Lait'Change #24 - Une vie de fromage de brebis en estive dans les Pyrénées - avec Marion Ossiniri cover
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Lait'Change

Lait'Change #24 - Une vie de fromage de brebis en estive dans les Pyrénées - avec Marion Ossiniri

Lait'Change #24 - Une vie de fromage de brebis en estive dans les Pyrénées - avec Marion Ossiniri

23min |01/09/2025
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Lait'Change #24 - Une vie de fromage de brebis en estive dans les Pyrénées - avec Marion Ossiniri

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Description

Après une première saison riche en rencontres et en découvertes autour du lait et de ceux qui le façonnent, nous sommes heureux de vous retrouver pour le tout premier épisode de la saison 2. Une nouvelle année, de nouvelles voix, de nouvelles histoires à partager… et toujours la même passion pour le monde laitier.

Dans ce nouvel épisode de Lait’Change, cap sur la vallée d’Aspe, au cœur des Pyrénées, où Marion Ossiniri et sa famille perpétuent l’art du fromage fermier. Présidente de l’association Avenir Fermier en Aspe, Marion nous raconte la vie en estive : la transhumance, la fabrication traditionnelle au chaudron de cuivre, les défis face aux sangliers, vautours et loups, mais aussi la beauté des pâturages vivants et l’entraide entre bergers.

Entre transmission familiale, passion du terroir et défis du quotidien, cet épisode nous plonge dans l’authenticité d’une montagne habitée et vivante.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Romain Le Gal

    Bonjour à toi et bienvenue sur Lait'Change, le podcast qui donne la parole aux actrices et aux acteurs de la filière laitière et fromagère. Je suis Romain Le Gal, meilleur ouvrier de France Fromager, et avec France Frais, nous sommes très heureux de te retrouver pour cette nouvelle saison. Et oui, cela fait déjà un an que nous parcourons nos terroirs pour t'emmener à la rencontre des femmes et des hommes qui font notre belle filière. Pour cette nouvelle saison, on t'a préparé plein de belles rencontres avec encore plus d'immersion. Pour la démarrer, cet été, je suis parti dans les Pyrénées et particulièrement dans le Béarn. J'avais été invité par la présidente de l'association Avenir Fermier en Aspe, Marion Ossiniri, afin de présider un beau concours de fromage fermier dans la vallée d'Aspe. Vous vous en doutez, je n'ai pas pu manquer l'occasion de faire une montée en estive pour aller à la rencontre de Marion. Lors de cet épisode, nous avons parlé de son exploitation, de fromage évidemment. Et oui, comment on fait là-haut, en estive, de manière traditionnelle, du fromage, mais également de la vie en montagne et de sa vision de l'avenir. Je te souhaite une très bonne écoute. Bonjour Marion !

  • Marion Ossiniri

    Salut Romain !

  • Romain Le Gal

    Comment ça va ce matin ?

  • Marion Ossiniri

    Bien, pas mal !

  • Romain Le Gal

    Donc là, on est où Marion ? La route a été longue, j'ai pris un chemin qui était chaotique. On se retrouve sur l'Estive d'où ?

  • Marion Ossiniri

    L'Estive de Couecq, on est en Vallée d'Aspe. La Vallée d'Aspe, tu connais ?

  • Romain Le Gal

    Un petit peu.

  • Marion Ossiniri

    Ouais, de long. C'est assez réputé quand même maintenant. Un petit peu. Petite vallée en Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques. Au coin ouest, sud-ouest dans les Pyrénées.

  • Romain Le Gal

    Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Marion Ossiniri

    Marion Ossiniri, je suis mariée à Emmanuel, Manu, on dit. On a trois enfants grands maintenant, 21, 19 et 22 même presque, 22, 19 et 17 et demi. Donc des enfants qui ont grandi en montagne aussi toute la partie de l'été. Et donc on a des brebis, des basco-béarnaises, des brebis laitières. On en a... Enfin, alors voilà. Il y a toujours les suivants la police et suivant les manifestants. Voilà, et donc on sait les chiffres réels à la tonte, le jour de tonte, parce qu'il faut payer à la brebis tendue. Donc voilà, là je découvre des fois qu'on en a plus que ce qui est prévu avant. Donc normalement à peu près 500 avec le renouvellement. On en garde à peu près 80, 90 pour le renouvellement chaque année des brebis. Et ensuite on a des vaches laitières aussi. On en a à peu près une trentaine, 12 à traire. Et avec le renouvellement, ça fait une trentaine.

  • Romain Le Gal

    voilà Ok. Et comment tu décrirais ta région en quelques mots ?

  • Marion Ossiniri

    La plus belle région du monde, ça c'est sûr.

  • Romain Le Gal

    Ils sont un peu chauvins, je m'en suis rendu compte hier déjà.

  • Marion Ossiniri

    Non mais quand on part ailleurs, qu'on va faire des marchés des fois ailleurs et qu'on revient, on trouve que c'est toujours très très beau. On aime beaucoup, c'est très vert. C'est vrai qu'on a le climat océanique qui fait que c'est très vert. Là on est sur la partie haute, donc évidemment c'est... C'est montagneux, c'est assez peintu, assez escarpé, caillouteux en haut et en bas c'est vert, des beaux pâturages. C'est très vivant, on est sur des montagnes qui sont vivantes avec pas mal de bergers dans toutes les montagnes, des bons troupeaux. Et donc c'est assez vivant avec normalement des rapaces dans le ciel. Alors j'espère t'en montrer quand même aujourd'hui.

  • Romain Le Gal

    Est-ce que vous avez déjà eu des soucis avec d'autres animaux sur vos estives ?

  • Marion Ossiniri

    Alors nous sur nos estives, les autres animaux, on a bon les sangliers là, comme tu vois, qui ont un peu beaucoup à labourer, c'est de plus en plus, on est en zone parc national donc ils sont pas chassables, et donc là ils ont bien labouré cette année, donc c'est sûr que derrière il y a moins d'herbes, donc ça c'est un souci récurrent et puis grandissant, vraiment. Il y a eu des vagues par rapport aux vautours. Ça s'est un peu calmé, mais on est toujours un peu en stress par rapport aux vautours. Normalement, le vautour est un charognard, mais comme ils étaient en surpopulation, ils ont eu...

  • Romain Le Gal

    Ils étaient un peu en surnombre...

  • Marion Ossiniri

    Oui, c'est ça. Et donc, normalement, quand c'est comme ça, ça régule la population. Quand ils n'ont pas l'alimentation en face de la population. En fait, eux, ils ont adapté leur régime alimentaire. C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir que des charognards et que la population baisse de vautours, ils se sont mis à chasser. Mais vraiment, on a vu des choses assez impressionnantes. Vraiment, des vautours les uns derrière les autres qui frôlaient les brebis pour essayer de les faire tomber. Et vraiment très proches. On les voit et on entend, j'espère, parler un peu quand même des attaques sur des vaches qui sont en train de vêler. Et donc, ils attaquent les veaux, ils attaquent le placenta de la mère.

  • Romain Le Gal

    Donc, pas mal de problèmes avec les vautours. Les loups ?

  • Marion Ossiniri

    Les loups, alors ici, on a encore épargné. On n'est pas loin, une vallée plus loin, il y a eu pas mal d'attaques. Ils sont en train de tester des méthodes de'effarouchement, entre guillemets, des méthodes avec des phéromones. Ça, c'est quelque chose qui nous stresse.

  • Romain Le Gal

    Et toi, du coup, tu ne faisais pas de fromage ? Comment tu t'es formée ?

  • Marion Ossiniri

    Moi, je ne faisais pas du tout de fromage. Je dois t'avouer même que pendant très longtemps, j'ai détesté le fromage. D'accord. Jusqu'à mes 22-23 ans, plutôt. Et quand j'étais étudiante, j'avais une copine bretonne qui est Bérangère. Qu'elle nous écoute.

  • Romain Le Gal

    Bonjour Bérangère, si tu nous écoutes.

  • Marion Ossiniri

    Grâce à Bérangère que j'ai...

  • Romain Le Gal

    Tu pourras lui envoyer le podcast.

  • Marion Ossiniri

    Grâce à Bérangère que j'ai appris à aimer le fromage. Et je trouve que c'est une chance de ne pas avoir aimé le fromage. Parce que mes parents aimaient le fromage, mais pas forcément étaient des amateurs. Et ils achetaient du fromage un peu facile, je dirais. Et donc, j'avais cette copine de là, Bérangère, qui en était étudiante. On avait quatre sous en poche, comme les étudiants. Et on était à Strasbourg à l'époque. Et elle, une fois par mois, elle avait économisé. Elle partait chez le crémier-fromager. Un petit plateau de fromage. Et pour son plaisir, c'était vraiment son plaisir.

  • Romain Le Gal

    Et c'était là où tu as commencé à apprécier.

  • Marion Ossiniri

    Je me suis dit, mais je dois louper quelque chose. Pour qu'on fasse une démarche comme ça, c'est que je dois louper un truc. Et donc, je me dis, il faut que j'apprenne. Il faut que je me force. Donc, petit à petit, j'ai commencé par des fromages doux. Et maintenant, je suis fan de fromages bleus. Et plus les fromages ont du goût, qui sente fort...

  • Romain Le Gal

    La typicité.

  • Marion Ossiniri

    Je suis fan. Donc, c'est une chance parce que quelque part, j'ai appris mon palais. C'est de l'acquis, quoi. C'est vraiment... C'est vraiment quelque chose, c'est une éducation.

  • Romain Le Gal

    Et t'es formée à faire du fromage, à fabriquer du fromage.

  • Marion Ossiniri

    Faire du fromage, alors Manu m'a appris déjà les gestes, ça c'est sûr. Quand on est arrivé en estive, il y avait des vieux bergers aussi, donc je regardais beaucoup ce qu'ils faisaient. Comparer, voir souvent les jours, essayer de comprendre de manière empirique. Exactement. Et puis après, j'ai fait des petites... journée de formation avec des techniciens fromagers locaux ou d'autres, des techniciens fromagers d'Aurillac ou de Poligny ou d'ailleurs qui venaient pour la journée sur des thèmes particuliers

  • Romain Le Gal

    Bon bah super, on va aller en fromagerie maintenant ? Oui,

  • Marion Ossiniri

    c'est ça bien, faire du fromage

  • Romain Le Gal

    Après cet accueil, il est maintenant temps de suivre Marion en fromagerie. La traite, elle, avait commencé très tôt ce matin. Imaginez un peu plus de 400 brebis traitent à la main. Et oui, c'est ça la vie en estive. 400 brebis à passer à la caisse à traire. Il faut environ 2h30 à 3h à 2 trayeurs pour arriver à passer toutes les brebis. Moi j'ai eu quelques péripéties. Mais bon, j'ai eu la chance, je suis tout juste arrivé avant d'aller en fromagerie. Il était environ 10h. Là on arrive en fromagerie Marion, tu peux nous expliquer un petit peu comment ça se déroule ?

  • Marion Ossiniri

    Seconde partie de la matinée, donc après la traite, on a mis le lait de la traite d'hier soir, déjà ce matin avant la traite du matin, on a mis le lait dans le chaudron, on est parti traire.

  • Romain Le Gal

    Chaudon en cuivre ?

  • Marion Ossiniri

    En cuivre, oui, c'est un 250 litre là, tout en cuivre. On aime beaucoup travailler au cuivre, on a mis du temps à s'y mettre, parce que c'est une demande de l'entretien. Mais en fait, c'est super agréable à travailler dedans, dans le chaudron. Ça diffuse une chaleur douce et donc c'est un plaisir. Ça chauffe en douceur, on va dire, le lait. Et puis après, derrière, le caillé. Donc c'est très, très agréable.

  • Romain Le Gal

    Donc première étape, tu prends la traite du matin et tu mélanges avec la traite du soir.

  • Marion Ossiniri

    Voilà, exactement. D'abord, on fait chauffer un peu le lait.

  • Romain Le Gal

    Vous faites un peu réchauffer le lait.

  • Marion Ossiniri

    On fait monter, comme ça, il n'y a pas de choc de température entre le froid et le chaud. On rajoute le lait chaud de la traite du matin. Après, on a monté à 33 degrés le lait et on a mis des ferments lactiques. Ici, on utilise beaucoup les MA400, des mésophiles, surtout avec un tout petit peu de thermophiles.

  • Romain Le Gal

    Des mésophiles qui travaillent plus à froid, du coup, pour ceux qui écoutent.

  • Marion Ossiniri

    On est plutôt à 25 degrés.

  • Romain Le Gal

    Par contre,thermophiles, thermos, aiment la chaleur.

  • Marion Ossiniri

    Qui est plutôt autour des 35. Ensuite, quand on est arrivé à 33 degrés, on a mis la présure.

  • Romain Le Gal

    Temps de coagulation, combien de temps pour le passage de l'état liquide à l'état solide ?

  • Marion Ossiniri

    Le temps de coagulation, on essaie d'être entre 12 et 15 minutes. Et après, le temps de prise, on appelle ça le temps de prise. Et après, le temps de caillage complet, on est autour des 40 minutes. On cherche à faire 40 minutes. Bon, j'ai un peu dépassé là aujourd'hui.

  • Romain Le Gal

    Donc après, tout le travail en cuve va se faire de manière manuelle ?

  • Marion Ossiniri

    Oui. On va trancher le cahier. Et on grimpe. pas trop fin, pas trop gros entre deux. Et ensuite, on va brasser jusqu'à... Là, on va faire en ce moment un 39 degrés.

  • Romain Le Gal

    Et donc, tu brasses, tu brasses.

  • Marion Ossiniri

    Oui.

  • Romain Le Gal

    Et tu vas brasser avec un outil particulier ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, on a un brasseur en inox. Avant, c'était utilisé, c'est la même chose, c'est le même style, on va dire, ça avait des branches un peu circulaires et c'était fait en buis. C'est plus trop toléré, le bois. Ça s'est perdu, c'est fait un inox maintenant.

  • Romain Le Gal

    Geste traditionnel ensuite, qui est particulier sur vos fromages, vous allez laisser retomber le cahier dans le fond de la cuve. Oui. Tu peux nous expliquer avec tes mots comment ça se passe ?

