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Le RéSeau de l'industrie

La prévention des incendies en milieu industriel

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19min |05/01/2025|

5414

Play
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Le RéSeau de l'industrie

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19min |05/01/2025|

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Description

Dans cet épisode du podcast « Le RéSeau de l’industrie », proposé par RS, nous abordons les enjeux industriels liés aux risques incendie avec Benoît Fradin, lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers de Seine-et-Marne et membre de la commission prévention de la FNSPF. À travers une analyse des risques et des défis que représentent les incidents industriels, découvrez les trois principales menaces en milieu industriel et les stratégies pour les anticiper. Nous explorons également les évolutions de la réglementation, les actions de formation et les leçons tirées d’accidents marquants, comme celui de Lubrizol, pour renforcer la sécurité. Cet épisode offre une perspective unique sur les défis actuels et futurs dans la gestion des risques industriels.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez le Réseau de l'Industrie de RS, où les voix des spécialistes résonnent autour des sujets clés du secteur. Bonjour à tous, on continue à explorer les sujets liés à la prévention des risques industriels avec cette fois un zoom sur les risques incendies. Pour nous éclairer sur ce sujet, nous recevons Benoît Fradin. Bonjour, vous êtes lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers de Sainte-Émarne et membre de la commission prévention de la FNSPF. C'est bien ça ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est bien ça, exactement.

  • Speaker #0

    Alors, dans votre quotidien de pompier, ça représente quoi aujourd'hui la prévention des risques incendies en milieu industriel ? C'est une partie importante de votre travail ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, la prévention incendie constitue une des principales missions des sapeurs-pompiers, notamment au travers du Code de sécurité intérieure et du Code général des collectivités territoriales. Ensuite, pour la partie vraiment prévention industrielle, elle va s'articuler autour de quatre grands axes prévus au niveau national, avec la maîtrise des risques à la source, la maîtrise de l'urbanisation, l'information préventive. et l'organisation des secours pour pouvoir répondre à des accidents majeurs sur des sites industriels, mais également tout ce qui est à destination de l'information du public, des associations d'environnement et autres publics concernés. Oui,

  • Speaker #0

    donc ça représente une part importante de votre travail.

  • Speaker #1

    Très importante, oui. Associée à la prévention dans les ERP, les bâtiments d'habitation, la prévention du risque industriel est un pan assez important de nos missions.

  • Speaker #0

    Alors dites-nous, aujourd'hui en France, quelles sont les industries qui sont les plus exposées ? au risque d'incidents. C'est quoi le top 3 ?

  • Speaker #1

    On va retrouver majoritairement tout ce qui est phénomène de rejet de matière dangereuse. C'est un des... En milieu industriel, c'est un des accidents les plus fréquents. Ensuite, viennent les incendies et les explosions. Donc, on est sur les trois phénomènes les plus importants. À savoir que les incendies, c'est environ 40% des accidents industriels. Les secteurs du déchet et de l'agroalimentaire sont les deux grandes familles d'activités les plus concernées. par ces accidents avec une constante depuis pas mal d'années. Au milieu des déchets regroupant pas mal d'activités, passant par les centres de tri, par les véhicules, la gestion des véhicules usagés et autres, donc ces générateurs d'incendies assez réguliers.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple concret d'incendie industriel majeur avec ses causes, ses conséquences, alors qu'elles soient humaines, matérielles, environnementales, que vous ayez participé ou non d'ailleurs à cette opération ?

  • Speaker #1

    Dernièrement, l'accident industriel majeur qui a été... Marqué en France, c'est l'accident de Lubrizol et Normandie Logistique, l'agglomération rouennaise en Seine-Maritime. C'est un incendie majeur qui a duré plusieurs heures pour revenir à bout des flammes, avec dans la partie accidentelle une très forte mobilisation des services d'incendie et de secours de Seine-Maritime, mais pas que, qui a généré des demandes de renfort extérieures. Et ensuite, avec en impact direct, la destruction partielle de deux sites industriels. qui était côte à côte. Et après, à plus long terme, une grosse problématique, notamment liée aux fumées d'incendie, les problématiques des eaux d'extinction qui ont été générées par cet incendie et les enquêtes épidémiologiques qu'il y a pu y avoir. Et cet accident a eu d'autres conséquences ces dernières années, c'est qu'il a contribué à l'évolution de la réglementation sur les risques industriels, notamment en matière de planification et de prise en compte des fumées d'incendie d'origine technologique.

  • Speaker #0

    Donc, on a su tirer les leçons, finalement, de cet accident Le Brizol.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement. Il a fait la une de nombreux médias. Donc derrière, au niveau national, a été enclenché un plan d'action. Différents rapports d'enquête du Sénat, de l'Assemblée nationale, qui ont conduit un an après à des évolutions réglementaires pour améliorer la prévention incendie et la meilleure prise en compte de certains phénomènes ou paramètres d'un incendie qui ont pu être mis en évidence lors de cet accident.

  • Speaker #0

    Justement, arrêtons-nous un instant sur ces réglementations. Quelles sont les principales, celles qui sont en vigueur et qui concernent la sécurité et incendie dans l'industrie ? Parce qu'on est toujours dans notre sujet.

  • Speaker #1

    Dans l'industrie, on va avoir deux grands textes. On a le Code du travail, qui s'impose à l'industrie, mais pas qu'à l'industrie. Ça concerne tous les travailleurs sur un milieu professionnel. Et ensuite, sur la partie industrielle, on a le Code de l'environnement, notamment qui régit toutes les installations classées pour la protection de l'environnement, avec différents seuils de classement en fonction des nomenclatures. Ces seuils de classement sont dépendants de la dangerosité des sites industriels et avec des systèmes de rubriques, soit par produit, soit par activité, qui derrière entraînent des arrêtés ministériels qui sont pré-rédigés, auxquels les exploitants doivent se référer pour construire leurs sites industriels ou les faire évoluer. Associés à cette réglementation du Code de l'environnement et les arrêtés associés, on va retrouver tout un panel de guides professionnels qui viennent éclairer les textes sur des sujets un petit peu plus techniques. Et ensuite, on a un élément important dans la prise en compte du risque industriel, c'est le retour d'expérience ou une base de données. gérée par le ministère de la Transition écologique, permet de référencer environ 60 000 accidents sur lesquels les industriels peuvent s'appuyer pour faire la différence entre la partie théorique et la réalité des accidents dans les branches d'activité concernées.

  • Speaker #0

    Elles ont beaucoup évolué ces dernières années, ces réglementations ? Là, on parlait de l'Ubrizol, mais de manière plus large. Elles évoluent constamment ou il faut attendre une catastrophe pour que les choses bougent ?

  • Speaker #1

    La réglementation a évolué ces dernières années, notamment sur les procédures d'instruction des dossiers industriels pour faciliter le développement économique, accélérer les procédures de consultation. Donc ça, c'est la partie, on va dire, purement forme et approche dossier. Donc oui, les grosses avancées ces dernières années, c'est surtout, comme on le disait tout à l'heure, c'est le briseul qui a généré les grosses avancées. Donc effectivement, c'est un accident qui a généré une grosse avancée réglementaire, comme on avait pu le connaître au début des années 2000 avec AZF notamment. et toutes les lois à risque qui avaient découlé.

  • Speaker #0

    Et vous qui êtes constamment sur le terrain, est-ce que ces réglementations vous semblent suffisantes aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, le corpus réglementaire, tous les guides et tous les textes associés est assez dense pour avoir une approche technique.

  • Speaker #0

    Dense, oui, parce qu'on imagine beaucoup de paperasse et d'administratif, mais derrière, au niveau opérationnel, puisque c'est quand même là votre cœur de métier, est-ce que c'est suffisant ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'aujourd'hui, au-delà de l'évolution de la réglementation, c'est surtout... peut-être l'adaptation de textes existants à la réalité du développement industriel sur le territoire.

  • Speaker #0

    Il y a un autre aspect intéressant aussi, c'est celui de la formation du personnel. Est-ce qu'en termes de prévention contre les incendies, vous pensez que ça joue un rôle important ? Il y en a assez, il faut aller plus loin ?

  • Speaker #1

    La formation du personnel, elle est essentielle. Il faut bien que le personnel connaisse les risques, sache réagir face à une situation accidentelle, mais également connaisse les process d'utilisation des produits. des matériaux qui peuvent être à l'origine des incendies pour éviter d'en arriver à l'accident. Le facteur humain, d'une manière générale, par rapport aux procédures et à la formation, intervient encore dans de très nombreux accidents et est une source encore importante d'accidents. Donc oui, la formation est essentielle, que ce soit dans le cadre du travail quotidien, pour le respect des procédures, le respect des stockages, le respect des moyens de secours qui sont prévus. Un exemple concret, une porte coupe-feu, si elle est fermée, ce n'est pas pour l'ouvrir et mettre une cale. C'est pour éviter la propagation d'un incendie. Donc c'est tout un tas de petits gestes au quotidien qui permettent d'éviter d'arriver à l'accident majeur ou à défaut de limiter grandement l'incendie sur un site industriel.

  • Speaker #0

    Comment les industriels peuvent évaluer efficacement leur risque incendie ? Quels sont les outils mis à leur disposition ?

  • Speaker #1

    Ils ont surtout des ressources. Il y a de très nombreux bureaux d'études, bureaux de contrôle qui peuvent aider un industriel. On est sur un domaine qui est quand même très technique. On ne peut pas s'inventer préventionniste en risque industriel. À minima, le principe d'évaluation des risques sur le risque incendie, on va être sur la connaissance des process et des matières. L'idéal, derrière, c'est de définir les risques d'accident prévisibles et leurs conséquences. Et ensuite, à l'issue de cette première étape, c'est en fonction des conséquences, du côté acceptable des conséquences de l'incendie, définir des mesures de prévention adaptées ou renforcées par rapport à ce que peut prévoir un socle de base, comme je l'évoquais tout à l'heure. En installation cassée pour la protection de l'environnement, ce travail est fait notamment au travers des études de danger où les exploitants définissent des scénarios d'accident à qui ils associent des probabilités et des gravités. Et en fonction de l'acceptabilité ou non du risque, peuvent renforcer les mesures en matière de prévention.

  • Speaker #0

    Et vous, en tant que sapeur-pompier, lorsque vous êtes en intervention, comment est-ce que vous vous préparez à aller sur un site industriel ? Est-ce que c'est différent ?

