- Speaker #0
Bonjour et bienvenue dans le mental et le coeur, je suis Mathieu Bord, préparateur mental de sportif spécialisé dans le volleyball et les joueurs de poker. J'ai créé ce podcast qui va explorer l'envers du décor de ces compétiteurs professionnels que nous adorons et avec lesquels je peux avoir l'habitude de travailler. Au-delà de ces performances et des résultats, découvrir qui sont ces êtres humains et les interviews que je vais pouvoir avoir avec eux, je l'espère nous plongerons dans leur parcours et surtout leur personnalité. Chaque épisode sera l'occasion de comprendre comment ces sportifs peuvent gérer leurs émotions au quotidien, faire face à leurs difficultés, trouver l'équilibre dans leur vie, mettre en place des routines qui les soutiennent dans leur quête de réussite. Parce que ce n'est pas seulement une histoire de victoire et de performance, c'est aussi une histoire de doute, de résilience et de moments humains que ces champions partageront avec nous. Et schéma de performance, on est sérieux sans se prendre au sérieux, alors nous terminerons chaque entretien avec des questions plus légères. Pour mieux connaître vraiment leur côté personnel, définitivement briser la glace. Alors restez bien jusqu'au bout du podcast et préparez-vous à découvrir les histoires où le mental rencontre le cœur. Merci à tous. Salut Marie, bienvenue dans Le Mental et le Cœur, donc le nouveau podcast avec ton premier épisode.
- Speaker #1
Salut Matt, alors tout d'abord merci beaucoup pour l'invitation. Moi c'est Marie-Andrea Maïry Zoranaevo, j'ai 23 ans, je suis centrale et je suis voléeuse pro dans le club du Canet. Alors moi j'ai commencé le volet à La Réunion en 2014, j'ai ensuite passé deux ans au Pôle Espoir de Bouloris, puis trois ans à l'IFVB à Toulouse avec l'équipe de France cadettes et juniors. Et ensuite, j'ai signé mon premier contrat en deuxième division, donc en élite à Saint-Dié dans les Vosges. J'ai ensuite évolué à Istres dans les Bouches-du-Rhône, en deuxième division toujours, pour enfin signer en Liga à Cannes pendant deux ans. Et maintenant, je suis au Voléro au Canet, toujours en Liga.
- Speaker #0
Donc c'est ta première saison au Voléro le Canet, ton nouveau club. Vous jouez la Coupe d'Europe cette année, c'est ça ?
- Speaker #1
C'est ça, exactement.
- Speaker #0
D'accord. Alors je rappelle, tu as 23 ans, donc on est sur un début de parcours professionnel. On peut dire que c'est quand même un début de carrière pour toi, même si tu as eu déjà plusieurs expériences. Alors aujourd'hui, on va parler un peu de ce parcours, de cette carrière, mais en essayant d'aller un peu plus loin que simplement la description de tes compétitions, etc. En allant dans des moments un petit peu plus marquants, un peu plus humains. On va aussi aborder un peu la préparation mentale, qu'est-ce que c'est pour toi, est-ce que c'est quelque chose sur lequel tu fais attention, tu travailles. On va parler gestion d'émotions, stress, routine, voilà. On va essayer d'aborder un petit peu tous les sujets qui peuvent être abordés au travers de la préparation mentale et puis qui sont des sujets importants, je pense, de l'être humain qui est derrière le sportif. C'est surtout ça l'objet du podcast du jour.
- Speaker #1
Ok, au top.
- Speaker #0
On commence par ton parcours et ta carrière. La première question que j'ai envie de te poser, ce serait quel a été le moment le plus marquant de ta carrière et comment tu l'as vécu mentalement ?
