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Etoiles du Droit et de L'innovation - by Legal Jedi

Le Legal Design: outil incontournable pour un droit plus accessible

Le Legal Design: outil incontournable pour un droit plus accessible

54min |06/12/2024|

35

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54min |06/12/2024|

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Description

Êtes-vous prêt à redéfinir votre perception du droit et à découvrir comment le design peut transformer la manière dont nous comprenons le droit ? Dans cet épisode des Etoiles du Droit et de L'Innovation, Quentin Ramaget reçoit Cassandre, une juriste spécialisée en droit du numérique et en design thinking, qui nous plonge au cœur du concept fascinant de legal design. Cette approche novatrice vise à rendre le droit plus accessible et compréhensible pour le grand public, un enjeu crucial dans un monde où la transformation digitale redéfinit les contours du management juridique.


Cassandre, forte de son parcours académique impressionnant, met en lumière l'importance de la transformation juridique et du design thinking au sein des directions juridiques. Ensemble, ils explorent comment le legal design s'intègre dans le droit, en plaçant les utilisateurs au centre de la conception de solutions juridiques adaptées. Cette méthode garantit non seulement la pertinence des solutions proposées, mais elle favorise également une meilleure compréhension des documents juridiques par des non-juristes, un défi majeur pour les juristes et notaires d'aujourd'hui.


Au fil de la discussion, vous découvrirez l'importance d'un langage clair dans la rédaction juridique. Cassandre partage des conseils pratiques pour les juristes désireux d'adopter cette approche, insistant sur la nécessité d'interroger les utilisateurs sur leur compréhension des documents. Cette démarche est essentielle pour assurer la conformité et l'efficacité des pratiques juridiques dans un environnement en constante évolution.


Enfin, l'épisode aborde le rôle croissant de l'intelligence artificielle dans la reformulation et l'accessibilité des informations juridiques. Comment cette technologie peut-elle soutenir la conduite du changement dans le management et la stratégie des directions juridiques ? Cassandre et Quentin échangent sur les implications de cette révolution numérique pour les expertises juridiques et le secteur du droit dans son ensemble.


Ne manquez pas cet épisode captivant des Etoiles du Droit et de L'Innovation, où innovation et transformation digitale se rencontrent pour façonner l'avenir du droit. Rejoignez-nous pour explorer comment le legal design peut devenir un outil puissant pour les juristes, notaires et professionnels du droit, en rendant la justice plus accessible et en améliorant la compréhension des enjeux juridiques par tous.


Pour tout savoir sur la transformation digitale dans le domaine juridique, retrouvez-moi sur:


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, bienvenue à bord des étoiles du droit et de l'innovation, le podcast qui vous propulse dans l'univers juridique de demain. Je suis Quentin Ramaget, juriste en droit des sociétés, LegalOps et fondateur de LegalJedi. J'accompagne les directions juridiques et les cabinets d'avocats dans leurs projets de transformation. Je les aide à trouver l'équilibre dans la force entre l'humain et la technologie. Je les aide à ne pas tomber du côté obscur du fameux on a toujours fait comme ça Mais assez parlé de moi. Si vous êtes ici, c'est surtout que vous voulez entendre l'histoire de ces véritables aventuriers et visionnaires du droit. Ils nous viennent des quatre coins de la galaxie juridique. Ils sont juristes, avocats, notaires, éditeurs de LegalTech, entrepreneurs, mais surtout passionnés. Dans ce podcast, vous découvrirez des échanges captivants avec ces pionniers qui, comme nous, ont un droit plus moderne, plus clair et surtout plus accessible. Alors embarquez avec moi ! à la rencontre de ces esprits révolutionnaires qui redéfinissent les contours de nos professions. Bonne écoute. Bonjour Kassandra, merci d'avoir accepté l'invitation de venir partager ton expérience sur les étoiles du droit et l'innovation. Avant de commencer, je te propose peut-être de te présenter pour ceux qui n'ont pas la chance de te connaître déjà, donc si tu veux nous raconter un peu qui tu es, d'où tu viens, ton parcours.

  • Speaker #1

    Oui, avec plaisir. Déjà, bonjour Quentin, bonjour à toutes. Merci beaucoup de m'accueillir sur ton podcast. Donc, mon parcours en quelques mots, alors il a commencé à la faculté de droit de Rennes, où j'ai fait donc ma licence, mon master 1 droit des affaires et ensuite mon master 2 en droit du numérique. Et durant mes études, en fait, j'ai rapidement voulu m'intéresser aussi au domaine extérieur au droit et je me suis inscrite. à un master que j'ai effectué en parallèle de mes études de droit en management de l'innovation, et plus précisément en transformation digitale des entreprises. Et ça m'a vraiment ouvert des portes, ouvert l'esprit sur une autre pratique qui existait. Et ça m'a amenée vers le design thinking. Je ne sais pas si c'est un terme qui est clair pour toi.

  • Speaker #0

    Pour moi, ça va, mais je pense qu'un petit picure de rappel à ceux qui ne connaissent pas encore, ils seront ravis de vraiment connaître ce que c'est que le design thinking, effectivement.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, le design thinking, quand on ne connaît pas, ça fait un petit peu charabia, anglicisme. Souvent, ça fait un petit peu peur, donc il vaut mieux le définir. En fait, c'est tout bêtement comment développer des solutions pertinentes. qui répondent aux besoins des utilisateurs. Donc, quand on dit utilisateur, c'est vraiment très vaste. Si, par exemple, vous rédigez une note juridique à destination de chefs d'entreprise, les chefs d'entreprise, on va les appeler les utilisateurs. Et donc, en fait, c'est une méthode pour être certain à 100% de la pertinence de la solution. En fait, on... On s'est aperçu que c'était les utilisateurs eux-mêmes qui connaissaient au mieux leurs besoins et comment ils attendaient qu'on y réponde. Et donc, le fait de les intégrer dans la conception d'une solution, ça nous assure d'être en adéquation avec leurs besoins.

  • Speaker #0

    En fait, si on peut faire un parallèle avec quelque chose qui parle peut-être plus aux plus jeunes, c'est un peu si on ramenait ça au domaine des jeux vidéo, c'est un peu la jouabilité. C'est-à-dire que les concepteurs de jeux vidéo vont imaginer l'expérience du joueur. savoir si c'est facile, si c'est intéressant, si c'est captivant. Finalement, c'est un petit peu ça, mais ramené à un autre domaine. En l'occurrence, le droit pour toi, tu vas nous expliquer un petit peu. Mais le design thinking, si je ne me trompe pas, c'est à peu près ça. C'est rendre quelque chose qui soit bien pour l'utilisateur final.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est ça. Et garantir une expérience satisfaisante, efficace. C'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Et peut-être juste pour les... jeunes auditeurs qui voudraient aussi s'ouvrir un peu l'esprit. Est-ce que tu nous partagerais le nom ou l'école dans laquelle tu as fait ton master qui t'a ouvert l'esprit sur ça ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est un master qui est proposé par l'université de Rennes. Et pour ceux qui sont intéressés et qui souhaiteraient peut-être commencer de façon un peu plus simple que sur une formation de un an, Il y a des hackathons qui existent et qui sont d'ailleurs en partenariat avec plusieurs professionnels, plusieurs entreprises et notamment des professionnels du droit. Et donc là, le hackathon en question qui est rattaché à cette formation s'appelle le Challenge Digital Transformer. Je conseille vraiment à 100% pour tous les étudiants de Rennes, professionnels de droit ou pas.

  • Speaker #0

    Du coup, là, tu nous as parlé du design thinking. Comment est-ce que le design thinking vient se rattacher au droit ? Parce que dans les étoiles du droit et de l'innovation, on parle de droit. Comment est-ce que le design thinking vient se rattacher au droit et quelles sont ses applications dans le monde juridique ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est une très bonne question. Et en fait, c'est la question que je me suis... posée à la base quand je connaissais cette méthode du design thinking, mais au départ, elle était complètement indépendante pour moi du droit. Et je me suis dit, mais tiens, c'est dommage, parce qu'en fait, en droit, en plus, on s'adresse souvent à des non-juristes, et donc ça serait justement intéressant de les intégrer dans la démarche. Et je me suis dit, mais je vais creuser un petit peu et voir si par hasard... ce serait possible de mixer design thinking et droit. Et en fait, très rapidement, j'ai découvert que je n'avais rien inventé du tout et que ça existait déjà depuis des années dans une pratique qu'on appelait du coup le legal design, qui est donc un mix entre le droit et le design pour design thinking.

  • Speaker #0

    C'est pas très grave de ne pas l'avoir inventé, au moins tu l'as trouvé.

  • Speaker #1

    C'est déjà ça.

  • Speaker #0

    Ça arrive souvent, c'est comme moi, c'était pareil avec les legal ops, on pense, tiens... fait quelque chose qui n'est pas juriste, qui est un peu différent, on se rend compte qu'effectivement, certains sont en legalops depuis bien longtemps et qu'en fait, on le laisse en savoir.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Et du coup, le legal design, parce que nous voilà au cœur du sujet, en deux, trois mots, si tu devais résumer, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #1

    Alors, le legal design, c'est une façon de s'adapter aux personnes à qui on s'adresse. Et c'est une façon de s'assurer que les personnes à qui on s'adresse, qui ne sont pas forcément des juristes, comprennent l'intégralité de l'information qu'on est en train de leur transmettre. Le Legal Design, c'est vraiment très large en fait comme sujet et il peut s'appliquer à toute solution juridique, quelle qu'elle soit, à partir du moment où on a besoin de se faire comprendre. par les personnes à qui on s'adresse. En général, comme c'est mieux de se faire comprendre, j'ai envie de dire que le legal design s'applique quand même assez souvent.

  • Speaker #0

    Ça peut être aussi bien un document juridique qui est legal designé, ça peut être une expérience utilisateur, moi je ne sais pas, sur le site internet d'un organisme public qui veut que le public comprenne ses obligations juridiques, ses droits, ses devoirs, et donc avoir une expérience utilisateur avec. des schémas, avec des explications qui sont claires. D'ailleurs, on le voit bien sur le site, par exemple, des impôts. Ce n'est pas le préféré des gens, mais sur les sites du gouvernement français en général, on voit quand même une petite clarification depuis quelques années sous forme de questions, sous forme de schémas, pour que les gens comprennent. Parce qu'effectivement, tout est du droit un peu dans notre vie, sur notre vie personnelle, notre vie professionnelle, quand on se marie, quand on achète une maison, quand on va acheter une baguette de pain. on passe un contrat d'achat avec le boulanger bon il n'y a pas de condition générale mais on le sait bien quand on achète quand on fait du shopping sur internet en général on colle sur j'accepte les conditions générales sans les lire et c'est typiquement le genre de document que les gens ne lisent

  • Speaker #1

    pas parce qu'ils ne le comprennent pas voilà exactement et pour revenir à ce que tu disais par rapport aux communications de l'état auprès des justiciables, il y a vraiment un effort qui est fait et d'ailleurs il y a plein de ressources de l'État qui sont accessibles. Il y a toute une démarche qui rende publique et il y a même des gens qui travaillent pour le gouvernement et qui sont vraiment spécialisés dans ces questions d'accessibilité, de design. Et vous avez même d'ailleurs une chaîne YouTube qui reprend des méthodes et qui est super, qui s'appelle Design Goove. Donc, je conseille vraiment à toutes les personnes qui souhaiteraient en savoir plus d'aller visionner les vidéos de cette chaîne.

  • Speaker #0

    D'accord, super. Eh bien, Design Goof, que tout le monde le retienne bien, Design Goof pour aller s'inspirer de ces modèles. Bon, maintenant qu'on voit un petit peu mieux l'utilité du Legal Design, par quoi ça commence ? Parce que c'est vrai que généralement, les professionnels du droit ont tendance à penser… c'est pas égoïste, mais à penser à eux, c'est-à-dire qu'ils s'expriment dans leur jargon, avec leurs termes, en espérant que la personne de l'autre côté va comprendre, ou qu'elle fera ce qu'elle peut. Le legal design, finalement, c'est... inverser le sens de la pensée, penser au dessinateur avant de penser à comment on va rédiger entre guillemets le contenu.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est exactement ça en fait. Dans notre formation en tant que juriste, on nous apprend beaucoup à anticiper le contentieux. Et en fait, je ne dis pas que c'est une mauvaise chose, c'est toujours quelque chose d'absolument indispensable, mais je dirais que ce n'est pas la seule chose qui est importante. Quand on pense par exemple au contrat, donc effectivement, c'est primordial d'anticiper des contentieux et de se protéger. Maintenant, la plupart des contrats ne se retrouvent pas dans un tribunal, en fait. Et au contraire, ils ont vocation à vivre pendant toute la relation contractuelle et à être utilisés, à être lus, à être compris. Disons que ce n'est pas toujours le cas. Donc, l'idée, c'est effectivement de prendre conscience qu'on est en train de s'adresser à des personnes qui n'ont pas forcément le même degré d'expertise que nous en tant que juristes. Et ce n'est pas forcément quelque chose qui est facile à faire. C'est un mécanisme de pensée qui est difficile à acquérir au début et c'est normal. D'ailleurs, ça a même été théorisé dans une expression que je trouve assez sympa qui s'appelle la malédiction de la connaissance. Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler d'expression. Tant mieux, c'est l'occasion. En fait, c'est parti d'un biais cognitif de notre cerveau qui nous empêcherait de faire abstraction de toutes les connaissances qu'on a accumulées sur un sujet. Si je dois donner un exemple du quotidien, tu sais, des fois, tu demandes ton chemin à quelqu'un qui te dit, tu sais... tu vois, dès que tu vois la boulangerie tu vas à droite et puis au revêtement tu vas à gauche et puis ensuite tout droit et en fait pour lui c'est extrêmement clair puisqu'il a tout le chemin en tête, il a toutes les images et puis toi en fait en face, qui n'a pas toutes ces images ça te paraît très abstrait voilà exactement, ça te paraît très abstrait et puis tu fais oui de la tête pour être poli mais en fait tu n'as pas forcément c'est pas forcément aussi clair et puis pour la personne... Pour qui, justement, c'est clair, c'est impossible de faire abstraction de toutes ces images puisque c'est quelque chose qui est tellement inné qu'elle part du principe que tout le monde a ses images dans la tête. Et le droit, c'est pareil, c'est difficile de se rendre compte, finalement, de ce qui est compréhensible, ce qui relève du jargon juridique. On l'utilise, en fait, au quotidien. Donc, quelque chose qui est très complexe pour quelqu'un, mais pas forcément pour quelqu'un d'autre qui a l'habitude de l'utiliser au quotidien. Donc, en fait, moi, ce que je conseille, tout simplement, c'est d'aller vraiment à la rencontre des personnes à qui on s'adresse et leur demander concrètement des retours, en fait. Et ça paraît tout bête, mais c'est quelque chose qu'on n'a pas forcément l'habitude de faire. Et je vais même donner un exemple d'un projet. Où là, je me suis dit vraiment, ah oui, non, mais c'est systématique de questionner, en fait, la cible, puisqu'on ne se rend pas compte, en fait, de la différence de perception de l'information juridique. Donc, ce contrat, c'était un... Il s'agissait de transformer un contrat de crédit renouvelable. Donc, on travaillait avec une banque. Et donc, rapidement, les contrats de crédit renouvelable, c'est un contrat qu'on peut signer directement en magasin. Donc, on va acheter notre machine à laver et là, on nous propose un paiement plusieurs fois. Et donc, on nous propose de signer un contrat de crédit renouvelable. Mais c'est quelque chose qu'on fait comme ça rapidement avant d'acheter notre machine à laver et de rejoindre notre voiture. Et en fait, on a vraiment pris le temps d'aller questionner les clients. Et on s'est rendu compte qu'il y avait une grande partie de ses clients qui n'étaient même pas conscients qu'ils étaient en train de signer un contrat de crédit. Et donc, voilà, effectivement, ça fait tout.

  • Speaker #0

    Oui, ils avaient payé en plusieurs fois, mais pour eux, ce n'était pas forcément un crédit.

  • Speaker #1

    Ça.

  • Speaker #0

    Qui dit crédit, dit le taux d'endettement du foyer qui augmente.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    tout à fait. Si après, on va acheter une maison et qu'il faut déclarer tous ses crédits, la monnaie à la chaîne à laver qu'on a payée en cinq fois, c'était sympa, parce qu'on a sorti un peu moins de cash sur le coup. mais peut-être qu'on ne pourra pas acheter la maison, qu'on aura augmenté son taux d'endettement sans vraiment en avoir conscience.

  • Speaker #1

    Et justement, il y a des réglementations qui encadrent ces contrats de crédit puisque le taux d'endettement, c'est un vrai sujet. Et ça peut mener à des conséquences assez dramatiques parce qu'on est face à des taux qui sont extrêmement élevés. Et donc, le mieux, c'est de signer en connaissance de cause.

  • Speaker #0

    Ce qui est assez drôle, c'est que souvent, dans les banques, on signe des contrats de crédit, mais on signe aussi un document de la banque qui dit qu'ils nous ont bien informé de ce qu'on signe. Le document est tout aussi long et indigeste que le contrat de prêt lui-même. Donc, on met une deuxième couche d'incompréhensibles par-dessus la première. C'est ça. Je sais que ce que tu dis est très intéressant et moi j'ai une anecdote aussi à partager, c'était il y a quelques jours, je travaille aussi dans la gestion d'actifs en parallèle et donc on avait un fonds d'investissement avec un prospectus pour les investisseurs et on a eu besoin de faire vivre, comme tu l'as dit, le droit à sa vie, on a eu besoin de faire vivre une des clauses du prospectus dans le cadre de nouveaux investisseurs qui rentraient et on était en réunion avec plusieurs juristes. à ne pas réussir à faire vivre cette clause parce qu'elle était rédigée d'une telle manière qu'on ne comprenait pas, en fait. Ça avait été rédigé par des avocats spécialisés dans l'investissement. On avait évidemment revu les documents et validé parce que légalement, ça tenait la route. Et puis, c'était des contrats qui font 200 pages ou quelque chose comme ça. Donc, on n'a pas le temps de revoir chaque phrase ou chaque mot un par un. Et c'est effectivement quand on veut faire vivre ce contrat ou une partie précise qu'on se dit... Ah mais en fait, ce qu'on a écrit, finalement... Et donc du coup, on a reformulé. On a essayé de reformuler en utilisant du langage clair. En disant, ah oui, là, c'est quand même un peu plus compréhensible plutôt qu'une phrase qui fait 15 lignes avec éventuellement une virgule.

  • Speaker #1

    C'est ça, non mais... Exactement, en fait, souvent, quand on parle de Legal Design, on pense au non-juriste. Mais en fait, ça peut aussi être bien pratique pour des juristes. Puis, même au-delà de ça, je sais que des fois, à chaque fois quand j'accompagne des clients, je pars tout le temps de contenus juridiques existants que je vais transformer avec mon équipe. Et en fait, des fois, il arrive que je ne comprenne pas une clause. Et vraiment, j'y passe du temps et j'ai beau tourner le truc dans tous les sens, je n'y arrive pas. Et donc, l'important à chaque fois, c'est d'être toujours très… très rigoureux d'un point de vue juridique. Donc, en cas de doute, je reprends contact avec les juristes avec qui je travaille, donc côté client. Et en fait, il m'est arrivé des fois où même côté client, ils se disent Ah mais oui, effectivement, exactement comme ce que tu viens d'expliquer. Effectivement, je ne comprends pas en fait. Et c'est normal que vous ne compreniez pas. C'est qu'il y a un souci. En fait, des fois, on a des documents juridiques qui ont plusieurs années et c'est normal. Et au fur et à mesure de changements dans la réglementation ou dans la stratégie de l'entreprise, on va rajouter des articles et en fait, on va arriver à un millefeuille. Et parfois, il y a même soit des répétitions. Donc, à la limite, ce n'est pas trop embêtant. Mais du coup, au niveau de la visibilité, ce n'est pas non plus tip top. Et puis, des fois, on a des contresens, en fait, complètement. Donc, c'est ça aussi, le legal design, c'est remettre tout à plat et vraiment sélectionner l'information qui a vocation à être dans ce contrat.

  • Speaker #0

    Finalement, il y a un double intérêt, c'est que, quand bien même on ne franchirait pas le cap de legal designer un document, faire une partie de la démarche pour prendre le temps de relire ces rendus juridiques, se dire, OK, est-ce que ça veut dire quelque chose ? Je vais me mettre à la place de mon dessinateur, juste pour vérifier que c'est cohérent. Finalement, rien que ça, ça peut déjà en premier pas. Après, voilà, libre à chacun de mettre en legal design ou pas, mais c'est qu'on voit que dans tous les cas, il y a une partie extrêmement utile pour chacun, c'est de vérifier la cohérence. Comme tu dis, le droit, c'est aussi beaucoup d'habitude. On a toujours fait comme ça. C'est le document qu'on a toujours utilisé. Effectivement, le document, il a 15 ans. On a rajouté des articles au fur et à mesure de l'évolution de la loi et on arrive avec ce fameux millefeuille, mais qui n'est pas très digeste, voire incohérent. Parfois on se rend compte qu'entre deux clients, ou entre deux contrats, la même clause va être rédigée différemment, ou les définitions vont être différentes, alors que seulement s'il y avait une harmonisation, déjà on y gagnerait. Et après, effectivement, le côté visuel peut venir s'ajouter. Quand on parle legal design comme tu l'as dit, la rigueur juridique est extrêmement importante, et certains sont encore réfractaires et pensent que le legal design c'est du dessin. Oui. Il faut être le côté, on va dire, artistique. Alors, c'est très beau, mais certains disent souvent, oui, mais c'est simplifié. Genre, comme si finalement, on enlevait de la rigueur juridique pour mettre du dessin à la place, alors que, tu vas préciser, mais je pense que non. Le travail, c'est de garder la rigueur juridique tout en mettant du design. Qu'est-ce que tu réponds à ces... Legal design, nous, de cette p'tique ?

  • Speaker #1

    Oui, alors déjà, c'est important de le mentionner, donc tu as bien fait de le mentionner. En fait, l'objectif du legal design, c'est d'avoir un document qui soit utilisé, qui soit utilisable de manière simple, efficace. Et en fait, si on considère à un moment qu'avec des pictogrammes, etc., ça va améliorer la compréhension, dans ce cas-là, c'est pertinent. Mais en réalité, il n'y a pas... plein de projets en legal design qui ne comportent pas forcément de dessins ou de pictogrammes. Et en fait, le cœur aussi du legal design, tu l'as mentionné d'ailleurs tout à l'heure, c'est le langage clair. Et en général, quand les gens sont un petit peu sceptiques face au legal design, c'est peut-être aussi parce que le concept de langage clair n'est pas forcément clair pour le coup, pour eux. Et donc, pour ceux qui ne connaissent pas, le langage clair, c'est... un ensemble de méthodes qui permettent de partager de l'information complexe de manière compréhensible par tous. Donc, on parle de langage clair, puisque ce n'est pas toujours rattaché au juridique, ça peut être rattaché à la science, par exemple. Et dans le domaine du droit, on parle de langage juridique clair. Et donc, l'idée, c'est de ne pas toucher au fond. Le fond est strictement le même, c'est-à-dire qu'on va transmettre la même quantité d'informations avec le même niveau de détail, mais par contre, on va revoir la structure des phrases, la structure du document. On va, par exemple, quand c'est possible, enlever le jargon juridique pour le reformuler en un vocabulaire plus compréhensible, mais à la fin, on aura le même niveau de détail. Et ça, c'est vraiment... très très très important. Si un jour vous voulez faire du legal design et on vous propose de vulgariser des termes et puis vous vous retrouvez d'un document de 20 pages à une seule page, attention c'est peut-être pas vraiment du legal design puisque en général on change pas vraiment le nombre de pages, sauf si vraiment comme je disais tout à l'heure, on a eu besoin d'enlever les répétitions, ce genre de choses on va pas on va pas... Faire de compromis sur la rigueur. Ça, c'est systématique. Et c'est vraiment important puisqu'on l'utilise. Oui.

  • Speaker #0

    C'est quasiment un travail mot par mot ou phrase par phrase. C'est-à-dire qu'on va éviter, par exemple, les doubles négations pour mettre des phrases affirmatives, parce que l'affirmatif se comprend mieux que le négatif, plutôt que de mettre des exceptions ou des exceptions d'exceptions. On peut mettre des listes, des bullet points, tout ce travail vraiment... phrase après phrase, donc, effectivement, à la fin, on peut, évidemment, gagner peut-être quelques lignes, mais on ne va pas accourcir le document. Ce n'est pas une synthèse, ce n'est pas un résumé, ce n'est pas une synthèse, c'est vraiment de la reformulation.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est de la reformulation, littéralement, phrase par phrase, où on va adopter un certain nombre de méthodes, comme celle que tu as citée, avec, on parle aussi de passer de la voie passive à la voie active, pour vraiment rajouter du concret. Et puis après, en droit, on aime beaucoup les phrases à rallonge. Mais du coup, on va venir un petit peu retravailler ça aussi avec une idée par phrase et permettre au lecteur de ne pas se perdre dans toute cette densité d'informations. Il y a aussi quelque chose qui est important, c'est la hiérarchie de l'information. Donc ça, ça va aussi nous permettre de garder justement le même niveau de détail. Mais par contre, on va partir de l'information la plus importante. Et quand je dis la plus importante, c'est la plus importante pour la cible, pour le lecteur. Et ensuite, on va détailler et on va apporter des couches d'informations, comme ça, au fur et à mesure. Ça paraît assez simple, mais en fait, quand on touche le domaine juridique, on s'aperçoit bien vite que ce qui nous paraît, nous, le plus important en tant que juriste, n'est pas forcément ce qui paraît le plus important pour le lecteur. Par exemple, la règle de droit. Pour nous juristes, c'est quelque chose qu'on va mettre en premier. Donc on va commencer par exemple par citer l'article ou la jurisprudence. Et ensuite, au fur et à mesure de la réflexion, du syllogisme juridique, on va arriver à la réponse en fait. Sauf que notre client, lui, l'article, ça peut l'intéresser. Mais il veut d'abord la réponse. Et donc là, justement, tout l'intérêt, ça sera de commencer par la réponse. et puis d'offrir toujours la possibilité au client d'avoir un niveau de détail qui correspondra à ce qu'il attend ou non, et donc là, de citer aussi l'article, mais dans un deuxième temps.

