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Les Invisibles

L’interview #46 • Angelo, en parler pour se libérer

L’interview #46 • Angelo, en parler pour se libérer

43min |11/08/2025|

129

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L’interview #46 • Angelo, en parler pour se libérer

L’interview #46 • Angelo, en parler pour se libérer

43min |11/08/2025|

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Description

⚠️ 𝑪𝒆𝒕 𝒆́𝒑𝒊𝒔𝒐𝒅𝒆 𝒂𝒃𝒐𝒓𝒅𝒆 𝒍𝒆 𝒔𝒖𝒊𝒄𝒊𝒅𝒆, 𝒖𝒏 𝒔𝒖𝒋𝒆𝒕 𝒅𝒐𝒖𝒍𝒐𝒖𝒓𝒆𝒖𝒙 𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒆𝒔𝒔𝒆𝒏𝒕𝒊𝒆𝒍 𝒂̀ 𝒗𝒊𝒔𝒊𝒃𝒊𝒍𝒊𝒔𝒆𝒓 𝒒𝒖𝒂𝒏𝒅 𝒐𝒏 𝒑𝒂𝒓𝒍𝒆 𝒅𝒆 𝒎𝒂𝒍𝒂𝒅𝒊𝒆 𝒄𝒉𝒓𝒐𝒏𝒊𝒒𝒖𝒆 𝒆𝒕 𝑰𝒏𝒗𝒊𝒔𝒊𝒃𝒍𝒆. 𝑺𝒐𝒏𝒅𝒆𝒛 𝒗𝒐𝒕𝒓𝒆 𝒄𝒂𝒑𝒂𝒄𝒊𝒕𝒆́ 𝒂̀ 𝒆́𝒄𝒐𝒖𝒕𝒆𝒓 𝒍𝒆 𝒕𝒆́𝒎𝒐𝒊𝒈𝒏𝒂𝒈𝒆 𝒃𝒐𝒖𝒍𝒆𝒗𝒆𝒓𝒔𝒂𝒏𝒕 𝒅'𝑨𝒏𝒈𝒆𝒍𝒐.


On peut être charismatique et dépressif.

On peut être Mr Gay🇨🇭, parcourir le monde pour des concours de beauté… et, en parallèle, passer des journées enfermé chez soi, tant l’anxiété sociale et les idées noires sont écrasantes.


Après quatre grandes dépressions, Angelo vit aujourd’hui avec ce qu’on appelle une dépression chronique.

Plus jeune, il y avait des déclencheurs : son homosexualité 👨🏽‍❤️‍💋‍👨🏻 dans une société hétéronormée, une première rupture…


Mais au fil du temps, la dépression s’est mise à surgir sans frapper à la porte 🚪

Un jour, sa sœur lui dit simplement : « Tu as rendez-vous avec une thérapeute, tel jour, à telle heure. » Il ne le sait pas encore, mais cette thérapie va lui sauver la vie.


Aujourd’hui, Angelo met son image au service de la sensibilisation. Pour valider les émotions négatives, pour dire que c’est OK de ne pas aller bien, pour rendre hommage à sa maman, qui s’est suicidée alors qu’il était enfant, et à toutes celles et ceux dont la voix a été, ou reste encore, invisibilisée. 🤍


Il trouve nécessaire d’en parler, de partager pour soi, pour ses proches et pour faire avancer la cause.


It’s OK not to be OK. 💋


𝗧𝘂 𝘃𝗲𝘂𝘅 𝘀𝗼𝘂𝘁𝗲𝗻𝗶𝗿 𝗻𝗼𝘁𝗿𝗲 𝗽𝗼𝗱𝗰𝗮𝘀𝘁 ? Abonne-toi à cette chaîne, mets-lui 5 étoiles et partage cet épisode ! Tous les épisodes de notre podcast Les Invisibles sont aussi disponibles sur Youtube : https://www.youtube.com/@les_invisibles_podcast 🎧


👉 𝗦𝘂𝗶𝘀-𝗻𝗼𝘂𝘀 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗿𝗲́𝘀𝗲𝗮𝘂𝘅 𝘀𝗼𝗰𝗶𝗮𝘂𝘅

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https://www.lesinvisibles.ch


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Invisibles. Juin 2020. Ma vie bascule du jour au lendemain dans une maladie neurologique, rare, qui n'a de poétique que le nom. Le syndrome du mal de débarquement. Les symptômes qu'elle m'amène vivent en colocation avec moi. 7 jours sur 7. 24 heures sur 24. Et ne prennent jamais leur week-end. Je n'ai donc pas la place pour un autre combat. Du moins, c'est ce que je crois. Puis vient ce jour où je témoigne dans une émission télé, dans l'espoir de rendre visible l'invisibilité du syndrome dont je suis atteinte. À peine sortie du plateau, forte de cette expérience et encore dans mes talons rouges, une évidence s'installe. Je n'en resterai pas là. Dans le train du retour, je rejoins à la fois ma maison et mon nouveau combat. Offrir un espace de parole au travers d'un podcast, aux personnes qui composent, bien souvent en silence, avec des maladies invisibles, et avec les regards de sociétés qui ne croient que ce qu'elles voient, deux réalités plus souvent subies que choisies. Aujourd'hui, loin de mes talons rouges et au plus proche de l'engagement, l'évidence s'étend. C'est à l'invisible ou pluriel que je vous invite. Ceux qui dans la chair, l'esprit et les sociétés se vit, sans pour autant faire de bruit. Si comme le dit Antoine de Saint-Exupéry, l'essentiel est invisible pour les yeux, ici, on compte bien le faire entendre. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    On peut être charismatique et dépressif. On peut être Mr Gay, parcourir le monde pour des concours de beauté et en parallèle, passer des journées enfermées chez soi, tant l'anxiété sociale et les idées noires sont écrasantes. Après quatre grandes dépressions, Angelo vit aujourd'hui avec ce qu'on appelle une dépression chronique. Plus jeune, il y avait des déclencheurs. Son homosexualité dans une société hétéronormée, une première rupture. Mais au fil du temps, la dépression s'est mise à surgir sans frapper à la porte. Un jour, sa sœur lui dit simplement « Tu as rendez-vous avec une thérapeute, tel jour, à telle heure. » Il ne le sait pas encore, mais cette thérapie va lui sauver la vie. Aujourd'hui, Angelo met son image au service de la sensibilisation. pour valider les émotions négatives, pour dire que c'est ok de ne pas aller bien, pour rendre hommage à sa maman, qui s'est suicidée alors qu'il était enfant, et à toutes celles et ceux dont la voix a été, ou reste encore, invisibilisée. Il trouve nécessaire d'en parler, de partager pour soi,

  • Speaker #2

    pour ses proches,

  • Speaker #1

    et pour faire avancer la cause.

  • Speaker #2

    Hello Angelo !

  • Speaker #3

    Salut !

  • Speaker #2

    Toi, tu es Mister Gay Suisse 2024 et tu as représenté la Suisse au concours Mister Gay World.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    Tu es beau, tu es charismatique, tu as toujours le sourire, tu sembles coquin, joueur sur les réseaux sociaux, tu es souvent entouré d'autres personnes. Tu corresponds en rien aux idées reçues que l'on a à propos de la dépression chronique et de l'anxiété sociale. Non. pourtant C'est bien avec ces deux problématiques de santé mentale que tu navigues.

  • Speaker #3

    Exactement, oui.

  • Speaker #2

    As-tu le sentiment aujourd'hui de vivre avec une ou plusieurs maladies invisibles ?

  • Speaker #3

    Moi, je les regroupe, je les remets dans une, puisque l'anxiété sociale est venue à travers la dépression. Ça m'a créé ce symptôme-là. Mais oui, j'estime que oui, on peut vivre, que je vis avec une maladie invisible qu'on ne voit pas du tout.

  • Speaker #2

    Pourquoi on ne les voit pas ? Parce que justement, tu as... Ce rôle-là, très charismatique, et puis derrière, il y a une souffrance qui n'est pas vue par un grand nombre. En quoi c'est invisible pour toi ?

  • Speaker #3

    Ça ne se voit pas. Justement, ça ne se voit pas. Parce que comme je dis, c'est plus facile de voir quelqu'un qui a un bras cassé, une jambe cassée. Parce qu'on le voit tout de suite. Et là, vu que c'est dans notre tête, dans la vraie vie, quand on nous voit sourire au travail et bien habillés, les gens se disent « Non, ça a l'air d'aller. » Et les gens ne se posent pas plus de questions.

  • Speaker #2

    Et Angelo, en cet instant, comment tu décrirais ton état d'esprit ? Je te pose la question parce que je sais que tu es quelqu'un qui aime qu'on puisse valider et nommer les émotions. D'ailleurs, on en parlera plus tard. Alors, ma question, c'est comment tu vas là maintenant ?

  • Speaker #3

    Je dirais une moyenne, ça va. J'ai toujours des up and down, mais je suis dans un... Dans une constance. J'ai des périodes d'hyper bonheur et des périodes où je suis le plus down. Et là, vu qu'on rentre dans la saison aussi automnale, je sais que je suis hyper sensible à ça. Et je me sens plus sensible, on va dire.

  • Speaker #2

    Ça représente quoi, cette sensibilité ? Comment ça se manifeste chez toi ?

  • Speaker #3

    Fragile dans l'humeur, la motivation, la perte d'envie de faire les choses. Mais quand je suis dans mes phases dépressives, je me renferme beaucoup. Je sens que je n'ai pas envie de sortir, je n'ai pas envie de voir du monde. C'est des petits signes qui montent déjà en mode « Ah, je rentre dans une période presque d'un automatisme. » C'est un automatisme que je me suis créé pour, d'une certaine forme, me protéger.

  • Speaker #2

    De quoi ?

  • Speaker #3

    C'est inexplicable. C'est que ma thérapeute, on a compris que mon instinct, quand je ne sais pas bien, c'est de m'enfermer. J'avais une peur, moi j'avais une peur de me montrer, de me dévoiler, de montrer au monde, ok, ça ne va pas. Et c'est d'où j'ai créé mon anxiété sociale, c'est de montrer, j'avais peur de me montrer et de dire que ça ne va pas. Et ça m'avait presque créé une phobie, c'était incroyable.

  • Speaker #2

    Tu me disais hors antenne qu'il y avait des moments où tu avais même de la difficulté à simplement aller boire un café en terrasse ou recevoir l'appel d'un ami. C'est l'anxiété qui générait ça ou c'est justement cet aspect où la dépression faisait que tu ne voulais pas montrer cette vulnérabilité ?

  • Speaker #3

    C'est qu'en fait, je pense qu'au bout d'un moment, on est pris d'une honte et moi, je voyais que ça. Quand je suis déprimé ou quand je ne suis pas bien, j'ai l'impression que je mets des lunettes et que je vois tout à travers la dépression. Et du coup, rien ne m'effrayait. Genre, aller boire un café, j'ai l'impression que le serveur allait voir que j'étais déprimé. Qu'un ami... C'est de me poser la question « Salut, ça va Angelo aujourd'hui ? » et que si je répondais « ça va » , qu'elle allait tout de suite comprendre que ça n'allait pas. Et je me suis créé un peu un... presque une paranoïa du mal-être. Alors que dans le fond, on a le droit de dire que ça ne va pas. On a des sauts d'humeur de... C'est la vie, des fois on est heureux, des fois on n'est pas heureux. Mais je pense que je me suis créé un... Ouais, c'est le cerveau qui dit « non, ça ne va pas » .

  • Speaker #2

    Et qu'est-ce qu'on vit quand on a ses lunettes de la dépression ? Qu'est-ce qu'on voit derrière ses lunettes ?

  • Speaker #3

    De la tristesse, du mal-être, de l'incompréhension. Je me suis beaucoup de fois posé la question, mais pourquoi ? Pourquoi je vis ça ? Je cherchais souvent un événement déclencheur. Parce que moi, comme je fais des dépressions chroniques, souvent j'avais des raisons. Genre, quand j'étais ado, mon homosexualité, mon identité. Donc j'avais toujours une raison. Ma première rupture. J'avais une raison. Ah ok, je suis triste parce que... Et des fois, j'avais des dépressions où je ne savais pas. Pourquoi je ne savais pas ? Tout semblait aller. Le boulot, ça allait. Je voyais mes amis. Et non, ça n'allait pas. Et je ne comprenais pas pourquoi. Et c'est là que j'ai compris que c'était une maladie. Et que c'est dans le cerveau.

  • Speaker #2

    Tu parles de dépression chronique. Est-ce que tu peux du coup revenir sur ta première dépression, de ce que ça a signifié pour toi ? J'ai l'impression que c'était dans une période charnière où tu semblais renvoyer une image d'anormalité face à une société qui est parfois homophobe.

  • Speaker #3

    C'était exactement ça. J'étais enfant, j'ai grandi. La société nous montre que le couple de base, on le voit partout, c'est que les hommes et les femmes. Et je me sentais différent. Je me disais... Je suis attiré par les garçons, j'aime les garçons, et ça ne me reflétait que l'image qu'il y a un truc qui ne va pas. Après, je me suis même tourné vers le côté religieux, on se pose la question, parce que les religions le disent fort, que l'homosexualité, ce n'est pas bien. Et j'essaie de trouver un endroit où ça me disait, en fait, non, tu es juste normal. Et le jour où je l'ai compris, c'est quand une amie m'a acheté un très beau livre, Comprendre l'homosexualité. Et ce livre m'a fait un bien fou parce que du coup, je me suis senti, bah non en fait, je suis un humain, j'ai le droit d'aimer qui je veux. Et là, je me suis senti bien. Mais c'est vrai que durant des années, j'ai souffert de ça. De ne pas me sentir comme les autres, dans la normalité que la société veut, quoi.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu as le sentiment que la société t'a rendu dépressif ? Le fait de ne pas rentrer dans des normes sociétales, est-ce que c'est ça qui a amené cette première dépression ?

  • Speaker #3

    Oui et non. Je veux dire que la société n'a pas forcément aidé. C'est vrai que si j'aurais grandi et qu'on aurait vu que l'homosexualité était tout à fait normale, peut-être que je ne l'aurais pas vécu. Mais c'est vrai que la société n'en a pas aidé, je dirais.

  • Speaker #2

    En fait, elle a comme accentué cette crise identitaire.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    C'est déjà une période charnière, cette époque-là. Je ne sais pas quel âge tu avais, tu étais jeune adulte, adolescent.

  • Speaker #3

    Je savais. Entre mes 12 et mes 18 ans, oui.

  • Speaker #2

    C'est une période où on passe tous par une crise. Oui. Ou en tout cas, grand bien leur face à ceux qui ne passent pas par là. Mais j'ai l'impression que c'est...

  • Speaker #3

    Ça avance, ça s'imprime.

  • Speaker #2

    C'est déjà un peu compliqué pour toute personne. Mais il y a un moment donné où, quand on ne se confond pas à un cadre qui est celui qui est censé être celui qui est donné par le système, ça peut être d'autant plus douloureux, j'ai l'impression. Oui,

  • Speaker #3

    bien sûr.

  • Speaker #2

    Tu as nommé que tu avais eu trois autres dépressions. Donc aujourd'hui, on en compte quatre, c'est ça ?

  • Speaker #3

    Oui, je suis en train de vous dire quatre. Grosse dépression, vraiment, où tu as des périodes où ça ne va pas. Parce qu'on dit qu'une dépression, c'est vraiment quand c'est des longues périodes. D'ailleurs, les médecins disent qu'au bout de deux semaines, si durant deux semaines, on est tout le temps dans le noir, on prend du noir, on est triste, on n'a pas envie de rien, on commence à penser que c'est un épisode dépressif. Après, il y a des niveaux. Et moi, je ne fais que quatre. 4 ? Ouais J'avais des raisons, et la dernière que j'ai faite il y a deux ans, c'est celle où je ne comprenais pas. Je n'avais pas de raison, parce qu'au début j'avais des raisons. Comme je dis, c'était mon homosexualité, c'était ma rupture, après vers la vingtaine, quand on change de travail, j'avais une crise de tout. Et après, la dernière à mes 31 ans, j'en ai 33, là, aucune raison. Du jour au lendemain, un mal-être, une tristesse, plus plaisir à rien. Et là, ça a été l'une des plus dures, parce que je ne comprenais pas, et je cherchais une raison. Je cherchais à me demander ce qu'il a fait, qu'est-ce qu'il a fait de l'événement déclencheur pour que je vive ce mal-être.

  • Speaker #2

    Tu crois qu'on a besoin de se raccrocher à une hypothèse, une explication pour mieux vivre la maladie ? Moi,

  • Speaker #3

    en tout cas, oui. Moi, j'avais besoin d'une explication. Et je l'ai eue après à travers la thérapie, de comprendre qu'on a un cerveau et que d'où on dit que c'est une maladie et qu'il y a un dysfonctionnement qui se passe dans nos têtes et qui amène à la dépression.

  • Speaker #2

    Et ça, comment tu l'as compris ? Qui c'est qui t'y a amené à identifier ?

  • Speaker #3

    De base, moi, parce que le malade, je le savais, mais à mettre le mot dessus, ma thérapeute, ma psychologue.

  • Speaker #2

    Qui c'est qui t'a dirigé vers ta thérapeute ?

  • Speaker #3

    Alors, mon entourage me conseillait, mon colloque, ma sœur, mais moi, j'avais un blocage par rapport à ça. Et en fait, un jour, j'appelais ma sœur et je lui ai dit, écoute, je crois que... Je vais voir une thérapeute. Je n'arrive pas à le faire. Je n'avais pas de force. Et c'est elle qui a pris l'initiative de l'appeler, de prendre rendez-vous. Elle m'a juste dit, tu as rendez-vous tel jour à telle heure. Donc, la seule chose que je devais faire, c'était prendre l'adresse, y aller. Et j'y suis allé.

  • Speaker #2

    Waouh, c'était une vraie alliée pour toi, ta sœur.

  • Speaker #3

    Clairement, clairement.

  • Speaker #2

    La santé mentale, c'est un sujet intime et sensible pour toi, surtout en raison de ton histoire familiale. Oui, oui. Ta maman s'est suicidée alors que tu étais un enfant en bas âge. Et ton père voit la thérapie d'un mauvais œil et on peut le comprendre.

  • Speaker #3

    Oui,

  • Speaker #2

    oui, oui. Parce qu'il y a un peu ce regard, aucune thérapie n'a sauvé ta maman.

  • Speaker #3

    Oui, exactement.

  • Speaker #2

    Et on l'a bourrée de médicaments et elle en est quand même arrivée là. Comment tu as osé, dans ce contexte-là, accepter, accueillir que toi-même tu vivais avec des problématiques de santé mentale et accepter de l'aide ?

  • Speaker #3

    Je pense que quand on n'est pas bien, déjà, de demander de l'aide, c'est déjà hyper dur. Il y a beaucoup de gens qui n'arrivent pas à demander de l'aide. Et du coup, il y a un moment, comme je dis, on est tellement dans un mal-être que du coup, on veut prendre n'importe quelle solution qui s'offre. Moi, j'ai tout essayé, la spiritualité, la religion, parce qu'on veut des solutions. Je vais m'essayer la médication. Ma docteure, elle m'a donné des antidépresseurs. On veut en sortir. Soit on se laisse m'en refondre. Ou soit on prend les portes qui sont en nous de l'aide qui s'ouvre à nous, ce qui est beau d'ailleurs, que les gens veulent nous aider et on fonce. Et ça qui m'a aidé, c'est vrai que moi j'avais aussi une idée un peu, pareil vu que j'ai perdu ma mère et moi les psychologues, ils n'avaient pas de solution. Moi je me suis dit, c'est un humain, quel humain va comprendre ce que je vis dans ma tête, mon mal-être ? Et vu mon histoire avec ma maman, je me suis dit,

  • Speaker #2

    yep.

  • Speaker #3

    ça va marcher avec elle, pourquoi ça marcherait avec moi ? Mais du coup, j'ai fait confiance et aussi d'entendre les autres me dire « Ah mais moi, je suis suivi, mon collègue était suivi. Mon collègue était suivi depuis 10 ans et il me mettait un peu la puce à l'oreille. Moi, je suis suivi, tu devrais trop aller voir une psychologue. » Et je suis là « Ouais, mais non. Ouais, mais non. » Et je disais toujours non jusqu'au jour où j'ai dit « Bah écoute, j'ai quoi perdre ? » Et la preuve, j'ai gagné et je n'ai pas perdu. Enfin, c'est incroyable. Moi, thérapeute, je l'aime trop. incroyable, j'ai appris tellement de choses. Sur moi et sur le cerveau et sur l'humain.

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, c'est une vraie ressource pour toi.

  • Speaker #3

    Oui, vraiment.

  • Speaker #2

    Le spubi est régulier ?

  • Speaker #3

    Oui, je la vois tous les deux semaines, des fois un peu moins, c'est par période. Il est régulier. Et ce qui m'a beaucoup aidé, c'est de comprendre le fonctionnement du cerveau. Le fait de comment ils fonctionnent en général et de comment le mien fonctionne. Et ça m'a libéré de fou.

  • Speaker #2

    C'est un peu ce que tu racontais tout à l'heure, ce besoin de compréhension. Ouais, ouais. Et des fois, ça permet aussi de mettre à distance la compréhension. Oui. OK, c'est moi qui fonctionne comme ça, mais c'est aussi mon cerveau et le cerveau de peut-être d'autres personnes. Je ne suis pas seul aussi là-dedans. Oui,

  • Speaker #3

    bien sûr, bien sûr. Ça m'a trop aidé de... mais Quand on vit plusieurs personnes à la même chose, il y a le côté solidaire. On se comprend tout de suite. Moi, je me rappelle, j'ai plusieurs amis qui se sont confiés à moi, qui m'ont dit « moi aussi, j'ai vécu des épisodes dépressifs » et du coup, on se sent moins seul. Ça aide énormément. Je ne suis pas le seul à vivre ça, c'est l'impression de devenir fou. Et le côté rationnel, moi, je suis quelqu'un de très rationnel. J'ai trop besoin d'avoir des explications. Et là, une thérapeute, elle peut parfaitement l'expliquer calmement et dire « voilà » . C'est le cerveau. J'ai appris comment le cerveau fonctionne quand on est triste, parce qu'on est totalement différent. Quand on est heureux et triste, on ne fonctionne pas de la même façon. Et c'est vraiment chimique. Dans le cerveau, je l'aimais. Et à chaque fois, je l'aimais. J'étais trop intéressé. Je l'aimais. Et c'est des petites caisses qu'elle ouvrait. Et au bout d'un moment, on se libère et on revit tranquillement la vie.

  • Speaker #2

    C'est intéressant de voir à quel point cet aspect chimique a un impact sur les filtres qu'on a par rapport à la vie. Quand on se sent bien, on peut vivre plein de choses qui sont plus ou moins douloureuses. Et puis, on a l'impression que ça nous passe au-dessus. On se dit, ce n'est pas grave. Enfin, voilà, et on rebondit vite. Puis, il y a des moments où il peut y avoir de la dépression, où tout est trop. En fait, on est à vif. Il y a une sensibilité trop exacerbée. Est-ce que tu as ce sentiment-là aussi ?

  • Speaker #3

    Moi, quand j'ai eu ma grosse dépression, j'ai vraiment déréglé. Je ne savais même plus ce qui me faisait plaisir. Je me souviens que ma psychologue m'avait dit une fois, elle m'avait dit « Madame, Angelo, si tu manges, même vous me dites que vous mangez une pomme et que ça vous fait du bien, je le comprends. Parce qu'on se sent tellement déréglé, on est tellement habitué à vivre dans le mal, dans le malheur. Et du coup, j'ai réappris à comprendre, ok, mais qu'est-ce qui me fait plaisir ? Pourtant, relationnellement, je le savais, j'aime le sport, j'aime sortir, je fais quand même je viens, j'adore aller au restaurant, j'adore manger. Sauf qu'on sent que c'est déréglé. Après, elle donne des outils pour vraiment le comprendre. Et j'ai perdu le fil de ta question.

  • Speaker #2

    C'était de savoir s'il y avait justement des filtres un peu différents en fonction des périodes dépressives ou des meilleures périodes où tu peux vivre les mêmes événements, mais si tu es plutôt dans un épisode dépressif ou plutôt où ça va bien, tu ne vas pas du tout les vivre de la même manière, avec la même sensibilité.

  • Speaker #3

    Ah oui, oui, du coup, ça me revient. En fait, ce que j'ai appris aussi, c'est que quand on est bien, on ne se pose pas de questions. On ne cherche pas à comprendre. « Oh, je suis trop heureux aujourd'hui, mais le pourquoi ? » On ne va pas creuser dans le cerveau. Pourquoi je suis heureux ? C'est parce que la dame ce matin m'a dit « Bonjour au café » . Et quand on n'est pas bien, on creuse. On part dans des toiles d'araignées. On cherche le petit détail du pourquoi, qu'est-ce qu'il y a. Et ça, j'ai appris à travers ma thérapie que le cerveau est comme ça. Que le cerveau, quand on est heureux, on ne se pose pas du tout de questions. Et quand on n'est pas bien, on se torture encore plus. si on cherche c'est Ma petite me disait même qu'on fait une étoile d'araignée. On part dans tous les sens alors que... Et c'est vrai, quand elle m'a dit ça, ça m'a fait sens. C'est incroyable, c'est vrai.

  • Speaker #2

    J'adore, ça me parle énormément. J'avais rarement vu ça sous ce tangue-là. Mais c'est vrai que quand ça ne va pas, tout est décortiqué, tout est analysé, tout est... empiré. Enfin voilà, il y a vraiment tout un tableau noir comme ça. Puis quand ça va, en effet, on ne se dit pas mais alors est-ce que je suis heureuse parce que la boulangère ce matin m'a fait un compliment ? C'est vrai ? Ouais, c'est vrai. En fait, il n'y a pas de question et c'est ce que tu dis. Et en fait, c'est cette tranquillité de l'esprit quand on est hors d'un trouble de santé mentale. Il y a une sorte de tranquillité de l'esprit.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'aujourd'hui, tu touches à des moments ces espaces de tranquillité d'esprit ?

  • Speaker #3

    Oui, j'y arrive. Après, j'ai plein d'exercices que je pratique, la méditation, les exercices respiratoires, les moments qui me font du bien. Parce qu'il faut savoir que devant un ami, se confier, sortir, j'adore manger, donc me faire du bien. Et j'ai des moments où je suis vraiment plus calme. Et après, j'ai des périodes où je vais revenir, où je vais être pas bien du tout. Mais maintenant, je sais comment je fonctionne. Du coup, je sais tout de suite. Ah voilà, je sens que je suis pas bien, j'ai mes petits réflexes, j'appelle ça mes petits démons. Mes petits démons, je veux me protéger, j'ai pas envie de sortir. Et du coup, il me dit, ah non, non, on se force. Allez, là, tu vas pas rester chez toi. Ok, tu restes un ou deux jours cloué au lit, mais continue à faire les activités, parce que c'est les activités, les comportements qui aident de nouveau après à revenir dans le bien, quoi.

