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Le poids des mots - Sonia Vignon

Épisode 8 - Éloquence or not éloquence

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18min |08/04/2025
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Le poids des mots - Sonia Vignon

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18min |08/04/2025
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Description

Aujourd'hui, qui, dans la vie professionnelle, parle réellement devant une foule avec un micro ? Pas tant de monde. Mais qui, chaque jour, doit s'exprimer face à des collègues, des clients, des prestataires, ou même… sa boulangère ? Tout le monde. L’éloquence a pris le dessus sur la simple prise de parole, mais est-ce qu’une prise de parole efficace ne serait pas, au fond, plus éloquente que l’éloquence elle-même ?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Donc c'est le grand drame, messieurs, dames, du XXIe siècle, c'est que souvent, en prise de parole, et je parle de la petite sphère, plus on est détente, plus on a confiance en soi, on arrive sans enjeu, sans rien, meilleur on est. Insupportable ? Insupportable pour tous les stressés de la life qui nous écoutent et qui se disent mais en fait, moi parce que je veux être bon, je suis mauvais. Ben c'est exactement ça. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du Poids des mots, le podcast d'Oximor & Mor. Aujourd'hui, l'éloquence. Ah l'éloquence, quel joli mot. Déjà il est doux, il fait rêver, il nous ramène régulièrement à cet avocat du 19e avec un chapeau de forme. Bref, l'éloquence, on en a mangé en salade, en soupe, et ces derniers temps c'est devenu de la soupe. Bonjour, je m'appelle Sonia Vignon, je suis linguiste spécialiste en rhétorique et en sémantique. J'ai travaillé en France, au Canada, et j'ai rencontré tellement de gens merveilleux qui avaient un rapport aux mots et à la langue différents que je me suis rendue compte que c'est ce qui faisait notre singularité et notre humanité. Je dis toujours que les mots sont souvent abîmés par l'usage. Alors, éloquence, exemple typique. Il y a 7 ans maintenant, quand j'ai créé Oxymor, l'éloquence, c'était vraiment réservé aux orateurs, aux tribuns, aux avocats, aux politiciens. Il y avait quand même une notion de métier qui était liée à l'éloquence. On n'attendait pas de Martine de la Conta qu'elle soit éloquente. Et puis, je ne sais pas, il y a un effet de mode qui s'est créé. Et alors maintenant, des formations à l'éloquence en veux-tu ? En voilà ! L'éloquence par-ci, l'éloquence par-là, prendre la parole, respirer, chanter. poser sa voix, manager par le ton, bref, on ne sait plus que faire de ça. Et la question qu'on va poser aujourd'hui c'est, mais finalement, l'éloquence, est-ce que c'est nécessaire ? Ou est-ce que ce qui est vraiment nécessaire au quotidien, c'est tout simplement une prise de parole maîtrisée, sécurisée, et dont on sait qu'elle va correctement être reçue par la personne en face de soi ? Je le dis souvent... une prise de parole, en réalité, c'est une entrée en relation. Et quand on demande aux gens « qu'est-ce que l'éloquence ? » , ils ne voient pas une entrée en relation, ils voient une grande scène. Dalida, la paillette, les strass, eh Gigi, c'est toi là-bas dans les noirs. Bref, l'éloquence est associée quand même à cette notion de nombre, de grande salle, de public. Et aujourd'hui, il y a beaucoup de formations à l'éloquence, mais combien y a-t-il de personnes qui, réellement, dans leur vie professionnelle, parlent ? devant un public, sur une grande scène, avec un micro. Pas tant que ça. En revanche, combien d'entre nous, tous les jours, devons parler à nos équipes, à nos collègues, à nos prestataires, à nos fournisseurs, à nos clients, à nos prospects ? Tout le monde. Même parler à sa boulangère, c'est une prise de parole finalement. Et c'est ça qui est intéressant, et c'est ça que je questionne aujourd'hui avec vous. L'éloquent a pris le dessus sur la prise de parole. Pourtant... aujourd'hui, est-ce qu'une prise de parole efficace n'est pas plus éloquente que l'éloquence ? Alors on va questionner tout ça, on va faire d'abord un petit détour par la neurolinguistique et par les neurosciences. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'aujourd'hui c'est une statistique, quand on demande aux gens ce qui les angoisse le plus dans la vie, avant la mort, il y a prendre la parole en public. Ça c'est vraiment quelque chose qui m'a beaucoup questionné. Et en fait, c'est tout à fait explicable, tout simplement par la neuroplasticité. C'est-à-dire qu'en réalité, notre cerveau, bien qu'il ait évolué, bien qu'il soit capable de s'adapter, bien qu'il soit capable d'apprentissage, reste le cerveau d'un chasseur-cueilleur. Et donc, pour lui, pour ce petit cerveau de chasseur-cueilleur, les regards sur soi, c'est un danger. Puisque si on vous regarde, s'il y a des regards sur vous, c'est que vous êtes une proie. C'est qu'il y a des prédateurs autour de vous. Et c'est pour ça qu'on a cette... vidéo souvent très angoissante de la prise de parole en public, puisqu'on se dit, oh là là, tous ces regards égale danger de mort. Bon, globalement, non, je ne crois pas. Il faudrait que je vérifie, mais je ne crois pas que qui que ce soit soit déjà décédé suite à une mauvaise prise de parole. À moins que vraiment il soit dans une boîte un petit peu énervé et qu'on lui ait jeté des agrafes au visage. Mais a priori, ce n'est pas le cas. Et donc, première chose, une bonne prise de parole, c'est déjà se souvenir qu'il n'y a pas d'enjeu mortel. et donc redescendre en température. Et c'est là aussi que l'éloquence joue contre nous. Puisque si je pense que je dois être éloquent, ça me met une pression que j'ai déjà. De base, avec mon pauvre cerveau de chasseur-cueilleur qui est en train de se dire « t'as un peloton d'exécution, je vais te décéder » , alors que non, non, vraiment Jean-Marc, tout va bien se passer. Donc première chose, si on arrête de parler d'éloquence et qu'on revient à la notion de prise de parole, déjà on redescend d'un cran sur l'injonction à la performance et à la réussite qu'on se met à soi-même, et on peut être beaucoup plus efficace, puisque beaucoup moins stressé, et beaucoup plus juste quant à notre objectif. Et c'est là. le secret d'une bonne prise de parole. Quel est mon objectif ? Qu'est-ce que je veux obtenir ? Parce qu'en réalité, quand vous rentrez chez le boulanger et que vous demandez une baguette, souvent vous repartez avec une baguette. Normalement d'ailleurs toujours vous repartez avec une baguette. Ça veut dire que vous êtes tout à fait capable de construire un message clair avec des éléments de langage pertinents par rapport à la situation. Et pourquoi tout à coup, quand on demande à quelqu'un de prendre une parole en réunion, de prendre une parole devant un prospect un peu ardu, de devoir s'exprimer dans un séminaire, peu importe, à ce moment-là, il perd tous ses moyens, convaincu qu'il est de ne pas savoir faire. Alors qu'il sait parfaitement le faire puisqu'il le fait tous les jours. Et bien encore, parce qu'il est persuadé qu'il doit être éloquent, qu'il doit être Martin Luther King, qu'il doit briller de mille feux tel Talida, mélangé avec Barack Obama. Je vous laisse imaginer deux secondes le résultat. Je trouve ça assez sympa. Mais... évidemment que ce n'est pas le cas. Tout ce qu'on lui demande, c'est d'avoir une prise de parole cohérente, juste, pertinente. Et la première chose qu'on va faire aujourd'hui, c'est qu'on va réfléchir, qu'est-ce qu'une prise de parole cohérente, pertinente et juste ? Eh bien, tout simplement, c'est lorsque je me souviens que je ne suis pas la personne la plus importante de ma prise de parole. Et en fait, c'est tellement important. Défocusser, sortir de moi. Moi et mon stress, moi et mon égo, moi et ma pression, moi et mon message, moi, moi, moi, moi, moi. Et me rappeler que je parle à quelqu'un, l'autre. Et donc, qui est cet autre, finalement ? C'est tout le sujet. Et même quand il y a plein d'autres, il y a forcément un élément qui réunit tout le monde. Un exemple très concret de ce que je veux dire par là. Je vais vous expliquer comment moi j'ai structuré mes propres prises de parole. Alors en l'occurrence... Un univers où il y a beaucoup de publics puisque c'est des conférences. Si je suis honnête avec moi-même, dans mes conférences, la première slide que projettent toujours les gens qui ont commandé la prestation, c'est une slide avec mon parcours, ma vie, mon oeuvre et mes diplômes. Autant vous dire, le truc le plus décourageant possible pour tous les gens dans la salle. Parce que forcément, une linguiste et tout, ça va être chiant. Ils visualisent une prof de latin, qui a priori, je ne suis pas. Et surtout, ils ont un billet tout de suite qui va se mettre en place, soit de difficultés, donc complexes, soit d'ennuis. Donc déjà prêts à déguiner leur téléphone pour répondre à leur match Tinder. Et donc, mon enjeu à moi, c'est de savoir ça, d'en avoir conscience, de ne pas le nier, et donc de le prendre en compte dans ma propre prise de parole. Et qu'est-ce que je dois travailler très fort à ce moment-là ? Mon incipit, à savoir mon entrée en matière, ma première phrase. Aujourd'hui, Je pars du principe qu'il faut être authentique quand on prend la parole, donc j'ai choisi de me l'appliquer à moi-même. Ce qui veut dire qu'en tant que linguiste punk, décalé, je fais des conférences punk et décalé. Et jusqu'ici, en plus, personne n'est sorti au milieu outré, remboursé, pas du tout. Pourquoi ? Parce que je raisonne avec ce que je dis. Après, on adhère ou on n'adhère pas, mais à minima, on ne peut pas m'accuser de malhonnêteté intellectuelle. Et donc, pour faire comprendre ça, très très vite à un public globalement pas très enclin à m'écouter, j'ai choisi de partir sur un équipit avec une citation