- Speaker #1
Alors moi, je dirais que le moment le plus marquant de ma carrière, ça serait pendant mon passage à l'IF. On a eu les qualifs aux championnes d'Europe Junior, donc avec la génération 2000-2001. Et notre coach à l'époque, c'était Philippe Salvan. Et je pense que c'est vraiment ce passage qui m'a donné envie de faire du volet professionnel. Parce qu'on était avec un groupe de filles, c'était comme ma famille. Franchement, c'était génial. Et on était complètement outsider dans cette compétition, dans cette qualif'au championnat d'Europe. Et on a réussi à se qualifier, à sortir première de poule contre toute attente. Après des semaines de stage intensif avec Philippe. Et c'était un peu marche ou crève et c'est ça que j'ai aimé, je pense.
- Speaker #0
D'accord. Alors, pour ceux qui connaissent moins, l'IFVB, c'est donc le Centre National Féminin de Volleyball, le Pôle France, qui se situe à Toulouse. Et puis, Philippe Salvan, qui est actuellement responsable de la détection masculine, il me semble, et qui était donc ton entraîneur à l'époque. J'en profite pour lui faire un petit coucou parce que Philippe, c'est... C'est quelqu'un que j'apprécie et que je connais bien. C'était mon tuteur lors de mes diplômes d'entraîneur du DEGEPS. Et d'ailleurs, c'est l'époque où, avec Marie, je ne sais pas si tu te souviens, on s'est rencontrés pour la première fois là-bas. Toi, tu étais à l'IF et moi, je passais mes diplômes d'entraîneur. Et donc, on venait faire quelques interventions à l'IFVB avec mes collègues de temps en temps.
- Speaker #1
Tout à fait.
- Speaker #0
Donc oui, pour en revenir un peu à Philippe, c'est vrai qu'il est connu pour être très dur. Et c'est souvent, ça passe ou ça casse avec Philippe. Et avec toi, du coup, ça passait totalement.
- Speaker #1
Moi, j'avais l'impression d'avoir un coach qui voulait aller à la guerre avec nous. Et qui, enfin, j'avais vraiment totalement confiance en lui. J'avais envie de travailler pour lui. En gros, je ne sais pas comment verbaliser ça. Mais c'est complètement ça. On avait un leader, on avait quelqu'un qui nous faisait vraiment progresser. Et oui, c'était des séances très, très dures. On était épuisés, on ne faisait que manger, dormir et faire du volley. Mais ça a été les meilleurs moments de ma carrière sportive aujourd'hui.
- Speaker #0
Justement, est-ce que tu crois que c'est cette petite différence du levier mental qui est présente avec Philippe et vous dans cette... dans cette cohésion d'équipe, du fait que ce soit difficile et qu'il fallait peut-être trouver des ressources et se serrer les coudes pour y arriver ?
- Speaker #1
Oui, je pense que franchement, le mental dans ce genre de préparation est vraiment important et que ça nous a aidés. Et puis nous, on était tellement soudés les unes aux autres, presque contre le coach parce qu'il fallait qu'on survive aux entraînements, que ça nous a vraiment créé un groupe. une famille et ça a été, enfin on s'entraide et tout, il y avait des gros, gros leaderships. Donc oui.
- Speaker #0
Super, bon on reviendra sur le leadership tout à l'heure. Merci pour ce retour. Deuxième question, le sport de haut niveau impose souvent des sacrifices. Quels ont été pour toi les plus grands défis auxquels tu as dû faire face en dehors du terrain ?
- Speaker #1
Alors pour moi, en dehors du terrain, on pourrait penser que c'est partir de chez moi vu que je viens de La Réunion ou... ou quoi, mais pas du tout. Moi, ce que j'ai trouvé le plus dur, c'est faire des choix et d'être stable face aux doutes. Parce que j'ai pas mal de centres d'intérêt autres que le volet. Et j'ai toujours beaucoup douté, surtout à cette période où j'étais à l'IF, où je me disais, est-ce que je vais faire des grandes études ou est-ce que je continue dans le volet, il faut que je fasse des choix. Et en fait, ça a vraiment été d'arrêter de douter en dehors du terrain.
