- Uriell
L'écho des papillons, des ailes et de l'espoir face au cancer.
- Florence
Ce diagnostic, ça m'a obligée à faire un pas de côté, de regarder comment je vivais, ce qui ne fonctionnait pas, ce qui n'était pas juste, ce qui n'était pas aligné. Donc la médecine intégrative, elle encourage vraiment à se... poser toutes ces questions. Parce que la maladie, elle est là pour nous enseigner quelque chose. On dit que la maladie, c'est la santé qui se cherche. La joie, la vie sont là malgré tout, malgré la maladie. Et chacun de nous, absolument, arrêter d'avoir peur de la vie, finalement, oser entreprendre, prendre sa place. D'un seul coup, tout ça, c'est devenu évident, nécessaire, urgent.
- Uriell
Bonjour, je m'appelle Uriell. Uriell avec deux L, comme un papillon, symbole de résilience et de renaissance. Née de mon propre parcours face à un cancer colorectal, j'ai créé l'Echo des papillons, un podcast nomade réalisé à vélo et en camion.
- Florence
Mon but ?
- Uriell
Recueillir sur ma route toute forme d'initiatives et de parcours, source d'espoir, afin de transmettre à mon tour un peu de lumière aux personnes touchées par un cancer. Cheminez avec moi au cœur de conversations intimes et conviviales partagées avec des hommes et des femmes qui ont transformé la maladie en force. Découvrez aussi une approche novatrice, globale et prometteuse dans le traitement du cancer appelée oncologie intégrative. Et parce qu'être malade ne signifie pas renoncer à ses rêves, suivez-moi sur ma route dans mes réflexions et conseils personnels sur le voyage avec un cancer. Que ces dialogues et ces ressources vous aident à déployer vos ailes. et dessinez votre chemin sur la voie de l'espoir et de la transformation, à l'image de la chrysalide qui devient papillon. Bon voyage sonore ! Avant de vous laisser découvrir l'épisode du jour, je voudrais vous informer d'un petit changement. L'écho des papillons adopte désormais un rythme plus doux, plus respectueux de mon propre équilibre. Je publierai un nouvel épisode chaque mois au lieu de tous les 15 jours. C'est un choix que j'ai mûrement réfléchi. Il me permet de continuer ce podcast avec cœur, justesse et surtout avec sérénité, tout en consacrant du temps au projet qui m'habite et en respectant mon rythme et ma santé. Merci d'être là à mes côtés. Et si, malgré la maladie, on pouvait encore pédaler au soleil, rire, respirer, vibrer, vivre, bienvenue dans l'écho des papillons, le podcast nomade. qui donne des ailes et de l'espoir face au cancer. Cet épisode a été enregistré sur la route au fil de mon voyage vers le sud-est de la France, à bord de mon camion bleu Martin. Après plusieurs étapes, j'ai fait halte en Savoie pour rejoindre Florence, au bord du lac du Bourget. Ce jour-là, nous avons enfourché nos vélos pour faire ensemble le tour du lac, une cinquantaine de kilomètres sous un grand ciel bleu. Un moment de liberté, de souffle et de lumière au cœur même de la maladie. Mais laissez-moi vous présenter mon invitée. Florence avait 51 ans au moment de notre échange. Six ans plus tôt, elle a été diagnostiquée d'un cancer colorectal métastasé. Elle n'a jamais connu la rémission, mais elle parvient à contenir la maladie depuis toutes ces années. Très vite, elle a choisi de compléter ses traitements conventionnels par une approche intégrative, qui prend soin du corps autant que de l'esprit. Si vous voulez en savoir plus sur cette médecine intégrative, Je vous invite à écouter l'épisode 2 de l'écho des papillons, qui développe en détail cette médecine à la fois moderne, rigoureuse et pleine d'espoir pour les malades. Alors dans cet épisode, Florence nous partage son cheminement, son alimentation repensée, le jeûne intermittent, les compléments alimentaires, l'activité physique, les soins psychocorporels, l'écoute des émotions, la quête de sens. Elle évoque aussi la puissance du lien, de la nature et de cette joie qu'elle cultive comme un acte de résistance. Son témoignage dit beaucoup de la force tranquille de celles et ceux qui, loin des dogmes, cherchent leur propre équilibre. Alors je vous invite à vous installer confortablement et à vous laisser porter par les mots doux de Florence. Bon voyage sonore. Florence, bonjour.
- Florence
Bonjour Uriell.
- Uriell
Alors pour commencer, est-ce que tu peux nous raconter ton parcours depuis le diagnostic de ton cancer ? traitement conventionnel tu suis. où tu as suivi et où tu en es avec la maladie aujourd'hui.
- Florence
D'accord, donc ça a démarré en 2019, non, fin 2018, et voilà, donc d'emblée, j'ai dû faire face au fait que le cancer était à un stade très avancé, et on m'a proposé rapidement une chirurgie. Auparavant, j'ai commencé une cure de chimio, et puis, qui se... qui se poursuit. Je continue encore aujourd'hui à bénéficier de ce traitement. Et puis, une deuxième l'année d'après, un an et demi après. Et une troisième, la troisième, c'était il y a deux ans. Voilà, donc trois chirurgies en tout. Les images qui ont été prises après les opérations ont montré qu'il n'y avait quasiment plus rien. Mais en fait, je n'ai jamais été réellement en remission.
- Uriell
Donc aujourd'hui, tu suis toujours en détraitement de chimiothérapie, mais à un rythme moins soutenu.