qui est une vraie citation de Joséphine Baker qui dit, bien sûr qu'on peut vivre de sa plume, tout dépend où on la met. Alors derrière, il faut l'assumer. Mais globalement, ça donne le ton, ça donne le là, et surtout ça répond de façon directe à tous les biais et tous les freins que pouvaient avoir les gens en face de moi. Et c'est une matière très efficace d'entrer en relation à l'autre. Parce qu'une bonne prise de parole, on ne le redira jamais assez, c'est entrer efficacement en relation à l'autre. Ne pas mettre un quart d'heure à expliquer que ça va être sympa, léger et pas trop ardu. Une phrase et c'est fait. Le gain de temps est dingue pour une conf qui fait 45 minutes, j'ai pas 45 minutes à passer à expliquer quelle est ma vision de la linguistique. Et bien voilà, c'est ça la première chose. Prendre le recul de dire, ok, la prise de parole c'est un émetteur, moi. et c'est un récepteur. Et pour qu'elle soit jugée pertinente, même éloquente si vraiment on a envie d'être éloquent, c'est l'autre qui va le déterminer. Donc il faut qu'on soit tout à fait d'accord et raccord avec le fait de dire d'abord je vais orienter par rapport à l'autre. Et c'est un exercice qui est très difficile aujourd'hui parce qu'en fait, on nous apprend à être éloquent, donc centré sur soi, centré sur son stress, centré sur sa respiration, centré sur plein de choses qui sont en effet importantes. Sauf que si vous n'avez pas le bon propos, le bon argument, la bonne entrematière, le bon kipi, autant vous dire que c'est bien chouette, vous sachiez respirer, ça ne va pas tellement servir à votre propos. Et c'est là tout le sujet. Comment j'arrive à la fois à avoir une voix posée, à avoir le bon argument et à être mémorable ? Alors là, vous allez me dire, si on le savait, on n'écouterait pas le podcast, madame. Et c'est tout à fait juste. En fait, la première chose, c'est donc se poser la question de son public. Dans quel état d'esprit va-t-il arriver ? Que peut-il entendre ? Adapter les éléments de langage à la personne en face de soi. Quand vous avez face à vous... quelqu'un qui n'est pas de la même génération, il se peut que vous n'ayez pas les mêmes références sémantiques. À ce moment-là, il est de votre responsabilité dans votre prise de parole d'adapter à ce que la personne en face de vous peut entendre, peut comprendre. Vous le faites très bien quand vous allez chez le boulanger, revenons là-dessus. Et ensuite, il y a une question de sphère, tout simplement. Parce que quand on dit éloquence, qu'est-ce que les autres entendent ? La grande sphère, la grande scène, le gros stress, évidemment. Mais la grande scène, c'est une fois sur un million, on l'a déjà dit. Donc la grande sphère, c'est finalement la plus facile, parce qu'en fait, personne ne peut vous interrompre, vous dérouler. Et ça, ça permet d'être extrêmement efficace si on est bien préparé. Si on a bien travaillé en amont, qu'on a connaissance de son public, qu'on a le bon argument et éventuellement le bon support derrière soi, rien à lire. Référence sur la prise de parole, Steve Jobs. Mais Steve Jobs, il était sur une scène avec des feux d'artifice. Il y a de la pyrotechnie, évidemment, qui ne pouvait pas se louper en fait. Si on est un tout petit peu honnête avec soi-même, il est rare qu'on ait de la pyrotechnie dans nos propres prises de parole. C'est dommage d'ailleurs, ça nous manque. On devrait en avoir, mais on n'en a pas. Et donc, la grande sphère, déconstruisons l'idée reçue, c'est la plus facile. Parce que si je suis prêt, je déroule. Et là en effet, le sujet c'est mon stress, c'est ma voix, c'est comment je bouge. Là oui, très important. Mais juste avant ça, il y a ce qu'on appelle la moyenne sphère. La moyenne sphère, c'est une réunion, une formation, 10, 15, 20 personnes, des gens assez nombreux pour que quand même il y ait un challenge. Oh mon Dieu, tous ces yeux, c'est des prédateurs. Et en même temps, pas assez nombreux pour ne pas m'interrompre. Ça veut dire qu'ils peuvent m'interrompre. Et donc là, normalement, j'ai un déroulé, je suis efficace, j'ai préparé. Mais d'un autre côté, je peux être interrompu quand même à tout moment par Bernard qui a décidé. qu'il ne me laisserait pas aller au bout de ma présentation. Et ça, c'est une difficulté. Ça veut dire qu'il va falloir que je sois à la fois sur l'autre et à la fois quand même sur moi pour ne pas me laisser totalement déstabiliser par l'objection. C'est en effet un exercice spécifique sur lequel il faut travailler. Et puis, on a la petite sphère. Bien sûr, on a l'impression d'être dans Blanche-Neige et les Trois Ours. Un petit peu ça, ne nous mentons pas. Et la petite sphère qui est celle sur laquelle finalement on passe très peu de temps, nous, dans nos têtes. et qui est en réalité la plus difficile. Parce que quand est-ce que c'est le plus compliqué ? Quand la personne en face de vous peut vous interrompre à tout moment. Moi, je suis insomniaque. J'ai eu des conversations pour recadrer des collaborateurs à 4h du mat dans ma tête. Hyper chouette, hyper efficace, l'argument tout bien. Bon, premièrement, comme j'ai déjà eu la conversation, le moment où j'arrive au bureau, moi déjà je suis beaucoup plus détendue globalement, ce qui est con, parce qu'en fait je n'ai pas déjà engueulé mon Jean-Kévin. Je ne... Je ne lui ai pas réellement dit tout ce que j'avais à lui dire à 4h du matin. C'est bien hommage d'ailleurs, mais je ne l'ai pas fait. Et donc, quand même, mon état d'esprit n'est plus le même. Mais surtout, Jean-Kévin ne répond jamais. Jamais ce que j'attendais qu'il réponde. Et donc, là, il y a ce qu'on appelle la répartie de l'ascenseur. Vous savez, ce moment où vous avez exactement la bonne répartie, mais vous êtes dans l'ascenseur. Jean-Kévin, il est parti, et vous aussi. Et ça, c'est... tellement frustrant de se dire mais voilà ce que j'aurais dû dire, voilà pourquoi j'ai pas répondu ça. Tout simplement parce qu'au moment où vous étiez en train d'avoir la conversation, votre cerveau il était en train de gérer tellement de choses. Votre argument de base, le déroulé que vous aviez préparé, la tête de Jean-Kévin, votre stress, les enjeux, il n'avait pas en plus la capacité d'aller trouver la bonne répartie. C'est pour ça que les gens qui s'en sortent le mieux sont souvent les gens, paradoxalement et c'est assez injuste, qui mettent le moins d'importance dans l'interaction. Plus je m'en fous, plus je suis bon. Et ça, c'est très agaçant quand même. Mais pourquoi ? Parce qu'en fait, je ne suis pas en train de gérer mon propre stress, ma propre injonction à la performance, à la réussite absolue, ma volonté d'être éloquent, mon jugement de moi-même à moi-même qui m'explique que je suis nul, nul, nul, nul. Non, non, non. Je suis complètement détente. Et j'arrive, et j'y vais au talent, et ça passe. Ben oui, forcément. Je suis en train de gérer uniquement l'objection et l'argument. et la punchline et le fait de fermer la boîte à camembert de mon interlocuteur. Et donc je suis meilleure. Voilà. Donc c'est le grand drame, messieurs, dames, du XXIe siècle, c'est que souvent, en prise de parole, et je parle de la petite sphère, plus on est détente, plus on a confiance en soi, on arrive sans enjeu, sans rien, meilleur on est. Insupportable ? Insupportable pour tous les stressés de la life qui nous écoutent et qui se disent mais en fait, moi parce que je veux être bon, je suis mauvais. C'est exactement ça. Plus on se met de pression à soi-même et plus on se tire à soi-même une balle dans le pied. Pas beau ça ? Donc en fait, meilleur conseil pour être éloquent, soyez complètement détente, détente et détente. C'est terrible. C'est terrible. Mais en fait, les gens qui s'en foutent réussissent mieux leur prise de parole que les gens qui ont mis beaucoup de cœur parce qu'ils sont totalement disponibles intellectuellement. pour l'échange. Et c'est tout ce qu'on demande en fait dans un échange, c'est d'être disponible intellectuellement. Donc conseil numéro 1, on se détend, c'est à pas mort d'homme, personne jamais ne s'est fait virer pour une mauvaise prise de parole. Conseil numéro 2, on pense d'abord à son interlocuteur avant de penser à soi et on s'adapte. Conseil numéro 3, on ne parle plus d'éloquence, on essaye simplement d'entrer en relation. Et quand on arrive à faire ça, on arrive à se rappeler qu'il y a un émetteur et un récepteur dans toute prise de parole et que la responsabilité est partagée. Voilà le tips de ce podcast, une responsabilité partagée dans les prises de parole et même dans la grande sphère. Parce que même dans la grande sphère, c'est-à-dire la grande scène, si vous avez un public face à vous qui est hostile, si vous êtes le patron de Renault et que ce jour-là vous parlez à tous les syndiqués CFDT qui vous ont mis un piquet de grève, ça ne va pas bien se passer. Personne ne va sortir en disant « Qu'est-ce qu'il a essayé encore ? » Donc, ramenez aussi l'enjeu à la possibilité de la réussite. Ça, c'est important. Et vous n'êtes pas responsable de l'intégralité de la relation, vous n'êtes responsable que de votre prise de parole, d'être prêt, d'avoir adapté et de ne pas passer votre énergie ailleurs que dans l'échange. Ça, c'est une bonne prise de parole. Et voilà, il était intéressant, je trouve, de questionner ensemble l'éloquence et notre rapport à notre propre prise de parole et au fait de toujours vouloir être encore meilleur, encore meilleur et encore meilleur. Donc la conclusion de cet épisode, c'est et si on se foutait la paix ? Parce que plus on est détendu, plus on est... pertinents et marquants. Si vous avez envie de nous partager vos propres expériences d'éloquence ou au contraire de pied dans le tapis, vous pouvez évidemment toujours nous contacter sur notre LinkedIn ou sur le site internet d'Oximor & More et on vous répondra avec grand plaisir. A la semaine prochaine !

