Speaker #0Vous écoutez le podcast fiction des enfants de Gaïa. Au commencement était Gaïa, mère créatrice de la terre et des cieux, origine de toute vie. Elle façonna d'abord les douze divinités, êtres majestueux dotés de pouvoirs extraordinaires. Fartent ensuite les humains, fragiles et modestes, mais pleins de potentiel. Les premiers n'acceptèrent pas les seconds. Une guerre fratricide menaça d'anéantir tous les enfants de Gaïa. Gaïa entra alors dans une colère folle. et exila les douze divinités loin de la terre qui fut confiée aux humains. Où furent-elles exilées ? Jusqu'à quand ? Pourront-elles ou voudront-elles revenir un jour sur Terre ? Ceci est le témoignage de Morgane, sixième divinité, sixième née de Gaïa. Traumat vertissement, déni, trahison, mort. Tiens, tiens, tiens, mais regardez qui voilà ! Alors comme ça, t'as trouvé un moyen de sortir ? Comment t'as fait ? Allez, dis-moi. Quoi ? Tu veux d'abord que je te dise pourquoi je suis là ? C'est quoi cette question ? Tu rassembles nos témoignages ? Je vois. Encore un de tes projets créatifs ? Ok, ok, je vais te raconter. Tu veux que je me présente aussi pour ton projet ? Alors, je m'appelle Morgane et je suis la sixième. Ma saison préférée, c'est l'hiver parce que j'adore la neige et que ma couleur préférée, c'est le blanc. Même si techniquement, le blanc c'est pas vraiment une couleur, c'est une nuance, comme le noir en fait. Eh, ça t'intéresse pas ce que je dis ? Ok, je vais répondre à ta question, même si tu connais la réponse. Alors, pourquoi je suis là ? Je suis là parce que je déteste les humains, comme toute divinité qui se respecte, voilà. T'en veux plus ? Évidemment. Avec toi, c'est toujours plus. Exactement comme avec les humains. Bon, j'aime pas dire je vous l'avais dit, mais pour rappel, au moment où j'ai posé les yeux sur la première humaine, sur Germaine, je l'ai dit. dit, on ferait mieux de la tuer tout de suite, ça nous éviterait des problèmes. Et je sais que toi, tu me comprends, parce que t'as dit la même chose quand Ba est né. Et t'avais raison. Douze, c'était la limite. Toutes celles et ceux qui sont arrivés après, c'était des erreurs. En plus, j'aurais pu faire ça bien et sans douleur. J'aurais refroidi lentement leur petit cœur, et elles se seraient endormies et ne se seraient juste pas réveillées. Simple comme bonjour. Mais bien sûr, on ne nous a pas écouté. On ne m'a pas écouté. Oh mais non, voyons, regarde comme maman est heureuse d'avoir à nouveau créé la vie, bla bla bla. Et regarde comme Germaine est déjà incroyable. Une mocheté, oui. Avec une voix éraillée, incapable de faire autre chose que de beugler. Alors oui, elle était incroyable, mais pas dans le bon sens du terme. Toujours est-il que maman, Gaïa, nous a interdit de tuer les humains. A partir de là, on n'avait pas le choix. Ces cris, je les ai supportés trois jours. Après, j'avais qu'une envie, abréger ses souffrances, lui crever les yeux et lui arracher la langue, sans anesthésie, pour la peine. Mais maman l'a interdit, évidemment. Alors je suis partie. Je voulais ni entendre, ni voir ça. Et honnêtement, je sais pas comment vous avez fait pour supporter les hurlements. J'ai proposé à tout le monde de venir avec moi. Personne n'a voulu. J'ai été un peu vexée, je reconnais. Mais bon, c'était tant pis pour vous. En fait, si on réfléchit une minute, je me préparais déjà à cet exil, tu vois. Inconsciemment, je devais savoir que ça allait arriver. Donc, j'ai laissé mes frères et mes sœurs, et je suis partie avec mes compagnes, mes compagnons et mes enfants. Et on s'est installés loin au sud. Là-bas, j'ai instauré un hiver éternel pour nous protéger. J'ai créé un empire de glace. Mon empire. Et là-bas, c'était moi qui fixais les règles. Parce que c'était moi l'impératrice. Alors oui, il faisait froid. Mais au moins, on n'entendait plus les cris des humains. Et on était tranquille. Je suis partie, oui, mais je gardais quand même un œil et une oreille sur ce qui se passait. Je sais, j'ai dit que je voulais ni voir ni entendre tout ça, mais c'était plus fort que moi, je ne pouvais pas vous laisser comme ça, enfin. Alors j'ai vu les humains grandir et se multiplier, et j'ai vu ce qu'ils vous ont fait, à vous tous, mes frères, mes sœurs. Et ça m'a fait mal de vous voir comme ça. J'aurais pu intervenir, mais figure-toi que je suis intervenue. Je vous ai à nouveau proposé de venir avec moi, une deuxième fois. Je vous ai offert un refuge. Un refuge froid, certes, mais un refuge sûr. Et vous avez tous refusé. Encore. Tous. Alors, pardon, mais il faut assumer ses choix à un moment. Assumer ses choix et leurs conséquences. C'est comme ça que ça marche dans la vie. J'entends encore Coco. Mais il fait trop froid là-bas, gna gna gna, c'est pas une vie, gna gna gna, je veux pas de cette vie glaciale pour les miens, gna gna gna. Pfff, chauchotte. Je répète, je suis pas du genre à dire « je te l'avais dit » . Mais là pour le coup, si Coco m'avait écoutée, s'il était venu avec moi, peut-être que les siens auraient eu une vie un peu inconfortable, peut-être. Mais au moins, ils auraient eu une vie, point. Si vous m'aviez tous écouté et suivi, ça ne se serait pas passé comme ça s'est passé. On