Speaker #0Bienvenue dans La Voix Veillée, épisode 27, on parle de grande cause nationale, version ado HPI. On parle de plus en plus de santé mentale, et depuis janvier c'est même la grande cause nationale de l'année. Mais dans cette mobilisation, il y a une population qui reste encore largement invisible, ce sont les jeunes à haut potentiel intellectuel. Il y a des ados qui claquent les portes, qui crient, qui explosent, qui refusent. Les ados HPI, eux, souvent, ne disent rien. Ils continuent, ils font ce qu'on attend, ils s'adaptent, et parfois ils s'adaptent si bien qu'on oublie de leur demander comment ils vont vraiment. Cet épisode, je l'ai voulu simple, pas technique, pas théorique, juste une prise de parole sur ce qu'on ne voit pas. sur ces signaux faibles qui ne déclenchent aucune alarme, mais qui grignotent un élan, sur cette fatigue étrange, chez certains adolescents, celle de trop penser, trop ressentir, trop contenir, trop... Mais par rapport à quoi ? Quand un ado HPI s'enferme, ne veut plus entendre parler d'école ou de relations sociales, ce n'est pas une plainte, ce n'est pas le moment d'un diagnostic, c'est une tentative pour déplier ce qui a été trop longtemps plié, serré, et tenter d'ouvrir une brèche en prenant le temps. Je vous en parle. Tout de suite. Bonjour à toutes et tous, je m'appelle Franck Robert et je suis votre accompagnateur dans ce voyage dans le haut potentiel intellectuel. Les adolescents HPI ont un fonctionnement qu'on pourrait croire protecteur. Ils pensent vite, ils comprennent vite, ils perçoivent beaucoup. Mais ce fonctionnement peut aussi les isoler parce qu'ils perçoivent très tôt des incohérences qu'ils ne savent pas encore digérer. Parce qu'ils ressentent très intensément ce que les autres passent sous silence et parce qu'ils cherchent du sens dans des environnements qui souvent ne donnent pas de sens. Alors ils s'adaptent, ils s'ajustent, ils apprennent à parler comme il faut, à réagir comme on attend, à sourire quand il faudrait s'interroger et parfois, à force de se contenir, ils finissent par se déconnecter d'eux-mêmes. Et c'est là que les signaux faibles commencent. Je dis signaux faibles parce qu'ils ne ressemblent pas aux signes qu'on attend. Ce n'est pas un rejet frontal de l'école, ce n'est pas forcément une crise ouverte, et ce n'est pas forcément une rupture visible. C'est autre chose. C'est un adolescent qui dit « je suis fatigué » mais qui ne peut pas vous dire pourquoi. C'est un jeune qui continue à avoir des résultats corrects mais qui ne semble plus impliqué dans sa scolarité. C'est une passion qui s'éteint, sans raison. Un loisir ou un projet abandonné sans explication, c'est une parole toujours bien construite, mais dans laquelle on finit par ne plus entendre quoi que ce soit de vivant, quoi que ce soit de rayonnant. Je vais vous en donner trois de ces signaux faibles. Trois que je retrouve souvent dans mes accompagnements et qui devraient alerter. Premier signe, la fatigue mentale. Ce n'est pas la fatigue du manque de sommeil. C'est une lassitude diffuse. C'est une saturation intérieure. Ils vous disent qu'ils sont vidés, alors que pour vous, ils n'ont rien fait. Mais leur cerveau, lui, ne s'est jamais arrêté. Ils ont passé les dernières heures à gérer le décalage, à faire le chemin nécessaire pour rendre la situation vivable pour eux et acceptable pour les autres. Et justement, le deuxième signe, c'est la suradaptation, l'existence d'un faux self très épais. Tout va bien, il ou elle est poli, calme. discret, discrète, mais il n'exprime plus rien de lui. Il fait ce qu'on attend, il n'a plus véritablement de couleur propre. Il s'efface doucement. Le vrai self, la vraie personnalité, est enfoui très, très profondément. Troisième signe, la rationalisation émotionnelle. Ils ne disent pas « je suis triste, je suis en colère » . Ils disent plutôt « je ne devrais pas être triste » puisque rationnellement, Il ne s'est rien passé. Je suis en colère, mais ça va aller. Je n'ai pas forcément de bonnes raisons d'être en colère. Ils expliquent leurs émotions comme des équations. Ils s'observent, mais ils ne se vivent plus. Est-ce que toute adolescence HPI passe par là ? Eh bien non. Mais quand ces trois éléments se croisent, c'est là qu'il y a un risque réel de décrochage intérieur. Et le plus souvent, ça ne se voit pas. Parce qu'ils continuent à rendre leur devoir. Parce qu'ils disent que tout va bien, parce qu'ils ont appris à tenir depuis le temps. Mais tenir, ce n'est pas vivre. Et à force de tenir, certains s'épuisent. Et parfois l'effondrement arrive, tardivement, brutalement, et tout le monde tombe de haut parce que personne n'a rien vu venir. Alors que faire ? Eh bien pas grand chose en fait, mais il faut le faire autrement. Je vous propose de changer de regard. Arrêtez de penser que le bon comportement est un indicateur fiable de bien-être. Acceptez que ce qui ne dérange pas n'est pas forcément en paix. Ce n'est pas parce que la surface est lisse qu'il n'y a pas des courants sous-marins. On peut aussi créer des espaces de parole où ils n'ont rien à prouver. Des temps où ils peuvent dire « je ne sais pas » , « je ne vais pas bien » et « je ne sais pas pourquoi je ne vais pas bien » sans qu'on cherche à corriger. Des échanges où ils ne sont pas assignés ni à leur intelligence, ni à leur différence, ni au décalage, ni à tous les frottements qui sont liés à leur profil HPI. Proposer un espace pour être, tout simplement. Et surtout, ne pas minimiser la complexité de ce qu'ils traversent. Ce n'est pas parce qu'ils trouvent les mots que ça va mieux. Et ce n'est pas parce qu'ils analysent qu'ils s'en sortent. La situation est complexe. La plupart du temps, il faut les laisser prendre le temps eux-mêmes. Dans les semaines qui viennent, Je publierai plusieurs articles autour de ce thème sur mon blog et sur LinkedIn. J'y parlerai de surcharge cognitive, de faux self, de quête de sens, de solitude dans la classe et de rôle dans la famille. Et surtout, je parlerai de prévention. Parce que la santé mentale ne se répare pas en urgence. Elle se construit discrètement, dans les liens, dans les regards non pressants, par la présence douce autour de ces ados qui finalement ne vont pas très bien. et qui ont besoin de se construire, de se reconstruire. La santé mentale se répare dans les présences qui n'ont rien à prouver. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si vous avez aimé, abonnez-vous et laissez-moi 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée. Et partagez le podcast avec vos connaissances qui aimeraient en savoir plus sur le HPI. La voie rayée. C'est tout pour aujourd'hui. On se retrouve très bientôt pour un prochain voyage. Au revoir.