Transcription

• Speaker #0

  Vous écoutez le podcast fiction des enfants de Gaïa. Au commencement était Gaïa, mère créatrice de la terre et des cieux, origine de toute vie. Elle façonna d'abord les douze divinités, êtres majestueux dotés de pouvoirs extraordinaires. Vartent ensuite les humains, fragiles et modestes, mais pleins de potentiel. Les premiers n'acceptèrent pas les seconds. Une guerre fratricide menaça d'anéantir tous les enfants de Gaïa. Gaïa entra alors dans une colère folle et exila les douze divinités loin de la terre qui fut confiée aux humains. Où furent-elles exilées ? Jusqu'à quand ? Pourront-elles ou voudront-elles revenir un jour sur terre ? Ceci est le témoignage de Ismaël, cinquième né de Gaïa, cinquième divinité. Traumasvertissement, harcèlement, mutilation, torture. Oh ! S-salut, ça faisait longtemps dis donc, tu vas bien ? Oh, tu veux que je te raconte mon histoire ? Oh, je suis pas sûre que ce soit intéressant, je... Je suis pas très intéressant, tu sais. Va demander aux autres, ce sera mieux. Ils sont mieux et ils sauront mieux. N'insiste pas, s'il te plaît, ça me met mal à l'aise. Arrête de m'embêter, s'il te plaît. Tu commences à faire comme les humains. Eux non plus ne savent pas s'arrêter. Eux non plus, ils n'entendent pas les noms et les stops. Enfin, ils les entendent, mais ils les ignorent. Ils nous ignorent. C'est ça qui fait le plus mal. Enfin, c'est ça qui me fait le plus mal à moi. Les blessures physiques, ça fait mal, bien sûr. Les petites coupures, ça brûle. Les amputations, ça arrache l'âme. Les membres fantômes qui repoussent, ça poignarde, ça fusionne et... Oui, ça fait mal. Mais l'invisibilisation, les larmes et les cris qui sont ignorés, l'impuissance ultime, ça, ça, ça fait vraiment, vraiment mal. Tu peux me raconter comment tu m'as trouvé plus tôt ? Parce que ça, ça serait intéressant, non ? Non, arrête, j'ai pas envie de revenir sur mon histoire à moi, s'il te plaît, ne fais pas ton humain. Je devrais pas être étonnée en fait. On se plaint des humains, on les traite d'orgueilleux et d'enfants gâtés, mais... Mais qui est plus orgueilleux qu'une divinité ? Une divinité qui ne supporte pas la comparaison ? Qui est plus gâté qu'une divinité qui peut tout avoir ? Nous sommes deux poses hypocrites. Les humains m'ont blessée. Profondément. Physiquement. Psychologiquement. Psychiquement. Mais vous tous aussi, vous m'avez blessée. Avant que les humains n'arrivent. Le jeu du couteau entre les doigts. Les aiguilles dans les joues. L'épée dans la bouche. Oh, vous jouiez pas longtemps. Vous préfériez me regarder, me regarder me couper, me regarder saigner, et puis cicatriser, réparer. Myra n'aimait pas ces jeux. Abby non plus. Elle préférait ne pas regarder. Coco m'a dit que je pouvais arrêter une fois. Mais une seule fois, et c'est le seul qui m'a dit ça. Tous les autres, y compris toi, vous riez. Vous aviez soif de sang, de mon sang. Et moi, moi je voulais que vous m'aimiez. Et j'aimais vous faire rire. Je... je voulais pas arrêter. Enfin, je... je pouvais pas. Parce que vous vouliez pas. Le grondement dans la gorge de bas, quand j'arrêtais, j'avais trop peur. Alors je continuais. Et Gaïa, maman, elle venait toujours essuyer mes larmes après que mes membres avaient repoussé. Mais quand les humains se sont arrivés, elle n'a plus eu le temps. Et les humains, les humains ils ont soif de sang aussi. Une soif qui ne s'étanche pas. Jamais. Une soif infinie. Et même si mes bras et mes jambes repoussent, même si mon sang se régénère plus rapidement, il n'est pas infini. Mais les humains, ils n'écoutent pas, ils ne comprennent pas. Je suis une divinité. Mais sous leur rire, j'ai failli disparaître. Sous leur feu, j'ai failli me désintégrer. Et sous leur lame, j'ai failli mourir. Maman... Gaïa m'a sauvée en m'amenant ici. Ici, je peux cicatriser en paix. Je veux plus jamais avoir affaire aux humains. Non, non, jamais. Et je veux plus jamais avoir affaire à vous non plus. Divinité ou humain, c'est la même chose. Je veux plus souffrir. Et les humains, et vous, les divinités, mes propres frères et sœurs, vous me faites souffrir. Et je veux plus ça. Je veux plus avoir mal. Tu comprends ? Tu te rends compte comme ça me fait mal de dire ça ? De dire que je préfère ne plus jamais vous voir. Parce que la vérité, c'est que je suis mieux sans vous. Sans personne. Quand je t'ai vu arriver tout à l'heure, j'étais content. Mais plus maintenant. Maintenant, je... J'aimerais que tu partes, s'il te plaît. J'aimerais que tu m'écoutes, que tu me comprennes. Montre-moi que t'es différent des humains et écoute. Écoute-moi, je t'en supplie, pour une fois, pour la première fois. Écoute-moi, s'il te plaît. Et va-t'en. Laisse-moi tranquille. Ce témoignage touche à sa fin. Merci de l'avoir écouté jusqu'au bout. S'il vous a plu, dites-le à votre plateforme d'écoute en vous abonnant. en commentant, en notant ce podcast. Si Gaïa le permet, rendez-vous la semaine prochaine pour le témoignage suivant. Signé, K.