- Speaker #0
Le médium, c'est la vie, par Fantine Ausha.
- Speaker #1
J'ai vécu suffisamment de choses qui me font croire au destin et d'ailleurs j'adore ça, j'adore l'acceptation du destin.
- Speaker #0
Peut-être comme vous, j'ai regardé cet été son documentaire sur Arte intitulé Sur les... pas de ma grand-mère. Lola Peplot, alors enceinte, entreprend de partir en Grèce sur les traces de Clotilde Peplot, une artiste à la trempe d'une héroïne moderne dont on découvre la trajectoire particulière. Nomade, peintre et mère de famille pour seulement effleurer l'envergure de cette femme singulière. Aujourd'hui c'est Lola qui nous livre quelques fragments de son rapport au monde en dînerie tiers de sa grand-mère. Nous nous retrouvons à Montmartre au Café des Cinq Marches. et Lola apparaît avec un calme olympien, une sagesse qui émane d'elle et l'entoure d'un grand mystère. Couronnée, vous l'entendrez par une voix des plus enroutante. Quelques cappuccinos plus tard, nous filons chez elle pour enregistrer dans une chambre qui donne surcours, clarté du son oblige, où se déploie cet espace-temps privilégié, on connaît bien maintenant ici, celui qui nécessite une délicieuse compagnie et qu'on invoque quelque chose de plus grand que nous. La transmission, la vocation qu'on embrasse, par exemple, ou encore la nécessité de repenser la vieillesse, et d'avoir des modèles de femmes dont la trempe, encore une fois, peut nous inspirer à voguer librement et mettre le cap sur nos propres rêves. Bonjour Lola Paplot.
- Speaker #1
Bonjour Fantine Ausha.
- Speaker #0
Alors Lola, tu as plus d'une corde à ton arc. Tu es réalisatrice, comédienne, autrice. Comment, toi, te décrirais-tu ?
- Speaker #1
Déjà, ça, c'est pas mal, au début, de pouvoir se permettre de faire plusieurs choses à la fois. Ça me convient.
- Speaker #0
Tu te sens comme ça, indéfinissable, de ne pas rentrer dans une case ?
- Speaker #1
Je trouve qu'avec le temps... Je vis mieux cette question de catégorie et je me dis que c'est tout à fait légitime qu'on peut être réalisatrice, on peut aussi écrire, être comédien, etc. Je ne sais pas, récemment, je suis passée dans une phase de François Truffaut que j'adore. Je vois qu'il a aussi joué dans plusieurs films en tant qu'acteur. C'est juste un exemple parmi des tonnes d'autres, mais que... pour répondre à tes questions, on n'est pas obligé de ne pas être défini. Je trouve qu'on peut être défini en plein de catégories différentes.
- Speaker #0
Comment tu as fait pour apprivoiser justement cette complexité d'être multiple ?
- Speaker #1
Je pense, le cliché, le truc, l'âge donne ça. Une des choses que j'apprécie avec l'âge, je ne suis toujours pas très vieille, mais quand même, c'est de... de me prendre moins la tête par rapport à ce genre de choses. Je suis allée à l'université pour étudier la littérature et tout. J'étais assez dans mes études. Puis après, je me dis, ah non, mais je ne me vois pas comme ça. J'ai besoin de m'exprimer avec mon corps, la voix et tout. Donc, j'ai fait une formation en tant que comédienne parce que c'était ça que je voulais depuis que je suis toute petite, c'est de me mettre dans des personnages différents pour raconter des histoires. Et... C'était une très belle aventure que je continue pour toute ma vie, je pense. Mais à un moment, je me dis, tiens, j'ai aussi envie d'écrire des histoires, de les réaliser, etc. Donc, c'est venu fur et à mesure. Et puis, je vois que ça va, c'est OK. Ce n'est pas si strict que ça. Ce n'est pas comme si on est... Heureusement, on peut choisir de faire plein de choses à la fois.
- Speaker #0
Oui, la créativité a besoin d'un médium, mais n'importe lequel.
- Speaker #1
Ça, c'est aussi... une très belle manière de voir. C'est vraiment juste une énergie qui arrive et peu importe le médium, ça peut vraiment être même de peindre les murs blancs chez soi ou de faire une balade. Si on rentre vraiment dans ça, oui, on a la créativité.