  • Speaker #2

    Après, ce n'est pas toujours simple de savoir dans quoi on est réellement, parce qu'on peut avoir envie d'être au calme, tranquille chez soi, surtout des périodes justement automnales comme maintenant, sans être en dépression.

  • Speaker #3

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #2

    Mais toi, tu sens par d'autres indices que là, tout d'un coup, c'est un moment où tu flanches un peu, par exemple.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    Et c'est dans ces moments-là que tu te dis, OK, il faut que je me raccroche à ces plaisirs, il faut que je me reconnecte plus à mon physique, à mon corps. Tu disais respiration, méditation.

  • Speaker #3

    Exactement. Pour un peu me... Parce que moi, j'ai avec mon cerveau, il a pris des automatismes quand je ne suis pas bien. Et en fait, parce que d'ailleurs, ma thérapie, c'était en comportement. Parce que des fois, notre cerveau, j'ai appris qu'on fait des comportements. qu'on croit être bien. Par exemple, moi, je m'enfermais chez moi parce que j'ai de l'anxiété sociale. Donc moi, je m'enfermais en me disant « Ok, trop bien. J'ai peur du monde, d'être chez moi, je me sens protégé. » Mais après, ça faisait l'effet inverse. Vu que je ne sortais pas de chez moi, je me sentais mal, je me disais « Je ne fais plus rien, je suis toujours enfermé chez moi. » Et du coup, c'était un comportement que je pensais qui me protégeaient. mais qui du coup ne me protège pas. Vu qu'à la longue, je me sentais nul, insinuant, je n'étais même pas capable d'aller boire un café. Et en fait, c'est là que j'ai appris que le comportement, même si on croit qu'il est rationnel, des fois il est irrationnel. Et c'est là que j'ai appris à la traumathérapie, en fait non, des fois il faut faire des choses et qu'à la fois ça fait la boule en verre. On inverse la vapeur et après ça reprend, on reprend du rythme, on prend confiance.

  • Speaker #2

    Tu parlais tout à l'heure des plaisirs. Aujourd'hui, c'est quoi les plaisirs qui te reconnectent peut-être à l'instant, qui te donnent un peu goût à la vie, même quand ça ne va pas ?

  • Speaker #3

    C'est marrant, on revient souvent aux plaisirs simples de la vie, des choses basiques, un petit café en terrasse, un repas, une cuisine, une conversation. Alors que souvent, on est dans ce monde-là, on a tellement l'impression qu'on a besoin de grandes choses pour être heureux dans le matérialisme, dans les voyages, des fois, c'est des petites choses simples qui... qui font du bien et que je savoure différemment maintenant.

  • Speaker #2

    Et à quel moment tu as osé parler de santé mentale à ton entourage, à tes amis, à ta famille ? Alors, à ta famille, tu parlais de ta sœur, du coup, assez rapidement, j'ai le sentiment. Oui. Mais peut-être aussi avec les amis.

  • Speaker #3

    Alors, sur le moment, c'est toujours très dur pour moi de le dire. Parce que j'avais une honte. Je ne voulais pas le montrer, je ne voulais pas. Et j'arrivais à le camoufler, je suis sur les réseaux, créateur de contenu, au travail. Donc j'arrivais à cette faculté à bien le camoufler. Je n'arrive même pas vraiment à me souvenir, je crois que ça s'est fait naturellement, d'un coup. Je crois que c'était avec ma soeur, j'ai dit ça va et j'ai dit non mais ça ne va pas. Mais je me souviens que le fait de le dire, c'était tellement libérateur. Et comme ça aussi, l'entourage après il comprend. Maintenant, quand je fais mes petites épisodes dépressives, je leur dis si jamais je suis moins motivé, c'est normal. Si je commence à dire beaucoup de mots, sachez parce que je rentre dans une épisode dépressive et mon entourage comprend comment je fonctionne. Et du coup, je me sens beaucoup plus compris aussi. Et accepté et respecté. Parce que souvent, les gens veulent changer l'attitude. Je ne peux plus parler de certaines choses. Je dis non, je ne change rien. Restez vous-même, soyez vous. Et c'est comme ça que je ressors votre amour et votre respect. C'est le plus important.

  • Speaker #2

    Il y a deux choses qui sont intéressantes là, je trouve, c'est qu'à la fois tu parles du fait que c'est libérateur de dire ça va pas, comme si c'était important quelque part pour l'être humain de quand même dire la vérité, d'être dans la vérité de ce qu'il vit, de ne pas cacher, de ne pas masquer. Pourtant, on est des grands acteurs et actrices aujourd'hui à masquer ce qu'on vit, mais on sent, et je le vois aussi dans les groupes de paroles que je propose, quand on vient toucher et dire une vérité, il y a quelque chose qui se libère. Je trouve ça... extrêmement puissant et c'est ce que tu fais aussi en parlant dans ce podcast. Et l'autre chose que je trouve intéressante par rapport à l'entourage, c'est que j'ai l'impression, et ça tu me l'avais aussi un peu dit hors antenne, c'est comme si tu avais un peu appris à ton entourage à simplement écouter et pas à essayer de te réparer, à pas essayer de trouver des solutions. Souvent les gens, quand ils sont impuissants face à soi, ils veulent nous aider à tout prix, mais c'est pas toujours les bonnes techniques. En fait, est-ce que... simplement écouter, c'est déjà un pas qui semble pour toi énorme de la part de ton entourage.

  • Speaker #3

    Bien sûr. L'écoute, la compréhension va se dire, ok, ça va pas et d'avoir quelqu'un en face qui dit, ok, je comprends que ça n'allait pas. Et de laisser le ça va pas. Dans le réflexe, on a souvent tous ces réflexes qu'on n'est pas bien, on veut tout de suite switcher. C'est le premier réflexe qu'on appelle un ami, je ne suis pas bien, tu sais quoi, on va au restaurant, on va boire un verre. Et en fait, des fois, on devrait se dire, non, ça ne va pas. Bon, va-y. Bite ton sac ! Dis ce qui va pas avant d'aller au restaurant et switcher et de boire un verre. Mais on a tous cet automatisme de... Allez, comme si on ne devait pas vivre les émotions négatives, on switch. Et je n'arrête pas de dire maintenant aux gens, non, vivez les émotions petites. Parce que moi, j'ai fait souvent des trop-pleins. Et maintenant, justement, pour ne pas arriver à ce trop-plein, non, tout de suite, je vide mon sac. Ah, il y a ça qui ne m'a pas plu. Des détails, des fois dans la vie, on n'est pas content que le pneu soit crevé de la voiture. Non, on a le droit de vivre cette émotion. OK, non, ça me saoule que mon pneu soit crevé. Si on arrive au bout d'un moment, il y a pire dans la vie. Bah non, c'est un sentiment qui est là. Donc, tu as le droit de le vivre et point barre.

  • Speaker #2

    Et en quoi c'est important de nommer et valider ses émotions ? C'est pour pas que ça s'empile, c'est ça ? Et que ça devienne horrible à un certain moment ?

  • Speaker #3

    Je pense, moi, c'était mon cas. Moi, je sais que j'ai jamais validé mes émotions négatives toute ma vie. Je me suis toujours caché derrière ça. Pas caché, mais j'étais moins aimé être ce côté optimiste que les gens me disaient. Je ne me suis jamais vraiment accepté mes émotions négatives. J'étais le premier à moi-même auto-switcher dès qu'il y avait un truc qui n'allait pas. Ah, mais ça va pas. mais à pire dans le monde C'est bon, en fait. Et maintenant, j'ai appris à... Ben non, l'un va avec l'autre.

  • Speaker #2

    Quand tu as remporté Mister Gay Suisse, c'est un moment où tu aurais pu vivre ça de manière extrêmement optimiste. Mais tu m'as quand même confié que deux jours après ou pendant deux jours ou le lendemain, je ne sais plus exactement, tu as beaucoup pleuré.

  • Speaker #3

    À la suite de la finale, oui. Bon, après, il y avait le choc. C'était une belle aventure. On était au Royaume-Uni. On était plein de garçons du monde entier avec chacun ses histoires. Et c'est vrai qu'après la finale, tout le monde a un peu disparu. J'en avais vu des garçons qui avaient des bais d'avion le lendemain, Mister Thailand, ils partaient en Thaïlande, du coup j'ai vu tout le monde partir et j'ai vraiment vécu cette émotion en mode, c'est la fin, je l'ai vécu un peu comme un choc et j'ai accepté. Bah je suis triste, je suis triste oui parce que j'ai aimé ces garçons, ils partent et je me souviens que je pleurais, j'étais là mais j'ai le droit, j'ai le droit, c'est la fin d'une belle aventure, c'est la fin, c'est une émotion je suis triste parce que plus de les voir ça va être compliqué de les voir Et j'ai laissé l'émotion couler, quoi.

  • Speaker #2

    Il peut y avoir beaucoup de solitude après énormément d'effervescence. Et toutes les caméras tournées sur soi. Et tout d'un coup, on se retrouve, je ne sais pas, seul dans sa chambre d'hôtel. Et on est là, mais que quoi le monde ?

  • Speaker #3

    Pourquoi ? Je me souviens que je l'ai vraiment accepté. J'étais en mode, j'ai le droit de vivre cette petite tristesse de c'est la fin, c'est fini.

  • Speaker #2

    Tu m'as dit que lors de l'événement Mr Gay World, tu as échangé avec Mr Gay Inde, qui partageait aussi un intérêt pour la santé mentale. Oui. Qu'est-ce que ce dialogue international t'a appris sur les différentes approches et besoins en matière de santé mentale dans d'autres cultures ? De quoi on a besoin ailleurs en termes de santé mentale ? En tout cas en Inde, là précisément.

  • Speaker #3

    C'était trop beau. Rien que tu m'en parles, j'ai du frisson parce qu'à Mr Gay World, on avait tous des projets sociaux. On avait tous parlé un peu d'un projet et moi, c'était la santé mentale. Et lui, c'était aussi la santé mentale. Et quand il m'en a parlé, la première chose qui m'a choqué, c'est que l'accès à l'information, là-bas, c'est incomparable. Les gens se posent le mot psy. Ils me disaient, ça ne vient même pas aller à l'idée. Si quelqu'un n'est pas bien, on ne dit pas en mode, on va voir un psy, ça te ferait du bien peut-être. Et lui, je pense que son projet, il était magnifique parce qu'il a créé une association qui permettait justement à... Il a réussi à choisir 200 indiens. à avoir accès à des thérapeutes en Inde. Là-bas, c'était le prix. Personne ne me disait que c'était hors de prix. Et là, tu vois que moi, qui suis en Suisse, j'ai un accès à la santé, qu'elle soit physique ou mentale, beaucoup plus rapide que d'autres pays. C'est ça que je comparais. Je voyais les différents garçons, je leur ramenais leur histoire, leur identité, leur homosexualité d'autres pays. Et j'étais là, mais... Et je me souviens que c'était beau. Et je me suis senti privilégié.

  • Speaker #2

    C'est ça, on a des privilèges énormes.

  • Speaker #3

    Mais qu'on oublie.

  • Speaker #2

    Et toi, justement, aujourd'hui, tu utilises ton image pour faire avancer et défendre ces causes. Qu'est-ce que tu as vraiment envie que les gens y comprennent au travers de cet engagement ?

  • Speaker #3

    Qu'on a le droit. Qu'on a le droit de parler bien. Que c'est un droit. C'est humain, c'est la partie de nous. Et que... Demander de l'aide, ça peut être dur, mais c'est très beau à la fois aussi. Parce que beaucoup de gens ont peur de demander de l'aide. On a peur de dire ça va pas, j'ai besoin d'un coup de main. On est tellement égocentrés sur nous qu'on a tous réussi à faire tout seul nos vies par nos propres moyens. Et c'est ça que je veux dire, que les sentiments sont faits pour être vécus. Et que les moments de faiblesse aussi, on a le droit, c'est hyper important.

  • Speaker #2

    Et en même temps, on peut avoir peur parce qu'on... peut ne pas toujours être écouté.

  • Speaker #3

    Oui, c'est vrai que chaque situation est différente. Moi, j'avais un entourage, donc j'ai... J'ai eu la chance, c'est vrai que chacun est différent, mais déjà de l'essayer, on ne sait pas comment l'autre va réagir. La preuve quand j'ai dit à ma sœur bah...

  • Speaker #0

    je suis prêt à avoir un psy si elle est capable d'avoir une initiative. Donc, je lui ai transmis l'information. En transmettant l'information, les autres sont au courant. Si on ne sait pas, on ne peut pas deviner. Je dis souvent, on n'est pas devant. Je dis souvent, on ne sait pas ce qui est dans la tête de l'autre, ce qui est en face de nous. Quand j'arrive au boulot, que je suis au collègue, je ne sais pas ce que ma collègue a vécu hier soir. Peut-être qu'elle a vécu une merveilleuse soirée, peut-être qu'elle s'est disputée avec son mari et qu'elle n'est pas bien. et tant qu'on ne transmet pas l'info, on ne peut pas vraiment non plus deviner. D'où le mot invisible, on ne le voit pas. Si je viens demain avec un plâtre au boulot, ou j'ai ma collègue avec un plâtre,

  • Speaker #1

    tu vas tout de suite te poser une question.

  • Speaker #0

    Ben oui, ça va, qu'est-ce qui s'est passé ? Tandis que la tête, on ne le voit pas.

  • Speaker #1

    Avec la maladie invisible, la personne en face n'a pas pris conscience des enjeux. Elle ne va pas venir te poser chaque jour la question, et même plusieurs fois dans la journée, comment tu vas là en cet instant, alors qu'on le fait tout à fait avec un signe qui est distinctif. Est-ce que quand on se confie à son entourage, du coup... Quand on est dans une relation plus transparente, il peut y avoir quelque chose qui se renforce dans la relation.

  • Speaker #0

    Ah, bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as des anecdotes de moments partagés avec des gens où tu t'es dit, là, on a touché, atteint une profondeur qu'on n'aurait peut-être jamais eue si je n'en étais pas arrivé à parler avec autant d'authenticité ?

  • Speaker #0

    La preuve, j'ai une amie, quand je dis une fois que j'étais en dépression, elle l'était aussi et je ne savais pas. Et en fait, du coup, on a commencé à pleurer les deux. Et après, c'était bon. Tout de suite, on s'est entraînés mutuellement. Tout de suite. On faisait des conseils, on m'envoyait des exercices de respiration, de méditation, et je les envoyais aussi. Et du coup, il y a eu ce côté vraiment, on se comprend. Et ce que j'ai senti vraiment avec ceux qui ont vécu la même chose que moi, c'est vrai qu'avec d'autres parts, je n'allais pas voir les psychologues, que je me sentais incompris. mais... S'ils n'ont pas vécu ce que j'ai vécu, ils ne vont pas comprendre. Et là, le fait qu'on a vécu la même chose, ça nous a assemblés et l'entraide. On sent que l'humour reprend face et que les gens s'entraident. Et c'est ça qui est beau.

  • Speaker #1

    En fait, ce que je vois, c'est que quand on se légitime soi-même de ce qu'on vit et que du coup, on le verbalise aux autres, on permet à d'autres personnes de se légitimer aussi dans ce qu'elles vivent. Donc, ouvrir sa parole, quelque part, c'est une preuve d'engagement, voire de militance, en fait.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai. Mais c'est vrai, d'une part. Parce que le fait d'ouvrir sa part de faiblesse, c'est... Parce que quand on n'est pas bien, on a l'impression de plus parler avec le cœur. On se sent entier, je me suis libéré. Et quand on parle de choses négatives, quand on se libère, tout de suite, sa contrebalance, l'amour vient renforcer ça, quoi. C'est ça qui est beau.

  • Speaker #1

    Si aujourd'hui, tu devrais à nouveau retourner dans la dépression, parce qu'on parle de dépression chronique, comment tu t'engagerais là-dedans, entre guillemets ? Le mot est peut-être fort, mais comment tu... Qu'est-ce que tu ferais ?

  • Speaker #0

    Moi déjà, je suis suivi, j'ai ma thérapeute, donc même après le concours, tu en parlais tout à l'heure, dès que je suis revenu, je l'ai appelée. Tout de suite, pour verbaliser, pour le dire. je sais que je suis sujet A, donc je l'accepte. Sauf que comme je l'ai dit, la petite différence, c'est que maintenant, je connais mon mécanisme. Donc, je sais comment je fonctionne. Donc, j'ai les outils pour A. OK, je ne vais pas bien, mais je sais comment avancer et mieux avancer. Tandis qu'avant, je n'avais pas les outils. Et c'est ça que je veux faire comprendre aux gens. Des fois, on peut avoir les outils. Demander de l'aide pour avoir les outils pour mieux se comprendre, mieux avancer et mieux guérir.

  • Speaker #1

    Et on peut avoir les outils et quand même entrer dans la dépression. Est-ce que ça, c'est OK ?

  • Speaker #0

    Oui. J'ai envie de te dire, tu n'as pas le choix quand tu es dedans. Mais bien sûr, bien sûr. Je suis OK de revivre, mais c'est peut-être dépressif. Je sais que je vais en revivre. Vu que j'en ai vécu plein. Je me protège. Je sais que je veux l'évitement, je veux tout faire pour pas. Mais j'accepte. J'accepte que ce sujet, j'ai accepté que c'est aussi une maladie.

  • Speaker #1

    Toi, tu as une phrase aujourd'hui qui est quand même « it's okay to not to be okay » . Ah,

  • Speaker #0

    clairement.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'elle signifie pour toi et comment tu espères qu'elle résonne chez les personnes qui te suivent ?

  • Speaker #0

    Justement qu'ils acceptent, ouais, it's okay. Je ne suis pas okay, mais c'est okay de ne pas être okay. Et qu'est-ce que je vais en faire, surtout ? Certains, ils arrivent à l'accepter, à vivre avec un moment pas bien et… le switcher et certains, ils ont le droit de dire, ok, je ne suis pas bien, est-ce que je peux faire en sorte que ça aille mieux ? Et du coup, ouvrir la porte des possibilités et qu'il y a plein de possibilités pour aller mieux. plein pour s'aider, pour mieux se connaître. Moi, c'est quoi ? Ce que j'ai appris à travers ma thérapie dans le fond, c'est comment je fonctionne encore. Je me suis encore mieux connu moi-même. Une autre part de moi que je ne voulais pas connaître, une part plus sombre, plus triste, mais ça m'a aidé à me connaître encore plus dans ma globalité.

  • Speaker #1

    Dans les outils, tu nommais la respiration, les méditations, la thérapeute, peut-être sortir avec un ami, est-ce que t'en as d'autres à proposer ?

  • Speaker #0

    Non, celle que j'ai pratiquée. Après, moi, je suis un peu spirituel, donc j'ai fait aussi beaucoup de soins énergétiques. J'aime beaucoup de massages, de relaxation. On nettoie un peu les cheveux. Ça, c'est mon domaine. Pas tout le monde aime ou aime ça. Non, c'est dans la compétitivité. C'est ça, la parole, la base. Non, je n'ai pas d'autres qui me viennent à la tête comme dans l'esprit que j'utilise.

  • Speaker #1

    Après, sans forcément parler de soins énergétiques, parce que comme tu dis, ça ne parle pas à tout le monde, le fait de revenir au corps avec un massage ou quelque chose qui permet de... revenir là, dans sa base, dans l'instant ? Parce que souvent aussi, quand on n'est pas bien, on se dissocie un peu de soi, parce que c'est trop dur d'être à l'intérieur de soi. Est-ce que du coup, de revenir dans le corps, selon toi, ça peut être un outil ?

  • Speaker #0

    Oui. Le sport, je ne vais pas parler du sport. L'activité physique, le fait de bouger, ou les massages, les soins, d'activer son corps, aide beaucoup aussi.

  • Speaker #1

    Dans quelque chose qui est des fois plus physiologique, au final, qu'un impact sur les pensées ou le mental.

  • Speaker #0

    Exactement. Oui, oui, clairement.

  • Speaker #1

    Moi, j'arrive gentiment sur mes deux questions de fin. Est-ce que toi, avant ça, t'avais envie de partager, rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de dire ce qu'il y a de beaucoup. L'espoir existe. Et je dis souvent qu'après la pluie, il y a toujours le beau temps. Je le dis toujours. Donc, c'est l'espoir qui fait... qui m'a fait aussi avancer. Moi, dans ma dépression, le fait de me dire qu'il y a une lumière au bout du tunnel, ça aide à avancer. Et moi, j'y crois qu'on a tous un moment le droit à respirer, à aller mieux, à sourire et que certains, c'est plus dur que d'autres. Mais moi, j'y crois et que l'espoir aide beaucoup et que ça peut aller mieux.

  • Speaker #1

    Donc, même dans l'espace le plus noir, t'as toujours senti qu'il y avait quand même quelque chose qui ferait qu'un jour, ça irait mieux. Il y avait une intuition.

  • Speaker #0

    Je me forçais à y croire.

  • Speaker #1

    Tu te forçais.

  • Speaker #0

    Ben, on est vivant quand même. Je me dis, quand même, quand j'étais au bout de mon lit, en train de pleurer, en train de ne pas savoir ce qui se passait, je me disais, un jour, je vais comprendre. Mais sur le moment, c'est horrible. Quand tu es sur le moment et que tu n'es pas bien, les gens qui vivent de dépression, ils le savent. Les moments durs, tu ne comprends pas. Mais au fond de moi, je me dis, je suis quand même vivant. Il y a forcément une raison à tout ça. Je vais comprendre. La preuve, ça ne m'a jamais poussé autant à m'instruire, à m'informer sur cette maladie mentale, à faire autant de thérapies. Je ne connaissais pas autant de thérapies. Les soins, les massages, les exercices de respiration ou d'autres choses, les cohérences cardiaques. La preuve, ça m'a poussé. Dans ce domaine, j'ai appris tellement de choses d'un côté.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'aujourd'hui, tu as le sentiment que de visibiliser ces problématiques de santé mentale, c'est comme si ça réparait quelque chose en lien avec le suicide de ta maman ?

  • Speaker #0

    Oui, je veux prévenir. Je suis en train de guérir ce trauma d'enfance que j'ai de l'avoir perdu ma maman. Je pense aussi, il y a plein de fois où je me posais aussi la question, pourquoi je fais une dépression ? souvent posé la question si c'est héréditaire, à un psychologue. Est-ce que c'est héréditaire ? On dit que. On dit que les personnes qui ont des entourages proches, qui ont des dépressifs, qu'on peut plus l'être. Et je pense qu'il y a une part de moi qui veut combattre et pour pas arriver à cette finalité du suicide de ma maman, et de dire que non, c'est pas la seule solution, qu'on peut toujours rester en vie, qu'on peut toujours vivre et trouver les solutions pour ça. avec mon exemple de ma maman c'est le côté tragique de la dépression c'est le pire scénario c'est horrible et je veux montrer que je pense qu'il y a des solutions qu'on peut tous en guérir souvent

  • Speaker #1

    on oublie que les personnes qui se suicident sont des personnes malades et que le suicide est souvent une conséquence au fait d'être invisibilisés, ignorés, que la maladie est méconnue, pour toutes ces raisons-là. Moi, ça me touche particulièrement parce que j'ai un grand-père que je n'ai pas connu, qui s'appelle Angelo, qui s'appelait Angelo, et qui s'est aussi suicidé. Et dans mon intuition, je pense qu'il était malade, non diagnostiqué. Il allait très souvent en hôpital psychiatrique, mais il n'y avait pas eu de mots, je crois, sur ce qu'il vivait. Et il a fini aussi par se donner la mort. Et j'ai l'impression qu'aujourd'hui, on leur rend un peu hommage à ces personnes qui n'ont pas eu forcément le bon accompagnement ou la bonne personne qui a su les regarder lorsqu'elles vivaient foncièrement. Et je me dis, aujourd'hui, c'est une part de nous aussi de militer pour eux. Bien sûr. Pour ces voix qui ont été invisibles jusqu'à la mort.

  • Speaker #0

    Oui. Et peut-être pas écoutées à ce moment. Et c'est ce que je veux aussi. C'est vrai que ma mère, elle n'avait que l'entourage qui le savait. On n'avait pas cette aire des réseaux et cette aire de l'information comme maintenant. Et moi, c'est mon but. Je donne mon image pour le temps de me dire, OK, je suis d'accord de dire que ça va pas. Je suis d'accord, comme aujourd'hui, d'en parler ouvertement. Et pour... sensibiliser pour que les gens se sentent moins seuls. Parce que moi, je me souviens, quand je voyais des vidéos ou des témoignages, ça m'a fait tellement du bien de savoir, OK, je ne suis pas le seul à vivre ça, quoi.

  • Speaker #1

    Et quel message tu aimerais faire passer à l'entourage des personnes qui vivent avec ces maladies ?

  • Speaker #0

    Qu'il n'y a pas de juste ou faux. Déjà d'être présent, à l'écoute, c'est déjà énorme. Et souvent, l'entourage croit qu'il faut tout d'un coup modifier ou... parler de certains sujets. Non, il faut juste être soi et montrer qu'on est là. Me dire, écoute, je suis là si ça va, bien sûr, mais si ça ne va pas, je suis là aussi, même si ce n'est pas facile à parler. Et ça, c'est déjà un énorme pas. Ça, ouais, vraiment.

  • Speaker #1

    Et quel super pouvoir t'a amené la dépression chronique ?

  • Speaker #0

    Que j'ai toujours envie de me battre tout le temps. J'ai envie. Mais je pense, pour être plus humain, ça a totalement changé mon écoute face aux autres. Parce qu'avant, quand j'avais un collègue ou un ami qui me disait « Ah, ça va pas ? » Comme je disais tout à l'heure, je suis de chef vite. Et là, tout d'un coup, je suis en mode « Hein ? Qu'est-ce qui va pas ? » Pas que je les force, mais je les invite vraiment à valider les émotions négatives. Parce que le positif, comme je disais tout à l'heure, quand on est bien, on se pose pas la question. C'est génial ! Tu as acheté une nouvelle voiture, c'est génial, t'es trop mal habillé, t'es trop joli aujourd'hui, c'est des compliments. Mais quand ça va pas, et là, je sais que mon écoute a totalement changé et que les gens, je sens que les gens sont beaucoup plus libérateurs autour de moi. Ils ont pas peur à dire, ah écoute, ça va pas. Et pour moi, c'est un compliment. Je me dis, ah, c'est trop beau, tu peux être toi en face de moi. Et je pense qu'on devrait tous être comme ça, quoi. Laisser tout le monde s'exprimer librement.

