- Speaker #0
Bienvenue dans Le Juste Rythme, le podcast qui explore le cœur, le corps et l'intérêt. Je suis Marion Béchade, une femme, une entrepreneuse passionnée mais souvent débordée, en quête chaque jour d'un peu plus de sérénité, un podcast pour se déculpabiliser et peut-être de l'amour. L'épisode du podcast Le Juste Rythme est soutenu par Berge Basque, un meilleur restaurant pour les échelleux, un lieu unique au cœur du Pays Basque qui invite... à ralentir, à se reconnecter à ses cinq sens et à prendre un temps pour soi, l'endroit parfait pour retrouver son juste rythme. Des murs sombres, une lumière d'os, des lignes franches. Chez Isabelle Jouy, le noir n'est pas triste, il est gai, vivant, vibrant. Il raconte la force, la profondeur et la joie d'exister pleinement. Dans cet épisode avec Isabelle, il est question d'équilibre, de beauté et de cette lumière qu'on apprend à faire entrer, même dans les moments les plus durs. architecte avec ses deux studios associés à son homme comme elle l'appelle isabelle bâtit des lieux comme on bâtit une vie avec exigence émotion et humanité son style qu'on dit souvent masculin cache en réalité une sensibilité immense une douceur ancrée dans la matière mère de deux enfants la maternité lui a appris la patience la qualité qu'elle transpose aujourd'hui dans ses projets et dans sa manière d'être humaine quand la maladie est entrée dans son foyer Isabelle a choisi le combat et une attitude positive, pas celle de la peur, mais celui de la vie. Sa grand-mère, figure féministe et amie de Gisèle Lagune, lui a transmis le goût de la liberté et de l'engagement. Isabelle trouve aujourd'hui une autre forme d'engagement dans des associations comme les Restos du Coeur, ou celle d'Olivier Goy, ou à l'offre de son temps et de sa présence. Ses rencontres nourrissent sa vie autant que ses créations. L'épisode avec Isabelle, nous allons parler de la place du collectif. d'humanité à remettre au centre de nos vies. Je vous laisse entrer dans ma conversation avec Isabelle. Bonjour Isabelle. Bonjour Marion.
- Speaker #1
Bienvenue.
- Speaker #0
Avant que nous commencions notre échange, je voulais savoir dans quelle énergie tu es.
- Speaker #1
Extrêmement positive d'être avec toi. Un moment de relaxation, on va pouvoir parler. Je ne parle pas de boulot, enfin je vais t'expliquer mon boulot, mais en tout cas très détendu. Je trouve ça très agréable de faire une petite pause avec toi.
- Speaker #0
Alors c'est parti ! Isabelle, tu es architecte d'intérieur, architecte des PLG. Ton parcours est jalonné de belles étapes. Après tes débuts auprès d'Iftarallon chez Hermès, puis chez Flamand, tu as choisi de créer ton propre atelier, l'atelier d'archi que tu diriges aujourd'hui avec ton mari Mathieu. Une agence reconnue qui a remporté en 2022 le prix Paris Shop & Design pour l'espace culturel We Are.
- Speaker #1
Tout à fait !
- Speaker #0
ton style, des espaces pensés dans les moindres détails, les matières, les lignes, dialogues pour créer des lieux à la fois esthétiques et vivants. Mais il y a aussi une autre histoire, celle de la maternité. Devenir la maman d'Arsène et Maï t'a révélé autrement. Ça a donné une nouvelle dimension à ton rythme, à ton regard et sans doute peut-être à ta façon de concevoir des espaces. Tu es de celles qui prouvent qu'on peut allier exigence et sensibilité, carrière et vie de famille, création et transmission. Et c'est ce juste équilibre qui nous inspire aujourd'hui. Du coup Isabelle, si tu devais me décrire ton rythme actuel en trois mots, lesquels choisirais-tu ?
- Speaker #1
Alors est-ce que je peux prendre un verbe ou est-ce que...
- Speaker #0
Tu peux prendre tout ce que tu veux.
- Speaker #1
Vivre à fond, être toujours en mouvement, mais savoir se poser et réfléchir pour accompagner au mieux mes clients.
- Speaker #0
Et dans la vie perso ?
- Speaker #1
Dans la vie perso, je suis exactement comme celle au boulot. Il n'y a que les moments de pause pendant les vacances où j'arrive à lâcher prise. Mais le reste du temps, il faut que je maîtrise les choses. Il faut que je cadre les choses et je les fais à fond et parfois un peu trop vite. Mais en même temps, c'est ce qui me caractérise. J'aime bien avancer.
- Speaker #0
Avancer, super. Qu'est-ce qui t'a donné envie de devenir architecte ?
- Speaker #1
Alors au départ, je voulais faire la FEMIS qui est l'école de cinéma. Je voulais faire des décors de cinéma et théâtre depuis toute petite. J'adore faire des maisons de poupées, j'adore faire des cabanes, etc. Et donc je me suis dit que faire des décors de cinéma, faire rêver les gens avec les décors de cinéma, était un truc super. Et puis pour faire la FEMIS, il fallait un bac plus deux. J'ai essayé de regarder ce que je pouvais faire. J'ai vu qu'il existait des écoles d'archi que je ne connaissais pas et je suis rentrée à Paris-Malaquais. Et au lieu de faire deux années de Paris-Malaquais, j'ai fait six ans, j'ai rencontré mon homme. Et je me suis dit qu'il ne fallait pas que j'en parte et j'ai adoré mes études.
- Speaker #0
Vous vous êtes rencontrée pendant vos études ?
- Speaker #1
Tout à fait, ça fait 29 ans.
- Speaker #0
Waouh ! Comment est-ce que tu définirais ton style architectural ?
- Speaker #1
Beaucoup me disent que je suis extrêmement masculine, ce qui n'est pas faux. C'est-à-dire que j'aime les choses très cadrées, très rangées, très droites, des lignes assez pures. Je ne suis pas très déco, c'est-à-dire que j'aime les matières, j'aime les différents textiles, j'aime les couleurs, mais je n'aime pas les motifs par exemple. Je ne suis pas quelqu'un qui a besoin d'avoir beaucoup de motifs dans une architecture. Après, on a effectivement, comme tu le disais, on n'a pas une agence, mais on a deux agences d'archi. On a une agence d'archi d'intérieur, l'atelier d'archi, une agence d'archi des PLG qui est Plugin Studio, celle où mon mari sévit. En fait...
- Speaker #0
C'est pas grave. Comment est-ce que tu définirais ton style architectural ?
- Speaker #1
J'ai un style très masculin. J'aime les textures, j'aime les matières, mais je n'aime pas forcément la déco. Mais ça nous permet de faire des projets qui sont très variés. C'est-à-dire qu'on sait faire... de l'hôtel particulier 18e, un manoir 16e, mais aussi une extension, une surélévation d'un immeuble de bureau en lamelle en cuivre extrêmement contemporaine. Et c'est ça que j'aime. En fait, j'aime m'adapter à mes clients plus que mes clients s'adaptent à eux. C'est vrai qu'on dit souvent que les archis et les clients et les maîtres d'ouvrage se ressemblent. Et pour moi, c'est vraiment vrai dans le sens où tu as deux types d'archis et deux types de clients. En fait, tu as les clients qui veulent un archi à la mode. Et donc c'est hyper important d'avoir l'archi qui est en ce moment dans différents magazines de mode, etc. Puis il y a les clients qui veulent un archi qui se projette envers eux, qui essaie de trouver quel est dans leur fort intérieur, leur façon de vivre, leur motivation, comment ils ont envie de vivre un espace. Moi je fais plus partie de ceux-là. C'est-à-dire que je n'ai pas de problème d'ego et je n'ai pas l'impression de me soumettre à mon client, d'aller vers lui et de l'écouter. Au contraire, je ne fais jamais un projet pareil. C'est-à-dire que je n'ai jamais, tu regarderas sur mon site, etc., jamais un projet qui se ressemble. Je peux avoir une ligne directrice, il y a des choses que j'aime particulièrement. Oui, on connaît ta patte un petit peu,
- Speaker #0
on a quand même tous tes projets. Exactement,
- Speaker #1
mais je n'ai pas un projet qui se ressemble parce que mon projet doit ressembler à mon client. Et autant on peut dire que la bine ne fait pas le moine. J'adore dire cette expression, mais que montre-moi où tu habites et je te dirai qui tu es. Et ça, c'est vraiment vrai. C'est-à-dire que faire un projet qui correspond à son client, c'est un truc. essentiel. C'est-à-dire que moi, je serais extrêmement déséquilibrée et ennuyée de vivre dans un lieu qui ne me correspond pas. Et en fait, quand tu rentres chez les gens, alors on ne nous dit pas en archi qu'il faut être un peu psy, qu'il faut être extrêmement sensible et humaine envers les gens, c'est-à-dire de voir quelle est la nature humaine de l'individu que tu as en face de toi, pour essayer de faire au mieux l'endroit où il vivra. Parce que la maison, c'est la cabane. C'est le refuge, exactement. Et donc, on a besoin. Alors, je te parle de la maison, mais parfois, on fait des bureaux. Et le bureau, c'est la même chose. On doit s'y sentir bien. On a envie d'avoir un espace. Voilà, on a envie de s'y sentir bien. Et donc, je trouve ça extrêmement important.