- Speaker #0
D'être un enfant.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Alors Lola, je t'ai découvert grâce à ton magnifique documentaire sur les pas de ma grand-mère qui a été disponible sur Arte pendant quelques temps. Ça démarre sur... Cette interrogation où tu dis aujourd'hui enceinte, j'ai besoin de savoir comment on peut être à la fois artiste et mère est-ce que tu as trouvé une réponse ? Qu'est-ce que tu as apporté à cette recherche ?
- Speaker #1
Je pense que concrètement, ça m'a apporté une grande réponse oui en majuscule, que c'est tout à fait possible de faire les deux choses en même temps, puisque c'est ce que j'ai fait. J'étais enceinte avec mon premier enfant et en même temps, j'ai tourné ce film. Et puis après, quand il est né, j'ai monté le film, donc dans les deux sens. Avant d'être mère et en étant mère, j'ai pu continuer ce projet artistique, mais... Voilà, ma grand-mère, elle était peintre et elle avait trois enfants à une époque où ce n'était pas du tout normal, si tu veux, de faire ça dans les années 50. C'était un peu, waouh, les autres femmes, tu ne te permets pas ta vocation parce qu'elles n'étaient pas payées pour ça, ce n'était pas des commandes, c'était vraiment une voix intérieure très forte qui l'a poussée de vivre ça. en même temps, elle a trois enfants. Donc, c'était un départ pour moi d'interrogation, de suivre sa vie. Elle me donne des réponses plutôt de l'inspiration, si tu veux. Et un joli cadeau qu'en voulant la suivre pour faire ce film, j'ai appris moi-même, réellement, que c'est possible.
- Speaker #0
En plus, elle est éprise de liberté. On se rend compte vraiment que c'est une femme... Même dans son art, elle ne souhaite pas spécialement exposer. Tu expliques qu'elle le faisait vraiment par nécessité. C'est la vraie vocation.
- Speaker #1
C'est vrai qu'elle était extrêmement libre et sûre d'elle-même. Elle avait quelque chose de très, très fort. Une discipline embêtante et une certitude, même si je suis sûre comme tout. Elle a passé des jours où elle dit je ne crois pas en moi Je me souviens même, elle était timide. Est-ce que tu aimes vraiment ce tableau de stress ? Elle n'était pas orgueilleuse ou plein d'elle. Mais à l'intérieur, elle avait quand même cette voix qui la poussait. Comme tu dis, sans être reconnue ou payée, ce n'était pas son but. Son but, c'était juste, c'était une voix très forte à l'intérieur d'elle-même où elle ne pouvait pas échapper à ça. Donc, elle est allée jusqu'au bout. jusqu'à la fin de sa vie, à communiquer avec ce désir de peindre la nature.
- Speaker #0
Et c'était vraiment magnifique, ça m'a permis de découvrir son œuvre, ça m'a éblouie, moi j'étais là Waouh, quelle belle découverte !
- Speaker #1
Je suis très contente que tu dises ça, parce que je voulais vraiment, c'était un des grands buts du film, que je partage son œuvre. que les gens découvrent parce que je trouve aussi qu'elle a quelque chose assez exceptionnel et rare où comme c'est assez moderne dans le... En anglais, on dit framings. Souvent, elle prend des framings un peu panoramiques, des cadres assez cinématographiques presque par rapport à le paysage. Et ça, c'est assez moderne. Et puis, une technique où vu qu'elle était autodidacte... Elle a appris de sa mère, qui était aussi peintre, mais elle n'avait pas une éducation formelle à suivre, des règles, etc. Donc elle a un peu inventé elle-même, et donc une technique assez spéciale à elle. Et c'est vrai qu'on a fait une exposition l'année dernière à Florence, dans une petite galerie qui s'est super bien passée, qui était assez importante. Et on a fait un catalogue et tout. Mais avant, c'était plutôt... Elle a exposé trois, quatre fois dans des galeries à Londres. Et toujours, les gens ont dit, Ah, on veut acheter, on veut acheter. Elle a vendu quelques-uns, mais pas beaucoup, parce qu'elle avait du mal à s'en séparer. Avec ses tableaux qui étaient un peu comme ses enfants, mais très proches d'elle.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, c'est resté dans votre famille.