  • Speaker #0

    Je me souviens quand je travaillais en Canada Vodka, avant on avait un service knowledge en interne et parfois on avait besoin de leur poser des questions de droit et souvent la réponse était très longue, avec beaucoup d'articles, beaucoup de jurisprudence et à la fin une réponse, voire pas de réponse. La question restait encore un peu ouverte. Alors que non, même si j'étais juriste, donc je comprenais la réflexion, quand je m'adressais au service... knowledge, c'était pour avoir une réponse à une question, pour ensuite la transmettre au client qui, lui, se fichait un peu de savoir l'article, la jurisprudence, s'il voulait la réponse. Donc, moi aussi, j'étais un peu client du service knowledge et je voulais d'abord ma réponse et après, éventuellement, les sources, le pourquoi du comment, mais d'abord la réponse.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Mais dans notre formation juridique, en fait, on ne nous apprend pas forcément à avoir cette méthode. Et souvent, quand il y a des étudiants qui sortent de la fac de droit et qui arrivent en entreprise, la première fois qu'on leur demande de répondre à un mail et qu'on leur demande une note juridique, ils vont adopter cette méthode avec la règle de droit d'abord. Et en fait, ils vont rapidement comprendre que ce n'est pas ce qui est attendu par les opérationnels. Voilà, c'est dommage de devoir... passer par toutes ces étapes, alors que ça paraît quand même assez évident, mais c'est le temps de changer un petit peu les habitudes.

  • Speaker #0

    Comme tu dis, ce n'est pas forcément la dictation des non juristes qu'on peut penser que vulgariser entre guillemets, c'est bien pour le citoyen lambda qui n'y connaît rien. Deux avocats qui sont sur un dossier de partie adverse, qui rendent des conclusions, peuvent tout à fait aussi utiliser le langage clair. et le legal design, que ce soit pour la partie adverse ou pour le juge en charge du dossier. Tout le monde y est gagnant. Ce n'est pas parce qu'un avocat s'adresse à un autre avocat qu'il est obligé à un charabia technique. Effectivement, il y a un côté aussi fierté. On fait des années d'études de droit, on apprend plein de termes, on passe des soirées de révision à apprendre des termes et des numéros d'articles et de la jurisprudence. Si après on dit oui, mais en fait, les numéros d'articles, tu les mets à la fin, c'est d'abord la réponse à la question. Il y a tout un travail de détermination. culturelle à avoir.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. C'est vrai que c'est confortable de transmettre de l'information très complexe et puis de savoir que nous seuls, en tant qu'experts, on va être en mesure d'expliquer avec un langage clair ce qu'on a voulu envoyer au client. Et effectivement, on peut aussi se dire que c'est plus simple pour tout le monde de communiquer une information claire et compréhensible. par tous et ça nous fait tous gagner du temps et c'est très juste que tu disais par rapport à deux professionnels du droit qui échangent entre eux et notamment dans un contexte de contentieux avec des magistrats qui ont une charge de travail assez gigantesque en général et qui souvent aimeraient allouer plus de temps à chaque dossier mais qui sont vraiment limités Merci Et quand on arrive à des dossiers qui, en plus de ça, sont extrêmement complexes, puisqu'on peut avoir des dossiers qui sont maîtrisés à 100% par l'avocat qui, lui, est spécialisé, mais par contre qui vont être lus par un magistrat qui, lui, n'est pas spécialisé ou alors qui, tout simplement, n'a pas beaucoup de temps à allouer au dossier. Et donc là, l'utilisation du langage clair, elle est extrêmement pertinente aussi puisqu'on va permettre au magistrat de gagner du temps. Et même d'un point de vue stratégique, la personne à qui on s'adresse comprend nos éléments, nos arguments. Effectivement, ça aura plus d'impact ensuite.

  • Speaker #0

    Donc, s'il y a des avocats qui nous écoutent, utilisez le langage clair. Ça peut jouer en votre faveur dans le dossier. Si jamais vous êtes un peu mal embarqués sur le fond, la forme peut aider.

  • Speaker #1

    Misez tout sur la forme.

  • Speaker #0

    Misez tout sur la forme. Si le magistrat comprend vos conclusions et pas ceux de la partie adverse, peut-être que ça peut le faire. En parlant d'importance d'ailleurs du langage clair, si je ne dis pas de bêtises, ça fait l'objet d'une énorme iso. Maintenant, ce qui veut dire qu'il y a vraiment une prise de conscience de l'importance du langage clair, qu'il y a vraiment une utilité, on va dire, générale. Est-ce que tu as observé quand même un changement depuis que cette norme existe ? Est-ce que culturellement, est-ce que ça commence quand même à se propager un petit peu plus rapidement ? Alors, je n'ai pas l'impression que ça se propage plus rapidement, mais je dirais que c'est un argument qui fait sens. C'est rassurant aussi pour les personnes de savoir que c'est une pratique qui est encadrée et qu'on peut la valoriser de façon simple avec des normes qui sont établies, qui sont claires, puisque faire tout ce travail de reformulation et de langage clair, ça demande du temps. Et donc, de savoir ensuite ce que ça peut être valorisé, c'est quelque chose qui parle beaucoup aux gens en général.

  • Speaker #1

    Oui, ça va avoir une valeur de la même manière que les gens, quand on est dans la tech, ça intéresse à la norme, le 27 000, je ne sais plus combien, sur la sécurité informatique. Maintenant, d'avoir la norme sur le langage clair, ça va être une preuve de qualité. Oui, il y a du langage clair, mais qu'en plus, il est qualitatif et qu'il est utile.

  • Speaker #0

    Exactement, parce que dans cette norme, encore une fois, c'est un ensemble de méthodes qui sont expliquées très clairement. Et ensuite, c'est facile de le rattacher à un texte en langage clair et de lister toutes les méthodes qui ont été appliquées pour ce texte pour qu'il soit compréhensible à tous.

  • Speaker #1

    Un autre domaine, je pense, où le legal design doit être utile, et qui est un peu ton expérience, c'est dans la formation. Parce qu'évidemment, la formation, comme un document, je vais dire que les formations sont... donnée généralement par des experts, donc qui ont ce jargon, qui ont cette connaissance, à des non-juristes ou à des moins experts. Ça arrive souvent d'avoir des formations clairement indigestes. Moi, je sais que j'ai des formations obligatoires chaque année sur la lutte contre le blanchiment, des choses comme ça, dispensées par des avocats experts. C'est 30 slides de textes, de normes, d'obligations. C'est pas interactif du tout.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    C'est une heure de présence, on va dire, pour avoir le certificat à la fin et dire j'ai mon petit papier, j'ai fait la formation anti-blanchiment, j'ai tout compris, alors que pas vraiment en fait. Quelle est pour toi l'importance de l'égalité dans la formation et comment toi tu y contribues ?

  • Speaker #0

    Oui. Alors effectivement, ça fait partie des supports sur lesquels on travaille en Legal Design ou dans mon agent, qui s'appelle Walt d'ailleurs, je n'ai pas eu l'occasion de le mentionner. En fait, c'est tout simplement pour gagner en efficacité. Quand on est face à des personnes qui souvent en plus se sont inscrits, comme tu disais, de façon contrainte à la formation, c'est rare qu'il y ait des personnes qui attendent avec... impatience la formation juridique et donc on a des personnes qui souvent en plus ont déjà un certain nombre de tâches qu'elles auraient aimé remplir ce jour de la formation donc on est dans un contexte où on doit trouver des techniques pour marquer les esprits, pour capter l'attention et en Legal Design justement c'est ce qu'on cherche à faire, c'est... marquer l'attention, être clair pour ensuite pouvoir rester en mémoire. Et le but de cette formation, c'est quand même que, si on la dispense, c'est qu'elle a vocation à être appliquée ensuite. C'est des entreprises qui doivent respecter les normes. On peut parler aussi du RGPD, des entreprises qui sont soumises à un certain nombre de règles. Et pour que ça fonctionne, il faut que tous les salariés de l'entreprise contribuent aussi au respect de ces règles. Mais encore faut-il que ces règles soient claires pour tout le monde. Après, il y a différentes techniques. Pour ceux que ça intéresse, le village de la justice partage les prix de l'innovation au management juridique des directions juridiques. C'est très intéressant d'avoir un retour de ces directions qui ont appliqué le legal design dans leur formation. et qui ont vu tout un changement dans la perception de ces formations. On a par exemple une direction qui a utilisé le concept de Mario Kart dans une formation. Et en fait, ça a énormément plu. Je ne me rappelle plus du sujet de la formation. Je me demande si ce n'était pas le RGPD, mais je ne sais plus. Et en fait, on avait des collaborateurs qui contactaient la direction juridique en disant apparemment, vous avez fait une formation Mario Kart, est-ce qu'il reste des places ? Est-ce que vous allez refaire une session ? Parce que j'ai vraiment envie de tester. Et là, en fait, tout est gagné, puisque les gens prennent du plaisir, sont en demande. Et ensuite, en marquant les esprits, forcément, c'est plus facile ensuite de faire respecter toutes ces règles qui font l'objet de la formation à la base.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et c'est pas forcément besoin de... Là, on a un exemple hyper intéressant, ça se tient à ma carte, mais effectivement, à toutes les directions juridiques qui nous écoutent, il n'y a pas forcément besoin d'aller jusque-là. Certains excellent dans la matière. Parfois, juste de se dire que la formation doit être intéressante et interactive, ça peut être d'utiliser des exemples qui parlent, ça peut être d'insérer des questionnaires. Moi, je sais que souvent, quand je donne des formations, j'utilise Wooklap, par exemple. qui permet d'avoir des petits questionnaires en direct où les gens sont sur leur portable et on fait un petit quiz. En plus, c'est des quiz qui sont très variés. Ce n'est pas que des QCM, c'est trouver des réponses sur des images, des mots, des tableaux de mots. Et rien que le fait de le rendre interactif, même si le contenu, lui, reste technique et parfois brillant, il faut le dire. Il y a certaines formations, il faut y passer parce que c'est une norme. Mais dans tous les cas, tout le monde n'a pas un intérêt pour le RGPD ou pour la lutte contre la corruption. Mais il faut y passer. Rien que le fait de le rendre interactif, le fait d'avoir des exemples qui parlent. Moi, je me souviens, j'avais dû former tous les collaborateurs quand j'étais en Big Four. Pendant l'été, 3000 personnes sur le délit d'initié. Ça parle à peu près à tout le monde, mais il fallait quand même faire une formation. C'était une obligation de former toute la boîte au délit d'initié. On avait pris des exemples qui parlent. On a pris l'exemple de... de quelqu'un qui avait volé le portable de sa petite copine, qui avait découvert des e-mails sur une opération de Disney et qui avait fini en prison. Voilà, c'était des exemples un peu originaux, mais qui fait que les gens s'en souviennent, en fait. Alors que si on fait que balancer la théorie technique, les gens ne les retiennent pas, donc pas forcément besoin d'aller jusqu'à Mario Kart. J'aimerais beaucoup essayer, cela attendu. Une formation RGPD en utilisant Mario Kart, je veux bien essayer. Mais... mais que les gens se rassurent. Il y a parfois des simples petites techniques juste de rendre ça interactif, simple, illustré. Que ce soit par un support ou même sans support, ça peut être verbal aussi. Des exemples concrets qui parlent aux gens, ça peut faire la différence.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ça, j'ai déjà travaillé avec une direction juridique qui avait un support extrêmement technique, extrêmement complexe, et qui s'apercevait que... L'impact était vraiment moindre parce que les gens étaient barbés. C'était barbant. Est-ce que barbé ? En tout cas, on comprend. En reparcourant ensemble le support, et moi simplement en posant quelques questions vraiment très concrètes, la juriste qui avait en face de moi avait énormément d'exemples à me donner de situations... auxquelles elle avait été confrontée. Et en fait, le simple fait de les intégrer, comme tu dis, dans le support et dans la présentation, ça a rendu la formation beaucoup plus vivante. Et effectivement, si on ajoute à ça de l'interactivité avec des outils... Moi, celui que j'utilise, par exemple, c'est Becast. Je pense que c'est un petit peu la même chose que ce que tu utilises avec des questionnaires au fur et à mesure. On implique, en fait, les apprenants et tout de suite... on voit la différence avec des gens qui sont contents d'être là, qui sont en demande d'informations et qui repartent de là avec une vision très claire de la façon dont ils pourront appliquer les conseils dans leur quotidien, dans leur activité.

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est quand même le but, c'est que quand on dispense une formation à des gens en entreprise, c'est qu'ils appliquent après les règles.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement.

  • Speaker #1

    Pour par exemple, des formations sur la conformité, sapin 2 ou des choses comme ça. Derrière, il y a des risques très importants pour l'entreprise si elle n'est pas compliant. Donc, que l'ensemble des collaborateurs soient capables de déclarer leurs conflits d'intérêt, les cadeaux, les invitations, les choses comme ça. C'est essentiel pour l'entreprise mais si les gens ne comprennent pas et ne l'appliquent pas, ça ne sert à rien. Donc, effectivement, perdre du temps finalement, ça ne fait pas du temps pour les juristes qui vont vouloir passer du temps sur un support technique qui vont au bout de 10 ou 15 présentations la même chose en avoir assez aussi à des gens qui ne vont pas s'y intéresser et donc qui ne vont pas l'appliquer. Alors que finalement, en changeant quelques petites choses à la base, c'est toute la chaîne qui se retrouve améliorée. C'est que les juristes sont... C'est plus sympa de préparer une formation un peu plus vivante, drôle, intéressante. Les gens sont intéressés et du coup, appliquent. Donc finalement, tout le monde est gagnant.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. On parle très souvent de gain de temps en Legal Design puisque le problème aussi de transmettre de l'information qui n'est pas claire, c'est qu'ensuite... on a beaucoup plus de questions. Donc les questions, ça se manifeste par des envois de mails, par des appels, par des demandes de réunion. Et en fait, tout ça, mis bout à bout, ça demande énormément de temps. Et en plus, souvent, c'est les mêmes questions qui reviennent. Donc, autant prendre le problème à la source, transmettre une information en langage clair, compréhensible par tous et qui parle à tous, pour éviter ensuite cette perte de temps, entre guillemets, derrière.

  • Speaker #1

    Si ça te va, je te propose qu'on parle des étudiants, un petit peu. On en parle à peu près avec tous les invités, parce qu'on se rend compte que... On a tous fait des études de droit, on connaît tous les étudiants en droit, et le constat, il est assez unanime quand même, c'est que les études de droit ne préparent pas ou préparent de moins en moins à la réalité du monde juridique. Et pour le coup, que ce soit pour devenir avocat, juriste d'entreprise, notaire ou que sais-je, plus ça va, plus parfois il y a un décalage quand même entre les études de droit et le monde du travail. Et comme tu l'as très bien dit à de nombreuses entreprises, Pendant les études, on apprend du langage technique. Pendant les études, on passe beaucoup de temps à apprendre le droit. Toi, tu as dû faire un master en parallèle pour t'ouvrir l'esprit à autre chose et finalement découvrir une passion pour le legal design que tu n'aurais peut-être pas eu si tu n'avais pas fait ce master en design thinking. Quels conseils tu donnerais aux étudiants pour le plus rapidement possible ou du moins pour ne pas être largué une fois dans le marché du travail et intégrer le plus tôt possible finalement ces... sa nouvelle tendance, entre guillemets, mais qui sont la norme de demain, en fait, en espérant que le legal design, finalement, devienne la nouvelle normalité.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, tout à fait. Simplement de prendre conscience qu'il est possible de communiquer de l'information juridique de façon accessible. Déjà, ça, c'est quelque chose qui n'est pas... clair pour les étudiants. Moi, je donne régulièrement des cours, soit au sein de facs de droit ou d'écoles d'avocats. Et en fait, la plupart du temps, les étudiants n'ont jamais entendu parler de legal design ou n'ont jamais entendu parler de communication du droit à des non-juristes. Donc déjà, d'avoir conscience que c'est possible. C'est déjà un grand pas. Et puis après, d'être curieux et d'aller découvrir ce qui se fait. Il y a beaucoup de ressources aujourd'hui qui sont disponibles de façon gratuite sur Internet et qui peuvent aussi nous permettre de visualiser ce qu'il est possible de faire. Parce que c'est vrai qu'au début, quand on parle de Legal Design, c'est assez abstrait. Et tant qu'on n'a pas vu d'exemple concret, on a du mal à se... projeté, vraiment aller creuser. Et après, je sais que tous les étudiants ne sont pas logés à la même enseigne non plus, puisqu'il y a des établissements qui sont vraiment conscients et qui ont envie de préparer au mieux leurs étudiants aux enjeux juridiques d'aujourd'hui. Et donc, c'est aussi pour moi une responsabilité des établissements de... de s'ouvrir à ces nouveaux domaines et de préparer les étudiants aux enjeux, j'allais dire, de demain. Mais en fait, non, c'est l'actualité.

  • Speaker #1

    C'est d'aujourd'hui, on est même déjà un petit peu en retard, parce que finalement, c'est depuis toujours que le droit devrait être compris de tous.

  • Speaker #0

    Ah oui, complètement !

  • Speaker #1

    Et c'est en 2024 qu'on se dit qu'il y a peut-être urgence, parce que notre vie est juridique et finalement, il y en a les trois quarts, on ne comprend pas, que les gens ne comprennent pas. Et on enchaîne toujours des nouvelles lois, des nouvelles normes, des nouvelles règles, toutes les étapes de notre vie, qui ne sont toujours pas comprises. Donc l'urgence est là.

  • Speaker #0

    C'est ça, l'urgence est là. Et ce n'est vraiment pas compliqué de s'en rendre compte. Il suffit de parler au sein de notre entourage. C'est assez simple, je pense, de trouver des personnes qui n'ont pas fait de droit et qui, pour autant, ont été confrontées au droit une fois dans leur vie. Et en général... On a vraiment cette demande des gens d'enfin apporter un petit peu de clarté dans ce domaine qui est tellement utile et tellement intéressant, mais qui n'est pas toujours adapté à tous. Et je pense même à... Oui ?

  • Speaker #1

    Vas-y, vas-y, je t'en prie.

  • Speaker #0

    Je pense même à certaines situations qui sont carrément alarmantes, qu'on considère comme acquis, mais une fois qu'on est confronté à ces situations... On n'arrive pas à imaginer comment ça se fait qu'en 2024, on soit encore confronté à des situations comme ça. Je m'explique. J'ai travaillé avec un collectif de professionnels, des professionnels du droit, mais aussi des médecins et des designers, pour faire des recherches autour de... des documents si je ne me rappelle pas du terme exact ça ne va pas le faire formulaire de c'est terrible je te rajoute du montage encore c'est pas grave je ne me rappelle pas du terme alors que j'y ai bossé dessus pendant des mois des formulaires de consentement aux soins dans les hôpitaux voilà c'est ça des formulaires de consentement aux soins dans les hôpitaux. Et en fait, on a axé nos recherches sur les personnes non-voyantes et malvoyantes. Et en fait, on s'est aperçu que dans les hôpitaux, mais de façon très générale en France et aussi à l'étranger, là, en l'occurrence, on a mené les recherches en Angleterre, et on s'est aperçu qu'il n'y avait aucun mécanisme, aucun process mis en place pour que des personnes non-voyantes puissent avoir accès à l'information concernant leurs soins de façon claire et comme une personne voyante. Alors, ça nécessite aussi beaucoup de travail et c'est tout un nouveau processus à mettre en place, donc ça nécessite aussi des moyens. Mais pour autant, c'est quand même une difficulté qui touche des milliers de personnes. Et en fait, c'est complètement... Et c'est assez dingue quand même.

  • Speaker #1

    Oui, c'est que souvent, quand on parle d'inclusion, on pense à l'accès physique, mais il y a aussi l'accès, on va dire, mental, l'accès à des informations, l'accès à des données, l'accès à des droits, et ne pas pouvoir, effectivement, comprendre le formulaire de consentement aux soins. C'est quand même un peu embêtant que toutes les personnes ne soient pas traitées également et qu'une personne qui est malvoyante ou non-voyante qui devra signer parce que si elle veut des soins, elle devra signer le document dans tous les cas. Ce n'est pas un même niveau de connaissance des documents, c'est quand même un peu embêtant. Il y a un beau et un gros travail à faire sur l'inclusion par l'accessibilité à tous des informations juridiques dans tous les domaines.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Très bien. Ce que je te propose, c'est pour conclure cet épisode, si tu veux donner un petit... un petit conseil ou rassurer les personnes sur comment se lancer dans le legal design, comment oser franchir le pas et qu'est-ce que ça va leur apporter ?

  • Speaker #0

    Oui. Déjà, c'est une méthode qui est extrêmement riche. En fait, il y a énormément de choses qu'on peut mettre en place. Et ce n'est pas pour autant que... Du jour au lendemain, on doit être vraiment irréprochable et on doit changer toute la pratique. Déjà, de prendre l'habitude de questionner les destinataires sur leur compréhension des solutions juridiques, des documents juridiques, c'est déjà un bel effort. Et ça peut être tout simple. Moi, par exemple, j'ai l'habitude de tester les documents qu'on m'envoie. Et ça peut être des choses qui sont faciles à mettre en place. Par exemple, souvent, je pose des questions juridiques dont la réponse se trouve dans le document. Et en fait, très vite, je me rends compte qu'il y a des gros problèmes de compréhension, voire même des choses qui, pour moi, je m'étais dit bon là, vraiment, c'est clair En fait, je m'aperçois que non, il y a encore la possibilité de le travailler. Donc, ça peut être des choses comme ça, toutes simples. Nous font prendre conscience de la différence de compréhension de chacun. Et après, vous allez le voir, c'est extrêmement satisfaisant de transformer un document et toujours dans cette démarche d'avoir des retours. Moi, je réinterroge les personnes que j'ai interrogées. Et là, mais quelle... bonheur quand elles me disent Waouh, mais qu'est-ce que ça fait plaisir ! Je comprends, en fait, c'était pas si compliqué et en fait, ça m'intéresse. Et c'est tellement satisfaisant de voir ça.

  • Speaker #1

    Le simple J'ai compris qui fait tout. Oui,

  • Speaker #0

    non mais c'est ça. C'est ça, c'est Ah oui, en fait, c'était tout simple. Bah oui, effectivement. Et puis là, tout est beaucoup plus fluide, tout va beaucoup plus rapidement. Donc, le simple fait de questionner, de prendre le temps, ça peut être déjà un... Un très, très beau pas. Et ensuite, il y a une ressource que je n'ai pas citée, mais que je cite souvent, qui est le... Alors, c'est un lexique. Je l'ai quelque part, ou alors je te le donnerai pour que tu mettes dans les notes du podcast, si c'est possible. C'est un lexique de termes juridiques. Donc, c'est un lexique officiel qui nous permet tout simplement d'avoir un équivalent. dans un langage compréhensible par tous. Donc au début, ça peut être un très bon réflexe de regarder dans ce lexique et de voir un petit peu ce que ça donne.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est cool. Surtout que même en plus du lexique, tout le monde en ce moment est très branché sur l'IA. On parle souvent de ses capacités à synthétiser, à résumer et à reformuler. Et c'est que parfois, un test pour essayer, s'il y a une clause qu'on comprend, ou quelque chose qui n'est pas clair, parfois un simple copier-coller, que ce soit de chez le GPT ou autre chose, avec comme consigne de reformuler en utilisant un langage clair et simple, ça peut donner une première idée de ce à quoi ça ressemble. Après, évidemment, il faut une relecture juridique. Tout à fait. Pour être sûr, mais il y a déjà quand même un premier travail de reformulation et de simplification. Moi, ça m'est déjà arrivé souvent dans des contrats complexes de copier une clause ou deux et on... dans le chat, j'ai l'habitude de dire, est-ce que tu peux me formuler ça en utilisant un langage clair, compréhensible pour des non-juristes, un prompt tout simple, mais qui peut déjà donner une petite idée de, ah oui, tiens, en fait, effectivement, ça doit sans doute être ça.

  • Speaker #0

    Tout à fait, et en fait, ce que j'ai envie de dire aussi aux professionnels du droit, c'est qu'aujourd'hui, l'intelligence artificielle, elle a une place quand même importante dans notre quotidien, alors plus ou moins en fonction de chacun, et en fait, moi, il m'arrive souvent d'échanger avec des personnes. pour voir aussi leur niveau de compréhension du contrat. Et je les questionne un petit peu sur leurs habitudes et ils me disent c'est simple, là c'est tellement incompréhensible que je demande à ChatGPT de me l'expliquer. Et je fais ça pour tout contrat puisque je ne comprends pas. Et donc en fait, l'idée c'est aussi de prendre conscience de ça et il vaut mieux proposer à ses clients quelque chose de clair, juste d'un point de vue juridique. Plutôt que aussi de prendre le risque que ce soit l'IA qui s'en charge à notre place. Oui, mais effectivement, intégrer l'IA dans la reformulation, etc., c'est quelque chose qu'il est possible de faire, que moi aussi je fais avec une relecture, bien sûr, ensuite systématique.

  • Speaker #1

    Parfois même avec Microsoft Word, il y a un petit add-in en haut justement de relecture. Alors, il y a quelques années, c'était uniquement l'orthographe. Maintenant, il... Ils revoient le style, ils revoient la compréhension et on peut justement appliquer des... Les gars, si on veut plutôt un langage formel ou pas, ça peut déjà être aussi une piste. Parfois, on se rend compte que tiens, ça, c'est pas cohérent. Et dans Microsoft Word, il y a des outils déjà qui permettent de retravailler un peu les documents, de les rendre plus cohérents.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Il y a aussi l'outil Antidote qui est très bien pour le français. et c'est le même concept avec une vérification très poussée de l'orthographe et puis des suggestions de reformulation pour améliorer la visibilité donc ouais il y a plein d'outils qui existent et qui sont très très bien.

  • Speaker #1

    Que de ressources plus d'excuses pour ne pas reformuler en langage clair c'est ça merci beaucoup Cassandre d'être venue aujourd'hui pour ceux qui veulent en savoir plus n'hésitez pas à aller voir le profil LinkedIn de Cassandre qui publie régulièrement le site internet wild.legal.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça, merci beaucoup Quentin.

  • Speaker #1

    Parfait, merci à toi Cassandre et puis au plaisir de t'accueillir à nouveau à l'occasion pour partager toujours plus sur le legal design, le langage clair et tout ce que ça apporte au quotidien.

  • Speaker #0

    Avec grand grand plaisir, à bientôt !

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Cassandre

    00:00

  • Parcours de Cassandre et introduction au design thinking

    01:04

  • Application du design thinking dans le domaine juridique

    05:20

  • Qu'est-ce que le legal design ?

