- Speaker #0
Vous écoutez Learning Coach by Trendy, le podcast qui part à la rencontre de ceux qui ont maîtrisé l'art d'apprendre et de former. Dans cette saison, nous vous invitons à une réflexion sur l'intégration responsable et stratégique de l'intelligence artificielle dans vos pratiques pédagogiques. Au travers des témoignages de nos invités, nous explorerons les opportunités. mais aussi les défis que l'IA soulève.
- Speaker #1
Bienvenue dans ce nouvel épisode de la saison 2 du podcast Learning Coach by Trendy. Une année entière consacrée à explorer l'impact de l'intelligence artificielle en formation. Et aujourd'hui, pour conclure cette saison, j'ai le plaisir de recevoir Lucie Dorn. Ensemble, nous allons évoquer un sujet d'une importance majeure, l'autonomie et l'importance de conserver la sienne face à l'intelligence artificielle. Lucie, nous allons débuter avec une première question qui me voit vous demander comment vous imaginez pour les cinq années à venir l'évolution des pratiques pédagogiques grâce à l'intelligence artificielle ? Et juste avant de répondre, merci de compléter votre présentation.
- Speaker #2
Bonjour, merci pour l'invitation, je suis ravie d'être là parmi vous. Je m'appelle Lucie Dorn et je pense que certains d'entre vous me connaissent pour les livres que j'ai écrits sur l'intelligence artificielle appliquée au monde de la formation. Comment est-ce que je vois dans cinq ans l'évolution des pratiques pédagogiques ? En fait, je vois plusieurs niveaux, je dirais peut-être quatre. Il y en a qui ne vont pas s'emparer de l'intelligence artificielle. Ça ne leur parle pas, ça leur fait peur. Du coup, ils vont faire un blocage à chaque fois qu'on va leur parler d'intelligence artificielle. Ils vont vraiment rejeter la chose. Et puis, au fur et à mesure des années, ça va être une espèce de résistance qui va cristalliser. Il y a ceux qui se sont rendus compte que l'IA leur permettait vraiment de faire des choses, de s'augmenter légèrement. Je pense à un exemple précis qui revient très, très souvent. les diapositives PowerPoint. C'est rigolo parce que je n'avais pas pris conscience à quel point c'était super important dans le monde de la formation. Et je n'avais pas pris conscience que pour beaucoup de personnes, c'est une vraie difficulté. Il y a des personnes qui n'arrivent pas, qui sont formateurs, qui sont pédagogues, qui n'arrivent pas à créer des diapositives PowerPoint, qui n'arrivent pas, qui passent énormément de temps à créer des contenus sur des slides pour que ce soit sympathique, attractif, etc. Et puis du coup, en fait, ils font des choses horribles. Ils vont sur Google, ils prêtent des images dans Google Images, ils font un patchwork d'images dans leur PowerPoint. Et en fait, ils ont mis tellement d'efforts dans leur PowerPoint. Et en fait, c'est tellement horrible le résultat que pour eux, ce n'est pas rentable. Donc, je pense à ces gens-là qui aujourd'hui, vraiment, avec l'intelligence artificielle, je ne sais pas si vous avez testé les slides dans Cloud, mais c'est génial. C'est génial. clairement, moi j'étais pas pas très fan de Gamma, donc j'avais beaucoup de mal à en faire la promotion. Mais là, un LLM qui fait des slides aussi structurés, élégants, professionnels, dans lequel on peut mettre des hexadécimales pour donner les codes couleurs, enfin, waouh, waouh, change la vie. Donc, je pense, voilà, pour ces gens-là qui avaient des difficultés sur des outils type faire des slides, eux, clairement, ils vont vraiment utiliser l'IA de manière très simple, sans… bien promptés, sans faire vraiment beaucoup d'efforts, mais ça va beaucoup changer leur quotidien. Après, il y a ceux, à un niveau un petit peu au-dessus, je dirais, qui vont bidouiller. Ils ont pris sur LinkedIn ou dans des livres des promptes, ils se sont fait une petite