  • Speaker #1

    Oui, les risques industriels, c'est des événements qui sont rares, mais qui sont souvent dimensionnants en termes de consommation de ressources humaines, d'effets, de durée d'intervention. Donc c'est contrairement à des feux d'appartement, feux d'habitation qui sont sur des durées beaucoup plus courtes. Après, sur la connaissance des risques et la préparation, on va avoir plusieurs étapes. On a un document obligatoire d'analyse et de couverture des risques qui est rédigé par les sapeurs-pompiers, qui permet d'avoir une vision. En partenariat avec les autres services de la préfecture, de la drivater, on peut avoir une vision assez détaillée des risques sur un département. Ensuite, il y a tout le process de formation. Nous aussi, on a une partie formation. Donc, on va avoir une formation, on va dire, de tronc commun à la gestion opérationnelle et commandement. Donc, c'est tout ça par pompier qui est formé pour intervenir, quelle que soit la situation, avec une méthodologie adaptée. Et ensuite, pour le risque industriel, très souvent, on va faire appel à des unités spécialisées en risque chimique. Donc, qui sont des formations... complémentaires et qui peuvent intervenir aussi bien pour la problématique gestion des fumées comme la partie produit en eux-mêmes, obturer des fuites, sécuriser des installations en lien toujours avec les exploitants. Donc ça c'est une grosse partie de formation mais ça concerne une très petite population chez SAPA Pompiers parce qu'on tombe dans un domaine spécifique et au même titre on peut également avoir des formations sur un domaine qui est assez important. en risque industriel, les liquides inflammables, où on a également des formations spécifiques pour l'approche feu de liquide inflammable, qui est encore une approche un petit peu différente que le feu bâtimentaire.

  • Speaker #0

    Je reviens un instant sur cette histoire de préparation et intervention. J'imagine, mais peut-être que je me trompe, lorsqu'il y a un incendie, un départ de feu dans un site industriel, vous avez, vous, sapeur-pompier ou peut-être préfecture, un dossier qui correspond pour chaque industrie aux risques qui sont liés à cette. cette fabrication-là et à ce secteur d'activité-là ?

  • Speaker #1

    Les exploitants ont leurs propres plans, notamment au travers des plans d'opérations internes. Sur les sites Céveso les plus importants, on peut retrouver des plans particuliers d'intervention qui sont pilotés par la préfecture. Et les sapeurs-pompiers ont eux-mêmes des plans dits d'établissement répertorié qui nous permettent d'avoir les premiers éléments et la conduite de la première heure globalement sur un site industriel. Donc il y a tout ce volet planification qui est effectivement très important. Que ce soit chez l'exploitant ou les services intervenants ou les autorités préfectorales notamment, mais également les maires au travers des plans communaux de sauvegarde, où ils ont également leur rôle à jouer sur des accidents majeurs.

  • Speaker #0

    Et sur ce type d'intervention, quelles sont vos principales difficultés ?

  • Speaker #1

    Pour la partie alerte, l'intérêt d'une bonne alerte va conditionner le bon dimensionnement des moyens de secours et ne pas générer des engagements sous-dimensionnés par rapport à une situation. Donc ça, c'est un point très important à travailler au niveau des exploitants. Quand c'est eux qui passent l'alerte, après, il y a le cas particulier où c'est un riverain qui donne l'alerte avant un exploitant lui-même, où là, c'est encore une autre approche où, malheureusement, le riverain ne peut pas avoir forcément les mêmes niveaux d'informations qu'un exploitant industriel.

  • Speaker #0

    Et ça, ça arrive souvent que les industriels, alors je ne parle pas du voisin qui voit une fumée et qui appelle, mais que les données qui ont été transmises par l'exploitant ne correspondent pas véritablement à vos besoins en termes d'informations pertinentes.

  • Speaker #1

    Je ne dirais pas souvent, mais ça arrive que le niveau de détail n'est pas toujours celui souhaité. Donc ensuite, il y a tout un système de questionnement pour essayer d'approfondir. Mais ce qui est important, c'est qu'au-delà de la qualité de l'alerte, si la personne qui passe l'alerte maîtrise le site industriel, ça en revient à l'information, si c'est quelqu'un qui est dans l'automatisme et qu'il n'y a pas une maîtrise du site, ça va être compliqué pour lui de diffuser une alerte de qualité. Et après, une fois les moyens de secours engagés, une autre de nos difficultés, ça va être l'accueil des secours. Aujourd'hui, on a beaucoup de sites qui sont télésurveillés, avec des astreintes à distance. Et vous comprendrez aisément que les sapeurs-pompiers ne peuvent pas connaître tous les sites industriels sur un département, vu qu'on est départementalisé. Mais on a besoin d'un sachant et de quelqu'un qui est en capacité de nous accueillir pour nous faire un point de situation précis, nous confirmer la mise en sécurité de ces installations, les coupures des énergies, toutes les premières réactions qui vont nous permettre d'intervenir assez rapidement et efficacement. D'autant plus si on a des problématiques de sauvetage de personnes ou de préservation de vie humaine.

  • Speaker #0

    Il y a une personne qui est toujours responsable, référente sur un site pour pouvoir faire justement cette liaison avec les pompiers ?

  • Speaker #1

    Officiellement, oui. Maintenant, on n'a pas toujours le sachant parce que les sites industriels n'ont pas d'obligation forcément d'astreinte. Une des difficultés, c'est que régulièrement, on va avoir des agences de télésurveillance qui vont se déplacer, mais qui sont dans le cadre de la surveillance globale. et des gens qui ne connaissent pas forcément le site de manière détaillée. Ça peut conduire à des prises de décision qui ne sont pas forcément la plus adaptées au moment où on la prend. Alors que quand on a un exploitant, un responsable sécurité ou quelqu'un qui connaît vraiment son site, il va savoir nous cibler les actions prioritaires à mener. Et notamment dans les actions prioritaires, ce qu'on va souvent rechercher, au-delà de ce qui brûle, ça va être de protéger et de préserver ce qui a de la valeur. une fois la partie humaine bien traitée, les installations névralgiques du site qu'on va devoir protéger. Et ça, ces informations, si on ne les a pas quand on arrive, potentiellement on pourrait être amené à faire des actions non pas inefficaces, mais pas forcément les plus judicieuses. Et on ne peut pas non plus avoir des plans sur tous les sites industriels. Les plans sont faits notamment sur les sites les plus dangereux et les plus complexes.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pourriez nous donner un exemple d'intervention particulièrement marquante que vous pourriez nous partager ?

  • Speaker #1

    Une intervention qui a eu lieu il y a 7 ans, on était sur un feu de bâtiment industriel de matière plastique, donc un bâtiment de taille déjà assez conséquente, de plusieurs milliers de mètres carrés, qui a été marquante à plusieurs titres. Une personne a dû être extraite, un collègue qui passait en civil, qui était coincé dans le bâtiment. Donc il y avait vraiment eu un sauvetage de réalisé sur cette intervention. Et ensuite, marquante de par l'ampleur du feu, en périphérie de la petite couronne parisienne. avec un impact des fumées assez important et un risque de pollution d'un cours d'eau qui avait généré également l'arrêt d'une usine de propage de potables qui alimentait une bonne partie de la grande couronne parisienne. C'est un sinistre qui nous a mobilisés pendant près de 24 heures et des actions qui ont dû être menées par les maires avec les fumées. des déclenchements de plans communaux de sauvegarde. Donc, ce n'était pas un feu industriel très grand et médiatiquement marquant au niveau national. Mais localement, il a regroupé un petit peu le panel de tout ce qu'on pouvait avoir sur un feu. Problématiques humaines, problématiques de pollution par les eaux, problématiques de pollution par les fumées et une extinction complexe au regard des matières qui brûlaient, des matières plastiques qui brûlaient.

  • Speaker #0

    Et dans ce cas particulier, est-ce qu'en termes de prévention, il y avait moyen de faire mieux ?

  • Speaker #1

    Là où les choses... aurait pu mieux se passer ? C'est surtout sur la partie eau d'extinction. Le site n'était pas dimensionné. Dans la prévention des incendies, on parle beaucoup de l'éclosion du feu et de la propagation du feu. Mais en cas d'extinction, il y a toujours des dispositifs qui sont prévus pour retenir les eaux souillées pour ne pas qu'elles partent au milieu naturel. Et là, le gros point qui a posé des difficultés, c'est l'absence de rétention adaptée sur le site.

  • Speaker #0

    Benoît, on change un petit peu de catégorie de sujet. Les nouvelles technologies, comment est-ce qu'elles peuvent contribuer à renforcer à la fois la prévention et la lutte contre les incendies industriels.

  • Speaker #1

    Les avancées ces dernières années, déjà sur l'approche dossier, c'est depuis 20 ans un développement important de tout ce qui est modélisation incendie, au travers notamment des études d'ingénierie, mais également le développement des outils de modélisation des bâtiments avec les modélisations 3D, qui facilitent grandement l'approche des dossiers. Arrive maintenant, on est en tournant... l'intelligence artificielle qui va permettre aussi de développer sans doute d'autres concepts d'analyse de dossiers et de faciliter l'étude des dossiers qui sont souvent très denses. Ensuite, sur la partie intervention, les grosses évolutions, c'est la robotique et les drones. Apparemment, quand on n'avait pas de drone, si on voulait des vues aériennes, on passait très régulièrement par l'hélicoptère. Aujourd'hui, le drone sur un déploiement rapide, surtout les drones peuvent être équipés de caméras thermiques, ou en déportée plus ou moins importante. sont de réelle aide à la décision pour les sapeurs-pompiers en termes de prise en compte d'un bâtiment, de reconnaissance, d'appropriation des volumes et de ce qui brûle. Donc c'est une réelle plus-value. Et sur la partie robotique, s'est développé aussi beaucoup ces dernières années les robots qui peuvent rentrer dans des bâtiments. On peut les alimenter en eau de manière assez importante. Et l'avantage de ces robots, c'est que selon certaines structures où on n'engagerait pas de personnel par les risques d'effondrement et la menace pour les sapeurs-pompiers, Ces robots offrent notamment de nouvelles opportunités d'action dans des milieux très dégradés.

  • Speaker #0

    Quel conseil vous donneriez aux industriels pour qu'ils puissent améliorer leur stratégie de prévention incendie ?

  • Speaker #1

    Déjà, faire un bon audit de leurs activités, faire une vraie analyse des risques, identifier leurs risques incendie, alors seul ou accompagné, développer une culture de la sécurité incendie dans l'entreprise. On parle beaucoup de nouvelles technologies, mais l'humain reste quand même... Au cœur du débat en prévention incendie, les bons gestes au quotidien, la bonne utilisation des moyens de secours, des extincteurs, des robinets d'incendie armés, c'est inculquer toutes ces informations et toutes ces formations au personnel.

  • Speaker #0

    Dernière question, comment imaginez-vous l'évolution dans ce domaine d'ici 10 ans ?

  • Speaker #1

    Dans 10 ans, on a aujourd'hui des risques émergents qui deviendront sans doute la règle. On évoque beaucoup le sujet des batteries au lithium, qui sont une grosse problématique pour les sapeurs-pompiers. où on parlait de nouvelles technologies pour faciliter la prévention, mais aujourd'hui, on a de très grosses difficultés de ces systèmes batterie-lythium. Donc peut-être que dans 10 ans, on aura trouvé la solution pour agir efficacement sur ce type d'incendie, ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui. Et on est quand même dans une période de changement climatique, avec des événements climatiques de plus en plus violents, qui ont aussi des effets sur les sites industriels. Et l'association risque naturel et risque technologique, qui est déjà prise en compte dans les dossiers, va sans doute s'intensifier dans... les années à venir et peut-être générer de nouvelles approches en matière de prévention incendie de par ces phénomènes climatiques extrêmes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à vous.