Description

Aujourd'hui, qui, dans la vie professionnelle, parle réellement devant une foule avec un micro ? Pas tant de monde. Mais qui, chaque jour, doit s'exprimer face à des collègues, des clients, des prestataires, ou même… sa boulangère ? Tout le monde. L’éloquence a pris le dessus sur la simple prise de parole, mais est-ce qu’une prise de parole efficace ne serait pas, au fond, plus éloquente que l’éloquence elle-même ?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Donc c'est le grand drame, messieurs, dames, du XXIe siècle, c'est que souvent, en prise de parole, et je parle de la petite sphère, plus on est détente, plus on a confiance en soi, on arrive sans enjeu, sans rien, meilleur on est. Insupportable ? Insupportable pour tous les stressés de la life qui nous écoutent et qui se disent mais en fait, moi parce que je veux être bon, je suis mauvais. Ben c'est exactement ça. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du Poids des mots, le podcast d'Oximor & Mor. Aujourd'hui, l'éloquence. Ah l'éloquence, quel joli mot. Déjà il est doux, il fait rêver, il nous ramène régulièrement à cet avocat du 19e avec un chapeau de forme. Bref, l'éloquence, on en a mangé en salade, en soupe, et ces derniers temps c'est devenu de la soupe. Bonjour, je m'appelle Sonia Vignon, je suis linguiste spécialiste en rhétorique et en sémantique. J'ai travaillé en France, au Canada, et j'ai rencontré tellement de gens merveilleux qui avaient un rapport aux mots et à la langue différents que je me suis rendue compte que c'est ce qui faisait notre singularité et notre humanité. Je dis toujours que les mots sont souvent abîmés par l'usage. Alors, éloquence, exemple typique. Il y a 7 ans maintenant, quand j'ai créé Oxymor, l'éloquence, c'était vraiment réservé aux orateurs, aux tribuns, aux avocats, aux politiciens. Il y avait quand même une notion de métier qui était liée à l'éloquence. On n'attendait pas de Martine de la Conta qu'elle soit éloquente. Et puis, je ne sais pas, il y a un effet de mode qui s'est créé. Et alors maintenant, des formations à l'éloquence en veux-tu ? En voilà ! L'éloquence par-ci, l'éloquence par-là, prendre la parole, respirer, chanter. poser sa voix, manager par le ton, bref, on ne sait plus que faire de ça. Et la question qu'on va poser aujourd'hui c'est, mais finalement, l'éloquence, est-ce que c'est nécessaire ? Ou est-ce que ce qui est vraiment nécessaire au quotidien, c'est tout simplement une prise de parole maîtrisée, sécurisée, et dont on sait qu'elle va correctement être reçue par la personne en face de soi ? Je le dis souvent... une prise de parole, en réalité, c'est une entrée en relation. Et quand on demande aux gens « qu'est-ce que l'éloquence ? » , ils ne voient pas une entrée en relation, ils voient une grande scène. Dalida, la paillette, les strass, eh Gigi, c'est toi là-bas dans les noirs. Bref, l'éloquence est associée quand même à cette notion de nombre, de grande salle, de public. Et aujourd'hui, il y a beaucoup de formations à l'éloquence, mais combien y a-t-il de personnes qui, réellement, dans leur vie professionnelle, parlent ? devant un public, sur une grande scène, avec un micro. Pas tant que ça. En revanche, combien d'entre nous, tous les jours, devons parler à nos équipes, à nos collègues, à nos prestataires, à nos fournisseurs, à nos clients, à nos prospects ? Tout le monde. Même parler à sa boulangère, c'est une prise de parole finalement. Et c'est ça qui est intéressant, et c'est ça que je questionne aujourd'hui avec vous. L'éloquent a pris le dessus sur la prise de parole. Pourtant... aujourd'hui, est-ce qu'une prise de parole efficace n'est pas plus éloquente que l'éloquence ? Alors on va questionner tout ça, on va faire d'abord un petit détour par la neurolinguistique et par les neurosciences. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'aujourd'hui c'est une statistique, quand on demande aux gens ce qui les angoisse le plus dans la vie, avant la mort, il y a prendre la parole en public. Ça c'est vraiment quelque chose qui m'a beaucoup questionné. Et en fait, c'est tout à fait explicable, tout simplement par la neuroplasticité. C'est-à-dire qu'en réalité, notre cerveau, bien qu'il ait évolué, bien qu'il soit capable de s'adapter, bien qu'il soit capable d'apprentissage, reste le cerveau d'un chasseur-cueilleur. Et donc, pour lui, pour ce petit cerveau de chasseur-cueilleur, les regards sur soi, c'est un danger. Puisque si on vous regarde, s'il y a des regards sur vous, c'est que vous êtes une proie. C'est qu'il y a des prédateurs autour de vous. Et c'est pour ça qu'on a cette... vidéo souvent très angoissante de la prise de parole en public, puisqu'on se dit, oh là là, tous ces regards égale danger de mort. Bon, globalement, non, je ne crois pas. Il faudrait que je vérifie, mais je ne crois pas que qui que ce soit soit déjà décédé suite à une mauvaise prise de parole. À moins que vraiment il soit dans une boîte un petit peu énervé et qu'on lui ait jeté des agrafes au visage. Mais a priori, ce n'est pas le cas. Et donc, première chose, une bonne prise de parole, c'est déjà se souvenir qu'il n'y a pas d'enjeu mortel. et donc redescendre en température. Et c'est là aussi que l'éloquence joue contre nous. Puisque si je pense que je dois être éloquent, ça me met une pression que j'ai déjà. De base, avec mon pauvre cerveau de chasseur-cueilleur qui est en train de se dire « t'as un peloton d'exécution, je vais te décéder » , alors que non, non, vraiment Jean-Marc, tout va bien se passer. Donc première chose, si on arrête de parler d'éloquence et qu'on revient à la notion de prise de parole, déjà on redescend d'un cran sur l'injonction à la performance et à la réussite qu'on se met à soi-même, et on peut être beaucoup plus efficace, puisque beaucoup moins stressé, et beaucoup plus juste quant à notre objectif. Et c'est là. le secret d'une bonne prise de parole. Quel est mon objectif ? Qu'est-ce que je veux obtenir ? Parce qu'en réalité, quand vous rentrez chez le boulanger et que vous demandez une baguette, souvent vous repartez avec une baguette. Normalement d'ailleurs toujours vous repartez avec une baguette. Ça veut dire que vous êtes tout à fait capable de construire un message clair avec des éléments de langage pertinents par rapport à la situation. Et pourquoi tout à coup, quand on demande à quelqu'un de prendre une parole en réunion, de prendre une parole devant un prospect un peu ardu, de devoir s'exprimer dans un séminaire, peu importe, à ce moment-là, il perd tous ses moyens, convaincu qu'il est de ne pas savoir faire. Alors qu'il sait parfaitement le faire puisqu'il le fait tous les jours. Et bien encore, parce qu'il est persuadé qu'il doit être éloquent, qu'il doit être Martin Luther King, qu'il doit briller de mille feux tel Talida, mélangé avec Barack Obama. Je vous laisse imaginer deux secondes le résultat. Je trouve ça assez sympa. Mais... évidemment que ce n'est pas le cas. Tout ce qu'on lui demande, c'est d'avoir une prise de parole cohérente, juste, pertinente. Et la première chose qu'on va faire aujourd'hui, c'est qu'on va réfléchir, qu'est-ce qu'une prise de parole cohérente, pertinente et juste ? Eh bien, tout simplement, c'est lorsque je me souviens que je ne suis pas la personne la plus importante de ma prise de parole. Et en fait, c'est tellement important. Défocusser, sortir de moi. Moi et mon stress, moi et mon égo, moi et ma pression, moi et mon message, moi, moi, moi, moi, moi. Et me rappeler que je parle à quelqu'un, l'autre. Et donc, qui est cet autre, finalement ? C'est tout le sujet. Et même quand il y a plein d'autres, il y a forcément un élément qui réunit tout le monde. Un exemple très concret de ce que je veux dire par là. Je vais vous expliquer comment moi j'ai structuré mes propres prises de parole. Alors en l'occurrence... Un univers où il y a beaucoup de publics puisque c'est des conférences. Si je suis honnête avec moi-même, dans mes conférences, la première slide que projettent toujours les gens qui ont commandé la prestation, c'est une slide avec mon parcours, ma vie, mon oeuvre et mes diplômes. Autant vous dire, le truc le plus décourageant possible pour tous les gens dans la salle. Parce que forcément, une linguiste et tout, ça va être chiant. Ils visualisent une prof de latin, qui a priori, je ne suis pas. Et surtout, ils ont un billet tout de suite qui va se mettre en place, soit de difficultés, donc complexes, soit d'ennuis. Donc déjà prêts à déguiner leur téléphone pour répondre à leur match Tinder. Et donc, mon enjeu à moi, c'est de savoir ça, d'en avoir conscience, de ne pas le nier, et donc de le prendre en compte dans ma propre prise de parole. Et qu'est-ce que je dois travailler très fort à ce moment-là ? Mon incipit, à savoir mon entrée en matière, ma première phrase. Aujourd'hui, Je pars du principe qu'il faut être authentique quand on prend la parole, donc j'ai choisi de me l'appliquer à moi-même. Ce qui veut dire qu'en tant que linguiste punk, décalé, je fais des conférences punk et décalé. Et jusqu'ici, en plus, personne n'est sorti au milieu outré, remboursé, pas du tout. Pourquoi ? Parce que je raisonne avec ce que je dis. Après, on adhère ou on n'adhère pas, mais à minima, on ne peut pas m'accuser de malhonnêteté intellectuelle. Et donc, pour faire comprendre ça, très très vite à un public globalement pas très enclin à m'écouter, j'ai choisi de partir sur un équipit avec une citation qui est une vraie citation de Joséphine Baker qui dit, bien sûr qu'on peut vivre de sa plume, tout dépend où on la met. Alors derrière, il faut l'assumer. Mais globalement, ça donne le ton, ça donne le