bibliothèque de promptes, ils font du copier-coller des promptes des autres. Ils ne se cassent pas trop la tête sur leurs promptes. Eux, ils sont vraiment dans l'efficacité. Ces gens-là, finalement, eux, ils vont gagner du temps dans 5 ans grâce à l'IA. Alors, qu'est-ce qu'ils vont faire de ce temps ? Est-ce qu'ils vont faire plus ? donc toujours dans la productivité, le hamster dans sa roue, où est-ce qu'ils vont faire différemment ? Et puis à un autre public qui est plutôt, je dirais peut-être celui des gens que je fréquente, on va dire des gens qui sont autour de moi, dans ma sphère, qui se penche très fortement sur comment augmenter sa propre intelligence avec l'intelligence artificielle, donc comment faire de l'intelligence humaine augmentée, de l'IHA. Et là, c'est intéressant parce que c'est des gens qui vont se creuser la tête pour essayer de trouver comment faire encore mieux ce qu'ils faisaient avant. Donc, vraiment, comment augmenter leurs propres compétences et comment augmenter leurs propres compétences avec l'intelligence artificielle. Comment est-ce que l'IA va leur permettre de produire des meilleures formations, d'augmenter la qualité pédagogique de leur contenu ? Et ça, voilà ! Je pense qu'il y a quatre vitesses. Il y a deux extrémités. Il y a ceux qui ont bien bien compris, qui s'en saisissent et qui s'augmentent. Il y a ceux qui ne veulent pas s'augmenter. Puis au milieu, il y a des stratégies. Voilà ce que je vois dans les pratiques.
- Speaker #1
Puisque nous avons parlé d'intelligence augmentée, voyons comment elle peut s'exprimer. Pouvez-vous nous partager un outil ou une pratique simple impliquant l'intelligence artificielle que vous avez maintenant intégrée régulièrement dans vos pratiques pédagogiques ?
- Speaker #2
Ce qui m'est vraiment indispensable, c'est le prompt, mais la structure et je me force vraiment à me structurer. Il y a plusieurs niveaux de prompt, il y a plusieurs niveaux d'ingénierie du prompt, il y a plusieurs réflexions sur le prompt, mais je crois que ce qui m'est vraiment indispensable aujourd'hui dans ma communication avec les machines d'une manière générale, c'est tout ce que je sais sur les manières de prompter et d'itérer avec une machine. Je crois que c'est comment on structure sa pensée pour parler avec une machine. Et aujourd'hui, ce qui m'aide le plus, c'est de connaître un peu toutes les techniques, les stratagèmes que je vais avoir pour communiquer avec la machine, de manière à ce que ce soit moi qui ai le contrôle et pas que je me fasse un petit peu embobiner par la machine. Le côté un peu stratégique, rhétorique, je crois que c'est ce que je préfère et c'est ce qui m'est le plus utile aujourd'hui pour que je ne me laisse pas un peu endormir comme K, le serpent dans le livre de la jungle, fais confiance à Lya. Je suis toujours sur le qui-vive et vraiment ma base, c'est le prompt, c'est ce qui me met le plus utile. Et après, c'est vrai que j'apprécie. plein de choses. J'apprécie d'avoir des rags pour qu'on puisse exploiter mes propres données. J'apprécie de créer des assistants parce que ça m'évite de copier-coller mes prontes. J'apprécie dans Gemini de faire des super infographies. Vraiment, j'adore. J'apprécie dans Cloud de faire des présentations qui sont... C'est des choses que j'apprécie, mais je crois que ce que j'ai aimé depuis toujours et ce que j'aime dans la communication avec les machines, c'est ce que j'ai appris dans mon master. C'est la programmation et c'est ce que je fais aujourd'hui quand je prompte. J'aime vraiment beaucoup ça, en fait.
- Speaker #1
Entrons un tout petit peu plus dans le cœur de notre épisode qui porte, pour rappel, sur le sujet de l'autonomie face à l'IA. Quels sont, Lucie, les risques de l'intelligence artificielle pour notre cognition, plus globalement pour notre autonomie ?