- Speaker #0
Alors pour la petite histoire avec Marie, on va être honnête et transparent avec les auditeurs. On travaille ensemble en préparation mentale depuis quelques mois. Et c'est vrai que c'est un des domaines sur lesquels on travaille pas mal en ce moment, notamment l'équilibre de vie, tout ce qu'il y a autour. Parce que pour chaque individu, je pense que l'équilibre de vie est important pour être performant d'un point de vue professionnel ou autre. Et chez toi en ce moment, c'est vraiment quelque chose... sur lesquels il faut avancer. Je te remercie. Quelle a été ta plus grande victoire dans ta carrière ? Une situation où ton mental a pu vraiment faire la différence ?
- Speaker #1
Pour moi, je pense que ma carrière en elle-même est une grande victoire mentale parce que j'ai commencé le volet en étant nulle. Tu prenais quelqu'un dans la rue et tu le mettais sur un terrain, c'était pareil, j'ai eu des gros problèmes de coordination. Et ça a été très compliqué parce que mes premiers mois, moi, je sautais dans des cerceaux pendant que les filles, elles faisaient du 6 contre 6. Et ça a été vraiment ma persévérance et ma résilience qui a fait que je suis là où j'en suis aujourd'hui. Donc, je pense que ma carrière entière a été une grande victoire mentale.
- Speaker #0
D'accord. Tu peux être fier de toi alors maintenant. Avec le niveau que tu as atteint, tu vas jouer la Coupe d'Europe cette saison. Et donc, il y a quelques années, tu sautais dans des cerceaux. Alors, tu es... Tu es le stéréotype du grand gabarit physique intéressant qu'on a mis dans les filières de haut niveau en pensant pouvoir faire quelque chose dans le développement des qualités derrière.
- Speaker #1
Moi, complètement là-dessus, je suis complètement le stéréotype de base contre qui les gens petits avec beaucoup de... techniques se mettent en colère, mais c'est vrai, moi je suis arrivée là un peu par hasard parce que j'étais grande et que j'avais envie.
- Speaker #0
Après, il faut bien sûr avoir, comme tu dis, très certainement une grosse résilience, des capacités à se dépasser et avoir de la patience parce que tu aurais pu, j'imagine, craquer bien avant et puis on n'aurait jamais vu le niveau que tu pouvais atteindre.
- Speaker #1
C'est ça, je pense que ça fonctionne, mais dans une certaine mesure, il faut avoir de l'envie derrière. Il faut quand même être passionné parce que ça nous prend des heures et des heures et des heures. Et on en a plein des contre-exemples qui n'ont jamais réussi et qui n'ont pas voulu. En fait, ce n'était juste pas leur voie. Donc oui, c'est sûr qu'il n'y a pas que la taille qui fait tout.
- Speaker #0
On continue sur le paragraphe un petit peu préparation mentale. Quel rôle la préparation mentale joue-t-elle dans ta performance ? Est-ce que c'est quelque chose sur lequel tu travailles spécifiquement ?
- Speaker #1
Moi, la préparation mentale, c'est vraiment important dans mon approche du sport parce que ça me permet de garder, comme je disais tout à l'heure, une certaine stabilité et une certaine confiance en moi parce que j'ai beaucoup douté. Je ne me suis pas sentie légitime d'être là où j'étais et j'ai eu beaucoup de doutes sur ma performance. Et en fait, la préparation mentale, ça me permet juste de stabiliser tout ça et d'être dans un... d'un mindset où je me sens prête à performer, où j'ai confiance en moi sur le terrain et où je peux apporter le maximum à l'équipe et aux filles avec moi.
- Speaker #0
C'est quelque chose sans la préparation mentale que tu penserais trop difficile ? Tu as besoin d'un accompagnement ?