là, et surtout ça répond de façon directe à tous les biais et tous les freins que pouvaient avoir les gens en face de moi. Et c'est une matière très efficace d'entrer en relation à l'autre. Parce qu'une bonne prise de parole, on ne le redira jamais assez, c'est entrer efficacement en relation à l'autre. Ne pas mettre un quart d'heure à expliquer que ça va être sympa, léger et pas trop ardu. Une phrase et c'est fait. Le gain de temps est dingue pour une conf qui fait 45 minutes, j'ai pas 45 minutes à passer à expliquer quelle est ma vision de la linguistique. Et bien voilà, c'est ça la première chose. Prendre le recul de dire, ok, la prise de parole c'est un émetteur, moi. et c'est un récepteur. Et pour qu'elle soit jugée pertinente, même éloquente si vraiment on a envie d'être éloquent, c'est l'autre qui va le déterminer. Donc il faut qu'on soit tout à fait d'accord et raccord avec le fait de dire d'abord je vais orienter par rapport à l'autre. Et c'est un exercice qui est très difficile aujourd'hui parce qu'en fait, on nous apprend à être éloquent, donc centré sur soi, centré sur son stress, centré sur sa respiration, centré sur plein de choses qui sont en effet importantes. Sauf que si vous n'avez pas le bon propos, le bon argument, la bonne entrematière, le bon kipi, autant vous dire que c'est bien chouette, vous sachiez respirer, ça ne va pas tellement servir à votre propos. Et c'est là tout le sujet. Comment j'arrive à la fois à avoir une voix posée, à avoir le bon argument et à être mémorable ? Alors là, vous allez me dire, si on le savait, on n'écouterait pas le podcast, madame. Et c'est tout à fait juste. En fait, la première chose, c'est donc se poser la question de son public. Dans quel état d'esprit va-t-il arriver ? Que peut-il entendre ? Adapter les éléments de langage à la personne en face de soi. Quand vous avez face à vous... quelqu'un qui n'est pas de la même génération, il se peut que vous n'ayez pas les mêmes références sémantiques. À ce moment-là, il est de votre responsabilité dans votre prise de parole d'adapter à ce que la personne en face de vous peut entendre, peut comprendre. Vous le faites très bien quand vous allez chez le boulanger, revenons là-dessus. Et ensuite, il y a une question de sphère, tout simplement. Parce que quand on dit éloquence, qu'est-ce que les autres entendent ? La grande sphère, la grande scène, le gros stress, évidemment. Mais la grande scène, c'est une fois sur un million, on l'a déjà dit. Donc la grande sphère, c'est finalement la plus facile, parce qu'en fait, personne ne peut vous interrompre, vous dérouler. Et ça, ça permet d'être extrêmement efficace si on est bien préparé. Si on a bien travaillé en amont, qu'on a connaissance de son public, qu'on a le bon argument et éventuellement le bon support derrière soi, rien à lire. Référence sur la prise de parole, Steve Jobs. Mais Steve Jobs, il était sur une scène avec des feux d'artifice. Il y a de la pyrotechnie, évidemment, qui ne pouvait pas se louper en fait. Si on est un tout petit peu honnête avec soi-même, il est rare qu'on ait de la pyrotechnie dans nos propres prises de parole. C'est dommage d'ailleurs, ça nous manque. On devrait en avoir, mais on n'en a pas. Et donc, la grande sphère, déconstruisons l'idée reçue, c'est la plus facile. Parce que si je suis prêt, je déroule. Et là en effet, le sujet c'est mon stress, c'est ma voix, c'est comment je bouge. Là oui, très important. Mais juste avant ça, il y a ce qu'on appelle la moyenne sphère. La moyenne sphère, c'est une réunion, une formation, 10, 15, 20 personnes, des gens assez nombreux pour que quand même il y ait un challenge. Oh mon Dieu, tous ces yeux, c'est des prédateurs. Et en même temps, pas assez nombreux pour ne pas m'interrompre. Ça veut dire qu'ils peuvent m'interrompre. Et donc là, normalement, j'ai un déroulé, je suis efficace, j'ai préparé. Mais d'un autre côté, je peux être interrompu quand même à tout moment par Bernard qui a décidé. qu'il ne me laisserait pas aller au bout de ma présentation. Et ça, c'est une difficulté. Ça veut dire qu'il va falloir que je sois à la fois sur l'autre et à la fois quand même sur moi pour ne pas me laisser totalement déstabiliser par l'objection. C'est en effet un exercice spécifique sur lequel il faut travailler. Et puis, on a la petite sphère. Bien sûr, on a l'impression d'être dans Blanche-Neige et les Trois Ours. Un petit peu ça, ne nous mentons pas. Et la petite sphère qui est celle sur laquelle finalement on passe très peu de temps, nous, dans nos têtes. et qui est en réalité la plus difficile. Parce que quand est-ce que c'est le plus compliqué ? Quand la personne en face de vous peut vous interrompre à tout moment. Moi, je suis insomniaque. J'ai eu des conversations pour recadrer des collaborateurs à 4h du mat dans ma tête. Hyper chouette, hyper efficace, l'argument tout bien. Bon, premièrement, comme j'ai déjà eu la conversation, le moment où j'arrive au bureau, moi déjà je suis beaucoup plus détendue globalement, ce qui est con, parce qu'en fait je n'ai pas déjà engueulé mon Jean-Kévin. Je ne... Je ne lui ai pas réellement dit tout ce que j'avais à lui dire à 4h du matin. C'est bien hommage d'ailleurs, mais je ne l'ai pas fait. Et donc, quand même, mon état d'esprit n'est plus le même. Mais surtout, Jean-Kévin ne répond jamais. Jamais ce que j'attendais qu'il réponde. Et donc, là, il y a ce qu'on appelle la répartie de l'ascenseur. Vous savez, ce moment où vous avez exactement la bonne répartie, mais vous êtes dans l'ascenseur. Jean-Kévin, il est parti, et vous aussi. Et ça, c'est... tellement frustrant de se dire mais voilà ce que j'aurais dû dire, voilà pourquoi j'ai pas répondu ça. Tout simplement parce qu'au moment où vous étiez en train d'avoir la conversation, votre cerveau il était en train de gérer tellement de choses. Votre argument de base, le déroulé que vous aviez préparé, la tête de Jean-Kévin, votre stress, les enjeux, il n'avait pas en plus la capacité d'aller trouver la bonne répartie. C'est pour ça que les gens qui s'en sortent le mieux sont souvent les gens, paradoxalement et c'est assez injuste, qui mettent le moins d'importance dans l'interaction. Plus je m'en fous, plus je suis bon. Et ça, c'est très agaçant quand même. Mais pourquoi ? Parce qu'en fait, je ne suis pas en train de gérer mon propre stress, ma propre injonction à la performance, à la réussite absolue, ma volonté d'être éloquent, mon jugement de moi-même à moi-même qui m'explique que je suis nul, nul, nul, nul. Non, non, non. Je suis complètement détente. Et j'arrive, et j'y vais au talent, et ça passe. Ben oui, forcément. Je suis en train de gérer uniquement l'objection et l'argument. et la punchline et le fait de fermer la boîte à camembert de mon interlocuteur. Et donc je suis meilleure. Voilà. Donc c'est le grand drame, messieurs, dames, du XXIe siècle, c'est que souvent, en prise de parole, et je parle de la petite sphère, plus on est détente, plus on a confiance en soi, on arrive sans enjeu, sans rien, meilleur on est. Insupportable ? Insupportable pour tous les stressés de la life qui nous écoutent et qui se disent mais en fait, moi parce que je veux être bon, je suis mauvais. C'est exactement ça. Plus on se met de pression à soi-même et plus on se tire à soi-même une balle dans le pied. Pas beau ça ? Donc en fait, meilleur conseil pour être éloquent, soyez complètement détente, détente et détente. C'est terrible. C'est terrible. Mais en fait, les gens qui s'en foutent réussissent mieux leur prise de parole que les gens qui ont mis beaucoup de cœur parce qu'ils sont totalement disponibles intellectuellement. pour l'échange. Et c'est tout ce qu'on demande en fait dans un échange, c'est d'être disponible intellectuellement. Donc conseil numéro 1, on se détend, c'est à pas mort d'homme, personne jamais ne s'est fait virer pour une mauvaise prise de parole. Conseil numéro 2, on pense d'abord à son interlocuteur avant de penser à soi et on s'adapte. Conseil numéro 3, on ne parle plus d'éloquence, on essaye simplement d'entrer en relation. Et quand on arrive à faire ça, on arrive à se rappeler qu'il y a un émetteur et un récepteur dans toute prise de parole et que la responsabilité est partagée. Voilà le tips de ce podcast, une responsabilité partagée dans les prises de parole et même dans la grande sphère. Parce que même dans la grande sphère, c'est-à-dire la grande scène, si vous avez un public face à vous qui est hostile, si vous êtes le patron de Renault et que ce jour-là vous parlez à tous les syndiqués CFDT qui vous ont mis un piquet de grève, ça ne va pas bien se passer. Personne ne va sortir en disant « Qu'est-ce qu'il a essayé encore ? » Donc, ramenez aussi l'enjeu à la possibilité de la réussite. Ça, c'est important. Et vous n'êtes pas responsable de l'intégralité de la relation, vous n'êtes responsable que de votre prise de parole, d'être prêt, d'avoir adapté et de ne pas passer votre énergie ailleurs que dans l'échange. Ça, c'est une bonne prise de parole. Et voilà, il était intéressant, je trouve, de questionner ensemble l'éloquence et notre rapport à notre propre prise de parole et au fait de toujours vouloir être encore meilleur, encore meilleur et encore meilleur. Donc la conclusion de cet épisode, c'est et si on se foutait la paix ? Parce que plus on est détendu, plus on est... pertinents et marquants. Si vous avez envie de nous partager vos propres expériences d'éloquence ou au contraire de pied dans le tapis, vous pouvez évidemment toujours nous contacter sur notre LinkedIn ou sur le site internet d'Oximor & More et on vous répondra avec grand plaisir. A la semaine prochaine !

