- Speaker #0
Bienvenue dans la Voix rayée, aujourd'hui épisode 26, suite et fin du témoignage de Florence dont le fils HPI a été interné à tort. Dans l'épisode précédent, Florence nous racontait une histoire que peu de familles osent dire à voix haute, celle d'un adolescent, Cyril, intelligent, discret. apparemment bien intégré mais qui, vers la fin de sa scolarité, commence à vaciller. Un mal-être surgit, comme souvent chez les profils à haut potentiel non reconnus. Il dit que les études ne l'intéressent plus, il ne se sent plus à sa place. Un enseignant s'inquiète, une consultation s'organise et en l'espace de quelques jours, le verdict tombe, schizophrénie. Cyril est interné, isolé, médicamenté, tout va très vite, trop vite. Florence et son mari, pris dans l'engrenage, assistent impuissants à la mise à l'écart de leur fils et à leur propre mise à l'écart. La parole des parents n'est plus prise en compte. Pire, Florence est désignée comme responsable du mal-être de son enfant. Et pourtant, Cyril reste lucide. A l'intérieur de cette mécanique psychiatrique, il comprend vite qu'il doit s'adapter pour s'en sortir. Il joue le jeu, il répond ce qu'on attend de lui, mais au fond, il sait qu'on se trompe. Ce récit, Florence l'a transformé en livre, pour témoigner, pour alerter et pour éviter que d'autres adolescents HPI vivent la même violence. Si vous n'avez pas encore écouté le premier épisode, je vous invite vraiment à le faire. Il déclare avec précision et pudeur les dérives possibles d'un système qui confond atypie et pathologie. Et aujourd'hui, dans ce second épisode, nous allons voir comment, après cette descente aux enfers, une autre lecture est devenue possible. Comment le haut potentiel enfin reconnu a permis à Cyril de se reconstruire et de reprendre le pouvoir sur sa vie ? Bonjour à toutes et tous, je m'appelle Franck Robert et je suis votre accompagnateur dans ce voyage dans le haut potentiel intellectuel. Dans l'épisode précédent, vous nous avez raconté comment tout s'est enchaîné jusqu'à l'internement. Maintenant, j'aimerais qu'on comprenne comment Cyril a réussi à s'en sortir. Qu'est-ce qui a marqué le début de ce retournement de situation ?
- Speaker #1
Quelqu'un dans mon travail, ou ma DRH en fait, dans mon entreprise, que je connaissais depuis 20 ans et à qui je me suis confiée un petit peu, puisque forcément j'avais un peu des soucis pour gérer à la fois mon travail et ses problèmes avec mon fils. Donc j'en ai touché deux mots pour essayer d'améliorer un peu, pour voir si je pouvais modifier un peu mes jours, mes horaires de travail. Et puis elle m'a demandé ce qui se passait, je lui ai un peu raconté. Et là, elle m'a dit toutes les premières choses qui lui sont venues à l'esprit. Elle m'a dit, votre fils n'est pas à une différence. Je le connais depuis longtemps, je connais un peu votre famille. Elle m'a dit, ça n'est pas vrai que votre fils soit malade comme ça, ce n'est pas possible. Elle me dit, est-ce qu'il prend des drogues ? Je lui ai dit, non, il ne s'est jamais drogué, il n'a jamais fumé, il ne boit pas du tout. Il fait du sport, c'est vraiment un gamin hyper sain. Et elle me dit, oui, c'est ce que j'ai cru comprendre. Elle me dit, mais vous voudriez lui faire passer un test de QI ? Là, franchement, je me suis dit, un test de QI, quoi faire ? Elle me dit, mais je vous assure, elle n'a pas voulu m'en dire plus. Et j'ai regretté parce que si vraiment elle avait été, elle n'a pas osé m'en dire plus. Mais elle me disait, vous savez, il est peut-être surdoué et il ne sait pas. Et ça peut poser des problèmes, en fait. Et elle ne m'a pas trop expliqué, mais elle a tellement assisté à plusieurs reprises. Elle m'a