  • Marion Ossiniri

    En fait, quand on est arrivé à 39 degrés, on brasse encore un petit moins, le temps que le chaudron, qui n'est plus la chauffe dessous. Donc suivant comment on veut plus ou moins sec, on peut chauffer un peu, pardon, brasser un peu plus longtemps. Donc voilà et après on laisse poser. Et donc évidemment tous les grains de caillé vont se mettre par gravité au fond du chaudron et le petit lait au dessus. Voilà et après donc on va ramasser. On va faire ce qu'on appelle un pain en fait, une boule qui est plutôt comme les pains de campagne qu'on va dire. Et donc, on va utiliser le chaudron, on va s'appuyer contre le chaudron pour presser cette boule. Et se faire petit à petit, que ça soit tout amalgamé, une masse de caillé.

  • Romain Le Gal

    Ensuite,

  • Marion Ossiniri

    découpage ? Oui, parce que là, par exemple, aujourd'hui, on avait six fromages de brebis. Donc, on a coupé pour que ça rentre dans le moule. Et on a pressé, on presse ensuite à la main, chaque fromage est pressé à la main. Et on pique vraiment, ça c'est vraiment les gestes à l'ancienne.

  • Romain Le Gal

    À l'ancienne ?

  • Marion Ossiniri

    On pique avec des piques en inox.

  • Romain Le Gal

    Avec ces petites aiguilles. Ce petit lait évacué, ensuite vous toilez le fromage ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, une fois qu'on a pressé des deux côtés, piqué des deux côtés, on le met dans le petit lait, on met notre moule. Et on met une toile en coton dessus qu'on a trempée dans le petit lait. Comme ça, elle est chaude aussi. Et on la met dans le moule et on met le fromage ensuite dessus. Dans le moule, la toile.

  • Romain Le Gal

    Dernière étape qu'on voit ce matin, c'est finalement le pressage. Donc là, une fois que tous tes fromages ont été mis en moule, vous mettez une casquette et puis un chapeau pour venir aider à presser. Et puis un poids, ça pèse combien ?

  • Marion Ossiniri

    Ils sont autour de 5 kg à peu près. D'accord.

  • Romain Le Gal

    Et ça va rester ici combien de temps ?

  • Marion Ossiniri

    Là, ça va rester l'après-midi, ici au chaud, pour que maintenant que les bactéries lactiques travaillent, et acidifie les fromages. Et là, surtout dans une heure à peu près, on va les tourner, et on va mettre les marques aussi. On va les mettre, on va les tourner, mettre les marques au fond. Donc on met la marque d'Estive, la petite montagne avec l'Edelweiss dedans. Et après la marque de Brebis, notre marque maison de Brebis. Et on va remettre le chapeau et le poids par-dessus jusqu'à ce soir.

  • Romain Le Gal

    Du coup, tout le matériel qui est là, là on est en estive, on est à 1600 et quelques mètres d'altitude. La ferme en bas, elle est à 400 mètres. Vous redescendez tout le matériel ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, à la fin de la saison, tout le matériel redescend. Parce qu'on s'en sert en bas après pour la prochaine saison.

  • Romain Le Gal

    Pour la prochaine saison. Bon, super. On va continuer la visite ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, avec plaisir.

  • Romain Le Gal

    La notion du temps en estive est un peu différente, on est un peu déconnecté du rythme de la société. Et après ce passage en fromagerie, la pause repas dans la cabane, on est parti avec Marion pour suivre notre échange dans l'estive, au pied des brebis. Là, on a marché un petit peu, on est parti de la cabane et puis on se retrouve face aux montagnes. On a les brebis là, tu peux nous en parler un petit peu de cet endroit ? Donc là, on est en estive.

  • Marion Ossiniri

    On est sur l'estive, on a deux parcours en fait sur l'estive. On a un parcours pour les brebis qui sont pour les brebis de renouvellement, les nôtres et puis celles qu'on garde pour l'été. Donc c'est surtout des agnelles, des jeunes de l'année ou l'année précédente. Et après, des brebis qui sont taries. Donc elles, elles ont un parcours qui commence dans le bois. Elles ont le temps. Elles peuvent dormir un peu, faire la sieste. Et elles font là maintenant, elles pacagent tranquillement. Et puis, un petit, elles vont pacager à la fraîche et revenir pour 21h, 28h30, tranquillement vers la cabane.

  • Romain Le Gal

    Donc là, on est avec le troupeau de renouvellement. et puis on voit derrière nous... Les laitières qui, elles, vont redescendre tout à l'heure pour la traite, mais elles, elles ont permis son d'un peu plus tard.

  • Marion Ossiniri

    Voilà. Rémi, mon fils, il est au-dessus, il avait les laitières. Comme ça, l'objectif, c'est qu'elles ne se mélangent pas avec les voisins, d'autre côté de la crête, et aussi pour un peu les guider, les amener gentiment à redescendre à l'heure quand même.

  • Romain Le Gal

    Alors ces brebis, est-ce que tu peux nous dire un peu qui elles sont ?

  • Marion Ossiniri

    Basco-béarnaises, c'est des brebis qui ont des cornes. Même les femelles ont des cornes. Elles ont une laine, en fait c'est des brebis qui ne sont pas croisées avec des mérinos. Donc elles ont une laine assez rêche. Il y a eu des fois des filières qui ont été montées pour faire de l'isolation de maison ou autre, ou des matelas. Mais c'est très pratique parce que nous on ne les tond pas. En Pays Basque, ils les tondent avant de monter en estive. Et nous on ne les tond pas parce que justement on est en haute montagne et donc il peut y avoir des aléas de température. Donc ça les isole aussi bien de la chaleur, quand il fait vraiment des grosses chaleurs, que du froid, si des fois il y a des baisses de température, pour la nuit aussi.

  • Romain Le Gal

    Si on reprend un peu le schéma de l'année, là on est en estive, on est au milieu de l'été. Quand est-ce que vous montez ici ? Comment ça se passe ?

  • Marion Ossiniri

    Ici, c'est la seconde montagne où on vient. On monte à peu près le premier samedi de juillet. On transhume d'une montagne à l'autre par la montagne. Et le matériel descend par la route et remonte par la piste de l'autre côté.

  • Romain Le Gal

    C'est plus une... piste qu'une route, surtout sur la fin.

  • Marion Ossiniri

    D'abord, il faut se sentir de la première estive.

  • Romain Le Gal

    C'est praticable.

  • Marion Ossiniri

    La première estive, c'est une route goudronnée. On redescend par la route nationale, et on remonte par la piste un peu caillouteuse.

  • Romain Le Gal

    Et vous restez là combien de temps ? Tout l'été ? Et vous redescendez quand dans la vallée ?

  • Marion Ossiniri

    On reste là tout l'été jusqu'à fin septembre. Après, on va redescendre sur la estive de printemps automne, l'estive intermédiaire. On va redescendre trois semaines un mois, tous les mois d'octobre. On redescend à peu près à Toussaint. Et là, après, on redescend aussi à pied au village à Accous.

  • Romain Le Gal

    Bon, là, j'ai Tom qui nous a rejoint. Il est proche de mon micro. Tom, c'est qui ?

  • Marion Ossiniri

    Tom, c'est mon chien.

  • Romain Le Gal

    C'est quoi les ordres principaux qu'on donne à un chien de troupeau ?

  • Marion Ossiniri

    C'est en général assez simple. C'est passe par en haut, passe en haut, passe en bas. Pousse, voilà. Donc,

  • Romain Le Gal

    on les ramène, on les éloigne, on les fait avancer.

  • Marion Ossiniri

    On parle aux chiens, mais on parle aussi aux brebis, c'est-à-dire on leur dit "saï, saï, saï, saï", pour appeler les brebis. Et le chien, il comprend en fait, par rapport à nous, où nous sommes placés, il sait qu'il doit aller derrière pour aller les pousser, les amener vers nous.

  • Romain Le Gal

    Tu m'avouais juste avant, quand on montait, que le chien est une bonne aide et quand il n'y a pas le chien, les brebis savent qu'elles ont un peu plus le temps. Toi, tu ressens plus des installations, du renouveau dans les producteurs ces dernières années ? des jeunes ? Tu trouves que la région est attractive pour les jeunes qui veulent s'installer ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, là on a fait un article justement par rapport à la fête du fromage on a mis en valeur en fait sur le village d'Accous qui est un petit village à côté là je crois que c'est en tout il y a 15 fermes actuellement en activité et sur ces 15 sur l'ensemble du village et il y a eu 11 installations en 2-3 ans.

  • Romain Le Gal

    Et toi, tes enfants, tu penses que, là, tu disais depuis petit, ils sont en estive. Là, aujourd'hui, il y a deux de tes fils qui sont avec vous cet été. Est-ce que tu penses qu'il y en aura un des deux ou les deux qui aimeraient continuer dans cette voie-là, reprendre ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, les deux. Notre fille, même avant, je pense qu'elle aurait aimé aussi, mais elle est partie sur une autre voie, en fin de compte, et ailleurs, dans le Cantal. Mais nos deux gars, ils sont très attachés à la Val d'Aspe, ça c'est sûr. Ils aiment beaucoup le métier aussi. Ils vont reprendre, mais à leur façon, je pense. C'est très bien.

  • Romain Le Gal

    Bon, super. On va aller voir les fromages au saloir maintenant ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, avec plaisir.

  • Romain Le Gal

    A tout de suite. La journée continue. Et après ce moment d'échange au milieu de brebis avec Marion, il faut retourner voir les fromages, les démouler. et les emmener au saloir. C'est d'ailleurs là que Marion nous emmène On se retrouve où là Marion ?

  • Marion Ossiniri

    On est dans la cave d'affinage, c'est ce qu'on appelle nous le saloir.

  • Romain Le Gal

    Donc les fromages qu'on a vus ce matin vont être démoulés ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, on va les amener ce soir déjà au saloir. D'accord. Et toute la nuit ils vont rester dans le moule et demain matin on va les démouler. D'accord. Là tu vois il y a ceux d'hier qui ont été démoulés ce matin. Et ici tous les jours, pendant 4 jours, on sale les fromages. Donc, toujours sur l'arrondi, on va dire, on les roule dans le sel et après, on met sur la face qui va être dessus.

  • Romain Le Gal

    Et ici, ce saloir, du coup, la température, l'hygrométrie, vous arrivez à être à peu près stable ? Non,

  • Marion Ossiniri

    c'est un peu compliqué. Ça peut être un saloir qui est enterré, quand même en partie, avec de l'eau.

  • Romain Le Gal

    Je ne sais pas si tu vois le petit ruisseau qui traverse le sol, qui apporte l'humidité.

  • Marion Ossiniri

    On rentre ici dans le saloir que le matin, un peu à la fraîche, et le soir, une fois que le soleil est passé aussi. Et après, on essaie de garder toute la journée bien fermée.

  • Romain Le Gal

    Garder, la fraîcheur, l'humidité à l'intérieur.

  • Marion Ossiniri

    Mais malgré ça, évidemment, comme on n'a pas d'électricité, en tout cas, pas de la puissance, même si on nous met l'électricité là, on n'aura pas la puissance pour mettre un groupe froid. Donc, c'est un saloir qui monte un peu en température. moins que d'autres, mais ça monte un peu en température quand même.

  • Romain Le Gal

    Et après, vos fromages, vous les descendez tous les combien de temps ?

  • Marion Ossiniri

    Donc là, on va essayer de tenir... Normalement, on tient trois semaines de fabrication au départ, trois semaines à un mois. Et après, toutes les semaines, on en descend une charge, on dit. Voilà, 60 fromages à peu près à chaque fois qu'on descend dans la vallée.

  • Romain Le Gal

    Et ils vont se retrouver dans votre cave d'affinage à la ferme en bas.

  • Marion Ossiniri

    Exactement, oui. Et là, il y a quelqu'un qui les suit après.

  • Romain Le Gal

    Super. Merci beaucoup Marion pour ton accueil sur la ferme. Avant de terminer, j'ai une question rituelle de ce podcast, Lait'Change. Pourquoi tu dis "aïe" ? Tu ne sais pas ce qui va se passer. Ne t'inquiète pas, ce n'est pas très compliqué. C'est quoi ta pizza préférée ?

  • Marion Ossiniri

    Ma pizza préférée ?

  • Romain Le Gal

    Oui.

  • Marion Ossiniri

    La landaise.

  • Romain Le Gal

    La landaise, qu'est-ce que c'est que ça ?

  • Marion Ossiniri

    Il fallait dire la quatre fromage ?

  • Romain Le Gal

    Non, pas nécessairement. Et c'est quoi la landaise ?

  • Marion Ossiniri

    La landaise, c'est une pizza avec des petits gésiers de canard, du magret de canard fumé, des fois il peut y avoir des poivrons et du jambon de Bayonne sur une base de tomate.

  • Romain Le Gal

    Merci beaucoup Marion.

  • Marion Ossiniri

    Avec plaisir.

  • Romain Le Gal

    A bientôt, salut. Dans cet épisode, on a pu échanger sur la vie en estive. Les conditions sont rudes là-haut. Mais ils ont ça dans le sang. Cela est beau à voir. Marion avait à cœur de nous montrer, nous expliquer comment elle perpétue les gestes traditionnels pour produire de beaux fromages, des fromages authentiques. La vie en montagne, elle, évolue avec de nombreux défis. Les prédateurs, comme les vautours, le changement climatique. Il est agréable de voir des personnes comme Marion voulant partager, transmettre, pour être mieux compris. C'est ça que le monde agricole a besoin. Et qu'est-ce qu'il est bon d'entendre que des jeunes s'installent. On te remercie d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. On espère qu'il t'a plu. N'hésite pas à le commenter, à le partager, à nous mettre 5 étoiles sur les plateformes. Et on te dit à très bientôt pour un nouvel épisode de Lait'Change.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de l'épisode

    00:31

  • Qui est Marion Ossiniri ?

    01:16

  • L’estive de Couecq en Vallée d’Aspe dans le Béarn

    02:46

  • Cohabiter avec les animaux sauvages

    03:38

  • Le parcours atypique de Marion

    05:32

  • La traite

    07:52

  • La fabrication des tommes de brebis

    08:26

  • Que devient le matériel ?

    13:44

  • La vie de brebis en estive

    14:11

  • Période de la transhumance

    16:29

  • C’est qui Tom ?