- Florence
En fait, le rythme n'a jamais été... En fait, ça a toujours été entrecoupé de périodes de repos pour récupérer. Donc c'était souvent trois mois de traitement, trois mois d'arrêt. Et puis là, on a réalisé que ce temps d'arrêt n'était pas spécialement bénéfique parce que la maladie... avait tendance à flamber avec cette longue interruption. Donc, on a décidé de... Alors, en même temps, au fil du temps, on a réduit un peu la dose parce que les chinois étaient difficiles à supporter. Et là, la dose, c'est à peu près 50% du produit. Et j'ai eu deux molécules différentes. La première qui a été un petit peu... C'était plus difficile, j'avais plus d'effets secondaires, notamment perte de cheveux. Et puis le syndrome main à pied. Et là, avec cette nouvelle molécule, on est passé rapidement quand même à cette nouvelle molécule, à cette deuxième molécule. Et là, je gère plutôt bien les effets secondaires de la chimiothérapie.
- Uriell
Donc là, c'est à quel rythme actuellement ?
- Florence
Les trois semaines, je vais à l'hôpital. Et ensuite, j'ai la thérapie ciblée, c'est-à-dire les cachets pendant les deux semaines qui suivent. Donc c'est le DAP. C'est un médicament que je prends matin et soir, après cette prise à l'hôpital.
- Uriell
À quel moment tu as commencé à explorer la médecine intégrative et qu'est-ce qui t'a poussé à envisager cette approche ? En plus des traitements conventionnels ?
- Florence
J'ai eu tout de suite du mal avec l'idée que la médecine traditionnelle pouvait répondre entièrement à ma demande. J'ai compris que d'une part qu'il fallait être acteur dans ce parcours, pas se laisser entièrement guidé par la médecine conventionnelle. Donc très vite, j'ai eu envie de chercher par moi-même, chercher le sens de tout ça et du coup d'autres voies, d'autres apports. approche, etc. Donc ça a commencé sur Internet avec... J'ai découvert la chaîne YouTube de Guy Tenenbaum, très connu, parce qu'il a fini en rémission d'un cancer métastasé de la prostate. Et voilà, il donne des conseils, etc. Et puis du coup, il a parlé de cette approche métabolique de la maladie. Donc ça m'a interpellée. Et de là, je suis arrivée à... Il a parlé d'un naturopathe. spécialisé en cancérologie, que j'ai fini par contacter. Et là, je suis entrée dans une association qui voit le cancer d'une autre manière, qui a donc une approche métabolique. Et l'idée, donc, c'est de... L'idée de la médecine intégrative, c'est d'allier des traitements alternatifs, les coupler aux traitements conventionnels pour obtenir de meilleurs résultats. Oui, c'est prouvé que... Voilà. que c'est l'alliance des deux qui optimise les chances de guérison. On est perçu comme un être avec différents plans, mais pas seulement le plan physique. On essaie de comprendre la cause, et donc on prend en compte la psychologie de la personne, notamment. l'aspect émotionnel, etc.
- Uriell
L'alimentation aussi.
- Florence
Alors voilà, l'alimentation. L'hygiène de vie est primordiale.
- Uriell
Et donc, comment ça s'est passé ? Comment tu as pu intégrer l'association ? Et puis, tu vis ?
- Florence
J'ai envoyé un mail à celui qui dirige l'association. Et puis, il m'a envoyé un dossier à remplir. C'est une anamnèse, en fait, pour voir où j'en suis au niveau alimentation, mode de vie, etc. Et puis, après, il y a eu un premier rendez-vous téléphonique. Les consultations se font par téléphone, parce qu'il habite dans le Sud. Et après, il m'a proposé un protocole avec des compléments alimentaires et aussi des conseils en nutrition, hygiène de vie, etc.
- Uriell
Concrètement, ça se traduit comment dans ton quotidien ?
- Florence
Au niveau de l'alimentation, j'ai pris conscience vraiment que j'avais un souci avec l'alimentation parce que je mangeais trop et mal. Donc, il a fallu apprendre de nouvelles règles en matière de nutrition. J'ai découvert une autre vision de l'alimentation et j'ai dû changer mes habitudes, ce qui est très difficile. Je suis passé au jeûne intermittent, c'est-à-dire que je ne prends pas de... de petit déjeuner. Il y a un laps de temps pendant lequel je ne m'alimente pas. Je les mets en place assez vite et assez facilement. Ensuite, c'est la suppression, diminuer le plus possible les glucides.
- Uriell
Oui, parce que ça, c'est important. Parce qu'on ne nous le dit pas dans les centres d'oncologie. que les glucides apportent la nourriture aux cellules cancéreuses.
- Florence
Il y a d'une part les glucides, et quand on a un cancer métastasé, malheureusement, les graisses alimentent, nourrissent les cellules cancéreuses. Donc, lui, ce qu'il préconise, c'est très équilibré, mais c'est vrai qu'il faut vraiment réduire drastiquement les glucides, les fruits, notamment.
- Uriell
Pour le fructose.
- Florence
Voilà. Et effectivement, ce n'est pas du tout ce qu'on nous dit à l'hôpital, puisqu'on nous encourage tout de même à manger ce qui nous fait plaisir. Donc j'ai pris la décision de parler de ce que je fais à côté, en parallèle, le moins possible à mon oncologue. Parce que je sais que ce serait mal perçu et que je perdrais finalement sa confiance.
- Uriell
Donc tu fais ton tour de ton côté ?
- Florence
Voilà, je suis mon petit bonhomme de chemin. Avec ces nouvelles règles.
- Uriell
Cela dit, tu me disais, or antenne, qu'il est quand même surpris, ton oncologue, du fait que, six ans après,
- Florence
ça tient toujours,
- Uriell
tu es toujours là.