- Speaker #1
Oui, c'est dans notre famille, à part ceux qui ont été achetés. Il y en a quelques-uns à New York, à Rome, je ne sais pas, un peu autour du monde.
- Speaker #0
Qui vivent leur vie.
- Speaker #1
Oui, ils vivent leur vie. D'ailleurs, je me dis, une fois, j'aimerais bien les rencontrer, les tableaux, dans des endroits un peu reculés au monde. Ça serait un beau projet. Et sinon, on a de la chance qu'on a. plusieurs et moi je vis avec tous les matins je me réveille et je vois un de ces tableaux devant lequel ? c'est dans le film au tout début et puis c'est un peu l'endroit que je retrouve à la fin du film qui est l'atelier et donc on a un ciel très très bleu qu'elle faisait hyper
- Speaker #0
bien avec les petites maisons je trouve qu'il est incroyable ça me donne un esprit
- Speaker #1
chaque matin, même s'il fait gris dehors, je regarde ce ciel bleu et je dis ok, ça va.
- Speaker #0
Ce que je trouve très particulier quand même dans ces peintures, sans les avoir vues en vrai, puisque je les ai découvertes que dans ce documentaire et ça change tout aussi, il faut voir les œuvres en vrai, mais je sentais une force. Ce n'est pas juste un paysage dont il est question. Pour moi, il y a vraiment une force, un tempérament, une intensité. Ça parle de son état intérieur, je ne sais pas si tu as cette lecture. C'est ce qui m'apparaissait quand je regardais les tableaux, c'est pas juste voici la vue.
- Speaker #1
Oui, je pense aussi, moi j'ai le même feeling aussi plus quand on les regarde. Comme avec tous les tableaux d'ailleurs, mais on rentre vraiment dans une profondeur avec le horizon, le ciel. Souvent, elle fait des montagnes, etc. Et c'est quelque chose de très profond où effectivement, c'est comme si elle est arrivée à faire parler le paysage même.
- Speaker #0
Elle devenait ce lieu.
- Speaker #1
Et elle était vraiment en contact, en conversation pour moi. Son œuvre, c'est une conversation avec... La nature, qui est... Bon, elle était... C'est son dieu, c'est son univers, si tu veux. C'est assez transcendantal.
- Speaker #0
C'est qu'on la sent en communion.
- Speaker #1
Exact, voilà.
- Speaker #0
Est-ce qu'elle a peint des figures, d'ailleurs, ou ça a été tout ?
- Speaker #1
Oui, j'en ai quelques-uns. Et j'ai découvert, pendant la préparation de ce film, et même après, plusieurs. Et ils sont... très très bien et j'étais impressionnée parce que dans le film on voit il y a un autoportrait d'elle qu'elle a fait quand elle était assez jeune, elle avait 16 ans et j'ai découvert plein d'autres qui franchement voilà, elle aurait pu faire des portraits si elle a voulu, c'est pas son truc mais ils sont spécials aussi.
- Speaker #0
Alors quand tu prépares ce documentaire tu es toi-même enceinte... Donc il y a un peu un double accouchement de ce projet et de l'œuvre ultime qu'est ton enfant. Est-ce que tu avais besoin aussi de convoquer à ce moment-là ta grand-mère dans ta vie, de te connecter à cette femme ? Comment tu as vécu ces deux projets qui s'enchevaient très plus ou moins ?