Description

Dans cet épisode du podcast « Le RéSeau de l’industrie », proposé par RS, nous abordons les enjeux industriels liés aux risques incendie avec Benoît Fradin, lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers de Seine-et-Marne et membre de la commission prévention de la FNSPF. À travers une analyse des risques et des défis que représentent les incidents industriels, découvrez les trois principales menaces en milieu industriel et les stratégies pour les anticiper. Nous explorons également les évolutions de la réglementation, les actions de formation et les leçons tirées d’accidents marquants, comme celui de Lubrizol, pour renforcer la sécurité. Cet épisode offre une perspective unique sur les défis actuels et futurs dans la gestion des risques industriels.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez le Réseau de l'Industrie de RS, où les voix des spécialistes résonnent autour des sujets clés du secteur. Bonjour à tous, on continue à explorer les sujets liés à la prévention des risques industriels avec cette fois un zoom sur les risques incendies. Pour nous éclairer sur ce sujet, nous recevons Benoît Fradin. Bonjour, vous êtes lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers de Sainte-Émarne et membre de la commission prévention de la FNSPF. C'est bien ça ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est bien ça, exactement.

  • Speaker #0

    Alors, dans votre quotidien de pompier, ça représente quoi aujourd'hui la prévention des risques incendies en milieu industriel ? C'est une partie importante de votre travail ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, la prévention incendie constitue une des principales missions des sapeurs-pompiers, notamment au travers du Code de sécurité intérieure et du Code général des collectivités territoriales. Ensuite, pour la partie vraiment prévention industrielle, elle va s'articuler autour de quatre grands axes prévus au niveau national, avec la maîtrise des risques à la source, la maîtrise de l'urbanisation, l'information préventive. et l'organisation des secours pour pouvoir répondre à des accidents majeurs sur des sites industriels, mais également tout ce qui est à destination de l'information du public, des associations d'environnement et autres publics concernés. Oui,

  • Speaker #0

    donc ça représente une part importante de votre travail.

  • Speaker #1

    Très importante, oui. Associée à la prévention dans les ERP, les bâtiments d'habitation, la prévention du risque industriel est un pan assez important de nos missions.

  • Speaker #0

    Alors dites-nous, aujourd'hui en France, quelles sont les industries qui sont les plus exposées ? au risque d'incidents. C'est quoi le top 3 ?

  • Speaker #1

    On va retrouver majoritairement tout ce qui est phénomène de rejet de matière dangereuse. C'est un des... En milieu industriel, c'est un des accidents les plus fréquents. Ensuite, viennent les incendies et les explosions. Donc, on est sur les trois phénomènes les plus importants. À savoir que les incendies, c'est environ 40% des accidents industriels. Les secteurs du déchet et de l'agroalimentaire sont les deux grandes familles d'activités les plus concernées. par ces accidents avec une constante depuis pas mal d'années. Au milieu des déchets regroupant pas mal d'activités, passant par les centres de tri, par les véhicules, la gestion des véhicules usagés et autres, donc ces générateurs d'incendies assez réguliers.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple concret d'incendie industriel majeur avec ses causes, ses conséquences, alors qu'elles soient humaines, matérielles, environnementales, que vous ayez participé ou non d'ailleurs à cette opération ?

  • Speaker #1

    Dernièrement, l'accident industriel majeur qui a été... Marqué en France, c'est l'accident de Lubrizol et Normandie Logistique, l'agglomération rouennaise en Seine-Maritime. C'est un incendie majeur qui a duré plusieurs heures pour revenir à bout des flammes, avec dans la partie accidentelle une très forte mobilisation des services d'incendie et de secours de Seine-Maritime, mais pas que, qui a généré des demandes de renfort extérieures. Et ensuite, avec en impact direct, la destruction partielle de deux sites industriels. qui était côte à côte. Et après, à plus long terme, une grosse problématique, notamment liée aux fumées d'incendie, les problématiques des eaux d'extinction qui ont été générées par cet incendie et les enquêtes épidémiologiques qu'il y a pu y avoir. Et cet accident a eu d'autres conséquences ces dernières années, c'est qu'il a contribué à l'évolution de la réglementation sur les risques industriels, notamment en matière de planification et de prise en compte des fumées d'incendie d'origine technologique.

  • Speaker #0

    Donc, on a su tirer les leçons, finalement, de cet accident Le Brizol.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement. Il a fait la une de nombreux médias. Donc derrière, au niveau national, a été enclenché un plan d'action. Différents rapports d'enquête du Sénat, de l'Assemblée nationale, qui ont conduit un an après à des évolutions réglementaires pour améliorer la prévention incendie et la meilleure prise en compte de certains phénomènes ou paramètres d'un incendie qui ont pu être mis en évidence lors de cet accident.

  • Speaker #0

    Justement, arrêtons-nous un instant sur ces réglementations. Quelles sont les principales, celles qui sont en vigueur et qui concernent la sécurité et incendie dans l'industrie ? Parce qu'on est toujours dans notre sujet.

  • Speaker #1

    Dans l'industrie, on va avoir deux grands textes. On a le Code du travail, qui s'impose à l'industrie, mais pas qu'à l'industrie. Ça concerne tous les travailleurs sur un milieu professionnel. Et ensuite, sur la partie industrielle, on a le Code de l'environnement, notamment qui régit toutes les installations classées pour la protection de l'environnement, avec différents seuils de classement en fonction des nomenclatures. Ces seuils de classement sont dépendants de la dangerosité des sites industriels et avec des systèmes de rubriques, soit par produit, soit par activité, qui derrière entraînent des arrêtés ministériels qui sont pré-rédigés, auxquels les exploitants doivent se référer pour construire leurs sites industriels ou les faire évoluer. Associés à cette réglementation du Code de l'environnement et les arrêtés associés, on va retrouver tout un panel de guides professionnels qui viennent éclairer les textes sur des sujets un petit peu plus techniques. Et ensuite, on a un élément important dans la prise en compte du risque industriel, c'est le retour d'expérience ou une base de données. gérée par le ministère de la Transition écologique, permet de référencer environ 60 000 accidents sur lesquels les industriels peuvent s'appuyer pour faire la différence entre la partie théorique et la réalité des accidents dans les branches d'activité concernées.

  • Speaker #0

    Elles ont beaucoup évolué ces dernières années, ces réglementations ? Là, on parlait de l'Ubrizol, mais de manière plus large. Elles évoluent constamment ou il faut attendre une catastrophe pour que les choses bougent ?

  • Speaker #1

    La réglementation a évolué ces dernières années, notamment sur les procédures d'instruction des dossiers industriels pour faciliter le développement économique, accélérer les procédures de consultation. Donc ça, c'est la partie, on va dire, purement forme et approche dossier. Donc oui, les grosses avancées ces dernières années, c'est surtout, comme on le disait tout à l'heure, c'est le briseul qui a généré les grosses avancées. Donc effectivement, c'est un accident qui a généré une grosse avancée réglementaire, comme on avait pu le connaître au début des années 2000 avec AZF notamment. et toutes les lois à risque qui avaient découlé.

  • Speaker #0

    Et vous qui êtes constamment sur le terrain, est-ce que ces réglementations vous semblent suffisantes aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, le corpus réglementaire, tous les guides et tous les textes associés est assez dense pour avoir une approche technique.

  • Speaker #0

    Dense, oui, parce qu'on imagine beaucoup de paperasse et d'administratif, mais derrière, au niveau opérationnel, puisque c'est quand même là votre cœur de métier, est-ce que c'est suffisant ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'aujourd'hui, au-delà de l'évolution de la réglementation, c'est surtout... peut-être l'adaptation de textes existants à la réalité du développement industriel sur le territoire.

  • Speaker #0

    Il y a un autre aspect intéressant aussi, c'est celui de la formation du personnel. Est-ce qu'en termes de prévention contre les incendies, vous pensez que ça joue un rôle important ? Il y en a assez, il faut aller plus loin ?

  • Speaker #1

    La formation du personnel, elle est essentielle. Il faut bien que le personnel connaisse les risques, sache réagir face à une situation accidentelle, mais également connaisse les process d'utilisation des produits. des matériaux qui peuvent être à l'origine des incendies pour éviter d'en arriver à l'accident. Le facteur humain, d'une manière générale, par rapport aux procédures et à la formation, intervient encore dans de très nombreux accidents et est une source encore importante d'accidents. Donc oui, la formation est essentielle, que ce soit dans le cadre du travail quotidien, pour le respect des procédures, le respect des stockages, le respect des moyens de secours qui sont prévus. Un exemple concret, une porte coupe-feu, si elle est fermée, ce n'est pas pour l'ouvrir et mettre une cale. C'est pour éviter la propagation d'un incendie. Donc c'est tout un tas de petits gestes au quotidien qui permettent d'éviter d'arriver à l'accident majeur ou à défaut de limiter grandement l'incendie sur un site industriel.

  • Speaker #0

    Comment les industriels peuvent évaluer efficacement leur risque incendie ? Quels sont les outils mis à leur disposition ?

  • Speaker #1

    Ils ont surtout des ressources. Il y a de très nombreux bureaux d'études, bureaux de contrôle qui peuvent aider un industriel. On est sur un domaine qui est quand même très technique. On ne peut pas s'inventer préventionniste en risque industriel. À minima, le principe d'évaluation des risques sur le risque incendie, on va être sur la connaissance des process et des matières. L'idéal, derrière, c'est de définir les risques d'accident prévisibles et leurs conséquences. Et ensuite, à l'issue de cette première étape, c'est en fonction des conséquences, du côté acceptable des conséquences de l'incendie, définir des mesures de prévention adaptées ou renforcées par rapport à ce que peut prévoir un socle de base, comme je l'évoquais tout à l'heure. En installation cassée pour la protection de l'environnement, ce travail est fait notamment au travers des études de danger où les exploitants définissent des scénarios d'accident à qui ils associent des probabilités et des gravités. Et en fonction de l'acceptabilité ou non du risque, peuvent renforcer les mesures en matière de prévention.

  • Speaker #0

    Et vous, en tant que sapeur-pompier, lorsque vous êtes en intervention, comment est-ce que vous vous préparez à aller sur un site industriel ? Est-ce que c'est différent ?

