- Speaker #0
Vous écoutez Learning Coach by Trendy, le podcast qui part à la rencontre de ceux qui ont maîtrisé l'art d'apprendre et de former. Dans cette saison, nous vous invitons à une réflexion sur l'intégration responsable et stratégique de l'intelligence artificielle dans vos pratiques pédagogiques. Au travers des témoignages de nos invités, nous explorerons les opportunités, mais aussi les défis que l'IA soulève. Bienvenue dans ce second épisode de la saison 2 de Learning Coach, un épisode qui, vous allez l'entendre, a été enregistré en live, puisqu'avec notre invité, nous avons pu nous retrouver pour un enregistrement en face-à-face. Olivier, bonjour et merci d'être là.
- Speaker #1
Bonjour Nicolas, bonjour à tout le monde.
- Speaker #0
Merci à nos amis de Flobo qui nous reçoivent, qui nous ont donné une petite pièce où nous installer, qui nous l'ont prêtée.
- Speaker #1
En face de la Tour Eiffel.
- Speaker #0
Olivier, nous sommes ensemble pour un podcast dont le titre est... évaluation et réflexivité avec l'IA. Alors juste avant de commencer, est-ce que tu peux, en quelques mots, te présenter et, pour ainsi dire, évoquer ton rapport actuel à l'intelligence artificielle ?
- Speaker #1
Donc je m'appelle Olivier Bernard, je suis belge, j'ai plusieurs casquettes. D'abord, je suis prof dans beaucoup d'écoles d'ingénieurs, en Belgique, en France et au Portugal. J'étais responsable d'un laboratoire d'innovation pédagogique où on utilisait l'IA, donc à l'IFP School. Maintenant, je travaille en partie chez Flobo. Et également, j'ai une société, une petite société où je travaille beaucoup avec l'IA, le digital, en formation, etc. Alors, mon rapport à l'IA, je suis tombé dedans il y a quelques années maintenant. On peut dire ça, enfin un an, un an et demi, pas plus que ça. Et j'utilise beaucoup les outils de la même façon que j'utilise le digital, c'est-à-dire en formation, les usages avant les outils. Donc, j'ai la chance d'accompagner des apprenants à l'utilisation de l'IA et beaucoup de formations de formateurs. Je travaille pour plusieurs organismes de formation en micro-learning, en tas de dispositions différentes. Donc, j'utilise beaucoup l'IA et pour être honnête, j'utilise tous les jours.
- Speaker #0
Tous les invités de Learning Coach sont invités à répondre à une question que j'aime beaucoup. Olivier, dans 5 ans, comment imagines-tu l'évolution des pratiques pédagogiques grâce à l'intelligence artificielle ?
- Speaker #1
Plus créative encore, c'est-à-dire avoir des outils qui vont te permettre de faire plus que ce que tu fais aujourd'hui. Des outils par exemple où tu vas pouvoir mettre du son, si on reste dans le monde de la correction, des outils où tu vas pouvoir faire du feedback, mais de façon naturelle. Donc quelque chose qui va s'intégrer dans tes pratiques sans qu'on se pose de questions comme c'est aujourd'hui. Parce qu'on voit aujourd'hui quand tu utilises un outil d'IA, Souvent on a quand même encore pas mal de manipulations à faire. Là quelque chose qui va rentrer dans les pratiques pédagogiques. Donc quelque chose de simple, de beaucoup plus puissant, de beaucoup plus naturel. Moi je parle beaucoup aux voix off, d'accord ? Alors je sais que je vais me faire beaucoup de pas d'amis, tous les gens qui font les voix off et que j'aime beaucoup des vrais amis. Mais effectivement avoir par exemple ma voix et corriger un apprenant directement avec ma voix. Mais vraiment ma voix. Je vois dans 5 ans l'intelligence artificielle... Alors... Pas chez beaucoup de formateurs, peut-être qu'on en parlera parce qu'il va se passer des choses, je pense, mais ceux qui ont envie d'avoir quelque chose de très coulant dans nos pratiques et finalement avoir des retours qui sont très humains malgré le fait qu'on utilise l'intelligence artificielle.
