- Speaker #0
et je suis très heureuse de vous présenter à ce sujet. Je vous remercie. C'est très bien. Merci. Bon, c'est ça. Merci.
- Speaker #1
L'industrie de la construction est en plein bouleversement. Nouvelles normes, utilisation des matériaux, consommation énergétique sont nos enjeux. Je m'appelle Richard Mita, je suis serial entrepreneur et CEO de Sinax. Chez Sinax, nous digitalisons l'industrie des matériaux de construction. Ma passion, le digital appliqué à des secteurs qui ne l'attendaient pas. Dans Les bâtisseurs, j'interview des visionnaires de l'industrie pour vous inspirer dans votre propre transformation environnementale, digitale. les manageries. Bienvenue dans Les bâtisseurs, le podcast, ceux qui bâtissent aujourd'hui pour demain. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode des bâtisseurs. Je suis avec Philippe Rival, le cofondateur et CEO d'Anlet. Salut Philippe.
- Speaker #2
Salut.
- Speaker #1
Alors c'est un épisode particulier puisque c'est un épisode qu'on tourne lors de Build World Summit chez Léonard. On est en juin 2025 et on fait ça en partenariat avec la Contech. Philippe, dans un premier temps, je vais te demander de te présenter s'il te plaît.
- Speaker #2
Alors Philippe Rival, ingénieur de formation et franco-australien aussi. Donc j'ai la chance de parler les deux langues. Donc parcours d'ingé qui est passé par Impérial à l'école des ponts. Mais avant ça, j'étais au lycée à Saint-Germain-en-Laye, qui est en fait d'où vient le nom de la boîte. Parce que mon cofondateur et moi avons fait le même lycée en section internationale à Saint-Germain-en-Laye. Et on s'est retrouvés bien des années après à Boston. Et quand on a décidé de collaborer ensemble, le nom d'en-laye nous est venu assez naturellement. C'était aussi un nom de domaine disponible. Donc, on est parti là-dessus.
- Speaker #1
D'accord. Parle-moi un peu de ton parcours professionnel.
- Speaker #2
Alors, donc formation d'ingé à la base, moi c'est les ponts, ma passion. Il y a même une histoire où quand j'étais gamin, j'ai forcé la famille à faire un détour de trois heures juste pour passer sur le viaduc de Millau en rentrant de vacances. Donc à la base, c'était les ponts. Quand j'ai fini mon diplôme d'ingénieur, j'ai eu la chance d'être pris d'abord en projet de fin d'études, puis VIE, puis une embauche complète chez Vinci Construction Grands Projets sur un pont.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #2
Un pont à 800 millions à Louisville dans le Kentucky aux Etats-Unis.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #2
J'ai dit oui à ce projet sans savoir où était Louisville.
- Speaker #1
A la base,
- Speaker #2
le pont était sublime, j'avais vu les rendus 3D, et au-dessus de la rivière Ohio, donc entre l'état du Kentucky et l'état de l'Indiana, vers la ville de Louisville, et ça n'a pas raté, j'ai fait d'abord les 5 premiers mois de PFE, et puis un projet extraordinaire, qui s'est en plus très bien passé, qui m'a un peu biaisé ma perception de l'industrie, puisque tout s'est bien passé, la JV s'est bien passée, le client s'est bien passé. Et c'est d'ailleurs...
- Speaker #1
Et à l'heure,
- Speaker #2
enfin vraiment, comme dans les études de cas à l'école, tout tranquillou. Et en fait, j'ai vite compris par d'autres projets par la suite que ce n'était pas comme ça tout le temps. Mais en tout cas, comme première entrée dans la carrière d'un ingénieur de travaux, on ne pouvait pas trouver mieux.
- Speaker #1
Très bien. Et là ? Au fur et à mesure de ce parcours-là, vient, on l'est, vient peut-être la rencontre avec ton confrère.