- Speaker #1
C'est vrai que l'idée du film est venue il y a des années, avant que je tombe enceinte et tout ça. Mais c'était un peu quand je suis tombée enceinte, j'ai parlé à François Ravard qui a produit le film. On a eu une conversation et il m'a dit, c'est maintenant, il faut que tu fasses ce projet, c'est ce que tu as dans tes tripes. Et du coup, le fait d'être enceinte, c'était un moteur parce que j'avais une vraie timing. Et c'était assez chaud à un moment, j'étais en Grèce, vraiment vers la fin, la dernière fenêtre où je peux voyager. La femme m'a dit, ok, ok, mais revenez tout de suite après. On a pris le... dernier bateau de l'île de Serifos qui est une petite île très reculée dans les cyclades. Le bateau était hyper... Pas le bateau, mais la mer très agitée et on a fait un voyage d'enfer. Le bateau gauche, droite... Quand je rentre dans le bateau, je vois toute l'équipe qui voit mon énorme ventre en me disant j'ai juste été wow, ok, je reste calme et je me suis dit bon... Si je survis ça, l'enfant sera un vrai aventurier, si tu veux. Donc, tout s'est bien passé. Mais pour dire que, oui, c'était assez adventurous, comme on dit en anglais. Et ma grand-mère, elle avait toujours cette aventure en elle-même, ou à l'âge de, voilà, depuis toute ma vie, mais quand elle était vieille, à 70 ans. Aller toute seule en Grèce à l'époque, prendre un bateau, puis un autre, un autre, voyager très lentement avec ses toiles, ses pinceaux, tout. Elle était très courageuse, si tu vois. Donc, je pense qu'il y avait quelque chose dans son courage qui m'a attirée. Et aussi le fait qu'elle m'a montré en tant que petite fille que, OK, d'avoir des enfants, ce n'est pas la fin de ta créativité. Donc, c'était un peu un espoir pour moi. Et donc, je la tenais près de moi pour cette raison.
- Speaker #0
Et c'est un hommage, tu dirais, ce documentaire à ta grand-mère ?
- Speaker #1
Oui, je pense. Plusieurs gens m'ont dit, ah, c'est une lettre d'amour. Et au départ, j'étais, ah oui, peut-être, oui. Et effectivement, je me dis, oui, c'est un hommage à elle. Oui, pour le remercier quelque part, pour le reconnaître et pour que d'autres gens la... la reconnaissent.
- Speaker #0
C'est assez intéressant, cette histoire de filiation. Tu attends ton enfant et toi, tu te reconnectes aussi à tes racines familiales. Tu avais une recherche, peut-être plus intérieure.
- Speaker #1
Oui, c'était aussi une façon de préparer la terre avant que mon fils arrive. Et puis, c'est vraiment... Maintenant, dans le temps, Manon, il a grandi. Il n'est plus un bébé. Et quand je le vois, Je me dis, ah, ok, je comprends qu'un jour, bon, peut-être il va me dire, c'est quoi ce film, pourquoi t'as fait ça maman, mais qui sait, c'est à lui de décider. Je souhaite qu'il comprendra et que ça sera un cadeau pour lui.
- Speaker #0
Tu viens quand même d'une famille de grands artistes. Comment on trouve sa place dans une telle famille quand on est soi-même artiste ?
- Speaker #1
Ça, c'est une question toujours complexe. Et que justement, en faisant ce film, je pense que j'ai un peu trouvé certaines clés. Le fait que je suis tombée sur un morceau de voix de ma grand-mère. qui dit exactement la même chose à un moment où elle explique, elle dit, c'est pas tout tout évident de venir d'une famille d'artistes et de vouloir être artiste. Et j'ai eu un espèce de déclic en me disant, waouh, grand-mère, toi aussi t'as eu ça parce que sa mère, elle était peintre, et son grand-père, il était un sculpteur, Adolphe Hildebrandt, assez très important dans son époque, reconnu, etc. Donc elle avait un certain poids. déjà elle, et moi j'avais envie de lui dire, ok, ben maintenant c'est encore plus lourd ce poids. Mais le fait qu'elle a reconnu ça elle-même, et que je l'ai entendu, ça m'a fait comme si, ah, je ne suis pas seule. Et déjà, ça m'a fait beaucoup du bien. Et puis, j'ai dit, ah tiens, elle était courageuse, elle l'a fait quand même, à sa manière, donc il faut être courageuse, il faut y aller, il faut être humble, il faut oser à... dire ce que tu as à dire sans te mettre en comparaison avec le passé, à dire est-ce que je suis, parce que évidemment on n'est pas pareil que personne d'autre voilà et puis je pense que le fait d'avoir fini ce film, ça m'a fait du bien de dire ok bon, je peux continuer
- Speaker #0
Tu avais besoin de te donner une sorte d'autorisation, tu penses dans ta création ?
