- Speaker #0
Bonjour et bienvenue à tous. Aujourd'hui, on va parler d'un sujet qui touche beaucoup de monde. La dégénérescence maculaire liée à l'âge, la DMLA comme on dit souvent.
- Speaker #1
Oui, bonjour, effectivement.
- Speaker #0
C'est cette maladie de la rétine qui s'attaque à la vision centrale, c'est ça ? Surtout après 50 ans ?
- Speaker #1
C'est tout à fait ça. Et c'est une cause vraiment majeure de malvoyance dans nos pays.
- Speaker #0
D'accord. La DMLA, en fait, elle cible la macula. C'est une toute petite zone, mais elle est capitale, au centre de la rétine. C'est elle qui nous permet de voir les détails fins, pour lire, reconnaître un visage, voir les couleurs, les contrastes. Ce qui est important de noter, c'est que la vision sur les côtés, la vision périphérique, elle, elle reste généralement intacte.
- Speaker #1
Ah, c'est déjà ça ? Oui.
- Speaker #0
Notre objectif aujourd'hui, c'est de clarifier un peu tout ça. Les différentes formes de DMLA, les signes qui doivent alerter, les risques, et puis ce qu'on peut faire aujourd'hui.
- Speaker #1
On s'appuie pour ça sur des documents médicaux, des articles récents.
- Speaker #0
Parfait. Alors justement, la DMLA... J'avais cru comprendre qu'il n'y avait pas une seule maladie, mais plusieurs formes, c'est bien ça ?
- Speaker #1
Oui, exactement. Il y en a principalement deux. D'abord, la plus fréquente et de loin, c'est l'ADMLA dite atrophique ou sèche. Ça concerne à peu près 80% des cas. Ah oui,
- Speaker #0
la grande majorité ?
- Speaker #1
Oui. Et sa caractéristique, c'est qu'elle évolue plutôt lentement, souvent sur des années. En gros, des petits dépôts, on appelle ça des druses, s'accumulent sous la rétine et petit à petit, les cellules de l'amacula s'abîment.
- Speaker #0
D'accord. Une usure lente, si on veut. Et la deuxième forme,
- Speaker #1
alors ? La deuxième, c'est la DMLA exudative, qu'on appelle aussi humide. Elle est moins fréquente, environ 20% des cas, mais elle est beaucoup plus agressive. L'évolution peut être très rapide, parfois en quelques semaines ou moins.
- Speaker #0
Ah oui, quand même !
- Speaker #1
Oui. Et là, le problème, c'est différent. Ce sont des vaisseaux sanguins anormaux, des néovaisseaux, qui se développent sous la rétine. Et ces vaisseaux, ils sont fragiles, ils peuvent fuir, laisser échapper du liquide ou même du sang. Et ça, ça crée un œdème des hémorragies et ça endommage très vite l'amacula.
- Speaker #0
Je vois. Donc la différence clé, c'est vraiment cette histoire de vaisseau qui fuit dans la forme humide et qui provoque une baisse de vision rapide.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Et j'imagine que c'est crucial de savoir de quelle forme il s'agit. On utilise des examens pour ça, comme l'OCT, cette espèce de scanner de l'œil ?
- Speaker #1
Tout à fait. L'OCT, la tomographie par cohérence optique, c'est un examen fondamental. Il nous permet de voir... très précisément les couches de la rétine, de détecter ces fameux néovaisseaux, l'œdème. C'est essentiel pour le diagnostic et aussi pour le suivi du traitement de la forme humide.
- Speaker #0
Et quels sont les signes qui devraient nous alerter et nous mettre la puce à l'oreille ?
- Speaker #1
Il y a plusieurs choses. Souvent, ça commence par une gêne pour lire, par exemple, ou pour reconnaître les visages. La vision centrale devient moins nette. Un signe très typique, ce sont les déformations visuelles. Les lignes droites, comme le cadre d'une porte, et Les lignes d'un carrelage, elles apparaissent ondulées, tordues. On appelle ça des métamorphopsies.
- Speaker #0
Comme une tôle ondulée un peu.