    06:36

  • L'importance de la compréhension dans le legal design

    09:35

  • Conseils pour intégrer le legal design dans la pratique juridique

    40:05

  • Conclusion et remerciements

    52:53

Description

Êtes-vous prêt à redéfinir votre perception du droit et à découvrir comment le design peut transformer la manière dont nous comprenons le droit ? Dans cet épisode des Etoiles du Droit et de L'Innovation, Quentin Ramaget reçoit Cassandre, une juriste spécialisée en droit du numérique et en design thinking, qui nous plonge au cœur du concept fascinant de legal design. Cette approche novatrice vise à rendre le droit plus accessible et compréhensible pour le grand public, un enjeu crucial dans un monde où la transformation digitale redéfinit les contours du management juridique.


Cassandre, forte de son parcours académique impressionnant, met en lumière l'importance de la transformation juridique et du design thinking au sein des directions juridiques. Ensemble, ils explorent comment le legal design s'intègre dans le droit, en plaçant les utilisateurs au centre de la conception de solutions juridiques adaptées. Cette méthode garantit non seulement la pertinence des solutions proposées, mais elle favorise également une meilleure compréhension des documents juridiques par des non-juristes, un défi majeur pour les juristes et notaires d'aujourd'hui.


Au fil de la discussion, vous découvrirez l'importance d'un langage clair dans la rédaction juridique. Cassandre partage des conseils pratiques pour les juristes désireux d'adopter cette approche, insistant sur la nécessité d'interroger les utilisateurs sur leur compréhension des documents. Cette démarche est essentielle pour assurer la conformité et l'efficacité des pratiques juridiques dans un environnement en constante évolution.


Enfin, l'épisode aborde le rôle croissant de l'intelligence artificielle dans la reformulation et l'accessibilité des informations juridiques. Comment cette technologie peut-elle soutenir la conduite du changement dans le management et la stratégie des directions juridiques ? Cassandre et Quentin échangent sur les implications de cette révolution numérique pour les expertises juridiques et le secteur du droit dans son ensemble.


Ne manquez pas cet épisode captivant des Etoiles du Droit et de L'Innovation, où innovation et transformation digitale se rencontrent pour façonner l'avenir du droit. Rejoignez-nous pour explorer comment le legal design peut devenir un outil puissant pour les juristes, notaires et professionnels du droit, en rendant la justice plus accessible et en améliorant la compréhension des enjeux juridiques par tous.


Pour tout savoir sur la transformation digitale dans le domaine juridique, retrouvez-moi sur:


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, bienvenue à bord des étoiles du droit et de l'innovation, le podcast qui vous propulse dans l'univers juridique de demain. Je suis Quentin Ramaget, juriste en droit des sociétés, LegalOps et fondateur de LegalJedi. J'accompagne les directions juridiques et les cabinets d'avocats dans leurs projets de transformation. Je les aide à trouver l'équilibre dans la force entre l'humain et la technologie. Je les aide à ne pas tomber du côté obscur du fameux on a toujours fait comme ça Mais assez parlé de moi. Si vous êtes ici, c'est surtout que vous voulez entendre l'histoire de ces véritables aventuriers et visionnaires du droit. Ils nous viennent des quatre coins de la galaxie juridique. Ils sont juristes, avocats, notaires, éditeurs de LegalTech, entrepreneurs, mais surtout passionnés. Dans ce podcast, vous découvrirez des échanges captivants avec ces pionniers qui, comme nous, ont un droit plus moderne, plus clair et surtout plus accessible. Alors embarquez avec moi ! à la rencontre de ces esprits révolutionnaires qui redéfinissent les contours de nos professions. Bonne écoute. Bonjour Kassandra, merci d'avoir accepté l'invitation de venir partager ton expérience sur les étoiles du droit et l'innovation. Avant de commencer, je te propose peut-être de te présenter pour ceux qui n'ont pas la chance de te connaître déjà, donc si tu veux nous raconter un peu qui tu es, d'où tu viens, ton parcours.

  • Speaker #1

    Oui, avec plaisir. Déjà, bonjour Quentin, bonjour à toutes. Merci beaucoup de m'accueillir sur ton podcast. Donc, mon parcours en quelques mots, alors il a commencé à la faculté de droit de Rennes, où j'ai fait donc ma licence, mon master 1 droit des affaires et ensuite mon master 2 en droit du numérique. Et durant mes études, en fait, j'ai rapidement voulu m'intéresser aussi au domaine extérieur au droit et je me suis inscrite. à un master que j'ai effectué en parallèle de mes études de droit en management de l'innovation, et plus précisément en transformation digitale des entreprises. Et ça m'a vraiment ouvert des portes, ouvert l'esprit sur une autre pratique qui existait. Et ça m'a amenée vers le design thinking. Je ne sais pas si c'est un terme qui est clair pour toi.

  • Speaker #0

    Pour moi, ça va, mais je pense qu'un petit picure de rappel à ceux qui ne connaissent pas encore, ils seront ravis de vraiment connaître ce que c'est que le design thinking, effectivement.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, le design thinking, quand on ne connaît pas, ça fait un petit peu charabia, anglicisme. Souvent, ça fait un petit peu peur, donc il vaut mieux le définir. En fait, c'est tout bêtement comment développer des solutions pertinentes. qui répondent aux besoins des utilisateurs. Donc, quand on dit utilisateur, c'est vraiment très vaste. Si, par exemple, vous rédigez une note juridique à destination de chefs d'entreprise, les chefs d'entreprise, on va les appeler les utilisateurs. Et donc, en fait, c'est une méthode pour être certain à 100% de la pertinence de la solution. En fait, on... On s'est aperçu que c'était les utilisateurs eux-mêmes qui connaissaient au mieux leurs besoins et comment ils attendaient qu'on y réponde. Et donc, le fait de les intégrer dans la conception d'une solution, ça nous assure d'être en adéquation avec leurs besoins.

  • Speaker #0

    En fait, si on peut faire un parallèle avec quelque chose qui parle peut-être plus aux plus jeunes, c'est un peu si on ramenait ça au domaine des jeux vidéo, c'est un peu la jouabilité. C'est-à-dire que les concepteurs de jeux vidéo vont imaginer l'expérience du joueur. savoir si c'est facile, si c'est intéressant, si c'est captivant. Finalement, c'est un petit peu ça, mais ramené à un autre domaine. En l'occurrence, le droit pour toi, tu vas nous expliquer un petit peu. Mais le design thinking, si je ne me trompe pas, c'est à peu près ça. C'est rendre quelque chose qui soit bien pour l'utilisateur final.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est ça. Et garantir une expérience satisfaisante, efficace. C'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Et peut-être juste pour les... jeunes auditeurs qui voudraient aussi s'ouvrir un peu l'esprit. Est-ce que tu nous partagerais le nom ou l'école dans laquelle tu as fait ton master qui t'a ouvert l'esprit sur ça ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est un master qui est proposé par l'université de Rennes. Et pour ceux qui sont intéressés et qui souhaiteraient peut-être commencer de façon un peu plus simple que sur une formation de un an, Il y a des hackathons qui existent et qui sont d'ailleurs en partenariat avec plusieurs professionnels, plusieurs entreprises et notamment des professionnels du droit. Et donc là, le hackathon en question qui est rattaché à cette formation s'appelle le Challenge Digital Transformer. Je conseille vraiment à 100% pour tous les étudiants de Rennes, professionnels de droit ou pas.

  • Speaker #0

    Du coup, là, tu nous as parlé du design thinking. Comment est-ce que le design thinking vient se rattacher au droit ? Parce que dans les étoiles du droit et de l'innovation, on parle de droit. Comment est-ce que le design thinking vient se rattacher au droit et quelles sont ses applications dans le monde juridique ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est une très bonne question. Et en fait, c'est la question que je me suis... posée à la base quand je connaissais cette méthode du design thinking, mais au départ, elle était complètement indépendante pour moi du droit. Et je me suis dit, mais tiens, c'est dommage, parce qu'en fait, en droit, en plus, on s'adresse souvent à des non-juristes, et donc ça serait justement intéressant de les intégrer dans la démarche. Et je me suis dit, mais je vais creuser un petit peu et voir si par hasard... ce serait possible de mixer design thinking et droit. Et en fait, très rapidement, j'ai découvert que je n'avais rien inventé du tout et que ça existait déjà depuis des années dans une pratique qu'on appelait du coup le legal design, qui est donc un mix entre le droit et le design pour design thinking.

  • Speaker #0

    C'est pas très grave de ne pas l'avoir inventé, au moins tu l'as trouvé.

  • Speaker #1

    C'est déjà ça.

  • Speaker #0

    Ça arrive souvent, c'est comme moi, c'était pareil avec les legal ops, on pense, tiens... fait quelque chose qui n'est pas juriste, qui est un peu différent, on se rend compte qu'effectivement, certains sont en legalops depuis bien longtemps et qu'en fait, on le laisse en savoir.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Et du coup, le legal design, parce que nous voilà au cœur du sujet, en deux, trois mots, si tu devais résumer, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #1

    Alors, le legal design, c'est une façon de s'adapter aux personnes à qui on s'adresse. Et c'est une façon de s'assurer que les personnes à qui on s'adresse, qui ne sont pas forcément des juristes, comprennent l'intégralité de l'information qu'on est en train de leur transmettre. Le Legal Design, c'est vraiment très large en fait comme sujet et il peut s'appliquer à toute solution juridique, quelle qu'elle soit, à partir du moment où on a besoin de se faire comprendre. par les personnes à qui on s'adresse. En général, comme c'est mieux de se faire comprendre, j'ai envie de dire que le legal design s'applique quand même assez souvent.

  • Speaker #0

    Ça peut être aussi bien un document juridique qui est legal designé, ça peut être une expérience utilisateur, moi je ne sais pas, sur le site internet d'un organisme public qui veut que le public comprenne ses obligations juridiques, ses droits, ses devoirs, et donc avoir une expérience utilisateur avec. des schémas, avec des explications qui sont claires. D'ailleurs, on le voit bien sur le site, par exemple, des impôts. Ce n'est pas le préféré des gens, mais sur les sites du gouvernement français en général, on voit quand même une petite clarification depuis quelques années sous forme de questions, sous forme de schémas, pour que les gens comprennent. Parce qu'effectivement, tout est du droit un peu dans notre vie, sur notre vie personnelle, notre vie professionnelle, quand on se marie, quand on achète une maison, quand on va acheter une baguette de pain. on passe un contrat d'achat avec le boulanger bon il n'y a pas de condition générale mais on le sait bien quand on achète quand on fait du shopping sur internet en général on colle sur j'accepte les conditions générales sans les lire et c'est typiquement le genre de document que les gens ne lisent

  • Speaker #1

    pas parce qu'ils ne le comprennent pas voilà exactement et pour revenir à ce que tu disais par rapport aux communications de l'état auprès des justiciables, il y a vraiment un effort qui est fait et d'ailleurs il y a plein de ressources de l'État qui sont accessibles. Il y a toute une démarche qui rende publique et il y a même des gens qui travaillent pour le gouvernement et qui sont vraiment spécialisés dans ces questions d'accessibilité, de design. Et vous avez même d'ailleurs une chaîne YouTube qui reprend des méthodes et qui est super, qui s'appelle Design Goove. Donc, je conseille vraiment à toutes les personnes qui souhaiteraient en savoir plus d'aller visionner les vidéos de cette chaîne.

  • Speaker #0

    D'accord, super. Eh bien, Design Goof, que tout le monde le retienne bien, Design Goof pour aller s'inspirer de ces modèles. Bon, maintenant qu'on voit un petit peu mieux l'utilité du Legal Design, par quoi ça commence ? Parce que c'est vrai que généralement, les professionnels du droit ont tendance à penser… c'est pas égoïste, mais à penser à eux, c'est-à-dire qu'ils s'expriment dans leur jargon, avec leurs termes, en espérant que la personne de l'autre côté va comprendre, ou qu'elle fera ce qu'elle peut. Le legal design, finalement, c'est... inverser le sens de la pensée, penser au dessinateur avant de penser à comment on va rédiger entre guillemets le contenu.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est exactement ça en fait. Dans notre formation en tant que juriste, on nous apprend beaucoup à anticiper le contentieux. Et en fait, je ne dis pas que c'est une mauvaise chose, c'est toujours quelque chose d'absolument indispensable, mais je dirais que ce n'est pas la seule chose qui est importante. Quand on pense par exemple au contrat, donc effectivement, c'est primordial d'anticiper des contentieux et de se protéger. Maintenant, la plupart des contrats ne se retrouvent pas dans un tribunal, en fait. Et au contraire, ils ont vocation à vivre pendant toute la relation contractuelle et à être utilisés, à être lus, à être compris. Disons que ce n'est pas toujours le cas. Donc, l'idée, c'est effectivement de prendre conscience qu'on est en train de s'adresser à des personnes qui n'ont pas forcément le même degré d'expertise que nous en tant que juristes. Et ce n'est pas forcément quelque chose qui est facile à faire. C'est un mécanisme de pensée qui est difficile à acquérir au début et c'est normal. D'ailleurs, ça a même été théorisé dans une expression que je trouve assez sympa qui s'appelle la malédiction de la connaissance. Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler d'expression. Tant mieux, c'est l'occasion. En fait, c'est parti d'un biais cognitif de notre cerveau qui nous empêcherait de faire abstraction de toutes les connaissances qu'on a accumulées sur un sujet. Si je dois donner un exemple du quotidien, tu sais, des fois, tu demandes ton chemin à quelqu'un qui te dit, tu sais... tu vois, dès que tu vois la boulangerie tu vas à droite et puis au revêtement tu vas à gauche et puis ensuite tout droit et en fait pour lui c'est extrêmement clair puisqu'il a tout le chemin en tête, il a toutes les images et puis toi en fait en face, qui n'a pas toutes ces images ça te paraît très abstrait voilà exactement, ça te paraît très abstrait et puis tu fais oui de la tête pour être poli mais en fait tu n'as pas forcément c'est pas forcément aussi clair et puis pour la personne... Pour qui, justement, c'est clair, c'est impossible de faire abstraction de toutes ces images puisque c'est quelque chose qui est tellement inné qu'elle part du principe que tout le monde a ses images dans la tête. Et le droit, c'est pareil, c'est difficile de se rendre compte, finalement, de ce qui est compréhensible, ce qui relève du jargon juridique. On l'utilise, en fait, au quotidien. Donc, quelque chose qui est très complexe pour quelqu'un, mais pas forcément pour quelqu'un d'autre qui a l'habitude de l'utiliser au quotidien. Donc, en fait, moi, ce que je conseille, tout simplement, c'est d'aller vraiment à la rencontre des personnes à qui on s'adresse et leur demander concrètement des retours, en fait. Et ça paraît tout bête, mais c'est quelque chose qu'on n'a pas forcément l'habitude de faire. Et je vais même donner un exemple d'un projet. Où là, je me suis dit vraiment, ah oui, non, mais c'est systématique de questionner, en fait, la cible, puisqu'on ne se rend pas compte, en fait, de la différence de perception de l'information juridique. Donc, ce contrat, c'était un... Il s'agissait de transformer un contrat de crédit renouvelable. Donc, on travaillait avec une banque. Et donc, rapidement, les contrats de crédit renouvelable, c'est un contrat qu'on peut signer directement en magasin. Donc, on va acheter notre machine à laver et là, on nous propose un paiement plusieurs fois. Et donc, on nous propose de signer un contrat de crédit renouvelable. Mais c'est quelque chose qu'on fait comme ça rapidement avant d'acheter notre machine à laver et de rejoindre notre voiture. Et en fait, on a vraiment pris le temps d'aller questionner les clients. Et on s'est rendu compte qu'il y avait une grande partie de ses clients qui n'étaient même pas conscients qu'ils étaient en train de signer un contrat de crédit. Et donc, voilà, effectivement, ça fait tout.

  • Speaker #0

    Oui, ils avaient payé en plusieurs fois, mais pour eux, ce n'était pas forcément un crédit.

  • Speaker #1

    Ça.

  • Speaker #0

    Qui dit crédit, dit le taux d'endettement du foyer qui augmente.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    tout à fait. Si après, on va acheter une maison et qu'il faut déclarer tous ses crédits, la monnaie à la chaîne à laver qu'on a payée en cinq fois, c'était sympa, parce qu'on a sorti un peu moins de cash sur le coup. mais peut-être qu'on ne pourra pas acheter la maison, qu'on aura augmenté son taux d'endettement sans vraiment en avoir conscience.

  • Speaker #1

    Et justement, il y a des réglementations qui encadrent ces contrats de crédit puisque le taux d'endettement, c'est un vrai sujet. Et ça peut mener à des conséquences assez dramatiques parce qu'on est face à des taux qui sont extrêmement élevés. Et donc, le mieux, c'est de signer en connaissance de cause.

  • Speaker #0

    Ce qui est assez drôle, c'est que souvent, dans les banques, on signe des contrats de crédit, mais on signe aussi un document de la banque qui dit qu'ils nous ont bien informé de ce qu'on signe. Le document est tout aussi long et indigeste que le contrat de prêt lui-même. Donc, on met une deuxième couche d'incompréhensibles par-dessus la première. C'est ça. Je sais que ce que tu dis est très intéressant et moi j'ai une anecdote aussi à partager, c'était il y a quelques jours, je travaille aussi dans la gestion d'actifs en parallèle et donc on avait un fonds d'investissement avec un prospectus pour les investisseurs et on a eu besoin de faire vivre, comme tu l'as dit, le droit à sa vie, on a eu besoin de faire vivre une des clauses du prospectus dans le cadre de nouveaux investisseurs qui rentraient et on était en réunion avec plusieurs juristes. à ne pas réussir à faire vivre cette clause parce qu'elle était rédigée d'une telle manière qu'on ne comprenait pas, en fait. Ça avait été rédigé par des avocats spécialisés dans l'investissement. On avait évidemment revu les documents et validé parce que légalement, ça tenait la route. Et puis, c'était des contrats qui font 200 pages ou quelque chose comme ça. Donc, on n'a pas le temps de revoir chaque phrase ou chaque mot un par un. Et c'est effectivement quand on veut faire vivre ce contrat ou une partie précise qu'on se dit... Ah mais en fait, ce qu'on a écrit, finalement... Et donc du coup, on a reformulé. On a essayé de reformuler en utilisant du langage clair. En disant, ah oui, là, c'est quand même un peu plus compréhensible plutôt qu'une phrase qui fait 15 lignes avec éventuellement une virgule.

  • Speaker #1

    C'est ça, non mais... Exactement, en fait, souvent, quand on parle de Legal Design, on pense au non-juriste. Mais en fait, ça peut aussi être bien pratique pour des juristes. Puis, même au-delà de ça, je sais que des fois, à chaque fois quand j'accompagne des clients, je pars tout le temps de contenus juridiques existants que je vais transformer avec mon équipe. Et en fait, des fois, il arrive que je ne comprenne pas une clause. Et vraiment, j'y passe du temps et j'ai beau tourner le truc dans tous les sens, je n'y arrive pas. Et donc, l'important à chaque fois, c'est d'être toujours très… très rigoureux d'un point de vue juridique. Donc, en cas de doute, je reprends contact avec les juristes avec qui je travaille, donc côté client. Et en fait, il m'est arrivé des fois où même côté client, ils se disent Ah mais oui, effectivement, exactement comme ce que tu viens d'expliquer. Effectivement, je ne comprends pas en fait. Et c'est normal que vous ne compreniez pas. C'est qu'il y a un souci. En fait, des fois, on a des documents juridiques qui ont plusieurs années et c'est normal. Et au fur et à mesure de changements dans la réglementation ou dans la stratégie de l'entreprise, on va rajouter des articles et en fait, on va arriver à un millefeuille. Et parfois, il y a même soit des répétitions. Donc, à la limite, ce n'est pas trop embêtant. Mais du coup, au niveau de la visibilité, ce n'est pas non plus tip top. Et puis, des fois, on a des contresens, en fait, complètement. Donc, c'est ça aussi, le legal design, c'est remettre tout à plat et vraiment sélectionner l'information qui a vocation à être dans ce contrat.

  • Speaker #0

    Finalement, il y a un double intérêt, c'est que, quand bien même on ne franchirait pas le cap de legal designer un document, faire une partie de la démarche pour prendre le temps de relire ces rendus juridiques, se dire, OK, est-ce que ça veut dire quelque chose ? Je vais me mettre à la place de mon dessinateur, juste pour vérifier que c'est cohérent. Finalement, rien que ça, ça peut déjà en premier pas. Après, voilà, libre à chacun de mettre en legal design ou pas, mais c'est qu'on voit que dans tous les cas, il y a une partie extrêmement utile pour chacun, c'est de vérifier la cohérence. Comme tu dis, le droit, c'est aussi beaucoup d'habitude. On a toujours fait comme ça. C'est le document qu'on a toujours utilisé. Effectivement, le document, il a 15 ans. On a rajouté des articles au fur et à mesure de l'évolution de la loi et on arrive avec ce fameux millefeuille, mais qui n'est pas très digeste, voire incohérent. Parfois on se rend compte qu'entre deux clients, ou entre deux contrats, la même clause va être rédigée différemment, ou les définitions vont être différentes, alors que seulement s'il y avait une harmonisation, déjà on y gagnerait. Et après, effectivement, le côté visuel peut venir s'ajouter. Quand on parle legal design comme tu l'as dit, la rigueur juridique est extrêmement importante, et certains sont encore réfractaires et pensent que le legal design c'est du dessin. Oui. Il faut être le côté, on va dire, artistique. Alors, c'est très beau, mais certains disent souvent, oui, mais c'est simplifié. Genre, comme si finalement, on enlevait de la rigueur juridique pour mettre du dessin à la place, alors que, tu vas préciser, mais je pense que non. Le travail, c'est de garder la rigueur juridique tout en mettant du design. Qu'est-ce que tu réponds à ces... Legal design, nous, de cette p'tique ?

  • Speaker #1

    Oui, alors déjà, c'est important de le mentionner, donc tu as bien fait de le mentionner. En fait, l'objectif du legal design, c'est d'avoir un document qui soit utilisé, qui soit utilisable de manière simple, efficace. Et en fait, si on considère à un moment qu'avec des pictogrammes, etc., ça va améliorer la compréhension, dans ce cas-là, c'est pertinent. Mais en réalité, il n'y a pas... plein de projets en legal design qui ne comportent pas forcément de dessins ou de pictogrammes. Et en fait, le cœur aussi du legal design, tu l'as mentionné d'ailleurs tout à l'heure, c'est le langage clair. Et en général, quand les gens sont un petit peu sceptiques face au legal design, c'est peut-être aussi parce que le concept de langage clair n'est pas forcément clair pour le coup, pour eux. Et donc, pour ceux qui ne connaissent pas, le langage clair, c'est... un ensemble de méthodes qui permettent de partager de l'information complexe de manière compréhensible par tous. Donc, on parle de langage clair, puisque ce n'est pas toujours rattaché au juridique, ça peut être rattaché à la science, par exemple. Et dans le domaine du droit, on parle de langage juridique clair. Et donc, l'idée, c'est de ne pas toucher au fond. Le fond est strictement le même, c'est-à-dire qu'on va transmettre la même quantité d'informations avec le même niveau de détail, mais par contre, on va revoir la structure des phrases, la structure du document. On va, par exemple, quand c'est possible, enlever le jargon juridique pour le reformuler en un vocabulaire plus compréhensible, mais à la fin, on aura le même niveau de détail. Et ça, c'est vraiment... très très très important. Si un jour vous voulez faire du legal design et on vous propose de vulgariser des termes et puis vous vous retrouvez d'un document de 20 pages à une seule page, attention c'est peut-être pas vraiment du legal design puisque en général on change pas vraiment le nombre de pages, sauf si vraiment comme je disais tout à l'heure, on a eu besoin d'enlever les répétitions, ce genre de choses on va pas on va pas... Faire de compromis sur la rigueur. Ça, c'est systématique. Et c'est vraiment important puisqu'on l'utilise. Oui.

  • Speaker #0

    C'est quasiment un travail mot par mot ou phrase par phrase. C'est-à-dire qu'on va éviter, par exemple, les doubles négations pour mettre des phrases affirmatives, parce que l'affirmatif se comprend mieux que le négatif, plutôt que de mettre des exceptions ou des exceptions d'exceptions. On peut mettre des listes, des bullet points, tout ce travail vraiment... phrase après phrase, donc, effectivement, à la fin, on peut, évidemment, gagner peut-être quelques lignes, mais on ne va pas accourcir le document. Ce n'est pas une synthèse, ce n'est pas un résumé, ce n'est pas une synthèse, c'est vraiment de la reformulation.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est de la reformulation, littéralement, phrase par phrase, où on va adopter un certain nombre de méthodes, comme celle que tu as citée, avec, on parle aussi de passer de la voie passive à la voie active, pour vraiment rajouter du concret. Et puis après, en droit, on aime beaucoup les phrases à rallonge. Mais du coup, on va venir un petit peu retravailler ça aussi avec une idée par phrase et permettre au lecteur de ne pas se perdre dans toute cette densité d'informations. Il y a aussi quelque chose qui est important, c'est la hiérarchie de l'information. Donc ça, ça va aussi nous permettre de garder justement le même niveau de détail. Mais par contre, on va partir de l'information la plus importante. Et quand je dis la plus importante, c'est la plus importante pour la cible, pour le lecteur. Et ensuite, on va détailler et on va apporter des couches d'informations, comme ça, au fur et à mesure. Ça paraît assez simple, mais en fait, quand on touche le domaine juridique, on s'aperçoit bien vite que ce qui nous paraît, nous, le plus important en tant que juriste, n'est pas forcément ce qui paraît le plus important pour le lecteur. Par exemple, la règle de droit. Pour nous juristes, c'est quelque chose qu'on va mettre en premier. Donc on va commencer par exemple par citer l'article ou la jurisprudence. Et ensuite, au fur et à mesure de la réflexion, du syllogisme juridique, on va arriver à la réponse en fait. Sauf que notre client, lui, l'article, ça peut l'intéresser. Mais il veut d'abord la réponse. Et donc là, justement, tout l'intérêt, ça sera de commencer par la réponse. et puis d'offrir toujours la possibilité au client d'avoir un niveau de détail qui correspondra à ce qu'il attend ou non, et donc là, de citer aussi l'article, mais dans un deuxième temps.