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Description

Aujourd'hui, qui, dans la vie professionnelle, parle réellement devant une foule avec un micro ? Pas tant de monde. Mais qui, chaque jour, doit s'exprimer face à des collègues, des clients, des prestataires, ou même… sa boulangère ? Tout le monde. L’éloquence a pris le dessus sur la simple prise de parole, mais est-ce qu’une prise de parole efficace ne serait pas, au fond, plus éloquente que l’éloquence elle-même ?


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Transcription

  • Speaker #0

    Donc c'est le grand drame, messieurs, dames, du XXIe siècle, c'est que souvent, en prise de parole, et je parle de la petite sphère, plus on est détente, plus on a confiance en soi, on arrive sans enjeu, sans rien, meilleur on est. Insupportable ? Insupportable pour tous les stressés de la life qui nous écoutent et qui se disent mais en fait, moi parce que je veux être bon, je suis mauvais. Ben c'est exactement ça. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du Poids des mots, le podcast d'Oximor & Mor. Aujourd'hui, l'éloquence. Ah l'éloquence, quel joli mot. Déjà il est doux, il fait rêver, il nous ramène régulièrement à cet avocat du 19e avec un chapeau de forme. Bref, l'éloquence, on en a mangé en salade, en soupe, et ces derniers temps c'est devenu de la soupe. Bonjour, je m'appelle Sonia Vignon, je suis linguiste spécialiste en rhétorique et en sémantique. J'ai travaillé en France, au Canada, et j'ai rencontré tellement de gens merveilleux qui avaient un rapport aux mots et à la langue différents que je me suis rendue compte que c'est ce qui faisait notre singularité et notre humanité. Je dis toujours que les mots sont souvent abîmés par l'usage. Alors, éloquence, exemple typique. Il y a 7 ans maintenant, quand j'ai créé Oxymor, l'éloquence, c'était vraiment réservé aux orateurs, aux tribuns, aux avocats, aux politiciens. Il y avait quand même une notion de métier qui était liée à l'éloquence. On n'attendait pas de Martine de la Conta qu'elle soit éloquente. Et puis, je ne sais pas, il y a un effet de mode qui s'est créé. Et alors maintenant, des formations à l'éloquence en veux-tu ? En voilà ! L'éloquence par-ci, l'éloquence par-là, prendre la parole, respirer, chanter. poser sa voix, manager par le ton, bref, on ne sait plus que faire de ça. Et la question qu'on va poser aujourd'hui c'est, mais finalement, l'éloquence, est-ce que c'est nécessaire ? Ou est-ce que ce qui est vraiment nécessaire au quotidien, c'est tout simplement une prise de parole maîtrisée, sécurisée, et dont on sait qu'elle va correctement être reçue par la personne en face de soi ? Je le dis souvent... une prise de parole, en réalité, c'est une entrée en relation. Et quand on demande aux gens « qu'est-ce que l'éloquence ? » , ils ne voient pas une entrée en relation, ils voient une grande scène. Dalida, la paillette, les strass, eh Gigi, c'est toi là-bas dans les noirs. Bref, l'éloquence est associée quand même à cette notion de nombre, de grande salle, de public. Et aujourd'hui, il y a beaucoup de formations à l'éloquence, mais combien y a-t-il de personnes qui, réellement, dans leur vie professionnelle, parlent ? devant un public, sur une grande scène, avec un micro. Pas tant que ça. En revanche, combien d'entre nous, tous les jours, devons parler à nos équipes, à nos collègues, à nos prestataires, à nos fournisseurs, à nos clients, à nos prospects ? Tout le monde. Même parler à sa boulangère, c'est une prise de parole finalement. Et c'est ça qui est intéressant, et c'est ça que je questionne aujourd'hui avec vous. L'éloquent a pris le dessus sur la prise de parole. Pourtant... aujourd'hui, est-ce qu'une prise de parole efficace n'est pas plus éloquente que l'éloquence ? Alors on va questionner tout ça, on va faire d'abord un petit détour par la neurolinguistique et par les neurosciences. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'aujourd'hui c'est une statistique, quand on demande aux gens ce qui les angoisse le plus dans la vie, avant la mort, il y a prendre la parole en public. Ça c'est vraiment quelque chose qui m'a beaucoup questionné. Et en fait, c'est tout à fait explicable, tout simplement par la neuroplasticité. C'est-à-dire qu'en réalité, notre cerveau, bien qu'il ait évolué, bien qu'il soit capable de s'adapter, bien qu'il soit capable d'apprentissage, reste le cerveau d'un chasseur-cueilleur. Et donc, pour lui, pour ce petit cerveau de chasseur-cueilleur, les regards sur soi, c'est un danger. Puisque si on vous regarde, s'il y a des regards sur vous, c'est que vous êtes une proie. C'est qu'il y a des prédateurs autour de vous. Et c'est pour ça qu'on a cette... vidéo souvent très angoissante de la prise de parole en public, puisqu'on se dit, oh là là, tous ces regards égale danger de mort. Bon, globalement, non, je ne crois pas. Il faudrait que je vérifie, mais je ne crois pas que qui que ce soit soit déjà décédé suite à une mauvaise prise de parole. À moins que vraiment il soit dans une boîte un petit peu énervé et qu'on lui ait jeté des agrafes au visage. Mais a priori, ce n'est pas le cas. Et donc, première chose, une bonne prise de parole, c'est déjà se souvenir qu'il n'y a pas d'enjeu mortel. et donc redescendre en température. Et c'est là aussi que l'éloquence joue contre nous. Puisque si je pense que je dois être éloquent, ça me met une pression que j'ai déjà. De base, avec mon pauvre cerveau de chasseur-cueilleur qui est en train de se dire « t'as un peloton d'exécution, je vais te décéder » , alors que non, non, vraiment Jean-Marc, tout va bien se passer. Donc première chose, si on arrête de parler d'éloquence et qu'on revient à la notion de prise de parole, déjà on redescend d'un cran sur l'injonction à la performance et à la réussite qu'on se met à soi-même, et on peut être beaucoup plus efficace, puisque beaucoup moins stressé, et beaucoup plus juste quant à notre objectif. Et c'est là. le secret d'une bonne prise de parole. Quel est mon objectif ? Qu'est-ce que je veux obtenir ? Parce qu'en réalité, quand vous rentrez chez le boulanger et que vous demandez une baguette, souvent vous repartez avec une baguette. Normalement d'ailleurs toujours vous repartez avec une baguette. Ça veut dire que vous êtes tout à fait capable de construire un message clair avec des éléments de langage pertinents par rapport à la situation. Et pourquoi tout à coup, quand on demande à quelqu'un de prendre une parole en réunion, de prendre une parole devant un prospect un peu ardu, de devoir s'exprimer dans un séminaire, peu importe, à ce moment-là, il perd tous ses moyens, convaincu qu'il est de ne pas savoir faire. Alors qu'il sait parfaitement le faire puisqu'il le fait tous les jours. Et bien encore, parce qu'il est persuadé qu'il doit être éloquent, qu'il doit être Martin Luther King, qu'il doit briller de mille feux tel Talida, mélangé avec Barack Obama. Je vous laisse imaginer deux secondes le résultat. Je trouve ça assez sympa. Mais... évidemment que ce n'est pas le cas. Tout ce qu'on lui demande, c'est d'avoir une prise de parole cohérente, juste, pertinente. Et la première chose qu'on va faire aujourd'hui, c'est qu'on va réfléchir, qu'est-ce qu'une prise de parole cohérente, pertinente et juste ? Eh bien, tout simplement, c'est lorsque je me souviens que je ne suis pas la personne la plus importante de ma prise de parole. Et en fait, c'est tellement important. Défocusser, sortir de moi. Moi et mon stress, moi et mon égo, moi et ma pression, moi et mon message, moi, moi, moi, moi, moi. Et me rappeler que je parle à quelqu'un, l'autre. Et donc, qui est cet autre, finalement ? C'est tout le sujet. Et même quand il y a plein d'autres, il y a forcément un élément qui réunit tout le monde. Un exemple très concret de ce que je veux dire par là. Je vais vous expliquer comment moi j'ai structuré mes propres prises de parole. Alors en l'occurrence... Un univers où il y a beaucoup de publics puisque c'est des conférences. Si je suis honnête avec moi-même, dans mes conférences, la première slide que projettent toujours les gens qui ont commandé la prestation, c'est une slide avec mon parcours, ma vie, mon oeuvre et mes diplômes. Autant vous dire, le truc le plus décourageant possible pour tous les gens dans la salle. Parce que forcément, une linguiste et tout, ça va être chiant. Ils visualisent une prof de latin, qui a priori, je ne suis pas. Et surtout, ils ont un billet tout de suite qui va se mettre en place, soit de difficultés, donc complexes, soit d'ennuis. Donc déjà prêts à déguiner leur téléphone pour répondre à leur match Tinder. Et donc, mon enjeu à moi, c'est de savoir ça, d'en avoir conscience, de ne pas le nier, et donc de le prendre en compte dans ma propre prise de parole. Et qu'est-ce que je dois travailler très fort à ce moment-là ? Mon incipit, à savoir mon entrée en matière, ma première phrase. Aujourd'hui, Je pars du principe qu'il faut être authentique quand on prend la parole, donc j'ai choisi de me l'appliquer à moi-même. Ce qui veut dire qu'en tant que linguiste punk, décalé, je fais des conférences punk et décalé. Et jusqu'ici, en plus, personne n'est sorti au milieu outré, remboursé, pas du tout. Pourquoi ? Parce que je raisonne avec ce que je dis. Après, on adhère ou on n'adhère pas, mais à minima, on ne peut pas m'accuser de malhonnêteté intellectuelle. Et donc, pour faire comprendre ça, très très vite à un public globalement pas très enclin à m'écouter, j'ai choisi de partir sur un équipit avec une citation qui est une vraie citation de Joséphine Baker qui dit, bien sûr qu'on peut vivre de sa plume, tout dépend où on la met. Alors derrière, il faut l'assumer. Mais