- Speaker #0
Regardons encore vers cet avenir que l'on vient déjà de dépeindre sous un certain angle. Il y en a un autre qui m'obsède un petit peu, c'est celui de la 3D. On a des univers, comme par exemple le métavers, dont on peut se gosser un petit peu parce que... Il est peut-être de bon ton d'en rire aujourd'hui parce que ça nous a été pré-vendu, parfois sur-vendu. Mais est-ce que justement, ce dont avait besoin le métavers, c'était de l'IA ?
- Speaker #1
Oui, moi, je suis d'accord avec toi. Je n'en rigolerai pas du métavers, enfin, de ces mondes où on va apprendre en étant dans un autre univers, d'accord, complètement artificiel, on peut dire. Moi, je crois que ça a été trop vite et que les gens n'étaient pas prêts. C'est encore un petit peu compliqué. Et je crois qu'effectivement, l'ALIA, si tu pouvais avoir des générateurs de monde, qui te permettent d'apprendre dans des situations particulières en étant transporté dans un autre univers.
- Speaker #0
Du temps réel ?
- Speaker #1
Du temps réel, c'est-à-dire je vais vivre une expérience n'importe quoi à plusieurs dans un monde. Et effectivement, dans ce cas-là, si tu me mets là-dedans, là je me dis, là c'est intéressant parce que si j'avais une IA qui me permette de construire des expériences dans un monde en 3D, d'accord, et facilement, là ce serait quelque chose d'assez génial. Moi qui travaille beaucoup dans la technique, parce que tu sais que je travaille beaucoup dans des écoles d'ingénieurs, ce serait absolument génial puisque ça me... Ça me permettrait d'aller faire des expériences dans des mondes où, t'imagines, je fais un prompt. Je veux un monde, ou bien dans des hôpitaux, je sais pas, pour des médecins, enfin, ce serait incroyable. Oui, ça, j'aimerais bien, par contre. Mais tu vois, le côté humain reste toujours là. C'est-à-dire qu'OK, t'es dans un monde 3D, mais toute l'expérience, la discussion que t'auras après, elle sera toujours faite avec des humains. Ah oui, oui, moi, je suis à fond, mais taver, c'est OK.
- Speaker #0
Très bien, restons-en là pour ces visions d'avenir, et revenons au présent pour poursuivre. Olivier, quel biais ou quel risque... pédagogiques liés à l'intelligence artificielle, peux-tu observer ou bien as-tu pu observer ? Et quels sont également les risques pédagogiques que tu peux redouter ? Et dans ce cas-là, comment anticiper ou comment remédier à ces situations avec des garde-fous adaptés ?
- Speaker #1
Le premier risque que je vois, c'est le fossé qui se creuse et qui va encore se creuser entre apprenant-formateur et catégorie d'apprenant-être-formateur. Je m'explique. Moi, je travaille dans le digital et les outils digitaux depuis longtemps, je suis hyper convaincu, même si je n'arrête pas de répéter mon leitmotiv, c'est les usages avant les outils, ça c'est sûr et certain. Mais ce que je vois, c'est que certains des outils que j'utilise tous les jours, il y a encore énormément de monde dans la formation. qui ne les utilisent pas du tout. Et là, ce qu'on voit, c'est qu'il y a une vraie vitesse de déploiement des outils digitaux et de l'IA, et qu'on a eu un premier fossé entre les formateurs non digitaux et digitaux. Et là, on voit apparaître un deuxième fossé, qui est le fossé des outils IA, qui est un fossé un petit peu différent, puisqu'on se dit, l'IA va prendre ma place. Et ce qui est rigolo, c'est qu'en fait, il y a une levée de bouclier. Il suffit de regarder sur LinkedIn, quand tu fais des formations sur l'IA, tout ce que les gens écrivent en dessous, en disant, oui, mais l'humain, etc. Oui, non, mais c'est vrai, en fait, les gens ont peur d'utiliser l'IA. Donc moi... Une des premières choses, un des premiers, tu as dit le mot biais et les risques pédagogiques, c'est d'avoir des formations