- Speaker #2
Alors, on a toujours gardé un lien très proche, mais lui étant gréco-américain, donc il s'appelle Stamatiliapis, lycée international avec moi jusqu'en 2011. Ensuite, il a fait des études en informatique, en neurosciences et en maths. Et ça lui plaisait tellement qu'il est allé faire un doctorat là-dedans aussi, qui s'est transformé en doctorat en ce qu'ils appellent en anglais, Crampy Test on Neuroscience, donc en neurosciences algorithmiques et IA. qu'il a amené à Boston et qu'il a fini mi-2023. Et moi, j'ai fait mon parcours chez Vinci sur des projets. J'ai vu plein de très belles choses techniques, de belles gestions de projets et aussi des problèmes à la fois en JV, en sous-traitance, en gestion de preuves, etc. Et j'ai voulu aller comprendre. Une fois que j'avais compris la partie technique, je me suis vite rendu compte que même construire, c'est une question d'hommes et de femmes. Et donc, je me suis dit que d'aller comprendre à gérer des organisations, c'était quelque chose d'intéressant. Ce n'est pas un avis qui est partagé par tout le monde dans le business, mais moi j'ai pensé comme ça. Et donc j'ai postulé à des MBA, j'ai eu la chance d'être pris Harvard. Donc on s'est retrouvé en fait à Boston géographiquement, moi en 2021 pour mes deux années, et lui bien avant, mais nos diplômes respectifs se sont finis à peu près en même temps. Lui avait envie de sortir du monde académique, il trouvait trop lent, pas assez appliqué. Moi j'avais vu plein de choses dans le monde du BTP pendant presque dix ans. Et donc nos deux esprits se sont très vite rencontrés, et en fait l'histoire de la boîte, représente beaucoup cette union des esprits, puisque nous sommes une boîte diamante bâtie pour gérer des risques sur des projets de construction d'infrastructures d'énergie et de transport.
- Speaker #1
Parle-moi un petit peu d'Anlet, parle-moi des problèmes que vous résolvez, comment c'est sorti.
- Speaker #2
Alors il y a plusieurs problèmes pour mettre un peu de contexte. La première chose que j'ai remarqué c'est que souvent dans la gestion de projet de construction ou d'infra peu importe, il y a une équipe qui fait la partie estimation, la partie compréhension de ce qu'on s'engage à faire, lecture du contrat etc. qui se fait en phase d'appel d'offres. Souvent ça se fait soit en agence soit dans un QG et ensuite on passe le bébé entre guillemets à des équipes terrain. Et il y a une... Alors c'était bien entendu plus le cas il y a dix ans, mais ça reste souvent le cas, qu'il y a une équipe un peu plus bureau, une équipe un peu plus terrain. Et il y a souvent du mal à faire parler les deux. Et en fait, alors il existe, chez Vinci ils appellent ça la réunion de transfert, où on transfère entre guillemets le bébé à l'équipe terrain. Mais il n'y a pas vraiment de mémoire institutionnelle ou de passation, d'un point de vue entreprise en tout cas, de ce à quoi on s'est engagé de faire. Donc ça c'est la première chose. et la deuxième c'est que quand on fait des projets d'une certaine taille on sous-traite ou on fait appel à des suppliers ou des sous-traitants une partie des travaux et donc on devient en fait gestionnaire du risque un peu plus bas, un niveau plus bas. Et ça, ça implique de faire un bon montage contractuel, de bien comprendre les clauses techniques, de faire une vraie transition du risque sans se créer des nouvelles sources de risque parce qu'on n'a pas tout à fait compris ce qu'on devait faire ou on a raté quelque chose. Et ça, ça paraît simple. Mais c'est le nerf de la guerre quand on gère un projet où on a en fait déjà annoncé son chiffre d'affaires, puisque dans la logique d'un projet qui se passe bien, on annonce son chiffre d'affaires quand on remet un prix. Et on a ensuite la durée du projet pour rester en dessous de ce chiffre d'affaires pour faire une marge. Et donc c'est essentiel, c'est pas forcément technique, la technique contribue à la gestion du risque, mais la gestion humaine ou commerciale entre les parties prenantes est essentielle. Et je me suis rendu compte que bien plus souvent c'était ça qui plantait que de la pure compréhension technique. Et donc moi je me suis dit, je pense qu'on peut réduire le risque ou réduire la perte d'argent, le gaspillage d'argent, voire même dans un contexte nord-américain surtout, les litiges, si on alignait plus la compréhension des gens sur ce qu'ils s'engagent à faire et donc le profil de risque en début de projet, et si on faisait une meilleure passation, un meilleur suivi de ce profil de risque quand on construit.