dit surtout, peut-être qu'il passait un test de QI, c'est le plus important. Alors, comme c'était le seul espoir que j'avais, finalement, je l'ai écouté. Et puis, j'en ai parlé tout de suite à l'hôpital psychiatrique. Donc, j'ai dit, j'ai posé un této, est-ce qu'on pourrait faire passer un test de QI à l'hôpital psychiatrique ? La chose n'aime pas le faire, mais ça, je ne savais pas non plus. Et tout de suite, on m'a dit, oh mais non, mais on le sait, Thierry, il est très intelligent. on n'a pas besoin de faire passer un tête pour fin au fait qu'il est très intelligent ça se voit on le sait On a eu suffisamment d'entretiens avec lui pour voir qu'il était... Il n'y a pas de problème. On ne voit pas pourquoi vous devriez le faire passer à un test de clé. Bon, je ne vais pas insister plus que ça. Et puis, comme c'était notre seul espoir, avec son père, on a commencé à faire des recherches sur Internet, voir un petit peu qu'est-ce que c'était ces tests, où est-ce qu'on pouvait les passer, etc. Et puis, de fil en aiguille, on a découvert une association d'enfants surdoués sur notre ville. Donc, on s'est un peu rapprochés. Enfin, on a téléphoné. Mais là, c'est pareil. Comme c'était que des enfants petits, on s'est dit que ça n'allait pas vraiment nous aider. On a demandé où est-ce qu'on pourrait passer ce fameux test de réclus. Et là, on nous a éliminés vers une psychologue qui était spécialisée là-dedans. sur Toulouse. Et donc, on a pris rendez-vous. Et puis, c'est comme ça que, de fil en aiguille, on a réussi à lui faire passer un test de QI. Mais ça a été assez compliqué quand même pour en arriver là.
- Speaker #2
Et cet être que tu es, donc, il révèle un profil à haut potentiel ?
- Speaker #1
À très haut potentiel, bien qu'il l'ait passé alors qu'il était sous traitement, sous caminol chimique. Avec un traitement très lourd, vraiment très lourd, parce qu'il avait des effets de bander effrayants. Il était comme un légume, il avait vraiment bien dosé. Parce qu'en fait, ce qu'il faut dire aussi, c'est que l'hôpital psychiatrique, il devait rester 8 mois, il n'y restait que 15 jours. Parce que je l'ai retiré contre l'avis des médecins, mais à la demande de mon fils, quand il m'a dit « il faut que tu me sortes de là » , je l'ai retiré de là. Mais il n'a pas dû négocier et il a dû négocier contre des cachets. Ils voulaient le garder et ils m'ont dit « Si votre fils fait des bêtises, ça sera de votre faute. » On m'a vraiment culpabilisé le plus possible pour qu'il reste. Mon fils a dit « De toute façon, je pars. » Et puis comme j'avais promis, je tiens mes promesses. Donc on est partis, on a quitté l'hôpital psychiatrique. En échange d'un traitement mis en place, mais... Il a mis un pied en dehors et il est parti avec le cachet dans la bouche, vraiment. Et avec l'ordonnance dans mon sac à main et avec la place réservée en hôpital de jour près de chez nous, dès le lendemain. C'était vraiment très rapide. Donc on a fait tout ce qu'ils nous ont demandé, l'essentiel étant de retirer de cet endroit qui était vraiment un peu pourri. Et donc ce test de cuivre, on l'a passé quelques mois après, parce que tout ça, ça a pris du temps quand même. La psychologue qui est vraiment très chouette, qui nous a pâté le tête depuis, qui est elle-même à haut potentiel, a tout de suite, quand elle nous a donné les résultats, la première chose qu'elle a dit, elle a dit, moi à mon sens, elle s'est adressée à mon fils et lui a dit, mais t'es pas malade. Tu n'as jamais été, t'es pas fou, ça fait sûr, t'es juste différent. Il faut qu'on t'explique comment tu fonctionnes, que tu puisses gérer tes émotions, que tu apprennes à te gérer, et puis après t'aigras tout seul.
