalisée, celle de la société. J'ai eu la chance de tomber sur des soignants pas grossophobes, etc. Et c'est comme ça que petit à petit, le chemin est venu. Et je pense que c'est ce qui est important, c'est de se dire, OK, en vrai, on n'a qu'une vie. En vrai, on ne la contrôle pas. En vrai, ce n'est pas parce que je vais manger des pommes tous les jours que je mourrai à 95 ans. Il n'y a pas de guide. Il n'y a pas de bullet point, de liste, ou si je fais du skate, la liste, tout ira bien. Ça n'existe pas. Parce que vraiment, moi, quand on m'a été diagnostiquée du diabète, j'avais déjà arrêté de fumer depuis 5 ans. J'avais une espèce d'addiction au coca. C'est une autre histoire que j'avais arrêtée. Donc moi, j'étais déjà en train de me sentir mieux. Et le diabète est tombé. Après le diabète, je fais ce travail de nutrition. Et toujours, le poids n'a pas bougé. Et du coup, ça ne matchait plus dans ma tête. Et je me suis dit, il faut trouver une autre voie. Trouver autre chose. Et surtout, je pense que ce qui m'appelait le plus, c'était la paix. Je veux dire, je ne peux plus être en guerre, en fait. Je ne veux plus ça. Je suis épuisée d'être en guerre contre mon corps, contre ce que je mange. Et du coup, ça a été plein de petites touches. J'ai découvert aussi la pleine conscience. Donc, prendre des douches en pleine conscience, prendre conscience de mon corps. Parce que quand on est obèse... qu'on se déteste, etc. Le corps, on ne le voit pas, on ne lui parle pas, on l'ignore, on ne peut pas en entendre parler. Et là, de reconnecter avec ça... Puis je vous dis, alimentairement, moi, j'avais une alimentation extrêmement restrictive. En fait, ma grosseur, bizarrement, justement, j'ai plus un TCA restrictif. Moi, j'étais sûre que j'étais une hyperphagique de l'espace, etc. Et pas du tout, je ne fais absolument pas... Ce n'est pas ça, mon alimentation. Par contre, c'est énormément de restrictions et des craquages, etc. Puis bon, surtout, depuis, j'ai été diagnostiquée d'autres maladies qui expliquent le SOPK, il fait prendre du poids et il crée du diabète. Et le haut, ce n'est pas mon poids qui a créé ça. Et du coup, c'était retrouver le plaisir. Enfin, je veux dire, j'ai appris à sélectionner et préparer une salade à 42 ans. Et j'ai trouvé ça trop cool. J'ai appris à manger de l'avocat, du kiwi, des brocolis. Et le fait de voir tous ces trucs arriver dans mon assiette, pas pour des raisons de régime, de restriction, de faire attention, d'être une good girl, etc., mais juste pour... Wow, purée, mais c'est bon, ce truc, en fait. Et j'avais trop envie que ça continue. Et plus on trouve ça, plus on se dit, non, mais c'est quand même... La vie est beaucoup plus... Et après, j'ai rencontré l'alimentation intuitive. Et là, pour le coup, ça a été le boom de dire, moi, c'est ça que je veux, quoi. Et le premier principe de l'alimentation intuitive... c'est de déconstruire la mentalité des régimes, la culture des régimes, etc. Donc là, ça a renforcé de dire, c'est stop. Je ne me crois plus, je n'en veux plus, je ne veux pas de ça dans ma vie. Mais ce n'est pas facile. Je ne veux pas avoir du rêve. Tout ça, ça s'est fait avec des années, avec des mois. Je suis en thérapie depuis 7 ans. Je suis en nutrition depuis 7 ans. J'ai encore des relents de TCA parfois. Mais ça n'empêche que ça existe. Et je sais qu'aujourd'hui, je suis plus malade, j'ai plus de maladies. pas à l'obésité qu'avant, mais je suis 15 fois mieux dans mes baskets. Et dans ma tête, c'est plus les montagnes de pensées, je suis trop nue, je devrais pas manger ça, je devrais pas boire ça, je devrais être comme si, purée, je vais faire ça. Les séances de sport qu'on fait à coup de culture des régimes, elles sont horribles. Et aujourd'hui, j'ai découvert le sport à coup de, j'ai trop envie de me dépenser, j'ai envie de faire bouger ce corps que je ne déteste plus. Et c'est le même sport. Mais ça n'a rien à voir. Les bénéfices ne sont pas du tout les mêmes.

  • Speaker #1

    Ça ne part plus du tout du même endroit, en fait. Et tu le disais aussi pour l'alimentation. Ça part de l'envie d'être bien, de se sentir bien. Ça part de la... On va dire ça... Je n'aime pas trop ces termes parce qu'ils sont tellement, je trouve, galvaudés. Mais ça parle de l'amour de soi, en fait. Ça parle de la paix.

  • Speaker #0

    Je n'aurais jamais dit il y a plusieurs années. Et tu vois, maintenant que j'y suis, je me dis, bah si, en fait. Après, à t'aimer. Alors, moi, je ne dis pas que je m'aime et tout, mais j'emploie les termes de respect. J'ai appris à me respecter et à prendre soin de moi. Je me suis dit, OK, ce corps-là, il va t'accompagner jusqu'au bout. En plus, il est en train de devenir de plus en plus malade. Ces dernières années, je suis aussi entrée dans le handicap. Donc, je ne peux plus faire ce que je veux. Je ne peux plus utiliser mon corps comme je veux. C'est des choses qui sont très dures à vivre et qui sont aggravées partout à cause de la grossophobie, justement. Et du coup, tout est difficile. Je ne peux plus être en guerre. Il faut qu'on soit une team. Il faut qu'on soit... C'est un partenariat que je veux construire. Et j'ai construit ce partenariat. Et je voudrais préciser que j'ai arrêté de me peser il y a huit ans. Il y a des médecins qui m'ont pesé parfois, mais je leur ai dit de ne pas me donner les chiffres. Quand je pouvais, j'ai demandé à ne pas être pesée du tout, etc. Et j'ai commencé un traitement il y a un an, en septembre. Il fallait prendre mon poids, etc. Et on a constaté qu'en huit ans, mon poids était identique. J'avais un kilo de différence.

  • Speaker #1

    Donc, il est stable.

  • Speaker #0

    Ça ne veut pas dire que je n'ai pas pris 2-3 kilos par an et que j'ai perdu. J'en sais rien parce que je ne me suis pas pesée toutes les deux secondes. Mais ce que je sais, c'est que sur les huit ans, j'avais un kilo de différence à la fin. Donc, par rapport à ma vie d'avant, où j'étais pesée, je vérifiais combien je fais, j'ai perdu un kilo, merde, j'en ai repris deux. Et si j'en prenais trois, et nanani, et nanana. Et où ça n'allait jamais. Et au final, je n'ai fait que prendre du poids. Là, pour la première fois, alors que je me suis mise à manger plus varié, mais aussi de plus grande quantité. Au repas, je veux dire, au lieu de manger pendant des crises, à me faire plaisir, à ajouter des aliments plutôt qu'en enlever, mon poids n'a pas bougé. Et en termes de santé, si vraiment on veut parler de santé, c'est beaucoup moins dangereux d'avoir un poids qui se maintient sans efforts titanesques, en espèce de set point, là, le fameux set point, plutôt que de faire le yo-yo. Et moi, là, je suis arrivée à un stade où, pendant les 20 premières années, j'ai fait tellement de yo-yo qu'aujourd'hui, J'ai l'alimentation la plus équilibrée, si on veut parler des termes régime, de ma vie. Et pour autant, je ne perds pas un gramme. Parce que c'est terminé. J'ai cramé la capacité de mon corps à moduler le poids. Ce n'est plus possible. Et ce n'est pas grave. Ma target, c'est de ne plus prendre. Mais sans effort insurmontable. Juste de ne pas me peser, de faire confiance à mon corps, de faire confiance au fait que nous, on est des femmes. Quand on a nos règles, on a plus faim. Il y a des moments où on a moins faim. C'est OK, c'est comme ça. La vie, elle est changement. On n'a pas tout le temps la même faim. On n'a pas tout le temps envie de manger les mêmes trucs. On n'a pas tout le temps le même corps. Non, ce n'est pas une fierté d'avoir à 40 ans son corps de 20 ans. Non. Moi, quand j'ai 40 ans, je veux que mon corps voit les 40 ans qu'il a passés. Et à 50 ans, je ne suis plus dans le contrôle. La vie, elle est changement et j'accueille ce changement. Et à des jours, c'est plus facile que d'autres, etc.

  • Speaker #1

    Bien sûr, oui. J'aime bien quand tu parles de ce partenariat, en fait.

  • Speaker #0

    C'est ça qui a tout changé. Ben oui,

  • Speaker #1

    c'est ça.

  • Speaker #0

    Parce que s'aimer, c'est trop dur. Oui,

  • Speaker #1

    peut-être que c'est plus adapté de parler d'auto.

  • Speaker #0

    bienveillance d'auto compassion de partenariat par le partenariat en me disant le deal que tu fais avec toi Cocotte c'est à partir de maintenant je ne me brutalise plus je ne me fais plus de mal volontairement c'est un engagement j'entends à partir d'aujourd'hui on va découvrir la douceur, la bienveillance la compassion, on fait un deal Toi et moi, on est partenaires. J'ai des problèmes de santé très importants qui vont augmenter mon handicap, etc. Et ça n'empêche que là, je suis restée dans l'idée, toi et moi, on va y arriver. Quand je dis toi, c'est mon corps. Toi et moi, on va traverser ça, on va trouver nos solutions, on va adapter ce qui est adapté, mais on bosse là-dessus ensemble. Et ça, je me souviens des exercices de dire, par exemple, se regarder tous les matins dans la glace et se dire, je m'aime, je m'aime. Moi, je n'ai jamais pu faire ces choses-là.

  • Speaker #1

    C'est trop fort pour moi.

  • Speaker #0

    Non,

  • Speaker #1

    c'est violent presque.

  • Speaker #0

    Je suis l'adulte qui est responsable de prendre soin de son partenaire. Je prends soin de toi. Je te donne à manger. Je te donne du sommeil. Je te donne du temps. Je te donne du repos quand tu en as besoin. Je te donne des aliments kiffants quand tu as envie de kiffer. Je te donne du sport quand tu as envie de te dépenser et d'aller capter des tonnes d'hormones du kiff. Je suis là pour toi et je m'occupe de toi.