  • Speaker #1

    Oui, les risques industriels, c'est des événements qui sont rares, mais qui sont souvent dimensionnants en termes de consommation de ressources humaines, d'effets, de durée d'intervention. Donc c'est contrairement à des feux d'appartement, feux d'habitation qui sont sur des durées beaucoup plus courtes. Après, sur la connaissance des risques et la préparation, on va avoir plusieurs étapes. On a un document obligatoire d'analyse et de couverture des risques qui est rédigé par les sapeurs-pompiers, qui permet d'avoir une vision. En partenariat avec les autres services de la préfecture, de la drivater, on peut avoir une vision assez détaillée des risques sur un département. Ensuite, il y a tout le process de formation. Nous aussi, on a une partie formation. Donc, on va avoir une formation, on va dire, de tronc commun à la gestion opérationnelle et commandement. Donc, c'est tout ça par pompier qui est formé pour intervenir, quelle que soit la situation, avec une méthodologie adaptée. Et ensuite, pour le risque industriel, très souvent, on va faire appel à des unités spécialisées en risque chimique. Donc, qui sont des formations... complémentaires et qui peuvent intervenir aussi bien pour la problématique gestion des fumées comme la partie produit en eux-mêmes, obturer des fuites, sécuriser des installations en lien toujours avec les exploitants. Donc ça c'est une grosse partie de formation mais ça concerne une très petite population chez SAPA Pompiers parce qu'on tombe dans un domaine spécifique et au même titre on peut également avoir des formations sur un domaine qui est assez important. en risque industriel, les liquides inflammables, où on a également des formations spécifiques pour l'approche feu de liquide inflammable, qui est encore une approche un petit peu différente que le feu bâtimentaire.

  • Speaker #0

    Je reviens un instant sur cette histoire de préparation et intervention. J'imagine, mais peut-être que je me trompe, lorsqu'il y a un incendie, un départ de feu dans un site industriel, vous avez, vous, sapeur-pompier ou peut-être préfecture, un dossier qui correspond pour chaque industrie aux risques qui sont liés à cette. cette fabrication-là et à ce secteur d'activité-là ?

  • Speaker #1

    Les exploitants ont leurs propres plans, notamment au travers des plans d'opérations internes. Sur les sites Céveso les plus importants, on peut retrouver des plans particuliers d'intervention qui sont pilotés par la préfecture. Et les sapeurs-pompiers ont eux-mêmes des plans dits d'établissement répertorié qui nous permettent d'avoir les premiers éléments et la conduite de la première heure globalement sur un site industriel. Donc il y a tout ce volet planification qui est effectivement très important. Que ce soit chez l'exploitant ou les services intervenants ou les autorités préfectorales notamment, mais également les maires au travers des plans communaux de sauvegarde, où ils ont également leur rôle à jouer sur des accidents majeurs.

  • Speaker #0

    Et sur ce type d'intervention, quelles sont vos principales difficultés ?

  • Speaker #1

    Pour la partie alerte, l'intérêt d'une bonne alerte va conditionner le bon dimensionnement des moyens de secours et ne pas générer des engagements sous-dimensionnés par rapport à une situation. Donc ça, c'est un point très important à travailler au niveau des exploitants. Quand c'est eux qui passent l'alerte, après, il y a le cas particulier où c'est un riverain qui donne l'alerte avant un exploitant lui-même, où là, c'est encore une autre approche où, malheureusement, le riverain ne peut pas avoir forcément les mêmes niveaux d'informations qu'un exploitant industriel.

  • Speaker #0

    Et ça, ça arrive souvent que les industriels, alors je ne parle pas du voisin qui voit une fumée et qui appelle, mais que les données qui ont été transmises par l'exploitant ne correspondent pas véritablement à vos besoins en termes d'informations pertinentes.

  • Speaker #1

    Je ne dirais pas souvent, mais ça arrive que le niveau de détail n'est pas toujours celui souhaité. Donc ensuite, il y a tout un système de questionnement pour essayer d'approfondir. Mais ce qui est important, c'est qu'au-delà de la qualité de l'alerte, si la personne qui passe l'alerte maîtrise le site industriel, ça en revient à l'information, si c'est quelqu'un qui est dans l'automatisme et qu'il n'y a pas une maîtrise du site, ça va être compliqué pour lui de diffuser une alerte de qualité. Et après, une fois les moyens de secours engagés, une autre de nos difficultés, ça va être l'accueil des secours. Aujourd'hui, on a beaucoup de sites qui sont télésurveillés, avec des astreintes à distance. Et vous comprendrez aisément que les sapeurs-pompiers ne peuvent pas connaître tous les sites industriels sur un département, vu qu'on est départementalisé. Mais on a besoin d'un sachant et de quelqu'un qui est en capacité de nous accueillir pour nous faire un point de situation précis, nous confirmer la mise en sécurité de ces installations, les coupures des énergies, toutes les premières réactions qui vont nous permettre d'intervenir assez rapidement et efficacement. D'autant plus si on a des problématiques de sauvetage de personnes ou de préservation de vie humaine.

  • Speaker #0

    Il y a une personne qui est toujours responsable, référente sur un site pour pouvoir faire justement cette liaison avec les pompiers ?

  • Speaker #1

    Officiellement, oui. Maintenant, on n'a pas toujours le sachant parce que les sites industriels n'ont pas d'obligation forcément d'astreinte. Une des difficultés, c'est que régulièrement, on va avoir des agences de télésurveillance qui vont se déplacer, mais qui sont dans le cadre de la surveillance globale. et des gens qui ne connaissent pas forcément le site de manière détaillée. Ça peut conduire à des prises de décision qui ne sont pas forcément la plus adaptées au moment où on la prend. Alors que quand on a un exploitant, un responsable sécurité ou quelqu'un qui connaît vraiment son site, il va savoir nous cibler les actions prioritaires à mener. Et notamment dans les actions prioritaires, ce qu'on va souvent rechercher, au-delà de ce qui brûle, ça va être de protéger et de préserver ce qui a de la valeur. une fois la partie humaine bien traitée, les installations névralgiques du site qu'on va devoir protéger. Et ça, ces informations, si on ne les a pas quand on arrive, potentiellement on pourrait être amené à faire des actions non pas inefficaces, mais pas forcément les plus judicieuses. Et on ne peut pas non plus avoir des plans sur tous les sites industriels. Les plans sont faits notamment sur les sites les plus dangereux et les plus complexes.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pourriez nous donner un exemple d'intervention particulièrement marquante que vous pourriez nous partager ?

  • Speaker #1

    Une intervention qui a eu lieu il y a 7 ans, on était sur un feu de bâtiment industriel de matière plastique, donc un bâtiment de taille déjà assez conséquente, de plusieurs milliers de mètres carrés, qui a été marquante à plusieurs titres. Une personne a dû être extraite, un collègue qui passait en civil, qui était coincé dans le bâtiment. Donc il y avait vraiment eu un sauvetage de réalisé sur cette intervention. Et ensuite, marquante de par l'ampleur du feu, en périphérie de la petite couronne parisienne. avec un impact des fumées assez important et un risque de pollution d'un cours d'eau qui avait généré également l'arrêt d'une usine de propage de potables qui alimentait une bonne partie de la grande couronne parisienne. C'est un sinistre qui nous a mobilisés pendant près de 24 heures et des actions qui ont dû être menées par les maires avec les fumées. des déclenchements de plans communaux de sauvegarde. Donc, ce n'était pas un feu industriel très grand et médiatiquement marquant au niveau national. Mais localement, il a regroupé un petit peu le panel de tout ce qu'on pouvait avoir sur un feu. Problématiques humaines, problématiques de pollution par les eaux, problématiques de pollution par les fumées et une extinction complexe au regard des matières qui brûlaient, des matières plastiques qui brûlaient.

  • Speaker #0

    Et dans ce cas particulier, est-ce qu'en termes de prévention, il y avait moyen de faire mieux ?

  • Speaker #1

    Là où les choses... aurait pu mieux se passer ? C'est surtout sur la partie eau d'extinction. Le site n'était pas dimensionné. Dans la prévention des incendies, on parle beaucoup de l'éclosion du feu et de la propagation du feu. Mais en cas d'extinction, il y a toujours des dispositifs qui sont prévus pour retenir les eaux souillées pour ne pas qu'elles partent au milieu naturel. Et là, le gros point qui a posé des difficultés, c'est l'absence de rétention adaptée sur le site.

  • Speaker #0

    Benoît, on change un petit peu de catégorie de sujet. Les nouvelles technologies, comment est-ce qu'elles peuvent contribuer à renforcer à la fois la prévention et la lutte contre les incendies industriels.

  • Speaker #1

    Les avancées ces dernières années, déjà sur l'approche dossier, c'est depuis 20 ans un développement important de tout ce qui est modélisation incendie, au travers notamment des études d'ingénierie, mais également le développement des outils de modélisation des bâtiments avec les modélisations 3D, qui facilitent grandement l'approche des dossiers. Arrive maintenant, on est en tournant... l'intelligence artificielle qui va permettre aussi de développer sans doute d'autres concepts d'analyse de dossiers et de faciliter l'étude des dossiers qui sont souvent très denses. Ensuite, sur la partie intervention, les grosses évolutions, c'est la robotique et les drones. Apparemment, quand on n'avait pas de drone, si on voulait des vues aériennes, on passait très régulièrement par l'hélicoptère. Aujourd'hui, le drone sur un déploiement rapide, surtout les drones peuvent être équipés de caméras thermiques, ou en déportée plus ou moins importante. sont de réelle aide à la décision pour les sapeurs-pompiers en termes de prise en compte d'un bâtiment, de reconnaissance, d'appropriation des volumes et de ce qui brûle. Donc c'est une réelle plus-value. Et sur la partie robotique, s'est développé aussi beaucoup ces dernières années les robots qui peuvent rentrer dans des bâtiments. On peut les alimenter en eau de manière assez importante. Et l'avantage de ces robots, c'est que selon certaines structures où on n'engagerait pas de personnel par les risques d'effondrement et la menace pour les sapeurs-pompiers, Ces robots offrent notamment de nouvelles opportunités d'action dans des milieux très dégradés.

  • Speaker #0

    Quel conseil vous donneriez aux industriels pour qu'ils puissent améliorer leur stratégie de prévention incendie ?

  • Speaker #1

    Déjà, faire un bon audit de leurs activités, faire une vraie analyse des risques, identifier leurs risques incendie, alors seul ou accompagné, développer une culture de la sécurité incendie dans l'entreprise. On parle beaucoup de nouvelles technologies, mais l'humain reste quand même... Au cœur du débat en prévention incendie, les bons gestes au quotidien, la bonne utilisation des moyens de secours, des extincteurs, des robinets d'incendie armés, c'est inculquer toutes ces informations et toutes ces formations au personnel.

  • Speaker #0

    Dernière question, comment imaginez-vous l'évolution dans ce domaine d'ici 10 ans ?

  • Speaker #1

    Dans 10 ans, on a aujourd'hui des risques émergents qui deviendront sans doute la règle. On évoque beaucoup le sujet des batteries au lithium, qui sont une grosse problématique pour les sapeurs-pompiers. où on parlait de nouvelles technologies pour faciliter la prévention, mais aujourd'hui, on a de très grosses difficultés de ces systèmes batterie-lythium. Donc peut-être que dans 10 ans, on aura trouvé la solution pour agir efficacement sur ce type d'incendie, ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui. Et on est quand même dans une période de changement climatique, avec des événements climatiques de plus en plus violents, qui ont aussi des effets sur les sites industriels. Et l'association risque naturel et risque technologique, qui est déjà prise en compte dans les dossiers, va sans doute s'intensifier dans... les années à venir et peut-être générer de nouvelles approches en matière de prévention incendie de par ces phénomènes climatiques extrêmes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à vous.