à plusieurs vitesses. Et pour ça, il faut former les formateurs. Et j'y tiens, et démystifier l'IA. Moi, je n'arrête pas de dire, l'intelligence artificielle, en fait, c'est très bête. Enfin très bête. Ce ne sont que des mathématiques, ce sont des formules mathématiques et de la probabilité. Et ça, c'est quelque chose qu'il faut bien expliquer aux gens. Donc en fait, l'IA ne va pas te remplacer. Il faut bien, au contraire, il faut bien pouvoir l'utiliser. Donc il faut bien comprendre comment ça fonctionne. Pour rassurer les gens et de se dire, en fait c'est un outil magique, ça ne va pas me remplacer. Si je ne mets pas d'intelligence, ça va me sortir une fonction mathématique, mais je n'aurai pas d'intelligence en sortie et je ne pourrai rien en faire. Donc les biais, c'est 1, attention à ces fossés qui se créent. Et pour aller combler ce fossé, c'est de former et expliquer qu'il n'y a pas des boîtes magiques, ce ne sont que des mathématiques. Alors je dis qu'il y a beaucoup d'intelligence, d'accord, je n'ai pas de problème avec ça. C'est que des probabilités hyper complexes, mais c'est que ça. C'est-à-dire que ça n'a rien d'intelligent. Donc ça, c'est des biais. Cette formation et ses fossés, c'est quelque chose de très, très, très important. Ensuite, un des risques encore que je vois dans l'utilisation de l'IA en pédagogie, ça va être tout ce qui est la transparence d'utilisation. Et là, on a des vraies discussions dans les écoles en premier, c'est-à-dire moi, apprenant, élève, étudiant, est-ce que je peux utiliser l'IA ? Si je l'utilise, est-ce que je suis en train de tricher ? Puisque c'est le mot qu'on utilise à l'école. Et moi, enseignant, est-ce que si j'utilise l'IA, je suis en train de tricher ? Je mets des guillemets parce qu'un enseignant ne triche pas, évidemment. Mais est-ce que je suis en train de tricher ? Et là, on a un vrai risque pédagogique, c'est de ne plus savoir qui fait quoi. Donc, il va falloir, là-dessus, avoir des règles, une espèce d'éthique, un risque de transparence d'utilisation. J'ai utilisé l'IA, je n'ai pas honte, je le dis. Je ne l'interdis pas parce qu'il y a quand même beaucoup d'écoles qui ont trouvé un moyen de faciliter l'interdiction d'utiliser l'IA, ce qui est con. C'est complètement incroyable parce que les gens que vous formez vont aller dans des sociétés et les sociétés privées aujourd'hui sont en train de développer des IA fermées, d'accord ? C'est-à-dire pour ne pas que les données s'en aillent à droite à gauche. Mais dans toutes les sociétés du monde aujourd'hui, on est en train de créer des IA fermées dans des boîtes et tout est dedans et on est en train de les interroger. Et je peux vous citer une liste de sociétés. Donc comment vous faites ? Vous êtes en train de former des étudiants à ne pas utiliser l'IA et quand ils vont arriver dans les boîtes, on va leur dire « Ah bah si, il faut utiliser l'IA et tu ne sais pas l'utiliser » . Et donc ça, c'est quelque chose de… de très intéressant, je pense, c'est comment on gère cette transparence liée à l'IA.
- Speaker #0
Toi qui as formé beaucoup de formateurs, j'imagine que tu as eu des demandes, que tu as observé aussi des pratiques qui voyaient des professionnels de la formation utiliser l'intelligence artificielle pour de l'ingénierie pédagogique, pour de la création de contenus, rédaction de textes tout simplement, pour de la production d'images, pour de la production sonore. Tout doucement, on voit arriver aussi les productions vidéo, voire les productions 3D. Ne s'agit-il pas de faire savoir à toutes ces personnes qui souhaitent faire des images, qui souhaitent faire de la 3D, de l'audio, etc., qu'il faut développer des compétences qui sont celles des métiers qu'ils investissent grâce à l'IA ?