aurait pu s'organiser, organiser une défense commune, faire front ensemble. Les humains, c'est des vers de terre. Leur seul pouvoir, c'est leur nombre. Alors qu'avec nos pouvoirs à nous, on aurait pu, on aurait dû les anéantir. Alors ok, théoriquement, on pouvait pas. On n'avait pas l'autorisation de maman. Gaïa avait formellement interdit que nous, les douze divinités, tuions ces créations. Mais bon, elle avait pas interdit de les blesser. Et puis, on était treize. Et puis en fait, l'histoire nous a montré qu'on pouvait lui désobéir. Bref, au bout d'un moment, les humains sont devenus un peu trop gourmands et un peu trop curieux, et ils sont venus fouiner de plus en plus loin au sud. Certains ont franchi mes frontières, et ils ne sont pas restés longtemps. Et ils sont repartis ou malades, ou blessés. Bah oui, parce que chez moi, niveau nourriture, il y avait du poisson et c'est tout. Et les humains, c'est bien connu, c'est les pires fines-bouches, les pires chochottes. J'ai renforcé le froid, j'ai renforcé les barrières de glace. Notre territoire était protégé, mais... Bon ok, j'avoue, j'ai pas pensé aux poissons. Mais ça va, je pouvais pas penser à tout. Moi j'ai pas besoin de nourriture physique pour fonctionner, je suis une divinité. Mais mes compagnons, mes petits, eux ils en avaient besoin. Et personne ne me fera croire que le poisson a disparu par magie. Non, c'est les humains qui les ont pris. Alors qu'ils n'aimaient même pas ça. Et ils savaient que c'était notre seule nourriture. Et là, tu ne peux pas dire que je ne suis pas intervenue. Parce que là, je suis encore intervenue. Mais je suis d'accord avec toi. C'était trop tard. Trop tard parce que vous aviez déjà tous baissé les bras. Et moi toute seule contre tous ces humains. Mais je n'avais aucune chance. Alors j'ai gelé quelques cœurs, quelques yeux, quelques langues. C'était bien la preuve que les ordres de maman pouvaient être détournés avec un peu d'astuces. Après tout, elle avait dit interdit de tuer, pas interdit de blesser. Si les humains sont faibles et meurent de leurs blessures, c'est leur problème, pas le mien. Mais bon, encore une fois, j'étais toute seule. C'était un combat que je ne pouvais pas gagner. Et les miens étaient en train de mourir de faim. Je devais les nourrir. Mais comme j'ai dit, j'étais toute seule. Et j'ai tout fait pour faire revenir les poissons. Tout. En vain. C'est là que j'ai entendu l'appel de Ba. Ah, Ba. Je ne l'ai jamais aimée. Rien que de penser à elle, ça me tend. Même si elle ne faisait pas partie des Douze, donc elle n'était pas vraiment une divinité à proprement parler, elle haïssait les humains. Peut-être même plus que nous. Et tu connais le dicton. Les ennemis de mes ennemis... Bref, elle m'a exposé son plan. Elle voulait rendre Coco au foudrage, pour qu'il craque, pour qu'il utilise ses pouvoirs contre les humains. Avec sa force et son contrôle des plaques tectoniques, il pouvait faire de sacrés dégâts. Peut-être trop ? Son plan impliquait de manipuler Coco, de le piéger, de risquer la vie des siens, et ça, ah non, ça je pouvais pas. Mais bon, en même temps, ça voulait aussi dire porter un énorme coup aux humains. Et les humains, ils affamaient mes propres petits. et je te fais protéger les miens moi aussi alors bon j'ai pas accepté de participer à son plan mais j'ai accepté de geler les coeurs et les yeux de quelques humains de plus voilà pour le reste est ce que ça a permis à bad manipuler les humains plus facilement peut-être mais elle y serait sans doute arrivé sans moi elle aurait trouvé un autre moyen tu la connais elle est pleine de ressources « Arrête de me regarder comme ça ! C'est pas moi qui ai tué les petites Cocos ! Je suis pas responsable des actes des humains ! C'est pas moi qui tenais les couteaux, les piques et les fusils quand même ! » Bref, Coco a réagi comme Bas l'avait prédit. Il a tout détruit. Il a désobéi à maman. Et il a tué. Et ceux qu'il a pas tués, Bas les a achevés. Beaucoup d'humains sont morts cette nuit. Et oui, je voulais que les humains souffrent. Et oui, je voulais qu'ils meurent. Tous. Mais je voulais pas ce qui est arrivé. J'aurais voulu que ça se passe différemment, tu vois. Si seulement vous m'aviez écoutée. Bah j'ai bilé. J'arrivais à peine à la reconnaître sous tout ce sang. Mais ce que Ba n'avait pas prévu, c'est que les humains se tournent vers Guerra et s'en prennent à elle. Et ça, ça c'est une autre histoire et je crois que c'est pas à moi de la raconter. Bref, voilà pourquoi je suis là, parce que j'ai aidé à tuer les pauvres humains sans défense. Même si, je répète, ce n'est pas moi qui les ai tués. Voilà, t'es content ? T'as eu ce que tu voulais ? Alors maintenant, tu vas me dire comment t'as fait pour quitter ta cage. Hé ! Attends ! Tu vas où comme ça ? Tu peux pas partir ? Tu dois d'abord me dire comment faire pour sortir d'ici. Reviens ! Reviens, je t'ai dit ! Reviens tout de suite ! Ce témoignage touche à sa fin. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. S'il vous a plu, dites-le à votre plateforme d'écoute en vous abonnant, en commentant, en notant ce podcast. Si Gaïa le permet, rendez-vous la semaine prochaine pour le témoignage suivant. Signé, K.