- Speaker #0
Humainement, il y a toute cette partie-là que tu n'as pas forcément appris à l'école, mais au fil des années.
- Speaker #1
Que tu apprends au fil des années. Après, on n'a pas tous une sensibilité extrême. Je pense qu'effectivement, moi et Mathieu, on l'a. Et qui nous joue des tours parfois, parce qu'on est extrêmement empathiques. Donc, on se projette. Et puis les clients ont tendance, parce qu'on est extrêmement empathique, de vouloir se projeter. Et on n'a pas toujours envie d'être la meilleure copine, le copain, je ne sais pas, de nos clients. Mais parfois, parfois si. En tout cas, ce qu'on essaye de faire, c'est des endroits dans lesquels ils se sentent le mieux possible. Qu'ils ne soient pas des endroits qui sont des copiés-collés de ce qu'on a vu dans un magazine. Ils ont des références, ça c'est évident. C'est-à-dire que même si on les accompagne dans leurs souhaits les plus profonds, Forcément, on dessine un dressing. Je sais le nombre de tiroirs, la cuisine. Je sais exactement comment l'agencer parce que je vais la dessiner. Les matériaux, etc. On les connaît bien. On apprend à les connaître plus ou moins. Mais ce qui est très important, effectivement, c'est de les accompagner jusqu'au bout pour faire de leur cocon un endroit extrêmement reposant.
- Speaker #0
Où ils se sentent eux-mêmes. Oui,
- Speaker #1
exactement, où ils se sentent eux-mêmes. Je ne sais pas faire d'archi à la mode.
- Speaker #0
Si vous m'écoutez, ne me prenez pas.
- Speaker #1
Pour être une archi à la mode, je ne sais pas le faire.
- Speaker #0
C'est quoi ta plus belle fierté professionnelle ?
- Speaker #1
Alors, ça va être assez prétentieux. Ça va être mon appart. Mais pour une raison extrêmement symbolique, c'est-à-dire qu'il y a une vingtaine d'années, on a acheté 30 mètres carrés avec Mathieu. On a commencé à faire des petits travaux par nous-mêmes parce qu'on était jeunes, on commençait la vie active, etc. Et du 30 mètres carrés, on est passé à 120 mètres carrés aujourd'hui. On a surélevé l'immeuble de deux étages, on a acheté la part du dessous. On a fait une maison de poupées sur quatre niveaux. Et donc je pense que c'est l'un des endroits, parce que j'aime le montrer. J'aime le montrer, pas parce que j'en suis fière, oui, mais j'aime surtout le montrer. Montrer aux gens effectivement que dans des petits espaces on peut trouver plein de choses extrêmement ingénieuses en termes de rangement, en termes de verticalité. C'est-à-dire qu'un appart n'est pas forcément quelque chose d'horizontal, ça peut être quelque chose de vertical. Nous c'est des petits volumes de 30-32 mètres carrés les uns au-dessus des autres. Et je trouve que leur montrer qu'on peut recréer une histoire. C'est vrai que je suis assez neutre par exemple dans les matériaux. C'est-à-dire que quand j'écris une histoire d'un lieu, que ça soit... Un appart, un hôtel, des bureaux. J'aime bien qu'il y ait un fil conducteur. Un fil conducteur qui ne me correspond peut-être pas forcément. C'est-à-dire que ce ne sont peut-être pas forcément des matières que je mettrais chez moi. Mais en tout cas, c'est une histoire qui s'écrive avec ce fil qu'on voit sur chaque pièce, sur chaque niveau. Je n'aime pas du tout faire une pièce ethnique, une pièce moderne, etc. Et par exemple, chez nous, ce qu'on a fait avec Mathieu. on a du béton, du métal et du bois et on a ça à tous les niveaux ou même dans les chambres d'enfants. Après dans les chambres d'enfants il va y avoir un papier peint qui va être un peu plus ludique, il va y avoir un textile, des coussins, des accessoires mais l'architecture elle-même comme elle s'écrit c'est un fil directeur et on arrive à retrouver et c'est ça qui donne aussi la sensation d'espace au lieu. Tu as des petits espaces mais quand tu as un fil directeur tu n'as pas l'impression de changer de lieu à chaque fois et donc il y a une continuité donc tu as l'impression de volume. J'essaie de faire des maisons, des apparts, des bureaux, des hôtels avec des espèces de fils conducteurs qui correspondent surtout à mes maîtres d'ouvrage.
- Speaker #0
Quelle est l'idée reçue la plus fréquente que tu entends sur le métier d'architecte ?
- Speaker #1
Alors il y en a deux. La première c'est ça coûte cher. Souvent on dit on n'ose pas prendre un archi parce que ça coûte cher. Je pense que ça leur fait économiser de l'argent parce que suivre un chantier c'est un enfer. Diriger des entreprises c'est un enfer. Donc ça c'est la première chose. Et la deuxième chose aussi qu'on entend souvent dire, c'est « Oui, mais l'archi va nous diriger vers ce qu'il aime. » Et comme je te disais tout à l'heure, il y a deux types d'archi, comme il y a deux types de clients. Vous voulez quoi ? Vous voulez avoir un client, un archi qui vous aide à vous projeter et à essayer de faire au mieux un appart, une maison, des bureaux qui vous correspondent, ou vous voulez avoir une signature ? Voilà, la signature, on sait que si on prend quelqu'un qui a une signature... on va la retrouver dans plusieurs apparts, plusieurs maisons, etc. Quand on sait qu'on ne prend qu'un archi qui essaye de se projeter en nous, qui essaye de nous accompagner, on aura quelque chose, un lieu plus unique.
- Speaker #0
Ton métier, ça demande de la créativité, mais aussi de la rigueur, d'aider les serrés, d'être aussi en rapport avec les artisans, qui sont souvent des hommes d'ailleurs, tu me diras si je me trompe, mais comment est-ce que tu arrives à trouver ton rythme et à imposer ton rôle dans ce métier ?
- Speaker #1
Alors le rôle féminin dans ce métier, j'ai jamais eu aucun problème à part une fois en 15-20 ans. C'est-à-dire qu'une fois j'ai eu, oui, des réflexions extrêmement misogynes, mais sinon j'ai pas du tout le sentiment parce que je travaille avec des hommes. Alors c'est vrai, on va pas se mentir, 99,9% des corps de métier sont masculins. Mais à partir du moment où ils ont quelqu'un en face d'eux qui est rigoureux, alors après on est deux, il y a Mathieu qui suit les chantiers. qui s'occupe aussi de l'appel d'offres, etc. Mais quand on est deux sur un chantier, il n'y a jamais quelqu'un qui me manque de respect parce qu'il voit que je suis extrêmement carrée, extrêmement rigoureuse. Mes enfants diront que j'ai un petit côté psychorigide sur le rangement, sur le fait que si je ne maîtrise pas, ça m'angoisse, donc il faut que je maîtrise les choses. Donc j'essaye de faire en sorte que le projet soit totalement décrit, le projet soit complètement dessiné. On a deux dessinateurs, Vincent et Damien, à l'agence, qui dessinent extrêmement bien, dans le moindre détail, où tu peux te promener en 3D. Si tu as envie de mettre un masque virtuel, tu peux même te promener en 3D. Les gens se promènent dans leurs maisons, dans leurs apparts et dans leurs bureaux en 3D. Et donc, il n'y a pas de découverte pour moi. C'est-à-dire qu'ils ont vu le projet, ils ne peuvent pas dire « je ne connaissais pas, je ne savais pas » , etc. Les entreprises, c'est exactement la même chose. On a des logiciels de suivi de chantier. qui sont extrêmement performants. Donc là-dessus, je trouve qu'on maîtrise très bien. Donc ça, c'est le côté rigoureux. Et le côté artistique, je ne sais pas, comme je te le disais tout à l'heure, faire deux projets qui se ressemblent. Et sans côté artistique, moi, ça ne me plairait pas. C'est ça qui me plaît dans ce métier-là. Donc je trouve qu'allier les deux est extrêmement facile. Et d'être une femme ne me pose aucun problème.