- Speaker #2
Comment il a reçu ?
- Speaker #1
Pour lui, ça a été une explosion de joie parce que ça fait quand même plus de six mois qu'on lui disait qu'il était malade, qu'il avait besoin d'un traitement, que ça allait être compliqué, qu'il en avait pour toute la vie certainement. Enfin, au moins pour des années. Puis après, on s'est rendu compte qu'en fait, il avait planifié pour toute la vie. C'est certain. On l'a vu après, on l'a constaté. Vraiment, c'est impressionnant. Et là, quand on est sorti de ça, il allait beaucoup mieux moralement. Il est sorti là, une explosion de joie en disant « je ne suis pas fou, je ne suis pas fou, je le savais » . Et il s'est senti compris pour la première fois, parce qu'il a discuté avec une personne qui fonctionnait comme nous. Et là, ça a été vraiment quelque chose de phénoménal pour nous. Le problème étant que pour nous, ça a été vraiment une renaissance. On est arrivés au mois de… tout a commencé en octobre, je crois, ou début d'année, je ne me souviens plus exactement. On est arrivés au mois de juillet, là. Et on s'est dit, on va prendre les choses en main, on va aller voir tous les soignants qui le suivent à l'hôpital, on va leur expliquer qu'il n'est pas fou, qu'il ne lui faut pas de traitement, ou qu'il faut vite arrêter les traitements et qu'il est différent. Et la psychologue qui lui avait fait passer ce test de pulmie avait fait un dossier vraiment conséquent sur ses conclusions, c'était vraiment très clair, elle expliquait les choses parfaitement, puis elle a dit, mais moi je peux très bien me mettre en rapport avec eux. et puis qu'on voit la meilleure solution pour essayer de sortir le traitement assez rapidement et pour qu'il ait un suivi qui soit adapté à ses particularités. Et donc la première chose que je fais, le jour d'après, je vais directement voir l'hôpital et je leur dis, ben voilà, je vous rapporte un dossier. Donc toutes les personnes qui suivaient, j'avais photocopié le dit dossier pour la psychiatre, la psychologue, l'infirmière, enfin pour tout le monde. Tous les gens qui suivaient, hop, j'ai une pierre en l'âge. Et puis, ben là, ça a été la douche froide, une fois. c'est-à-dire que là, on m'a clairement dit « Oh là là, mais il ne faut pas du tout vous éparpiller dans le suivi. Votre fils, il est malade. Tout ça, ce n'est que des conneries. » C'est vraiment ce qu'on m'a dit. « Ne vous laissez pas influencer. Il ne faut pas que vous vous éparpillez dans le suivi. Il est très bien soigné, là, votre fils. De toute façon, on va le soigner, on s'en occupe. Quand il aura 18 ans, il passera chez les adultes, mais c'est juste à côté. On connaît les soignants, il sera très bien suivi. » Le traitement, on va l'adapter, ça ira très bien, mais de toute façon, votre fils, il est malade. Donc, il est très intelligent, mais ça n'empêche pas qu'il est malade. Donc, personne n'a rien voulu entendre. Ce qui fait que mon fils, il est à nouveau replongé. Comme personne ne voulait entendre, ça paraissait compliqué. Mais nous, on s'est dit qu'en fait, le mieux, c'est qu'on n'allait pas écouter l'hôpital. Puisque ça lui faisait du bien d'avoir le sulta, on s'est dit qu'il faut être suivi par une personne qu'il comprenne. Donc la personne qui lui a fait passer le test de cuivre était prête à le suivre régulièrement. Donc toutes les semaines, il est allé la voir pendant quelques temps. Et à chaque fois qu'il sortait de ses rendez-vous, il était rasséréné parce qu'en fait, il comprenait enfin qui il était. Bien qu'il ait le traitement qui l'empêchait quand même de raisonner. aussi vite que d'habitude, elle arrivait quand même à bien communiquer avec lui. Et puis elle lui a expliqué comment il fonctionnait depuis tout petit, comment il en était arrivé là, elle lui a expliqué tout en fait, et c'était exactement ce qu'il fallait qu'il entende. En même temps, ce que j'ai beaucoup apprécié avec cette personne, c'est que les parents n'étaient pas du tout nids à l'écart, c'est-à-dire qu'on a vraiment été pris en charge aussi plus ou moins, parce qu'elle nous a expliqué comment il fonctionnait, donc ça nous permettait aussi de savoir ce qui s'était un petit peu passé. En plus, ça m'a permis de comprendre aussi comment je fonctionnais. Parce que finalement, je fonctionne comme mon fils, mais je ne m'en étais pas rendue compte. Donc ça m'a vraiment rapprochée de lui, en plus, après toutes ces misères. Donc ça a commencé un petit peu à aller mieux.