- Speaker #1
C'est ça qui est super intéressant avec l'IA. C'est que l'IA, c'est qu'un outil. Est-ce que tu viens de dire, moi je suis d'accord, tu veux créer une belle photo. Avant, ce n'était juste pas possible. Enfin, si, mais il fallait être du métier. Prendre une belle photo pour la rentrer dans un TI Learning, il fallait acheter la photo quasi. Et on avait nos sites pour acheter les photos. Maintenant, ce qui est intéressant, c'est que tout le monde... Alors tout le monde, non, parce qu'il va te falloir les compétences dont tu viens de parler. Mais tout le monde est capable de générer une photo. Sauf que pour générer la belle photo, tu n'as plus la technique, on va dire, mais tu vas apprendre tout le vocabulaire. Et ça devient super intéressant. Quelle image tu veux ? Quel format ? Et on sait que quand on fait du prompt d'image, il faut qu'on explique plein de choses. Et en fait, c'est ça qui est intéressant. C'est que ça va te permettre de générer quelque chose de pratique sans appareil photo, mais en apprenant finalement toute la technique de la photographie. Et moi, je trouve ça très riche. Tu parles de la photo pour faire des e-learning, mais faire un déroulé pédagogique. Eh bien, tu peux demander à un IA de faire un déroulé pédagogique, mais pour qu'il soit efficace, c'est-à-dire que ton architecture pédagogique ait un sens. On peut prendre la photo, tu vois, on est dans la production, mais on peut le faire dans la conception. Au moment où on met du jus de cerveau, comme dit un de mes collègues ici, à l'étage. Là, ce qui est intéressant, c'est que ça va te produire quelque chose, mais pour que tu ailles plus loin, etc., tu vas devoir travailler ton déroulé pédagogique, apprendre comment on fait un déroulé pédagogique, aller chercher des nouvelles méthodes, le design thinking pour le déroulé pédagogique. On voit ces méthodes-là, je ne me souviens plus du nom exactement. Mais ça, c'est vraiment intéressant. Ça veut dire que l'IA devient un compagnon pour t'ouvrir des portes de pratiques que tu n'aurais pas osé faire parce que c'était un petit peu dans une zone que tu ne maîtrisais pas. Là, l'avantage, c'est que tu as un copain avec toi qui va te permettre d'aller ouvrir ces portes-là. Et ça, je trouve ça génial. Et là, tu vois qu'on n'est pas en train de parler de l'IA, quelqu'un qui va me remplacer, mais quelqu'un qui va me faire progresser. Et ça, moi, je suis absolument fan de ça. Et oui, donc moi, je pense que l'intelligence artificielle te permet d'aller oser des choses que tu n'aurais pas osé avant.
- Speaker #0
Évidemment, sans être complètement naïf, il y a quand même une dimension assez enthousiasmante dans l'IA, puisque ça nous permet d'étendre notre panoplie de compétences dans l'exercice de nos métiers. Et c'est ce qui nous amène justement à la question suivante qui me voit te demander si tu peux nous partager un peu de ton expérience en nous évoquant un outil ou une pratique qui te voit recourir à l'intelligence artificielle. qui est maintenant omniprésente dans tes pratiques pédagogiques, quel que soit le stade auquel tu as recours à cette IA ?
