- Speaker #0
Les Invisibles. Juin 2020. Ma vie bascule du jour au lendemain dans une maladie neurologique, rare, qui n'a de poétique que le nom. Le syndrome du mal de débarquement. Les symptômes qu'elle m'amène vivent en colocation avec moi. 7 jours sur 7. 24 heures sur 24. Et ne prennent jamais leur week-end. Je n'ai donc pas la place pour un autre combat. Du moins, c'est ce que je crois. Puis vient ce jour où je témoigne dans une émission télé, dans l'espoir de rendre visible l'invisibilité du syndrome dont je suis atteinte. À peine sortie du plateau, forte de cette expérience et encore dans mes talons rouges, une évidence s'installe. Je n'en resterai pas là. Dans le train du retour, je rejoins à la fois ma maison et mon nouveau combat. Offrir un espace de parole au travers d'un podcast, aux personnes qui composent, bien souvent en silence, avec des maladies invisibles, et avec les regards de sociétés qui ne croient que ce qu'elles voient, deux réalités plus souvent subies que choisies. Aujourd'hui, loin de mes talons rouges et au plus proche de l'engagement, l'évidence s'étend. C'est à l'invisible ou pluriel que je vous invite. Ceux qui dans la chair, l'esprit et les sociétés se vit, sans pour autant faire de bruit. Si comme le dit Antoine de Saint-Exupéry, l'essentiel est invisible pour les yeux, ici, on compte bien le faire entendre. Bonne écoute !
- Speaker #1
Alors qu'elle est jeune maman. Justine constate seule devant son miroir une descente d'organes. Cette vision, accompagnée de la sensation permanente d'un tampon mal placé, finit par l'angoisser, l'épuiser et la confondre à une difficulté constante. Face au silence médical, cette expérience pèse lourdement sur sa santé mentale. Après la naissance traumatique de son fils, Marquée par des violences obstétricales, Justine comprend qu'elle devra se battre pour obtenir des réponses. Quand un médecin pose un mot dessus, prolapsus, elle découvre que ce handicap touche majoritairement des femmes de plus de 80 ans et qu'il existe très peu de solutions concrètes. Elle s'informe, se forme, finit par trouver des moyens d'alléger cet handicap invisible et s'engage pour aider d'autres femmes. confronté à la même réalité. Son parcours est aussi celui d'une reconstruction. Apprendre à vivre avec ce nouveau corps, réinventer son quotidien de maman et repenser sa sexualité avec son conjoint, loin des modèles classiques et patriarcaux. Un témoignage intime et puissant pour briser le tabou du prolapsus et rendre visible celles qui vivent avec. Hello Justine !
- Speaker #2
Salut Tavara !
- Speaker #1
Aujourd'hui on va parler d'un sujet aussi méconnu que tabou, le prolapsus. Ce mot ne dit peut-être rien à certaines personnes et pourtant il concerne bien plus de femmes qu'on ne le pense. On l'associe souvent aux femmes d'un certain âge, alors qu'il peut toucher des jeunes femmes, notamment après un accouchement ou lorsqu'elles vivent avec de la constipation chronique. Après la naissance traumatique de ton fils aîné, marqué par des violences obstétricales, tu découvres, seul, en regardant ton vagin dans un miroir, parce que tu avais une sensation de tampon mal placé, que tu as un prolapsus. En tout cas, il n'y avait pas ce nom à ce moment-là, mais tu le découvriras plus tard. Face au silence médical, tu te renseignes, t'informes, et finis par t'engager pour aider d'autres femmes. Ton parcours, c'est aussi celui d'une reconstruction, apprendre à vivre avec ce nouveau corps, repenser ton quotidien, notamment celui de maman, mais aussi réinventer ta sexualité avec ton conjoint, loin des modèles classiques et patriarcaux. Justine, merci d'être là. Pour commencer, comment vas-tu aujourd'hui ?
- Speaker #2
Merci déjà de m'avoir invitée. Aujourd'hui, ça va très bien. Tous les jours ne sont pas comme celui-ci. Aujourd'hui, ça va extrêmement bien. Après un mois à subir un peu ma tête et mon corps, je me remets doucement dans le bain. Des étoiles viennent. éclairé ma nuit du mois de janvier. Et donc aujourd'hui, je me sens très bien avec plein de projets et plein d'envie et un corps un petit peu plus apaisé et donc une tête un peu plus apaisée. Et toi alors, comment ça va ? Parce que c'est important, on nous pose la question, mais toi ?