- Florence
Oui, c'est vrai que quand on regarde les statistiques, c'est assez effrayant. On va dire que j'ai, pour l'instant, déjoué un peu les statistiques. Alors, j'espère le plus longtemps possible. Mais en tout cas, entre... La mise en place d'une nouvelle alimentation et la prise de compléments alimentaires, c'est important. Je pense que vraiment c'est une aide précieuse. C'est une aide précieuse et ça permet, donc les compléments alimentaires permettent aussi, le gros bénéfice c'est de réduire les effets secondaires de ces traitements lourds de chimiothérapie, par exemple. On sait puisque dans l'association on a un oncologue qui travaille en partenariat. avec nous qui valide tout ça. Un oncologue en médecine intégrative qui mesure tous les bénéfices de ces compléments alimentaires qui, à la fois, permettent de réduire les effets secondaires des chimios, stimulent le système immunitaire, barrent les trois principales voies du cancer. C'est vraiment précieux. Alors, difficile d'être sûre, mais moi, j'ai le sentiment que grâce à ça, ça ralentit. Ça ralentit. Ça ralentit la progression.
- Uriell
Et que c'est un ensemble de choses mises en place au quotidien.
- Florence
Oui, exactement. Donc, j'ai mis en place aussi une autre manière d'envisager la vie, ma vie, de prendre vraiment conscience du stress, des stress. que j'avais en moi et la nécessité d'avoir une vie avec le moins de stress possible. Parce que ça, c'est vraiment une composante très importante.
- Uriell
Ça m'amène à parler du travail. Au départ, tu travaillais ? Oui. Tu étais à la fois professeur de... Français.
- Florence
Pour étrangers, oui.
- Uriell
Voilà.
- Florence
Formatrice, oui.
- Uriell
Et professeure de yoga.
- Florence
Oui.
- Uriell
C'est ça. Et donc au fil du temps, comment tu as réussi à concilier ça avec la maladie ?
- Florence
Alors, dans un premier temps, j'ai réussi à continuer à travailler. Puis après, j'ai eu des arrêts maladie temporaires. Et là, je suis en arrêt maladie depuis plus de deux ans parce que... Parce qu'en fait, je me suis rendue compte qu'il y avait beaucoup de stress généré par le boulot de formatrice. J'ai eu des formations à faire, à conduire, qui étaient quand même assez stressantes. Et que la priorité pour moi, c'était vraiment de restaurer une espèce de calme, de repos, de paix intérieure. Et qu'il était temps vraiment de m'occuper de moi à 100%, à plein temps.
- Uriell
C'est ça, parce que mine de rien, d'être acteur de sa santé, c'est presque un temps plein.
- Florence
Oui, ça demande beaucoup de conscience, beaucoup d'énergie, beaucoup de temps. Il y a certaines habitudes qui sont modifiées, et notamment les habitudes alimentaires. Si on veut vraiment prendre soin de son alimentation, avoir une alimentation plus vivante, plus de qualité. Ça nécessite du temps, du temps pour préparer ses repas, du temps pour s'occuper de son corps, mettre en place des exercices physiques, parce que l'activité physique est au cœur de ce protocole. Le sport, l'activité physique, ça prend aussi du temps, c'est important. Pourtant, ce n'est pas toujours facile pour moi de faire du sport. Dans les périodes où je suis fatiguée à cause des chimios, j'essaie de faire avec.
- Uriell
Justement, tu me parlais pas plus tard qu'hier d'une technique qui peut être faite quand on est trop fatigué, mais qui serait très bénéfique. Ça peut être intéressant pour celles et ceux qui nous écoutent d'entendre parler de cette technique que je ne connaissais pas non plus. Mais je ne sais pas si tu veux en parler.
- Florence
Oui, j'ai découvert ça récemment. Donc, c'est un médecin américain qui préconise de faire des mouvements. Donc, c'est des séances qui durent deux, trois minutes. Des mouvements, des squats, des mouvements de bras, etc. Et sur une période très courte, un temps très court de deux minutes, en fait, on libère de l'oxyde nitrique. qui a de multiples bienfaits, notamment la baisse de l'inflammation, l'apoptose, le contrôle de la glycémie, au niveau métabolique, c'est vraiment intéressant. Donc là, j'essaie de mettre en place ça. En fait, on découvre sans arrêt des nouvelles choses. En fait, en allant chercher soi-même des solutions, on trouve des pistes et puis on les explore.
- Uriell
C'est ça. Et puis, sans se focaliser sur une seule personne ou une seule... Oui. Garder tout esprit critique et ne pas tomber non plus dans le...
- Florence
Exactement. Alors ça, ce n'est pas évident parce que comme il y a un gros stress généré par la peur, la maladie, etc., je me rends compte que quelquefois, j'ai tendance à me laisser un peu porter par l'idée que quelqu'un va trouver ma solution. Alors qu'en fait, je suis convaincue qu'on se soigne soi-même. Et c'est nous qui allons chercher. les personnes qu'on rencontre sur notre chemin qui n'ont pas la vérité, mais qui ont une partie de la vérité. C'est ça. Et en fait, on chemine avec ça, et on avance, et on teste des choses. Mais c'est vrai que garder son esprit critique, c'est très important. Ne pas s'en remettre complètement dans les mains d'un thérapeute, d'un gourou, de qui que ce soit, d'un médecin. De vraiment questionner aussi ce qu'il nous dit. et d'écouter son ressenti. C'est de mettre en place des choses soi-même avec ce qu'on apprend au fur et à mesure. C'est sortir de la dépendance. Et pour moi, la naturopathie, on dit que c'est la voie de l'autonomie. Et puis de se mobiliser, en fait. Se mobiliser, se prendre en charge, prendre soin de soi et ne pas s'en remettre à entièrement l'équipe médicale, quelle qu'elle soit.