- Speaker #2
Les recherches québécoises montrent très bien le concept que les parents sont la clé dans l'accompagnement des enfants HDI. Il faut l'écouter. On s'intéresse à eux, on leur explique leur profil, mais c'est véritablement les parents qui sont les vecteurs de développement et d'éducation. Et c'est eux qui vont relayer, étayer complètement ce qui est enfant. Les accompagnements qui sont faits actuellement au Québec, au Canada et même aux États-Unis montrent très bien qu'en fait, il faut un accompagnement qui est à la fois du jeune, mais aussi beaucoup des parents, pour les aider à développer une connaissance et une conscience du HPI qui va permettre d'accompagner l'enfant sur la durée et de l'emploi avec lui. C'est pour ça qu'on a parlé tout à l'heure du fait que dans la... prête en charge, en fait, psychiatrique de Cyril, les parents avaient été laissés complètement à part et c'est une erreur. Alors, peut-être dans la psychiatrie pour les protéger, mais là, dans le cadre de Cyril, c'était une erreur puisqu'il avait besoin, justement, qu'il y ait un étayage au niveau de la vie. Et Cyril a toujours appelé à être proche de vous, à toujours être avec vous. Et là, l'intervention de cet opticolec qui lui fait de tête et de ligne, justement, à front renversé, et qu'elle voit Cyril, mais elle vous accompagne.
- Speaker #1
Ah oui, en même temps. Oui, c'est-à-dire qu'à chaque fois, on avait un petit entretien avec elle, à chaque fois qu'on allait la voir. Et puis elle nous disait les progrès qu'il faisait, entre guillemets, les progrès, dans la compréhension de sa personnalité. Et puis, en fait, moi, je comprenais très bien tout ce qu'elle voulait dire. Et puis ça me permettait d'avancer en même temps que mon fils, en tant que comte. Et puis elle expliquait, en plus, elle nous disait ce qui serait bien pour lui, et ce qu'il fallait faire. C'était phénoménal parce que les autres soignants, on avait juste à rester à la maison et attendre que ça se passe. Alors que là, on était vraiment partie prenante et ça nous a permis d'avancer beaucoup plus.
- Speaker #2
Qu'est-ce qui a permis à Sirio de faire fortir ?
- Speaker #1
Ce qui a permis de s'en sortir, c'est le sport, d'avoir arrêté le médicament surtout, parce que sinon, ça ne peut jamais sortir. Donc d'abord, l'arrêt du médicament.
- Speaker #2
Mais il a senti qu'il fallait l'arrêter.
- Speaker #1
Ah bah, depuis le début. C'est ça qui est terrible, c'est que dès les premiers temps, quand il a vu comment ça le transformait, il a tout de suite dit qu'il ne fallait pas prendre le traitement. Mais quand on a mis un doigt dans l'engrenage, après il était fichu.
- Speaker #2
Donc finalement, c'est son haut potentiel qui va aider.