- Speaker #1
Trop difficile, je ne dirais pas ça. Je pense que c'est quelque chose qui prend beaucoup plus de temps seul. Et parfois, on n'a pas toutes les réponses, on n'a pas toutes les cartes en main. Donc, c'est important de s'entourer et d'avoir des personnes ressources autour de soi. C'est pour ça que j'avais décidé de faire appel à toi l'an dernier.
- Speaker #0
Super. Alors, quelle est la principale différence entre les athlètes qui réussissent au plus haut niveau pour toi et ceux qui n'y parviennent pas ? Est-ce que c'est plus une question de mental, de technique, selon toi ?
- Speaker #1
Moi, je pense qu'au bout d'un moment, on arrive tous... avec les mêmes armes techniquement, même si d'accord, il y a des gens qui sont physiquement différents, qui ont des gabarits plus grands, mais on est formé et on a à peu près les mêmes armes techniques. Et je pense que le mental, c'est ce qui va vraiment faire la différence sur deux joueurs.
- Speaker #0
Je te remercie. Alors, on va partir sur la gestion du stress et des émotions. Est-ce qu'il y a des moments où tu as douté de tes capacités ? Tu as parlé un petit peu tout à l'heure, tu as abordé, c'est vrai que tu es quelqu'un qui peut beaucoup douter, mais je pense que si tout le monde est sincère avec soi-même, tout le monde doute beaucoup, ou alors il y a quelque chose qui cloche. Et comment tu as surmonté ces doutes ?
- Speaker #1
Alors, comme on l'a dit, oui, c'est vrai, je suis quelqu'un qui doute beaucoup. Et ça a été plutôt difficile. Moi, je me souviens quand j'étais à l'IF et que je n'ai pas été prise une fois pour faire des Webzars. et qu'on m'a dit que je n'avais pas de points forts, ça a été très dur après, mais je me suis dit je vais prouver que ce n'est pas le cas et que je suis capable de le faire. Mais je pense que plus tu grandis et que tu arrives dans la filière professionnelle, c'est beaucoup plus difficile de se rassurer soi-même, entre guillemets, et en tout cas pour moi ça a été le cas. Et j'avais plus besoin de personnes ressources que... enfin j'avais du mal à trouver les ressources par moi-même. Donc pour moi, ça a été important d'être bien entouré et d'avoir des gens avec qui me poser les bonnes questions.
- Speaker #0
Pour réagir à ce que tu dis, je pense, pour avoir vécu moi aussi un petit peu un parcours de formation à haut niveau, en tout cas sur ces structures-là, j'ai le sentiment que quand on est dans les structures jeunes de type Pôle Espoir, Pôle France et encore centres de formation, il y a vraiment ce côté copains, copines, famille, et on vit très souvent à l'internat ou alors on passe... tous nos temps ensemble et on n'a pas les problématiques qu'on peut avoir quand on est adulte de la vie quotidienne. Et peut-être que, effectivement, ces ressources-là, elles viennent des copains, des copines, des coéquipiers qu'on peut avoir, où on va beaucoup échanger, beaucoup discuter. On a ce soutien qui n'existe peut-être plus au niveau professionnel, où tu vas partager ton quotidien. avec peut-être beaucoup d'étrangers qui ont chacun leur carrière, leurs propres ambitions et puis à moins peut-être ce côté lien humain dans le milieu professionnel. Je ne sais pas ce que tu en penses.
- Speaker #1
C'est sûr, tu n'es plus seule. Parce qu'en plus, comme tu le dis, on est beaucoup d'étrangers, donc avec des cultures différentes. Et c'est des... Ok, c'est tes coéquipiers, mais c'est aussi tes collègues de travail. Tout le monde a des ambitions différentes. Ce n'est pas comme quand tu es... au pôle et qu'on veut toutes se qualifier pour les Europes ou qu'on veut toutes signer en pro. On a toutes le même objectif et du coup, on marche toutes vers le même goal. Alors que là, chacun a ses objectifs personnels, les gens ont leur famille. Donc, tu te sens facilement seule.