- Uriell
Oui, et le fait d'être acteur de sa santé permet, mine de rien, d'augmenter ses chances, en fait, on ne va pas parler de guérison, mais enfin d'augmenter ses chances que ça aille mieux.
- Florence
Être acteur, ça change tout. Ça change tout, oui. Ça change tout.
- Uriell
Je reviens sur l'aspect alimentation. Par exemple, si on prend le pique-nique qu'on a mangé tout à l'heure, ce fameux naturopathe qui donne les conseils en nutrition parle d'un régime méditerranéen, mais adapté, donc pas totalement dans lequel il faut enlever le lactose, par exemple, le gluten. Les glucides, on disait, pas trop de gras. Donc concrètement... ce midi, est-ce que tu peux nous dire ce qu'on a pique-niqué ?
- Florence
Mes repas sont proposés d'une entrée de crudité pour ouvrir l'appétit, pour stimuler les enzymes digestives. Le cru est intéressant, même si il n'a pas une place aussi importante que ça dans l'approche qu'on a. Parce que c'est vrai qu'en naturopathie, quelquefois, on est à fond dans le crudivorisme. Là, ce n'est pas le cas, mais quand même. Donc, commencer son repas par des crudités. Donc, c'est une salade avec du chou-fleur cru, du radis, etc. Et ensuite, une protéine. C'est important d'avoir une protéine. Donc là, en l'occurrence, c'était des œufs et puis des haricots verts, un légume cuit. Très important. Donc, une quantité importante de légumes. En fait, c'est à peu près les deux tiers du repas avec une protéine. Et puis, en dessert, un yaourt de coco. pas de laitage, mais on a droit au yaourt de coco. Et puis...
- Uriell
Mais sans sucre ajouté.
- Florence
Alors évidemment, sans sucre. Sans sucre. Il y avait des pois chiches aussi. Donc source aussi de protéines, mais aussi de... Alors il y a un peu de glucides, c'est vrai. Mais c'est vraiment intéressant sur le plan nutritionnel. Et puis un peu de pain cétogène, du pain sans glucides. Voilà, donc... Donc, c'est un repas où il y a un minimum de glucides, mais quand même qui est suffisamment conséquent. L'idée, c'est quand même de faire de bons repas, d'autant que le matin, je ne mange pas. Et puis, la même chose le soir, c'est la même base, en fait.
- Uriell
Donc, tu prends deux repas par jour ?
- Florence
Deux repas par jour, oui.
- Uriell
D'accord. Et donc, le temps de jeûne intermittent, tu le fais chaque jour ? Donc,
- Florence
c'est 18h et 6h. C'est pas 16 et 8 heures plutôt ? Pardon, 16 et... Oui, oui, je me trompe, c'est 16 heures et 8 heures. Donc on mange sur une période de 8 heures, et ensuite il y a 16 heures où l'organisme, le système digestif est au repos, et peut donc du coup détoxer. Donc la nuit on détoxe, et le matin, le fait de ne pas manger, permet de continuer à détoxer. donc voilà, c'est intéressant et en fait je me rends compte que j'ai plus de moi qui adorais les petits déjeuners en fait ça me manque pas du tout et j'ai beaucoup plus d'énergie en fait le matin on n'a pas faim, enfin on n'a pas faim surtout si la veille au soir on n'a pas mangé de sucre parce que sinon ça crée une envie de manger et je vois que dans les cas où je fais des écarts le soir je mange un peu de sucre Merci. où je me lâche un petit peu, parce que de temps en temps, c'est bien de se faire un peu plaisir quand même, et de ne pas être trop stricte. Le lendemain matin, je vois la différence. Ce qui est important, c'est aussi les protéines, qu'on appelle les protéines fortes, comme par exemple le macro, les choses comme ça. C'est assez gras, mais ça, ça permet vraiment de réguler la glycémie, de ralentir le passage du sucre. Et ça, ça donne beaucoup d'énergie. On n'a pas faim du tout en consommant ce type de protéines. C'est recommandé quand même deux ou trois fois par semaine pour les oméga-3, notamment de consommer ce type de protéines.
- Uriell
Oui, et j'ajoute par rapport au pic du glycémine pour les éviter, l'idée des crudités en début de repas, c'est aussi pour éviter ça. Ça tapisse l'estomac de fibres et ça permet en effet que les glucides se diffusent lentement.
- Florence
Voilà, aussi, les crudités et le gras.
- Uriell
Je vais revenir sur ce que tu disais tout à l'heure par rapport au fait que depuis la maladie, tu avais changé un peu ton état d'esprit, ta manière de vivre en fait.
- Florence
Oui.
- Uriell
Et notamment lever le pied.
- Florence
Ça, c'est très important. Je pense que ça, c'est vraiment central, essentiel. Il y a une vraie prise de conscience avec le diagnostic de la maladie. Du fait qu'il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas bien dans ma manière de vivre. Et qu'il fallait réajuster. Donc en fait, ce diagnostic, ça m'a obligée à faire un pas de côté. de regarder comment je vivais, ce qui ne fonctionnait pas, ce qui n'était pas juste, ce qui n'était pas aligné, ce qui n'était pas cohérent. Donc la médecine intégrative, elle encourage vraiment à se poser toutes ces questions, puisque la maladie, elle est là pour nous enseigner quelque chose. Oui,
- Uriell
on dit souvent que le corps parle.
