#63 L'Arène - Judo : Asmaa Niang en interview cover
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L'Arène | Podcast boxe, MMA and Co.

#63 L'Arène - Judo : Asmaa Niang en interview

#63 L'Arène - Judo : Asmaa Niang en interview

58min |16/07/2024
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#63 L'Arène - Judo : Asmaa Niang en interview

#63 L'Arène - Judo : Asmaa Niang en interview

58min |16/07/2024
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Description

#63 L'Arène - Judo : Asmaa Niang en interview

by Saïd El Abadi


Pour ce nouvel épisode, Saïd reçoit dans L'Arène, Asmaa Niang.

La judokate marocaine, plusieurs fois championne d’Afrique et qui a disputé les Jeux Olympiques, sort son premier livre À bras le corps, aux éditions Faces Cachées..
Au menu : le judo, ses modèles, la résilience, l'UNSS, le CAP, l'éducation, la transmission, le MMA, le Maroc, le Sénégal, Francis Ngannou et tellement de sujets…


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut à toutes et à tous, c'est Saïd, bienvenue dans la Rome. Je suis heureux de vous retrouver pour un nouvel épisode. L'arène de nos podcasts qui nous plongent dans l'univers hors de nous. Salut Asma et bienvenue dans le podcast La Reine.

  • Speaker #1

    Merci, merci, merci. Je suis très contente d'être une invitée de La Reine.

  • Speaker #0

    Alors si je te reçois aujourd'hui, c'est pour parler un peu de ta belle carrière, qui n'est pas terminée, de ta carrière de ju... présenter auprès du grand public pour savoir qui tu es ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis Asma Niang, une athlète olympique qui a participé à Rio 2016, Tokyo 2020 plus un, forcément avec le Covid. Après, je ne suis pas qu'une athlète. Voilà, souvent je le dis, je suis un peu une athlète à parcours un peu biscornu et atypique. J'aime bien ces deux mots. Et donc, je fais aussi de l'accompagnement. Je suis thérapeute, je suis préparatrice mentale. conférencière et là, je deviens autrice.

  • Speaker #0

    Alors justement, on va parler d'abord de ton livre avant de parler de tout ça. Pourquoi écrire un livre ?

  • Speaker #1

    Pourquoi pas ? Non, je plaisante. J'aime bien la sortir celle-là. Pourquoi pas ? Alors en fait, en réalité, c'est écrire, c'est quelque chose, un exercice que j'aime faire depuis longtemps et puis en fait, j'aime la transmission. Le mot transmission, c'est l'étymologie, déposer au-delà, laisser quelque chose et écrire. Vous savez la petite anecdote, hier j'étais au collège, mon ancien collège où j'ai passé ma scolarité et je leur ai fait une petite conférence à des étudiants, enfin des collégiens, c'était 200. Et ils m'ont posé cette question en réalité. Et en fait, c'est parce que là, je suis devant eux avec ce bouquin et je vais le déposer à la médiathèque. Je vais laisser cet héritage de ce parcours pour que ça puisse, je l'espère, inspirer de la façon qu'il est fait. Mon livre, il est fait d'une façon aussi atypique par rapport à d'autres livres biographiques. Et je pense que c'est pour cette raison. C'est la transmission qui me pousse le plus, toujours.

  • Speaker #0

    Tu as dit le mot héritage. C'est quelque chose qui est important ?

  • Speaker #1

    pour toi ? Ah oui, complètement. Complètement, parce que moi, c'est quelque chose qui m'a aussi aidée. Alors, c'est vrai que moi, j'étais jeune, je m'identifiais beaucoup à tout ce qui était les afro-américains, parce que quelque chose qui me ressemblait, forcément, en France, on n'était pas trop sur la lecture, à écrire surtout. Je ne connais pas beaucoup d'athlètes avec qui je pouvais m'identifier, qui écrivaient des livres. C'était une réalité. Et c'est très difficile d'en trouver. Et là, je vous parle d'ici plus de 20 ans, 25 ans. ans. Donc les seules où je pouvais trouver des choses où, on va dire, qui mettaient plus en avant leurs mots A, U, X, leurs difficultés, leurs échecs. Et je trouve que les anglo-saxons, ils sont très très forts là-dessus. Ils montrent toutes leurs filures, leurs échecs, de combien ils ont raté. Et moi, je le trouvais que chez eux. En France, non, pas du tout. C'est quelque chose qui était très masqué. Il y a 25 ans, on ne parlait même pas de ça. Il fallait montrer tout ce qui était beau. Et toutes les difficultés, on ne les montrait pas. Donc on... Pour une jeune fille ado de 15 ans, c'est quelque chose d'extrêmement difficile pour moi. Donc je suis partie les chercher chez les afro-américains. Donc j'ai toujours réussi à regarder des docus, que ce soit Marion Jones, que ce soit toutes les histoires, Michael Jordan, Tout l'univers, Mohamed Ali, et je me suis inspirée de tout ça. Et donc ils m'ont laissé quand même un héritage, parce que c'est aussi cette identification, cette inspiration qui m'a poussée aussi à dire que c'est possible. sur certaines choses de leur parcours qui étaient difficiles. Donc voilà, à mon tour, j'ai envie de laisser quelque chose.

  • Speaker #0

    C'est impressionnant parce que, alors je ne vais pas rebondir sur Mohamed Ali et Michael Jordan, mais tu as cité Marion Jones. Moi, je fais partie de cette époque qui a suivi Marion Jones et à l'époque, il y avait même Maurice Green. C'était les deux qui cartonnaient, etc. Ça me fait super plaisir d'entendre ça. Je rebondis dessus. Qu'est-ce qu'elle t'inspirait justement, Marion Jones ?

  • Speaker #1

    On rappelle que c'était le sprint. Après, c'était un grand drame, la pauvre, quand elle a eu toutes ces histoires de produits. Mais c'est... C'est vrai que moi, pour la petite anecdote, j'étais championne de France en UNSS, en athlétisme, et on avait le droit, on fait le panier. Celui qui gagnait faisait les paniers. Et moi, j'ai tout fait pour que ça soit celui... J'ai une belle photo avec Marion Jones, elle devait avoir peut-être 14 ans. Et je me souviens, elle m'avait fait un bisou sur le front. Et c'est vrai, c'est vrai. Et en fait, parce que je prenais soin de ces pointes. Et je me rappelle un truc qui m'avait marqué. Et c'est là où j'avais compris les tocs des athlètes. C'est qu'en fait, j'étais avec le panier et puis elle avait posé ses affaires, mais elle les rangeait vraiment très bien dans le panier. Et c'est vrai qu'à un moment donné, je les ai fait tomber et elle le remettait. Et elle ne m'avait pas engueulé ni rien. Mais pour me faire comprendre qu'il faut que ces affaires soient de cette manière-là. Et c'est à partir de là que je commence à comprendre que... Comme Nadal, ce qu'il fait avec ses bouteilles. Aujourd'hui, moi aussi, je le fais sur plein de choses. C'est ce rituel, ces talks, toutes ces encrasses, toutes ces choses-là pour arriver à exceller. C'est toutes ces petites choses qu'ils mettent en place les athlètes. Je les avais découvertes comme ça avec Marion Jones. C'est tout cet univers de Marion Jones. Après, il y a eu Perrec, il y a eu des Françaises. Mais c'est vrai que moi, j'aimais beaucoup tout ce qui était afro-américain.

  • Speaker #0

    Moi, je me souviens de Maurice Green. J'essayais de l'imiter avec sa langue tout le temps, avant chaque course. J'adore cette anecdote. Bravo, franchement, ça fait plaisir de parler de Marion Jones et d'athlétisme en plus, parce que cette époque a été pas mal l'athlétisme américain. On a eu des beaux sprints.

  • Speaker #1

    Il y avait une belle génération, bien sûr.

  • Speaker #0

    Justement, tu me... Tu m'as parlé des tic et toc, entre guillemets, de ces sportifs. Tu m'as dit que tu en avais quelques-uns. Tu peux nous dire tes petits secrets comme ça ?

  • Speaker #1

    Moi aussi, j'ai quelque chose avec le panier. Maintenant, j'arrive à le comprendre. C'est vrai que je suis un peu maniaque aussi sur plein de trucs. de choses. Donc mes chaussettes, il faut qu'elles soient rangées d'une manière. Un petit détail, j'ai toujours la même gourde. Ma gourde, il faut qu'elle soit posée dans une façon, pas d'une autre. Ma façon de plier, le judogi, on en a tous. Les autres appellent ça des névroses chez l'athlète, mais je sais que c'est des petites choses qui font que ça nous rassure. L'athlète cherche toujours des petites choses comme ça qui... qu'il le rassure, au-delà de tout son travail qu'il met en place. Après, voilà, c'est des rituels, plus qu'autre chose.

  • Speaker #0

    Alors, pour casser le mythe, ce n'est pas un rituel. Par exemple, tu te dis, ça a fonctionné, j'ai gagné, je le refais. Si j'ai perdu, je ne le refais pas. Tu le fais quand même, même en cas de débordement.

  • Speaker #1

    Tout dépend, tout dépend. Après, moi, je n'en reste pas trop non plus là-dessus. Mais c'est vrai que j'ai toujours les mêmes chaussettes. Ça, c'est quelque chose que je perds ou je gagne. Je sais, mes chaussettes, je les ai. C'est des chaussettes qui me chauffent bien les pieds. Donc, voilà, je n'aime pas ne pas les avoir. Mais s'ils ne sont pas là, je suis avec. Mais ce que je veux dire, c'est qu'on a quand même ce petit rituel qui est constant.

  • Speaker #0

    On peut en parler un peu de ta carrière maintenant, de judo 4. Alors, comment ça se fait que tu aies tombé aussi tard dans le judo ? Parce que c'est vrai qu'à notre époque, ou même avant, on dit souvent aux jeunes, mettez-vous à 5-6 ans, c'est un des premiers sports qu'on dit de faire aux enfants pour apprendre à tomber, apprendre à se mesurer à l'adversité, etc. Et toi, tu es tombée plus tard ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que moi, je ne suis pas née en France. Je suis née au Maroc, à Mohamedia, et je suis arrivée à l'âge de 11 ans. Donc, je ne parlais pas du tout français. Pas du tout, pas du tout. Donc, je devais m'habituer à la langue, barrière de la langue. Et puis, comme en France, on est très, très bon pour faire apprendre les langues, c'est ironique parce qu'on ne parle pas anglais. Donc, j'avais du mal à comprendre, de la compréhension de la langue, tout simplement. Et au bout d'un an, on est dans un cursus normal. Donc, je me retrouve dans mon collège. Et dans ce collège-là, forcément... moi, j'avais la barrière de la langue, donc moi, j'avais un don, j'étais très bonne en sport, et je pense qu'ils auraient dû me détecter à ce niveau-là. Je pense que je serais peut-être à la période aux Etats-Unis ou en Angleterre, ils m'auraient détectée, ou en Allemagne, mais en France, on ne met pas le sport comme priorité, alors que pour moi, être bon en EPS est aussi bien qu'être bon en maths et en sciences, et je n'arrête pas de prôner ça, que l'EPS et le sport, on a plus besoin dans la vie que certaines matières, Et ça, c'est malheureux qu'aujourd'hui, le sport ne soit pas aussi mis en avant. Et donc, j'avais un don. J'avais vraiment un don. Et de comprendre vite, c'est-à-dire que pour comprendre et acquérir un sport, il faut avoir de l'intelligence. C'est-à-dire que refaire la technique, comprendre le concept du jeu, son corps, entre l'information qui vient au cerveau et l'exécution. Et donc, c'est un don, vraiment un don chez les jeunes quand ils l'ont. Donc, il n'est pas vraiment pris à la légère. Et donc, on m'a dit échec scolaire. Donc, moi, je ne suis pas partie en sport. études. Donc moi, j'ai beaucoup pleuré. Énormément, j'avais toutes mes copines qui partaient en sport études et moi, privée de ça, je me retrouve avec un BEP CAP. Voilà. En plus de ça, à l'époque, ce qui était drôle, parce que je pars en CAP BEP Bac Pro, dans cette voie professionnelle et on avait collé le professionnel comme un échec. Donc moi, c'était tous les cancres qui allaient en BEP. Donc vraiment, c'était nul. Va en BEP. Et donc en réalité, deux choses, c'est-à-dire qu'on ne valorisait pas Cette voie professionnelle qui est juste... Moi, je me souviens, j'avais une copine, elle était bonne à l'école et tout se passait bien, mais elle avait envie d'être pâtissière. Et c'est tout, elle n'avait pas envie de faire des grandes études, c'était son rêve d'ouvrir une pâtisserie. Aujourd'hui, elle a réussi. Et à l'époque, on lui disait, t'es trop intelligente pour faire pâtissière et d'avoir un CAP. Donc c'était un peu les mentalités d'avant. Aujourd'hui, ça change heureusement un petit peu quand même. c'était un petit peu ça si tu partais pas dans la voie de général voilà le reste garage forcément si c'est pas je sais pas si tu te souviens de ton époque il y avait les 3e 4e techno eux étaient foutus eux étaient foutus c'était la classe ils sont pas en général et or que non parce que ils apprenaient quelque chose de technique. Mais on ne valorise pas toutes ces choses-là, les métiers manuels, et je trouve ça dommage la façon qu'on peut voir ça. Donc moi, je me suis retrouvée en cuisine et je me suis dit, bon, d'accord, je suis en cuisine, mais je ne vais pas faire n'importe quelle cuisine. Il faut que j'aille dans les meilleurs traiteurs en alternance. Donc j'ai fait chez Potel et Chabot. C'est un des plus grands. Il y en a un à Saint-Pétersbourg, un à New York, un à Duba, je pense, et en France. Et je me suis dit, je vais me trouver chez ce grand traiteur. Et voilà, je suis restée un bout de temps. Jusqu'à ce que finalement, qu'une brûlure, j'ai dû arrêter. J'ai fini mes diplômes. Je faisais un peu d'intérim, comme ça. Mais le tiroir du rêve olympique, il était encore dans quelque part. Mis à part ça, j'ai fait beaucoup de perfs, par exemple au Hand. J'ai fait beaucoup de... J'étais championne de France au moins de 18 ans avec Nina Canto, qui est dans la même équipe. Nina Canto qui était dans l'équipe de France de Hand, qui a fait Pékin et Londres. Et Nina qui est une de mes meilleures amies jeunes, on était ensemble. Et Nina, elle était dans mon équipe. Donc on était championne de France à Noisy-Grand ensemble. Et ça fait partie des fixes en partie en sport et études, sauf que moi non. D'accord. Donc voilà, qui sont partis, ils ont pu accéder au sport et études sans moi. Et donc je l'ai vu évoluer, je l'ai vu partir. au jeu pendant que moi je suis encore là donc 2008 on parlera de la caserne après et par contre je sais pas pourquoi j'étais persuadée qu'un jour je m'entraînerais au jeu, je ne sais pas comment, avec quel sport c'est un rêve vraiment où tout le monde se moquait mais arrête ton délire t'as 20 ans, tu fais pas de sport tu vas te retrouver au jeu et moi je sais pas, j'ai incarné tout ça donc je rentre dans une salle pour la première fois et je rencontre un prof qui est juste extraordinaire il fait partie des gens qui croient au potentiel tout de suite et puis il me dit même si t'as commencé à 20 ans tu peux aller loin et moi le loin je l'ai vu très loin et il m'a vu tous les jours un peu comme dans les films un peu où tu pars et tu reviens mais vraiment c'était ça c'est tous les soirs j'étais là, je faisais de l'intérim des fois je revenais je restais tard jusqu'à 22-23h pour comprendre la technique parce qu'apprendre ce sport là sur le tard c'est extrêmement difficile quoi, c'est pas mon sport de genre il commence à 4-5 ans à 16 ans mais à 20 ans on est déjà seigneur en fait pratiquement et... Et donc, il m'a dit, je ne vais pas t'apprendre à être judoka, je vais t'apprendre à être une combattante. Et je me souviens pour que ça aille plus vite. Donc, il m'a appris à être combattante. Et je pense que s'il avait commencé avec un, je t'apprends à être juste une judoka, ça prend trop de temps.

  • Speaker #0

    Il a su tout de suite détecter ce que tu voulais au final, dans le fond de toi.

  • Speaker #1

    Tout de suite. Parce que moi, je lui ai dit clairement, je lui ai dit, il n'a été pas surpris parce que tu arrives à 20 ans, je lui ai dit, je vais faire partie, je me rappelle, je lui ai dit, je vais faire partie des meilleurs mondiaux. Je suis. faire les Jeux olympiques. Et puis, il ne s'est pas dégonflé. Il m'a dit, tu peux aller loin dans ce sport. Lui, il était là. Et je lui ai dit, il y a quelqu'un. Il n'a pas dit que c'était bizarre. Il ne m'a pas moqué. Et puis, comme il a cru, je me suis dit, c'est OK. Et je vais continuer comme ça. Sauf que bon, derrière, la cuisine, c'était difficile. Et puis, peut-être qu'à un moment donné, à force qu'on me dise que c'est impossible, c'est dur et tout, je fais, est-ce que c'est ça vraiment ? Parce qu'il faut gagner aussi sa vie. Il faut travailler. Et le destin a fait que je... Un jour, je faisais juste un footing à côté du dojo à Villiers. Il y avait un gradé qui courait à côté de moi. Là, il commençait à me parler. J'avais une bonne foulée, je cours assez bien. Il m'a dit, c'est bon, tu cours assez bien. Du cardio, tu sais, maintenant, on a ouvert aux femmes les pompiers. Comment ça ? Il m'a dit, les sapeurs-pompiers, c'est militaire, armée de terre, génie. Dans les casernes, il n'y avait pas de femmes. Maintenant, il y en a. C'est quoi le métier ? Je connaissais les pompiers. Qu'est-ce que ça consiste à faire ? Je ne sais pas. Il m'a dit, nous, on sauve des vies, on fait du sport. Il n'y avait pas que ça. Mais c'est vrai qu'il m'avait dit des choses. Je vais gagner de l'argent à sauver des vies et faire du sport. Donc, je lui ai dit, ça peut être bien. Mais sans forcément que j'ai mis mon rêve olympique, entre guillemets. Je me suis dit, peut-être que je vais faire ça. Mais je ne savais pas où je mettais les pieds. Ah là là là. À ce point ? Il faut savoir que j'étais une minorité dans la minorité. 2002, 2003, que les femmes rentrent. Moi, je rentre en 2005. En 2005, début 2006, ça venait d'arriver, c'était tout nouveau. Je me retrouve là. C'est simple, j'étais la seule black, reveux, nana là-dedans, parmi plein de mecs. Donc, il faut croire que c'est une mini-société. Ce n'est pas parce que c'est les pompiers Paris qu'il y a des gens sympas et des gens moins sympas. Après, je pense vraiment que c'est quelque chose qui m'a vraiment formée. Peu importe les rencontres que j'ai eues là-bas, aussi difficiles qu'elles soient. Je pense que sans ça, il n'y a pas de Jeux Olympiques. Et je le dis vraiment. S'il n'y a pas eu la formation de pompier, de comment ça m'a cadré cette formation physique, je pense que les Jeux, ça n'existe pas. Je ne serais pas partie jusqu'à là-bas. Je n'aurais pas eu, mentalement, physiquement, de comment ça m'a forgé. Les pompiers m'ont énormément forgé. La caserne, la vie de caserne, même si aussi dure que ça soit. ce côté très discipline. C'est-à-dire que moi, je sais que j'ai gardé ça toute ma carrière. Et c'est pour ça qu'à 41 ans, je suis encore en forme. C'est que j'ai toujours gardé cette formation militaire. Pour moi, c'est l'heure. Quand je me réveille, c'est cette heure-là. Je suis à l'heure au rendez-vous. Enfin, tout est nickel. Il n'y a pas de gauche-droite. Et en fait, je pense qu'à l'armée, 10 ans, la discipline, c'est une bonne formation. Donc, j'étais très bien formée à la discipline. Donc, ça m'a aidée forcément.

  • Speaker #0

    Justement, tu parles de ton âge, 41 ans. Tu ne les fais pas, parce qu'en plus physiquement tu te sens bien, et sur le tatami ça se ressent également. Alors tu viens de le dire, il y a un peu ce secret-là, le fait d'avoir cette formation, mais c'est quoi aussi le secret en fait ? Il n'y a pas que ça, mais pour tenir autant jusqu'à 41 ans dans une discipline qui... qui est quand même physiquement éprouvante, tu ne combats pas dans un championnat de France. Et déjà, un championnat de France, c'est de très beaux niveaux, mais tu continues à combattre dans des grosses compétitions. Donc, c'est quoi un peu le souci ?

  • Speaker #1

    Alors, je pense sincèrement que... Moi, j'ai toujours une âme d'enfant. Je sais, j'ai quelque chose de très... J'aime le jeu, j'aime jouer. Et vraiment, sincèrement, je suis quelqu'un qui aime toujours apprendre. Et je pense qu'un athlète de haut niveau, parce que je les accompagne, et surtout, beaucoup d'athlètes ont faim de carrière. Et des fois, ils n'ont que 25 ans, ils sont en faim de carrière. Alors, il s'avère qu'il y a deux choses qui se posent. C'est ou physiquement, ils ne tiennent pas parce qu'ils ont eu trop d'opérations, trop de blessures, ou ils n'ont plus envie d'apprendre. C'est-à-dire que moi, je dis, un athlète, quand il n'a plus envie d'apprendre, il est en faim de carrière. Et je leur dis à chaque fois, si tu ne veux plus apprendre... C'est-à-dire que quand tu pars en entraînement, que ça arrive une fois, mais c'est à 90% que t'arrives et que t'as pas envie d'apprendre et que tu fais la tronche et que t'as pas envie d'être là, c'est que t'es en fin de carrière. C'est que t'as plus rien à faire ici. Le sport, il est fait pour que ça soit aussi... L'étymologie du mot sport, c'est desporté, c'est amusement. Donc si t'es pas là pour jouer, parce qu'on peut apprendre qu'on joue, les animaux le font très bien, et puis les enfants le font trop bien, c'est pour ça qu'ils apprennent vite. Et donc si on n'est pas dans cet univers, t'es en fin de carrière ou tu vas te blesser. blessés. Et souvent, il y a des athlètes qui arrivent à la blessure parce qu'ils n'ont plus envie d'apprendre. Donc il y a un rejet, donc ils poussent leur corps à dire non, non, c'est le physique. Mais en réalité, ils n'ont pas voulu bien avant. Et moi, c'est tout le contraire. À chaque fois, on me dit ça, on me dit, ah ça, on dirait une junior. C'est-à-dire que si... J'ai beaucoup d'humilité là-dessus. C'est-à-dire que je sais que j'ai tellement commencé le judo tard que je suis capable d'être avec un groupe de juniors et écouter le prof comme si je venais d'arriver. Et alors que, voilà, j'ai de l'expérience quand même, je suis deux fois à la pienne, mais j'ai toujours... eu envie d'apprendre tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et puis aussi, ce côté se remettre en question, se recycler. De toute façon, ça, je le fais que ce soit dans le sport ou dans mon métier. Mais je pense que c'est ça qui garde la longévité, je pense. C'est ce côté curieux. Et donc, en fait, c'est infini. On ne se dit pas, non, c'est bon, on est arrivé à bout. Mais non, comme il y a tout le temps des trucs à apprendre, donc il y a toujours des objectifs. Donc, je suis tout le temps à regarder devant. Donc, en fait, on ne voit pas les années passées parce qu'on est tellement happé par cette passion. Et puis le corps... il suit parce que il faut pas alors les gens ils pensent que c'est la génétique c'est toujours ça ouais mais c'est ton côté sénégalais c'est ton côté marocain c'est ton côté africain et moi j'y crois pas du tout j'y crois pas du tout vraiment je pense que la génétique elle est à 10-15% je vais pas commencer avec les statistiques mais dans le sens où s'il y a pas de discipline derrière la génétique elle sert à rien donc c'est vrai que ça m'aide parce que voilà mais c'est mon sommeil c'est C'est ma nutrition, c'est mon hydratation, c'est tous les petits courages que je mets chaque matin avec cette discipline de faire bien les choses. Et au final, c'est ça qui fait que derrière, je suis bien. En fait, je suis dans l'univers un peu de la prophylaxie dans le sens où j'aime la prévention. Moi, je n'aime pas dans le sens où les gens aiment bien tomber malade pour aller, comme avoir mal aux dents pour aller au dentiste. Tomber malade. et payer parce qu'ils sont malades. Alors moi, c'est pas question que j'ai peur des maladies ou quoi, mais j'aime bien la prévention. Je fais tout en sorte que ça aille bien. Donc du coup, ça va bien. Par exemple, un détail, nous on fait un sport très très dur aux articulations. C'est un des sports où on se blesse le plus. Parce qu'on ne sait pas où on chute. Les genoux, les épaules, tout ça. Si on ne travaille pas tout l'univers anti-blessure, ça veut dire que tous les jours, faire en sorte que son corps tienne ses articulations, ça va péter. Et ça, c'est quelque chose qui est très dur, des fois, à faire comprendre aux athlètes. Et je leur image avec une image qui est très puissante. C'est comme si je leur disais, si on traverse l'autoroute, il y a des fois, il se peut que 10%, je ne vais pas mourir. Ça se voit qu'il n'y a pas de voiture. Mais à 99% ou 90%, je vais me faire faucher. Par contre, si je prends la prévention de traverser dans un passage clouté, peut-être, je ne fais pas ça, que ça ne va pas arriver. Mais il y aura peut-être 10% des cas où il y a les voitures. Donc c'est ce parallèle-là, une métaphore comme ça, où ils arrivent à comprendre, c'est que s'ils le font, ça ne veut pas dire que ça ne va pas arriver ou qu'ils vont gagner. Donc ce n'est pas parce que tu t'entraînes nuit et jour, que tu es bien dans ta vie, que tu vas être champion olympique. Et ce n'est pas vrai. Et c'est quelque chose qui n'existe pas, ça. Par contre, tu montes tes probabilités. Probabilités pour faire une belle carrière. Et c'est une question aussi de probabilités, monter ses probabilités. à rester en bonne santé et puis tout simplement faire quelque chose qu'on aime. C'est pour ça. Je sais que j'ai des athlètes où ils ont eu beaucoup de blessures, donc ils n'ont pas vécu leur carrière comme il faudrait. Et finalement, c'est dur psychologiquement parce que tout simplement, derrière, ils n'ont pas fait ce qu'il fallait tout simplement pour vivre de ça et kiffer, tout simplement.

  • Speaker #0

    Le plus gros regret, après, c'est de se dire j'ai mal travaillé plutôt que j'ai perdu.

  • Speaker #1

    Ben ouais c'est ça, c'est ça, c'est ça. Je pense sincèrement que chaque athlète qui fait tout ce qu'il faut, c'est pour ça que moi chaque fois on me demande, il y a un petit garçon hier très mignon de 6ème, il m'a dit est-ce que vous avez des regrets ? Et je trouvais mignonne sa question dans votre carrière et je dis non et il me dit pourquoi ? Et là je lui réponds tout simplement est-ce que j'ai tout fait bien ? J'aurais peut-être fait mieux, sûrement, mais j'ai fait ce qu'il fallait. C'est-à-dire que je peux dormir bien. Et souvent, les athlètes qui ne dorment pas bien, ou qui ne sont pas bien, ou qui sont dans l'alcool, tout ça, il y a eu quelque chose où qu'il les a... Peut-être des choix, peut-être des fréquentations, peut-être qu'il y a... pas eu assez de nuit sommeil peut-être qu'il ya eu certaines choses en jacquemagne un joueur que maintenant il essaye de se recycler pour jouer il a 28 ans sans dire son nom et c'est ce joueur en fait il a eu été dans mauvaise mauvaise fréquentation, il a mal géré son hygiène de vie. Il se fait trois croisés, à trois croisés à 28 ans pour trouver un gros club. Voilà, c'est déjà terminé. Et après, là, on pourra dire, ouais, non, mais j'ai eu un gros croisé. Tu connais l'expression des gars qui aiment bien dire ça. Et c'est réel. Et en réalité, pourquoi il dit ça, c'est parce qu'en fait, toute sa carrière, il aura ce regret très, très dur. Et il ne pourra pas bien dormir. Et en fait, justement, c'est pour ça que j'essaie avec cette nouvelle génération, cette nouvelle jeunesse, de leur passer puissamment ce message que peu importe des médailles ou pas au bout, dormez bien après votre carrière parce que c'est une carrière d'au niveau, c'est une expérience unique, magique vous pouvez faire des choses exceptionnelles mais il faut bien dormir après voilà si justement par exemple ta carrière,

  • Speaker #0

    si tu devais retenir je ne vais pas dire un parce que je sais que c'est toujours compliqué d'en retenir un mais peut-être les 2-3 meilleurs moments de ta carrière dans ces dernières années

  • Speaker #1

    je pense que lorsque j'ai pris une décision exceptionnelle de me barrer des pompiers et de partir au Maroc donc j'ai pris une décision exceptionnelle, résultat exceptionnel donc j'ai vraiment eu cette énergie de tout laisser, salaire et tout au Maroc et je savais pas où j'allais et puis il faut savoir que les structures sont pas pareilles l'organisation et rien et moi qui est militaire en fait ce qui était drôle c'est que je venais pas du tout je suis MRE marocain résident étranger et c'est vrai des fois je peux être être jugée de l'autre côté, au Maroc, au Sénégal, des fois. Non, mais elle vient de France. Mais en fait, c'est juste parce que je suis psychorigide et je suis disciplinée. C'est que ce n'est même pas je viens parce que je viens d'Europe ou Occident et que j'ai envie d'imposer. C'est parce qu'au moins, tu me donnes une heure, c'est ça. Je suis tellement carrée que là-bas, je souffrais. Je souffrais énormément. Je ne savais pas quand le billet allait arriver. C'est quand j'étais dans... Et il fallait que justement, que j'accepte. Et c'est ça qui est magnifique. Parce que j'ai réussi à choper ça. Ça veut dire qu'il fallait que je sois une athlète qui s'adapte à tout, être prête pour tout. C'est-à-dire que moi, je pouvais avoir un billet deux jours ou trois jours avant. Je pouvais dire à Asma, tu pars à moi toute seule. Donc, il fallait que j'apprenne certaines choses. Et donc en fait, même dans la difficulté de cette carrière, ils m'ont appris à... Ils m'ont monté mon level en réalité. Même si au début, je ne vais pas dire que tout est rose. J'étais là, je les engueulais, je n'étais pas bien, ça gueulait. Mais en réalité, du recul aujourd'hui, ils m'ont créé des skills. J'arrive à gérer, parce que nous, c'est une date. Et j'arrive à gérer certaines choses, même dans le boulot. Maintenant, aujourd'hui, dans mon travail, quand je fais des... Et c'est grâce à l'organisation du Bled. Grâce à l'organisation du Bled, j'ai réussi aujourd'hui que lorsque j'ai des trucs qui sont dernières minutes, j'ai des galas. C'est... je suis large, ça c'est rien ça je suis large et du coup j'ai pris des skills grâce à eux donc j'ai rendu le truc un peu positif donc je les remercie pour ça bon il faudrait qu'ils changent quand même pour la nouvelle génération quand même mais en réalité c'est top pour ça et je dirais Düsseldorf parce que ce moment là en 2014 c'était une dinguerie vraiment dingue je fais tourner à paris juste avant à bercy je perds contre la gagnante au deuxième tour c'était bolder à meyer je tombe la semaine d'après je pars à d'autres d'office et pour qu'il y ait un tournoi paris et bercy le grand chêne de bercy et le grand prix de solvay maintenant il est devenu grand chêne c'est un des plus prestigieux et je n'avais même pas pensé à la médaille d'or arrivée là bas je fais bon combat par combat elle était là en fait combat par combat ça gagne deuxième tour ça gagne je tombe sur celle qui gagne le persil et la tape ou quart de finale j'arrive coréen la tape oh et là j'arrive en demi pareil ça gagne et là j'arrive en finale je prends médaillé olympique La médaille est mondiale, championne d'Europe, très solide, une anglaise, je gagne. Et là je me retrouve, et en fait c'est bizarre cette journée, parce que je n'ai pas encore réalisé que j'étais là. En fait c'est drôle parce que même quand je gagne, je suis en gratitude. le ciel acheter là et là je monte sur le podium et là je me rends compte qu'ils ne font pas mon passé mon podium tout de suite parce qu'ils étaient en train de chercher le drapeau c'est la première fois d'histoire et je me rappelle il y avait un quelqu'un qui s'occupe du maroc il ya un un peu émue, c'est la première fois dans une compétition de prestance que ce ne soit pas en Afrique, où le drapeau marocain monte. C'était émouvant. Là, c'est les regards des autres qui m'ont fait prendre conscience que c'est un truc de dingue, qu'est-ce que je viens de faire ? C'était une folie. Ça a commencé à parler en France, elle part de là-bas, et en plus, elle gagne. C'est à partir de ce moment que je m'étais promis... Déjà, ça a commencé à parler. Ça m'a mis un ancrage de dingue de me dire, c'est bon, j'ai ma place. Et là, j'avais 31, 32 ans. Donc, je gagne un grand chenet en commençant 10 ans avant. Et là, je me dis, finalement, moi, les Jeux Olympiques, ça se mérite. Il faut être dans le top, pour moi, 16. Il n'y a pas deux, parce que des fois, il y a des quotas, un quota. Et moi, je m'étais toujours refusé ça. Et donc, à un moment donné, je me retrouve quatrième mondiale. Je commence à être dinguerie. Bon, championne d'Afrique, ça, c'est sans compter. Je commence. à passer des tours, demi-finaliste au championnat du monde.