- Speaker #0
Est-ce que tu as eu une grande défaite mentale dans ta carrière ? Vraiment, tu vois, une situation où tu avais le niveau pour aborder ce match ? ou autre, et c'est ton mental qui a tout fait foirer.
- Speaker #1
Alors j'ai un très bon exemple. J'étais à Istres pour la saison 2021-2022, et à ce moment-là, on était trois centrales, mais la troisième était blessée. Donc je savais que j'avais 100% de mon temps de jeu, et j'avais prouvé dans les matchs... avant dans la phase aller et la phase retour que j'avais le niveau pour jouer et le coach avait 100% confiance en moi sauf que la troisième centrale qui revenait décroiser elle faisait 2 mètres, elle avait énormément de potentiel mais le coach avait confiance en moi et en fait 2 matchs après qu'elle soit revenue on est en playoff contre Bordeaux et c'est moi qui commence, c'est moi qui joue et le fait de l'avoir sur le banc j'ai commencé à me dire mais j'ai pas le niveau, ça doit être... être elle qui doit jouer. En fait, je suis nulle. J'avais toutes les cartes en main. Le coach voulait que ça soit moins sur le terrain. Et comme j'ai commencé à douter et à me dire que j'ai pas le niveau, que je mérite pas ma place sur le terrain, eh ben, j'ai fait le pire match. Un des pires matchs de ma vie. Et après ce match-là, Nika, elle est rentrée, elle a joué, elle a fait un super match. Et après ce match-là, j'ai joué beaucoup. Parce que le coach a bien vu que mentalement... Depuis que Mika était revenue, je n'étais plus là.
- Speaker #0
C'est fou quand même. De discours interne négatif en discours interne négatif, ton niveau de jeu est descendu bas.
- Speaker #1
C'est ça, j'avais toutes les cartes en main et j'ai perdu mes moyens.
- Speaker #0
Un des travails qui peut être fait en préparation mentale.
- Speaker #1
Je pense que c'est important de passer par là pour savoir comment réagir. Mais c'est sûr qu'avec un préparateur mental, ou même sans préparateur mental, Mais à l'écoute ouverte à tout ça, c'est des situations qui sont beaucoup plus simples à gérer.
- Speaker #0
Est-ce que tu arrives à maintenir un équilibre entre ta vie professionnelle de voléeuse et ta vie perso ? On en a parlé aussi au début. C'est quelque chose qui est important, qui a été un peu difficile pour toi. Où est-ce que tu en es maintenant ?
- Speaker #1
Alors, on a travaillé là-dessus ces deux dernières séances, toi et moi. Mais oui, pour moi, c'est vraiment quelque chose qui est... hyper important d'avoir un vrai équilibre entre professionnel et vie perso. Parce que moi, je suis un peu une tryhardeuse. Donc je suis un peu soit 100% volée, soit 100% vie perso. Et quand je suis 100% volée, je me rends compte que je ne suis pas totalement épanouie parce que tout ce que je fais, c'est manger, dormir et faire du volet. Et on a besoin d'avoir des distractions à côté. On a besoin d'avoir de la famille, des amis, de sortir. Et du coup, c'est quelque chose sur lequel je travaille pas mal en ce moment, parce que quand on est épanoui, c'est là où on est vraiment performant. Et je m'en suis rendu compte que la balance était hyper importante. Mais c'est quelque chose, c'est une compétence que je ne maîtrise pas encore.
- Speaker #0
On est en train d'y travailler. Après, pour préciser un petit peu, pour ne pas que nos auditeurs se fourvoient non plus, quand on parle d'équilibre de vie, et chez toi en particulier, Il ne s'agit pas forcément de faire la fête et ce genre de choses. Tu as un besoin aussi d'autres centres d'intérêt, d'autres projets qui peuvent être de type plus formation, gain de compétences et ce genre de choses aussi. Parce que tu t'intéresses à autre que le sport ou le volet, des sujets de société. Et c'est un besoin que tu n'as pas encore trop assouvi et tu sens que c'est nécessaire.