- Speaker #1
Je pense que ça sera le travail d'une vie, mais le fait de parler, quelque part, un des sujets du film, c'est vraiment cette idée de transmission. Je parle de ma grand-mère, de mon arrière-grand-mère, de mon arrière-arrière-grand-père. Il y a aussi mon père dans le film, ma tante, mon oncle. Donc, c'est très, très présent. Et en faisant le film, c'est comme si je me sens que je les ai tous rendus hommage en trouvant... où est ma place à moi et que maintenant je me sens libre de marcher sans eux, si tu veux. La terre, elle est neutre maintenant.
- Speaker #0
Il est question d'identité.
- Speaker #1
Exactement, que tout ça, ça fait partie de moi et je suis reconnaissante. Et je leur parle beaucoup d'ailleurs, toujours. Ils sont vraiment présents, mais j'ai aussi mon chemin à moi. Et ça, ça fait du bien.
- Speaker #0
Ça a ouvert la voie.
- Speaker #1
et avec le titre je trouve que ça résonne aussi c'est beau sur les pas de ma grand-mère tu traces ta propre route aussi ouais c'est vrai que je trouve que ça m'a donné une voix à moi et la fin du film on a mon fils qui met les chaussures de ma grand-mère que j'ai gardé et un peu je voulais faire ce truc parce qu'il est tout petit, il marche pour qu'il peut marcher pour lui-même avec ce héritage ouais en lui.
- Speaker #0
Mais allégé, quoi.
- Speaker #1
Allégé, exactement, parce qu'il sourit et que c'est beau, c'est pas lourd, c'est léger.
- Speaker #0
Et ça veut dire quoi pour toi d'habiter le monde ?
- Speaker #1
Habiter le monde ? Bonne question. Ça veut dire être ouverte, être présente. Je dirais plus ça, être ouverte, présente, observante et... reconnaissante. Je trouve que c'est ça le plaisir de la vie pour moi, c'est vraiment d'observer des petits détails de chaque jour, la lumière, une feuille, un sourire d'un enfant dans le métro et d'avoir le cœur ouvert à tout ça.
- Speaker #0
Comment tu incarnes cette vision que tu as de la vie au quotidien ?
- Speaker #1
Je dirais que je me sens chanceuse que c'est quelque chose qui est accessible pour moi. Et grâce D'ailleurs, beaucoup je pense à ma grand-mère qui a eu un énorme impact sur moi, sur ce truc d'observation et de la beauté, et que la beauté est dans les choses simples, que ça m'a rendu assez capable de m'émerveiller au monde. Et du coup, des gens, souvent ils me disent, même mon fils d'ailleurs, l'autre jour il me dit Maman, mais pourquoi t'es… toujours heureuse et enthousiaste quand même pourquoi je sais et j'étais à lui dire mais ok Des gens me disent que je peux être excessivement enthousiaste, et peut-être qu'ils pensent que c'est faux, qu'elle fait que ce n'est pas vrai et tout. Mais pour moi, ce n'est pas un truc faux, c'est juste mon état naturel qui est comme ça. Je suis très enthousiaste et un peu enfantine, je ne sais pas quoi. Ça ne veut pas dire que je n'ai pas eu des journées de l'opposé. Je ne vais pas dire que tout ne va pas bien tout le temps. Je sais ce que c'est les journois aussi, heureusement, mais pour la plupart, j'ai accès à ça.
- Speaker #0
Est-ce que tu crois au destin, à l'être destiné ?
- Speaker #1
Oui, moi je pense que là j'ai vécu suffisamment de choses qui me font croire au destin. Et d'ailleurs, j'adore ça, j'adore l'acceptation du destin, si tu veux.
- Speaker #0
Tu dirais que tu as quoi comme rapport à la spiritualité ? Est-ce que ça fait partie de cette vision du destin pour toi ?
- Speaker #1
Oui. Je sais que depuis des années, je pratique ma méditation et quand je suis en contact bien avec moi-même et avec un sens large, je sais que les choses arrivent beaucoup plus facilement et que le destin est plus présent. Si tu veux, c'est toujours là, mais j'arrive mieux à le voir. Donc, j'essaie de nourrir. La bougie de spiritualité, si je peux, pour plus avoir les fruits du destin.