  • Speaker #1

    magnifique merci Angelo pour ton témoignage merci à toi d'avoir invité merci Merci de soutenir ce podcast en vous abonnant pour ne manquer aucun épisode et en lui donnant 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées. Rencontrez mes invités et découvrez tous les engagements de la communauté Les Invisibles sur le compte Instagram Les Invisibles Podcast. Ensemble, continuons à visibiliser l'invisible.

Description

⚠️ 𝑪𝒆𝒕 𝒆́𝒑𝒊𝒔𝒐𝒅𝒆 𝒂𝒃𝒐𝒓𝒅𝒆 𝒍𝒆 𝒔𝒖𝒊𝒄𝒊𝒅𝒆, 𝒖𝒏 𝒔𝒖𝒋𝒆𝒕 𝒅𝒐𝒖𝒍𝒐𝒖𝒓𝒆𝒖𝒙 𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒆𝒔𝒔𝒆𝒏𝒕𝒊𝒆𝒍 𝒂̀ 𝒗𝒊𝒔𝒊𝒃𝒊𝒍𝒊𝒔𝒆𝒓 𝒒𝒖𝒂𝒏𝒅 𝒐𝒏 𝒑𝒂𝒓𝒍𝒆 𝒅𝒆 𝒎𝒂𝒍𝒂𝒅𝒊𝒆 𝒄𝒉𝒓𝒐𝒏𝒊𝒒𝒖𝒆 𝒆𝒕 𝑰𝒏𝒗𝒊𝒔𝒊𝒃𝒍𝒆. 𝑺𝒐𝒏𝒅𝒆𝒛 𝒗𝒐𝒕𝒓𝒆 𝒄𝒂𝒑𝒂𝒄𝒊𝒕𝒆́ 𝒂̀ 𝒆́𝒄𝒐𝒖𝒕𝒆𝒓 𝒍𝒆 𝒕𝒆́𝒎𝒐𝒊𝒈𝒏𝒂𝒈𝒆 𝒃𝒐𝒖𝒍𝒆𝒗𝒆𝒓𝒔𝒂𝒏𝒕 𝒅'𝑨𝒏𝒈𝒆𝒍𝒐.


On peut être charismatique et dépressif.

On peut être Mr Gay🇨🇭, parcourir le monde pour des concours de beauté… et, en parallèle, passer des journées enfermé chez soi, tant l’anxiété sociale et les idées noires sont écrasantes.


Après quatre grandes dépressions, Angelo vit aujourd’hui avec ce qu’on appelle une dépression chronique.

Plus jeune, il y avait des déclencheurs : son homosexualité 👨🏽‍❤️‍💋‍👨🏻 dans une société hétéronormée, une première rupture…


Mais au fil du temps, la dépression s’est mise à surgir sans frapper à la porte 🚪

Un jour, sa sœur lui dit simplement : « Tu as rendez-vous avec une thérapeute, tel jour, à telle heure. » Il ne le sait pas encore, mais cette thérapie va lui sauver la vie.


Aujourd’hui, Angelo met son image au service de la sensibilisation. Pour valider les émotions négatives, pour dire que c’est OK de ne pas aller bien, pour rendre hommage à sa maman, qui s’est suicidée alors qu’il était enfant, et à toutes celles et ceux dont la voix a été, ou reste encore, invisibilisée. 🤍


Il trouve nécessaire d’en parler, de partager pour soi, pour ses proches et pour faire avancer la cause.


It’s OK not to be OK. 💋


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Transcription

  • Speaker #0

    Les Invisibles. Juin 2020. Ma vie bascule du jour au lendemain dans une maladie neurologique, rare, qui n'a de poétique que le nom. Le syndrome du mal de débarquement. Les symptômes qu'elle m'amène vivent en colocation avec moi. 7 jours sur 7. 24 heures sur 24. Et ne prennent jamais leur week-end. Je n'ai donc pas la place pour un autre combat. Du moins, c'est ce que je crois. Puis vient ce jour où je témoigne dans une émission télé, dans l'espoir de rendre visible l'invisibilité du syndrome dont je suis atteinte. À peine sortie du plateau, forte de cette expérience et encore dans mes talons rouges, une évidence s'installe. Je n'en resterai pas là. Dans le train du retour, je rejoins à la fois ma maison et mon nouveau combat. Offrir un espace de parole au travers d'un podcast, aux personnes qui composent, bien souvent en silence, avec des maladies invisibles, et avec les regards de sociétés qui ne croient que ce qu'elles voient, deux réalités plus souvent subies que choisies. Aujourd'hui, loin de mes talons rouges et au plus proche de l'engagement, l'évidence s'étend. C'est à l'invisible ou pluriel que je vous invite. Ceux qui dans la chair, l'esprit et les sociétés se vit, sans pour autant faire de bruit. Si comme le dit Antoine de Saint-Exupéry, l'essentiel est invisible pour les yeux, ici, on compte bien le faire entendre. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    On peut être charismatique et dépressif. On peut être Mr Gay, parcourir le monde pour des concours de beauté et en parallèle, passer des journées enfermées chez soi, tant l'anxiété sociale et les idées noires sont écrasantes. Après quatre grandes dépressions, Angelo vit aujourd'hui avec ce qu'on appelle une dépression chronique. Plus jeune, il y avait des déclencheurs. Son homosexualité dans une société hétéronormée, une première rupture. Mais au fil du temps, la dépression s'est mise à surgir sans frapper à la porte. Un jour, sa sœur lui dit simplement « Tu as rendez-vous avec une thérapeute, tel jour, à telle heure. » Il ne le sait pas encore, mais cette thérapie va lui sauver la vie. Aujourd'hui, Angelo met son image au service de la sensibilisation. pour valider les émotions négatives, pour dire que c'est ok de ne pas aller bien, pour rendre hommage à sa maman, qui s'est suicidée alors qu'il était enfant, et à toutes celles et ceux dont la voix a été, ou reste encore, invisibilisée. Il trouve nécessaire d'en parler, de partager pour soi,

  • Speaker #2

    pour ses proches,

  • Speaker #1

    et pour faire avancer la cause.

  • Speaker #2

    Hello Angelo !

  • Speaker #3

    Salut !

  • Speaker #2

    Toi, tu es Mister Gay Suisse 2024 et tu as représenté la Suisse au concours Mister Gay World.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    Tu es beau, tu es charismatique, tu as toujours le sourire, tu sembles coquin, joueur sur les réseaux sociaux, tu es souvent entouré d'autres personnes. Tu corresponds en rien aux idées reçues que l'on a à propos de la dépression chronique et de l'anxiété sociale. Non. pourtant C'est bien avec ces deux problématiques de santé mentale que tu navigues.

  • Speaker #3

    Exactement, oui.

  • Speaker #2

    As-tu le sentiment aujourd'hui de vivre avec une ou plusieurs maladies invisibles ?

  • Speaker #3

    Moi, je les regroupe, je les remets dans une, puisque l'anxiété sociale est venue à travers la dépression. Ça m'a créé ce symptôme-là. Mais oui, j'estime que oui, on peut vivre, que je vis avec une maladie invisible qu'on ne voit pas du tout.

  • Speaker #2

    Pourquoi on ne les voit pas ? Parce que justement, tu as... Ce rôle-là, très charismatique, et puis derrière, il y a une souffrance qui n'est pas vue par un grand nombre. En quoi c'est invisible pour toi ?

  • Speaker #3

    Ça ne se voit pas. Justement, ça ne se voit pas. Parce que comme je dis, c'est plus facile de voir quelqu'un qui a un bras cassé, une jambe cassée. Parce qu'on le voit tout de suite. Et là, vu que c'est dans notre tête, dans la vraie vie, quand on nous voit sourire au travail et bien habillés, les gens se disent « Non, ça a l'air d'aller. » Et les gens ne se posent pas plus de questions.

  • Speaker #2

    Et Angelo, en cet instant, comment tu décrirais ton état d'esprit ? Je te pose la question parce que je sais que tu es quelqu'un qui aime qu'on puisse valider et nommer les émotions. D'ailleurs, on en parlera plus tard. Alors, ma question, c'est comment tu vas là maintenant ?

  • Speaker #3

    Je dirais une moyenne, ça va. J'ai toujours des up and down, mais je suis dans un... Dans une constance. J'ai des périodes d'hyper bonheur et des périodes où je suis le plus down. Et là, vu qu'on rentre dans la saison aussi automnale, je sais que je suis hyper sensible à ça. Et je me sens plus sensible, on va dire.

  • Speaker #2

    Ça représente quoi, cette sensibilité ? Comment ça se manifeste chez toi ?

  • Speaker #3

    Fragile dans l'humeur, la motivation, la perte d'envie de faire les choses. Mais quand je suis dans mes phases dépressives, je me renferme beaucoup. Je sens que je n'ai pas envie de sortir, je n'ai pas envie de voir du monde. C'est des petits signes qui montent déjà en mode « Ah, je rentre dans une période presque d'un automatisme. » C'est un automatisme que je me suis créé pour, d'une certaine forme, me protéger.

  • Speaker #2

    De quoi ?

  • Speaker #3

    C'est inexplicable. C'est que ma thérapeute, on a compris que mon instinct, quand je ne sais pas bien, c'est de m'enfermer. J'avais une peur, moi j'avais une peur de me montrer, de me dévoiler, de montrer au monde, ok, ça ne va pas. Et c'est d'où j'ai créé mon anxiété sociale, c'est de montrer, j'avais peur de me montrer et de dire que ça ne va pas. Et ça m'avait presque créé une phobie, c'était incroyable.

  • Speaker #2

    Tu me disais hors antenne qu'il y avait des moments où tu avais même de la difficulté à simplement aller boire un café en terrasse ou recevoir l'appel d'un ami. C'est l'anxiété qui générait ça ou c'est justement cet aspect où la dépression faisait que tu ne voulais pas montrer cette vulnérabilité ?

  • Speaker #3

    C'est qu'en fait, je pense qu'au bout d'un moment, on est pris d'une honte et moi, je voyais que ça. Quand je suis déprimé ou quand je ne suis pas bien, j'ai l'impression que je mets des lunettes et que je vois tout à travers la dépression. Et du coup, rien ne m'effrayait. Genre, aller boire un café, j'ai l'impression que le serveur allait voir que j'étais déprimé. Qu'un ami... C'est de me poser la question « Salut, ça va Angelo aujourd'hui ? » et que si je répondais « ça va » , qu'elle allait tout de suite comprendre que ça n'allait pas. Et je me suis créé un peu un... presque une paranoïa du mal-être. Alors que dans le fond, on a le droit de dire que ça ne va pas. On a des sauts d'humeur de... C'est la vie, des fois on est heureux, des fois on n'est pas heureux. Mais je pense que je me suis créé un... Ouais, c'est le cerveau qui dit « non, ça ne va pas » .

  • Speaker #2

    Et qu'est-ce qu'on vit quand on a ses lunettes de la dépression ? Qu'est-ce qu'on voit derrière ses lunettes ?

  • Speaker #3

    De la tristesse, du mal-être, de l'incompréhension. Je me suis beaucoup de fois posé la question, mais pourquoi ? Pourquoi je vis ça ? Je cherchais souvent un événement déclencheur. Parce que moi, comme je fais des dépressions chroniques, souvent j'avais des raisons. Genre, quand j'étais ado, mon homosexualité, mon identité. Donc j'avais toujours une raison. Ma première rupture. J'avais une raison. Ah ok, je suis triste parce que... Et des fois, j'avais des dépressions où je ne savais pas. Pourquoi je ne savais pas ? Tout semblait aller. Le boulot, ça allait. Je voyais mes amis. Et non, ça n'allait pas. Et je ne comprenais pas pourquoi. Et c'est là que j'ai compris que c'était une maladie. Et que c'est dans le cerveau.

  • Speaker #2

    Tu parles de dépression chronique. Est-ce que tu peux du coup revenir sur ta première dépression, de ce que ça a signifié pour toi ? J'ai l'impression que c'était dans une période charnière où tu semblais renvoyer une image d'anormalité face à une société qui est parfois homophobe.

  • Speaker #3

    C'était exactement ça. J'étais enfant, j'ai grandi. La société nous montre que le couple de base, on le voit partout, c'est que les hommes et les femmes. Et je me sentais différent. Je me disais... Je suis attiré par les garçons, j'aime les garçons, et ça ne me reflétait que l'image qu'il y a un truc qui ne va pas. Après, je me suis même tourné vers le côté religieux, on se pose la question, parce que les religions le disent fort, que l'homosexualité, ce n'est pas bien. Et j'essaie de trouver un endroit où ça me disait, en fait, non, tu es juste normal. Et le jour où je l'ai compris, c'est quand une amie m'a acheté un très beau livre, Comprendre l'homosexualité. Et ce livre m'a fait un bien fou parce que du coup, je me suis senti, bah non en fait, je suis un humain, j'ai le droit d'aimer qui je veux. Et là, je me suis senti bien. Mais c'est vrai que durant des années, j'ai souffert de ça. De ne pas me sentir comme les autres, dans la normalité que la société veut, quoi.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu as le sentiment que la société t'a rendu dépressif ? Le fait de ne pas rentrer dans des normes sociétales, est-ce que c'est ça qui a amené cette première dépression ?

  • Speaker #3

    Oui et non. Je veux dire que la société n'a pas forcément aidé. C'est vrai que si j'aurais grandi et qu'on aurait vu que l'homosexualité était tout à fait normale, peut-être que je ne l'aurais pas vécu. Mais c'est vrai que la société n'en a pas aidé, je dirais.

  • Speaker #2

    En fait, elle a comme accentué cette crise identitaire.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    C'est déjà une période charnière, cette époque-là. Je ne sais pas quel âge tu avais, tu étais jeune adulte, adolescent.

  • Speaker #3

    Je savais. Entre mes 12 et mes 18 ans, oui.

  • Speaker #2

    C'est une période où on passe tous par une crise. Oui. Ou en tout cas, grand bien leur face à ceux qui ne passent pas par là. Mais j'ai l'impression que c'est...

  • Speaker #3

    Ça avance, ça s'imprime.

  • Speaker #2

    C'est déjà un peu compliqué pour toute personne. Mais il y a un moment donné où, quand on ne se confond pas à un cadre qui est celui qui est censé être celui qui est donné par le système, ça peut être d'autant plus douloureux, j'ai l'impression. Oui,

  • Speaker #3

    bien sûr.

  • Speaker #2

    Tu as nommé que tu avais eu trois autres dépressions. Donc aujourd'hui, on en compte quatre, c'est ça ?

  • Speaker #3

    Oui, je suis en train de vous dire quatre. Grosse dépression, vraiment, où tu as des périodes où ça ne va pas. Parce qu'on dit qu'une dépression, c'est vraiment quand c'est des longues périodes. D'ailleurs, les médecins disent qu'au bout de deux semaines, si durant deux semaines, on est tout le temps dans le noir, on prend du noir, on est triste, on n'a pas envie de rien, on commence à penser que c'est un épisode dépressif. Après, il y a des niveaux. Et moi, je ne fais que quatre. 4 ? Ouais J'avais des raisons, et la dernière que j'ai faite il y a deux ans, c'est celle où je ne comprenais pas. Je n'avais pas de raison, parce qu'au début j'avais des raisons. Comme je dis, c'était mon homosexualité, c'était ma rupture, après vers la vingtaine, quand on change de travail, j'avais une crise de tout. Et après, la dernière à mes 31 ans, j'en ai 33, là, aucune raison. Du jour au lendemain, un mal-être, une tristesse, plus plaisir à rien. Et là, ça a été l'une des plus dures, parce que je ne comprenais pas, et je cherchais une raison. Je cherchais à me demander ce qu'il a fait, qu'est-ce qu'il a fait de l'événement déclencheur pour que je vive ce mal-être.

  • Speaker #2

    Tu crois qu'on a besoin de se raccrocher à une hypothèse, une explication pour mieux vivre la maladie ? Moi,

  • Speaker #3

    en tout cas, oui. Moi, j'avais besoin d'une explication. Et je l'ai eue après à travers la thérapie, de comprendre qu'on a un cerveau et que d'où on dit que c'est une maladie et qu'il y a un dysfonctionnement qui se passe dans nos têtes et qui amène à la dépression.

  • Speaker #2

    Et ça, comment tu l'as compris ? Qui c'est qui t'y a amené à identifier ?

  • Speaker #3

    De base, moi, parce que le malade, je le savais, mais à mettre le mot dessus, ma thérapeute, ma psychologue.

  • Speaker #2

    Qui c'est qui t'a dirigé vers ta thérapeute ?

  • Speaker #3

    Alors, mon entourage me conseillait, mon colloque, ma sœur, mais moi, j'avais un blocage par rapport à ça. Et en fait, un jour, j'appelais ma sœur et je lui ai dit, écoute, je crois que... Je vais voir une thérapeute. Je n'arrive pas à le faire. Je n'avais pas de force. Et c'est elle qui a pris l'initiative de l'appeler, de prendre rendez-vous. Elle m'a juste dit, tu as rendez-vous tel jour à telle heure. Donc, la seule chose que je devais faire, c'était prendre l'adresse, y aller. Et j'y suis allé.

  • Speaker #2

    Waouh, c'était une vraie alliée pour toi, ta sœur.

  • Speaker #3

    Clairement, clairement.

  • Speaker #2

    La santé mentale, c'est un sujet intime et sensible pour toi, surtout en raison de ton histoire familiale. Oui, oui. Ta maman s'est suicidée alors que tu étais un enfant en bas âge. Et ton père voit la thérapie d'un mauvais œil et on peut le comprendre.

  • Speaker #3

    Oui,

  • Speaker #2

    oui, oui. Parce qu'il y a un peu ce regard, aucune thérapie n'a sauvé ta maman.

  • Speaker #3

    Oui, exactement.

  • Speaker #2

    Et on l'a bourrée de médicaments et elle en est quand même arrivée là. Comment tu as osé, dans ce contexte-là, accepter, accueillir que toi-même tu vivais avec des problématiques de santé mentale et accepter de l'aide ?

  • Speaker #3

    Je pense que quand on n'est pas bien, déjà, de demander de l'aide, c'est déjà hyper dur. Il y a beaucoup de gens qui n'arrivent pas à demander de l'aide. Et du coup, il y a un moment, comme je dis, on est tellement dans un mal-être que du coup, on veut prendre n'importe quelle solution qui s'offre. Moi, j'ai tout essayé, la spiritualité, la religion, parce qu'on veut des solutions. Je vais m'essayer la médication. Ma docteure, elle m'a donné des antidépresseurs. On veut en sortir. Soit on se laisse m'en refondre. Ou soit on prend les portes qui sont en nous de l'aide qui s'ouvre à nous, ce qui est beau d'ailleurs, que les gens veulent nous aider et on fonce. Et ça qui m'a aidé, c'est vrai que moi j'avais aussi une idée un peu, pareil vu que j'ai perdu ma mère et moi les psychologues, ils n'avaient pas de solution. Moi je me suis dit, c'est un humain, quel humain va comprendre ce que je vis dans ma tête, mon mal-être ? Et vu mon histoire avec ma maman, je me suis dit,

  • Speaker #2

    yep.

  • Speaker #3

    ça va marcher avec elle, pourquoi ça marcherait avec moi ? Mais du coup, j'ai fait confiance et aussi d'entendre les autres me dire « Ah mais moi, je suis suivi, mon collègue était suivi. Mon collègue était suivi depuis 10 ans et il me mettait un peu la puce à l'oreille. Moi, je suis suivi, tu devrais trop aller voir une psychologue. » Et je suis là « Ouais, mais non. Ouais, mais non. » Et je disais toujours non jusqu'au jour où j'ai dit « Bah écoute, j'ai quoi perdre ? » Et la preuve, j'ai gagné et je n'ai pas perdu. Enfin, c'est incroyable. Moi, thérapeute, je l'aime trop. incroyable, j'ai appris tellement de choses. Sur moi et sur le cerveau et sur l'humain.

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, c'est une vraie ressource pour toi.

  • Speaker #3

    Oui, vraiment.

  • Speaker #2

    Le spubi est régulier ?

  • Speaker #3

    Oui, je la vois tous les deux semaines, des fois un peu moins, c'est par période. Il est régulier. Et ce qui m'a beaucoup aidé, c'est de comprendre le fonctionnement du cerveau. Le fait de comment ils fonctionnent en général et de comment le mien fonctionne. Et ça m'a libéré de fou.

  • Speaker #2

    C'est un peu ce que tu racontais tout à l'heure, ce besoin de compréhension. Ouais, ouais. Et des fois, ça permet aussi de mettre à distance la compréhension. Oui. OK, c'est moi qui fonctionne comme ça, mais c'est aussi mon cerveau et le cerveau de peut-être d'autres personnes. Je ne suis pas seul aussi là-dedans. Oui,

  • Speaker #3

    bien sûr, bien sûr. Ça m'a trop aidé de... mais Quand on vit plusieurs personnes à la même chose, il y a le côté solidaire. On se comprend tout de suite. Moi, je me rappelle, j'ai plusieurs amis qui se sont confiés à moi, qui m'ont dit « moi aussi, j'ai vécu des épisodes dépressifs » et du coup, on se sent moins seul. Ça aide énormément. Je ne suis pas le seul à vivre ça, c'est l'impression de devenir fou. Et le côté rationnel, moi, je suis quelqu'un de très rationnel. J'ai trop besoin d'avoir des explications. Et là, une thérapeute, elle peut parfaitement l'expliquer calmement et dire « voilà » . C'est le cerveau. J'ai appris comment le cerveau fonctionne quand on est triste, parce qu'on est totalement différent. Quand on est heureux et triste, on ne fonctionne pas de la même façon. Et c'est vraiment chimique. Dans le cerveau, je l'aimais. Et à chaque fois, je l'aimais. J'étais trop intéressé. Je l'aimais. Et c'est des petites caisses qu'elle ouvrait. Et au bout d'un moment, on se libère et on revit tranquillement la vie.

  • Speaker #2

    C'est intéressant de voir à quel point cet aspect chimique a un impact sur les filtres qu'on a par rapport à la vie. Quand on se sent bien, on peut vivre plein de choses qui sont plus ou moins douloureuses. Et puis, on a l'impression que ça nous passe au-dessus. On se dit, ce n'est pas grave. Enfin, voilà, et on rebondit vite. Puis, il y a des moments où il peut y avoir de la dépression, où tout est trop. En fait, on est à vif. Il y a une sensibilité trop exacerbée. Est-ce que tu as ce sentiment-là aussi ?

  • Speaker #3

    Moi, quand j'ai eu ma grosse dépression, j'ai vraiment déréglé. Je ne savais même plus ce qui me faisait plaisir. Je me souviens que ma psychologue m'avait dit une fois, elle m'avait dit « Madame, Angelo, si tu manges, même vous me dites que vous mangez une pomme et que ça vous fait du bien, je le comprends. Parce qu'on se sent tellement déréglé, on est tellement habitué à vivre dans le mal, dans le malheur. Et du coup, j'ai réappris à comprendre, ok, mais qu'est-ce qui me fait plaisir ? Pourtant, relationnellement, je le savais, j'aime le sport, j'aime sortir, je fais quand même je viens, j'adore aller au restaurant, j'adore manger. Sauf qu'on sent que c'est déréglé. Après, elle donne des outils pour vraiment le comprendre. Et j'ai perdu le fil de ta question.

  • Speaker #2

    C'était de savoir s'il y avait justement des filtres un peu différents en fonction des périodes dépressives ou des meilleures périodes où tu peux vivre les mêmes événements, mais si tu es plutôt dans un épisode dépressif ou plutôt où ça va bien, tu ne vas pas du tout les vivre de la même manière, avec la même sensibilité.

  • Speaker #3

    Ah oui, oui, du coup, ça me revient. En fait, ce que j'ai appris aussi, c'est que quand on est bien, on ne se pose pas de questions. On ne cherche pas à comprendre. « Oh, je suis trop heureux aujourd'hui, mais le pourquoi ? » On ne va pas creuser dans le cerveau. Pourquoi je suis heureux ? C'est parce que la dame ce matin m'a dit « Bonjour au café » . Et quand on n'est pas bien, on creuse. On part dans des toiles d'araignées. On cherche le petit détail du pourquoi, qu'est-ce qu'il y a. Et ça, j'ai appris à travers ma thérapie que le cerveau est comme ça. Que le cerveau, quand on est heureux, on ne se pose pas du tout de questions. Et quand on n'est pas bien, on se torture encore plus. si on cherche c'est Ma petite me disait même qu'on fait une étoile d'araignée. On part dans tous les sens alors que... Et c'est vrai, quand elle m'a dit ça, ça m'a fait sens. C'est incroyable, c'est vrai.

  • Speaker #2

    J'adore, ça me parle énormément. J'avais rarement vu ça sous ce tangue-là. Mais c'est vrai que quand ça ne va pas, tout est décortiqué, tout est analysé, tout est... empiré. Enfin voilà, il y a vraiment tout un tableau noir comme ça. Puis quand ça va, en effet, on ne se dit pas mais alors est-ce que je suis heureuse parce que la boulangère ce matin m'a fait un compliment ? C'est vrai ? Ouais, c'est vrai. En fait, il n'y a pas de question et c'est ce que tu dis. Et en fait, c'est cette tranquillité de l'esprit quand on est hors d'un trouble de santé mentale. Il y a une sorte de tranquillité de l'esprit.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'aujourd'hui, tu touches à des moments ces espaces de tranquillité d'esprit ?

  • Speaker #3

    Oui, j'y arrive. Après, j'ai plein d'exercices que je pratique, la méditation, les exercices respiratoires, les moments qui me font du bien. Parce qu'il faut savoir que devant un ami, se confier, sortir, j'adore manger, donc me faire du bien. Et j'ai des moments où je suis vraiment plus calme. Et après, j'ai des périodes où je vais revenir, où je vais être pas bien du tout. Mais maintenant, je sais comment je fonctionne. Du coup, je sais tout de suite. Ah voilà, je sens que je suis pas bien, j'ai mes petits réflexes, j'appelle ça mes petits démons. Mes petits démons, je veux me protéger, j'ai pas envie de sortir. Et du coup, il me dit, ah non, non, on se force. Allez, là, tu vas pas rester chez toi. Ok, tu restes un ou deux jours cloué au lit, mais continue à faire les activités, parce que c'est les activités, les comportements qui aident de nouveau après à revenir dans le bien, quoi.

