- Speaker #0
Entreprendre en solo, en toute libertĂ©, sans employĂ©s, et dĂ©velopper un business rentable, scalable et durable, c'est possible. Je suis Flavie PrĂ©vost, ex-dirigeante devenue solopreneur et crĂ©atrice du premier incubateur de solopreneurs en France. Avec ce podcast, j'ai voulu crĂ©er le board que j'aurais aimĂ© avoir Ă mes cĂŽtĂ©s quand je me suis lancĂ©e en solo. Un board composĂ© des meilleurs experts, disponible chaque semaine gratuitement Ă mon micro pour te donner des super conseils et te mettre au dĂ©fi. L'Ă©pisode va commencer, je te prĂ©viens, ça va vite. Alors n'oublie pas de t'abonner Ă la newsletter. pour recevoir les bonnes... Thomas, on a renouĂ©, reconnectĂ© avec notre... Enfin, je ne sais pas comment dire, notre motivation pour entreprendre. Donc ça, c'est bien joli, mais derriĂšre, il faut quand mĂȘme qu'on fasse du chiffre d'affaires, etc. Qu'on crĂ©e des produits et tout. Comment on organise tout ça pour garder un peu de place pour soi, pour... pas ĂȘtre, je ne sais pas, complĂštement un gros connard pour les autres, et pour contribuer d'une certaine maniĂšre au combat politique, idĂ©ologique ou environnemental qui sont les nĂŽtres et qui nous traversent. Parce que toi, tu as une vision lĂ -dessus. Est-ce que tu as une mĂ©thode pour entreprendre, ĂȘtre un freelance alignĂ©, ĂȘtre un freelance engagĂ© ? C'est quoi ton approche ?
- Speaker #1
Dans ce qu'on se disait juste avant, on parlait du fait de repositionner l'entreprise qu'on a créée comme... l'outil qui va façonner notre quotidien pour remplir des motivations qu'on avait quand on se lançait. Et donc ça au final, c'est de se dire l'entreprise n'est pas la finalité, parce qu'on peut se perdre dans ce truc de faire bouger la boßte, il faut qu'elle grossisse, etc. Non, la finalité, c'est la raison pour laquelle tu t'es lancé. Et pour beaucoup, cette raison, elle est personnelle. C'est j'entreprends pour une transformation de moi.
- Speaker #0
Toi, c'était pourquoi ?
- Speaker #1
Moi, je me suis lancĂ© pour... En gros... Je vais essayer de faire l'histoire courte, parce que sinon ça va ĂȘtre long, ça va parler plus que de chute. Il n'est pas une psychothĂ©rapeute. Non, mais elle est hyper importante cette question. J'ai perdu mon pĂšre quand je suis arrivĂ© Ă Paris en 2014. Et le fait de me frotter au deuil... Ă un moment donnĂ© dans mon cheminement de deuil, donc pas dĂšs le dĂ©but, au dĂ©but j'Ă©tais comme n'importe qui au moment dĂ©foncĂ©, et surtout c'est arrivĂ© du jour au lendemain, il a une rupture d'anĂ©vrisme, donc la veille tout va bien, le lendemain boum il disparaĂźt. Mais dans mon cheminement de deuil, ça m'a forcĂ© Ă me reconnecter Ă son chemin de vie, Ă lui, et de me demander comment il prenait ses dĂ©cisions, c'Ă©tait quoi sa philosophie, parce que j'essayais d'ĂȘtre plus... de chercher des maniĂšres d'ĂȘtre proche de lui alors qu'il n'Ă©tait plus lĂ . Et je me suis rendu compte que lui, toute sa vie, il l'a vĂ©cu en se demandant comment je trouve ma ligne philosophique de conduite face Ă toutes les injonctions que le monde extĂ©rieur me renvoie. Il est grandi, c'Ă©tait le dernier d'une fratrie de quatre, dans une famille avec deux parents, docteur, consultant. Mon grand-pĂšre, il a reçu un OBI de la reine d'Angleterre, parce qu'on est anglais. C'est genre le truc le plus important que tu peux avoir dans ta vie, la reine qui te met une mĂ©daille, tu vois. Classe. Et mon pĂšre, le dernier de cette fratrie de quatre, il a fait des Ă©tudes parce qu'il fallait, mais globalement, il n'avait pas du tout envie de la mĂȘme vie. Et donc, il a toujours Ă©tĂ© entrepreneur un peu Ă l'arrache, Ă droite, Ă gauche. Il a créé une boĂźte