- Speaker #0
Beaucoup d'envergure, beaucoup d'intelligence et évidemment John, qui est un cavalier exceptionnel, se régalait avec ce cheval.
- Speaker #1
C'était exceptionnel, voilà. Cavalier de classe, cheval exceptionnel.
- Speaker #2
Il y avait eux et les autres,
- Speaker #1
c'était un extraterrestre.
- Speaker #2
Bienvenue dans Légende Cavalière, le podcast de Grand Prix qui vous replonge dans l'histoire des sports équestres. Je suis Pascal Boutreau, journaliste passionné par l'histoire du sport. Il y a un an et demi, les gens de Cavalière avaient rencontré Pierre Durand pour parler du couple mythique qu'il formait avec Japlou et de la dernière médaille d'or olympique individuelle de l'équitation française en 1988 à Séoul. Mais parler de l'histoire de Japlou, c'est forcément y associer celle de son grand rival le gris Milton, monté avec tant de réussite par l'éternel John Whittaker. Milton est l'un de ces rares chevaux dont l'aura et la renommée ont traversé les années, laissant à chacune de ces évocations le doux parfum de la nostalgie et surtout celui de l'admiration. Son cavalier qui a fêté ses 70 ans le 5 août continue pour sa part d'écrire son histoire. Dans la seconde partie de ce 54e épisode de Légende Cavalière, nous avons recueilli les témoignages de ceux qui ont vu évoluer ce binôme de légendes, avec pour tous beaucoup d'émotions. N'oubliez pas de vous abonner à Légende Cavalière, c'est gratuit sur toutes les plateformes. Évoquer tous les titres et tous les exploits du couple Milton-John Whittaker prendrait bien plus qu'un épisode de Légende Cavalière. Pendant près de dix ans, le duo britannique a brillé sur toutes les pistes, enthousiasmé les spectateurs et laissé une trace éternelle dans l'histoire des sports équestres. Des grandes victoires dans les plus grands concours, pléthore de médailles dans les championnats ou en Coupe du Monde, Milton est un des chevaux les plus marquants de l'histoire. Son cavalier également. Fils de Marius, étalon KWPN, champion international de jumping, et de la jument Eppoleta, Milton est né en avril 1977 chez John Harding Rolls. Initialement, il est baptisé Marius Silver Jubilee. Caroline Bradley, déjà cavalière de Marius, est vite séduite par ce petit cheval. Elle l'achète pour 1000 livres et le renomme Milton. Elle perçoit très vite son très gros potentiel, et ce, malgré un modèle pas franchement enthousiasmant. La mère de Caroline décrit même le poulain, qui ne mesure alors que 1m35, comme une drôle de petite chose moche. En 1983, après la mort prématurée de Caroline Bradley, victime d'un infarctus en concours, à seulement 37 ans, Milton reste dans la famille Bradley. Il est d'abord monté par Stephen Adlai. qui deviendra ensuite commentateur TV. Milton pouvait franchir n'importe quoi, dira-t-il plus tard. Il avait un esprit extraordinaire, un don unique pour franchir d'immenses obstacles et rester parfaitement équilibré à la réception. Mais Milton se blesse alors au tendon et doit renoncer aux compétitions pendant 18 mois. En 1985, il est confié à John Whittaker, cavalier déjà incontournable de l'équipe britannique, déjà sélectionné à deux reprises aux Européens de Munich en 1981 Ediksted. en 1983. Milton prend alors la direction du Yorkshire. Il a 8 ans. John, 30 ans. Le succès est immédiat. Dès 1986, le couple s'impose en Coupe du Monde à Bordeaux, devant Pierre Durand et Japlou. C'est la naissance de la rivalité entre le petit cheval noir et le cheval gris devenu très grand qui va faire vibrer tous les amateurs de sauts d'obstacles. Whittaker et Milton Récidive dans le Grand Prix de Spruce Meadows, épreuve la plus dotée au monde déjà à l'époque. Les victoires et les podiums s'enchaînent sur tous les terrains du monde, mais aussi dans les grands championnats. Milton, crinière au vent car il ne supporte pas les séances de natage, devient une star. A Saint-Gal, lors des championnats d'Europe de 1987, John Whittaker grimpe sur la première marche du podium par équipe, avec son frère Michael sur Amanda, Nick Skelton sur Apollo et Malcom Pira. sur Tao Angulzar. Les Britanniques terminent très loin devant une équipe de France, alors composée de Frédéric Cotier et Flambosé, Philippe Rosier et Giva, Michel Robert et Lafayette, et bien sûr Pierre Durand et Japlot. Place à l'individuel.