  • Speaker #0

    Au championnat du monde, les Africains ne battent pas les Japonais. Je tape une Japonaise, le premier Africain à taper une Japonaise dans le championnat du monde. Donc voilà, c'était la folie toute cette carrière. Et au final, je n'arrive même pas à retenir le podium. Vraiment, c'est le message que j'ai laissé aux gens. Et du coup, il y a plein de gens, j'ai remarqué, qui disent ça. Ils disent je continue, je suis devenue une référence, Asma elle est encore là, il y a le père Même en France, je continue encore. Et j'ai vu des gens qui devaient arrêter, mais qu'ils ont vu. Attends, on continue encore quatre ans. Donc, j'avais donné un peu l'espoir à ceux qu'on leur disait que c'était mort. Et ça, c'était puissant. Je suis devenue une référence dans ça. Donc, ça me faisait plaisir.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est bien parce que c'est marrant. Parce qu'on parlait d'héritage tout à l'heure. C'était le mot que tu as saisi tout à l'heure. fait, il se transmet également avec les professionnels. Parce que là, on parlait d'héritage par rapport à la jeunesse, etc. Mais au final, tu l'as même avec les professionnels. Ça aussi, c'est quelque chose d'agréable. En fait, tu arrives à transmettre des choses que ce soit chez les petits, les grands, les pros, les pas pros,

  • Speaker #0

    etc. et c'est là où je me suis aperçue que c'était au delà du sport parce que maintenant j'accompagne beaucoup aussi d'entrepreneurs et c'est pareil que les chefs d'entreprise c'est la même chose parce que c'est au final un chef d'entreprise qui a pas réussi à faire ce qu'il fallait ils ont commencé j'ai quelqu'un que j'accompagne il a ouvert à 50 ans et maintenant ça marche et 50 ans pourquoi pas qu'est-ce qu'on va lui dire autour et c'est la même chose au final ou à 40 ans les entrepreneurs c'est pareil que les athlètes de niveau c'est le même délire ils courent après autre chose mais c'est le même but c'est le même mindset on s'entend bien je voulais te parler de choses aussi importantes parce

  • Speaker #1

    que c'est ton cas je voulais te parler des sports de combat en général et des femmes, tu as vu l'évolution de toute façon depuis un an d'année tu m'as parlé de 2014 notamment est-ce que tu vois que les femmes ont plus leur place enfin, elles sont plus reconnues plutôt parce qu'elles avaient leur place de toute façon, mais surtout, elles sont plus reconnues comme elles devraient l'être.

  • Speaker #0

    Oui, il y a des avancées. Il y a vraiment des avancées, ça je le vois. Parce qu'aujourd'hui, le sport, c'est... Il y a beaucoup de communication autour de ça. Avant, on ne passait pas autant... Avant, c'était drôle parce que les filles, c'était 4 minutes, les garçons, c'était 5 minutes. Maintenant, ils ont mis les mêmes. En judo, c'est un peu différent. Par exemple, je peux prendre le MMA. Avant, on ne regardait pas beaucoup de combats de femmes. Moi, je me souviens, on m'avait proposé de faire ça après Rio ça remonte, oui oui en 2016 mon profil plaisait beaucoup on me dit ah t'apprends vite et tout et il y en a plein qui me disent Asma toi en MMA en 2016 là t'aurais été comme les Aranda Rousset et tout le monde m'a vu là-dedans t'aurais fini dans le catch à la Aranda Rousset après moi je me vois pas dans une cage je me vois pas j'arrive pas à taper une fille dans le visage c'est quelque chose qui me tue enfin j'arrive pas après je me vois pas je respecte le sport je regarde les deux ils sont ok mais moi je sais que quand j'ai essayé à un moment donné je devais taper sur la tête j'ai dit en fait comme j'accepte pas de le faire donc c'est moi c'est elle qui va me taper donc je vais être quelqu'un de trop gentil donc je sais que voilà mettre sur le dos et pourtant je suis rude enfin je suis rude au judo et tout Mais me retrouver comme ça dans une case...

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on a beaucoup de judokas, judokas qui s'y sont mis.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Il y a Blue, il y a Zouak. Il y en a, mais je sais que moi, c'est quelque chose où je n'y arrive pas.

  • Speaker #1

    Les poings, les pieds,

  • Speaker #0

    non. Au sol, au sol, je n'y arrive pas. Tout comme ça, au sol. Il faut avoir ce truc. Moi, je n'ai pas cette rage d'aller au sol, taper... Il y a du sang et tout. Non, non. Je ne sais pas. Après, ce n'est pas que je ne conçois pas. Chez Chaka, encore, j'ai un grand respect pour ceux qui le font parce que les deux, ils ont signé. Mais moi, je sais que c'est quelque chose qui est au-delà de moi. Je ne peux pas.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est particulier. Comme tu l'as dit, il y a la cage. Déjà, la cage en elle-même, elle fait guerre. C'est vraiment, tu rentres pour faire la guerre déjà dans une cage.

  • Speaker #0

    Après, moi, je suis un peu ancienne. Moi, je suis le sport du noblard. Moi, je suis une grande fan de boxe. Vraiment, la boxe, je peux passer des heures à regarder. Je préfère regarder un match de boxe. Voilà, un bon match de boxe. Et je ne pense même pas que... le MMA remplacera la boxe, la boxe ça reste la boxe c'est pour ça qu'elle a plus de hype aux Etats-Unis donc là voilà j'aime bien l'univers de la boxe, j'aime bien accompagner des boxeurs parce que je comprends beaucoup leur univers et c'est encore plus atypique que le judo sur la façon d'accompagner un boxeur et en fait voilà j'aime beaucoup l'univers de la boxe donc je regarde donc si t'avais pas fait de judo t'aurais fait de la boxe ? Même pas même pas, non non même pas même pas, le judo sincèrement peut-être Ce jour là je serais rentrée dans le bobsleigh, j'ai rencontré, j'étais au ski, je rencontre un prof au bobsleigh, il y a une équipe comme la Jamaïque. On m'a dit, Asma, viens. J'ai dit oui, je suis sprinteuse, j'y vais. Je suis douce, j'y vais comme ça. J'accompagnais un jeune qui faisait, je gardais, j'étais avec lui, je suis rentrée là-dedans. Et pour te dire, l'odeur était atroce, je ne voulais même pas rester là-dedans. Pyjama, les pieds là. Et c'est juste parce qu'il m'a dit, oui, tu vas aller loin. Alors moi, j'ai dit, bon, je vais faire les jeux là-dedans. Je ne sais pas, il y a un film qui me touche beaucoup et à chaque fois, je verse des larmes. Tout le monde me dit, mais pourquoi tu pleures dans ce film ? Parce que je comprends tellement cet athlète, c'est Eddie the Eagle. Et à chaque fois que je le regarde, j'ai des larmes aux yeux quand il est là, petit, avec sa petite boîte, et qu'il fugue et qu'il reste dans le bus. Et son père, il dit, mais tu vas où ? Il dit, je vais au Jeux Olympiques. Et là, il est là tout le temps à vouloir aller aux Jeux Olympiques. Et en fait, c'est son histoire parce qu'il a tout essayé. Sauf que lui, il n'était pas bon déjà. Mais il a fait quelque chose d'exceptionnel à la fin. Il apprend un sport en moins d'un an et il arrive à être le premier Anglais. à être dans le ski et le saut. Il a fait un truc juste exceptionnel. Et son histoire, elle est trop touchante parce qu'elle me fait penser un peu à moi. Parce que c'est cette obsession des Jeux, quitte à choisir ce sport extrême et qu'on ne comprenait rien et qu'il s'est cassé la gueule 10 000 fois. je me voyais au judo. Et en fait, son histoire me fait beaucoup, beaucoup penser à moi.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a l'envie, justement, de transmettre la discipline du judo à des jeunes ? Ou peut-être, tu m'as dit que tu encadrais aussi des boxeurs ou d'autres sports.

  • Speaker #0

    Moi, ce n'est pas dans le physique. Avant, je le faisais. Maintenant, je suis vraiment dans le mental. Je me suis formée pour ça. Et puis, pas que les athlètes. J'accompagne M. et Mme Tout-le-Monde en thérapie. Et voilà, je suis aussi... Enfin, je... Je suivis les facultés de psychologie et psychanalyse. Donc aujourd'hui, je suis aussi marraine du socle. Après, je ne sais pas si ça vous dit quelque chose. C'est tout l'univers de la psychologie et de la psychanalyse. Ils ont ouvert un socle où je suis très contente d'être marraine. C'est un truc un peu international qui va gérer des études vraiment sur la santé mentale. C'est intéressant. Pas qu'en France. Et donc, moi, la santé mentale, c'est mon dada. J'aime beaucoup ça. Et qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, un être humain, il y a plus de dépression ? Qu'est-ce qui fait ? Moi, je lis beaucoup ça, la sédentarité, parce que l'être humain ne bouge moins. Et c'est pour ça qu'il y en a beaucoup plus. Et le fait d'être sédentaire, déjà, sur l'impact physique, c'est juste une catastrophe. Mais en même temps, ça joue sur les hormones et ça joue sur le cerveau. Et donc, voilà, j'essaye de sensibiliser là-dessus et de faire un peu un combat contre la sédentarité.

  • Speaker #1

    C'est vrai que la santé mentale, on en parle de plus en plus, surtout au niveau des sportifs, parce que... Pendant des années, ils n'ont pas du tout été accompagnés. Et on a vu que l'après-carrière, ça pouvait être une catastrophe pour beaucoup. C'est bien de voir enfin des structures comme ça apparaître et de voir qu'on encadre un peu plus les sportifs ?

  • Speaker #0

    Alors, souvent, je ne sais pas, il y a un neuropsychiatre, Boris Surinik, il a écrit un livre qui dit... Son livre, il s'appelle Moi, j'aime le sport de petit niveau Et c'est vrai qu'il avait... J'avais fait une étude sur l'INSEP et dedans, il y avait une psychiatre qui avait appelé l'usine à dépression. Pourquoi ? Parce que lorsqu'on les a fait, ils ont fait une étude, mais à part ça, c'était un Australien. Il avait suivi, je ne sais pas, peut-être 3000 athlètes. Et il s'avère que les athlètes, ils ont des mots. Parce que pour aller...... pour endurer autant de souffrance, il faut qu'il y ait une espèce de douleur qui est au même niveau. Donc, ils subliment, en quelque sorte, comme les peintres, ils subliment. Ils font quelque chose de super. Il vaut mieux ça que faire quelque chose d'autre. Mais dans le terrain de l'athlète, il est déjà très fragile. Il n'y a pas plus fragile qu'un athlète. On les voit fort, ce n'est pas du tout ça. C'est pour ça le paradoxe de l'athlète qui est juste extraordinaire. Par exemple, Nada, il le dit, qu'il est très, très fragile. Les Joko, on les voit. dans le terrain il n'y a qu'à voir de comment ils cassent leur raquette avec Roland-Garros de comment ils sont énervés comment ils ne peuvent pas gérer leurs émotions et donc à partir de là c'est qu'il y a quelque chose à l'intérieur de cette colère de ce et c'est répétitif c'est quelque chose qui est récurrent et donc il y a quelque chose qui ne va pas déjà et enfin Benoit Paire je ne sais pas si c'est une psychanalyse qu'il lui faut mais bon il y a quelque chose qu'il n'a pas appris dans sa carrière sans le tacler ou le mettre une balle perdue c'est que c'est malheureux en fait de voir qu'un joueur aussi bon que je pense que son trait de caractère et de plein de choses font qu'il a pu peut-être passer sur des victoires, j'en suis sûre. Donc je ne sais pas, peut-être qu'il doit être suivi, je n'en sais rien. Mais en tout cas, c'est ça, c'est cet univers-là que l'athlète a vraiment des névroses. Parce que vouloir être le meilleur, pourquoi ? Voilà. Et en plus de ça, t'es 5 fois, 6 fois, 7 fois champion du monde. Pourquoi tu veux le montrer une onzième fois ? Quelle est la raison de montrer ? Et c'est là, des fois, je me souviens, un entraîneur m'avait dit Si t'es championne du monde, mais personne le sait. Y'a que toi. Allez poser cette question, je t'invite à la noter et de poser la question, je sais pas, même à des joueurs. Bon voilà, tu as gagné la Champions League mais personne ne sait, il n'y a que toi. Tu l'as gagné ? C'est tout bête, c'est bizarre, elle est bizarre mais il y a un... peu de ça. Ça veut dire qu'il y a un côté de reconnaissance. Et c'est là où le danger se met. Ça veut dire que, je dis toujours, la médaille, c'est une récompense. Ce n'est pas un but en soi. Le but, c'est qu'est-ce qu'on a ramassé pendant cette carrière. Et c'est pour ça que la fin de la carrière de beaucoup d'athlètes, il sombre. Et je ne sais pas si tu as vu Thomas. le boxeur. Ça m'a beaucoup touchée. J'avais envie d'y écrire un message, d'ailleurs. Parce que, vraiment, j'étais touchée par son témoignage d'avoir rejeté, il était passé, je ne suis pas dans une mission, et il avait rejeté complètement sa carrière. Ça ne lui avait servi à rien et tout ça. Il avait sombré dans l'alcool. Tout cet univers-là. Et c'est ça, en fait. Au final, c'est de ne pas s'identifier à la médaille. C'est-à-dire que la médaille, elle peut partir. Et si elle part, parce qu'il y aura un autre champion. Je ne sais pas si tu te souviens d'Arbelé. Oui. Voilà. Donc vice-champion olympique à Pékin. La nouvelle génération qui est là, elle est quand même vice-champion olympique. J'avais un jeune au judo que j'ai déposé parce qu'il n'habitait pas très loin de chez moi. Il en parlait et puis je lui ai dit d'arbeler, il me fait c'est qui. C'est là où je me suis rendu compte à quel point que ça y est. C'est ça. Et c'est ça, en fait, que j'explique. C'est qu'un jour, il y a quelques-uns qu'on oublie. Maintenant, les jeunes, ils connaissent Douillet vite fait. Attention, Douillet, il faut leur en parler. C'est Riner. Et en fait, on n'est pas éternel. Et c'est ça, en fait. C'est s'accrocher à cette médaille de notoriété face à la médaille. Elle n'existe plus. On va t'oublier. Comme il y a des joueurs de foot qu'on a oubliés et qui n'existent plus. Et donc, qu'est-ce que toi, tu fais de ça ? C'est quoi le message ? Et donc, moi, je... sais que j'ai réussi à fructifier. Je ne suis pas médaillée mondiale. J'étais demi-finaliste deux fois à pied du podium au monde, malheureusement.

  • Speaker #1

    Ce qui est déjà...

  • Speaker #0

    Avec le parcours, c'est déjà énorme. Avec mon parcours, j'aurais dû peut-être avoir plusieurs médailles. Mais je sais que j'ai réussi à fructifier ce don. Parce que c'est un don, ce parcours. C'est un don. Je me remercie Dieu. Je suis très fier de ce parcours. Et j'ai réussi à le fructifier déjà par un livre, et puis par l'accompagnement, et puis par ce... cette transmission.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est important. On en revient toujours à la même chose. Le côté héritage. Qu'est-ce que tu vas laisser comme héritage ? Qu'est-ce que tu vas apporter ? Qu'est-ce que tu vas retenir de ce que tu as fait par le passé ? Et la déception d'une carrière ou pas ? Comme tu l'as dit, oui, il y a la coupe. Mais toi, est-ce que tu es content de ta carrière au final ?

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est vrai, hier, j'avais les larmes aux yeux. La petite anecdote, c'est comment je séchais le français. Parce que c'était la matière qui était la plus dure pour moi. Parce que le maths, ça va. L'anglais... Mais dès qu'on était en français, ils pitaient ta tribu du sujet. Le français, il galère. Les trucs, les machins, les dictées, c'était vraiment un enfer pour moi. J'avais une copine à qui je pouvais tricher un peu. C'était horrible. Et alors, qu'est-ce que je faisais ? J'étais dyslexique. Je le suis un petit peu encore, mais je suis à deux bases. C'est-à-dire que dans une phrase, je peux voir l'inverse. Mes yeux partent de l'autre côté. J'ai du mal, des fois, avec les mots. Et pourtant, j'aime tellement lire. J'en ai tellement lu. Ma bibliothèque chez moi, elle est... Elle est juste incroyable et je suis passionnée de la lecture. Et c'est parce que je pensais... que le fait de lire, ça allait m'enlever la dyslexie. Alors que la dyslexie, elle n'a rien à voir, c'est des gènes. Ça vient des gènes, ça n'a rien à voir avec l'intellect, en fait. Et moi, je pensais, j'avais mis dyslexie, bête, et c'est l'intellect. Et donc, on m'expliquait ça à l'époque. Je crois qu'en plus, c'est même un surveillant qui me l'avait dit. Oui,

  • Speaker #1

    c'est comme la 4ème techno.

  • Speaker #0

    Voilà, voilà. Et donc, j'avais appris que c'était par les gènes. Ça doit être ma mère ou quelqu'un qui l'a dans la famille, ou mon père, j'en sais rien. Et j'avais appris aussi que beaucoup de... de gens brillants, genre comme Einstein, enfin plein de gens, plein qui étaient des mêmes des grands écrivains dyslexiques. Et donc je séchais pour aller dans cette médiathèque. Cette médiathèque, elle est juste incroyable, elle est au premier étage de mon collège, et je passais des heures, en plus j'avais vraiment une gentille... Ceux qui travaillent dans la médiathèque. Elles étaient là dans la bibliothèque du collège. Et elles ne disaient rien. Elles savaient que j'étais chez le français. Mais elles ne me laissaient rien. C'était mon problème. C'est moi qui allais me faire engueuler. Mais elles me laissaient lire. Elles me laissaient lire. Et en fait, le fait qu'hier, j'ai déposé ça là-bas, j'ai eu larmes aux yeux. Parce qu'en fait, il y a une espèce d'endroit qui n'a pas changé. Ils mettent, par exemple, les biographies ou ils mettent psychologie. Tout est bien fait. Et là, je suis partie le poser. Il sera là, un jour je ne serai plus là et le livre sera là. Comme moi, je reviens 25 ans après dans ce collège et rien n'a bougé. Et là, j'ai ressenti, je pense pour la première fois, il n'y a aucun podium. qui m'a procuré ça. Et pourtant, j'en ai gagné des médailles, six fois championne d'Afrique, des médailles Grand Prix, Grand Glem, des trucs, les médias, les trucs. Mais il n'y avait rien qui m'a... Il y avait quelque chose de spécial quand j'ai déposé, comme si... Waouh ! cette sensation que peut-être que j'ai recherchée dans le judo que je n'ai jamais retrouvée que j'ai réussi à la trouver en déposant ce livre là-dedans c'est fort et donc c'est pour ça que je laisse ce message pour dire qu'en fait il y a aussi ça des fois on peut aller chercher certaines choses ailleurs alors qu'en réalité c'est

  • Speaker #1

    dans ça je veux revenir un peu justement sur le judo rapidement, je voulais savoir pour toi quel était l'avenir du judo féminin que ce soit en France ou même au Maroc ou même au Sénégal d'ailleurs par rapport à tes origines est-ce que tu le vois évoluer là-bas et par rapport en France est-ce que tu vois les filles encore plus présentes etc non moi je vois vraiment des problématiques parce que les problématiques qui se posent c'est que tant que on

  • Speaker #0

    va dire tant qu'il n'y a pas de structure réelle et de double projet ça ne peut pas marcher moi je me bats pour ça beaucoup beaucoup, beaucoup, beaucoup en Afrique pour ça, pour qu'ils mettent le double projet. Et tant qu'il n'y a pas ça, ça ne peut pas fonctionner parce que déjà, les Marocains, le judo, c'est un sport populaire. Ce n'est pas vraiment une population très, très, très aisée. C'est comme au Brésil, les favelas, ceux qui font du sport, là-bas, ça ne va pas être des sports comme le tennis ou le golf, mais ici, tu peux être aisé ou pas, tu peux faire du judo. Là-bas, non. Ça, moi, moyen de s'en sortir. Donc, jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas de double projet réel. Il n'y a pas vraiment quelque chose de concret. Tant qu'il n'y a pas ça, ça ne pourra pas avancer. Un judoka, enfin un sportif, il doit être éduqué. Éduqué dans le grand sens du terme. Qu'on lui donne la possibilité non seulement de briller, mais il faut qu'il ait confiance en lui. Qu'il n'ait pas que ça pour s'en sortir. Donc, qu'il sente qu'il est soutenu dans surtout le plan logistique. Et... Et justement qu'après la carrière, il sait lire, écrire, que ça se passe bien et qu'il est formé à faire un métier. Il y a quelque chose. Donc il y aura moins de panique. Et c'est une question de confiance en soi. Moi, personnellement, ça fait deux Olympiades que je suis en continent africain. Je dis, ils nous donnent les mêmes moyens. Les Africains sont dans tous les podiums. Et ça, je le répète fort et fort. L'équipe de France, on sait très bien que de 48 à Lourdes, c'est des Africains. afro-descendante de la diaspora africaine. Elle représente vraiment. Et ça, c'est factuel. C'est réel. Est-ce que Tuméo, est-ce que Clarisse qui reste au Togo, ça sera Clarisse ? Je ne le pense pas. Est-ce que Dico ? Je peux aller loin comme ça. Tout ce potentiel, j'ai des potentiels humains incroyables au Cameroun. Des fois, ça me fait mal au cœur parce que je n'ai pas envie qu'ils fassent tous une Ganou. C'est bien un Ganou, sa vie, son nom. histoire, on la raconte, mais j'ai pas envie que ça soit... La dernière fois, j'avais dit ça à une conférence. C'est inspirant, mais je ne veux pas que ces gamins traversent. Traversent six fois, sept fois pour aller chercher ce que Galou a fait. Alors, inspirez-vous sur aujourd'hui comment ils sont traînés, mais j'ai pas envie qu'ils soient une inspiration sur sa traversée. Parce que si on s'inspire sur sa traversée, c'est qu'on n'a rien compris. C'est-à-dire qu'il y a combien de personnes qui meurent pour la traversée ? Il a traversé cinq fois. Donc, des fois, ils aiment bien vendre son concept les autres pour dire non. mais c'est inspirant, il a traversé. Moi, je ne veux pas que le jeune Africain s'inspire de ce passage de sa vie. Pourquoi ils iraient traverser cinq fois, six fois, et risquer leur vie pour aller en Occident, alors que chez nous, on a tout ce qu'il faut ? Donc, j'ai envie de casser un petit peu ça, que le mythe du rêve, il est ailleurs, alors qu'il peut être africain. Il y a des pays qui travaillent. d'une façon extraordinaire en Afrique, ça je le sais, mais je dis toujours, ce n'est pas assez. Avec le potentiel qu'on a, avec les cerveaux brillants qu'on a, on n'a pas besoin d'aller chercher ailleurs. Nous, souvent, au Maroc, on va chercher toujours un entraîneur extérieur. On ne fait jamais confiance aux locaux, jamais. c'est toujours on avait un roumain, on avait un français et souvent ces gens là ces entraîneurs là c'est très bien je ne suis pas sur la discrimination quoi que ce soit chaque être humain peut apporter quelque chose à un pays sauf que des fois ils n'apportent qu'un poisson ils n'apportent pas à pêcher ils partent au bout de 3-4 ans, moi je veux que c'est des locaux qui soient formés et qui forment chez eux on a réussi à le faire au foot avec un Walid c'est extraordinaire Et pourquoi pas donner confiance à des gens qui sont locaux et qui font ça. Et ça, je le souhaite au Maroc. Je veux plus être le meilleur palmarès du judo marocain. J'espère que quelqu'un va l'exploser un jour, un jeune ou une fille ou un garçon. Et que ça soit quelqu'un qui ait fait mieux que ma carrière. J'espère vraiment. C'est vraiment le point le plus sensible chez moi parce que je ne vois aucune évolution là-dessus.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas envie de devenir la Yannick Noah du judo marocain ?

  • Speaker #0

    C'est un peu différent parce qu'il faut appeler un chat à chat, c'est un milieu très patriarcal. Moi, je suis une femme et j'arrive là-dedans. Je pourrais apporter une pierre, mais j'essaye à mon niveau. Déjà à mon niveau de le faire en toute humilité. Mais j'espère qu'ils vont donner la chance à une jeunesse. Il y a une jeunesse qui est brillante, qui est incroyablement brillante. On leur donnera un peu la chance de pouvoir. Juste pour ne pas que les athlètes, parce qu'il y en a combien qui partent et qui ne reviennent pas. On le sait, j'en connais beaucoup qui sont partis, qui ne sont plus revenus. Je ne veux plus de ça. Je ne veux plus qu'il y ait d'athlètes qui viennent et on ne les voit plus dans la chambre. Ils ont disparu, ils sont en papier, ils travaillent. Je ne veux plus qu'il y ait de ça. Je veux que l'Africain, que ce soit Afrique du Nord, qu'il soit fier de rentrer chez lui parce qu'on s'occupe bien de lui. Et on est capable de faire ça. Et donc moi, je... Et puis il y a la diaspora qui a une grande responsabilité de ça. Et moi, je sais que je me sens responsable aussi de ça. Il faut savoir redonner de l'où on vient. Et moi, je viens vraiment de là-bas, je suis née là-bas.

  • Speaker #1

    Ton avenir, c'est quoi d'ailleurs ? Justement.

  • Speaker #0

    Alors moi, mon avenir, je le vois, ça j'en sais rien, mais mon avenir, je le vois toujours dans un mot. Et il me suffit ce mot-là. J'aime bien le mot service Parce qu'en fait dans mon métier, c'est un peu dangereux dans le sens où si on se trompe, on n'est plus vice-serviteur. C'est-à-dire que comme j'accompagne, je suis dans l'accompagnement et j'aide à peut-être changer des vies. des fois, on peut se sentir saucé et puis on peut se transformer dans le sens où, tu vois, là je vais rentrer un peu dans un côté spirituel, on peut croire que c'est grâce à nous tout le monde, on est juste un canal. c'est pour ça qu'il y a beaucoup de gourous il y a beaucoup de serviteurs t'es un canal, tu accompagnes les gens mais voilà il y a le travail de la personne que tu accompagnes, que ce soit dans la psychologie que ce soit peu importe la thérapie et ça c'est un travail extrêmement dur extrêmement difficile. Et si tu ne travailles pas sur toi, tu peux te transformer en gourou très vite. Et ça, c'est un appel que je fais à tous les gens qui accompagnent, de rester très vigilant sur l'accompagnement dans ce sens. Parce que si il n'y a pas ce travail de soi, on peut se transformer très très vite. Parce que comme on est et on a des retours, plein de retours, tu as changé ma vie, tous les jours, tous les jours, tous les jours. Et là, on les voit dans les réseaux, ceux que tout le temps ils sont saucés, ils commencent à devenir comme si c'était, je ne sais pas qui, non, non, tu es juste un canal serviteur. et revient à pourquoi tu fais cette mission donc voilà moi j'espère tout coeur de rester un bon c'est une bonne serviteur là dessus et d'être me sentir encore que je suis voilà un canal pour accompagner le les gens au mieux et en tout cas je sais que je serai dans le soin tout le temps j'aime bien soigner et continuer des combats à reprendre moi je suis une combattante avis Vraiment, je te le dis, je suis une combattante à vie, donc j'ai des challenges, des dingueries en challenge. Tu veux que je te spoil ou pas ?

  • Speaker #1

    Ah, moi je crois.

  • Speaker #0

    Tu sais, moi je... Ah ouais, parce que là, si je l'annonce, c'est qu'il faut vraiment que je le fasse. C'est la première fois que je l'annonce comme ça, dans un podcast. Moi, j'aime bien, des fois, j'annonce et je me dis... En fait, moi, j'aime bien l'eau glacée. Je fais beaucoup de bain, ceux qui me suivent, ils le savent. que je suis une folle des bains glacés. C'est quelque chose qui me... Parce qu'en fait, le bain glacé, c'est un côté très, très... très stress. C'est un stress qui est énorme pour le corps. Et le fait d'y rentrer et d'être calme, c'est-à-dire qu'on peut gérer tous les stress qui arrivent. Moi, aujourd'hui, j'arrive à gérer mieux les stress qu'avant. Il peut arriver des dingueries, moi, je suis calme. C'est pomperop à l'intérieur parce que... je le travaille tous les jours. Et les bains et les douches froides, c'est fait pour ça. C'est-à-dire que si tu ne sais pas respirer, respirer, c'est les émotions. Tu gères tes hormones. Et donc, en fait, c'est toi qui contrôles tout ça. C'est pas tes hormones qui te contrôlent, quoi. C'est pas tes émotions. Donc, je fais beaucoup des bains glacés. Il y a un côté, pas que physique, il y a un côté très, très mental dessus. Et là, je me suis challengée à une dinguerie. J'ai envie de faire 40 mètres sous glace dans les Alpes. Là, en fait, il y a un autre trou à 40 mètres. Et donc, tu respires une fois et tu pars en apnée. Et là, tu ne peux plus sortir ta tête. Et 40 mètres en apnée pour l'instant, 40 mètres. Là, je suis juste à 25 mètres en apnée. C'est déjà... Et sans combinaison.

  • Speaker #1

    Tu as déjà fait...

  • Speaker #0

    L'eau, elle est glacée. C'est excellent, ça. Pourquoi ça ? Parce que c'est un moment de stress. Après, je ne suis pas toute seule. Il y a des gens autour de moi qui partent s'il y a un problème. Mais en fait, c'est un moment si tu ne t'es pas relâché. C'est... Là, il y a plusieurs facteurs. Il y a le froid, qui est extrême. Tu es en hypoxie, donc tu perds en froid. Tu perds deux fois ou trois fois plus en hypoxie. C'est horrible. Il prend trop d'énergie. Et il ne faut pas être claustro, parce que tu ne peux pas... C'est le côté où tu peux... Si tu es à la piscine, tu fais ça, tu remontes. Là, non. Et tu es dans plusieurs éléments qui sont très stressants. C'est-à-dire que si toi, à l'intérieur, tu n'as pas un sens de calme pour y aller... C'est-à-dire que si tu arrives à faire ça, c'est incroyable. Mentalement, c'est un sport extrême, mais il me fascine. Je passe des heures à les regarder. Ces gens ont une facilité de gérer les tempêtes. Dans la vraie vie, ils devaient être incroyables. C'est ça que je recherche, qui va m'aider à mieux accompagner. Moi, j'aime bien tous ces petits challenges. Ce sera mon challenge en décembre.

  • Speaker #1

    Ah oui, vous l'avez noté, moi je l'ai bien noté. J'ai hâte de voir la vidéo, franchement, ça donne très très envie. Est-ce qu'on aura une suite à Bralcore aussi ?

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #1

    je te prends tous les spoils, t'as vu ? Oui,

  • Speaker #0

    sûrement, sûrement, moi je ne dis pas non. J'ai déjà une idée dans ma tête, mais il y aura, je ne vais même pas dire un, il y aura plusieurs. C'est quelque chose que je sais.

  • Speaker #1

    Il y a une dernière question que je veux te poser, que j'aime bien poser en général quand j'ai des invités, c'est tu revois la petite Asma, là, en train de... On lui dit, tiens, tu vas faire ton BEP cuisine, etc. à l'époque où tu voulais faire autre chose. Qu'est-ce que tu lui dis après tout, maintenant, toi, que tu as fait tout ça ?

  • Speaker #0

    Je la prendrai dans mes bras et je lui dirai tout va bien se passer, juste... juste dans l'oreille, je lui dirais, ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Et je pense que ce truc-là, pourquoi je dis ça ? Parce que c'est quelque chose qu'on m'a déjà posé. C'était une voix interne que j'ai toujours eue, parce qu'il y avait des moments tellement difficiles. Je faisais de la cuisine, c'est juste pour la petite anecdote, et ça m'a renvoyée à une image où j'avais raté le métro et j'étais en octobus. Elle se rappelle une octobus. Une heure du matin, est-ce qu'il y a ? Et là, il était deux heures du matin, j'étais là, je pleurais, je n'étais pas dans l'endroit où je voulais. Encore heureusement qu'il n'y avait pas les réseaux, parce qu'à l'époque, tu ne voyais pas la vie des gens. Si j'étais dans les réseaux, je vois tout le monde dans le sport, et moi, je suis là. J'ai dit, des fois, on était dans une période où on n'était pas à regarder la vie des autres.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et ça,

  • Speaker #1

    c'était une bonne période.

  • Speaker #0

    Ça préservait notre santé. Parce que si tu n'es pas content de faire ce que tu fais, et tu vois l'autre faire, elle va te répéter l'émergable. Moi, je n'étais pas névrose là. Je ne regardais pas. Mais je savais que mes copines étaient là-bas. D'ailleurs, j'allais tout le temps les chercher le vendredi. Je rêvais que d'être à leur place. J'avais pleuré ce jour-là. Je sais qu'il y avait une voix au fond de moi. Je ne sais pas d'où elle est venue. En me disant, ne t'inquiète pas. Tu les auras la vie que tu veux. J'avais accepté à bras le corps de faire ce chemin. C'est pour ça que le titre me parle beaucoup. Et de faire un... un métier tellement éloigné et je pense que le message là-dedans c'est d'être capable d'être dans un endroit on veut pas, mais de le prendre quand même à bras le corps en espérant ouvrir une porte derrière et je pense qu'on voit tous les parcours, c'est que les gens qui ont fait ça, qui ont réussi à faire ça qu'ils y arrivent, je pense, j'ai l'impression à chaque fois je regarde des histoires incroyables, c'est toujours les gens ils se sont trouvés dans les trucs, ils ont accepté d'être dans cet endroit-là, même dans les films et tout et donc voilà, finalement... C'est que j'étais dans le bon chemin, en fait.

  • Speaker #1

    Asma, merci beaucoup. Je rappelle que ton livre À bras le corps est disponible aux éditions Faces cachées. Allez vous le procurer. En plus, la une, elle est magnifique. Franchement, la couverture, elle est vraiment magnifique.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je ne vous spoil pas, mais voilà. Allez voir, allez l'acheter. Suivez Asma sur Instagram également, parce que vous allez découvrir son histoire, sa vie, tous les jours. Et les bains aussi, les bains glacés. Ça, c'est très cool. Merci Asma, c'était vraiment un épisode hyper agréable avec toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi et longue vie à la reine.