  • Speaker #2

    Après, ce n'est pas toujours simple de savoir dans quoi on est réellement, parce qu'on peut avoir envie d'être au calme, tranquille chez soi, surtout des périodes justement automnales comme maintenant, sans être en dépression.

  • Speaker #3

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #2

    Mais toi, tu sens par d'autres indices que là, tout d'un coup, c'est un moment où tu flanches un peu, par exemple.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    Et c'est dans ces moments-là que tu te dis, OK, il faut que je me raccroche à ces plaisirs, il faut que je me reconnecte plus à mon physique, à mon corps. Tu disais respiration, méditation.

  • Speaker #3

    Exactement. Pour un peu me... Parce que moi, j'ai avec mon cerveau, il a pris des automatismes quand je ne suis pas bien. Et en fait, parce que d'ailleurs, ma thérapie, c'était en comportement. Parce que des fois, notre cerveau, j'ai appris qu'on fait des comportements. qu'on croit être bien. Par exemple, moi, je m'enfermais chez moi parce que j'ai de l'anxiété sociale. Donc moi, je m'enfermais en me disant « Ok, trop bien. J'ai peur du monde, d'être chez moi, je me sens protégé. » Mais après, ça faisait l'effet inverse. Vu que je ne sortais pas de chez moi, je me sentais mal, je me disais « Je ne fais plus rien, je suis toujours enfermé chez moi. » Et du coup, c'était un comportement que je pensais qui me protégeaient. mais qui du coup ne me protège pas. Vu qu'à la longue, je me sentais nul, insinuant, je n'étais même pas capable d'aller boire un café. Et en fait, c'est là que j'ai appris que le comportement, même si on croit qu'il est rationnel, des fois il est irrationnel. Et c'est là que j'ai appris à la traumathérapie, en fait non, des fois il faut faire des choses et qu'à la fois ça fait la boule en verre. On inverse la vapeur et après ça reprend, on reprend du rythme, on prend confiance.

  • Speaker #2

    Tu parlais tout à l'heure des plaisirs. Aujourd'hui, c'est quoi les plaisirs qui te reconnectent peut-être à l'instant, qui te donnent un peu goût à la vie, même quand ça ne va pas ?

  • Speaker #3

    C'est marrant, on revient souvent aux plaisirs simples de la vie, des choses basiques, un petit café en terrasse, un repas, une cuisine, une conversation. Alors que souvent, on est dans ce monde-là, on a tellement l'impression qu'on a besoin de grandes choses pour être heureux dans le matérialisme, dans les voyages, des fois, c'est des petites choses simples qui... qui font du bien et que je savoure différemment maintenant.

  • Speaker #2

    Et à quel moment tu as osé parler de santé mentale à ton entourage, à tes amis, à ta famille ? Alors, à ta famille, tu parlais de ta sœur, du coup, assez rapidement, j'ai le sentiment. Oui. Mais peut-être aussi avec les amis.

  • Speaker #3

    Alors, sur le moment, c'est toujours très dur pour moi de le dire. Parce que j'avais une honte. Je ne voulais pas le montrer, je ne voulais pas. Et j'arrivais à le camoufler, je suis sur les réseaux, créateur de contenu, au travail. Donc j'arrivais à cette faculté à bien le camoufler. Je n'arrive même pas vraiment à me souvenir, je crois que ça s'est fait naturellement, d'un coup. Je crois que c'était avec ma soeur, j'ai dit ça va et j'ai dit non mais ça ne va pas. Mais je me souviens que le fait de le dire, c'était tellement libérateur. Et comme ça aussi, l'entourage après il comprend. Maintenant, quand je fais mes petites épisodes dépressives, je leur dis si jamais je suis moins motivé, c'est normal. Si je commence à dire beaucoup de mots, sachez parce que je rentre dans une épisode dépressive et mon entourage comprend comment je fonctionne. Et du coup, je me sens beaucoup plus compris aussi. Et accepté et respecté. Parce que souvent, les gens veulent changer l'attitude. Je ne peux plus parler de certaines choses. Je dis non, je ne change rien. Restez vous-même, soyez vous. Et c'est comme ça que je ressors votre amour et votre respect. C'est le plus important.

  • Speaker #2

    Il y a deux choses qui sont intéressantes là, je trouve, c'est qu'à la fois tu parles du fait que c'est libérateur de dire ça va pas, comme si c'était important quelque part pour l'être humain de quand même dire la vérité, d'être dans la vérité de ce qu'il vit, de ne pas cacher, de ne pas masquer. Pourtant, on est des grands acteurs et actrices aujourd'hui à masquer ce qu'on vit, mais on sent, et je le vois aussi dans les groupes de paroles que je propose, quand on vient toucher et dire une vérité, il y a quelque chose qui se libère. Je trouve ça... extrêmement puissant et c'est ce que tu fais aussi en parlant dans ce podcast. Et l'autre chose que je trouve intéressante par rapport à l'entourage, c'est que j'ai l'impression, et ça tu me l'avais aussi un peu dit hors antenne, c'est comme si tu avais un peu appris à ton entourage à simplement écouter et pas à essayer de te réparer, à pas essayer de trouver des solutions. Souvent les gens, quand ils sont impuissants face à soi, ils veulent nous aider à tout prix, mais c'est pas toujours les bonnes techniques. En fait, est-ce que... simplement écouter, c'est déjà un pas qui semble pour toi énorme de la part de ton entourage.

  • Speaker #3

    Bien sûr. L'écoute, la compréhension va se dire, ok, ça va pas et d'avoir quelqu'un en face qui dit, ok, je comprends que ça n'allait pas. Et de laisser le ça va pas. Dans le réflexe, on a souvent tous ces réflexes qu'on n'est pas bien, on veut tout de suite switcher. C'est le premier réflexe qu'on appelle un ami, je ne suis pas bien, tu sais quoi, on va au restaurant, on va boire un verre. Et en fait, des fois, on devrait se dire, non, ça ne va pas. Bon, va-y. Bite ton sac ! Dis ce qui va pas avant d'aller au restaurant et switcher et de boire un verre. Mais on a tous cet automatisme de... Allez, comme si on ne devait pas vivre les émotions négatives, on switch. Et je n'arrête pas de dire maintenant aux gens, non, vivez les émotions petites. Parce que moi, j'ai fait souvent des trop-pleins. Et maintenant, justement, pour ne pas arriver à ce trop-plein, non, tout de suite, je vide mon sac. Ah, il y a ça qui ne m'a pas plu. Des détails, des fois dans la vie, on n'est pas content que le pneu soit crevé de la voiture. Non, on a le droit de vivre cette émotion. OK, non, ça me saoule que mon pneu soit crevé. Si on arrive au bout d'un moment, il y a pire dans la vie. Bah non, c'est un sentiment qui est là. Donc, tu as le droit de le vivre et point barre.

  • Speaker #2

    Et en quoi c'est important de nommer et valider ses émotions ? C'est pour pas que ça s'empile, c'est ça ? Et que ça devienne horrible à un certain moment ?

  • Speaker #3

    Je pense, moi, c'était mon cas. Moi, je sais que j'ai jamais validé mes émotions négatives toute ma vie. Je me suis toujours caché derrière ça. Pas caché, mais j'étais moins aimé être ce côté optimiste que les gens me disaient. Je ne me suis jamais vraiment accepté mes émotions négatives. J'étais le premier à moi-même auto-switcher dès qu'il y avait un truc qui n'allait pas. Ah, mais ça va pas. mais à pire dans le monde C'est bon, en fait. Et maintenant, j'ai appris à... Ben non, l'un va avec l'autre.

  • Speaker #2

    Quand tu as remporté Mister Gay Suisse, c'est un moment où tu aurais pu vivre ça de manière extrêmement optimiste. Mais tu m'as quand même confié que deux jours après ou pendant deux jours ou le lendemain, je ne sais plus exactement, tu as beaucoup pleuré.

  • Speaker #3

    À la suite de la finale, oui. Bon, après, il y avait le choc. C'était une belle aventure. On était au Royaume-Uni. On était plein de garçons du monde entier avec chacun ses histoires. Et c'est vrai qu'après la finale, tout le monde a un peu disparu. J'en avais vu des garçons qui avaient des bais d'avion le lendemain, Mister Thailand, ils partaient en Thaïlande, du coup j'ai vu tout le monde partir et j'ai vraiment vécu cette émotion en mode, c'est la fin, je l'ai vécu un peu comme un choc et j'ai accepté. Bah je suis triste, je suis triste oui parce que j'ai aimé ces garçons, ils partent et je me souviens que je pleurais, j'étais là mais j'ai le droit, j'ai le droit, c'est la fin d'une belle aventure, c'est la fin, c'est une émotion je suis triste parce que plus de les voir ça va être compliqué de les voir Et j'ai laissé l'émotion couler, quoi.

  • Speaker #2

    Il peut y avoir beaucoup de solitude après énormément d'effervescence. Et toutes les caméras tournées sur soi. Et tout d'un coup, on se retrouve, je ne sais pas, seul dans sa chambre d'hôtel. Et on est là, mais que quoi le monde ?

  • Speaker #3

    Pourquoi ? Je me souviens que je l'ai vraiment accepté. J'étais en mode, j'ai le droit de vivre cette petite tristesse de c'est la fin, c'est fini.

  • Speaker #2

    Tu m'as dit que lors de l'événement Mr Gay World, tu as échangé avec Mr Gay Inde, qui partageait aussi un intérêt pour la santé mentale. Oui. Qu'est-ce que ce dialogue international t'a appris sur les différentes approches et besoins en matière de santé mentale dans d'autres cultures ? De quoi on a besoin ailleurs en termes de santé mentale ? En tout cas en Inde, là précisément.

  • Speaker #3

    C'était trop beau. Rien que tu m'en parles, j'ai du frisson parce qu'à Mr Gay World, on avait tous des projets sociaux. On avait tous parlé un peu d'un projet et moi, c'était la santé mentale. Et lui, c'était aussi la santé mentale. Et quand il m'en a parlé, la première chose qui m'a choqué, c'est que l'accès à l'information, là-bas, c'est incomparable. Les gens se posent le mot psy. Ils me disaient, ça ne vient même pas aller à l'idée. Si quelqu'un n'est pas bien, on ne dit pas en mode, on va voir un psy, ça te ferait du bien peut-être. Et lui, je pense que son projet, il était magnifique parce qu'il a créé une association qui permettait justement à... Il a réussi à choisir 200 indiens. à avoir accès à des thérapeutes en Inde. Là-bas, c'était le prix. Personne ne me disait que c'était hors de prix. Et là, tu vois que moi, qui suis en Suisse, j'ai un accès à la santé, qu'elle soit physique ou mentale, beaucoup plus rapide que d'autres pays. C'est ça que je comparais. Je voyais les différents garçons, je leur ramenais leur histoire, leur identité, leur homosexualité d'autres pays. Et j'étais là, mais... Et je me souviens que c'était beau. Et je me suis senti privilégié.

  • Speaker #2

    C'est ça, on a des privilèges énormes.

  • Speaker #3

    Mais qu'on oublie.

  • Speaker #2

    Et toi, justement, aujourd'hui, tu utilises ton image pour faire avancer et défendre ces causes. Qu'est-ce que tu as vraiment envie que les gens y comprennent au travers de cet engagement ?

  • Speaker #3

    Qu'on a le droit. Qu'on a le droit de parler bien. Que c'est un droit. C'est humain, c'est la partie de nous. Et que... Demander de l'aide, ça peut être dur, mais c'est très beau à la fois aussi. Parce que beaucoup de gens ont peur de demander de l'aide. On a peur de dire ça va pas, j'ai besoin d'un coup de main. On est tellement égocentrés sur nous qu'on a tous réussi à faire tout seul nos vies par nos propres moyens. Et c'est ça que je veux dire, que les sentiments sont faits pour être vécus. Et que les moments de faiblesse aussi, on a le droit, c'est hyper important.

  • Speaker #2

    Et en même temps, on peut avoir peur parce qu'on... peut ne pas toujours être écouté.

  • Speaker #3

    Oui, c'est vrai que chaque situation est différente. Moi, j'avais un entourage, donc j'ai... J'ai eu la chance, c'est vrai que chacun est différent, mais déjà de l'essayer, on ne sait pas comment l'autre va réagir. La preuve quand j'ai dit à ma sœur bah...

  • Speaker #0

    je suis prêt à avoir un psy si elle est capable d'avoir une initiative. Donc, je lui ai transmis l'information. En transmettant l'information, les autres sont au courant. Si on ne sait pas, on ne peut pas deviner. Je dis souvent, on n'est pas devant. Je dis souvent, on ne sait pas ce qui est dans la tête de l'autre, ce qui est en face de nous. Quand j'arrive au boulot, que je suis au collègue, je ne sais pas ce que ma collègue a vécu hier soir. Peut-être qu'elle a vécu une merveilleuse soirée, peut-être qu'elle s'est disputée avec son mari et qu'elle n'est pas bien. et tant qu'on ne transmet pas l'info, on ne peut pas vraiment non plus deviner. D'où le mot invisible, on ne le voit pas. Si je viens demain avec un plâtre au boulot, ou j'ai ma collègue avec un plâtre,

  • Speaker #1

    tu vas tout de suite te poser une question.

  • Speaker #0

    Ben oui, ça va, qu'est-ce qui s'est passé ? Tandis que la tête, on ne le voit pas.

  • Speaker #1

    Avec la maladie invisible, la personne en face n'a pas pris conscience des enjeux. Elle ne va pas venir te poser chaque jour la question, et même plusieurs fois dans la journée, comment tu vas là en cet instant, alors qu'on le fait tout à fait avec un signe qui est distinctif. Est-ce que quand on se confie à son entourage, du coup... Quand on est dans une relation plus transparente, il peut y avoir quelque chose qui se renforce dans la relation.

  • Speaker #0

    Ah, bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as des anecdotes de moments partagés avec des gens où tu t'es dit, là, on a touché, atteint une profondeur qu'on n'aurait peut-être jamais eue si je n'en étais pas arrivé à parler avec autant d'authenticité ?

  • Speaker #0

    La preuve, j'ai une amie, quand je dis une fois que j'étais en dépression, elle l'était aussi et je ne savais pas. Et en fait, du coup, on a commencé à pleurer les deux. Et après, c'était bon. Tout de suite, on s'est entraînés mutuellement. Tout de suite. On faisait des conseils, on m'envoyait des exercices de respiration, de méditation, et je les envoyais aussi. Et du coup, il y a eu ce côté vraiment, on se comprend. Et ce que j'ai senti vraiment avec ceux qui ont vécu la même chose que moi, c'est vrai qu'avec d'autres parts, je n'allais pas voir les psychologues, que je me sentais incompris. mais... S'ils n'ont pas vécu ce que j'ai vécu, ils ne vont pas comprendre. Et là, le fait qu'on a vécu la même chose, ça nous a assemblés et l'entraide. On sent que l'humour reprend face et que les gens s'entraident. Et c'est ça qui est beau.

  • Speaker #1

    En fait, ce que je vois, c'est que quand on se légitime soi-même de ce qu'on vit et que du coup, on le verbalise aux autres, on permet à d'autres personnes de se légitimer aussi dans ce qu'elles vivent. Donc, ouvrir sa parole, quelque part, c'est une preuve d'engagement, voire de militance, en fait.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai. Mais c'est vrai, d'une part. Parce que le fait d'ouvrir sa part de faiblesse, c'est... Parce que quand on n'est pas bien, on a l'impression de plus parler avec le cœur. On se sent entier, je me suis libéré. Et quand on parle de choses négatives, quand on se libère, tout de suite, sa contrebalance, l'amour vient renforcer ça, quoi. C'est ça qui est beau.

  • Speaker #1

    Si aujourd'hui, tu devrais à nouveau retourner dans la dépression, parce qu'on parle de dépression chronique, comment tu t'engagerais là-dedans, entre guillemets ? Le mot est peut-être fort, mais comment tu... Qu'est-ce que tu ferais ?

  • Speaker #0

    Moi déjà, je suis suivi, j'ai ma thérapeute, donc même après le concours, tu en parlais tout à l'heure, dès que je suis revenu, je l'ai appelée. Tout de suite, pour verbaliser, pour le dire. je sais que je suis sujet A, donc je l'accepte. Sauf que comme je l'ai dit, la petite différence, c'est que maintenant, je connais mon mécanisme. Donc, je sais comment je fonctionne. Donc, j'ai les outils pour A. OK, je ne vais pas bien, mais je sais comment avancer et mieux avancer. Tandis qu'avant, je n'avais pas les outils. Et c'est ça que je veux faire comprendre aux gens. Des fois, on peut avoir les outils. Demander de l'aide pour avoir les outils pour mieux se comprendre, mieux avancer et mieux guérir.

  • Speaker #1

    Et on peut avoir les outils et quand même entrer dans la dépression. Est-ce que ça, c'est OK ?

  • Speaker #0

    Oui. J'ai envie de te dire, tu n'as pas le choix quand tu es dedans. Mais bien sûr, bien sûr. Je suis OK de revivre, mais c'est peut-être dépressif. Je sais que je vais en revivre. Vu que j'en ai vécu plein. Je me protège. Je sais que je veux l'évitement, je veux tout faire pour pas. Mais j'accepte. J'accepte que ce sujet, j'ai accepté que c'est aussi une maladie.

  • Speaker #1

    Toi, tu as une phrase aujourd'hui qui est quand même « it's okay to not to be okay » . Ah,

  • Speaker #0

    clairement.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'elle signifie pour toi et comment tu espères qu'elle résonne chez les personnes qui te suivent ?

  • Speaker #0

    Justement qu'ils acceptent, ouais, it's okay. Je ne suis pas okay, mais c'est okay de ne pas être okay. Et qu'est-ce que je vais en faire, surtout ? Certains, ils arrivent à l'accepter, à vivre avec un moment pas bien et… le switcher et certains, ils ont le droit de dire, ok, je ne suis pas bien, est-ce que je peux faire en sorte que ça aille mieux ? Et du coup, ouvrir la porte des possibilités et qu'il y a plein de possibilités pour aller mieux. plein pour s'aider, pour mieux se connaître. Moi, c'est quoi ? Ce que j'ai appris à travers ma thérapie dans le fond, c'est comment je fonctionne encore. Je me suis encore mieux connu moi-même. Une autre part de moi que je ne voulais pas connaître, une part plus sombre, plus triste, mais ça m'a aidé à me connaître encore plus dans ma globalité.

  • Speaker #1

    Dans les outils, tu nommais la respiration, les méditations, la thérapeute, peut-être sortir avec un ami, est-ce que t'en as d'autres à proposer ?

  • Speaker #0

    Non, celle que j'ai pratiquée. Après, moi, je suis un peu spirituel, donc j'ai fait aussi beaucoup de soins énergétiques. J'aime beaucoup de massages, de relaxation. On nettoie un peu les cheveux. Ça, c'est mon domaine. Pas tout le monde aime ou aime ça. Non, c'est dans la compétitivité. C'est ça, la parole, la base. Non, je n'ai pas d'autres qui me viennent à la tête comme dans l'esprit que j'utilise.

  • Speaker #1

    Après, sans forcément parler de soins énergétiques, parce que comme tu dis, ça ne parle pas à tout le monde, le fait de revenir au corps avec un massage ou quelque chose qui permet de... revenir là, dans sa base, dans l'instant ? Parce que souvent aussi, quand on n'est pas bien, on se dissocie un peu de soi, parce que c'est trop dur d'être à l'intérieur de soi. Est-ce que du coup, de revenir dans le corps, selon toi, ça peut être un outil ?

  • Speaker #0

    Oui. Le sport, je ne vais pas parler du sport. L'activité physique, le fait de bouger, ou les massages, les soins, d'activer son corps, aide beaucoup aussi.

  • Speaker #1

    Dans quelque chose qui est des fois plus physiologique, au final, qu'un impact sur les pensées ou le mental.

  • Speaker #0

    Exactement. Oui, oui, clairement.

  • Speaker #1

    Moi, j'arrive gentiment sur mes deux questions de fin. Est-ce que toi, avant ça, t'avais envie de partager, rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de dire ce qu'il y a de beaucoup. L'espoir existe. Et je dis souvent qu'après la pluie, il y a toujours le beau temps. Je le dis toujours. Donc, c'est l'espoir qui fait... qui m'a fait aussi avancer. Moi, dans ma dépression, le fait de me dire qu'il y a une lumière au bout du tunnel, ça aide à avancer. Et moi, j'y crois qu'on a tous un moment le droit à respirer, à aller mieux, à sourire et que certains, c'est plus dur que d'autres. Mais moi, j'y crois et que l'espoir aide beaucoup et que ça peut aller mieux.

  • Speaker #1

    Donc, même dans l'espace le plus noir, t'as toujours senti qu'il y avait quand même quelque chose qui ferait qu'un jour, ça irait mieux. Il y avait une intuition.

  • Speaker #0

    Je me forçais à y croire.

  • Speaker #1

    Tu te forçais.

  • Speaker #0

    Ben, on est vivant quand même. Je me dis, quand même, quand j'étais au bout de mon lit, en train de pleurer, en train de ne pas savoir ce qui se passait, je me disais, un jour, je vais comprendre. Mais sur le moment, c'est horrible. Quand tu es sur le moment et que tu n'es pas bien, les gens qui vivent de dépression, ils le savent. Les moments durs, tu ne comprends pas. Mais au fond de moi, je me dis, je suis quand même vivant. Il y a forcément une raison à tout ça. Je vais comprendre. La preuve, ça ne m'a jamais poussé autant à m'instruire, à m'informer sur cette maladie mentale, à faire autant de thérapies. Je ne connaissais pas autant de thérapies. Les soins, les massages, les exercices de respiration ou d'autres choses, les cohérences cardiaques. La preuve, ça m'a poussé. Dans ce domaine, j'ai appris tellement de choses d'un côté.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'aujourd'hui, tu as le sentiment que de visibiliser ces problématiques de santé mentale, c'est comme si ça réparait quelque chose en lien avec le suicide de ta maman ?

  • Speaker #0

    Oui, je veux prévenir. Je suis en train de guérir ce trauma d'enfance que j'ai de l'avoir perdu ma maman. Je pense aussi, il y a plein de fois où je me posais aussi la question, pourquoi je fais une dépression ? souvent posé la question si c'est héréditaire, à un psychologue. Est-ce que c'est héréditaire ? On dit que. On dit que les personnes qui ont des entourages proches, qui ont des dépressifs, qu'on peut plus l'être. Et je pense qu'il y a une part de moi qui veut combattre et pour pas arriver à cette finalité du suicide de ma maman, et de dire que non, c'est pas la seule solution, qu'on peut toujours rester en vie, qu'on peut toujours vivre et trouver les solutions pour ça. avec mon exemple de ma maman c'est le côté tragique de la dépression c'est le pire scénario c'est horrible et je veux montrer que je pense qu'il y a des solutions qu'on peut tous en guérir souvent

  • Speaker #1

    on oublie que les personnes qui se suicident sont des personnes malades et que le suicide est souvent une conséquence au fait d'être invisibilisés, ignorés, que la maladie est méconnue, pour toutes ces raisons-là. Moi, ça me touche particulièrement parce que j'ai un grand-père que je n'ai pas connu, qui s'appelle Angelo, qui s'appelait Angelo, et qui s'est aussi suicidé. Et dans mon intuition, je pense qu'il était malade, non diagnostiqué. Il allait très souvent en hôpital psychiatrique, mais il n'y avait pas eu de mots, je crois, sur ce qu'il vivait. Et il a fini aussi par se donner la mort. Et j'ai l'impression qu'aujourd'hui, on leur rend un peu hommage à ces personnes qui n'ont pas eu forcément le bon accompagnement ou la bonne personne qui a su les regarder lorsqu'elles vivaient foncièrement. Et je me dis, aujourd'hui, c'est une part de nous aussi de militer pour eux. Bien sûr. Pour ces voix qui ont été invisibles jusqu'à la mort.

  • Speaker #0

    Oui. Et peut-être pas écoutées à ce moment. Et c'est ce que je veux aussi. C'est vrai que ma mère, elle n'avait que l'entourage qui le savait. On n'avait pas cette aire des réseaux et cette aire de l'information comme maintenant. Et moi, c'est mon but. Je donne mon image pour le temps de me dire, OK, je suis d'accord de dire que ça va pas. Je suis d'accord, comme aujourd'hui, d'en parler ouvertement. Et pour... sensibiliser pour que les gens se sentent moins seuls. Parce que moi, je me souviens, quand je voyais des vidéos ou des témoignages, ça m'a fait tellement du bien de savoir, OK, je ne suis pas le seul à vivre ça, quoi.

  • Speaker #1

    Et quel message tu aimerais faire passer à l'entourage des personnes qui vivent avec ces maladies ?

  • Speaker #0

    Qu'il n'y a pas de juste ou faux. Déjà d'être présent, à l'écoute, c'est déjà énorme. Et souvent, l'entourage croit qu'il faut tout d'un coup modifier ou... parler de certains sujets. Non, il faut juste être soi et montrer qu'on est là. Me dire, écoute, je suis là si ça va, bien sûr, mais si ça ne va pas, je suis là aussi, même si ce n'est pas facile à parler. Et ça, c'est déjà un énorme pas. Ça, ouais, vraiment.

  • Speaker #1

    Et quel super pouvoir t'a amené la dépression chronique ?

  • Speaker #0

    Que j'ai toujours envie de me battre tout le temps. J'ai envie. Mais je pense, pour être plus humain, ça a totalement changé mon écoute face aux autres. Parce qu'avant, quand j'avais un collègue ou un ami qui me disait « Ah, ça va pas ? » Comme je disais tout à l'heure, je suis de chef vite. Et là, tout d'un coup, je suis en mode « Hein ? Qu'est-ce qui va pas ? » Pas que je les force, mais je les invite vraiment à valider les émotions négatives. Parce que le positif, comme je disais tout à l'heure, quand on est bien, on se pose pas la question. C'est génial ! Tu as acheté une nouvelle voiture, c'est génial, t'es trop mal habillé, t'es trop joli aujourd'hui, c'est des compliments. Mais quand ça va pas, et là, je sais que mon écoute a totalement changé et que les gens, je sens que les gens sont beaucoup plus libérateurs autour de moi. Ils ont pas peur à dire, ah écoute, ça va pas. Et pour moi, c'est un compliment. Je me dis, ah, c'est trop beau, tu peux être toi en face de moi. Et je pense qu'on devrait tous être comme ça, quoi. Laisser tout le monde s'exprimer librement.