- Speaker #1
Ah ben tout ça fait qu'il appuyait en ses ressources. Et là, il n'était pas encore sous traitement, donc il avait vraiment de grosses ressources à ce moment-là. Et puis en fait, tout au long de son traitement, c'est quand même grâce à son intelligence qui est en essor qui dépend. Et le fait d'être en contact avec des personnes qui comprennent. Il y a eu une autre rencontre décidive, c'est encore une psychologue qu'on avait, parce qu'à un moment, ça a été quand même très long, parce que même une fois le traitement arrêté, il avait encore du mal à gérer ses émotions, je pense. C'était pas encore apté, quoi. Pour lui, tout ça, c'était nouveau quand même, c'était assez récent, parce qu'il avait vécu jusqu'à 17 ans sans se comprendre lui-même, et puis il fallait qu'il... Ça a été un tsunami finalement qu'il a reçu. Le ciel lui est tombé sur la tête, mais en tous les sens du terme. C'est-à-dire, d'un seul coup, un jeune qui se retrouve en HP, comme ça, c'est effrayant. Avec des traitements par-dessus la tête, c'est effrayant. Donc, il a fallu beaucoup, je pense que le temps l'a aidé. Mais c'est vraiment le temps qui lui a permis de s'en sortir. Et après, d'avoir des projets sur le plan professionnel. sur le plan des études.
- Speaker #2
Vous parliez d'une rencontre...
- Speaker #1
Oui, il y a eu une rencontre d'une autre psychologue, pareil, HPI comme lui, en fait, qu'on a connue par hasard. Alors c'est par une amie qui m'avait dit... mais cette personne devrait bien lui convenir, je pense qu'elle est un petit peu comme lui, elle est super sympa, c'est une jeune, elle vient de s'installer. Alors au début, Cyril ne voulait pas la rencontrer parce que les soignants lui donnaient quand même un tort à le bol, et puis j'ai quand même beaucoup insisté, et là cette personne-là, elle lui a fait un diaphrote parce qu'il l'a rencontrée dès la première fois, elle a tout compris, alors il était déjà plus sous traitement, il était encore sous l'influence du traitement, il était plus sous traitement. Donc il allait encore mal parce que le traitement, enfin il a eu deux ans de traitement, mais son cerveau pourrait évacuer en une année quand même. Donc en fait pendant trois ans, il était encore, ça a duré trois ans cette affaire. Et quand il a rencontré cette personne, il était encore sous l'influence du traitement, il n'était pas appartêtement bien physiquement. Mais elle a achevé de le remettre sur pied. La première a fait vraiment un travail extraordinaire en lui faisant passer le test de QI, en lui expliquant tout son haut potentiel. Et elle, elle a achevé le travail en quelque sorte, c'est-à-dire qu'elle l'a vraiment remis sur pied. Et elle lui a dit, et puis elle nous a pris aussi nous les parents en disant, « Zotchis, il va super bien, il va aller super bien, je le sais. Il est exactement comme moi, je sais comment il fonctionne, je sais ce qui s'est passé, je sais ce qui va se passer. Vous allez voir, il va tout exposer, dans le bon sens du terme. Vous n'avez aucun souci à vous faire. Et puis faites-lui confiance. » De toute façon, depuis le début, des personnes qui comprenaient, il y a toujours à chaque fois, faites-lui confiance. Donc c'est ce que j'essaie en fait. Depuis le début, je lui fais confiance. Ce qui est malheureux, c'est que je lui faisais confiance, mais j'avais toujours des gens qui me tiraient en arrière en disant « faites-nous confiance, les soignants, ne l'écoutez pas, faites-nous confiance à nous les soignants » . Et en fait, il fallait faire le contraire. C'est-à-dire se faire confiance, nous, les parents, faire confiance à notre fils, et puis prendre ce que nous disaient les soignants avec des pincettes, parce que par l'occurrence, ils s'étaient voyamment tentés. Il n'y a pas d'autre mot.
- Speaker #0
La question que tout le monde se pose maintenant, c'est simple. Où en est Cyril aujourd'hui ?