  • Speaker #1

    Merci Asma, à bientôt. Voilà, j'espère que ce nouvel épisode vous aura plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager à vos amis, proches, sur vos réseaux sociaux. N'hésitez pas également à mettre des étoiles sur Apple Podcasts, évidemment, et surtout à vous abonner sur les différentes plateformes pour recevoir les notifications de nouveaux épisodes. En attendant, à très bientôt dans la reine.

Description

#63 L'Arène - Judo : Asmaa Niang en interview

by Saïd El Abadi


Pour ce nouvel épisode, Saïd reçoit dans L'Arène, Asmaa Niang.

La judokate marocaine, plusieurs fois championne d’Afrique et qui a disputé les Jeux Olympiques, sort son premier livre À bras le corps, aux éditions Faces Cachées..
Au menu : le judo, ses modèles, la résilience, l'UNSS, le CAP, l'éducation, la transmission, le MMA, le Maroc, le Sénégal, Francis Ngannou et tellement de sujets…


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut à toutes et à tous, c'est Saïd, bienvenue dans la Rome. Je suis heureux de vous retrouver pour un nouvel épisode. L'arène de nos podcasts qui nous plongent dans l'univers hors de nous. Salut Asma et bienvenue dans le podcast La Reine.

  • Speaker #1

    Merci, merci, merci. Je suis très contente d'être une invitée de La Reine.

  • Speaker #0

    Alors si je te reçois aujourd'hui, c'est pour parler un peu de ta belle carrière, qui n'est pas terminée, de ta carrière de ju... présenter auprès du grand public pour savoir qui tu es ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis Asma Niang, une athlète olympique qui a participé à Rio 2016, Tokyo 2020 plus un, forcément avec le Covid. Après, je ne suis pas qu'une athlète. Voilà, souvent je le dis, je suis un peu une athlète à parcours un peu biscornu et atypique. J'aime bien ces deux mots. Et donc, je fais aussi de l'accompagnement. Je suis thérapeute, je suis préparatrice mentale. conférencière et là, je deviens autrice.

  • Speaker #0

    Alors justement, on va parler d'abord de ton livre avant de parler de tout ça. Pourquoi écrire un livre ?

  • Speaker #1

    Pourquoi pas ? Non, je plaisante. J'aime bien la sortir celle-là. Pourquoi pas ? Alors en fait, en réalité, c'est écrire, c'est quelque chose, un exercice que j'aime faire depuis longtemps et puis en fait, j'aime la transmission. Le mot transmission, c'est l'étymologie, déposer au-delà, laisser quelque chose et écrire. Vous savez la petite anecdote, hier j'étais au collège, mon ancien collège où j'ai passé ma scolarité et je leur ai fait une petite conférence à des étudiants, enfin des collégiens, c'était 200. Et ils m'ont posé cette question en réalité. Et en fait, c'est parce que là, je suis devant eux avec ce bouquin et je vais le déposer à la médiathèque. Je vais laisser cet héritage de ce parcours pour que ça puisse, je l'espère, inspirer de la façon qu'il est fait. Mon livre, il est fait d'une façon aussi atypique par rapport à d'autres livres biographiques. Et je pense que c'est pour cette raison. C'est la transmission qui me pousse le plus, toujours.

  • Speaker #0

    Tu as dit le mot héritage. C'est quelque chose qui est important ?

  • Speaker #1

    pour toi ? Ah oui, complètement. Complètement, parce que moi, c'est quelque chose qui m'a aussi aidée. Alors, c'est vrai que moi, j'étais jeune, je m'identifiais beaucoup à tout ce qui était les afro-américains, parce que quelque chose qui me ressemblait, forcément, en France, on n'était pas trop sur la lecture, à écrire surtout. Je ne connais pas beaucoup d'athlètes avec qui je pouvais m'identifier, qui écrivaient des livres. C'était une réalité. Et c'est très difficile d'en trouver. Et là, je vous parle d'ici plus de 20 ans, 25 ans. ans. Donc les seules où je pouvais trouver des choses où, on va dire, qui mettaient plus en avant leurs mots A, U, X, leurs difficultés, leurs échecs. Et je trouve que les anglo-saxons, ils sont très très forts là-dessus. Ils montrent toutes leurs filures, leurs échecs, de combien ils ont raté. Et moi, je le trouvais que chez eux. En France, non, pas du tout. C'est quelque chose qui était très masqué. Il y a 25 ans, on ne parlait même pas de ça. Il fallait montrer tout ce qui était beau. Et toutes les difficultés, on ne les montrait pas. Donc on... Pour une jeune fille ado de 15 ans, c'est quelque chose d'extrêmement difficile pour moi. Donc je suis partie les chercher chez les afro-américains. Donc j'ai toujours réussi à regarder des docus, que ce soit Marion Jones, que ce soit toutes les histoires, Michael Jordan, Tout l'univers, Mohamed Ali, et je me suis inspirée de tout ça. Et donc ils m'ont laissé quand même un héritage, parce que c'est aussi cette identification, cette inspiration qui m'a poussée aussi à dire que c'est possible. sur certaines choses de leur parcours qui étaient difficiles. Donc voilà, à mon tour, j'ai envie de laisser quelque chose.

  • Speaker #0

    C'est impressionnant parce que, alors je ne vais pas rebondir sur Mohamed Ali et Michael Jordan, mais tu as cité Marion Jones. Moi, je fais partie de cette époque qui a suivi Marion Jones et à l'époque, il y avait même Maurice Green. C'était les deux qui cartonnaient, etc. Ça me fait super plaisir d'entendre ça. Je rebondis dessus. Qu'est-ce qu'elle t'inspirait justement, Marion Jones ?

  • Speaker #1

    On rappelle que c'était le sprint. Après, c'était un grand drame, la pauvre, quand elle a eu toutes ces histoires de produits. Mais c'est... C'est vrai que moi, pour la petite anecdote, j'étais championne de France en UNSS, en athlétisme, et on avait le droit, on fait le panier. Celui qui gagnait faisait les paniers. Et moi, j'ai tout fait pour que ça soit celui... J'ai une belle photo avec Marion Jones, elle devait avoir peut-être 14 ans. Et je me souviens, elle m'avait fait un bisou sur le front. Et c'est vrai, c'est vrai. Et en fait, parce que je prenais soin de ces pointes. Et je me rappelle un truc qui m'avait marqué. Et c'est là où j'avais compris les tocs des athlètes. C'est qu'en fait, j'étais avec le panier et puis elle avait posé ses affaires, mais elle les rangeait vraiment très bien dans le panier. Et c'est vrai qu'à un moment donné, je les ai fait tomber et elle le remettait. Et elle ne m'avait pas engueulé ni rien. Mais pour me faire comprendre qu'il faut que ces affaires soient de cette manière-là. Et c'est à partir de là que je commence à comprendre que... Comme Nadal, ce qu'il fait avec ses bouteilles. Aujourd'hui, moi aussi, je le fais sur plein de choses. C'est ce rituel, ces talks, toutes ces encrasses, toutes ces choses-là pour arriver à exceller. C'est toutes ces petites choses qu'ils mettent en place les athlètes. Je les avais découvertes comme ça avec Marion Jones. C'est tout cet univers de Marion Jones. Après, il y a eu Perrec, il y a eu des Françaises. Mais c'est vrai que moi, j'aimais beaucoup tout ce qui était afro-américain.

  • Speaker #0

    Moi, je me souviens de Maurice Green. J'essayais de l'imiter avec sa langue tout le temps, avant chaque course. J'adore cette anecdote. Bravo, franchement, ça fait plaisir de parler de Marion Jones et d'athlétisme en plus, parce que cette époque a été pas mal l'athlétisme américain. On a eu des beaux sprints.

  • Speaker #1

    Il y avait une belle génération, bien sûr.

  • Speaker #0

    Justement, tu me... Tu m'as parlé des tic et toc, entre guillemets, de ces sportifs. Tu m'as dit que tu en avais quelques-uns. Tu peux nous dire tes petits secrets comme ça ?

  • Speaker #1

    Moi aussi, j'ai quelque chose avec le panier. Maintenant, j'arrive à le comprendre. C'est vrai que je suis un peu maniaque aussi sur plein de trucs. de choses. Donc mes chaussettes, il faut qu'elles soient rangées d'une manière. Un petit détail, j'ai toujours la même gourde. Ma gourde, il faut qu'elle soit posée dans une façon, pas d'une autre. Ma façon de plier, le judogi, on en a tous. Les autres appellent ça des névroses chez l'athlète, mais je sais que c'est des petites choses qui font que ça nous rassure. L'athlète cherche toujours des petites choses comme ça qui... qu'il le rassure, au-delà de tout son travail qu'il met en place. Après, voilà, c'est des rituels, plus qu'autre chose.

  • Speaker #0

    Alors, pour casser le mythe, ce n'est pas un rituel. Par exemple, tu te dis, ça a fonctionné, j'ai gagné, je le refais. Si j'ai perdu, je ne le refais pas. Tu le fais quand même, même en cas de débordement.

  • Speaker #1

    Tout dépend, tout dépend. Après, moi, je n'en reste pas trop non plus là-dessus. Mais c'est vrai que j'ai toujours les mêmes chaussettes. Ça, c'est quelque chose que je perds ou je gagne. Je sais, mes chaussettes, je les ai. C'est des chaussettes qui me chauffent bien les pieds. Donc, voilà, je n'aime pas ne pas les avoir. Mais s'ils ne sont pas là, je suis avec. Mais ce que je veux dire, c'est qu'on a quand même ce petit rituel qui est constant.

  • Speaker #0

    On peut en parler un peu de ta carrière maintenant, de judo 4. Alors, comment ça se fait que tu aies tombé aussi tard dans le judo ? Parce que c'est vrai qu'à notre époque, ou même avant, on dit souvent aux jeunes, mettez-vous à 5-6 ans, c'est un des premiers sports qu'on dit de faire aux enfants pour apprendre à tomber, apprendre à se mesurer à l'adversité, etc. Et toi, tu es tombée plus tard ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que moi, je ne suis pas née en France. Je suis née au Maroc, à Mohamedia, et je suis arrivée à l'âge de 11 ans. Donc, je ne parlais pas du tout français. Pas du tout, pas du tout. Donc, je devais m'habituer à la langue, barrière de la langue. Et puis, comme en France, on est très, très bon pour faire apprendre les langues, c'est ironique parce qu'on ne parle pas anglais. Donc, j'avais du mal à comprendre, de la compréhension de la langue, tout simplement. Et au bout d'un an, on est dans un cursus normal. Donc, je me retrouve dans mon collège. Et dans ce collège-là, forcément... moi, j'avais la barrière de la langue, donc moi, j'avais un don, j'étais très bonne en sport, et je pense qu'ils auraient dû me détecter à ce niveau-là. Je pense que je serais peut-être à la période aux Etats-Unis ou en Angleterre, ils m'auraient détectée, ou en Allemagne, mais en France, on ne met pas le sport comme priorité, alors que pour moi, être bon en EPS est aussi bien qu'être bon en maths et en sciences, et je n'arrête pas de prôner ça, que l'EPS et le sport, on a plus besoin dans la vie que certaines matières, Et ça, c'est malheureux qu'aujourd'hui, le sport ne soit pas aussi mis en avant. Et donc, j'avais un don. J'avais vraiment un don. Et de comprendre vite, c'est-à-dire que pour comprendre et acquérir un sport, il faut avoir de l'intelligence. C'est-à-dire que refaire la technique, comprendre le concept du jeu, son corps, entre l'information qui vient au cerveau et l'exécution. Et donc, c'est un don, vraiment un don chez les jeunes quand ils l'ont. Donc, il n'est pas vraiment pris à la légère. Et donc, on m'a dit échec scolaire. Donc, moi, je ne suis pas partie en sport. études. Donc moi, j'ai beaucoup pleuré. Énormément, j'avais toutes mes copines qui partaient en sport études et moi, privée de ça, je me retrouve avec un BEP CAP. Voilà. En plus de ça, à l'époque, ce qui était drôle, parce que je pars en CAP BEP Bac Pro, dans cette voie professionnelle et on avait collé le professionnel comme un échec. Donc moi, c'était tous les cancres qui allaient en BEP. Donc vraiment, c'était nul. Va en BEP. Et donc en réalité, deux choses, c'est-à-dire qu'on ne valorisait pas Cette voie professionnelle qui est juste... Moi, je me souviens, j'avais une copine, elle était bonne à l'école et tout se passait bien, mais elle avait envie d'être pâtissière. Et c'est tout, elle n'avait pas envie de faire des grandes études, c'était son rêve d'ouvrir une pâtisserie. Aujourd'hui, elle a réussi. Et à l'époque, on lui disait, t'es trop intelligente pour faire pâtissière et d'avoir un CAP. Donc c'était un peu les mentalités d'avant. Aujourd'hui, ça change heureusement un petit peu quand même. c'était un petit peu ça si tu partais pas dans la voie de général voilà le reste garage forcément si c'est pas je sais pas si tu te souviens de ton époque il y avait les 3e 4e techno eux étaient foutus eux étaient foutus c'était la classe ils sont pas en général et or que non parce que ils apprenaient quelque chose de technique. Mais on ne valorise pas toutes ces choses-là, les métiers manuels, et je trouve ça dommage la façon qu'on peut voir ça. Donc moi, je me suis retrouvée en cuisine et je me suis dit, bon, d'accord, je suis en cuisine, mais je ne vais pas faire n'importe quelle cuisine. Il faut que j'aille dans les meilleurs traiteurs en alternance. Donc j'ai fait chez Potel et Chabot. C'est un des plus grands. Il y en a un à Saint-Pétersbourg, un à New York, un à Duba, je pense, et en France. Et je me suis dit, je vais me trouver chez ce grand traiteur. Et voilà, je suis restée un bout de temps. Jusqu'à ce que finalement, qu'une brûlure, j'ai dû arrêter. J'ai fini mes diplômes. Je faisais un peu d'intérim, comme ça. Mais le tiroir du rêve olympique, il était encore dans quelque part. Mis à part ça, j'ai fait beaucoup de perfs, par exemple au Hand. J'ai fait beaucoup de... J'étais championne de France au moins de 18 ans avec Nina Canto, qui est dans la même équipe. Nina Canto qui était dans l'équipe de France de Hand, qui a fait Pékin et Londres. Et Nina qui est une de mes meilleures amies jeunes, on était ensemble. Et Nina, elle était dans mon équipe. Donc on était championne de France à Noisy-Grand ensemble. Et ça fait partie des fixes en partie en sport et études, sauf que moi non. D'accord. Donc voilà, qui sont partis, ils ont pu accéder au sport et études sans moi. Et donc je l'ai vu évoluer, je l'ai vu partir. au jeu pendant que moi je suis encore là donc 2008 on parlera de la caserne après et par contre je sais pas pourquoi j'étais persuadée qu'un jour je m'entraînerais au jeu, je ne sais pas comment, avec quel sport c'est un rêve vraiment où tout le monde se moquait mais arrête ton délire t'as 20 ans, tu fais pas de sport tu vas te retrouver au jeu et moi je sais pas, j'ai incarné tout ça donc je rentre dans une salle pour la première fois et je rencontre un prof qui est juste extraordinaire il fait partie des gens qui croient au potentiel tout de suite et puis il me dit même si t'as commencé à 20 ans tu peux aller loin et moi le loin je l'ai vu très loin et il m'a vu tous les jours un peu comme dans les films un peu où tu pars et tu reviens mais vraiment c'était ça c'est tous les soirs j'étais là, je faisais de l'intérim des fois je revenais je restais tard jusqu'à 22-23h pour comprendre la technique parce qu'apprendre ce sport là sur le tard c'est extrêmement difficile quoi, c'est pas mon sport de genre il commence à 4-5 ans à 16 ans mais à 20 ans on est déjà seigneur en fait pratiquement et... Et donc, il m'a dit, je ne vais pas t'apprendre à être judoka, je vais t'apprendre à être une combattante. Et je me souviens pour que ça aille plus vite. Donc, il m'a appris à être combattante. Et je pense que s'il avait commencé avec un, je t'apprends à être juste une judoka, ça prend trop de temps.

  • Speaker #0

    Il a su tout de suite détecter ce que tu voulais au final, dans le fond de toi.

  • Speaker #1

    Tout de suite. Parce que moi, je lui ai dit clairement, je lui ai dit, il n'a été pas surpris parce que tu arrives à 20 ans, je lui ai dit, je vais faire partie, je me rappelle, je lui ai dit, je vais faire partie des meilleurs mondiaux. Je suis. faire les Jeux olympiques. Et puis, il ne s'est pas dégonflé. Il m'a dit, tu peux aller loin dans ce sport. Lui, il était là. Et je lui ai dit, il y a quelqu'un. Il n'a pas dit que c'était bizarre. Il ne m'a pas moqué. Et puis, comme il a cru, je me suis dit, c'est OK. Et je vais continuer comme ça. Sauf que bon, derrière, la cuisine, c'était difficile. Et puis, peut-être qu'à un moment donné, à force qu'on me dise que c'est impossible, c'est dur et tout, je fais, est-ce que c'est ça vraiment ? Parce qu'il faut gagner aussi sa vie. Il faut travailler. Et le destin a fait que je... Un jour, je faisais juste un footing à côté du dojo à Villiers. Il y avait un gradé qui courait à côté de moi. Là, il commençait à me parler. J'avais une bonne foulée, je cours assez bien. Il m'a dit, c'est bon, tu cours assez bien. Du cardio, tu sais, maintenant, on a ouvert aux femmes les pompiers. Comment ça ? Il m'a dit, les sapeurs-pompiers, c'est militaire, armée de terre, génie. Dans les casernes, il n'y avait pas de femmes. Maintenant, il y en a. C'est quoi le métier ? Je connaissais les pompiers. Qu'est-ce que ça consiste à faire ? Je ne sais pas. Il m'a dit, nous, on sauve des vies, on fait du sport. Il n'y avait pas que ça. Mais c'est vrai qu'il m'avait dit des choses. Je vais gagner de l'argent à sauver des vies et faire du sport. Donc, je lui ai dit, ça peut être bien. Mais sans forcément que j'ai mis mon rêve olympique, entre guillemets. Je me suis dit, peut-être que je vais faire ça. Mais je ne savais pas où je mettais les pieds. Ah là là là. À ce point ? Il faut savoir que j'étais une minorité dans la minorité. 2002, 2003, que les femmes rentrent. Moi, je rentre en 2005. En 2005, début 2006, ça venait d'arriver, c'était tout nouveau. Je me retrouve là. C'est simple, j'étais la seule black, reveux, nana là-dedans, parmi plein de mecs. Donc, il faut croire que c'est une mini-société. Ce n'est pas parce que c'est les pompiers Paris qu'il y a des gens sympas et des gens moins sympas. Après, je pense vraiment que c'est quelque chose qui m'a vraiment formée. Peu importe les rencontres que j'ai eues là-bas, aussi difficiles qu'elles soient. Je pense que sans ça, il n'y a pas de Jeux Olympiques. Et je le dis vraiment. S'il n'y a pas eu la formation de pompier, de comment ça m'a cadré cette formation physique, je pense que les Jeux, ça n'existe pas. Je ne serais pas partie jusqu'à là-bas. Je n'aurais pas eu, mentalement, physiquement, de comment ça m'a forgé. Les pompiers m'ont énormément forgé. La caserne, la vie de caserne, même si aussi dure que ça soit. ce côté très discipline. C'est-à-dire que moi, je sais que j'ai gardé ça toute ma carrière. Et c'est pour ça qu'à 41 ans, je suis encore en forme. C'est que j'ai toujours gardé cette formation militaire. Pour moi, c'est l'heure. Quand je me réveille, c'est cette heure-là. Je suis à l'heure au rendez-vous. Enfin, tout est nickel. Il n'y a pas de gauche-droite. Et en fait, je pense qu'à l'armée, 10 ans, la discipline, c'est une bonne formation. Donc, j'étais très bien formée à la discipline. Donc, ça m'a aidée forcément.

  • Speaker #0

    Justement, tu parles de ton âge, 41 ans. Tu ne les fais pas, parce qu'en plus physiquement tu te sens bien, et sur le tatami ça se ressent également. Alors tu viens de le dire, il y a un peu ce secret-là, le fait d'avoir cette formation, mais c'est quoi aussi le secret en fait ? Il n'y a pas que ça, mais pour tenir autant jusqu'à 41 ans dans une discipline qui... qui est quand même physiquement éprouvante, tu ne combats pas dans un championnat de France. Et déjà, un championnat de France, c'est de très beaux niveaux, mais tu continues à combattre dans des grosses compétitions. Donc, c'est quoi un peu le souci ?

  • Speaker #1

    Alors, je pense sincèrement que... Moi, j'ai toujours une âme d'enfant. Je sais, j'ai quelque chose de très... J'aime le jeu, j'aime jouer. Et vraiment, sincèrement, je suis quelqu'un qui aime toujours apprendre. Et je pense qu'un athlète de haut niveau, parce que je les accompagne, et surtout, beaucoup d'athlètes ont faim de carrière. Et des fois, ils n'ont que 25 ans, ils sont en faim de carrière. Alors, il s'avère qu'il y a deux choses qui se posent. C'est ou physiquement, ils ne tiennent pas parce qu'ils ont eu trop d'opérations, trop de blessures, ou ils n'ont plus envie d'apprendre. C'est-à-dire que moi, je dis, un athlète, quand il n'a plus envie d'apprendre, il est en faim de carrière. Et je leur dis à chaque fois, si tu ne veux plus apprendre... C'est-à-dire que quand tu pars en entraînement, que ça arrive une fois, mais c'est à 90% que t'arrives et que t'as pas envie d'apprendre et que tu fais la tronche et que t'as pas envie d'être là, c'est que t'es en fin de carrière. C'est que t'as plus rien à faire ici. Le sport, il est fait pour que ça soit aussi... L'étymologie du mot sport, c'est desporté, c'est amusement. Donc si t'es pas là pour jouer, parce qu'on peut apprendre qu'on joue, les animaux le font très bien, et puis les enfants le font trop bien, c'est pour ça qu'ils apprennent vite. Et donc si on n'est pas dans cet univers, t'es en fin de carrière ou tu vas te blesser. blessés. Et souvent, il y a des athlètes qui arrivent à la blessure parce qu'ils n'ont plus envie d'apprendre. Donc il y a un rejet, donc ils poussent leur corps à dire non, non, c'est le physique. Mais en réalité, ils n'ont pas voulu bien avant. Et moi, c'est tout le contraire. À chaque fois, on me dit ça, on me dit, ah ça, on dirait une junior. C'est-à-dire que si... J'ai beaucoup d'humilité là-dessus. C'est-à-dire que je sais que j'ai tellement commencé le judo tard que je suis capable d'être avec un groupe de juniors et écouter le prof comme si je venais d'arriver. Et alors que, voilà, j'ai de l'expérience quand même, je suis deux fois à la pienne, mais j'ai toujours... eu envie d'apprendre tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et puis aussi, ce côté se remettre en question, se recycler. De toute façon, ça, je le fais que ce soit dans le sport ou dans mon métier. Mais je pense que c'est ça qui garde la longévité, je pense. C'est ce côté curieux. Et donc, en fait, c'est infini. On ne se dit pas, non, c'est bon, on est arrivé à bout. Mais non, comme il y a tout le temps des trucs à apprendre, donc il y a toujours des objectifs. Donc, je suis tout le temps à regarder devant. Donc, en fait, on ne voit pas les années passées parce qu'on est tellement happé par cette passion. Et puis le corps... il suit parce que il faut pas alors les gens ils pensent que c'est la génétique c'est toujours ça ouais mais c'est ton côté sénégalais c'est ton côté marocain c'est ton côté africain et moi j'y crois pas du tout j'y crois pas du tout vraiment je pense que la génétique elle est à 10-15% je vais pas commencer avec les statistiques mais dans le sens où s'il y a pas de discipline derrière la génétique elle sert à rien donc c'est vrai que ça m'aide parce que voilà mais c'est mon sommeil c'est C'est ma nutrition, c'est mon hydratation, c'est tous les petits courages que je mets chaque matin avec cette discipline de faire bien les choses. Et au final, c'est ça qui fait que derrière, je suis bien. En fait, je suis dans l'univers un peu de la prophylaxie dans le sens où j'aime la prévention. Moi, je n'aime pas dans le sens où les gens aiment bien tomber malade pour aller, comme avoir mal aux dents pour aller au dentiste. Tomber malade. et payer parce qu'ils sont malades. Alors moi, c'est pas question que j'ai peur des maladies ou quoi, mais j'aime bien la prévention. Je fais tout en sorte que ça aille bien. Donc du coup, ça va bien. Par exemple, un détail, nous on fait un sport très très dur aux articulations. C'est un des sports où on se blesse le plus. Parce qu'on ne sait pas où on chute. Les genoux, les épaules, tout ça. Si on ne travaille pas tout l'univers anti-blessure, ça veut dire que tous les jours, faire en sorte que son corps tienne ses articulations, ça va péter. Et ça, c'est quelque chose qui est très dur, des fois, à faire comprendre aux athlètes. Et je leur image avec une image qui est très puissante. C'est comme si je leur disais, si on traverse l'autoroute, il y a des fois, il se peut que 10%, je ne vais pas mourir. Ça se voit qu'il n'y a pas de voiture. Mais à 99% ou 90%, je vais me faire faucher. Par contre, si je prends la prévention de traverser dans un passage clouté, peut-être, je ne fais pas ça, que ça ne va pas arriver. Mais il y aura peut-être 10% des cas où il y a les voitures. Donc c'est ce parallèle-là, une métaphore comme ça, où ils arrivent à comprendre, c'est que s'ils le font, ça ne veut pas dire que ça ne va pas arriver ou qu'ils vont gagner. Donc ce n'est pas parce que tu t'entraînes nuit et jour, que tu es bien dans ta vie, que tu vas être champion olympique. Et ce n'est pas vrai. Et c'est quelque chose qui n'existe pas, ça. Par contre, tu montes tes probabilités. Probabilités pour faire une belle carrière. Et c'est une question aussi de probabilités, monter ses probabilités. à rester en bonne santé et puis tout simplement faire quelque chose qu'on aime. C'est pour ça. Je sais que j'ai des athlètes où ils ont eu beaucoup de blessures, donc ils n'ont pas vécu leur carrière comme il faudrait. Et finalement, c'est dur psychologiquement parce que tout simplement, derrière, ils n'ont pas fait ce qu'il fallait tout simplement pour vivre de ça et kiffer, tout simplement.

  • Speaker #0

    Le plus gros regret, après, c'est de se dire j'ai mal travaillé plutôt que j'ai perdu.

  • Speaker #1

    Ben ouais c'est ça, c'est ça, c'est ça. Je pense sincèrement que chaque athlète qui fait tout ce qu'il faut, c'est pour ça que moi chaque fois on me demande, il y a un petit garçon hier très mignon de 6ème, il m'a dit est-ce que vous avez des regrets ? Et je trouvais mignonne sa question dans votre carrière et je dis non et il me dit pourquoi ? Et là je lui réponds tout simplement est-ce que j'ai tout fait bien ? J'aurais peut-être fait mieux, sûrement, mais j'ai fait ce qu'il fallait. C'est-à-dire que je peux dormir bien. Et souvent, les athlètes qui ne dorment pas bien, ou qui ne sont pas bien, ou qui sont dans l'alcool, tout ça, il y a eu quelque chose où qu'il les a... Peut-être des choix, peut-être des fréquentations, peut-être qu'il y a... pas eu assez de nuit sommeil peut-être qu'il ya eu certaines choses en jacquemagne un joueur que maintenant il essaye de se recycler pour jouer il a 28 ans sans dire son nom et c'est ce joueur en fait il a eu été dans mauvaise mauvaise fréquentation, il a mal géré son hygiène de vie. Il se fait trois croisés, à trois croisés à 28 ans pour trouver un gros club. Voilà, c'est déjà terminé. Et après, là, on pourra dire, ouais, non, mais j'ai eu un gros croisé. Tu connais l'expression des gars qui aiment bien dire ça. Et c'est réel. Et en réalité, pourquoi il dit ça, c'est parce qu'en fait, toute sa carrière, il aura ce regret très, très dur. Et il ne pourra pas bien dormir. Et en fait, justement, c'est pour ça que j'essaie avec cette nouvelle génération, cette nouvelle jeunesse, de leur passer puissamment ce message que peu importe des médailles ou pas au bout, dormez bien après votre carrière parce que c'est une carrière d'au niveau, c'est une expérience unique, magique vous pouvez faire des choses exceptionnelles mais il faut bien dormir après voilà si justement par exemple ta carrière,

  • Speaker #0

    si tu devais retenir je ne vais pas dire un parce que je sais que c'est toujours compliqué d'en retenir un mais peut-être les 2-3 meilleurs moments de ta carrière dans ces dernières années

  • Speaker #1

    je pense que lorsque j'ai pris une décision exceptionnelle de me barrer des pompiers et de partir au Maroc donc j'ai pris une décision exceptionnelle, résultat exceptionnel donc j'ai vraiment eu cette énergie de tout laisser, salaire et tout au Maroc et je savais pas où j'allais et puis il faut savoir que les structures sont pas pareilles l'organisation et rien et moi qui est militaire en fait ce qui était drôle c'est que je venais pas du tout je suis MRE marocain résident étranger et c'est vrai des fois je peux être être jugée de l'autre côté, au Maroc, au Sénégal, des fois. Non, mais elle vient de France. Mais en fait, c'est juste parce que je suis psychorigide et je suis disciplinée. C'est que ce n'est même pas je viens parce que je viens d'Europe ou Occident et que j'ai envie d'imposer. C'est parce qu'au moins, tu me donnes une heure, c'est ça. Je suis tellement carrée que là-bas, je souffrais. Je souffrais énormément. Je ne savais pas quand le billet allait arriver. C'est quand j'étais dans... Et il fallait que justement, que j'accepte. Et c'est ça qui est magnifique. Parce que j'ai réussi à choper ça. Ça veut dire qu'il fallait que je sois une athlète qui s'adapte à tout, être prête pour tout. C'est-à-dire que moi, je pouvais avoir un billet deux jours ou trois jours avant. Je pouvais dire à Asma, tu pars à moi toute seule. Donc, il fallait que j'apprenne certaines choses. Et donc en fait, même dans la difficulté de cette carrière, ils m'ont appris à... Ils m'ont monté mon level en réalité. Même si au début, je ne vais pas dire que tout est rose. J'étais là, je les engueulais, je n'étais pas bien, ça gueulait. Mais en réalité, du recul aujourd'hui, ils m'ont créé des skills. J'arrive à gérer, parce que nous, c'est une date. Et j'arrive à gérer certaines choses, même dans le boulot. Maintenant, aujourd'hui, dans mon travail, quand je fais des... Et c'est grâce à l'organisation du Bled. Grâce à l'organisation du Bled, j'ai réussi aujourd'hui que lorsque j'ai des trucs qui sont dernières minutes, j'ai des galas. C'est... je suis large, ça c'est rien ça je suis large et du coup j'ai pris des skills grâce à eux donc j'ai rendu le truc un peu positif donc je les remercie pour ça bon il faudrait qu'ils changent quand même pour la nouvelle génération quand même mais en réalité c'est top pour ça et je dirais Düsseldorf parce que ce moment là en 2014 c'était une dinguerie vraiment dingue je fais tourner à paris juste avant à bercy je perds contre la gagnante au deuxième tour c'était bolder à meyer je tombe la semaine d'après je pars à d'autres d'office et pour qu'il y ait un tournoi paris et bercy le grand chêne de bercy et le grand prix de solvay maintenant il est devenu grand chêne c'est un des plus prestigieux et je n'avais même pas pensé à la médaille d'or arrivée là bas je fais bon combat par combat elle était là en fait combat par combat ça gagne deuxième tour ça gagne je tombe sur celle qui gagne le persil et la tape ou quart de finale j'arrive coréen la tape oh et là j'arrive en demi pareil ça gagne et là j'arrive en finale je prends médaillé olympique La médaille est mondiale, championne d'Europe, très solide, une anglaise, je gagne. Et là je me retrouve, et en fait c'est bizarre cette journée, parce que je n'ai pas encore réalisé que j'étais là. En fait c'est drôle parce que même quand je gagne, je suis en gratitude. le ciel acheter là et là je monte sur le podium et là je me rends compte qu'ils ne font pas mon passé mon podium tout de suite parce qu'ils étaient en train de chercher le drapeau c'est la première fois d'histoire et je me rappelle il y avait un quelqu'un qui s'occupe du maroc il ya un un peu émue, c'est la première fois dans une compétition de prestance que ce ne soit pas en Afrique, où le drapeau marocain monte. C'était émouvant. Là, c'est les regards des autres qui m'ont fait prendre conscience que c'est un truc de dingue, qu'est-ce que je viens de faire ? C'était une folie. Ça a commencé à parler en France, elle part de là-bas, et en plus, elle gagne. C'est à partir de ce moment que je m'étais promis... Déjà, ça a commencé à parler. Ça m'a mis un ancrage de dingue de me dire, c'est bon, j'ai ma place. Et là, j'avais 31, 32 ans. Donc, je gagne un grand chenet en commençant 10 ans avant. Et là, je me dis, finalement, moi, les Jeux Olympiques, ça se mérite. Il faut être dans le top, pour moi, 16. Il n'y a pas deux, parce que des fois, il y a des quotas, un quota. Et moi, je m'étais toujours refusé ça. Et donc, à un moment donné, je me retrouve quatrième mondiale. Je commence à être dinguerie. Bon, championne d'Afrique, ça, c'est sans compter. Je commence. à passer des tours, demi-finaliste au championnat du monde.