globalement, ça donne le ton, ça donne le là, et surtout ça répond de façon directe à tous les biais et tous les freins que pouvaient avoir les gens en face de moi. Et c'est une matière très efficace d'entrer en relation à l'autre. Parce qu'une bonne prise de parole, on ne le redira jamais assez, c'est entrer efficacement en relation à l'autre. Ne pas mettre un quart d'heure à expliquer que ça va être sympa, léger et pas trop ardu. Une phrase et c'est fait. Le gain de temps est dingue pour une conf qui fait 45 minutes, j'ai pas 45 minutes à passer à expliquer quelle est ma vision de la linguistique. Et bien voilà, c'est ça la première chose. Prendre le recul de dire, ok, la prise de parole c'est un émetteur, moi. et c'est un récepteur. Et pour qu'elle soit jugée pertinente, même éloquente si vraiment on a envie d'être éloquent, c'est l'autre qui va le déterminer. Donc il faut qu'on soit tout à fait d'accord et raccord avec le fait de dire d'abord je vais orienter par rapport à l'autre. Et c'est un exercice qui est très difficile aujourd'hui parce qu'en fait, on nous apprend à être éloquent, donc centré sur soi, centré sur son stress, centré sur sa respiration, centré sur plein de choses qui sont en effet importantes. Sauf que si vous n'avez pas le bon propos, le bon argument, la bonne entrematière, le bon kipi, autant vous dire que c'est bien chouette, vous sachiez respirer, ça ne va pas tellement servir à votre propos. Et c'est là tout le sujet. Comment j'arrive à la fois à avoir une voix posée, à avoir le bon argument et à être mémorable ? Alors là, vous allez me dire, si on le savait, on n'écouterait pas le podcast, madame. Et c'est tout à fait juste. En fait, la première chose, c'est donc se poser la question de son public. Dans quel état d'esprit va-t-il arriver ? Que peut-il entendre ? Adapter les éléments de langage à la personne en face de soi. Quand vous avez face à vous... quelqu'un qui n'est pas de la même génération, il se peut que vous n'ayez pas les mêmes références sémantiques. À ce moment-là, il est de votre responsabilité dans votre prise de parole d'adapter à ce que la personne en face de vous peut entendre, peut comprendre. Vous le faites très bien quand vous allez chez le boulanger, revenons là-dessus. Et ensuite, il y a une question de sphère, tout simplement. Parce que quand on dit éloquence, qu'est-ce que les autres entendent ? La grande sphère, la grande scène, le gros stress, évidemment. Mais la grande scène, c'est une fois sur un million, on l'a déjà dit. Donc la grande sphère, c'est finalement la plus facile, parce qu'en fait, personne ne peut vous interrompre, vous dérouler. Et ça, ça permet d'être extrêmement efficace si on est bien préparé. Si on a bien travaillé en amont, qu'on a connaissance de son public, qu'on a le bon argument et éventuellement le bon support derrière soi, rien à lire. Référence sur la prise de parole, Steve Jobs. Mais Steve Jobs, il était sur une scène avec des feux d'artifice. Il y a de la pyrotechnie, évidemment, qui ne pouvait pas se louper en fait. Si on est un tout petit peu honnête avec soi-même, il est rare qu'on ait de la pyrotechnie dans nos propres prises de parole. C'est dommage d'ailleurs, ça nous manque. On devrait en avoir, mais on n'en a pas. Et donc, la grande sphère, déconstruisons l'idée reçue, c'est la plus facile. Parce que si je suis prêt, je déroule. Et là en effet, le sujet c'est mon stress, c'est ma voix, c'est comment je bouge. Là oui, très important. Mais juste avant ça, il y a ce qu'on appelle la moyenne sphère. La moyenne sphère, c'est une réunion, une formation, 10, 15, 20 personnes, des gens assez nombreux pour que quand même il y ait un challenge. Oh mon Dieu, tous ces yeux, c'est des prédateurs. Et en même temps, pas assez nombreux pour ne pas m'interrompre. Ça veut dire qu'ils peuvent m'interrompre. Et donc là, normalement, j'ai un déroulé, je suis efficace, j'ai préparé. Mais d'un autre côté, je peux être interrompu quand même à tout moment par Bernard qui a décidé. qu'il ne me laisserait pas aller au bout de ma présentation. Et ça, c'est une difficulté. Ça veut dire qu'il va falloir que je sois à la fois sur l'autre et à la fois quand même sur moi pour ne pas me laisser totalement déstabiliser par l'objection. C'est en effet un exercice spécifique sur lequel il faut travailler. Et puis, on a la petite sphère. Bien sûr, on a l'impression d'être dans Blanche-Neige et les Trois Ours. Un petit peu ça, ne nous mentons pas. Et la petite sphère qui est celle sur laquelle finalement on passe très peu de temps, nous, dans nos têtes. et qui est en réalité la plus difficile. Parce que quand est-ce que c'est le plus compliqué ? Quand la personne en face de vous peut vous interrompre à tout moment. Moi, je suis insomniaque. J'ai eu des conversations pour recadrer des collaborateurs à 4h du mat dans ma tête. Hyper chouette, hyper efficace, l'argument tout bien. Bon, premièrement, comme j'ai déjà eu la conversation, le moment où j'arrive au bureau, moi déjà je suis beaucoup plus détendue globalement, ce qui est con, parce qu'en fait je n'ai pas déjà engueulé mon Jean-Kévin. Je ne... Je ne lui ai pas réellement dit tout ce que j'avais à lui dire à 4h du matin. C'est bien hommage d'ailleurs, mais je ne l'ai pas fait. Et donc, quand même, mon état d'esprit n'est plus le même. Mais surtout, Jean-Kévin ne répond jamais. Jamais ce que j'attendais qu'il réponde. Et donc, là, il y a ce qu'on appelle la répartie de l'ascenseur. Vous savez, ce moment où vous avez exactement la bonne répartie, mais vous êtes dans l'ascenseur. Jean-Kévin, il est parti, et vous aussi. Et ça, c'est... tellement frustrant de se dire mais voilà ce que j'aurais dû dire, voilà pourquoi j'ai pas répondu ça. Tout simplement parce qu'au moment où vous étiez en train d'avoir la conversation, votre cerveau il était en train de gérer tellement de choses. Votre argument de base, le déroulé que vous aviez préparé, la tête de Jean-Kévin, votre stress, les enjeux, il n'avait pas en plus la capacité d'aller trouver la bonne répartie. C'est pour ça que les gens qui s'en sortent le mieux sont souvent les gens, paradoxalement et c'est assez injuste, qui mettent le moins d'importance dans l'interaction. Plus je m'en fous, plus je suis bon. Et ça, c'est très agaçant quand même. Mais pourquoi ? Parce qu'en fait, je ne suis pas en train de gérer mon propre stress, ma propre injonction à la performance, à la réussite absolue, ma volonté d'être éloquent, mon jugement de moi-même à moi-même qui m'explique que je suis nul, nul, nul, nul. Non, non, non. Je suis complètement détente. Et j'arrive, et j'y vais au talent, et ça passe. Ben oui, forcément. Je suis en train de gérer uniquement l'objection et l'argument. et la punchline et le fait de fermer la boîte à camembert de mon interlocuteur. Et donc je suis meilleure. Voilà. Donc c'est le grand drame, messieurs, dames, du XXIe siècle, c'est que souvent, en prise de parole, et je parle de la petite sphère, plus on est détente, plus on a confiance en soi, on arrive sans enjeu, sans rien, meilleur on est. Insupportable ? Insupportable pour tous les stressés de la life qui nous écoutent et qui se disent mais en fait, moi parce que je veux être bon, je suis mauvais. C'est exactement ça. Plus on se met de pression à soi-même et plus on se tire à soi-même une balle dans le pied. Pas beau ça ? Donc en fait, meilleur conseil pour être éloquent, soyez complètement détente, détente et détente. C'est terrible. C'est terrible. Mais en fait, les gens qui s'en foutent réussissent mieux leur prise de parole que les gens qui ont mis beaucoup de cœur parce qu'ils sont totalement disponibles intellectuellement. pour l'échange. Et c'est tout ce qu'on demande en fait dans un échange, c'est d'être disponible intellectuellement. Donc conseil numéro 1, on se détend, c'est à pas mort d'homme, personne jamais ne s'est fait virer pour une mauvaise prise de parole. Conseil numéro 2, on pense d'abord à son interlocuteur avant de penser à soi et on s'adapte. Conseil numéro 3, on ne parle plus d'éloquence, on essaye simplement d'entrer en relation. Et quand on arrive à faire ça, on arrive à se rappeler qu'il y a un émetteur et un récepteur dans toute prise de parole et que la responsabilité est partagée. Voilà le tips de ce podcast, une responsabilité partagée dans les prises de parole et même dans la grande sphère. Parce que même dans la grande sphère, c'est-à-dire la grande scène, si vous avez un public face à vous qui est hostile, si vous êtes le patron de Renault et que ce jour-là vous parlez à tous les syndiqués CFDT qui vous ont mis un piquet de grève, ça ne va pas bien se passer. Personne ne va sortir en disant « Qu'est-ce qu'il a essayé encore ? » Donc, ramenez aussi l'enjeu à la possibilité de la réussite. Ça, c'est important. Et vous n'êtes pas responsable de l'intégralité de la relation, vous n'êtes responsable que de votre prise de parole, d'être prêt, d'avoir adapté et de ne pas passer votre énergie ailleurs que dans l'échange. Ça, c'est une bonne prise de parole. Et voilà, il était intéressant, je trouve, de questionner ensemble l'éloquence et notre rapport à notre propre prise de parole et au fait de toujours vouloir être encore meilleur, encore meilleur et encore meilleur. Donc la conclusion de cet épisode, c'est et si on se foutait la paix ? Parce que plus on est détendu, plus on est... pertinents et marquants. Si vous avez envie de nous partager vos propres expériences d'éloquence ou au contraire de pied dans le tapis, vous pouvez évidemment toujours nous contacter sur notre LinkedIn ou sur le site internet d'Oximor & More et on vous répondra avec grand plaisir. A la semaine prochaine !