de dĂ©mĂ©nagement parce qu'il voulait voyager. Donc, il a achetĂ© un vieux camion. Il a dĂ©mĂ©nagĂ© des Anglais en Espagne parce qu'il voulait voyager en Espagne et en France. Et en fait, je me suis reconnectĂ© Ă toutes ces dĂ©cisions de vie Ă©taient au service du mode de vie qu'il voulait avoir. Il a toujours tout fait comme ça. Et moi, quand je comprends ça et que du coup, c'est deux ans plus tard, j'ai 20 ans. Alors, 22 ans, je suis Ă la fin de mes Ă©tudes et je me dis, bon, j'ai aucune idĂ©e de la vie que j'ai envie de vivre. J'ai l'impression d'ĂȘtre un gosse perdu encore. Par contre, quelque chose que je comprends de la vie de mon pĂšre, c'est que ce qui lui a permis de vivre comme il voulait, c'Ă©tait d'ĂȘtre Ă son compte. Oui,
- Speaker #0
entrepreneur.
- Speaker #1
Soit il bossait au black, soit il ouvrait des boĂźtes, il faisait des petits trucs Ă droite Ă gauche. Personne ne lui disait oĂč ĂȘtre, Ă quelle heure et quoi faire. Et c'est lĂ oĂč j'ai dĂ©cidĂ© de me lancer, en fait. Et donc, moi, je me suis lancĂ© dans cette quĂȘte de crĂ©er un outil, mon entreprise, pour concevoir la vie comme j'ai envie de la voir et de la vivre.
- Speaker #0
Mais alors, je vais faire une objection. T'aurais pu finir dans la lignée des... Je vais essayer de ne pas faire dire trop de gros mots dans les podcasts, parce que si vous écoutez avec vos enfants... Mais tu vois ce que je veux dire des salut à toi jeune entrepreneur qui n'en a rien à foutre des autres. Un business lifestyle, certes, mais façon Dubaï. Je gagne 100K par mois.
- Speaker #1
Pour la liberté, machin.
- Speaker #0
Je suis libre, certes. Donc, la polarité, moi, elle est forte. Mais alors, les autres et la planÚte... J'en profite, je suis en vidéo.
- Speaker #1
Ce dont j'ai hĂ©ritĂ©, je pense, c'est mes parents, c'Ă©tait des hippies. Pas qui vivaient au fin fond de la forĂȘt, mais j'ai grandi dans une grange Ă poil, Ă grimper sur des tas de cailloux et j'aurais pu mourir Ă chaque mauvais pied, tu vois, au fin fond de la Dordagne. Donc je pense que j'ai hĂ©ritĂ© d'un regard plus complexe sur le monde que le regard individualiste. Une des premiĂšres choses oĂč je m'y suis frottĂ© aussi dans mon cheminement entrepreneurial, c'est bon, je suis venu Ă l'entrepreneuriat pour cette quĂȘte de transformation de moi et de ma vie, trouver le mode de vie que j'ai envie d'avoir. Mon entreprise est un outil pour. Et trĂšs vite, je me suis rendu compte qu'il y avait plusieurs. J'avais une relation diffĂ©rente en fonction des missions que je menais et en fonction des personnes qui allaient de l'autre cĂŽtĂ© de la table, donc les clients et les clientes. Et il y avait des gens pour qui je ressentais une Ă©motion particuliĂšre de j'ai tellement envie d'aider cette personne. pour plein de critĂšres. Et il y a d'autres gens, j'Ă©tais en mode, je prends ton argent, mais ça me saoule un peu ce qu'on est en train de faire. Et lĂ , je me suis rendu compte que je pense que dans tous les cheminements entrepreneuriaux, parce que je le vois avec mes clients, Ă un moment, tu as cette deuxiĂšme couche. Il y a des choses, ça me nourrit, moi, mais j'ai besoin d'un truc plus consĂ©quent. Et lĂ , on arrive sur, dans notre mĂ©thodologie, le deuxiĂšme questionnement qui est plus la quĂȘte de transformation. personnelle, mais la quĂȘte de transformation contributive, pour les autres. Et c'est lĂ oĂč tu te poses la question de Ok, bon, c'est bien joli de faire des missions de webdesign, d'illustration, de machin, mais pour qui ? Quels sont les mouvements sociĂ©taux ou les entreprises que j'ai envie d'aider Ă grandir ? Ou les ĂȘtres humains que j'ai envie de voir fleurir grĂące Ă mes compĂ©tences ?