- Florence
Oui. Qu'est-ce que le corps dit que je ne veux pas voir ? Qu'est-ce qu'il faut que je change ? Donc, je pense que vraiment réaliser qu'il y a des changements qui doivent s'opérer, changements profonds dans sa manière de vivre, d'appréhender les choses, changements de rythme. Donc moi, j'apprends encore à changer de rythme, à revenir à quelque chose de plus lent, mettre plus de conscience dans ce que je vis. Et de me libérer de tous les stress, de toutes les injonctions, de tous les systèmes. C'est très ambitieux. Petit à petit, c'est ça. Et donc, en médecine intégrative, on se penche vraiment là-dessus, sur l'identité. Qui on est ? Quels sont nos besoins ? Quels sont les besoins qu'on n'a pas honorés, qu'on n'a pas respectés ? En fait, le diagnostic pour Manap. pas été une réelle surprise. Et très vite, j'ai su qu'il fallait que je reconsidère ma manière de vivre.
- Uriell
La part émotionnelle aussi est très...
- Florence
Alors voilà, ça c'est aussi le cœur du sujet. De plus en plus, je réalise que c'est vraiment le... que c'est tout ce qui est important. Et qu'il faut prendre en charge l'émotionnel parce que je crois que la maladie, quelle qu'elle soit, je pense que c'est... souvent liées à des émotions refoulées. Donc là, il s'agit de s'en occuper. Alors ça, c'est quand même compliqué. Reconnaître que c'est compliqué.
- Uriell
Disons qu'il y a plusieurs approches possibles, mais c'est vrai qu'il faut... Ça peut être un long processus.
- Florence
Voilà, c'est un long processus. Ça prend du temps. Mais bon, la démarche est importante. Des marches importantes.
- Uriell
Tu as peut-être des exemples de choses que tu as essayé d'explorer pour justement travailler sur ce côté émotionnel ?
- Florence
Oui, je suis allée voir un ou deux psys, mais j'avais besoin de sortir un peu du mental et puis d'aller chercher vraiment plus en profondeur, plus dans le corps. Récemment, j'ai suivi une thérapie de groupe. Et là où il s'agit d'aller chercher vraiment les traumatismes de l'enfance. Je pense que c'est très important.
- Uriell
En off, tu disais que ça t'avait vraiment fait découvrir des choses que tu minimisais.
- Florence
Oui, que je minimisais. Et du coup, le lien avec la maladie a été fait. Comme point de départ, c'est ces traumatismes de l'enfance. Il y a des événements dans la vie qui créent des chocs. Et le corps, en fait, il va restituer tout ça. Alors que dans sa tête, on a envie de minimiser, d'oublier, d'avancer, etc. Donc, il s'agit de revenir à la base, à ces traumatismes, d'essayer de les traiter. Et puis de... Et puis de prendre soin de soi, c'est aussi s'auto-materner, se donner ce que l'entourage peut-être ne nous a pas donné. Donc il y a vraiment cette démarche d'autonomie, de se responsabiliser, de se donner de la douceur, et puis de se libérer des injonctions, de se dépêcher, de faire. Donc ça, je l'avais déjà compris avant, mais là, il faut l'expérimenter. Je me rends compte que c'est vraiment le moment d'expérimenter ça et puis de remettre de la joie pour essayer de contrecarrer toute cette peur liée à la maladie. Et puis je pense que la joie, c'est notre nature profonde. Et en fait, revenir à ça, c'est génial.
- Uriell
Mais pas si simple.
- Florence
Ce n'est pas simple, mais quand on a la chance finalement d'avoir du temps pour soi, moi j'essaie de chercher le plus possible des expériences qui me mettent en joie. Et en fait, la proximité de la nature, par exemple. Ça, c'est vraiment puissant. Ça m'aide à être bien, à m'apaiser, à me sentir en sécurité. Pour moi, la nature, c'est ça aussi. De sentir la force, d'être bien en phase avec ce qui nous entoure. C'est une recherche permanente, mais c'est vrai que d'expérimenter des moments comme ça, de calme, de joie, je pense que c'est très puissant pour... pour faire face à la maladie.
- Uriell
Aujourd'hui, tu dis aussi que d'ailleurs, tu as envie d'en rire un peu finalement de la maladie, même si c'est des souffrances, et en même temps, tu as envie qu'on démystifie un peu.
- Florence
Quand on fait l'expérience de quelque chose, on voit à quel point on avait des a priori sur cette chose-là avant de l'expérimenter. C'est comme ça pour tout. Le cancer, le mot fait tellement peur à tout le monde. Il y a à côté qui fige dans la peur. Et en fait, quand on expérimente, on est dans un parcours de soins, on réalise que ce n'est pas du tout ce qu'on avait imaginé et qu'en fait, on vit avec ça et qu'on peut aussi vivre très bien. Moi, j'ai plein de moments où je suis bien. Je me sens même beaucoup mieux parce que comme je suis plus alignée, je me sens beaucoup mieux dans ma peau maintenant, même si je suis malade. Et en fait, je suis malade, mais c'est une partie de moi qui est malade. Il y a l'autre part de moi qui veut la vie, qui se manifeste, la joie qui se manifeste. J'ai vraiment à cœur de parler de la maladie de manière plus spontanée, parce que l'entourage, quelquefois, a du mal à nous en parler. L'entourage a du mal à trouver sa place, ne sait pas trop comment se positionner, quoi dire, quoi faire, etc. Comme je disais, ça fige. C'est une maladie qui fait tellement peur. Et en fait, moi, j'essaie de dédramatiser le plus possible tout ça. L'humour, c'est une bonne arme. Parce qu'on vit quand même des situations qui ne sont pas toujours confortables, mais qui sont quelquefois cocasses aussi. On apprend à relativiser beaucoup de choses. Ça, c'est quand même précieux.
- Uriell
Et puis, tu ne veux pas être résumée à la maladie.