Description

Aujourd'hui, qui, dans la vie professionnelle, parle réellement devant une foule avec un micro ? Pas tant de monde. Mais qui, chaque jour, doit s'exprimer face à des collègues, des clients, des prestataires, ou même… sa boulangère ? Tout le monde. L’éloquence a pris le dessus sur la simple prise de parole, mais est-ce qu’une prise de parole efficace ne serait pas, au fond, plus éloquente que l’éloquence elle-même ?


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    Donc c'est le grand drame, messieurs, dames, du XXIe siècle, c'est que souvent, en prise de parole, et je parle de la petite sphère, plus on est détente, plus on a confiance en soi, on arrive sans enjeu, sans rien, meilleur on est. Insupportable ? Insupportable pour tous les stressés de la life qui nous écoutent et qui se disent mais en fait, moi parce que je veux être bon, je suis mauvais. Ben c'est exactement ça. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode du Poids des mots, le podcast d'Oximor & Mor. Aujourd'hui, l'éloquence. Ah l'éloquence, quel joli mot. Déjà il est doux, il fait rêver, il nous ramène régulièrement à cet avocat du 19e avec un chapeau de forme. Bref, l'éloquence, on en a mangé en salade, en soupe, et ces derniers temps c'est devenu de la soupe. Bonjour, je m'appelle Sonia Vignon, je suis linguiste spécialiste en rhétorique et en sémantique. J'ai travaillé en France, au Canada, et j'ai rencontré tellement de gens merveilleux qui avaient un rapport aux mots et à la langue différents que je me suis rendue compte que c'est ce qui faisait notre singularité et notre humanité. Je dis toujours que les mots sont souvent abîmés par l'usage. Alors, éloquence, exemple typique. Il y a 7 ans maintenant, quand j'ai créé Oxymor, l'éloquence, c'était vraiment réservé aux orateurs, aux tribuns, aux avocats, aux politiciens. Il y avait quand même une notion de métier qui était liée à l'éloquence. On n'attendait pas de Martine de la Conta qu'elle soit éloquente. Et puis, je ne sais pas, il y a un effet de mode qui s'est créé. Et alors maintenant, des formations à l'éloquence en veux-tu ? En voilà ! L'éloquence par-ci, l'éloquence par-là, prendre la parole, respirer, chanter. poser sa voix, manager par le ton, bref, on ne sait plus que faire de ça. Et la question qu'on va poser aujourd'hui c'est, mais finalement, l'éloquence, est-ce que c'est nécessaire ? Ou est-ce que ce qui est vraiment nécessaire au quotidien, c'est tout simplement une prise de parole maîtrisée, sécurisée, et dont on sait qu'elle va correctement être reçue par la personne en face de soi ? Je le dis souvent... une prise de parole, en réalité, c'est une entrée en relation. Et quand on demande aux gens « qu'est-ce que l'éloquence ? » , ils ne voient pas une entrée en relation, ils voient une grande scène. Dalida, la paillette, les strass, eh Gigi, c'est toi là-bas dans les noirs. Bref, l'éloquence est associée quand même à cette notion de nombre, de grande salle, de public. Et aujourd'hui, il y a beaucoup de formations à l'éloquence, mais combien y a-t-il de personnes qui, réellement, dans leur vie professionnelle, parlent ? devant un public, sur une grande scène, avec un micro. Pas tant que ça. En revanche, combien d'entre nous, tous les jours, devons parler à nos équipes, à nos collègues, à nos prestataires, à nos fournisseurs, à nos clients, à nos prospects ? Tout le monde. Même parler à sa boulangère, c'est une prise de parole finalement. Et c'est ça qui est intéressant, et c'est ça que je questionne aujourd'hui avec vous. L'éloquent a pris le dessus sur la prise de parole. Pourtant... aujourd'hui, est-ce qu'une prise de parole efficace n'est pas plus éloquente que l'éloquence ? Alors on va questionner tout ça, on va faire d'abord un petit détour par la neurolinguistique et par les neurosciences. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'aujourd'hui c'est une statistique, quand on demande aux gens ce qui les angoisse le plus dans la vie, avant la mort, il y a prendre la parole en public. Ça c'est vraiment quelque chose qui m'a beaucoup questionné. Et en fait, c'est tout à fait explicable, tout simplement par la neuroplasticité. C'est-à-dire qu'en réalité, notre cerveau, bien qu'il ait évolué, bien qu'il soit capable de s'adapter, bien qu'il soit capable d'apprentissage, reste le cerveau d'un chasseur-cueilleur. Et donc, pour lui, pour ce petit cerveau de chasseur-cueilleur, les regards sur soi, c'est un danger. Puisque si on vous regarde, s'il y a des regards sur vous, c'est que vous êtes une proie. C'est qu'il y a des prédateurs autour de vous. Et c'est pour ça qu'on a cette... vidéo souvent très angoissante de la prise de parole en public, puisqu'on se dit, oh là là, tous ces regards égale danger de mort. Bon, globalement, non, je ne crois pas. Il faudrait que je vérifie, mais je ne crois pas que qui que ce soit soit déjà décédé suite à une mauvaise prise de parole. À moins que vraiment il soit dans une boîte un petit peu énervé et qu'on lui ait jeté des agrafes au visage. Mais a priori, ce n'est pas le cas. Et donc, première chose, une bonne prise de parole, c'est déjà se souvenir qu'il n'y a pas d'enjeu mortel. et donc redescendre en température. Et c'est là aussi que l'éloquence joue contre nous. Puisque si je pense que je dois être éloquent, ça me met une pression que j'ai déjà. De base, avec mon pauvre cerveau de chasseur-cueilleur qui est en train de se dire « t'as un peloton d'exécution, je vais te décéder » , alors que non, non, vraiment Jean-Marc, tout va bien se passer. Donc première chose, si on arrête de parler d'éloquence et qu'on revient à la notion de prise de parole, déjà on redescend d'un cran sur l'injonction à la performance et à la réussite qu'on se met à soi-même, et on peut être beaucoup plus efficace, puisque beaucoup moins stressé, et beaucoup plus juste quant à notre objectif. Et c'est là. le secret d'une bonne prise de parole. Quel est mon objectif ? Qu'est-ce que je veux obtenir ? Parce qu'en réalité, quand vous rentrez chez le boulanger et que vous demandez une baguette, souvent vous repartez avec une baguette. Normalement d'ailleurs toujours vous repartez avec une baguette. Ça veut dire que vous êtes tout à fait capable de construire un message clair avec des éléments de langage pertinents par rapport à la situation. Et pourquoi tout à coup, quand on demande à quelqu'un de prendre une parole en réunion, de prendre une parole devant un prospect un peu ardu, de devoir s'exprimer dans un séminaire, peu importe, à ce moment-là, il perd tous ses moyens, convaincu qu'il est de ne pas savoir faire. Alors qu'il sait parfaitement le faire puisqu'il le fait tous les jours. Et bien encore, parce qu'il est persuadé qu'il doit être éloquent, qu'il doit être Martin Luther King, qu'il doit briller de mille feux tel Talida, mélangé avec Barack Obama. Je vous laisse imaginer deux secondes le résultat. Je trouve ça assez sympa. Mais... évidemment que ce n'est pas le cas. Tout ce qu'on lui demande, c'est d'avoir une prise de parole cohérente, juste, pertinente. Et la première chose qu'on va faire aujourd'hui, c'est qu'on va réfléchir, qu'est-ce qu'une prise de parole cohérente, pertinente et juste ? Eh bien, tout simplement, c'est lorsque je me souviens que je ne suis pas la personne la plus importante de ma prise de parole. Et en fait, c'est tellement important. Défocusser, sortir de moi. Moi et mon stress, moi et mon égo, moi et ma pression, moi et mon message, moi, moi, moi, moi, moi. Et me rappeler que je parle à quelqu'un, l'autre. Et donc, qui est cet autre, finalement ? C'est tout le sujet. Et même quand il y a plein d'autres, il y a forcément un élément qui réunit tout le monde. Un exemple très concret de ce que je veux dire par là. Je vais vous expliquer comment moi j'ai structuré mes propres prises de parole. Alors en l'occurrence... Un univers où il y a beaucoup de publics puisque c'est des conférences. Si je suis honnête avec moi-même, dans mes conférences, la première slide que projettent toujours les gens qui ont commandé la prestation, c'est une slide avec mon parcours, ma vie, mon oeuvre et mes diplômes. Autant vous dire, le truc le plus décourageant possible pour tous les gens dans la salle. Parce que forcément, une linguiste et tout, ça va être chiant. Ils visualisent une prof de latin, qui a priori, je ne suis pas. Et surtout, ils ont un billet tout de suite qui va se mettre en place, soit de difficultés, donc complexes, soit d'ennuis. Donc déjà prêts à déguiner leur téléphone pour répondre à leur match Tinder. Et donc, mon enjeu à moi, c'est de savoir ça, d'en avoir conscience, de ne pas le nier, et donc de le prendre en compte dans ma propre prise de parole. Et qu'est-ce que je dois travailler très fort à ce moment-là ? Mon incipit, à savoir mon entrée en matière, ma première phrase. Aujourd'hui, Je pars du principe qu'il faut être authentique quand on prend la parole, donc j'ai choisi de me l'appliquer à moi-même. Ce qui veut dire qu'en tant que linguiste punk, décalé, je fais des conférences punk et décalé. Et jusqu'ici, en plus, personne n'est sorti au milieu outré, remboursé, pas du tout. Pourquoi ? Parce que je raisonne avec ce que je dis. Après, on adhère ou on n'adhère pas, mais à minima, on ne peut pas m'accuser de malhonnêteté intellectuelle. Et donc, pour faire comprendre ça, très très vite à un public globalement pas très enclin à m'écouter, j'ai choisi de partir sur un équipit avec une citation qui est une vraie citation de Joséphine Baker qui dit, bien sûr qu'on peut vivre de sa plume, tout dépend où on la met. Alors derrière, il faut l'assumer. Mais globalement, ça donne le ton, ça donne le là, et surtout ça