- Speaker #1
Ok, et donc là, si j'entends bien... Vous vous êtes positionné avec Anlet sur effectivement ce moment où on va passer le projet d'une équipe à une autre, de voir comment on peut le faire sans perte de la gestion initiale qu'on avait imaginée, sachant qu'en plus, c'est sur le terrain qu'on voit les vrais risques. Exactement. Donc,
- Speaker #2
en fait, on sait très bien que ce n'est pas écrit dans la pierre. Le contrat est souvent écrit dans la pierre. Le changer, c'est compliqué. Mais l'interprétation qu'on avait du profil de risque n'est jamais dans la pierre, elle est assez évolutive. On fait ça pour les entrepreneurs généraux qui sont clients, on fait ça aussi pour les clients qui sont clients, si je puis dire. Parce qu'eux, ils ont un profil de risque différent, mais eux aussi, suivre l'évolution du projet, c'est essentiel pour eux. Et ça, c'est la deuxième chose sur laquelle on se positionne avec Anlet. Nous, on tient absolument à être des deux côtés de la table de négociation. Parce qu'on n'est pas là que pour améliorer la position de négociation d'une des parties prenantes d'un projet. On sait pertinemment que l'industrie est suffisamment confrontationnelle comme ça. Nous, on veut réduire le risque général d'un projet en améliorant la compréhension à la fois au sein d'une entreprise qui s'engage à un profil de risque, mais aussi entre les parties qui signent un contrat ensemble, qui se mettent d'accord sur quelque chose et qui ensuite ont la durée du projet, qui peut être de six mois à plusieurs années, pour arriver le plus possible à une vision similaire du projet. Et ça, si on n'est que d'un côté de la table, c'est super dur de le faire.
- Speaker #1
Donc, concrètement, parce que là, on est parti un peu du concept.
- Speaker #2
Bien sûr.
- Speaker #1
Concrètement, ça fait quoi ?
- Speaker #2
J'ai plusieurs illustrations. Je pense que la plus pertinente, c'est un exemple qu'on a révélé en fait pendant le programme CIDE de Léonard, pendant les cinq derniers mois, qui est le suivi de performances durables et d'engagements environnementaux, où chaque projet étant unique. ou ayant une combinaison de certifications environnementales différentes, suivant là où on est géographiquement, les pays, etc. Grande diversité de projets et d'attentes. Donc, on ne peut pas avoir un outil qui fait tout, parce qu'il faut pouvoir s'adapter. Donc, il faut pouvoir monter un profil de risque environnemental, entre guillemets, à chaque projet. Et donc, ce qu'on fait avec Anle, c'est qu'on va aider l'équipe de suivi environnemental à faire ça en phase d'appel d'offres, dans le cadre du suivi des autres risques. Mais ça fait partie du profil de risque. Et ensuite... On leur crée ce qu'on appelle chez nous des automatisations, mais c'est un peu comme des agents en fait, qui vont permettre d'aller faire un reporting suivi adapté au profil de risque spécifique de ce projet sur la multitude de projets qui peuvent être en cours en même temps sur un territoire. Un de nos utilisateurs appelle ça la transmission du jus de cerveau. En gros, il y a une recette, une manière de faire, une procédure, un process unique à l'entreprise qui a ensuite monté une offre unique et il faut pouvoir suivre le profil de risque. en adéquation avec cette offre unique, donc on ne peut pas faire un truc off the shelf, un truc standard, mais on doit pouvoir, on ne peut pas constamment demander aux gens de refaire le même rapport parce qu'ils n'ont pas le temps. En fait, nous, à la base, on fait de l'IA pour gérer du risque, mais c'est en fait pour rendre du temps aux personnes qui passent beaucoup trop de temps à ne pas faire ça sur des chantiers.
- Speaker #1
Est-ce que tu as un autre exemple ?
- Speaker #2
J'en ai plusieurs.
- Speaker #1
Enfin, parce que j'en parlais dans un autre épisode que je trouve que... Et là... Ce que je veux dire est un peu contrariant.
- Speaker #2
Je t'en prie.
- Speaker #1
C'est que je pense que des gens, des développeurs chez toi, je pense que les mettre sur des problématiques liées à des rapports sur des performances environnementales, je trouve que c'est utiliser leur cerveau pour rien.
- Speaker #2
Ah, c'est intéressant.
- Speaker #1
Parce que je pense que, et c'est pour ça que je demande, je suis sûr.
- Speaker #2
C'est super intéressant.
- Speaker #1
Je suis sûr que vous travaillez sur autre chose, c'est pour ça que je vous demande un autre avocat, mais moi ça me rend dingue.
- Speaker #2
Non mais c'est intéressant.