    17:32

  • L’avenir des producteurs dans les Pyrénées

    18:14

  • La transmission aux enfants

    18:47

  • Démoulage au saloir

    19:25

  • L’affinage

    21:11

  • LA dernière question !

    21:39

  • Résumé de l’épisode

    22:22

  • Chapitre 19

    22:56

Description

Après une première saison riche en rencontres et en découvertes autour du lait et de ceux qui le façonnent, nous sommes heureux de vous retrouver pour le tout premier épisode de la saison 2. Une nouvelle année, de nouvelles voix, de nouvelles histoires à partager… et toujours la même passion pour le monde laitier.

Dans ce nouvel épisode de Lait’Change, cap sur la vallée d’Aspe, au cœur des Pyrénées, où Marion Ossiniri et sa famille perpétuent l’art du fromage fermier. Présidente de l’association Avenir Fermier en Aspe, Marion nous raconte la vie en estive : la transhumance, la fabrication traditionnelle au chaudron de cuivre, les défis face aux sangliers, vautours et loups, mais aussi la beauté des pâturages vivants et l’entraide entre bergers.

Entre transmission familiale, passion du terroir et défis du quotidien, cet épisode nous plonge dans l’authenticité d’une montagne habitée et vivante.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Romain Le Gal

    Bonjour à toi et bienvenue sur Lait'Change, le podcast qui donne la parole aux actrices et aux acteurs de la filière laitière et fromagère. Je suis Romain Le Gal, meilleur ouvrier de France Fromager, et avec France Frais, nous sommes très heureux de te retrouver pour cette nouvelle saison. Et oui, cela fait déjà un an que nous parcourons nos terroirs pour t'emmener à la rencontre des femmes et des hommes qui font notre belle filière. Pour cette nouvelle saison, on t'a préparé plein de belles rencontres avec encore plus d'immersion. Pour la démarrer, cet été, je suis parti dans les Pyrénées et particulièrement dans le Béarn. J'avais été invité par la présidente de l'association Avenir Fermier en Aspe, Marion Ossiniri, afin de présider un beau concours de fromage fermier dans la vallée d'Aspe. Vous vous en doutez, je n'ai pas pu manquer l'occasion de faire une montée en estive pour aller à la rencontre de Marion. Lors de cet épisode, nous avons parlé de son exploitation, de fromage évidemment. Et oui, comment on fait là-haut, en estive, de manière traditionnelle, du fromage, mais également de la vie en montagne et de sa vision de l'avenir. Je te souhaite une très bonne écoute. Bonjour Marion !

  • Marion Ossiniri

    Salut Romain !

  • Romain Le Gal

    Comment ça va ce matin ?

  • Marion Ossiniri

    Bien, pas mal !

  • Romain Le Gal

    Donc là, on est où Marion ? La route a été longue, j'ai pris un chemin qui était chaotique. On se retrouve sur l'Estive d'où ?

  • Marion Ossiniri

    L'Estive de Couecq, on est en Vallée d'Aspe. La Vallée d'Aspe, tu connais ?

  • Romain Le Gal

    Un petit peu.

  • Marion Ossiniri

    Ouais, de long. C'est assez réputé quand même maintenant. Un petit peu. Petite vallée en Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques. Au coin ouest, sud-ouest dans les Pyrénées.

  • Romain Le Gal

    Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Marion Ossiniri

    Marion Ossiniri, je suis mariée à Emmanuel, Manu, on dit. On a trois enfants grands maintenant, 21, 19 et 22 même presque, 22, 19 et 17 et demi. Donc des enfants qui ont grandi en montagne aussi toute la partie de l'été. Et donc on a des brebis, des basco-béarnaises, des brebis laitières. On en a... Enfin, alors voilà. Il y a toujours les suivants la police et suivant les manifestants. Voilà, et donc on sait les chiffres réels à la tonte, le jour de tonte, parce qu'il faut payer à la brebis tendue. Donc voilà, là je découvre des fois qu'on en a plus que ce qui est prévu avant. Donc normalement à peu près 500 avec le renouvellement. On en garde à peu près 80, 90 pour le renouvellement chaque année des brebis. Et ensuite on a des vaches laitières aussi. On en a à peu près une trentaine, 12 à traire. Et avec le renouvellement, ça fait une trentaine.

  • Romain Le Gal

    voilà Ok. Et comment tu décrirais ta région en quelques mots ?

  • Marion Ossiniri

    La plus belle région du monde, ça c'est sûr.

  • Romain Le Gal

    Ils sont un peu chauvins, je m'en suis rendu compte hier déjà.

  • Marion Ossiniri

    Non mais quand on part ailleurs, qu'on va faire des marchés des fois ailleurs et qu'on revient, on trouve que c'est toujours très très beau. On aime beaucoup, c'est très vert. C'est vrai qu'on a le climat océanique qui fait que c'est très vert. Là on est sur la partie haute, donc évidemment c'est... C'est montagneux, c'est assez peintu, assez escarpé, caillouteux en haut et en bas c'est vert, des beaux pâturages. C'est très vivant, on est sur des montagnes qui sont vivantes avec pas mal de bergers dans toutes les montagnes, des bons troupeaux. Et donc c'est assez vivant avec normalement des rapaces dans le ciel. Alors j'espère t'en montrer quand même aujourd'hui.

  • Romain Le Gal

    Est-ce que vous avez déjà eu des soucis avec d'autres animaux sur vos estives ?

  • Marion Ossiniri

    Alors nous sur nos estives, les autres animaux, on a bon les sangliers là, comme tu vois, qui ont un peu beaucoup à labourer, c'est de plus en plus, on est en zone parc national donc ils sont pas chassables, et donc là ils ont bien labouré cette année, donc c'est sûr que derrière il y a moins d'herbes, donc ça c'est un souci récurrent et puis grandissant, vraiment. Il y a eu des vagues par rapport aux vautours. Ça s'est un peu calmé, mais on est toujours un peu en stress par rapport aux vautours. Normalement, le vautour est un charognard, mais comme ils étaient en surpopulation, ils ont eu...

  • Romain Le Gal

    Ils étaient un peu en surnombre...

  • Marion Ossiniri

    Oui, c'est ça. Et donc, normalement, quand c'est comme ça, ça régule la population. Quand ils n'ont pas l'alimentation en face de la population. En fait, eux, ils ont adapté leur régime alimentaire. C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir que des charognards et que la population baisse de vautours, ils se sont mis à chasser. Mais vraiment, on a vu des choses assez impressionnantes. Vraiment, des vautours les uns derrière les autres qui frôlaient les brebis pour essayer de les faire tomber. Et vraiment très proches. On les voit et on entend, j'espère, parler un peu quand même des attaques sur des vaches qui sont en train de vêler. Et donc, ils attaquent les veaux, ils attaquent le placenta de la mère.

  • Romain Le Gal

    Donc, pas mal de problèmes avec les vautours. Les loups ?

  • Marion Ossiniri

    Les loups, alors ici, on a encore épargné. On n'est pas loin, une vallée plus loin, il y a eu pas mal d'attaques. Ils sont en train de tester des méthodes de'effarouchement, entre guillemets, des méthodes avec des phéromones. Ça, c'est quelque chose qui nous stresse.

  • Romain Le Gal

    Et toi, du coup, tu ne faisais pas de fromage ? Comment tu t'es formée ?

  • Marion Ossiniri

    Moi, je ne faisais pas du tout de fromage. Je dois t'avouer même que pendant très longtemps, j'ai détesté le fromage. D'accord. Jusqu'à mes 22-23 ans, plutôt. Et quand j'étais étudiante, j'avais une copine bretonne qui est Bérangère. Qu'elle nous écoute.

  • Romain Le Gal

    Bonjour Bérangère, si tu nous écoutes.

  • Marion Ossiniri

    Grâce à Bérangère que j'ai...

  • Romain Le Gal

    Tu pourras lui envoyer le podcast.

  • Marion Ossiniri

    Grâce à Bérangère que j'ai appris à aimer le fromage. Et je trouve que c'est une chance de ne pas avoir aimé le fromage. Parce que mes parents aimaient le fromage, mais pas forcément étaient des amateurs. Et ils achetaient du fromage un peu facile, je dirais. Et donc, j'avais cette copine de là, Bérangère, qui en était étudiante. On avait quatre sous en poche, comme les étudiants. Et on était à Strasbourg à l'époque. Et elle, une fois par mois, elle avait économisé. Elle partait chez le crémier-fromager. Un petit plateau de fromage. Et pour son plaisir, c'était vraiment son plaisir.

  • Romain Le Gal

    Et c'était là où tu as commencé à apprécier.

  • Marion Ossiniri

    Je me suis dit, mais je dois louper quelque chose. Pour qu'on fasse une démarche comme ça, c'est que je dois louper un truc. Et donc, je me dis, il faut que j'apprenne. Il faut que je me force. Donc, petit à petit, j'ai commencé par des fromages doux. Et maintenant, je suis fan de fromages bleus. Et plus les fromages ont du goût, qui sente fort...

  • Romain Le Gal

    La typicité.

  • Marion Ossiniri

    Je suis fan. Donc, c'est une chance parce que quelque part, j'ai appris mon palais. C'est de l'acquis, quoi. C'est vraiment... C'est vraiment quelque chose, c'est une éducation.

  • Romain Le Gal

    Et t'es formée à faire du fromage, à fabriquer du fromage.

  • Marion Ossiniri

    Faire du fromage, alors Manu m'a appris déjà les gestes, ça c'est sûr. Quand on est arrivé en estive, il y avait des vieux bergers aussi, donc je regardais beaucoup ce qu'ils faisaient. Comparer, voir souvent les jours, essayer de comprendre de manière empirique. Exactement. Et puis après, j'ai fait des petites... journée de formation avec des techniciens fromagers locaux ou d'autres, des techniciens fromagers d'Aurillac ou de Poligny ou d'ailleurs qui venaient pour la journée sur des thèmes particuliers

  • Romain Le Gal

    Bon bah super, on va aller en fromagerie maintenant ? Oui,

  • Marion Ossiniri

    c'est ça bien, faire du fromage

  • Romain Le Gal

    Après cet accueil, il est maintenant temps de suivre Marion en fromagerie. La traite, elle, avait commencé très tôt ce matin. Imaginez un peu plus de 400 brebis traitent à la main. Et oui, c'est ça la vie en estive. 400 brebis à passer à la caisse à traire. Il faut environ 2h30 à 3h à 2 trayeurs pour arriver à passer toutes les brebis. Moi j'ai eu quelques péripéties. Mais bon, j'ai eu la chance, je suis tout juste arrivé avant d'aller en fromagerie. Il était environ 10h. Là on arrive en fromagerie Marion, tu peux nous expliquer un petit peu comment ça se déroule ?

  • Marion Ossiniri

    Seconde partie de la matinée, donc après la traite, on a mis le lait de la traite d'hier soir, déjà ce matin avant la traite du matin, on a mis le lait dans le chaudron, on est parti traire.

  • Romain Le Gal

    Chaudon en cuivre ?

  • Marion Ossiniri

    En cuivre, oui, c'est un 250 litre là, tout en cuivre. On aime beaucoup travailler au cuivre, on a mis du temps à s'y mettre, parce que c'est une demande de l'entretien. Mais en fait, c'est super agréable à travailler dedans, dans le chaudron. Ça diffuse une chaleur douce et donc c'est un plaisir. Ça chauffe en douceur, on va dire, le lait. Et puis après, derrière, le caillé. Donc c'est très, très agréable.

  • Romain Le Gal

    Donc première étape, tu prends la traite du matin et tu mélanges avec la traite du soir.

  • Marion Ossiniri

    Voilà, exactement. D'abord, on fait chauffer un peu le lait.

  • Romain Le Gal

    Vous faites un peu réchauffer le lait.

  • Marion Ossiniri

    On fait monter, comme ça, il n'y a pas de choc de température entre le froid et le chaud. On rajoute le lait chaud de la traite du matin. Après, on a monté à 33 degrés le lait et on a mis des ferments lactiques. Ici, on utilise beaucoup les MA400, des mésophiles, surtout avec un tout petit peu de thermophiles.

  • Romain Le Gal

    Des mésophiles qui travaillent plus à froid, du coup, pour ceux qui écoutent.

  • Marion Ossiniri

    On est plutôt à 25 degrés.

  • Romain Le Gal

    Par contre,thermophiles, thermos, aiment la chaleur.

  • Marion Ossiniri

    Qui est plutôt autour des 35. Ensuite, quand on est arrivé à 33 degrés, on a mis la présure.

  • Romain Le Gal

    Temps de coagulation, combien de temps pour le passage de l'état liquide à l'état solide ?

  • Marion Ossiniri

    Le temps de coagulation, on essaie d'être entre 12 et 15 minutes. Et après, le temps de prise, on appelle ça le temps de prise. Et après, le temps de caillage complet, on est autour des 40 minutes. On cherche à faire 40 minutes. Bon, j'ai un peu dépassé là aujourd'hui.

  • Romain Le Gal

    Donc après, tout le travail en cuve va se faire de manière manuelle ?

  • Marion Ossiniri

    Oui. On va trancher le cahier. Et on grimpe. pas trop fin, pas trop gros entre deux. Et ensuite, on va brasser jusqu'à... Là, on va faire en ce moment un 39 degrés.

  • Romain Le Gal

    Et donc, tu brasses, tu brasses.

  • Marion Ossiniri

    Oui.

  • Romain Le Gal

    Et tu vas brasser avec un outil particulier ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, on a un brasseur en inox. Avant, c'était utilisé, c'est la même chose, c'est le même style, on va dire, ça avait des branches un peu circulaires et c'était fait en buis. C'est plus trop toléré, le bois. Ça s'est perdu, c'est fait un inox maintenant.

  • Romain Le Gal

    Geste traditionnel ensuite, qui est particulier sur vos fromages, vous allez laisser retomber le cahier dans le fond de la cuve. Oui. Tu peux nous expliquer avec tes mots comment ça se passe ?