répond de façon directe à tous les biais et tous les freins que pouvaient avoir les gens en face de moi. Et c'est une matière très efficace d'entrer en relation à l'autre. Parce qu'une bonne prise de parole, on ne le redira jamais assez, c'est entrer efficacement en relation à l'autre. Ne pas mettre un quart d'heure à expliquer que ça va être sympa, léger et pas trop ardu. Une phrase et c'est fait. Le gain de temps est dingue pour une conf qui fait 45 minutes, j'ai pas 45 minutes à passer à expliquer quelle est ma vision de la linguistique. Et bien voilà, c'est ça la première chose. Prendre le recul de dire, ok, la prise de parole c'est un émetteur, moi. et c'est un récepteur. Et pour qu'elle soit jugée pertinente, même éloquente si vraiment on a envie d'être éloquent, c'est l'autre qui va le déterminer. Donc il faut qu'on soit tout à fait d'accord et raccord avec le fait de dire d'abord je vais orienter par rapport à l'autre. Et c'est un exercice qui est très difficile aujourd'hui parce qu'en fait, on nous apprend à être éloquent, donc centré sur soi, centré sur son stress, centré sur sa respiration, centré sur plein de choses qui sont en effet importantes. Sauf que si vous n'avez pas le bon propos, le bon argument, la bonne entrematière, le bon kipi, autant vous dire que c'est bien chouette, vous sachiez respirer, ça ne va pas tellement servir à votre propos. Et c'est là tout le sujet. Comment j'arrive à la fois à avoir une voix posée, à avoir le bon argument et à être mémorable ? Alors là, vous allez me dire, si on le savait, on n'écouterait pas le podcast, madame. Et c'est tout à fait juste. En fait, la première chose, c'est donc se poser la question de son public. Dans quel état d'esprit va-t-il arriver ? Que peut-il entendre ? Adapter les éléments de langage à la personne en face de soi. Quand vous avez face à vous... quelqu'un qui n'est pas de la même génération, il se peut que vous n'ayez pas les mêmes références sémantiques. À ce moment-là, il est de votre responsabilité dans votre prise de parole d'adapter à ce que la personne en face de vous peut entendre, peut comprendre. Vous le faites très bien quand vous allez chez le boulanger, revenons là-dessus. Et ensuite, il y a une question de sphère, tout simplement. Parce que quand on dit éloquence, qu'est-ce que les autres entendent ? La grande sphère, la grande scène, le gros stress, évidemment. Mais la grande scène, c'est une fois sur un million, on l'a déjà dit. Donc la grande sphère, c'est finalement la plus facile, parce qu'en fait, personne ne peut vous interrompre, vous dérouler. Et ça, ça permet d'être extrêmement efficace si on est bien préparé. Si on a bien travaillé en amont, qu'on a connaissance de son public, qu'on a le bon argument et éventuellement le bon support derrière soi, rien à lire. Référence sur la prise de parole, Steve Jobs. Mais Steve Jobs, il était sur une scène avec des feux d'artifice. Il y a de la pyrotechnie, évidemment, qui ne pouvait pas se louper en fait. Si on est un tout petit peu honnête avec soi-même, il est rare qu'on ait de la pyrotechnie dans nos propres prises de parole. C'est dommage d'ailleurs, ça nous manque. On devrait en avoir, mais on n'en a pas. Et donc, la grande sphère, déconstruisons l'idée reçue, c'est la plus facile. Parce que si je suis prêt, je déroule. Et là en effet, le sujet c'est mon stress, c'est ma voix, c'est comment je bouge. Là oui, très important. Mais juste avant ça, il y a ce qu'on appelle la moyenne sphère. La moyenne sphère, c'est une réunion, une formation, 10, 15, 20 personnes, des gens assez nombreux pour que quand même il y ait un challenge. Oh mon Dieu, tous ces yeux, c'est des prédateurs. Et en même temps, pas assez nombreux pour ne pas m'interrompre. Ça veut dire qu'ils peuvent m'interrompre. Et donc là, normalement, j'ai un déroulé, je suis efficace, j'ai préparé. Mais d'un autre côté, je peux être interrompu quand même à tout moment par Bernard qui a décidé. qu'il ne me laisserait pas aller au bout de ma présentation. Et ça, c'est une difficulté. Ça veut dire qu'il va falloir que je sois à la fois sur l'autre et à la fois quand même sur moi pour ne pas me laisser totalement déstabiliser par l'objection. C'est en effet un exercice spécifique sur lequel il faut travailler. Et puis, on a la petite sphère. Bien sûr, on a l'impression d'être dans Blanche-Neige et les Trois Ours. Un petit peu ça, ne nous mentons pas. Et la petite sphère qui est celle sur laquelle finalement on passe très peu de temps, nous, dans nos têtes. et qui est en réalité la plus difficile. Parce que quand est-ce que c'est le plus compliqué ? Quand la personne en face de vous peut vous interrompre à tout moment. Moi, je suis insomniaque. J'ai eu des conversations pour recadrer des collaborateurs à 4h du mat dans ma tête. Hyper chouette, hyper efficace, l'argument tout bien. Bon, premièrement, comme j'ai déjà eu la conversation, le moment où j'arrive au bureau, moi déjà je suis beaucoup plus détendue globalement, ce qui est con, parce qu'en fait je n'ai pas déjà engueulé mon Jean-Kévin. Je ne... Je ne lui ai pas réellement dit tout ce que j'avais à lui dire à 4h du matin. C'est bien hommage d'ailleurs, mais je ne l'ai pas fait. Et donc, quand même, mon état d'esprit n'est plus le même. Mais surtout, Jean-Kévin ne répond jamais. Jamais ce que j'attendais qu'il réponde. Et donc, là, il y a ce qu'on appelle la répartie de l'ascenseur. Vous savez, ce moment où vous avez exactement la bonne répartie, mais vous êtes dans l'ascenseur. Jean-Kévin, il est parti, et vous aussi. Et ça, c'est... tellement frustrant de se dire mais voilà ce que j'aurais dû dire, voilà pourquoi j'ai pas répondu ça. Tout simplement parce qu'au moment où vous étiez en train d'avoir la conversation, votre cerveau il était en train de gérer tellement de choses. Votre argument de base, le déroulé que vous aviez préparé, la tête de Jean-Kévin, votre stress, les enjeux, il n'avait pas en plus la capacité d'aller trouver la bonne répartie. C'est pour ça que les gens qui s'en sortent le mieux sont souvent les gens, paradoxalement et c'est assez injuste, qui mettent le moins d'importance dans l'interaction. Plus je m'en fous, plus je suis bon. Et ça, c'est très agaçant quand même. Mais pourquoi ? Parce qu'en fait, je ne suis pas en train de gérer mon propre stress, ma propre injonction à la performance, à la réussite absolue, ma volonté d'être éloquent, mon jugement de moi-même à moi-même qui m'explique que je suis nul, nul, nul, nul. Non, non, non. Je suis complètement détente. Et j'arrive, et j'y vais au talent, et ça passe. Ben oui, forcément. Je suis en train de gérer uniquement l'objection et l'argument. et la punchline et le fait de fermer la boîte à camembert de mon interlocuteur. Et donc je suis meilleure. Voilà. Donc c'est le grand drame, messieurs, dames, du XXIe siècle, c'est que souvent, en prise de parole, et je parle de la petite sphère, plus on est détente, plus on a confiance en soi, on arrive sans enjeu, sans rien, meilleur on est. Insupportable ? Insupportable pour tous les stressés de la life qui nous écoutent et qui se disent mais en fait, moi parce que je veux être bon, je suis mauvais. C'est exactement ça. Plus on se met de pression à soi-même et plus on se tire à soi-même une balle dans le pied. Pas beau ça ? Donc en fait, meilleur conseil pour être éloquent, soyez complètement détente, détente et détente. C'est terrible. C'est terrible. Mais en fait, les gens qui s'en foutent réussissent mieux leur prise de parole que les gens qui ont mis beaucoup de cœur parce qu'ils sont totalement disponibles intellectuellement. pour l'échange. Et c'est tout ce qu'on demande en fait dans un échange, c'est d'être disponible intellectuellement. Donc conseil numéro 1, on se détend, c'est à pas mort d'homme, personne jamais ne s'est fait virer pour une mauvaise prise de parole. Conseil numéro 2, on pense d'abord à son interlocuteur avant de penser à soi et on s'adapte. Conseil numéro 3, on ne parle plus d'éloquence, on essaye simplement d'entrer en relation. Et quand on arrive à faire ça, on arrive à se rappeler qu'il y a un émetteur et un récepteur dans toute prise de parole et que la responsabilité est partagée. Voilà le tips de ce podcast, une responsabilité partagée dans les prises de parole et même dans la grande sphère. Parce que même dans la grande sphère, c'est-à-dire la grande scène, si vous avez un public face à vous qui est hostile, si vous êtes le patron de Renault et que ce jour-là vous parlez à tous les syndiqués CFDT qui vous ont mis un piquet de grève, ça ne va pas bien se passer. Personne ne va sortir en disant « Qu'est-ce qu'il a essayé encore ? » Donc, ramenez aussi l'enjeu à la possibilité de la réussite. Ça, c'est important. Et vous n'êtes pas responsable de l'intégralité de la relation, vous n'êtes responsable que de votre prise de parole, d'être prêt, d'avoir adapté et de ne pas passer votre énergie ailleurs que dans l'échange. Ça, c'est une bonne prise de parole. Et voilà, il était intéressant, je trouve, de questionner ensemble l'éloquence et notre rapport à notre propre prise de parole et au fait de toujours vouloir être encore meilleur, encore meilleur et encore meilleur. Donc la conclusion de cet épisode, c'est et si on se foutait la paix ? Parce que plus on est détendu, plus on est... pertinents et marquants. Si vous avez envie de nous partager vos propres expériences d'éloquence ou au contraire de pied dans le tapis, vous pouvez évidemment toujours nous contacter sur notre LinkedIn ou sur le site internet d'Oximor & More et on vous répondra avec grand plaisir. A la semaine prochaine !

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