- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur Le Lien, parlons de la santé mentale de nos ados, un podcast co-réalisé par PSSM France et Parentalité Adolescence. Vous êtes proche d'un adolescent et vous vous posez des questions sur sa santé mentale, ses émotions, son comportement, son mal-être ou tout simplement sur la manière de mieux l'accompagner ? Ce podcast est fait pour vous. Au fil de 12 épisodes courts, Olivier Canseil, spécialiste de la santé mentale des adolescents et des jeunes adultes, et membre du conseil scientifique et pédagogique de PSSM France, répondra aux questions que se posent les adultes autour de la santé mentale des adolescents. Aujourd'hui, on retrouve Olivier Canseil pour parler des mots qui blessent, et aborder le harcèlement scolaire et en ligne chez les adolescents. Bonjour Olivier !
- Speaker #1
Bonjour Sarah !
- Speaker #0
Alors on se lance directement dans le vif du sujet ! Quels sont les signes que le parent peut repérer chez un jeune qui se fait harceler ?
- Speaker #1
Alors bon, c'est des signes qui ne sont pas toujours spécifiques, mais c'est l'accumulation en fait des signes qui doit inquiéter. D'abord à l'école, c'est des retards fréquents, des pertes ou de vols de matériel, enfin ou allégués par la personne, une baisse des résultats scolaires, des absences, des absences non justifiées, un isolement qu'on perçoit dans l'école. La possession d'objets pour se défendre. À la maison, c'est les troubles du sommeil, des maux de ventre, surtout les maux de ventre le matin avant d'aller à l'école, des pleurs, de l'irritabilité, du repli sur soi, de l'anxiété, éventuellement des troubles alimentaires. Et puis bien sûr, face aux écrans, c'est des réactions qui sont inhabituelles en consultant le téléphone, qu'on peut remarquer du coin de l'œil, de la nervosité, de la fatigue, de l'évitement des réseaux sociaux. Tout ça, ça doit alerter.
- Speaker #0
Alors, merci beaucoup pour cette réponse. Pourquoi un jeune victime de harcèlement ne va pas forcément demander l'aide à ses parents ?
- Speaker #1
Eh bien, il a plein de bonnes raisons et que ses parents vont avoir du mal à entendre. C'est-à -dire qu'il y a d'abord la honte et la culpabilité. C'est-à -dire que l'adolescent peut s'en sentir lui-même responsable de ce qu'il vit. C'est-à -dire, c'est peut-être moi qui suis le problème ou qui ai un problème. il peut avoir honte d'être perçu comme faible, comme différent, surtout si le harcèlement touche vraiment à des aspects intimes comme son orientation sexuelle, son corps ou le genre dans lequel il se sent. Il a peur aussi des conséquences et bien évidemment le premier mouvement des parents étant d'aller défendre leur enfant, c'est exactement ce qu'ils veulent absolument éviter qui arrive parce que ça ne peut que renforcer un peu pour eux le système.
- Speaker #0
Ils ont peur d'un représailles ?
- Speaker #1
Ils ont peur que ça empire la situation en intervenant trop brusquement, ou en contactant l'école ou les parents du harceleur. Et puis donc avec la crainte des représailles et d'un isolement encore plus grand si le harcèlement est dénoncé. Alors en plus, ils sont à un âge où ils ont envie d'être autonomes, ils aimeraient penser qu'ils peuvent gérer seuls leurs problèmes, prouver qu'ils en sont capables. Et puis, demander de l'aide, c'est reconnaître sa faiblesse ou une régression. Ce n'est pas facile de demander de l'aide. Il y a la question aussi de l'isolement, de la perte de confiance dans leur environnement. Ça effaiblit tellement l'estime de soi, d'être harcelé, que l'adolescent pense qu'il ne mérite pas d'être aidé, et qu'il ne peut se sentir pas écouté, pas compris par ses parents. Surtout si la communication n'est pas forcément bonne ou surtout s'il y a eu des maladresses dans la communication. Et puis pour ce qui est du cyberharcèlement, du harcèlement numérique, ils peuvent aussi craindre les jeunes que finalement en en parlant à leurs parents, que leurs parents leur coupent l'accès à internet. et du coup c'est presque plus angoissant de ne pas savoir ce qui se dit sur eux que de le savoir et d'avoir un sentiment en moins d'un petit peu de maîtrise en sachant ce qui se dit de la situation. Donc, il y a tout ça qui concourt au fait que c'est extrêmement difficile de demander de l'aide.
- Speaker #0
Alors, comment faire de la prévention en tant que parent auprès de son jeune ?