  • Speaker #0

    Au championnat du monde, les Africains ne battent pas les Japonais. Je tape une Japonaise, le premier Africain à taper une Japonaise dans le championnat du monde. Donc voilà, c'était la folie toute cette carrière. Et au final, je n'arrive même pas à retenir le podium. Vraiment, c'est le message que j'ai laissé aux gens. Et du coup, il y a plein de gens, j'ai remarqué, qui disent ça. Ils disent je continue, je suis devenue une référence, Asma elle est encore là, il y a le père Même en France, je continue encore. Et j'ai vu des gens qui devaient arrêter, mais qu'ils ont vu. Attends, on continue encore quatre ans. Donc, j'avais donné un peu l'espoir à ceux qu'on leur disait que c'était mort. Et ça, c'était puissant. Je suis devenue une référence dans ça. Donc, ça me faisait plaisir.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est bien parce que c'est marrant. Parce qu'on parlait d'héritage tout à l'heure. C'était le mot que tu as saisi tout à l'heure. fait, il se transmet également avec les professionnels. Parce que là, on parlait d'héritage par rapport à la jeunesse, etc. Mais au final, tu l'as même avec les professionnels. Ça aussi, c'est quelque chose d'agréable. En fait, tu arrives à transmettre des choses que ce soit chez les petits, les grands, les pros, les pas pros,

  • Speaker #0

    etc. et c'est là où je me suis aperçue que c'était au delà du sport parce que maintenant j'accompagne beaucoup aussi d'entrepreneurs et c'est pareil que les chefs d'entreprise c'est la même chose parce que c'est au final un chef d'entreprise qui a pas réussi à faire ce qu'il fallait ils ont commencé j'ai quelqu'un que j'accompagne il a ouvert à 50 ans et maintenant ça marche et 50 ans pourquoi pas qu'est-ce qu'on va lui dire autour et c'est la même chose au final ou à 40 ans les entrepreneurs c'est pareil que les athlètes de niveau c'est le même délire ils courent après autre chose mais c'est le même but c'est le même mindset on s'entend bien je voulais te parler de choses aussi importantes parce

  • Speaker #1

    que c'est ton cas je voulais te parler des sports de combat en général et des femmes, tu as vu l'évolution de toute façon depuis un an d'année tu m'as parlé de 2014 notamment est-ce que tu vois que les femmes ont plus leur place enfin, elles sont plus reconnues plutôt parce qu'elles avaient leur place de toute façon, mais surtout, elles sont plus reconnues comme elles devraient l'être.

  • Speaker #0

    Oui, il y a des avancées. Il y a vraiment des avancées, ça je le vois. Parce qu'aujourd'hui, le sport, c'est... Il y a beaucoup de communication autour de ça. Avant, on ne passait pas autant... Avant, c'était drôle parce que les filles, c'était 4 minutes, les garçons, c'était 5 minutes. Maintenant, ils ont mis les mêmes. En judo, c'est un peu différent. Par exemple, je peux prendre le MMA. Avant, on ne regardait pas beaucoup de combats de femmes. Moi, je me souviens, on m'avait proposé de faire ça après Rio ça remonte, oui oui en 2016 mon profil plaisait beaucoup on me dit ah t'apprends vite et tout et il y en a plein qui me disent Asma toi en MMA en 2016 là t'aurais été comme les Aranda Rousset et tout le monde m'a vu là-dedans t'aurais fini dans le catch à la Aranda Rousset après moi je me vois pas dans une cage je me vois pas j'arrive pas à taper une fille dans le visage c'est quelque chose qui me tue enfin j'arrive pas après je me vois pas je respecte le sport je regarde les deux ils sont ok mais moi je sais que quand j'ai essayé à un moment donné je devais taper sur la tête j'ai dit en fait comme j'accepte pas de le faire donc c'est moi c'est elle qui va me taper donc je vais être quelqu'un de trop gentil donc je sais que voilà mettre sur le dos et pourtant je suis rude enfin je suis rude au judo et tout Mais me retrouver comme ça dans une case...

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on a beaucoup de judokas, judokas qui s'y sont mis.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Il y a Blue, il y a Zouak. Il y en a, mais je sais que moi, c'est quelque chose où je n'y arrive pas.

  • Speaker #1

    Les poings, les pieds,

  • Speaker #0

    non. Au sol, au sol, je n'y arrive pas. Tout comme ça, au sol. Il faut avoir ce truc. Moi, je n'ai pas cette rage d'aller au sol, taper... Il y a du sang et tout. Non, non. Je ne sais pas. Après, ce n'est pas que je ne conçois pas. Chez Chaka, encore, j'ai un grand respect pour ceux qui le font parce que les deux, ils ont signé. Mais moi, je sais que c'est quelque chose qui est au-delà de moi. Je ne peux pas.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est particulier. Comme tu l'as dit, il y a la cage. Déjà, la cage en elle-même, elle fait guerre. C'est vraiment, tu rentres pour faire la guerre déjà dans une cage.

  • Speaker #0

    Après, moi, je suis un peu ancienne. Moi, je suis le sport du noblard. Moi, je suis une grande fan de boxe. Vraiment, la boxe, je peux passer des heures à regarder. Je préfère regarder un match de boxe. Voilà, un bon match de boxe. Et je ne pense même pas que... le MMA remplacera la boxe, la boxe ça reste la boxe c'est pour ça qu'elle a plus de hype aux Etats-Unis donc là voilà j'aime bien l'univers de la boxe, j'aime bien accompagner des boxeurs parce que je comprends beaucoup leur univers et c'est encore plus atypique que le judo sur la façon d'accompagner un boxeur et en fait voilà j'aime beaucoup l'univers de la boxe donc je regarde donc si t'avais pas fait de judo t'aurais fait de la boxe ? Même pas même pas, non non même pas même pas, le judo sincèrement peut-être Ce jour là je serais rentrée dans le bobsleigh, j'ai rencontré, j'étais au ski, je rencontre un prof au bobsleigh, il y a une équipe comme la Jamaïque. On m'a dit, Asma, viens. J'ai dit oui, je suis sprinteuse, j'y vais. Je suis douce, j'y vais comme ça. J'accompagnais un jeune qui faisait, je gardais, j'étais avec lui, je suis rentrée là-dedans. Et pour te dire, l'odeur était atroce, je ne voulais même pas rester là-dedans. Pyjama, les pieds là. Et c'est juste parce qu'il m'a dit, oui, tu vas aller loin. Alors moi, j'ai dit, bon, je vais faire les jeux là-dedans. Je ne sais pas, il y a un film qui me touche beaucoup et à chaque fois, je verse des larmes. Tout le monde me dit, mais pourquoi tu pleures dans ce film ? Parce que je comprends tellement cet athlète, c'est Eddie the Eagle. Et à chaque fois que je le regarde, j'ai des larmes aux yeux quand il est là, petit, avec sa petite boîte, et qu'il fugue et qu'il reste dans le bus. Et son père, il dit, mais tu vas où ? Il dit, je vais au Jeux Olympiques. Et là, il est là tout le temps à vouloir aller aux Jeux Olympiques. Et en fait, c'est son histoire parce qu'il a tout essayé. Sauf que lui, il n'était pas bon déjà. Mais il a fait quelque chose d'exceptionnel à la fin. Il apprend un sport en moins d'un an et il arrive à être le premier Anglais. à être dans le ski et le saut. Il a fait un truc juste exceptionnel. Et son histoire, elle est trop touchante parce qu'elle me fait penser un peu à moi. Parce que c'est cette obsession des Jeux, quitte à choisir ce sport extrême et qu'on ne comprenait rien et qu'il s'est cassé la gueule 10 000 fois. je me voyais au judo. Et en fait, son histoire me fait beaucoup, beaucoup penser à moi.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a l'envie, justement, de transmettre la discipline du judo à des jeunes ? Ou peut-être, tu m'as dit que tu encadrais aussi des boxeurs ou d'autres sports.

  • Speaker #0

    Moi, ce n'est pas dans le physique. Avant, je le faisais. Maintenant, je suis vraiment dans le mental. Je me suis formée pour ça. Et puis, pas que les athlètes. J'accompagne M. et Mme Tout-le-Monde en thérapie. Et voilà, je suis aussi... Enfin, je... Je suivis les facultés de psychologie et psychanalyse. Donc aujourd'hui, je suis aussi marraine du socle. Après, je ne sais pas si ça vous dit quelque chose. C'est tout l'univers de la psychologie et de la psychanalyse. Ils ont ouvert un socle où je suis très contente d'être marraine. C'est un truc un peu international qui va gérer des études vraiment sur la santé mentale. C'est intéressant. Pas qu'en France. Et donc, moi, la santé mentale, c'est mon dada. J'aime beaucoup ça. Et qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, un être humain, il y a plus de dépression ? Qu'est-ce qui fait ? Moi, je lis beaucoup ça, la sédentarité, parce que l'être humain ne bouge moins. Et c'est pour ça qu'il y en a beaucoup plus. Et le fait d'être sédentaire, déjà, sur l'impact physique, c'est juste une catastrophe. Mais en même temps, ça joue sur les hormones et ça joue sur le cerveau. Et donc, voilà, j'essaye de sensibiliser là-dessus et de faire un peu un combat contre la sédentarité.

  • Speaker #1

    C'est vrai que la santé mentale, on en parle de plus en plus, surtout au niveau des sportifs, parce que... Pendant des années, ils n'ont pas du tout été accompagnés. Et on a vu que l'après-carrière, ça pouvait être une catastrophe pour beaucoup. C'est bien de voir enfin des structures comme ça apparaître et de voir qu'on encadre un peu plus les sportifs ?

  • Speaker #0

    Alors, souvent, je ne sais pas, il y a un neuropsychiatre, Boris Surinik, il a écrit un livre qui dit... Son livre, il s'appelle Moi, j'aime le sport de petit niveau Et c'est vrai qu'il avait... J'avais fait une étude sur l'INSEP et dedans, il y avait une psychiatre qui avait appelé l'usine à dépression. Pourquoi ? Parce que lorsqu'on les a fait, ils ont fait une étude, mais à part ça, c'était un Australien. Il avait suivi, je ne sais pas, peut-être 3000 athlètes. Et il s'avère que les athlètes, ils ont des mots. Parce que pour aller...... pour endurer autant de souffrance, il faut qu'il y ait une espèce de douleur qui est au même niveau. Donc, ils subliment, en quelque sorte, comme les peintres, ils subliment. Ils font quelque chose de super. Il vaut mieux ça que faire quelque chose d'autre. Mais dans le terrain de l'athlète, il est déjà très fragile. Il n'y a pas plus fragile qu'un athlète. On les voit fort, ce n'est pas du tout ça. C'est pour ça le paradoxe de l'athlète qui est juste extraordinaire. Par exemple, Nada, il le dit, qu'il est très, très fragile. Les Joko, on les voit. dans le terrain il n'y a qu'à voir de comment ils cassent leur raquette avec Roland-Garros de comment ils sont énervés comment ils ne peuvent pas gérer leurs émotions et donc à partir de là c'est qu'il y a quelque chose à l'intérieur de cette colère de ce et c'est répétitif c'est quelque chose qui est récurrent et donc il y a quelque chose qui ne va pas déjà et enfin Benoit Paire je ne sais pas si c'est une psychanalyse qu'il lui faut mais bon il y a quelque chose qu'il n'a pas appris dans sa carrière sans le tacler ou le mettre une balle perdue c'est que c'est malheureux en fait de voir qu'un joueur aussi bon que je pense que son trait de caractère et de plein de choses font qu'il a pu peut-être passer sur des victoires, j'en suis sûre. Donc je ne sais pas, peut-être qu'il doit être suivi, je n'en sais rien. Mais en tout cas, c'est ça, c'est cet univers-là que l'athlète a vraiment des névroses. Parce que vouloir être le meilleur, pourquoi ? Voilà. Et en plus de ça, t'es 5 fois, 6 fois, 7 fois champion du monde. Pourquoi tu veux le montrer une onzième fois ? Quelle est la raison de montrer ? Et c'est là, des fois, je me souviens, un entraîneur m'avait dit Si t'es championne du monde, mais personne le sait. Y'a que toi. Allez poser cette question, je t'invite à la noter et de poser la question, je sais pas, même à des joueurs. Bon voilà, tu as gagné la Champions League mais personne ne sait, il n'y a que toi. Tu l'as gagné ? C'est tout bête, c'est bizarre, elle est bizarre mais il y a un... peu de ça. Ça veut dire qu'il y a un côté de reconnaissance. Et c'est là où le danger se met. Ça veut dire que, je dis toujours, la médaille, c'est une récompense. Ce n'est pas un but en soi. Le but, c'est qu'est-ce qu'on a ramassé pendant cette carrière. Et c'est pour ça que la fin de la carrière de beaucoup d'athlètes, il sombre. Et je ne sais pas si tu as vu Thomas. le boxeur. Ça m'a beaucoup touchée. J'avais envie d'y écrire un message, d'ailleurs. Parce que, vraiment, j'étais touchée par son témoignage d'avoir rejeté, il était passé, je ne suis pas dans une mission, et il avait rejeté complètement sa carrière. Ça ne lui avait servi à rien et tout ça. Il avait sombré dans l'alcool. Tout cet univers-là. Et c'est ça, en fait. Au final, c'est de ne pas s'identifier à la médaille. C'est-à-dire que la médaille, elle peut partir. Et si elle part, parce qu'il y aura un autre champion. Je ne sais pas si tu te souviens d'Arbelé. Oui. Voilà. Donc vice-champion olympique à Pékin. La nouvelle génération qui est là, elle est quand même vice-champion olympique. J'avais un jeune au judo que j'ai déposé parce qu'il n'habitait pas très loin de chez moi. Il en parlait et puis je lui ai dit d'arbeler, il me fait c'est qui. C'est là où je me suis rendu compte à quel point que ça y est. C'est ça. Et c'est ça, en fait, que j'explique. C'est qu'un jour, il y a quelques-uns qu'on oublie. Maintenant, les jeunes, ils connaissent Douillet vite fait. Attention, Douillet, il faut leur en parler. C'est Riner. Et en fait, on n'est pas éternel. Et c'est ça, en fait. C'est s'accrocher à cette médaille de notoriété face à la médaille. Elle n'existe plus. On va t'oublier. Comme il y a des joueurs de foot qu'on a oubliés et qui n'existent plus. Et donc, qu'est-ce que toi, tu fais de ça ? C'est quoi le message ? Et donc, moi, je... sais que j'ai réussi à fructifier. Je ne suis pas médaillée mondiale. J'étais demi-finaliste deux fois à pied du podium au monde, malheureusement.

  • Speaker #1

    Ce qui est déjà...

  • Speaker #0

    Avec le parcours, c'est déjà énorme. Avec mon parcours, j'aurais dû peut-être avoir plusieurs médailles. Mais je sais que j'ai réussi à fructifier ce don. Parce que c'est un don, ce parcours. C'est un don. Je me remercie Dieu. Je suis très fier de ce parcours. Et j'ai réussi à le fructifier déjà par un livre, et puis par l'accompagnement, et puis par ce... cette transmission.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est important. On en revient toujours à la même chose. Le côté héritage. Qu'est-ce que tu vas laisser comme héritage ? Qu'est-ce que tu vas apporter ? Qu'est-ce que tu vas retenir de ce que tu as fait par le passé ? Et la déception d'une carrière ou pas ? Comme tu l'as dit, oui, il y a la coupe. Mais toi, est-ce que tu es content de ta carrière au final ?

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est vrai, hier, j'avais les larmes aux yeux. La petite anecdote, c'est comment je séchais le français. Parce que c'était la matière qui était la plus dure pour moi. Parce que le maths, ça va. L'anglais... Mais dès qu'on était en français, ils pitaient ta tribu du sujet. Le français, il galère. Les trucs, les machins, les dictées, c'était vraiment un enfer pour moi. J'avais une copine à qui je pouvais tricher un peu. C'était horrible. Et alors, qu'est-ce que je faisais ? J'étais dyslexique. Je le suis un petit peu encore, mais je suis à deux bases. C'est-à-dire que dans une phrase, je peux voir l'inverse. Mes yeux partent de l'autre côté. J'ai du mal, des fois, avec les mots. Et pourtant, j'aime tellement lire. J'en ai tellement lu. Ma bibliothèque chez moi, elle est... Elle est juste incroyable et je suis passionnée de la lecture. Et c'est parce que je pensais... que le fait de lire, ça allait m'enlever la dyslexie. Alors que la dyslexie, elle n'a rien à voir, c'est des gènes. Ça vient des gènes, ça n'a rien à voir avec l'intellect, en fait. Et moi, je pensais, j'avais mis dyslexie, bête, et c'est l'intellect. Et donc, on m'expliquait ça à l'époque. Je crois qu'en plus, c'est même un surveillant qui me l'avait dit. Oui,

  • Speaker #1

    c'est comme la 4ème techno.

  • Speaker #0

    Voilà, voilà. Et donc, j'avais appris que c'était par les gènes. Ça doit être ma mère ou quelqu'un qui l'a dans la famille, ou mon père, j'en sais rien. Et j'avais appris aussi que beaucoup de... de gens brillants, genre comme Einstein, enfin plein de gens, plein qui étaient des mêmes des grands écrivains dyslexiques. Et donc je séchais pour aller dans cette médiathèque. Cette médiathèque, elle est juste incroyable, elle est au premier étage de mon collège, et je passais des heures, en plus j'avais vraiment une gentille... Ceux qui travaillent dans la médiathèque. Elles étaient là dans la bibliothèque du collège. Et elles ne disaient rien. Elles savaient que j'étais chez le français. Mais elles ne me laissaient rien. C'était mon problème. C'est moi qui allais me faire engueuler. Mais elles me laissaient lire. Elles me laissaient lire. Et en fait, le fait qu'hier, j'ai déposé ça là-bas, j'ai eu larmes aux yeux. Parce qu'en fait, il y a une espèce d'endroit qui n'a pas changé. Ils mettent, par exemple, les biographies ou ils mettent psychologie. Tout est bien fait. Et là, je suis partie le poser. Il sera là, un jour je ne serai plus là et le livre sera là. Comme moi, je reviens 25 ans après dans ce collège et rien n'a bougé. Et là, j'ai ressenti, je pense pour la première fois, il n'y a aucun podium. qui m'a procuré ça. Et pourtant, j'en ai gagné des médailles, six fois championne d'Afrique, des médailles Grand Prix, Grand Glem, des trucs, les médias, les trucs. Mais il n'y avait rien qui m'a... Il y avait quelque chose de spécial quand j'ai déposé, comme si... Waouh ! cette sensation que peut-être que j'ai recherchée dans le judo que je n'ai jamais retrouvée que j'ai réussi à la trouver en déposant ce livre là-dedans c'est fort et donc c'est pour ça que je laisse ce message pour dire qu'en fait il y a aussi ça des fois on peut aller chercher certaines choses ailleurs alors qu'en réalité c'est

  • Speaker #1

    dans ça je veux revenir un peu justement sur le judo rapidement, je voulais savoir pour toi quel était l'avenir du judo féminin que ce soit en France ou même au Maroc ou même au Sénégal d'ailleurs par rapport à tes origines est-ce que tu le vois évoluer là-bas et par rapport en France est-ce que tu vois les filles encore plus présentes etc non moi je vois vraiment des problématiques parce que les problématiques qui se posent c'est que tant que on

  • Speaker #0

    va dire tant qu'il n'y a pas de structure réelle et de double projet ça ne peut pas marcher moi je me bats pour ça beaucoup beaucoup, beaucoup, beaucoup en Afrique pour ça, pour qu'ils mettent le double projet. Et tant qu'il n'y a pas ça, ça ne peut pas fonctionner parce que déjà, les Marocains, le judo, c'est un sport populaire. Ce n'est pas vraiment une population très, très, très aisée. C'est comme au Brésil, les favelas, ceux qui font du sport, là-bas, ça ne va pas être des sports comme le tennis ou le golf, mais ici, tu peux être aisé ou pas, tu peux faire du judo. Là-bas, non. Ça, moi, moyen de s'en sortir. Donc, jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas de double projet réel. Il n'y a pas vraiment quelque chose de concret. Tant qu'il n'y a pas ça, ça ne pourra pas avancer. Un judoka, enfin un sportif, il doit être éduqué. Éduqué dans le grand sens du terme. Qu'on lui donne la possibilité non seulement de briller, mais il faut qu'il ait confiance en lui. Qu'il n'ait pas que ça pour s'en sortir. Donc, qu'il sente qu'il est soutenu dans surtout le plan logistique. Et... Et justement qu'après la carrière, il sait lire, écrire, que ça se passe bien et qu'il est formé à faire un métier. Il y a quelque chose. Donc il y aura moins de panique. Et c'est une question de confiance en soi. Moi, personnellement, ça fait deux Olympiades que je suis en continent africain. Je dis, ils nous donnent les mêmes moyens. Les Africains sont dans tous les podiums. Et ça, je le répète fort et fort. L'équipe de France, on sait très bien que de 48 à Lourdes, c'est des Africains. afro-descendante de la diaspora africaine. Elle représente vraiment. Et ça, c'est factuel. C'est réel. Est-ce que Tuméo, est-ce que Clarisse qui reste au Togo, ça sera Clarisse ? Je ne le pense pas. Est-ce que Dico ? Je peux aller loin comme ça. Tout ce potentiel, j'ai des potentiels humains incroyables au Cameroun. Des fois, ça me fait mal au cœur parce que je n'ai pas envie qu'ils fassent tous une Ganou. C'est bien un Ganou, sa vie, son nom. histoire, on la raconte, mais j'ai pas envie que ça soit... La dernière fois, j'avais dit ça à une conférence. C'est inspirant, mais je ne veux pas que ces gamins traversent. Traversent six fois, sept fois pour aller chercher ce que Galou a fait. Alors, inspirez-vous sur aujourd'hui comment ils sont traînés, mais j'ai pas envie qu'ils soient une inspiration sur sa traversée. Parce que si on s'inspire sur sa traversée, c'est qu'on n'a rien compris. C'est-à-dire qu'il y a combien de personnes qui meurent pour la traversée ? Il a traversé cinq fois. Donc, des fois, ils aiment bien vendre son concept les autres pour dire non. mais c'est inspirant, il a traversé. Moi, je ne veux pas que le jeune Africain s'inspire de ce passage de sa vie. Pourquoi ils iraient traverser cinq fois, six fois, et risquer leur vie pour aller en Occident, alors que chez nous, on a tout ce qu'il faut ? Donc, j'ai envie de casser un petit peu ça, que le mythe du rêve, il est ailleurs, alors qu'il peut être africain. Il y a des pays qui travaillent. d'une façon extraordinaire en Afrique, ça je le sais, mais je dis toujours, ce n'est pas assez. Avec le potentiel qu'on a, avec les cerveaux brillants qu'on a, on n'a pas besoin d'aller chercher ailleurs. Nous, souvent, au Maroc, on va chercher toujours un entraîneur extérieur. On ne fait jamais confiance aux locaux, jamais. c'est toujours on avait un roumain, on avait un français et souvent ces gens là ces entraîneurs là c'est très bien je ne suis pas sur la discrimination quoi que ce soit chaque être humain peut apporter quelque chose à un pays sauf que des fois ils n'apportent qu'un poisson ils n'apportent pas à pêcher ils partent au bout de 3-4 ans, moi je veux que c'est des locaux qui soient formés et qui forment chez eux on a réussi à le faire au foot avec un Walid c'est extraordinaire Et pourquoi pas donner confiance à des gens qui sont locaux et qui font ça. Et ça, je le souhaite au Maroc. Je veux plus être le meilleur palmarès du judo marocain. J'espère que quelqu'un va l'exploser un jour, un jeune ou une fille ou un garçon. Et que ça soit quelqu'un qui ait fait mieux que ma carrière. J'espère vraiment. C'est vraiment le point le plus sensible chez moi parce que je ne vois aucune évolution là-dessus.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas envie de devenir la Yannick Noah du judo marocain ?

  • Speaker #0

    C'est un peu différent parce qu'il faut appeler un chat à chat, c'est un milieu très patriarcal. Moi, je suis une femme et j'arrive là-dedans. Je pourrais apporter une pierre, mais j'essaye à mon niveau. Déjà à mon niveau de le faire en toute humilité. Mais j'espère qu'ils vont donner la chance à une jeunesse. Il y a une jeunesse qui est brillante, qui est incroyablement brillante. On leur donnera un peu la chance de pouvoir. Juste pour ne pas que les athlètes, parce qu'il y en a combien qui partent et qui ne reviennent pas. On le sait, j'en connais beaucoup qui sont partis, qui ne sont plus revenus. Je ne veux plus de ça. Je ne veux plus qu'il y ait d'athlètes qui viennent et on ne les voit plus dans la chambre. Ils ont disparu, ils sont en papier, ils travaillent. Je ne veux plus qu'il y ait de ça. Je veux que l'Africain, que ce soit Afrique du Nord, qu'il soit fier de rentrer chez lui parce qu'on s'occupe bien de lui. Et on est capable de faire ça. Et donc moi, je... Et puis il y a la diaspora qui a une grande responsabilité de ça. Et moi, je sais que je me sens responsable aussi de ça. Il faut savoir redonner de l'où on vient. Et moi, je viens vraiment de là-bas, je suis née là-bas.

  • Speaker #1

    Ton avenir, c'est quoi d'ailleurs ? Justement.

  • Speaker #0

    Alors moi, mon avenir, je le vois, ça j'en sais rien, mais mon avenir, je le vois toujours dans un mot. Et il me suffit ce mot-là. J'aime bien le mot service Parce qu'en fait dans mon métier, c'est un peu dangereux dans le sens où si on se trompe, on n'est plus vice-serviteur. C'est-à-dire que comme j'accompagne, je suis dans l'accompagnement et j'aide à peut-être changer des vies. des fois, on peut se sentir saucé et puis on peut se transformer dans le sens où, tu vois, là je vais rentrer un peu dans un côté spirituel, on peut croire que c'est grâce à nous tout le monde, on est juste un canal. c'est pour ça qu'il y a beaucoup de gourous il y a beaucoup de serviteurs t'es un canal, tu accompagnes les gens mais voilà il y a le travail de la personne que tu accompagnes, que ce soit dans la psychologie que ce soit peu importe la thérapie et ça c'est un travail extrêmement dur extrêmement difficile. Et si tu ne travailles pas sur toi, tu peux te transformer en gourou très vite. Et ça, c'est un appel que je fais à tous les gens qui accompagnent, de rester très vigilant sur l'accompagnement dans ce sens. Parce que si il n'y a pas ce travail de soi, on peut se transformer très très vite. Parce que comme on est et on a des retours, plein de retours, tu as changé ma vie, tous les jours, tous les jours, tous les jours. Et là, on les voit dans les réseaux, ceux que tout le temps ils sont saucés, ils commencent à devenir comme si c'était, je ne sais pas qui, non, non, tu es juste un canal serviteur. et revient à pourquoi tu fais cette mission donc voilà moi j'espère tout coeur de rester un bon c'est une bonne serviteur là dessus et d'être me sentir encore que je suis voilà un canal pour accompagner le les gens au mieux et en tout cas je sais que je serai dans le soin tout le temps j'aime bien soigner et continuer des combats à reprendre moi je suis une combattante avis Vraiment, je te le dis, je suis une combattante à vie, donc j'ai des challenges, des dingueries en challenge. Tu veux que je te spoil ou pas ?

  • Speaker #1

    Ah, moi je crois.

  • Speaker #0

    Tu sais, moi je... Ah ouais, parce que là, si je l'annonce, c'est qu'il faut vraiment que je le fasse. C'est la première fois que je l'annonce comme ça, dans un podcast. Moi, j'aime bien, des fois, j'annonce et je me dis... En fait, moi, j'aime bien l'eau glacée. Je fais beaucoup de bain, ceux qui me suivent, ils le savent. que je suis une folle des bains glacés. C'est quelque chose qui me... Parce qu'en fait, le bain glacé, c'est un côté très, très... très stress. C'est un stress qui est énorme pour le corps. Et le fait d'y rentrer et d'être calme, c'est-à-dire qu'on peut gérer tous les stress qui arrivent. Moi, aujourd'hui, j'arrive à gérer mieux les stress qu'avant. Il peut arriver des dingueries, moi, je suis calme. C'est pomperop à l'intérieur parce que... je le travaille tous les jours. Et les bains et les douches froides, c'est fait pour ça. C'est-à-dire que si tu ne sais pas respirer, respirer, c'est les émotions. Tu gères tes hormones. Et donc, en fait, c'est toi qui contrôles tout ça. C'est pas tes hormones qui te contrôlent, quoi. C'est pas tes émotions. Donc, je fais beaucoup des bains glacés. Il y a un côté, pas que physique, il y a un côté très, très mental dessus. Et là, je me suis challengée à une dinguerie. J'ai envie de faire 40 mètres sous glace dans les Alpes. Là, en fait, il y a un autre trou à 40 mètres. Et donc, tu respires une fois et tu pars en apnée. Et là, tu ne peux plus sortir ta tête. Et 40 mètres en apnée pour l'instant, 40 mètres. Là, je suis juste à 25 mètres en apnée. C'est déjà... Et sans combinaison.

  • Speaker #1

    Tu as déjà fait...

  • Speaker #0

    L'eau, elle est glacée. C'est excellent, ça. Pourquoi ça ? Parce que c'est un moment de stress. Après, je ne suis pas toute seule. Il y a des gens autour de moi qui partent s'il y a un problème. Mais en fait, c'est un moment si tu ne t'es pas relâché. C'est... Là, il y a plusieurs facteurs. Il y a le froid, qui est extrême. Tu es en hypoxie, donc tu perds en froid. Tu perds deux fois ou trois fois plus en hypoxie. C'est horrible. Il prend trop d'énergie. Et il ne faut pas être claustro, parce que tu ne peux pas... C'est le côté où tu peux... Si tu es à la piscine, tu fais ça, tu remontes. Là, non. Et tu es dans plusieurs éléments qui sont très stressants. C'est-à-dire que si toi, à l'intérieur, tu n'as pas un sens de calme pour y aller... C'est-à-dire que si tu arrives à faire ça, c'est incroyable. Mentalement, c'est un sport extrême, mais il me fascine. Je passe des heures à les regarder. Ces gens ont une facilité de gérer les tempêtes. Dans la vraie vie, ils devaient être incroyables. C'est ça que je recherche, qui va m'aider à mieux accompagner. Moi, j'aime bien tous ces petits challenges. Ce sera mon challenge en décembre.

  • Speaker #1

    Ah oui, vous l'avez noté, moi je l'ai bien noté. J'ai hâte de voir la vidéo, franchement, ça donne très très envie. Est-ce qu'on aura une suite à Bralcore aussi ?

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #1

    je te prends tous les spoils, t'as vu ? Oui,

  • Speaker #0

    sûrement, sûrement, moi je ne dis pas non. J'ai déjà une idée dans ma tête, mais il y aura, je ne vais même pas dire un, il y aura plusieurs. C'est quelque chose que je sais.

  • Speaker #1

    Il y a une dernière question que je veux te poser, que j'aime bien poser en général quand j'ai des invités, c'est tu revois la petite Asma, là, en train de... On lui dit, tiens, tu vas faire ton BEP cuisine, etc. à l'époque où tu voulais faire autre chose. Qu'est-ce que tu lui dis après tout, maintenant, toi, que tu as fait tout ça ?

  • Speaker #0

    Je la prendrai dans mes bras et je lui dirai tout va bien se passer, juste... juste dans l'oreille, je lui dirais, ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Et je pense que ce truc-là, pourquoi je dis ça ? Parce que c'est quelque chose qu'on m'a déjà posé. C'était une voix interne que j'ai toujours eue, parce qu'il y avait des moments tellement difficiles. Je faisais de la cuisine, c'est juste pour la petite anecdote, et ça m'a renvoyée à une image où j'avais raté le métro et j'étais en octobus. Elle se rappelle une octobus. Une heure du matin, est-ce qu'il y a ? Et là, il était deux heures du matin, j'étais là, je pleurais, je n'étais pas dans l'endroit où je voulais. Encore heureusement qu'il n'y avait pas les réseaux, parce qu'à l'époque, tu ne voyais pas la vie des gens. Si j'étais dans les réseaux, je vois tout le monde dans le sport, et moi, je suis là. J'ai dit, des fois, on était dans une période où on n'était pas à regarder la vie des autres.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et ça,

  • Speaker #1

    c'était une bonne période.

  • Speaker #0

    Ça préservait notre santé. Parce que si tu n'es pas content de faire ce que tu fais, et tu vois l'autre faire, elle va te répéter l'émergable. Moi, je n'étais pas névrose là. Je ne regardais pas. Mais je savais que mes copines étaient là-bas. D'ailleurs, j'allais tout le temps les chercher le vendredi. Je rêvais que d'être à leur place. J'avais pleuré ce jour-là. Je sais qu'il y avait une voix au fond de moi. Je ne sais pas d'où elle est venue. En me disant, ne t'inquiète pas. Tu les auras la vie que tu veux. J'avais accepté à bras le corps de faire ce chemin. C'est pour ça que le titre me parle beaucoup. Et de faire un... un métier tellement éloigné et je pense que le message là-dedans c'est d'être capable d'être dans un endroit on veut pas, mais de le prendre quand même à bras le corps en espérant ouvrir une porte derrière et je pense qu'on voit tous les parcours, c'est que les gens qui ont fait ça, qui ont réussi à faire ça qu'ils y arrivent, je pense, j'ai l'impression à chaque fois je regarde des histoires incroyables, c'est toujours les gens ils se sont trouvés dans les trucs, ils ont accepté d'être dans cet endroit-là, même dans les films et tout et donc voilà, finalement... C'est que j'étais dans le bon chemin, en fait.

  • Speaker #1

    Asma, merci beaucoup. Je rappelle que ton livre À bras le corps est disponible aux éditions Faces cachées. Allez vous le procurer. En plus, la une, elle est magnifique. Franchement, la couverture, elle est vraiment magnifique.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je ne vous spoil pas, mais voilà. Allez voir, allez l'acheter. Suivez Asma sur Instagram également, parce que vous allez découvrir son histoire, sa vie, tous les jours. Et les bains aussi, les bains glacés. Ça, c'est très cool. Merci Asma, c'était vraiment un épisode hyper agréable avec toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi et longue vie à la reine.

  • Speaker #1

    Merci Asma, à bientôt. Voilà, j'espère que ce nouvel épisode vous aura plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager à vos amis, proches, sur vos réseaux sociaux. N'hésitez pas également à mettre des étoiles sur Apple Podcasts, évidemment, et surtout à vous abonner sur les différentes plateformes pour recevoir les notifications de nouveaux épisodes. En attendant, à très bientôt dans la reine.