  • Speaker #0

    Je me souviens quand je travaillais en Canada Vodka, avant on avait un service knowledge en interne et parfois on avait besoin de leur poser des questions de droit et souvent la réponse était très longue, avec beaucoup d'articles, beaucoup de jurisprudence et à la fin une réponse, voire pas de réponse. La question restait encore un peu ouverte. Alors que non, même si j'étais juriste, donc je comprenais la réflexion, quand je m'adressais au service... knowledge, c'était pour avoir une réponse à une question, pour ensuite la transmettre au client qui, lui, se fichait un peu de savoir l'article, la jurisprudence, s'il voulait la réponse. Donc, moi aussi, j'étais un peu client du service knowledge et je voulais d'abord ma réponse et après, éventuellement, les sources, le pourquoi du comment, mais d'abord la réponse.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Mais dans notre formation juridique, en fait, on ne nous apprend pas forcément à avoir cette méthode. Et souvent, quand il y a des étudiants qui sortent de la fac de droit et qui arrivent en entreprise, la première fois qu'on leur demande de répondre à un mail et qu'on leur demande une note juridique, ils vont adopter cette méthode avec la règle de droit d'abord. Et en fait, ils vont rapidement comprendre que ce n'est pas ce qui est attendu par les opérationnels. Voilà, c'est dommage de devoir... passer par toutes ces étapes, alors que ça paraît quand même assez évident, mais c'est le temps de changer un petit peu les habitudes.

  • Speaker #0

    Comme tu dis, ce n'est pas forcément la dictation des non juristes qu'on peut penser que vulgariser entre guillemets, c'est bien pour le citoyen lambda qui n'y connaît rien. Deux avocats qui sont sur un dossier de partie adverse, qui rendent des conclusions, peuvent tout à fait aussi utiliser le langage clair. et le legal design, que ce soit pour la partie adverse ou pour le juge en charge du dossier. Tout le monde y est gagnant. Ce n'est pas parce qu'un avocat s'adresse à un autre avocat qu'il est obligé à un charabia technique. Effectivement, il y a un côté aussi fierté. On fait des années d'études de droit, on apprend plein de termes, on passe des soirées de révision à apprendre des termes et des numéros d'articles et de la jurisprudence. Si après on dit oui, mais en fait, les numéros d'articles, tu les mets à la fin, c'est d'abord la réponse à la question. Il y a tout un travail de détermination. culturelle à avoir.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. C'est vrai que c'est confortable de transmettre de l'information très complexe et puis de savoir que nous seuls, en tant qu'experts, on va être en mesure d'expliquer avec un langage clair ce qu'on a voulu envoyer au client. Et effectivement, on peut aussi se dire que c'est plus simple pour tout le monde de communiquer une information claire et compréhensible. par tous et ça nous fait tous gagner du temps et c'est très juste que tu disais par rapport à deux professionnels du droit qui échangent entre eux et notamment dans un contexte de contentieux avec des magistrats qui ont une charge de travail assez gigantesque en général et qui souvent aimeraient allouer plus de temps à chaque dossier mais qui sont vraiment limités Merci Et quand on arrive à des dossiers qui, en plus de ça, sont extrêmement complexes, puisqu'on peut avoir des dossiers qui sont maîtrisés à 100% par l'avocat qui, lui, est spécialisé, mais par contre qui vont être lus par un magistrat qui, lui, n'est pas spécialisé ou alors qui, tout simplement, n'a pas beaucoup de temps à allouer au dossier. Et donc là, l'utilisation du langage clair, elle est extrêmement pertinente aussi puisqu'on va permettre au magistrat de gagner du temps. Et même d'un point de vue stratégique, la personne à qui on s'adresse comprend nos éléments, nos arguments. Effectivement, ça aura plus d'impact ensuite.

  • Speaker #0

    Donc, s'il y a des avocats qui nous écoutent, utilisez le langage clair. Ça peut jouer en votre faveur dans le dossier. Si jamais vous êtes un peu mal embarqués sur le fond, la forme peut aider.

  • Speaker #1

    Misez tout sur la forme.

  • Speaker #0

    Misez tout sur la forme. Si le magistrat comprend vos conclusions et pas ceux de la partie adverse, peut-être que ça peut le faire. En parlant d'importance d'ailleurs du langage clair, si je ne dis pas de bêtises, ça fait l'objet d'une énorme iso. Maintenant, ce qui veut dire qu'il y a vraiment une prise de conscience de l'importance du langage clair, qu'il y a vraiment une utilité, on va dire, générale. Est-ce que tu as observé quand même un changement depuis que cette norme existe ? Est-ce que culturellement, est-ce que ça commence quand même à se propager un petit peu plus rapidement ? Alors, je n'ai pas l'impression que ça se propage plus rapidement, mais je dirais que c'est un argument qui fait sens. C'est rassurant aussi pour les personnes de savoir que c'est une pratique qui est encadrée et qu'on peut la valoriser de façon simple avec des normes qui sont établies, qui sont claires, puisque faire tout ce travail de reformulation et de langage clair, ça demande du temps. Et donc, de savoir ensuite ce que ça peut être valorisé, c'est quelque chose qui parle beaucoup aux gens en général.

  • Speaker #1

    Oui, ça va avoir une valeur de la même manière que les gens, quand on est dans la tech, ça intéresse à la norme, le 27 000, je ne sais plus combien, sur la sécurité informatique. Maintenant, d'avoir la norme sur le langage clair, ça va être une preuve de qualité. Oui, il y a du langage clair, mais qu'en plus, il est qualitatif et qu'il est utile.

  • Speaker #0

    Exactement, parce que dans cette norme, encore une fois, c'est un ensemble de méthodes qui sont expliquées très clairement. Et ensuite, c'est facile de le rattacher à un texte en langage clair et de lister toutes les méthodes qui ont été appliquées pour ce texte pour qu'il soit compréhensible à tous.

  • Speaker #1

    Un autre domaine, je pense, où le legal design doit être utile, et qui est un peu ton expérience, c'est dans la formation. Parce qu'évidemment, la formation, comme un document, je vais dire que les formations sont... donnée généralement par des experts, donc qui ont ce jargon, qui ont cette connaissance, à des non-juristes ou à des moins experts. Ça arrive souvent d'avoir des formations clairement indigestes. Moi, je sais que j'ai des formations obligatoires chaque année sur la lutte contre le blanchiment, des choses comme ça, dispensées par des avocats experts. C'est 30 slides de textes, de normes, d'obligations. C'est pas interactif du tout.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    C'est une heure de présence, on va dire, pour avoir le certificat à la fin et dire j'ai mon petit papier, j'ai fait la formation anti-blanchiment, j'ai tout compris, alors que pas vraiment en fait. Quelle est pour toi l'importance de l'égalité dans la formation et comment toi tu y contribues ?

  • Speaker #0

    Oui. Alors effectivement, ça fait partie des supports sur lesquels on travaille en Legal Design ou dans mon agent, qui s'appelle Walt d'ailleurs, je n'ai pas eu l'occasion de le mentionner. En fait, c'est tout simplement pour gagner en efficacité. Quand on est face à des personnes qui souvent en plus se sont inscrits, comme tu disais, de façon contrainte à la formation, c'est rare qu'il y ait des personnes qui attendent avec... impatience la formation juridique et donc on a des personnes qui souvent en plus ont déjà un certain nombre de tâches qu'elles auraient aimé remplir ce jour de la formation donc on est dans un contexte où on doit trouver des techniques pour marquer les esprits, pour capter l'attention et en Legal Design justement c'est ce qu'on cherche à faire, c'est... marquer l'attention, être clair pour ensuite pouvoir rester en mémoire. Et le but de cette formation, c'est quand même que, si on la dispense, c'est qu'elle a vocation à être appliquée ensuite. C'est des entreprises qui doivent respecter les normes. On peut parler aussi du RGPD, des entreprises qui sont soumises à un certain nombre de règles. Et pour que ça fonctionne, il faut que tous les salariés de l'entreprise contribuent aussi au respect de ces règles. Mais encore faut-il que ces règles soient claires pour tout le monde. Après, il y a différentes techniques. Pour ceux que ça intéresse, le village de la justice partage les prix de l'innovation au management juridique des directions juridiques. C'est très intéressant d'avoir un retour de ces directions qui ont appliqué le legal design dans leur formation. et qui ont vu tout un changement dans la perception de ces formations. On a par exemple une direction qui a utilisé le concept de Mario Kart dans une formation. Et en fait, ça a énormément plu. Je ne me rappelle plus du sujet de la formation. Je me demande si ce n'était pas le RGPD, mais je ne sais plus. Et en fait, on avait des collaborateurs qui contactaient la direction juridique en disant apparemment, vous avez fait une formation Mario Kart, est-ce qu'il reste des places ? Est-ce que vous allez refaire une session ? Parce que j'ai vraiment envie de tester. Et là, en fait, tout est gagné, puisque les gens prennent du plaisir, sont en demande. Et ensuite, en marquant les esprits, forcément, c'est plus facile ensuite de faire respecter toutes ces règles qui font l'objet de la formation à la base.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et c'est pas forcément besoin de... Là, on a un exemple hyper intéressant, ça se tient à ma carte, mais effectivement, à toutes les directions juridiques qui nous écoutent, il n'y a pas forcément besoin d'aller jusque-là. Certains excellent dans la matière. Parfois, juste de se dire que la formation doit être intéressante et interactive, ça peut être d'utiliser des exemples qui parlent, ça peut être d'insérer des questionnaires. Moi, je sais que souvent, quand je donne des formations, j'utilise Wooklap, par exemple. qui permet d'avoir des petits questionnaires en direct où les gens sont sur leur portable et on fait un petit quiz. En plus, c'est des quiz qui sont très variés. Ce n'est pas que des QCM, c'est trouver des réponses sur des images, des mots, des tableaux de mots. Et rien que le fait de le rendre interactif, même si le contenu, lui, reste technique et parfois brillant, il faut le dire. Il y a certaines formations, il faut y passer parce que c'est une norme. Mais dans tous les cas, tout le monde n'a pas un intérêt pour le RGPD ou pour la lutte contre la corruption. Mais il faut y passer. Rien que le fait de le rendre interactif, le fait d'avoir des exemples qui parlent. Moi, je me souviens, j'avais dû former tous les collaborateurs quand j'étais en Big Four. Pendant l'été, 3000 personnes sur le délit d'initié. Ça parle à peu près à tout le monde, mais il fallait quand même faire une formation. C'était une obligation de former toute la boîte au délit d'initié. On avait pris des exemples qui parlent. On a pris l'exemple de... de quelqu'un qui avait volé le portable de sa petite copine, qui avait découvert des e-mails sur une opération de Disney et qui avait fini en prison. Voilà, c'était des exemples un peu originaux, mais qui fait que les gens s'en souviennent, en fait. Alors que si on fait que balancer la théorie technique, les gens ne les retiennent pas, donc pas forcément besoin d'aller jusqu'à Mario Kart. J'aimerais beaucoup essayer, cela attendu. Une formation RGPD en utilisant Mario Kart, je veux bien essayer. Mais... mais que les gens se rassurent. Il y a parfois des simples petites techniques juste de rendre ça interactif, simple, illustré. Que ce soit par un support ou même sans support, ça peut être verbal aussi. Des exemples concrets qui parlent aux gens, ça peut faire la différence.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ça, j'ai déjà travaillé avec une direction juridique qui avait un support extrêmement technique, extrêmement complexe, et qui s'apercevait que... L'impact était vraiment moindre parce que les gens étaient barbés. C'était barbant. Est-ce que barbé ? En tout cas, on comprend. En reparcourant ensemble le support, et moi simplement en posant quelques questions vraiment très concrètes, la juriste qui avait en face de moi avait énormément d'exemples à me donner de situations... auxquelles elle avait été confrontée. Et en fait, le simple fait de les intégrer, comme tu dis, dans le support et dans la présentation, ça a rendu la formation beaucoup plus vivante. Et effectivement, si on ajoute à ça de l'interactivité avec des outils... Moi, celui que j'utilise, par exemple, c'est Becast. Je pense que c'est un petit peu la même chose que ce que tu utilises avec des questionnaires au fur et à mesure. On implique, en fait, les apprenants et tout de suite... on voit la différence avec des gens qui sont contents d'être là, qui sont en demande d'informations et qui repartent de là avec une vision très claire de la façon dont ils pourront appliquer les conseils dans leur quotidien, dans leur activité.

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est quand même le but, c'est que quand on dispense une formation à des gens en entreprise, c'est qu'ils appliquent après les règles.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement.

  • Speaker #1

    Pour par exemple, des formations sur la conformité, sapin 2 ou des choses comme ça. Derrière, il y a des risques très importants pour l'entreprise si elle n'est pas compliant. Donc, que l'ensemble des collaborateurs soient capables de déclarer leurs conflits d'intérêt, les cadeaux, les invitations, les choses comme ça. C'est essentiel pour l'entreprise mais si les gens ne comprennent pas et ne l'appliquent pas, ça ne sert à rien. Donc, effectivement, perdre du temps finalement, ça ne fait pas du temps pour les juristes qui vont vouloir passer du temps sur un support technique qui vont au bout de 10 ou 15 présentations la même chose en avoir assez aussi à des gens qui ne vont pas s'y intéresser et donc qui ne vont pas l'appliquer. Alors que finalement, en changeant quelques petites choses à la base, c'est toute la chaîne qui se retrouve améliorée. C'est que les juristes sont... C'est plus sympa de préparer une formation un peu plus vivante, drôle, intéressante. Les gens sont intéressés et du coup, appliquent. Donc finalement, tout le monde est gagnant.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. On parle très souvent de gain de temps en Legal Design puisque le problème aussi de transmettre de l'information qui n'est pas claire, c'est qu'ensuite... on a beaucoup plus de questions. Donc les questions, ça se manifeste par des envois de mails, par des appels, par des demandes de réunion. Et en fait, tout ça, mis bout à bout, ça demande énormément de temps. Et en plus, souvent, c'est les mêmes questions qui reviennent. Donc, autant prendre le problème à la source, transmettre une information en langage clair, compréhensible par tous et qui parle à tous, pour éviter ensuite cette perte de temps, entre guillemets, derrière.

  • Speaker #1

    Si ça te va, je te propose qu'on parle des étudiants, un petit peu. On en parle à peu près avec tous les invités, parce qu'on se rend compte que... On a tous fait des études de droit, on connaît tous les étudiants en droit, et le constat, il est assez unanime quand même, c'est que les études de droit ne préparent pas ou préparent de moins en moins à la réalité du monde juridique. Et pour le coup, que ce soit pour devenir avocat, juriste d'entreprise, notaire ou que sais-je, plus ça va, plus parfois il y a un décalage quand même entre les études de droit et le monde du travail. Et comme tu l'as très bien dit à de nombreuses entreprises, Pendant les études, on apprend du langage technique. Pendant les études, on passe beaucoup de temps à apprendre le droit. Toi, tu as dû faire un master en parallèle pour t'ouvrir l'esprit à autre chose et finalement découvrir une passion pour le legal design que tu n'aurais peut-être pas eu si tu n'avais pas fait ce master en design thinking. Quels conseils tu donnerais aux étudiants pour le plus rapidement possible ou du moins pour ne pas être largué une fois dans le marché du travail et intégrer le plus tôt possible finalement ces... sa nouvelle tendance, entre guillemets, mais qui sont la norme de demain, en fait, en espérant que le legal design, finalement, devienne la nouvelle normalité.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, tout à fait. Simplement de prendre conscience qu'il est possible de communiquer de l'information juridique de façon accessible. Déjà, ça, c'est quelque chose qui n'est pas... clair pour les étudiants. Moi, je donne régulièrement des cours, soit au sein de facs de droit ou d'écoles d'avocats. Et en fait, la plupart du temps, les étudiants n'ont jamais entendu parler de legal design ou n'ont jamais entendu parler de communication du droit à des non-juristes. Donc déjà, d'avoir conscience que c'est possible. C'est déjà un grand pas. Et puis après, d'être curieux et d'aller découvrir ce qui se fait. Il y a beaucoup de ressources aujourd'hui qui sont disponibles de façon gratuite sur Internet et qui peuvent aussi nous permettre de visualiser ce qu'il est possible de faire. Parce que c'est vrai qu'au début, quand on parle de Legal Design, c'est assez abstrait. Et tant qu'on n'a pas vu d'exemple concret, on a du mal à se... projeté, vraiment aller creuser. Et après, je sais que tous les étudiants ne sont pas logés à la même enseigne non plus, puisqu'il y a des établissements qui sont vraiment conscients et qui ont envie de préparer au mieux leurs étudiants aux enjeux juridiques d'aujourd'hui. Et donc, c'est aussi pour moi une responsabilité des établissements de... de s'ouvrir à ces nouveaux domaines et de préparer les étudiants aux enjeux, j'allais dire, de demain. Mais en fait, non, c'est l'actualité.

  • Speaker #1

    C'est d'aujourd'hui, on est même déjà un petit peu en retard, parce que finalement, c'est depuis toujours que le droit devrait être compris de tous.

  • Speaker #0

    Ah oui, complètement !

  • Speaker #1

    Et c'est en 2024 qu'on se dit qu'il y a peut-être urgence, parce que notre vie est juridique et finalement, il y en a les trois quarts, on ne comprend pas, que les gens ne comprennent pas. Et on enchaîne toujours des nouvelles lois, des nouvelles normes, des nouvelles règles, toutes les étapes de notre vie, qui ne sont toujours pas comprises. Donc l'urgence est là.

  • Speaker #0

    C'est ça, l'urgence est là. Et ce n'est vraiment pas compliqué de s'en rendre compte. Il suffit de parler au sein de notre entourage. C'est assez simple, je pense, de trouver des personnes qui n'ont pas fait de droit et qui, pour autant, ont été confrontées au droit une fois dans leur vie. Et en général... On a vraiment cette demande des gens d'enfin apporter un petit peu de clarté dans ce domaine qui est tellement utile et tellement intéressant, mais qui n'est pas toujours adapté à tous. Et je pense même à... Oui ?

  • Speaker #1

    Vas-y, vas-y, je t'en prie.

  • Speaker #0

    Je pense même à certaines situations qui sont carrément alarmantes, qu'on considère comme acquis, mais une fois qu'on est confronté à ces situations... On n'arrive pas à imaginer comment ça se fait qu'en 2024, on soit encore confronté à des situations comme ça. Je m'explique. J'ai travaillé avec un collectif de professionnels, des professionnels du droit, mais aussi des médecins et des designers, pour faire des recherches autour de... des documents si je ne me rappelle pas du terme exact ça ne va pas le faire formulaire de c'est terrible je te rajoute du montage encore c'est pas grave je ne me rappelle pas du terme alors que j'y ai bossé dessus pendant des mois des formulaires de consentement aux soins dans les hôpitaux voilà c'est ça des formulaires de consentement aux soins dans les hôpitaux. Et en fait, on a axé nos recherches sur les personnes non-voyantes et malvoyantes. Et en fait, on s'est aperçu que dans les hôpitaux, mais de façon très générale en France et aussi à l'étranger, là, en l'occurrence, on a mené les recherches en Angleterre, et on s'est aperçu qu'il n'y avait aucun mécanisme, aucun process mis en place pour que des personnes non-voyantes puissent avoir accès à l'information concernant leurs soins de façon claire et comme une personne voyante. Alors, ça nécessite aussi beaucoup de travail et c'est tout un nouveau processus à mettre en place, donc ça nécessite aussi des moyens. Mais pour autant, c'est quand même une difficulté qui touche des milliers de personnes. Et en fait, c'est complètement... Et c'est assez dingue quand même.

  • Speaker #1

    Oui, c'est que souvent, quand on parle d'inclusion, on pense à l'accès physique, mais il y a aussi l'accès, on va dire, mental, l'accès à des informations, l'accès à des données, l'accès à des droits, et ne pas pouvoir, effectivement, comprendre le formulaire de consentement aux soins. C'est quand même un peu embêtant que toutes les personnes ne soient pas traitées également et qu'une personne qui est malvoyante ou non-voyante qui devra signer parce que si elle veut des soins, elle devra signer le document dans tous les cas. Ce n'est pas un même niveau de connaissance des documents, c'est quand même un peu embêtant. Il y a un beau et un gros travail à faire sur l'inclusion par l'accessibilité à tous des informations juridiques dans tous les domaines.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Très bien. Ce que je te propose, c'est pour conclure cet épisode, si tu veux donner un petit... un petit conseil ou rassurer les personnes sur comment se lancer dans le legal design, comment oser franchir le pas et qu'est-ce que ça va leur apporter ?

  • Speaker #0

    Oui. Déjà, c'est une méthode qui est extrêmement riche. En fait, il y a énormément de choses qu'on peut mettre en place. Et ce n'est pas pour autant que... Du jour au lendemain, on doit être vraiment irréprochable et on doit changer toute la pratique. Déjà, de prendre l'habitude de questionner les destinataires sur leur compréhension des solutions juridiques, des documents juridiques, c'est déjà un bel effort. Et ça peut être tout simple. Moi, par exemple, j'ai l'habitude de tester les documents qu'on m'envoie. Et ça peut être des choses qui sont faciles à mettre en place. Par exemple, souvent, je pose des questions juridiques dont la réponse se trouve dans le document. Et en fait, très vite, je me rends compte qu'il y a des gros problèmes de compréhension, voire même des choses qui, pour moi, je m'étais dit bon là, vraiment, c'est clair En fait, je m'aperçois que non, il y a encore la possibilité de le travailler. Donc, ça peut être des choses comme ça, toutes simples. Nous font prendre conscience de la différence de compréhension de chacun. Et après, vous allez le voir, c'est extrêmement satisfaisant de transformer un document et toujours dans cette démarche d'avoir des retours. Moi, je réinterroge les personnes que j'ai interrogées. Et là, mais quelle... bonheur quand elles me disent Waouh, mais qu'est-ce que ça fait plaisir ! Je comprends, en fait, c'était pas si compliqué et en fait, ça m'intéresse. Et c'est tellement satisfaisant de voir ça.

  • Speaker #1

    Le simple J'ai compris qui fait tout. Oui,

  • Speaker #0

    non mais c'est ça. C'est ça, c'est Ah oui, en fait, c'était tout simple. Bah oui, effectivement. Et puis là, tout est beaucoup plus fluide, tout va beaucoup plus rapidement. Donc, le simple fait de questionner, de prendre le temps, ça peut être déjà un... Un très, très beau pas. Et ensuite, il y a une ressource que je n'ai pas citée, mais que je cite souvent, qui est le... Alors, c'est un lexique. Je l'ai quelque part, ou alors je te le donnerai pour que tu mettes dans les notes du podcast, si c'est possible. C'est un lexique de termes juridiques. Donc, c'est un lexique officiel qui nous permet tout simplement d'avoir un équivalent. dans un langage compréhensible par tous. Donc au début, ça peut être un très bon réflexe de regarder dans ce lexique et de voir un petit peu ce que ça donne.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est cool. Surtout que même en plus du lexique, tout le monde en ce moment est très branché sur l'IA. On parle souvent de ses capacités à synthétiser, à résumer et à reformuler. Et c'est que parfois, un test pour essayer, s'il y a une clause qu'on comprend, ou quelque chose qui n'est pas clair, parfois un simple copier-coller, que ce soit de chez le GPT ou autre chose, avec comme consigne de reformuler en utilisant un langage clair et simple, ça peut donner une première idée de ce à quoi ça ressemble. Après, évidemment, il faut une relecture juridique. Tout à fait. Pour être sûr, mais il y a déjà quand même un premier travail de reformulation et de simplification. Moi, ça m'est déjà arrivé souvent dans des contrats complexes de copier une clause ou deux et on... dans le chat, j'ai l'habitude de dire, est-ce que tu peux me formuler ça en utilisant un langage clair, compréhensible pour des non-juristes, un prompt tout simple, mais qui peut déjà donner une petite idée de, ah oui, tiens, en fait, effectivement, ça doit sans doute être ça.

  • Speaker #0

    Tout à fait, et en fait, ce que j'ai envie de dire aussi aux professionnels du droit, c'est qu'aujourd'hui, l'intelligence artificielle, elle a une place quand même importante dans notre quotidien, alors plus ou moins en fonction de chacun, et en fait, moi, il m'arrive souvent d'échanger avec des personnes. pour voir aussi leur niveau de compréhension du contrat. Et je les questionne un petit peu sur leurs habitudes et ils me disent c'est simple, là c'est tellement incompréhensible que je demande à ChatGPT de me l'expliquer. Et je fais ça pour tout contrat puisque je ne comprends pas. Et donc en fait, l'idée c'est aussi de prendre conscience de ça et il vaut mieux proposer à ses clients quelque chose de clair, juste d'un point de vue juridique. Plutôt que aussi de prendre le risque que ce soit l'IA qui s'en charge à notre place. Oui, mais effectivement, intégrer l'IA dans la reformulation, etc., c'est quelque chose qu'il est possible de faire, que moi aussi je fais avec une relecture, bien sûr, ensuite systématique.

  • Speaker #1

    Parfois même avec Microsoft Word, il y a un petit add-in en haut justement de relecture. Alors, il y a quelques années, c'était uniquement l'orthographe. Maintenant, il... Ils revoient le style, ils revoient la compréhension et on peut justement appliquer des... Les gars, si on veut plutôt un langage formel ou pas, ça peut déjà être aussi une piste. Parfois, on se rend compte que tiens, ça, c'est pas cohérent. Et dans Microsoft Word, il y a des outils déjà qui permettent de retravailler un peu les documents, de les rendre plus cohérents.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Il y a aussi l'outil Antidote qui est très bien pour le français. et c'est le même concept avec une vérification très poussée de l'orthographe et puis des suggestions de reformulation pour améliorer la visibilité donc ouais il y a plein d'outils qui existent et qui sont très très bien.

  • Speaker #1

    Que de ressources plus d'excuses pour ne pas reformuler en langage clair c'est ça merci beaucoup Cassandre d'être venue aujourd'hui pour ceux qui veulent en savoir plus n'hésitez pas à aller voir le profil LinkedIn de Cassandre qui publie régulièrement le site internet wild.legal.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça, merci beaucoup Quentin.

  • Speaker #1

    Parfait, merci à toi Cassandre et puis au plaisir de t'accueillir à nouveau à l'occasion pour partager toujours plus sur le legal design, le langage clair et tout ce que ça apporte au quotidien.

  • Speaker #0

    Avec grand grand plaisir, à bientôt !

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Cassandre

    00:00

  • Parcours de Cassandre et introduction au design thinking

    01:04

  • Application du design thinking dans le domaine juridique

    05:20

  • Qu'est-ce que le legal design ?