- Speaker #1
Alors, c'est en effet une question complexe après avoir abo... poser un problème complexe. Donc il faut parler des relations et de ce qui est attendu des relations et des relations normales. Les sujets, aborder les sujets de manière naturelle. Qu'est-ce qu'il est raisonnable d'attendre d'un ami et de ne pas attendre ou de ne pas tolérer d'un ami. Qu'est-ce qui est une plaisanterie, qu'est-ce qui est une moquerie. enfin vraiment pouvoir connaître ses limites un peu finalement oui apprendre à les repérer c'est vraiment utiliser les situations du quotidien tout ce qu'il y a dans les films, dans les séries il y a pas mal de séries adolescentes où il se passe plein de trucs regarder des séries adolescentes et puis voir et parler des relations qui se passent entre les autres ça fait un tiers il y a une situation qui permet d'ouvrir la discussion avec son proche Merci. Et puis poser des questions ouvertes, comment ça se passe avec les autres au collège, tu as déjà vu quelqu'un se faire embêter, enfin ouvrir, essayer de discuter, tendre des perches. Et puis aider son proche à développer son intelligence émotionnelle, c'est-à -dire nommer ses émotions, je le disais déjà , reconnaître celles des autres, encourager l'empathie, parce que n'oublions pas qu'on a aussi des enfants qui peuvent être des harceleurs. ou que des harcelés peuvent être des harceleurs, et des harceleurs, des harcelés, suivant les cercles dans lesquels ils évoluent, et que c'est vraiment des deux côtés que ça se passe. Voilà , et puis, comment crois-tu que cette personne se soit sentie face à ce qu'on lui a dit ? Essayer de valoriser les identifications, et donc les comportements prosociaux, l'entraide, l'écoute, voilà . Peut-être aussi parler des limites, du respect, qu'est-ce qui est tolérable, qu'est-ce qui n'est pas tolérable.
- Speaker #0
Le consentement aussi.
- Speaker #1
Le consentement, voilà . Et puis aussi favoriser des comportements prosociaux ailleurs qu'à l'école, je ne sais pas, dans des clubs de gymnastique, dans des endroits où l'enfant pourra se sentir compétent et reconnu, même s'il y a d'autres endroits, ça peut être plus compliqué. Après c'est beaucoup de bon sens et de créativité. On ne peut pas forcer les choses justement parce que spontanément, ce n'est pas vers leurs parents qu'ils se tourneront.
- Speaker #0
Merci beaucoup pour cette réponse. Alors on arrive à la dernière question. Il y a une question d'une grand-mère pour sa petite-fille. On a mis en place un répondeur avant d'enregistrer ces capsules pour justement laisser la place aux parents et aux proches. de poser leur question sur la santé mentale. Je vous partage ce message.
- Speaker #2
Oui, bonjour. Voilà , je suis la grand-mère d'une adolescente de 12 ans que je garde régulièrement, avec qui j'ai de bons contacts, qui me raconte assez bien ses petites affaires. C'est super. Mais là , depuis quelques temps, je la trouve pas bien. Elle est triste. Elle me parle plus. Et puis, j'ai l'impression qu'elle pleure dans sa chambre des fois. Je suis un peu démunie parce que je sais pas comment aborder... problème, mais j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Et je ne sais pas si elle harcelait à l'école, sur les réseaux sociaux ou si c'est autre chose, mais en tout cas je ne sais pas comment faire. Je n'ai pas les armes pour parler avec elle. Je n'y arrive plus. Je ne sais pas. En tout cas, merci de m'avoir écoutée.
- Speaker #1
Je pense qu'il faut déjà arriver à créer un climat de confiance avec la petite fille. permettre de pouvoir l'exprimer. Parce que la grand-mère est bien placée en plus, parce que la grand-mère, ce n'est pas la grand-mère qui va aller tirer les oreilles du harceleur à l'école ou qui va de façon intempestive aller voir le CPE du collège. Donc elle est plutôt bien placée, surtout si elle a ce temps tête-à -tête avec sa petite-fille, pour montrer qu'on est disponible, sans pression, pour exprimer le fait que elle s'inquiète, qu'elle l'a entendu pleurer dans sa chambre et que ça lui fait de la... peine et qu'elle voudrait pouvoir l'aider, juste une ouverture du dialogue et toujours valoriser l'écoute active et la communication non-violente. Ce sont des techniques qu'on développe dans les PSSM, donc peut-être que la grand-mère pourrait faire la formation, premier secours en santé mentale, surtout si elle a d'autres petits-enfants à garder, ce sera toujours utile.
- Speaker #0
Il y a aussi peut-être, on pourrait rappeler, quelques numéros ou sites qui sont liés au harcèlement et qui peuvent aider. Souvent, il y a des lignes d'écoute, justement, qui peuvent être bien pour les personnes qui sont harcelées, mais aussi pour l'entourage.
- Speaker #1
Exactement, oui. Alors, je pense qu'il n'est pas inutile de rappeler à cette occasion-là le 3018, anonyme, gratuit, confidentiel, qui est le numéro unique pour les victimes de harcèlement et même leurs proches. C'est-à -dire que c'est vraiment la plateforme, la ressource. qu'il ne faut pas hésiter à consulter dans ces cas-là .
- Speaker #0
Merci Olivier. Merci d'avoir écouté cet épisode. En complément des ressources partagées par Olivier Cancey, nous vous invitons à consulter les carnets du secouriste en santé mentale disponibles sur le site PSSM France. Vous pouvez également vous former au secourisme en santé mentale et plus particulièrement le module PSSM Jeune.