  • Speaker #1

    Ah, j'en ai des frissons !

  • Speaker #0

    Toi aussi !

  • Speaker #1

    Je te remercie beaucoup, beaucoup, Lisa, pour cet épisode qui est extrêmement riche, dense. Je vous encourage vraiment à même le réécouter plusieurs fois, parce qu'il y a aussi beaucoup de notions que tu as abordées et de prises de conscience, je pense, que vous aurez, je pense et je l'espère, en fait, en écoutant. Donc, c'est hyper précieux. Pour moi, ça va devenir... je pense, un des épisodes vraiment pépites du podcast. Et j'ai hâte qu'il sorte. Il va sortir pas tout de suite, tout de suite au moment où nous l'enregistrons, mais quand vous nous écouterez, il sera sorti forcément. Donc voilà, n'hésitez pas à l'écouter, le réécouter, à le conseiller aux personnes autour de vous qui ont envie, besoin de faire ce travail de déconstruction, parce que, voilà, encore une fois, il contient beaucoup de pépites. Lisa, où est-ce qu'on peut te contacter plus facilement ? Sur Instagram ?

  • Speaker #0

    Sur Instagram, sur la page du podcast. Je suis mes DM assez régulièrement. Avec plaisir. Je suis toujours très contente d'avoir des commentaires. Et je sais que c'est un chemin qui est long. Et avec plaisir,

  • Speaker #1

    oui. Et qui prend du temps. Restons aussi là-dessus.

  • Speaker #0

    Vraiment, j'insiste sur le côté, je ne crois pas à une guérison finale. aujourd'hui il y a des moments mes TCA elles reviennent, elles repartent il y a des jours où je recommence à détester mon corps et dans ce cas là je sais de me dire oula attends on est en train de revenir c'est la vie qui est un long fleuve tranquille ça n'existe pas mais c'est beaucoup plus apaisé, plus cool que quand on est en guerre et quand on est dans la culture des régimes tout à fait merci beaucoup Lisa merci c'était super

  • Speaker #1

    Nous sommes à la fin de cet épisode. Je vous encourage encore une fois à le partager autour de vous. N'hésitez pas à vous abonner au podcast si ce n'est pas encore fait. Mais qu'attendez-vous ? Voilà, enfin, enfin. Et à nous laisser des avis si la plateforme que vous utilisez le permet. Je pense particulièrement à Apple Podcasts ou Spotify. Et puis, je vous donne rendez-vous très bientôt pour un prochain épisode.

Description

Bienvenue à toutes et tous sur mon podcast « La pleine conscience du pouvoir » ! Je m’appelle Anne Pioz, je suis psychopraticienne spécialisée dans les troubles alimentaires. Avec ce podcast sur la relation avec l’alimentation, je vous accompagne à retrouver une relation sereine avec la nourriture et avec votre corps.


Dans cet épisode 118 du podcast, je suis très heureuse de recevoir Lisa, créatrice du podcast “Mon gros podcast” et du compte Instagram du même nom.

Nous échangeons ensemble sur le sujet de de l'obésité et de ses paradoxes. Et pour commencer, de ce terme même d’obésité, et du problème qu’il représente. L’obésité serait une maladie ? L’obésité serait une épidémie ? Quels traitements pour l’obésité ?

C'était passionnant d'entendre le point de vue de Lisa, personne concernée et militante sur ce sujet.


Retrouvez "Mon gros podcast" ici : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/mongrospodcast/id1684052171

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Je suis Anne Piausse, psychothérapeute, et je vous accompagne à retrouver une relation sereine et intuitive avec votre alimentation. La pleine conscience du pouvoir est un podcast qui vous accompagne à reprendre le pouvoir dans votre relation avec la nourriture, à sortir des injonctions de la culture des régimes et à ne plus vous sentir seul avec tout ça. Dans ce podcast, je partage des outils, des réflexions. Je vous parle aussi de pleine conscience et d'introduire dans votre quotidien plus d'observations de votre propre fonctionnement. Je vous propose également des témoignages de femmes et d'hommes qui vivent ou ont vécu un trouble du comportement alimentaire ou une relation compliquée avec leur alimentation. Leurs témoignages vous permettront, je l'espère, de réaliser que nous sommes nombreux à nous retrouver pris au piège de cette relation toxique. Je vous laisse avec l'épisode du jour. Bienvenue dans l'épisode 118 du podcast La pleine conscience du pouvoir Aujourd'hui, nous allons parler avec mon invité de l'obésité et de ses paradoxes. Et pour commencer, de ce terme même d'obésité et du problème qu'il représente. L'obésité serait une maladie ? L'obésité serait une épidémie ? Quel traitement pour l'obésité ? Je suis très heureuse de recevoir aujourd'hui Lisa, créatrice du podcast Mon gros podcast et du compte Instagram du même nom, dont bien sûr nous vous mettrons les liens dans la description de cet épisode. Bonjour Lisa et bienvenue sur la Pleine Conscience du Pouvoir.

  • Speaker #1

    Bonjour, merci beaucoup de m'accueillir, ça me fait très plaisir d'être là.

  • Speaker #0

    Alors le plaisir est partagé, on va dire, par nous deux. Alors avant que nous entrions dans le vif du sujet, est-ce que tu veux bien te présenter et présenter ton podcast pour les personnes qui ne le connaîtraient pas encore ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, donc je m'appelle Lisa, j'ai 47 ans, j'ai créé mon gros podcast il y a un peu plus d'un an, un an et demi peut-être. Parce que j'étais dans un chemin de déconstruction justement de la grossophobie, ma grossophobie, la grossophobie de la société. J'avais envie d'en parler. J'avais surtout envie d'en parler en tant que personne concernée. Je trouve qu'il y a de plus en plus de contenu grâce aux réseaux sociaux. Mais je trouve que très souvent, c'est des choses qui sont incarnées par des personnes qui ne sont pas forcément grosses et qui ne sont pas forcément aussi à mon âge. Et moi, on m'a beaucoup menacée comme... comme on le fait avec pas mal de personnes grosses, de mourir très jeune. Et du coup, je trouvais ça important de signaler, de pouvoir parler, de s'exprimer en disant que oui, on peut dépasser 40 ans, qu'on peut avoir une vie assez agréable, même en étant grosse et même en vieillissant. Et puis, j'ai pas mal de maladies chroniques qui ne sont pas liées à mon poids. Certaines pourraient expliquer mon poids, mais c'est plutôt dans ce sens-là que l'autre. Et du coup, j'avais aussi envie de parler de ça, parce que je trouve qu'il y a des choses dont on parle très peu, notamment le fait d'être diabétique en étant grosse. Le diabète, c'est une maladie extrêmement stigmatisée par rapport aux personnes grosses. Et donc, vraiment, vivre en tant que personne grosse et diabétique, c'est un sujet. Le SOPK aussi, qui est, pareil, une maladie qui est très importante et qui cause beaucoup d'infertilité, mais dont on parle peu. Donc voilà, j'avais envie de parler de tout ça. J'avais envie d'en parler à ma façon. C'est-à-dire un peu, voilà, c'est un podcast très amateur, naturel. Je fais très peu de montage. Je me lance sur des sujets et on en parle. Et voilà. Et en général, j'anime le compte Instagram. En conséquence, c'est-à-dire que quand je sors un épisode, je mets la jaquette de l'épisode sur Instagram pour que les gens puissent commenter, interagir, etc. Et puis sur mon compte, je publie pas mal de contenu justement sur ces thématiques. grossophobie, visibilité aussi des corps gros. J'aime bien poster des choses pour qu'on s'habitue à avoir des corps gros dans l'imaginaire collectif, parce qu'on est là, on existe, on fait des choses et c'est important pour moi. Et puis voilà, je suis quelqu'un de grosse avec des maladies, c'est le début, mais je fais aussi d'autres choses. Je suis très militante dans l'âme, donc je fais aussi très attention à la politique et aux ramifications politiques de tous ces sujets-là. J'aime bien rigoler, j'aime bien faire des activités un peu manuelles. Et puis, je fais du sport sur chaise. Et c'est pareil, c'est quelque chose dont j'aime bien parler parce qu'on peut faire du sport de façon adaptée à son corps. Voilà, voilà un petit peu comment je me présenterais.

  • Speaker #0

    Oui, oui. Oui, moi, ce que... Alors, je n'ai pas écouté tous les épisodes de ton podcast encore, mais ce que j'aime particulièrement, c'est justement ta spontanéité. En fait, la façon dont tu vas parler. Ça part vraiment des tripes, en fait. Ça part de toi, de ce que tu vis. On est dedans, en fait. Moi, en tant que personne non concernée par la grosseur, même si j'ai pu le croire, enfin bref, c'est un autre sujet, le sujet d'un autre épisode, peut-être. J'ai l'impression vraiment que tu nous embarques avec toi, en fait, dans ce que tu vis, dans la façon dont tu vis les choses, dans la façon dont tu penses les choses. Et justement, j'avais à cœur que tu puisses nous partager pour les auditeurs, les auditrices du podcast La Pleine Conscience du Pouvoir, comment tu vis les choses de l'intérieur et ton point de vue éclairé et personnel, en fait, qui est le tien, et tu le dis bien dans le podcast, c'est la façon dont moi je vis les choses et c'est la façon dont moi je pense les choses, mais j'imagine que tu n'es pas la seule, en fait, et en tant que personne concernée, pour vraiment nous emmener au cœur du sujet. Donc, allons-y au cœur du sujet, je suis hyper motivée pour... Et je sais que je suis avec la bonne personne pour nous en parler. Et puis voilà, le côté militant aussi. Je trouve que c'est extrêmement important. Et le côté militant de la personne concernée, tu vois.

  • Speaker #1

    C'est très gentil de le dire, mais il y a beaucoup de gens qui me disent ça, de dire même des personnes grosses qui auraient des opinions identiques. Le fait de les entendre et de les voir formuler comme ça, ça éveille des choses, au moins du questionnement. En fait, moi, je ne veux pas que tout le monde soit d'accord avec moi, mais je voudrais qu'on se questionne. Donc, on est d'accord. On ne peut pas tout cru ce qu'on nous dit. Et sur le militantisme, c'est pareil. Il y a pas mal de personnes qui ont dit Waouh ! J'avais jamais pensé à ça, mais ouais, en fait, il y a vraiment des ramifications politiques importantes sur les choix de santé publique, etc.