  • Marion Ossiniri

    En fait, quand on est arrivé à 39 degrés, on brasse encore un petit moins, le temps que le chaudron, qui n'est plus la chauffe dessous. Donc suivant comment on veut plus ou moins sec, on peut chauffer un peu, pardon, brasser un peu plus longtemps. Donc voilà et après on laisse poser. Et donc évidemment tous les grains de caillé vont se mettre par gravité au fond du chaudron et le petit lait au dessus. Voilà et après donc on va ramasser. On va faire ce qu'on appelle un pain en fait, une boule qui est plutôt comme les pains de campagne qu'on va dire. Et donc, on va utiliser le chaudron, on va s'appuyer contre le chaudron pour presser cette boule. Et se faire petit à petit, que ça soit tout amalgamé, une masse de caillé.

  • Romain Le Gal

    Ensuite,

  • Marion Ossiniri

    découpage ? Oui, parce que là, par exemple, aujourd'hui, on avait six fromages de brebis. Donc, on a coupé pour que ça rentre dans le moule. Et on a pressé, on presse ensuite à la main, chaque fromage est pressé à la main. Et on pique vraiment, ça c'est vraiment les gestes à l'ancienne.

  • Romain Le Gal

    À l'ancienne ?

  • Marion Ossiniri

    On pique avec des piques en inox.

  • Romain Le Gal

    Avec ces petites aiguilles. Ce petit lait évacué, ensuite vous toilez le fromage ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, une fois qu'on a pressé des deux côtés, piqué des deux côtés, on le met dans le petit lait, on met notre moule. Et on met une toile en coton dessus qu'on a trempée dans le petit lait. Comme ça, elle est chaude aussi. Et on la met dans le moule et on met le fromage ensuite dessus. Dans le moule, la toile.

  • Romain Le Gal

    Dernière étape qu'on voit ce matin, c'est finalement le pressage. Donc là, une fois que tous tes fromages ont été mis en moule, vous mettez une casquette et puis un chapeau pour venir aider à presser. Et puis un poids, ça pèse combien ?

  • Marion Ossiniri

    Ils sont autour de 5 kg à peu près. D'accord.

  • Romain Le Gal

    Et ça va rester ici combien de temps ?

  • Marion Ossiniri

    Là, ça va rester l'après-midi, ici au chaud, pour que maintenant que les bactéries lactiques travaillent, et acidifie les fromages. Et là, surtout dans une heure à peu près, on va les tourner, et on va mettre les marques aussi. On va les mettre, on va les tourner, mettre les marques au fond. Donc on met la marque d'Estive, la petite montagne avec l'Edelweiss dedans. Et après la marque de Brebis, notre marque maison de Brebis. Et on va remettre le chapeau et le poids par-dessus jusqu'à ce soir.

  • Romain Le Gal

    Du coup, tout le matériel qui est là, là on est en estive, on est à 1600 et quelques mètres d'altitude. La ferme en bas, elle est à 400 mètres. Vous redescendez tout le matériel ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, à la fin de la saison, tout le matériel redescend. Parce qu'on s'en sert en bas après pour la prochaine saison.

  • Romain Le Gal

    Pour la prochaine saison. Bon, super. On va continuer la visite ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, avec plaisir.

  • Romain Le Gal

    La notion du temps en estive est un peu différente, on est un peu déconnecté du rythme de la société. Et après ce passage en fromagerie, la pause repas dans la cabane, on est parti avec Marion pour suivre notre échange dans l'estive, au pied des brebis. Là, on a marché un petit peu, on est parti de la cabane et puis on se retrouve face aux montagnes. On a les brebis là, tu peux nous en parler un petit peu de cet endroit ? Donc là, on est en estive.

  • Marion Ossiniri

    On est sur l'estive, on a deux parcours en fait sur l'estive. On a un parcours pour les brebis qui sont pour les brebis de renouvellement, les nôtres et puis celles qu'on garde pour l'été. Donc c'est surtout des agnelles, des jeunes de l'année ou l'année précédente. Et après, des brebis qui sont taries. Donc elles, elles ont un parcours qui commence dans le bois. Elles ont le temps. Elles peuvent dormir un peu, faire la sieste. Et elles font là maintenant, elles pacagent tranquillement. Et puis, un petit, elles vont pacager à la fraîche et revenir pour 21h, 28h30, tranquillement vers la cabane.

  • Romain Le Gal

    Donc là, on est avec le troupeau de renouvellement. et puis on voit derrière nous... Les laitières qui, elles, vont redescendre tout à l'heure pour la traite, mais elles, elles ont permis son d'un peu plus tard.

  • Marion Ossiniri

    Voilà. Rémi, mon fils, il est au-dessus, il avait les laitières. Comme ça, l'objectif, c'est qu'elles ne se mélangent pas avec les voisins, d'autre côté de la crête, et aussi pour un peu les guider, les amener gentiment à redescendre à l'heure quand même.

  • Romain Le Gal

    Alors ces brebis, est-ce que tu peux nous dire un peu qui elles sont ?

  • Marion Ossiniri

    Basco-béarnaises, c'est des brebis qui ont des cornes. Même les femelles ont des cornes. Elles ont une laine, en fait c'est des brebis qui ne sont pas croisées avec des mérinos. Donc elles ont une laine assez rêche. Il y a eu des fois des filières qui ont été montées pour faire de l'isolation de maison ou autre, ou des matelas. Mais c'est très pratique parce que nous on ne les tond pas. En Pays Basque, ils les tondent avant de monter en estive. Et nous on ne les tond pas parce que justement on est en haute montagne et donc il peut y avoir des aléas de température. Donc ça les isole aussi bien de la chaleur, quand il fait vraiment des grosses chaleurs, que du froid, si des fois il y a des baisses de température, pour la nuit aussi.

  • Romain Le Gal

    Si on reprend un peu le schéma de l'année, là on est en estive, on est au milieu de l'été. Quand est-ce que vous montez ici ? Comment ça se passe ?

  • Marion Ossiniri

    Ici, c'est la seconde montagne où on vient. On monte à peu près le premier samedi de juillet. On transhume d'une montagne à l'autre par la montagne. Et le matériel descend par la route et remonte par la piste de l'autre côté.

  • Romain Le Gal

    C'est plus une... piste qu'une route, surtout sur la fin.

  • Marion Ossiniri

    D'abord, il faut se sentir de la première estive.

  • Romain Le Gal

    C'est praticable.

  • Marion Ossiniri

    La première estive, c'est une route goudronnée. On redescend par la route nationale, et on remonte par la piste un peu caillouteuse.

  • Romain Le Gal

    Et vous restez là combien de temps ? Tout l'été ? Et vous redescendez quand dans la vallée ?

  • Marion Ossiniri

    On reste là tout l'été jusqu'à fin septembre. Après, on va redescendre sur la estive de printemps automne, l'estive intermédiaire. On va redescendre trois semaines un mois, tous les mois d'octobre. On redescend à peu près à Toussaint. Et là, après, on redescend aussi à pied au village à Accous.

  • Romain Le Gal

    Bon, là, j'ai Tom qui nous a rejoint. Il est proche de mon micro. Tom, c'est qui ?

  • Marion Ossiniri

    Tom, c'est mon chien.

  • Romain Le Gal

    C'est quoi les ordres principaux qu'on donne à un chien de troupeau ?

  • Marion Ossiniri

    C'est en général assez simple. C'est passe par en haut, passe en haut, passe en bas. Pousse, voilà. Donc,

  • Romain Le Gal

    on les ramène, on les éloigne, on les fait avancer.

  • Marion Ossiniri

    On parle aux chiens, mais on parle aussi aux brebis, c'est-à-dire on leur dit "saï, saï, saï, saï", pour appeler les brebis. Et le chien, il comprend en fait, par rapport à nous, où nous sommes placés, il sait qu'il doit aller derrière pour aller les pousser, les amener vers nous.

  • Romain Le Gal

    Tu m'avouais juste avant, quand on montait, que le chien est une bonne aide et quand il n'y a pas le chien, les brebis savent qu'elles ont un peu plus le temps. Toi, tu ressens plus des installations, du renouveau dans les producteurs ces dernières années ? des jeunes ? Tu trouves que la région est attractive pour les jeunes qui veulent s'installer ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, là on a fait un article justement par rapport à la fête du fromage on a mis en valeur en fait sur le village d'Accous qui est un petit village à côté là je crois que c'est en tout il y a 15 fermes actuellement en activité et sur ces 15 sur l'ensemble du village et il y a eu 11 installations en 2-3 ans.

  • Romain Le Gal

    Et toi, tes enfants, tu penses que, là, tu disais depuis petit, ils sont en estive. Là, aujourd'hui, il y a deux de tes fils qui sont avec vous cet été. Est-ce que tu penses qu'il y en aura un des deux ou les deux qui aimeraient continuer dans cette voie-là, reprendre ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, les deux. Notre fille, même avant, je pense qu'elle aurait aimé aussi, mais elle est partie sur une autre voie, en fin de compte, et ailleurs, dans le Cantal. Mais nos deux gars, ils sont très attachés à la Val d'Aspe, ça c'est sûr. Ils aiment beaucoup le métier aussi. Ils vont reprendre, mais à leur façon, je pense. C'est très bien.

  • Romain Le Gal

    Bon, super. On va aller voir les fromages au saloir maintenant ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, avec plaisir.

  • Romain Le Gal

    A tout de suite. La journée continue. Et après ce moment d'échange au milieu de brebis avec Marion, il faut retourner voir les fromages, les démouler. et les emmener au saloir. C'est d'ailleurs là que Marion nous emmène On se retrouve où là Marion ?

  • Marion Ossiniri

    On est dans la cave d'affinage, c'est ce qu'on appelle nous le saloir.

  • Romain Le Gal

    Donc les fromages qu'on a vus ce matin vont être démoulés ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, on va les amener ce soir déjà au saloir. D'accord. Et toute la nuit ils vont rester dans le moule et demain matin on va les démouler. D'accord. Là tu vois il y a ceux d'hier qui ont été démoulés ce matin. Et ici tous les jours, pendant 4 jours, on sale les fromages. Donc, toujours sur l'arrondi, on va dire, on les roule dans le sel et après, on met sur la face qui va être dessus.

  • Romain Le Gal

    Et ici, ce saloir, du coup, la température, l'hygrométrie, vous arrivez à être à peu près stable ? Non,

  • Marion Ossiniri

    c'est un peu compliqué. Ça peut être un saloir qui est enterré, quand même en partie, avec de l'eau.

  • Romain Le Gal

    Je ne sais pas si tu vois le petit ruisseau qui traverse le sol, qui apporte l'humidité.

  • Marion Ossiniri

    On rentre ici dans le saloir que le matin, un peu à la fraîche, et le soir, une fois que le soleil est passé aussi. Et après, on essaie de garder toute la journée bien fermée.

  • Romain Le Gal

    Garder, la fraîcheur, l'humidité à l'intérieur.

  • Marion Ossiniri

    Mais malgré ça, évidemment, comme on n'a pas d'électricité, en tout cas, pas de la puissance, même si on nous met l'électricité là, on n'aura pas la puissance pour mettre un groupe froid. Donc, c'est un saloir qui monte un peu en température. moins que d'autres, mais ça monte un peu en température quand même.

  • Romain Le Gal

    Et après, vos fromages, vous les descendez tous les combien de temps ?

  • Marion Ossiniri

    Donc là, on va essayer de tenir... Normalement, on tient trois semaines de fabrication au départ, trois semaines à un mois. Et après, toutes les semaines, on en descend une charge, on dit. Voilà, 60 fromages à peu près à chaque fois qu'on descend dans la vallée.

  • Romain Le Gal

    Et ils vont se retrouver dans votre cave d'affinage à la ferme en bas.

  • Marion Ossiniri

    Exactement, oui. Et là, il y a quelqu'un qui les suit après.

  • Romain Le Gal

    Super. Merci beaucoup Marion pour ton accueil sur la ferme. Avant de terminer, j'ai une question rituelle de ce podcast, Lait'Change. Pourquoi tu dis "aïe" ? Tu ne sais pas ce qui va se passer. Ne t'inquiète pas, ce n'est pas très compliqué. C'est quoi ta pizza préférée ?

  • Marion Ossiniri

    Ma pizza préférée ?

  • Romain Le Gal

    Oui.

  • Marion Ossiniri

    La landaise.

  • Romain Le Gal

    La landaise, qu'est-ce que c'est que ça ?

  • Marion Ossiniri

    Il fallait dire la quatre fromage ?

  • Romain Le Gal

    Non, pas nécessairement. Et c'est quoi la landaise ?

  • Marion Ossiniri

    La landaise, c'est une pizza avec des petits gésiers de canard, du magret de canard fumé, des fois il peut y avoir des poivrons et du jambon de Bayonne sur une base de tomate.

  • Romain Le Gal

    Merci beaucoup Marion.

  • Marion Ossiniri

    Avec plaisir.

  • Romain Le Gal

    A bientôt, salut. Dans cet épisode, on a pu échanger sur la vie en estive. Les conditions sont rudes là-haut. Mais ils ont ça dans le sang. Cela est beau à voir. Marion avait à cœur de nous montrer, nous expliquer comment elle perpétue les gestes traditionnels pour produire de beaux fromages, des fromages authentiques. La vie en montagne, elle, évolue avec de nombreux défis. Les prédateurs, comme les vautours, le changement climatique. Il est agréable de voir des personnes comme Marion voulant partager, transmettre, pour être mieux compris. C'est ça que le monde agricole a besoin. Et qu'est-ce qu'il est bon d'entendre que des jeunes s'installent. On te remercie d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. On espère qu'il t'a plu. N'hésite pas à le commenter, à le partager, à nous mettre 5 étoiles sur les plateformes. Et on te dit à très bientôt pour un nouvel épisode de Lait'Change.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de l'épisode

    00:31

  • Qui est Marion Ossiniri ?

    01:16

  • L’estive de Couecq en Vallée d’Aspe dans le Béarn

    02:46

  • Cohabiter avec les animaux sauvages

    03:38

  • Le parcours atypique de Marion

    05:32

  • La traite

    07:52

  • La fabrication des tommes de brebis

    08:26

  • Que devient le matériel ?

    13:44

  • La vie de brebis en estive

    14:11

  • Période de la transhumance

    16:29

  • C’est qui Tom ?