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Description

Dans cet épisode du podcast « Le RéSeau de l’industrie », proposé par RS, nous abordons les enjeux industriels liés aux risques incendie avec Benoît Fradin, lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers de Seine-et-Marne et membre de la commission prévention de la FNSPF. À travers une analyse des risques et des défis que représentent les incidents industriels, découvrez les trois principales menaces en milieu industriel et les stratégies pour les anticiper. Nous explorons également les évolutions de la réglementation, les actions de formation et les leçons tirées d’accidents marquants, comme celui de Lubrizol, pour renforcer la sécurité. Cet épisode offre une perspective unique sur les défis actuels et futurs dans la gestion des risques industriels.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez le Réseau de l'Industrie de RS, où les voix des spécialistes résonnent autour des sujets clés du secteur. Bonjour à tous, on continue à explorer les sujets liés à la prévention des risques industriels avec cette fois un zoom sur les risques incendies. Pour nous éclairer sur ce sujet, nous recevons Benoît Fradin. Bonjour, vous êtes lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers de Sainte-Émarne et membre de la commission prévention de la FNSPF. C'est bien ça ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est bien ça, exactement.

  • Speaker #0

    Alors, dans votre quotidien de pompier, ça représente quoi aujourd'hui la prévention des risques incendies en milieu industriel ? C'est une partie importante de votre travail ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, la prévention incendie constitue une des principales missions des sapeurs-pompiers, notamment au travers du Code de sécurité intérieure et du Code général des collectivités territoriales. Ensuite, pour la partie vraiment prévention industrielle, elle va s'articuler autour de quatre grands axes prévus au niveau national, avec la maîtrise des risques à la source, la maîtrise de l'urbanisation, l'information préventive. et l'organisation des secours pour pouvoir répondre à des accidents majeurs sur des sites industriels, mais également tout ce qui est à destination de l'information du public, des associations d'environnement et autres publics concernés. Oui,

  • Speaker #0

    donc ça représente une part importante de votre travail.

  • Speaker #1

    Très importante, oui. Associée à la prévention dans les ERP, les bâtiments d'habitation, la prévention du risque industriel est un pan assez important de nos missions.

  • Speaker #0

    Alors dites-nous, aujourd'hui en France, quelles sont les industries qui sont les plus exposées ? au risque d'incidents. C'est quoi le top 3 ?

  • Speaker #1

    On va retrouver majoritairement tout ce qui est phénomène de rejet de matière dangereuse. C'est un des... En milieu industriel, c'est un des accidents les plus fréquents. Ensuite, viennent les incendies et les explosions. Donc, on est sur les trois phénomènes les plus importants. À savoir que les incendies, c'est environ 40% des accidents industriels. Les secteurs du déchet et de l'agroalimentaire sont les deux grandes familles d'activités les plus concernées. par ces accidents avec une constante depuis pas mal d'années. Au milieu des déchets regroupant pas mal d'activités, passant par les centres de tri, par les véhicules, la gestion des véhicules usagés et autres, donc ces générateurs d'incendies assez réguliers.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple concret d'incendie industriel majeur avec ses causes, ses conséquences, alors qu'elles soient humaines, matérielles, environnementales, que vous ayez participé ou non d'ailleurs à cette opération ?

  • Speaker #1

    Dernièrement, l'accident industriel majeur qui a été... Marqué en France, c'est l'accident de Lubrizol et Normandie Logistique, l'agglomération rouennaise en Seine-Maritime. C'est un incendie majeur qui a duré plusieurs heures pour revenir à bout des flammes, avec dans la partie accidentelle une très forte mobilisation des services d'incendie et de secours de Seine-Maritime, mais pas que, qui a généré des demandes de renfort extérieures. Et ensuite, avec en impact direct, la destruction partielle de deux sites industriels. qui était côte à côte. Et après, à plus long terme, une grosse problématique, notamment liée aux fumées d'incendie, les problématiques des eaux d'extinction qui ont été générées par cet incendie et les enquêtes épidémiologiques qu'il y a pu y avoir. Et cet accident a eu d'autres conséquences ces dernières années, c'est qu'il a contribué à l'évolution de la réglementation sur les risques industriels, notamment en matière de planification et de prise en compte des fumées d'incendie d'origine technologique.

  • Speaker #0

    Donc, on a su tirer les leçons, finalement, de cet accident Le Brizol.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement. Il a fait la une de nombreux médias. Donc derrière, au niveau national, a été enclenché un plan d'action. Différents rapports d'enquête du Sénat, de l'Assemblée nationale, qui ont conduit un an après à des évolutions réglementaires pour améliorer la prévention incendie et la meilleure prise en compte de certains phénomènes ou paramètres d'un incendie qui ont pu être mis en évidence lors de cet accident.

  • Speaker #0

    Justement, arrêtons-nous un instant sur ces réglementations. Quelles sont les principales, celles qui sont en vigueur et qui concernent la sécurité et incendie dans l'industrie ? Parce qu'on est toujours dans notre sujet.

  • Speaker #1

    Dans l'industrie, on va avoir deux grands textes. On a le Code du travail, qui s'impose à l'industrie, mais pas qu'à l'industrie. Ça concerne tous les travailleurs sur un milieu professionnel. Et ensuite, sur la partie industrielle, on a le Code de l'environnement, notamment qui régit toutes les installations classées pour la protection de l'environnement, avec différents seuils de classement en fonction des nomenclatures. Ces seuils de classement sont dépendants de la dangerosité des sites industriels et avec des systèmes de rubriques, soit par produit, soit par activité, qui derrière entraînent des arrêtés ministériels qui sont pré-rédigés, auxquels les exploitants doivent se référer pour construire leurs sites industriels ou les faire évoluer. Associés à cette réglementation du Code de l'environnement et les arrêtés associés, on va retrouver tout un panel de guides professionnels qui viennent éclairer les textes sur des sujets un petit peu plus techniques. Et ensuite, on a un élément important dans la prise en compte du risque industriel, c'est le retour d'expérience ou une base de données. gérée par le ministère de la Transition écologique, permet de référencer environ 60 000 accidents sur lesquels les industriels peuvent s'appuyer pour faire la différence entre la partie théorique et la réalité des accidents dans les branches d'activité concernées.

  • Speaker #0

    Elles ont beaucoup évolué ces dernières années, ces réglementations ? Là, on parlait de l'Ubrizol, mais de manière plus large. Elles évoluent constamment ou il faut attendre une catastrophe pour que les choses bougent ?

  • Speaker #1

    La réglementation a évolué ces dernières années, notamment sur les procédures d'instruction des dossiers industriels pour faciliter le développement économique, accélérer les procédures de consultation. Donc ça, c'est la partie, on va dire, purement forme et approche dossier. Donc oui, les grosses avancées ces dernières années, c'est surtout, comme on le disait tout à l'heure, c'est le briseul qui a généré les grosses avancées. Donc effectivement, c'est un accident qui a généré une grosse avancée réglementaire, comme on avait pu le connaître au début des années 2000 avec AZF notamment. et toutes les lois à risque qui avaient découlé.

  • Speaker #0

    Et vous qui êtes constamment sur le terrain, est-ce que ces réglementations vous semblent suffisantes aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, le corpus réglementaire, tous les guides et tous les textes associés est assez dense pour avoir une approche technique.

  • Speaker #0

    Dense, oui, parce qu'on imagine beaucoup de paperasse et d'administratif, mais derrière, au niveau opérationnel, puisque c'est quand même là votre cœur de métier, est-ce que c'est suffisant ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'aujourd'hui, au-delà de l'évolution de la réglementation, c'est surtout... peut-être l'adaptation de textes existants à la réalité du développement industriel sur le territoire.

  • Speaker #0

    Il y a un autre aspect intéressant aussi, c'est celui de la formation du personnel. Est-ce qu'en termes de prévention contre les incendies, vous pensez que ça joue un rôle important ? Il y en a assez, il faut aller plus loin ?

  • Speaker #1

    La formation du personnel, elle est essentielle. Il faut bien que le personnel connaisse les risques, sache réagir face à une situation accidentelle, mais également connaisse les process d'utilisation des produits. des matériaux qui peuvent être à l'origine des incendies pour éviter d'en arriver à l'accident. Le facteur humain, d'une manière générale, par rapport aux procédures et à la formation, intervient encore dans de très nombreux accidents et est une source encore importante d'accidents. Donc oui, la formation est essentielle, que ce soit dans le cadre du travail quotidien, pour le respect des procédures, le respect des stockages, le respect des moyens de secours qui sont prévus. Un exemple concret, une porte coupe-feu, si elle est fermée, ce n'est pas pour l'ouvrir et mettre une cale. C'est pour éviter la propagation d'un incendie. Donc c'est tout un tas de petits gestes au quotidien qui permettent d'éviter d'arriver à l'accident majeur ou à défaut de limiter grandement l'incendie sur un site industriel.

  • Speaker #0

    Comment les industriels peuvent évaluer efficacement leur risque incendie ? Quels sont les outils mis à leur disposition ?

  • Speaker #1

    Ils ont surtout des ressources. Il y a de très nombreux bureaux d'études, bureaux de contrôle qui peuvent aider un industriel. On est sur un domaine qui est quand même très technique. On ne peut pas s'inventer préventionniste en risque industriel. À minima, le principe d'évaluation des risques sur le risque incendie, on va être sur la connaissance des process et des matières. L'idéal, derrière, c'est de définir les risques d'accident prévisibles et leurs conséquences. Et ensuite, à l'issue de cette première étape, c'est en fonction des conséquences, du côté acceptable des conséquences de l'incendie, définir des mesures de prévention adaptées ou renforcées par rapport à ce que peut prévoir un socle de base, comme je l'évoquais tout à l'heure. En installation cassée pour la protection de l'environnement, ce travail est fait notamment au travers des études de danger où les exploitants définissent des scénarios d'accident à qui ils associent des probabilités et des gravités. Et en fonction de l'acceptabilité ou non du risque, peuvent renforcer les mesures en matière de prévention.

  • Speaker #0

    Et vous, en tant que sapeur-pompier, lorsque vous êtes en intervention, comment est-ce que vous vous préparez à aller sur un site industriel ? Est-ce que c'est différent ?