- Speaker #1
Exactement. Moi, j'ai fait le choix du sport. C'est-à-dire qu'après le bac, j'ai arrêté les formations parce que je n'arrivais pas à tenir le rythme des deux. Et aujourd'hui, je me rends compte que j'ai vraiment besoin de me nourrir intellectuellement. Et c'est quelque chose que je n'ai pas osé faire avant, puisque j'avais forcément l'impression que ça allait nuire à ma carrière et à ma performance en tant que volleyeuse professionnelle.
- Speaker #0
Parlons un petit peu leadership, travail d'équipe. Le volleyball, c'est un sport d'équipe. Par excellence même. Comment arrives-tu à gérer les dynamiques de groupe et les relations avec tes coéquipières ?
- Speaker #1
Je pense que je pars avec un avantage et que j'ai beaucoup de chance, c'est que je suis née avec ça. J'ai toujours eu ce petit côté leader, la communication, le sens des autres et de l'empathie. Et ça, je sais que c'est quelque chose qui est très dur à travailler, donc je suis vraiment heureuse d'être née avec ça. Mais du coup, moi, le groupe, ça a toujours été quelque chose qui est très, très important. Et je fais vraiment attention à mes coéquipières sur le terrain, à encourager tout le monde.
- Speaker #0
J'allais dire, c'est peut-être même quelque chose où d'ailleurs, toi, tu te perds peut-être en tant que personne, en étant vraiment toujours à la recherche d'une bonne atmosphère d'équipe, que tes coéquipières se sentent bien. Est-ce que... Est-ce que justement, Alexé, tu ne te retrouves pas un petit peu à penser à tout le monde, sauf à toi, sur le terrain ?
- Speaker #1
Parfois, j'ai tendance à m'oublier pour les autres, et ça peut nuire à ma performance quand je vois que le groupe a vraiment besoin de quelqu'un. pour les encourager, pour aider, pour apporter une énergie positive, moi, ça me demande énormément d'énergie. Et du coup, souvent, je le fais au détriment de ma propre performance.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Et quand tu te retrouves sur le banc, par exemple, et que tu vois que c'est ce qui manque sur le terrain, je sais que ça peut te rendre un peu folle de voir que ça manque de leadership sur le terrain et que tu pourrais apporter ça en dehors même de ton niveau de joueuse. on va dire purement au volleyball, tu as compris que c'était un élément important dans le...
- Speaker #1
C'est ça, exactement. Et je pense qu'encore plus chez les filles, c'est quelque chose qui est hyper important d'avoir un leader qui rassemble et qui est capable de ramener le groupe quand on est sur des moments de doute sur le terrain, quand on se dit, oula, ben là... c'est un passage à vie de comment on fait et qu'il y ait juste quelqu'un qui soit là, ok les filles, c'est pas grave, la prochaine, on se concentre sur la suite. C'est hyper important pour nous, je pense. Et c'est quelque chose où j'ai beaucoup appris à gérer ma frustration quand j'étais sur le banc, parce que des fois, tu te dis, il manque juste ça sur le terrain.
- Speaker #0
Oui, je comprends. Et c'est difficile parce que c'est quelque chose qu'on ne peut pas stater, c'est vraiment une compétence à l'appréciation de l'entraîneur. d'un groupe et dans un choix d'entraîneur, c'est toujours difficile à justifier comment je me permets d'avoir peut-être un joueur ou une joueuse qui sera vraiment dans ce rôle-là. Et je ferme peut-être un peu les yeux sur d'autres domaines qui sont, je ne sais pas, plus statables. Le rôle de l'entraîneur et sa capacité à comprendre vraiment le jeu dans son ensemble et pas que certains éléments.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Ok, super. Alors du coup, pour le leadership, qu'est-ce que ça signifie pour toi ? On vient de le dire, c'est très dans le don pour les autres, dans le collectif, vraiment l'ambiance, la motivation.