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Description

#63 L'Arène - Judo : Asmaa Niang en interview

by Saïd El Abadi


Pour ce nouvel épisode, Saïd reçoit dans L'Arène, Asmaa Niang.

La judokate marocaine, plusieurs fois championne d’Afrique et qui a disputé les Jeux Olympiques, sort son premier livre À bras le corps, aux éditions Faces Cachées..
Au menu : le judo, ses modèles, la résilience, l'UNSS, le CAP, l'éducation, la transmission, le MMA, le Maroc, le Sénégal, Francis Ngannou et tellement de sujets…


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut à toutes et à tous, c'est Saïd, bienvenue dans la Rome. Je suis heureux de vous retrouver pour un nouvel épisode. L'arène de nos podcasts qui nous plongent dans l'univers hors de nous. Salut Asma et bienvenue dans le podcast La Reine.

  • Speaker #1

    Merci, merci, merci. Je suis très contente d'être une invitée de La Reine.

  • Speaker #0

    Alors si je te reçois aujourd'hui, c'est pour parler un peu de ta belle carrière, qui n'est pas terminée, de ta carrière de ju... présenter auprès du grand public pour savoir qui tu es ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis Asma Niang, une athlète olympique qui a participé à Rio 2016, Tokyo 2020 plus un, forcément avec le Covid. Après, je ne suis pas qu'une athlète. Voilà, souvent je le dis, je suis un peu une athlète à parcours un peu biscornu et atypique. J'aime bien ces deux mots. Et donc, je fais aussi de l'accompagnement. Je suis thérapeute, je suis préparatrice mentale. conférencière et là, je deviens autrice.

  • Speaker #0

    Alors justement, on va parler d'abord de ton livre avant de parler de tout ça. Pourquoi écrire un livre ?

  • Speaker #1

    Pourquoi pas ? Non, je plaisante. J'aime bien la sortir celle-là. Pourquoi pas ? Alors en fait, en réalité, c'est écrire, c'est quelque chose, un exercice que j'aime faire depuis longtemps et puis en fait, j'aime la transmission. Le mot transmission, c'est l'étymologie, déposer au-delà, laisser quelque chose et écrire. Vous savez la petite anecdote, hier j'étais au collège, mon ancien collège où j'ai passé ma scolarité et je leur ai fait une petite conférence à des étudiants, enfin des collégiens, c'était 200. Et ils m'ont posé cette question en réalité. Et en fait, c'est parce que là, je suis devant eux avec ce bouquin et je vais le déposer à la médiathèque. Je vais laisser cet héritage de ce parcours pour que ça puisse, je l'espère, inspirer de la façon qu'il est fait. Mon livre, il est fait d'une façon aussi atypique par rapport à d'autres livres biographiques. Et je pense que c'est pour cette raison. C'est la transmission qui me pousse le plus, toujours.

  • Speaker #0

    Tu as dit le mot héritage. C'est quelque chose qui est important ?

  • Speaker #1

    pour toi ? Ah oui, complètement. Complètement, parce que moi, c'est quelque chose qui m'a aussi aidée. Alors, c'est vrai que moi, j'étais jeune, je m'identifiais beaucoup à tout ce qui était les afro-américains, parce que quelque chose qui me ressemblait, forcément, en France, on n'était pas trop sur la lecture, à écrire surtout. Je ne connais pas beaucoup d'athlètes avec qui je pouvais m'identifier, qui écrivaient des livres. C'était une réalité. Et c'est très difficile d'en trouver. Et là, je vous parle d'ici plus de 20 ans, 25 ans. ans. Donc les seules où je pouvais trouver des choses où, on va dire, qui mettaient plus en avant leurs mots A, U, X, leurs difficultés, leurs échecs. Et je trouve que les anglo-saxons, ils sont très très forts là-dessus. Ils montrent toutes leurs filures, leurs échecs, de combien ils ont raté. Et moi, je le trouvais que chez eux. En France, non, pas du tout. C'est quelque chose qui était très masqué. Il y a 25 ans, on ne parlait même pas de ça. Il fallait montrer tout ce qui était beau. Et toutes les difficultés, on ne les montrait pas. Donc on... Pour une jeune fille ado de 15 ans, c'est quelque chose d'extrêmement difficile pour moi. Donc je suis partie les chercher chez les afro-américains. Donc j'ai toujours réussi à regarder des docus, que ce soit Marion Jones, que ce soit toutes les histoires, Michael Jordan, Tout l'univers, Mohamed Ali, et je me suis inspirée de tout ça. Et donc ils m'ont laissé quand même un héritage, parce que c'est aussi cette identification, cette inspiration qui m'a poussée aussi à dire que c'est possible. sur certaines choses de leur parcours qui étaient difficiles. Donc voilà, à mon tour, j'ai envie de laisser quelque chose.

  • Speaker #0

    C'est impressionnant parce que, alors je ne vais pas rebondir sur Mohamed Ali et Michael Jordan, mais tu as cité Marion Jones. Moi, je fais partie de cette époque qui a suivi Marion Jones et à l'époque, il y avait même Maurice Green. C'était les deux qui cartonnaient, etc. Ça me fait super plaisir d'entendre ça. Je rebondis dessus. Qu'est-ce qu'elle t'inspirait justement, Marion Jones ?

  • Speaker #1

    On rappelle que c'était le sprint. Après, c'était un grand drame, la pauvre, quand elle a eu toutes ces histoires de produits. Mais c'est... C'est vrai que moi, pour la petite anecdote, j'étais championne de France en UNSS, en athlétisme, et on avait le droit, on fait le panier. Celui qui gagnait faisait les paniers. Et moi, j'ai tout fait pour que ça soit celui... J'ai une belle photo avec Marion Jones, elle devait avoir peut-être 14 ans. Et je me souviens, elle m'avait fait un bisou sur le front. Et c'est vrai, c'est vrai. Et en fait, parce que je prenais soin de ces pointes. Et je me rappelle un truc qui m'avait marqué. Et c'est là où j'avais compris les tocs des athlètes. C'est qu'en fait, j'étais avec le panier et puis elle avait posé ses affaires, mais elle les rangeait vraiment très bien dans le panier. Et c'est vrai qu'à un moment donné, je les ai fait tomber et elle le remettait. Et elle ne m'avait pas engueulé ni rien. Mais pour me faire comprendre qu'il faut que ces affaires soient de cette manière-là. Et c'est à partir de là que je commence à comprendre que... Comme Nadal, ce qu'il fait avec ses bouteilles. Aujourd'hui, moi aussi, je le fais sur plein de choses. C'est ce rituel, ces talks, toutes ces encrasses, toutes ces choses-là pour arriver à exceller. C'est toutes ces petites choses qu'ils mettent en place les athlètes. Je les avais découvertes comme ça avec Marion Jones. C'est tout cet univers de Marion Jones. Après, il y a eu Perrec, il y a eu des Françaises. Mais c'est vrai que moi, j'aimais beaucoup tout ce qui était afro-américain.

  • Speaker #0

    Moi, je me souviens de Maurice Green. J'essayais de l'imiter avec sa langue tout le temps, avant chaque course. J'adore cette anecdote. Bravo, franchement, ça fait plaisir de parler de Marion Jones et d'athlétisme en plus, parce que cette époque a été pas mal l'athlétisme américain. On a eu des beaux sprints.

  • Speaker #1

    Il y avait une belle génération, bien sûr.

  • Speaker #0

    Justement, tu me... Tu m'as parlé des tic et toc, entre guillemets, de ces sportifs. Tu m'as dit que tu en avais quelques-uns. Tu peux nous dire tes petits secrets comme ça ?

  • Speaker #1

    Moi aussi, j'ai quelque chose avec le panier. Maintenant, j'arrive à le comprendre. C'est vrai que je suis un peu maniaque aussi sur plein de trucs. de choses. Donc mes chaussettes, il faut qu'elles soient rangées d'une manière. Un petit détail, j'ai toujours la même gourde. Ma gourde, il faut qu'elle soit posée dans une façon, pas d'une autre. Ma façon de plier, le judogi, on en a tous. Les autres appellent ça des névroses chez l'athlète, mais je sais que c'est des petites choses qui font que ça nous rassure. L'athlète cherche toujours des petites choses comme ça qui... qu'il le rassure, au-delà de tout son travail qu'il met en place. Après, voilà, c'est des rituels, plus qu'autre chose.

  • Speaker #0

    Alors, pour casser le mythe, ce n'est pas un rituel. Par exemple, tu te dis, ça a fonctionné, j'ai gagné, je le refais. Si j'ai perdu, je ne le refais pas. Tu le fais quand même, même en cas de débordement.

  • Speaker #1

    Tout dépend, tout dépend. Après, moi, je n'en reste pas trop non plus là-dessus. Mais c'est vrai que j'ai toujours les mêmes chaussettes. Ça, c'est quelque chose que je perds ou je gagne. Je sais, mes chaussettes, je les ai. C'est des chaussettes qui me chauffent bien les pieds. Donc, voilà, je n'aime pas ne pas les avoir. Mais s'ils ne sont pas là, je suis avec. Mais ce que je veux dire, c'est qu'on a quand même ce petit rituel qui est constant.

  • Speaker #0

    On peut en parler un peu de ta carrière maintenant, de judo 4. Alors, comment ça se fait que tu aies tombé aussi tard dans le judo ? Parce que c'est vrai qu'à notre époque, ou même avant, on dit souvent aux jeunes, mettez-vous à 5-6 ans, c'est un des premiers sports qu'on dit de faire aux enfants pour apprendre à tomber, apprendre à se mesurer à l'adversité, etc. Et toi, tu es tombée plus tard ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que moi, je ne suis pas née en France. Je suis née au Maroc, à Mohamedia, et je suis arrivée à l'âge de 11 ans. Donc, je ne parlais pas du tout français. Pas du tout, pas du tout. Donc, je devais m'habituer à la langue, barrière de la langue. Et puis, comme en France, on est très, très bon pour faire apprendre les langues, c'est ironique parce qu'on ne parle pas anglais. Donc, j'avais du mal à comprendre, de la compréhension de la langue, tout simplement. Et au bout d'un an, on est dans un cursus normal. Donc, je me retrouve dans mon collège. Et dans ce collège-là, forcément... moi, j'avais la barrière de la langue, donc moi, j'avais un don, j'étais très bonne en sport, et je pense qu'ils auraient dû me détecter à ce niveau-là. Je pense que je serais peut-être à la période aux Etats-Unis ou en Angleterre, ils m'auraient détectée, ou en Allemagne, mais en France, on ne met pas le sport comme priorité, alors que pour moi, être bon en EPS est aussi bien qu'être bon en maths et en sciences, et je n'arrête pas de prôner ça, que l'EPS et le sport, on a plus besoin dans la vie que certaines matières, Et ça, c'est malheureux qu'aujourd'hui, le sport ne soit pas aussi mis en avant. Et donc, j'avais un don. J'avais vraiment un don. Et de comprendre vite, c'est-à-dire que pour comprendre et acquérir un sport, il faut avoir de l'intelligence. C'est-à-dire que refaire la technique, comprendre le concept du jeu, son corps, entre l'information qui vient au cerveau et l'exécution. Et donc, c'est un don, vraiment un don chez les jeunes quand ils l'ont. Donc, il n'est pas vraiment pris à la légère. Et donc, on m'a dit échec scolaire. Donc, moi, je ne suis pas partie en sport. études. Donc moi, j'ai beaucoup pleuré. Énormément, j'avais toutes mes copines qui partaient en sport études et moi, privée de ça, je me retrouve avec un BEP CAP. Voilà. En plus de ça, à l'époque, ce qui était drôle, parce que je pars en CAP BEP Bac Pro, dans cette voie professionnelle et on avait collé le professionnel comme un échec. Donc moi, c'était tous les cancres qui allaient en BEP. Donc vraiment, c'était nul. Va en BEP. Et donc en réalité, deux choses, c'est-à-dire qu'on ne valorisait pas Cette voie professionnelle qui est juste... Moi, je me souviens, j'avais une copine, elle était bonne à l'école et tout se passait bien, mais elle avait envie d'être pâtissière. Et c'est tout, elle n'avait pas envie de faire des grandes études, c'était son rêve d'ouvrir une pâtisserie. Aujourd'hui, elle a réussi. Et à l'époque, on lui disait, t'es trop intelligente pour faire pâtissière et d'avoir un CAP. Donc c'était un peu les mentalités d'avant. Aujourd'hui, ça change heureusement un petit peu quand même. c'était un petit peu ça si tu partais pas dans la voie de général voilà le reste garage forcément si c'est pas je sais pas si tu te souviens de ton époque il y avait les 3e 4e techno eux étaient foutus eux étaient foutus c'était la classe ils sont pas en général et or que non parce que ils apprenaient quelque chose de technique. Mais on ne valorise pas toutes ces choses-là, les métiers manuels, et je trouve ça dommage la façon qu'on peut voir ça. Donc moi, je me suis retrouvée en cuisine et je me suis dit, bon, d'accord, je suis en cuisine, mais je ne vais pas faire n'importe quelle cuisine. Il faut que j'aille dans les meilleurs traiteurs en alternance. Donc j'ai fait chez Potel et Chabot. C'est un des plus grands. Il y en a un à Saint-Pétersbourg, un à New York, un à Duba, je pense, et en France. Et je me suis dit, je vais me trouver chez ce grand traiteur. Et voilà, je suis restée un bout de temps. Jusqu'à ce que finalement, qu'une brûlure, j'ai dû arrêter. J'ai fini mes diplômes. Je faisais un peu d'intérim, comme ça. Mais le tiroir du rêve olympique, il était encore dans quelque part. Mis à part ça, j'ai fait beaucoup de perfs, par exemple au Hand. J'ai fait beaucoup de... J'étais championne de France au moins de 18 ans avec Nina Canto, qui est dans la même équipe. Nina Canto qui était dans l'équipe de France de Hand, qui a fait Pékin et Londres. Et Nina qui est une de mes meilleures amies jeunes, on était ensemble. Et Nina, elle était dans mon équipe. Donc on était championne de France à Noisy-Grand ensemble. Et ça fait partie des fixes en partie en sport et études, sauf que moi non. D'accord. Donc voilà, qui sont partis, ils ont pu accéder au sport et études sans moi. Et donc je l'ai vu évoluer, je l'ai vu partir. au jeu pendant que moi je suis encore là donc 2008 on parlera de la caserne après et par contre je sais pas pourquoi j'étais persuadée qu'un jour je m'entraînerais au jeu, je ne sais pas comment, avec quel sport c'est un rêve vraiment où tout le monde se moquait mais arrête ton délire t'as 20 ans, tu fais pas de sport tu vas te retrouver au jeu et moi je sais pas, j'ai incarné tout ça donc je rentre dans une salle pour la première fois et je rencontre un prof qui est juste extraordinaire il fait partie des gens qui croient au potentiel tout de suite et puis il me dit même si t'as commencé à 20 ans tu peux aller loin et moi le loin je l'ai vu très loin et il m'a vu tous les jours un peu comme dans les films un peu où tu pars et tu reviens mais vraiment c'était ça c'est tous les soirs j'étais là, je faisais de l'intérim des fois je revenais je restais tard jusqu'à 22-23h pour comprendre la technique parce qu'apprendre ce sport là sur le tard c'est extrêmement difficile quoi, c'est pas mon sport de genre il commence à 4-5 ans à 16 ans mais à 20 ans on est déjà seigneur en fait pratiquement et... Et donc, il m'a dit, je ne vais pas t'apprendre à être judoka, je vais t'apprendre à être une combattante. Et je me souviens pour que ça aille plus vite. Donc, il m'a appris à être combattante. Et je pense que s'il avait commencé avec un, je t'apprends à être juste une judoka, ça prend trop de temps.

  • Speaker #0

    Il a su tout de suite détecter ce que tu voulais au final, dans le fond de toi.

  • Speaker #1

    Tout de suite. Parce que moi, je lui ai dit clairement, je lui ai dit, il n'a été pas surpris parce que tu arrives à 20 ans, je lui ai dit, je vais faire partie, je me rappelle, je lui ai dit, je vais faire partie des meilleurs mondiaux. Je suis. faire les Jeux olympiques. Et puis, il ne s'est pas dégonflé. Il m'a dit, tu peux aller loin dans ce sport. Lui, il était là. Et je lui ai dit, il y a quelqu'un. Il n'a pas dit que c'était bizarre. Il ne m'a pas moqué. Et puis, comme il a cru, je me suis dit, c'est OK. Et je vais continuer comme ça. Sauf que bon, derrière, la cuisine, c'était difficile. Et puis, peut-être qu'à un moment donné, à force qu'on me dise que c'est impossible, c'est dur et tout, je fais, est-ce que c'est ça vraiment ? Parce qu'il faut gagner aussi sa vie. Il faut travailler. Et le destin a fait que je... Un jour, je faisais juste un footing à côté du dojo à Villiers. Il y avait un gradé qui courait à côté de moi. Là, il commençait à me parler. J'avais une bonne foulée, je cours assez bien. Il m'a dit, c'est bon, tu cours assez bien. Du cardio, tu sais, maintenant, on a ouvert aux femmes les pompiers. Comment ça ? Il m'a dit, les sapeurs-pompiers, c'est militaire, armée de terre, génie. Dans les casernes, il n'y avait pas de femmes. Maintenant, il y en a. C'est quoi le métier ? Je connaissais les pompiers. Qu'est-ce que ça consiste à faire ? Je ne sais pas. Il m'a dit, nous, on sauve des vies, on fait du sport. Il n'y avait pas que ça. Mais c'est vrai qu'il m'avait dit des choses. Je vais gagner de l'argent à sauver des vies et faire du sport. Donc, je lui ai dit, ça peut être bien. Mais sans forcément que j'ai mis mon rêve olympique, entre guillemets. Je me suis dit, peut-être que je vais faire ça. Mais je ne savais pas où je mettais les pieds. Ah là là là. À ce point ? Il faut savoir que j'étais une minorité dans la minorité. 2002, 2003, que les femmes rentrent. Moi, je rentre en 2005. En 2005, début 2006, ça venait d'arriver, c'était tout nouveau. Je me retrouve là. C'est simple, j'étais la seule black, reveux, nana là-dedans, parmi plein de mecs. Donc, il faut croire que c'est une mini-société. Ce n'est pas parce que c'est les pompiers Paris qu'il y a des gens sympas et des gens moins sympas. Après, je pense vraiment que c'est quelque chose qui m'a vraiment formée. Peu importe les rencontres que j'ai eues là-bas, aussi difficiles qu'elles soient. Je pense que sans ça, il n'y a pas de Jeux Olympiques. Et je le dis vraiment. S'il n'y a pas eu la formation de pompier, de comment ça m'a cadré cette formation physique, je pense que les Jeux, ça n'existe pas. Je ne serais pas partie jusqu'à là-bas. Je n'aurais pas eu, mentalement, physiquement, de comment ça m'a forgé. Les pompiers m'ont énormément forgé. La caserne, la vie de caserne, même si aussi dure que ça soit. ce côté très discipline. C'est-à-dire que moi, je sais que j'ai gardé ça toute ma carrière. Et c'est pour ça qu'à 41 ans, je suis encore en forme. C'est que j'ai toujours gardé cette formation militaire. Pour moi, c'est l'heure. Quand je me réveille, c'est cette heure-là. Je suis à l'heure au rendez-vous. Enfin, tout est nickel. Il n'y a pas de gauche-droite. Et en fait, je pense qu'à l'armée, 10 ans, la discipline, c'est une bonne formation. Donc, j'étais très bien formée à la discipline. Donc, ça m'a aidée forcément.

  • Speaker #0

    Justement, tu parles de ton âge, 41 ans. Tu ne les fais pas, parce qu'en plus physiquement tu te sens bien, et sur le tatami ça se ressent également. Alors tu viens de le dire, il y a un peu ce secret-là, le fait d'avoir cette formation, mais c'est quoi aussi le secret en fait ? Il n'y a pas que ça, mais pour tenir autant jusqu'à 41 ans dans une discipline qui... qui est quand même physiquement éprouvante, tu ne combats pas dans un championnat de France. Et déjà, un championnat de France, c'est de très beaux niveaux, mais tu continues à combattre dans des grosses compétitions. Donc, c'est quoi un peu le souci ?

  • Speaker #1

    Alors, je pense sincèrement que... Moi, j'ai toujours une âme d'enfant. Je sais, j'ai quelque chose de très... J'aime le jeu, j'aime jouer. Et vraiment, sincèrement, je suis quelqu'un qui aime toujours apprendre. Et je pense qu'un athlète de haut niveau, parce que je les accompagne, et surtout, beaucoup d'athlètes ont faim de carrière. Et des fois, ils n'ont que 25 ans, ils sont en faim de carrière. Alors, il s'avère qu'il y a deux choses qui se posent. C'est ou physiquement, ils ne tiennent pas parce qu'ils ont eu trop d'opérations, trop de blessures, ou ils n'ont plus envie d'apprendre. C'est-à-dire que moi, je dis, un athlète, quand il n'a plus envie d'apprendre, il est en faim de carrière. Et je leur dis à chaque fois, si tu ne veux plus apprendre... C'est-à-dire que quand tu pars en entraînement, que ça arrive une fois, mais c'est à 90% que t'arrives et que t'as pas envie d'apprendre et que tu fais la tronche et que t'as pas envie d'être là, c'est que t'es en fin de carrière. C'est que t'as plus rien à faire ici. Le sport, il est fait pour que ça soit aussi... L'étymologie du mot sport, c'est desporté, c'est amusement. Donc si t'es pas là pour jouer, parce qu'on peut apprendre qu'on joue, les animaux le font très bien, et puis les enfants le font trop bien, c'est pour ça qu'ils apprennent vite. Et donc si on n'est pas dans cet univers, t'es en fin de carrière ou tu vas te blesser. blessés. Et souvent, il y a des athlètes qui arrivent à la blessure parce qu'ils n'ont plus envie d'apprendre. Donc il y a un rejet, donc ils poussent leur corps à dire non, non, c'est le physique. Mais en réalité, ils n'ont pas voulu bien avant. Et moi, c'est tout le contraire. À chaque fois, on me dit ça, on me dit, ah ça, on dirait une junior. C'est-à-dire que si... J'ai beaucoup d'humilité là-dessus. C'est-à-dire que je sais que j'ai tellement commencé le judo tard que je suis capable d'être avec un groupe de juniors et écouter le prof comme si je venais d'arriver. Et alors que, voilà, j'ai de l'expérience quand même, je suis deux fois à la pienne, mais j'ai toujours... eu envie d'apprendre tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et puis aussi, ce côté se remettre en question, se recycler. De toute façon, ça, je le fais que ce soit dans le sport ou dans mon métier. Mais je pense que c'est ça qui garde la longévité, je pense. C'est ce côté curieux. Et donc, en fait, c'est infini. On ne se dit pas, non, c'est bon, on est arrivé à bout. Mais non, comme il y a tout le temps des trucs à apprendre, donc il y a toujours des objectifs. Donc, je suis tout le temps à regarder devant. Donc, en fait, on ne voit pas les années passées parce qu'on est tellement happé par cette passion. Et puis le corps... il suit parce que il faut pas alors les gens ils pensent que c'est la génétique c'est toujours ça ouais mais c'est ton côté sénégalais c'est ton côté marocain c'est ton côté africain et moi j'y crois pas du tout j'y crois pas du tout vraiment je pense que la génétique elle est à 10-15% je vais pas commencer avec les statistiques mais dans le sens où s'il y a pas de discipline derrière la génétique elle sert à rien donc c'est vrai que ça m'aide parce que voilà mais c'est mon sommeil c'est C'est ma nutrition, c'est mon hydratation, c'est tous les petits courages que je mets chaque matin avec cette discipline de faire bien les choses. Et au final, c'est ça qui fait que derrière, je suis bien. En fait, je suis dans l'univers un peu de la prophylaxie dans le sens où j'aime la prévention. Moi, je n'aime pas dans le sens où les gens aiment bien tomber malade pour aller, comme avoir mal aux dents pour aller au dentiste. Tomber malade. et payer parce qu'ils sont malades. Alors moi, c'est pas question que j'ai peur des maladies ou quoi, mais j'aime bien la prévention. Je fais tout en sorte que ça aille bien. Donc du coup, ça va bien. Par exemple, un détail, nous on fait un sport très très dur aux articulations. C'est un des sports où on se blesse le plus. Parce qu'on ne sait pas où on chute. Les genoux, les épaules, tout ça. Si on ne travaille pas tout l'univers anti-blessure, ça veut dire que tous les jours, faire en sorte que son corps tienne ses articulations, ça va péter. Et ça, c'est quelque chose qui est très dur, des fois, à faire comprendre aux athlètes. Et je leur image avec une image qui est très puissante. C'est comme si je leur disais, si on traverse l'autoroute, il y a des fois, il se peut que 10%, je ne vais pas mourir. Ça se voit qu'il n'y a pas de voiture. Mais à 99% ou 90%, je vais me faire faucher. Par contre, si je prends la prévention de traverser dans un passage clouté, peut-être, je ne fais pas ça, que ça ne va pas arriver. Mais il y aura peut-être 10% des cas où il y a les voitures. Donc c'est ce parallèle-là, une métaphore comme ça, où ils arrivent à comprendre, c'est que s'ils le font, ça ne veut pas dire que ça ne va pas arriver ou qu'ils vont gagner. Donc ce n'est pas parce que tu t'entraînes nuit et jour, que tu es bien dans ta vie, que tu vas être champion olympique. Et ce n'est pas vrai. Et c'est quelque chose qui n'existe pas, ça. Par contre, tu montes tes probabilités. Probabilités pour faire une belle carrière. Et c'est une question aussi de probabilités, monter ses probabilités. à rester en bonne santé et puis tout simplement faire quelque chose qu'on aime. C'est pour ça. Je sais que j'ai des athlètes où ils ont eu beaucoup de blessures, donc ils n'ont pas vécu leur carrière comme il faudrait. Et finalement, c'est dur psychologiquement parce que tout simplement, derrière, ils n'ont pas fait ce qu'il fallait tout simplement pour vivre de ça et kiffer, tout simplement.

  • Speaker #0

    Le plus gros regret, après, c'est de se dire j'ai mal travaillé plutôt que j'ai perdu.

  • Speaker #1

    Ben ouais c'est ça, c'est ça, c'est ça. Je pense sincèrement que chaque athlète qui fait tout ce qu'il faut, c'est pour ça que moi chaque fois on me demande, il y a un petit garçon hier très mignon de 6ème, il m'a dit est-ce que vous avez des regrets ? Et je trouvais mignonne sa question dans votre carrière et je dis non et il me dit pourquoi ? Et là je lui réponds tout simplement est-ce que j'ai tout fait bien ? J'aurais peut-être fait mieux, sûrement, mais j'ai fait ce qu'il fallait. C'est-à-dire que je peux dormir bien. Et souvent, les athlètes qui ne dorment pas bien, ou qui ne sont pas bien, ou qui sont dans l'alcool, tout ça, il y a eu quelque chose où qu'il les a... Peut-être des choix, peut-être des fréquentations, peut-être qu'il y a... pas eu assez de nuit sommeil peut-être qu'il ya eu certaines choses en jacquemagne un joueur que maintenant il essaye de se recycler pour jouer il a 28 ans sans dire son nom et c'est ce joueur en fait il a eu été dans mauvaise mauvaise fréquentation, il a mal géré son hygiène de vie. Il se fait trois croisés, à trois croisés à 28 ans pour trouver un gros club. Voilà, c'est déjà terminé. Et après, là, on pourra dire, ouais, non, mais j'ai eu un gros croisé. Tu connais l'expression des gars qui aiment bien dire ça. Et c'est réel. Et en réalité, pourquoi il dit ça, c'est parce qu'en fait, toute sa carrière, il aura ce regret très, très dur. Et il ne pourra pas bien dormir. Et en fait, justement, c'est pour ça que j'essaie avec cette nouvelle génération, cette nouvelle jeunesse, de leur passer puissamment ce message que peu importe des médailles ou pas au bout, dormez bien après votre carrière parce que c'est une carrière d'au niveau, c'est une expérience unique, magique vous pouvez faire des choses exceptionnelles mais il faut bien dormir après voilà si justement par exemple ta carrière,

  • Speaker #0

    si tu devais retenir je ne vais pas dire un parce que je sais que c'est toujours compliqué d'en retenir un mais peut-être les 2-3 meilleurs moments de ta carrière dans ces dernières années

  • Speaker #1

    je pense que lorsque j'ai pris une décision exceptionnelle de me barrer des pompiers et de partir au Maroc donc j'ai pris une décision exceptionnelle, résultat exceptionnel donc j'ai vraiment eu cette énergie de tout laisser, salaire et tout au Maroc et je savais pas où j'allais et puis il faut savoir que les structures sont pas pareilles l'organisation et rien et moi qui est militaire en fait ce qui était drôle c'est que je venais pas du tout je suis MRE marocain résident étranger et c'est vrai des fois je peux être être jugée de l'autre côté, au Maroc, au Sénégal, des fois. Non, mais elle vient de France. Mais en fait, c'est juste parce que je suis psychorigide et je suis disciplinée. C'est que ce n'est même pas je viens parce que je viens d'Europe ou Occident et que j'ai envie d'imposer. C'est parce qu'au moins, tu me donnes une heure, c'est ça. Je suis tellement carrée que là-bas, je souffrais. Je souffrais énormément. Je ne savais pas quand le billet allait arriver. C'est quand j'étais dans... Et il fallait que justement, que j'accepte. Et c'est ça qui est magnifique. Parce que j'ai réussi à choper ça. Ça veut dire qu'il fallait que je sois une athlète qui s'adapte à tout, être prête pour tout. C'est-à-dire que moi, je pouvais avoir un billet deux jours ou trois jours avant. Je pouvais dire à Asma, tu pars à moi toute seule. Donc, il fallait que j'apprenne certaines choses. Et donc en fait, même dans la difficulté de cette carrière, ils m'ont appris à... Ils m'ont monté mon level en réalité. Même si au début, je ne vais pas dire que tout est rose. J'étais là, je les engueulais, je n'étais pas bien, ça gueulait. Mais en réalité, du recul aujourd'hui, ils m'ont créé des skills. J'arrive à gérer, parce que nous, c'est une date. Et j'arrive à gérer certaines choses, même dans le boulot. Maintenant, aujourd'hui, dans mon travail, quand je fais des... Et c'est grâce à l'organisation du Bled. Grâce à l'organisation du Bled, j'ai réussi aujourd'hui que lorsque j'ai des trucs qui sont dernières minutes, j'ai des galas. C'est... je suis large, ça c'est rien ça je suis large et du coup j'ai pris des skills grâce à eux donc j'ai rendu le truc un peu positif donc je les remercie pour ça bon il faudrait qu'ils changent quand même pour la nouvelle génération quand même mais en réalité c'est top pour ça et je dirais Düsseldorf parce que ce moment là en 2014 c'était une dinguerie vraiment dingue je fais tourner à paris juste avant à bercy je perds contre la gagnante au deuxième tour c'était bolder à meyer je tombe la semaine d'après je pars à d'autres d'office et pour qu'il y ait un tournoi paris et bercy le grand chêne de bercy et le grand prix de solvay maintenant il est devenu grand chêne c'est un des plus prestigieux et je n'avais même pas pensé à la médaille d'or arrivée là bas je fais bon combat par combat elle était là en fait combat par combat ça gagne deuxième tour ça gagne je tombe sur celle qui gagne le persil et la tape ou quart de finale j'arrive coréen la tape oh et là j'arrive en demi pareil ça gagne et là j'arrive en finale je prends médaillé olympique La médaille est mondiale, championne d'Europe, très solide, une anglaise, je gagne. Et là je me retrouve, et en fait c'est bizarre cette journée, parce que je n'ai pas encore réalisé que j'étais là. En fait c'est drôle parce que même quand je gagne, je suis en gratitude. le ciel acheter là et là je monte sur le podium et là je me rends compte qu'ils ne font pas mon passé mon podium tout de suite parce qu'ils étaient en train de chercher le drapeau c'est la première fois d'histoire et je me rappelle il y avait un quelqu'un qui s'occupe du maroc il ya un un peu émue, c'est la première fois dans une compétition de prestance que ce ne soit pas en Afrique, où le drapeau marocain monte. C'était émouvant. Là, c'est les regards des autres qui m'ont fait prendre conscience que c'est un truc de dingue, qu'est-ce que je viens de faire ? C'était une folie. Ça a commencé à parler en France, elle part de là-bas, et en plus, elle gagne. C'est à partir de ce moment que je m'étais promis... Déjà, ça a commencé à parler. Ça m'a mis un ancrage de dingue de me dire, c'est bon, j'ai ma place. Et là, j'avais 31, 32 ans. Donc, je gagne un grand chenet en commençant 10 ans avant. Et là, je me dis, finalement, moi, les Jeux Olympiques, ça se mérite. Il faut être dans le top, pour moi, 16. Il n'y a pas deux, parce que des fois, il y a des quotas, un quota. Et moi, je m'étais toujours refusé ça. Et donc, à un moment donné, je me retrouve quatrième mondiale. Je commence à être dinguerie. Bon, championne d'Afrique, ça, c'est sans compter. Je commence. à passer des tours, demi-finaliste au championnat du monde.