  • Speaker #1

    Oui, les risques industriels, c'est des événements qui sont rares, mais qui sont souvent dimensionnants en termes de consommation de ressources humaines, d'effets, de durée d'intervention. Donc c'est contrairement à des feux d'appartement, feux d'habitation qui sont sur des durées beaucoup plus courtes. Après, sur la connaissance des risques et la préparation, on va avoir plusieurs étapes. On a un document obligatoire d'analyse et de couverture des risques qui est rédigé par les sapeurs-pompiers, qui permet d'avoir une vision. En partenariat avec les autres services de la préfecture, de la drivater, on peut avoir une vision assez détaillée des risques sur un département. Ensuite, il y a tout le process de formation. Nous aussi, on a une partie formation. Donc, on va avoir une formation, on va dire, de tronc commun à la gestion opérationnelle et commandement. Donc, c'est tout ça par pompier qui est formé pour intervenir, quelle que soit la situation, avec une méthodologie adaptée. Et ensuite, pour le risque industriel, très souvent, on va faire appel à des unités spécialisées en risque chimique. Donc, qui sont des formations... complémentaires et qui peuvent intervenir aussi bien pour la problématique gestion des fumées comme la partie produit en eux-mêmes, obturer des fuites, sécuriser des installations en lien toujours avec les exploitants. Donc ça c'est une grosse partie de formation mais ça concerne une très petite population chez SAPA Pompiers parce qu'on tombe dans un domaine spécifique et au même titre on peut également avoir des formations sur un domaine qui est assez important. en risque industriel, les liquides inflammables, où on a également des formations spécifiques pour l'approche feu de liquide inflammable, qui est encore une approche un petit peu différente que le feu bâtimentaire.

  • Speaker #0

    Je reviens un instant sur cette histoire de préparation et intervention. J'imagine, mais peut-être que je me trompe, lorsqu'il y a un incendie, un départ de feu dans un site industriel, vous avez, vous, sapeur-pompier ou peut-être préfecture, un dossier qui correspond pour chaque industrie aux risques qui sont liés à cette. cette fabrication-là et à ce secteur d'activité-là ?

  • Speaker #1

    Les exploitants ont leurs propres plans, notamment au travers des plans d'opérations internes. Sur les sites Céveso les plus importants, on peut retrouver des plans particuliers d'intervention qui sont pilotés par la préfecture. Et les sapeurs-pompiers ont eux-mêmes des plans dits d'établissement répertorié qui nous permettent d'avoir les premiers éléments et la conduite de la première heure globalement sur un site industriel. Donc il y a tout ce volet planification qui est effectivement très important. Que ce soit chez l'exploitant ou les services intervenants ou les autorités préfectorales notamment, mais également les maires au travers des plans communaux de sauvegarde, où ils ont également leur rôle à jouer sur des accidents majeurs.

  • Speaker #0

    Et sur ce type d'intervention, quelles sont vos principales difficultés ?

  • Speaker #1

    Pour la partie alerte, l'intérêt d'une bonne alerte va conditionner le bon dimensionnement des moyens de secours et ne pas générer des engagements sous-dimensionnés par rapport à une situation. Donc ça, c'est un point très important à travailler au niveau des exploitants. Quand c'est eux qui passent l'alerte, après, il y a le cas particulier où c'est un riverain qui donne l'alerte avant un exploitant lui-même, où là, c'est encore une autre approche où, malheureusement, le riverain ne peut pas avoir forcément les mêmes niveaux d'informations qu'un exploitant industriel.

  • Speaker #0

    Et ça, ça arrive souvent que les industriels, alors je ne parle pas du voisin qui voit une fumée et qui appelle, mais que les données qui ont été transmises par l'exploitant ne correspondent pas véritablement à vos besoins en termes d'informations pertinentes.

  • Speaker #1

    Je ne dirais pas souvent, mais ça arrive que le niveau de détail n'est pas toujours celui souhaité. Donc ensuite, il y a tout un système de questionnement pour essayer d'approfondir. Mais ce qui est important, c'est qu'au-delà de la qualité de l'alerte, si la personne qui passe l'alerte maîtrise le site industriel, ça en revient à l'information, si c'est quelqu'un qui est dans l'automatisme et qu'il n'y a pas une maîtrise du site, ça va être compliqué pour lui de diffuser une alerte de qualité. Et après, une fois les moyens de secours engagés, une autre de nos difficultés, ça va être l'accueil des secours. Aujourd'hui, on a beaucoup de sites qui sont télésurveillés, avec des astreintes à distance. Et vous comprendrez aisément que les sapeurs-pompiers ne peuvent pas connaître tous les sites industriels sur un département, vu qu'on est départementalisé. Mais on a besoin d'un sachant et de quelqu'un qui est en capacité de nous accueillir pour nous faire un point de situation précis, nous confirmer la mise en sécurité de ces installations, les coupures des énergies, toutes les premières réactions qui vont nous permettre d'intervenir assez rapidement et efficacement. D'autant plus si on a des problématiques de sauvetage de personnes ou de préservation de vie humaine.

  • Speaker #0

    Il y a une personne qui est toujours responsable, référente sur un site pour pouvoir faire justement cette liaison avec les pompiers ?

  • Speaker #1

    Officiellement, oui. Maintenant, on n'a pas toujours le sachant parce que les sites industriels n'ont pas d'obligation forcément d'astreinte. Une des difficultés, c'est que régulièrement, on va avoir des agences de télésurveillance qui vont se déplacer, mais qui sont dans le cadre de la surveillance globale. et des gens qui ne connaissent pas forcément le site de manière détaillée. Ça peut conduire à des prises de décision qui ne sont pas forcément la plus adaptées au moment où on la prend. Alors que quand on a un exploitant, un responsable sécurité ou quelqu'un qui connaît vraiment son site, il va savoir nous cibler les actions prioritaires à mener. Et notamment dans les actions prioritaires, ce qu'on va souvent rechercher, au-delà de ce qui brûle, ça va être de protéger et de préserver ce qui a de la valeur. une fois la partie humaine bien traitée, les installations névralgiques du site qu'on va devoir protéger. Et ça, ces informations, si on ne les a pas quand on arrive, potentiellement on pourrait être amené à faire des actions non pas inefficaces, mais pas forcément les plus judicieuses. Et on ne peut pas non plus avoir des plans sur tous les sites industriels. Les plans sont faits notamment sur les sites les plus dangereux et les plus complexes.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pourriez nous donner un exemple d'intervention particulièrement marquante que vous pourriez nous partager ?

  • Speaker #1

    Une intervention qui a eu lieu il y a 7 ans, on était sur un feu de bâtiment industriel de matière plastique, donc un bâtiment de taille déjà assez conséquente, de plusieurs milliers de mètres carrés, qui a été marquante à plusieurs titres. Une personne a dû être extraite, un collègue qui passait en civil, qui était coincé dans le bâtiment. Donc il y avait vraiment eu un sauvetage de réalisé sur cette intervention. Et ensuite, marquante de par l'ampleur du feu, en périphérie de la petite couronne parisienne. avec un impact des fumées assez important et un risque de pollution d'un cours d'eau qui avait généré également l'arrêt d'une usine de propage de potables qui alimentait une bonne partie de la grande couronne parisienne. C'est un sinistre qui nous a mobilisés pendant près de 24 heures et des actions qui ont dû être menées par les maires avec les fumées. des déclenchements de plans communaux de sauvegarde. Donc, ce n'était pas un feu industriel très grand et médiatiquement marquant au niveau national. Mais localement, il a regroupé un petit peu le panel de tout ce qu'on pouvait avoir sur un feu. Problématiques humaines, problématiques de pollution par les eaux, problématiques de pollution par les fumées et une extinction complexe au regard des matières qui brûlaient, des matières plastiques qui brûlaient.

  • Speaker #0

    Et dans ce cas particulier, est-ce qu'en termes de prévention, il y avait moyen de faire mieux ?

  • Speaker #1

    Là où les choses... aurait pu mieux se passer ? C'est surtout sur la partie eau d'extinction. Le site n'était pas dimensionné. Dans la prévention des incendies, on parle beaucoup de l'éclosion du feu et de la propagation du feu. Mais en cas d'extinction, il y a toujours des dispositifs qui sont prévus pour retenir les eaux souillées pour ne pas qu'elles partent au milieu naturel. Et là, le gros point qui a posé des difficultés, c'est l'absence de rétention adaptée sur le site.

  • Speaker #0

    Benoît, on change un petit peu de catégorie de sujet. Les nouvelles technologies, comment est-ce qu'elles peuvent contribuer à renforcer à la fois la prévention et la lutte contre les incendies industriels.

  • Speaker #1

    Les avancées ces dernières années, déjà sur l'approche dossier, c'est depuis 20 ans un développement important de tout ce qui est modélisation incendie, au travers notamment des études d'ingénierie, mais également le développement des outils de modélisation des bâtiments avec les modélisations 3D, qui facilitent grandement l'approche des dossiers. Arrive maintenant, on est en tournant... l'intelligence artificielle qui va permettre aussi de développer sans doute d'autres concepts d'analyse de dossiers et de faciliter l'étude des dossiers qui sont souvent très denses. Ensuite, sur la partie intervention, les grosses évolutions, c'est la robotique et les drones. Apparemment, quand on n'avait pas de drone, si on voulait des vues aériennes, on passait très régulièrement par l'hélicoptère. Aujourd'hui, le drone sur un déploiement rapide, surtout les drones peuvent être équipés de caméras thermiques, ou en déportée plus ou moins importante. sont de réelle aide à la décision pour les sapeurs-pompiers en termes de prise en compte d'un bâtiment, de reconnaissance, d'appropriation des volumes et de ce qui brûle. Donc c'est une réelle plus-value. Et sur la partie robotique, s'est développé aussi beaucoup ces dernières années les robots qui peuvent rentrer dans des bâtiments. On peut les alimenter en eau de manière assez importante. Et l'avantage de ces robots, c'est que selon certaines structures où on n'engagerait pas de personnel par les risques d'effondrement et la menace pour les sapeurs-pompiers, Ces robots offrent notamment de nouvelles opportunités d'action dans des milieux très dégradés.

  • Speaker #0

    Quel conseil vous donneriez aux industriels pour qu'ils puissent améliorer leur stratégie de prévention incendie ?

  • Speaker #1

    Déjà, faire un bon audit de leurs activités, faire une vraie analyse des risques, identifier leurs risques incendie, alors seul ou accompagné, développer une culture de la sécurité incendie dans l'entreprise. On parle beaucoup de nouvelles technologies, mais l'humain reste quand même... Au cœur du débat en prévention incendie, les bons gestes au quotidien, la bonne utilisation des moyens de secours, des extincteurs, des robinets d'incendie armés, c'est inculquer toutes ces informations et toutes ces formations au personnel.

  • Speaker #0

    Dernière question, comment imaginez-vous l'évolution dans ce domaine d'ici 10 ans ?

  • Speaker #1

    Dans 10 ans, on a aujourd'hui des risques émergents qui deviendront sans doute la règle. On évoque beaucoup le sujet des batteries au lithium, qui sont une grosse problématique pour les sapeurs-pompiers. où on parlait de nouvelles technologies pour faciliter la prévention, mais aujourd'hui, on a de très grosses difficultés de ces systèmes batterie-lythium. Donc peut-être que dans 10 ans, on aura trouvé la solution pour agir efficacement sur ce type d'incendie, ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui. Et on est quand même dans une période de changement climatique, avec des événements climatiques de plus en plus violents, qui ont aussi des effets sur les sites industriels. Et l'association risque naturel et risque technologique, qui est déjà prise en compte dans les dossiers, va sans doute s'intensifier dans... les années à venir et peut-être générer de nouvelles approches en matière de prévention incendie de par ces phénomènes climatiques extrêmes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à vous.