    17:32

  • L’avenir des producteurs dans les Pyrénées

    18:14

  • La transmission aux enfants

    18:47

  • Démoulage au saloir

    19:25

  • L’affinage

    21:11

  • LA dernière question !

    21:39

  • Résumé de l’épisode

    22:22

  • Chapitre 19

    22:56

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Description

Après une première saison riche en rencontres et en découvertes autour du lait et de ceux qui le façonnent, nous sommes heureux de vous retrouver pour le tout premier épisode de la saison 2. Une nouvelle année, de nouvelles voix, de nouvelles histoires à partager… et toujours la même passion pour le monde laitier.

Dans ce nouvel épisode de Lait’Change, cap sur la vallée d’Aspe, au cœur des Pyrénées, où Marion Ossiniri et sa famille perpétuent l’art du fromage fermier. Présidente de l’association Avenir Fermier en Aspe, Marion nous raconte la vie en estive : la transhumance, la fabrication traditionnelle au chaudron de cuivre, les défis face aux sangliers, vautours et loups, mais aussi la beauté des pâturages vivants et l’entraide entre bergers.

Entre transmission familiale, passion du terroir et défis du quotidien, cet épisode nous plonge dans l’authenticité d’une montagne habitée et vivante.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Romain Le Gal

    Bonjour à toi et bienvenue sur Lait'Change, le podcast qui donne la parole aux actrices et aux acteurs de la filière laitière et fromagère. Je suis Romain Le Gal, meilleur ouvrier de France Fromager, et avec France Frais, nous sommes très heureux de te retrouver pour cette nouvelle saison. Et oui, cela fait déjà un an que nous parcourons nos terroirs pour t'emmener à la rencontre des femmes et des hommes qui font notre belle filière. Pour cette nouvelle saison, on t'a préparé plein de belles rencontres avec encore plus d'immersion. Pour la démarrer, cet été, je suis parti dans les Pyrénées et particulièrement dans le Béarn. J'avais été invité par la présidente de l'association Avenir Fermier en Aspe, Marion Ossiniri, afin de présider un beau concours de fromage fermier dans la vallée d'Aspe. Vous vous en doutez, je n'ai pas pu manquer l'occasion de faire une montée en estive pour aller à la rencontre de Marion. Lors de cet épisode, nous avons parlé de son exploitation, de fromage évidemment. Et oui, comment on fait là-haut, en estive, de manière traditionnelle, du fromage, mais également de la vie en montagne et de sa vision de l'avenir. Je te souhaite une très bonne écoute. Bonjour Marion !

  • Marion Ossiniri

    Salut Romain !

  • Romain Le Gal

    Comment ça va ce matin ?

  • Marion Ossiniri

    Bien, pas mal !

  • Romain Le Gal

    Donc là, on est où Marion ? La route a été longue, j'ai pris un chemin qui était chaotique. On se retrouve sur l'Estive d'où ?

  • Marion Ossiniri

    L'Estive de Couecq, on est en Vallée d'Aspe. La Vallée d'Aspe, tu connais ?

  • Romain Le Gal

    Un petit peu.

  • Marion Ossiniri

    Ouais, de long. C'est assez réputé quand même maintenant. Un petit peu. Petite vallée en Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques. Au coin ouest, sud-ouest dans les Pyrénées.

  • Romain Le Gal

    Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Marion Ossiniri

    Marion Ossiniri, je suis mariée à Emmanuel, Manu, on dit. On a trois enfants grands maintenant, 21, 19 et 22 même presque, 22, 19 et 17 et demi. Donc des enfants qui ont grandi en montagne aussi toute la partie de l'été. Et donc on a des brebis, des basco-béarnaises, des brebis laitières. On en a... Enfin, alors voilà. Il y a toujours les suivants la police et suivant les manifestants. Voilà, et donc on sait les chiffres réels à la tonte, le jour de tonte, parce qu'il faut payer à la brebis tendue. Donc voilà, là je découvre des fois qu'on en a plus que ce qui est prévu avant. Donc normalement à peu près 500 avec le renouvellement. On en garde à peu près 80, 90 pour le renouvellement chaque année des brebis. Et ensuite on a des vaches laitières aussi. On en a à peu près une trentaine, 12 à traire. Et avec le renouvellement, ça fait une trentaine.

  • Romain Le Gal

    voilà Ok. Et comment tu décrirais ta région en quelques mots ?

  • Marion Ossiniri

    La plus belle région du monde, ça c'est sûr.

  • Romain Le Gal

    Ils sont un peu chauvins, je m'en suis rendu compte hier déjà.

  • Marion Ossiniri

    Non mais quand on part ailleurs, qu'on va faire des marchés des fois ailleurs et qu'on revient, on trouve que c'est toujours très très beau. On aime beaucoup, c'est très vert. C'est vrai qu'on a le climat océanique qui fait que c'est très vert. Là on est sur la partie haute, donc évidemment c'est... C'est montagneux, c'est assez peintu, assez escarpé, caillouteux en haut et en bas c'est vert, des beaux pâturages. C'est très vivant, on est sur des montagnes qui sont vivantes avec pas mal de bergers dans toutes les montagnes, des bons troupeaux. Et donc c'est assez vivant avec normalement des rapaces dans le ciel. Alors j'espère t'en montrer quand même aujourd'hui.

  • Romain Le Gal

    Est-ce que vous avez déjà eu des soucis avec d'autres animaux sur vos estives ?

  • Marion Ossiniri

    Alors nous sur nos estives, les autres animaux, on a bon les sangliers là, comme tu vois, qui ont un peu beaucoup à labourer, c'est de plus en plus, on est en zone parc national donc ils sont pas chassables, et donc là ils ont bien labouré cette année, donc c'est sûr que derrière il y a moins d'herbes, donc ça c'est un souci récurrent et puis grandissant, vraiment. Il y a eu des vagues par rapport aux vautours. Ça s'est un peu calmé, mais on est toujours un peu en stress par rapport aux vautours. Normalement, le vautour est un charognard, mais comme ils étaient en surpopulation, ils ont eu...

  • Romain Le Gal

    Ils étaient un peu en surnombre...

  • Marion Ossiniri

    Oui, c'est ça. Et donc, normalement, quand c'est comme ça, ça régule la population. Quand ils n'ont pas l'alimentation en face de la population. En fait, eux, ils ont adapté leur régime alimentaire. C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir que des charognards et que la population baisse de vautours, ils se sont mis à chasser. Mais vraiment, on a vu des choses assez impressionnantes. Vraiment, des vautours les uns derrière les autres qui frôlaient les brebis pour essayer de les faire tomber. Et vraiment très proches. On les voit et on entend, j'espère, parler un peu quand même des attaques sur des vaches qui sont en train de vêler. Et donc, ils attaquent les veaux, ils attaquent le placenta de la mère.

  • Romain Le Gal

    Donc, pas mal de problèmes avec les vautours. Les loups ?

  • Marion Ossiniri

    Les loups, alors ici, on a encore épargné. On n'est pas loin, une vallée plus loin, il y a eu pas mal d'attaques. Ils sont en train de tester des méthodes de'effarouchement, entre guillemets, des méthodes avec des phéromones. Ça, c'est quelque chose qui nous stresse.

  • Romain Le Gal

    Et toi, du coup, tu ne faisais pas de fromage ? Comment tu t'es formée ?

  • Marion Ossiniri

    Moi, je ne faisais pas du tout de fromage. Je dois t'avouer même que pendant très longtemps, j'ai détesté le fromage. D'accord. Jusqu'à mes 22-23 ans, plutôt. Et quand j'étais étudiante, j'avais une copine bretonne qui est Bérangère. Qu'elle nous écoute.

  • Romain Le Gal

    Bonjour Bérangère, si tu nous écoutes.

  • Marion Ossiniri

    Grâce à Bérangère que j'ai...

  • Romain Le Gal

    Tu pourras lui envoyer le podcast.

  • Marion Ossiniri

    Grâce à Bérangère que j'ai appris à aimer le fromage. Et je trouve que c'est une chance de ne pas avoir aimé le fromage. Parce que mes parents aimaient le fromage, mais pas forcément étaient des amateurs. Et ils achetaient du fromage un peu facile, je dirais. Et donc, j'avais cette copine de là, Bérangère, qui en était étudiante. On avait quatre sous en poche, comme les étudiants. Et on était à Strasbourg à l'époque. Et elle, une fois par mois, elle avait économisé. Elle partait chez le crémier-fromager. Un petit plateau de fromage. Et pour son plaisir, c'était vraiment son plaisir.

  • Romain Le Gal

    Et c'était là où tu as commencé à apprécier.

  • Marion Ossiniri

    Je me suis dit, mais je dois louper quelque chose. Pour qu'on fasse une démarche comme ça, c'est que je dois louper un truc. Et donc, je me dis, il faut que j'apprenne. Il faut que je me force. Donc, petit à petit, j'ai commencé par des fromages doux. Et maintenant, je suis fan de fromages bleus. Et plus les fromages ont du goût, qui sente fort...

  • Romain Le Gal

    La typicité.

  • Marion Ossiniri

    Je suis fan. Donc, c'est une chance parce que quelque part, j'ai appris mon palais. C'est de l'acquis, quoi. C'est vraiment... C'est vraiment quelque chose, c'est une éducation.

  • Romain Le Gal

    Et t'es formée à faire du fromage, à fabriquer du fromage.

  • Marion Ossiniri

    Faire du fromage, alors Manu m'a appris déjà les gestes, ça c'est sûr. Quand on est arrivé en estive, il y avait des vieux bergers aussi, donc je regardais beaucoup ce qu'ils faisaient. Comparer, voir souvent les jours, essayer de comprendre de manière empirique. Exactement. Et puis après, j'ai fait des petites... journée de formation avec des techniciens fromagers locaux ou d'autres, des techniciens fromagers d'Aurillac ou de Poligny ou d'ailleurs qui venaient pour la journée sur des thèmes particuliers

  • Romain Le Gal

    Bon bah super, on va aller en fromagerie maintenant ? Oui,

  • Marion Ossiniri

    c'est ça bien, faire du fromage

  • Romain Le Gal

    Après cet accueil, il est maintenant temps de suivre Marion en fromagerie. La traite, elle, avait commencé très tôt ce matin. Imaginez un peu plus de 400 brebis traitent à la main. Et oui, c'est ça la vie en estive. 400 brebis à passer à la caisse à traire. Il faut environ 2h30 à 3h à 2 trayeurs pour arriver à passer toutes les brebis. Moi j'ai eu quelques péripéties. Mais bon, j'ai eu la chance, je suis tout juste arrivé avant d'aller en fromagerie. Il était environ 10h. Là on arrive en fromagerie Marion, tu peux nous expliquer un petit peu comment ça se déroule ?

  • Marion Ossiniri

    Seconde partie de la matinée, donc après la traite, on a mis le lait de la traite d'hier soir, déjà ce matin avant la traite du matin, on a mis le lait dans le chaudron, on est parti traire.

  • Romain Le Gal

    Chaudon en cuivre ?

  • Marion Ossiniri

    En cuivre, oui, c'est un 250 litre là, tout en cuivre. On aime beaucoup travailler au cuivre, on a mis du temps à s'y mettre, parce que c'est une demande de l'entretien. Mais en fait, c'est super agréable à travailler dedans, dans le chaudron. Ça diffuse une chaleur douce et donc c'est un plaisir. Ça chauffe en douceur, on va dire, le lait. Et puis après, derrière, le caillé. Donc c'est très, très agréable.

  • Romain Le Gal

    Donc première étape, tu prends la traite du matin et tu mélanges avec la traite du soir.

  • Marion Ossiniri

    Voilà, exactement. D'abord, on fait chauffer un peu le lait.

  • Romain Le Gal

    Vous faites un peu réchauffer le lait.

  • Marion Ossiniri

    On fait monter, comme ça, il n'y a pas de choc de température entre le froid et le chaud. On rajoute le lait chaud de la traite du matin. Après, on a monté à 33 degrés le lait et on a mis des ferments lactiques. Ici, on utilise beaucoup les MA400, des mésophiles, surtout avec un tout petit peu de thermophiles.

  • Romain Le Gal

    Des mésophiles qui travaillent plus à froid, du coup, pour ceux qui écoutent.

  • Marion Ossiniri

    On est plutôt à 25 degrés.

  • Romain Le Gal

    Par contre,thermophiles, thermos, aiment la chaleur.

  • Marion Ossiniri

    Qui est plutôt autour des 35. Ensuite, quand on est arrivé à 33 degrés, on a mis la présure.

  • Romain Le Gal

    Temps de coagulation, combien de temps pour le passage de l'état liquide à l'état solide ?

  • Marion Ossiniri

    Le temps de coagulation, on essaie d'être entre 12 et 15 minutes. Et après, le temps de prise, on appelle ça le temps de prise. Et après, le temps de caillage complet, on est autour des 40 minutes. On cherche à faire 40 minutes. Bon, j'ai un peu dépassé là aujourd'hui.

  • Romain Le Gal

    Donc après, tout le travail en cuve va se faire de manière manuelle ?

  • Marion Ossiniri

    Oui. On va trancher le cahier. Et on grimpe. pas trop fin, pas trop gros entre deux. Et ensuite, on va brasser jusqu'à... Là, on va faire en ce moment un 39 degrés.

  • Romain Le Gal

    Et donc, tu brasses, tu brasses.

  • Marion Ossiniri

    Oui.

  • Romain Le Gal

    Et tu vas brasser avec un outil particulier ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, on a un brasseur en inox. Avant, c'était utilisé, c'est la même chose, c'est le même style, on va dire, ça avait des branches un peu circulaires et c'était fait en buis. C'est plus trop toléré, le bois. Ça s'est perdu, c'est fait un inox maintenant.

  • Romain Le Gal

    Geste traditionnel ensuite, qui est particulier sur vos fromages, vous allez laisser retomber le cahier dans le fond de la cuve. Oui. Tu peux nous expliquer avec tes mots comment ça se passe ?