- Speaker #1
C'est un peu bateau, mais pour moi déjà, le leadership, ce n'est pas un peu un modèle, mais c'est une figure où les autres et tes coéquipiers sont capables de se reconnaître et de se dire, cette personne, je peux aller à la guerre avec. Et oui, c'est vraiment quelqu'un qui a le sens des autres, qui est capable de comprendre le moment où la personne a besoin de soutien ou elle a besoin d'être seule. Je pense que c'est vraiment quelqu'un qui peut amener les autres plus loin que ce qu'ils pensent être capable d'aller.
- Speaker #0
Qui arrive à provoquer un dépassement de soi et à repousser des limites de niveau d'exigence envers chacun. Oui. Très bien. Ok. Merci. Alors, on arrive au bout des questions un petit peu sérieuses. Je te remercie, Marie, pour toute cette transparence et pour nous avoir un peu dévoilé l'intimité, tes ressentis, tes sentiments, comment tu as vécu ta carrière. On va finir par deux, trois questions plus légères, bonus, si tu le veux bien. Alors, tu ne m'as pas répondu, si tu le veux bien. T'as pas trop le choix, c'est vrai. Alors, est-ce qu'il y a une superstition ou un rituel un peu bizarre que tu fais avant chaque match, Marie ?
- Speaker #1
Alors, une superstition, non. Pendant longtemps, je mettais la même brassière et tout. Mais je me suis rendue compte que j'arrivais à perdre des matchs avec cette brassière. Donc, c'était stupide. Mais par contre, il y a un truc qui est resté. C'est que j'ai besoin d'aller aux toilettes. J'ai vraiment des moments où je dois aller aux toilettes, sinon je me dis que je vais faire un mauvais match.
- Speaker #0
Pendant le match ?
- Speaker #1
Avant le match, c'est plutôt pendant l'échauffement. Il faut que j'aille faire pipi avant que l'échauffement commence, avant que la chauffe d'attaque commence, et après le premier service de la chauffe de service. Sinon, je vais faire un mauvais match.
- Speaker #0
J'entends souvent le besoin d'aller aux toilettes, c'est une gestion du stress, etc. Par contre, c'est très, très ritualisé chez toi. Après le premier service.
- Speaker #1
C'est ça, exactement. C'est totalement ritualisé. Et même, par exemple, si je suis dans un gymnase qui a plusieurs toilettes et que la première fois que je suis allée aux toilettes, je suis allée dans celle de toute à droite, par exemple. Eh bien, si quand je reviens aux toilettes, celle de toute à droite est prise et que les autres sont libres, j'attends que celle de toute à droite soit libre pour y aller. Il faut que j'aille dans les mêmes toilettes.
- Speaker #0
D'accord, c'est ton territoire. C'est ça,
- Speaker #1
ça me fait un peu folle.
- Speaker #0
D'accord, je te remercie. De toute façon, nos auditeurs sont ravis d'entendre ce genre d'anecdotes. Alors, on continue. Entre nous, quelle est la pire excuse que tu aies déjà donnée pour éviter un entraînement ou une séance physique ? La vérité, s'il te plaît.
- Speaker #1
Ça va être un peu bateau comme réponse, mais j'ai vraiment réfléchi à cette question et je n'en ai pas. Parce qu'à l'IF, on a un peu été élevés dans ce mindset où même si on est à deux doigts de mourir, tant que le coach ne nous a pas dit t'es pas bien, rentre chez toi, rentre, va dormir ben tu viens et puis tu t'entraînes. Donc je n'ai jamais sorti d'excuses, je n'ai jamais appelé, je n'ai jamais trop envoyé de messages. J'ai déjà raté des entraînements sans faire exprès, mais je n'ai jamais envoyé d'excuses pour ne pas y aller. Ah ben oui, hein !