- Speaker #3
Dernière épreuve du championnat d'Europe, deuxième manche sur un parcours différent, John Whitehacker et son extraordinaire cheval gris Milton. Match à deux donc pour le titre européen avec Pierre Durand, un finish superbe ici à Saint-Gal. Et c'est la faute, c'est la faute pour John Whitehacker ici. Une chance donc supplémentaire maintenant pour Pierre Durand d'être champion d'Europe puisqu'il a maintenant l'avantage d'une barre. Mais une barre c'est peu de choses et rien n'est joué encore ici devant 40 000 spectateurs. Et peut-être un dépassement de temps, oui un léger dépassement de temps pour John Weisaker. 4 fois dépassement de temps. Pierre Durand et son petit cheval noir Japlou, 1m60 au garrot seulement, une boule bondissante, 8 obstacles, 60 secondes et peut-être au bout le titre. Pierre Durand en tête de ce championnat d'Europe depuis le premier jour. Avec 56 centièmes d'avance sur John Whitehacker et maintenant avec 5 points d'avance, une faute ! Il ne peut pas s'en permettre une autre maintenant, il doit contrôler parfaitement ses nerfs et son cheval. Ah là là ! Quel suspense, il est toujours en tête. Et attention au dépassement de temps pour lui aussi, parce que j'ai l'impression que ça ne va pas très vite. Frédéric Cotier s'est classé 9e, Michel Robert 13e, Philippe Rosier 12e, Paul Chocmeux 8e, le triple maintenant pour Pierre Durand. Attention, verticale sur bidet, deux foulées maintenant, verticale, oxer, ça passe, deux obstacles encore, l'oxer ici, oui, un obstacle maintenant pour être champion d'Europe, Pierre Durand, le vertical à 1m60, il est dans le temps, tout à fait dans le temps, oui ! Eh bien, il s'en est fallu vraiment de très très peu, vous voyez ici 40 000 spectateurs pour acclamer Pierre Durand, qui avait échoué de si peu l'année dernière au championnat du monde avec sa chapelle, et qui vient ici de gagner le championnat d'Europe.
- Speaker #2
Durand et Japlou remportent donc leur premier grand titre, devant Whittaker et Milton. Skelton complète le podium. Toujours ce fameux duel entre le français et le britannique, un duel malheureusement interrompu. aux Jeux Olympiques de Séoul. Inquiets par sa sensibilité à la chaleur et par la longueur du voyage vers la Corée, ses propriétaires, toujours la famille Bradley, refusent de le laisser partir en Corée du Sud. Les diverses pressions pour les faire revenir sur leurs décisions seront vaines. Milton ne participera finalement qu'une seule fois aux Jeux Olympiques, quatre ans plus tard à Barcelone. Malgré son inconfort lié aux températures élevées, il pointera en tête avant la dernière manche En réalisant l'un des 400 fautes de la première manche. Mais un dernier parcours fautif avec 19,25 points de pénalité. Le relais gras au 14e rang, loin derrière Ludger Berbaum et Classic Touch. Mais retour en 1989. Les championnats d'Europe se déroulent à Rotterdam, aux Pays-Bas. Un triomphe pour la Grande-Bretagne, à nouveau en or et toujours devant la France. Même domination en individuel. Oudjon, évidemment avec Milton, s'offre un second titre continental devant... son frère Michael et le belge Joss Lansing. Daniel Cazal et Jean Marquet dans Stade 2.
- Speaker #0
En équitation championnat d'Europe à Rotterdam, domination de la tête et des sabots des grands bretons. Nous rejoignons Jean Marquet à Rotterdam.
- Speaker #3
Nous avons suivi à Rotterdam un championnat d'Europe d'une intensité extraordinaire par équipe, avec la victoire de la Grande-Bretagne devant la France et la Suisse, et en individuel avec un résultat indécis jusqu'à la dernière foulée. Comme à la grande époque des frères d'Inzeo, Le titre s'est joué entre deux frères, les Whitehackers, Michael et John, qui étaient à moins d'une barre avant le dernier tour sur 8 obstacles. John Whitehacker et son célèbre gris Milton, 12 ans, étaient les grands favoris de ce championnat. Milton est un cheval surdoué, incontestablement le meilleur cheval du contour. Il y a deux ans à Saint-Gal, John Whitehacker avait été battu par Pierre Durand. Ici, il bouclait son deuxième sans faute. Il fallait un sans faute à Michael Whitehacker, l'obstacle numéro 5, c'était la faute. Le titre échappait à Michael et à son cheval de 15 ans, Monsanta, qu'il ne montre que depuis le début de cette année. John Whitehacker gagne ici à Rotterdam son premier grand titre. Le propriétaire de Milton l'avait privé du voyage à Séoul l'année dernière. Le cavalier anglais trouve ici la récompense de ses qualités et aussi la consécration pour un cheval exceptionnel, Milton.
- Speaker #2
La collection de médailles européennes du duo se poursuivra à la balle en 1991 avec l'argent par équipe derrière les Pays-Bas. Eric Navaire emportera le titre individuel, tandis que Whittaker devra cette fois se contenter du cinquième rang.
- Speaker #0
Le grand favori de ce championnat d'Europe était John Weisacker avec son fameux gris Milton. Il était deuxième avant la première manche derrière le Hollandais Pete Remakers. Deux fautes dans la première manche, c'était beaucoup. Une faute dans le triple dans la deuxième manche, c'était la surprise. Et il disparaissait du podium, se classant cinquième seulement et perdant ainsi son titre européen. Double sans faute dans la Coupe des Nations, sans faute aujourd'hui encore dans les deux parcours du Grand Prix, Eric Navet, champion du monde individuel et par équipe, il y a un an à Stockholm, était assuré de la médaille d'argent avec Kito de Brussi. Pour l'or, il fallait une faute du couple hollandais Piet Remakers avec Ratina. Dans un silence de cathédrale, le normand Eric Navet terminait son parcours sans faute avant de recevoir une très très belle ovation. Piet Remakers, le voici. Avec la pression, comme l'on dit, et une jument un peu chaude. Il abordait sans faute le triple. C'était la faute. Une deuxième faute lui faisait perdre la place sur le podium. Il ne terminait qu'à la quatrième place. Eric Navet, magnifique champion d'Europe. L'allemand Frank Sluetak, médaille d'argent. Le hollandais Joss Lansing, médaille de bronze.