- Speaker #0
Est-ce que tu as déjà refusé des projets ?
- Speaker #1
Oui. Mais peut-être pas pour la bonne raison. Alors, j'ai refusé les projets pour deux raisons principales. Pas pour me laisser du temps, alors que ça devrait être une des raisons. Un bon argument. Oui, exactement, ça devrait être un bon argument, parce qu'on n'a jamais assez de temps pour soi, ça c'est sûr et certain. Mais j'ai refusé pour deux raisons. La première raison, quand je ne sens pas les clients, parce qu'encore une fois, c'est un combo, un archi et un maître d'ouvrage, et un maître d'oeuvre, donc les deux, c'est un vrai combo qui doit fonctionner. C'est-à-dire que quand tu fais un projet, tu ne le fais pas sur trois semaines, tu le fais sur... 4, 5, 6, 8 mois, 2 ans, enfin voilà. Et donc si jamais humainement tu ne t'entends pas avec les gens, c'est impossible. Il ne faut pas que ça soit une souffrance ni pour le client ni pour l'archi. Donc ça c'est la première chose pour laquelle j'ai pu refuser parce que je ne sentais pas du tout les clients. Et la deuxième raison, on ne prend pas trop de projets. Donc en fait au-dessus de 7, 8 projets, on n'en prend pas. C'est-à-dire que je ne suis pas capable mentalement, je l'avoue, j'ai quelques faiblesses. Et oui, on ne peut pas au-dessus de 7 projets. arriver à tout maîtriser, étant donné qu'on fait absolument tout, du dessin à la conception, au conseil, au suivi de chantier, à l'appel d'offres, au suivi des entreprises, à l'achat des... Alors, on n'achète pas les matériaux, mais à l'achat du mobilier, à l'achat des accessoires. Je peux acheter la vaisselle, je peux acheter les draps. Je ne peux pas, il y a un moment, au-dessus de cet projet... Non, il n'y a plus d'Isabelle. Il n'y a plus d'Isabelle.
- Speaker #0
Et cette limite de 7-8 projets, tu te l'as mise récemment ? Ça fait assez longtemps.
- Speaker #1
Ça fait 6 ou 7 années. Justement, il doit y avoir un truc dans le chiffre 7. Je sais que je me pose la question. Non, mais qui fait que je sais qu'au-dessus de ça, je n'y arrive pas. Et les projets s'échelonnent de façon plutôt intelligente. Et puis, ça va de soi-même. C'est-à-dire qu'il y a des phases de projet qui sont... dans la conception, dans le suivi de chantier, dans l'appel d'offres. Donc finalement, tout ça était plutôt fluide. Je m'aperçois que si jamais j'en rajoute un, un an l'engrenage, ça ne va pas passer.
- Speaker #0
Ça ne marche pas. Du coup, vous travaillez tous les deux avec Mathieu.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Comment est-ce que c'est de travailler en couple ?
- Speaker #1
C'est génial. C'est-à-dire que les gens nous disent qu'on est fous. alors ça fait 29 ans qu'on vit ensemble mais moi je... Oui, pareil, c'est la question de 9 ans. Donc ça fait 29 ans qu'on vit en couple et qu'on bosse ensemble. En fait, on est très complices au boulot, on est très complices dans la vie personnelle. On s'entend très très bien, on est à des phases de chantier différents. Mathieu, quand on dépose un permis de construire, va faire une enveloppe. Moi, je vais créer ce qu'il y a dedans, je vais créer la déco qu'il y a dedans. créer l'agencement des pièces qu'il y a dedans, toujours en en parlant avec lui, évidemment. Et puis après, on va faire un appel d'offres, on va faire un suivi de chantier, il va être sur les chantiers, moi je vais être encore à l'agence, je vais l'accompagner quand il a besoin. C'est très fluide, ça passe très très bien. Et puis très honnêtement, le week-end et le soir, on essaie de vraiment parler d'autres choses.
- Speaker #0
Et c'est facile ça ou pas, de parler d'autres choses ?
- Speaker #1
C'est-à-dire que quand on est jeune, au début, on n'y arrive pas. Et puis après, pour être très honnête, il y a une espèce de lâcher prise. je ne sais pas, de sérénité qui arrive en toi et qui te dit finalement on n'est pas en train d'opérer un môme à cœur ouvert, on n'est pas en terrain de guerre, on n'est pas à Gaza ou à Kiev exactement. Et donc finalement on fait juste des maisons et des apparts, donc on va se détendre, d'accord ? Ça peut attendre demain, avant on répondait aux mails à 1h, 2h de matin, ça nous arrive encore, parce qu'on sait sinon la liste de mails, mais on essaie d'avoir un temps pour nous.
- Speaker #0
Au début, tu as parlé de contrôle et maintenant, on a quand même parlé un petit peu de lâcher prise. Est-ce que tu dirais que les années aident aussi à avoir ce lâcher prise ?
- Speaker #1
Tout à fait. Les années aident vraiment à avoir un lâcher prise. Et puis, il y a les années et puis il y a un petit événement pas très drôle, mais je ne suis pas du tout là pour faire pleurer, mais mon mât a un cancer et donc il est très bien suivi. Il va s'en sortir, j'en suis sûre, il a un moral d'acier. mais ça te permet de réfléchir totalement différemment. C'est-à-dire qu'après, tu as des priorités qui ne sont plus du tout les mêmes. Un, c'est la santé. Et deux, c'est les enfants. Et les enfants subissent déjà le boulot de papa et maman, parce que papa et maman travaillent à la maison. Parce que même si on ne fait pas du télétravail, on a un étage consacré à l'appart. Donc avant, on y allait tout le temps, le soir, le week-end, etc. Donc les enfants nous voient bosser tout le temps. Et donc je trouve ça important de savoir lâcher prise. Et on sait bien mieux le faire qu'on ne savait le faire avant.
- Speaker #0
Bon, tant mieux. Comment est-ce que tu vis la pression des délais ?
- Speaker #1
Encore une fois, je vais me répéter par rapport à ce que je viens de dire là. C'est-à-dire qu'avant, je le vivais très mal. Est-ce qu'on va arriver à tenir nos délais ? Mais finalement, on est tellement bien organisés. Alors, ça va sembler extrêmement prétentieux.
- Speaker #0
Mais non.
- Speaker #1
Je ne m'en souviens pas du tout. Mais on est très bien organisés. On prépare tout en amont, on explique, on ne ment pas aux clients sur les délais des chantiers. Quand on leur dit que c'est six mois, on sait qu'on arrivera dans les six mois, ils ne peuvent pas être pris au dépourvu. Quand on a un problème sur des matériaux qui ne rentrent pas, on leur dit, etc. Je ne me mets pas là.
- Speaker #0
La transparence aide à l'acceptation aussi.
- Speaker #1
Je pense que ça ne sert à rien de mentir. Il suffit de dire les choses aux gens et les gens le comprennent. Et en fait, ça se passe plutôt bien, je dirais même très bien. Je crois qu'on n'a jamais été vraiment en retard sur un chantier, vraiment.
- Speaker #0
Est-ce que tu trouves des espaces dans ta vie pour ralentir ? Oui,
- Speaker #1
j'en trouve. Alors, à la différence de beaucoup de femmes de mon âge, parce que j'ai 49 ans, qui font plein de sports et dont je suis totalement admirative, ça, je n'y arrive pas. Bon voilà, tant pis pour moi, je vais m'y mettre. C'est-à-dire que ça m'arrive par saison, tu vois, ça m'arrive pendant six mois, voilà, et puis après je n'y arrive plus. Donc je crois que j'arrête de faire du sport.