Description

Dans cet épisode du podcast « Le RéSeau de l’industrie », proposé par RS, nous abordons les enjeux industriels liés aux risques incendie avec Benoît Fradin, lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers de Seine-et-Marne et membre de la commission prévention de la FNSPF. À travers une analyse des risques et des défis que représentent les incidents industriels, découvrez les trois principales menaces en milieu industriel et les stratégies pour les anticiper. Nous explorons également les évolutions de la réglementation, les actions de formation et les leçons tirées d’accidents marquants, comme celui de Lubrizol, pour renforcer la sécurité. Cet épisode offre une perspective unique sur les défis actuels et futurs dans la gestion des risques industriels.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez le Réseau de l'Industrie de RS, où les voix des spécialistes résonnent autour des sujets clés du secteur. Bonjour à tous, on continue à explorer les sujets liés à la prévention des risques industriels avec cette fois un zoom sur les risques incendies. Pour nous éclairer sur ce sujet, nous recevons Benoît Fradin. Bonjour, vous êtes lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers de Sainte-Émarne et membre de la commission prévention de la FNSPF. C'est bien ça ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est bien ça, exactement.

  • Speaker #0

    Alors, dans votre quotidien de pompier, ça représente quoi aujourd'hui la prévention des risques incendies en milieu industriel ? C'est une partie importante de votre travail ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, la prévention incendie constitue une des principales missions des sapeurs-pompiers, notamment au travers du Code de sécurité intérieure et du Code général des collectivités territoriales. Ensuite, pour la partie vraiment prévention industrielle, elle va s'articuler autour de quatre grands axes prévus au niveau national, avec la maîtrise des risques à la source, la maîtrise de l'urbanisation, l'information préventive. et l'organisation des secours pour pouvoir répondre à des accidents majeurs sur des sites industriels, mais également tout ce qui est à destination de l'information du public, des associations d'environnement et autres publics concernés. Oui,

  • Speaker #0

    donc ça représente une part importante de votre travail.

  • Speaker #1

    Très importante, oui. Associée à la prévention dans les ERP, les bâtiments d'habitation, la prévention du risque industriel est un pan assez important de nos missions.

  • Speaker #0

    Alors dites-nous, aujourd'hui en France, quelles sont les industries qui sont les plus exposées ? au risque d'incidents. C'est quoi le top 3 ?

  • Speaker #1

    On va retrouver majoritairement tout ce qui est phénomène de rejet de matière dangereuse. C'est un des... En milieu industriel, c'est un des accidents les plus fréquents. Ensuite, viennent les incendies et les explosions. Donc, on est sur les trois phénomènes les plus importants. À savoir que les incendies, c'est environ 40% des accidents industriels. Les secteurs du déchet et de l'agroalimentaire sont les deux grandes familles d'activités les plus concernées. par ces accidents avec une constante depuis pas mal d'années. Au milieu des déchets regroupant pas mal d'activités, passant par les centres de tri, par les véhicules, la gestion des véhicules usagés et autres, donc ces générateurs d'incendies assez réguliers.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple concret d'incendie industriel majeur avec ses causes, ses conséquences, alors qu'elles soient humaines, matérielles, environnementales, que vous ayez participé ou non d'ailleurs à cette opération ?

  • Speaker #1

    Dernièrement, l'accident industriel majeur qui a été... Marqué en France, c'est l'accident de Lubrizol et Normandie Logistique, l'agglomération rouennaise en Seine-Maritime. C'est un incendie majeur qui a duré plusieurs heures pour revenir à bout des flammes, avec dans la partie accidentelle une très forte mobilisation des services d'incendie et de secours de Seine-Maritime, mais pas que, qui a généré des demandes de renfort extérieures. Et ensuite, avec en impact direct, la destruction partielle de deux sites industriels. qui était côte à côte. Et après, à plus long terme, une grosse problématique, notamment liée aux fumées d'incendie, les problématiques des eaux d'extinction qui ont été générées par cet incendie et les enquêtes épidémiologiques qu'il y a pu y avoir. Et cet accident a eu d'autres conséquences ces dernières années, c'est qu'il a contribué à l'évolution de la réglementation sur les risques industriels, notamment en matière de planification et de prise en compte des fumées d'incendie d'origine technologique.

  • Speaker #0

    Donc, on a su tirer les leçons, finalement, de cet accident Le Brizol.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement. Il a fait la une de nombreux médias. Donc derrière, au niveau national, a été enclenché un plan d'action. Différents rapports d'enquête du Sénat, de l'Assemblée nationale, qui ont conduit un an après à des évolutions réglementaires pour améliorer la prévention incendie et la meilleure prise en compte de certains phénomènes ou paramètres d'un incendie qui ont pu être mis en évidence lors de cet accident.

  • Speaker #0

    Justement, arrêtons-nous un instant sur ces réglementations. Quelles sont les principales, celles qui sont en vigueur et qui concernent la sécurité et incendie dans l'industrie ? Parce qu'on est toujours dans notre sujet.

  • Speaker #1

    Dans l'industrie, on va avoir deux grands textes. On a le Code du travail, qui s'impose à l'industrie, mais pas qu'à l'industrie. Ça concerne tous les travailleurs sur un milieu professionnel. Et ensuite, sur la partie industrielle, on a le Code de l'environnement, notamment qui régit toutes les installations classées pour la protection de l'environnement, avec différents seuils de classement en fonction des nomenclatures. Ces seuils de classement sont dépendants de la dangerosité des sites industriels et avec des systèmes de rubriques, soit par produit, soit par activité, qui derrière entraînent des arrêtés ministériels qui sont pré-rédigés, auxquels les exploitants doivent se référer pour construire leurs sites industriels ou les faire évoluer. Associés à cette réglementation du Code de l'environnement et les arrêtés associés, on va retrouver tout un panel de guides professionnels qui viennent éclairer les textes sur des sujets un petit peu plus techniques. Et ensuite, on a un élément important dans la prise en compte du risque industriel, c'est le retour d'expérience ou une base de données. gérée par le ministère de la Transition écologique, permet de référencer environ 60 000 accidents sur lesquels les industriels peuvent s'appuyer pour faire la différence entre la partie théorique et la réalité des accidents dans les branches d'activité concernées.

  • Speaker #0

    Elles ont beaucoup évolué ces dernières années, ces réglementations ? Là, on parlait de l'Ubrizol, mais de manière plus large. Elles évoluent constamment ou il faut attendre une catastrophe pour que les choses bougent ?

  • Speaker #1

    La réglementation a évolué ces dernières années, notamment sur les procédures d'instruction des dossiers industriels pour faciliter le développement économique, accélérer les procédures de consultation. Donc ça, c'est la partie, on va dire, purement forme et approche dossier. Donc oui, les grosses avancées ces dernières années, c'est surtout, comme on le disait tout à l'heure, c'est le briseul qui a généré les grosses avancées. Donc effectivement, c'est un accident qui a généré une grosse avancée réglementaire, comme on avait pu le connaître au début des années 2000 avec AZF notamment. et toutes les lois à risque qui avaient découlé.

  • Speaker #0

    Et vous qui êtes constamment sur le terrain, est-ce que ces réglementations vous semblent suffisantes aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, le corpus réglementaire, tous les guides et tous les textes associés est assez dense pour avoir une approche technique.

  • Speaker #0

    Dense, oui, parce qu'on imagine beaucoup de paperasse et d'administratif, mais derrière, au niveau opérationnel, puisque c'est quand même là votre cœur de métier, est-ce que c'est suffisant ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'aujourd'hui, au-delà de l'évolution de la réglementation, c'est surtout... peut-être l'adaptation de textes existants à la réalité du développement industriel sur le territoire.

  • Speaker #0

    Il y a un autre aspect intéressant aussi, c'est celui de la formation du personnel. Est-ce qu'en termes de prévention contre les incendies, vous pensez que ça joue un rôle important ? Il y en a assez, il faut aller plus loin ?

  • Speaker #1

    La formation du personnel, elle est essentielle. Il faut bien que le personnel connaisse les risques, sache réagir face à une situation accidentelle, mais également connaisse les process d'utilisation des produits. des matériaux qui peuvent être à l'origine des incendies pour éviter d'en arriver à l'accident. Le facteur humain, d'une manière générale, par rapport aux procédures et à la formation, intervient encore dans de très nombreux accidents et est une source encore importante d'accidents. Donc oui, la formation est essentielle, que ce soit dans le cadre du travail quotidien, pour le respect des procédures, le respect des stockages, le respect des moyens de secours qui sont prévus. Un exemple concret, une porte coupe-feu, si elle est fermée, ce n'est pas pour l'ouvrir et mettre une cale. C'est pour éviter la propagation d'un incendie. Donc c'est tout un tas de petits gestes au quotidien qui permettent d'éviter d'arriver à l'accident majeur ou à défaut de limiter grandement l'incendie sur un site industriel.

  • Speaker #0

    Comment les industriels peuvent évaluer efficacement leur risque incendie ? Quels sont les outils mis à leur disposition ?

  • Speaker #1

    Ils ont surtout des ressources. Il y a de très nombreux bureaux d'études, bureaux de contrôle qui peuvent aider un industriel. On est sur un domaine qui est quand même très technique. On ne peut pas s'inventer préventionniste en risque industriel. À minima, le principe d'évaluation des risques sur le risque incendie, on va être sur la connaissance des process et des matières. L'idéal, derrière, c'est de définir les risques d'accident prévisibles et leurs conséquences. Et ensuite, à l'issue de cette première étape, c'est en fonction des conséquences, du côté acceptable des conséquences de l'incendie, définir des mesures de prévention adaptées ou renforcées par rapport à ce que peut prévoir un socle de base, comme je l'évoquais tout à l'heure. En installation cassée pour la protection de l'environnement, ce travail est fait notamment au travers des études de danger où les exploitants définissent des scénarios d'accident à qui ils associent des probabilités et des gravités. Et en fonction de l'acceptabilité ou non du risque, peuvent renforcer les mesures en matière de prévention.

  • Speaker #0

    Et vous, en tant que sapeur-pompier, lorsque vous êtes en intervention, comment est-ce que vous vous préparez à aller sur un site industriel ? Est-ce que c'est différent ?

