Speaker #0Bienvenue dans La Voix Rayée, épisode 30. On va parler de cadre, de chaos et de fatigue parentale. Il y a des parents qui hurlent et d'autres qui n'ont plus assez de voix. Il y a ceux qui comptent jusqu'à trois, qui menacent, qui cèdent et qui s'en veulent. Et ceux qui posent des règles chaque soir pour les voir exploser chaque matin. Il y a des parents qui ont lu tous les livres, essayé tous les cadres, toutes les méthodes, mais leur enfant continue de déborder et eux, de s'effondrer à l'intérieur. Quand on élève un enfant HPI, ce n'est pas juste la fatigue du quotidien, c'est l'usure de devoir toujours penser à tout. Anticiper, contenir, comprendre, réparer, sans pause, sans mode d'emploi, sans relais. Ce n'est pas un épuisement éducatif, mais ça peut devenir une disparition progressive de soi, de son soi parental. Dans cet épisode, je ne vais pas parler de bonnes pratiques, parce que les bonnes pratiques, ce sont d'abord celles de parents qui tiennent dans une zone grise où on doute beaucoup, mais qu'il faut continuer quand même, parce qu'il faut bien, parce qu'il n'y a personne d'autre que vous pour votre enfant. On en parle maintenant. Bonjour à toutes et tous, je m'appelle Franck Robert et je suis votre accompagnateur dans ce voyage dans le haut potentiel intellectuel. Dans beaucoup de familles, le cadre a été associé à l'idée d'autorité, de verticalité, de pouvoir. Mais pour un enfant HPI, le cadre ne peut pas être une cage. S'il n'est pas posé correctement, c'est-à-dire avec du sens, le cadre sera toujours... trop, trop rigide, trop étroit, trop arbitraire. Chez ces enfants, l'obéissance ne vient pas d'une pression extérieure, elle vient d'une cohérence intérieure. Ils doivent comprendre pour adhérer et si ce n'est pas le cas, ils résisteront intelligemment, stratégiquement et parfois brutalement. Alors comment poser un cadre qui ne brise pas, un cadre qui contient sans contraindre, un cadre qui rassure sans dominer. Eh bien, il faut sortir du schéma. Je pose une règle et tu obéis. Et entrer dans une logique de repère structurant, des règles qui s'expliquent, se négocient parfois, mais oui, et surtout qui tiennent dans le temps. Dans le domaine du HPI, la constance vaut plus que la rigidité et la clarté vaut plus que la sévérité. On parle aussi beaucoup de la charge émotionnelle des enfants HPI, de leur hypersensibilité, de leur coder soudaine. de leur anxiété invisible, de leur réaction disproportionnée, qu'il nous faut comprendre, accompagner, réguler, expliquer à ceux que ça étonne. Mais on oublie une chose, les parents aussi débordent. Parce qu'un enfant qui crie, qui pleure, qui claque une porte ou qui pose 40 questions à la minute, c'est une surcharge. Et souvent, l'adulte n'est pas forcément mieux armé émotionnellement que l'enfant qui l'accompagne. Le parent réagit, il crie, il fuit. Il se sent parfois impuissant alors qu'il veut tenir son rôle. La régulation émotionnelle, ce n'est pas juste pour l'enfant, c'est aussi pour le parent dont le rôle est de réguler. Est-ce que je sais respirer quand c'est nécessaire ? Est-ce que je suis vraiment aligné avec ce que je dis ? Est-ce que je suis capable de tenir compte de mon propre état intérieur ? Ou bien, est-ce que je tente de contrôler mon enfant pour compenser mon propre sentiment de chaos interne ? Ces questions peuvent vous sembler dures à admettre, mais elles sont essentielles pour trouver une voie plus sereine dans l'accompagnement émotionnel de votre enfant. Le plus grand risque dans la parentalité atypique, c'est donc de s'effondrer sans bruit. Parce que ces enfants absorbent toute l'énergie, toute l'attention, toute votre patience. Et qu'en tant que parents, on finit par ne plus éclister, par ne plus dormir bien, par ne plus se reposer suffisamment. par ne plus savoir qui on est en dehors du rôle d'accompagnant. Il y a une forme d'épuisement qui ne se voit pas, qui se planque derrière le « tout va bien » , derrière les routines, derrière les mails au psy, les rendez-vous à l'orthophoniste, les réunions avec l'école. Mais il ne suffit de rien pour que tout lâche. Il faut donc penser à une écologie familiale, pas un équilibre parfait, une écologie. Un système vivant où chacun trouve un peu d'air, un peu de temps, un peu de lien. Et cela passe par accepter de faire moins, mais mieux. Par refuser les injonctions à être un parent parfait et par se faire aider ponctuellement, pas pour déléguer, mais pour souffler. Un parent épuisé ne peut pas poser de cadre. Il impose ou il abdique. Dans les deux cas, l'enfant se retrouve seul avec ses ressentis et avec ses questions sans réponse. La parentalité HPI n'est pas une performance, ce n'est pas une compétition, ce n'est pas un test. Vous n'avez pas à réussir à être le parent de votre enfant parfaitement. Être parent d'un enfant HPI, c'est un chemin un peu plus escarpé, un peu plus bruyant, mais aussi parfois infiniment plus vivant. On ne vous demande pas d'être parfait, mais d'être là, pas tout le temps, mais quand c'est important. Et surtout, d'arrêter de vous oublier, parce que votre enfant a surtout besoin de voir que vous savez prendre soin de vous comme il devra prendre soin de soi. Si vous voulez aller plus loin, je vous invite à explorer les ressources sur mon site inclusive.fr ou à vous inscrire à la newsletter du site. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si vous avez aimé, abonnez-vous et laissez-moi 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée. Et partagez le podcast avec vos connaissances qui aimeraient en savoir plus sur le HPI. La voie rayée, c'est tout pour aujourd'hui. On se retrouve très bientôt pour un prochain voyage. Au revoir.