- Speaker #1
En 10 ans après, alors là, je trouve qu'il a pris une revanche fabuleuse. C'est qu'en fait, quand il a vu cette fameuse soignante qu'il a remise sur pied, je ne sais pas ce qu'elle lui a dit, mais en sortant de là, il a dit, je vais reprendre mes études. Très bien, il y a quand même un moment qu'il avait arrêté. Et il a dit, je vais m'inscrire à la fac en psycho. Oh, ben, j'ai dit, écoute. Pourquoi pas ? Alors, il n'était plus question de faire un métier manuel, pas du tout. J'ai dit, je vais m'arranger. Alors, je ne veux pas passer le bac. Il n'avait pas, il ne faut pas s'en rendre, parce qu'il avait été en terminale. Et là, on s'est renseigné, on a vu que pour quelqu'un qui avait été hospitalisé très longtemps, il pouvait très bien suivre un cursus à la fac en tant que travailleur. Sans avoir le bac, il y avait des passerelles, en fait, parce qu'il avait été hospitalisé très longtemps. Donc, il a intégré la première année de fac. Il a tenu un trimestre. où il a très bien travaillé. Et là, moi, je ne pensais pas qu'il tiendrait aussi longtemps. Et au bout d'un trimestre, il a dit, je suis très fatigué, je vais arrêter, je vais faire une pause pendant un an. Et puis au bout d'un an, il revient un jour à la maison, il me dit, c'est bon, je me suis réinscrit à la fac. Pile poil, un an, juste à la fac, il avait eu. En fait, il avait été à la fac de septembre à décembre. Il avait eu son premier trimestre, il avait passé, il avait eu une très bonne note et tout. Et là, un an après, il reprend. et puis Et là, il a fait juste un bug, la licence, enfin seconde fac plus deux, après bac plus trois. Et alors plus fort, évidemment, il sortait un genre de promo, plus ou moins, je pense. Il ne me disait pas, il me faisait des moyennes, 18 de moyenne à chaque fois, pas de problème. Et puis après, il a dit, je vais aller en master à Toulouse. Il savait exactement ce qu'il voulait faire. Alors le plus amusant, c'est qu'entre temps, la psychologue, il avait vraiment remis à l'étrier à la fin. C'était devenu une grande copine. Ce qui aurait été impensable avec des soignants dans un hôpital de soviétrie. Ils étaient devenus tellement copains qu'elle lui avait dit « Dépêche-toi, c'est une hôpitalité d'études, parce que dès que tu as fini, moi j'ai autant de bouches, j'ai besoin d'aide à mon canine. » Donc mon fils était très motivé, bien sûr. Il est parti à Toulouse pour faire un master. Il a fait exactement le master de son choix, il a envoyé son dossier un peu partout. Il a quand même intégré un master où il y avait 1 500 candidats pour 30 places. Il a eu une des 30 places. impeccable. En fait, il a terminé toutes les études en quatre ans. Il a fait les cinq ans aussi en prenant une année samatique. Il a terminé haut la main, bien sûr, avec 18,5 de moyenne générale, son mémoire 18,5 et les félicitations du jury. La directrice de mémoire lui a demandé l'autorisation d'utiliser ses travaux pour ses doctorants. Elle lui a proposé de faire une thèse et tout, mais là, mon fils a dit non, hors de question. Moi les études c'était juste un moyen d'arriver au métier que je veux faire, psychologue, clinicien, mais je ne veux pas faire plus d'études, ça ne m'intéresse pas. Et là, il a été embauché directement par la personne qui lui avait dit « Dépêche-toi, tu vas faire tes études » . Donc il travaille avec elle en libéral, ça se passe super bien. Il a été embauché aussi par un centre médico-pédagogique, un CNPP enfant-adolescent en CDMI, pour compléter. Donc il a ni temps en littérale, ni temps en institution. Et je pense qu'il doit faire du très bon travail, puisqu'il est allé de l'autre côté du miroir. Il connaît les tenants, les aboutissants, et son parcours est quand même assez hors normes. Il permet d'appréhender les problèmes, je pense, de sa seconde bien plus. intéressante et avec un esprit beaucoup plus ouvert certainement.
- Speaker #2
Pour finir, on va parler de la vie de ce livre. Comment les lecteurs ont-ils réussi quand vous leur avez présenté ? Est-ce que vous avez eu des retours, des témoignages ?