  • Speaker #0

    Complètement, complètement. Bon, eh bien, lançons-nous. C'est parti. Dis-moi. Et puis, je vais aussi me placer, voilà, comme si je n'avais pas écouté tes épisodes, comme peut-être la plupart des personnes qui nous écoutent. Donc, replaçons ce terme obésité. C'est quoi le problème ? Parce qu'on l'entend à toutes les sauces, brandi comme un épouvantail par rapport à notre santé. Donc, c'est quoi le problème, en fait ? Ou les problèmes ?

  • Speaker #1

    Déjà, la première chose, c'est que moi, je me suis auto-appelée obèse pendant des années. Vraiment, comme beaucoup de gens aujourd'hui. Quand je disais que j'étais obèse, je me décrivais comme obèse, etc. Et sauf que j'ai fait le travail de me dire non, en fait, je rejette ce terme pour plusieurs raisons qu'on va développer. Mais du coup, j'ai changé et aujourd'hui, je me définis comme une personne grosse. Je parle de grosseur, mais pas d'obésité. Et la première raison, c'est que l'obésité, c'est un terme médical. C'est la terminologie de la grille de l'IMC. À tel ou tel IMC, on arrive au stade d'obèse. Je sais qu'aujourd'hui, les termes ont un peu changé, mais moi, je suis même en ce qu'on appelle l'obésité morbide. Aujourd'hui, on ne dit plus comme ça, mais quand même, je veux dire aux gens que j'ai passé une vingtaine d'années où on me disait que j'étais en obésité morbide. Et je trouve que déjà, première chose, le terme est juste moche. Il est agressif, il est médical, en fait. Et je trouve que ce n'est pas OK quand je me présente ou quand je parle de moi. dans une sphère privée ou même publique ou whatever, mais quand je ne suis pas avec des médecins, je ne vois pas pourquoi je ferais référence à moi avec un terme médical qui sort d'une grille, ce fameux IMC que lui aussi je rejette. Et puis surtout, de manière générale, il y a le côté, moi, je ne considère pas qu'être grosse, c'est être malade. Je ne pense pas que le fait d'avoir de la graisse autour du corps est une maladie. Par exemple, avoir énormément d'amas graisseux sur les jambes, c'est une maladie. Ça s'appelle le lipodème. Ça ne s'appelle pas l'obésité. Ça a un nom, cette maladie. Donc, le seul cas où on peut considérer qu'avoir un ama graisseux à un endroit est une maladie, il y en a une, c'est celle autour des jambes, et ça s'appelle le lipodème. Mais avoir de la graisse sur le corps, avoir un gros ventre, des gros bras ou des grosses cuisses, à quel moment c'est OK de juste dire que ça, c'est une maladie, en fait ? et du coup je ne veux pas de ce terme parce que je me en l'occurrence comme je l'ai dit dans l'introduction j'ai des maladies chroniques donc j'ai d'autres raisons de dire que je suis malade mais mon poids et la caractéristique de mon corps la forme de mon corps la façon dont mon corps est je ne considère pas que ça puisse être résumé à une maladie

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as une idée de l'historique ? Tu vois à quel moment la médecine a considéré que c'était une maladie pourquoi ? Pourquoi ?

  • Speaker #1

    Le terme obésité, il a commencé avec la grille vraiment de l'IMT, sur poids, machin, obésité, etc. Et la maladie, c'est tout simplement l'OMS. Je suis extrêmement nulle en date, c'est-à-dire que j'ai l'impression que c'était il y a 5 ans quand en vrai c'était il y a 15 ans. Mais il y a un moment, je ne saurais pas vous dire comment, il y a une vingtaine d'années, où l'OMS a déclaré la grande cause de la maladie obésité. Et c'est à partir de là où on a eu cette histoire que l'obésité est une épidémie, il y a de plus en plus d'obèses dans le monde, etc. Et ils ont fait le choix de parler d'obésité et pas de grosseur ou de personnes grosses, etc. Mais c'est vraiment à ce moment-là. Et tout simplement, techniquement parlant, en France, il y a aussi le fait que c'est la Haute Autorité de Santé qui a déclaré que l'obésité était une maladie. Donc, c'est des choix... politiques et médicaux à l'échelle mondiale et à l'échelle de notre pays. Mais pour autant, je ne suis pas d'accord. Et c'est quelque chose qui fait débat, même dans la communauté scientifique, par exemple. Parce que moi, je suis assez proche de l'association de professionnels qui s'appelle le GROSSE. Donc, ça veut dire Groupement de Réflexion sur l'Obésité et le Chinois. Donc là, c'est des professionnels de santé. Il y a des nutritionnistes, il y a des psys, notamment Jean-Philippe Zarnat. Et c'est eux, par exemple, qui sont pour le fait de reconnaître l'obésité comme une maladie, en espérant que ça puisse ouvrir la porte au fait d'avoir une ALD. Une ALD, c'est...

  • Speaker #0

    Oui, mais du coup, ça donne droit à des remboursements. Exactement.

  • Speaker #1

    Attention, chaque ALD, pareil, les autorités de santé décident ce qu'on met avec. Et aujourd'hui, une ALD obésité ne donne droit à rien. La Haute Autorité de Santé a décidé que... le traitement d'obésité était effectivement une cause nationale. Et que le traitement de l'obésité se faisait de façon tripartite. Il y a médicaments, thérapie et nutrition. Non, quatre. Il y a le sport aussi. Et du coup, on pourrait se dire, ok, super, très bonne idée, on est tous d'accord, il faut s'adresser à tout ça. Sauf que la seule chose qui est remboursée à ce jour, c'est médicaments et chirurgie. Par exemple, le fait d'aller chez une psy, ça n'est pas pris en charge, même pour une personne grosse. Le fait d'aller chez une nutritionniste toutes les semaines ou tous les mois, ça n'est pas pris en charge. Aujourd'hui, on s'améliore sur l'activité physique puisqu'il y a de plus en plus d'APA, donc activité physique adaptée. Que l'APA, quand elle est prescrite par un médecin généraliste et que vous avez un centre APA autour de chez vous, ça peut avoir une certaine gratuité. Ce n'est pas toujours le cas. Mais voilà, ce que je veux dire, c'est que même l'autorité de santé française dit que l'obésité est une maladie et qu'il faut la dresser multifactorielle par différents biais, etc. Mais la seule chose qu'on rembourse, c'est... La chirurgie, les médicaments. Et quand je dis les médicaments, ce n'est pas tout à fait juste, parce que je crois qu'à ce jour, Ouigovy et Saxanda ne sont pas pris en charge. Je pense qu'on rembourse les médicaments, si on considère, vous savez, il y a des gens qui considèrent que les kilos, c'est émotionnel. Donc je dis n'importe quoi, si on vous fousse vos antidépresseurs parce que vous êtes trop gros, vos antidépresseurs sont remboursés. Mais les traitements eux-mêmes de l'obésité, je ne crois pas qu'ils soient encore sujets à remboursement, ce qui d'ailleurs est une question. Si c'est une maladie et que ces traitements sont efficaces pour cette maladie, pourquoi vous ne les remboursez pas ? Si je suis cardiaque et que je prends un traitement cardiaque, vous me le remboursez. Enfin, dans notre système, le système de redistribution à la française, on cotise toute sa vie et la Sécurité sociale prend en charge nos traitements. Et moi, vraiment, ce qui m'énerve, c'est que je suis convaincue, quoi qu'on considère du fait d'être gros, que ce soit parce qu'on mange trop, parce qu'on a des problèmes psychologiques, que ce soit qu'on mange trop, parce qu'on ne connaît pas l'alimentation ou que ce soit pour d'autres raisons, etc. Dans tous les cas... pourquoi on ne rembourse pas la thérapie et la nutrition.

  • Speaker #0

    Et là, c'est un sacré paradoxe. Je m'en rends compte, j'avais pas réfléchi à ça. Moi, ça fait ça de l'hypocrisie. Moi, je suis polie. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas poli. Mais oui, tout à fait. Parce que les fameux manger-bouger, et qu'on serait gros parce qu'on mange trop et qu'on ne fait pas assez de sport, ou qu'on a des problèmes émotionnels qui font qu'on va se jeter sur la nourriture. Ok, bon, dans ce cas, pourquoi on ne les traite pas ?

  • Speaker #1

    En restant sur cette idée-là, imaginez une maladie pour laquelle, depuis 70 ans, on n'a plus qu'une stratégie, qui est de faire des régimes sans voir de nutritionniste, puisqu'encore une fois, on ne vous rembourse pas le nutritionniste, mais vous devez quand même faire des régimes. Donc, on se paye nos propres régimes tout seul, on se débrouille avec des bouquins. Mais ça fait 70-80 ans qu'on est sur la thématique. manger moins à travers des régimes et faire du sport, et c'est comme ça qu'il n'y aura plus de gros, ça fait 70 ans, on est toujours là, il y a toujours des personnes grosses. Ça veut dire que depuis 70 ans, on accepte qu'une soi-disant maladie, encore une fois, moi je ne crois pas, mais très bien, si c'est une maladie, pour quel autre type de maladie on accepterait 70 années d'un traitement qui ne marche pas, qui ne fait pas ses preuves, un traitement où, ok, tu fais un régime, tu perds du poids, mais après tu reprends, C'est-à-dire qu'on accepte même, et c'est pareil pour la chirurgie, on fait la chirurgie de l'obésité, on coupe un organe sain pour s'empêcher de manger. Organe qui peut regrossir après, parce que l'estomac, il peut reprendre sa place. Donc, on accepte de rembourser une chirurgie. La chirurgie, ça veut dire anesthésie, ça veut dire tout ça. Ça veut dire des compléments alimentaires toute sa vie, etc. Pour quelque chose qui a un taux d'échec de l'espace. Pour quelle autre maladie, collectivement, on accepterait de payer tout ça ? Et on accepterait pendant 70 ans de constater échec, échec, échec, sans se dire, hé ho les gars, venez on se regroupe et on essaye de réfléchir si peut-être il n'y aurait pas autre chose. Et au hasard, on pourrait peut-être demander aux personnes grosses est-ce qu'elles ont des idées, d'autres trucs à faire éventuellement. Et justement, ça fait 70 ans qu'on rembourse des chirurgies, etc. Et bien, tenez, si pendant les 70 prochaines années, on remboursait la thérapie et la nutrition. Et on va voir. Est-ce que peut-être il y aura plus de gens moins gros ? Et encore, ça m'arrache de dire ça, parce que moi, je ne suis pas pour l'éradication des gens gros. Je ne considère pas qu'on devrait tous être minces, qu'on devrait tous avoir le même corps. Mais si vraiment on est dans la logique des gens qui croient ça, quand ça fait 70 ans que ça ne marche pas, au bout d'un moment, il faut se remettre en cause quand même.