- Speaker #1
Je me dis qu'on met des gens qui ont fait Harvard, qui ont travaillé, qui sont des mathématiciens, je pense, extrêmement bons, qui ont fait un agent hier. Et à la fin, on se dit, tiens, on va mettre tout ça pour faire du suivi de perpétuosité. Mais dis-moi, c'est consacré à rien ce que je dis.
- Speaker #2
Pas du tout, mais c'est une belle illustration. En fait, ce n'est pas là-dessus que je les mets. je les mets sur créer un outil qui est suffisamment flexible pour comprendre comment aller analyser du risque, verticalisé dans le monde bâti, dans plusieurs cas d'usage. Ça peut être de la performance durable, ça peut être juste du risque, j'ai envie de dire, légal ou contractuel.
- Speaker #1
Bâti, tout simplement.
- Speaker #2
Ça peut être du plus vite sous le temps, ça peut être du technique. Nous, en fait, moi je suis convaincu d'une chose, ça je l'ai vécu quand j'étais ingénieur de travaux. Les logiciels ou les plateformes de tech qui nécessitent un changement des manières de faire ou des habitudes ne peuvent pas réussir dans ce métier personnel tant. déjà d'apprendre de nouvelles solutions, encore moins de changer les habitudes. Ou alors ça se fait à l'échelle d'une décennie. Si on arrive avec un software qui est hyper complexe ou qui est trop rigide, on a énormément de mal à faire de l'adoption. L'IA permet d'adapter, d'extraire, de faire des choses beaucoup plus flexibles, mais elle peut aussi, quand elle n'est pas du tout encadrée, faire un peu tout et n'importe quoi. Là où je mets le cerveau des développeurs chez nous, si je puis dire, c'est à trouver comment faire le pont entre La complexité de la data telle qu'elle est, parce qu'on ne changera pas la data dans ce business, surtout s'il fallait faire ça, on attendrait des décennies avant de le faire. Donc prendre la data telle qu'elle est, la mettre en adéquation avec le fait que chacun de nos clients a une manière de faire un peu différente, pour sortir quelque chose qui reste du software automatisable où on n'est pas des consultants. Parce qu'à la base, nous, on n'est pas une boîte de consulting, on est une boîte d'IA. C'est là-dedans que je mets, si je puis dire, le jus de cerveau de mes développeurs. L'exemple de la performance durable, c'est parce que, surtout en Europe, on a pléthore de diverses régulations.
- Speaker #1
C'est bien assez complexe.
- Speaker #2
Mais ça, c'est aussi une des tendances à laquelle on essaie de répondre. Ce que les Américains appellent CYA pour Cover Your Ass, donc se protéger. La contractualisation, la légalisation d'un projet, on remplit, on fait des rapports sur rapports sur rapports qui font partie du corpus. Donc, on ne fait que complexifier la chose. Nous, l'objectif, c'est de trouver sans demander. de changer les habitudes, à comprendre la complexité pour qu'on puisse arriver plus vite à une compréhension mutuelle entre l'entrepreneur général et le client. Et ça, ça implique de la flexibilité, de l'adaptation. Une compréhension terrain qui est réelle, parce qu'aujourd'hui, tout le monde parle d'IA, y compris dans le BTP, dans la Contech. Et donc, tout le monde a dans sa boîte mail une sollicitation d'une boîte qui fait de l'IA pour quelque chose. Donc, s'ils avaient 3% de temps libre, toutes les IA du monde se battent pour les 3% de temps libre. Donc, nous, la vraie différenciation, c'est on comprend comment vous travaillez, on comprend ce que vous pouvez changer, ce que vous ne pouvez pas changer. On rentre pour être le plus facilement possible appliqué à vos manières de faire. une fois qu'on a fait ça On a toute cette puissance technologique qui fait qu'on peut vous révéler des vrais insights, ce que j'appelle verticaliser, donc dans un contexte monde bâti, sans demander à la personne de faire quoi que ce soit de plus.
- Speaker #1
Et c'est quoi ? Ça se présente sous la forme d'un prompt ?
- Speaker #2
Alors,
- Speaker #1
on a une très bonne question.