- Speaker #2
Je suis ravie qu'on me pose cette question parce que c'est clairement mon sujet préféré. C'est mon sujet préféré parce que c'est aussi un sujet très personnel. C'est quelque chose, c'est une espèce, un espèce de point de vigilance permanent que je m'impose à moi-même. Sans parler d'IA, on va commencer par quelque chose que j'ai déjà abordé tout à l'heure, mais plus généraliste, les réseaux sociaux. La consommation de réseaux sociaux, à quel moment c'est bénéfique et à quel moment ça devient toxique ? Dans ma gaussienne, j'en suis où en fait ? Et donc du coup, comment est-ce que je peux consommer les réseaux sociaux de manière active, intelligente, pour me permettre, encore une fois, de m'augmenter, d'augmenter mon intelligence, ma compétence, ma connaissance ? Ou comment, à l'inverse, quand est-ce que je l'utilise de manière... passive, on va dire, pour me détendre ou m'abrutir. Ça dépend comment on voit la situation, mais peu importe. On a le droit aussi de s'abrutir de temps en temps, c'est OK. Et donc, quelle est la proportion de consommation récréative et constructif ? C'est un peu la même chose avec l'IA. C'est-à-dire que soit on a conscience que l'IA peut nous augmenter, on essaye de s'augmenter avec l'IA. Et donc, du coup, on essaye vraiment de trouver comment fonctionne la machine pour essayer de nous-mêmes s'augmenter, mais à travers notre connaissance qu'on a de la machine. Donc, il y a un travail à la base. Ou soit on est dans un mode plutôt feignant, moi que j'appelle un peu le mode pivert, parce que le pivert, il clique sur son tronc, là, il pique, pique, pique, pique, pique. C'est comme nous, là, on clique, clique, clique, clique, clique et puis on veut avoir des résultats rapides. Voilà. Et selon la posture qu'on va prendre, on n'aura pas les mêmes bénéfices. donc Soit je me dis, j'utilise l'IA parce que je veux vraiment avoir développé des compétences, on va dire, plus sur un sujet très bien, ou soit j'utilise l'IA pour aller vite et puis pour faire autre chose ou passer à autre chose. Voilà, ça c'est ce que moi je pense. Maintenant, qu'est-ce que les recherches disent ? Il y a une étude qui a fait beaucoup de bruit cet été, qui s'appelait Your Brain on Chat GPT, une étude du MIT. Alors, pour plein de raisons, elle a fait du bruit parce que du coup, les gens, ils l'ont passé dans des IA et puis l'IA disait « Oulala, mais l'IA nous rend bête, attention » et tout ça. Bon, alors, moi, j'aime bien cette petite métaphore. Elle est assez simple. Dans mon garage, j'ai une voiture, un vélo et j'aimerais aller à la boulangerie qui est à 5 minutes en voiture de chez moi. donc on va dire 15 minutes en vélo, 30 minutes à pied. J'habite dans les Pyrénées, chez moi, il y a du... Donc j'ai trois possibilités pour aller à la boulangerie. Je peux y aller à pied, je peux y aller en vélo, je peux y aller en voiture. Bon, imaginons que j'adore manger du pain frais, vous savez on est en France, donc tous les jours je veux aller à la boulangerie. Si tous les jours, je vais à la boulangerie en voiture et que je ne fais aucune activité, en gros, je vais tous les jours à la boulangerie en voiture, bien évidemment que je ne fais pas d'activité physique et bien évidemment que c'est toxique pour ma santé. Si tantôt, j'y vais en vélo, tantôt, j'y vais en voiture, tantôt, j'y vais à pied, j'équilibre les apports. Des fois, la voiture me sert, mais le jour où il fait très beau, je peux y aller à pied. Et puis le jour où je ne sais pas, je suis un peu plus pressée, je peux y aller en vélo. Forcément, si... Tout le monde allait à la boulangerie en voiture, les journaux titreraient « la voiture nous rend obèses » . Et aujourd'hui, si quelqu'un voit un titre dans les journaux « la voiture nous rend obèses » , les gens vont dire « oui, la voiture nous rend obèses si jamais on ne fait pas d'activité physique à côté, etc. » C'est enfoncer des portes ouvertes. Donc oui, quand l'étude « Your brain on chat GPT » du MIT sort et qu'on dit « chat GPT nous rend bêtes » , c'est exactement la même chose que « la voiture nous rend obèses » . C'est-à-dire que oui, si tu utilises le chat GPT d'une certaine manière, tous les jours sans réfléchir, etc. Oui, chat GPT te rend bête. Ok, ben, t'enfonces