  • Speaker #0

    Oui, mais sauf que, tu vas me dire si tu es d'accord, mais la raison à laquelle tout le monde pense, c'est que c'est la faute des personnes. C'est juste qu'elles n'arrivent pas à suivre le truc.

  • Speaker #1

    Perdre du poids, youpi, c'est grâce au régime. Ce régime merveilleux, tellement efficace et génial, mais quand on n'y arrive pas, c'est de la faute du patient qui, lui, est vraiment trop naze et n'est pas capable de faire le régime correctement. C'est ça. Donc, c'est en ça que c'est plus qu'un paradoxe, c'est de l'hypocrisie. C'est-à-dire que vraiment, quand ça fonctionne, on dit, vous voyez, il suffit de faire un régime pour ne plus être gros. Mais quand ça ne fonctionne pas, c'est, vous voyez, il est vraiment trop nul. Il n'a pas suivi le régime correctement, pas dû se restreindre suffisamment. Il n'a fait qu'une heure de sport par jour au lieu d'en faire deux. C'est toujours de la faute du patient. et là c'est pareil, j'invite les gens à se poser la question pour quelle autre maladie on accepterait à ce point-là de tout mettre sur le comportement du patient à quel moment on ne se dirait pas, le traitement ne marche pas la chirurgie ne marche pas et que peut-être il faut faire autrement même dans les maladies de santé mentale et Dieu merci encore une fois moi je ne crois pas que la santé mentale soit une question de volonté mais à quel moment on dit à quelqu'un de schizophrène, ça suffit, choisis ta bonne personnalité On ne fait pas ça. On accepte que c'est une maladie qui se gère par des médicaments, que c'est difficile pour la personne. Mais quand on est gros, non, non. Gère ta volonté, grosse personne. Mais que tu fais ça, si vraiment, vraiment vous êtes dans l'idée de vouloir croire que je suis malade d'être grosse. Mais à quel moment on traite des malades comme ça, en fait ? Une personne grosse qui devient diabétique, littéralement, on lui dit, ah ben voilà. Ça allait arriver.

  • Speaker #0

    Ce qui devait arriver est arrivé.

  • Speaker #1

    Genre, tu l'as bien cherché, ta maladie, madame.

  • Speaker #0

    C'est horrible. Et oui. Et douce, tu sais, je suis avec ce qu'on disait tout à l'heure, de cette idée de brandir, en fait, ce terme d'obésité, comme un épouvantail, en fait. Et attention, il va vous arriver.

  • Speaker #1

    C'est aussi ce qui me gêne dans ce terme, tu as tout à fait raison, c'est que ça, pour moi, c'est là où c'est une question de société. C'est-à-dire qu'on accepte d'être dans une société où on peut se faire des choses, capitaliste, performative, productive, où ce qui compte, c'est l'efficacité, à quel point on est productif, etc. Et du coup, on veut d'abord tout ce décor parfait, géniaux, qui fonctionne. Et on est OK de se faire peur. On croit que les personnes sont grosses parce qu'elles n'ont pas de motivation. Déjà, là, c'est non. Mais très bien, on croit ça. Et on croit que générer la motivation, c'est sous forme de menace. C'est sous forme de... peur au lieu d'être sous forme de je vais t'apprendre à être apaisée avec toi-même et à trouver la motivation d'être apaisée avec toi-même. Et si être apaisée avec toi-même, c'est peser 70 kilos ou 130 ou 40, on s'en fout tant que t'es apaisée avec toi-même. Sauf qu'on est dans une stratégie de, on doit être en guerre. Il faut être en bataille. C'est là, tu vas être trop baisse. Tu vas être diabétique. Ouh là là, tu vas avoir de la résistance à l'insuline. Ouh là là, le sucre est ton ennemi. Ouh là là, Nutri-Score, ce que tu manges, c'est rouge, cramoisi, tellement c'est mal pour toi. Et cette stratégie de la peur, encore une fois, c'est que soit en disant qu'on est dessus, elle ne marche pas.

  • Speaker #0

    Ben non.

  • Speaker #1

    Et c'est quand autre chose.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est ça. C'est vraiment ce constat que ce qui continue à être s'amener sans arrêt.

  • Speaker #1

    Mais en se réinventant continuellement. Exact. Parce que ce qui est très puissant avec cette notion d'obésité, ce qu'on n'a pas encore nommé. C'est ce qu'on appelle la culture des régimes. Alors, ce que je trouve un petit peu compliqué avec le vocabulaire culture des régimes, c'est qu'il y a plein de gens à qui on en parle qui vont dire Ah non, mais moi, je ne suis pas au régime Oui, mais oui. Parce qu'il y a des gens, ils ont tellement intégré les concepts de la culture des régimes qu'ils sont dans un contrôle alimentaire quasiment transparent pour eux tellement c'est intégré. Tout à fait. Donc, je trouve que ce vocabulaire est important de comprendre. Quand on dit culture des régimes, ça ne veut pas dire au sens où tout le monde est au régime, mais ça veut dire qu'on baigne dans un environnement où on passe notre temps à nous donner des règles et des injonctions sur les bons aliments, les mauvais aliments, la bonne heure pour manger, la mauvaise heure pour manger, ce qu'on mange l'été, ce qu'on mange l'hiver, et tous ces trucs-là. Et toutes ces règles-là, qui impactent tout le monde, en fait. Moi, honnêtement, je ne connais pas grand monde qui n'est pas impacté par cette culture des régimes, mais du coup, on est driveé par elle. Et cette culture des régimes, derrière, il y a tout simplement l'industrie des régimes. Et là, vraiment, on parle de la chirurgie. C'est des médecins qu'on paye. C'est des techniques chirurgicales. Les médicaments d'obésité, c'est des labos pharmaceutiques qui font de l'argent. Les régimes Weight Watcher, Ducan, les montagnes de bouquins, de magazines, les salles de sport avec qui, en gros, vous venez perdre vos kilos de l'hiver. Tout ça, en bas de chez moi, j'ai un truc comme j'aime, avec des massages pour enlever la cellulite, les crèmes pour enlever... Tout ça, c'est une industrie qui fait de l'argent. Et c'est ça qu'il y a derrière la culture des régimes, l'industrie des régimes, et tous ensemble, ils se réinventent. Aujourd'hui, honnêtement, on parle beaucoup moins de régime, on parle de l'équilibrage alimentaire.

  • Speaker #0

    C'est un mauvais espace, ce terme. Aujourd'hui,

  • Speaker #1

    au lieu d'être vraiment sur t'es gros, c'est de ta faute on a un petit peu assaini ou calmé le discours sur les pauvres, ils sont malades, il faut les aider, mais quand même, il faut vraiment les aider à se bouger Ce que je veux dire, c'est que le truc, c'est non seulement qu'il y a un discours permanent, mais en plus, ce discours se modernise. Et du coup, quand on commence à le reconnaître en se disant c'est vrai, on parle de partout, de régime, etc. Eh bien, deux ans après, on ne parle plus de régime. On vous dit, non, mais faites une petite rééducation alimentaire. Mais en vrai, derrière, c'est la même chose. C'est restriction, manger moins pour perdre du poids. Et c'est ça qui est très pervers. C'est que du coup, on est constamment à devoir, nous, être humains, se réadapter en se disant... Ah ouais, merde, ils disent pas régime. Mais en fait, c'est clairement un régime qu'il y a derrière. Ah oui, là, ils sont pas en train de dire c'est de ma faute, mais ils sont quand même un peu en train de dire que je suis pas très motivée.

  • Speaker #0

    Et c'est pas évident d'avoir cette prise de recul en fait, parce que je pense qu'on peut très facilement se faire embarquer en fait dans le truc et être rattrapée par ces discours-là.

  • Speaker #1

    Et je pense que c'est ça qui est extrêmement difficile, c'est que moi, j'ai été obèse et fumeuse pendant 20 ans. On m'a systématiquement questionnée sur mon poids. y compris cardiologues, y compris des tas de gens comme ça, jamais sur ma cigarette. Je fumais 15 cigarettes par jour. La cigarette est un produit dont on n'a pas besoin pour vivre. La cigarette est un produit qui a 100% de chance de détériorer mon corps. Ça passe. Le poids, en soi, avoir de la graisse autour du corps, ça n'a jamais été prouvé comme étant un problème en soi. On y reviendra. Mais on m'a toujours... Même un ORL m'a demandé si j'avais pensé à maigrir. Un gars que je vais voir pour une grippe me demande si j'ai pensé à maigrir, mais il ne me demande pas si je continuais de fumer des clopes pendant que j'ai la grippe. Et oui, je fumais des cigarettes en ayant la grippe. Et je me permets de faire cette comparaison. Je sais que je ne veux pas toujours la faire philosophiquement parlant, mais moi, je le fais parce que moi, je l'ai vécu. J'ai été et grosse et fumeuse. On m'a foutu la paix sur la cigarette. J'ai arrêté de fumer. Ne venez pas me dire que je n'ai pas de motivation. J'ai arrêté de fumer toute seule. Ça fait dix ans que je n'ai pas fumé, alors que j'ai fumé pendant vingt ans. Donc oui, je sais ce que c'est avoir de la motivation. Je sais ce que c'est qu'avoir une addiction. Et non, je ne considère pas que l'alimentation, c'est pareil. Mais si je fais cette démonstration, c'est pour dire qu'arrêter de fumer, collectivement, en termes de société, on est tous désolés pour les gens qui essayent d'arrêter de fumer. On sait que ça va être très dur. On sait qu'il va y avoir des échecs. On est super désolés, etc. Alors que c'est un produit dont on n'a pas... pas besoin, qu'on a décidé de commencer à fumer tout seul comme des couillons, là, ok. Par contre, on peut, entre guillemets, beaucoup plus facilement arrêter de fumer parce que fumer, t'en as pas besoin. Par contre, manger, c'est continuellement. On mange trois fois par jour, voire quatre, voire cinq. C'est-à-dire que quand on dit à quelqu'un Non, mais t'as juste à arrêter tes TCA, arrête de manger c'est pas un truc auquel je pense une fois de temps en temps parce que j'ai envie de griller une cigarette et qu'en fait, j'en ai pas besoin pour vivre. C'est quelque chose auquel je dois penser pour faire mes courses, pour faire mes repas. Et donc, c'est constamment dans la tête. Et là où tu as raison, c'est que... Ton podcast s'appelle La pleine conscience Quand on est en conscience des choses et qu'on regarde, la culture des régimes, on est noyé dedans. C'est deux. partout. C'est à la télé, c'est dans les films. Je veux dire, il n'y a pas une série télé qu'on regarde où il n'y a pas quelqu'un qui arrive en disant Oh, dis donc, t'as pris un petit peu de bite, toi, ce matin ? Il n'y a pas de... Il y en a de partout des petites phrases qui sortent comme ça, dans les magazines, dans les bouquins. Là, en ce moment, je lis des romans. Donc, je ne dis pas des bouquins de développement personnel ou de régime. Et dans un des romans, ils décrivent un personnage gros et je ne te dis même pas les termes pour utiliser. Et donc, on est constamment nourri de ce type de choses, on est gros, la société nous rejette et nous le dit constamment, mais on devrait quand même être les rois du monde et être complètement capable d'être en détente, motivé et de s'interdire de manger, etc. Donc on comprend que quelqu'un galère à arrêter la cigarette, voire n'y arrive jamais complètement, mais on est incapable de comprendre que s'extirper de la culture des régimes dans une société profondément noyée de culture des régimes et grossophobe, ce soit pas facile quoi.