    06:36

  • L'importance de la compréhension dans le legal design

    09:35

  • Conseils pour intégrer le legal design dans la pratique juridique

    40:05

  • Conclusion et remerciements

    52:53

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Description

Êtes-vous prêt à redéfinir votre perception du droit et à découvrir comment le design peut transformer la manière dont nous comprenons le droit ? Dans cet épisode des Etoiles du Droit et de L'Innovation, Quentin Ramaget reçoit Cassandre, une juriste spécialisée en droit du numérique et en design thinking, qui nous plonge au cœur du concept fascinant de legal design. Cette approche novatrice vise à rendre le droit plus accessible et compréhensible pour le grand public, un enjeu crucial dans un monde où la transformation digitale redéfinit les contours du management juridique.


Cassandre, forte de son parcours académique impressionnant, met en lumière l'importance de la transformation juridique et du design thinking au sein des directions juridiques. Ensemble, ils explorent comment le legal design s'intègre dans le droit, en plaçant les utilisateurs au centre de la conception de solutions juridiques adaptées. Cette méthode garantit non seulement la pertinence des solutions proposées, mais elle favorise également une meilleure compréhension des documents juridiques par des non-juristes, un défi majeur pour les juristes et notaires d'aujourd'hui.


Au fil de la discussion, vous découvrirez l'importance d'un langage clair dans la rédaction juridique. Cassandre partage des conseils pratiques pour les juristes désireux d'adopter cette approche, insistant sur la nécessité d'interroger les utilisateurs sur leur compréhension des documents. Cette démarche est essentielle pour assurer la conformité et l'efficacité des pratiques juridiques dans un environnement en constante évolution.


Enfin, l'épisode aborde le rôle croissant de l'intelligence artificielle dans la reformulation et l'accessibilité des informations juridiques. Comment cette technologie peut-elle soutenir la conduite du changement dans le management et la stratégie des directions juridiques ? Cassandre et Quentin échangent sur les implications de cette révolution numérique pour les expertises juridiques et le secteur du droit dans son ensemble.


Ne manquez pas cet épisode captivant des Etoiles du Droit et de L'Innovation, où innovation et transformation digitale se rencontrent pour façonner l'avenir du droit. Rejoignez-nous pour explorer comment le legal design peut devenir un outil puissant pour les juristes, notaires et professionnels du droit, en rendant la justice plus accessible et en améliorant la compréhension des enjeux juridiques par tous.


Pour tout savoir sur la transformation digitale dans le domaine juridique, retrouvez-moi sur:


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, bienvenue à bord des étoiles du droit et de l'innovation, le podcast qui vous propulse dans l'univers juridique de demain. Je suis Quentin Ramaget, juriste en droit des sociétés, LegalOps et fondateur de LegalJedi. J'accompagne les directions juridiques et les cabinets d'avocats dans leurs projets de transformation. Je les aide à trouver l'équilibre dans la force entre l'humain et la technologie. Je les aide à ne pas tomber du côté obscur du fameux on a toujours fait comme ça Mais assez parlé de moi. Si vous êtes ici, c'est surtout que vous voulez entendre l'histoire de ces véritables aventuriers et visionnaires du droit. Ils nous viennent des quatre coins de la galaxie juridique. Ils sont juristes, avocats, notaires, éditeurs de LegalTech, entrepreneurs, mais surtout passionnés. Dans ce podcast, vous découvrirez des échanges captivants avec ces pionniers qui, comme nous, ont un droit plus moderne, plus clair et surtout plus accessible. Alors embarquez avec moi ! à la rencontre de ces esprits révolutionnaires qui redéfinissent les contours de nos professions. Bonne écoute. Bonjour Kassandra, merci d'avoir accepté l'invitation de venir partager ton expérience sur les étoiles du droit et l'innovation. Avant de commencer, je te propose peut-être de te présenter pour ceux qui n'ont pas la chance de te connaître déjà, donc si tu veux nous raconter un peu qui tu es, d'où tu viens, ton parcours.

  • Speaker #1

    Oui, avec plaisir. Déjà, bonjour Quentin, bonjour à toutes. Merci beaucoup de m'accueillir sur ton podcast. Donc, mon parcours en quelques mots, alors il a commencé à la faculté de droit de Rennes, où j'ai fait donc ma licence, mon master 1 droit des affaires et ensuite mon master 2 en droit du numérique. Et durant mes études, en fait, j'ai rapidement voulu m'intéresser aussi au domaine extérieur au droit et je me suis inscrite. à un master que j'ai effectué en parallèle de mes études de droit en management de l'innovation, et plus précisément en transformation digitale des entreprises. Et ça m'a vraiment ouvert des portes, ouvert l'esprit sur une autre pratique qui existait. Et ça m'a amenée vers le design thinking. Je ne sais pas si c'est un terme qui est clair pour toi.

  • Speaker #0

    Pour moi, ça va, mais je pense qu'un petit picure de rappel à ceux qui ne connaissent pas encore, ils seront ravis de vraiment connaître ce que c'est que le design thinking, effectivement.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, le design thinking, quand on ne connaît pas, ça fait un petit peu charabia, anglicisme. Souvent, ça fait un petit peu peur, donc il vaut mieux le définir. En fait, c'est tout bêtement comment développer des solutions pertinentes. qui répondent aux besoins des utilisateurs. Donc, quand on dit utilisateur, c'est vraiment très vaste. Si, par exemple, vous rédigez une note juridique à destination de chefs d'entreprise, les chefs d'entreprise, on va les appeler les utilisateurs. Et donc, en fait, c'est une méthode pour être certain à 100% de la pertinence de la solution. En fait, on... On s'est aperçu que c'était les utilisateurs eux-mêmes qui connaissaient au mieux leurs besoins et comment ils attendaient qu'on y réponde. Et donc, le fait de les intégrer dans la conception d'une solution, ça nous assure d'être en adéquation avec leurs besoins.

  • Speaker #0

    En fait, si on peut faire un parallèle avec quelque chose qui parle peut-être plus aux plus jeunes, c'est un peu si on ramenait ça au domaine des jeux vidéo, c'est un peu la jouabilité. C'est-à-dire que les concepteurs de jeux vidéo vont imaginer l'expérience du joueur. savoir si c'est facile, si c'est intéressant, si c'est captivant. Finalement, c'est un petit peu ça, mais ramené à un autre domaine. En l'occurrence, le droit pour toi, tu vas nous expliquer un petit peu. Mais le design thinking, si je ne me trompe pas, c'est à peu près ça. C'est rendre quelque chose qui soit bien pour l'utilisateur final.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est ça. Et garantir une expérience satisfaisante, efficace. C'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Et peut-être juste pour les... jeunes auditeurs qui voudraient aussi s'ouvrir un peu l'esprit. Est-ce que tu nous partagerais le nom ou l'école dans laquelle tu as fait ton master qui t'a ouvert l'esprit sur ça ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est un master qui est proposé par l'université de Rennes. Et pour ceux qui sont intéressés et qui souhaiteraient peut-être commencer de façon un peu plus simple que sur une formation de un an, Il y a des hackathons qui existent et qui sont d'ailleurs en partenariat avec plusieurs professionnels, plusieurs entreprises et notamment des professionnels du droit. Et donc là, le hackathon en question qui est rattaché à cette formation s'appelle le Challenge Digital Transformer. Je conseille vraiment à 100% pour tous les étudiants de Rennes, professionnels de droit ou pas.

  • Speaker #0

    Du coup, là, tu nous as parlé du design thinking. Comment est-ce que le design thinking vient se rattacher au droit ? Parce que dans les étoiles du droit et de l'innovation, on parle de droit. Comment est-ce que le design thinking vient se rattacher au droit et quelles sont ses applications dans le monde juridique ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est une très bonne question. Et en fait, c'est la question que je me suis... posée à la base quand je connaissais cette méthode du design thinking, mais au départ, elle était complètement indépendante pour moi du droit. Et je me suis dit, mais tiens, c'est dommage, parce qu'en fait, en droit, en plus, on s'adresse souvent à des non-juristes, et donc ça serait justement intéressant de les intégrer dans la démarche. Et je me suis dit, mais je vais creuser un petit peu et voir si par hasard... ce serait possible de mixer design thinking et droit. Et en fait, très rapidement, j'ai découvert que je n'avais rien inventé du tout et que ça existait déjà depuis des années dans une pratique qu'on appelait du coup le legal design, qui est donc un mix entre le droit et le design pour design thinking.

  • Speaker #0

    C'est pas très grave de ne pas l'avoir inventé, au moins tu l'as trouvé.

  • Speaker #1

    C'est déjà ça.

  • Speaker #0

    Ça arrive souvent, c'est comme moi, c'était pareil avec les legal ops, on pense, tiens... fait quelque chose qui n'est pas juriste, qui est un peu différent, on se rend compte qu'effectivement, certains sont en legalops depuis bien longtemps et qu'en fait, on le laisse en savoir.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Et du coup, le legal design, parce que nous voilà au cœur du sujet, en deux, trois mots, si tu devais résumer, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #1

    Alors, le legal design, c'est une façon de s'adapter aux personnes à qui on s'adresse. Et c'est une façon de s'assurer que les personnes à qui on s'adresse, qui ne sont pas forcément des juristes, comprennent l'intégralité de l'information qu'on est en train de leur transmettre. Le Legal Design, c'est vraiment très large en fait comme sujet et il peut s'appliquer à toute solution juridique, quelle qu'elle soit, à partir du moment où on a besoin de se faire comprendre. par les personnes à qui on s'adresse. En général, comme c'est mieux de se faire comprendre, j'ai envie de dire que le legal design s'applique quand même assez souvent.

  • Speaker #0

    Ça peut être aussi bien un document juridique qui est legal designé, ça peut être une expérience utilisateur, moi je ne sais pas, sur le site internet d'un organisme public qui veut que le public comprenne ses obligations juridiques, ses droits, ses devoirs, et donc avoir une expérience utilisateur avec. des schémas, avec des explications qui sont claires. D'ailleurs, on le voit bien sur le site, par exemple, des impôts. Ce n'est pas le préféré des gens, mais sur les sites du gouvernement français en général, on voit quand même une petite clarification depuis quelques années sous forme de questions, sous forme de schémas, pour que les gens comprennent. Parce qu'effectivement, tout est du droit un peu dans notre vie, sur notre vie personnelle, notre vie professionnelle, quand on se marie, quand on achète une maison, quand on va acheter une baguette de pain. on passe un contrat d'achat avec le boulanger bon il n'y a pas de condition générale mais on le sait bien quand on achète quand on fait du shopping sur internet en général on colle sur j'accepte les conditions générales sans les lire et c'est typiquement le genre de document que les gens ne lisent

  • Speaker #1

    pas parce qu'ils ne le comprennent pas voilà exactement et pour revenir à ce que tu disais par rapport aux communications de l'état auprès des justiciables, il y a vraiment un effort qui est fait et d'ailleurs il y a plein de ressources de l'État qui sont accessibles. Il y a toute une démarche qui rende publique et il y a même des gens qui travaillent pour le gouvernement et qui sont vraiment spécialisés dans ces questions d'accessibilité, de design. Et vous avez même d'ailleurs une chaîne YouTube qui reprend des méthodes et qui est super, qui s'appelle Design Goove. Donc, je conseille vraiment à toutes les personnes qui souhaiteraient en savoir plus d'aller visionner les vidéos de cette chaîne.

  • Speaker #0

    D'accord, super. Eh bien, Design Goof, que tout le monde le retienne bien, Design Goof pour aller s'inspirer de ces modèles. Bon, maintenant qu'on voit un petit peu mieux l'utilité du Legal Design, par quoi ça commence ? Parce que c'est vrai que généralement, les professionnels du droit ont tendance à penser… c'est pas égoïste, mais à penser à eux, c'est-à-dire qu'ils s'expriment dans leur jargon, avec leurs termes, en espérant que la personne de l'autre côté va comprendre, ou qu'elle fera ce qu'elle peut. Le legal design, finalement, c'est... inverser le sens de la pensée, penser au dessinateur avant de penser à comment on va rédiger entre guillemets le contenu.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est exactement ça en fait. Dans notre formation en tant que juriste, on nous apprend beaucoup à anticiper le contentieux. Et en fait, je ne dis pas que c'est une mauvaise chose, c'est toujours quelque chose d'absolument indispensable, mais je dirais que ce n'est pas la seule chose qui est importante. Quand on pense par exemple au contrat, donc effectivement, c'est primordial d'anticiper des contentieux et de se protéger. Maintenant, la plupart des contrats ne se retrouvent pas dans un tribunal, en fait. Et au contraire, ils ont vocation à vivre pendant toute la relation contractuelle et à être utilisés, à être lus, à être compris. Disons que ce n'est pas toujours le cas. Donc, l'idée, c'est effectivement de prendre conscience qu'on est en train de s'adresser à des personnes qui n'ont pas forcément le même degré d'expertise que nous en tant que juristes. Et ce n'est pas forcément quelque chose qui est facile à faire. C'est un mécanisme de pensée qui est difficile à acquérir au début et c'est normal. D'ailleurs, ça a même été théorisé dans une expression que je trouve assez sympa qui s'appelle la malédiction de la connaissance. Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler d'expression. Tant mieux, c'est l'occasion. En fait, c'est parti d'un biais cognitif de notre cerveau qui nous empêcherait de faire abstraction de toutes les connaissances qu'on a accumulées sur un sujet. Si je dois donner un exemple du quotidien, tu sais, des fois, tu demandes ton chemin à quelqu'un qui te dit, tu sais... tu vois, dès que tu vois la boulangerie tu vas à droite et puis au revêtement tu vas à gauche et puis ensuite tout droit et en fait pour lui c'est extrêmement clair puisqu'il a tout le chemin en tête, il a toutes les images et puis toi en fait en face, qui n'a pas toutes ces images ça te paraît très abstrait voilà exactement, ça te paraît très abstrait et puis tu fais oui de la tête pour être poli mais en fait tu n'as pas forcément c'est pas forcément aussi clair et puis pour la personne... Pour qui, justement, c'est clair, c'est impossible de faire abstraction de toutes ces images puisque c'est quelque chose qui est tellement inné qu'elle part du principe que tout le monde a ses images dans la tête. Et le droit, c'est pareil, c'est difficile de se rendre compte, finalement, de ce qui est compréhensible, ce qui relève du jargon juridique. On l'utilise, en fait, au quotidien. Donc, quelque chose qui est très complexe pour quelqu'un, mais pas forcément pour quelqu'un d'autre qui a l'habitude de l'utiliser au quotidien. Donc, en fait, moi, ce que je conseille, tout simplement, c'est d'aller vraiment à la rencontre des personnes à qui on s'adresse et leur demander concrètement des retours, en fait. Et ça paraît tout bête, mais c'est quelque chose qu'on n'a pas forcément l'habitude de faire. Et je vais même donner un exemple d'un projet. Où là, je me suis dit vraiment, ah oui, non, mais c'est systématique de questionner, en fait, la cible, puisqu'on ne se rend pas compte, en fait, de la différence de perception de l'information juridique. Donc, ce contrat, c'était un... Il s'agissait de transformer un contrat de crédit renouvelable. Donc, on travaillait avec une banque. Et donc, rapidement, les contrats de crédit renouvelable, c'est un contrat qu'on peut signer directement en magasin. Donc, on va acheter notre machine à laver et là, on nous propose un paiement plusieurs fois. Et donc, on nous propose de signer un contrat de crédit renouvelable. Mais c'est quelque chose qu'on fait comme ça rapidement avant d'acheter notre machine à laver et de rejoindre notre voiture. Et en fait, on a vraiment pris le temps d'aller questionner les clients. Et on s'est rendu compte qu'il y avait une grande partie de ses clients qui n'étaient même pas conscients qu'ils étaient en train de signer un contrat de crédit. Et donc, voilà, effectivement, ça fait tout.

  • Speaker #0

    Oui, ils avaient payé en plusieurs fois, mais pour eux, ce n'était pas forcément un crédit.

  • Speaker #1

    Ça.

  • Speaker #0

    Qui dit crédit, dit le taux d'endettement du foyer qui augmente.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    tout à fait. Si après, on va acheter une maison et qu'il faut déclarer tous ses crédits, la monnaie à la chaîne à laver qu'on a payée en cinq fois, c'était sympa, parce qu'on a sorti un peu moins de cash sur le coup. mais peut-être qu'on ne pourra pas acheter la maison, qu'on aura augmenté son taux d'endettement sans vraiment en avoir conscience.

  • Speaker #1

    Et justement, il y a des réglementations qui encadrent ces contrats de crédit puisque le taux d'endettement, c'est un vrai sujet. Et ça peut mener à des conséquences assez dramatiques parce qu'on est face à des taux qui sont extrêmement élevés. Et donc, le mieux, c'est de signer en connaissance de cause.

  • Speaker #0

    Ce qui est assez drôle, c'est que souvent, dans les banques, on signe des contrats de crédit, mais on signe aussi un document de la banque qui dit qu'ils nous ont bien informé de ce qu'on signe. Le document est tout aussi long et indigeste que le contrat de prêt lui-même. Donc, on met une deuxième couche d'incompréhensibles par-dessus la première. C'est ça. Je sais que ce que tu dis est très intéressant et moi j'ai une anecdote aussi à partager, c'était il y a quelques jours, je travaille aussi dans la gestion d'actifs en parallèle et donc on avait un fonds d'investissement avec un prospectus pour les investisseurs et on a eu besoin de faire vivre, comme tu l'as dit, le droit à sa vie, on a eu besoin de faire vivre une des clauses du prospectus dans le cadre de nouveaux investisseurs qui rentraient et on était en réunion avec plusieurs juristes. à ne pas réussir à faire vivre cette clause parce qu'elle était rédigée d'une telle manière qu'on ne comprenait pas, en fait. Ça avait été rédigé par des avocats spécialisés dans l'investissement. On avait évidemment revu les documents et validé parce que légalement, ça tenait la route. Et puis, c'était des contrats qui font 200 pages ou quelque chose comme ça. Donc, on n'a pas le temps de revoir chaque phrase ou chaque mot un par un. Et c'est effectivement quand on veut faire vivre ce contrat ou une partie précise qu'on se dit... Ah mais en fait, ce qu'on a écrit, finalement... Et donc du coup, on a reformulé. On a essayé de reformuler en utilisant du langage clair. En disant, ah oui, là, c'est quand même un peu plus compréhensible plutôt qu'une phrase qui fait 15 lignes avec éventuellement une virgule.

  • Speaker #1

    C'est ça, non mais... Exactement, en fait, souvent, quand on parle de Legal Design, on pense au non-juriste. Mais en fait, ça peut aussi être bien pratique pour des juristes. Puis, même au-delà de ça, je sais que des fois, à chaque fois quand j'accompagne des clients, je pars tout le temps de contenus juridiques existants que je vais transformer avec mon équipe. Et en fait, des fois, il arrive que je ne comprenne pas une clause. Et vraiment, j'y passe du temps et j'ai beau tourner le truc dans tous les sens, je n'y arrive pas. Et donc, l'important à chaque fois, c'est d'être toujours très… très rigoureux d'un point de vue juridique. Donc, en cas de doute, je reprends contact avec les juristes avec qui je travaille, donc côté client. Et en fait, il m'est arrivé des fois où même côté client, ils se disent Ah mais oui, effectivement, exactement comme ce que tu viens d'expliquer. Effectivement, je ne comprends pas en fait. Et c'est normal que vous ne compreniez pas. C'est qu'il y a un souci. En fait, des fois, on a des documents juridiques qui ont plusieurs années et c'est normal. Et au fur et à mesure de changements dans la réglementation ou dans la stratégie de l'entreprise, on va rajouter des articles et en fait, on va arriver à un millefeuille. Et parfois, il y a même soit des répétitions. Donc, à la limite, ce n'est pas trop embêtant. Mais du coup, au niveau de la visibilité, ce n'est pas non plus tip top. Et puis, des fois, on a des contresens, en fait, complètement. Donc, c'est ça aussi, le legal design, c'est remettre tout à plat et vraiment sélectionner l'information qui a vocation à être dans ce contrat.

  • Speaker #0

    Finalement, il y a un double intérêt, c'est que, quand bien même on ne franchirait pas le cap de legal designer un document, faire une partie de la démarche pour prendre le temps de relire ces rendus juridiques, se dire, OK, est-ce que ça veut dire quelque chose ? Je vais me mettre à la place de mon dessinateur, juste pour vérifier que c'est cohérent. Finalement, rien que ça, ça peut déjà en premier pas. Après, voilà, libre à chacun de mettre en legal design ou pas, mais c'est qu'on voit que dans tous les cas, il y a une partie extrêmement utile pour chacun, c'est de vérifier la cohérence. Comme tu dis, le droit, c'est aussi beaucoup d'habitude. On a toujours fait comme ça. C'est le document qu'on a toujours utilisé. Effectivement, le document, il a 15 ans. On a rajouté des articles au fur et à mesure de l'évolution de la loi et on arrive avec ce fameux millefeuille, mais qui n'est pas très digeste, voire incohérent. Parfois on se rend compte qu'entre deux clients, ou entre deux contrats, la même clause va être rédigée différemment, ou les définitions vont être différentes, alors que seulement s'il y avait une harmonisation, déjà on y gagnerait. Et après, effectivement, le côté visuel peut venir s'ajouter. Quand on parle legal design comme tu l'as dit, la rigueur juridique est extrêmement importante, et certains sont encore réfractaires et pensent que le legal design c'est du dessin. Oui. Il faut être le côté, on va dire, artistique. Alors, c'est très beau, mais certains disent souvent, oui, mais c'est simplifié. Genre, comme si finalement, on enlevait de la rigueur juridique pour mettre du dessin à la place, alors que, tu vas préciser, mais je pense que non. Le travail, c'est de garder la rigueur juridique tout en mettant du design. Qu'est-ce que tu réponds à ces... Legal design, nous, de cette p'tique ?

  • Speaker #1

    Oui, alors déjà, c'est important de le mentionner, donc tu as bien fait de le mentionner. En fait, l'objectif du legal design, c'est d'avoir un document qui soit utilisé, qui soit utilisable de manière simple, efficace. Et en fait, si on considère à un moment qu'avec des pictogrammes, etc., ça va améliorer la compréhension, dans ce cas-là, c'est pertinent. Mais en réalité, il n'y a pas... plein de projets en legal design qui ne comportent pas forcément de dessins ou de pictogrammes. Et en fait, le cœur aussi du legal design, tu l'as mentionné d'ailleurs tout à l'heure, c'est le langage clair. Et en général, quand les gens sont un petit peu sceptiques face au legal design, c'est peut-être aussi parce que le concept de langage clair n'est pas forcément clair pour le coup, pour eux. Et donc, pour ceux qui ne connaissent pas, le langage clair, c'est... un ensemble de méthodes qui permettent de partager de l'information complexe de manière compréhensible par tous. Donc, on parle de langage clair, puisque ce n'est pas toujours rattaché au juridique, ça peut être rattaché à la science, par exemple. Et dans le domaine du droit, on parle de langage juridique clair. Et donc, l'idée, c'est de ne pas toucher au fond. Le fond est strictement le même, c'est-à-dire qu'on va transmettre la même quantité d'informations avec le même niveau de détail, mais par contre, on va revoir la structure des phrases, la structure du document. On va, par exemple, quand c'est possible, enlever le jargon juridique pour le reformuler en un vocabulaire plus compréhensible, mais à la fin, on aura le même niveau de détail. Et ça, c'est vraiment... très très très important. Si un jour vous voulez faire du legal design et on vous propose de vulgariser des termes et puis vous vous retrouvez d'un document de 20 pages à une seule page, attention c'est peut-être pas vraiment du legal design puisque en général on change pas vraiment le nombre de pages, sauf si vraiment comme je disais tout à l'heure, on a eu besoin d'enlever les répétitions, ce genre de choses on va pas on va pas... Faire de compromis sur la rigueur. Ça, c'est systématique. Et c'est vraiment important puisqu'on l'utilise. Oui.

  • Speaker #0

    C'est quasiment un travail mot par mot ou phrase par phrase. C'est-à-dire qu'on va éviter, par exemple, les doubles négations pour mettre des phrases affirmatives, parce que l'affirmatif se comprend mieux que le négatif, plutôt que de mettre des exceptions ou des exceptions d'exceptions. On peut mettre des listes, des bullet points, tout ce travail vraiment... phrase après phrase, donc, effectivement, à la fin, on peut, évidemment, gagner peut-être quelques lignes, mais on ne va pas accourcir le document. Ce n'est pas une synthèse, ce n'est pas un résumé, ce n'est pas une synthèse, c'est vraiment de la reformulation.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est de la reformulation, littéralement, phrase par phrase, où on va adopter un certain nombre de méthodes, comme celle que tu as citée, avec, on parle aussi de passer de la voie passive à la voie active, pour vraiment rajouter du concret. Et puis après, en droit, on aime beaucoup les phrases à rallonge. Mais du coup, on va venir un petit peu retravailler ça aussi avec une idée par phrase et permettre au lecteur de ne pas se perdre dans toute cette densité d'informations. Il y a aussi quelque chose qui est important, c'est la hiérarchie de l'information. Donc ça, ça va aussi nous permettre de garder justement le même niveau de détail. Mais par contre, on va partir de l'information la plus importante. Et quand je dis la plus importante, c'est la plus importante pour la cible, pour le lecteur. Et ensuite, on va détailler et on va apporter des couches d'informations, comme ça, au fur et à mesure. Ça paraît assez simple, mais en fait, quand on touche le domaine juridique, on s'aperçoit bien vite que ce qui nous paraît, nous, le plus important en tant que juriste, n'est pas forcément ce qui paraît le plus important pour le lecteur. Par exemple, la règle de droit. Pour nous juristes, c'est quelque chose qu'on va mettre en premier. Donc on va commencer par exemple par citer l'article ou la jurisprudence. Et ensuite, au fur et à mesure de la réflexion, du syllogisme juridique, on va arriver à la réponse en fait. Sauf que notre client, lui, l'article, ça peut l'intéresser. Mais il veut d'abord la réponse. Et donc là, justement, tout l'intérêt, ça sera de commencer par la réponse. et puis d'offrir toujours la possibilité au client d'avoir un niveau de détail qui correspondra à ce qu'il attend ou non, et donc là, de citer aussi l'article, mais dans un deuxième temps.