- Speaker #0
Tu n'as peut-être pas encore trouvé ton sport.
- Speaker #1
Je n'ai peut-être pas trouvé mon sport, exactement. J'ai écouté tes podcasts précédents et que j'ai trouvé très intéressants sur la nutrition. Là, je suis comme Camille et comme... J'adore manger. Donc c'est un autre problème. Bon, mais non, je fais des grandes promenades avec mon chien. J'ai un chien, Ausha. Et trois fois par semaine, on va pendant deux heures se promener. Donc je peux partir à 8h du mat et je reviens à 10h. où je peux partir à 8h et revenir à 9h, ou me balader 1h, 2h avec elle. L'endroit de prix d'élection, c'est les Tuileries. On habite à Paris, on a une ville qui est magnifique.
- Speaker #0
Regorge de parc.
- Speaker #1
Voilà. Alors les parcs ne sont pas tellement autorisés, mais les Tuileries, les contrats, les Tuileries, les arts décoratifs sont tout à fait autorisés. Et j'ai un casque. J'écoute tes podcasts. C'est vrai, c'est ce que j'ai fait les deux dernières séances. Voilà, je me promène avec mon chien. Je ne suis pas en train de faire de la course, je suis en train de marcher. C'est un vrai lâcher-prise et ça me fait vraiment beaucoup de bien. Il y a aussi le fait d'écouter de la musique. J'ai eu besoin d'écouter de la musique pour me ressourcer le soir, quand je vais me coucher, etc. Et puis après, il y a les vacances. Et quand c'est les vacances, c'est un lâcher-prise total.
- Speaker #0
Et quel genre de musique t'écoutes qui te permet de lâcher-prise ? Absolument tout,
- Speaker #1
au même titre que, comme je le disais sur mes projets, c'est extrêmement éclectique. C'est-à-dire que je ne sais pas... M'enfouir sur un style de musique. J'adore le jazz. J'ai fait dix ans de saxo. J'adore la musique classique pour m'apaiser. J'adore la bossanova quand j'ai un peu plus la patate. J'adore la variété française. Selon l'humeur, quoi. Selon l'humeur, j'ai besoin d'écouter quelque chose qui me correspond.
- Speaker #0
Et est-ce que tu laisses de la place au silence ?
- Speaker #1
Le silence, il arrive souvent dans mes marches. C'est-à-dire qu'effectivement, quand je suis avec Ausha et que je me promène, quand je ne suis pas en train d'écouter un podcast, je suis en train d'écouter le bruit des feuilles. Et j'ai souvent aussi un appareil photo dans les mains, parce que j'adore la photo. Comme j'ai dû te le dire une fois, je fais partie d'une fondation qui s'appelle Photo for Food, qui a été créée par Olivier Virginie-Loi, et qui vend des photos pour les œuvres caractatives alimentaires. Et donc, je suis assez passionnée de photos et j'adore faire de la photo et j'adore, avec mon petit appareil, essayer de capter des moments de vie, etc. Et donc, c'est un moment de repos, de calme et je n'entends pas ce qui se passe autour. Il y a beaucoup de gens qui n'ont pas l'habitude à Paris et qui trouvent ça extrêmement bruyant, etc. En fait, tu t'y habitues très, très bien. Moi, j'habite en face d'une église. Les cloches sonnent. Je ne les entends absolument pas. Et donc, en fait, je sais faire abstraction. Le bruit, je dors bien, je n'ai pas de bruit extérieur, etc.
- Speaker #0
Justement, est-ce que c'est lors de tes balades dans Paris, est-ce que c'est un moment de silence ? Est-ce que c'est le genre de choses qui nourrit ta créativité ?
- Speaker #1
Alors ça peut être le genre de choses qui nourrit ma créativité, tout à fait. Parce qu'en faisant des photos, je m'aperçois que j'ai vu une matière, une couleur, quelque chose qui m'a plu. Ma créativité, je la nourris aussi à travers les salons d'archives, forcément, qui sont de moins en moins bien. Les maisons FG font un peu... Je crois que je vais plus beaucoup y aller. Je ne trouve pas vraiment de créativité dedans, mais j'y vais quand même. Après, il y a Milan qui est génial. Il y a plein de salons qui peuvent être une créativité. Il y a aussi l'échange avec mes confrères. Je suis quelqu'un d'extrêmement ouvert. Quand j'ai trop de projets, j'en donne à mes confrères. Pas de compète entre nous, vraiment pas. J'ai des copines archi extrêmement douées en archi d'intérieur à qui je peux donner des projets parce qu'elles savent faire autre chose que moi, que ce que je sais faire. Et je trouve ça très bien de pouvoir diriger nos maîtres d'ouvrage quand on n'a pas la place, pas le temps ou parce qu'on sent que ce n'est pas forcément le... le bon match et le bon feeling qui va passer avec eux et donc les diriger vers d'autres confrères Archie, ça je trouve ça très important. Donc oui je m'inspire de la ville mais je m'inspire aussi À travers les livres, parce que j'adore bouquiner des livres de photos, que ce soit de la photo artistique, la photo architecturale. J'adore aller au musée avec mes enfants. Celui de 17 ans, Arsène, a un peu plus de mal à me suivre maintenant. Non pas parce qu'il n'aime pas, mais je pense qu'il est grand. Il a besoin d'un peu d'indépendance, mais surtout, il a tellement été dans les musées avec ses parents qu'à un moment, c'est plus difficile. La petite, elle adore ça. Mais une expo, pas forcément d'archi. J'adore les expos sur la mode. Je trouve ça très important sur les matières, etc. J'adore les expos photos. Il y a plein de choses qui me nourrissent. Et puis, il y a les vacances aussi.
- Speaker #0
Je vais dire. Biarritz.
- Speaker #1
Biarritz. J'adore aller à Biarritz. Mais ça, tu le sais. J'adore aller à Biarritz parce que j'adore l'océan et que c'est une des choses qui me manquent énormément à Paris. J'adore me mettre face à l'océan et écouter l'océan, là c'est vraiment pour moi... Alors il n'y a pas un calme parce que tu as toujours ce bruit, mais ce bruit qui te berce et qui te permet de te vider la tête. Donc ça oui, évidemment, j'adore.
- Speaker #0
Est-ce que tu as déjà eu ta créativité qui s'éteignait un petit peu pour une raison ou une autre ?
- Speaker #1
Oui, alors la raison principale c'est quand tu as trop d'administratifs à faire et que pendant trois semaines, tu es obligé de gérer... les finances de ton chantier, que tu es obligé de gérer des problèmes parce qu'il peut y avoir des problèmes, etc. Sur des chantiers d'approvisionnement de matériaux, d'un menuisier, sur un chantier menuisier qui dépose le bilan. Et donc, il faut gérer. Et donc, ça fait que ça me bloque complètement. Alors, ça ne me bloque pas dans mon projet et dans l'accompagnement avec le client, mais dans la créativité. Donc, je laisse tomber la créativité à ce moment-là. Et je me mets à fond dans la gestion du problème, dans la gestion qu'il faut qu'elle soit absolument... En mode urgence. Oui, exactement. Sur vie.
- Speaker #0
Oui, sur vie. Est-ce qu'il y a une matière, une couleur ou une lumière qui guide tes créations ?