  • Speaker #0

    ça n'a aucun sens quoi ben oui ça n'a aucun sens je suis avec ce constat tu sais ça m'en coupe les mots en fait parce que c'est tellement cette aberration et tu vois je pense que quand je vais réfléchir au titre du podcast l'hypocrisie de l'obésité finalement tu vois on est au-delà du paradoxe quoi Et tu en as déjà parlé, mais concernant les traitements, puisque maladie, maladie-traitement, normalement, ou au moins on fait de la recherche, ou au moins on réfléchit. Comment ? Parce qu'il y a des maladies auxquelles on ne trouve pas de traitement. Bon, qu'est-ce qui est proposé aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    C'est que là, on arrive sur quelque chose de difficile pour moi, parce que pour moi, l'obésité n'est pas une maladie. Elle se croque trop, ce n'est pas une maladie. Donc je suis déjà choquée qu'on accepte dans une communauté qui est scientifique et médicale ce statement alors qu'il n'est pas soutenu par des faits. Il n'y a aucune maladie qui est uniquement attribuée à la grosseur. Ça n'existe pas. Toutes les personnes diabétiques ne sont pas grosses. Ça n'est pas vrai. Il y a des gens minces qui sont diabétiques. Il y a des gens minces qui ont des problèmes cardiovasculaires. Il y a des gens minces qui ont des problèmes d'arthrose. Il y a des gens minces qui ont des problèmes d'articulation, etc. Il y a... qu'une pathologie qui ne peut s'expliquer que par la grosseur. Ok, il y a des personnes grosses qui n'ont aucun problème de cholestérol, de tension, etc. Et on peut dire les phrases en sens inverse, ça n'est pas vrai que toutes les personnes grosses ont des problèmes de tension. Ça n'est pas vrai que toutes les... Donc, il n'y a aucune maladie qu'on ne peut expliquer que par la grosseur, et il n'y a aucune maladie qui n'arrive que aux personnes grosses, et il n'y a aucune maladie que... toutes les personnes grosses ont. Ça, ce sont des faits. Et pour autant, on explique que gros, c'est être malade. L'autre chose, c'est que gros, il y a mille et une façons d'être gros. C'est pas la même chose, la forme grosse, vous savez, un peu en mode orangina, où on a un gros ventre, mais on a des épaules et des jambes un peu plus fines. Souvent, les hommes, ils sont gros comme ça, ils ont un gros ventre. Moi, j'ai un petit peu ce profil-là aussi. Il y a des gens qui ont plutôt des grosses jambes, mais qui n'ont pas du tout de ventre. Donc, à quel moment on considère que c'est la même pathologie, ce serait la même maladie, alors que la graisse n'est même pas au même endroit dans le corps ? Pourquoi on considérait qu'on met tous les gens dans la même catégorie, juste parce qu'ils ont de la graisse sur le corps ? C'est ça. Non, ça ne peut pas être vrai. Et du coup... On va parler évidemment des médicaments, etc. Mais moi, là, j'ai besoin de le dire.

  • Speaker #0

    Oui, c'est important.

  • Speaker #1

    Je suis choquée que les médecins qui me soignent, qui vous soignent, soient OK collectivement pour accepter quelque chose qui n'est pas démontré.

  • Speaker #0

    Oui, et qu'il faudrait être, tu sais, c'est ce que tu disais tout à l'heure, maigrisser d'abord, revenir à un IMC plus normal, entre guillemets, d'abord. Et après, on verra ce qu'on fait. Ou alors que ce serait une prévention. Moi, tout d'un coup, je me dis, mais attends, la chirurgie de l'obésité qui est brandie comme le traitement, qui fonctionne, blablabla. On veut même opérer des enfants. Maintenant, j'ai vu ça l'autre jour, mais je me suis hérissé. Tous mes poils se sont dressés. Et pour prévenir des potentiels problèmes de santé qu'ils n'auront peut-être jamais. Puisque comme tu nous le rappelles, et c'est super important, et j'en parlais dans... Une des rediffusions que nous avons faites cet été sur les liens entre poids santé et décorréler le poids de la santé, c'est toujours cette idée que la causalité, la corrélation, tu sais, j'aurais expliqué ça. Et oui, comme tu l'as très justement dit, toutes les personnes grosses, neuves, ne vont pas développer de diabète. Il y a des personnes minces qui ont du diabète, etc. Donc, on va faire subir quelque chose d'extrêmement violent, en fait, que c'est la chirurgie de l'obésité. Parce que, voilà, je ne me suis pas penchée plus sur la question, mais est-ce que tu me confiantes qu'on va opérer en prévention des personnes qui n'ont même pas de maladie, qui seraient potentiellement liées à l'obésité ?

  • Speaker #1

    On opère.

  • Speaker #0

    en fonction d'un IMC. Donc ça veut dire que déjà, le premier postulat, c'est qu'on considère que l'IMC, c'est OK. Et c'est vrai que je n'en ai pas parlé ici, parce qu'on est entre nous et on sait de quoi on parle, mais pensons aux auditeuristes qui ne le savent peut-être pas. On rappelle que l'IMC, c'est tout pourri. D'accord ? Oui. À partir de 30, on est en obésité morbide. Je lisais hier une publication de La Grosse Parole qui disait que Teddy Riner, il a un IMC de 31. D'accord ? Donc Teddy Riner, il a le même IMC que moi, sauf que Teddy Riner, c'est un athlète. D'accord ? Donc oui. il a beaucoup de muscles et beaucoup de poids, mais le gars, je ne crois pas qu'on puisse considérer que lui et moi, on a le même corps gros. Mais puisque ce qui compte, c'est l'IMC, l'IMC, c'est un outil statistique. Ça a été développé par un statisticien. Sur une population, c'était au début de la Première Guerre mondiale, des gens sportifs, des gens blancs. Donc déjà, je crois qu'il n'y avait pas de femmes. Donc c'était des hommes blancs. Et ça date d'avant la Première Guerre mondiale. On est en 2024. Les gars, on pourrait peut-être... réinventer l'outil 2 secondes et c'est un outil qui fait le rapport poids-taille, point barre c'est ça aucune autre information préventive et sur la base de cette IMC on considère qu'à telle IMC on peut avoir la chirurgie de l'obésité à telle IMC on peut avoir les médicaments de l'obésité donc là où tu as raison en termes préventifs c'est que eux ils ne peuvent pas dire que c'est préventif puisqu'ils considèrent qu'être gros c'est une maladie ils considèrent qu'ils traitent une maladie moi je suis d'accord avec toi, je considère qu'être gros tout court C'est-à-dire qu'une personne qui est grosse, qui n'a pas de cholestérol, pas de problème de tension, aucune maladie, diabète, etc., qui engage sa santé, rien. On considère qu'on l'opère quand même, parce que ce qu'on soigne, c'est ses kilos.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et on parle d'une opération, moi j'aime bien la définir comme ça. On considère qu'on va vous découper un organe sain qui n'a pas de problème, c'est-à-dire votre estomac, on le coupe littéralement pour vous empêcher de manger. Point barre. C'est ça la chirurgie de la diversité. Ou alors, je ne les connais pas toutes, mais il y a celui où c'est carrément, on connecte à notre intestin, on bypass l'estomac, voilà, c'est le bypass. On fait genre, tout l'estomac, ça ne sert à rien dans le corps, t'inquiète, pas besoin de s'en occuper. On va directement connecter. On est sur des choses, moi je suis convaincue que genre dans 50 ans, on va regarder ça en se disant mais c'est quoi cette barbarie en fait ? À quel moment on a vendu à des gens ? Et on a laissé des gens se faire anesthésier, etc. Enfin, le parcours, il y a carrément des gens, par exemple, pour faire la chirurgie de l'obésité, ils doivent perdre du poids. C'est-à-dire qu'avant de commencer la chirurgie, on se fait un petit régime. On rentre dans une bonne petite restriction. Derrière, on enchaîne sur une chirurgie. Chirurgie avec les risques inhérents à l'anesthésie, être anopédale. Pendant trois mois, on ne peut bouffer que des yaourts, du père. Le plaisir alimentaire à son max. Et après, à vie, on doit prendre des compléments parce que non, le corps humain n'est absolument pas fait pour défoncer le système digestif juste pour avoir moins envie de manger. Il y a des gens qui sont choqués du foie gras et du gavage des oies, mais ils ne sont pas choqués qu'on coupe à des humains un organe sain pour les empêcher de manger. Je suis désolée, mais quand on explique cette chirurgie, je... Non, mais non. Alors, rappelons quand même qu'elle a été inventée pour des raisons positives et qu'elle a été détournée. Elle a été inventée pour des très gros obèses qui, justement, auraient eu, par exemple, une pathologie cardiaque et qui ne pouvaient pas se taper 5 heures d'anesthésie pour faire un triple pontage à cause de leurs problèmes de tension, etc. Et donc, à ce moment-là, à tort ou à raison, parce qu'honnêtement, je ne suis pas certaine des données scientifiques, mais bref, à ce moment-là, on considérait qu'en leur coupant l'estomac, en parlant 30 kilos en 3 mois, on pouvait leur faire la chirurgie dont ils avaient besoin. ok un peu comme la chirurgie esthétique c'est l'urgence quoi en fait on a inventé la chirurgie esthétique pour les grands brûlés pour les personnes qui avaient des becs de lièvres et des déformations aujourd'hui on s'en sert pour avoir des jolies fesses et moins de rides on a détourné la chirurgie de l'obésité comme on a détourné la chirurgie esthétique donc en soi la chirurgie de l'obésité je vais pas lui tirer dessus complètement mais ce qu'on décide d'en faire aujourd'hui des usines à chirurgie de l'obésité des unités alors en plus aujourd'hui on a fait On parlait de réinvention, ça s'appelle la chirurgie métabolique. On ne dit plus obésité. On parle de troubles métaboliques, parce que comme ça, ça fait encore un peu plus maladie. Ça veut dire qu'il y a des problèmes dans le métabolisme de ton corps et qu'on va les régler. Et par exemple, la chirurgie de l'obésité, les critères sont relativement protecteurs. Quand on regarde la décision des autorités de santé, il faut avoir essayé tous les régimes. Il faut avoir suivi une thérapie, il faut ne pas avoir de TCA, il faut être au-dessus de tel IMC. Ça, c'est les critères. Dans les faits, moi, je connais des gens qui ont été opérés en n'ayant pas un IMC qui justifierait une opération, et surtout, entre obèses. Je vais le dire parce que c'était l'époque où j'ai considéré cette chirurgie. Je m'appelais encore obèse. Entre obèses, on sait tous, voire même les médecins nous le disent, il faut cocher la case de dire qu'on n'a pas de TCA. Ben oui. Et tout simplement, on a le droit à une chirurgie alors qu'on a une maladie qui est censée nous interdire l'accès à cette... Et pour se protéger, avant la chirurgie métabolique, on fait un entretien psy-TCA. Comme si les TCA que moi j'essaye de soigner depuis 5-6 ans que je suis sur le sujet... Mais un entretien avant une chirurgie, youpi, ça laisse tu soigner des TCA, allez-y, enlevez-moi l'estomac, tout va bien. C'est barbare, vraiment. C'est vraiment, vous avez mal aux yeux, on constate que vous pouvez renforcer votre mal des yeux en mettant le doigt dans l'œil, je vais vous couper le doigt. Comme ça, vous ne mettez plus le doigt dans l'œil, vous n'aurez plus mal aux yeux. Voilà, super. Je constate que vous êtes grosse, je considère qu'être gros, c'est parce qu'on mange trop. Bon, je vous coupe l'estomac, comme ça, vous aurez moins de manger. Mathématiques, 1 plus 1 égale 2. OK. Ça fait 70 ans que ça ne marche pas, mais on continue.