- Speaker #2
L'année 1990 est marquée par la première édition des Jeux équestres mondiaux. John Whittaker et Milton ne manquent pas ce superbe rendez-vous de Stockholm. Sur la troisième marche du podium par équipe, le Britannique assiste à une première marseillaise, en l'honneur d'Eric Navet avec Kito de Bossy, Hubert Bourdi avec Morgat, Roger Yves Bost avec Norton de Ruys et Pierre Durand avec Japlou. En individuel, c'est cette fois de l'argent. Sur le podium, John entend à nouveau résonner la marseillaise. Un couple français peut toujours en cacher un autre. Eric Navey s'a créé avec Kito Debussy, autre couple marquant de cette époque. Le prive d'or au terme de la finale tournante où figuraient également Hubert Bourdi, en bronze avec Morgat, et l'américain Greg Best, quatrième sur le fameux pur sang James Twist. On retrouve d'ailleurs Jean Marquet dans Stade 2.
- Speaker #0
Avec leur chevaux au premier tour, 4 points pour Greg Best, l'américain, sans faute pour John Whitehacker, Milton et Hubert Bourdi, Morgat, alors qu'Eric Navey est au deuxième tour. Avec le pur sangri américain Game Twist, il est sans faute. L'anglais John Whitehacker avec l'Alzheimer dit Morgat. Il est sans faute au triple. Une faute à l'entrée,
- Speaker #2
une autre sortie,
- Speaker #0
8 points pour John Whitehacker. Avant le troisième tour, Navé en tête devant Whitehacker à une barre, Best et Bourdi à deux barres. Eric Navé ici avec Milton, le cheval considéré actuellement comme le plus beau, comme le meilleur du monde également. Eric Navé cherche sans faute, il assure et il le réussit avec un petit dépassement de temps. John Waytaker avec le cheval d'Eric Navek, Kito de Bossy. 4 points à l'entrée du trip. C'est très très bon pour le cavalier français. La situation avant le dernier tour, Eric Navey a une barre d'avance sur John Whitehacker, autrement dit calme prudence avec le cheval de Bourdie, Morgat. Sans l'avoir monté, Navey connaît bien néanmoins cet alzand qu'il voit sauter très fréquemment. Il en connaît les qualités, les difficultés, il sait qu'il n'a pas droit à deux erreurs puisque John Whitehacker avec Game Twist vient de faire un sans faute. Le triple. Naveh est champion du monde avant le dernier obstacle. Le classement final, l'or pour Naveh, l'argent pour Whitehacker, le bronze pour Bourdi.
- Speaker #2
Dans l'épisode 45 de Légende Cavalière, le normand s'était souvenu de ces moments au micro de Sébastien Roulier.
- Speaker #1
C'est le meilleur souvenir de ma vie parce que j'ai abordé cette finale en souhaitant et en réussissant à minimiser l'importance de l'enjeu pour moi. L'enjeu... était moins important que cet immense privilège de monter ses chevaux mythiques le même jour, la même après-midi. Je me suis tellement fait plaisir sur ces chevaux-là, sur Milton, sur Gem Twist et même sur Morga. Morga pour moi c'était un poney. Et moi j'avais l'habitude quand même de chevaux plus importants, surtout à l'époque. Après mon sans faute avec Milton où j'étais sur un nuage et avec Gem Twist où je me suis fait un plaisir fou. Je me suis dit maintenant quatrième, il me reste le poney, il me reste Morga. Est-ce que je vais être capable de monter ce cheval qui est tellement différent ? Et bon, j'avais peur de tout faire tomber avec Morga. C'était vraiment ma hantise. Et puis sur Morga, je me suis fait un plaisir formidable. Ce qui était surtout stressant, c'était... Le risque, il arrive quelque chose avec un cheval des autres.
- Speaker #2
Oui, de mal faire.
- Speaker #1
Le risque, vous pouvez... Mais imaginez, un accident arrive avec le cheval d'un autre. Vous lui cassez sa carrière. Mais la pression est énorme. Imaginez, je fais une erreur avec Milton. La carrière de Milton est finie. Vous vous rendez compte ? C'est ça la pression. C'est pas le résultat, c'est ça la pression.
- Speaker #2
Dans la presse, Eric définissait ainsi le style Milton. Milton était très souple, très élastique et avait beaucoup de moyens, expliquait ainsi le normand. Mais il avait une technique des antérieurs très particulière. Il avait tendance à les jeter en avant. Il ne montait pas le garrot et avait une encolure un peu figée. Mais il palliait cela en ouvrant beaucoup son arrière-main. John veillait à toujours lui laisser de la place à la bord. J'ai donc essayé de le monter comme lui, avec un bon rythme, et en rassemblant un peu le galop à la bord, pour qu'il puisse emmagasiner de l'impulsion. De cette manière, il me donnait de formidables coups de dos. Je savais ce que je devais faire et il me laissait faire. Il faut dire qu'il était tellement bien préparé que malgré ses petites complexités, le monter était presque facile. Même s'il est quasi illusoire d'être exhaustif sur la carrière de Milton et de John Whittaker, on se doit de consacrer un chapitre de cet épisode aux performances du couple en Coupe du Monde. Qualifié pour la première fois en finale en 1979, associé à Ryanson, sur lequel il disputera l'événement à quatre reprises avec une troisième place comme meilleur résultat en 1982, puis qualifié avec Clooney Temple en 1985, puis avec Hopscotch en 1986, l'anglais va toucher le Graal grâce à Milton. Cinquième en 1987 à Paris, huitième en 1988 à Göteborg, deuxième en 1989 à Tampa, les deux fois. Derrière le Canadien Yann Millard et Big Ben, le couple s'impose enfin en 1990 à Dortmund en Allemagne. Le monde du jumping attend avec gourmandise le duel désormais traditionnel avec Pierre Durand et Japlou. Le duel a bien lieu. Dans l'épreuve de vitesse, pour deux dixièmes de seconde, John Whittaker et Milton prennent la tête devant les Français. Ils ne la lâcheront plus, avec même trois barres d'avance avant le dernier parcours. Replongeons dans l'atmosphère de l'instant.