- Speaker #0
C'est très bien,
- Speaker #1
très bien.
- Speaker #0
Ok, bon, alors est-ce que tu as déjà eu un gros fail à l'entraînement ou un match qui t'a vraiment fait rire après le coup, ou rire ou honte ?
- Speaker #1
Alors... À l'IFBB, maintenant ça va mieux parce que j'ai beaucoup plus de coordination qu'avant. Mais à l'IFBB, c'était quelque chose où j'avais encore beaucoup de mal avec ma droite, ma gauche, une jambe devant l'autre. C'était compliqué. Et donc, c'était pendant un temps mort de l'entraînement. On allait boire et on allait remplir notre bouteille. Et en fait, il y avait un petit corneillot. C'est juste comme un... Comme une petite barrière, mais c'est très facile à enjamber. Donc je l'enjambe à l'aller en me disant, oh là là, c'est facile, je pose par-dessus, je remplis ma bouteille, je reviens. Et au retour, j'ai de l'eau dans la bouche, j'enjambe le corneillot en marchant en plus. Je le rate, je me rétame par terre, sauf que j'ai ma bouteille dans la main, de l'eau dans la bouche. Je ne peux pas me rattraper et vraiment, je tombe à plat ventre en plein milieu du gymnase. Et voilà. Sur le coup, j'ai eu un peu honte parce qu'en plus, j'ai craché toute l'eau par terre et tout ça. Mais sinon, c'était très drôle.
- Speaker #0
Et tu as réussi à te remettre sur le terrain et à peu près jouer correctement ?
- Speaker #1
Oui, mais ça, ça va parce que j'avais l'habitude. C'est le genre d'anecdote qui n'était pas anecdotique pour le coup.
- Speaker #0
On m'avait fait part d'un petit surnom qu'on te donnait à l'époque, non ? Il correspond peut-être à ce genre d'anecdote. Est-ce que tu pourrais nous le dire ? Voilà !
- Speaker #1
Exactement !
- Speaker #0
Ben oui, dans des grosses flaques, en plus, ça correspond bien. C'est bien. Je te remercie, Marie. On adore ça. Ça, c'est la vérité du terrain, la vérité des gymnases, tu vois.
- Speaker #1
Exactement, c'est ce qu'on ne voit pas. Il ne faut pas idéaliser les sportifs de haut niveau.
- Speaker #0
Je te remercie. Alors, Marie, on arrive au bout de ce podcast. Je te remercie vraiment beaucoup pour avoir partagé ce moment avec nous. C'est donc le premier épisode de cette série de Mental et le cœur.
- Speaker #1
Merci à toi, Matt. Merci beaucoup pour ta confiance pour ce premier épisode de podcast. Et j'ai hâte d'écouter tous ceux qui vont suivre. Salut !
- Speaker #0
Et voilà, cet épisode se termine ici. Un immense merci à toi Marie pour avoir partagé avec nous ton expérience unique de voléeuse professionnelle et celle de femme avec ses moments de joie, de travail acharné, de réussite, mais on l'a vu aussi des moments de doute, de difficulté, de remise en question. C'était un vrai plaisir d'explorer comment tu as pu ressentir les choses et de se rendre compte que vous les compétiteurs professionnels, Vous êtes avant tout des hommes, des femmes, comme tout le monde, et vous avez vos fragilités. Bien sûr, un grand merci à vous, chers auditeurs, pour votre écoute. Si ce premier épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager autour de vous, à tous les amateurs de voler, les passionnés de compétition, ceux qui s'intéressent au mental, à la préparation mentale, et puis tous ceux qui aiment l'humain et ses émotions derrière chaque performance. Merci à tous, on se retrouve très vite pour un nouvel épisode dans Le Mental et le Coeur.