- Speaker #1
Alors vraiment dans mes pratiques pédagogiques, il y a quelque chose que j'adore faire, d'accord ? Et bon, je vais aller loin, mais il y a quelque chose que j'adore faire, c'est utiliser chat de GPT, enfin n'importe lequel, toute la famille, ce que vous voulez, mais j'utilise beaucoup chat de GPT, j'avoue. Utiliser chat de GPT, pas tellement pour discuter avec lui, mais créer... des chatbots personnalisés, les GPTES, comme ils disent. Donc des chatbots conversationnels, mais que je personnalise. Ça, je trouve ça génial. Et j'en utilise plein et j'en crée plein. Et ça, à ce moment-là, je le crée comme un outil. Pour te donner un exemple, j'ai créé un chatbot dans le monde de la formation. J'ai par exemple créé ce genre de chatbot pour rédiger des objectifs pédagogiques dans mes formations. C'est-à-dire qu'il m'aide à rédiger ce que moi j'appelle l'objectif pédagogique parfait. Là, tu vois, j'utilise ces chatbots. comme un outil IA. C'est-à-dire que je travaille avec lui et il me crache des choses, on discute, c'est un outil. Et moi, ce qui m'intéresse là-dedans, c'est de monter cet outil, d'utiliser l'IA, pas comme un outil, mais comme une modalité d'apprentissage. Je vais donner l'outil d'IA à mes apprenants pour qu'eux-mêmes créent un chatbot qui va produire quelque chose. Ça veut dire que l'IA, ce n'est pas l'enseignant ou le formateur qui l'utilise, mais vous donnez l'IA. Alors attention, ça c'est ma formule magique, celle que je préfère et que je dis tout le temps. Vous allez donner l'IA pour qu'il se passe quelque chose et que les apprenants fassent quelque chose pour les apprenants. Ce que j'appelle le par les apprenants, pour les apprenants. Et là, ça va devenir une modalité parce que l'IA n'est qu'un prétexte pour faire des synthèses, produire des choses nouvelles, mais à partir de vos connaissances et de vos synthèses. Et là, ce qui est incroyable, c'est que tu as un outil qui produit tout de suite. Tu as le plaisir de voir ta connaissance se transformer en quelque chose de nouveau. Et ça, c'est quelque chose que j'aime bien. Donc moi, un de mes outils préférés, c'est ChatGPT, mais surtout les chatbots. Et pas au niveau de l'outil, mais au niveau de la modalité d'apprentissage. Je monte, ce n'est pas juste un outil, je discute, apprenons au formateur, mais c'est comment j'utilise ça pour apprendre.
- Speaker #0
Eh bien, justement, on va s'intéresser à une modalité en particulier. Allez, deux modalités. C'est le titre de notre épisode, l'évaluation et la réflexivité avec l'intelligence artificielle. Qu'est-ce que l'on entend ? D'ailleurs, par... Réflexivité lorsqu'on parle de l'apprentissage assisté par l'intelligence artificielle.
- Speaker #1
Donc je pense que les outils d'IA, mais alors je vais rester sur mon outil favori, j'en avais plein et là vous voyez que finalement je suis parti plutôt sur une modalité qu'un outil proprement dit, et bien je pense vraiment que ça apporte cet aspect réflexivité, c'est-à-dire que ça permet d'une part de produire parce qu'on est vraiment dans le congrès et vous produisez à partir de savoir, ce ne sera pas de la théorie. Alors pour vous donner l'exemple précis, j'ai demandé à des ingénieurs à la faculté polytechnique de Mons comment construire une unité industrielle. Donc c'est comment on construit une pompe pour faire bouger des fluides, comment on construit un échangeur, on va dire un radiateur si vous voulez, pour chauffer, etc. Comment on construit une colonne de distillation, là on voit ce que c'est. L'idée c'est, voilà, vous avez eu des cours, et on va faire en automatique un chatbot qui va nous construire une unité. Et là, tu vois, ce qui est intéressant, c'est qu'on va aller vers cette pratique alors que je suis que sur des notions théoriques. C'est-à-dire que le chatbot va produire quelque chose de concret, des résultats. Je vais passer en... réflexivité par rapport à ces résultats, pour les analyser, voir comment j'ai appris, voir comment le robot a appris, et donc modifier ça pour aller plus loin. Je pense que le chatbot personnalisé, et on n'est qu'au début de l'histoire, ça permet d'aller toucher ça. Et quand je dis qu'on n'est