  • Speaker #1

    magnifique merci Angelo pour ton témoignage merci à toi d'avoir invité merci Merci de soutenir ce podcast en vous abonnant pour ne manquer aucun épisode et en lui donnant 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées. Rencontrez mes invités et découvrez tous les engagements de la communauté Les Invisibles sur le compte Instagram Les Invisibles Podcast. Ensemble, continuons à visibiliser l'invisible.

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⚠️ 𝑪𝒆𝒕 𝒆́𝒑𝒊𝒔𝒐𝒅𝒆 𝒂𝒃𝒐𝒓𝒅𝒆 𝒍𝒆 𝒔𝒖𝒊𝒄𝒊𝒅𝒆, 𝒖𝒏 𝒔𝒖𝒋𝒆𝒕 𝒅𝒐𝒖𝒍𝒐𝒖𝒓𝒆𝒖𝒙 𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒆𝒔𝒔𝒆𝒏𝒕𝒊𝒆𝒍 𝒂̀ 𝒗𝒊𝒔𝒊𝒃𝒊𝒍𝒊𝒔𝒆𝒓 𝒒𝒖𝒂𝒏𝒅 𝒐𝒏 𝒑𝒂𝒓𝒍𝒆 𝒅𝒆 𝒎𝒂𝒍𝒂𝒅𝒊𝒆 𝒄𝒉𝒓𝒐𝒏𝒊𝒒𝒖𝒆 𝒆𝒕 𝑰𝒏𝒗𝒊𝒔𝒊𝒃𝒍𝒆. 𝑺𝒐𝒏𝒅𝒆𝒛 𝒗𝒐𝒕𝒓𝒆 𝒄𝒂𝒑𝒂𝒄𝒊𝒕𝒆́ 𝒂̀ 𝒆́𝒄𝒐𝒖𝒕𝒆𝒓 𝒍𝒆 𝒕𝒆́𝒎𝒐𝒊𝒈𝒏𝒂𝒈𝒆 𝒃𝒐𝒖𝒍𝒆𝒗𝒆𝒓𝒔𝒂𝒏𝒕 𝒅'𝑨𝒏𝒈𝒆𝒍𝒐.


On peut être charismatique et dépressif.

On peut être Mr Gay🇨🇭, parcourir le monde pour des concours de beauté… et, en parallèle, passer des journées enfermé chez soi, tant l’anxiété sociale et les idées noires sont écrasantes.


Après quatre grandes dépressions, Angelo vit aujourd’hui avec ce qu’on appelle une dépression chronique.

Plus jeune, il y avait des déclencheurs : son homosexualité 👨🏽‍❤️‍💋‍👨🏻 dans une société hétéronormée, une première rupture…


Mais au fil du temps, la dépression s’est mise à surgir sans frapper à la porte 🚪

Un jour, sa sœur lui dit simplement : « Tu as rendez-vous avec une thérapeute, tel jour, à telle heure. » Il ne le sait pas encore, mais cette thérapie va lui sauver la vie.


Aujourd’hui, Angelo met son image au service de la sensibilisation. Pour valider les émotions négatives, pour dire que c’est OK de ne pas aller bien, pour rendre hommage à sa maman, qui s’est suicidée alors qu’il était enfant, et à toutes celles et ceux dont la voix a été, ou reste encore, invisibilisée. 🤍


Il trouve nécessaire d’en parler, de partager pour soi, pour ses proches et pour faire avancer la cause.


It’s OK not to be OK. 💋


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https://www.lesinvisibles.ch


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les Invisibles. Juin 2020. Ma vie bascule du jour au lendemain dans une maladie neurologique, rare, qui n'a de poétique que le nom. Le syndrome du mal de débarquement. Les symptômes qu'elle m'amène vivent en colocation avec moi. 7 jours sur 7. 24 heures sur 24. Et ne prennent jamais leur week-end. Je n'ai donc pas la place pour un autre combat. Du moins, c'est ce que je crois. Puis vient ce jour où je témoigne dans une émission télé, dans l'espoir de rendre visible l'invisibilité du syndrome dont je suis atteinte. À peine sortie du plateau, forte de cette expérience et encore dans mes talons rouges, une évidence s'installe. Je n'en resterai pas là. Dans le train du retour, je rejoins à la fois ma maison et mon nouveau combat. Offrir un espace de parole au travers d'un podcast, aux personnes qui composent, bien souvent en silence, avec des maladies invisibles, et avec les regards de sociétés qui ne croient que ce qu'elles voient, deux réalités plus souvent subies que choisies. Aujourd'hui, loin de mes talons rouges et au plus proche de l'engagement, l'évidence s'étend. C'est à l'invisible ou pluriel que je vous invite. Ceux qui dans la chair, l'esprit et les sociétés se vit, sans pour autant faire de bruit. Si comme le dit Antoine de Saint-Exupéry, l'essentiel est invisible pour les yeux, ici, on compte bien le faire entendre. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    On peut être charismatique et dépressif. On peut être Mr Gay, parcourir le monde pour des concours de beauté et en parallèle, passer des journées enfermées chez soi, tant l'anxiété sociale et les idées noires sont écrasantes. Après quatre grandes dépressions, Angelo vit aujourd'hui avec ce qu'on appelle une dépression chronique. Plus jeune, il y avait des déclencheurs. Son homosexualité dans une société hétéronormée, une première rupture. Mais au fil du temps, la dépression s'est mise à surgir sans frapper à la porte. Un jour, sa sœur lui dit simplement « Tu as rendez-vous avec une thérapeute, tel jour, à telle heure. » Il ne le sait pas encore, mais cette thérapie va lui sauver la vie. Aujourd'hui, Angelo met son image au service de la sensibilisation. pour valider les émotions négatives, pour dire que c'est ok de ne pas aller bien, pour rendre hommage à sa maman, qui s'est suicidée alors qu'il était enfant, et à toutes celles et ceux dont la voix a été, ou reste encore, invisibilisée. Il trouve nécessaire d'en parler, de partager pour soi,

  • Speaker #2

    pour ses proches,

  • Speaker #1

    et pour faire avancer la cause.

  • Speaker #2

    Hello Angelo !

  • Speaker #3

    Salut !

  • Speaker #2

    Toi, tu es Mister Gay Suisse 2024 et tu as représenté la Suisse au concours Mister Gay World.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    Tu es beau, tu es charismatique, tu as toujours le sourire, tu sembles coquin, joueur sur les réseaux sociaux, tu es souvent entouré d'autres personnes. Tu corresponds en rien aux idées reçues que l'on a à propos de la dépression chronique et de l'anxiété sociale. Non. pourtant C'est bien avec ces deux problématiques de santé mentale que tu navigues.

  • Speaker #3

    Exactement, oui.

  • Speaker #2

    As-tu le sentiment aujourd'hui de vivre avec une ou plusieurs maladies invisibles ?

  • Speaker #3

    Moi, je les regroupe, je les remets dans une, puisque l'anxiété sociale est venue à travers la dépression. Ça m'a créé ce symptôme-là. Mais oui, j'estime que oui, on peut vivre, que je vis avec une maladie invisible qu'on ne voit pas du tout.

  • Speaker #2

    Pourquoi on ne les voit pas ? Parce que justement, tu as... Ce rôle-là, très charismatique, et puis derrière, il y a une souffrance qui n'est pas vue par un grand nombre. En quoi c'est invisible pour toi ?

  • Speaker #3

    Ça ne se voit pas. Justement, ça ne se voit pas. Parce que comme je dis, c'est plus facile de voir quelqu'un qui a un bras cassé, une jambe cassée. Parce qu'on le voit tout de suite. Et là, vu que c'est dans notre tête, dans la vraie vie, quand on nous voit sourire au travail et bien habillés, les gens se disent « Non, ça a l'air d'aller. » Et les gens ne se posent pas plus de questions.

  • Speaker #2

    Et Angelo, en cet instant, comment tu décrirais ton état d'esprit ? Je te pose la question parce que je sais que tu es quelqu'un qui aime qu'on puisse valider et nommer les émotions. D'ailleurs, on en parlera plus tard. Alors, ma question, c'est comment tu vas là maintenant ?

  • Speaker #3

    Je dirais une moyenne, ça va. J'ai toujours des up and down, mais je suis dans un... Dans une constance. J'ai des périodes d'hyper bonheur et des périodes où je suis le plus down. Et là, vu qu'on rentre dans la saison aussi automnale, je sais que je suis hyper sensible à ça. Et je me sens plus sensible, on va dire.

  • Speaker #2

    Ça représente quoi, cette sensibilité ? Comment ça se manifeste chez toi ?

  • Speaker #3

    Fragile dans l'humeur, la motivation, la perte d'envie de faire les choses. Mais quand je suis dans mes phases dépressives, je me renferme beaucoup. Je sens que je n'ai pas envie de sortir, je n'ai pas envie de voir du monde. C'est des petits signes qui montent déjà en mode « Ah, je rentre dans une période presque d'un automatisme. » C'est un automatisme que je me suis créé pour, d'une certaine forme, me protéger.

  • Speaker #2

    De quoi ?

  • Speaker #3

    C'est inexplicable. C'est que ma thérapeute, on a compris que mon instinct, quand je ne sais pas bien, c'est de m'enfermer. J'avais une peur, moi j'avais une peur de me montrer, de me dévoiler, de montrer au monde, ok, ça ne va pas. Et c'est d'où j'ai créé mon anxiété sociale, c'est de montrer, j'avais peur de me montrer et de dire que ça ne va pas. Et ça m'avait presque créé une phobie, c'était incroyable.

  • Speaker #2

    Tu me disais hors antenne qu'il y avait des moments où tu avais même de la difficulté à simplement aller boire un café en terrasse ou recevoir l'appel d'un ami. C'est l'anxiété qui générait ça ou c'est justement cet aspect où la dépression faisait que tu ne voulais pas montrer cette vulnérabilité ?

  • Speaker #3

    C'est qu'en fait, je pense qu'au bout d'un moment, on est pris d'une honte et moi, je voyais que ça. Quand je suis déprimé ou quand je ne suis pas bien, j'ai l'impression que je mets des lunettes et que je vois tout à travers la dépression. Et du coup, rien ne m'effrayait. Genre, aller boire un café, j'ai l'impression que le serveur allait voir que j'étais déprimé. Qu'un ami... C'est de me poser la question « Salut, ça va Angelo aujourd'hui ? » et que si je répondais « ça va » , qu'elle allait tout de suite comprendre que ça n'allait pas. Et je me suis créé un peu un... presque une paranoïa du mal-être. Alors que dans le fond, on a le droit de dire que ça ne va pas. On a des sauts d'humeur de... C'est la vie, des fois on est heureux, des fois on n'est pas heureux. Mais je pense que je me suis créé un... Ouais, c'est le cerveau qui dit « non, ça ne va pas » .

  • Speaker #2

    Et qu'est-ce qu'on vit quand on a ses lunettes de la dépression ? Qu'est-ce qu'on voit derrière ses lunettes ?

  • Speaker #3

    De la tristesse, du mal-être, de l'incompréhension. Je me suis beaucoup de fois posé la question, mais pourquoi ? Pourquoi je vis ça ? Je cherchais souvent un événement déclencheur. Parce que moi, comme je fais des dépressions chroniques, souvent j'avais des raisons. Genre, quand j'étais ado, mon homosexualité, mon identité. Donc j'avais toujours une raison. Ma première rupture. J'avais une raison. Ah ok, je suis triste parce que... Et des fois, j'avais des dépressions où je ne savais pas. Pourquoi je ne savais pas ? Tout semblait aller. Le boulot, ça allait. Je voyais mes amis. Et non, ça n'allait pas. Et je ne comprenais pas pourquoi. Et c'est là que j'ai compris que c'était une maladie. Et que c'est dans le cerveau.

  • Speaker #2

    Tu parles de dépression chronique. Est-ce que tu peux du coup revenir sur ta première dépression, de ce que ça a signifié pour toi ? J'ai l'impression que c'était dans une période charnière où tu semblais renvoyer une image d'anormalité face à une société qui est parfois homophobe.

  • Speaker #3

    C'était exactement ça. J'étais enfant, j'ai grandi. La société nous montre que le couple de base, on le voit partout, c'est que les hommes et les femmes. Et je me sentais différent. Je me disais... Je suis attiré par les garçons, j'aime les garçons, et ça ne me reflétait que l'image qu'il y a un truc qui ne va pas. Après, je me suis même tourné vers le côté religieux, on se pose la question, parce que les religions le disent fort, que l'homosexualité, ce n'est pas bien. Et j'essaie de trouver un endroit où ça me disait, en fait, non, tu es juste normal. Et le jour où je l'ai compris, c'est quand une amie m'a acheté un très beau livre, Comprendre l'homosexualité. Et ce livre m'a fait un bien fou parce que du coup, je me suis senti, bah non en fait, je suis un humain, j'ai le droit d'aimer qui je veux. Et là, je me suis senti bien. Mais c'est vrai que durant des années, j'ai souffert de ça. De ne pas me sentir comme les autres, dans la normalité que la société veut, quoi.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu as le sentiment que la société t'a rendu dépressif ? Le fait de ne pas rentrer dans des normes sociétales, est-ce que c'est ça qui a amené cette première dépression ?

  • Speaker #3

    Oui et non. Je veux dire que la société n'a pas forcément aidé. C'est vrai que si j'aurais grandi et qu'on aurait vu que l'homosexualité était tout à fait normale, peut-être que je ne l'aurais pas vécu. Mais c'est vrai que la société n'en a pas aidé, je dirais.

  • Speaker #2

    En fait, elle a comme accentué cette crise identitaire.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    C'est déjà une période charnière, cette époque-là. Je ne sais pas quel âge tu avais, tu étais jeune adulte, adolescent.

  • Speaker #3

    Je savais. Entre mes 12 et mes 18 ans, oui.

  • Speaker #2

    C'est une période où on passe tous par une crise. Oui. Ou en tout cas, grand bien leur face à ceux qui ne passent pas par là. Mais j'ai l'impression que c'est...

  • Speaker #3

    Ça avance, ça s'imprime.

  • Speaker #2

    C'est déjà un peu compliqué pour toute personne. Mais il y a un moment donné où, quand on ne se confond pas à un cadre qui est celui qui est censé être celui qui est donné par le système, ça peut être d'autant plus douloureux, j'ai l'impression. Oui,

  • Speaker #3

    bien sûr.

  • Speaker #2

    Tu as nommé que tu avais eu trois autres dépressions. Donc aujourd'hui, on en compte quatre, c'est ça ?

  • Speaker #3

    Oui, je suis en train de vous dire quatre. Grosse dépression, vraiment, où tu as des périodes où ça ne va pas. Parce qu'on dit qu'une dépression, c'est vraiment quand c'est des longues périodes. D'ailleurs, les médecins disent qu'au bout de deux semaines, si durant deux semaines, on est tout le temps dans le noir, on prend du noir, on est triste, on n'a pas envie de rien, on commence à penser que c'est un épisode dépressif. Après, il y a des niveaux. Et moi, je ne fais que quatre. 4 ? Ouais J'avais des raisons, et la dernière que j'ai faite il y a deux ans, c'est celle où je ne comprenais pas. Je n'avais pas de raison, parce qu'au début j'avais des raisons. Comme je dis, c'était mon homosexualité, c'était ma rupture, après vers la vingtaine, quand on change de travail, j'avais une crise de tout. Et après, la dernière à mes 31 ans, j'en ai 33, là, aucune raison. Du jour au lendemain, un mal-être, une tristesse, plus plaisir à rien. Et là, ça a été l'une des plus dures, parce que je ne comprenais pas, et je cherchais une raison. Je cherchais à me demander ce qu'il a fait, qu'est-ce qu'il a fait de l'événement déclencheur pour que je vive ce mal-être.

  • Speaker #2

    Tu crois qu'on a besoin de se raccrocher à une hypothèse, une explication pour mieux vivre la maladie ? Moi,

  • Speaker #3

    en tout cas, oui. Moi, j'avais besoin d'une explication. Et je l'ai eue après à travers la thérapie, de comprendre qu'on a un cerveau et que d'où on dit que c'est une maladie et qu'il y a un dysfonctionnement qui se passe dans nos têtes et qui amène à la dépression.

  • Speaker #2

    Et ça, comment tu l'as compris ? Qui c'est qui t'y a amené à identifier ?

  • Speaker #3

    De base, moi, parce que le malade, je le savais, mais à mettre le mot dessus, ma thérapeute, ma psychologue.

  • Speaker #2

    Qui c'est qui t'a dirigé vers ta thérapeute ?

  • Speaker #3

    Alors, mon entourage me conseillait, mon colloque, ma sœur, mais moi, j'avais un blocage par rapport à ça. Et en fait, un jour, j'appelais ma sœur et je lui ai dit, écoute, je crois que... Je vais voir une thérapeute. Je n'arrive pas à le faire. Je n'avais pas de force. Et c'est elle qui a pris l'initiative de l'appeler, de prendre rendez-vous. Elle m'a juste dit, tu as rendez-vous tel jour à telle heure. Donc, la seule chose que je devais faire, c'était prendre l'adresse, y aller. Et j'y suis allé.

  • Speaker #2

    Waouh, c'était une vraie alliée pour toi, ta sœur.

  • Speaker #3

    Clairement, clairement.

  • Speaker #2

    La santé mentale, c'est un sujet intime et sensible pour toi, surtout en raison de ton histoire familiale. Oui, oui. Ta maman s'est suicidée alors que tu étais un enfant en bas âge. Et ton père voit la thérapie d'un mauvais œil et on peut le comprendre.

  • Speaker #3

    Oui,

  • Speaker #2

    oui, oui. Parce qu'il y a un peu ce regard, aucune thérapie n'a sauvé ta maman.

  • Speaker #3

    Oui, exactement.

  • Speaker #2

    Et on l'a bourrée de médicaments et elle en est quand même arrivée là. Comment tu as osé, dans ce contexte-là, accepter, accueillir que toi-même tu vivais avec des problématiques de santé mentale et accepter de l'aide ?

  • Speaker #3

    Je pense que quand on n'est pas bien, déjà, de demander de l'aide, c'est déjà hyper dur. Il y a beaucoup de gens qui n'arrivent pas à demander de l'aide. Et du coup, il y a un moment, comme je dis, on est tellement dans un mal-être que du coup, on veut prendre n'importe quelle solution qui s'offre. Moi, j'ai tout essayé, la spiritualité, la religion, parce qu'on veut des solutions. Je vais m'essayer la médication. Ma docteure, elle m'a donné des antidépresseurs. On veut en sortir. Soit on se laisse m'en refondre. Ou soit on prend les portes qui sont en nous de l'aide qui s'ouvre à nous, ce qui est beau d'ailleurs, que les gens veulent nous aider et on fonce. Et ça qui m'a aidé, c'est vrai que moi j'avais aussi une idée un peu, pareil vu que j'ai perdu ma mère et moi les psychologues, ils n'avaient pas de solution. Moi je me suis dit, c'est un humain, quel humain va comprendre ce que je vis dans ma tête, mon mal-être ? Et vu mon histoire avec ma maman, je me suis dit,

  • Speaker #2

    yep.

  • Speaker #3

    ça va marcher avec elle, pourquoi ça marcherait avec moi ? Mais du coup, j'ai fait confiance et aussi d'entendre les autres me dire « Ah mais moi, je suis suivi, mon collègue était suivi. Mon collègue était suivi depuis 10 ans et il me mettait un peu la puce à l'oreille. Moi, je suis suivi, tu devrais trop aller voir une psychologue. » Et je suis là « Ouais, mais non. Ouais, mais non. » Et je disais toujours non jusqu'au jour où j'ai dit « Bah écoute, j'ai quoi perdre ? » Et la preuve, j'ai gagné et je n'ai pas perdu. Enfin, c'est incroyable. Moi, thérapeute, je l'aime trop. incroyable, j'ai appris tellement de choses. Sur moi et sur le cerveau et sur l'humain.

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, c'est une vraie ressource pour toi.

  • Speaker #3

    Oui, vraiment.

  • Speaker #2

    Le spubi est régulier ?

  • Speaker #3

    Oui, je la vois tous les deux semaines, des fois un peu moins, c'est par période. Il est régulier. Et ce qui m'a beaucoup aidé, c'est de comprendre le fonctionnement du cerveau. Le fait de comment ils fonctionnent en général et de comment le mien fonctionne. Et ça m'a libéré de fou.

  • Speaker #2

    C'est un peu ce que tu racontais tout à l'heure, ce besoin de compréhension. Ouais, ouais. Et des fois, ça permet aussi de mettre à distance la compréhension. Oui. OK, c'est moi qui fonctionne comme ça, mais c'est aussi mon cerveau et le cerveau de peut-être d'autres personnes. Je ne suis pas seul aussi là-dedans. Oui,

  • Speaker #3

    bien sûr, bien sûr. Ça m'a trop aidé de... mais Quand on vit plusieurs personnes à la même chose, il y a le côté solidaire. On se comprend tout de suite. Moi, je me rappelle, j'ai plusieurs amis qui se sont confiés à moi, qui m'ont dit « moi aussi, j'ai vécu des épisodes dépressifs » et du coup, on se sent moins seul. Ça aide énormément. Je ne suis pas le seul à vivre ça, c'est l'impression de devenir fou. Et le côté rationnel, moi, je suis quelqu'un de très rationnel. J'ai trop besoin d'avoir des explications. Et là, une thérapeute, elle peut parfaitement l'expliquer calmement et dire « voilà » . C'est le cerveau. J'ai appris comment le cerveau fonctionne quand on est triste, parce qu'on est totalement différent. Quand on est heureux et triste, on ne fonctionne pas de la même façon. Et c'est vraiment chimique. Dans le cerveau, je l'aimais. Et à chaque fois, je l'aimais. J'étais trop intéressé. Je l'aimais. Et c'est des petites caisses qu'elle ouvrait. Et au bout d'un moment, on se libère et on revit tranquillement la vie.

  • Speaker #2

    C'est intéressant de voir à quel point cet aspect chimique a un impact sur les filtres qu'on a par rapport à la vie. Quand on se sent bien, on peut vivre plein de choses qui sont plus ou moins douloureuses. Et puis, on a l'impression que ça nous passe au-dessus. On se dit, ce n'est pas grave. Enfin, voilà, et on rebondit vite. Puis, il y a des moments où il peut y avoir de la dépression, où tout est trop. En fait, on est à vif. Il y a une sensibilité trop exacerbée. Est-ce que tu as ce sentiment-là aussi ?

  • Speaker #3

    Moi, quand j'ai eu ma grosse dépression, j'ai vraiment déréglé. Je ne savais même plus ce qui me faisait plaisir. Je me souviens que ma psychologue m'avait dit une fois, elle m'avait dit « Madame, Angelo, si tu manges, même vous me dites que vous mangez une pomme et que ça vous fait du bien, je le comprends. Parce qu'on se sent tellement déréglé, on est tellement habitué à vivre dans le mal, dans le malheur. Et du coup, j'ai réappris à comprendre, ok, mais qu'est-ce qui me fait plaisir ? Pourtant, relationnellement, je le savais, j'aime le sport, j'aime sortir, je fais quand même je viens, j'adore aller au restaurant, j'adore manger. Sauf qu'on sent que c'est déréglé. Après, elle donne des outils pour vraiment le comprendre. Et j'ai perdu le fil de ta question.

  • Speaker #2

    C'était de savoir s'il y avait justement des filtres un peu différents en fonction des périodes dépressives ou des meilleures périodes où tu peux vivre les mêmes événements, mais si tu es plutôt dans un épisode dépressif ou plutôt où ça va bien, tu ne vas pas du tout les vivre de la même manière, avec la même sensibilité.

  • Speaker #3

    Ah oui, oui, du coup, ça me revient. En fait, ce que j'ai appris aussi, c'est que quand on est bien, on ne se pose pas de questions. On ne cherche pas à comprendre. « Oh, je suis trop heureux aujourd'hui, mais le pourquoi ? » On ne va pas creuser dans le cerveau. Pourquoi je suis heureux ? C'est parce que la dame ce matin m'a dit « Bonjour au café » . Et quand on n'est pas bien, on creuse. On part dans des toiles d'araignées. On cherche le petit détail du pourquoi, qu'est-ce qu'il y a. Et ça, j'ai appris à travers ma thérapie que le cerveau est comme ça. Que le cerveau, quand on est heureux, on ne se pose pas du tout de questions. Et quand on n'est pas bien, on se torture encore plus. si on cherche c'est Ma petite me disait même qu'on fait une étoile d'araignée. On part dans tous les sens alors que... Et c'est vrai, quand elle m'a dit ça, ça m'a fait sens. C'est incroyable, c'est vrai.

  • Speaker #2

    J'adore, ça me parle énormément. J'avais rarement vu ça sous ce tangue-là. Mais c'est vrai que quand ça ne va pas, tout est décortiqué, tout est analysé, tout est... empiré. Enfin voilà, il y a vraiment tout un tableau noir comme ça. Puis quand ça va, en effet, on ne se dit pas mais alors est-ce que je suis heureuse parce que la boulangère ce matin m'a fait un compliment ? C'est vrai ? Ouais, c'est vrai. En fait, il n'y a pas de question et c'est ce que tu dis. Et en fait, c'est cette tranquillité de l'esprit quand on est hors d'un trouble de santé mentale. Il y a une sorte de tranquillité de l'esprit.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'aujourd'hui, tu touches à des moments ces espaces de tranquillité d'esprit ?

  • Speaker #3

    Oui, j'y arrive. Après, j'ai plein d'exercices que je pratique, la méditation, les exercices respiratoires, les moments qui me font du bien. Parce qu'il faut savoir que devant un ami, se confier, sortir, j'adore manger, donc me faire du bien. Et j'ai des moments où je suis vraiment plus calme. Et après, j'ai des périodes où je vais revenir, où je vais être pas bien du tout. Mais maintenant, je sais comment je fonctionne. Du coup, je sais tout de suite. Ah voilà, je sens que je suis pas bien, j'ai mes petits réflexes, j'appelle ça mes petits démons. Mes petits démons, je veux me protéger, j'ai pas envie de sortir. Et du coup, il me dit, ah non, non, on se force. Allez, là, tu vas pas rester chez toi. Ok, tu restes un ou deux jours cloué au lit, mais continue à faire les activités, parce que c'est les activités, les comportements qui aident de nouveau après à revenir dans le bien, quoi.

  • Speaker #2

    Après, ce n'est pas toujours simple de savoir dans quoi on est réellement, parce qu'on peut avoir envie d'être au calme, tranquille chez soi, surtout des périodes justement automnales comme maintenant, sans être en dépression.