  • Speaker #0

    Je me souviens quand je travaillais en Canada Vodka, avant on avait un service knowledge en interne et parfois on avait besoin de leur poser des questions de droit et souvent la réponse était très longue, avec beaucoup d'articles, beaucoup de jurisprudence et à la fin une réponse, voire pas de réponse. La question restait encore un peu ouverte. Alors que non, même si j'étais juriste, donc je comprenais la réflexion, quand je m'adressais au service... knowledge, c'était pour avoir une réponse à une question, pour ensuite la transmettre au client qui, lui, se fichait un peu de savoir l'article, la jurisprudence, s'il voulait la réponse. Donc, moi aussi, j'étais un peu client du service knowledge et je voulais d'abord ma réponse et après, éventuellement, les sources, le pourquoi du comment, mais d'abord la réponse.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Mais dans notre formation juridique, en fait, on ne nous apprend pas forcément à avoir cette méthode. Et souvent, quand il y a des étudiants qui sortent de la fac de droit et qui arrivent en entreprise, la première fois qu'on leur demande de répondre à un mail et qu'on leur demande une note juridique, ils vont adopter cette méthode avec la règle de droit d'abord. Et en fait, ils vont rapidement comprendre que ce n'est pas ce qui est attendu par les opérationnels. Voilà, c'est dommage de devoir... passer par toutes ces étapes, alors que ça paraît quand même assez évident, mais c'est le temps de changer un petit peu les habitudes.

  • Speaker #0

    Comme tu dis, ce n'est pas forcément la dictation des non juristes qu'on peut penser que vulgariser entre guillemets, c'est bien pour le citoyen lambda qui n'y connaît rien. Deux avocats qui sont sur un dossier de partie adverse, qui rendent des conclusions, peuvent tout à fait aussi utiliser le langage clair. et le legal design, que ce soit pour la partie adverse ou pour le juge en charge du dossier. Tout le monde y est gagnant. Ce n'est pas parce qu'un avocat s'adresse à un autre avocat qu'il est obligé à un charabia technique. Effectivement, il y a un côté aussi fierté. On fait des années d'études de droit, on apprend plein de termes, on passe des soirées de révision à apprendre des termes et des numéros d'articles et de la jurisprudence. Si après on dit oui, mais en fait, les numéros d'articles, tu les mets à la fin, c'est d'abord la réponse à la question. Il y a tout un travail de détermination. culturelle à avoir.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. C'est vrai que c'est confortable de transmettre de l'information très complexe et puis de savoir que nous seuls, en tant qu'experts, on va être en mesure d'expliquer avec un langage clair ce qu'on a voulu envoyer au client. Et effectivement, on peut aussi se dire que c'est plus simple pour tout le monde de communiquer une information claire et compréhensible. par tous et ça nous fait tous gagner du temps et c'est très juste que tu disais par rapport à deux professionnels du droit qui échangent entre eux et notamment dans un contexte de contentieux avec des magistrats qui ont une charge de travail assez gigantesque en général et qui souvent aimeraient allouer plus de temps à chaque dossier mais qui sont vraiment limités Merci Et quand on arrive à des dossiers qui, en plus de ça, sont extrêmement complexes, puisqu'on peut avoir des dossiers qui sont maîtrisés à 100% par l'avocat qui, lui, est spécialisé, mais par contre qui vont être lus par un magistrat qui, lui, n'est pas spécialisé ou alors qui, tout simplement, n'a pas beaucoup de temps à allouer au dossier. Et donc là, l'utilisation du langage clair, elle est extrêmement pertinente aussi puisqu'on va permettre au magistrat de gagner du temps. Et même d'un point de vue stratégique, la personne à qui on s'adresse comprend nos éléments, nos arguments. Effectivement, ça aura plus d'impact ensuite.

  • Speaker #0

    Donc, s'il y a des avocats qui nous écoutent, utilisez le langage clair. Ça peut jouer en votre faveur dans le dossier. Si jamais vous êtes un peu mal embarqués sur le fond, la forme peut aider.

  • Speaker #1

    Misez tout sur la forme.

  • Speaker #0

    Misez tout sur la forme. Si le magistrat comprend vos conclusions et pas ceux de la partie adverse, peut-être que ça peut le faire. En parlant d'importance d'ailleurs du langage clair, si je ne dis pas de bêtises, ça fait l'objet d'une énorme iso. Maintenant, ce qui veut dire qu'il y a vraiment une prise de conscience de l'importance du langage clair, qu'il y a vraiment une utilité, on va dire, générale. Est-ce que tu as observé quand même un changement depuis que cette norme existe ? Est-ce que culturellement, est-ce que ça commence quand même à se propager un petit peu plus rapidement ? Alors, je n'ai pas l'impression que ça se propage plus rapidement, mais je dirais que c'est un argument qui fait sens. C'est rassurant aussi pour les personnes de savoir que c'est une pratique qui est encadrée et qu'on peut la valoriser de façon simple avec des normes qui sont établies, qui sont claires, puisque faire tout ce travail de reformulation et de langage clair, ça demande du temps. Et donc, de savoir ensuite ce que ça peut être valorisé, c'est quelque chose qui parle beaucoup aux gens en général.

  • Speaker #1

    Oui, ça va avoir une valeur de la même manière que les gens, quand on est dans la tech, ça intéresse à la norme, le 27 000, je ne sais plus combien, sur la sécurité informatique. Maintenant, d'avoir la norme sur le langage clair, ça va être une preuve de qualité. Oui, il y a du langage clair, mais qu'en plus, il est qualitatif et qu'il est utile.

  • Speaker #0

    Exactement, parce que dans cette norme, encore une fois, c'est un ensemble de méthodes qui sont expliquées très clairement. Et ensuite, c'est facile de le rattacher à un texte en langage clair et de lister toutes les méthodes qui ont été appliquées pour ce texte pour qu'il soit compréhensible à tous.

  • Speaker #1

    Un autre domaine, je pense, où le legal design doit être utile, et qui est un peu ton expérience, c'est dans la formation. Parce qu'évidemment, la formation, comme un document, je vais dire que les formations sont... donnée généralement par des experts, donc qui ont ce jargon, qui ont cette connaissance, à des non-juristes ou à des moins experts. Ça arrive souvent d'avoir des formations clairement indigestes. Moi, je sais que j'ai des formations obligatoires chaque année sur la lutte contre le blanchiment, des choses comme ça, dispensées par des avocats experts. C'est 30 slides de textes, de normes, d'obligations. C'est pas interactif du tout.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    C'est une heure de présence, on va dire, pour avoir le certificat à la fin et dire j'ai mon petit papier, j'ai fait la formation anti-blanchiment, j'ai tout compris, alors que pas vraiment en fait. Quelle est pour toi l'importance de l'égalité dans la formation et comment toi tu y contribues ?

  • Speaker #0

    Oui. Alors effectivement, ça fait partie des supports sur lesquels on travaille en Legal Design ou dans mon agent, qui s'appelle Walt d'ailleurs, je n'ai pas eu l'occasion de le mentionner. En fait, c'est tout simplement pour gagner en efficacité. Quand on est face à des personnes qui souvent en plus se sont inscrits, comme tu disais, de façon contrainte à la formation, c'est rare qu'il y ait des personnes qui attendent avec... impatience la formation juridique et donc on a des personnes qui souvent en plus ont déjà un certain nombre de tâches qu'elles auraient aimé remplir ce jour de la formation donc on est dans un contexte où on doit trouver des techniques pour marquer les esprits, pour capter l'attention et en Legal Design justement c'est ce qu'on cherche à faire, c'est... marquer l'attention, être clair pour ensuite pouvoir rester en mémoire. Et le but de cette formation, c'est quand même que, si on la dispense, c'est qu'elle a vocation à être appliquée ensuite. C'est des entreprises qui doivent respecter les normes. On peut parler aussi du RGPD, des entreprises qui sont soumises à un certain nombre de règles. Et pour que ça fonctionne, il faut que tous les salariés de l'entreprise contribuent aussi au respect de ces règles. Mais encore faut-il que ces règles soient claires pour tout le monde. Après, il y a différentes techniques. Pour ceux que ça intéresse, le village de la justice partage les prix de l'innovation au management juridique des directions juridiques. C'est très intéressant d'avoir un retour de ces directions qui ont appliqué le legal design dans leur formation. et qui ont vu tout un changement dans la perception de ces formations. On a par exemple une direction qui a utilisé le concept de Mario Kart dans une formation. Et en fait, ça a énormément plu. Je ne me rappelle plus du sujet de la formation. Je me demande si ce n'était pas le RGPD, mais je ne sais plus. Et en fait, on avait des collaborateurs qui contactaient la direction juridique en disant apparemment, vous avez fait une formation Mario Kart, est-ce qu'il reste des places ? Est-ce que vous allez refaire une session ? Parce que j'ai vraiment envie de tester. Et là, en fait, tout est gagné, puisque les gens prennent du plaisir, sont en demande. Et ensuite, en marquant les esprits, forcément, c'est plus facile ensuite de faire respecter toutes ces règles qui font l'objet de la formation à la base.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et c'est pas forcément besoin de... Là, on a un exemple hyper intéressant, ça se tient à ma carte, mais effectivement, à toutes les directions juridiques qui nous écoutent, il n'y a pas forcément besoin d'aller jusque-là. Certains excellent dans la matière. Parfois, juste de se dire que la formation doit être intéressante et interactive, ça peut être d'utiliser des exemples qui parlent, ça peut être d'insérer des questionnaires. Moi, je sais que souvent, quand je donne des formations, j'utilise Wooklap, par exemple. qui permet d'avoir des petits questionnaires en direct où les gens sont sur leur portable et on fait un petit quiz. En plus, c'est des quiz qui sont très variés. Ce n'est pas que des QCM, c'est trouver des réponses sur des images, des mots, des tableaux de mots. Et rien que le fait de le rendre interactif, même si le contenu, lui, reste technique et parfois brillant, il faut le dire. Il y a certaines formations, il faut y passer parce que c'est une norme. Mais dans tous les cas, tout le monde n'a pas un intérêt pour le RGPD ou pour la lutte contre la corruption. Mais il faut y passer. Rien que le fait de le rendre interactif, le fait d'avoir des exemples qui parlent. Moi, je me souviens, j'avais dû former tous les collaborateurs quand j'étais en Big Four. Pendant l'été, 3000 personnes sur le délit d'initié. Ça parle à peu près à tout le monde, mais il fallait quand même faire une formation. C'était une obligation de former toute la boîte au délit d'initié. On avait pris des exemples qui parlent. On a pris l'exemple de... de quelqu'un qui avait volé le portable de sa petite copine, qui avait découvert des e-mails sur une opération de Disney et qui avait fini en prison. Voilà, c'était des exemples un peu originaux, mais qui fait que les gens s'en souviennent, en fait. Alors que si on fait que balancer la théorie technique, les gens ne les retiennent pas, donc pas forcément besoin d'aller jusqu'à Mario Kart. J'aimerais beaucoup essayer, cela attendu. Une formation RGPD en utilisant Mario Kart, je veux bien essayer. Mais... mais que les gens se rassurent. Il y a parfois des simples petites techniques juste de rendre ça interactif, simple, illustré. Que ce soit par un support ou même sans support, ça peut être verbal aussi. Des exemples concrets qui parlent aux gens, ça peut faire la différence.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ça, j'ai déjà travaillé avec une direction juridique qui avait un support extrêmement technique, extrêmement complexe, et qui s'apercevait que... L'impact était vraiment moindre parce que les gens étaient barbés. C'était barbant. Est-ce que barbé ? En tout cas, on comprend. En reparcourant ensemble le support, et moi simplement en posant quelques questions vraiment très concrètes, la juriste qui avait en face de moi avait énormément d'exemples à me donner de situations... auxquelles elle avait été confrontée. Et en fait, le simple fait de les intégrer, comme tu dis, dans le support et dans la présentation, ça a rendu la formation beaucoup plus vivante. Et effectivement, si on ajoute à ça de l'interactivité avec des outils... Moi, celui que j'utilise, par exemple, c'est Becast. Je pense que c'est un petit peu la même chose que ce que tu utilises avec des questionnaires au fur et à mesure. On implique, en fait, les apprenants et tout de suite... on voit la différence avec des gens qui sont contents d'être là, qui sont en demande d'informations et qui repartent de là avec une vision très claire de la façon dont ils pourront appliquer les conseils dans leur quotidien, dans leur activité.

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est quand même le but, c'est que quand on dispense une formation à des gens en entreprise, c'est qu'ils appliquent après les règles.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement.

  • Speaker #1

    Pour par exemple, des formations sur la conformité, sapin 2 ou des choses comme ça. Derrière, il y a des risques très importants pour l'entreprise si elle n'est pas compliant. Donc, que l'ensemble des collaborateurs soient capables de déclarer leurs conflits d'intérêt, les cadeaux, les invitations, les choses comme ça. C'est essentiel pour l'entreprise mais si les gens ne comprennent pas et ne l'appliquent pas, ça ne sert à rien. Donc, effectivement, perdre du temps finalement, ça ne fait pas du temps pour les juristes qui vont vouloir passer du temps sur un support technique qui vont au bout de 10 ou 15 présentations la même chose en avoir assez aussi à des gens qui ne vont pas s'y intéresser et donc qui ne vont pas l'appliquer. Alors que finalement, en changeant quelques petites choses à la base, c'est toute la chaîne qui se retrouve améliorée. C'est que les juristes sont... C'est plus sympa de préparer une formation un peu plus vivante, drôle, intéressante. Les gens sont intéressés et du coup, appliquent. Donc finalement, tout le monde est gagnant.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. On parle très souvent de gain de temps en Legal Design puisque le problème aussi de transmettre de l'information qui n'est pas claire, c'est qu'ensuite... on a beaucoup plus de questions. Donc les questions, ça se manifeste par des envois de mails, par des appels, par des demandes de réunion. Et en fait, tout ça, mis bout à bout, ça demande énormément de temps. Et en plus, souvent, c'est les mêmes questions qui reviennent. Donc, autant prendre le problème à la source, transmettre une information en langage clair, compréhensible par tous et qui parle à tous, pour éviter ensuite cette perte de temps, entre guillemets, derrière.

  • Speaker #1

    Si ça te va, je te propose qu'on parle des étudiants, un petit peu. On en parle à peu près avec tous les invités, parce qu'on se rend compte que... On a tous fait des études de droit, on connaît tous les étudiants en droit, et le constat, il est assez unanime quand même, c'est que les études de droit ne préparent pas ou préparent de moins en moins à la réalité du monde juridique. Et pour le coup, que ce soit pour devenir avocat, juriste d'entreprise, notaire ou que sais-je, plus ça va, plus parfois il y a un décalage quand même entre les études de droit et le monde du travail. Et comme tu l'as très bien dit à de nombreuses entreprises, Pendant les études, on apprend du langage technique. Pendant les études, on passe beaucoup de temps à apprendre le droit. Toi, tu as dû faire un master en parallèle pour t'ouvrir l'esprit à autre chose et finalement découvrir une passion pour le legal design que tu n'aurais peut-être pas eu si tu n'avais pas fait ce master en design thinking. Quels conseils tu donnerais aux étudiants pour le plus rapidement possible ou du moins pour ne pas être largué une fois dans le marché du travail et intégrer le plus tôt possible finalement ces... sa nouvelle tendance, entre guillemets, mais qui sont la norme de demain, en fait, en espérant que le legal design, finalement, devienne la nouvelle normalité.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, tout à fait. Simplement de prendre conscience qu'il est possible de communiquer de l'information juridique de façon accessible. Déjà, ça, c'est quelque chose qui n'est pas... clair pour les étudiants. Moi, je donne régulièrement des cours, soit au sein de facs de droit ou d'écoles d'avocats. Et en fait, la plupart du temps, les étudiants n'ont jamais entendu parler de legal design ou n'ont jamais entendu parler de communication du droit à des non-juristes. Donc déjà, d'avoir conscience que c'est possible. C'est déjà un grand pas. Et puis après, d'être curieux et d'aller découvrir ce qui se fait. Il y a beaucoup de ressources aujourd'hui qui sont disponibles de façon gratuite sur Internet et qui peuvent aussi nous permettre de visualiser ce qu'il est possible de faire. Parce que c'est vrai qu'au début, quand on parle de Legal Design, c'est assez abstrait. Et tant qu'on n'a pas vu d'exemple concret, on a du mal à se... projeté, vraiment aller creuser. Et après, je sais que tous les étudiants ne sont pas logés à la même enseigne non plus, puisqu'il y a des établissements qui sont vraiment conscients et qui ont envie de préparer au mieux leurs étudiants aux enjeux juridiques d'aujourd'hui. Et donc, c'est aussi pour moi une responsabilité des établissements de... de s'ouvrir à ces nouveaux domaines et de préparer les étudiants aux enjeux, j'allais dire, de demain. Mais en fait, non, c'est l'actualité.

  • Speaker #1

    C'est d'aujourd'hui, on est même déjà un petit peu en retard, parce que finalement, c'est depuis toujours que le droit devrait être compris de tous.

  • Speaker #0

    Ah oui, complètement !

  • Speaker #1

    Et c'est en 2024 qu'on se dit qu'il y a peut-être urgence, parce que notre vie est juridique et finalement, il y en a les trois quarts, on ne comprend pas, que les gens ne comprennent pas. Et on enchaîne toujours des nouvelles lois, des nouvelles normes, des nouvelles règles, toutes les étapes de notre vie, qui ne sont toujours pas comprises. Donc l'urgence est là.

  • Speaker #0

    C'est ça, l'urgence est là. Et ce n'est vraiment pas compliqué de s'en rendre compte. Il suffit de parler au sein de notre entourage. C'est assez simple, je pense, de trouver des personnes qui n'ont pas fait de droit et qui, pour autant, ont été confrontées au droit une fois dans leur vie. Et en général... On a vraiment cette demande des gens d'enfin apporter un petit peu de clarté dans ce domaine qui est tellement utile et tellement intéressant, mais qui n'est pas toujours adapté à tous. Et je pense même à... Oui ?

  • Speaker #1

    Vas-y, vas-y, je t'en prie.

  • Speaker #0

    Je pense même à certaines situations qui sont carrément alarmantes, qu'on considère comme acquis, mais une fois qu'on est confronté à ces situations... On n'arrive pas à imaginer comment ça se fait qu'en 2024, on soit encore confronté à des situations comme ça. Je m'explique. J'ai travaillé avec un collectif de professionnels, des professionnels du droit, mais aussi des médecins et des designers, pour faire des recherches autour de... des documents si je ne me rappelle pas du terme exact ça ne va pas le faire formulaire de c'est terrible je te rajoute du montage encore c'est pas grave je ne me rappelle pas du terme alors que j'y ai bossé dessus pendant des mois des formulaires de consentement aux soins dans les hôpitaux voilà c'est ça des formulaires de consentement aux soins dans les hôpitaux. Et en fait, on a axé nos recherches sur les personnes non-voyantes et malvoyantes. Et en fait, on s'est aperçu que dans les hôpitaux, mais de façon très générale en France et aussi à l'étranger, là, en l'occurrence, on a mené les recherches en Angleterre, et on s'est aperçu qu'il n'y avait aucun mécanisme, aucun process mis en place pour que des personnes non-voyantes puissent avoir accès à l'information concernant leurs soins de façon claire et comme une personne voyante. Alors, ça nécessite aussi beaucoup de travail et c'est tout un nouveau processus à mettre en place, donc ça nécessite aussi des moyens. Mais pour autant, c'est quand même une difficulté qui touche des milliers de personnes. Et en fait, c'est complètement... Et c'est assez dingue quand même.

  • Speaker #1

    Oui, c'est que souvent, quand on parle d'inclusion, on pense à l'accès physique, mais il y a aussi l'accès, on va dire, mental, l'accès à des informations, l'accès à des données, l'accès à des droits, et ne pas pouvoir, effectivement, comprendre le formulaire de consentement aux soins. C'est quand même un peu embêtant que toutes les personnes ne soient pas traitées également et qu'une personne qui est malvoyante ou non-voyante qui devra signer parce que si elle veut des soins, elle devra signer le document dans tous les cas. Ce n'est pas un même niveau de connaissance des documents, c'est quand même un peu embêtant. Il y a un beau et un gros travail à faire sur l'inclusion par l'accessibilité à tous des informations juridiques dans tous les domaines.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Très bien. Ce que je te propose, c'est pour conclure cet épisode, si tu veux donner un petit... un petit conseil ou rassurer les personnes sur comment se lancer dans le legal design, comment oser franchir le pas et qu'est-ce que ça va leur apporter ?

  • Speaker #0

    Oui. Déjà, c'est une méthode qui est extrêmement riche. En fait, il y a énormément de choses qu'on peut mettre en place. Et ce n'est pas pour autant que... Du jour au lendemain, on doit être vraiment irréprochable et on doit changer toute la pratique. Déjà, de prendre l'habitude de questionner les destinataires sur leur compréhension des solutions juridiques, des documents juridiques, c'est déjà un bel effort. Et ça peut être tout simple. Moi, par exemple, j'ai l'habitude de tester les documents qu'on m'envoie. Et ça peut être des choses qui sont faciles à mettre en place. Par exemple, souvent, je pose des questions juridiques dont la réponse se trouve dans le document. Et en fait, très vite, je me rends compte qu'il y a des gros problèmes de compréhension, voire même des choses qui, pour moi, je m'étais dit bon là, vraiment, c'est clair En fait, je m'aperçois que non, il y a encore la possibilité de le travailler. Donc, ça peut être des choses comme ça, toutes simples. Nous font prendre conscience de la différence de compréhension de chacun. Et après, vous allez le voir, c'est extrêmement satisfaisant de transformer un document et toujours dans cette démarche d'avoir des retours. Moi, je réinterroge les personnes que j'ai interrogées. Et là, mais quelle... bonheur quand elles me disent Waouh, mais qu'est-ce que ça fait plaisir ! Je comprends, en fait, c'était pas si compliqué et en fait, ça m'intéresse. Et c'est tellement satisfaisant de voir ça.

  • Speaker #1

    Le simple J'ai compris qui fait tout. Oui,

  • Speaker #0

    non mais c'est ça. C'est ça, c'est Ah oui, en fait, c'était tout simple. Bah oui, effectivement. Et puis là, tout est beaucoup plus fluide, tout va beaucoup plus rapidement. Donc, le simple fait de questionner, de prendre le temps, ça peut être déjà un... Un très, très beau pas. Et ensuite, il y a une ressource que je n'ai pas citée, mais que je cite souvent, qui est le... Alors, c'est un lexique. Je l'ai quelque part, ou alors je te le donnerai pour que tu mettes dans les notes du podcast, si c'est possible. C'est un lexique de termes juridiques. Donc, c'est un lexique officiel qui nous permet tout simplement d'avoir un équivalent. dans un langage compréhensible par tous. Donc au début, ça peut être un très bon réflexe de regarder dans ce lexique et de voir un petit peu ce que ça donne.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est cool. Surtout que même en plus du lexique, tout le monde en ce moment est très branché sur l'IA. On parle souvent de ses capacités à synthétiser, à résumer et à reformuler. Et c'est que parfois, un test pour essayer, s'il y a une clause qu'on comprend, ou quelque chose qui n'est pas clair, parfois un simple copier-coller, que ce soit de chez le GPT ou autre chose, avec comme consigne de reformuler en utilisant un langage clair et simple, ça peut donner une première idée de ce à quoi ça ressemble. Après, évidemment, il faut une relecture juridique. Tout à fait. Pour être sûr, mais il y a déjà quand même un premier travail de reformulation et de simplification. Moi, ça m'est déjà arrivé souvent dans des contrats complexes de copier une clause ou deux et on... dans le chat, j'ai l'habitude de dire, est-ce que tu peux me formuler ça en utilisant un langage clair, compréhensible pour des non-juristes, un prompt tout simple, mais qui peut déjà donner une petite idée de, ah oui, tiens, en fait, effectivement, ça doit sans doute être ça.

  • Speaker #0

    Tout à fait, et en fait, ce que j'ai envie de dire aussi aux professionnels du droit, c'est qu'aujourd'hui, l'intelligence artificielle, elle a une place quand même importante dans notre quotidien, alors plus ou moins en fonction de chacun, et en fait, moi, il m'arrive souvent d'échanger avec des personnes. pour voir aussi leur niveau de compréhension du contrat. Et je les questionne un petit peu sur leurs habitudes et ils me disent c'est simple, là c'est tellement incompréhensible que je demande à ChatGPT de me l'expliquer. Et je fais ça pour tout contrat puisque je ne comprends pas. Et donc en fait, l'idée c'est aussi de prendre conscience de ça et il vaut mieux proposer à ses clients quelque chose de clair, juste d'un point de vue juridique. Plutôt que aussi de prendre le risque que ce soit l'IA qui s'en charge à notre place. Oui, mais effectivement, intégrer l'IA dans la reformulation, etc., c'est quelque chose qu'il est possible de faire, que moi aussi je fais avec une relecture, bien sûr, ensuite systématique.

  • Speaker #1

    Parfois même avec Microsoft Word, il y a un petit add-in en haut justement de relecture. Alors, il y a quelques années, c'était uniquement l'orthographe. Maintenant, il... Ils revoient le style, ils revoient la compréhension et on peut justement appliquer des... Les gars, si on veut plutôt un langage formel ou pas, ça peut déjà être aussi une piste. Parfois, on se rend compte que tiens, ça, c'est pas cohérent. Et dans Microsoft Word, il y a des outils déjà qui permettent de retravailler un peu les documents, de les rendre plus cohérents.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Il y a aussi l'outil Antidote qui est très bien pour le français. et c'est le même concept avec une vérification très poussée de l'orthographe et puis des suggestions de reformulation pour améliorer la visibilité donc ouais il y a plein d'outils qui existent et qui sont très très bien.

  • Speaker #1

    Que de ressources plus d'excuses pour ne pas reformuler en langage clair c'est ça merci beaucoup Cassandre d'être venue aujourd'hui pour ceux qui veulent en savoir plus n'hésitez pas à aller voir le profil LinkedIn de Cassandre qui publie régulièrement le site internet wild.legal.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça, merci beaucoup Quentin.

  • Speaker #1

    Parfait, merci à toi Cassandre et puis au plaisir de t'accueillir à nouveau à l'occasion pour partager toujours plus sur le legal design, le langage clair et tout ce que ça apporte au quotidien.

  • Speaker #0

    Avec grand grand plaisir, à bientôt !

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Cassandre

    00:00

  • Parcours de Cassandre et introduction au design thinking

    01:04

  • Application du design thinking dans le domaine juridique

    05:20

  • Qu'est-ce que le legal design ?

    06:36

  • L'importance de la compréhension dans le legal design

    09:35

  • Conseils pour intégrer le legal design dans la pratique juridique

    40:05

  • Conclusion et remerciements

    52:53

Description

Êtes-vous prêt à redéfinir votre perception du droit et à découvrir comment le design peut transformer la manière dont nous comprenons le droit ? Dans cet épisode des Etoiles du Droit et de L'Innovation, Quentin Ramaget reçoit Cassandre, une juriste spécialisée en droit du numérique et en design thinking, qui nous plonge au cœur du concept fascinant de legal design. Cette approche novatrice vise à rendre le droit plus accessible et compréhensible pour le grand public, un enjeu crucial dans un monde où la transformation digitale redéfinit les contours du management juridique.