qu'au début de l'histoire, j'imagine que tu sais, parce que je sais que tu suis tout. Une des choses que j'adore en ce moment, et c'est encore sur Eleven Labs, c'est qu'ils ont mis des chatbots vocaux. Ça veut dire que tu peux t'entraîner, d'accord ? Et là, on est nouveau au niveau de la réflexivité, c'est-à-dire que c'est une espèce de simulateur que tu es en train de construire. Et bien là, tu vas avoir... Moi, j'adore animer en situation difficile. Tu sais que je fais beaucoup d'animation pour formateurs, et un des moments, c'est comment j'agis si un de mes apprenants fait ceci, cela, etc. On a tous vécu ça. Et là, finalement, ce qu'on a construit, c'est un robot conversationnel avec Eleven Labs. Tu vas rencontrer ton apprenant au café, à la machine à café, tu vas discuter avec lui, tu vas voir pourquoi ça ne va pas. Et là, ce qui est intéressant, c'est que tu es dans l'action, c'est-à-dire pourquoi ça ne va pas, qu'est-ce qui ne va pas, comment je peux te rassurer, enfin, toutes les méthodes qu'on apprend en formation, en formation de formateur et en animateur. Et ce qui est intéressant, c'est une fois que tu as fait ça, on va faire une analyse de ta discussion. Donc là, on est bien dans la réflexivité et on va te demander de regarder comment tu as agi pour réfléchir et progresser derrière. Donc là, on voit que tous ces outils où finalement tu vas jusqu'à de la simulation, D'accord ? Ça te permet d'aller toucher ces processus de réflexivité. Eh bien,
- Speaker #0
pour prolonger cette réflexion, la question suivante s'impose d'elle-même. Comment est-ce qu'on peut encourager cette fois-ci les apprenants à réfléchir à leur propre processus d'apprentissage à travers les outils d'IA ?
- Speaker #1
Là, si tu veux, c'est vraiment encadrer l'utilisation de l'IA pour justement accompagner leur production en IA. Donc par exemple, quand tu utilises le chatbot, c'est finalement avoir des... des modalités derrière la production proprement dite pour dire ok, moi par exemple sur l'unité industrielle, je leur faisais faire tout à la main à côté. Ça veut dire qu'on utilisait le chatbot qu'on avait construit, ça nous crachait des résultats, et derrière on faisait faire à la main. Et là, tu les incitais à avoir l'esprit critique, parce que finalement l'IAC permet vraiment de développer l'esprit critique. C'est un sujet que dans les écoles, on n'arrête pas de nous dire développer l'esprit critique, développer l'esprit critique, on n'avait pas d'outil concret, pour le coup là t'en as un qui marche très très bien. Et donc, effectivement, on avait fait tous les calculs à la main, on comparait et on voyait ce qui se passait. Nos calculs à la main étaient meilleurs que ceux de ChatGPT. Alors, je disais ça avant l'arrivée des nouveaux modèles. Jusqu'à ChatGPT 4.0, c'était super. Mais maintenant qu'il y a les nouveaux modèles qui arrivent, on va avoir des choses qui sont incroyables. Mais ce qui est intéressant, c'est justement d'aller regarder ce qu'on a produit, nous, à la main, et de vérifier et de développer son esprit critique. Donc, je pense que ça, ça permet aussi l'utilisation. Mais tu vois... Je ne l'utilise pas du tout comme outil, en fait. Je l'utilise comme une modalité d'apprentissage. C'est-à-dire que les étudiants et le prof sont ensemble en train de construire un outil. Et ça, c'est quelque chose d'intéressant. Le prof devient au même niveau que les étudiants, parce qu'il doit aussi remettre tout un procès. Parce que pour faire un chatbot, il faut écrire une procédure. Et dans le monde de l'ingénieur, la procédure, c'est quelque chose qu'on aime bien. C'est tac, tac, tac, tel calcul. On divise notre pensée humaine, en fait. Donc, c'est aussi une analyse de la façon dont tu réfléchis.
- Speaker #0
On en termine avec la première partie de l'intitulé de notre épisode, évoquant la réflexivité. On va parler d'évaluation. Celle-ci, on en parle immensément, maintenant que l'IA permet un certain nombre de choses. Comment évaluer ou ne pas évaluer avec l'IA ? Est-ce qu'il y a des bonnes, des mauvaises pratiques qu'on peut déjà identifier ? Est-ce qu'il y a, ne serait-ce que, des expériences que tu pourrais partager ?