- Speaker #4
Et la fin de la fête... Oh, John Steady ! Il est là !
- Speaker #0
Il est là !
- Speaker #4
Et donc, le spell a été cassé. La première finale du Volvo World Cup, il y a 12 ans, a été gagnée par Hugo Simon. Depuis ce jour, elle a été gagnée successivement par les États-Unis ou le Canada.
- Speaker #2
Et maintenant...
- Speaker #4
John Whitaker, le homme de la mémoire, le nouveau champion de la World Cup.
- Speaker #2
Une faute en fin de parcours sur un double de bidet ne changera rien. Whitaker s'impose devant Durant. Un succès qui met alors fin à 10 ans de domination des cavaliers nord-américains. Gérard Holtz, dans Stade 2 toujours, est sous le charme.
- Speaker #1
Qu'est-ce qu'il est beau Milton !
- Speaker #0
Formidable !
- Speaker #1
Quelle puissance et quelle race !
- Speaker #0
Il suffit de le voir pour comprendre que c'est un champion.
- Speaker #1
Même quand on n'est pas spécialiste comme moi.
- Speaker #5
Merci Jean !
- Speaker #2
Witteker récidive l'année suivante à Göteborg. Troisième après la chasse, derrière les Allemands Otto Baker sur Pamina et Frank Sluthak sur Walzer König, Milton faute sur le mur de la deuxième épreuve. Un parcours tracé par le chef de piste Roland Nilsson, très difficile puisqu'aucun des 13 meilleurs couples de la chasse ne sort de piste sans pénalité. Le dimanche, Witteker est troisième, ex aequo avec Bosti et Norton de Ruiz. Un double sans faute le met en position idéale. La suite de la compétition est résumée dans Stade 2.
- Speaker #1
Direction Gothborg, la Suède, pour la finale de la Coupe du Monde de saut d'obstacle. Un grand vainqueur, John Whittaker, le Britannique.
- Speaker #0
Un grand cheval aussi, le plus grand, le plus beau. C'est vrai, Milton, c'est un cheval tout à fait extraordinaire, on le sait maintenant depuis 3 ou 4 ans. John Whittaker et son incomparable blanc, Milton, la star du circuit mondial, déjà victorieux l'an dernier de cette Coupe du Monde. Il est ici en piste, Japlou, le petit noir, n'est plus là, sous la selle de Pierre Durand. Milton Leblanc, survolant l'obstacle par sa puissance et sa facilité, paraît devoir régner sans partage. 1 point 50 auparavant, John Waytaker est ici sans faute. Mais il reste à passer après lui le brésilien Nelson Pessoa. Toujours présent sur le circuit, le sorcier brésilien à 55 ans, avec un point, doit absolument réaliser un sans faute avec l'Alzheimer Special Envoy. que monte l'été son fils Rodrigo. Une faute d'antérieur. Eh oui, ici sur ce vertical, c'est pour Nelson Pessoa la deuxième place derrière John Whitehacker et devant Roger Yves Bost, Otto Becker et Hervé Godignon. Il y a sept ans, Nelson Pessoa, pour un point, avait déjà laissé échapper cette Coupe du Monde.
- Speaker #2
En 1993, à nouveau à Göteborg, Milton et John montrent à nouveau sur le podium. Deuxième seulement devancée par Ludger Berbaum et Ratina Zed. Les exploits en Coupe du Monde s'enchaîneront encore, comme à Bercy en 1994, avec une deuxième place cette fois, mais une standing ovation pour saluer la performance. Retrouvons la version anglaise.
- Speaker #6
Il prend un jeu très court pour la triple rail. Ask Milton pour le long 1. Il arrive au dernier. John Whittaker et le grand Everest Milton. Ils se débrouillent. Regardez le temps. 30,94. Ils sont de retour. John Whittaker et le grand Everest Milton. Le public ici autour de moi. La plupart d'entre eux sont en position. Une ovation en position.
- Speaker #2
Milton et Whittaker sont un livre des records à eux seuls. Évoquer les statistiques de Milton, c'est voir les chiffres s'affoler. Dans les Coupes des Nations, à l'époque rendez-vous majeur du calendrier, Milton a par exemple accumulé 35 parcours sans faute et 12 doubles sans faute, réalisant même une série de 7 doubles sans faute consécutifs. Des victoires bien sûr, mais aussi des gains. Il sera ainsi le premier cheval à remporter 1 million de livres, ce qui évaudrait aujourd'hui, inflation comprise, à près de 3 millions d'euros. Même tourbillon des chiffres avec John Whittaker et ses 22 finales de Coupe du Monde, 12 championnats d'Europe, 7 championnats du monde, aux Jeux équestres mondiaux et 6 Jeux olympiques. En 1995, pour sa tournée d'adieu telle une rockstar, Milton est fêté par le public du Palais Omnisport de Bercy. Les télévisions sont évidemment sur place.