- Florence
Non. C'est sûr que non. Et quelque part, c'est un peu ce que j'ai ressenti quand je discutais avec les oncologues, c'est qu'en fait, on est un corps, on ne s'occupe que du corps, on s'occupe du symptôme, même pas du corps. On s'occupe du symptôme. On focalise sur une partie du corps sur laquelle on va bombarder de la chimie pour neutraliser ça. Mais on ne s'occupe pas de tout le reste. Donc, c'est très réducteur. Et puis, ça donne un sentiment de... Je ne sais pas comment dire ça, mais le fait d'être réduit à ça, pour moi, ce n'est pas supportable.
- Uriell
Donc, tu es totalement en phase avec ce choix ?
- Florence
D'une approche mystique ? Oui, ça me paraît indispensable.
- Uriell
Et naturel,
- Florence
pour toi ? Complètement naturel. Oui. Complètement naturel, en fait. Quand on est confronté à cette maladie, quand même à la mort, c'est-à-dire à l'idée que la mort, en fait, te permet d'être plus en vie. De vivre pleinement, quoi.
- Uriell
C'est comme un réveil.
- Florence
Oui. De commencer finalement à vivre. Alors, qu'est-ce que c'est que vivre ? Évidemment, moi, je me suis posé plein de questions existentielles. C'est que la vie, etc. Arrêter d'avoir peur de la vie, finalement, oser, entreprendre, prendre sa place. D'un seul coup, tout ça, c'est devenu évident, nécessaire, urgent.
- Uriell
On a l'impression quand même, dans ton écoute, qu'il y a eu un réel changement intérieur en toi.
- Florence
Oui, alors je pense que ça se préparait déjà, peut-être un peu avant, mais la maladie a servi de révélateur. C'est-à-dire... C'est une manière de me dire, bon, allez, c'est maintenant, quoi. C'est maintenant. Pour moi, c'est vraiment... La résilience, c'est une réconciliation, en fait, avec soi. Pour moi, donc très personnellement, c'était de prendre conscience que j'avais beaucoup de culpabilité, qu'il fallait peut-être s'occuper de ça. Donc, se pardonner, être...
- Uriell
Oui, se pardonner soi, d'abord.
- Florence
Se pardonner soi, oui. pardonner soi au lieu de pardonner aux autres.
- Uriell
Parce que c'est d'abord de l'amour à soi en fait qui est... Oui,
- Florence
voilà, donc c'est ça le développement, pour moi c'est ça, ça pourrait se résumer à ça. Apprendre à s'aimer, à se pardonner, à s'accepter, à prendre sa place, etc. Et la maladie pour moi c'était un détonateur quoi, c'était... Bon, allez, maintenant, tu vas enfin t'autoriser à vivre et du coup, à être dans la joie. Je m'autorise beaucoup plus tout ça et je me sens beaucoup mieux, en fait, depuis que je suis malade. Enfin, dans ma tête, je suis beaucoup mieux, je suis beaucoup plus heureuse depuis que je suis malade. Alors ça, c'est quand même une sacrée découverte.
- Uriell
Quand même, donc c'est un peu comme un cadeau, finalement.
- Florence
Pour moi, c'est complètement un cadeau. qui permet finalement de gérer les moments difficiles. Parce que des moments difficiles, il y en a eu, c'est sûr, il y en a encore. Alors après, je n'ai pas de douleurs chaque jour. Je ne porte pas des douleurs physiques. Je trouve que ça permet de vivre normalement la plupart du temps. Parce que quand on souffre physiquement, forcément dans sa tête, on est moins bien. Mais là, d'expérimenter, de faire de belles expériences de vie, comme faire du sport, être dans la nature, etc., ça me situe du bon côté, quoi. Et ça alimente le bon côté, je dirais.
- Uriell
C'est un cercle vertueux, finalement.
- Florence
Le cercle vertueux, voilà. C'est un cercle vertueux,
- Uriell
oui. OK. Alors maintenant, je vais t'inviter à répondre à une sorte de portrait chinois en rapport avec la résilience.
- Florence
On y va. Alors, si ta résilience était une personne ou un animal ? Alors, ce sera un animal, en fait. Ce sera un animal parce qu'en fait, c'est ce qu'on disait en off, je disais que l'animal, c'est un modèle pour l'être humain. C'est un modèle pour moi. En fait, l'animal, il a tout compris. Il vit, il se contente de vivre, il se contente d'être, en vivant le moment présent. Alors voilà, je dirais un jaguar, parce que c'est sauvage. Pour moi, ça représente un peu la liberté aussi. Et le côté animal, revenir au côté animal qui nous manque tellement. Si ta résilience était un objet ? Mon tapis de yoga, parce qu'on en revient quand même. Toujours à ça, vivre le moment présent, revenir à ce qu'il y a au plus profond, en mettant de côté son identité, tout ce qui est construit comme ça, qui nous formate. Revenir sur le tapis, et c'est pour moi aussi mettre un peu de discipline dans ma vie quand même, parce que c'est bien de se laisser vivre. Mais c'est bien aussi de mettre en place des actions justes. Et il faut aussi un peu de rigueur. Parce qu'on a compris des choses, on les met en place de manière régulière.
- Uriell
Et le yoga ?
- Florence
Le yoga, c'est aussi une discipline. Enfin, l'aspect discipline est important aussi. Pas seulement la détente. Oui.
- Uriell
C'est aussi le corps ?
- Florence
Le corps, toujours. C'est le corps.
- Uriell
L'écoute du corps.
- Florence
Oui. Le corps, c'est... au centre de tout. Si ta résilience était un lieu, un paysage ? Alors, comme ça, ça me vient spontanément. Les vagues de la mer, parce que c'est une espèce de mouvement éternel. Le moment présent, en fait.