- Speaker #1
Alors oui, tout à fait. J'ai une petite anecdote, c'est quand notre fils était petit, il a 17 ans maintenant, quand il avait 5-6 ans, il passait son temps à dire... Papa il casse tout, maman elle fait beau et elle fait beau en noir mais on n'est vraiment pas des gens tristes et je me souviens de cette phrase il disait tout le temps ça et oui parce que maman aime beaucoup le noir et on voit dans beaucoup de mes projets et à la fois c'est très compliqué à mettre du noir moi j'aime le noir parce que le noir ça reflète en fonction de son orientation en fonction d'un veinage de bois en fonction d'une texture la matière est complètement différente là on a fini un appart dans lequel j'ai mis Merci. une essence de bois extrêmement veinée. Et j'ai mis un mur gigantesque avec des formes géométriques de ce même bois dans des sens différents. Et donc, tu as la lumière qui s'accroche de façon complètement différente. Forcément, j'adore Soulages. Forcément, j'adore... Oui, le noir, c'est un truc hyper important et c'est quelque chose qui m'apaise vraiment. C'est-à-dire que je ne trouve pas ça triste du tout. Encore une fois, je dis souvent aux gens, quand vous avez des intérieurs très peu lumineux, très... On peut apporter la lumière par la lumière qui n'est pas naturelle, effectivement, mais il faut savoir que se réconforter dans un lieu apaisant, qui peut être quelque chose de doux, et le doux, noir, ça ne correspond pas, mais pas du tout. On peut être dans un endroit qui est avec des textures de bois noir, des matières de lin, de velours, etc., dans les gris, dans les noirs, et on trouve ça extrêmement apaisant, extrêmement doux. et pas du tout alors je sais faire du rose poudré évidemment quand on en a besoin j'adore le vert aussi mais ça va être des verts qui sont des verts très intenses, j'aime bien les couleurs intenses en fait, je trouve que je je me...
- Speaker #0
tu es une femme intense je sais pas si je suis une femme intense mais j'aime bien les choses qui ont du caractère et t'as du caractère ok ça marche est-ce qu'il y a un lieu qui t'a particulièrement marqué et que tu rêves de réinventer ?
- Speaker #1
Alors oui, tout à fait. J'ai un lieu qui m'a particulièrement marquée, c'est cet été, pendant nos vacances, on a fait un road trip où on est partis de Paris en voiture électrique.
- Speaker #0
Et nous sommes allés en Grèce, et on a traversé l'Italie, et on a fait Naples, Pompéi, Rome. Et je crois que l'endroit qui m'a le plus époustouflée vraiment, et j'en garderai un souvenir inoubliable, c'est Pompéi. Pompéi, je n'ai jamais vécu une sensation comme ça dans une ville, où tu as encore des trésors qui sont des mosaïques intacts. Tu as des peintures murales avec des couleurs et des matières. complètement hallucinante, où tu as justement une pièce entièrement noire, avec une peinture complètement délavée, qui est encore existante de l'époque, avec des mosaïques au sol, avec des volumes. En fait, j'ai absolument tout aimé. Et d'ailleurs, j'ai une colonne corinthienne avec écrit « Amis » depuis… depuis deux ans. Et Pompéi est gravé là parce que j'ai retrouvé cette colonne à Pompéi. Je me suis dit, c'est complètement dingue que je me retrouve ici à Pompéi quand j'y étais. J'ai l'impression d'être chez moi. C'est bizarre, tu vois. Je suis réincarnée.
- Speaker #1
Ton tatouage, tu l'avais fait il y a deux ans et c'était quoi la raison ?
- Speaker #0
Le tatouage Ami, A2MI, A, c'est Arsène, M, c'est May, c'est le nom de mes enfants, Mathieu, Isabelle. Et la colonne, pour moi, c'est le pilier. C'est le pilier de la famille. J'avais l'impression d'être là et d'être résistant. Il manque le bas de la colonne, mais un jour, peut-être que mon homme se la fera tatouer. Et le haut, qui est la colonne corinthienne, qui est celle qui est la colonne un peu la plus sophistiquée, avec des feuilles d'acanthes, etc. Je trouve que ça me correspond assez bien. C'est-à-dire que j'ai un côté un peu rigide de la colonne, mais à la fois, j'aime le dessin, j'aime la déco, j'aime la finesse, etc. D'ailleurs, Astré, si tu nous regardes, celle qui m'a tatoué ça, elle a mis 6h30 pour le tatouer. Et il l'a fait extrêmement bien. Mais ça me correspond tout à fait. C'est-à-dire que ce côté un peu précieux, mais un peu délicat, sans être trop féminin. Tout toi. Ça me va bien. Je ne sais pas être très féminine, encore une fois.
- Speaker #1
À ta façon.
- Speaker #0
À ma façon.
- Speaker #1
Est-ce que si tu pouvais t'offrir... Je ne sais pas si tu connais l'expression de Virginia Woolf de « une chambre à soi » . Si toi, tu avais ton espace idéal, rien que pour toi, à quoi est-ce qu'il ressemblerait ?
- Speaker #0
Mon espace idéal ? Il faut que ce soit un lieu de rencontre. J'ai toujours rêvé d'avoir une deuxième vie, peut-être qu'un jour. On ne sait pas. J'aimerais, oui, mais le problème, c'est qu'il faut vraiment beaucoup de moyens. J'adorerais avoir, donc j'habite le 9e et je travaille dans le 9e, j'adorerais dans le 9e avoir un petit hôtel particulier pour en faire un lieu philanthropique où à la fois on puisse avoir des photos, on puisse avoir des œuvres d'art, on puisse y dormir, on puisse y manger, on puisse accueillir des gens qui sont dans une grande précarité, ce qu'on fait avec Virginie et Olivier avec Photos for Food. aussi, il y a des déjeuners solidaires, etc. L'échange est ultra important pour moi. Et aider, j'ai fait pendant quatre ans les Restos du Coeur, et j'ai trouvé ça absolument formidable. J'ai arrêté parce qu'on a quelques... Non, pas soucis, mais après... D'autres priorités. D'autres priorités, exactement. Mais j'ai trouvé ça formidable, l'échange. J'ai vraiment besoin d'échange. Je suis totalement incapable, si tu me dis, va vivre sur une île déserte. J'en suis totalement incapable parce que j'ai besoin de parler avec les gens, j'ai besoin d'échanger avec les gens, c'est eux qui me nourrissent aussi. Quel que soit l'univers dans lequel ils vivent, quel que soit le mode de pensée, je n'ai aucun problème à parler avec des gens qui ont des avis politiques extrêmement opposés. Je n'ai aucun problème... Après, j'ai mon avis propre, évidemment, je ne suis pas éteinte. J'ai une capacité à...
- Speaker #1
Entendre d'autres points de vue.
- Speaker #0
Entendre d'autres points de vue, à les écouter et à essayer de comprendre le raisonnement et pourquoi ils sont venus là. Peut-être par des formations, essayer de les pousser quand même parfois à se dire là tu n'es pas forcément sur le bon chemin. Non mais voilà, l'endroit idéal c'est un lieu philanthropique, un lieu d'art. Je ne le ferai je pense jamais mais en tout cas c'est... Un endroit où on s'y sent bien comme à la maison et faire profiter au plus grand nombre. Les jours des Jeunesses Solidaires, on leur fait visiter une expo et tu les vois émerveillés parce qu'ils ne vont pas voir des expos, ils ne savent pas ce que c'est. Et l'ouverture d'esprit qu'ils peuvent avoir et qu'ils peuvent apporter et ce regard un peu pétillant comme peuvent avoir les enfants. et qu'ont plus forcément les adultes quand ils regardent des choses comme ça, je trouve ça assez formidable.
- Speaker #1
L'émerveillement quoi.
- Speaker #0
Tout à fait. Ce qui nous manque.
- Speaker #1
Exactement, en tant qu'adulte, on l'a un petit peu moins.
- Speaker #0
On l'a perdu.
- Speaker #1
Quel prix est-ce que tu refuses de payer aujourd'hui pour réussir ?
- Speaker #0
La santé physique au boulot, c'est que je dois m'accorder du temps. Tu vois, il n'y a pas énormément de charrettes à l'agence. Alors, en archi, on parle de charrettes. C'est-à-dire que, à l'époque, on bossait comme des dingues. Et jusqu'à un an plus finir, les gens qui travaillent pour nous, à 18h, ils peuvent partir, en fait, parce qu'ils ont le droit d'avoir une vie. Et bon, ils ont le droit d'avoir une famille, ils ont le droit d'avoir des potes, ils ont le droit de sortir, etc. Et donc, je trouve ça important. Moi, si j'ai envie de m'y remettre après, je crois que les enfants seront couchés. Voilà. Je n'ai pas envie d'abîmer ma santé physique, mais je n'ai pas envie d'abîmer non plus ma santé mentale au boulot. Donc je ne suis pas prête à bosser comme une folle. Je pense que je bosse plus de 50 heures par semaine, je pense que c'est déjà bien. Parfois plus et parfois moins, mais en moyenne je pense que c'est ça, je pense que ça va. Et puis je ne suis pas prête non plus à laisser ma santé mentale. C'est-à-dire que... Je veux prendre le temps d'échauffer, je veux prendre le temps de réfléchir au show. Je n'ai pas envie d'être... C'est dur à dire, ce n'est pas simple à faire, mais je n'ai pas envie d'être dans le compromis. J'ai envie, encore une fois, que la créativité soit au cœur de mon projet, au cœur du projet de mes clients, et donc ne pas laisser ça de côté en disant « Allez, vas-y, fais un copier-coller de ce qu'on a fait chez ma chambre, et puis ça ira très bien. » J'essaye au mieux de ne pas être comme ça. que j'arrive à faire, même plutôt bien.