  • Speaker #0

    Au championnat du monde, les Africains ne battent pas les Japonais. Je tape une Japonaise, le premier Africain à taper une Japonaise dans le championnat du monde. Donc voilà, c'était la folie toute cette carrière. Et au final, je n'arrive même pas à retenir le podium. Vraiment, c'est le message que j'ai laissé aux gens. Et du coup, il y a plein de gens, j'ai remarqué, qui disent ça. Ils disent je continue, je suis devenue une référence, Asma elle est encore là, il y a le père Même en France, je continue encore. Et j'ai vu des gens qui devaient arrêter, mais qu'ils ont vu. Attends, on continue encore quatre ans. Donc, j'avais donné un peu l'espoir à ceux qu'on leur disait que c'était mort. Et ça, c'était puissant. Je suis devenue une référence dans ça. Donc, ça me faisait plaisir.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est bien parce que c'est marrant. Parce qu'on parlait d'héritage tout à l'heure. C'était le mot que tu as saisi tout à l'heure. fait, il se transmet également avec les professionnels. Parce que là, on parlait d'héritage par rapport à la jeunesse, etc. Mais au final, tu l'as même avec les professionnels. Ça aussi, c'est quelque chose d'agréable. En fait, tu arrives à transmettre des choses que ce soit chez les petits, les grands, les pros, les pas pros,

  • Speaker #0

    etc. et c'est là où je me suis aperçue que c'était au delà du sport parce que maintenant j'accompagne beaucoup aussi d'entrepreneurs et c'est pareil que les chefs d'entreprise c'est la même chose parce que c'est au final un chef d'entreprise qui a pas réussi à faire ce qu'il fallait ils ont commencé j'ai quelqu'un que j'accompagne il a ouvert à 50 ans et maintenant ça marche et 50 ans pourquoi pas qu'est-ce qu'on va lui dire autour et c'est la même chose au final ou à 40 ans les entrepreneurs c'est pareil que les athlètes de niveau c'est le même délire ils courent après autre chose mais c'est le même but c'est le même mindset on s'entend bien je voulais te parler de choses aussi importantes parce

  • Speaker #1

    que c'est ton cas je voulais te parler des sports de combat en général et des femmes, tu as vu l'évolution de toute façon depuis un an d'année tu m'as parlé de 2014 notamment est-ce que tu vois que les femmes ont plus leur place enfin, elles sont plus reconnues plutôt parce qu'elles avaient leur place de toute façon, mais surtout, elles sont plus reconnues comme elles devraient l'être.

  • Speaker #0

    Oui, il y a des avancées. Il y a vraiment des avancées, ça je le vois. Parce qu'aujourd'hui, le sport, c'est... Il y a beaucoup de communication autour de ça. Avant, on ne passait pas autant... Avant, c'était drôle parce que les filles, c'était 4 minutes, les garçons, c'était 5 minutes. Maintenant, ils ont mis les mêmes. En judo, c'est un peu différent. Par exemple, je peux prendre le MMA. Avant, on ne regardait pas beaucoup de combats de femmes. Moi, je me souviens, on m'avait proposé de faire ça après Rio ça remonte, oui oui en 2016 mon profil plaisait beaucoup on me dit ah t'apprends vite et tout et il y en a plein qui me disent Asma toi en MMA en 2016 là t'aurais été comme les Aranda Rousset et tout le monde m'a vu là-dedans t'aurais fini dans le catch à la Aranda Rousset après moi je me vois pas dans une cage je me vois pas j'arrive pas à taper une fille dans le visage c'est quelque chose qui me tue enfin j'arrive pas après je me vois pas je respecte le sport je regarde les deux ils sont ok mais moi je sais que quand j'ai essayé à un moment donné je devais taper sur la tête j'ai dit en fait comme j'accepte pas de le faire donc c'est moi c'est elle qui va me taper donc je vais être quelqu'un de trop gentil donc je sais que voilà mettre sur le dos et pourtant je suis rude enfin je suis rude au judo et tout Mais me retrouver comme ça dans une case...

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on a beaucoup de judokas, judokas qui s'y sont mis.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Il y a Blue, il y a Zouak. Il y en a, mais je sais que moi, c'est quelque chose où je n'y arrive pas.

  • Speaker #1

    Les poings, les pieds,

  • Speaker #0

    non. Au sol, au sol, je n'y arrive pas. Tout comme ça, au sol. Il faut avoir ce truc. Moi, je n'ai pas cette rage d'aller au sol, taper... Il y a du sang et tout. Non, non. Je ne sais pas. Après, ce n'est pas que je ne conçois pas. Chez Chaka, encore, j'ai un grand respect pour ceux qui le font parce que les deux, ils ont signé. Mais moi, je sais que c'est quelque chose qui est au-delà de moi. Je ne peux pas.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est particulier. Comme tu l'as dit, il y a la cage. Déjà, la cage en elle-même, elle fait guerre. C'est vraiment, tu rentres pour faire la guerre déjà dans une cage.

  • Speaker #0

    Après, moi, je suis un peu ancienne. Moi, je suis le sport du noblard. Moi, je suis une grande fan de boxe. Vraiment, la boxe, je peux passer des heures à regarder. Je préfère regarder un match de boxe. Voilà, un bon match de boxe. Et je ne pense même pas que... le MMA remplacera la boxe, la boxe ça reste la boxe c'est pour ça qu'elle a plus de hype aux Etats-Unis donc là voilà j'aime bien l'univers de la boxe, j'aime bien accompagner des boxeurs parce que je comprends beaucoup leur univers et c'est encore plus atypique que le judo sur la façon d'accompagner un boxeur et en fait voilà j'aime beaucoup l'univers de la boxe donc je regarde donc si t'avais pas fait de judo t'aurais fait de la boxe ? Même pas même pas, non non même pas même pas, le judo sincèrement peut-être Ce jour là je serais rentrée dans le bobsleigh, j'ai rencontré, j'étais au ski, je rencontre un prof au bobsleigh, il y a une équipe comme la Jamaïque. On m'a dit, Asma, viens. J'ai dit oui, je suis sprinteuse, j'y vais. Je suis douce, j'y vais comme ça. J'accompagnais un jeune qui faisait, je gardais, j'étais avec lui, je suis rentrée là-dedans. Et pour te dire, l'odeur était atroce, je ne voulais même pas rester là-dedans. Pyjama, les pieds là. Et c'est juste parce qu'il m'a dit, oui, tu vas aller loin. Alors moi, j'ai dit, bon, je vais faire les jeux là-dedans. Je ne sais pas, il y a un film qui me touche beaucoup et à chaque fois, je verse des larmes. Tout le monde me dit, mais pourquoi tu pleures dans ce film ? Parce que je comprends tellement cet athlète, c'est Eddie the Eagle. Et à chaque fois que je le regarde, j'ai des larmes aux yeux quand il est là, petit, avec sa petite boîte, et qu'il fugue et qu'il reste dans le bus. Et son père, il dit, mais tu vas où ? Il dit, je vais au Jeux Olympiques. Et là, il est là tout le temps à vouloir aller aux Jeux Olympiques. Et en fait, c'est son histoire parce qu'il a tout essayé. Sauf que lui, il n'était pas bon déjà. Mais il a fait quelque chose d'exceptionnel à la fin. Il apprend un sport en moins d'un an et il arrive à être le premier Anglais. à être dans le ski et le saut. Il a fait un truc juste exceptionnel. Et son histoire, elle est trop touchante parce qu'elle me fait penser un peu à moi. Parce que c'est cette obsession des Jeux, quitte à choisir ce sport extrême et qu'on ne comprenait rien et qu'il s'est cassé la gueule 10 000 fois. je me voyais au judo. Et en fait, son histoire me fait beaucoup, beaucoup penser à moi.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a l'envie, justement, de transmettre la discipline du judo à des jeunes ? Ou peut-être, tu m'as dit que tu encadrais aussi des boxeurs ou d'autres sports.

  • Speaker #0

    Moi, ce n'est pas dans le physique. Avant, je le faisais. Maintenant, je suis vraiment dans le mental. Je me suis formée pour ça. Et puis, pas que les athlètes. J'accompagne M. et Mme Tout-le-Monde en thérapie. Et voilà, je suis aussi... Enfin, je... Je suivis les facultés de psychologie et psychanalyse. Donc aujourd'hui, je suis aussi marraine du socle. Après, je ne sais pas si ça vous dit quelque chose. C'est tout l'univers de la psychologie et de la psychanalyse. Ils ont ouvert un socle où je suis très contente d'être marraine. C'est un truc un peu international qui va gérer des études vraiment sur la santé mentale. C'est intéressant. Pas qu'en France. Et donc, moi, la santé mentale, c'est mon dada. J'aime beaucoup ça. Et qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, un être humain, il y a plus de dépression ? Qu'est-ce qui fait ? Moi, je lis beaucoup ça, la sédentarité, parce que l'être humain ne bouge moins. Et c'est pour ça qu'il y en a beaucoup plus. Et le fait d'être sédentaire, déjà, sur l'impact physique, c'est juste une catastrophe. Mais en même temps, ça joue sur les hormones et ça joue sur le cerveau. Et donc, voilà, j'essaye de sensibiliser là-dessus et de faire un peu un combat contre la sédentarité.

  • Speaker #1

    C'est vrai que la santé mentale, on en parle de plus en plus, surtout au niveau des sportifs, parce que... Pendant des années, ils n'ont pas du tout été accompagnés. Et on a vu que l'après-carrière, ça pouvait être une catastrophe pour beaucoup. C'est bien de voir enfin des structures comme ça apparaître et de voir qu'on encadre un peu plus les sportifs ?

  • Speaker #0

    Alors, souvent, je ne sais pas, il y a un neuropsychiatre, Boris Surinik, il a écrit un livre qui dit... Son livre, il s'appelle Moi, j'aime le sport de petit niveau Et c'est vrai qu'il avait... J'avais fait une étude sur l'INSEP et dedans, il y avait une psychiatre qui avait appelé l'usine à dépression. Pourquoi ? Parce que lorsqu'on les a fait, ils ont fait une étude, mais à part ça, c'était un Australien. Il avait suivi, je ne sais pas, peut-être 3000 athlètes. Et il s'avère que les athlètes, ils ont des mots. Parce que pour aller...... pour endurer autant de souffrance, il faut qu'il y ait une espèce de douleur qui est au même niveau. Donc, ils subliment, en quelque sorte, comme les peintres, ils subliment. Ils font quelque chose de super. Il vaut mieux ça que faire quelque chose d'autre. Mais dans le terrain de l'athlète, il est déjà très fragile. Il n'y a pas plus fragile qu'un athlète. On les voit fort, ce n'est pas du tout ça. C'est pour ça le paradoxe de l'athlète qui est juste extraordinaire. Par exemple, Nada, il le dit, qu'il est très, très fragile. Les Joko, on les voit. dans le terrain il n'y a qu'à voir de comment ils cassent leur raquette avec Roland-Garros de comment ils sont énervés comment ils ne peuvent pas gérer leurs émotions et donc à partir de là c'est qu'il y a quelque chose à l'intérieur de cette colère de ce et c'est répétitif c'est quelque chose qui est récurrent et donc il y a quelque chose qui ne va pas déjà et enfin Benoit Paire je ne sais pas si c'est une psychanalyse qu'il lui faut mais bon il y a quelque chose qu'il n'a pas appris dans sa carrière sans le tacler ou le mettre une balle perdue c'est que c'est malheureux en fait de voir qu'un joueur aussi bon que je pense que son trait de caractère et de plein de choses font qu'il a pu peut-être passer sur des victoires, j'en suis sûre. Donc je ne sais pas, peut-être qu'il doit être suivi, je n'en sais rien. Mais en tout cas, c'est ça, c'est cet univers-là que l'athlète a vraiment des névroses. Parce que vouloir être le meilleur, pourquoi ? Voilà. Et en plus de ça, t'es 5 fois, 6 fois, 7 fois champion du monde. Pourquoi tu veux le montrer une onzième fois ? Quelle est la raison de montrer ? Et c'est là, des fois, je me souviens, un entraîneur m'avait dit Si t'es championne du monde, mais personne le sait. Y'a que toi. Allez poser cette question, je t'invite à la noter et de poser la question, je sais pas, même à des joueurs. Bon voilà, tu as gagné la Champions League mais personne ne sait, il n'y a que toi. Tu l'as gagné ? C'est tout bête, c'est bizarre, elle est bizarre mais il y a un... peu de ça. Ça veut dire qu'il y a un côté de reconnaissance. Et c'est là où le danger se met. Ça veut dire que, je dis toujours, la médaille, c'est une récompense. Ce n'est pas un but en soi. Le but, c'est qu'est-ce qu'on a ramassé pendant cette carrière. Et c'est pour ça que la fin de la carrière de beaucoup d'athlètes, il sombre. Et je ne sais pas si tu as vu Thomas. le boxeur. Ça m'a beaucoup touchée. J'avais envie d'y écrire un message, d'ailleurs. Parce que, vraiment, j'étais touchée par son témoignage d'avoir rejeté, il était passé, je ne suis pas dans une mission, et il avait rejeté complètement sa carrière. Ça ne lui avait servi à rien et tout ça. Il avait sombré dans l'alcool. Tout cet univers-là. Et c'est ça, en fait. Au final, c'est de ne pas s'identifier à la médaille. C'est-à-dire que la médaille, elle peut partir. Et si elle part, parce qu'il y aura un autre champion. Je ne sais pas si tu te souviens d'Arbelé. Oui. Voilà. Donc vice-champion olympique à Pékin. La nouvelle génération qui est là, elle est quand même vice-champion olympique. J'avais un jeune au judo que j'ai déposé parce qu'il n'habitait pas très loin de chez moi. Il en parlait et puis je lui ai dit d'arbeler, il me fait c'est qui. C'est là où je me suis rendu compte à quel point que ça y est. C'est ça. Et c'est ça, en fait, que j'explique. C'est qu'un jour, il y a quelques-uns qu'on oublie. Maintenant, les jeunes, ils connaissent Douillet vite fait. Attention, Douillet, il faut leur en parler. C'est Riner. Et en fait, on n'est pas éternel. Et c'est ça, en fait. C'est s'accrocher à cette médaille de notoriété face à la médaille. Elle n'existe plus. On va t'oublier. Comme il y a des joueurs de foot qu'on a oubliés et qui n'existent plus. Et donc, qu'est-ce que toi, tu fais de ça ? C'est quoi le message ? Et donc, moi, je... sais que j'ai réussi à fructifier. Je ne suis pas médaillée mondiale. J'étais demi-finaliste deux fois à pied du podium au monde, malheureusement.

  • Speaker #1

    Ce qui est déjà...

  • Speaker #0

    Avec le parcours, c'est déjà énorme. Avec mon parcours, j'aurais dû peut-être avoir plusieurs médailles. Mais je sais que j'ai réussi à fructifier ce don. Parce que c'est un don, ce parcours. C'est un don. Je me remercie Dieu. Je suis très fier de ce parcours. Et j'ai réussi à le fructifier déjà par un livre, et puis par l'accompagnement, et puis par ce... cette transmission.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est important. On en revient toujours à la même chose. Le côté héritage. Qu'est-ce que tu vas laisser comme héritage ? Qu'est-ce que tu vas apporter ? Qu'est-ce que tu vas retenir de ce que tu as fait par le passé ? Et la déception d'une carrière ou pas ? Comme tu l'as dit, oui, il y a la coupe. Mais toi, est-ce que tu es content de ta carrière au final ?

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est vrai, hier, j'avais les larmes aux yeux. La petite anecdote, c'est comment je séchais le français. Parce que c'était la matière qui était la plus dure pour moi. Parce que le maths, ça va. L'anglais... Mais dès qu'on était en français, ils pitaient ta tribu du sujet. Le français, il galère. Les trucs, les machins, les dictées, c'était vraiment un enfer pour moi. J'avais une copine à qui je pouvais tricher un peu. C'était horrible. Et alors, qu'est-ce que je faisais ? J'étais dyslexique. Je le suis un petit peu encore, mais je suis à deux bases. C'est-à-dire que dans une phrase, je peux voir l'inverse. Mes yeux partent de l'autre côté. J'ai du mal, des fois, avec les mots. Et pourtant, j'aime tellement lire. J'en ai tellement lu. Ma bibliothèque chez moi, elle est... Elle est juste incroyable et je suis passionnée de la lecture. Et c'est parce que je pensais... que le fait de lire, ça allait m'enlever la dyslexie. Alors que la dyslexie, elle n'a rien à voir, c'est des gènes. Ça vient des gènes, ça n'a rien à voir avec l'intellect, en fait. Et moi, je pensais, j'avais mis dyslexie, bête, et c'est l'intellect. Et donc, on m'expliquait ça à l'époque. Je crois qu'en plus, c'est même un surveillant qui me l'avait dit. Oui,

  • Speaker #1

    c'est comme la 4ème techno.

  • Speaker #0

    Voilà, voilà. Et donc, j'avais appris que c'était par les gènes. Ça doit être ma mère ou quelqu'un qui l'a dans la famille, ou mon père, j'en sais rien. Et j'avais appris aussi que beaucoup de... de gens brillants, genre comme Einstein, enfin plein de gens, plein qui étaient des mêmes des grands écrivains dyslexiques. Et donc je séchais pour aller dans cette médiathèque. Cette médiathèque, elle est juste incroyable, elle est au premier étage de mon collège, et je passais des heures, en plus j'avais vraiment une gentille... Ceux qui travaillent dans la médiathèque. Elles étaient là dans la bibliothèque du collège. Et elles ne disaient rien. Elles savaient que j'étais chez le français. Mais elles ne me laissaient rien. C'était mon problème. C'est moi qui allais me faire engueuler. Mais elles me laissaient lire. Elles me laissaient lire. Et en fait, le fait qu'hier, j'ai déposé ça là-bas, j'ai eu larmes aux yeux. Parce qu'en fait, il y a une espèce d'endroit qui n'a pas changé. Ils mettent, par exemple, les biographies ou ils mettent psychologie. Tout est bien fait. Et là, je suis partie le poser. Il sera là, un jour je ne serai plus là et le livre sera là. Comme moi, je reviens 25 ans après dans ce collège et rien n'a bougé. Et là, j'ai ressenti, je pense pour la première fois, il n'y a aucun podium. qui m'a procuré ça. Et pourtant, j'en ai gagné des médailles, six fois championne d'Afrique, des médailles Grand Prix, Grand Glem, des trucs, les médias, les trucs. Mais il n'y avait rien qui m'a... Il y avait quelque chose de spécial quand j'ai déposé, comme si... Waouh ! cette sensation que peut-être que j'ai recherchée dans le judo que je n'ai jamais retrouvée que j'ai réussi à la trouver en déposant ce livre là-dedans c'est fort et donc c'est pour ça que je laisse ce message pour dire qu'en fait il y a aussi ça des fois on peut aller chercher certaines choses ailleurs alors qu'en réalité c'est

  • Speaker #1

    dans ça je veux revenir un peu justement sur le judo rapidement, je voulais savoir pour toi quel était l'avenir du judo féminin que ce soit en France ou même au Maroc ou même au Sénégal d'ailleurs par rapport à tes origines est-ce que tu le vois évoluer là-bas et par rapport en France est-ce que tu vois les filles encore plus présentes etc non moi je vois vraiment des problématiques parce que les problématiques qui se posent c'est que tant que on

  • Speaker #0

    va dire tant qu'il n'y a pas de structure réelle et de double projet ça ne peut pas marcher moi je me bats pour ça beaucoup beaucoup, beaucoup, beaucoup en Afrique pour ça, pour qu'ils mettent le double projet. Et tant qu'il n'y a pas ça, ça ne peut pas fonctionner parce que déjà, les Marocains, le judo, c'est un sport populaire. Ce n'est pas vraiment une population très, très, très aisée. C'est comme au Brésil, les favelas, ceux qui font du sport, là-bas, ça ne va pas être des sports comme le tennis ou le golf, mais ici, tu peux être aisé ou pas, tu peux faire du judo. Là-bas, non. Ça, moi, moyen de s'en sortir. Donc, jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas de double projet réel. Il n'y a pas vraiment quelque chose de concret. Tant qu'il n'y a pas ça, ça ne pourra pas avancer. Un judoka, enfin un sportif, il doit être éduqué. Éduqué dans le grand sens du terme. Qu'on lui donne la possibilité non seulement de briller, mais il faut qu'il ait confiance en lui. Qu'il n'ait pas que ça pour s'en sortir. Donc, qu'il sente qu'il est soutenu dans surtout le plan logistique. Et... Et justement qu'après la carrière, il sait lire, écrire, que ça se passe bien et qu'il est formé à faire un métier. Il y a quelque chose. Donc il y aura moins de panique. Et c'est une question de confiance en soi. Moi, personnellement, ça fait deux Olympiades que je suis en continent africain. Je dis, ils nous donnent les mêmes moyens. Les Africains sont dans tous les podiums. Et ça, je le répète fort et fort. L'équipe de France, on sait très bien que de 48 à Lourdes, c'est des Africains. afro-descendante de la diaspora africaine. Elle représente vraiment. Et ça, c'est factuel. C'est réel. Est-ce que Tuméo, est-ce que Clarisse qui reste au Togo, ça sera Clarisse ? Je ne le pense pas. Est-ce que Dico ? Je peux aller loin comme ça. Tout ce potentiel, j'ai des potentiels humains incroyables au Cameroun. Des fois, ça me fait mal au cœur parce que je n'ai pas envie qu'ils fassent tous une Ganou. C'est bien un Ganou, sa vie, son nom. histoire, on la raconte, mais j'ai pas envie que ça soit... La dernière fois, j'avais dit ça à une conférence. C'est inspirant, mais je ne veux pas que ces gamins traversent. Traversent six fois, sept fois pour aller chercher ce que Galou a fait. Alors, inspirez-vous sur aujourd'hui comment ils sont traînés, mais j'ai pas envie qu'ils soient une inspiration sur sa traversée. Parce que si on s'inspire sur sa traversée, c'est qu'on n'a rien compris. C'est-à-dire qu'il y a combien de personnes qui meurent pour la traversée ? Il a traversé cinq fois. Donc, des fois, ils aiment bien vendre son concept les autres pour dire non. mais c'est inspirant, il a traversé. Moi, je ne veux pas que le jeune Africain s'inspire de ce passage de sa vie. Pourquoi ils iraient traverser cinq fois, six fois, et risquer leur vie pour aller en Occident, alors que chez nous, on a tout ce qu'il faut ? Donc, j'ai envie de casser un petit peu ça, que le mythe du rêve, il est ailleurs, alors qu'il peut être africain. Il y a des pays qui travaillent. d'une façon extraordinaire en Afrique, ça je le sais, mais je dis toujours, ce n'est pas assez. Avec le potentiel qu'on a, avec les cerveaux brillants qu'on a, on n'a pas besoin d'aller chercher ailleurs. Nous, souvent, au Maroc, on va chercher toujours un entraîneur extérieur. On ne fait jamais confiance aux locaux, jamais. c'est toujours on avait un roumain, on avait un français et souvent ces gens là ces entraîneurs là c'est très bien je ne suis pas sur la discrimination quoi que ce soit chaque être humain peut apporter quelque chose à un pays sauf que des fois ils n'apportent qu'un poisson ils n'apportent pas à pêcher ils partent au bout de 3-4 ans, moi je veux que c'est des locaux qui soient formés et qui forment chez eux on a réussi à le faire au foot avec un Walid c'est extraordinaire Et pourquoi pas donner confiance à des gens qui sont locaux et qui font ça. Et ça, je le souhaite au Maroc. Je veux plus être le meilleur palmarès du judo marocain. J'espère que quelqu'un va l'exploser un jour, un jeune ou une fille ou un garçon. Et que ça soit quelqu'un qui ait fait mieux que ma carrière. J'espère vraiment. C'est vraiment le point le plus sensible chez moi parce que je ne vois aucune évolution là-dessus.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas envie de devenir la Yannick Noah du judo marocain ?

  • Speaker #0

    C'est un peu différent parce qu'il faut appeler un chat à chat, c'est un milieu très patriarcal. Moi, je suis une femme et j'arrive là-dedans. Je pourrais apporter une pierre, mais j'essaye à mon niveau. Déjà à mon niveau de le faire en toute humilité. Mais j'espère qu'ils vont donner la chance à une jeunesse. Il y a une jeunesse qui est brillante, qui est incroyablement brillante. On leur donnera un peu la chance de pouvoir. Juste pour ne pas que les athlètes, parce qu'il y en a combien qui partent et qui ne reviennent pas. On le sait, j'en connais beaucoup qui sont partis, qui ne sont plus revenus. Je ne veux plus de ça. Je ne veux plus qu'il y ait d'athlètes qui viennent et on ne les voit plus dans la chambre. Ils ont disparu, ils sont en papier, ils travaillent. Je ne veux plus qu'il y ait de ça. Je veux que l'Africain, que ce soit Afrique du Nord, qu'il soit fier de rentrer chez lui parce qu'on s'occupe bien de lui. Et on est capable de faire ça. Et donc moi, je... Et puis il y a la diaspora qui a une grande responsabilité de ça. Et moi, je sais que je me sens responsable aussi de ça. Il faut savoir redonner de l'où on vient. Et moi, je viens vraiment de là-bas, je suis née là-bas.

  • Speaker #1

    Ton avenir, c'est quoi d'ailleurs ? Justement.

  • Speaker #0

    Alors moi, mon avenir, je le vois, ça j'en sais rien, mais mon avenir, je le vois toujours dans un mot. Et il me suffit ce mot-là. J'aime bien le mot service Parce qu'en fait dans mon métier, c'est un peu dangereux dans le sens où si on se trompe, on n'est plus vice-serviteur. C'est-à-dire que comme j'accompagne, je suis dans l'accompagnement et j'aide à peut-être changer des vies. des fois, on peut se sentir saucé et puis on peut se transformer dans le sens où, tu vois, là je vais rentrer un peu dans un côté spirituel, on peut croire que c'est grâce à nous tout le monde, on est juste un canal. c'est pour ça qu'il y a beaucoup de gourous il y a beaucoup de serviteurs t'es un canal, tu accompagnes les gens mais voilà il y a le travail de la personne que tu accompagnes, que ce soit dans la psychologie que ce soit peu importe la thérapie et ça c'est un travail extrêmement dur extrêmement difficile. Et si tu ne travailles pas sur toi, tu peux te transformer en gourou très vite. Et ça, c'est un appel que je fais à tous les gens qui accompagnent, de rester très vigilant sur l'accompagnement dans ce sens. Parce que si il n'y a pas ce travail de soi, on peut se transformer très très vite. Parce que comme on est et on a des retours, plein de retours, tu as changé ma vie, tous les jours, tous les jours, tous les jours. Et là, on les voit dans les réseaux, ceux que tout le temps ils sont saucés, ils commencent à devenir comme si c'était, je ne sais pas qui, non, non, tu es juste un canal serviteur. et revient à pourquoi tu fais cette mission donc voilà moi j'espère tout coeur de rester un bon c'est une bonne serviteur là dessus et d'être me sentir encore que je suis voilà un canal pour accompagner le les gens au mieux et en tout cas je sais que je serai dans le soin tout le temps j'aime bien soigner et continuer des combats à reprendre moi je suis une combattante avis Vraiment, je te le dis, je suis une combattante à vie, donc j'ai des challenges, des dingueries en challenge. Tu veux que je te spoil ou pas ?

  • Speaker #1

    Ah, moi je crois.

  • Speaker #0

    Tu sais, moi je... Ah ouais, parce que là, si je l'annonce, c'est qu'il faut vraiment que je le fasse. C'est la première fois que je l'annonce comme ça, dans un podcast. Moi, j'aime bien, des fois, j'annonce et je me dis... En fait, moi, j'aime bien l'eau glacée. Je fais beaucoup de bain, ceux qui me suivent, ils le savent. que je suis une folle des bains glacés. C'est quelque chose qui me... Parce qu'en fait, le bain glacé, c'est un côté très, très... très stress. C'est un stress qui est énorme pour le corps. Et le fait d'y rentrer et d'être calme, c'est-à-dire qu'on peut gérer tous les stress qui arrivent. Moi, aujourd'hui, j'arrive à gérer mieux les stress qu'avant. Il peut arriver des dingueries, moi, je suis calme. C'est pomperop à l'intérieur parce que... je le travaille tous les jours. Et les bains et les douches froides, c'est fait pour ça. C'est-à-dire que si tu ne sais pas respirer, respirer, c'est les émotions. Tu gères tes hormones. Et donc, en fait, c'est toi qui contrôles tout ça. C'est pas tes hormones qui te contrôlent, quoi. C'est pas tes émotions. Donc, je fais beaucoup des bains glacés. Il y a un côté, pas que physique, il y a un côté très, très mental dessus. Et là, je me suis challengée à une dinguerie. J'ai envie de faire 40 mètres sous glace dans les Alpes. Là, en fait, il y a un autre trou à 40 mètres. Et donc, tu respires une fois et tu pars en apnée. Et là, tu ne peux plus sortir ta tête. Et 40 mètres en apnée pour l'instant, 40 mètres. Là, je suis juste à 25 mètres en apnée. C'est déjà... Et sans combinaison.

  • Speaker #1

    Tu as déjà fait...

  • Speaker #0

    L'eau, elle est glacée. C'est excellent, ça. Pourquoi ça ? Parce que c'est un moment de stress. Après, je ne suis pas toute seule. Il y a des gens autour de moi qui partent s'il y a un problème. Mais en fait, c'est un moment si tu ne t'es pas relâché. C'est... Là, il y a plusieurs facteurs. Il y a le froid, qui est extrême. Tu es en hypoxie, donc tu perds en froid. Tu perds deux fois ou trois fois plus en hypoxie. C'est horrible. Il prend trop d'énergie. Et il ne faut pas être claustro, parce que tu ne peux pas... C'est le côté où tu peux... Si tu es à la piscine, tu fais ça, tu remontes. Là, non. Et tu es dans plusieurs éléments qui sont très stressants. C'est-à-dire que si toi, à l'intérieur, tu n'as pas un sens de calme pour y aller... C'est-à-dire que si tu arrives à faire ça, c'est incroyable. Mentalement, c'est un sport extrême, mais il me fascine. Je passe des heures à les regarder. Ces gens ont une facilité de gérer les tempêtes. Dans la vraie vie, ils devaient être incroyables. C'est ça que je recherche, qui va m'aider à mieux accompagner. Moi, j'aime bien tous ces petits challenges. Ce sera mon challenge en décembre.

  • Speaker #1

    Ah oui, vous l'avez noté, moi je l'ai bien noté. J'ai hâte de voir la vidéo, franchement, ça donne très très envie. Est-ce qu'on aura une suite à Bralcore aussi ?

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #1

    je te prends tous les spoils, t'as vu ? Oui,

  • Speaker #0

    sûrement, sûrement, moi je ne dis pas non. J'ai déjà une idée dans ma tête, mais il y aura, je ne vais même pas dire un, il y aura plusieurs. C'est quelque chose que je sais.

  • Speaker #1

    Il y a une dernière question que je veux te poser, que j'aime bien poser en général quand j'ai des invités, c'est tu revois la petite Asma, là, en train de... On lui dit, tiens, tu vas faire ton BEP cuisine, etc. à l'époque où tu voulais faire autre chose. Qu'est-ce que tu lui dis après tout, maintenant, toi, que tu as fait tout ça ?

  • Speaker #0

    Je la prendrai dans mes bras et je lui dirai tout va bien se passer, juste... juste dans l'oreille, je lui dirais, ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Et je pense que ce truc-là, pourquoi je dis ça ? Parce que c'est quelque chose qu'on m'a déjà posé. C'était une voix interne que j'ai toujours eue, parce qu'il y avait des moments tellement difficiles. Je faisais de la cuisine, c'est juste pour la petite anecdote, et ça m'a renvoyée à une image où j'avais raté le métro et j'étais en octobus. Elle se rappelle une octobus. Une heure du matin, est-ce qu'il y a ? Et là, il était deux heures du matin, j'étais là, je pleurais, je n'étais pas dans l'endroit où je voulais. Encore heureusement qu'il n'y avait pas les réseaux, parce qu'à l'époque, tu ne voyais pas la vie des gens. Si j'étais dans les réseaux, je vois tout le monde dans le sport, et moi, je suis là. J'ai dit, des fois, on était dans une période où on n'était pas à regarder la vie des autres.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et ça,

  • Speaker #1

    c'était une bonne période.

  • Speaker #0

    Ça préservait notre santé. Parce que si tu n'es pas content de faire ce que tu fais, et tu vois l'autre faire, elle va te répéter l'émergable. Moi, je n'étais pas névrose là. Je ne regardais pas. Mais je savais que mes copines étaient là-bas. D'ailleurs, j'allais tout le temps les chercher le vendredi. Je rêvais que d'être à leur place. J'avais pleuré ce jour-là. Je sais qu'il y avait une voix au fond de moi. Je ne sais pas d'où elle est venue. En me disant, ne t'inquiète pas. Tu les auras la vie que tu veux. J'avais accepté à bras le corps de faire ce chemin. C'est pour ça que le titre me parle beaucoup. Et de faire un... un métier tellement éloigné et je pense que le message là-dedans c'est d'être capable d'être dans un endroit on veut pas, mais de le prendre quand même à bras le corps en espérant ouvrir une porte derrière et je pense qu'on voit tous les parcours, c'est que les gens qui ont fait ça, qui ont réussi à faire ça qu'ils y arrivent, je pense, j'ai l'impression à chaque fois je regarde des histoires incroyables, c'est toujours les gens ils se sont trouvés dans les trucs, ils ont accepté d'être dans cet endroit-là, même dans les films et tout et donc voilà, finalement... C'est que j'étais dans le bon chemin, en fait.

  • Speaker #1

    Asma, merci beaucoup. Je rappelle que ton livre À bras le corps est disponible aux éditions Faces cachées. Allez vous le procurer. En plus, la une, elle est magnifique. Franchement, la couverture, elle est vraiment magnifique.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je ne vous spoil pas, mais voilà. Allez voir, allez l'acheter. Suivez Asma sur Instagram également, parce que vous allez découvrir son histoire, sa vie, tous les jours. Et les bains aussi, les bains glacés. Ça, c'est très cool. Merci Asma, c'était vraiment un épisode hyper agréable avec toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi et longue vie à la reine.

  • Speaker #1

    Merci Asma, à bientôt. Voilà, j'espère que ce nouvel épisode vous aura plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager à vos amis, proches, sur vos réseaux sociaux. N'hésitez pas également à mettre des étoiles sur Apple Podcasts, évidemment, et surtout à vous abonner sur les différentes plateformes pour recevoir les notifications de nouveaux épisodes. En attendant, à très bientôt dans la reine.

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#63 L'Arène - Judo : Asmaa Niang en interview

by Saïd El Abadi


Pour ce nouvel épisode, Saïd reçoit dans L'Arène, Asmaa Niang.