- Speaker #7
Il est le plus grand gagnant au monde de la décennie écoulée. Milton, à 18 ans, se retire dans ses foyers. Avec John Whittaker, il a remporté deux finales de coupe du monde, un titre de champion d'Europe, de multiples classements par équipe, d'innombrables grands prix. Ses ascensions incomparables au-dessus des obstacles les plus hauts, sa légèreté d'oiseau, ce geste de devant qui n'appartenait qu'à lui, font partie maintenant de la légende. Lors du jumping international de Bercy, Paris a rendu un hommage appuyé au cheval gris, dont sa première cavalière Caroline Bradley avait dit alors qu'il n'avait que 3 ans Ce sera le meilleur cheval du monde. Il l'a été grâce à lui, grâce à elle, et grâce à celui que Caroline admirait entre tous pour son talent et pour sa gentillesse avec les chevaux, John Whittaker. On sait bien depuis toujours que les plus belles histoires de chevaux sont aussi des histoires de couple.
- Speaker #2
Yannick Bichon, speaker aux côtés d'André-Jacques Legoupil, se souvient.
- Speaker #5
Si j'ai un souvenir, c'est la dernière fois que je l'ai vu à Bercy. André-Jacques Legoupil faisait ses adieux. Milton est rentré sur un tapis nuageux de fumigène à ce moment-là. C'était les moyens techniques qu'on avait à l'époque, une belle lumière. La musique était très bien choisie parce que c'était Tina Turner avec Simply the Best. Ces quelques minutes, c'est hors du temps. On revoit en trois minutes la carrière du cheval. on revit ça et j'ai vu 15 000 personnes debout avec les poils dressés ce qui est tout à fait normal donc voilà c'est vraiment ce souvenir là un cheval juste hors du temps avec évidemment on peut qui associer John Whittaker à ce moment là et ce duo était juste fantastique voilà ce que je retiendrai de Milton c'est vraiment sa dernière sortie sans un obstacle et c'est là où il était merveilleux. J'ai eu la chance même de présenter une ou deux fois Milton mais c'est des chevaux voilà quand on présente ces chevaux On sait qu'on a ce rare privilège que de les avoir vus. Connu, côtoyé, donc présenté. Donc je sais, à chaque fois, je suis tellement heureux de revivre tout cela et effectivement d'évoquer Milton, ça évoque des souvenirs extraordinaires.
- Speaker #2
Le 4 juillet 1999, à l'âge de 22 ans, Milton s'éteint des suites d'une colique. Son souvenir, lui, est éternel. Dans un documentaire britannique, John évoquait son partenaire de légende et expliquait ce qui faisait de Milton un cheval si spécial. Sa capacité à sauter les gros obstacles, à aimer le faire. son amour de la compétition, avec en conclusion l'évidence « He was just one in a lifetime horse » , le cheval d'une vie.
- Speaker #0
Et pouvez-vous nous dire un peu de Milton et ce qui l'a fait si spécial ?
- Speaker #1
Il avait l'habitude,
- Speaker #2
il pouvait tomber les gros pas facilement, il aimait le faire. Après la fenêtre, il se baladait, il se baladait,
- Speaker #0
et c'est là que le prochain était.
- Speaker #2
Le prochain Milton est John Flitaker,
- Speaker #0
qui regarde bien autour. Il était spécial dans tous les sens,
- Speaker #2
il aimait l'atmosphère, il aimait les shows.
- Speaker #0
Et c'était super,
- Speaker #1
n'est-ce pas ?
- Speaker #2
Tout ce qui était à lui,
- Speaker #1
c'était une fois dans la vie.
- Speaker #0
Il est désormais temps de retrouver nos grands témoins qui ont eu le privilège, car c'en est un, d'apprécier certaines performances de ce couple mythique. A l'époque très performant avec Norton de Ruiz, cheval dont vous pouvez revivre l'histoire dans l'épisode 34 de Légende Cavalière, Bosti se souvient. Bosti, si je vous dis Milton et John Whittaker, qu'est-ce qui vous vient à l'esprit comme ça ?
- Speaker #3
Milton c'était un ange avec un centaure dessus, il gagnait tout. J'ai quand même réussi à le battre de temps en temps, mais c'était quasiment le meilleur cheval du monde à un moment donné. Un cavalier qui faisait couple et tout. C'était des bons moments de sport. J'ai vécu avec John en même temps, j'avais Norton moi. Et on se battait régulièrement. C'était des bons moments.
- Speaker #0
Qu'est-ce qu'il avait en plus ce couple pour avoir autant marqué l'histoire du saut d'obstacle ?
- Speaker #3
Il était déjà tout blanc, grand blanc. Il y avait Japlou qui était tout noir, qui était à côté. Il gagnait beaucoup et il était démonstratif, il passait très fort le dos. C'est surtout la façon de se balader, il faisait ça facilement.
- Speaker #0
John Whittaker, c'est aussi un personnage à part dans votre univers ?
- Speaker #3
C'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup, je le connais depuis très longtemps maintenant. On s'apprécie, je pense lui aussi, il me connaît, parce qu'on est plus beaucoup de cette génération. C'est un cavalier qui a tout gagné dans sa vie, peut-être pas champion olympique, mais il a gagné tous les grands prix les plus gros. C'est quelqu'un qui reste toujours le même, qui est encore à cheval quand même maintenant à 70 ans, c'est quand même beau. C'était un couple unique.
- Speaker #0
Vous avez des souvenirs de compétition en commun entre vous avec Norton et John avec Milton ?
- Speaker #3
Un beau souvenir, c'est quand j'ai gagné le Grand Prix de la Tour Eiffel en 92. Milton était deuxième, il ne m'avait pas battu, il passait le dernier, il était 11 centièmes derrière moi. Et ça c'est un moment de sport qui est quand même beau à Paris devant le public français. Et plein de concours, j'ai vu au championnat du monde quand il a été deuxième derrière Eric Navey. Il avait la tournante, on le voyait sauter.