  • Speaker #1

    Pareil, ben oui.

  • Speaker #0

    Moi, j'ai besoin des médecins aujourd'hui, pas à cause de mon obésité, mais pour tout le reste. Et c'est quand même très dur de devoir faire face à une communauté scientifique et à des médecins en sachant que c'est des gens qui croient à ça. Ils acceptent de mettre en place une chirurgie barbare sur la base de non-faits. Il n'y a pas de faits qui... C'est comme, par exemple, quand moi, j'ai commencé à être diabétique, on m'a dit, si vous perdez... 30 kilos. Alors, attendez, c'était 30 kilos à l'époque. On va dire, si c'était 10 de mon poids, je pouvais ne plus être diabétique. OK, super. Où sont les faits ? Il n'y en a pas. C'est une croyance populaire. Il y a des études qui ont montré que certaines... Alors, je suis nulle en détail. Je vous invite à aller sur tous les comptes qui vont référer les bonnes, vraies études. Mais en gros, il y a une étude qui dit que, je ne sais pas, genre 15 des gens qui ont participé à cette étude et qui ont perdu... 40 kilos en 6 mois, n'ont plus eu les marqueurs du diabète. Parce que déjà, une fois qu'on a été diabétique, on l'est à vie. Ça n'existe plus de plus être diabétique, c'est pas grave. Mais surtout, tous ces gens-là, ils sont redevenus diabétiques au bout de 3, 4, 5 ans. Donc en fait, l'idée, c'est je me coupe l'estomac à travers une anesthésie. Je ne pourrai plus jamais manger un repas de Noël, par exemple. Parce qu'il ne faut pas oublier qu'une fois que l'estomac est dans cet état... Il n'y a plus d'autorégulation. C'est-à-dire le jour où j'ai envie de faire un plus gros repas qu'un autre jour, parce que oui, la faim n'est pas constante. Parfois, on a plus envie de manger que d'autres fois. Ça n'existe plus. L'estomac n'est plus capable de le recevoir. Ce n'est plus possible. Donc, OK, on me coupe l'estomac. Je ne peux plus avoir trop de plaisir alimentaire, etc. Ou par toute petite dose. Il faut que je mange comme un petit oiseau, etc. Je ne suis plus diabétique pendant 3, 4, 5 ans. Mais après, hop, je redeviens diabétique. Et juste parce que j'ai gagné 3, 4, 5 ans en concert, c'est génial. Moi, je ne trouve pas que ça vaut le risque. Non, je ne suis pas d'accord.

  • Speaker #1

    Alors, justement, il y a plusieurs choses où tu disais on va revenir dessus. Mais entre autres, cette question de santé. Je sais que tu as à cœur aussi de parler de ce sujet de la santé d'une manière plus globale. Comment tu souhaiterais qu'on l'aborde ? D'où tu voudrais qu'on parle ?

  • Speaker #0

    C'est quelque chose qui est assez récent pour moi. Ça doit faire deux ans que je lis des choses là-dessus et que ça m'a... Pareil, dans le travail de déconstruction, d'un seul coup, j'ai pris conscience de me dire Mais oui, mais attendez, mais on est devenus dingos ou quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Parce qu'en fait, aujourd'hui, on a l'impression que c'est normal. On parle de la santé tout le temps. Être en bonne santé, les aliments santé, l'alimentation santé, le sport santé. Pareil, il y a des magazines tous les mois qui sortent pour... Comment gérer votre santé ? Comment être en bonne santé ? Oui,

  • Speaker #1

    et aussi la culture des régimes, c'est réapproprier ça, en fait. C'est plus pour être beau et tout ça. Non, c'est pour notre santé.

  • Speaker #0

    Pour être en bonne santé. Et les gens grossophobes qui se permettent de nous faire des remarques. Oui. Parce qu'il y a ça aussi, être gros. Tout le monde croit qu'il a la solution au fait d'être gros. Quand vous dites à quelqu'un que vous avez la sclérose en plaques, vous n'avez pas 40 personnes qui vous font un traitement. Quand on vous dit, oh mince, on m'a proposé la chirurgie de l'obésité, il y a 15 personnes qui vont vous dire, ah bah oui, bah machin, ils ont leur régime à eux. Tout le monde a une opinion sur les personnes grosses. Et ça, d'ailleurs, il faudrait qu'on arrête. On arrête de lutter, bref. Mais le fait de se dire à quel moment on a considéré que la santé, c'était une valeur au-dessus de tout et une valeur qu'on pouvait contrôler. Parce que moi, j'ai 47 ans. Je n'ai pas souvenir que quand j'avais 18, 20 ans, 30 ans, on était dans un tel délire sur santé, santé, santé. Alors évidemment, de fait, moi, la première, j'ai envie d'être en bonne santé. et j'ai envie de mourir le plus tard possible. On est d'accord. Et donc, on fait le raccourci de plus je suis en bonne santé, plus je me retarde, bon, c'est cool. Évidemment, je suis d'accord. Mais quand ça devient une obsession collective, sociétale, voire quasiment un truc qu'on doit aux autres.

  • Speaker #1

    Oui, mais oui.

  • Speaker #0

    Genre, on se doit de ne pas trop impacter le système de santé. On se doit de ne pas renforcer le trou de la sécu. Parce que, par exemple, dans les gens qui luttent contre la grossophobie, Il y a des gens qui disent, non, mais moi, je suis grosse, mais je suis en bonne santé. OK, cocotte, mais moi, je vote pour que tout le monde qui est gros, on lui foute la paix. On est en mauvaise santé, en fait. Il n'y a pas de... T'inquiète, non, mais attends, je suis grosse, mais moi, je n'ai pas de cholestérol. Non, non, mais je suis grosse, mais moi... Et attention, je ne juge personne, je l'ai fait. Moi, jusqu'à il y a 5 ans, enfin, non, 10 ans maintenant, et qu'on me diagnostique toutes les autres maladies qui sont des vraies maladies pour moi, j'étais pareil. J'étais en mode, non, non, mais OK, je suis grosse, les gars, mais moi, je n'ai aucun problème de santé. Je n'ai pas de cholestérol, je n'ai pas de tension, je n'ai pas de douleur. foutez-moi la paix, c'est juste grosse. Et donc c'est une réponse normale au fait qu'on voit le côté tu vas mourir. Non, je ne vais pas mourir, je vais bien. Mais sauf qu'après, il faut aller plus loin, il faut dire et si je suis grosse et en mauvaise santé ? On me laisse sur la bande d'arrêt d'urgence ?

  • Speaker #1

    Oui, je reste avec cette notion de santé qui serait érigée comme le graal de la valeur la plus importante sans nous interroger nous en tant qu'individus, chacun d'entre nous sur un... Ok, pour moi, c'est une valeur importante. Mais en même temps, nous sommes tellement noyés dans un discours sociétal d'importance. Et puis, tu sais, je reviens à ce que tu disais de cette responsabilité que nous aurions vis-à-vis de la société d'être en bonne santé pour ne pas coûter trop cher, pour ne pas poser...

  • Speaker #0

    Mais oui, mais bien sûr....abuser du système, qu'on pèse sur le système, qu'à cause de nous, on coûte de l'argent au système. Enfin, vraiment. Oui, oui.

  • Speaker #1

    Ce qui n'est pas le cas dans d'autres... Tu parlais du tabac. C'est peut-être de plus en plus mal vu de fumer, mais je ne suis pas sûre que ce soit au point de la grossesse.

  • Speaker #0

    Il y a ce côté, on arrive à croire que la personne qui fume, elle ne le fait pas exprès. Mais on est incapable de se dire que non, je ne suis pas grosse juste parce que je mange trop. Je ne manque pas de volonté. Et puis, je suis désolée, mais être gros dans une société grossophobe, Moi, j'ai plus de force et de mental que toi. Désolée. Le grosophobe qui te dit, t'as pas de volonté, t'es grosse, viens vivre dans mon corps, dans cette société et je vais t'expliquer ce que c'est la volonté.