- Speaker #1
Et avec quelle valeur, du coup, quand tu commences un projet, ou même dans votre entreprise, quelles valeurs sont déterminantes pour vous ?
- Speaker #0
J'ai envie de te dire la valeur humaine et la valeur de partage, mais à la fois, c'est assez compliqué. C'est-à-dire que, est-ce que si tu as un dictateur libyen qui vient te voir pour faire un superbe projet, tu acceptes ou pas ? Grande question. Est-ce que si tu as des gens qui sont... d'un avis très tranché sur un projet qui ne sont pas du tout tes valeurs, est-ce que tu acceptes ? Tout ça, c'est un peu compliqué parce qu'à la fois… C'est déjà arrivé. D'accepter. Alors, je n'ai pas eu de dictateur libyen encore. Mais je sais sur quoi je serais capable de dire non et sur ce quoi… Parce que j'ai un fondement et j'essayais… Il y a des valeurs humaines que j'essaie d'inculquer à mes enfants, et donc j'essaie non pas d'inculquer qu'à mes enfants, mais à moi-même aussi. La notion, encore une fois, de partage, la notion de respect, la notion de très très important de respecter la différence. Et c'est pour ça que je dis, j'insiste là-dessus, c'est-à-dire que j'essaie, et j'y arrive plutôt bien là-dessus, de montrer à mes enfants. que tu as beau être grand, petit, gros, maigre, handicapé, il n'y a pas de différence en fait. Mon fils a eu une chance de dingue, il a été dans une crèche avec plus de 60% d'enfants handicapés. Et ça lui a permis d'avoir une ouverture d'esprit de dingue. Mais quand je dis de dingue, c'est pas objectif, c'est important. Mais j'ai un fils qui est extrêmement ouvert aux autres, quel que soit ton milieu social. comme un espèce de petit poisson, tac tac tac, il sait aller un peu partout, ça se passe toujours très bien, il respecte beaucoup les autres, et ça je trouve ça absolument génial. La différence sur le handicap, ce n'est pas un problème, mais tout ça je trouve nourrit en fait le projet. Et je leur apprends, ma fille c'est la même chose, elle est ultra empathique, donc elle va essayer d'aider la terre entière. Si on pouvait aider tous les chiens de la rue. Oui, mais surtout aussi tous les humains. C'est-à-dire qu'elle peut, un enfant handicapé, le prendre par la main et aller jouer avec lui. Il n'y a aucune différence. Et c'est extrêmement important pour moi de leur avoir inculqué ces valeurs-là. Et je pense que ça se voit aussi dans les projets. C'est-à-dire qu'on est tous différents. Je ne vais pas essayer de... calquer ma façon de vivre sur mes clients. Je vais essayer de prendre un peu de ce qu'ils ont et d'essayer de voir comment faire au mieux pour qu'encore une fois, ce fil directeur et cette histoire se racontent. Et c'est ça que je trouve important. Après, je mets de côté, il y a des choses que j'enfouis un peu en moi, sur lesquelles je ne suis pas tellement d'accord. Mais en même temps, je le dis, je ne suis pas quelqu'un du tout qui ne dit pas les choses. Sacré caractère. Un fort caractère. J'ai un fort caractère. Et donc, je peux dire aux gens, là-dessus, je ne suis pas d'accord. Je ne le vois pas comme ça. Mais c'est vous qui allez vivre chez vous, ce n'est pas moi. Et donc, si vous pensez que c'est le mieux pour vous, on y va. Et à un moment, il faut trancher.
- Speaker #1
Je change un peu de sujet. Comment la maternité a-t-elle transformé ta vie ?
- Speaker #0
Je ne sais pas s'il y a une mère qui dirait que la maternité n'a pas transformé sa vie, dans le sens où je pense que je suis beaucoup plus patiente qu'avant, et donc ça transforme ma vie au quotidien avec mes clients. Avant, j'étais extrêmement impulsive, j'étais extrêmement vindicative sur plein de choses, etc. Je le suis beaucoup moins, je pense que je suis beaucoup plus posée qu'avant. Et puis j'apprends à aimer ce qui est un peu féminin, parce que j'ai une fille, donc j'ai un garçon. J'ai essayé de l'habiller en rose, mais il y a un moment, il m'a dit maintenant on arrête pour essayer d'aller vers le féminin. Non, je rigole quand je parle de rose, mais j'essaye d'être un peu plus sophistiquée. Ma fille me l'apprend, mes enfants me l'apprennent aussi. J'ai essayé de voir comment faire des chambres d'enfants originales et j'ai toujours fait des lit cabanes à mes enfants. dessiner sur mesure j'ai toujours fait dans mes projets ce type de lit où tu as une cabane où tu rentres tu as des échelles tu as des trucs dérobés etc je trouve que l'univers de l'enfant ça t'apprend plein de choses en fait et surtout la patience mais ça t'apprend aussi qu'il y a des choses sur lesquelles il faut arrêter de les faire grandir On vit dans un monde, ça n'a rien à voir avec l'archi, mais on vit dans un monde où on essaie de les faire grandir très très vite. C'est-à-dire que nous, à notre époque, nos parents ne faisaient pas participer à la vie du quotidien. Et aujourd'hui, nos enfants participent à la vie de tous. Donc en fait, entre les réseaux sociaux qu'on essaie de limiter, entre lesquels ils ont accès, entre les informations, entre la vie politique, entre la vie du quotidien, etc. Ils grandissent très très très vite. Et finalement, je trouve ça important que parfois on se reconcentre sur ce qu'ils sont et qu'ils nous apprennent leurs petites blagues qui te font rire, ces petites choses un peu innocentes qui, je trouve, te permettent aussi, nous, dans notre métier d'archi, de se dire, finalement, faire une chambre d'enfants. Faire un lieu de vie un peu adapté aux enfants et quelque chose de plutôt sain. Par contre, l'enfant ne gère pas l'intégralité de la maison. C'est-à-dire que, autant je ne sais pas faire des appartements qui sont des appartements à photographier dans les magazines, mais des appartements qui ne sont pas des appartements à vivre, ça je ne sais pas le faire. on a eu la chance d'avoir beaucoup beaucoup de reportages sur notre appartement ou sur des appartements qu'on a déjà fait ou des maisons etc je sais pas faire un appartement absolument neutre dans lequel rien ne dépasse ou hyper instagramable ça je sais pas le faire parce que j'estime que c'est le cas il y a des enfants qui vont y vivre il faut que les choses soient faciles il faut que les choses soient fonctionnelles Voilà. Je n'aime pas, et c'est ce qui se passe chez nous, je n'aime pas que les pièces de vie soient envahies par les jouets, je ne supporte pas, ou qu'on voit qu'il y a des enfants qui vivent dans cet appart. Leur chambre, c'est leur chambre, ils ont leur espace à eux. Effectivement, il faut que dans le reste des espaces, ce soit des choses qui soient pratiques à vivre, des choses fonctionnelles, des matériaux que tu puisses nettoyer, etc. mais en même temps, qu'il n'y ait pas la place de l'enfance dans le chacun sa place. Je crois que c'est mon côté un peu réac. En fait, finalement, les enfants ont chacun leur côté et pas trop dans le côté des adultes. Mais bon, mais c'est important de les écouter. C'est quand même important de les écouter.
- Speaker #1
Est-ce que tu dirais que la maternité t'a révélée ?