  • Speaker #3

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #2

    Mais toi, tu sens par d'autres indices que là, tout d'un coup, c'est un moment où tu flanches un peu, par exemple.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    Et c'est dans ces moments-là que tu te dis, OK, il faut que je me raccroche à ces plaisirs, il faut que je me reconnecte plus à mon physique, à mon corps. Tu disais respiration, méditation.

  • Speaker #3

    Exactement. Pour un peu me... Parce que moi, j'ai avec mon cerveau, il a pris des automatismes quand je ne suis pas bien. Et en fait, parce que d'ailleurs, ma thérapie, c'était en comportement. Parce que des fois, notre cerveau, j'ai appris qu'on fait des comportements. qu'on croit être bien. Par exemple, moi, je m'enfermais chez moi parce que j'ai de l'anxiété sociale. Donc moi, je m'enfermais en me disant « Ok, trop bien. J'ai peur du monde, d'être chez moi, je me sens protégé. » Mais après, ça faisait l'effet inverse. Vu que je ne sortais pas de chez moi, je me sentais mal, je me disais « Je ne fais plus rien, je suis toujours enfermé chez moi. » Et du coup, c'était un comportement que je pensais qui me protégeaient. mais qui du coup ne me protège pas. Vu qu'à la longue, je me sentais nul, insinuant, je n'étais même pas capable d'aller boire un café. Et en fait, c'est là que j'ai appris que le comportement, même si on croit qu'il est rationnel, des fois il est irrationnel. Et c'est là que j'ai appris à la traumathérapie, en fait non, des fois il faut faire des choses et qu'à la fois ça fait la boule en verre. On inverse la vapeur et après ça reprend, on reprend du rythme, on prend confiance.

  • Speaker #2

    Tu parlais tout à l'heure des plaisirs. Aujourd'hui, c'est quoi les plaisirs qui te reconnectent peut-être à l'instant, qui te donnent un peu goût à la vie, même quand ça ne va pas ?

  • Speaker #3

    C'est marrant, on revient souvent aux plaisirs simples de la vie, des choses basiques, un petit café en terrasse, un repas, une cuisine, une conversation. Alors que souvent, on est dans ce monde-là, on a tellement l'impression qu'on a besoin de grandes choses pour être heureux dans le matérialisme, dans les voyages, des fois, c'est des petites choses simples qui... qui font du bien et que je savoure différemment maintenant.

  • Speaker #2

    Et à quel moment tu as osé parler de santé mentale à ton entourage, à tes amis, à ta famille ? Alors, à ta famille, tu parlais de ta sœur, du coup, assez rapidement, j'ai le sentiment. Oui. Mais peut-être aussi avec les amis.

  • Speaker #3

    Alors, sur le moment, c'est toujours très dur pour moi de le dire. Parce que j'avais une honte. Je ne voulais pas le montrer, je ne voulais pas. Et j'arrivais à le camoufler, je suis sur les réseaux, créateur de contenu, au travail. Donc j'arrivais à cette faculté à bien le camoufler. Je n'arrive même pas vraiment à me souvenir, je crois que ça s'est fait naturellement, d'un coup. Je crois que c'était avec ma soeur, j'ai dit ça va et j'ai dit non mais ça ne va pas. Mais je me souviens que le fait de le dire, c'était tellement libérateur. Et comme ça aussi, l'entourage après il comprend. Maintenant, quand je fais mes petites épisodes dépressives, je leur dis si jamais je suis moins motivé, c'est normal. Si je commence à dire beaucoup de mots, sachez parce que je rentre dans une épisode dépressive et mon entourage comprend comment je fonctionne. Et du coup, je me sens beaucoup plus compris aussi. Et accepté et respecté. Parce que souvent, les gens veulent changer l'attitude. Je ne peux plus parler de certaines choses. Je dis non, je ne change rien. Restez vous-même, soyez vous. Et c'est comme ça que je ressors votre amour et votre respect. C'est le plus important.

  • Speaker #2

    Il y a deux choses qui sont intéressantes là, je trouve, c'est qu'à la fois tu parles du fait que c'est libérateur de dire ça va pas, comme si c'était important quelque part pour l'être humain de quand même dire la vérité, d'être dans la vérité de ce qu'il vit, de ne pas cacher, de ne pas masquer. Pourtant, on est des grands acteurs et actrices aujourd'hui à masquer ce qu'on vit, mais on sent, et je le vois aussi dans les groupes de paroles que je propose, quand on vient toucher et dire une vérité, il y a quelque chose qui se libère. Je trouve ça... extrêmement puissant et c'est ce que tu fais aussi en parlant dans ce podcast. Et l'autre chose que je trouve intéressante par rapport à l'entourage, c'est que j'ai l'impression, et ça tu me l'avais aussi un peu dit hors antenne, c'est comme si tu avais un peu appris à ton entourage à simplement écouter et pas à essayer de te réparer, à pas essayer de trouver des solutions. Souvent les gens, quand ils sont impuissants face à soi, ils veulent nous aider à tout prix, mais c'est pas toujours les bonnes techniques. En fait, est-ce que... simplement écouter, c'est déjà un pas qui semble pour toi énorme de la part de ton entourage.

  • Speaker #3

    Bien sûr. L'écoute, la compréhension va se dire, ok, ça va pas et d'avoir quelqu'un en face qui dit, ok, je comprends que ça n'allait pas. Et de laisser le ça va pas. Dans le réflexe, on a souvent tous ces réflexes qu'on n'est pas bien, on veut tout de suite switcher. C'est le premier réflexe qu'on appelle un ami, je ne suis pas bien, tu sais quoi, on va au restaurant, on va boire un verre. Et en fait, des fois, on devrait se dire, non, ça ne va pas. Bon, va-y. Bite ton sac ! Dis ce qui va pas avant d'aller au restaurant et switcher et de boire un verre. Mais on a tous cet automatisme de... Allez, comme si on ne devait pas vivre les émotions négatives, on switch. Et je n'arrête pas de dire maintenant aux gens, non, vivez les émotions petites. Parce que moi, j'ai fait souvent des trop-pleins. Et maintenant, justement, pour ne pas arriver à ce trop-plein, non, tout de suite, je vide mon sac. Ah, il y a ça qui ne m'a pas plu. Des détails, des fois dans la vie, on n'est pas content que le pneu soit crevé de la voiture. Non, on a le droit de vivre cette émotion. OK, non, ça me saoule que mon pneu soit crevé. Si on arrive au bout d'un moment, il y a pire dans la vie. Bah non, c'est un sentiment qui est là. Donc, tu as le droit de le vivre et point barre.

  • Speaker #2

    Et en quoi c'est important de nommer et valider ses émotions ? C'est pour pas que ça s'empile, c'est ça ? Et que ça devienne horrible à un certain moment ?

  • Speaker #3

    Je pense, moi, c'était mon cas. Moi, je sais que j'ai jamais validé mes émotions négatives toute ma vie. Je me suis toujours caché derrière ça. Pas caché, mais j'étais moins aimé être ce côté optimiste que les gens me disaient. Je ne me suis jamais vraiment accepté mes émotions négatives. J'étais le premier à moi-même auto-switcher dès qu'il y avait un truc qui n'allait pas. Ah, mais ça va pas. mais à pire dans le monde C'est bon, en fait. Et maintenant, j'ai appris à... Ben non, l'un va avec l'autre.

  • Speaker #2

    Quand tu as remporté Mister Gay Suisse, c'est un moment où tu aurais pu vivre ça de manière extrêmement optimiste. Mais tu m'as quand même confié que deux jours après ou pendant deux jours ou le lendemain, je ne sais plus exactement, tu as beaucoup pleuré.

  • Speaker #3

    À la suite de la finale, oui. Bon, après, il y avait le choc. C'était une belle aventure. On était au Royaume-Uni. On était plein de garçons du monde entier avec chacun ses histoires. Et c'est vrai qu'après la finale, tout le monde a un peu disparu. J'en avais vu des garçons qui avaient des bais d'avion le lendemain, Mister Thailand, ils partaient en Thaïlande, du coup j'ai vu tout le monde partir et j'ai vraiment vécu cette émotion en mode, c'est la fin, je l'ai vécu un peu comme un choc et j'ai accepté. Bah je suis triste, je suis triste oui parce que j'ai aimé ces garçons, ils partent et je me souviens que je pleurais, j'étais là mais j'ai le droit, j'ai le droit, c'est la fin d'une belle aventure, c'est la fin, c'est une émotion je suis triste parce que plus de les voir ça va être compliqué de les voir Et j'ai laissé l'émotion couler, quoi.

  • Speaker #2

    Il peut y avoir beaucoup de solitude après énormément d'effervescence. Et toutes les caméras tournées sur soi. Et tout d'un coup, on se retrouve, je ne sais pas, seul dans sa chambre d'hôtel. Et on est là, mais que quoi le monde ?

  • Speaker #3

    Pourquoi ? Je me souviens que je l'ai vraiment accepté. J'étais en mode, j'ai le droit de vivre cette petite tristesse de c'est la fin, c'est fini.

  • Speaker #2

    Tu m'as dit que lors de l'événement Mr Gay World, tu as échangé avec Mr Gay Inde, qui partageait aussi un intérêt pour la santé mentale. Oui. Qu'est-ce que ce dialogue international t'a appris sur les différentes approches et besoins en matière de santé mentale dans d'autres cultures ? De quoi on a besoin ailleurs en termes de santé mentale ? En tout cas en Inde, là précisément.

  • Speaker #3

    C'était trop beau. Rien que tu m'en parles, j'ai du frisson parce qu'à Mr Gay World, on avait tous des projets sociaux. On avait tous parlé un peu d'un projet et moi, c'était la santé mentale. Et lui, c'était aussi la santé mentale. Et quand il m'en a parlé, la première chose qui m'a choqué, c'est que l'accès à l'information, là-bas, c'est incomparable. Les gens se posent le mot psy. Ils me disaient, ça ne vient même pas aller à l'idée. Si quelqu'un n'est pas bien, on ne dit pas en mode, on va voir un psy, ça te ferait du bien peut-être. Et lui, je pense que son projet, il était magnifique parce qu'il a créé une association qui permettait justement à... Il a réussi à choisir 200 indiens. à avoir accès à des thérapeutes en Inde. Là-bas, c'était le prix. Personne ne me disait que c'était hors de prix. Et là, tu vois que moi, qui suis en Suisse, j'ai un accès à la santé, qu'elle soit physique ou mentale, beaucoup plus rapide que d'autres pays. C'est ça que je comparais. Je voyais les différents garçons, je leur ramenais leur histoire, leur identité, leur homosexualité d'autres pays. Et j'étais là, mais... Et je me souviens que c'était beau. Et je me suis senti privilégié.

  • Speaker #2

    C'est ça, on a des privilèges énormes.

  • Speaker #3

    Mais qu'on oublie.

  • Speaker #2

    Et toi, justement, aujourd'hui, tu utilises ton image pour faire avancer et défendre ces causes. Qu'est-ce que tu as vraiment envie que les gens y comprennent au travers de cet engagement ?

  • Speaker #3

    Qu'on a le droit. Qu'on a le droit de parler bien. Que c'est un droit. C'est humain, c'est la partie de nous. Et que... Demander de l'aide, ça peut être dur, mais c'est très beau à la fois aussi. Parce que beaucoup de gens ont peur de demander de l'aide. On a peur de dire ça va pas, j'ai besoin d'un coup de main. On est tellement égocentrés sur nous qu'on a tous réussi à faire tout seul nos vies par nos propres moyens. Et c'est ça que je veux dire, que les sentiments sont faits pour être vécus. Et que les moments de faiblesse aussi, on a le droit, c'est hyper important.

  • Speaker #2

    Et en même temps, on peut avoir peur parce qu'on... peut ne pas toujours être écouté.

  • Speaker #3

    Oui, c'est vrai que chaque situation est différente. Moi, j'avais un entourage, donc j'ai... J'ai eu la chance, c'est vrai que chacun est différent, mais déjà de l'essayer, on ne sait pas comment l'autre va réagir. La preuve quand j'ai dit à ma sœur bah...

  • Speaker #0

    je suis prêt à avoir un psy si elle est capable d'avoir une initiative. Donc, je lui ai transmis l'information. En transmettant l'information, les autres sont au courant. Si on ne sait pas, on ne peut pas deviner. Je dis souvent, on n'est pas devant. Je dis souvent, on ne sait pas ce qui est dans la tête de l'autre, ce qui est en face de nous. Quand j'arrive au boulot, que je suis au collègue, je ne sais pas ce que ma collègue a vécu hier soir. Peut-être qu'elle a vécu une merveilleuse soirée, peut-être qu'elle s'est disputée avec son mari et qu'elle n'est pas bien. et tant qu'on ne transmet pas l'info, on ne peut pas vraiment non plus deviner. D'où le mot invisible, on ne le voit pas. Si je viens demain avec un plâtre au boulot, ou j'ai ma collègue avec un plâtre,

  • Speaker #1

    tu vas tout de suite te poser une question.

  • Speaker #0

    Ben oui, ça va, qu'est-ce qui s'est passé ? Tandis que la tête, on ne le voit pas.

  • Speaker #1

    Avec la maladie invisible, la personne en face n'a pas pris conscience des enjeux. Elle ne va pas venir te poser chaque jour la question, et même plusieurs fois dans la journée, comment tu vas là en cet instant, alors qu'on le fait tout à fait avec un signe qui est distinctif. Est-ce que quand on se confie à son entourage, du coup... Quand on est dans une relation plus transparente, il peut y avoir quelque chose qui se renforce dans la relation.

  • Speaker #0

    Ah, bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as des anecdotes de moments partagés avec des gens où tu t'es dit, là, on a touché, atteint une profondeur qu'on n'aurait peut-être jamais eue si je n'en étais pas arrivé à parler avec autant d'authenticité ?

  • Speaker #0

    La preuve, j'ai une amie, quand je dis une fois que j'étais en dépression, elle l'était aussi et je ne savais pas. Et en fait, du coup, on a commencé à pleurer les deux. Et après, c'était bon. Tout de suite, on s'est entraînés mutuellement. Tout de suite. On faisait des conseils, on m'envoyait des exercices de respiration, de méditation, et je les envoyais aussi. Et du coup, il y a eu ce côté vraiment, on se comprend. Et ce que j'ai senti vraiment avec ceux qui ont vécu la même chose que moi, c'est vrai qu'avec d'autres parts, je n'allais pas voir les psychologues, que je me sentais incompris. mais... S'ils n'ont pas vécu ce que j'ai vécu, ils ne vont pas comprendre. Et là, le fait qu'on a vécu la même chose, ça nous a assemblés et l'entraide. On sent que l'humour reprend face et que les gens s'entraident. Et c'est ça qui est beau.

  • Speaker #1

    En fait, ce que je vois, c'est que quand on se légitime soi-même de ce qu'on vit et que du coup, on le verbalise aux autres, on permet à d'autres personnes de se légitimer aussi dans ce qu'elles vivent. Donc, ouvrir sa parole, quelque part, c'est une preuve d'engagement, voire de militance, en fait.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai. Mais c'est vrai, d'une part. Parce que le fait d'ouvrir sa part de faiblesse, c'est... Parce que quand on n'est pas bien, on a l'impression de plus parler avec le cœur. On se sent entier, je me suis libéré. Et quand on parle de choses négatives, quand on se libère, tout de suite, sa contrebalance, l'amour vient renforcer ça, quoi. C'est ça qui est beau.

  • Speaker #1

    Si aujourd'hui, tu devrais à nouveau retourner dans la dépression, parce qu'on parle de dépression chronique, comment tu t'engagerais là-dedans, entre guillemets ? Le mot est peut-être fort, mais comment tu... Qu'est-ce que tu ferais ?

  • Speaker #0

    Moi déjà, je suis suivi, j'ai ma thérapeute, donc même après le concours, tu en parlais tout à l'heure, dès que je suis revenu, je l'ai appelée. Tout de suite, pour verbaliser, pour le dire. je sais que je suis sujet A, donc je l'accepte. Sauf que comme je l'ai dit, la petite différence, c'est que maintenant, je connais mon mécanisme. Donc, je sais comment je fonctionne. Donc, j'ai les outils pour A. OK, je ne vais pas bien, mais je sais comment avancer et mieux avancer. Tandis qu'avant, je n'avais pas les outils. Et c'est ça que je veux faire comprendre aux gens. Des fois, on peut avoir les outils. Demander de l'aide pour avoir les outils pour mieux se comprendre, mieux avancer et mieux guérir.

  • Speaker #1

    Et on peut avoir les outils et quand même entrer dans la dépression. Est-ce que ça, c'est OK ?

  • Speaker #0

    Oui. J'ai envie de te dire, tu n'as pas le choix quand tu es dedans. Mais bien sûr, bien sûr. Je suis OK de revivre, mais c'est peut-être dépressif. Je sais que je vais en revivre. Vu que j'en ai vécu plein. Je me protège. Je sais que je veux l'évitement, je veux tout faire pour pas. Mais j'accepte. J'accepte que ce sujet, j'ai accepté que c'est aussi une maladie.

  • Speaker #1

    Toi, tu as une phrase aujourd'hui qui est quand même « it's okay to not to be okay » . Ah,

  • Speaker #0

    clairement.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'elle signifie pour toi et comment tu espères qu'elle résonne chez les personnes qui te suivent ?

  • Speaker #0

    Justement qu'ils acceptent, ouais, it's okay. Je ne suis pas okay, mais c'est okay de ne pas être okay. Et qu'est-ce que je vais en faire, surtout ? Certains, ils arrivent à l'accepter, à vivre avec un moment pas bien et… le switcher et certains, ils ont le droit de dire, ok, je ne suis pas bien, est-ce que je peux faire en sorte que ça aille mieux ? Et du coup, ouvrir la porte des possibilités et qu'il y a plein de possibilités pour aller mieux. plein pour s'aider, pour mieux se connaître. Moi, c'est quoi ? Ce que j'ai appris à travers ma thérapie dans le fond, c'est comment je fonctionne encore. Je me suis encore mieux connu moi-même. Une autre part de moi que je ne voulais pas connaître, une part plus sombre, plus triste, mais ça m'a aidé à me connaître encore plus dans ma globalité.

  • Speaker #1

    Dans les outils, tu nommais la respiration, les méditations, la thérapeute, peut-être sortir avec un ami, est-ce que t'en as d'autres à proposer ?

  • Speaker #0

    Non, celle que j'ai pratiquée. Après, moi, je suis un peu spirituel, donc j'ai fait aussi beaucoup de soins énergétiques. J'aime beaucoup de massages, de relaxation. On nettoie un peu les cheveux. Ça, c'est mon domaine. Pas tout le monde aime ou aime ça. Non, c'est dans la compétitivité. C'est ça, la parole, la base. Non, je n'ai pas d'autres qui me viennent à la tête comme dans l'esprit que j'utilise.

  • Speaker #1

    Après, sans forcément parler de soins énergétiques, parce que comme tu dis, ça ne parle pas à tout le monde, le fait de revenir au corps avec un massage ou quelque chose qui permet de... revenir là, dans sa base, dans l'instant ? Parce que souvent aussi, quand on n'est pas bien, on se dissocie un peu de soi, parce que c'est trop dur d'être à l'intérieur de soi. Est-ce que du coup, de revenir dans le corps, selon toi, ça peut être un outil ?

  • Speaker #0

    Oui. Le sport, je ne vais pas parler du sport. L'activité physique, le fait de bouger, ou les massages, les soins, d'activer son corps, aide beaucoup aussi.

  • Speaker #1

    Dans quelque chose qui est des fois plus physiologique, au final, qu'un impact sur les pensées ou le mental.

  • Speaker #0

    Exactement. Oui, oui, clairement.

  • Speaker #1

    Moi, j'arrive gentiment sur mes deux questions de fin. Est-ce que toi, avant ça, t'avais envie de partager, rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de dire ce qu'il y a de beaucoup. L'espoir existe. Et je dis souvent qu'après la pluie, il y a toujours le beau temps. Je le dis toujours. Donc, c'est l'espoir qui fait... qui m'a fait aussi avancer. Moi, dans ma dépression, le fait de me dire qu'il y a une lumière au bout du tunnel, ça aide à avancer. Et moi, j'y crois qu'on a tous un moment le droit à respirer, à aller mieux, à sourire et que certains, c'est plus dur que d'autres. Mais moi, j'y crois et que l'espoir aide beaucoup et que ça peut aller mieux.

  • Speaker #1

    Donc, même dans l'espace le plus noir, t'as toujours senti qu'il y avait quand même quelque chose qui ferait qu'un jour, ça irait mieux. Il y avait une intuition.

  • Speaker #0

    Je me forçais à y croire.

  • Speaker #1

    Tu te forçais.

  • Speaker #0

    Ben, on est vivant quand même. Je me dis, quand même, quand j'étais au bout de mon lit, en train de pleurer, en train de ne pas savoir ce qui se passait, je me disais, un jour, je vais comprendre. Mais sur le moment, c'est horrible. Quand tu es sur le moment et que tu n'es pas bien, les gens qui vivent de dépression, ils le savent. Les moments durs, tu ne comprends pas. Mais au fond de moi, je me dis, je suis quand même vivant. Il y a forcément une raison à tout ça. Je vais comprendre. La preuve, ça ne m'a jamais poussé autant à m'instruire, à m'informer sur cette maladie mentale, à faire autant de thérapies. Je ne connaissais pas autant de thérapies. Les soins, les massages, les exercices de respiration ou d'autres choses, les cohérences cardiaques. La preuve, ça m'a poussé. Dans ce domaine, j'ai appris tellement de choses d'un côté.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'aujourd'hui, tu as le sentiment que de visibiliser ces problématiques de santé mentale, c'est comme si ça réparait quelque chose en lien avec le suicide de ta maman ?

  • Speaker #0

    Oui, je veux prévenir. Je suis en train de guérir ce trauma d'enfance que j'ai de l'avoir perdu ma maman. Je pense aussi, il y a plein de fois où je me posais aussi la question, pourquoi je fais une dépression ? souvent posé la question si c'est héréditaire, à un psychologue. Est-ce que c'est héréditaire ? On dit que. On dit que les personnes qui ont des entourages proches, qui ont des dépressifs, qu'on peut plus l'être. Et je pense qu'il y a une part de moi qui veut combattre et pour pas arriver à cette finalité du suicide de ma maman, et de dire que non, c'est pas la seule solution, qu'on peut toujours rester en vie, qu'on peut toujours vivre et trouver les solutions pour ça. avec mon exemple de ma maman c'est le côté tragique de la dépression c'est le pire scénario c'est horrible et je veux montrer que je pense qu'il y a des solutions qu'on peut tous en guérir souvent

  • Speaker #1

    on oublie que les personnes qui se suicident sont des personnes malades et que le suicide est souvent une conséquence au fait d'être invisibilisés, ignorés, que la maladie est méconnue, pour toutes ces raisons-là. Moi, ça me touche particulièrement parce que j'ai un grand-père que je n'ai pas connu, qui s'appelle Angelo, qui s'appelait Angelo, et qui s'est aussi suicidé. Et dans mon intuition, je pense qu'il était malade, non diagnostiqué. Il allait très souvent en hôpital psychiatrique, mais il n'y avait pas eu de mots, je crois, sur ce qu'il vivait. Et il a fini aussi par se donner la mort. Et j'ai l'impression qu'aujourd'hui, on leur rend un peu hommage à ces personnes qui n'ont pas eu forcément le bon accompagnement ou la bonne personne qui a su les regarder lorsqu'elles vivaient foncièrement. Et je me dis, aujourd'hui, c'est une part de nous aussi de militer pour eux. Bien sûr. Pour ces voix qui ont été invisibles jusqu'à la mort.

  • Speaker #0

    Oui. Et peut-être pas écoutées à ce moment. Et c'est ce que je veux aussi. C'est vrai que ma mère, elle n'avait que l'entourage qui le savait. On n'avait pas cette aire des réseaux et cette aire de l'information comme maintenant. Et moi, c'est mon but. Je donne mon image pour le temps de me dire, OK, je suis d'accord de dire que ça va pas. Je suis d'accord, comme aujourd'hui, d'en parler ouvertement. Et pour... sensibiliser pour que les gens se sentent moins seuls. Parce que moi, je me souviens, quand je voyais des vidéos ou des témoignages, ça m'a fait tellement du bien de savoir, OK, je ne suis pas le seul à vivre ça, quoi.

  • Speaker #1

    Et quel message tu aimerais faire passer à l'entourage des personnes qui vivent avec ces maladies ?

  • Speaker #0

    Qu'il n'y a pas de juste ou faux. Déjà d'être présent, à l'écoute, c'est déjà énorme. Et souvent, l'entourage croit qu'il faut tout d'un coup modifier ou... parler de certains sujets. Non, il faut juste être soi et montrer qu'on est là. Me dire, écoute, je suis là si ça va, bien sûr, mais si ça ne va pas, je suis là aussi, même si ce n'est pas facile à parler. Et ça, c'est déjà un énorme pas. Ça, ouais, vraiment.

  • Speaker #1

    Et quel super pouvoir t'a amené la dépression chronique ?

  • Speaker #0

    Que j'ai toujours envie de me battre tout le temps. J'ai envie. Mais je pense, pour être plus humain, ça a totalement changé mon écoute face aux autres. Parce qu'avant, quand j'avais un collègue ou un ami qui me disait « Ah, ça va pas ? » Comme je disais tout à l'heure, je suis de chef vite. Et là, tout d'un coup, je suis en mode « Hein ? Qu'est-ce qui va pas ? » Pas que je les force, mais je les invite vraiment à valider les émotions négatives. Parce que le positif, comme je disais tout à l'heure, quand on est bien, on se pose pas la question. C'est génial ! Tu as acheté une nouvelle voiture, c'est génial, t'es trop mal habillé, t'es trop joli aujourd'hui, c'est des compliments. Mais quand ça va pas, et là, je sais que mon écoute a totalement changé et que les gens, je sens que les gens sont beaucoup plus libérateurs autour de moi. Ils ont pas peur à dire, ah écoute, ça va pas. Et pour moi, c'est un compliment. Je me dis, ah, c'est trop beau, tu peux être toi en face de moi. Et je pense qu'on devrait tous être comme ça, quoi. Laisser tout le monde s'exprimer librement.

  • Speaker #1

    magnifique merci Angelo pour ton témoignage merci à toi d'avoir invité merci Merci de soutenir ce podcast en vous abonnant pour ne manquer aucun épisode et en lui donnant 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées. Rencontrez mes invités et découvrez tous les engagements de la communauté Les Invisibles sur le compte Instagram Les Invisibles Podcast. Ensemble, continuons à visibiliser l'invisible.