une porte ouverte et comme ça, on a fait peur à tout le monde et on n'a rien appris. Toujours rien. On a fait des titres, on a vendu des exemplaires, on a fait des posts sur LinkedIn, qu'on fait des likes. Super, merveilleux. Donc, pragmatiquement, cette étude, elle est intéressante parce qu'en fait, il faut savoir que c'est un tout petit échantillon. C'est une étude qui se base sur des électroencéphalogrammes. Donc, en fait, ils ont vérifié quand on faisait une activité, si on activait des zones alpha, beta, theta ou delta. et en gros... Qu'est-ce qui a activé plus de zones cérébrales ? Ils ont fait trois groupes. Le premier groupe, c'est un groupe qui faisait des exercices avec uniquement son cerveau. Le deuxième groupe, c'est un groupe qui faisait des exercices avec un moteur de recherche. Et le troisième groupe, c'est un groupe qui faisait des exercices avec une IA. C'est la même chose que dans ma métaphore. Avec son cerveau, c'est aller à la boulangerie à pied. Le moteur de recherche, c'est le vélo. Et l'IA, c'est la voiture. Et en fait, ils se sont rendus compte qu'en effet, si on n'utilisait que son cerveau, on activait beaucoup plus de zones dans notre cerveau et on faisait plus de connexions neuronales que si on utilisait un moteur de recherche et encore moins si on utilisait l'IA. Bon, c'est QFD, il n'y a rien d'incroyable dans ce que je viens de raconter. Ce qui est intéressant, c'est que dans l'étude, alors c'est un tout petit échantillon, donc ce que je dis, il faut prendre aussi, il y avait 54 personnes, enfin 54 dans l'étude initiale, il me semble, et à la fin, ils ont fait un test. Ils ont voulu savoir... si c'était plus intéressant de réfléchir et après de demander à l'IA ou de demander à l'IA puis de réfléchir. Donc en gros, toujours, si tu crées plus de connexions neuronales dans un cas ou dans un autre, c'est ça que j'appelle plus intéressant. En fait, ils se sont rendus compte que quand tu réfléchis à un sujet puis que tu demandes à l'IA, en fait, tu crées des connexions neuronales, tu as plus d'activités que quand tu demandes à l'IA. et qu'après, elle te donne le contenu. Tu as plus d'activité, tu as plus de mémorisation, tu as plus de rétention d'informations, tu as plus de sentiments d'appartenance. Mais c'est logique. En gros, pourquoi ? Quand je réfléchis à un sujet, je construis une pile de connaissances. Dans ma pile de connaissances, il y a des trous. Je ne sais pas tout, j'oublie des trucs, je suis un humain, mais je ne pense pas à tout, c'est OK. Donc, je réfléchis à un sujet, je construis dans ma tête, je mobilise une pile de connaissances. Puis, je donne cette pile de connaissances à l'IA. L'IA la transforme, mais elle va remplir les trous. Donc du coup, en remplissant les trous, moi, mon cerveau, il va facilement retenir les trous que l'IA a remplis. Donc du coup, je vais me dire, ah oui, je me rappelle que l'IA avait dit ça, donc ça m'augmente. C'est dans ce cas-là que l'IA m'augmente. À l'inverse, je ne réfléchis pas. L'IA me donne une pile de connaissances. Mais moi, je ne suis pas capable de mémoriser la pile de connaissances que l'IA m'a donnée, puisque ça ne vient pas de moi à l'origine, ça vient d'elle. Ce qui explique... que quand on demande à l'IA et qu'après l'IA génère quelque chose, on ne s'en rappelle pas, on ne construit pas finalement de connaissances, qu'à l'inverse, quand on réfléchit et que l'IA bouche un peu les trous de notre pile de connaissances, là, du coup, on va plus s'en rappeler et donc on a plus de mémorisation, plus de rétention et donc plus de capacité cognitive. Donc, ça, c'est intéressant. Parce que quand on vous dit, quand moi je dis, il faut prompter, il faut structurer, etc., ça paraît rébarbatif, mais qu'est-ce qu'elle nous embête ? J'ai juste à dire... un mot, deux phrases à l'IA et elle me donne un résultat. Oui, mais attention. Là, dans ce contexte-là, si on prend l'IA comme un fournisseur d'informations, en gros, vous n'allez pas vous-même vous permettre d'avoir une meilleure compréhension, une meilleure connaissance du sujet. Donc, en fait, si vous voulez demander en compétence, c'est ce qu'ils appellent le brain to LLM. Il faut réfléchir, puis demander à l'IA et non pas demander à l'IA avant de réfléchir.