- Speaker #2
C'est sĂ»r, c'Ă©tait avant, oublie le futur d'avant, c'est pas sĂ»r qu'on soit dans, apprends-moi le pardon, la patience, faut qu'on soit meilleur que nos parents, faut qu'on apprenne Ă dĂ©sapprendre, je veux pas croire que le temps est avant, qu'on soit juste une valeur marchande avant, je rĂȘvais de quitter la France, je vais rester, je prĂ©fĂšre qu'on la change, mĂ©lange vieilles et nouvelles croyances, mĂ©lange humains...
- Speaker #1
Ok alors, tu te tournes vers les autres, tu fais plus que les choses pour soi, tu te tournes vers les autres.
- Speaker #0
Donc lĂ , on a les deux premiĂšres piĂšces du triptyque. Le troisiĂšme, c'est le monde. Je vais te poser une question un peu trashos.
- Speaker #1
On est là pour ça, je crois. Tu es là pour me challenger.
- Speaker #0
Est-ce que les freelances de l'ESS, l'économie sociale et solidaire, ce n'est pas un peu un milieu de gagne-petit ? Parce que, désolé de te le dire comme ça, mais souvent, quand on veut faire le bien, notamment en prestataire de service, on n'est pas trop récompensé au niveau de TJM, financier et tout. Donc, ma question, c'est... Est-ce que la polarité de vouloir servir le monde, ça ne te met pas un peu dans une forme de précarité aussi quand tu es freelance ou solopreneur ?
- Speaker #1
Il y a des biais de chaque cĂŽtĂ© de l'Ă©cosystĂšme. Ce qui est intĂ©ressant, c'est qu'on peut voir que ces biais sont aussi les mĂȘmes quand tu regardes le spectre politique. D'un cĂŽtĂ© du spectre, il y a beaucoup la volontĂ© d'ĂȘtre au service de l'extĂ©rieur, mais on s'oublie soit dans la dĂ©marche. Le burn-out militant, c'est ça. C'est des personnes qui survalorisent tellement le fait de contribuer, mais qui oublient que pour contribuer de façon durable, avant, il y a mes petites ressources et mes limites personnelles dont je dois prendre soin. C'est pour ça cette fameuse histoire dans l'avion, tu mets ton propre masque Ă gaz avant de t'occuper de ton enfant. Si toi, tu tombes dans les pommes parce que tu n'as plus d'oxygĂšne, quoi qu'il se passe, ton enfant, il reste seul, il ne pourra pas le faire. De l'autre cĂŽtĂ© du spectre, il y a l'autre dĂ©sĂ©quilibre qui est moi en premier, moi en premier, moi en premier, parfois avec des limites trĂšs hautes qui font qu'on ne s'occupe jamais de l'autre aprĂšs. Et du coup, en fonction de moi, quand j'accompagne ou que je suis en coaching, en fonction des biais que je vois de la personne en face, on va rééquilibrer dans un sens ou dans l'autre. Et en fait, ces trois choses-lĂ , quand j'en parle, souvent dans le cheminement que j'observe chez les gens, c'est il y a le pour soi, il y a le pour les autres. Et une fois que tu as trois, quatre clients et que tous tes clients sont sur mesure, lĂ , il y a le nouveau niveau qui se dĂ©barque de en fait, j'aimerais bien que mon truc soit utile au-delĂ de l'humain en face de moi et que je contribue aux transitions sociĂ©tales qui sont en cours Ăa arrive souvent en troisiĂšme temps, mais ce n'est pas une progression linĂ©aire. Il y a des gens qui partent de l'autre sens. Et en fait, nous, on aime bien le voir en circulaire, c'est-Ă -dire chacune de ces trois choses. doivent se nourrir les unes des autres.