- Speaker #0
Que tout tombe à sa place.
- Speaker #1
Exactement, oui. Je pense vraiment à ça.
- Speaker #0
Il y a une sensation terriblement agréable.
- Speaker #1
Oui, et quand on est soi-même ouverte et à sa place, comme tu dis, les choses se déroulent.
- Speaker #0
Cette justesse, en fait, qui nécessite un peu à lâcher prise aussi, et là, tout prend sens.
- Speaker #1
Exactement, oui.
- Speaker #0
Et c'est sûr d'avoir cette confiance aussi.
- Speaker #1
Oui, non, c'est vraiment... Tout reste là. Si on peut rester dans ce chemin, se voir, c'est plus facile, plus agréable. Et on a plus de surprises, je trouve, sur le chemin.
- Speaker #0
Ça enlève un énorme...
- Speaker #1
Oui, poids. Comme tu dis, on se détend et on dit Ok, toute la responsabilité n'est pas la mienne. Donc... lâchée et on va voir.
- Speaker #0
Et tu te sens plus dans le bout de la vie, je trouve, quand t'es comme ça. Ça t'amène pas forcément là où tu voulais, mais en fait, tu te dis je me sens quand même plus en face, je me sens quand même mieux.
- Speaker #1
Et des fois, c'est d'ailleurs beaucoup mieux que de ne pas aller où on pensait qu'on voudrait y aller. Souvent, c'est pas du tout là qu'il fallait. Justement, quelque chose d'autre arrive et c'est pas toujours facile. Moi, j'ai des fois où je veux contrôler trop. Voilà, mais le travail d'une vie, c'est petit à petit, comme tu dis, de lâcher. Wow, si on peut faire ça, ça sera merveilleux.
- Speaker #0
C'est comme s'il y avait ce temps d'intégration nécessaire, même si parfois on se sent prêt à vivre des choses et la vie, paf, elle t'arrête. Maintenant, j'apprends à me dire que je dois intégrer et ça va s'ouvrir après. Mais c'est très dur de se voir comme même une terre qui doit être fertile et qui a besoin de ce temps, tu vois, de jachère entre plusieurs semences.
- Speaker #1
Oui, il faut vraiment le temps, le récul, de lâcher prise et un peu d'observation de temps en temps pour apprendre certaines choses.
- Speaker #0
Qu'est-ce que ça change de vieillir dans ta trajectoire de vie ?
- Speaker #1
Tout de suite, quand tu me poses cette question, je me dis, ah, ma relation avec temps, c'est pas du tout maîtrisé. Je pense toujours que je peux tout faire dans une heure et donc j'arrive souvent, ah mince, comme ça nous est arrivé. Avec notre rendez-vous, j'ai dû décaler et tout, me dire, ah oui, je vais y arriver et tout. Bon, j'ai pas un sens réel du temps. Et par rapport à vieillir... Ça dépend de mon état. Des fois, je suis vraiment bien avec et je suis... C'est chouette, j'adore, j'intègre. Et de temps en temps, je passe par un coup de panique en me disant Oh là là, il faut que je le répète, j'ai trop de choses à faire, blablabla C'est entre les deux, je trouve. Mais sincèrement... En tant que femme, là, j'ai 45 ans, je vis beaucoup mieux ma vie qu'il y a 20 ans, je trouve que certaines choses sont beaucoup plus simples. Mais qu'est-ce que j'ai lu, un truc très beau, une citation comme ça. David Bowie, quelqu'un que j'aime bien, mais je ne suis pas du tout fanatique fan, mais il me disait qu'en vieillissant, on devient la personne qu'on devrait vraiment être. Et je trouve que, voilà, oui, certaines choses sont plus dures, on a moins d'énergie ou x ou x, mais on n'est plus sûr de soi.
- Speaker #0
C'est le privilège dont on ne parle pas assez, c'est le temps qui apporte des fruits.