  • Marion Ossiniri

    En fait, quand on est arrivé à 39 degrés, on brasse encore un petit moins, le temps que le chaudron, qui n'est plus la chauffe dessous. Donc suivant comment on veut plus ou moins sec, on peut chauffer un peu, pardon, brasser un peu plus longtemps. Donc voilà et après on laisse poser. Et donc évidemment tous les grains de caillé vont se mettre par gravité au fond du chaudron et le petit lait au dessus. Voilà et après donc on va ramasser. On va faire ce qu'on appelle un pain en fait, une boule qui est plutôt comme les pains de campagne qu'on va dire. Et donc, on va utiliser le chaudron, on va s'appuyer contre le chaudron pour presser cette boule. Et se faire petit à petit, que ça soit tout amalgamé, une masse de caillé.

  • Romain Le Gal

    Ensuite,

  • Marion Ossiniri

    découpage ? Oui, parce que là, par exemple, aujourd'hui, on avait six fromages de brebis. Donc, on a coupé pour que ça rentre dans le moule. Et on a pressé, on presse ensuite à la main, chaque fromage est pressé à la main. Et on pique vraiment, ça c'est vraiment les gestes à l'ancienne.

  • Romain Le Gal

    À l'ancienne ?

  • Marion Ossiniri

    On pique avec des piques en inox.

  • Romain Le Gal

    Avec ces petites aiguilles. Ce petit lait évacué, ensuite vous toilez le fromage ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, une fois qu'on a pressé des deux côtés, piqué des deux côtés, on le met dans le petit lait, on met notre moule. Et on met une toile en coton dessus qu'on a trempée dans le petit lait. Comme ça, elle est chaude aussi. Et on la met dans le moule et on met le fromage ensuite dessus. Dans le moule, la toile.

  • Romain Le Gal

    Dernière étape qu'on voit ce matin, c'est finalement le pressage. Donc là, une fois que tous tes fromages ont été mis en moule, vous mettez une casquette et puis un chapeau pour venir aider à presser. Et puis un poids, ça pèse combien ?

  • Marion Ossiniri

    Ils sont autour de 5 kg à peu près. D'accord.

  • Romain Le Gal

    Et ça va rester ici combien de temps ?

  • Marion Ossiniri

    Là, ça va rester l'après-midi, ici au chaud, pour que maintenant que les bactéries lactiques travaillent, et acidifie les fromages. Et là, surtout dans une heure à peu près, on va les tourner, et on va mettre les marques aussi. On va les mettre, on va les tourner, mettre les marques au fond. Donc on met la marque d'Estive, la petite montagne avec l'Edelweiss dedans. Et après la marque de Brebis, notre marque maison de Brebis. Et on va remettre le chapeau et le poids par-dessus jusqu'à ce soir.

  • Romain Le Gal

    Du coup, tout le matériel qui est là, là on est en estive, on est à 1600 et quelques mètres d'altitude. La ferme en bas, elle est à 400 mètres. Vous redescendez tout le matériel ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, à la fin de la saison, tout le matériel redescend. Parce qu'on s'en sert en bas après pour la prochaine saison.

  • Romain Le Gal

    Pour la prochaine saison. Bon, super. On va continuer la visite ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, avec plaisir.

  • Romain Le Gal

    La notion du temps en estive est un peu différente, on est un peu déconnecté du rythme de la société. Et après ce passage en fromagerie, la pause repas dans la cabane, on est parti avec Marion pour suivre notre échange dans l'estive, au pied des brebis. Là, on a marché un petit peu, on est parti de la cabane et puis on se retrouve face aux montagnes. On a les brebis là, tu peux nous en parler un petit peu de cet endroit ? Donc là, on est en estive.

  • Marion Ossiniri

    On est sur l'estive, on a deux parcours en fait sur l'estive. On a un parcours pour les brebis qui sont pour les brebis de renouvellement, les nôtres et puis celles qu'on garde pour l'été. Donc c'est surtout des agnelles, des jeunes de l'année ou l'année précédente. Et après, des brebis qui sont taries. Donc elles, elles ont un parcours qui commence dans le bois. Elles ont le temps. Elles peuvent dormir un peu, faire la sieste. Et elles font là maintenant, elles pacagent tranquillement. Et puis, un petit, elles vont pacager à la fraîche et revenir pour 21h, 28h30, tranquillement vers la cabane.

  • Romain Le Gal

    Donc là, on est avec le troupeau de renouvellement. et puis on voit derrière nous... Les laitières qui, elles, vont redescendre tout à l'heure pour la traite, mais elles, elles ont permis son d'un peu plus tard.

  • Marion Ossiniri

    Voilà. Rémi, mon fils, il est au-dessus, il avait les laitières. Comme ça, l'objectif, c'est qu'elles ne se mélangent pas avec les voisins, d'autre côté de la crête, et aussi pour un peu les guider, les amener gentiment à redescendre à l'heure quand même.

  • Romain Le Gal

    Alors ces brebis, est-ce que tu peux nous dire un peu qui elles sont ?

  • Marion Ossiniri

    Basco-béarnaises, c'est des brebis qui ont des cornes. Même les femelles ont des cornes. Elles ont une laine, en fait c'est des brebis qui ne sont pas croisées avec des mérinos. Donc elles ont une laine assez rêche. Il y a eu des fois des filières qui ont été montées pour faire de l'isolation de maison ou autre, ou des matelas. Mais c'est très pratique parce que nous on ne les tond pas. En Pays Basque, ils les tondent avant de monter en estive. Et nous on ne les tond pas parce que justement on est en haute montagne et donc il peut y avoir des aléas de température. Donc ça les isole aussi bien de la chaleur, quand il fait vraiment des grosses chaleurs, que du froid, si des fois il y a des baisses de température, pour la nuit aussi.

  • Romain Le Gal

    Si on reprend un peu le schéma de l'année, là on est en estive, on est au milieu de l'été. Quand est-ce que vous montez ici ? Comment ça se passe ?

  • Marion Ossiniri

    Ici, c'est la seconde montagne où on vient. On monte à peu près le premier samedi de juillet. On transhume d'une montagne à l'autre par la montagne. Et le matériel descend par la route et remonte par la piste de l'autre côté.

  • Romain Le Gal

    C'est plus une... piste qu'une route, surtout sur la fin.

  • Marion Ossiniri

    D'abord, il faut se sentir de la première estive.

  • Romain Le Gal

    C'est praticable.

  • Marion Ossiniri

    La première estive, c'est une route goudronnée. On redescend par la route nationale, et on remonte par la piste un peu caillouteuse.

  • Romain Le Gal

    Et vous restez là combien de temps ? Tout l'été ? Et vous redescendez quand dans la vallée ?

  • Marion Ossiniri

    On reste là tout l'été jusqu'à fin septembre. Après, on va redescendre sur la estive de printemps automne, l'estive intermédiaire. On va redescendre trois semaines un mois, tous les mois d'octobre. On redescend à peu près à Toussaint. Et là, après, on redescend aussi à pied au village à Accous.

  • Romain Le Gal

    Bon, là, j'ai Tom qui nous a rejoint. Il est proche de mon micro. Tom, c'est qui ?

  • Marion Ossiniri

    Tom, c'est mon chien.

  • Romain Le Gal

    C'est quoi les ordres principaux qu'on donne à un chien de troupeau ?

  • Marion Ossiniri

    C'est en général assez simple. C'est passe par en haut, passe en haut, passe en bas. Pousse, voilà. Donc,

  • Romain Le Gal

    on les ramène, on les éloigne, on les fait avancer.

  • Marion Ossiniri

    On parle aux chiens, mais on parle aussi aux brebis, c'est-à-dire on leur dit "saï, saï, saï, saï", pour appeler les brebis. Et le chien, il comprend en fait, par rapport à nous, où nous sommes placés, il sait qu'il doit aller derrière pour aller les pousser, les amener vers nous.

  • Romain Le Gal

    Tu m'avouais juste avant, quand on montait, que le chien est une bonne aide et quand il n'y a pas le chien, les brebis savent qu'elles ont un peu plus le temps. Toi, tu ressens plus des installations, du renouveau dans les producteurs ces dernières années ? des jeunes ? Tu trouves que la région est attractive pour les jeunes qui veulent s'installer ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, là on a fait un article justement par rapport à la fête du fromage on a mis en valeur en fait sur le village d'Accous qui est un petit village à côté là je crois que c'est en tout il y a 15 fermes actuellement en activité et sur ces 15 sur l'ensemble du village et il y a eu 11 installations en 2-3 ans.

  • Romain Le Gal

    Et toi, tes enfants, tu penses que, là, tu disais depuis petit, ils sont en estive. Là, aujourd'hui, il y a deux de tes fils qui sont avec vous cet été. Est-ce que tu penses qu'il y en aura un des deux ou les deux qui aimeraient continuer dans cette voie-là, reprendre ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, les deux. Notre fille, même avant, je pense qu'elle aurait aimé aussi, mais elle est partie sur une autre voie, en fin de compte, et ailleurs, dans le Cantal. Mais nos deux gars, ils sont très attachés à la Val d'Aspe, ça c'est sûr. Ils aiment beaucoup le métier aussi. Ils vont reprendre, mais à leur façon, je pense. C'est très bien.

  • Romain Le Gal

    Bon, super. On va aller voir les fromages au saloir maintenant ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, avec plaisir.

  • Romain Le Gal

    A tout de suite. La journée continue. Et après ce moment d'échange au milieu de brebis avec Marion, il faut retourner voir les fromages, les démouler. et les emmener au saloir. C'est d'ailleurs là que Marion nous emmène On se retrouve où là Marion ?

  • Marion Ossiniri

    On est dans la cave d'affinage, c'est ce qu'on appelle nous le saloir.

  • Romain Le Gal

    Donc les fromages qu'on a vus ce matin vont être démoulés ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, on va les amener ce soir déjà au saloir. D'accord. Et toute la nuit ils vont rester dans le moule et demain matin on va les démouler. D'accord. Là tu vois il y a ceux d'hier qui ont été démoulés ce matin. Et ici tous les jours, pendant 4 jours, on sale les fromages. Donc, toujours sur l'arrondi, on va dire, on les roule dans le sel et après, on met sur la face qui va être dessus.

  • Romain Le Gal

    Et ici, ce saloir, du coup, la température, l'hygrométrie, vous arrivez à être à peu près stable ? Non,

  • Marion Ossiniri

    c'est un peu compliqué. Ça peut être un saloir qui est enterré, quand même en partie, avec de l'eau.

  • Romain Le Gal

    Je ne sais pas si tu vois le petit ruisseau qui traverse le sol, qui apporte l'humidité.

  • Marion Ossiniri

    On rentre ici dans le saloir que le matin, un peu à la fraîche, et le soir, une fois que le soleil est passé aussi. Et après, on essaie de garder toute la journée bien fermée.

  • Romain Le Gal

    Garder, la fraîcheur, l'humidité à l'intérieur.

  • Marion Ossiniri

    Mais malgré ça, évidemment, comme on n'a pas d'électricité, en tout cas, pas de la puissance, même si on nous met l'électricité là, on n'aura pas la puissance pour mettre un groupe froid. Donc, c'est un saloir qui monte un peu en température. moins que d'autres, mais ça monte un peu en température quand même.

  • Romain Le Gal

    Et après, vos fromages, vous les descendez tous les combien de temps ?

  • Marion Ossiniri

    Donc là, on va essayer de tenir... Normalement, on tient trois semaines de fabrication au départ, trois semaines à un mois. Et après, toutes les semaines, on en descend une charge, on dit. Voilà, 60 fromages à peu près à chaque fois qu'on descend dans la vallée.

  • Romain Le Gal

    Et ils vont se retrouver dans votre cave d'affinage à la ferme en bas.

  • Marion Ossiniri

    Exactement, oui. Et là, il y a quelqu'un qui les suit après.

  • Romain Le Gal

    Super. Merci beaucoup Marion pour ton accueil sur la ferme. Avant de terminer, j'ai une question rituelle de ce podcast, Lait'Change. Pourquoi tu dis "aïe" ? Tu ne sais pas ce qui va se passer. Ne t'inquiète pas, ce n'est pas très compliqué. C'est quoi ta pizza préférée ?

  • Marion Ossiniri

    Ma pizza préférée ?

  • Romain Le Gal

    Oui.

  • Marion Ossiniri

    La landaise.

  • Romain Le Gal

    La landaise, qu'est-ce que c'est que ça ?

  • Marion Ossiniri

    Il fallait dire la quatre fromage ?

  • Romain Le Gal

    Non, pas nécessairement. Et c'est quoi la landaise ?

  • Marion Ossiniri

    La landaise, c'est une pizza avec des petits gésiers de canard, du magret de canard fumé, des fois il peut y avoir des poivrons et du jambon de Bayonne sur une base de tomate.

  • Romain Le Gal

    Merci beaucoup Marion.

  • Marion Ossiniri

    Avec plaisir.

  • Romain Le Gal

    A bientôt, salut. Dans cet épisode, on a pu échanger sur la vie en estive. Les conditions sont rudes là-haut. Mais ils ont ça dans le sang. Cela est beau à voir. Marion avait à cœur de nous montrer, nous expliquer comment elle perpétue les gestes traditionnels pour produire de beaux fromages, des fromages authentiques. La vie en montagne, elle, évolue avec de nombreux défis. Les prédateurs, comme les vautours, le changement climatique. Il est agréable de voir des personnes comme Marion voulant partager, transmettre, pour être mieux compris. C'est ça que le monde agricole a besoin. Et qu'est-ce qu'il est bon d'entendre que des jeunes s'installent. On te remercie d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. On espère qu'il t'a plu. N'hésite pas à le commenter, à le partager, à nous mettre 5 étoiles sur les plateformes. Et on te dit à très bientôt pour un nouvel épisode de Lait'Change.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de l'épisode

    00:31

  • Qui est Marion Ossiniri ?

    01:16

  • L’estive de Couecq en Vallée d’Aspe dans le Béarn

    02:46

  • Cohabiter avec les animaux sauvages

    03:38

  • Le parcours atypique de Marion

    05:32

  • La traite

    07:52

  • La fabrication des tommes de brebis

    08:26

  • Que devient le matériel ?

    13:44

  • La vie de brebis en estive

    14:11

  • Période de la transhumance

    16:29

  • C’est qui Tom ?

    17:32

  • L’avenir des producteurs dans les Pyrénées

    18:14

  • La transmission aux enfants

    18:47

  • Démoulage au saloir

    19:25

  • L’affinage

    21:11

  • LA dernière question !