- Speaker #0
Je pense qu'elle a décuplé mon côté sensible. parce que autant je peux être très forte au boulot, ça m'est arrivé de craquer, mais comme tout le monde, mais autant je peux être très forte au boulot, autant je pense que je le suis beaucoup moins avec mes enfants, c'est-à-dire que j'ai un côté d'éducation assez rigide, comme il dirait, c'est-à-dire que je veux que mes enfants soient bien élevés, bien éduqués, je veux qu'ils soient extrêmement respectueux des autres, etc. C'est un peu cool quand même chez nous. C'est-à-dire que... Tu vois, mon fils travaille très très bien, il est en terminale. S'il a envie de rentrer à 4h du mat le week-end, il n'y a pas de problème. Voilà. Et alors, il y a des parents qui me disent que je suis complètement dingue. Il est hyper bon, il a 17,80 de moyenne générale. Je ne vois pas pourquoi... j'irai l'ennuyer etc à être par contre moi il est géolocalisé alors ça choque beaucoup de gens mais j'ai besoin de savoir où il est si jamais j'ai une crise d'angoisse j'en sais rien en tout cas il ya une vraie liberté qui leur est laissé et ça je trouve ça vraiment important et c'est eux qui me l'ont appris c'est les enfants voilà donc il ya un espèce de lâcher pris me permettent de de lâcher prise, ce que je ne faisais pas forcément. Ils nous obligent. Sinon, c'est l'angoisse tout le temps. Et ça, ce n'est pas possible. Mais... Oui, c'est ce lâcher-prise.
- Speaker #1
Qui t'ont appris, finalement.
- Speaker #0
Qui m'ont appris le lâcher-prise. Mais c'est génial d'être pas. C'est absolument génial. Et en fait, c'est génial de ne pas se regarder le nombril. J'ai envie de te dire.
- Speaker #1
Tu as 49 ans. Est-ce que c'est un âge charnière ?
- Speaker #0
Pas du tout. J'ai l'impression d'en avoir 30. Donc en fait, j'ai envie de te dire que je ne sais pas que j'ai 49 ans. D'ailleurs, personne ne sait que j'ai 49 ans. Depuis que tu viens de le dire. Tu l'avais dit. Je me mets sur mon âge depuis des années. Non, pas du tout. Je n'ai pas du tout le sentiment d'approcher la cinquantaine. pas du tout Je pense que vraiment, c'est ce que tu as dans la tête. Je m'en ressens. Oui, je ne fais pas de sport. Mais je me sens très bien. Je ne mets pas des crèmes le matin et les soirs. Je me sens très bien à 49 ans.
- Speaker #1
Mais tu es très belle. Et à 49 ans, qu'est-ce que tu sais de toi que tu ignorais à 30 ans, par exemple ?
- Speaker #0
Qu'est-ce que je sais de moi que j'ignorais à 30 ans ? On va recommencer sur cette histoire de lâcher prise et d'être beaucoup plus en accord et beaucoup plus ouverte sur les autres. Je pense qu'à 30 ans, j'étais beaucoup plus égocentrée. J'avais peut-être un besoin de reconnaissance envers mes maîtres d'ouvrage. Et plus le temps passe, plus j'ai... dit à mon homme, tu sais quoi, la reconnaissance, on va la voir sur certains clients parce qu'on les voit vraiment satisfaits, heureux d'être chez eux. Finalement, on va arrêter de courir après la reconnaissance. On ne va pas refaire le monde, on ne va pas refaire l'éducation qu'on a eue, nos parents, etc. Et finalement, le plus beau cadeau, c'est de voir nos clients heureux chez eux. Et quand on voit même qu'un sur sept projets qui tournent,
- Speaker #1
pour vous. Ça suffit. Cette reconnaissance, à 30 ans et à presque 50 ans, la différence entre toi, la femme, que tu es Isabelle, entre 30 et 50 ans,
- Speaker #0
c'est quoi la grosse différence ? Je suis beaucoup plus sereine en fait. Ça va être peut-être prétentieux de dire ça, mais en fait, j'ai aucun problème d'ego. Je ne suis jamais en train de me dire... Je trouve que dans mon boulot, je sais ce que... j'aime, je sais ce que je veux, je sais ce que je veux apporter à mes clients. Je suis encore une fois dans la discussion donc je suis tout à fait capable d'être ouverte à une discussion sur quelque chose que je voyais de telle façon et les clients le voient d'une autre façon et on va essayer de s'arranger à faire en sorte que... leur vision, parce que encore une fois, c'est eux qui vont vivre chez eux, c'est pas moi, leur vision de ce qu'ils veulent et la mienne puisse matcher, et de ne pas laisser complètement de côté ma vision. Mais j'ai pas... Oui, j'ai vraiment... Ça paraît très prétentieux de dire qu'on a pas... Non, non,
- Speaker #1
mais après, ma question, c'était plus sur... Pas la partie pro, c'était plus la partie perso.
- Speaker #0
si toi en tant que femme tu te sens bien alignée je me sens complètement alignée encore une fois quand je te dis que j'ai l'impression d'avoir 30 ans j'aimerais pas revenir avec l'Isabelle d'il y a 30 ans parce qu'elle était beaucoup moins sûre d'elle elle était beaucoup moins mais là aujourd'hui il y a une expression qu'on aime bien dire avec Mathieu, avec mon homme c'est ceux qui ne te tuent pas ne te rendent plus fort et bien c'est vraiment ça en fait on apprend On apprend des agréments de chantier, des gens qui vont te mettre en procès, etc. Et en fait, tout ça fait que ça t'enrichit et tu vis les choses de façon beaucoup plus sereine. Tu es beaucoup plus détendu, beaucoup plus... Les critiques, on peut les prendre...
- Speaker #1
C'est constructif.
- Speaker #0
C'est constructif, mais aussi bien perso que boulot. C'est-à-dire qu'il y a des copains qui me disent « tu passes ton temps » . Tu passes ton temps à défendre des causes, etc. Est-ce que c'est si important que ça pour toi, etc. ? Ben oui, c'est important, voilà. Olivier Virginie avec la Fondation. Olivier aujourd'hui est assez médiatique parce qu'il a la maladie de Charcot et donc il essaye de lever des fonds pour l'artitude du cerveau et il le sait, je serai toujours là. Voilà, c'est mon grand frère d'adoption. Je ne sais pas, Virginie, c'est mon ange gardien. Et on sera toujours là. Et je trouve ça tellement important d'aider les autres. Le week-end dernier, j'étais avec eux, on faisait une séance photo au drugstore Publicis. J'ai vu des gens qui avaient la maladie de Charcot, des gens dont la famille était le père, la mère, la sœur, etc. Il y avait une humanité et un échange. J'étais un rayon de soleil pour eux, ils l'étaient pour moi. Peut-être que j'étais lumineuse parce qu'il y a plein de gens qui m'ont dit ça, mais parce qu'ils étaient là. Parce que si j'étais restée dans mon... Je ne sais pas quoi, à faire autre chose, je ne l'aurais pas été. Et là, ces gens m'ont apporté une espèce d'humanité. Alors, on a à la fois pleuré et rigolé, on a échangé et j'ai trouvé ça formidable. Je ne me vois pas me construire autrement qu'à travers aussi, on est dans les autres. Je ne sais pas. Mon boulot, j'ai l'impression que ça, c'est dans ma vie perso, puisque ce n'est pas mon boulot d'essayer de lever des fonds pour l'Institut du cerveau. pour Olivier de la Fondation, etc. Mais c'est aussi dans ma vie de boulot où je me dis que si tu ne sais pas t'ouvrir aux autres, tu finis par être dans des espèces de carcans complètement renfermés et tu n'apprends rien de personne. Ça n'a aucun intérêt.
- Speaker #1
Aucun intérêt de vivre sans les autres. Si tu devais me donner une image ou une métaphore de ton juste rythme aujourd'hui, à quel choisirais-tu ?
- Speaker #0
être en mouvement. J'ai trouvé ça très beau parce qu'Arsène, mon fils de 17 ans, a eu un petit devoir de chilo en terminale la première semaine. On lui a dit « C'est quoi le bonheur pour vous ? » Il a répondu « C'est le bonheur pour moi. » être en mouvement aussi bien physiquement qu'intellectuellement, c'est ça qui m'enrichit. Et effectivement, j'ai envie de te dire c'est être en mouvement parce que parce que j'ai la chance de ne pas avoir de problème physique, j'ai la chance de ne pas... avoir de problèmes mentaux. Enfin voilà, tout fonctionne bien d'un point de vue de la santé. Et j'ai la chance d'être en mouvement, d'apprendre, de faire des projets totalement différents. Et donc l'apprentissage, le mouvement fait que... Ça me correspond bien.