- Speaker #1
C'est ça, il faut vraiment les discerner et les nourrir. Parce qu'on est d'accord, on ne peut pas dire Ah, c'est sympa d'avoir les genoux qui font mal et tout Nous, on n'en est pas là encore, mais bon, quand même, si on continue bien, ça devrait être aussi beau. C'est différent, c'est une expérience différente, mais c'est aussi beau que d'être enfant. Et d'ailleurs, en tant que mère, je regarde Hector, je dis Wow, ce n'est pas évident d'avoir besoin d'apprendre tout, à faire ci, à faire ça, je ne voulais pas non plus être à sa place. J'ai déjà fait ça, je suis bien où je suis. Donc, ce n'est pas toujours facile d'être jeune non plus.
- Speaker #0
Non, et je trouve que c'est un peu une fausse croyance dans notre société et que ce serait... On ne nous apprend pas à vieillir spécialement.
- Speaker #1
Non, et surtout les femmes, je trouve. que ça, c'est le seul endroit où, oui, on a tellement de pression de faire les enfants, si on veut, OK, si on les a faits, bon, bravo, mais après, il faut rester attirante, sexy, faire tout. On a tellement de choses à faire dans peu de temps. Et ça, c'était aussi une chose avec ma grand-mère qui était vraiment importante pour moi, c'est que elle avait une beauté naturelle, si tu veux. Elle est restée belle toute sa vie. parce qu'elle avait une lumière intérieure. Ses rides, elles étaient belles. C'était pas quelqu'un qui cachait ça. Ça faisait partie d'elle. Et elle était fière. Donc, en tant que vieille femme, elle était très attirante et belle et tout parce qu'elle était fière d'être vieille. Et ça, ça m'a montré aussi que c'est possible.
- Speaker #0
C'est un magnifique exemple.
- Speaker #1
Oui. Du coup, je pense que grâce à elle, j'ai moins peur de ça. Et ça donne aussi beaucoup d'espoir de dire que pour moi, c'est tout ce qui compte. C'est qu'on a de la joie, de la curiosité, qu'on a des choses qu'on aime bien faire jusqu'à la fin de nos vies. C'est ça qui tient en vie.
- Speaker #0
Oui, puis c'est une leçon d'humilité. Il manquerait quelque chose dans cette expérience. Parce que la vie, pour moi, c'est une expérience quand même assez ultime. On sait comment elle finit. Mais il y a cette phase, tu parlais de l'enfance, on doit apprendre, on doit tomber pour apprendre à marcher, à se relever. Mais il manquerait vraiment quelque chose si on n'en passait pas par redevenir vulnérable et puis, un, par la force des choses, puisqu'elle est plus fragile. Moi, c'est comme ça que je me rassure aussi. Je me dis, mais ça va me permettre d'effleurer des contours que je n'aurais même pas imaginés, que je n'aurais même pas soupçonnés, des intensités étoffées, en fait, de ce que je peux faire. je prenais aussi même pour acquis dans la vie et me dire, waouh, c'est une poésie. Tu sais, d'avoir une sorte de transcendance où tu te dis, waouh, je deviens quelqu'un que je n'aurais pas forcément même soupçonné ou la vie me transforme. Ça peut être tellement beau de voir ça comme une œuvre, l'œuvre du temps sur nous.
- Speaker #1
J'adore ce que tu dis par rapport à la fragilité de la vieillesse comme fragilité de l'enfance. Et c'est vrai que souvent, pas toujours, mais souvent, on les voit. enfantin à nouveau et dépendant. Mais on a du mal à accepter qu'on est dépendant. Mais si on accepte, et surtout pas trop dans nos sociétés. Quand on est dans d'autres sociétés, on est bien avec nos petits-enfants autour. On vit près de nos chers et tout. Et dans ce cas-là, ça devient quelque chose de beau.
- Speaker #0
Une dernière question Lola, qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?
- Speaker #1
À part l'amour, mais oui je dirais c'est l'amour en général, l'amour pour la vie, l'amour pour non seulement mes chers, mais pour l'émerveillement à ce qui est la vie, la beauté, ce qui est partout, tout le temps, autour de nous.
- Speaker #0
Merci Lola.
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #0
Je vous remercie chaleureusement pour votre écoute, et si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous. C'est en effet le meilleur moyen de faire connaître ce nouveau projet qui me tient à cœur. Je vous dis à très vite pour un nouvel épisode.