Cassandre, forte de son parcours académique impressionnant, met en lumière l'importance de la transformation juridique et du design thinking au sein des directions juridiques. Ensemble, ils explorent comment le legal design s'intègre dans le droit, en plaçant les utilisateurs au centre de la conception de solutions juridiques adaptées. Cette méthode garantit non seulement la pertinence des solutions proposées, mais elle favorise également une meilleure compréhension des documents juridiques par des non-juristes, un défi majeur pour les juristes et notaires d'aujourd'hui.


Au fil de la discussion, vous découvrirez l'importance d'un langage clair dans la rédaction juridique. Cassandre partage des conseils pratiques pour les juristes désireux d'adopter cette approche, insistant sur la nécessité d'interroger les utilisateurs sur leur compréhension des documents. Cette démarche est essentielle pour assurer la conformité et l'efficacité des pratiques juridiques dans un environnement en constante évolution.


Enfin, l'épisode aborde le rôle croissant de l'intelligence artificielle dans la reformulation et l'accessibilité des informations juridiques. Comment cette technologie peut-elle soutenir la conduite du changement dans le management et la stratégie des directions juridiques ? Cassandre et Quentin échangent sur les implications de cette révolution numérique pour les expertises juridiques et le secteur du droit dans son ensemble.


Ne manquez pas cet épisode captivant des Etoiles du Droit et de L'Innovation, où innovation et transformation digitale se rencontrent pour façonner l'avenir du droit. Rejoignez-nous pour explorer comment le legal design peut devenir un outil puissant pour les juristes, notaires et professionnels du droit, en rendant la justice plus accessible et en améliorant la compréhension des enjeux juridiques par tous.


Pour tout savoir sur la transformation digitale dans le domaine juridique, retrouvez-moi sur:


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et à tous, bienvenue à bord des étoiles du droit et de l'innovation, le podcast qui vous propulse dans l'univers juridique de demain. Je suis Quentin Ramaget, juriste en droit des sociétés, LegalOps et fondateur de LegalJedi. J'accompagne les directions juridiques et les cabinets d'avocats dans leurs projets de transformation. Je les aide à trouver l'équilibre dans la force entre l'humain et la technologie. Je les aide à ne pas tomber du côté obscur du fameux on a toujours fait comme ça Mais assez parlé de moi. Si vous êtes ici, c'est surtout que vous voulez entendre l'histoire de ces véritables aventuriers et visionnaires du droit. Ils nous viennent des quatre coins de la galaxie juridique. Ils sont juristes, avocats, notaires, éditeurs de LegalTech, entrepreneurs, mais surtout passionnés. Dans ce podcast, vous découvrirez des échanges captivants avec ces pionniers qui, comme nous, ont un droit plus moderne, plus clair et surtout plus accessible. Alors embarquez avec moi ! à la rencontre de ces esprits révolutionnaires qui redéfinissent les contours de nos professions. Bonne écoute. Bonjour Kassandra, merci d'avoir accepté l'invitation de venir partager ton expérience sur les étoiles du droit et l'innovation. Avant de commencer, je te propose peut-être de te présenter pour ceux qui n'ont pas la chance de te connaître déjà, donc si tu veux nous raconter un peu qui tu es, d'où tu viens, ton parcours.

  • Speaker #1

    Oui, avec plaisir. Déjà, bonjour Quentin, bonjour à toutes. Merci beaucoup de m'accueillir sur ton podcast. Donc, mon parcours en quelques mots, alors il a commencé à la faculté de droit de Rennes, où j'ai fait donc ma licence, mon master 1 droit des affaires et ensuite mon master 2 en droit du numérique. Et durant mes études, en fait, j'ai rapidement voulu m'intéresser aussi au domaine extérieur au droit et je me suis inscrite. à un master que j'ai effectué en parallèle de mes études de droit en management de l'innovation, et plus précisément en transformation digitale des entreprises. Et ça m'a vraiment ouvert des portes, ouvert l'esprit sur une autre pratique qui existait. Et ça m'a amenée vers le design thinking. Je ne sais pas si c'est un terme qui est clair pour toi.

  • Speaker #0

    Pour moi, ça va, mais je pense qu'un petit picure de rappel à ceux qui ne connaissent pas encore, ils seront ravis de vraiment connaître ce que c'est que le design thinking, effectivement.

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, le design thinking, quand on ne connaît pas, ça fait un petit peu charabia, anglicisme. Souvent, ça fait un petit peu peur, donc il vaut mieux le définir. En fait, c'est tout bêtement comment développer des solutions pertinentes. qui répondent aux besoins des utilisateurs. Donc, quand on dit utilisateur, c'est vraiment très vaste. Si, par exemple, vous rédigez une note juridique à destination de chefs d'entreprise, les chefs d'entreprise, on va les appeler les utilisateurs. Et donc, en fait, c'est une méthode pour être certain à 100% de la pertinence de la solution. En fait, on... On s'est aperçu que c'était les utilisateurs eux-mêmes qui connaissaient au mieux leurs besoins et comment ils attendaient qu'on y réponde. Et donc, le fait de les intégrer dans la conception d'une solution, ça nous assure d'être en adéquation avec leurs besoins.

  • Speaker #0

    En fait, si on peut faire un parallèle avec quelque chose qui parle peut-être plus aux plus jeunes, c'est un peu si on ramenait ça au domaine des jeux vidéo, c'est un peu la jouabilité. C'est-à-dire que les concepteurs de jeux vidéo vont imaginer l'expérience du joueur. savoir si c'est facile, si c'est intéressant, si c'est captivant. Finalement, c'est un petit peu ça, mais ramené à un autre domaine. En l'occurrence, le droit pour toi, tu vas nous expliquer un petit peu. Mais le design thinking, si je ne me trompe pas, c'est à peu près ça. C'est rendre quelque chose qui soit bien pour l'utilisateur final.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est ça. Et garantir une expérience satisfaisante, efficace. C'est exactement ça.

  • Speaker #0

    Et peut-être juste pour les... jeunes auditeurs qui voudraient aussi s'ouvrir un peu l'esprit. Est-ce que tu nous partagerais le nom ou l'école dans laquelle tu as fait ton master qui t'a ouvert l'esprit sur ça ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est un master qui est proposé par l'université de Rennes. Et pour ceux qui sont intéressés et qui souhaiteraient peut-être commencer de façon un peu plus simple que sur une formation de un an, Il y a des hackathons qui existent et qui sont d'ailleurs en partenariat avec plusieurs professionnels, plusieurs entreprises et notamment des professionnels du droit. Et donc là, le hackathon en question qui est rattaché à cette formation s'appelle le Challenge Digital Transformer. Je conseille vraiment à 100% pour tous les étudiants de Rennes, professionnels de droit ou pas.

  • Speaker #0

    Du coup, là, tu nous as parlé du design thinking. Comment est-ce que le design thinking vient se rattacher au droit ? Parce que dans les étoiles du droit et de l'innovation, on parle de droit. Comment est-ce que le design thinking vient se rattacher au droit et quelles sont ses applications dans le monde juridique ?

  • Speaker #1

    Oui, alors c'est une très bonne question. Et en fait, c'est la question que je me suis... posée à la base quand je connaissais cette méthode du design thinking, mais au départ, elle était complètement indépendante pour moi du droit. Et je me suis dit, mais tiens, c'est dommage, parce qu'en fait, en droit, en plus, on s'adresse souvent à des non-juristes, et donc ça serait justement intéressant de les intégrer dans la démarche. Et je me suis dit, mais je vais creuser un petit peu et voir si par hasard... ce serait possible de mixer design thinking et droit. Et en fait, très rapidement, j'ai découvert que je n'avais rien inventé du tout et que ça existait déjà depuis des années dans une pratique qu'on appelait du coup le legal design, qui est donc un mix entre le droit et le design pour design thinking.

  • Speaker #0

    C'est pas très grave de ne pas l'avoir inventé, au moins tu l'as trouvé.

  • Speaker #1

    C'est déjà ça.

  • Speaker #0

    Ça arrive souvent, c'est comme moi, c'était pareil avec les legal ops, on pense, tiens... fait quelque chose qui n'est pas juriste, qui est un peu différent, on se rend compte qu'effectivement, certains sont en legalops depuis bien longtemps et qu'en fait, on le laisse en savoir.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement.

  • Speaker #0

    Et du coup, le legal design, parce que nous voilà au cœur du sujet, en deux, trois mots, si tu devais résumer, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #1

    Alors, le legal design, c'est une façon de s'adapter aux personnes à qui on s'adresse. Et c'est une façon de s'assurer que les personnes à qui on s'adresse, qui ne sont pas forcément des juristes, comprennent l'intégralité de l'information qu'on est en train de leur transmettre. Le Legal Design, c'est vraiment très large en fait comme sujet et il peut s'appliquer à toute solution juridique, quelle qu'elle soit, à partir du moment où on a besoin de se faire comprendre. par les personnes à qui on s'adresse. En général, comme c'est mieux de se faire comprendre, j'ai envie de dire que le legal design s'applique quand même assez souvent.

  • Speaker #0

    Ça peut être aussi bien un document juridique qui est legal designé, ça peut être une expérience utilisateur, moi je ne sais pas, sur le site internet d'un organisme public qui veut que le public comprenne ses obligations juridiques, ses droits, ses devoirs, et donc avoir une expérience utilisateur avec. des schémas, avec des explications qui sont claires. D'ailleurs, on le voit bien sur le site, par exemple, des impôts. Ce n'est pas le préféré des gens, mais sur les sites du gouvernement français en général, on voit quand même une petite clarification depuis quelques années sous forme de questions, sous forme de schémas, pour que les gens comprennent. Parce qu'effectivement, tout est du droit un peu dans notre vie, sur notre vie personnelle, notre vie professionnelle, quand on se marie, quand on achète une maison, quand on va acheter une baguette de pain. on passe un contrat d'achat avec le boulanger bon il n'y a pas de condition générale mais on le sait bien quand on achète quand on fait du shopping sur internet en général on colle sur j'accepte les conditions générales sans les lire et c'est typiquement le genre de document que les gens ne lisent

  • Speaker #1

    pas parce qu'ils ne le comprennent pas voilà exactement et pour revenir à ce que tu disais par rapport aux communications de l'état auprès des justiciables, il y a vraiment un effort qui est fait et d'ailleurs il y a plein de ressources de l'État qui sont accessibles. Il y a toute une démarche qui rende publique et il y a même des gens qui travaillent pour le gouvernement et qui sont vraiment spécialisés dans ces questions d'accessibilité, de design. Et vous avez même d'ailleurs une chaîne YouTube qui reprend des méthodes et qui est super, qui s'appelle Design Goove. Donc, je conseille vraiment à toutes les personnes qui souhaiteraient en savoir plus d'aller visionner les vidéos de cette chaîne.

  • Speaker #0

    D'accord, super. Eh bien, Design Goof, que tout le monde le retienne bien, Design Goof pour aller s'inspirer de ces modèles. Bon, maintenant qu'on voit un petit peu mieux l'utilité du Legal Design, par quoi ça commence ? Parce que c'est vrai que généralement, les professionnels du droit ont tendance à penser… c'est pas égoïste, mais à penser à eux, c'est-à-dire qu'ils s'expriment dans leur jargon, avec leurs termes, en espérant que la personne de l'autre côté va comprendre, ou qu'elle fera ce qu'elle peut. Le legal design, finalement, c'est... inverser le sens de la pensée, penser au dessinateur avant de penser à comment on va rédiger entre guillemets le contenu.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est exactement ça en fait. Dans notre formation en tant que juriste, on nous apprend beaucoup à anticiper le contentieux. Et en fait, je ne dis pas que c'est une mauvaise chose, c'est toujours quelque chose d'absolument indispensable, mais je dirais que ce n'est pas la seule chose qui est importante. Quand on pense par exemple au contrat, donc effectivement, c'est primordial d'anticiper des contentieux et de se protéger. Maintenant, la plupart des contrats ne se retrouvent pas dans un tribunal, en fait. Et au contraire, ils ont vocation à vivre pendant toute la relation contractuelle et à être utilisés, à être lus, à être compris. Disons que ce n'est pas toujours le cas. Donc, l'idée, c'est effectivement de prendre conscience qu'on est en train de s'adresser à des personnes qui n'ont pas forcément le même degré d'expertise que nous en tant que juristes. Et ce n'est pas forcément quelque chose qui est facile à faire. C'est un mécanisme de pensée qui est difficile à acquérir au début et c'est normal. D'ailleurs, ça a même été théorisé dans une expression que je trouve assez sympa qui s'appelle la malédiction de la connaissance. Je ne sais pas si tu as déjà entendu parler d'expression. Tant mieux, c'est l'occasion. En fait, c'est parti d'un biais cognitif de notre cerveau qui nous empêcherait de faire abstraction de toutes les connaissances qu'on a accumulées sur un sujet. Si je dois donner un exemple du quotidien, tu sais, des fois, tu demandes ton chemin à quelqu'un qui te dit, tu sais... tu vois, dès que tu vois la boulangerie tu vas à droite et puis au revêtement tu vas à gauche et puis ensuite tout droit et en fait pour lui c'est extrêmement clair puisqu'il a tout le chemin en tête, il a toutes les images et puis toi en fait en face, qui n'a pas toutes ces images ça te paraît très abstrait voilà exactement, ça te paraît très abstrait et puis tu fais oui de la tête pour être poli mais en fait tu n'as pas forcément c'est pas forcément aussi clair et puis pour la personne... Pour qui, justement, c'est clair, c'est impossible de faire abstraction de toutes ces images puisque c'est quelque chose qui est tellement inné qu'elle part du principe que tout le monde a ses images dans la tête. Et le droit, c'est pareil, c'est difficile de se rendre compte, finalement, de ce qui est compréhensible, ce qui relève du jargon juridique. On l'utilise, en fait, au quotidien. Donc, quelque chose qui est très complexe pour quelqu'un, mais pas forcément pour quelqu'un d'autre qui a l'habitude de l'utiliser au quotidien. Donc, en fait, moi, ce que je conseille, tout simplement, c'est d'aller vraiment à la rencontre des personnes à qui on s'adresse et leur demander concrètement des retours, en fait. Et ça paraît tout bête, mais c'est quelque chose qu'on n'a pas forcément l'habitude de faire. Et je vais même donner un exemple d'un projet. Où là, je me suis dit vraiment, ah oui, non, mais c'est systématique de questionner, en fait, la cible, puisqu'on ne se rend pas compte, en fait, de la différence de perception de l'information juridique. Donc, ce contrat, c'était un... Il s'agissait de transformer un contrat de crédit renouvelable. Donc, on travaillait avec une banque. Et donc, rapidement, les contrats de crédit renouvelable, c'est un contrat qu'on peut signer directement en magasin. Donc, on va acheter notre machine à laver et là, on nous propose un paiement plusieurs fois. Et donc, on nous propose de signer un contrat de crédit renouvelable. Mais c'est quelque chose qu'on fait comme ça rapidement avant d'acheter notre machine à laver et de rejoindre notre voiture. Et en fait, on a vraiment pris le temps d'aller questionner les clients. Et on s'est rendu compte qu'il y avait une grande partie de ses clients qui n'étaient même pas conscients qu'ils étaient en train de signer un contrat de crédit. Et donc, voilà, effectivement, ça fait tout.

  • Speaker #0

    Oui, ils avaient payé en plusieurs fois, mais pour eux, ce n'était pas forcément un crédit.

  • Speaker #1

    Ça.

  • Speaker #0

    Qui dit crédit, dit le taux d'endettement du foyer qui augmente.

  • Speaker #1

    Voilà,

  • Speaker #0

    tout à fait. Si après, on va acheter une maison et qu'il faut déclarer tous ses crédits, la monnaie à la chaîne à laver qu'on a payée en cinq fois, c'était sympa, parce qu'on a sorti un peu moins de cash sur le coup. mais peut-être qu'on ne pourra pas acheter la maison, qu'on aura augmenté son taux d'endettement sans vraiment en avoir conscience.

  • Speaker #1

    Et justement, il y a des réglementations qui encadrent ces contrats de crédit puisque le taux d'endettement, c'est un vrai sujet. Et ça peut mener à des conséquences assez dramatiques parce qu'on est face à des taux qui sont extrêmement élevés. Et donc, le mieux, c'est de signer en connaissance de cause.

  • Speaker #0

    Ce qui est assez drôle, c'est que souvent, dans les banques, on signe des contrats de crédit, mais on signe aussi un document de la banque qui dit qu'ils nous ont bien informé de ce qu'on signe. Le document est tout aussi long et indigeste que le contrat de prêt lui-même. Donc, on met une deuxième couche d'incompréhensibles par-dessus la première. C'est ça. Je sais que ce que tu dis est très intéressant et moi j'ai une anecdote aussi à partager, c'était il y a quelques jours, je travaille aussi dans la gestion d'actifs en parallèle et donc on avait un fonds d'investissement avec un prospectus pour les investisseurs et on a eu besoin de faire vivre, comme tu l'as dit, le droit à sa vie, on a eu besoin de faire vivre une des clauses du prospectus dans le cadre de nouveaux investisseurs qui rentraient et on était en réunion avec plusieurs juristes. à ne pas réussir à faire vivre cette clause parce qu'elle était rédigée d'une telle manière qu'on ne comprenait pas, en fait. Ça avait été rédigé par des avocats spécialisés dans l'investissement. On avait évidemment revu les documents et validé parce que légalement, ça tenait la route. Et puis, c'était des contrats qui font 200 pages ou quelque chose comme ça. Donc, on n'a pas le temps de revoir chaque phrase ou chaque mot un par un. Et c'est effectivement quand on veut faire vivre ce contrat ou une partie précise qu'on se dit... Ah mais en fait, ce qu'on a écrit, finalement... Et donc du coup, on a reformulé. On a essayé de reformuler en utilisant du langage clair. En disant, ah oui, là, c'est quand même un peu plus compréhensible plutôt qu'une phrase qui fait 15 lignes avec éventuellement une virgule.

  • Speaker #1

    C'est ça, non mais... Exactement, en fait, souvent, quand on parle de Legal Design, on pense au non-juriste. Mais en fait, ça peut aussi être bien pratique pour des juristes. Puis, même au-delà de ça, je sais que des fois, à chaque fois quand j'accompagne des clients, je pars tout le temps de contenus juridiques existants que je vais transformer avec mon équipe. Et en fait, des fois, il arrive que je ne comprenne pas une clause. Et vraiment, j'y passe du temps et j'ai beau tourner le truc dans tous les sens, je n'y arrive pas. Et donc, l'important à chaque fois, c'est d'être toujours très… très rigoureux d'un point de vue juridique. Donc, en cas de doute, je reprends contact avec les juristes avec qui je travaille, donc côté client. Et en fait, il m'est arrivé des fois où même côté client, ils se disent Ah mais oui, effectivement, exactement comme ce que tu viens d'expliquer. Effectivement, je ne comprends pas en fait. Et c'est normal que vous ne compreniez pas. C'est qu'il y a un souci. En fait, des fois, on a des documents juridiques qui ont plusieurs années et c'est normal. Et au fur et à mesure de changements dans la réglementation ou dans la stratégie de l'entreprise, on va rajouter des articles et en fait, on va arriver à un millefeuille. Et parfois, il y a même soit des répétitions. Donc, à la limite, ce n'est pas trop embêtant. Mais du coup, au niveau de la visibilité, ce n'est pas non plus tip top. Et puis, des fois, on a des contresens, en fait, complètement. Donc, c'est ça aussi, le legal design, c'est remettre tout à plat et vraiment sélectionner l'information qui a vocation à être dans ce contrat.

  • Speaker #0

    Finalement, il y a un double intérêt, c'est que, quand bien même on ne franchirait pas le cap de legal designer un document, faire une partie de la démarche pour prendre le temps de relire ces rendus juridiques, se dire, OK, est-ce que ça veut dire quelque chose ? Je vais me mettre à la place de mon dessinateur, juste pour vérifier que c'est cohérent. Finalement, rien que ça, ça peut déjà en premier pas. Après, voilà, libre à chacun de mettre en legal design ou pas, mais c'est qu'on voit que dans tous les cas, il y a une partie extrêmement utile pour chacun, c'est de vérifier la cohérence. Comme tu dis, le droit, c'est aussi beaucoup d'habitude. On a toujours fait comme ça. C'est le document qu'on a toujours utilisé. Effectivement, le document, il a 15 ans. On a rajouté des articles au fur et à mesure de l'évolution de la loi et on arrive avec ce fameux millefeuille, mais qui n'est pas très digeste, voire incohérent. Parfois on se rend compte qu'entre deux clients, ou entre deux contrats, la même clause va être rédigée différemment, ou les définitions vont être différentes, alors que seulement s'il y avait une harmonisation, déjà on y gagnerait. Et après, effectivement, le côté visuel peut venir s'ajouter. Quand on parle legal design comme tu l'as dit, la rigueur juridique est extrêmement importante, et certains sont encore réfractaires et pensent que le legal design c'est du dessin. Oui. Il faut être le côté, on va dire, artistique. Alors, c'est très beau, mais certains disent souvent, oui, mais c'est simplifié. Genre, comme si finalement, on enlevait de la rigueur juridique pour mettre du dessin à la place, alors que, tu vas préciser, mais je pense que non. Le travail, c'est de garder la rigueur juridique tout en mettant du design. Qu'est-ce que tu réponds à ces... Legal design, nous, de cette p'tique ?

  • Speaker #1

    Oui, alors déjà, c'est important de le mentionner, donc tu as bien fait de le mentionner. En fait, l'objectif du legal design, c'est d'avoir un document qui soit utilisé, qui soit utilisable de manière simple, efficace. Et en fait, si on considère à un moment qu'avec des pictogrammes, etc., ça va améliorer la compréhension, dans ce cas-là, c'est pertinent. Mais en réalité, il n'y a pas... plein de projets en legal design qui ne comportent pas forcément de dessins ou de pictogrammes. Et en fait, le cœur aussi du legal design, tu l'as mentionné d'ailleurs tout à l'heure, c'est le langage clair. Et en général, quand les gens sont un petit peu sceptiques face au legal design, c'est peut-être aussi parce que le concept de langage clair n'est pas forcément clair pour le coup, pour eux. Et donc, pour ceux qui ne connaissent pas, le langage clair, c'est... un ensemble de méthodes qui permettent de partager de l'information complexe de manière compréhensible par tous. Donc, on parle de langage clair, puisque ce n'est pas toujours rattaché au juridique, ça peut être rattaché à la science, par exemple. Et dans le domaine du droit, on parle de langage juridique clair. Et donc, l'idée, c'est de ne pas toucher au fond. Le fond est strictement le même, c'est-à-dire qu'on va transmettre la même quantité d'informations avec le même niveau de détail, mais par contre, on va revoir la structure des phrases, la structure du document. On va, par exemple, quand c'est possible, enlever le jargon juridique pour le reformuler en un vocabulaire plus compréhensible, mais à la fin, on aura le même niveau de détail. Et ça, c'est vraiment... très très très important. Si un jour vous voulez faire du legal design et on vous propose de vulgariser des termes et puis vous vous retrouvez d'un document de 20 pages à une seule page, attention c'est peut-être pas vraiment du legal design puisque en général on change pas vraiment le nombre de pages, sauf si vraiment comme je disais tout à l'heure, on a eu besoin d'enlever les répétitions, ce genre de choses on va pas on va pas... Faire de compromis sur la rigueur. Ça, c'est systématique. Et c'est vraiment important puisqu'on l'utilise. Oui.

  • Speaker #0

    C'est quasiment un travail mot par mot ou phrase par phrase. C'est-à-dire qu'on va éviter, par exemple, les doubles négations pour mettre des phrases affirmatives, parce que l'affirmatif se comprend mieux que le négatif, plutôt que de mettre des exceptions ou des exceptions d'exceptions. On peut mettre des listes, des bullet points, tout ce travail vraiment... phrase après phrase, donc, effectivement, à la fin, on peut, évidemment, gagner peut-être quelques lignes, mais on ne va pas accourcir le document. Ce n'est pas une synthèse, ce n'est pas un résumé, ce n'est pas une synthèse, c'est vraiment de la reformulation.

  • Speaker #1

    Exactement, c'est de la reformulation, littéralement, phrase par phrase, où on va adopter un certain nombre de méthodes, comme celle que tu as citée, avec, on parle aussi de passer de la voie passive à la voie active, pour vraiment rajouter du concret. Et puis après, en droit, on aime beaucoup les phrases à rallonge. Mais du coup, on va venir un petit peu retravailler ça aussi avec une idée par phrase et permettre au lecteur de ne pas se perdre dans toute cette densité d'informations. Il y a aussi quelque chose qui est important, c'est la hiérarchie de l'information. Donc ça, ça va aussi nous permettre de garder justement le même niveau de détail. Mais par contre, on va partir de l'information la plus importante. Et quand je dis la plus importante, c'est la plus importante pour la cible, pour le lecteur. Et ensuite, on va détailler et on va apporter des couches d'informations, comme ça, au fur et à mesure. Ça paraît assez simple, mais en fait, quand on touche le domaine juridique, on s'aperçoit bien vite que ce qui nous paraît, nous, le plus important en tant que juriste, n'est pas forcément ce qui paraît le plus important pour le lecteur. Par exemple, la règle de droit. Pour nous juristes, c'est quelque chose qu'on va mettre en premier. Donc on va commencer par exemple par citer l'article ou la jurisprudence. Et ensuite, au fur et à mesure de la réflexion, du syllogisme juridique, on va arriver à la réponse en fait. Sauf que notre client, lui, l'article, ça peut l'intéresser. Mais il veut d'abord la réponse. Et donc là, justement, tout l'intérêt, ça sera de commencer par la réponse. et puis d'offrir toujours la possibilité au client d'avoir un niveau de détail qui correspondra à ce qu'il attend ou non, et donc là, de citer aussi l'article, mais dans un deuxième temps.

  • Speaker #0

    Je me souviens quand je travaillais en Canada Vodka, avant on avait un service knowledge en interne et parfois on avait besoin de leur poser des questions de droit et souvent la réponse était très longue, avec beaucoup d'articles, beaucoup de jurisprudence et à la fin une réponse, voire pas de réponse. La question restait encore un peu ouverte. Alors que non, même si j'étais juriste, donc je comprenais la réflexion, quand je m'adressais au service... knowledge, c'était pour avoir une réponse à une question, pour ensuite la transmettre au client qui, lui, se fichait un peu de savoir l'article, la jurisprudence, s'il voulait la réponse. Donc, moi aussi, j'étais un peu client du service knowledge et je voulais d'abord ma réponse et après, éventuellement, les sources, le pourquoi du comment, mais d'abord la réponse.