La judokate marocaine, plusieurs fois championne d’Afrique et qui a disputé les Jeux Olympiques, sort son premier livre À bras le corps, aux éditions Faces Cachées..
Au menu : le judo, ses modèles, la résilience, l'UNSS, le CAP, l'éducation, la transmission, le MMA, le Maroc, le Sénégal, Francis Ngannou et tellement de sujets…


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Salut à toutes et à tous, c'est Saïd, bienvenue dans la Rome. Je suis heureux de vous retrouver pour un nouvel épisode. L'arène de nos podcasts qui nous plongent dans l'univers hors de nous. Salut Asma et bienvenue dans le podcast La Reine.

  • Speaker #1

    Merci, merci, merci. Je suis très contente d'être une invitée de La Reine.

  • Speaker #0

    Alors si je te reçois aujourd'hui, c'est pour parler un peu de ta belle carrière, qui n'est pas terminée, de ta carrière de ju... présenter auprès du grand public pour savoir qui tu es ?

  • Speaker #1

    Alors, je suis Asma Niang, une athlète olympique qui a participé à Rio 2016, Tokyo 2020 plus un, forcément avec le Covid. Après, je ne suis pas qu'une athlète. Voilà, souvent je le dis, je suis un peu une athlète à parcours un peu biscornu et atypique. J'aime bien ces deux mots. Et donc, je fais aussi de l'accompagnement. Je suis thérapeute, je suis préparatrice mentale. conférencière et là, je deviens autrice.

  • Speaker #0

    Alors justement, on va parler d'abord de ton livre avant de parler de tout ça. Pourquoi écrire un livre ?

  • Speaker #1

    Pourquoi pas ? Non, je plaisante. J'aime bien la sortir celle-là. Pourquoi pas ? Alors en fait, en réalité, c'est écrire, c'est quelque chose, un exercice que j'aime faire depuis longtemps et puis en fait, j'aime la transmission. Le mot transmission, c'est l'étymologie, déposer au-delà, laisser quelque chose et écrire. Vous savez la petite anecdote, hier j'étais au collège, mon ancien collège où j'ai passé ma scolarité et je leur ai fait une petite conférence à des étudiants, enfin des collégiens, c'était 200. Et ils m'ont posé cette question en réalité. Et en fait, c'est parce que là, je suis devant eux avec ce bouquin et je vais le déposer à la médiathèque. Je vais laisser cet héritage de ce parcours pour que ça puisse, je l'espère, inspirer de la façon qu'il est fait. Mon livre, il est fait d'une façon aussi atypique par rapport à d'autres livres biographiques. Et je pense que c'est pour cette raison. C'est la transmission qui me pousse le plus, toujours.

  • Speaker #0

    Tu as dit le mot héritage. C'est quelque chose qui est important ?

  • Speaker #1

    pour toi ? Ah oui, complètement. Complètement, parce que moi, c'est quelque chose qui m'a aussi aidée. Alors, c'est vrai que moi, j'étais jeune, je m'identifiais beaucoup à tout ce qui était les afro-américains, parce que quelque chose qui me ressemblait, forcément, en France, on n'était pas trop sur la lecture, à écrire surtout. Je ne connais pas beaucoup d'athlètes avec qui je pouvais m'identifier, qui écrivaient des livres. C'était une réalité. Et c'est très difficile d'en trouver. Et là, je vous parle d'ici plus de 20 ans, 25 ans. ans. Donc les seules où je pouvais trouver des choses où, on va dire, qui mettaient plus en avant leurs mots A, U, X, leurs difficultés, leurs échecs. Et je trouve que les anglo-saxons, ils sont très très forts là-dessus. Ils montrent toutes leurs filures, leurs échecs, de combien ils ont raté. Et moi, je le trouvais que chez eux. En France, non, pas du tout. C'est quelque chose qui était très masqué. Il y a 25 ans, on ne parlait même pas de ça. Il fallait montrer tout ce qui était beau. Et toutes les difficultés, on ne les montrait pas. Donc on... Pour une jeune fille ado de 15 ans, c'est quelque chose d'extrêmement difficile pour moi. Donc je suis partie les chercher chez les afro-américains. Donc j'ai toujours réussi à regarder des docus, que ce soit Marion Jones, que ce soit toutes les histoires, Michael Jordan, Tout l'univers, Mohamed Ali, et je me suis inspirée de tout ça. Et donc ils m'ont laissé quand même un héritage, parce que c'est aussi cette identification, cette inspiration qui m'a poussée aussi à dire que c'est possible. sur certaines choses de leur parcours qui étaient difficiles. Donc voilà, à mon tour, j'ai envie de laisser quelque chose.

  • Speaker #0

    C'est impressionnant parce que, alors je ne vais pas rebondir sur Mohamed Ali et Michael Jordan, mais tu as cité Marion Jones. Moi, je fais partie de cette époque qui a suivi Marion Jones et à l'époque, il y avait même Maurice Green. C'était les deux qui cartonnaient, etc. Ça me fait super plaisir d'entendre ça. Je rebondis dessus. Qu'est-ce qu'elle t'inspirait justement, Marion Jones ?

  • Speaker #1

    On rappelle que c'était le sprint. Après, c'était un grand drame, la pauvre, quand elle a eu toutes ces histoires de produits. Mais c'est... C'est vrai que moi, pour la petite anecdote, j'étais championne de France en UNSS, en athlétisme, et on avait le droit, on fait le panier. Celui qui gagnait faisait les paniers. Et moi, j'ai tout fait pour que ça soit celui... J'ai une belle photo avec Marion Jones, elle devait avoir peut-être 14 ans. Et je me souviens, elle m'avait fait un bisou sur le front. Et c'est vrai, c'est vrai. Et en fait, parce que je prenais soin de ces pointes. Et je me rappelle un truc qui m'avait marqué. Et c'est là où j'avais compris les tocs des athlètes. C'est qu'en fait, j'étais avec le panier et puis elle avait posé ses affaires, mais elle les rangeait vraiment très bien dans le panier. Et c'est vrai qu'à un moment donné, je les ai fait tomber et elle le remettait. Et elle ne m'avait pas engueulé ni rien. Mais pour me faire comprendre qu'il faut que ces affaires soient de cette manière-là. Et c'est à partir de là que je commence à comprendre que... Comme Nadal, ce qu'il fait avec ses bouteilles. Aujourd'hui, moi aussi, je le fais sur plein de choses. C'est ce rituel, ces talks, toutes ces encrasses, toutes ces choses-là pour arriver à exceller. C'est toutes ces petites choses qu'ils mettent en place les athlètes. Je les avais découvertes comme ça avec Marion Jones. C'est tout cet univers de Marion Jones. Après, il y a eu Perrec, il y a eu des Françaises. Mais c'est vrai que moi, j'aimais beaucoup tout ce qui était afro-américain.

  • Speaker #0

    Moi, je me souviens de Maurice Green. J'essayais de l'imiter avec sa langue tout le temps, avant chaque course. J'adore cette anecdote. Bravo, franchement, ça fait plaisir de parler de Marion Jones et d'athlétisme en plus, parce que cette époque a été pas mal l'athlétisme américain. On a eu des beaux sprints.

  • Speaker #1

    Il y avait une belle génération, bien sûr.

  • Speaker #0

    Justement, tu me... Tu m'as parlé des tic et toc, entre guillemets, de ces sportifs. Tu m'as dit que tu en avais quelques-uns. Tu peux nous dire tes petits secrets comme ça ?

  • Speaker #1

    Moi aussi, j'ai quelque chose avec le panier. Maintenant, j'arrive à le comprendre. C'est vrai que je suis un peu maniaque aussi sur plein de trucs. de choses. Donc mes chaussettes, il faut qu'elles soient rangées d'une manière. Un petit détail, j'ai toujours la même gourde. Ma gourde, il faut qu'elle soit posée dans une façon, pas d'une autre. Ma façon de plier, le judogi, on en a tous. Les autres appellent ça des névroses chez l'athlète, mais je sais que c'est des petites choses qui font que ça nous rassure. L'athlète cherche toujours des petites choses comme ça qui... qu'il le rassure, au-delà de tout son travail qu'il met en place. Après, voilà, c'est des rituels, plus qu'autre chose.

  • Speaker #0

    Alors, pour casser le mythe, ce n'est pas un rituel. Par exemple, tu te dis, ça a fonctionné, j'ai gagné, je le refais. Si j'ai perdu, je ne le refais pas. Tu le fais quand même, même en cas de débordement.

  • Speaker #1

    Tout dépend, tout dépend. Après, moi, je n'en reste pas trop non plus là-dessus. Mais c'est vrai que j'ai toujours les mêmes chaussettes. Ça, c'est quelque chose que je perds ou je gagne. Je sais, mes chaussettes, je les ai. C'est des chaussettes qui me chauffent bien les pieds. Donc, voilà, je n'aime pas ne pas les avoir. Mais s'ils ne sont pas là, je suis avec. Mais ce que je veux dire, c'est qu'on a quand même ce petit rituel qui est constant.

  • Speaker #0

    On peut en parler un peu de ta carrière maintenant, de judo 4. Alors, comment ça se fait que tu aies tombé aussi tard dans le judo ? Parce que c'est vrai qu'à notre époque, ou même avant, on dit souvent aux jeunes, mettez-vous à 5-6 ans, c'est un des premiers sports qu'on dit de faire aux enfants pour apprendre à tomber, apprendre à se mesurer à l'adversité, etc. Et toi, tu es tombée plus tard ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que moi, je ne suis pas née en France. Je suis née au Maroc, à Mohamedia, et je suis arrivée à l'âge de 11 ans. Donc, je ne parlais pas du tout français. Pas du tout, pas du tout. Donc, je devais m'habituer à la langue, barrière de la langue. Et puis, comme en France, on est très, très bon pour faire apprendre les langues, c'est ironique parce qu'on ne parle pas anglais. Donc, j'avais du mal à comprendre, de la compréhension de la langue, tout simplement. Et au bout d'un an, on est dans un cursus normal. Donc, je me retrouve dans mon collège. Et dans ce collège-là, forcément... moi, j'avais la barrière de la langue, donc moi, j'avais un don, j'étais très bonne en sport, et je pense qu'ils auraient dû me détecter à ce niveau-là. Je pense que je serais peut-être à la période aux Etats-Unis ou en Angleterre, ils m'auraient détectée, ou en Allemagne, mais en France, on ne met pas le sport comme priorité, alors que pour moi, être bon en EPS est aussi bien qu'être bon en maths et en sciences, et je n'arrête pas de prôner ça, que l'EPS et le sport, on a plus besoin dans la vie que certaines matières, Et ça, c'est malheureux qu'aujourd'hui, le sport ne soit pas aussi mis en avant. Et donc, j'avais un don. J'avais vraiment un don. Et de comprendre vite, c'est-à-dire que pour comprendre et acquérir un sport, il faut avoir de l'intelligence. C'est-à-dire que refaire la technique, comprendre le concept du jeu, son corps, entre l'information qui vient au cerveau et l'exécution. Et donc, c'est un don, vraiment un don chez les jeunes quand ils l'ont. Donc, il n'est pas vraiment pris à la légère. Et donc, on m'a dit échec scolaire. Donc, moi, je ne suis pas partie en sport. études. Donc moi, j'ai beaucoup pleuré. Énormément, j'avais toutes mes copines qui partaient en sport études et moi, privée de ça, je me retrouve avec un BEP CAP. Voilà. En plus de ça, à l'époque, ce qui était drôle, parce que je pars en CAP BEP Bac Pro, dans cette voie professionnelle et on avait collé le professionnel comme un échec. Donc moi, c'était tous les cancres qui allaient en BEP. Donc vraiment, c'était nul. Va en BEP. Et donc en réalité, deux choses, c'est-à-dire qu'on ne valorisait pas Cette voie professionnelle qui est juste... Moi, je me souviens, j'avais une copine, elle était bonne à l'école et tout se passait bien, mais elle avait envie d'être pâtissière. Et c'est tout, elle n'avait pas envie de faire des grandes études, c'était son rêve d'ouvrir une pâtisserie. Aujourd'hui, elle a réussi. Et à l'époque, on lui disait, t'es trop intelligente pour faire pâtissière et d'avoir un CAP. Donc c'était un peu les mentalités d'avant. Aujourd'hui, ça change heureusement un petit peu quand même. c'était un petit peu ça si tu partais pas dans la voie de général voilà le reste garage forcément si c'est pas je sais pas si tu te souviens de ton époque il y avait les 3e 4e techno eux étaient foutus eux étaient foutus c'était la classe ils sont pas en général et or que non parce que ils apprenaient quelque chose de technique. Mais on ne valorise pas toutes ces choses-là, les métiers manuels, et je trouve ça dommage la façon qu'on peut voir ça. Donc moi, je me suis retrouvée en cuisine et je me suis dit, bon, d'accord, je suis en cuisine, mais je ne vais pas faire n'importe quelle cuisine. Il faut que j'aille dans les meilleurs traiteurs en alternance. Donc j'ai fait chez Potel et Chabot. C'est un des plus grands. Il y en a un à Saint-Pétersbourg, un à New York, un à Duba, je pense, et en France. Et je me suis dit, je vais me trouver chez ce grand traiteur. Et voilà, je suis restée un bout de temps. Jusqu'à ce que finalement, qu'une brûlure, j'ai dû arrêter. J'ai fini mes diplômes. Je faisais un peu d'intérim, comme ça. Mais le tiroir du rêve olympique, il était encore dans quelque part. Mis à part ça, j'ai fait beaucoup de perfs, par exemple au Hand. J'ai fait beaucoup de... J'étais championne de France au moins de 18 ans avec Nina Canto, qui est dans la même équipe. Nina Canto qui était dans l'équipe de France de Hand, qui a fait Pékin et Londres. Et Nina qui est une de mes meilleures amies jeunes, on était ensemble. Et Nina, elle était dans mon équipe. Donc on était championne de France à Noisy-Grand ensemble. Et ça fait partie des fixes en partie en sport et études, sauf que moi non. D'accord. Donc voilà, qui sont partis, ils ont pu accéder au sport et études sans moi. Et donc je l'ai vu évoluer, je l'ai vu partir. au jeu pendant que moi je suis encore là donc 2008 on parlera de la caserne après et par contre je sais pas pourquoi j'étais persuadée qu'un jour je m'entraînerais au jeu, je ne sais pas comment, avec quel sport c'est un rêve vraiment où tout le monde se moquait mais arrête ton délire t'as 20 ans, tu fais pas de sport tu vas te retrouver au jeu et moi je sais pas, j'ai incarné tout ça donc je rentre dans une salle pour la première fois et je rencontre un prof qui est juste extraordinaire il fait partie des gens qui croient au potentiel tout de suite et puis il me dit même si t'as commencé à 20 ans tu peux aller loin et moi le loin je l'ai vu très loin et il m'a vu tous les jours un peu comme dans les films un peu où tu pars et tu reviens mais vraiment c'était ça c'est tous les soirs j'étais là, je faisais de l'intérim des fois je revenais je restais tard jusqu'à 22-23h pour comprendre la technique parce qu'apprendre ce sport là sur le tard c'est extrêmement difficile quoi, c'est pas mon sport de genre il commence à 4-5 ans à 16 ans mais à 20 ans on est déjà seigneur en fait pratiquement et... Et donc, il m'a dit, je ne vais pas t'apprendre à être judoka, je vais t'apprendre à être une combattante. Et je me souviens pour que ça aille plus vite. Donc, il m'a appris à être combattante. Et je pense que s'il avait commencé avec un, je t'apprends à être juste une judoka, ça prend trop de temps.

  • Speaker #0

    Il a su tout de suite détecter ce que tu voulais au final, dans le fond de toi.

  • Speaker #1

    Tout de suite. Parce que moi, je lui ai dit clairement, je lui ai dit, il n'a été pas surpris parce que tu arrives à 20 ans, je lui ai dit, je vais faire partie, je me rappelle, je lui ai dit, je vais faire partie des meilleurs mondiaux. Je suis. faire les Jeux olympiques. Et puis, il ne s'est pas dégonflé. Il m'a dit, tu peux aller loin dans ce sport. Lui, il était là. Et je lui ai dit, il y a quelqu'un. Il n'a pas dit que c'était bizarre. Il ne m'a pas moqué. Et puis, comme il a cru, je me suis dit, c'est OK. Et je vais continuer comme ça. Sauf que bon, derrière, la cuisine, c'était difficile. Et puis, peut-être qu'à un moment donné, à force qu'on me dise que c'est impossible, c'est dur et tout, je fais, est-ce que c'est ça vraiment ? Parce qu'il faut gagner aussi sa vie. Il faut travailler. Et le destin a fait que je... Un jour, je faisais juste un footing à côté du dojo à Villiers. Il y avait un gradé qui courait à côté de moi. Là, il commençait à me parler. J'avais une bonne foulée, je cours assez bien. Il m'a dit, c'est bon, tu cours assez bien. Du cardio, tu sais, maintenant, on a ouvert aux femmes les pompiers. Comment ça ? Il m'a dit, les sapeurs-pompiers, c'est militaire, armée de terre, génie. Dans les casernes, il n'y avait pas de femmes. Maintenant, il y en a. C'est quoi le métier ? Je connaissais les pompiers. Qu'est-ce que ça consiste à faire ? Je ne sais pas. Il m'a dit, nous, on sauve des vies, on fait du sport. Il n'y avait pas que ça. Mais c'est vrai qu'il m'avait dit des choses. Je vais gagner de l'argent à sauver des vies et faire du sport. Donc, je lui ai dit, ça peut être bien. Mais sans forcément que j'ai mis mon rêve olympique, entre guillemets. Je me suis dit, peut-être que je vais faire ça. Mais je ne savais pas où je mettais les pieds. Ah là là là. À ce point ? Il faut savoir que j'étais une minorité dans la minorité. 2002, 2003, que les femmes rentrent. Moi, je rentre en 2005. En 2005, début 2006, ça venait d'arriver, c'était tout nouveau. Je me retrouve là. C'est simple, j'étais la seule black, reveux, nana là-dedans, parmi plein de mecs. Donc, il faut croire que c'est une mini-société. Ce n'est pas parce que c'est les pompiers Paris qu'il y a des gens sympas et des gens moins sympas. Après, je pense vraiment que c'est quelque chose qui m'a vraiment formée. Peu importe les rencontres que j'ai eues là-bas, aussi difficiles qu'elles soient. Je pense que sans ça, il n'y a pas de Jeux Olympiques. Et je le dis vraiment. S'il n'y a pas eu la formation de pompier, de comment ça m'a cadré cette formation physique, je pense que les Jeux, ça n'existe pas. Je ne serais pas partie jusqu'à là-bas. Je n'aurais pas eu, mentalement, physiquement, de comment ça m'a forgé. Les pompiers m'ont énormément forgé. La caserne, la vie de caserne, même si aussi dure que ça soit. ce côté très discipline. C'est-à-dire que moi, je sais que j'ai gardé ça toute ma carrière. Et c'est pour ça qu'à 41 ans, je suis encore en forme. C'est que j'ai toujours gardé cette formation militaire. Pour moi, c'est l'heure. Quand je me réveille, c'est cette heure-là. Je suis à l'heure au rendez-vous. Enfin, tout est nickel. Il n'y a pas de gauche-droite. Et en fait, je pense qu'à l'armée, 10 ans, la discipline, c'est une bonne formation. Donc, j'étais très bien formée à la discipline. Donc, ça m'a aidée forcément.

  • Speaker #0

    Justement, tu parles de ton âge, 41 ans. Tu ne les fais pas, parce qu'en plus physiquement tu te sens bien, et sur le tatami ça se ressent également. Alors tu viens de le dire, il y a un peu ce secret-là, le fait d'avoir cette formation, mais c'est quoi aussi le secret en fait ? Il n'y a pas que ça, mais pour tenir autant jusqu'à 41 ans dans une discipline qui... qui est quand même physiquement éprouvante, tu ne combats pas dans un championnat de France. Et déjà, un championnat de France, c'est de très beaux niveaux, mais tu continues à combattre dans des grosses compétitions. Donc, c'est quoi un peu le souci ?

  • Speaker #1

    Alors, je pense sincèrement que... Moi, j'ai toujours une âme d'enfant. Je sais, j'ai quelque chose de très... J'aime le jeu, j'aime jouer. Et vraiment, sincèrement, je suis quelqu'un qui aime toujours apprendre. Et je pense qu'un athlète de haut niveau, parce que je les accompagne, et surtout, beaucoup d'athlètes ont faim de carrière. Et des fois, ils n'ont que 25 ans, ils sont en faim de carrière. Alors, il s'avère qu'il y a deux choses qui se posent. C'est ou physiquement, ils ne tiennent pas parce qu'ils ont eu trop d'opérations, trop de blessures, ou ils n'ont plus envie d'apprendre. C'est-à-dire que moi, je dis, un athlète, quand il n'a plus envie d'apprendre, il est en faim de carrière. Et je leur dis à chaque fois, si tu ne veux plus apprendre... C'est-à-dire que quand tu pars en entraînement, que ça arrive une fois, mais c'est à 90% que t'arrives et que t'as pas envie d'apprendre et que tu fais la tronche et que t'as pas envie d'être là, c'est que t'es en fin de carrière. C'est que t'as plus rien à faire ici. Le sport, il est fait pour que ça soit aussi... L'étymologie du mot sport, c'est desporté, c'est amusement. Donc si t'es pas là pour jouer, parce qu'on peut apprendre qu'on joue, les animaux le font très bien, et puis les enfants le font trop bien, c'est pour ça qu'ils apprennent vite. Et donc si on n'est pas dans cet univers, t'es en fin de carrière ou tu vas te blesser. blessés. Et souvent, il y a des athlètes qui arrivent à la blessure parce qu'ils n'ont plus envie d'apprendre. Donc il y a un rejet, donc ils poussent leur corps à dire non, non, c'est le physique. Mais en réalité, ils n'ont pas voulu bien avant. Et moi, c'est tout le contraire. À chaque fois, on me dit ça, on me dit, ah ça, on dirait une junior. C'est-à-dire que si... J'ai beaucoup d'humilité là-dessus. C'est-à-dire que je sais que j'ai tellement commencé le judo tard que je suis capable d'être avec un groupe de juniors et écouter le prof comme si je venais d'arriver. Et alors que, voilà, j'ai de l'expérience quand même, je suis deux fois à la pienne, mais j'ai toujours... eu envie d'apprendre tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et puis aussi, ce côté se remettre en question, se recycler. De toute façon, ça, je le fais que ce soit dans le sport ou dans mon métier. Mais je pense que c'est ça qui garde la longévité, je pense. C'est ce côté curieux. Et donc, en fait, c'est infini. On ne se dit pas, non, c'est bon, on est arrivé à bout. Mais non, comme il y a tout le temps des trucs à apprendre, donc il y a toujours des objectifs. Donc, je suis tout le temps à regarder devant. Donc, en fait, on ne voit pas les années passées parce qu'on est tellement happé par cette passion. Et puis le corps... il suit parce que il faut pas alors les gens ils pensent que c'est la génétique c'est toujours ça ouais mais c'est ton côté sénégalais c'est ton côté marocain c'est ton côté africain et moi j'y crois pas du tout j'y crois pas du tout vraiment je pense que la génétique elle est à 10-15% je vais pas commencer avec les statistiques mais dans le sens où s'il y a pas de discipline derrière la génétique elle sert à rien donc c'est vrai que ça m'aide parce que voilà mais c'est mon sommeil c'est C'est ma nutrition, c'est mon hydratation, c'est tous les petits courages que je mets chaque matin avec cette discipline de faire bien les choses. Et au final, c'est ça qui fait que derrière, je suis bien. En fait, je suis dans l'univers un peu de la prophylaxie dans le sens où j'aime la prévention. Moi, je n'aime pas dans le sens où les gens aiment bien tomber malade pour aller, comme avoir mal aux dents pour aller au dentiste. Tomber malade. et payer parce qu'ils sont malades. Alors moi, c'est pas question que j'ai peur des maladies ou quoi, mais j'aime bien la prévention. Je fais tout en sorte que ça aille bien. Donc du coup, ça va bien. Par exemple, un détail, nous on fait un sport très très dur aux articulations. C'est un des sports où on se blesse le plus. Parce qu'on ne sait pas où on chute. Les genoux, les épaules, tout ça. Si on ne travaille pas tout l'univers anti-blessure, ça veut dire que tous les jours, faire en sorte que son corps tienne ses articulations, ça va péter. Et ça, c'est quelque chose qui est très dur, des fois, à faire comprendre aux athlètes. Et je leur image avec une image qui est très puissante. C'est comme si je leur disais, si on traverse l'autoroute, il y a des fois, il se peut que 10%, je ne vais pas mourir. Ça se voit qu'il n'y a pas de voiture. Mais à 99% ou 90%, je vais me faire faucher. Par contre, si je prends la prévention de traverser dans un passage clouté, peut-être, je ne fais pas ça, que ça ne va pas arriver. Mais il y aura peut-être 10% des cas où il y a les voitures. Donc c'est ce parallèle-là, une métaphore comme ça, où ils arrivent à comprendre, c'est que s'ils le font, ça ne veut pas dire que ça ne va pas arriver ou qu'ils vont gagner. Donc ce n'est pas parce que tu t'entraînes nuit et jour, que tu es bien dans ta vie, que tu vas être champion olympique. Et ce n'est pas vrai. Et c'est quelque chose qui n'existe pas, ça. Par contre, tu montes tes probabilités. Probabilités pour faire une belle carrière. Et c'est une question aussi de probabilités, monter ses probabilités. à rester en bonne santé et puis tout simplement faire quelque chose qu'on aime. C'est pour ça. Je sais que j'ai des athlètes où ils ont eu beaucoup de blessures, donc ils n'ont pas vécu leur carrière comme il faudrait. Et finalement, c'est dur psychologiquement parce que tout simplement, derrière, ils n'ont pas fait ce qu'il fallait tout simplement pour vivre de ça et kiffer, tout simplement.

  • Speaker #0

    Le plus gros regret, après, c'est de se dire j'ai mal travaillé plutôt que j'ai perdu.

  • Speaker #1

    Ben ouais c'est ça, c'est ça, c'est ça. Je pense sincèrement que chaque athlète qui fait tout ce qu'il faut, c'est pour ça que moi chaque fois on me demande, il y a un petit garçon hier très mignon de 6ème, il m'a dit est-ce que vous avez des regrets ? Et je trouvais mignonne sa question dans votre carrière et je dis non et il me dit pourquoi ? Et là je lui réponds tout simplement est-ce que j'ai tout fait bien ? J'aurais peut-être fait mieux, sûrement, mais j'ai fait ce qu'il fallait. C'est-à-dire que je peux dormir bien. Et souvent, les athlètes qui ne dorment pas bien, ou qui ne sont pas bien, ou qui sont dans l'alcool, tout ça, il y a eu quelque chose où qu'il les a... Peut-être des choix, peut-être des fréquentations, peut-être qu'il y a... pas eu assez de nuit sommeil peut-être qu'il ya eu certaines choses en jacquemagne un joueur que maintenant il essaye de se recycler pour jouer il a 28 ans sans dire son nom et c'est ce joueur en fait il a eu été dans mauvaise mauvaise fréquentation, il a mal géré son hygiène de vie. Il se fait trois croisés, à trois croisés à 28 ans pour trouver un gros club. Voilà, c'est déjà terminé. Et après, là, on pourra dire, ouais, non, mais j'ai eu un gros croisé. Tu connais l'expression des gars qui aiment bien dire ça. Et c'est réel. Et en réalité, pourquoi il dit ça, c'est parce qu'en fait, toute sa carrière, il aura ce regret très, très dur. Et il ne pourra pas bien dormir. Et en fait, justement, c'est pour ça que j'essaie avec cette nouvelle génération, cette nouvelle jeunesse, de leur passer puissamment ce message que peu importe des médailles ou pas au bout, dormez bien après votre carrière parce que c'est une carrière d'au niveau, c'est une expérience unique, magique vous pouvez faire des choses exceptionnelles mais il faut bien dormir après voilà si justement par exemple ta carrière,

  • Speaker #0

    si tu devais retenir je ne vais pas dire un parce que je sais que c'est toujours compliqué d'en retenir un mais peut-être les 2-3 meilleurs moments de ta carrière dans ces dernières années

  • Speaker #1

    je pense que lorsque j'ai pris une décision exceptionnelle de me barrer des pompiers et de partir au Maroc donc j'ai pris une décision exceptionnelle, résultat exceptionnel donc j'ai vraiment eu cette énergie de tout laisser, salaire et tout au Maroc et je savais pas où j'allais et puis il faut savoir que les structures sont pas pareilles l'organisation et rien et moi qui est militaire en fait ce qui était drôle c'est que je venais pas du tout je suis MRE marocain résident étranger et c'est vrai des fois je peux être être jugée de l'autre côté, au Maroc, au Sénégal, des fois. Non, mais elle vient de France. Mais en fait, c'est juste parce que je suis psychorigide et je suis disciplinée. C'est que ce n'est même pas je viens parce que je viens d'Europe ou Occident et que j'ai envie d'imposer. C'est parce qu'au moins, tu me donnes une heure, c'est ça. Je suis tellement carrée que là-bas, je souffrais. Je souffrais énormément. Je ne savais pas quand le billet allait arriver. C'est quand j'étais dans... Et il fallait que justement, que j'accepte. Et c'est ça qui est magnifique. Parce que j'ai réussi à choper ça. Ça veut dire qu'il fallait que je sois une athlète qui s'adapte à tout, être prête pour tout. C'est-à-dire que moi, je pouvais avoir un billet deux jours ou trois jours avant. Je pouvais dire à Asma, tu pars à moi toute seule. Donc, il fallait que j'apprenne certaines choses. Et donc en fait, même dans la difficulté de cette carrière, ils m'ont appris à... Ils m'ont monté mon level en réalité. Même si au début, je ne vais pas dire que tout est rose. J'étais là, je les engueulais, je n'étais pas bien, ça gueulait. Mais en réalité, du recul aujourd'hui, ils m'ont créé des skills. J'arrive à gérer, parce que nous, c'est une date. Et j'arrive à gérer certaines choses, même dans le boulot. Maintenant, aujourd'hui, dans mon travail, quand je fais des... Et c'est grâce à l'organisation du Bled. Grâce à l'organisation du Bled, j'ai réussi aujourd'hui que lorsque j'ai des trucs qui sont dernières minutes, j'ai des galas. C'est... je suis large, ça c'est rien ça je suis large et du coup j'ai pris des skills grâce à eux donc j'ai rendu le truc un peu positif donc je les remercie pour ça bon il faudrait qu'ils changent quand même pour la nouvelle génération quand même mais en réalité c'est top pour ça et je dirais Düsseldorf parce que ce moment là en 2014 c'était une dinguerie vraiment dingue je fais tourner à paris juste avant à bercy je perds contre la gagnante au deuxième tour c'était bolder à meyer je tombe la semaine d'après je pars à d'autres d'office et pour qu'il y ait un tournoi paris et bercy le grand chêne de bercy et le grand prix de solvay maintenant il est devenu grand chêne c'est un des plus prestigieux et je n'avais même pas pensé à la médaille d'or arrivée là bas je fais bon combat par combat elle était là en fait combat par combat ça gagne deuxième tour ça gagne je tombe sur celle qui gagne le persil et la tape ou quart de finale j'arrive coréen la tape oh et là j'arrive en demi pareil ça gagne et là j'arrive en finale je prends médaillé olympique La médaille est mondiale, championne d'Europe, très solide, une anglaise, je gagne. Et là je me retrouve, et en fait c'est bizarre cette journée, parce que je n'ai pas encore réalisé que j'étais là. En fait c'est drôle parce que même quand je gagne, je suis en gratitude. le ciel acheter là et là je monte sur le podium et là je me rends compte qu'ils ne font pas mon passé mon podium tout de suite parce qu'ils étaient en train de chercher le drapeau c'est la première fois d'histoire et je me rappelle il y avait un quelqu'un qui s'occupe du maroc il ya un un peu émue, c'est la première fois dans une compétition de prestance que ce ne soit pas en Afrique, où le drapeau marocain monte. C'était émouvant. Là, c'est les regards des autres qui m'ont fait prendre conscience que c'est un truc de dingue, qu'est-ce que je viens de faire ? C'était une folie. Ça a commencé à parler en France, elle part de là-bas, et en plus, elle gagne. C'est à partir de ce moment que je m'étais promis... Déjà, ça a commencé à parler. Ça m'a mis un ancrage de dingue de me dire, c'est bon, j'ai ma place. Et là, j'avais 31, 32 ans. Donc, je gagne un grand chenet en commençant 10 ans avant. Et là, je me dis, finalement, moi, les Jeux Olympiques, ça se mérite. Il faut être dans le top, pour moi, 16. Il n'y a pas deux, parce que des fois, il y a des quotas, un quota. Et moi, je m'étais toujours refusé ça. Et donc, à un moment donné, je me retrouve quatrième mondiale. Je commence à être dinguerie. Bon, championne d'Afrique, ça, c'est sans compter. Je commence. à passer des tours, demi-finaliste au championnat du monde.

  • Speaker #0

    Au championnat du monde, les Africains ne battent pas les Japonais. Je tape une Japonaise, le premier Africain à taper une Japonaise dans le championnat du monde. Donc voilà, c'était la folie toute cette carrière. Et au final, je n'arrive même pas à retenir le podium. Vraiment, c'est le message que j'ai laissé aux gens. Et du coup, il y a plein de gens, j'ai remarqué, qui disent ça. Ils disent je continue, je suis devenue une référence, Asma elle est encore là, il y a le père Même en France, je continue encore. Et j'ai vu des gens qui devaient arrêter, mais qu'ils ont vu. Attends, on continue encore quatre ans. Donc, j'avais donné un peu l'espoir à ceux qu'on leur disait que c'était mort. Et ça, c'était puissant. Je suis devenue une référence dans ça. Donc, ça me faisait plaisir.