    21:39

  • Résumé de l’épisode

    22:22

  • Chapitre 19

    22:56

Description

Après une première saison riche en rencontres et en découvertes autour du lait et de ceux qui le façonnent, nous sommes heureux de vous retrouver pour le tout premier épisode de la saison 2. Une nouvelle année, de nouvelles voix, de nouvelles histoires à partager… et toujours la même passion pour le monde laitier.

Dans ce nouvel épisode de Lait’Change, cap sur la vallée d’Aspe, au cœur des Pyrénées, où Marion Ossiniri et sa famille perpétuent l’art du fromage fermier. Présidente de l’association Avenir Fermier en Aspe, Marion nous raconte la vie en estive : la transhumance, la fabrication traditionnelle au chaudron de cuivre, les défis face aux sangliers, vautours et loups, mais aussi la beauté des pâturages vivants et l’entraide entre bergers.

Entre transmission familiale, passion du terroir et défis du quotidien, cet épisode nous plonge dans l’authenticité d’une montagne habitée et vivante.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Romain Le Gal

    Bonjour à toi et bienvenue sur Lait'Change, le podcast qui donne la parole aux actrices et aux acteurs de la filière laitière et fromagère. Je suis Romain Le Gal, meilleur ouvrier de France Fromager, et avec France Frais, nous sommes très heureux de te retrouver pour cette nouvelle saison. Et oui, cela fait déjà un an que nous parcourons nos terroirs pour t'emmener à la rencontre des femmes et des hommes qui font notre belle filière. Pour cette nouvelle saison, on t'a préparé plein de belles rencontres avec encore plus d'immersion. Pour la démarrer, cet été, je suis parti dans les Pyrénées et particulièrement dans le Béarn. J'avais été invité par la présidente de l'association Avenir Fermier en Aspe, Marion Ossiniri, afin de présider un beau concours de fromage fermier dans la vallée d'Aspe. Vous vous en doutez, je n'ai pas pu manquer l'occasion de faire une montée en estive pour aller à la rencontre de Marion. Lors de cet épisode, nous avons parlé de son exploitation, de fromage évidemment. Et oui, comment on fait là-haut, en estive, de manière traditionnelle, du fromage, mais également de la vie en montagne et de sa vision de l'avenir. Je te souhaite une très bonne écoute. Bonjour Marion !

  • Marion Ossiniri

    Salut Romain !

  • Romain Le Gal

    Comment ça va ce matin ?

  • Marion Ossiniri

    Bien, pas mal !

  • Romain Le Gal

    Donc là, on est où Marion ? La route a été longue, j'ai pris un chemin qui était chaotique. On se retrouve sur l'Estive d'où ?

  • Marion Ossiniri

    L'Estive de Couecq, on est en Vallée d'Aspe. La Vallée d'Aspe, tu connais ?

  • Romain Le Gal

    Un petit peu.

  • Marion Ossiniri

    Ouais, de long. C'est assez réputé quand même maintenant. Un petit peu. Petite vallée en Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques. Au coin ouest, sud-ouest dans les Pyrénées.

  • Romain Le Gal

    Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Marion Ossiniri

    Marion Ossiniri, je suis mariée à Emmanuel, Manu, on dit. On a trois enfants grands maintenant, 21, 19 et 22 même presque, 22, 19 et 17 et demi. Donc des enfants qui ont grandi en montagne aussi toute la partie de l'été. Et donc on a des brebis, des basco-béarnaises, des brebis laitières. On en a... Enfin, alors voilà. Il y a toujours les suivants la police et suivant les manifestants. Voilà, et donc on sait les chiffres réels à la tonte, le jour de tonte, parce qu'il faut payer à la brebis tendue. Donc voilà, là je découvre des fois qu'on en a plus que ce qui est prévu avant. Donc normalement à peu près 500 avec le renouvellement. On en garde à peu près 80, 90 pour le renouvellement chaque année des brebis. Et ensuite on a des vaches laitières aussi. On en a à peu près une trentaine, 12 à traire. Et avec le renouvellement, ça fait une trentaine.

  • Romain Le Gal

    voilà Ok. Et comment tu décrirais ta région en quelques mots ?

  • Marion Ossiniri

    La plus belle région du monde, ça c'est sûr.

  • Romain Le Gal

    Ils sont un peu chauvins, je m'en suis rendu compte hier déjà.

  • Marion Ossiniri

    Non mais quand on part ailleurs, qu'on va faire des marchés des fois ailleurs et qu'on revient, on trouve que c'est toujours très très beau. On aime beaucoup, c'est très vert. C'est vrai qu'on a le climat océanique qui fait que c'est très vert. Là on est sur la partie haute, donc évidemment c'est... C'est montagneux, c'est assez peintu, assez escarpé, caillouteux en haut et en bas c'est vert, des beaux pâturages. C'est très vivant, on est sur des montagnes qui sont vivantes avec pas mal de bergers dans toutes les montagnes, des bons troupeaux. Et donc c'est assez vivant avec normalement des rapaces dans le ciel. Alors j'espère t'en montrer quand même aujourd'hui.

  • Romain Le Gal

    Est-ce que vous avez déjà eu des soucis avec d'autres animaux sur vos estives ?

  • Marion Ossiniri

    Alors nous sur nos estives, les autres animaux, on a bon les sangliers là, comme tu vois, qui ont un peu beaucoup à labourer, c'est de plus en plus, on est en zone parc national donc ils sont pas chassables, et donc là ils ont bien labouré cette année, donc c'est sûr que derrière il y a moins d'herbes, donc ça c'est un souci récurrent et puis grandissant, vraiment. Il y a eu des vagues par rapport aux vautours. Ça s'est un peu calmé, mais on est toujours un peu en stress par rapport aux vautours. Normalement, le vautour est un charognard, mais comme ils étaient en surpopulation, ils ont eu...

  • Romain Le Gal

    Ils étaient un peu en surnombre...

  • Marion Ossiniri

    Oui, c'est ça. Et donc, normalement, quand c'est comme ça, ça régule la population. Quand ils n'ont pas l'alimentation en face de la population. En fait, eux, ils ont adapté leur régime alimentaire. C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir que des charognards et que la population baisse de vautours, ils se sont mis à chasser. Mais vraiment, on a vu des choses assez impressionnantes. Vraiment, des vautours les uns derrière les autres qui frôlaient les brebis pour essayer de les faire tomber. Et vraiment très proches. On les voit et on entend, j'espère, parler un peu quand même des attaques sur des vaches qui sont en train de vêler. Et donc, ils attaquent les veaux, ils attaquent le placenta de la mère.

  • Romain Le Gal

    Donc, pas mal de problèmes avec les vautours. Les loups ?

  • Marion Ossiniri

    Les loups, alors ici, on a encore épargné. On n'est pas loin, une vallée plus loin, il y a eu pas mal d'attaques. Ils sont en train de tester des méthodes de'effarouchement, entre guillemets, des méthodes avec des phéromones. Ça, c'est quelque chose qui nous stresse.

  • Romain Le Gal

    Et toi, du coup, tu ne faisais pas de fromage ? Comment tu t'es formée ?

  • Marion Ossiniri

    Moi, je ne faisais pas du tout de fromage. Je dois t'avouer même que pendant très longtemps, j'ai détesté le fromage. D'accord. Jusqu'à mes 22-23 ans, plutôt. Et quand j'étais étudiante, j'avais une copine bretonne qui est Bérangère. Qu'elle nous écoute.

  • Romain Le Gal

    Bonjour Bérangère, si tu nous écoutes.

  • Marion Ossiniri

    Grâce à Bérangère que j'ai...

  • Romain Le Gal

    Tu pourras lui envoyer le podcast.

  • Marion Ossiniri

    Grâce à Bérangère que j'ai appris à aimer le fromage. Et je trouve que c'est une chance de ne pas avoir aimé le fromage. Parce que mes parents aimaient le fromage, mais pas forcément étaient des amateurs. Et ils achetaient du fromage un peu facile, je dirais. Et donc, j'avais cette copine de là, Bérangère, qui en était étudiante. On avait quatre sous en poche, comme les étudiants. Et on était à Strasbourg à l'époque. Et elle, une fois par mois, elle avait économisé. Elle partait chez le crémier-fromager. Un petit plateau de fromage. Et pour son plaisir, c'était vraiment son plaisir.

  • Romain Le Gal

    Et c'était là où tu as commencé à apprécier.

  • Marion Ossiniri

    Je me suis dit, mais je dois louper quelque chose. Pour qu'on fasse une démarche comme ça, c'est que je dois louper un truc. Et donc, je me dis, il faut que j'apprenne. Il faut que je me force. Donc, petit à petit, j'ai commencé par des fromages doux. Et maintenant, je suis fan de fromages bleus. Et plus les fromages ont du goût, qui sente fort...

  • Romain Le Gal

    La typicité.

  • Marion Ossiniri

    Je suis fan. Donc, c'est une chance parce que quelque part, j'ai appris mon palais. C'est de l'acquis, quoi. C'est vraiment... C'est vraiment quelque chose, c'est une éducation.

  • Romain Le Gal

    Et t'es formée à faire du fromage, à fabriquer du fromage.

  • Marion Ossiniri

    Faire du fromage, alors Manu m'a appris déjà les gestes, ça c'est sûr. Quand on est arrivé en estive, il y avait des vieux bergers aussi, donc je regardais beaucoup ce qu'ils faisaient. Comparer, voir souvent les jours, essayer de comprendre de manière empirique. Exactement. Et puis après, j'ai fait des petites... journée de formation avec des techniciens fromagers locaux ou d'autres, des techniciens fromagers d'Aurillac ou de Poligny ou d'ailleurs qui venaient pour la journée sur des thèmes particuliers

  • Romain Le Gal

    Bon bah super, on va aller en fromagerie maintenant ? Oui,

  • Marion Ossiniri

    c'est ça bien, faire du fromage

  • Romain Le Gal

    Après cet accueil, il est maintenant temps de suivre Marion en fromagerie. La traite, elle, avait commencé très tôt ce matin. Imaginez un peu plus de 400 brebis traitent à la main. Et oui, c'est ça la vie en estive. 400 brebis à passer à la caisse à traire. Il faut environ 2h30 à 3h à 2 trayeurs pour arriver à passer toutes les brebis. Moi j'ai eu quelques péripéties. Mais bon, j'ai eu la chance, je suis tout juste arrivé avant d'aller en fromagerie. Il était environ 10h. Là on arrive en fromagerie Marion, tu peux nous expliquer un petit peu comment ça se déroule ?

  • Marion Ossiniri

    Seconde partie de la matinée, donc après la traite, on a mis le lait de la traite d'hier soir, déjà ce matin avant la traite du matin, on a mis le lait dans le chaudron, on est parti traire.

  • Romain Le Gal

    Chaudon en cuivre ?

  • Marion Ossiniri

    En cuivre, oui, c'est un 250 litre là, tout en cuivre. On aime beaucoup travailler au cuivre, on a mis du temps à s'y mettre, parce que c'est une demande de l'entretien. Mais en fait, c'est super agréable à travailler dedans, dans le chaudron. Ça diffuse une chaleur douce et donc c'est un plaisir. Ça chauffe en douceur, on va dire, le lait. Et puis après, derrière, le caillé. Donc c'est très, très agréable.

  • Romain Le Gal

    Donc première étape, tu prends la traite du matin et tu mélanges avec la traite du soir.

  • Marion Ossiniri

    Voilà, exactement. D'abord, on fait chauffer un peu le lait.

  • Romain Le Gal

    Vous faites un peu réchauffer le lait.

  • Marion Ossiniri

    On fait monter, comme ça, il n'y a pas de choc de température entre le froid et le chaud. On rajoute le lait chaud de la traite du matin. Après, on a monté à 33 degrés le lait et on a mis des ferments lactiques. Ici, on utilise beaucoup les MA400, des mésophiles, surtout avec un tout petit peu de thermophiles.

  • Romain Le Gal

    Des mésophiles qui travaillent plus à froid, du coup, pour ceux qui écoutent.

  • Marion Ossiniri

    On est plutôt à 25 degrés.

  • Romain Le Gal

    Par contre,thermophiles, thermos, aiment la chaleur.

  • Marion Ossiniri

    Qui est plutôt autour des 35. Ensuite, quand on est arrivé à 33 degrés, on a mis la présure.

  • Romain Le Gal

    Temps de coagulation, combien de temps pour le passage de l'état liquide à l'état solide ?

  • Marion Ossiniri

    Le temps de coagulation, on essaie d'être entre 12 et 15 minutes. Et après, le temps de prise, on appelle ça le temps de prise. Et après, le temps de caillage complet, on est autour des 40 minutes. On cherche à faire 40 minutes. Bon, j'ai un peu dépassé là aujourd'hui.

  • Romain Le Gal

    Donc après, tout le travail en cuve va se faire de manière manuelle ?

  • Marion Ossiniri

    Oui. On va trancher le cahier. Et on grimpe. pas trop fin, pas trop gros entre deux. Et ensuite, on va brasser jusqu'à... Là, on va faire en ce moment un 39 degrés.

  • Romain Le Gal

    Et donc, tu brasses, tu brasses.

  • Marion Ossiniri

    Oui.

  • Romain Le Gal

    Et tu vas brasser avec un outil particulier ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, on a un brasseur en inox. Avant, c'était utilisé, c'est la même chose, c'est le même style, on va dire, ça avait des branches un peu circulaires et c'était fait en buis. C'est plus trop toléré, le bois. Ça s'est perdu, c'est fait un inox maintenant.

  • Romain Le Gal

    Geste traditionnel ensuite, qui est particulier sur vos fromages, vous allez laisser retomber le cahier dans le fond de la cuve. Oui. Tu peux nous expliquer avec tes mots comment ça se passe ?

  • Marion Ossiniri

    En fait, quand on est arrivé à 39 degrés, on brasse encore un petit moins, le temps que le chaudron, qui n'est plus la chauffe dessous. Donc suivant comment on veut plus ou moins sec, on peut chauffer un peu, pardon, brasser un peu plus longtemps. Donc voilà et après on laisse poser. Et donc évidemment tous les grains de caillé vont se mettre par gravité au fond du chaudron et le petit lait au dessus. Voilà et après donc on va ramasser. On va faire ce qu'on appelle un pain en fait, une boule qui est plutôt comme les pains de campagne qu'on va dire. Et donc, on va utiliser le chaudron, on va s'appuyer contre le chaudron pour presser cette boule. Et se faire petit à petit, que ça soit tout amalgamé, une masse de caillé.