- Speaker #0
Eric Navey d'ailleurs parlait récemment du moment un peu privilégié de monter Milton dans cette finale tournante. Vous auriez aimé ou vous l'avez peut-être monté ou vous auriez aimé monter un cheval comme Milton ?
- Speaker #3
Je ne l'ai jamais monté mais c'est vrai que quand on le voyait on avait envie de monter dessus. C'était une star, il se baladait. Eric a eu la chance de le monter à la tournante mais c'était incroyable de monter un cheval comme ça. C'est vrai qu'il était quand même assez calme et il répétait les sans-fauts tout le temps. Pour l'équipe d'Angleterre, il ne faisait que des sans-fauts, c'était pas mal.
- Speaker #0
Vous avez partagé aussi des adieux à Bercy.
- Speaker #3
J'ai fait les adieux de Norton de Ruiz, mon cheval à Bercy. Il y avait Milton qui a fait des adieux à Bercy aussi en même temps. Ils avaient mis la fumée, c'était un moment sympa.
- Speaker #0
Bosti, cette rivalité avec Pierre Durand et Japlou, on peut la résumer comment ?
- Speaker #3
C'était un coup l'un, un coup l'autre qui gagnaient. C'est vrai que c'était leur challenge à eux deux. Et championnat d'Europe, je crois que Pierre a gagné à Saint-Gall, Milton était juste derrière, Bercy c'était comme ça, c'était un coup Japlou qui gagnait, un coup Milton, c'était vraiment souvent comme ça. Heureusement, j'arrivais quand même de temps en temps à m'approcher et à les battre, mais c'était pas facile.
- Speaker #0
Et techniquement, il y avait des différences entre les deux, forcément.
- Speaker #3
Il y avait un petit cheval noir qui tournait hyper court et qui pouvait sauter les obstacles sans élan. Milton pouvait faire des foulées en moins et prendre des longues. C'était vraiment complètement l'opposé, mais deux stars avec les couleurs en plus noires et blancs. On s'est régalé.
- Speaker #0
Médaillé de bronze aux Jeux Olympiques en individuel et par équipe en 1976 à Montréal avec Gay Luron, François Maty a bien connu le couple. Monsieur Maty... En France, on parle de Milton et de John Whittaker. Évidemment, on l'associe au duel avec Pierre Durand et Japlou. Mais Milton, c'était un cheval qui avait un rayonnement dans le monde entier.
- Speaker #2
Oui, évidemment, vu la façon dont il sautait, qui était assez exceptionnelle. Le cheval, c'est à cette époque où il n'y avait pas tellement... Le cheval de cette envergure, il était évidemment connu et reconnu dans le monde entier. Et évidemment avec Japelleau qui à cette époque était son concurrent.
- Speaker #0
Vous avez des souvenirs de compétition en commun avec ce duo, ce couple incroyable ?
- Speaker #2
Oui, on a monté souvent, très souvent ensemble. D'ailleurs, Milton a régulièrement logé chez nous. Quand il voyageait et qu'il devait s'arrêter en Belgique pour ses voyages à l'étranger, il s'arrêtait souvent. Et c'est un cheval qui était très, très, très tranquille, très intelligent, que Dion... Il ne faisait pas beaucoup d'histoire avec lui, je vais dire, il le montait tranquillement, quand il n'était pas là, c'était la grompe qui le montait. Le cheval était un très beau cheval, beaucoup d'envergure, beaucoup d'intelligence et évidemment John, qui est un cabaye exceptionnel, se régalait avec ce cheval.
- Speaker #0
Comment expliquez-vous qu'il ait autant marqué l'histoire des sports zécaisses ? Tout le monde parle de Milton, quand il y a un poney gris qui est performant, on dit c'est le Milton des poneys.
- Speaker #2
Oui, parce qu'il était à une époque, je crois qu'il était le leader des chevaux de concours. Et il a gagné des épreuves impressionnantes avec des virages quelquefois exceptionnels, avec des parcours brillants toujours avec. très au-dessus des obstacles, faisant vraiment un show. Donc ce cheval, en ayant gagné beaucoup et en faisant le show qu'il faisait, il est devenu un peu le cheval, la référence. Et c'est ça qui a fait que ce cheval... est devenu, comme à une époque Japlou, comme ces chevaux un peu exceptionnels qui ont marqué Baloubet, qui ont marqué leur histoire.
- Speaker #0
Gelluron aussi ?
- Speaker #2
Oui, Gelluron. Malheureusement, la carrière n'a pas été si longue parce qu'il était assez jeune blessé, hélas. Mais c'est vrai que c'était un cheval exceptionnel aussi.
- Speaker #0
On rappelle justement que Gelluron, c'était votre cheval quand vous avez eu les médailles olympiques de bronze, c'est ça ? Milton, il lui manque cette Cette petite ligne au palmarès parce qu'une médaille olympique c'est particulier ?
- Speaker #2
Oui vous savez, pour avoir une médaille finalement... Il faut aussi un peu de chance. C'est une fois tous les quatre ans. Et la preuve qu'il faut de la chance, c'est que je suis encore le seul médaillé olympique belge à avoir une médaille individuelle. Alors que nous avons des cavaliers exceptionnels, des très bons chevaux. Mais justement, ça n'a pas marché le jour où ça devait marcher. Et il y a déjà beaucoup d'années où on aurait dû en avoir et on n'est pas arrivé à en avoir d'autres. Donc c'est toujours un peu de chance. Il faut le bon moment.