- Speaker #1
C'est une recette que vous nous livrez là en termes de méthodologie d'hygiène numérique pour faire de l'intelligence artificielle une alliée. Poursuivons donc en nous penchant sur la créativité. Comment continuer à nourrir la nôtre alors que des intelligences artificielles peuvent générer, en quelques secondes, tout ce qui peut nous passer par l'esprit ?
- Speaker #2
Deuxième sujet dans la liste des sujets que j'adore, la créativité. Oui, tout à fait, parce que je trouve que c'est ça, en tout cas selon moi, qui permet un peu de différencier les productions humaines, finalement. C'est ta touche, c'est la petite différenciation, c'est le petit truc. Ah oui, je reconnais bien là la patte 2. C'est la créativité, c'est cette petite manière de faire. Et quand on regarde les stars ou les gens qu'on suit, que ce soit des artistes, etc., ce qu'on aime, c'est leur créativité, c'est la créativité qui résonne en nous, que ce soit une créativité dans l'écriture de textes, dans la manière de faire, la manière de parler. Donc la créativité, c'est important. Il ne faut pas laisser l'IA nous uniformiser. À quoi je pense ? Je pense aussi à une étude sur la créativité et qui a montré que, d'une manière générale, l'IA augmentait la créativité des groupes et baissait la créativité individuelle. Il y a une petite expérience que je fais en formation qui est vraiment intéressante, où au début je fais passer un test de créativité, donc une note de créativité, c'est un test standardisé. Puis, ils ont trois étapes de rédaction à suivre de manière successive. La première rédaction, je leur donne des codes. Ce n'est pas très cadré, parce que si on veut être créatif, il faut être divergent. Donc, en gros, il ne faut pas non plus trop cadrer, sinon on ne peut pas être trop divergent. Je leur donne les codes de la créativité, donc la pensée divergente, la pensée convergente. Je leur explique qu'il faut passer par la divergence avant de converger. Je leur donne une petite structure de comment être créatif. Puis après, ils ont trois textes de rédaction à écrire. avec leur cerveau seul. Le deuxième, avec une idée de script déjà écrit par l'IA, sur lequel ils peuvent s'appuyer sur le script, ils peuvent s'appuyer sur des mots du script, ou ils peuvent ne pas du tout s'appuyer sur le script, c'est comme ils veulent. Et troisième exercice, là, ils doivent, donc c'est du brain to LLM, ils doivent réfléchir à une histoire, et après demander à l'IA d'augmenter cette histoire. Donc, on a trois approches différentes. qui vont un peu dans le sens des études que j'ai étudiées sur ce sujet, enfin des études que je lis sur le sujet de l'impact de l'IA et de l'apprentissage. Il s'avère que plus on est créatif dans cet exercice-là, donc plus la note au début était élevée, plus on est bloqué, plus l'IA nous freine, nous bloque dans la création d'exercices, et finalement on est beaucoup plus heureux, satisfait de notre première rédaction que des rédactions assistées par l'IA. Parce que notre créativité a été freinée. A l'inverse, ceux qui avaient des notes de créativité plus basses, du coup, se sentent beaucoup plus élevés, augmentés par l'IA au fur et à mesure de l'exercice et sont beaucoup plus fiers du dernier exercice avec l'IA qui augmente leur idée. Parce que finalement, l'IA a permis de mettre en musique quelque chose qu'ils n'auraient pas réussi à mettre en musique eux-mêmes. Pareil, il y a encore une gaussienne. C'est-à-dire que... Si je suis très peu créatif, l'IA va vraiment m'augmenter et donc me donner un sentiment d'efficacité créative personnelle plus plus. Mais à un moment, si je suis très créatif, alors on parle aussi de la maturité des IA aujourd'hui, mais si je suis très créatif avec le niveau de maturité des IA aujourd'hui, finalement, je vais avoir l'impression que l'IA baisse ma créativité. Donc, comment nourrir notre