- Speaker #2
On a bien entendu ce qu'on appelle l'assistant risque, qui est en fait l'assistant à tout faire, qui permet juste d'aller poser une question, surtout dans un contexte où justement, nous, on a pris le pari de ne pas avoir besoin d'un cours de prompting. pour que les gens puissent s'en servir. Donc des fois, les prompts sont assez rudimentaires. Mais on a aussi d'autres modules. On a donc un module d'automatisation. L'idée étant que l'entreprise fait une fois le travail de mettre sa méthode ou sa manière de faire ou sa matrice de risque ou sa liste d'exigences ou ses critères de santé, sécurité, etc. Et ensuite, peut le distribuer à travers les projets. Donc faire de la distribution de process internes sans demander aux gens de faire ce qu'on fait sur tous les projets qui est aller lire la procédure. Parce que ça, on sait que les gens n'ont pas le temps. Mais ça se traduit aussi par une interface hyper simple où l'information, parce que alors nous, notre IA, elle est aussi entraînée pour donner des sources hyper précises. Ce n'est pas comme ChatGPT qui va te dire j'ai trouvé ça dans ce doc-là, il fait 300 pages, débrouille-toi. Là, c'est un copilote qui fait la même chose. Là-dessus, c'est toute la puissance d'avoir un cofondateur et CTO qui est doctorant en IA, c'est d'aller donner les sources précises qui sont disponibles si les utilisateurs le veulent. Parce qu'au début, ils ne vont pas nous faire confiance comme ça, ils doivent construire la confiance dans le temps. Mais une fois qu'ils ont acquis cette confiance, ils ont une partie plus simple, plus résumée, qui est plus adaptée à leur expérience du quotidien. Si on est là pour leur vendre du temps, mais qu'il faut passer 20 minutes pour vérifier la réponse, on ne leur a pas vendu du temps.
- Speaker #1
C'est bien compliqué.
- Speaker #2
Donc, en fait, vraiment, l'obsession d'Anlea, c'est de faire venir toute la puissance de l'IA qui est immense et qui évolue très vite. Et la plupart de nos utilisateurs, ils n'ont pas le temps de suivre même les évolutions de ce milieu. Traduire ça en cas d'usage applicable à leur vie de chantier, de projet, de risque qui évolue. Tout ça dans une logique où on ne leur demande pas de changer leurs habitudes. C'est une grosse ambition. Mais c'est pour moi essentiel parce que le risque, c'est la seule langue commune entre toutes les parties prenantes à toutes les étapes de vie du projet.
- Speaker #1
Et quel frein tu vois aujourd'hui quand tu vas discuter avec tes prospects, tes clients ? Alors, dans ce que tu me dis, dans un contexte... européen francophone, je suis sûr que les gars te disent direct « Ah oui, mais moi, je ne te file pas à ma manière, je fais mes performances, je fais mes trucs, ton algo, je ne sais pas où tu vas le mettre, tu vas le donner à quelqu'un d'autre. » 100%. Est-ce que c'est ça ton gros problème ?
- Speaker #2
Alors non, ce n'est pas ça le gros problème. Mais c'est une très bonne remarque. Alors déjà, nous, on est complètement du côté open source de cette question. Donc on n'utilise pas de close source models, donc on n'est pas chez OpenAIR, on n'est pas chez Anthropic, on n'est pas chez Gemini, on est sur des modèles qu'on peut héberger chez nous pour sécuriser la donnée.
- Speaker #1
C'est quel modèle ?
- Speaker #2
Alors on a des LAMA, on a du Mistral, ça dépend des cas d'usage, ça dépend aussi des géographies. Donc il y a certains modèles qui sont meilleurs dans d'autres langues ou dans d'autres juridictions.
- Speaker #1
C'est juste pour notre audience. Petite parenthèse pour notre audience. Sur les modèles IA, il y a des modèles effectivement qui sont privés. Donc, c'est typiquement un chat GPT, un Gmini de chat GPT d'OpenAI, un Gmini de Google et Cloud d'Anthropique. Et après, il y a des modèles qui sont ce qu'on dit open source, c'est-à-dire qu'on peut... mettre sur nos propres serveurs. Donc ça, c'est ce que Facebook fait avec la main et ce que Mistral fait avec le chat. Exactement.
- Speaker #2
Et alors, à différents niveaux, parce que Mistral a aussi une version plus similaire à ChatGPT, mais il y a aussi une immense communauté, si ça vous intéresse, allez voir Hugging Face. Il y a une pléthore de modèles plus précis, des grands, des petits, dans tous les sens. Et donc, ça fait partie d'une des choses qu'on fait en tant que Bois de Dire. On va comprendre et suivre cette évolution, cette complexité. pour nos utilisateurs qui n'ont pas forcément le temps d'aller suivre toutes les évolutions qui peuvent être toutes les semaines, il y a quelque chose de nouveau.