- Speaker #1
Et réussir sa vie, pour toi, c'est quoi ?
- Speaker #0
Je l'ai réussi.
- Speaker #1
Ah oui ?
- Speaker #0
Non, mais c'est quoi ? C'est se sentir bien, partager, échanger. Ce n'est pas la réussite des magazines et ce n'est pas la réussite de la notoriété. Pas du tout. Bien sûr que ça fait un bien fou à l'ego quand tu as un journal qui te publie, quand tu reçois un prix, bien évidemment. Je ne vais pas jouer la fausse modeste et ça, ça fait beaucoup de bien. Mais à la fois, ça rassure les clients, ça ne t'en fait pas gagner.
- Speaker #1
Ah oui, je ne sais pas du tout.
- Speaker #0
Ça ne t'en fait pas gagner. Et à la fois, oui, ça te fait...
- Speaker #1
Et qu'est-ce qu'on peut te souhaiter ?
- Speaker #0
Qu'est-ce qu'on peut me souhaiter ? La santé, j'ai envie de te dire en premier. Parce que forcément, je pense à mon homme. D'avoir encore plein, plein de projets. mais de me laisser quelques petits temps libres pour pouvoir voyager profiter pas forcément se stresser avec le boulot qu'est ce qu'on peut me souhaiter déjà c'est pas mal et une conjoncture économique un peu les envies te dire on va peut-être que personne n'en parle ou peut-être que tout le monde en parle j'en sais rien mais il ya un dicton qui dit quand quand le bâtiment va, tout va. Et dans le boulot, c'est vraiment, vraiment vrai. Et on a senti une vraie crise, qui ne nous a pas touchés personnellement, mais de la déco, de l'archi, de la construction, il y a les six derniers mois. Nous, ça a toujours bien marché, mais on sent qu'il y a quand même quelque chose de frileux dans l'air, les gens qui n'osent plus investir, etc. Et on sait que dans notre métier, on a un respect de fou pour toutes ces entreprises qui bossent et voir des gens qui déposent le bilan, voir des gens qui s'arrêtent, voir des gens qui n'ont plus de boulot alors qu'on fait vivre des familles entières. Je dis moi, mais grâce à nos maîtres d'ouvrage qui financent leurs projets, etc. Mais... Je trouve ça tellement important que... Allez, la France. Non ?
- Speaker #1
Allez, les bleus. Tu as parlé de... que tu avais un style très masculin. Mais est-ce qu'il y a un objet, un bijou qui t'ancre dans ta féminité ?
- Speaker #0
Un poisson. Je l'ai toujours avec moi, mais H24.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a une femme qui t'inspire ?
- Speaker #0
Il y en a beaucoup. tu peux donner quelques exemples oui bien sûr ma grand-mère était une grande chienne de garde féministe de Simone Veil donc forcément elles m'ont inspirée ma grand-mère était une grande inspiration pour moi elle m'a appris la tolérance plein de choses elle a réussi en tout cas Elle m'a appris plein de choses qui m'ont forgé dans ce que je suis aujourd'hui. Donc je dirais ma grand-mère, grâce à ses rencontres et ses amitiés. Après, il y a plein de femmes que j'admire totalement, que je trouve très étonnantes et à la fois, pour certaines que je ne connais pas bien, et à la fois je me méfie. Dans le sens où on a ce côté un peu idyllique du réseau social, où il faut toujours montrer ce qui est formidable. Et on n'a jamais le droit de dire. Et c'est marrant parce qu'il y a un copain qui me disait il n'y a pas longtemps, ce que j'aime bien sur ton Insta, c'est que parfois tu dis que ça ne va pas. Et en fait, ça fait du bien. Les gens qui disent que de temps en temps, ça ne va pas parce que tu n'es pas une surwoman. Et c'est exactement ça. C'est-à-dire que je trouve que d'avoir un message positif, c'est super important. Mais à la fois, on a le droit de dire quand ça ne va pas et on ne va pas toujours bien. c'est normal, ce qui ne veut pas dire qu'on va s'effondrer j'ai un caractère ultra positif donc je me relève systématiquement mais il y a des femmes que je trouve formidables mais je ne sais pas en fait si leur insta ne me fait pas je trouve ça génial ces femmes qui sont dans une vie active toutes celles qui défendent la cause des femmes je les trouve super je pourrais t'en citer des tonnes et non pas parce que je suis une féministe convaincue parce que... Je mets beaucoup d'eau dans mon bain, même si j'ai été élevée par des femmes extrêmement féministes, ou j'ai été sur les défilés de la Gay Pride, parce que ma mère est homo, et donc les défilés de la Gay Pride quand j'étais très très jeune. Donc je sais ce que c'est que pouvoir être féministe, mais être féministe aujourd'hui. Je ne me sens pas vraiment en adéquation avec les jeunes femmes aujourd'hui. C'est-à-dire qu'il y a des revendications que je ne comprends pas vraiment. Mais je pense que ma fille m'apprendra à les apprendre, ces revendications.
- Speaker #1
Si tu étais un matériau de construction, lequel serais-tu ?
- Speaker #0
Je pense que je serais le bois. Parce que pour avoir un bois avec une texture et une matière intéressante, il faut avoir, comme le bon vin, il faut vieillir. Ce serait un morceau d'olivier.
- Speaker #1
Si tu étais un bâtiment à Paris ?
- Speaker #0
Si j'étais un bâtiment à Paris, je crois que je serais le Louvre. Pas le côté moderne de la pyramide, que j'aime beaucoup, mais tout le côté art décoratif, etc. Je trouve que c'est... Encore une fois, je m'y promène souvent avec mon gène, mais je trouve que c'est... hallucinant imposant. C'est-à-dire que tu regardes le Louvre, les arts déco et tu dis on a su construire des choses comme ça à l'époque. On serait pu construire aujourd'hui pour des questions économiques mais aussi de savoir-faire. Il y a de moins en moins d'artisans, il y en a évidemment, il y a de moins en moins d'artisans qui savent faire, qui savent tailler de pierre, qui savent construire de cette façon-là. je me sens très bien c'était un bâtiment dans le monde je serais peut-être je sais pas peut-être le colisée à rome parce qu'à la fois ça inspire des espèces de bataille et de confrontation de gens et on tu sens qu'il ya une espèce de violence dans ce lieu là non pas que je sois quelqu'un de violent mais qu'il de combat en fait de combat, à la fois une architecture qui est assez magnifique, en fait, une architecture qui est pérenne, parce qu'il y a une partie du Colisée qui est toujours là et qui tient malgré les siècles. J'aime la pierre. Je ne sais pas, je serais un de ces bâtiments...
- Speaker #1
Plein de force.
- Speaker #0
Oui, plein de force.
- Speaker #1
Si tu étais l'un de tes cinq sens...
- Speaker #0
difficile, j'adore manger, donc j'avais envie de te dire le goût, mais à la fois si je n'avais pas d'yeux, ça serait compliqué, si je n'avais pas d'oreilles, je ne pourrais pas écouter les autres, mais je pourrais les voir, c'est très très compliqué, non les yeux, on archive,
- Speaker #1
et enfin si tu étais une émotion,
- Speaker #0
ce serait la joie, ça c'est sûr,
- Speaker #1
merci beaucoup Isabelle,
- Speaker #0
merci à toi, un moment très vrai,
- Speaker #1
pareil, t'as gai. Merci d'avoir partagé ce moment avec nous dans le juste rythme. J'espère que cet épisode vous a offert un souffle, un sourire ou une idée à glisser dans votre quotidien pour avancer un peu plus à votre rythme. Si cet échange vous a plu, parlez-en autour de vous et abonnez-vous à votre plateforme préférée. Laissez un commentaire si ce qui vous permet au podcast de rayonner. Pour découvrir d'autres épisodes ou me contacter, rendez-vous sur le juste rythme. Si une femme inspirante vous vient à l'esprit, écrivez-moi. Vous pourrez être ma prochaine invité. A très bientôt. Et d'ici là, prenez soin de votre cœur, de votre corps, de votre télé.