- Speaker #0
Et puis évoluer au fur et à mesure.
- Speaker #1
Et du coup, toute entreprise, Ă mon sens, se doit d'Ćuvrer Ă ces trois niveaux de transformation. Pour soi, pour les autres, pour le monde.
- Speaker #0
Oui, il y a une forme de Maslow, une pyramide de Maslow, dans le sens oĂč tant que tu ne gagnes pas de thunes et que tu es limitĂ©, etc., c'est difficile d'avoir un impact sur le monde.
- Speaker #1
Si tu es affamé, tu ne peux rien faire d'autre.
- Speaker #0
Mais aprÚs, c'est vrai qu'une fois que tu es plus libre d'y penser, ça va pouvoir réalimenter aussi ce que ça t'apporte à toi, etc. Génial !
- Speaker #1
En tout cas, c'est ce que je me raconte.
- Speaker #0
Bon, écoute, j'aime beaucoup cette nouvelle façon de faire. Je pense que ça va ouvrir aussi pas mal de chakras à des gens qui ont plusieurs années d'activité aussi, qui se disent bon, et maintenant ? Parce que moi, j'avais un peu vécu ça à mes débuts en freelance. Je me rappelle, c'était la réforme des retraites, et j'ai eu un flash, et je me suis dit putain, mais je ne vais pas encore faire ça pendant 25 ans. Je vendais mon temps à la journée pour faire de la prospection externalisée. Il y avait un besoin, j'avais trouvé un marché, j'avais une niche fertile, mais je m'ennuyais. Et du coup, il me manquait ce cÎté aussi...
- Speaker #1
C'est plus large, exactement.
- Speaker #0
Hyper intĂ©ressant. Quel dĂ©fi tu pourrais nous donner pour qu'on... Je ne sais pas, par quoi on commence ou peut-ĂȘtre qu'on arrive Ă trouver ce triptyque pour nous.
- Speaker #1
Pour moi, ce serait ça. Je place mon entreprise au centre de la feuille. Dans le premier dĂ©fi qu'on s'est donnĂ© de cette mini-sĂ©rie, c'Ă©tait la question de quelle est la transformation pour moi que mon entreprise nourrit. Donc, vous avez peut-ĂȘtre dĂ©jĂ rĂ©pondu Ă ce point du triptyque. La question suivante, c'est... Si je suis nourri dans ça, et dĂ©jĂ c'est peut-ĂȘtre un chantier, de faire en sorte que l'entreprise nourrisse ce truc pour soi, mais comment je fais aussi pour me demander qu'est-ce que j'ai envie de nourrir comme transformation pour mes clients et mes clientes et pour les gens qui nous entourent grĂące Ă ma boĂźte ? Et quelle transformation sociĂ©tale, et on va peut-ĂȘtre zoomer dans la suite de notre conversation sur lesquelles sont intĂ©ressantes et comment et ainsi de suite, quelle transformation sociĂ©tale j'ai envie de dĂ©fendre avec ce que je fais ? Et dĂ©jĂ , d'explorer ces trois trucs, je pense que ça redonne du contexte Ă mon entreprise sincĂšre dans quelque chose de plus large.
- Speaker #0
Trop cool. Ăcoute, merci. Et ça me fait penser Ă pas mal d'Ă©pisodes qu'on a fait sur le thĂšme freelance for good pour le podcaston. Qu'est-ce que j'avais aussi ? Plusieurs freelances qui sont traversĂ©es par ces parcours-lĂ et qui ont prestĂ© pour des entreprises Ă©thiques, etc. Donc, je vous mettrai les liens dans la description si ça vous dit de diguer un petit peu lĂ -dedans pour voir aussi des exemples de mĂ©tiers qui peuvent se faire. Non pas au dĂ©triment des autres, mais qui vous aident Ă combiner tout ça. Alors, ce que je te propose, c'est que dans l'Ă©pisode Ă suivre, c'est que dans la suite, tu nous parles justement de ta façon de voir le freelancing, le freelancing systĂ©mique. Et oui, on va plonger dans un Ă©pisode trĂšs, trĂšs profond. C'est parti pour nous raconter un peu ce courant de pensĂ©e que tu as sur le freelancing.