- Speaker #0
Un petit mot sur John Whittaker. Maintenant, c'est un cavalier, il est un tout petit peu plus jeune que vous, mais à peine une dizaine d'années. Ça vous surprend de le voir encore au plus haut niveau ?
- Speaker #2
Oui, je crois que c'est des personnages qui sont extrêmement passionnés. Il n'a jamais fait que ça, monter à cheval, aller en concours. Et je suppose que s'il devait arrêter, je ne sais pas ce qu'il ferait, le malheureux. Sa vie, c'est les concours, c'est les voyages pour aller en concours, c'est de rester en concours et de monter à cheval. Alors je crois que tant qu'il peut le faire et qu'il est encore suffisamment en condition pour le faire, pourquoi arrêter ?
- Speaker #0
Vous le croisez encore sur les concours ? Vous discutez ? Vous parlez du bon vieux temps ?
- Speaker #2
Oui, souvent. Il est très agréable parce qu'en plus, c'est un homme de la nature. Et je suis un aussi. Donc, il vit à la campagne, moi aussi. Et nous avons du bétail. Nous avons une ferme. Moi aussi, j'ai une ferme, des vaches. Et lui aussi. Donc, quelquefois, on parle de chevaux et de bétail.
- Speaker #0
C'est une personnalité, vous qui l'avez connu jeune, beaucoup de gens disent qu'il n'a pas changé. C'est toujours le même John Whittaker.
- Speaker #2
Oui, c'est vrai. Mais bon, c'est un type... intelligent, mais taiseux, qui ne parle pas beaucoup. Il est assez spirituel. Il aime bien raconter des blagues tranquillement. Mais c'est vrai que sa vie a toujours été un peu la même avec les chevaux. Et évidemment, c'est un artiste exceptionnel.
- Speaker #0
Justement, à cheval, sa façon de monter, vous la caractérisez de quelle façon ?
- Speaker #2
Je dirais que c'est un... Il n'y a jamais de brutalité. C'est toujours c'est toujours fait dans la douceur douceur et je trouve qu'actuellement par exemple une cavalière comme Nina qui est exceptionnelle aussi, elle est un peu dans ce cadre d'une équitation tranquille, sans brutalité, avec un bon rapport avec les chevaux et John Whitaker on ne l'a jamais vu se fâcher, on ne l'a jamais vu frapper sur un cheval, on n'a jamais vu ça dans sa carrière et je trouve que Nina C'est un peu ce genre de cavalier qui est. très bien, qui a beaucoup de rapports avec le cheval, beaucoup de respect et beaucoup de tranquillité et très efficace.
- Speaker #0
Est-ce que, alors la question est un petit peu difficile comme ça à chaud, mais est-ce que vous voyez un autre couple qu'on pourrait mettre sur la même ligne que John et Milton ?
- Speaker #2
Actuellement, il y a beaucoup plus de cavaliers évidemment, beaucoup plus de concours, beaucoup plus de cavaliers internationaux. Il y a des très très bons cavaliers, il y a aussi des très bons chevaux, mais bon ça s'agrandit beaucoup. Au moment où Milton était la star, il y avait moins de chevaux en concours, moins de concours, donc c'était plus facile de sortir du lot. Maintenant, il y a des cavaliers très très bons cavaliers, beaucoup plus de bons cavaliers. Mais je trouve que cette facilité, cette façon de monter, sans exagérer, sans demander trop aux chevaux, et en étant quand même performant, il y en a très peu. Je dirais qu'il y a par exemple Steve Garda, qui est exceptionnel, et qui est aussi un cavalier, qui est très doux. Et avec ses chevaux, il y a Nina, il y a McLean Ward, il y a quelques cavaliers que je dirais, si j'étais cheval, j'aimerais être monté par eux.
- Speaker #0
Naisseur de très nombreux cracks, dans son haras de brûle-mail, Bernard Lecourtois se souvient à son tour. Si je vous dis Milton, c'est la question traditionnelle, et John Whittaker, qu'est-ce que ça vous évoque ?
- Speaker #4
Un couple exceptionnel, un cheval crack. A l'époque, il y avait comme dans le whisky black and white, il y avait Japlou et Milton, le petit noir et le grand blanc. Mais moi j'ai plutôt des souvenirs avec la cavalière qui montait Milton au début, qui était Caroline Bradley. Je me souviens d'elle au CHCO de Paris Longchamp. Donc moi j'ai plus de souvenirs à l'époque où j'étais journaliste avec Caroline qu'avec John.
- Speaker #0
Maintenant en tant qu'éleveur, faire naître un cheval qui a une telle aura, vous en avez eu beaucoup dans votre carrière d'éleveur, mais c'est quelque chose qui fait rêver ?
- Speaker #4
Alors faire naître un krach en soi c'est le rêve de tout le monde. Mais celui-là, la légende dit qu'il avait un grand-père qu'on aimara, que le pédigré n'était pas tout à fait celui qu'on nous annonce. Mais moi, je n'ai jamais eu la vérité là-dessus. Mais c'est chevaux phénomènes. Et en fait, on le compare un peu à Japlou, parce que c'est pareil, Japlou avait une origine un petit peu atypique et c'était un phénomène. C'est sans doute des chevaux qui ne sont pas nés pour être des craques et qui sont devenus des craques. Et aussi, sans doute, parce qu'ils avaient du talent, mais aussi parce qu'ils sont tombés dans des mains expertes. Des gens qui ont su les former pour les amener à très haut niveau et puis c'est des chevaux une fois une fois adulte une fois en confiance ils se transcendaient quoi. Hamilton c'était vraiment un phénomène.
- Speaker #0
Et avec John Whittaker il avait trouvé le pilote atypique aussi. John c'est un personnage aussi.