- Uriell
On en revient.
- Florence
On reviendra à l'essence.
- Uriell
Est-ce qu'il y a des lieux particuliers depuis que tu es malade où tu apprécies te ressourcer ?
- Florence
Alors, il y a la nature, les balades en forêt, parce que je ressens une telle puissance dans la nature aujourd'hui, beaucoup plus qu'avant, je suis beaucoup plus attentive à ça. Et puis mon lit, mon lit où j'ai appris à me créer un cocon de la chaleur, de la douceur, etc. et de revenir vraiment à moi, donc mon lit oui. Mais sinon, la nature, le fait d'être. Je dis les deux, mais il y a des moments où j'ai besoin d'être enveloppée dans mon lit et puis il y a des moments où j'ai de plus en plus besoin d'être à l'extérieur et d'être dans la nature, de plus en plus immergée dans la nature. Et le lac, là on est au bord du lac, c'est très apaisant le lac. Surtout que là, en ce moment, le lac et la surface, c'est lisse. Et on dit, d'ailleurs c'est une métaphore, quand la surface du lac est lisse, on peut voir vraiment la profondeur. Alors que quand la surface du lac est agitée, on ne voit pas ce qu'il y a en profondeur. Et c'est ça la méditation. Si on veut aller en profondeur, il y a toutes ces couches qui se traversent. Le mental, les sensations physiques, etc. Et tout ça, quand ça devient plus silencieux, permet de voir notre essence véritable. Et donc, notre essence véritable, c'est la joie. Donc voilà, le lac... Le lac, c'est très inspirant.
- Uriell
Très inspirant, oui.
- Florence
Si ta résilience était une musique, une chanson ? Let it be, des Beatles.
- Uriell
Ça va avec, le moment présent.
- Uriell
C'est pris, oui.
- Florence
Si ta résilience était un livre ? est ou un film est ou un documentaire. L'audace de vivre d'Arnaud Desjardins, mais que j'ai lu il y a 20 ans. Et c'était avant la maladie ? Oui.
- Uriell
Tu ne l'as pas relu ?
- Florence
Je l'ai en tête et puis je comprends encore mieux aujourd'hui. Voilà, c'est s'autoriser à vivre. Alors, si ta résilience était une activité, quelque chose de créatif, développer sa créativité, ça me paraît important pour s'exprimer. Donc, tout ce qu'on peut créer. Je me dis que, je ne sais pas pourquoi, je me disais que je n'étais pas manuelle, alors que c'est une limite que je me mettais. Je crois que c'est quelque chose que j'avais entendu dans l'enfance. Alors du coup, j'ai envie de faire quelque chose avec mes mains. Donc là, je me suis mise au crochet. J'essaye de... La dernière fois, j'ai peint. Voilà, donc ça, ça me paraît être une voie intéressante à suivre. En tout cas, moi, ça me fait envie aujourd'hui. J'ai envie de m'exprimer comme ça. Si ta résilience était une phrase et ou une citation et ou une blague ? Oui, alors j'ai un mantra. que je récite depuis quelques trois ans peut-être. Je peux dire juste le début, c'est je suis abondamment soignée, aimée, soutenue, en sécurité et protégée. Tous les jours, je récite, par exemple quand je nage dans le lac, à d'autres moments. En fait, c'est venu d'une amie qui me disait qu'elle avait ce mantra. Quand elle l'a récité, je me suis dit, je l'ai un peu modifié pour me l'approprier. Mais j'aime bien. Si ta résilience était une couleur et ou une odeur et ou un goût. Les couleurs de l'arc-en-ciel. C'est toute la palette de ce que la vie peut m'offrir. Si ta résilience était un soin. qui me vient tout de suite spontanément poser mes mains sur mon corps, comme une manière de recontacter le corps et d'amener de la douceur. Poser mes mains sur mon ventre et puis d'essayer d'aller écouter ce qu'il a à me dire, parce que depuis tant qu'il s'exprime, que je n'entends pas, j'apprends à l'écouter, mais un soin qui passe par le corps, toujours. des ressources psychologiques que tu possédais déjà avant de devoir faire face à la maladie et qui ont pu t'aider ? Ma mère m'a toujours appris à communiquer les choses, à dire les choses. En même temps, la maladie, c'est le signe quand même qu'il y a des choses qui n'ont pas été communiquées, qui n'ont pas été dites. Mais quand même, avec les mots, on peut dire beaucoup de choses. De parler de la maladie, ne serait-ce que d'en parler spontanément, sans tabou. Et puis le yoga, quoi. Le yoga, c'était déjà là avant la maladie, mais oui, ça reste vraiment un outil précieux. Crois-tu que ton environnement, famille, amis, collègues, etc., a pu contribuer à développer cette résilience ? Si oui, de quelle manière ? Moi, je suis très aidée par mes amis. qui ont eu la délicatesse de ne pas... justement de ne pas me regarder de travers parce que j'étais atteinte de cancer et de me considérer... Alors il y a quelque chose qui s'est modifié c'est sûr, c'est à dire que quelquefois on fait plus attention à ne pas se plaindre devant moi parce qu'on se dit oh là là j'ai pas le droit. Donc je leur dis non non il faut qu'on ait la même relation qu'avant mais par contre j'ai senti beaucoup de beaucoup de chaleur, beaucoup de présence, de... de soutien. Je me sens très entourée par mes amis. Ma famille, alors justement, j'ai pris conscience qu'en fait, la maladie me permettait de me rapprocher de ma famille. Alors, il faut faire attention parce que du coup, la maladie elle est utile, mais il ne faut pas qu'elle soit indispensable. J'ai pu m'être à distance, par exemple. un peu la colère, l'agressivité que ma mère pouvait avoir dans sa relation avec moi. Donc là, elle n'ose plus. Mais il faudrait que je trouve d'autres moyens, quand même, que la maladie, pour avoir des rapports harmonieux avec ma famille. Alors, avec mes soeurs, il y a eu vraiment un vrai rapprochement. Donc ça, je suis ravie de ça. C'est que ça crée... Oui, je sens vraiment du soutien autour de moi. Oui,
- Uriell
puis on sait qu'à l'inverse, l'isolement, rien de pire que l'isolement.