- Speaker #1
C'est l'image classique, oui. Il peut aussi y avoir une tâche floue ou sombre qui apparaît au centre de la vision, un scotum. Et puis une perception des contrastes ou des couleurs qui diminue. Le problème, c'est que parfois, au début, ça peut être assez discret, surtout si un seul œil est touché.
- Speaker #0
Oui, l'autre œil compense, j'imagine.
- Speaker #1
Exactement. D'où l'importance de tester sa vision œil par œil régulièrement.
- Speaker #0
Très clair. Alors, la question qui vient après, c'est pourquoi ? Qu'est-ce qui augmente le risque d'avoir une DMLA ?
- Speaker #1
Bon, le facteur numéro un, on ne peut pas y échapper, c'est l'âge. Le risque grimpe vraiment après 50 ans et encore plus après 75 ans. On estime que près de 30% des plus de 75 ans sont touchés à des degrés divers.
- Speaker #0
C'est homme.
- Speaker #1
Oui. Ensuite, il y a la génétique. Si on a des parents, des frères ou sœurs qui ont une DMLA, notre propre risque est plus élevé. On a identifié plusieurs gènes impliqués. Notamment des gènes liés à l'inflammation, comme le CFH ou le C3.
- Speaker #0
D'accord. Mais il y a des choses sur lesquelles on peut agir, j'espère ?
- Speaker #1
Ah oui, heureusement. Et le plus important, c'est le tabac. Fumer, c'est un facteur de risque majeur. Ça multiplie le risque de développer une DMLA par 4, voire plus. Par 4 ? C'est considérable.
- Speaker #0
C'est vraiment le facteur modifiable le plus impactant. Il faut absolument arrêter de fumer ou ne jamais commencer.
- Speaker #1
Et à part le tabac ?
- Speaker #0
Alors, il y a l'alimentation. Une alimentation qui serait pauvre en certains nutriments protecteurs, comme les antioxydants. On les trouve dans les légumes verts feuillus, les fruits colorés. Et les oméga-3 présents dans les poissons gras, les noix, ça peut jouer un rôle. La luthéine et la zéaxine sont particulièrement importantes pour la macula.
- Speaker #1
L'exposition excessive et sans protection au soleil, aux UV, est aussi pointée du doigt. Et peut-être aussi la lumière bleue intense des écrans, même si c'est encore débattu. Et puis il y a des facteurs plus généraux. L'obésité, qui doublerait le risque, et l'hypertension artérielle. Finalement, ce qui est bon pour le cœur est souvent bon pour les yeux.
- Speaker #0
C'est une bonne façon de voir les choses. Bon, alors imaginons, le diagnostic est posé. Qu'est-ce qu'on peut faire ? Est-ce qu'il y a des traitements ?
- Speaker #1
Alors, il faut être honnête, aujourd'hui on ne sait pas guérir complètement l'ADMLA, on ne sait pas réparer les cellules qui sont mortes. Mais, et c'est important, on a des moyens pour freiner l'évolution, surtout dans la forme humide.
- Speaker #0
Ah, c'est déjà une bonne nouvelle !
- Speaker #1
Oui, pour l'ADMLA humide, le traitement de référence, ce sont des injections directement dans l'œil. On appelle ça des injections intravitréennes ou IVT.
- Speaker #0
Dans l'œil, ça fait un peu peur dit comme ça ?
- Speaker #1
Oui, ça peut impressionner, mais en réalité c'est un geste très rapide, quasi indolore grâce à l'anesthésie locale. Et surtout, c'est très efficace. Ces injections contiennent des médicaments, des anti-VGF comme le ranibizumab, la flibercept et des plus récents comme le brolusumab ou le faricimab. En gros, ils bloquent le facteur de croissance qui fait pousser ces mauvais essos et ils réduisent les fuites.
- Speaker #0
Et on doit en faire souvent de ces injections ?
- Speaker #1
Le rythme dépend vraiment de la réponse de chaque patient. Au début, c'est souvent mensuel, puis on essaye d'espacer progressivement, selon l'évolution, avec des schémas comme le treat and extend. L'objectif est de contrôler la maladie avec le moins d'injections possible, mais un suivi très régulier est indispensable.