Description

⚠️ 𝑪𝒆𝒕 𝒆́𝒑𝒊𝒔𝒐𝒅𝒆 𝒂𝒃𝒐𝒓𝒅𝒆 𝒍𝒆 𝒔𝒖𝒊𝒄𝒊𝒅𝒆, 𝒖𝒏 𝒔𝒖𝒋𝒆𝒕 𝒅𝒐𝒖𝒍𝒐𝒖𝒓𝒆𝒖𝒙 𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒆𝒔𝒔𝒆𝒏𝒕𝒊𝒆𝒍 𝒂̀ 𝒗𝒊𝒔𝒊𝒃𝒊𝒍𝒊𝒔𝒆𝒓 𝒒𝒖𝒂𝒏𝒅 𝒐𝒏 𝒑𝒂𝒓𝒍𝒆 𝒅𝒆 𝒎𝒂𝒍𝒂𝒅𝒊𝒆 𝒄𝒉𝒓𝒐𝒏𝒊𝒒𝒖𝒆 𝒆𝒕 𝑰𝒏𝒗𝒊𝒔𝒊𝒃𝒍𝒆. 𝑺𝒐𝒏𝒅𝒆𝒛 𝒗𝒐𝒕𝒓𝒆 𝒄𝒂𝒑𝒂𝒄𝒊𝒕𝒆́ 𝒂̀ 𝒆́𝒄𝒐𝒖𝒕𝒆𝒓 𝒍𝒆 𝒕𝒆́𝒎𝒐𝒊𝒈𝒏𝒂𝒈𝒆 𝒃𝒐𝒖𝒍𝒆𝒗𝒆𝒓𝒔𝒂𝒏𝒕 𝒅'𝑨𝒏𝒈𝒆𝒍𝒐.


On peut être charismatique et dépressif.

On peut être Mr Gay🇨🇭, parcourir le monde pour des concours de beauté… et, en parallèle, passer des journées enfermé chez soi, tant l’anxiété sociale et les idées noires sont écrasantes.


Après quatre grandes dépressions, Angelo vit aujourd’hui avec ce qu’on appelle une dépression chronique.

Plus jeune, il y avait des déclencheurs : son homosexualité 👨🏽‍❤️‍💋‍👨🏻 dans une société hétéronormée, une première rupture…


Mais au fil du temps, la dépression s’est mise à surgir sans frapper à la porte 🚪

Un jour, sa sœur lui dit simplement : « Tu as rendez-vous avec une thérapeute, tel jour, à telle heure. » Il ne le sait pas encore, mais cette thérapie va lui sauver la vie.


Aujourd’hui, Angelo met son image au service de la sensibilisation. Pour valider les émotions négatives, pour dire que c’est OK de ne pas aller bien, pour rendre hommage à sa maman, qui s’est suicidée alors qu’il était enfant, et à toutes celles et ceux dont la voix a été, ou reste encore, invisibilisée. 🤍


Il trouve nécessaire d’en parler, de partager pour soi, pour ses proches et pour faire avancer la cause.


It’s OK not to be OK. 💋


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Transcription

  • Speaker #0

    Les Invisibles. Juin 2020. Ma vie bascule du jour au lendemain dans une maladie neurologique, rare, qui n'a de poétique que le nom. Le syndrome du mal de débarquement. Les symptômes qu'elle m'amène vivent en colocation avec moi. 7 jours sur 7. 24 heures sur 24. Et ne prennent jamais leur week-end. Je n'ai donc pas la place pour un autre combat. Du moins, c'est ce que je crois. Puis vient ce jour où je témoigne dans une émission télé, dans l'espoir de rendre visible l'invisibilité du syndrome dont je suis atteinte. À peine sortie du plateau, forte de cette expérience et encore dans mes talons rouges, une évidence s'installe. Je n'en resterai pas là. Dans le train du retour, je rejoins à la fois ma maison et mon nouveau combat. Offrir un espace de parole au travers d'un podcast, aux personnes qui composent, bien souvent en silence, avec des maladies invisibles, et avec les regards de sociétés qui ne croient que ce qu'elles voient, deux réalités plus souvent subies que choisies. Aujourd'hui, loin de mes talons rouges et au plus proche de l'engagement, l'évidence s'étend. C'est à l'invisible ou pluriel que je vous invite. Ceux qui dans la chair, l'esprit et les sociétés se vit, sans pour autant faire de bruit. Si comme le dit Antoine de Saint-Exupéry, l'essentiel est invisible pour les yeux, ici, on compte bien le faire entendre. Bonne écoute !

  • Speaker #1

    On peut être charismatique et dépressif. On peut être Mr Gay, parcourir le monde pour des concours de beauté et en parallèle, passer des journées enfermées chez soi, tant l'anxiété sociale et les idées noires sont écrasantes. Après quatre grandes dépressions, Angelo vit aujourd'hui avec ce qu'on appelle une dépression chronique. Plus jeune, il y avait des déclencheurs. Son homosexualité dans une société hétéronormée, une première rupture. Mais au fil du temps, la dépression s'est mise à surgir sans frapper à la porte. Un jour, sa sœur lui dit simplement « Tu as rendez-vous avec une thérapeute, tel jour, à telle heure. » Il ne le sait pas encore, mais cette thérapie va lui sauver la vie. Aujourd'hui, Angelo met son image au service de la sensibilisation. pour valider les émotions négatives, pour dire que c'est ok de ne pas aller bien, pour rendre hommage à sa maman, qui s'est suicidée alors qu'il était enfant, et à toutes celles et ceux dont la voix a été, ou reste encore, invisibilisée. Il trouve nécessaire d'en parler, de partager pour soi,

  • Speaker #2

    pour ses proches,

  • Speaker #1

    et pour faire avancer la cause.

  • Speaker #2

    Hello Angelo !

  • Speaker #3

    Salut !

  • Speaker #2

    Toi, tu es Mister Gay Suisse 2024 et tu as représenté la Suisse au concours Mister Gay World.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    Tu es beau, tu es charismatique, tu as toujours le sourire, tu sembles coquin, joueur sur les réseaux sociaux, tu es souvent entouré d'autres personnes. Tu corresponds en rien aux idées reçues que l'on a à propos de la dépression chronique et de l'anxiété sociale. Non. pourtant C'est bien avec ces deux problématiques de santé mentale que tu navigues.

  • Speaker #3

    Exactement, oui.

  • Speaker #2

    As-tu le sentiment aujourd'hui de vivre avec une ou plusieurs maladies invisibles ?

  • Speaker #3

    Moi, je les regroupe, je les remets dans une, puisque l'anxiété sociale est venue à travers la dépression. Ça m'a créé ce symptôme-là. Mais oui, j'estime que oui, on peut vivre, que je vis avec une maladie invisible qu'on ne voit pas du tout.

  • Speaker #2

    Pourquoi on ne les voit pas ? Parce que justement, tu as... Ce rôle-là, très charismatique, et puis derrière, il y a une souffrance qui n'est pas vue par un grand nombre. En quoi c'est invisible pour toi ?

  • Speaker #3

    Ça ne se voit pas. Justement, ça ne se voit pas. Parce que comme je dis, c'est plus facile de voir quelqu'un qui a un bras cassé, une jambe cassée. Parce qu'on le voit tout de suite. Et là, vu que c'est dans notre tête, dans la vraie vie, quand on nous voit sourire au travail et bien habillés, les gens se disent « Non, ça a l'air d'aller. » Et les gens ne se posent pas plus de questions.

  • Speaker #2

    Et Angelo, en cet instant, comment tu décrirais ton état d'esprit ? Je te pose la question parce que je sais que tu es quelqu'un qui aime qu'on puisse valider et nommer les émotions. D'ailleurs, on en parlera plus tard. Alors, ma question, c'est comment tu vas là maintenant ?

  • Speaker #3

    Je dirais une moyenne, ça va. J'ai toujours des up and down, mais je suis dans un... Dans une constance. J'ai des périodes d'hyper bonheur et des périodes où je suis le plus down. Et là, vu qu'on rentre dans la saison aussi automnale, je sais que je suis hyper sensible à ça. Et je me sens plus sensible, on va dire.

  • Speaker #2

    Ça représente quoi, cette sensibilité ? Comment ça se manifeste chez toi ?

  • Speaker #3

    Fragile dans l'humeur, la motivation, la perte d'envie de faire les choses. Mais quand je suis dans mes phases dépressives, je me renferme beaucoup. Je sens que je n'ai pas envie de sortir, je n'ai pas envie de voir du monde. C'est des petits signes qui montent déjà en mode « Ah, je rentre dans une période presque d'un automatisme. » C'est un automatisme que je me suis créé pour, d'une certaine forme, me protéger.

  • Speaker #2

    De quoi ?

  • Speaker #3

    C'est inexplicable. C'est que ma thérapeute, on a compris que mon instinct, quand je ne sais pas bien, c'est de m'enfermer. J'avais une peur, moi j'avais une peur de me montrer, de me dévoiler, de montrer au monde, ok, ça ne va pas. Et c'est d'où j'ai créé mon anxiété sociale, c'est de montrer, j'avais peur de me montrer et de dire que ça ne va pas. Et ça m'avait presque créé une phobie, c'était incroyable.

  • Speaker #2

    Tu me disais hors antenne qu'il y avait des moments où tu avais même de la difficulté à simplement aller boire un café en terrasse ou recevoir l'appel d'un ami. C'est l'anxiété qui générait ça ou c'est justement cet aspect où la dépression faisait que tu ne voulais pas montrer cette vulnérabilité ?

  • Speaker #3

    C'est qu'en fait, je pense qu'au bout d'un moment, on est pris d'une honte et moi, je voyais que ça. Quand je suis déprimé ou quand je ne suis pas bien, j'ai l'impression que je mets des lunettes et que je vois tout à travers la dépression. Et du coup, rien ne m'effrayait. Genre, aller boire un café, j'ai l'impression que le serveur allait voir que j'étais déprimé. Qu'un ami... C'est de me poser la question « Salut, ça va Angelo aujourd'hui ? » et que si je répondais « ça va » , qu'elle allait tout de suite comprendre que ça n'allait pas. Et je me suis créé un peu un... presque une paranoïa du mal-être. Alors que dans le fond, on a le droit de dire que ça ne va pas. On a des sauts d'humeur de... C'est la vie, des fois on est heureux, des fois on n'est pas heureux. Mais je pense que je me suis créé un... Ouais, c'est le cerveau qui dit « non, ça ne va pas » .

  • Speaker #2

    Et qu'est-ce qu'on vit quand on a ses lunettes de la dépression ? Qu'est-ce qu'on voit derrière ses lunettes ?

  • Speaker #3

    De la tristesse, du mal-être, de l'incompréhension. Je me suis beaucoup de fois posé la question, mais pourquoi ? Pourquoi je vis ça ? Je cherchais souvent un événement déclencheur. Parce que moi, comme je fais des dépressions chroniques, souvent j'avais des raisons. Genre, quand j'étais ado, mon homosexualité, mon identité. Donc j'avais toujours une raison. Ma première rupture. J'avais une raison. Ah ok, je suis triste parce que... Et des fois, j'avais des dépressions où je ne savais pas. Pourquoi je ne savais pas ? Tout semblait aller. Le boulot, ça allait. Je voyais mes amis. Et non, ça n'allait pas. Et je ne comprenais pas pourquoi. Et c'est là que j'ai compris que c'était une maladie. Et que c'est dans le cerveau.

  • Speaker #2

    Tu parles de dépression chronique. Est-ce que tu peux du coup revenir sur ta première dépression, de ce que ça a signifié pour toi ? J'ai l'impression que c'était dans une période charnière où tu semblais renvoyer une image d'anormalité face à une société qui est parfois homophobe.

  • Speaker #3

    C'était exactement ça. J'étais enfant, j'ai grandi. La société nous montre que le couple de base, on le voit partout, c'est que les hommes et les femmes. Et je me sentais différent. Je me disais... Je suis attiré par les garçons, j'aime les garçons, et ça ne me reflétait que l'image qu'il y a un truc qui ne va pas. Après, je me suis même tourné vers le côté religieux, on se pose la question, parce que les religions le disent fort, que l'homosexualité, ce n'est pas bien. Et j'essaie de trouver un endroit où ça me disait, en fait, non, tu es juste normal. Et le jour où je l'ai compris, c'est quand une amie m'a acheté un très beau livre, Comprendre l'homosexualité. Et ce livre m'a fait un bien fou parce que du coup, je me suis senti, bah non en fait, je suis un humain, j'ai le droit d'aimer qui je veux. Et là, je me suis senti bien. Mais c'est vrai que durant des années, j'ai souffert de ça. De ne pas me sentir comme les autres, dans la normalité que la société veut, quoi.

  • Speaker #2

    Est-ce que tu as le sentiment que la société t'a rendu dépressif ? Le fait de ne pas rentrer dans des normes sociétales, est-ce que c'est ça qui a amené cette première dépression ?

  • Speaker #3

    Oui et non. Je veux dire que la société n'a pas forcément aidé. C'est vrai que si j'aurais grandi et qu'on aurait vu que l'homosexualité était tout à fait normale, peut-être que je ne l'aurais pas vécu. Mais c'est vrai que la société n'en a pas aidé, je dirais.

  • Speaker #2

    En fait, elle a comme accentué cette crise identitaire.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    C'est déjà une période charnière, cette époque-là. Je ne sais pas quel âge tu avais, tu étais jeune adulte, adolescent.

  • Speaker #3

    Je savais. Entre mes 12 et mes 18 ans, oui.

  • Speaker #2

    C'est une période où on passe tous par une crise. Oui. Ou en tout cas, grand bien leur face à ceux qui ne passent pas par là. Mais j'ai l'impression que c'est...

  • Speaker #3

    Ça avance, ça s'imprime.

  • Speaker #2

    C'est déjà un peu compliqué pour toute personne. Mais il y a un moment donné où, quand on ne se confond pas à un cadre qui est celui qui est censé être celui qui est donné par le système, ça peut être d'autant plus douloureux, j'ai l'impression. Oui,

  • Speaker #3

    bien sûr.

  • Speaker #2

    Tu as nommé que tu avais eu trois autres dépressions. Donc aujourd'hui, on en compte quatre, c'est ça ?

  • Speaker #3

    Oui, je suis en train de vous dire quatre. Grosse dépression, vraiment, où tu as des périodes où ça ne va pas. Parce qu'on dit qu'une dépression, c'est vraiment quand c'est des longues périodes. D'ailleurs, les médecins disent qu'au bout de deux semaines, si durant deux semaines, on est tout le temps dans le noir, on prend du noir, on est triste, on n'a pas envie de rien, on commence à penser que c'est un épisode dépressif. Après, il y a des niveaux. Et moi, je ne fais que quatre. 4 ? Ouais J'avais des raisons, et la dernière que j'ai faite il y a deux ans, c'est celle où je ne comprenais pas. Je n'avais pas de raison, parce qu'au début j'avais des raisons. Comme je dis, c'était mon homosexualité, c'était ma rupture, après vers la vingtaine, quand on change de travail, j'avais une crise de tout. Et après, la dernière à mes 31 ans, j'en ai 33, là, aucune raison. Du jour au lendemain, un mal-être, une tristesse, plus plaisir à rien. Et là, ça a été l'une des plus dures, parce que je ne comprenais pas, et je cherchais une raison. Je cherchais à me demander ce qu'il a fait, qu'est-ce qu'il a fait de l'événement déclencheur pour que je vive ce mal-être.

  • Speaker #2

    Tu crois qu'on a besoin de se raccrocher à une hypothèse, une explication pour mieux vivre la maladie ? Moi,

  • Speaker #3

    en tout cas, oui. Moi, j'avais besoin d'une explication. Et je l'ai eue après à travers la thérapie, de comprendre qu'on a un cerveau et que d'où on dit que c'est une maladie et qu'il y a un dysfonctionnement qui se passe dans nos têtes et qui amène à la dépression.

  • Speaker #2

    Et ça, comment tu l'as compris ? Qui c'est qui t'y a amené à identifier ?

  • Speaker #3

    De base, moi, parce que le malade, je le savais, mais à mettre le mot dessus, ma thérapeute, ma psychologue.

  • Speaker #2

    Qui c'est qui t'a dirigé vers ta thérapeute ?

  • Speaker #3

    Alors, mon entourage me conseillait, mon colloque, ma sœur, mais moi, j'avais un blocage par rapport à ça. Et en fait, un jour, j'appelais ma sœur et je lui ai dit, écoute, je crois que... Je vais voir une thérapeute. Je n'arrive pas à le faire. Je n'avais pas de force. Et c'est elle qui a pris l'initiative de l'appeler, de prendre rendez-vous. Elle m'a juste dit, tu as rendez-vous tel jour à telle heure. Donc, la seule chose que je devais faire, c'était prendre l'adresse, y aller. Et j'y suis allé.

  • Speaker #2

    Waouh, c'était une vraie alliée pour toi, ta sœur.

  • Speaker #3

    Clairement, clairement.

  • Speaker #2

    La santé mentale, c'est un sujet intime et sensible pour toi, surtout en raison de ton histoire familiale. Oui, oui. Ta maman s'est suicidée alors que tu étais un enfant en bas âge. Et ton père voit la thérapie d'un mauvais œil et on peut le comprendre.

  • Speaker #3

    Oui,

  • Speaker #2

    oui, oui. Parce qu'il y a un peu ce regard, aucune thérapie n'a sauvé ta maman.

  • Speaker #3

    Oui, exactement.

  • Speaker #2

    Et on l'a bourrée de médicaments et elle en est quand même arrivée là. Comment tu as osé, dans ce contexte-là, accepter, accueillir que toi-même tu vivais avec des problématiques de santé mentale et accepter de l'aide ?

  • Speaker #3

    Je pense que quand on n'est pas bien, déjà, de demander de l'aide, c'est déjà hyper dur. Il y a beaucoup de gens qui n'arrivent pas à demander de l'aide. Et du coup, il y a un moment, comme je dis, on est tellement dans un mal-être que du coup, on veut prendre n'importe quelle solution qui s'offre. Moi, j'ai tout essayé, la spiritualité, la religion, parce qu'on veut des solutions. Je vais m'essayer la médication. Ma docteure, elle m'a donné des antidépresseurs. On veut en sortir. Soit on se laisse m'en refondre. Ou soit on prend les portes qui sont en nous de l'aide qui s'ouvre à nous, ce qui est beau d'ailleurs, que les gens veulent nous aider et on fonce. Et ça qui m'a aidé, c'est vrai que moi j'avais aussi une idée un peu, pareil vu que j'ai perdu ma mère et moi les psychologues, ils n'avaient pas de solution. Moi je me suis dit, c'est un humain, quel humain va comprendre ce que je vis dans ma tête, mon mal-être ? Et vu mon histoire avec ma maman, je me suis dit,

  • Speaker #2

    yep.

  • Speaker #3

    ça va marcher avec elle, pourquoi ça marcherait avec moi ? Mais du coup, j'ai fait confiance et aussi d'entendre les autres me dire « Ah mais moi, je suis suivi, mon collègue était suivi. Mon collègue était suivi depuis 10 ans et il me mettait un peu la puce à l'oreille. Moi, je suis suivi, tu devrais trop aller voir une psychologue. » Et je suis là « Ouais, mais non. Ouais, mais non. » Et je disais toujours non jusqu'au jour où j'ai dit « Bah écoute, j'ai quoi perdre ? » Et la preuve, j'ai gagné et je n'ai pas perdu. Enfin, c'est incroyable. Moi, thérapeute, je l'aime trop. incroyable, j'ai appris tellement de choses. Sur moi et sur le cerveau et sur l'humain.

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, c'est une vraie ressource pour toi.

  • Speaker #3

    Oui, vraiment.

  • Speaker #2

    Le spubi est régulier ?

  • Speaker #3

    Oui, je la vois tous les deux semaines, des fois un peu moins, c'est par période. Il est régulier. Et ce qui m'a beaucoup aidé, c'est de comprendre le fonctionnement du cerveau. Le fait de comment ils fonctionnent en général et de comment le mien fonctionne. Et ça m'a libéré de fou.

  • Speaker #2

    C'est un peu ce que tu racontais tout à l'heure, ce besoin de compréhension. Ouais, ouais. Et des fois, ça permet aussi de mettre à distance la compréhension. Oui. OK, c'est moi qui fonctionne comme ça, mais c'est aussi mon cerveau et le cerveau de peut-être d'autres personnes. Je ne suis pas seul aussi là-dedans. Oui,

  • Speaker #3

    bien sûr, bien sûr. Ça m'a trop aidé de... mais Quand on vit plusieurs personnes à la même chose, il y a le côté solidaire. On se comprend tout de suite. Moi, je me rappelle, j'ai plusieurs amis qui se sont confiés à moi, qui m'ont dit « moi aussi, j'ai vécu des épisodes dépressifs » et du coup, on se sent moins seul. Ça aide énormément. Je ne suis pas le seul à vivre ça, c'est l'impression de devenir fou. Et le côté rationnel, moi, je suis quelqu'un de très rationnel. J'ai trop besoin d'avoir des explications. Et là, une thérapeute, elle peut parfaitement l'expliquer calmement et dire « voilà » . C'est le cerveau. J'ai appris comment le cerveau fonctionne quand on est triste, parce qu'on est totalement différent. Quand on est heureux et triste, on ne fonctionne pas de la même façon. Et c'est vraiment chimique. Dans le cerveau, je l'aimais. Et à chaque fois, je l'aimais. J'étais trop intéressé. Je l'aimais. Et c'est des petites caisses qu'elle ouvrait. Et au bout d'un moment, on se libère et on revit tranquillement la vie.

  • Speaker #2

    C'est intéressant de voir à quel point cet aspect chimique a un impact sur les filtres qu'on a par rapport à la vie. Quand on se sent bien, on peut vivre plein de choses qui sont plus ou moins douloureuses. Et puis, on a l'impression que ça nous passe au-dessus. On se dit, ce n'est pas grave. Enfin, voilà, et on rebondit vite. Puis, il y a des moments où il peut y avoir de la dépression, où tout est trop. En fait, on est à vif. Il y a une sensibilité trop exacerbée. Est-ce que tu as ce sentiment-là aussi ?

  • Speaker #3

    Moi, quand j'ai eu ma grosse dépression, j'ai vraiment déréglé. Je ne savais même plus ce qui me faisait plaisir. Je me souviens que ma psychologue m'avait dit une fois, elle m'avait dit « Madame, Angelo, si tu manges, même vous me dites que vous mangez une pomme et que ça vous fait du bien, je le comprends. Parce qu'on se sent tellement déréglé, on est tellement habitué à vivre dans le mal, dans le malheur. Et du coup, j'ai réappris à comprendre, ok, mais qu'est-ce qui me fait plaisir ? Pourtant, relationnellement, je le savais, j'aime le sport, j'aime sortir, je fais quand même je viens, j'adore aller au restaurant, j'adore manger. Sauf qu'on sent que c'est déréglé. Après, elle donne des outils pour vraiment le comprendre. Et j'ai perdu le fil de ta question.

  • Speaker #2

    C'était de savoir s'il y avait justement des filtres un peu différents en fonction des périodes dépressives ou des meilleures périodes où tu peux vivre les mêmes événements, mais si tu es plutôt dans un épisode dépressif ou plutôt où ça va bien, tu ne vas pas du tout les vivre de la même manière, avec la même sensibilité.

  • Speaker #3

    Ah oui, oui, du coup, ça me revient. En fait, ce que j'ai appris aussi, c'est que quand on est bien, on ne se pose pas de questions. On ne cherche pas à comprendre. « Oh, je suis trop heureux aujourd'hui, mais le pourquoi ? » On ne va pas creuser dans le cerveau. Pourquoi je suis heureux ? C'est parce que la dame ce matin m'a dit « Bonjour au café » . Et quand on n'est pas bien, on creuse. On part dans des toiles d'araignées. On cherche le petit détail du pourquoi, qu'est-ce qu'il y a. Et ça, j'ai appris à travers ma thérapie que le cerveau est comme ça. Que le cerveau, quand on est heureux, on ne se pose pas du tout de questions. Et quand on n'est pas bien, on se torture encore plus. si on cherche c'est Ma petite me disait même qu'on fait une étoile d'araignée. On part dans tous les sens alors que... Et c'est vrai, quand elle m'a dit ça, ça m'a fait sens. C'est incroyable, c'est vrai.

  • Speaker #2

    J'adore, ça me parle énormément. J'avais rarement vu ça sous ce tangue-là. Mais c'est vrai que quand ça ne va pas, tout est décortiqué, tout est analysé, tout est... empiré. Enfin voilà, il y a vraiment tout un tableau noir comme ça. Puis quand ça va, en effet, on ne se dit pas mais alors est-ce que je suis heureuse parce que la boulangère ce matin m'a fait un compliment ? C'est vrai ? Ouais, c'est vrai. En fait, il n'y a pas de question et c'est ce que tu dis. Et en fait, c'est cette tranquillité de l'esprit quand on est hors d'un trouble de santé mentale. Il y a une sorte de tranquillité de l'esprit.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'aujourd'hui, tu touches à des moments ces espaces de tranquillité d'esprit ?

  • Speaker #3

    Oui, j'y arrive. Après, j'ai plein d'exercices que je pratique, la méditation, les exercices respiratoires, les moments qui me font du bien. Parce qu'il faut savoir que devant un ami, se confier, sortir, j'adore manger, donc me faire du bien. Et j'ai des moments où je suis vraiment plus calme. Et après, j'ai des périodes où je vais revenir, où je vais être pas bien du tout. Mais maintenant, je sais comment je fonctionne. Du coup, je sais tout de suite. Ah voilà, je sens que je suis pas bien, j'ai mes petits réflexes, j'appelle ça mes petits démons. Mes petits démons, je veux me protéger, j'ai pas envie de sortir. Et du coup, il me dit, ah non, non, on se force. Allez, là, tu vas pas rester chez toi. Ok, tu restes un ou deux jours cloué au lit, mais continue à faire les activités, parce que c'est les activités, les comportements qui aident de nouveau après à revenir dans le bien, quoi.

  • Speaker #2

    Après, ce n'est pas toujours simple de savoir dans quoi on est réellement, parce qu'on peut avoir envie d'être au calme, tranquille chez soi, surtout des périodes justement automnales comme maintenant, sans être en dépression.

  • Speaker #3

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #2

    Mais toi, tu sens par d'autres indices que là, tout d'un coup, c'est un moment où tu flanches un peu, par exemple.

  • Speaker #3

    Exactement.