- Speaker #1
On referme la parenthèse,
- Speaker #2
je t'en prie. Non mais c'est hyper important et c'est essentiel parce que même dans un prompt, dans une question à une IA, on peut révéler son approche stratégique sur un sujet de risque. Donc ça c'est essentiel. La première des réponses c'est de sécuriser le tech stack, donc l'intégralité des outils en les mettant sur des serveurs qui sont à nous et en rendant auditable la structure aux clients que ça intéresse. Merci. Mais moi, c'est presque pas ça le plus grand frein. Alors, la deuxième partie, c'est tout ce qui est extraction et parce que je ne suis pas rempli de la data. Extraire la donnée, nous, on en fait un grand réseau, ce qu'on appelle en anglais un knowledge graph, mais c'est en gros mise en connexion des éléments d'un projet. Pourquoi on fait ça pour les auditeurs très rapidement ? On fait ça parce que je pense qu'on a tous été dans cette situation où quelque chose qui était dans un rapport ou une pièce jointe ou une appendice cachée quelque part changeait un profil de risque sur un sujet particulier. Mais parce qu'on n'avait pas le bon PDF d'ouvert, on n'y a pas pensé, on l'a raté. Voilà, le but de tout mettre en réseau et de trouver les interconnexions automatiquement avec de l'IA, c'est d'éviter ce genre de problème. Ça, c'est un modèle qui est à nous parce qu'il est verticalisé, monde bâti, c'est là où on amène notre vrai savoir-faire. La partie génération vraiment de texte derrière, c'est là on utilise des modèles open source qu'on peut fine-tuner dans certains cas d'usage ou prendre même tel quel quand on lui nourrit de l'information suffisamment bien. Tout ça, c'est un peu, si vous voulez, dans le coffre-fort en lait sécurisé. Moi, ce n'est pas ça le plus grand problème à l'adoption. J'ai même eu un directeur de travaux qui m'a dit, non mais les risques, c'est 90% les mêmes à travers, on devrait tout mettre en commun. Mais bon, je pense qu'il était un petit peu avant-gardiste. Non, le plus grand des problèmes, il y en a deux. le premier c'est que La répartition, le découpage en silos de cette industrie existe sur plein de différents cas. C'est le cas au sein des entreprises, c'est le cas entre la phase d'Apple Love et la phase travaux. C'est aussi le cas dans le software. Il y a plein de solutions qui font des choses très similaires, mais qui ont leur géographie ou leur type de projet. Donc le premier frein, c'est les intégrations. Pour moi, si quelqu'un a besoin de dupliquer la donnée ou de refaire un travail qu'ils ont déjà fait, de gestion documentaire par exemple, ou de gestion d'incidents en phase travaux dans ma plateforme pour pouvoir m'en servir, on demande à la personne de faire un travail supplémentaire pour lui dire ensuite qu'on va gagner du temps, ce qui n'est pas très crédible. Donc le premier, c'est les intégrations ou au moins réduire au strict minimum les choses qu'elles doivent faire, qu'elles ne peuvent faire uniquement que dans l'application. Ça, c'est la première chose. Et la deuxième, c'est la diversité des entreprises. Aller expliquer la valeur ou aller la montrer dans une boîte va être différent d'une boîte à l'autre. Et nous, on doit être à l'écoute de ces boîtes qui sont toutes différentes. Parce qu'au final, oui, tout le monde dans la construction fait la même chose. On construit des choses, mais chaque boîte le fait à sa manière. Et c'est cette diversité où si tu arrives un peu comme une boîte de tech classique, où je vais répéter le même mode de vente, ou exactement la même stratégie et ça va décoller, et bien dans le monde bâti, c'est pas exactement comme ça que ça marche. Donc il faut qu'on soit patient. On a dû expliquer ça à nos investisseurs aussi, parce qu'on a levé 1,7 million aux Etats-Unis l'été dernier. Parce que dans cette verticale, c'est différent. Mais une fois qu'on l'a compris, une fois qu'on peut organiser sa stratégie autour de ça, on ne voit pas ça comme des obstacles, on voit ça comme des opportunités d'aller vraiment créer de la valeur. On sait qu'ils en ont envie. C'est ça le pire, c'est de savoir que sur un chantier, c'est dur. Les gens ont envie, ils ont une envie de se dire « Ah non, si je pouvais gagner un peu plus de temps ou pas avoir à faire ça, ce serait top. » Mais c'est pas juste « Ah oui, c'est génial, j'achète tout de suite. » Ce n'est pas comme télécharger une application sur son téléphone. Il faut passer par un process de vente à chacune des entreprises. Souvent, la personne qui gagnerait le plus à s'en servir n'est pas celle qui a la puissance d'acheter l'outil. Donc, il faut aller comprendre chacune des boîtes dans leur manière unique de travailler. Et c'est là où moi, je suis un passionné du monde bâti, pas que des ponts, mais à la base, c'est la monnaie des ponts. Et c'est pour ça que pour moi, ce n'est pas du tout un exercice en patience. C'est la manière de faire du réel changement dans ce métier. Et je pense que ça vient du fait que j'ai passé dix ans dedans avant de me lancer du côté. Il y a des choses.