  • Speaker #1

    Mais oui.

  • Speaker #0

    Et le dernier, être grosse, c'est être extrêmement fort et courageux et faire face à tous ces grossophobes et à tous ces gens qui croient nous expliquer la vie. Moi, j'ai fait des épisodes où je vais acheter des baguettes et je me prends une remarque en disant, quatre baguettes pour quelqu'un de ton gabarit, c'est un peu beaucoup. Voilà. dans la vie publique, comme ça, je ne demande rien à personne. J'achète des baguettes et on me fait une remarque. Je vais acheter des framboises et il y a une dame qui vient m'expliquer que les framboises, c'est très sucré et que je ferais mieux pour prendre des fruits moins sucrés. Mais si ! Vraiment ! C'est-à-dire qu'être gros, on est un panneau sur place. La société a tellement acquis le côté être gros, c'est être en mauvaise santé. La seule valeur acceptable, c'est d'être en bonne santé et de tout faire pour être en bonne santé. Parce qu'une personne grosse qui essaye de maigrir, ça passe. Une personne grosse qui fait du sport, ça passe. Mais une personne grosse qui veut juste exister comme elle est et ne pas croire qu'elle est en mauvaise santé, eh bien ça, ce n'est pas possible. T'assumer en tant que personne grosse, c'est non. Et le fait de croire qu'être grosse, c'est manger trop, et que du coup, chaque être humain qui est mince a une meilleure solution et peut te la soumettre. Que tu sois en train de faire tes courses, que tu sois à la boulangerie, que tu sois au resto, que tu sois n'importe qui se sent OK. De te dire, non mais regarde, choisis la salade au lieu de la pizza, tu verras, c'est mieux pour toi. Non mais, écoute, t'as déjà pris une part de lasagne, n'en prends pas deux, tu verras, c'est mieux. Toutes ces remarques, c'est insupportable. On considère que c'est grossier de faire des remarques à des parents sur leurs enfants mal élevés. On considère que c'est grossier de parler de religion au repas de famille. On considère que c'est grossier de parler de politique au boulot. Mais on ne considère pas que c'est grossier de commenter le corps et ce que mange quelqu'un. Mais c'est profondément mal poli et grossier. Et si, et on en revient, si, je remets bien l'hypothèse, on croit que c'est une maladie, à quel moment c'est OK de parler de la maladie de quelqu'un toutes les deux secondes ? Quand bien même tu crois qu'être gros, c'est ma maladie ? Si j'ai la sclérose en plaques, à quel moment tu crois que me rappeler... toutes les secondes de toute la journée que je suis malade de la sclérose en plaques, ça va m'aider à gérer ma sclérose en plaques. Oui,

  • Speaker #1

    et puis ce ne serait pas fait de toute façon. La question ne se pose même pas en fait.

  • Speaker #0

    Alors même que, je ne sais pas, il y a pas mal de gens qui ont une sclérose en plaques et qui peuvent, enfin, je veux dire, ça peut se voir. Parce que les maladies invisibles, évidemment, on fout la paix aux gens. Mais voilà. Vraiment, je pense que c'est important chacun de se dire, est-ce que je suis d'accord pour être sur des valeurs de... les seules personnes qui ont de la valeur, c'est les personnes productives, qui contribuent à la société en étant au top de leur forme. Et donc, ça veut dire que toutes les personnes malades et handicapées, non, quand même, ça ne sert pas à grand-chose. Est-ce que je suis d'accord d'être prête à faire n'importe quoi, y compris me couper un organe sain ? pour soi-disant être en bonne santé, alors que rien n'indique que même en ayant fait... Vous imaginez les gens qui traversent la chirurgie de l'obésité et qui, derrière, se tapent en diabète ? Ils ont tout fait pour ne pas l'avoir, mais rien ne leur garantit qu'ils ne l'auront pas. Je veux dire, quelqu'un qui, dans sa trentaine, décide courageusement de traverser tout ce truc, de faire la chirurgie, lachanana, et qui, dix ans après, se retrouve diabétique ? Mais comment ? Quel médecin peut après lui dire oui, non, mais en fait, c'est parce que ce n'était pas à cause du poids.

  • Speaker #1

    Eh bien, ouais. Je vois que le temps tourne. Là, il y aura encore tellement de sujets que j'aurais envie qu'on aborde. Mais bon, peut-être on refera des épisodes et puis tu les abordes de toute façon sur ton propre podcast. Donc, j'invite vraiment les personnes qui nous écoutent à aller l'écouter. Oui, je suis avec deux choses là. Une question que je me posais, je ne sais pas si tu l'as évoquée au début, je ne crois pas, c'est qu'est-ce qui t'a mené, toi, à commencer à te poser des questions ? Et ça pourrait être aussi, comment nous pourrions encourager les personnes qui nous écoutent, et en particulier les personnes grosses, à avancer, tu vois, dans cette déconstruction, à se poser ces questions-là, à aller dans ce processus-là ? Je ne sais pas si tu t'en souviens, d'ailleurs, il y a quelques années.

  • Speaker #0

    Je ne sais pas comment... Bon, déjà, j'ai commencé les réseaux sociaux et j'ai découvert plein de militantes plutôt anglophones, des personnes justement qui disaient on peut être gros et s'accepter. Et au début, vraiment, j'étais là, je regardais chaque corps en me disant, ah ouais, non, mais elle est grosse. C'était vraiment... Et puis petit à petit, oui, ça m'a habituée à me dire, bon, OK, j'ai fait un travail. Donc, quand j'ai été diagnostiquée du diabète, comme tout le monde, t'es grosse, t'es diabétique, faut arrêter le sucre. Donc, je n'ai plus mangé de sucre du jour au lendemain. Je me suis rendue malade. J'ai fait une crise de vésicule. J'ai fini aux urgences. Enfin, n'importe quoi. Et du coup, là, je me suis dit, OK, ça ne marche pas. On va tenter une nutritionniste. J'ai rencontré une nutritionniste formidable. Heureusement. Dieu, merci. Je suis tombée sur une nutritionniste qui, à l'époque, était affiliée aux grosses et donc qui n'était pas dans une démarche automatiquement de régime. Et donc, on a commencé à travailler ensemble. Et alors, on n'était pas directement sur l'alimentation intuitive. On était plutôt... Moi, j'étais vraiment en mode, aidez-moi à maigrir. Mais du coup, elle, elle était bon, doucement, on va y aller par des petits bouts. Et puis, sauf que j'ai fait un très gros travail. Et j'ai vu, j'ai transformé mon alimentation. J'ai changé mon rapport alimentaire. Et je n'ai pas perdu de poids. Et là, il y a eu un moment où je me suis dit, bon, ça ne marche pas. J'ai fait la thérapie, je fais la nutrition. Je vois que je change. Je vois que je me sens... tellement mieux dans ma vie alimentaire. Je vois que tout ça s'améliore et mon poids ne bouge pas. Donc, comment on fait ? Et là, il y a eu un moment où j'ai justement fait le choix qu'on discutait de se dire, moi, j'ai commencé à être grosse vers 20 ans. On m'a traité de grosse avant, mais techniquement, j'étais grosse, on va dire, vers 20 ans. Donc, quand j'ai eu ces réalisations, j'en avais 40. Je me suis dit, OK, ça fait 20 ans que tu fais régime, que tu détestes. Ça fait 3 ans que tu apprends à t'aimer, à manger. ton poids il est toujours pareil qu'est-ce qu'on fait ? Et là je me suis dit c'est hors de question, je passe pas 30 ans avec ce même truc, je veux plus être obsédée de qu'est-ce que j'ai mangé la veille, qu'est-ce que j'ai mangé demain je devrais pas manger ci je veux plus ce brouillard mental, j'ai pas le temps pour ça j'ai plus l'énergie de ça, et c'est ça qui a été le driver pour travailler avec Grappolitik pour lire le bouquin gros n'est pas un gros mot pour m'abonner à des tas de comptes sur Instagram, pour lire des contenus, pour comprendre ce que c'était la grossophobie, la grossophobie internalisée, celle de la société. J'ai eu la chance de tomber sur des soignants pas grossophobes, etc. Et c'est comme ça que petit à petit, le chemin est venu. Et je pense que c'est ce qui est important, c'est de se dire, OK, en vrai, on n'a qu'une vie. En vrai, on ne la contrôle pas. En vrai, ce n'est pas parce que je vais manger des pommes tous les jours que je mourrai à 95 ans. Il n'y a pas de guide. Il n'y a pas de bullet point, de liste, ou si je fais du skate, la liste, tout ira bien. Ça n'existe pas. Parce que vraiment, moi, quand on m'a été diagnostiquée du diabète, j'avais déjà arrêté de fumer depuis 5 ans. J'avais une espèce d'addiction au coca. C'est une autre histoire que j'avais arrêtée. Donc moi, j'étais déjà en train de me sentir mieux. Et le diabète est tombé. Après le diabète, je fais ce travail de nutrition. Et toujours, le poids n'a pas bougé. Et du coup, ça ne matchait plus dans ma tête. Et je me suis dit, il faut trouver une autre voie. Trouver autre chose. Et surtout, je pense que ce qui m'appelait le plus, c'était la paix. Je veux dire, je ne peux plus être en guerre, en fait. Je ne veux plus ça. Je suis épuisée d'être en guerre contre mon corps, contre ce que je mange. Et du coup, ça a été plein de petites touches. J'ai découvert aussi la pleine conscience. Donc, prendre des douches en pleine conscience, prendre conscience de mon corps. Parce que quand on est obèse... qu'on se déteste, etc. Le corps, on ne le voit pas, on ne lui parle pas, on l'ignore, on ne peut pas en entendre parler. Et là, de reconnecter avec ça... Puis je vous dis, alimentairement, moi, j'avais une alimentation extrêmement restrictive. En fait, ma grosseur, bizarrement, justement, j'ai plus un TCA restrictif. Moi, j'étais sûre que j'étais une hyperphagique de l'espace, etc. Et pas du tout, je ne fais absolument pas... Ce n'est pas ça, mon alimentation. Par contre, c'est énormément de restrictions et des craquages, etc. Puis bon, surtout, depuis, j'ai été diagnostiquée d'autres maladies qui expliquent le SOPK, il fait prendre du poids et il crée du diabète. Et le haut, ce n'est pas mon poids qui a créé ça. Et du coup, c'était retrouver le plaisir. Enfin, je veux dire, j'ai appris à sélectionner et préparer une salade à 42 ans. Et j'ai trouvé ça trop cool. J'ai appris à manger de l'avocat, du kiwi, des brocolis. Et le fait de voir tous ces trucs arriver dans mon assiette, pas pour des raisons de régime, de restriction, de faire attention, d'être une good girl, etc., mais juste pour... Wow, purée, mais c'est bon, ce truc, en fait. Et j'avais trop envie que ça continue. Et plus on trouve ça, plus on se dit, non, mais c'est quand même... La vie est beaucoup plus... Et après, j'ai rencontré l'alimentation intuitive. Et là, pour le coup, ça a été le boom de dire, moi, c'est ça que je veux, quoi. Et le premier principe de l'alimentation intuitive... c'est de déconstruire la mentalité des régimes, la culture des régimes, etc. Donc là, ça a renforcé de dire, c'est stop. Je ne me crois plus, je n'en veux plus, je ne veux pas de ça dans ma vie. Mais ce n'est pas facile. Je ne veux pas avoir du rêve. Tout ça, ça s'est fait avec des années, avec des mois. Je suis en thérapie depuis 7 ans. Je suis en nutrition depuis 7 ans. J'ai encore des relents de TCA parfois. Mais ça n'empêche que ça existe. Et je sais qu'aujourd'hui, je suis plus malade, j'ai plus de maladies. pas à l'obésité qu'avant, mais je suis 15 fois mieux dans mes baskets. Et dans ma tête, c'est plus les montagnes de pensées, je suis trop nue, je devrais pas manger ça, je devrais pas boire ça, je devrais être comme si, purée, je vais faire ça. Les séances de sport qu'on fait à coup de culture des régimes, elles sont horribles. Et aujourd'hui, j'ai découvert le sport à coup de, j'ai trop envie de me dépenser, j'ai envie de faire bouger ce corps que je ne déteste plus. Et c'est le même sport. Mais ça n'a rien à voir. Les bénéfices ne sont pas du tout les mêmes.