- Speaker #1
Alors j'ai eu... Au début, comme je l'ai auto-édité, malheureusement, ça ne passe pas forcément en librairie, donc il faut vraiment tomber dessus par hasard. C'est surtout le bouche à oreille qui l'a fait connaître. Alors moi, au début, je l'ai fait connaître dans mon empourrage. qui a eu la bienveillance de faire suivre aussi un petit peu partout, donc ça fait un peu boule de neige. Et j'ai été contactée par des associations, en fait une association d'enfants précoces à l'époque, il y a une vingtaine d'années, donc j'ai fait une petite conférence, et ils étaient très bien accueillis, je dirais. Et même il y a eu une petite conférence où j'ai eu aussi des soignants d'hôpitaux psychiatriques qui étaient là, des infirmières. Et alors là, elles ont dit, on va le faire connaître, parce que nous, on est témoins. Ce qu'a vécu votre fils, on en était moi tous les jours. Et ça, j'ai été soufflée. C'est quand même récurrent, le cas de mon fils n'est pas du tout isolé. Mon fils me disait lui-même qu'il n'avait rien à faire en hôpital de Sy, mais que là où il était, il en avait d'autres comme lui. Et s'il n'avait pas la chance d'avoir des parents à l'écoute, ou avec les moyens suffisants pour un suivi extérieur, ou bienveillant, ou pas de famille, même carrément, c'était compliqué pour autant sortir. Donc je pense qu'il y a pas mal de jeunes comme ça qui sont incompris. Et mon livre a reçu quand même des échos, parce qu'après j'ai même eu des courriers venant de Belgique, d'un psychologue justement, qui me disait que lui il battait au quotidien contre des dégâts de ce genre. Et donc il a reçu vraiment un très bon accueil, mais hélas pas assez large, parce qu'il y a quand même pas mal de personnes qui m'ont dit. Bon, il circule, il circule, sous le manteau.
- Speaker #2
Florence, on est au bout de cette interview. Merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci à vous.
- Speaker #2
Pour ce partage. Et puis, on parle de votre livre et puis on en s'éche tout le monde d'essayer de le lire.
- Speaker #1
Je pense que c'est utile pour les parents, en fait. Utile pour les parents pour comprendre. Pour ceux qui n'auraient pas compris au départ, bien sûr.
- Speaker #0
Ce que nous raconte Florence, c'est bien plus qu'un témoignage de mère. C'est l'histoire d'une lucidité qui n'a jamais disparu, même sous les diagnostics, même sous les traitements. C'est aussi la preuve qu'un adolescent HPI incompris, réduit au silence, peut retrouver sa voix, son énergie et sa place dans le monde, à condition qu'on accepte enfin de le voir tel qu'il est. Ce parcours de résilience ne s'est pas construit dans les protocoles, mais dans la rencontre, dans le respect, dans l'écoute et dans cette possibilité qu'on laisse rarement penser autrement. Pour Cyril, la reconnaissance de son haut potentiel n'a pas été une médaille, mais une boussole. Elle lui a permis de reconstruire du sens, de retrouver du pouvoir sur sa vie, et d'en finir avec l'idée qu'il devait se conformer à ce que les autres projetaient sur lui. Peut-être que, pour chaque jeune HPI en difficulté, la question n'est pas tant « qu'est-ce qu'il faut soigner ? » mais plutôt « qu'est-ce qu'il faut enfin reconnaître ? » L'histoire de Cyril et le témoignage de Florence sont dans son livre « Hors normes, le parcours du combattant » aux éditions et des livres. En le lisant, vous pourrez revivre les étapes de ce parcours de l'intérieur et comprendre à quel point chaque détail a compté. Une aventure terrible, mais aussi pleine d'espoir et de courage. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Il nous avait aimé. Abonnez-vous et laissez-moi 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée. Et partagez le podcast avec vos connaissances qui aimeraient en savoir plus sur le HPI. La voie rayée, c'est tout pour aujourd'hui. On se retrouve très bientôt pour un prochain voyage. Au revoir.