- Speaker #1
On sent la passion et on sent la motivation.
- Speaker #2
Il n'y a rien de plus cool que de construire. Et c'est un peu dommage que la société en est arrivée là, où on se retient de construire pour plein de très bonnes raisons. Mais c'est aussi devenu hyper chronophage de construire des choses. Et tout le monde veut construire. Tout le monde. Là, en ce moment, aux États-Unis, j'aime donner cet exemple. On a entendu il y a quelques années, le président Biden, avant qu'il ne perde l'élection, avait déployé 2,2 milliards de dollars. Il n'y en a qu'un tiers qui a été déployé. Ah, c'est tout ? Tout le monde veut construire. Ok. Mais on n'arrive pas, les boîtes, en fait, tout le monde veut construire, mais les boîtes qui construisent ne veulent pas prendre plus de risques. Donc il faut réduire, accélérer pour pouvoir construire plus. Et ça fait aussi partie du contexte dans lequel on opère.
- Speaker #1
Très bien. Parle-moi un peu de l'avenir dans l'air. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous êtes vraiment dans cette analyse, dans ce défendu risque. Qu'est-ce que vous comptez faire demain ?
- Speaker #2
Alors, ce qu'on va faire demain, c'est continuer à s'étendre sur la chaîne de valeur du projet. Parce qu'il n'y a pas que le constructeur et le client dans un projet. On a aussi, alors des fois le client, il est public ou privé, donc c'est un promoteur, un développeur ou une entité publique. On a aussi les gens qui financent les projets. Donc ça, c'est un axe d'évolution pour en aller à l'avenir, c'est de dire, si on est l'outil que le métier utilise pour gérer le risque, on peut être l'entreprise qui aide ceux qui financent les projets à comprendre le risque du projet en question. Encore une fois, dans l'individualité de chaque projet. Aujourd'hui, c'est un peu la loi des grands nombres, surtout chez les assureurs et les prêteurs. Aujourd'hui, ça, c'est une perspective, on peut ramener cette diversité, on analyse vraiment chaque projet au cas par cas, mais on donne quelque chose de plus précis, plus adapté à la chose. L'objectif étant que Au lieu d'être dans un contexte hyper confrontationnel où tout le monde sait qu'on va finir au tribunal, on va finir en réclamation, aux Etats-Unis c'est plutôt tribunal, en France c'est plutôt de réclamation, quand on va au tribunal c'est vraiment que ça s'est très mal passé, mais réduire cette tension qui est attendue. sur les projets d'aujourd'hui, pour arriver à dire que c'est quand ça ne va vraiment pas bien qu'on en arrive là. Ce n'est pas parce qu'on s'était mal compris au démarrage. C'est une vision assez grandiose, très optimiste, mais encore une fois, je pense que non seulement construire c'est la plus belle des choses, ça c'est ma passion personnelle, mais c'est un vrai besoin dans le monde de demain. Et il y a beaucoup d'exemples où si on a du mal à construire, c'est un peu parce qu'on se retient soi-même. On n'arrêtera pas la taille des contrats, la quantité de paperasse, tout ça. Je ne pense pas que la loi va changer demain.
- Speaker #1
Tu penses que c'est une loi d'exponentiel ou on va en avoir un mois ? Moi,
- Speaker #2
j'en peux. En tout cas, si on utilise le passé pour prédire l'avenir, ça ne s'arrêtera pas. Et je pense que les réponses, c'est des outils bien réfléchis. Ce n'est pas qu'on est en train d'éliminer ces trucs qui ont été mis en place pour une raison. Si on se fait mal, c'est bien parce qu'il y a un vrai intérêt derrière. Mais on n'en finit pas par toujours retenir les projets et leur exécution parce qu'on avait d'autres priorités.