  • Speaker #1

    Oui, les risques industriels, c'est des événements qui sont rares, mais qui sont souvent dimensionnants en termes de consommation de ressources humaines, d'effets, de durée d'intervention. Donc c'est contrairement à des feux d'appartement, feux d'habitation qui sont sur des durées beaucoup plus courtes. Après, sur la connaissance des risques et la préparation, on va avoir plusieurs étapes. On a un document obligatoire d'analyse et de couverture des risques qui est rédigé par les sapeurs-pompiers, qui permet d'avoir une vision. En partenariat avec les autres services de la préfecture, de la drivater, on peut avoir une vision assez détaillée des risques sur un département. Ensuite, il y a tout le process de formation. Nous aussi, on a une partie formation. Donc, on va avoir une formation, on va dire, de tronc commun à la gestion opérationnelle et commandement. Donc, c'est tout ça par pompier qui est formé pour intervenir, quelle que soit la situation, avec une méthodologie adaptée. Et ensuite, pour le risque industriel, très souvent, on va faire appel à des unités spécialisées en risque chimique. Donc, qui sont des formations... complémentaires et qui peuvent intervenir aussi bien pour la problématique gestion des fumées comme la partie produit en eux-mêmes, obturer des fuites, sécuriser des installations en lien toujours avec les exploitants. Donc ça c'est une grosse partie de formation mais ça concerne une très petite population chez SAPA Pompiers parce qu'on tombe dans un domaine spécifique et au même titre on peut également avoir des formations sur un domaine qui est assez important. en risque industriel, les liquides inflammables, où on a également des formations spécifiques pour l'approche feu de liquide inflammable, qui est encore une approche un petit peu différente que le feu bâtimentaire.

  • Speaker #0

    Je reviens un instant sur cette histoire de préparation et intervention. J'imagine, mais peut-être que je me trompe, lorsqu'il y a un incendie, un départ de feu dans un site industriel, vous avez, vous, sapeur-pompier ou peut-être préfecture, un dossier qui correspond pour chaque industrie aux risques qui sont liés à cette. cette fabrication-là et à ce secteur d'activité-là ?

  • Speaker #1

    Les exploitants ont leurs propres plans, notamment au travers des plans d'opérations internes. Sur les sites Céveso les plus importants, on peut retrouver des plans particuliers d'intervention qui sont pilotés par la préfecture. Et les sapeurs-pompiers ont eux-mêmes des plans dits d'établissement répertorié qui nous permettent d'avoir les premiers éléments et la conduite de la première heure globalement sur un site industriel. Donc il y a tout ce volet planification qui est effectivement très important. Que ce soit chez l'exploitant ou les services intervenants ou les autorités préfectorales notamment, mais également les maires au travers des plans communaux de sauvegarde, où ils ont également leur rôle à jouer sur des accidents majeurs.

  • Speaker #0

    Et sur ce type d'intervention, quelles sont vos principales difficultés ?

  • Speaker #1

    Pour la partie alerte, l'intérêt d'une bonne alerte va conditionner le bon dimensionnement des moyens de secours et ne pas générer des engagements sous-dimensionnés par rapport à une situation. Donc ça, c'est un point très important à travailler au niveau des exploitants. Quand c'est eux qui passent l'alerte, après, il y a le cas particulier où c'est un riverain qui donne l'alerte avant un exploitant lui-même, où là, c'est encore une autre approche où, malheureusement, le riverain ne peut pas avoir forcément les mêmes niveaux d'informations qu'un exploitant industriel.

  • Speaker #0

    Et ça, ça arrive souvent que les industriels, alors je ne parle pas du voisin qui voit une fumée et qui appelle, mais que les données qui ont été transmises par l'exploitant ne correspondent pas véritablement à vos besoins en termes d'informations pertinentes.

  • Speaker #1

    Je ne dirais pas souvent, mais ça arrive que le niveau de détail n'est pas toujours celui souhaité. Donc ensuite, il y a tout un système de questionnement pour essayer d'approfondir. Mais ce qui est important, c'est qu'au-delà de la qualité de l'alerte, si la personne qui passe l'alerte maîtrise le site industriel, ça en revient à l'information, si c'est quelqu'un qui est dans l'automatisme et qu'il n'y a pas une maîtrise du site, ça va être compliqué pour lui de diffuser une alerte de qualité. Et après, une fois les moyens de secours engagés, une autre de nos difficultés, ça va être l'accueil des secours. Aujourd'hui, on a beaucoup de sites qui sont télésurveillés, avec des astreintes à distance. Et vous comprendrez aisément que les sapeurs-pompiers ne peuvent pas connaître tous les sites industriels sur un département, vu qu'on est départementalisé. Mais on a besoin d'un sachant et de quelqu'un qui est en capacité de nous accueillir pour nous faire un point de situation précis, nous confirmer la mise en sécurité de ces installations, les coupures des énergies, toutes les premières réactions qui vont nous permettre d'intervenir assez rapidement et efficacement. D'autant plus si on a des problématiques de sauvetage de personnes ou de préservation de vie humaine.

  • Speaker #0

    Il y a une personne qui est toujours responsable, référente sur un site pour pouvoir faire justement cette liaison avec les pompiers ?

  • Speaker #1

    Officiellement, oui. Maintenant, on n'a pas toujours le sachant parce que les sites industriels n'ont pas d'obligation forcément d'astreinte. Une des difficultés, c'est que régulièrement, on va avoir des agences de télésurveillance qui vont se déplacer, mais qui sont dans le cadre de la surveillance globale. et des gens qui ne connaissent pas forcément le site de manière détaillée. Ça peut conduire à des prises de décision qui ne sont pas forcément la plus adaptées au moment où on la prend. Alors que quand on a un exploitant, un responsable sécurité ou quelqu'un qui connaît vraiment son site, il va savoir nous cibler les actions prioritaires à mener. Et notamment dans les actions prioritaires, ce qu'on va souvent rechercher, au-delà de ce qui brûle, ça va être de protéger et de préserver ce qui a de la valeur. une fois la partie humaine bien traitée, les installations névralgiques du site qu'on va devoir protéger. Et ça, ces informations, si on ne les a pas quand on arrive, potentiellement on pourrait être amené à faire des actions non pas inefficaces, mais pas forcément les plus judicieuses. Et on ne peut pas non plus avoir des plans sur tous les sites industriels. Les plans sont faits notamment sur les sites les plus dangereux et les plus complexes.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pourriez nous donner un exemple d'intervention particulièrement marquante que vous pourriez nous partager ?

  • Speaker #1

    Une intervention qui a eu lieu il y a 7 ans, on était sur un feu de bâtiment industriel de matière plastique, donc un bâtiment de taille déjà assez conséquente, de plusieurs milliers de mètres carrés, qui a été marquante à plusieurs titres. Une personne a dû être extraite, un collègue qui passait en civil, qui était coincé dans le bâtiment. Donc il y avait vraiment eu un sauvetage de réalisé sur cette intervention. Et ensuite, marquante de par l'ampleur du feu, en périphérie de la petite couronne parisienne. avec un impact des fumées assez important et un risque de pollution d'un cours d'eau qui avait généré également l'arrêt d'une usine de propage de potables qui alimentait une bonne partie de la grande couronne parisienne. C'est un sinistre qui nous a mobilisés pendant près de 24 heures et des actions qui ont dû être menées par les maires avec les fumées. des déclenchements de plans communaux de sauvegarde. Donc, ce n'était pas un feu industriel très grand et médiatiquement marquant au niveau national. Mais localement, il a regroupé un petit peu le panel de tout ce qu'on pouvait avoir sur un feu. Problématiques humaines, problématiques de pollution par les eaux, problématiques de pollution par les fumées et une extinction complexe au regard des matières qui brûlaient, des matières plastiques qui brûlaient.

  • Speaker #0

    Et dans ce cas particulier, est-ce qu'en termes de prévention, il y avait moyen de faire mieux ?

  • Speaker #1

    Là où les choses... aurait pu mieux se passer ? C'est surtout sur la partie eau d'extinction. Le site n'était pas dimensionné. Dans la prévention des incendies, on parle beaucoup de l'éclosion du feu et de la propagation du feu. Mais en cas d'extinction, il y a toujours des dispositifs qui sont prévus pour retenir les eaux souillées pour ne pas qu'elles partent au milieu naturel. Et là, le gros point qui a posé des difficultés, c'est l'absence de rétention adaptée sur le site.

  • Speaker #0

    Benoît, on change un petit peu de catégorie de sujet. Les nouvelles technologies, comment est-ce qu'elles peuvent contribuer à renforcer à la fois la prévention et la lutte contre les incendies industriels.

  • Speaker #1

    Les avancées ces dernières années, déjà sur l'approche dossier, c'est depuis 20 ans un développement important de tout ce qui est modélisation incendie, au travers notamment des études d'ingénierie, mais également le développement des outils de modélisation des bâtiments avec les modélisations 3D, qui facilitent grandement l'approche des dossiers. Arrive maintenant, on est en tournant... l'intelligence artificielle qui va permettre aussi de développer sans doute d'autres concepts d'analyse de dossiers et de faciliter l'étude des dossiers qui sont souvent très denses. Ensuite, sur la partie intervention, les grosses évolutions, c'est la robotique et les drones. Apparemment, quand on n'avait pas de drone, si on voulait des vues aériennes, on passait très régulièrement par l'hélicoptère. Aujourd'hui, le drone sur un déploiement rapide, surtout les drones peuvent être équipés de caméras thermiques, ou en déportée plus ou moins importante. sont de réelle aide à la décision pour les sapeurs-pompiers en termes de prise en compte d'un bâtiment, de reconnaissance, d'appropriation des volumes et de ce qui brûle. Donc c'est une réelle plus-value. Et sur la partie robotique, s'est développé aussi beaucoup ces dernières années les robots qui peuvent rentrer dans des bâtiments. On peut les alimenter en eau de manière assez importante. Et l'avantage de ces robots, c'est que selon certaines structures où on n'engagerait pas de personnel par les risques d'effondrement et la menace pour les sapeurs-pompiers, Ces robots offrent notamment de nouvelles opportunités d'action dans des milieux très dégradés.

  • Speaker #0

    Quel conseil vous donneriez aux industriels pour qu'ils puissent améliorer leur stratégie de prévention incendie ?

  • Speaker #1

    Déjà, faire un bon audit de leurs activités, faire une vraie analyse des risques, identifier leurs risques incendie, alors seul ou accompagné, développer une culture de la sécurité incendie dans l'entreprise. On parle beaucoup de nouvelles technologies, mais l'humain reste quand même... Au cœur du débat en prévention incendie, les bons gestes au quotidien, la bonne utilisation des moyens de secours, des extincteurs, des robinets d'incendie armés, c'est inculquer toutes ces informations et toutes ces formations au personnel.

  • Speaker #0

    Dernière question, comment imaginez-vous l'évolution dans ce domaine d'ici 10 ans ?

  • Speaker #1

    Dans 10 ans, on a aujourd'hui des risques émergents qui deviendront sans doute la règle. On évoque beaucoup le sujet des batteries au lithium, qui sont une grosse problématique pour les sapeurs-pompiers. où on parlait de nouvelles technologies pour faciliter la prévention, mais aujourd'hui, on a de très grosses difficultés de ces systèmes batterie-lythium. Donc peut-être que dans 10 ans, on aura trouvé la solution pour agir efficacement sur ce type d'incendie, ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui. Et on est quand même dans une période de changement climatique, avec des événements climatiques de plus en plus violents, qui ont aussi des effets sur les sites industriels. Et l'association risque naturel et risque technologique, qui est déjà prise en compte dans les dossiers, va sans doute s'intensifier dans... les années à venir et peut-être générer de nouvelles approches en matière de prévention incendie de par ces phénomènes climatiques extrêmes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci à vous.

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