  • Romain Le Gal

    Ensuite,

  • Marion Ossiniri

    découpage ? Oui, parce que là, par exemple, aujourd'hui, on avait six fromages de brebis. Donc, on a coupé pour que ça rentre dans le moule. Et on a pressé, on presse ensuite à la main, chaque fromage est pressé à la main. Et on pique vraiment, ça c'est vraiment les gestes à l'ancienne.

  • Romain Le Gal

    À l'ancienne ?

  • Marion Ossiniri

    On pique avec des piques en inox.

  • Romain Le Gal

    Avec ces petites aiguilles. Ce petit lait évacué, ensuite vous toilez le fromage ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, une fois qu'on a pressé des deux côtés, piqué des deux côtés, on le met dans le petit lait, on met notre moule. Et on met une toile en coton dessus qu'on a trempée dans le petit lait. Comme ça, elle est chaude aussi. Et on la met dans le moule et on met le fromage ensuite dessus. Dans le moule, la toile.

  • Romain Le Gal

    Dernière étape qu'on voit ce matin, c'est finalement le pressage. Donc là, une fois que tous tes fromages ont été mis en moule, vous mettez une casquette et puis un chapeau pour venir aider à presser. Et puis un poids, ça pèse combien ?

  • Marion Ossiniri

    Ils sont autour de 5 kg à peu près. D'accord.

  • Romain Le Gal

    Et ça va rester ici combien de temps ?

  • Marion Ossiniri

    Là, ça va rester l'après-midi, ici au chaud, pour que maintenant que les bactéries lactiques travaillent, et acidifie les fromages. Et là, surtout dans une heure à peu près, on va les tourner, et on va mettre les marques aussi. On va les mettre, on va les tourner, mettre les marques au fond. Donc on met la marque d'Estive, la petite montagne avec l'Edelweiss dedans. Et après la marque de Brebis, notre marque maison de Brebis. Et on va remettre le chapeau et le poids par-dessus jusqu'à ce soir.

  • Romain Le Gal

    Du coup, tout le matériel qui est là, là on est en estive, on est à 1600 et quelques mètres d'altitude. La ferme en bas, elle est à 400 mètres. Vous redescendez tout le matériel ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, à la fin de la saison, tout le matériel redescend. Parce qu'on s'en sert en bas après pour la prochaine saison.

  • Romain Le Gal

    Pour la prochaine saison. Bon, super. On va continuer la visite ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, avec plaisir.

  • Romain Le Gal

    La notion du temps en estive est un peu différente, on est un peu déconnecté du rythme de la société. Et après ce passage en fromagerie, la pause repas dans la cabane, on est parti avec Marion pour suivre notre échange dans l'estive, au pied des brebis. Là, on a marché un petit peu, on est parti de la cabane et puis on se retrouve face aux montagnes. On a les brebis là, tu peux nous en parler un petit peu de cet endroit ? Donc là, on est en estive.

  • Marion Ossiniri

    On est sur l'estive, on a deux parcours en fait sur l'estive. On a un parcours pour les brebis qui sont pour les brebis de renouvellement, les nôtres et puis celles qu'on garde pour l'été. Donc c'est surtout des agnelles, des jeunes de l'année ou l'année précédente. Et après, des brebis qui sont taries. Donc elles, elles ont un parcours qui commence dans le bois. Elles ont le temps. Elles peuvent dormir un peu, faire la sieste. Et elles font là maintenant, elles pacagent tranquillement. Et puis, un petit, elles vont pacager à la fraîche et revenir pour 21h, 28h30, tranquillement vers la cabane.

  • Romain Le Gal

    Donc là, on est avec le troupeau de renouvellement. et puis on voit derrière nous... Les laitières qui, elles, vont redescendre tout à l'heure pour la traite, mais elles, elles ont permis son d'un peu plus tard.

  • Marion Ossiniri

    Voilà. Rémi, mon fils, il est au-dessus, il avait les laitières. Comme ça, l'objectif, c'est qu'elles ne se mélangent pas avec les voisins, d'autre côté de la crête, et aussi pour un peu les guider, les amener gentiment à redescendre à l'heure quand même.

  • Romain Le Gal

    Alors ces brebis, est-ce que tu peux nous dire un peu qui elles sont ?

  • Marion Ossiniri

    Basco-béarnaises, c'est des brebis qui ont des cornes. Même les femelles ont des cornes. Elles ont une laine, en fait c'est des brebis qui ne sont pas croisées avec des mérinos. Donc elles ont une laine assez rêche. Il y a eu des fois des filières qui ont été montées pour faire de l'isolation de maison ou autre, ou des matelas. Mais c'est très pratique parce que nous on ne les tond pas. En Pays Basque, ils les tondent avant de monter en estive. Et nous on ne les tond pas parce que justement on est en haute montagne et donc il peut y avoir des aléas de température. Donc ça les isole aussi bien de la chaleur, quand il fait vraiment des grosses chaleurs, que du froid, si des fois il y a des baisses de température, pour la nuit aussi.

  • Romain Le Gal

    Si on reprend un peu le schéma de l'année, là on est en estive, on est au milieu de l'été. Quand est-ce que vous montez ici ? Comment ça se passe ?

  • Marion Ossiniri

    Ici, c'est la seconde montagne où on vient. On monte à peu près le premier samedi de juillet. On transhume d'une montagne à l'autre par la montagne. Et le matériel descend par la route et remonte par la piste de l'autre côté.

  • Romain Le Gal

    C'est plus une... piste qu'une route, surtout sur la fin.

  • Marion Ossiniri

    D'abord, il faut se sentir de la première estive.

  • Romain Le Gal

    C'est praticable.

  • Marion Ossiniri

    La première estive, c'est une route goudronnée. On redescend par la route nationale, et on remonte par la piste un peu caillouteuse.

  • Romain Le Gal

    Et vous restez là combien de temps ? Tout l'été ? Et vous redescendez quand dans la vallée ?

  • Marion Ossiniri

    On reste là tout l'été jusqu'à fin septembre. Après, on va redescendre sur la estive de printemps automne, l'estive intermédiaire. On va redescendre trois semaines un mois, tous les mois d'octobre. On redescend à peu près à Toussaint. Et là, après, on redescend aussi à pied au village à Accous.

  • Romain Le Gal

    Bon, là, j'ai Tom qui nous a rejoint. Il est proche de mon micro. Tom, c'est qui ?

  • Marion Ossiniri

    Tom, c'est mon chien.

  • Romain Le Gal

    C'est quoi les ordres principaux qu'on donne à un chien de troupeau ?

  • Marion Ossiniri

    C'est en général assez simple. C'est passe par en haut, passe en haut, passe en bas. Pousse, voilà. Donc,

  • Romain Le Gal

    on les ramène, on les éloigne, on les fait avancer.

  • Marion Ossiniri

    On parle aux chiens, mais on parle aussi aux brebis, c'est-à-dire on leur dit "saï, saï, saï, saï", pour appeler les brebis. Et le chien, il comprend en fait, par rapport à nous, où nous sommes placés, il sait qu'il doit aller derrière pour aller les pousser, les amener vers nous.

  • Romain Le Gal

    Tu m'avouais juste avant, quand on montait, que le chien est une bonne aide et quand il n'y a pas le chien, les brebis savent qu'elles ont un peu plus le temps. Toi, tu ressens plus des installations, du renouveau dans les producteurs ces dernières années ? des jeunes ? Tu trouves que la région est attractive pour les jeunes qui veulent s'installer ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, là on a fait un article justement par rapport à la fête du fromage on a mis en valeur en fait sur le village d'Accous qui est un petit village à côté là je crois que c'est en tout il y a 15 fermes actuellement en activité et sur ces 15 sur l'ensemble du village et il y a eu 11 installations en 2-3 ans.

  • Romain Le Gal

    Et toi, tes enfants, tu penses que, là, tu disais depuis petit, ils sont en estive. Là, aujourd'hui, il y a deux de tes fils qui sont avec vous cet été. Est-ce que tu penses qu'il y en aura un des deux ou les deux qui aimeraient continuer dans cette voie-là, reprendre ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, les deux. Notre fille, même avant, je pense qu'elle aurait aimé aussi, mais elle est partie sur une autre voie, en fin de compte, et ailleurs, dans le Cantal. Mais nos deux gars, ils sont très attachés à la Val d'Aspe, ça c'est sûr. Ils aiment beaucoup le métier aussi. Ils vont reprendre, mais à leur façon, je pense. C'est très bien.

  • Romain Le Gal

    Bon, super. On va aller voir les fromages au saloir maintenant ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, avec plaisir.

  • Romain Le Gal

    A tout de suite. La journée continue. Et après ce moment d'échange au milieu de brebis avec Marion, il faut retourner voir les fromages, les démouler. et les emmener au saloir. C'est d'ailleurs là que Marion nous emmène On se retrouve où là Marion ?

  • Marion Ossiniri

    On est dans la cave d'affinage, c'est ce qu'on appelle nous le saloir.

  • Romain Le Gal

    Donc les fromages qu'on a vus ce matin vont être démoulés ?

  • Marion Ossiniri

    Oui, on va les amener ce soir déjà au saloir. D'accord. Et toute la nuit ils vont rester dans le moule et demain matin on va les démouler. D'accord. Là tu vois il y a ceux d'hier qui ont été démoulés ce matin. Et ici tous les jours, pendant 4 jours, on sale les fromages. Donc, toujours sur l'arrondi, on va dire, on les roule dans le sel et après, on met sur la face qui va être dessus.

  • Romain Le Gal

    Et ici, ce saloir, du coup, la température, l'hygrométrie, vous arrivez à être à peu près stable ? Non,

  • Marion Ossiniri

    c'est un peu compliqué. Ça peut être un saloir qui est enterré, quand même en partie, avec de l'eau.

  • Romain Le Gal

    Je ne sais pas si tu vois le petit ruisseau qui traverse le sol, qui apporte l'humidité.

  • Marion Ossiniri

    On rentre ici dans le saloir que le matin, un peu à la fraîche, et le soir, une fois que le soleil est passé aussi. Et après, on essaie de garder toute la journée bien fermée.

  • Romain Le Gal

    Garder, la fraîcheur, l'humidité à l'intérieur.

  • Marion Ossiniri

    Mais malgré ça, évidemment, comme on n'a pas d'électricité, en tout cas, pas de la puissance, même si on nous met l'électricité là, on n'aura pas la puissance pour mettre un groupe froid. Donc, c'est un saloir qui monte un peu en température. moins que d'autres, mais ça monte un peu en température quand même.

  • Romain Le Gal

    Et après, vos fromages, vous les descendez tous les combien de temps ?

  • Marion Ossiniri

    Donc là, on va essayer de tenir... Normalement, on tient trois semaines de fabrication au départ, trois semaines à un mois. Et après, toutes les semaines, on en descend une charge, on dit. Voilà, 60 fromages à peu près à chaque fois qu'on descend dans la vallée.

  • Romain Le Gal

    Et ils vont se retrouver dans votre cave d'affinage à la ferme en bas.

  • Marion Ossiniri

    Exactement, oui. Et là, il y a quelqu'un qui les suit après.

  • Romain Le Gal

    Super. Merci beaucoup Marion pour ton accueil sur la ferme. Avant de terminer, j'ai une question rituelle de ce podcast, Lait'Change. Pourquoi tu dis "aïe" ? Tu ne sais pas ce qui va se passer. Ne t'inquiète pas, ce n'est pas très compliqué. C'est quoi ta pizza préférée ?

  • Marion Ossiniri

    Ma pizza préférée ?

  • Romain Le Gal

    Oui.

  • Marion Ossiniri

    La landaise.

  • Romain Le Gal

    La landaise, qu'est-ce que c'est que ça ?

  • Marion Ossiniri

    Il fallait dire la quatre fromage ?

  • Romain Le Gal

    Non, pas nécessairement. Et c'est quoi la landaise ?

  • Marion Ossiniri

    La landaise, c'est une pizza avec des petits gésiers de canard, du magret de canard fumé, des fois il peut y avoir des poivrons et du jambon de Bayonne sur une base de tomate.

  • Romain Le Gal

    Merci beaucoup Marion.

  • Marion Ossiniri

    Avec plaisir.

  • Romain Le Gal

    A bientôt, salut. Dans cet épisode, on a pu échanger sur la vie en estive. Les conditions sont rudes là-haut. Mais ils ont ça dans le sang. Cela est beau à voir. Marion avait à cœur de nous montrer, nous expliquer comment elle perpétue les gestes traditionnels pour produire de beaux fromages, des fromages authentiques. La vie en montagne, elle, évolue avec de nombreux défis. Les prédateurs, comme les vautours, le changement climatique. Il est agréable de voir des personnes comme Marion voulant partager, transmettre, pour être mieux compris. C'est ça que le monde agricole a besoin. Et qu'est-ce qu'il est bon d'entendre que des jeunes s'installent. On te remercie d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. On espère qu'il t'a plu. N'hésite pas à le commenter, à le partager, à nous mettre 5 étoiles sur les plateformes. Et on te dit à très bientôt pour un nouvel épisode de Lait'Change.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • Présentation de l'épisode

    00:31

  • Qui est Marion Ossiniri ?

    01:16

  • L’estive de Couecq en Vallée d’Aspe dans le Béarn

    02:46

  • Cohabiter avec les animaux sauvages

    03:38

  • Le parcours atypique de Marion

    05:32

  • La traite

    07:52

  • La fabrication des tommes de brebis

    08:26

  • Que devient le matériel ?

    13:44

  • La vie de brebis en estive

    14:11

  • Période de la transhumance

    16:29

  • C’est qui Tom ?

    17:32

  • L’avenir des producteurs dans les Pyrénées

    18:14

  • La transmission aux enfants

    18:47

  • Démoulage au saloir

    19:25

  • L’affinage

    21:11

  • LA dernière question !

    21:39

  • Résumé de l’épisode

    22:22

  • Chapitre 19

    22:56

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