- Speaker #1
OK. Dernière question, ça fait 10 ans que tu es dans ce milieu-là, ça fait quelques années que tu as monté en lait. En regardant un peu le passé, comment tu peux prédire, qu'est-ce que tu vois dans le futur ? Je ne demande pas de prédiction, mais qu'est-ce que tu vois dans le futur un petit peu ?
- Speaker #2
Moi je pense qu'il y a une chose qui reste vraie, malgré le fait qu'on est un peu dans un cycle où tout le monde est un peu excité autour de l'IA, de ses use cases, il y a des choses qui restent difficiles, et je pense que comme toute bulle, il y a un moment donné où les choses qui sont un peu démentes vont... vont échouer, ça va éclater, c'est classique. Mais qu'il en restera des boîtes qui ont vu un peu plus long terme, qui ont utilisé le passé pour dire, ah bah ouais, ce problème existe vraiment, mais qui ne sont pas allés s'imaginer qu'en deux ans, on allait tout régler. Je pense que ces boîtes-là feront la transformation qui s'apparente le plus à celle du cloud qui s'est fait dans les années 2010. Le BTP était un peu lent dans le cloud, mais ça a amené la tech sur les chantiers. À la base, juste avoir de la tech sur un projet, c'était compliqué dans les années 90-2000. En 2010, tout le monde est passé au cloud. Tout d'un coup, la tech était immédiatement disponible. Et en fait, c'était presque nécessaire pour pouvoir avoir aujourd'hui la vague d'IA qui va enfin rendre facile d'accès des outils, si tant est qu'ils sont adaptés aux personnes pour lesquelles elles sont destinées. Donc moi, quand je regarde le passé, je me rends compte que, comme on a des marges entre 3 et 5 % quand ça se passe bien dans la construction, on fait rarement des grands projets à grands risques. Merci. mais qu'il y a une réelle évolution quand la vraie valeur est créée. Et que donc si on se concentre sur la vraie création de valeur, on peut réellement changer la manière de faire dans le BTP, sans avoir à être technophobe ou se dire, non, de toute manière, ça, je n'y fais pas confiance. Et je pense aussi qu'on le voit dans les changements générationnels. Alors aux États-Unis, c'est un plus grand problème qu'en Europe, mais aux États-Unis, 40% des gens du BTP seront à la retraite d'ici 2030. Les gens qui arrivent ont beaucoup moins peur de la tech, ils ont beaucoup moins envie. Moi, vous savez, le job de base, quand tu commençais sur un projet, c'était toi, tu vas faire les Excel de reporting. Et tu vas envoyer une fois par semaine un mail avec un rapport et que t'en fais un PDF de ton Excel. Moi, j'y suis resté. Job horrible. Horrible. Moi, si on peut éviter ça à la prochaine génération, parce qu'on a des outils qui permettent de le faire, pour qu'ils puissent aller sur le chantier et faire ce pourquoi ils ont fait des études d'ingé à la base, ce sera une très belle chose.
- Speaker #1
Super. Et on les sera là pour garantir, à un moment donné, 3 à 5% de marge.
- Speaker #2
Exactement.
- Speaker #1
ou au moins t'as compris ce que t'as signé voilà très bien super bah écoute je te remercie merci à toi je te remercie Philippe super échange j'ai bien compris ce que faisait Anle j'ai bien compris ce que ça me permettait à la fin d'avoir ouais c'est une vue c'est une vue ambitieuse mais de toute manière je me serais pas lancé dans cette aventure d'être
- Speaker #2
ingénieur je suis un peu passé du côté obscur maintenant avec le MBA avec l'IA mais moi j'y vois un vrai pro une vraie capacité d'impact écoute Merci.
- Speaker #1
Top, moi ce que je retiens, c'est du terrain à l'IA, il n'y a qu'un pas. Exactement. Pour faire des bras de journaliste, n'est-ce pas ? Bravo. Merci beaucoup, Philippe, pour ton temps. Et je vous remercie d'avoir écouté cet épisode jusque-là. N'hésitez pas à le partager autour de vous. Et on remercie bien évidemment la Contech et BitWords pour cette opportunité.
- Speaker #2
Bien sûr. Salut Philippe. Ciao.
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si vous a plu, n'oubliez pas de le noter. et de le commenter sur Apple Podcasts ou Spotify, et d'en parler autour de vous. C'est ce qui m'aide à le faire connaître et à motiver de nouveaux invités à partager leur vision. Et pour continuer cette conversation, retrouvez-moi sur LinkedIn.