  • Speaker #1

    C'est ça, exactement. Mais dans notre formation juridique, en fait, on ne nous apprend pas forcément à avoir cette méthode. Et souvent, quand il y a des étudiants qui sortent de la fac de droit et qui arrivent en entreprise, la première fois qu'on leur demande de répondre à un mail et qu'on leur demande une note juridique, ils vont adopter cette méthode avec la règle de droit d'abord. Et en fait, ils vont rapidement comprendre que ce n'est pas ce qui est attendu par les opérationnels. Voilà, c'est dommage de devoir... passer par toutes ces étapes, alors que ça paraît quand même assez évident, mais c'est le temps de changer un petit peu les habitudes.

  • Speaker #0

    Comme tu dis, ce n'est pas forcément la dictation des non juristes qu'on peut penser que vulgariser entre guillemets, c'est bien pour le citoyen lambda qui n'y connaît rien. Deux avocats qui sont sur un dossier de partie adverse, qui rendent des conclusions, peuvent tout à fait aussi utiliser le langage clair. et le legal design, que ce soit pour la partie adverse ou pour le juge en charge du dossier. Tout le monde y est gagnant. Ce n'est pas parce qu'un avocat s'adresse à un autre avocat qu'il est obligé à un charabia technique. Effectivement, il y a un côté aussi fierté. On fait des années d'études de droit, on apprend plein de termes, on passe des soirées de révision à apprendre des termes et des numéros d'articles et de la jurisprudence. Si après on dit oui, mais en fait, les numéros d'articles, tu les mets à la fin, c'est d'abord la réponse à la question. Il y a tout un travail de détermination. culturelle à avoir.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. C'est vrai que c'est confortable de transmettre de l'information très complexe et puis de savoir que nous seuls, en tant qu'experts, on va être en mesure d'expliquer avec un langage clair ce qu'on a voulu envoyer au client. Et effectivement, on peut aussi se dire que c'est plus simple pour tout le monde de communiquer une information claire et compréhensible. par tous et ça nous fait tous gagner du temps et c'est très juste que tu disais par rapport à deux professionnels du droit qui échangent entre eux et notamment dans un contexte de contentieux avec des magistrats qui ont une charge de travail assez gigantesque en général et qui souvent aimeraient allouer plus de temps à chaque dossier mais qui sont vraiment limités Merci Et quand on arrive à des dossiers qui, en plus de ça, sont extrêmement complexes, puisqu'on peut avoir des dossiers qui sont maîtrisés à 100% par l'avocat qui, lui, est spécialisé, mais par contre qui vont être lus par un magistrat qui, lui, n'est pas spécialisé ou alors qui, tout simplement, n'a pas beaucoup de temps à allouer au dossier. Et donc là, l'utilisation du langage clair, elle est extrêmement pertinente aussi puisqu'on va permettre au magistrat de gagner du temps. Et même d'un point de vue stratégique, la personne à qui on s'adresse comprend nos éléments, nos arguments. Effectivement, ça aura plus d'impact ensuite.

  • Speaker #0

    Donc, s'il y a des avocats qui nous écoutent, utilisez le langage clair. Ça peut jouer en votre faveur dans le dossier. Si jamais vous êtes un peu mal embarqués sur le fond, la forme peut aider.

  • Speaker #1

    Misez tout sur la forme.

  • Speaker #0

    Misez tout sur la forme. Si le magistrat comprend vos conclusions et pas ceux de la partie adverse, peut-être que ça peut le faire. En parlant d'importance d'ailleurs du langage clair, si je ne dis pas de bêtises, ça fait l'objet d'une énorme iso. Maintenant, ce qui veut dire qu'il y a vraiment une prise de conscience de l'importance du langage clair, qu'il y a vraiment une utilité, on va dire, générale. Est-ce que tu as observé quand même un changement depuis que cette norme existe ? Est-ce que culturellement, est-ce que ça commence quand même à se propager un petit peu plus rapidement ? Alors, je n'ai pas l'impression que ça se propage plus rapidement, mais je dirais que c'est un argument qui fait sens. C'est rassurant aussi pour les personnes de savoir que c'est une pratique qui est encadrée et qu'on peut la valoriser de façon simple avec des normes qui sont établies, qui sont claires, puisque faire tout ce travail de reformulation et de langage clair, ça demande du temps. Et donc, de savoir ensuite ce que ça peut être valorisé, c'est quelque chose qui parle beaucoup aux gens en général.

  • Speaker #1

    Oui, ça va avoir une valeur de la même manière que les gens, quand on est dans la tech, ça intéresse à la norme, le 27 000, je ne sais plus combien, sur la sécurité informatique. Maintenant, d'avoir la norme sur le langage clair, ça va être une preuve de qualité. Oui, il y a du langage clair, mais qu'en plus, il est qualitatif et qu'il est utile.

  • Speaker #0

    Exactement, parce que dans cette norme, encore une fois, c'est un ensemble de méthodes qui sont expliquées très clairement. Et ensuite, c'est facile de le rattacher à un texte en langage clair et de lister toutes les méthodes qui ont été appliquées pour ce texte pour qu'il soit compréhensible à tous.

  • Speaker #1

    Un autre domaine, je pense, où le legal design doit être utile, et qui est un peu ton expérience, c'est dans la formation. Parce qu'évidemment, la formation, comme un document, je vais dire que les formations sont... donnée généralement par des experts, donc qui ont ce jargon, qui ont cette connaissance, à des non-juristes ou à des moins experts. Ça arrive souvent d'avoir des formations clairement indigestes. Moi, je sais que j'ai des formations obligatoires chaque année sur la lutte contre le blanchiment, des choses comme ça, dispensées par des avocats experts. C'est 30 slides de textes, de normes, d'obligations. C'est pas interactif du tout.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    C'est une heure de présence, on va dire, pour avoir le certificat à la fin et dire j'ai mon petit papier, j'ai fait la formation anti-blanchiment, j'ai tout compris, alors que pas vraiment en fait. Quelle est pour toi l'importance de l'égalité dans la formation et comment toi tu y contribues ?

  • Speaker #0

    Oui. Alors effectivement, ça fait partie des supports sur lesquels on travaille en Legal Design ou dans mon agent, qui s'appelle Walt d'ailleurs, je n'ai pas eu l'occasion de le mentionner. En fait, c'est tout simplement pour gagner en efficacité. Quand on est face à des personnes qui souvent en plus se sont inscrits, comme tu disais, de façon contrainte à la formation, c'est rare qu'il y ait des personnes qui attendent avec... impatience la formation juridique et donc on a des personnes qui souvent en plus ont déjà un certain nombre de tâches qu'elles auraient aimé remplir ce jour de la formation donc on est dans un contexte où on doit trouver des techniques pour marquer les esprits, pour capter l'attention et en Legal Design justement c'est ce qu'on cherche à faire, c'est... marquer l'attention, être clair pour ensuite pouvoir rester en mémoire. Et le but de cette formation, c'est quand même que, si on la dispense, c'est qu'elle a vocation à être appliquée ensuite. C'est des entreprises qui doivent respecter les normes. On peut parler aussi du RGPD, des entreprises qui sont soumises à un certain nombre de règles. Et pour que ça fonctionne, il faut que tous les salariés de l'entreprise contribuent aussi au respect de ces règles. Mais encore faut-il que ces règles soient claires pour tout le monde. Après, il y a différentes techniques. Pour ceux que ça intéresse, le village de la justice partage les prix de l'innovation au management juridique des directions juridiques. C'est très intéressant d'avoir un retour de ces directions qui ont appliqué le legal design dans leur formation. et qui ont vu tout un changement dans la perception de ces formations. On a par exemple une direction qui a utilisé le concept de Mario Kart dans une formation. Et en fait, ça a énormément plu. Je ne me rappelle plus du sujet de la formation. Je me demande si ce n'était pas le RGPD, mais je ne sais plus. Et en fait, on avait des collaborateurs qui contactaient la direction juridique en disant apparemment, vous avez fait une formation Mario Kart, est-ce qu'il reste des places ? Est-ce que vous allez refaire une session ? Parce que j'ai vraiment envie de tester. Et là, en fait, tout est gagné, puisque les gens prennent du plaisir, sont en demande. Et ensuite, en marquant les esprits, forcément, c'est plus facile ensuite de faire respecter toutes ces règles qui font l'objet de la formation à la base.

  • Speaker #1

    C'est ça. Et c'est pas forcément besoin de... Là, on a un exemple hyper intéressant, ça se tient à ma carte, mais effectivement, à toutes les directions juridiques qui nous écoutent, il n'y a pas forcément besoin d'aller jusque-là. Certains excellent dans la matière. Parfois, juste de se dire que la formation doit être intéressante et interactive, ça peut être d'utiliser des exemples qui parlent, ça peut être d'insérer des questionnaires. Moi, je sais que souvent, quand je donne des formations, j'utilise Wooklap, par exemple. qui permet d'avoir des petits questionnaires en direct où les gens sont sur leur portable et on fait un petit quiz. En plus, c'est des quiz qui sont très variés. Ce n'est pas que des QCM, c'est trouver des réponses sur des images, des mots, des tableaux de mots. Et rien que le fait de le rendre interactif, même si le contenu, lui, reste technique et parfois brillant, il faut le dire. Il y a certaines formations, il faut y passer parce que c'est une norme. Mais dans tous les cas, tout le monde n'a pas un intérêt pour le RGPD ou pour la lutte contre la corruption. Mais il faut y passer. Rien que le fait de le rendre interactif, le fait d'avoir des exemples qui parlent. Moi, je me souviens, j'avais dû former tous les collaborateurs quand j'étais en Big Four. Pendant l'été, 3000 personnes sur le délit d'initié. Ça parle à peu près à tout le monde, mais il fallait quand même faire une formation. C'était une obligation de former toute la boîte au délit d'initié. On avait pris des exemples qui parlent. On a pris l'exemple de... de quelqu'un qui avait volé le portable de sa petite copine, qui avait découvert des e-mails sur une opération de Disney et qui avait fini en prison. Voilà, c'était des exemples un peu originaux, mais qui fait que les gens s'en souviennent, en fait. Alors que si on fait que balancer la théorie technique, les gens ne les retiennent pas, donc pas forcément besoin d'aller jusqu'à Mario Kart. J'aimerais beaucoup essayer, cela attendu. Une formation RGPD en utilisant Mario Kart, je veux bien essayer. Mais... mais que les gens se rassurent. Il y a parfois des simples petites techniques juste de rendre ça interactif, simple, illustré. Que ce soit par un support ou même sans support, ça peut être verbal aussi. Des exemples concrets qui parlent aux gens, ça peut faire la différence.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est ça, j'ai déjà travaillé avec une direction juridique qui avait un support extrêmement technique, extrêmement complexe, et qui s'apercevait que... L'impact était vraiment moindre parce que les gens étaient barbés. C'était barbant. Est-ce que barbé ? En tout cas, on comprend. En reparcourant ensemble le support, et moi simplement en posant quelques questions vraiment très concrètes, la juriste qui avait en face de moi avait énormément d'exemples à me donner de situations... auxquelles elle avait été confrontée. Et en fait, le simple fait de les intégrer, comme tu dis, dans le support et dans la présentation, ça a rendu la formation beaucoup plus vivante. Et effectivement, si on ajoute à ça de l'interactivité avec des outils... Moi, celui que j'utilise, par exemple, c'est Becast. Je pense que c'est un petit peu la même chose que ce que tu utilises avec des questionnaires au fur et à mesure. On implique, en fait, les apprenants et tout de suite... on voit la différence avec des gens qui sont contents d'être là, qui sont en demande d'informations et qui repartent de là avec une vision très claire de la façon dont ils pourront appliquer les conseils dans leur quotidien, dans leur activité.

  • Speaker #1

    Oui, parce que c'est quand même le but, c'est que quand on dispense une formation à des gens en entreprise, c'est qu'ils appliquent après les règles.

  • Speaker #0

    Voilà, exactement.

  • Speaker #1

    Pour par exemple, des formations sur la conformité, sapin 2 ou des choses comme ça. Derrière, il y a des risques très importants pour l'entreprise si elle n'est pas compliant. Donc, que l'ensemble des collaborateurs soient capables de déclarer leurs conflits d'intérêt, les cadeaux, les invitations, les choses comme ça. C'est essentiel pour l'entreprise mais si les gens ne comprennent pas et ne l'appliquent pas, ça ne sert à rien. Donc, effectivement, perdre du temps finalement, ça ne fait pas du temps pour les juristes qui vont vouloir passer du temps sur un support technique qui vont au bout de 10 ou 15 présentations la même chose en avoir assez aussi à des gens qui ne vont pas s'y intéresser et donc qui ne vont pas l'appliquer. Alors que finalement, en changeant quelques petites choses à la base, c'est toute la chaîne qui se retrouve améliorée. C'est que les juristes sont... C'est plus sympa de préparer une formation un peu plus vivante, drôle, intéressante. Les gens sont intéressés et du coup, appliquent. Donc finalement, tout le monde est gagnant.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. On parle très souvent de gain de temps en Legal Design puisque le problème aussi de transmettre de l'information qui n'est pas claire, c'est qu'ensuite... on a beaucoup plus de questions. Donc les questions, ça se manifeste par des envois de mails, par des appels, par des demandes de réunion. Et en fait, tout ça, mis bout à bout, ça demande énormément de temps. Et en plus, souvent, c'est les mêmes questions qui reviennent. Donc, autant prendre le problème à la source, transmettre une information en langage clair, compréhensible par tous et qui parle à tous, pour éviter ensuite cette perte de temps, entre guillemets, derrière.

  • Speaker #1

    Si ça te va, je te propose qu'on parle des étudiants, un petit peu. On en parle à peu près avec tous les invités, parce qu'on se rend compte que... On a tous fait des études de droit, on connaît tous les étudiants en droit, et le constat, il est assez unanime quand même, c'est que les études de droit ne préparent pas ou préparent de moins en moins à la réalité du monde juridique. Et pour le coup, que ce soit pour devenir avocat, juriste d'entreprise, notaire ou que sais-je, plus ça va, plus parfois il y a un décalage quand même entre les études de droit et le monde du travail. Et comme tu l'as très bien dit à de nombreuses entreprises, Pendant les études, on apprend du langage technique. Pendant les études, on passe beaucoup de temps à apprendre le droit. Toi, tu as dû faire un master en parallèle pour t'ouvrir l'esprit à autre chose et finalement découvrir une passion pour le legal design que tu n'aurais peut-être pas eu si tu n'avais pas fait ce master en design thinking. Quels conseils tu donnerais aux étudiants pour le plus rapidement possible ou du moins pour ne pas être largué une fois dans le marché du travail et intégrer le plus tôt possible finalement ces... sa nouvelle tendance, entre guillemets, mais qui sont la norme de demain, en fait, en espérant que le legal design, finalement, devienne la nouvelle normalité.

  • Speaker #0

    Oui, oui, oui, tout à fait. Simplement de prendre conscience qu'il est possible de communiquer de l'information juridique de façon accessible. Déjà, ça, c'est quelque chose qui n'est pas... clair pour les étudiants. Moi, je donne régulièrement des cours, soit au sein de facs de droit ou d'écoles d'avocats. Et en fait, la plupart du temps, les étudiants n'ont jamais entendu parler de legal design ou n'ont jamais entendu parler de communication du droit à des non-juristes. Donc déjà, d'avoir conscience que c'est possible. C'est déjà un grand pas. Et puis après, d'être curieux et d'aller découvrir ce qui se fait. Il y a beaucoup de ressources aujourd'hui qui sont disponibles de façon gratuite sur Internet et qui peuvent aussi nous permettre de visualiser ce qu'il est possible de faire. Parce que c'est vrai qu'au début, quand on parle de Legal Design, c'est assez abstrait. Et tant qu'on n'a pas vu d'exemple concret, on a du mal à se... projeté, vraiment aller creuser. Et après, je sais que tous les étudiants ne sont pas logés à la même enseigne non plus, puisqu'il y a des établissements qui sont vraiment conscients et qui ont envie de préparer au mieux leurs étudiants aux enjeux juridiques d'aujourd'hui. Et donc, c'est aussi pour moi une responsabilité des établissements de... de s'ouvrir à ces nouveaux domaines et de préparer les étudiants aux enjeux, j'allais dire, de demain. Mais en fait, non, c'est l'actualité.

  • Speaker #1

    C'est d'aujourd'hui, on est même déjà un petit peu en retard, parce que finalement, c'est depuis toujours que le droit devrait être compris de tous.

  • Speaker #0

    Ah oui, complètement !

  • Speaker #1

    Et c'est en 2024 qu'on se dit qu'il y a peut-être urgence, parce que notre vie est juridique et finalement, il y en a les trois quarts, on ne comprend pas, que les gens ne comprennent pas. Et on enchaîne toujours des nouvelles lois, des nouvelles normes, des nouvelles règles, toutes les étapes de notre vie, qui ne sont toujours pas comprises. Donc l'urgence est là.

  • Speaker #0

    C'est ça, l'urgence est là. Et ce n'est vraiment pas compliqué de s'en rendre compte. Il suffit de parler au sein de notre entourage. C'est assez simple, je pense, de trouver des personnes qui n'ont pas fait de droit et qui, pour autant, ont été confrontées au droit une fois dans leur vie. Et en général... On a vraiment cette demande des gens d'enfin apporter un petit peu de clarté dans ce domaine qui est tellement utile et tellement intéressant, mais qui n'est pas toujours adapté à tous. Et je pense même à... Oui ?

  • Speaker #1

    Vas-y, vas-y, je t'en prie.

  • Speaker #0

    Je pense même à certaines situations qui sont carrément alarmantes, qu'on considère comme acquis, mais une fois qu'on est confronté à ces situations... On n'arrive pas à imaginer comment ça se fait qu'en 2024, on soit encore confronté à des situations comme ça. Je m'explique. J'ai travaillé avec un collectif de professionnels, des professionnels du droit, mais aussi des médecins et des designers, pour faire des recherches autour de... des documents si je ne me rappelle pas du terme exact ça ne va pas le faire formulaire de c'est terrible je te rajoute du montage encore c'est pas grave je ne me rappelle pas du terme alors que j'y ai bossé dessus pendant des mois des formulaires de consentement aux soins dans les hôpitaux voilà c'est ça des formulaires de consentement aux soins dans les hôpitaux. Et en fait, on a axé nos recherches sur les personnes non-voyantes et malvoyantes. Et en fait, on s'est aperçu que dans les hôpitaux, mais de façon très générale en France et aussi à l'étranger, là, en l'occurrence, on a mené les recherches en Angleterre, et on s'est aperçu qu'il n'y avait aucun mécanisme, aucun process mis en place pour que des personnes non-voyantes puissent avoir accès à l'information concernant leurs soins de façon claire et comme une personne voyante. Alors, ça nécessite aussi beaucoup de travail et c'est tout un nouveau processus à mettre en place, donc ça nécessite aussi des moyens. Mais pour autant, c'est quand même une difficulté qui touche des milliers de personnes. Et en fait, c'est complètement... Et c'est assez dingue quand même.

  • Speaker #1

    Oui, c'est que souvent, quand on parle d'inclusion, on pense à l'accès physique, mais il y a aussi l'accès, on va dire, mental, l'accès à des informations, l'accès à des données, l'accès à des droits, et ne pas pouvoir, effectivement, comprendre le formulaire de consentement aux soins. C'est quand même un peu embêtant que toutes les personnes ne soient pas traitées également et qu'une personne qui est malvoyante ou non-voyante qui devra signer parce que si elle veut des soins, elle devra signer le document dans tous les cas. Ce n'est pas un même niveau de connaissance des documents, c'est quand même un peu embêtant. Il y a un beau et un gros travail à faire sur l'inclusion par l'accessibilité à tous des informations juridiques dans tous les domaines.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Très bien. Ce que je te propose, c'est pour conclure cet épisode, si tu veux donner un petit... un petit conseil ou rassurer les personnes sur comment se lancer dans le legal design, comment oser franchir le pas et qu'est-ce que ça va leur apporter ?

  • Speaker #0

    Oui. Déjà, c'est une méthode qui est extrêmement riche. En fait, il y a énormément de choses qu'on peut mettre en place. Et ce n'est pas pour autant que... Du jour au lendemain, on doit être vraiment irréprochable et on doit changer toute la pratique. Déjà, de prendre l'habitude de questionner les destinataires sur leur compréhension des solutions juridiques, des documents juridiques, c'est déjà un bel effort. Et ça peut être tout simple. Moi, par exemple, j'ai l'habitude de tester les documents qu'on m'envoie. Et ça peut être des choses qui sont faciles à mettre en place. Par exemple, souvent, je pose des questions juridiques dont la réponse se trouve dans le document. Et en fait, très vite, je me rends compte qu'il y a des gros problèmes de compréhension, voire même des choses qui, pour moi, je m'étais dit bon là, vraiment, c'est clair En fait, je m'aperçois que non, il y a encore la possibilité de le travailler. Donc, ça peut être des choses comme ça, toutes simples. Nous font prendre conscience de la différence de compréhension de chacun. Et après, vous allez le voir, c'est extrêmement satisfaisant de transformer un document et toujours dans cette démarche d'avoir des retours. Moi, je réinterroge les personnes que j'ai interrogées. Et là, mais quelle... bonheur quand elles me disent Waouh, mais qu'est-ce que ça fait plaisir ! Je comprends, en fait, c'était pas si compliqué et en fait, ça m'intéresse. Et c'est tellement satisfaisant de voir ça.

  • Speaker #1

    Le simple J'ai compris qui fait tout. Oui,

  • Speaker #0

    non mais c'est ça. C'est ça, c'est Ah oui, en fait, c'était tout simple. Bah oui, effectivement. Et puis là, tout est beaucoup plus fluide, tout va beaucoup plus rapidement. Donc, le simple fait de questionner, de prendre le temps, ça peut être déjà un... Un très, très beau pas. Et ensuite, il y a une ressource que je n'ai pas citée, mais que je cite souvent, qui est le... Alors, c'est un lexique. Je l'ai quelque part, ou alors je te le donnerai pour que tu mettes dans les notes du podcast, si c'est possible. C'est un lexique de termes juridiques. Donc, c'est un lexique officiel qui nous permet tout simplement d'avoir un équivalent. dans un langage compréhensible par tous. Donc au début, ça peut être un très bon réflexe de regarder dans ce lexique et de voir un petit peu ce que ça donne.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est cool. Surtout que même en plus du lexique, tout le monde en ce moment est très branché sur l'IA. On parle souvent de ses capacités à synthétiser, à résumer et à reformuler. Et c'est que parfois, un test pour essayer, s'il y a une clause qu'on comprend, ou quelque chose qui n'est pas clair, parfois un simple copier-coller, que ce soit de chez le GPT ou autre chose, avec comme consigne de reformuler en utilisant un langage clair et simple, ça peut donner une première idée de ce à quoi ça ressemble. Après, évidemment, il faut une relecture juridique. Tout à fait. Pour être sûr, mais il y a déjà quand même un premier travail de reformulation et de simplification. Moi, ça m'est déjà arrivé souvent dans des contrats complexes de copier une clause ou deux et on... dans le chat, j'ai l'habitude de dire, est-ce que tu peux me formuler ça en utilisant un langage clair, compréhensible pour des non-juristes, un prompt tout simple, mais qui peut déjà donner une petite idée de, ah oui, tiens, en fait, effectivement, ça doit sans doute être ça.

  • Speaker #0

    Tout à fait, et en fait, ce que j'ai envie de dire aussi aux professionnels du droit, c'est qu'aujourd'hui, l'intelligence artificielle, elle a une place quand même importante dans notre quotidien, alors plus ou moins en fonction de chacun, et en fait, moi, il m'arrive souvent d'échanger avec des personnes. pour voir aussi leur niveau de compréhension du contrat. Et je les questionne un petit peu sur leurs habitudes et ils me disent c'est simple, là c'est tellement incompréhensible que je demande à ChatGPT de me l'expliquer. Et je fais ça pour tout contrat puisque je ne comprends pas. Et donc en fait, l'idée c'est aussi de prendre conscience de ça et il vaut mieux proposer à ses clients quelque chose de clair, juste d'un point de vue juridique. Plutôt que aussi de prendre le risque que ce soit l'IA qui s'en charge à notre place. Oui, mais effectivement, intégrer l'IA dans la reformulation, etc., c'est quelque chose qu'il est possible de faire, que moi aussi je fais avec une relecture, bien sûr, ensuite systématique.

  • Speaker #1

    Parfois même avec Microsoft Word, il y a un petit add-in en haut justement de relecture. Alors, il y a quelques années, c'était uniquement l'orthographe. Maintenant, il... Ils revoient le style, ils revoient la compréhension et on peut justement appliquer des... Les gars, si on veut plutôt un langage formel ou pas, ça peut déjà être aussi une piste. Parfois, on se rend compte que tiens, ça, c'est pas cohérent. Et dans Microsoft Word, il y a des outils déjà qui permettent de retravailler un peu les documents, de les rendre plus cohérents.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Il y a aussi l'outil Antidote qui est très bien pour le français. et c'est le même concept avec une vérification très poussée de l'orthographe et puis des suggestions de reformulation pour améliorer la visibilité donc ouais il y a plein d'outils qui existent et qui sont très très bien.

  • Speaker #1

    Que de ressources plus d'excuses pour ne pas reformuler en langage clair c'est ça merci beaucoup Cassandre d'être venue aujourd'hui pour ceux qui veulent en savoir plus n'hésitez pas à aller voir le profil LinkedIn de Cassandre qui publie régulièrement le site internet wild.legal.

  • Speaker #0

    C'est exactement ça, merci beaucoup Quentin.

  • Speaker #1

    Parfait, merci à toi Cassandre et puis au plaisir de t'accueillir à nouveau à l'occasion pour partager toujours plus sur le legal design, le langage clair et tout ce que ça apporte au quotidien.

  • Speaker #0

    Avec grand grand plaisir, à bientôt !

Chapters

  • Introduction au podcast et présentation de Cassandre

    00:00

  • Parcours de Cassandre et introduction au design thinking

    01:04

  • Application du design thinking dans le domaine juridique

    05:20

  • Qu'est-ce que le legal design ?

    06:36

  • L'importance de la compréhension dans le legal design

    09:35

  • Conseils pour intégrer le legal design dans la pratique juridique

    40:05

  • Conclusion et remerciements

    52:53

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