  • Speaker #2

    Et c'est dans ces moments-là que tu te dis, OK, il faut que je me raccroche à ces plaisirs, il faut que je me reconnecte plus à mon physique, à mon corps. Tu disais respiration, méditation.

  • Speaker #3

    Exactement. Pour un peu me... Parce que moi, j'ai avec mon cerveau, il a pris des automatismes quand je ne suis pas bien. Et en fait, parce que d'ailleurs, ma thérapie, c'était en comportement. Parce que des fois, notre cerveau, j'ai appris qu'on fait des comportements. qu'on croit être bien. Par exemple, moi, je m'enfermais chez moi parce que j'ai de l'anxiété sociale. Donc moi, je m'enfermais en me disant « Ok, trop bien. J'ai peur du monde, d'être chez moi, je me sens protégé. » Mais après, ça faisait l'effet inverse. Vu que je ne sortais pas de chez moi, je me sentais mal, je me disais « Je ne fais plus rien, je suis toujours enfermé chez moi. » Et du coup, c'était un comportement que je pensais qui me protégeaient. mais qui du coup ne me protège pas. Vu qu'à la longue, je me sentais nul, insinuant, je n'étais même pas capable d'aller boire un café. Et en fait, c'est là que j'ai appris que le comportement, même si on croit qu'il est rationnel, des fois il est irrationnel. Et c'est là que j'ai appris à la traumathérapie, en fait non, des fois il faut faire des choses et qu'à la fois ça fait la boule en verre. On inverse la vapeur et après ça reprend, on reprend du rythme, on prend confiance.

  • Speaker #2

    Tu parlais tout à l'heure des plaisirs. Aujourd'hui, c'est quoi les plaisirs qui te reconnectent peut-être à l'instant, qui te donnent un peu goût à la vie, même quand ça ne va pas ?

  • Speaker #3

    C'est marrant, on revient souvent aux plaisirs simples de la vie, des choses basiques, un petit café en terrasse, un repas, une cuisine, une conversation. Alors que souvent, on est dans ce monde-là, on a tellement l'impression qu'on a besoin de grandes choses pour être heureux dans le matérialisme, dans les voyages, des fois, c'est des petites choses simples qui... qui font du bien et que je savoure différemment maintenant.

  • Speaker #2

    Et à quel moment tu as osé parler de santé mentale à ton entourage, à tes amis, à ta famille ? Alors, à ta famille, tu parlais de ta sœur, du coup, assez rapidement, j'ai le sentiment. Oui. Mais peut-être aussi avec les amis.

  • Speaker #3

    Alors, sur le moment, c'est toujours très dur pour moi de le dire. Parce que j'avais une honte. Je ne voulais pas le montrer, je ne voulais pas. Et j'arrivais à le camoufler, je suis sur les réseaux, créateur de contenu, au travail. Donc j'arrivais à cette faculté à bien le camoufler. Je n'arrive même pas vraiment à me souvenir, je crois que ça s'est fait naturellement, d'un coup. Je crois que c'était avec ma soeur, j'ai dit ça va et j'ai dit non mais ça ne va pas. Mais je me souviens que le fait de le dire, c'était tellement libérateur. Et comme ça aussi, l'entourage après il comprend. Maintenant, quand je fais mes petites épisodes dépressives, je leur dis si jamais je suis moins motivé, c'est normal. Si je commence à dire beaucoup de mots, sachez parce que je rentre dans une épisode dépressive et mon entourage comprend comment je fonctionne. Et du coup, je me sens beaucoup plus compris aussi. Et accepté et respecté. Parce que souvent, les gens veulent changer l'attitude. Je ne peux plus parler de certaines choses. Je dis non, je ne change rien. Restez vous-même, soyez vous. Et c'est comme ça que je ressors votre amour et votre respect. C'est le plus important.

  • Speaker #2

    Il y a deux choses qui sont intéressantes là, je trouve, c'est qu'à la fois tu parles du fait que c'est libérateur de dire ça va pas, comme si c'était important quelque part pour l'être humain de quand même dire la vérité, d'être dans la vérité de ce qu'il vit, de ne pas cacher, de ne pas masquer. Pourtant, on est des grands acteurs et actrices aujourd'hui à masquer ce qu'on vit, mais on sent, et je le vois aussi dans les groupes de paroles que je propose, quand on vient toucher et dire une vérité, il y a quelque chose qui se libère. Je trouve ça... extrêmement puissant et c'est ce que tu fais aussi en parlant dans ce podcast. Et l'autre chose que je trouve intéressante par rapport à l'entourage, c'est que j'ai l'impression, et ça tu me l'avais aussi un peu dit hors antenne, c'est comme si tu avais un peu appris à ton entourage à simplement écouter et pas à essayer de te réparer, à pas essayer de trouver des solutions. Souvent les gens, quand ils sont impuissants face à soi, ils veulent nous aider à tout prix, mais c'est pas toujours les bonnes techniques. En fait, est-ce que... simplement écouter, c'est déjà un pas qui semble pour toi énorme de la part de ton entourage.

  • Speaker #3

    Bien sûr. L'écoute, la compréhension va se dire, ok, ça va pas et d'avoir quelqu'un en face qui dit, ok, je comprends que ça n'allait pas. Et de laisser le ça va pas. Dans le réflexe, on a souvent tous ces réflexes qu'on n'est pas bien, on veut tout de suite switcher. C'est le premier réflexe qu'on appelle un ami, je ne suis pas bien, tu sais quoi, on va au restaurant, on va boire un verre. Et en fait, des fois, on devrait se dire, non, ça ne va pas. Bon, va-y. Bite ton sac ! Dis ce qui va pas avant d'aller au restaurant et switcher et de boire un verre. Mais on a tous cet automatisme de... Allez, comme si on ne devait pas vivre les émotions négatives, on switch. Et je n'arrête pas de dire maintenant aux gens, non, vivez les émotions petites. Parce que moi, j'ai fait souvent des trop-pleins. Et maintenant, justement, pour ne pas arriver à ce trop-plein, non, tout de suite, je vide mon sac. Ah, il y a ça qui ne m'a pas plu. Des détails, des fois dans la vie, on n'est pas content que le pneu soit crevé de la voiture. Non, on a le droit de vivre cette émotion. OK, non, ça me saoule que mon pneu soit crevé. Si on arrive au bout d'un moment, il y a pire dans la vie. Bah non, c'est un sentiment qui est là. Donc, tu as le droit de le vivre et point barre.

  • Speaker #2

    Et en quoi c'est important de nommer et valider ses émotions ? C'est pour pas que ça s'empile, c'est ça ? Et que ça devienne horrible à un certain moment ?

  • Speaker #3

    Je pense, moi, c'était mon cas. Moi, je sais que j'ai jamais validé mes émotions négatives toute ma vie. Je me suis toujours caché derrière ça. Pas caché, mais j'étais moins aimé être ce côté optimiste que les gens me disaient. Je ne me suis jamais vraiment accepté mes émotions négatives. J'étais le premier à moi-même auto-switcher dès qu'il y avait un truc qui n'allait pas. Ah, mais ça va pas. mais à pire dans le monde C'est bon, en fait. Et maintenant, j'ai appris à... Ben non, l'un va avec l'autre.

  • Speaker #2

    Quand tu as remporté Mister Gay Suisse, c'est un moment où tu aurais pu vivre ça de manière extrêmement optimiste. Mais tu m'as quand même confié que deux jours après ou pendant deux jours ou le lendemain, je ne sais plus exactement, tu as beaucoup pleuré.

  • Speaker #3

    À la suite de la finale, oui. Bon, après, il y avait le choc. C'était une belle aventure. On était au Royaume-Uni. On était plein de garçons du monde entier avec chacun ses histoires. Et c'est vrai qu'après la finale, tout le monde a un peu disparu. J'en avais vu des garçons qui avaient des bais d'avion le lendemain, Mister Thailand, ils partaient en Thaïlande, du coup j'ai vu tout le monde partir et j'ai vraiment vécu cette émotion en mode, c'est la fin, je l'ai vécu un peu comme un choc et j'ai accepté. Bah je suis triste, je suis triste oui parce que j'ai aimé ces garçons, ils partent et je me souviens que je pleurais, j'étais là mais j'ai le droit, j'ai le droit, c'est la fin d'une belle aventure, c'est la fin, c'est une émotion je suis triste parce que plus de les voir ça va être compliqué de les voir Et j'ai laissé l'émotion couler, quoi.

  • Speaker #2

    Il peut y avoir beaucoup de solitude après énormément d'effervescence. Et toutes les caméras tournées sur soi. Et tout d'un coup, on se retrouve, je ne sais pas, seul dans sa chambre d'hôtel. Et on est là, mais que quoi le monde ?

  • Speaker #3

    Pourquoi ? Je me souviens que je l'ai vraiment accepté. J'étais en mode, j'ai le droit de vivre cette petite tristesse de c'est la fin, c'est fini.

  • Speaker #2

    Tu m'as dit que lors de l'événement Mr Gay World, tu as échangé avec Mr Gay Inde, qui partageait aussi un intérêt pour la santé mentale. Oui. Qu'est-ce que ce dialogue international t'a appris sur les différentes approches et besoins en matière de santé mentale dans d'autres cultures ? De quoi on a besoin ailleurs en termes de santé mentale ? En tout cas en Inde, là précisément.

  • Speaker #3

    C'était trop beau. Rien que tu m'en parles, j'ai du frisson parce qu'à Mr Gay World, on avait tous des projets sociaux. On avait tous parlé un peu d'un projet et moi, c'était la santé mentale. Et lui, c'était aussi la santé mentale. Et quand il m'en a parlé, la première chose qui m'a choqué, c'est que l'accès à l'information, là-bas, c'est incomparable. Les gens se posent le mot psy. Ils me disaient, ça ne vient même pas aller à l'idée. Si quelqu'un n'est pas bien, on ne dit pas en mode, on va voir un psy, ça te ferait du bien peut-être. Et lui, je pense que son projet, il était magnifique parce qu'il a créé une association qui permettait justement à... Il a réussi à choisir 200 indiens. à avoir accès à des thérapeutes en Inde. Là-bas, c'était le prix. Personne ne me disait que c'était hors de prix. Et là, tu vois que moi, qui suis en Suisse, j'ai un accès à la santé, qu'elle soit physique ou mentale, beaucoup plus rapide que d'autres pays. C'est ça que je comparais. Je voyais les différents garçons, je leur ramenais leur histoire, leur identité, leur homosexualité d'autres pays. Et j'étais là, mais... Et je me souviens que c'était beau. Et je me suis senti privilégié.

  • Speaker #2

    C'est ça, on a des privilèges énormes.

  • Speaker #3

    Mais qu'on oublie.

  • Speaker #2

    Et toi, justement, aujourd'hui, tu utilises ton image pour faire avancer et défendre ces causes. Qu'est-ce que tu as vraiment envie que les gens y comprennent au travers de cet engagement ?

  • Speaker #3

    Qu'on a le droit. Qu'on a le droit de parler bien. Que c'est un droit. C'est humain, c'est la partie de nous. Et que... Demander de l'aide, ça peut être dur, mais c'est très beau à la fois aussi. Parce que beaucoup de gens ont peur de demander de l'aide. On a peur de dire ça va pas, j'ai besoin d'un coup de main. On est tellement égocentrés sur nous qu'on a tous réussi à faire tout seul nos vies par nos propres moyens. Et c'est ça que je veux dire, que les sentiments sont faits pour être vécus. Et que les moments de faiblesse aussi, on a le droit, c'est hyper important.

  • Speaker #2

    Et en même temps, on peut avoir peur parce qu'on... peut ne pas toujours être écouté.

  • Speaker #3

    Oui, c'est vrai que chaque situation est différente. Moi, j'avais un entourage, donc j'ai... J'ai eu la chance, c'est vrai que chacun est différent, mais déjà de l'essayer, on ne sait pas comment l'autre va réagir. La preuve quand j'ai dit à ma sœur bah...

  • Speaker #0

    je suis prêt à avoir un psy si elle est capable d'avoir une initiative. Donc, je lui ai transmis l'information. En transmettant l'information, les autres sont au courant. Si on ne sait pas, on ne peut pas deviner. Je dis souvent, on n'est pas devant. Je dis souvent, on ne sait pas ce qui est dans la tête de l'autre, ce qui est en face de nous. Quand j'arrive au boulot, que je suis au collègue, je ne sais pas ce que ma collègue a vécu hier soir. Peut-être qu'elle a vécu une merveilleuse soirée, peut-être qu'elle s'est disputée avec son mari et qu'elle n'est pas bien. et tant qu'on ne transmet pas l'info, on ne peut pas vraiment non plus deviner. D'où le mot invisible, on ne le voit pas. Si je viens demain avec un plâtre au boulot, ou j'ai ma collègue avec un plâtre,

  • Speaker #1

    tu vas tout de suite te poser une question.

  • Speaker #0

    Ben oui, ça va, qu'est-ce qui s'est passé ? Tandis que la tête, on ne le voit pas.

  • Speaker #1

    Avec la maladie invisible, la personne en face n'a pas pris conscience des enjeux. Elle ne va pas venir te poser chaque jour la question, et même plusieurs fois dans la journée, comment tu vas là en cet instant, alors qu'on le fait tout à fait avec un signe qui est distinctif. Est-ce que quand on se confie à son entourage, du coup... Quand on est dans une relation plus transparente, il peut y avoir quelque chose qui se renforce dans la relation.

  • Speaker #0

    Ah, bien sûr, bien sûr.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as des anecdotes de moments partagés avec des gens où tu t'es dit, là, on a touché, atteint une profondeur qu'on n'aurait peut-être jamais eue si je n'en étais pas arrivé à parler avec autant d'authenticité ?

  • Speaker #0

    La preuve, j'ai une amie, quand je dis une fois que j'étais en dépression, elle l'était aussi et je ne savais pas. Et en fait, du coup, on a commencé à pleurer les deux. Et après, c'était bon. Tout de suite, on s'est entraînés mutuellement. Tout de suite. On faisait des conseils, on m'envoyait des exercices de respiration, de méditation, et je les envoyais aussi. Et du coup, il y a eu ce côté vraiment, on se comprend. Et ce que j'ai senti vraiment avec ceux qui ont vécu la même chose que moi, c'est vrai qu'avec d'autres parts, je n'allais pas voir les psychologues, que je me sentais incompris. mais... S'ils n'ont pas vécu ce que j'ai vécu, ils ne vont pas comprendre. Et là, le fait qu'on a vécu la même chose, ça nous a assemblés et l'entraide. On sent que l'humour reprend face et que les gens s'entraident. Et c'est ça qui est beau.

  • Speaker #1

    En fait, ce que je vois, c'est que quand on se légitime soi-même de ce qu'on vit et que du coup, on le verbalise aux autres, on permet à d'autres personnes de se légitimer aussi dans ce qu'elles vivent. Donc, ouvrir sa parole, quelque part, c'est une preuve d'engagement, voire de militance, en fait.

  • Speaker #0

    Mais c'est vrai. Mais c'est vrai, d'une part. Parce que le fait d'ouvrir sa part de faiblesse, c'est... Parce que quand on n'est pas bien, on a l'impression de plus parler avec le cœur. On se sent entier, je me suis libéré. Et quand on parle de choses négatives, quand on se libère, tout de suite, sa contrebalance, l'amour vient renforcer ça, quoi. C'est ça qui est beau.

  • Speaker #1

    Si aujourd'hui, tu devrais à nouveau retourner dans la dépression, parce qu'on parle de dépression chronique, comment tu t'engagerais là-dedans, entre guillemets ? Le mot est peut-être fort, mais comment tu... Qu'est-ce que tu ferais ?

  • Speaker #0

    Moi déjà, je suis suivi, j'ai ma thérapeute, donc même après le concours, tu en parlais tout à l'heure, dès que je suis revenu, je l'ai appelée. Tout de suite, pour verbaliser, pour le dire. je sais que je suis sujet A, donc je l'accepte. Sauf que comme je l'ai dit, la petite différence, c'est que maintenant, je connais mon mécanisme. Donc, je sais comment je fonctionne. Donc, j'ai les outils pour A. OK, je ne vais pas bien, mais je sais comment avancer et mieux avancer. Tandis qu'avant, je n'avais pas les outils. Et c'est ça que je veux faire comprendre aux gens. Des fois, on peut avoir les outils. Demander de l'aide pour avoir les outils pour mieux se comprendre, mieux avancer et mieux guérir.

  • Speaker #1

    Et on peut avoir les outils et quand même entrer dans la dépression. Est-ce que ça, c'est OK ?

  • Speaker #0

    Oui. J'ai envie de te dire, tu n'as pas le choix quand tu es dedans. Mais bien sûr, bien sûr. Je suis OK de revivre, mais c'est peut-être dépressif. Je sais que je vais en revivre. Vu que j'en ai vécu plein. Je me protège. Je sais que je veux l'évitement, je veux tout faire pour pas. Mais j'accepte. J'accepte que ce sujet, j'ai accepté que c'est aussi une maladie.

  • Speaker #1

    Toi, tu as une phrase aujourd'hui qui est quand même « it's okay to not to be okay » . Ah,

  • Speaker #0

    clairement.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qu'elle signifie pour toi et comment tu espères qu'elle résonne chez les personnes qui te suivent ?

  • Speaker #0

    Justement qu'ils acceptent, ouais, it's okay. Je ne suis pas okay, mais c'est okay de ne pas être okay. Et qu'est-ce que je vais en faire, surtout ? Certains, ils arrivent à l'accepter, à vivre avec un moment pas bien et… le switcher et certains, ils ont le droit de dire, ok, je ne suis pas bien, est-ce que je peux faire en sorte que ça aille mieux ? Et du coup, ouvrir la porte des possibilités et qu'il y a plein de possibilités pour aller mieux. plein pour s'aider, pour mieux se connaître. Moi, c'est quoi ? Ce que j'ai appris à travers ma thérapie dans le fond, c'est comment je fonctionne encore. Je me suis encore mieux connu moi-même. Une autre part de moi que je ne voulais pas connaître, une part plus sombre, plus triste, mais ça m'a aidé à me connaître encore plus dans ma globalité.

  • Speaker #1

    Dans les outils, tu nommais la respiration, les méditations, la thérapeute, peut-être sortir avec un ami, est-ce que t'en as d'autres à proposer ?

  • Speaker #0

    Non, celle que j'ai pratiquée. Après, moi, je suis un peu spirituel, donc j'ai fait aussi beaucoup de soins énergétiques. J'aime beaucoup de massages, de relaxation. On nettoie un peu les cheveux. Ça, c'est mon domaine. Pas tout le monde aime ou aime ça. Non, c'est dans la compétitivité. C'est ça, la parole, la base. Non, je n'ai pas d'autres qui me viennent à la tête comme dans l'esprit que j'utilise.

  • Speaker #1

    Après, sans forcément parler de soins énergétiques, parce que comme tu dis, ça ne parle pas à tout le monde, le fait de revenir au corps avec un massage ou quelque chose qui permet de... revenir là, dans sa base, dans l'instant ? Parce que souvent aussi, quand on n'est pas bien, on se dissocie un peu de soi, parce que c'est trop dur d'être à l'intérieur de soi. Est-ce que du coup, de revenir dans le corps, selon toi, ça peut être un outil ?

  • Speaker #0

    Oui. Le sport, je ne vais pas parler du sport. L'activité physique, le fait de bouger, ou les massages, les soins, d'activer son corps, aide beaucoup aussi.

  • Speaker #1

    Dans quelque chose qui est des fois plus physiologique, au final, qu'un impact sur les pensées ou le mental.

  • Speaker #0

    Exactement. Oui, oui, clairement.

  • Speaker #1

    Moi, j'arrive gentiment sur mes deux questions de fin. Est-ce que toi, avant ça, t'avais envie de partager, rajouter quelque chose ?

  • Speaker #0

    J'ai envie de dire ce qu'il y a de beaucoup. L'espoir existe. Et je dis souvent qu'après la pluie, il y a toujours le beau temps. Je le dis toujours. Donc, c'est l'espoir qui fait... qui m'a fait aussi avancer. Moi, dans ma dépression, le fait de me dire qu'il y a une lumière au bout du tunnel, ça aide à avancer. Et moi, j'y crois qu'on a tous un moment le droit à respirer, à aller mieux, à sourire et que certains, c'est plus dur que d'autres. Mais moi, j'y crois et que l'espoir aide beaucoup et que ça peut aller mieux.

  • Speaker #1

    Donc, même dans l'espace le plus noir, t'as toujours senti qu'il y avait quand même quelque chose qui ferait qu'un jour, ça irait mieux. Il y avait une intuition.

  • Speaker #0

    Je me forçais à y croire.

  • Speaker #1

    Tu te forçais.

  • Speaker #0

    Ben, on est vivant quand même. Je me dis, quand même, quand j'étais au bout de mon lit, en train de pleurer, en train de ne pas savoir ce qui se passait, je me disais, un jour, je vais comprendre. Mais sur le moment, c'est horrible. Quand tu es sur le moment et que tu n'es pas bien, les gens qui vivent de dépression, ils le savent. Les moments durs, tu ne comprends pas. Mais au fond de moi, je me dis, je suis quand même vivant. Il y a forcément une raison à tout ça. Je vais comprendre. La preuve, ça ne m'a jamais poussé autant à m'instruire, à m'informer sur cette maladie mentale, à faire autant de thérapies. Je ne connaissais pas autant de thérapies. Les soins, les massages, les exercices de respiration ou d'autres choses, les cohérences cardiaques. La preuve, ça m'a poussé. Dans ce domaine, j'ai appris tellement de choses d'un côté.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'aujourd'hui, tu as le sentiment que de visibiliser ces problématiques de santé mentale, c'est comme si ça réparait quelque chose en lien avec le suicide de ta maman ?

  • Speaker #0

    Oui, je veux prévenir. Je suis en train de guérir ce trauma d'enfance que j'ai de l'avoir perdu ma maman. Je pense aussi, il y a plein de fois où je me posais aussi la question, pourquoi je fais une dépression ? souvent posé la question si c'est héréditaire, à un psychologue. Est-ce que c'est héréditaire ? On dit que. On dit que les personnes qui ont des entourages proches, qui ont des dépressifs, qu'on peut plus l'être. Et je pense qu'il y a une part de moi qui veut combattre et pour pas arriver à cette finalité du suicide de ma maman, et de dire que non, c'est pas la seule solution, qu'on peut toujours rester en vie, qu'on peut toujours vivre et trouver les solutions pour ça. avec mon exemple de ma maman c'est le côté tragique de la dépression c'est le pire scénario c'est horrible et je veux montrer que je pense qu'il y a des solutions qu'on peut tous en guérir souvent

  • Speaker #1

    on oublie que les personnes qui se suicident sont des personnes malades et que le suicide est souvent une conséquence au fait d'être invisibilisés, ignorés, que la maladie est méconnue, pour toutes ces raisons-là. Moi, ça me touche particulièrement parce que j'ai un grand-père que je n'ai pas connu, qui s'appelle Angelo, qui s'appelait Angelo, et qui s'est aussi suicidé. Et dans mon intuition, je pense qu'il était malade, non diagnostiqué. Il allait très souvent en hôpital psychiatrique, mais il n'y avait pas eu de mots, je crois, sur ce qu'il vivait. Et il a fini aussi par se donner la mort. Et j'ai l'impression qu'aujourd'hui, on leur rend un peu hommage à ces personnes qui n'ont pas eu forcément le bon accompagnement ou la bonne personne qui a su les regarder lorsqu'elles vivaient foncièrement. Et je me dis, aujourd'hui, c'est une part de nous aussi de militer pour eux. Bien sûr. Pour ces voix qui ont été invisibles jusqu'à la mort.

  • Speaker #0

    Oui. Et peut-être pas écoutées à ce moment. Et c'est ce que je veux aussi. C'est vrai que ma mère, elle n'avait que l'entourage qui le savait. On n'avait pas cette aire des réseaux et cette aire de l'information comme maintenant. Et moi, c'est mon but. Je donne mon image pour le temps de me dire, OK, je suis d'accord de dire que ça va pas. Je suis d'accord, comme aujourd'hui, d'en parler ouvertement. Et pour... sensibiliser pour que les gens se sentent moins seuls. Parce que moi, je me souviens, quand je voyais des vidéos ou des témoignages, ça m'a fait tellement du bien de savoir, OK, je ne suis pas le seul à vivre ça, quoi.

  • Speaker #1

    Et quel message tu aimerais faire passer à l'entourage des personnes qui vivent avec ces maladies ?

  • Speaker #0

    Qu'il n'y a pas de juste ou faux. Déjà d'être présent, à l'écoute, c'est déjà énorme. Et souvent, l'entourage croit qu'il faut tout d'un coup modifier ou... parler de certains sujets. Non, il faut juste être soi et montrer qu'on est là. Me dire, écoute, je suis là si ça va, bien sûr, mais si ça ne va pas, je suis là aussi, même si ce n'est pas facile à parler. Et ça, c'est déjà un énorme pas. Ça, ouais, vraiment.

  • Speaker #1

    Et quel super pouvoir t'a amené la dépression chronique ?

  • Speaker #0

    Que j'ai toujours envie de me battre tout le temps. J'ai envie. Mais je pense, pour être plus humain, ça a totalement changé mon écoute face aux autres. Parce qu'avant, quand j'avais un collègue ou un ami qui me disait « Ah, ça va pas ? » Comme je disais tout à l'heure, je suis de chef vite. Et là, tout d'un coup, je suis en mode « Hein ? Qu'est-ce qui va pas ? » Pas que je les force, mais je les invite vraiment à valider les émotions négatives. Parce que le positif, comme je disais tout à l'heure, quand on est bien, on se pose pas la question. C'est génial ! Tu as acheté une nouvelle voiture, c'est génial, t'es trop mal habillé, t'es trop joli aujourd'hui, c'est des compliments. Mais quand ça va pas, et là, je sais que mon écoute a totalement changé et que les gens, je sens que les gens sont beaucoup plus libérateurs autour de moi. Ils ont pas peur à dire, ah écoute, ça va pas. Et pour moi, c'est un compliment. Je me dis, ah, c'est trop beau, tu peux être toi en face de moi. Et je pense qu'on devrait tous être comme ça, quoi. Laisser tout le monde s'exprimer librement.

  • Speaker #1

    magnifique merci Angelo pour ton témoignage merci à toi d'avoir invité merci Merci de soutenir ce podcast en vous abonnant pour ne manquer aucun épisode et en lui donnant 5 étoiles sur vos plateformes d'écoute préférées. Rencontrez mes invités et découvrez tous les engagements de la communauté Les Invisibles sur le compte Instagram Les Invisibles Podcast. Ensemble, continuons à visibiliser l'invisible.

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