  • Speaker #1

    Et ça, c'est bien parce que c'est marrant. Parce qu'on parlait d'héritage tout à l'heure. C'était le mot que tu as saisi tout à l'heure. fait, il se transmet également avec les professionnels. Parce que là, on parlait d'héritage par rapport à la jeunesse, etc. Mais au final, tu l'as même avec les professionnels. Ça aussi, c'est quelque chose d'agréable. En fait, tu arrives à transmettre des choses que ce soit chez les petits, les grands, les pros, les pas pros,

  • Speaker #0

    etc. et c'est là où je me suis aperçue que c'était au delà du sport parce que maintenant j'accompagne beaucoup aussi d'entrepreneurs et c'est pareil que les chefs d'entreprise c'est la même chose parce que c'est au final un chef d'entreprise qui a pas réussi à faire ce qu'il fallait ils ont commencé j'ai quelqu'un que j'accompagne il a ouvert à 50 ans et maintenant ça marche et 50 ans pourquoi pas qu'est-ce qu'on va lui dire autour et c'est la même chose au final ou à 40 ans les entrepreneurs c'est pareil que les athlètes de niveau c'est le même délire ils courent après autre chose mais c'est le même but c'est le même mindset on s'entend bien je voulais te parler de choses aussi importantes parce

  • Speaker #1

    que c'est ton cas je voulais te parler des sports de combat en général et des femmes, tu as vu l'évolution de toute façon depuis un an d'année tu m'as parlé de 2014 notamment est-ce que tu vois que les femmes ont plus leur place enfin, elles sont plus reconnues plutôt parce qu'elles avaient leur place de toute façon, mais surtout, elles sont plus reconnues comme elles devraient l'être.

  • Speaker #0

    Oui, il y a des avancées. Il y a vraiment des avancées, ça je le vois. Parce qu'aujourd'hui, le sport, c'est... Il y a beaucoup de communication autour de ça. Avant, on ne passait pas autant... Avant, c'était drôle parce que les filles, c'était 4 minutes, les garçons, c'était 5 minutes. Maintenant, ils ont mis les mêmes. En judo, c'est un peu différent. Par exemple, je peux prendre le MMA. Avant, on ne regardait pas beaucoup de combats de femmes. Moi, je me souviens, on m'avait proposé de faire ça après Rio ça remonte, oui oui en 2016 mon profil plaisait beaucoup on me dit ah t'apprends vite et tout et il y en a plein qui me disent Asma toi en MMA en 2016 là t'aurais été comme les Aranda Rousset et tout le monde m'a vu là-dedans t'aurais fini dans le catch à la Aranda Rousset après moi je me vois pas dans une cage je me vois pas j'arrive pas à taper une fille dans le visage c'est quelque chose qui me tue enfin j'arrive pas après je me vois pas je respecte le sport je regarde les deux ils sont ok mais moi je sais que quand j'ai essayé à un moment donné je devais taper sur la tête j'ai dit en fait comme j'accepte pas de le faire donc c'est moi c'est elle qui va me taper donc je vais être quelqu'un de trop gentil donc je sais que voilà mettre sur le dos et pourtant je suis rude enfin je suis rude au judo et tout Mais me retrouver comme ça dans une case...

  • Speaker #1

    C'est vrai qu'on a beaucoup de judokas, judokas qui s'y sont mis.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui. Il y a Blue, il y a Zouak. Il y en a, mais je sais que moi, c'est quelque chose où je n'y arrive pas.

  • Speaker #1

    Les poings, les pieds,

  • Speaker #0

    non. Au sol, au sol, je n'y arrive pas. Tout comme ça, au sol. Il faut avoir ce truc. Moi, je n'ai pas cette rage d'aller au sol, taper... Il y a du sang et tout. Non, non. Je ne sais pas. Après, ce n'est pas que je ne conçois pas. Chez Chaka, encore, j'ai un grand respect pour ceux qui le font parce que les deux, ils ont signé. Mais moi, je sais que c'est quelque chose qui est au-delà de moi. Je ne peux pas.

  • Speaker #1

    C'est vrai que c'est particulier. Comme tu l'as dit, il y a la cage. Déjà, la cage en elle-même, elle fait guerre. C'est vraiment, tu rentres pour faire la guerre déjà dans une cage.

  • Speaker #0

    Après, moi, je suis un peu ancienne. Moi, je suis le sport du noblard. Moi, je suis une grande fan de boxe. Vraiment, la boxe, je peux passer des heures à regarder. Je préfère regarder un match de boxe. Voilà, un bon match de boxe. Et je ne pense même pas que... le MMA remplacera la boxe, la boxe ça reste la boxe c'est pour ça qu'elle a plus de hype aux Etats-Unis donc là voilà j'aime bien l'univers de la boxe, j'aime bien accompagner des boxeurs parce que je comprends beaucoup leur univers et c'est encore plus atypique que le judo sur la façon d'accompagner un boxeur et en fait voilà j'aime beaucoup l'univers de la boxe donc je regarde donc si t'avais pas fait de judo t'aurais fait de la boxe ? Même pas même pas, non non même pas même pas, le judo sincèrement peut-être Ce jour là je serais rentrée dans le bobsleigh, j'ai rencontré, j'étais au ski, je rencontre un prof au bobsleigh, il y a une équipe comme la Jamaïque. On m'a dit, Asma, viens. J'ai dit oui, je suis sprinteuse, j'y vais. Je suis douce, j'y vais comme ça. J'accompagnais un jeune qui faisait, je gardais, j'étais avec lui, je suis rentrée là-dedans. Et pour te dire, l'odeur était atroce, je ne voulais même pas rester là-dedans. Pyjama, les pieds là. Et c'est juste parce qu'il m'a dit, oui, tu vas aller loin. Alors moi, j'ai dit, bon, je vais faire les jeux là-dedans. Je ne sais pas, il y a un film qui me touche beaucoup et à chaque fois, je verse des larmes. Tout le monde me dit, mais pourquoi tu pleures dans ce film ? Parce que je comprends tellement cet athlète, c'est Eddie the Eagle. Et à chaque fois que je le regarde, j'ai des larmes aux yeux quand il est là, petit, avec sa petite boîte, et qu'il fugue et qu'il reste dans le bus. Et son père, il dit, mais tu vas où ? Il dit, je vais au Jeux Olympiques. Et là, il est là tout le temps à vouloir aller aux Jeux Olympiques. Et en fait, c'est son histoire parce qu'il a tout essayé. Sauf que lui, il n'était pas bon déjà. Mais il a fait quelque chose d'exceptionnel à la fin. Il apprend un sport en moins d'un an et il arrive à être le premier Anglais. à être dans le ski et le saut. Il a fait un truc juste exceptionnel. Et son histoire, elle est trop touchante parce qu'elle me fait penser un peu à moi. Parce que c'est cette obsession des Jeux, quitte à choisir ce sport extrême et qu'on ne comprenait rien et qu'il s'est cassé la gueule 10 000 fois. je me voyais au judo. Et en fait, son histoire me fait beaucoup, beaucoup penser à moi.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a l'envie, justement, de transmettre la discipline du judo à des jeunes ? Ou peut-être, tu m'as dit que tu encadrais aussi des boxeurs ou d'autres sports.

  • Speaker #0

    Moi, ce n'est pas dans le physique. Avant, je le faisais. Maintenant, je suis vraiment dans le mental. Je me suis formée pour ça. Et puis, pas que les athlètes. J'accompagne M. et Mme Tout-le-Monde en thérapie. Et voilà, je suis aussi... Enfin, je... Je suivis les facultés de psychologie et psychanalyse. Donc aujourd'hui, je suis aussi marraine du socle. Après, je ne sais pas si ça vous dit quelque chose. C'est tout l'univers de la psychologie et de la psychanalyse. Ils ont ouvert un socle où je suis très contente d'être marraine. C'est un truc un peu international qui va gérer des études vraiment sur la santé mentale. C'est intéressant. Pas qu'en France. Et donc, moi, la santé mentale, c'est mon dada. J'aime beaucoup ça. Et qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, un être humain, il y a plus de dépression ? Qu'est-ce qui fait ? Moi, je lis beaucoup ça, la sédentarité, parce que l'être humain ne bouge moins. Et c'est pour ça qu'il y en a beaucoup plus. Et le fait d'être sédentaire, déjà, sur l'impact physique, c'est juste une catastrophe. Mais en même temps, ça joue sur les hormones et ça joue sur le cerveau. Et donc, voilà, j'essaye de sensibiliser là-dessus et de faire un peu un combat contre la sédentarité.

  • Speaker #1

    C'est vrai que la santé mentale, on en parle de plus en plus, surtout au niveau des sportifs, parce que... Pendant des années, ils n'ont pas du tout été accompagnés. Et on a vu que l'après-carrière, ça pouvait être une catastrophe pour beaucoup. C'est bien de voir enfin des structures comme ça apparaître et de voir qu'on encadre un peu plus les sportifs ?

  • Speaker #0

    Alors, souvent, je ne sais pas, il y a un neuropsychiatre, Boris Surinik, il a écrit un livre qui dit... Son livre, il s'appelle Moi, j'aime le sport de petit niveau Et c'est vrai qu'il avait... J'avais fait une étude sur l'INSEP et dedans, il y avait une psychiatre qui avait appelé l'usine à dépression. Pourquoi ? Parce que lorsqu'on les a fait, ils ont fait une étude, mais à part ça, c'était un Australien. Il avait suivi, je ne sais pas, peut-être 3000 athlètes. Et il s'avère que les athlètes, ils ont des mots. Parce que pour aller...... pour endurer autant de souffrance, il faut qu'il y ait une espèce de douleur qui est au même niveau. Donc, ils subliment, en quelque sorte, comme les peintres, ils subliment. Ils font quelque chose de super. Il vaut mieux ça que faire quelque chose d'autre. Mais dans le terrain de l'athlète, il est déjà très fragile. Il n'y a pas plus fragile qu'un athlète. On les voit fort, ce n'est pas du tout ça. C'est pour ça le paradoxe de l'athlète qui est juste extraordinaire. Par exemple, Nada, il le dit, qu'il est très, très fragile. Les Joko, on les voit. dans le terrain il n'y a qu'à voir de comment ils cassent leur raquette avec Roland-Garros de comment ils sont énervés comment ils ne peuvent pas gérer leurs émotions et donc à partir de là c'est qu'il y a quelque chose à l'intérieur de cette colère de ce et c'est répétitif c'est quelque chose qui est récurrent et donc il y a quelque chose qui ne va pas déjà et enfin Benoit Paire je ne sais pas si c'est une psychanalyse qu'il lui faut mais bon il y a quelque chose qu'il n'a pas appris dans sa carrière sans le tacler ou le mettre une balle perdue c'est que c'est malheureux en fait de voir qu'un joueur aussi bon que je pense que son trait de caractère et de plein de choses font qu'il a pu peut-être passer sur des victoires, j'en suis sûre. Donc je ne sais pas, peut-être qu'il doit être suivi, je n'en sais rien. Mais en tout cas, c'est ça, c'est cet univers-là que l'athlète a vraiment des névroses. Parce que vouloir être le meilleur, pourquoi ? Voilà. Et en plus de ça, t'es 5 fois, 6 fois, 7 fois champion du monde. Pourquoi tu veux le montrer une onzième fois ? Quelle est la raison de montrer ? Et c'est là, des fois, je me souviens, un entraîneur m'avait dit Si t'es championne du monde, mais personne le sait. Y'a que toi. Allez poser cette question, je t'invite à la noter et de poser la question, je sais pas, même à des joueurs. Bon voilà, tu as gagné la Champions League mais personne ne sait, il n'y a que toi. Tu l'as gagné ? C'est tout bête, c'est bizarre, elle est bizarre mais il y a un... peu de ça. Ça veut dire qu'il y a un côté de reconnaissance. Et c'est là où le danger se met. Ça veut dire que, je dis toujours, la médaille, c'est une récompense. Ce n'est pas un but en soi. Le but, c'est qu'est-ce qu'on a ramassé pendant cette carrière. Et c'est pour ça que la fin de la carrière de beaucoup d'athlètes, il sombre. Et je ne sais pas si tu as vu Thomas. le boxeur. Ça m'a beaucoup touchée. J'avais envie d'y écrire un message, d'ailleurs. Parce que, vraiment, j'étais touchée par son témoignage d'avoir rejeté, il était passé, je ne suis pas dans une mission, et il avait rejeté complètement sa carrière. Ça ne lui avait servi à rien et tout ça. Il avait sombré dans l'alcool. Tout cet univers-là. Et c'est ça, en fait. Au final, c'est de ne pas s'identifier à la médaille. C'est-à-dire que la médaille, elle peut partir. Et si elle part, parce qu'il y aura un autre champion. Je ne sais pas si tu te souviens d'Arbelé. Oui. Voilà. Donc vice-champion olympique à Pékin. La nouvelle génération qui est là, elle est quand même vice-champion olympique. J'avais un jeune au judo que j'ai déposé parce qu'il n'habitait pas très loin de chez moi. Il en parlait et puis je lui ai dit d'arbeler, il me fait c'est qui. C'est là où je me suis rendu compte à quel point que ça y est. C'est ça. Et c'est ça, en fait, que j'explique. C'est qu'un jour, il y a quelques-uns qu'on oublie. Maintenant, les jeunes, ils connaissent Douillet vite fait. Attention, Douillet, il faut leur en parler. C'est Riner. Et en fait, on n'est pas éternel. Et c'est ça, en fait. C'est s'accrocher à cette médaille de notoriété face à la médaille. Elle n'existe plus. On va t'oublier. Comme il y a des joueurs de foot qu'on a oubliés et qui n'existent plus. Et donc, qu'est-ce que toi, tu fais de ça ? C'est quoi le message ? Et donc, moi, je... sais que j'ai réussi à fructifier. Je ne suis pas médaillée mondiale. J'étais demi-finaliste deux fois à pied du podium au monde, malheureusement.

  • Speaker #1

    Ce qui est déjà...

  • Speaker #0

    Avec le parcours, c'est déjà énorme. Avec mon parcours, j'aurais dû peut-être avoir plusieurs médailles. Mais je sais que j'ai réussi à fructifier ce don. Parce que c'est un don, ce parcours. C'est un don. Je me remercie Dieu. Je suis très fier de ce parcours. Et j'ai réussi à le fructifier déjà par un livre, et puis par l'accompagnement, et puis par ce... cette transmission.

  • Speaker #1

    C'est ça qui est important. On en revient toujours à la même chose. Le côté héritage. Qu'est-ce que tu vas laisser comme héritage ? Qu'est-ce que tu vas apporter ? Qu'est-ce que tu vas retenir de ce que tu as fait par le passé ? Et la déception d'une carrière ou pas ? Comme tu l'as dit, oui, il y a la coupe. Mais toi, est-ce que tu es content de ta carrière au final ?

  • Speaker #0

    C'est ça. C'est vrai, hier, j'avais les larmes aux yeux. La petite anecdote, c'est comment je séchais le français. Parce que c'était la matière qui était la plus dure pour moi. Parce que le maths, ça va. L'anglais... Mais dès qu'on était en français, ils pitaient ta tribu du sujet. Le français, il galère. Les trucs, les machins, les dictées, c'était vraiment un enfer pour moi. J'avais une copine à qui je pouvais tricher un peu. C'était horrible. Et alors, qu'est-ce que je faisais ? J'étais dyslexique. Je le suis un petit peu encore, mais je suis à deux bases. C'est-à-dire que dans une phrase, je peux voir l'inverse. Mes yeux partent de l'autre côté. J'ai du mal, des fois, avec les mots. Et pourtant, j'aime tellement lire. J'en ai tellement lu. Ma bibliothèque chez moi, elle est... Elle est juste incroyable et je suis passionnée de la lecture. Et c'est parce que je pensais... que le fait de lire, ça allait m'enlever la dyslexie. Alors que la dyslexie, elle n'a rien à voir, c'est des gènes. Ça vient des gènes, ça n'a rien à voir avec l'intellect, en fait. Et moi, je pensais, j'avais mis dyslexie, bête, et c'est l'intellect. Et donc, on m'expliquait ça à l'époque. Je crois qu'en plus, c'est même un surveillant qui me l'avait dit. Oui,

  • Speaker #1

    c'est comme la 4ème techno.

  • Speaker #0

    Voilà, voilà. Et donc, j'avais appris que c'était par les gènes. Ça doit être ma mère ou quelqu'un qui l'a dans la famille, ou mon père, j'en sais rien. Et j'avais appris aussi que beaucoup de... de gens brillants, genre comme Einstein, enfin plein de gens, plein qui étaient des mêmes des grands écrivains dyslexiques. Et donc je séchais pour aller dans cette médiathèque. Cette médiathèque, elle est juste incroyable, elle est au premier étage de mon collège, et je passais des heures, en plus j'avais vraiment une gentille... Ceux qui travaillent dans la médiathèque. Elles étaient là dans la bibliothèque du collège. Et elles ne disaient rien. Elles savaient que j'étais chez le français. Mais elles ne me laissaient rien. C'était mon problème. C'est moi qui allais me faire engueuler. Mais elles me laissaient lire. Elles me laissaient lire. Et en fait, le fait qu'hier, j'ai déposé ça là-bas, j'ai eu larmes aux yeux. Parce qu'en fait, il y a une espèce d'endroit qui n'a pas changé. Ils mettent, par exemple, les biographies ou ils mettent psychologie. Tout est bien fait. Et là, je suis partie le poser. Il sera là, un jour je ne serai plus là et le livre sera là. Comme moi, je reviens 25 ans après dans ce collège et rien n'a bougé. Et là, j'ai ressenti, je pense pour la première fois, il n'y a aucun podium. qui m'a procuré ça. Et pourtant, j'en ai gagné des médailles, six fois championne d'Afrique, des médailles Grand Prix, Grand Glem, des trucs, les médias, les trucs. Mais il n'y avait rien qui m'a... Il y avait quelque chose de spécial quand j'ai déposé, comme si... Waouh ! cette sensation que peut-être que j'ai recherchée dans le judo que je n'ai jamais retrouvée que j'ai réussi à la trouver en déposant ce livre là-dedans c'est fort et donc c'est pour ça que je laisse ce message pour dire qu'en fait il y a aussi ça des fois on peut aller chercher certaines choses ailleurs alors qu'en réalité c'est

  • Speaker #1

    dans ça je veux revenir un peu justement sur le judo rapidement, je voulais savoir pour toi quel était l'avenir du judo féminin que ce soit en France ou même au Maroc ou même au Sénégal d'ailleurs par rapport à tes origines est-ce que tu le vois évoluer là-bas et par rapport en France est-ce que tu vois les filles encore plus présentes etc non moi je vois vraiment des problématiques parce que les problématiques qui se posent c'est que tant que on

  • Speaker #0

    va dire tant qu'il n'y a pas de structure réelle et de double projet ça ne peut pas marcher moi je me bats pour ça beaucoup beaucoup, beaucoup, beaucoup en Afrique pour ça, pour qu'ils mettent le double projet. Et tant qu'il n'y a pas ça, ça ne peut pas fonctionner parce que déjà, les Marocains, le judo, c'est un sport populaire. Ce n'est pas vraiment une population très, très, très aisée. C'est comme au Brésil, les favelas, ceux qui font du sport, là-bas, ça ne va pas être des sports comme le tennis ou le golf, mais ici, tu peux être aisé ou pas, tu peux faire du judo. Là-bas, non. Ça, moi, moyen de s'en sortir. Donc, jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas de double projet réel. Il n'y a pas vraiment quelque chose de concret. Tant qu'il n'y a pas ça, ça ne pourra pas avancer. Un judoka, enfin un sportif, il doit être éduqué. Éduqué dans le grand sens du terme. Qu'on lui donne la possibilité non seulement de briller, mais il faut qu'il ait confiance en lui. Qu'il n'ait pas que ça pour s'en sortir. Donc, qu'il sente qu'il est soutenu dans surtout le plan logistique. Et... Et justement qu'après la carrière, il sait lire, écrire, que ça se passe bien et qu'il est formé à faire un métier. Il y a quelque chose. Donc il y aura moins de panique. Et c'est une question de confiance en soi. Moi, personnellement, ça fait deux Olympiades que je suis en continent africain. Je dis, ils nous donnent les mêmes moyens. Les Africains sont dans tous les podiums. Et ça, je le répète fort et fort. L'équipe de France, on sait très bien que de 48 à Lourdes, c'est des Africains. afro-descendante de la diaspora africaine. Elle représente vraiment. Et ça, c'est factuel. C'est réel. Est-ce que Tuméo, est-ce que Clarisse qui reste au Togo, ça sera Clarisse ? Je ne le pense pas. Est-ce que Dico ? Je peux aller loin comme ça. Tout ce potentiel, j'ai des potentiels humains incroyables au Cameroun. Des fois, ça me fait mal au cœur parce que je n'ai pas envie qu'ils fassent tous une Ganou. C'est bien un Ganou, sa vie, son nom. histoire, on la raconte, mais j'ai pas envie que ça soit... La dernière fois, j'avais dit ça à une conférence. C'est inspirant, mais je ne veux pas que ces gamins traversent. Traversent six fois, sept fois pour aller chercher ce que Galou a fait. Alors, inspirez-vous sur aujourd'hui comment ils sont traînés, mais j'ai pas envie qu'ils soient une inspiration sur sa traversée. Parce que si on s'inspire sur sa traversée, c'est qu'on n'a rien compris. C'est-à-dire qu'il y a combien de personnes qui meurent pour la traversée ? Il a traversé cinq fois. Donc, des fois, ils aiment bien vendre son concept les autres pour dire non. mais c'est inspirant, il a traversé. Moi, je ne veux pas que le jeune Africain s'inspire de ce passage de sa vie. Pourquoi ils iraient traverser cinq fois, six fois, et risquer leur vie pour aller en Occident, alors que chez nous, on a tout ce qu'il faut ? Donc, j'ai envie de casser un petit peu ça, que le mythe du rêve, il est ailleurs, alors qu'il peut être africain. Il y a des pays qui travaillent. d'une façon extraordinaire en Afrique, ça je le sais, mais je dis toujours, ce n'est pas assez. Avec le potentiel qu'on a, avec les cerveaux brillants qu'on a, on n'a pas besoin d'aller chercher ailleurs. Nous, souvent, au Maroc, on va chercher toujours un entraîneur extérieur. On ne fait jamais confiance aux locaux, jamais. c'est toujours on avait un roumain, on avait un français et souvent ces gens là ces entraîneurs là c'est très bien je ne suis pas sur la discrimination quoi que ce soit chaque être humain peut apporter quelque chose à un pays sauf que des fois ils n'apportent qu'un poisson ils n'apportent pas à pêcher ils partent au bout de 3-4 ans, moi je veux que c'est des locaux qui soient formés et qui forment chez eux on a réussi à le faire au foot avec un Walid c'est extraordinaire Et pourquoi pas donner confiance à des gens qui sont locaux et qui font ça. Et ça, je le souhaite au Maroc. Je veux plus être le meilleur palmarès du judo marocain. J'espère que quelqu'un va l'exploser un jour, un jeune ou une fille ou un garçon. Et que ça soit quelqu'un qui ait fait mieux que ma carrière. J'espère vraiment. C'est vraiment le point le plus sensible chez moi parce que je ne vois aucune évolution là-dessus.

  • Speaker #1

    Tu n'as pas envie de devenir la Yannick Noah du judo marocain ?

  • Speaker #0

    C'est un peu différent parce qu'il faut appeler un chat à chat, c'est un milieu très patriarcal. Moi, je suis une femme et j'arrive là-dedans. Je pourrais apporter une pierre, mais j'essaye à mon niveau. Déjà à mon niveau de le faire en toute humilité. Mais j'espère qu'ils vont donner la chance à une jeunesse. Il y a une jeunesse qui est brillante, qui est incroyablement brillante. On leur donnera un peu la chance de pouvoir. Juste pour ne pas que les athlètes, parce qu'il y en a combien qui partent et qui ne reviennent pas. On le sait, j'en connais beaucoup qui sont partis, qui ne sont plus revenus. Je ne veux plus de ça. Je ne veux plus qu'il y ait d'athlètes qui viennent et on ne les voit plus dans la chambre. Ils ont disparu, ils sont en papier, ils travaillent. Je ne veux plus qu'il y ait de ça. Je veux que l'Africain, que ce soit Afrique du Nord, qu'il soit fier de rentrer chez lui parce qu'on s'occupe bien de lui. Et on est capable de faire ça. Et donc moi, je... Et puis il y a la diaspora qui a une grande responsabilité de ça. Et moi, je sais que je me sens responsable aussi de ça. Il faut savoir redonner de l'où on vient. Et moi, je viens vraiment de là-bas, je suis née là-bas.

  • Speaker #1

    Ton avenir, c'est quoi d'ailleurs ? Justement.

  • Speaker #0

    Alors moi, mon avenir, je le vois, ça j'en sais rien, mais mon avenir, je le vois toujours dans un mot. Et il me suffit ce mot-là. J'aime bien le mot service Parce qu'en fait dans mon métier, c'est un peu dangereux dans le sens où si on se trompe, on n'est plus vice-serviteur. C'est-à-dire que comme j'accompagne, je suis dans l'accompagnement et j'aide à peut-être changer des vies. des fois, on peut se sentir saucé et puis on peut se transformer dans le sens où, tu vois, là je vais rentrer un peu dans un côté spirituel, on peut croire que c'est grâce à nous tout le monde, on est juste un canal. c'est pour ça qu'il y a beaucoup de gourous il y a beaucoup de serviteurs t'es un canal, tu accompagnes les gens mais voilà il y a le travail de la personne que tu accompagnes, que ce soit dans la psychologie que ce soit peu importe la thérapie et ça c'est un travail extrêmement dur extrêmement difficile. Et si tu ne travailles pas sur toi, tu peux te transformer en gourou très vite. Et ça, c'est un appel que je fais à tous les gens qui accompagnent, de rester très vigilant sur l'accompagnement dans ce sens. Parce que si il n'y a pas ce travail de soi, on peut se transformer très très vite. Parce que comme on est et on a des retours, plein de retours, tu as changé ma vie, tous les jours, tous les jours, tous les jours. Et là, on les voit dans les réseaux, ceux que tout le temps ils sont saucés, ils commencent à devenir comme si c'était, je ne sais pas qui, non, non, tu es juste un canal serviteur. et revient à pourquoi tu fais cette mission donc voilà moi j'espère tout coeur de rester un bon c'est une bonne serviteur là dessus et d'être me sentir encore que je suis voilà un canal pour accompagner le les gens au mieux et en tout cas je sais que je serai dans le soin tout le temps j'aime bien soigner et continuer des combats à reprendre moi je suis une combattante avis Vraiment, je te le dis, je suis une combattante à vie, donc j'ai des challenges, des dingueries en challenge. Tu veux que je te spoil ou pas ?

  • Speaker #1

    Ah, moi je crois.

  • Speaker #0

    Tu sais, moi je... Ah ouais, parce que là, si je l'annonce, c'est qu'il faut vraiment que je le fasse. C'est la première fois que je l'annonce comme ça, dans un podcast. Moi, j'aime bien, des fois, j'annonce et je me dis... En fait, moi, j'aime bien l'eau glacée. Je fais beaucoup de bain, ceux qui me suivent, ils le savent. que je suis une folle des bains glacés. C'est quelque chose qui me... Parce qu'en fait, le bain glacé, c'est un côté très, très... très stress. C'est un stress qui est énorme pour le corps. Et le fait d'y rentrer et d'être calme, c'est-à-dire qu'on peut gérer tous les stress qui arrivent. Moi, aujourd'hui, j'arrive à gérer mieux les stress qu'avant. Il peut arriver des dingueries, moi, je suis calme. C'est pomperop à l'intérieur parce que... je le travaille tous les jours. Et les bains et les douches froides, c'est fait pour ça. C'est-à-dire que si tu ne sais pas respirer, respirer, c'est les émotions. Tu gères tes hormones. Et donc, en fait, c'est toi qui contrôles tout ça. C'est pas tes hormones qui te contrôlent, quoi. C'est pas tes émotions. Donc, je fais beaucoup des bains glacés. Il y a un côté, pas que physique, il y a un côté très, très mental dessus. Et là, je me suis challengée à une dinguerie. J'ai envie de faire 40 mètres sous glace dans les Alpes. Là, en fait, il y a un autre trou à 40 mètres. Et donc, tu respires une fois et tu pars en apnée. Et là, tu ne peux plus sortir ta tête. Et 40 mètres en apnée pour l'instant, 40 mètres. Là, je suis juste à 25 mètres en apnée. C'est déjà... Et sans combinaison.

  • Speaker #1

    Tu as déjà fait...

  • Speaker #0

    L'eau, elle est glacée. C'est excellent, ça. Pourquoi ça ? Parce que c'est un moment de stress. Après, je ne suis pas toute seule. Il y a des gens autour de moi qui partent s'il y a un problème. Mais en fait, c'est un moment si tu ne t'es pas relâché. C'est... Là, il y a plusieurs facteurs. Il y a le froid, qui est extrême. Tu es en hypoxie, donc tu perds en froid. Tu perds deux fois ou trois fois plus en hypoxie. C'est horrible. Il prend trop d'énergie. Et il ne faut pas être claustro, parce que tu ne peux pas... C'est le côté où tu peux... Si tu es à la piscine, tu fais ça, tu remontes. Là, non. Et tu es dans plusieurs éléments qui sont très stressants. C'est-à-dire que si toi, à l'intérieur, tu n'as pas un sens de calme pour y aller... C'est-à-dire que si tu arrives à faire ça, c'est incroyable. Mentalement, c'est un sport extrême, mais il me fascine. Je passe des heures à les regarder. Ces gens ont une facilité de gérer les tempêtes. Dans la vraie vie, ils devaient être incroyables. C'est ça que je recherche, qui va m'aider à mieux accompagner. Moi, j'aime bien tous ces petits challenges. Ce sera mon challenge en décembre.

  • Speaker #1

    Ah oui, vous l'avez noté, moi je l'ai bien noté. J'ai hâte de voir la vidéo, franchement, ça donne très très envie. Est-ce qu'on aura une suite à Bralcore aussi ?

  • Speaker #0

    Ah oui,

  • Speaker #1

    je te prends tous les spoils, t'as vu ? Oui,

  • Speaker #0

    sûrement, sûrement, moi je ne dis pas non. J'ai déjà une idée dans ma tête, mais il y aura, je ne vais même pas dire un, il y aura plusieurs. C'est quelque chose que je sais.

  • Speaker #1

    Il y a une dernière question que je veux te poser, que j'aime bien poser en général quand j'ai des invités, c'est tu revois la petite Asma, là, en train de... On lui dit, tiens, tu vas faire ton BEP cuisine, etc. à l'époque où tu voulais faire autre chose. Qu'est-ce que tu lui dis après tout, maintenant, toi, que tu as fait tout ça ?

  • Speaker #0

    Je la prendrai dans mes bras et je lui dirai tout va bien se passer, juste... juste dans l'oreille, je lui dirais, ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Et je pense que ce truc-là, pourquoi je dis ça ? Parce que c'est quelque chose qu'on m'a déjà posé. C'était une voix interne que j'ai toujours eue, parce qu'il y avait des moments tellement difficiles. Je faisais de la cuisine, c'est juste pour la petite anecdote, et ça m'a renvoyée à une image où j'avais raté le métro et j'étais en octobus. Elle se rappelle une octobus. Une heure du matin, est-ce qu'il y a ? Et là, il était deux heures du matin, j'étais là, je pleurais, je n'étais pas dans l'endroit où je voulais. Encore heureusement qu'il n'y avait pas les réseaux, parce qu'à l'époque, tu ne voyais pas la vie des gens. Si j'étais dans les réseaux, je vois tout le monde dans le sport, et moi, je suis là. J'ai dit, des fois, on était dans une période où on n'était pas à regarder la vie des autres.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et ça,

  • Speaker #1

    c'était une bonne période.

  • Speaker #0

    Ça préservait notre santé. Parce que si tu n'es pas content de faire ce que tu fais, et tu vois l'autre faire, elle va te répéter l'émergable. Moi, je n'étais pas névrose là. Je ne regardais pas. Mais je savais que mes copines étaient là-bas. D'ailleurs, j'allais tout le temps les chercher le vendredi. Je rêvais que d'être à leur place. J'avais pleuré ce jour-là. Je sais qu'il y avait une voix au fond de moi. Je ne sais pas d'où elle est venue. En me disant, ne t'inquiète pas. Tu les auras la vie que tu veux. J'avais accepté à bras le corps de faire ce chemin. C'est pour ça que le titre me parle beaucoup. Et de faire un... un métier tellement éloigné et je pense que le message là-dedans c'est d'être capable d'être dans un endroit on veut pas, mais de le prendre quand même à bras le corps en espérant ouvrir une porte derrière et je pense qu'on voit tous les parcours, c'est que les gens qui ont fait ça, qui ont réussi à faire ça qu'ils y arrivent, je pense, j'ai l'impression à chaque fois je regarde des histoires incroyables, c'est toujours les gens ils se sont trouvés dans les trucs, ils ont accepté d'être dans cet endroit-là, même dans les films et tout et donc voilà, finalement... C'est que j'étais dans le bon chemin, en fait.

  • Speaker #1

    Asma, merci beaucoup. Je rappelle que ton livre À bras le corps est disponible aux éditions Faces cachées. Allez vous le procurer. En plus, la une, elle est magnifique. Franchement, la couverture, elle est vraiment magnifique.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je ne vous spoil pas, mais voilà. Allez voir, allez l'acheter. Suivez Asma sur Instagram également, parce que vous allez découvrir son histoire, sa vie, tous les jours. Et les bains aussi, les bains glacés. Ça, c'est très cool. Merci Asma, c'était vraiment un épisode hyper agréable avec toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi et longue vie à la reine.

  • Speaker #1

    Merci Asma, à bientôt. Voilà, j'espère que ce nouvel épisode vous aura plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager à vos amis, proches, sur vos réseaux sociaux. N'hésitez pas également à mettre des étoiles sur Apple Podcasts, évidemment, et surtout à vous abonner sur les différentes plateformes pour recevoir les notifications de nouveaux épisodes. En attendant, à très bientôt dans la reine.

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