- Speaker #0
D'accord. Et pour l'autre forme, la DML à sèche, celle qui évolue lentement ? Là, il n'y a pas de vaisseau qui fuit, donc pas d'injections anti-VEGF, j'imagine ?
- Speaker #1
Exactement. Pour la DML à sèche, atrophique, c'est plus compliqué. Pendant longtemps, on n'avait rien pour ralentir la perte des cellules. La seule chose recommandée... pour certains patients à des stades intermédiaires bien précis, ce sont des compléments alimentaires spécifiques. C'est une combinaison de vitamine C, E, de zinc, de cuivre et de luthéine et zéaxantine basée sur de grandes études appelées AREDS.
- Speaker #0
Ah oui, on en entend parler.
- Speaker #1
Oui, mais attention, ce n'est pas pour tout le monde et ça doit absolument être discuté et prescrit par l'ophtalmologiste. Ce n'est pas une solution miracle, mais ça peut aider à ralentir la progression chez certains.
- Speaker #0
Et à part ça ? Des nouveautés ?
- Speaker #1
Oui, il y a du nouveau. Tout récemment, aux Etats-Unis, un premier traitement pour la DMLA sèche avancée, l'atrophie géographique, a été approuvé. Le pech-zésecta coplan, ou sifauvre. Il cible une partie du système immunitaire, le complément C3, qui joue un rôle dans l'inflammation et la mort des cellules. On attend son autorisation en Europe. C'est un espoir, même si ce n'est pas encore une guérison.
- Speaker #0
C'est encourageant. Oui,
- Speaker #1
et puis il ne faut pas oublier les mesures de prévention et de ralentissement général. L'arrêt du tabac, bien sûr, une alimentation équilibrée, riche en légumes verts, fruits, poissons gras, et une bonne protection contre le soleil avec des lunettes de qualité. La photobiomodulation est aussi une piste à l'étude. Et si la vision baisse malgré tout, il y a la rééducation basse vision, avec des orthoptistes, des ergothérapeutes, pour apprendre à utiliser au mieux la vision restante et à s'adapter au quotidien.
- Speaker #0
D'accord, donc si on essaie de résumer tout ça, L'ADMLA, ça touche la vision centrale, essentielle pour les détails. Il y a deux formes, la sèche, lente et majoritaire, pour laquelle on commence à avoir des pistes de traitement, et l'humide, plus rapide, mais qu'on peut traiter avec des injections pour freiner la maladie.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
L'âge est le facteur principal, mais on peut agir sur des choses, comme le tabac, risque multiplié par 4, c'est énorme. L'alimentation, la protection solaire. Et le message clé, c'est le suivi régulier chez l'ophtalmo, surtout après 50 ans.
- Speaker #1
Exactement. Le dépistage cricose et un suivi ophtalmologique régulier, c'est vraiment fondamental. Surtout si on a des antécédents familiaux ou si on ressent un des symptômes dont on a parlé. Déformation des lignes, baisse de vision centrale. Il ne faut pas attendre. Consulter rapidement, ça permet de poser le bon diagnostic et si c'est une forme humide, de commencer le traitement très vite pour limiter les dégâts. Même s'il n'y a pas de guérison totale, on a des stratégies pour gérer la maladie et préserver au maximum la qualité de vie.
- Speaker #0
Parfait. Et pour conclure, peut-être une dernière réflexion, et signe des clés pour l'avenir, c'était de comprendre encore mieux comment notre mode de vie, ce qu'on mange, nos habitudes, notre environnement, interagit avec notre génétique pour influencer la santé de nos yeux. Ça ouvrirait peut-être la voie à une prévention encore plus fine, plus personnalisée.
- Speaker #1
C'est une perspective très intéressante, oui. La recherche avance beaucoup sur ces aspects multifactoriels.
- Speaker #0
En attendant, le message reste simple. Au moindre doute concernant sa vision, il faut consulter un professionnel de santé. Merci beaucoup pour toutes ces explications très claires.
- Speaker #1
Merci à vous.