créativité alors que les IA peuvent tout générer pour nous ? Il faut continuer à s'intéresser... à des sujets divergents le plus possible. La créativité, vraiment, elle est nourrie par la divergence. Donc, il faut lire des choses différentes, il faut s'intéresser à des activités différentes, il faut s'intéresser à des domaines différents. Le problème de l'IA, moi, que je trouve, c'est que quand l'IA me parle, me répond, et je n'aime pas cette personnification de l'IA quand elle me parle déjà, rien que quand je dis ça, ça m'irrisse le poil. J'ai toujours l'impression que je suis la meilleure. que j'ai raison, elle me dit tout le temps que c'est super, que j'ai des super idées, que c'est vraiment original. Et du coup, c'est horrible parce que ça m'enferme. Du coup, je me dis mais oui, je suis suffisamment super, je suis suffisamment génial, je suis suffisamment extraordinaire, je n'ai pas besoin d'aller voir d'autres choses. Donc non, en fait, c'est créé par la machine. La machine fait en sorte de valoriser en permanence l'utilisateur parce que si elle ne le valorise pas, l'utilisateur ne va pas revenir. Donc forcément, ça nous nourrit notre petit égo. C'est aussi agréable qu'on nous dise qu'on est super à longueur de journée. Selon moi, pour continuer à nourrir sa créativité, il faut vraiment s'intéresser à plein de choses différentes, voir les choses sur des points de vue différents. Moi, j'aime beaucoup Donnie Kruger. Et je pense, je crois quotidiennement à Donnie Kruger en me disant, soit essaye d'être humble au maximum, admet que tu ne sais pas, admet que tu as encore beaucoup de choses à découvrir, déconstruis. Et en fait... plus je vais déconstruire des choses qui me semblent acquises ou des choses, des certitudes, et plus je vais être créative. Parce que plus je vais avoir de certitudes, donc plus je vais avoir de pensées convergentes et moins finalement je vais être capable de diverger.
- Speaker #1
Tout au long de cet épisode, vous avez fréquemment évoqué le nécessaire esprit critique. Comment peut-on le développer pour nous permettre de nous y retrouver, d'évoluer au sein de ces nouveaux espaces numériques qui ne cessent de se multiplier ?
- Speaker #2
Je pense à l'étude du World Economic Forum, la prospective pour 2027, dans l'étude prospective sur les soft skills, quelles sont les compétences les plus importantes pour 2027 ? En 1, c'est la créativité, 2, esprit critique et 3, littératie technologique. Et déjà, je pense que ce triptyque, il est ultra important. C'est la base, il faut l'avoir en tête, c'est-à-dire qu'il faut continuer à développer sa créativité, il faut développer son esprit critique et avoir de la littératie technologique. Donc, avoir des connaissances sur comment fonctionnent les technologies. Dans ma réponse sur l'esprit critique, il y a forcément ces points-là. c'est à dire que On ne peut pas avoir un esprit critique sur une chose si on ne comprend pas comment la chose fonctionne. C'est ce que le World Economic Forum appelle littératie technologique. Quand j'explique que j'aime bien que l'IA me dise que je suis absolument brillante et que j'ai des idées brillantes, je sais très bien que l'IA les paramétrie pour me répondre de cette manière-là. J'ai ma littératie technologique sur le sujet, je ne tombe pas dans le piège. Ça, c'est pour le point littératie, je ne vais pas aller plus loin là-dessus. Ce qui m'intéresse aujourd'hui et ce que je peux donner comme conseil aux personnes qui écoutent ce podcast, écoutez les gens, les experts d'un sujet qui présentent les choses avec du recul, de la réserve, qui émettent des hypothèses. En gros, n'écoutez pas ceux qui disent c'est ça qu'il faut faire, c'est comme ça qu'il faut faire, c'est pas autrement et c'est pas vrai en fait. On n'est pas dans un monde dichotomique. Tout n'est ni... C'est pas noir ou c'est pas blanc, il n'y a