- Florence
Oui, alors ça, c'est prouvé. Les gens sont isolés. et qui vivent la maladie seules comme ça, c'est très mauvais pour eux.
- Uriell
On ne peut que les encourager à essayer de se rapprocher, à défaut, si on n'a plus une famille, mais au moins d'aller voir une association.
- Florence
Tout à fait, il y a des associations. Le fait de pouvoir parler de ce qu'on vit, c'est quand même essentiel, de communiquer ce qu'on ressent. Alors, si ce n'est pas les amis ou la famille, ça peut être effectivement... Il y a plein de... d'organisme aussi aujourd'hui on peut aller voir et parler et on est accueilli quoi. Donc oui ne pas rester seul, ne pas rester seul, enfin être seul, il y a des moments où on doit être seul puis il y a des moments où il faut faire des... au niveau social c'est important d'avoir des expériences sociales, sortir, rire, s'amuser. Avant le cancer, tu étais... Après le cancer, tu es... Avant le cancer, tu étais... J'étais plutôt passive. Voilà, c'était mon gros défaut. Et assez dépendante. Et après le cancer, je suis plus indépendante et plus libre. Carrément, j'ose dire le mot parce que c'est ça. Au final, pour toi, résilience rime avec aisance. Prendre la place, prendre sa place, trouver de l'espace, agrandir l'espace à l'intérieur, autour, aisance.
- Uriell
Finalement, les choses sont un peu plus faciles, malgré la maladie.
- Florence
Plus faciles, oui. J'ose plus, en fait. J'ose plus qu'avant. Moi, ça, c'est chouette de vivre ça. Parce que j'ai l'impression que pendant longtemps, je me suis empêchée et que, voilà, j'étais un peu dans mon petit coin, une petite souris dans son trou. Donc là, je sors et puis j'explore. J'essaye de mettre de l'aisance. À qui as-tu envie de dire merci aujourd'hui ? Pourquoi ? Alors j'ai envie de dire merci à la petite fille intérieure. À moi quoi, bien sûr. À la petite fille intérieure parce qu'en fait, elle était là depuis longtemps et puis que je ne l'avais pas vraiment prise par la main. Et puis c'est elle qui a révélé tout ça. Cette urgence de vivre, de me réconcilier avec moi-même, de me faire du bien, de m'apporter de la douceur. Et en fait, ça part de là pour moi. Donc j'ai envie de lui dire merci parce qu'elle me permet aussi de devenir adulte finalement.
- Uriell
Florence, notre échange touche à sa fin. Avant de reprendre nos vélos et terminer le tour du lac du Bourget, qu'aimerais-tu dire aux personnes qui se sentent un peu perdues ou qui n'ont plus d'espoir dans leur traitement ?
- Florence
Je pense qu'on est fait de... de différentes choses, et on a différents mois, et on a, c'est certain, avec la maladie, je pense des espèces de, je dirais naïvement, des sortes de pulsions de mort, en fait, qui sont là, qui se manifestent, enfin. Mais qu'on a aussi la vie qui est là, qui se cherche. On dit que la maladie, c'est la santé qui se cherche, et que c'est là, et que la joie, la vie... sont là malgré tout, malgré la maladie et en chacun de nous, absolument. En tous, quoi. En chacun de nous. Donc, comment faire ? Essayer de trouver sa voie personnelle. Je n'ai pas de conseil spécial à donner, mais d'aller contacter ça, quoi. Puis d'alimenter ça, d'essayer de nourrir ça. Tout ce qui nous fait plaisir, tout ce qui nous met en joie. Et pour moi, c'est la meilleure façon de contrer la maladie, quoi. Essayer de lui opposer de la joie. Essayer d'aller... de se laisser guider par ça, peut-être. Alors, c'est vrai qu'il y a un temps où on est vraiment sous le choc, on a du mal à rejaillir, à rebondir, mais la vie, elle est là de toute façon. C'est forcément ça qui va nous guider. Merci pour ce beau message de ce soir, Florence. Merci de m'avoir écoutée.
- Uriell
Un grand merci encore une fois à Florence pour ce témoignage à la fois lucide et apaisant. Ta parole libre et courageuse. partagé au fil du chemin au bord du lac du Bourget.
- Uriell
Et vous,
- Uriell
avez-vous aussi exploré des approches complémentaires dans votre parcours ? Quelles sont vos ressources, vos petits rituels pour rester debout face à l'épreuve ? Je serais ravie de lire vos témoignages ou d'en discuter avec vous, ici ou sur les réseaux. Vous retrouverez dans le descriptif de l'épisode les liens vers les ressources évoquées au fil de mon échange avec Florence. Si cet épisode vous a inspiré, vous pouvez soutenir sa diffusion en le... partageant ou en laissant un avis sur votre plateforme d'écoute préférée. Pensez aussi à vous abonner pour ne manquer aucun épisode et à rejoindre ma newsletter pour suivre mon actualité. Pour cela, rendez-vous sur mon site www.les2lduriell.com À dans deux semaines pour une nouvelle escale sonore. L'écho des papillons, des ailes et de l'espoir face au cancer.