- Speaker #1
Alors, je vais te partager deux expériences et je vais diviser l'évaluation en deux parties, puisqu'on est entre formateurs. D'abord, l'évaluation formative. Tu sais, l'évaluation qu'on fait en fin de séquence. Pas l'évaluation d'un prof qui va mettre une note à la fin d'un cours. Non, l'évaluation d'un formateur qui regarde si les objectifs pédagogiques ont été bien atteints. Donc, l'évaluation formative. Moi, j'utilise l'IA et certains outils pour générer en direct des questions. Donc, je lui donne un PDF de mon cours et devant les étudiants, je lui fais « génère-moi 10 questions qui synthétisent le cours » . Et là, je lis les questions avec mes étudiants. Et ce qui est rigolo, c'est que le prof prend la place de l'étudiant Et donc on va discuter du cours en disant, ah ben la question elle est vraiment bizarre, moi j'aurais mis ça, et les réponses etc. Et en fait on répond tous ensemble et le prof est au même niveau que les étudiants. Ça c'est pour la formation, tu vois, formative, pour l'évaluation formative. Évidemment je suis aussi prof dans les écoles d'ingénieurs, donc nous quand on parle d'évaluation, et en France et en Belgique, quand on dit évaluation, on voit les notes, on voit le cadre, c'est bien, c'est pas bien ce que t'as fait. Ben oui, quand on est prof, il y a aussi ça. Et là, ce qui est intéressant dans cette évaluation, c'est d'utiliser l'IA pour... Par exemple, c'est toute la problématique des examens. Est-ce que quand je suis apprenant, je peux utiliser l'IA ? Est-ce que quand je suis prof, je peux utiliser l'IA pour corriger ? Alors moi, j'utilise l'IA pour corriger, mais je l'annonce. Et finalement, je trouve ça plus juste. Pourquoi ? Et plus intelligent. Ça t'oblige à travailler ton système d'évaluation. Quand t'es prof, tu corriges. Là, t'es obligé de donner à mes chatbots, vous avez compris que j'étais un fan de chatbots, moi, vous êtes obligé de donner à votre chatbot la procédure d'évaluation. C'est-à-dire, il doit y avoir ça, ça, ça amène au 30 points, puisque là, je vais parler... d'évaluation normative, certificative, enfin on en est là, on n'en est pas du tout l'évaluation pour apprendre, c'est l'évaluation pour sanctionner celles qu'on n'aime pas mais qui existent dans les écoles, et pas que dans les écoles d'ailleurs. Et donc là, ce qui est intéressant, c'est que tu es obligé à ton chatbot, puisque je vais rester là-dedans, de lui donner ta procédure de correction, c'est-à-dire ton barème de correction. Et finalement, ça t'oblige à réfléchir en tant que prof à ce que tu veux voir dans une copie. Et comment tu le notes ? Et finalement, tu deviens beaucoup plus juste, puisque tu sais que dans certaines écoles, on cache le nom des étudiants. Bon, ça, c'est très sympa, mais quand tu les connais, tu sais comment ils écrivent aussi. Donc, et on est très bien qu'on est des humains. Alors là, je vais choquer des gens, mais on est des humains et on sait très bien qu'on peut avoir des a priori. Peut-être, d'accord ? Là, le fait de passer les copies dans une IA, eh bien, l'IA n'a pas d'a priori. Elle est impartiale. Alors, ça ne veut pas dire que je ne vais pas relire ce qu'elle a fait, mais quelque part, ça m'oblige à penser mon système d'évaluation. Et de façon très... On va faire de l'ingénierie d'évaluation, là, pour le coup. Ça va être très carré. Alors, on gagne du temps, donc on est intéressé quand on est prof. Mais ça nous permet d'être plus juste quand on corrige. Et je pense aussi de réfléchir à qu'est-ce qu'on veut dans une évaluation normative. On veut quoi ?