pas des gentils, il n'y a pas des méchants. Et je crois vraiment que maintenant, il faut prendre du recul, écouter les gens qui vous disent par exemple, écoutez, moi je vous dis ça avec mon point de vue, moi mon orientation c'est telle orientation. Pragmatiquement, ils savent, ils savent qu'ils sont sociologues, ils vont vous parler de sociologie, mais il n'y a pas que la sociologie dans la vie. Mais par contre, c'est super intéressant ce qu'ils vont dire sur leur prisme. Donc on va prendre ce prisme-là, puis un autre prisme, puis un autre prisme, pour construire notre propre prisme. Moi, aujourd'hui, les gens que j'écoute, les gens que je lise, c'est les gens qui admettent qu'ils ne savent pas, qui admettent qu'ils sont en construction, qui ont compris des choses et qui vous transmettent ce qu'ils ont compris, mais qui sont en évolution et avec qui vous pouvez grandir. Donc, les gens qui vous disent la recette magique, le prompte magique, le truc que tu n'as pas fait encore, mais qui va changer ta vie et tout. Non, non, mais ça, c'est un piège. C'est une personne qui vend des bonbons dans la rue sous son impair. N'y allez pas. C'est dangereux ! Donc, non mais vraiment, n'achetez pas des produits faciles en consommation, on va dire d'esprit, des idées. Moi, je pense qu'il faut lire les pensées des gens qui expriment un peu des pensées, des schémas de développement, qui mettent de la réserve. En tout cas, ce que je fais aujourd'hui pour développer mon esprit critique, c'est lire des recherches. Ça, j'aime beaucoup, mais bon, ça, c'est ma base, je crois. C'est ce que m'ont apporté mes études et ce qu'ont appris mes études aussi. Avec un esprit critique, les recherches, elles ont forcément... Forcément, il y a des biais quelque part et c'est OK. Et il faut un peu essayer de pondérer, un peu essayer de nuancer. Moi, je pense par exemple à ma méthodologie, la méthode CADRE que j'aime bien utiliser pour pronter. En fait, CADRE, c'est six lettres, C-A-D-R-E-Z. Et en fonction du besoin, des fois, je fais du CADRE, des fois, je fais du CAD, des fois, je fais du CA. J'ai pas besoin à chaque fois de lancer une machine de guerre pour faire certains promptes en fait. Mais toutefois, dans ma tête, j'ai la manière optimum de faire et après je varie. Moi j'ai bien aimé l'autre jour sur LinkedIn, il y a quelqu'un qui m'a tagué et qui m'a dit « j'utilise la méthode cadrée là de Lucie mais j'ai fait ma propre méthode » . Bah ouais, bien sûr, t'as eu un esprit critique sur ce que moi j'ai proposé et t'as proposé quelque chose qui est juste pour toi. Mais c'est super, c'est trop bien en fait. Il faut s'appuyer sur ce que pensent les autres et puis il faut après faire sa propre sauce. Voilà, ce que moi je pense de l'esprit critique, c'est vraiment quelque chose qui se traverse, on va prendre chez les uns et chez les autres, on va faire son propre mélange et ce mélange, il va nous convenir à un moment, puis à un moment, il ne va plus convenir, et bien on va passer à autre chose, on va évoluer. Et c'est OK, en fait. Et si vous avez une idée qui est figée, qui est cristallisée depuis des années, interrogez-vous dessus. Interrogez-vous sur ces idées-là, parce que c'est peut-être celles-là qui vous empêchent de voir le monde autrement et donc, du coup, finalement, d'évoluer sur un sujet.
- Speaker #1
Un grand merci, Lucie, pour votre précieuse participation au podcast Learning Coach. Merci à vous aussi, chers auditeurs, pour votre fidélité. Vous retrouverez cet épisode, comme tous ceux qui l'ont précédé, sur le site internet trendy.io, comme sur l'ensemble des plateformes d'écoute. Encore merci et à très bientôt.
- Speaker #0
Vous souhaitez intégrer l'intelligence artificielle dans vos pratiques pédagogiques ? Visitez le site de Trendy, www.trendy.io, pour découvrir la fresque des IA pédagogiques et nos solutions d'accompagnement.