  • Speaker #1

    Ça ne part plus du tout du même endroit, en fait. Et tu le disais aussi pour l'alimentation. Ça part de l'envie d'être bien, de se sentir bien. Ça part de la... On va dire ça... Je n'aime pas trop ces termes parce qu'ils sont tellement, je trouve, galvaudés. Mais ça parle de l'amour de soi, en fait. Ça parle de la paix.

  • Speaker #0

    Je n'aurais jamais dit il y a plusieurs années. Et tu vois, maintenant que j'y suis, je me dis, bah si, en fait. Après, à t'aimer. Alors, moi, je ne dis pas que je m'aime et tout, mais j'emploie les termes de respect. J'ai appris à me respecter et à prendre soin de moi. Je me suis dit, OK, ce corps-là, il va t'accompagner jusqu'au bout. En plus, il est en train de devenir de plus en plus malade. Ces dernières années, je suis aussi entrée dans le handicap. Donc, je ne peux plus faire ce que je veux. Je ne peux plus utiliser mon corps comme je veux. C'est des choses qui sont très dures à vivre et qui sont aggravées partout à cause de la grossophobie, justement. Et du coup, tout est difficile. Je ne peux plus être en guerre. Il faut qu'on soit une team. Il faut qu'on soit... C'est un partenariat que je veux construire. Et j'ai construit ce partenariat. Et je voudrais préciser que j'ai arrêté de me peser il y a huit ans. Il y a des médecins qui m'ont pesé parfois, mais je leur ai dit de ne pas me donner les chiffres. Quand je pouvais, j'ai demandé à ne pas être pesée du tout, etc. Et j'ai commencé un traitement il y a un an, en septembre. Il fallait prendre mon poids, etc. Et on a constaté qu'en huit ans, mon poids était identique. J'avais un kilo de différence.

  • Speaker #1

    Donc, il est stable.

  • Speaker #0

    Ça ne veut pas dire que je n'ai pas pris 2-3 kilos par an et que j'ai perdu. J'en sais rien parce que je ne me suis pas pesée toutes les deux secondes. Mais ce que je sais, c'est que sur les huit ans, j'avais un kilo de différence à la fin. Donc, par rapport à ma vie d'avant, où j'étais pesée, je vérifiais combien je fais, j'ai perdu un kilo, merde, j'en ai repris deux. Et si j'en prenais trois, et nanani, et nanana. Et où ça n'allait jamais. Et au final, je n'ai fait que prendre du poids. Là, pour la première fois, alors que je me suis mise à manger plus varié, mais aussi de plus grande quantité. Au repas, je veux dire, au lieu de manger pendant des crises, à me faire plaisir, à ajouter des aliments plutôt qu'en enlever, mon poids n'a pas bougé. Et en termes de santé, si vraiment on veut parler de santé, c'est beaucoup moins dangereux d'avoir un poids qui se maintient sans efforts titanesques, en espèce de set point, là, le fameux set point, plutôt que de faire le yo-yo. Et moi, là, je suis arrivée à un stade où, pendant les 20 premières années, j'ai fait tellement de yo-yo qu'aujourd'hui, J'ai l'alimentation la plus équilibrée, si on veut parler des termes régime, de ma vie. Et pour autant, je ne perds pas un gramme. Parce que c'est terminé. J'ai cramé la capacité de mon corps à moduler le poids. Ce n'est plus possible. Et ce n'est pas grave. Ma target, c'est de ne plus prendre. Mais sans effort insurmontable. Juste de ne pas me peser, de faire confiance à mon corps, de faire confiance au fait que nous, on est des femmes. Quand on a nos règles, on a plus faim. Il y a des moments où on a moins faim. C'est OK, c'est comme ça. La vie, elle est changement. On n'a pas tout le temps la même faim. On n'a pas tout le temps envie de manger les mêmes trucs. On n'a pas tout le temps le même corps. Non, ce n'est pas une fierté d'avoir à 40 ans son corps de 20 ans. Non. Moi, quand j'ai 40 ans, je veux que mon corps voit les 40 ans qu'il a passés. Et à 50 ans, je ne suis plus dans le contrôle. La vie, elle est changement et j'accueille ce changement. Et à des jours, c'est plus facile que d'autres, etc.

  • Speaker #1

    Bien sûr, oui. J'aime bien quand tu parles de ce partenariat, en fait.

  • Speaker #0

    C'est ça qui a tout changé. Ben oui,

  • Speaker #1

    c'est ça.

  • Speaker #0

    Parce que s'aimer, c'est trop dur. Oui,

  • Speaker #1

    peut-être que c'est plus adapté de parler d'auto.

  • Speaker #0

    bienveillance d'auto compassion de partenariat par le partenariat en me disant le deal que tu fais avec toi Cocotte c'est à partir de maintenant je ne me brutalise plus je ne me fais plus de mal volontairement c'est un engagement j'entends à partir d'aujourd'hui on va découvrir la douceur, la bienveillance la compassion, on fait un deal Toi et moi, on est partenaires. J'ai des problèmes de santé très importants qui vont augmenter mon handicap, etc. Et ça n'empêche que là, je suis restée dans l'idée, toi et moi, on va y arriver. Quand je dis toi, c'est mon corps. Toi et moi, on va traverser ça, on va trouver nos solutions, on va adapter ce qui est adapté, mais on bosse là-dessus ensemble. Et ça, je me souviens des exercices de dire, par exemple, se regarder tous les matins dans la glace et se dire, je m'aime, je m'aime. Moi, je n'ai jamais pu faire ces choses-là.

  • Speaker #1

    C'est trop fort pour moi.

  • Speaker #0

    Non,

  • Speaker #1

    c'est violent presque.

  • Speaker #0

    Je suis l'adulte qui est responsable de prendre soin de son partenaire. Je prends soin de toi. Je te donne à manger. Je te donne du sommeil. Je te donne du temps. Je te donne du repos quand tu en as besoin. Je te donne des aliments kiffants quand tu as envie de kiffer. Je te donne du sport quand tu as envie de te dépenser et d'aller capter des tonnes d'hormones du kiff. Je suis là pour toi et je m'occupe de toi.

  • Speaker #1

    Ah, j'en ai des frissons !

  • Speaker #0

    Toi aussi !

  • Speaker #1

    Je te remercie beaucoup, beaucoup, Lisa, pour cet épisode qui est extrêmement riche, dense. Je vous encourage vraiment à même le réécouter plusieurs fois, parce qu'il y a aussi beaucoup de notions que tu as abordées et de prises de conscience, je pense, que vous aurez, je pense et je l'espère, en fait, en écoutant. Donc, c'est hyper précieux. Pour moi, ça va devenir... je pense, un des épisodes vraiment pépites du podcast. Et j'ai hâte qu'il sorte. Il va sortir pas tout de suite, tout de suite au moment où nous l'enregistrons, mais quand vous nous écouterez, il sera sorti forcément. Donc voilà, n'hésitez pas à l'écouter, le réécouter, à le conseiller aux personnes autour de vous qui ont envie, besoin de faire ce travail de déconstruction, parce que, voilà, encore une fois, il contient beaucoup de pépites. Lisa, où est-ce qu'on peut te contacter plus facilement ? Sur Instagram ?

  • Speaker #0

    Sur Instagram, sur la page du podcast. Je suis mes DM assez régulièrement. Avec plaisir. Je suis toujours très contente d'avoir des commentaires. Et je sais que c'est un chemin qui est long. Et avec plaisir,

  • Speaker #1

    oui. Et qui prend du temps. Restons aussi là-dessus.

  • Speaker #0

    Vraiment, j'insiste sur le côté, je ne crois pas à une guérison finale. aujourd'hui il y a des moments mes TCA elles reviennent, elles repartent il y a des jours où je recommence à détester mon corps et dans ce cas là je sais de me dire oula attends on est en train de revenir c'est la vie qui est un long fleuve tranquille ça n'existe pas mais c'est beaucoup plus apaisé, plus cool que quand on est en guerre et quand on est dans la culture des régimes tout à fait merci beaucoup Lisa merci c'était super

  • Speaker #1

    Nous sommes à la fin de cet épisode. Je vous encourage encore une fois à le partager autour de vous. N'hésitez pas à vous abonner au podcast si ce n'est pas encore fait. Mais qu'attendez-vous ? Voilà, enfin, enfin. Et à nous laisser des avis si la plateforme que vous utilisez le permet. Je pense particulièrement à Apple Podcasts ou Spotify. Et puis, je vous donne rendez-vous très bientôt pour un prochain épisode.

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