- Speaker #0
Tu appliques les conseils que l'on peut donner lorsqu'on a recours à l'intelligence artificielle, justement. C'est-à-dire... Enfin les conseils. Ou en tout cas, ce sont les pratiques que l'on peut observer. Puisque tu as un barème d'un côté que tu appliques à tous tes étudiants, ça, c'est une tâche... rébarbative et répétitive, tu la confies à l'IA et là où ta plus-value s'exerce, c'est dans cette deuxième évaluation que tu vas appliquer.
- Speaker #1
Tout à fait, tout à fait. Alors par contre, je l'annonce, je dis à mes étudiants vos copies ont été corrigées à 60% par l'IA et 40% par moi. Et quand je dis ça à mes étudiants, je leur dis ça vous choque que j'ai utilisé l'IA ? Tu sais ce qu'ils me répondent ? Ouais, ça nous choque. Nous, ce qu'on veut, c'est toi qui nous corriges. On veut ta correction. Et là, je leur dis Vous savez, peut-être je vous choque en utilisant l'IA pour corriger, mais regardez bien, vous avez ma correction à la fin parce que je me suis fait aider, mais il y a quand même 40% et c'est la vraie plus-value du système. Par contre, moi je suis choqué que vous ayez répondu avec l'IA. Alors moi je suis un prof qui autorise tout pendant les examens. Il n'y a aucun examen où on va répéter, c'est un exercice, il faut avoir compris. Tu peux tout avoir, ton portable, le PC, le téléphone du voisin, appeler ta petite amie, tout est OK, l'IA, tout ce que tu veux. Parce que si tu n'as pas compris, de toute façon tu n'y arriveras pas. Et là, moi, ce que je leur dis, eh bien, soyez honnêtes aussi et déclarez. Et tu sais qu'il y a beaucoup d'écoles qui sont en train de faire ça. On met des petits logos. Fait avec l'IA, autant de pourcents avec l'IA. Eh bien, déclarez combien vous avez fait avec l'IA. Vous avez le droit de l'utiliser. Si vous avez fait 100% l'IA que vous avez parlé, vous mettez 100%. Si, par contre, vous avez fait des calculs avec l'IA, mais que vous êtes repassé derrière. Mais moi, quelque part, ça ne me choque pas parce que vous avez une LED pour calculer vite. Et derrière, vous mettez votre jus de cerveau. Eh bien, moi, ça ne me choque pas. Mais déclarez-le.
- Speaker #0
Je crois que tes derniers propos ont répondu à la dernière question. que je me prêtais à te poser, qui était comment éviter une dépendance excessive à l'IA dans des pratiques d'évaluation ?
- Speaker #1
Cette dépendance excessive, je pense que c'est de déclarer ce qu'on fait et d'être hyper transparent. Et tu te rappelles, c'était un des biais, on a parlé de transparence, donc je vais clôturer là, parce que tu m'as enthousiasmé, mais un des biais, c'était d'être transparent. Je clôture là-dessus, sur les évaluations, soyez transparent. Vous utilisez l'IA, dites-le, dites ce que vous faites, d'accord ? Et le temps que vous gagnez, réinvestissez-le pour ... encadrer vos apprenants, finalement, et leur faire une vraie évaluation, et pas une note, on s'en fout de la note, même si c'est du normatif ce que vous faites, c'est de dire comment tu peux progresser, et avoir finalement un temps précieux de débriefing, personnel presque.
- Speaker #0
Eh bien voilà, c'est la fin de cet épisode, un grand merci Olivier, pour ta participation.
- Speaker #1
Merci Nicolas, c'était super.
- Speaker #0
Encore une fois, merci à Olivier Bernert pour sa précieuse participation, merci à vous aussi chers auditeurs. Vous retrouverez cet épisode, comme tous ceux qui l'ont précédé, sur le site internet trendy.io, sur nos réseaux sociaux et sur l'ensemble des plateformes d'écoute. A très bientôt pour un prochain épisode. Vous souhaitez intégrer l'intelligence artificielle dans vos pratiques pédagogiques ? Visitez le site de Trendy, www.trendy.io, pour découvrir la fresque des IA pédagogiques et nos solutions d'accompagnement.