- Speaker #4
C'est un personnage mais c'est un type hyper doué. Je pense que je pense qu'il monte pas de mauvais chevaux non plus mais je pense que quand ces gars là ils montent sur un cheval En 10 minutes, ils les transforment. Les chevaux prennent une rehausse de 10 cm. Une fois qu'ils sont montés dessus, qu'ils ont fait un pas de reculé, trois pas de galop, on a l'impression que les chevaux sont transformés. Donc c'est des types qui sont hyper talentueux.
- Speaker #0
Alors opposés au duo britannique, Adeline Wiertnègre revient sur cette époque. Adeline, vous avez côtoyé ce couple Milton-John Whittaker. Qu'est-ce qu'il vous évoque quelques petites années plus tard ?
- Speaker #5
Quelques petites années plus tard, c'est exactement ça. C'est un grand souvenir Milton parce que ça fait partie des quelques chevaux de légende contre lesquels j'ai concouru à l'époque, il y a quelques années, à l'époque des Renault Jump, donc dans les années 88, 89, etc. où il y avait Japlou, Milton, Oscar Minotier, Nonix, donc je montais et donc quand j'étais contre ces chevaux-là c'était assez extraordinaire. Particulièrement j'ai un souvenir très puissant à Franconville. où j'avais fait un très beau concours, je crois que j'étais troisième du Grand Prix, où j'avais très bien marché à Franconville, et Milton était là, et j'étais à la remise de prix d'une grosse épreuve ou du Grand Prix, je ne me souviens plus très bien, avec Nonix, et Milton était là aussi, et c'était formidable, donc c'est un vrai souvenir.
- Speaker #0
Quand on regarde les vidéos, même 20 ans ou 30 ans, plus tard 40 ans, même plus tard, on voit que c'était un cheval qui n'était pas comme les autres, non ?
- Speaker #5
C'est un cheval qui était extraordinaire parce qu'il avait tout. Il avait le style à l'obstacle, il avait la beauté, il avait la personnalité, il avait vraiment une attitude extraordinaire en piste. Quand on le voyait rentrer sur un terrain, il avait un chic fou, on le regardait, on ne pouvait pas ne pas le regarder. Et en même temps, il donnait l'impression d'une certaine facilité, puisque c'était un cheval remarquable, donc il se jouait un peu de toutes les difficultés. Il était remarquablement bien monté, mais... L'impression était d'un cheval assez facile.
- Speaker #0
Les deux s'étaient trouvés parfaitement ?
- Speaker #5
Exactement. C'était formidable. On sentait une complicité. C'était un couple de légende, il faut le dire. Je dois dire que ces trois chevaux dont je parle, Japlou avec Pierre, Oscar avec Philippe Rosier, et Milton avec John Whittaker, c'était vraiment des couples. C'était formidable de concourir avec et contre eux.
- Speaker #0
Enfin, Champion du monde 2002 avec diamant de CMI, Eric Levallois est lui aussi admiratif. Si je vous dis Milton et John Whittaker, ça vous évoque quoi comme ça ?
- Speaker #1
Le rêve, il n'y a pas à dire grand chose, c'était exceptionnel. Cavalier de classe, cheval exceptionnel, tous ces parcours ont été d'un classique et d'une équitation. Or du commun.
- Speaker #0
Qu'est-ce que ce cheval avait de plus que les autres pour qu'il ait autant marqué l'histoire ?
- Speaker #1
Déjà, il n'était pas très grand. Par contre, une galopade extraordinaire, une façon de sauter avec beaucoup de trajectoire et de moyens. Et puis, la régularité du couple qui a fait que c'était Milton et John Whittaker.
- Speaker #0
Vous aviez aussi des très bons résultats pendant cette période. La confrontation avec des couples comme ça, c'est un petit peu l'essence du sport ?
- Speaker #1
C'était des locomotives. Il y avait eux et les autres. Il a quand même, c'est un cheval à cette période là qui a pris quand même un million deux cent cinquante mille euros de gains. Donc il les a pas volés. Non, c'est puis tous les... J'en ai parlé avec Eric Navet, il l'a monté lui lors de la tournante, il m'a dit c'est un rêve, dressé à la perfection. C'était... Voilà, il m'a dit un rêve.
- Speaker #0
Et John ? Lui aussi il est très spécial.
- Speaker #1
C'est un type, il est humble, ça fait... Depuis que je suis gamin je le connais. Il a pas changé, il est toujours pareil. Le type simple, qui dit bonjour, on peut parler avec lui. Il n'a pas changé. Depuis le temps, c'est une star.
- Speaker #0
Est-ce qu'un cheval comme Milton aurait réussi avec d'autres cavaliers ? Là, on est vraiment dans la notion de couple qu'on met souvent en avant.
- Speaker #1
Je pense qu'il aurait réussi avec d'autres cavaliers parce que c'était un cheval hors du commun. Mais les cavaliers qui l'ont monté dans les tournantes ont dit que c'était l'unanimité, que c'était un extraterrestre.
- Speaker #0
C'était un podcast de grand prix. Un très grand merci à nos témoins. Merci à Sébastien Roulier pour son précieux soutien éditorial et à Swan Decam, notre fidèle monteur et mixeur. Merci à vous d'avoir écouté ce podcast que vous pouvez bien évidemment partager sur les réseaux sociaux. N'hésitez pas à vous abonner et à nous soutenir par vos votes et vos commentaires sur les plateformes d'écoute. Vous pouvez évidemment y réécouter tous les épisodes précédents. Et surtout rendez-vous au prochain épisode. Musique