- Speaker #1
Moi, émotionnellement, c'est pas top. Ces deux, trois derniers jours, on subit pas mal les colères de notre fille qui a 16 mois maintenant. Et on est des fois un peu démunis. sur comment l'accompagner là-dedans. Donc, on tâtonne ensemble, mais c'est émotionnellement assez fatigant et épuisant. Donc, voilà avec quoi je suis aujourd'hui. Le prolapsus, Justine, toi, il est apparu après un premier accouchement difficile. Est-ce que tu peux nous raconter ce qui s'est passé, mais avant tout nous dire c'est quoi un prolapsus ?
- Speaker #2
J'adore cette question. Très souvent, j'ai un prolaquois. Alors, un prolapsus, finalement, personne ne sait ce que c'est quand on prononce ce mot. Mais au final, tout le monde sait ce que c'est, tout le monde l'a déjà entendu, puisque beaucoup plus vulgairement parlant, on appelle ça une descente d'organe. Donc, c'est un terme que les gens connaissent, celui-ci, mais qu'ils connaissent effectivement, comme tu l'as très bien dit, pour leur grand-mère, leurs arrières-grands-mères ou des femmes très âgées. La descente d'organes, le prolapsus, en fait, c'est un glissement dans le vagin. On parle de prolapsus des organes pelviens. C'est un glissement dans le vagin d'un, deux ou de trois organes. T'avais dit ton utérus ou encore ton rectum. Tu peux avoir un prolapsus d'un de ces trois organes, de deux ou de trois. Et pour chaque prolapsus, il existe quatre stades. Un stade 1 avec ton organe qui va descendre un petit peu. tout petit peu par rapport à sa position anatomique d'origine. Un stade 2 où il descend un peu plus, un stade 3 où il va être affleurant à la vulve et un stade 4 où il va être complètement extériorisé. Encore une fois, tu peux avoir un prolapsus d'un de ces trois organes et à des stades différents. Donc le prolapsus, c'est ça.
- Speaker #1
Et comme je disais, il est apparu après un premier accouchement difficile. Est-ce que tu serais d'accord de nous en parler ?
- Speaker #2
Oui, alors... Alors, ce n'est pas l'exercice le plus facile à faire pour moi, mais je pense qu'il est important de le faire pour toutes, tous en fait, j'allais dire toutes les femmes, mais finalement les hommes aussi, on est tous concernés. Moi, c'est apparu après la naissance de mon premier enfant, qui s'est passé entre violence obstétrique, et traumatisme, et erreur médicale surtout. Mon fils ne s'engageait pas dans mon bassin. Du coup, on est allé l'extraire au forceps, ce qui est une pratique que j'ai appris plus tard, qui était une pratique qui n'était pas légale. Et donc, en allant chercher mon fils avec les instruments, on a en même temps embarqué mes organes. D'où le prolapsus qui en a découlé.
- Speaker #1
Et à quel moment tu as compris que quelque chose n'allait pas ?
- Speaker #2
Je crois que j'ai senti tout de suite qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, mais j'étais tellement dans la douleur, puisque en plus j'ai accouché sans péridurale, et puis tout ça, ça a été très traumatique, donc ça a généré beaucoup d'œdèmes, je ne vous passe les détails, mais du coup j'étais très douloureuse, et dès que la douleur a commencé un peu à s'estomper, j'ai tout de suite senti qu'il y avait un truc qui n'allait pas. Je ne savais pas expliquer, mais je savais dire qu'il y avait un truc qui cloche. Et ce n'est pas normal. Et on a beau me dire, oui, mais c'est normal, les fuites, l'incontinence en postpartum, oui, mais c'est normal, votre corps doit se remettre. Je savais qu'il y avait un truc qui n'allait pas et je le sentais, je sentais quelque chose. Là, à cet instant-là, je ne savais pas vous dire ce que c'était, je ne savais pas vous dire exactement ce que je ressentais. Je ne savais pas. Il y avait un truc qui n'était pas normal. Donc, j'ai décidé d'aller prendre un miroir pour aller regarder. qu'est-ce qui se passe ? Il y a un truc qui n'est pas normal, il faut que j'aille voir. Ce qui peut paraître bizarre, mais en vrai, quand vous avez quelque chose qui vous arrive et qui n'est pas normal, vous voulez aller voir cette zone, techniquement, vous n'avez pas forcément envie, mais allez la voir, il y a un truc qui ne va pas, regardons.
- Speaker #1
Et qu'est-ce que tu as vu ?
- Speaker #2
Une boule à l'entrée de mon vagin. J'ai vu que ma vulve, elle ne ressemblait plus du tout à ce qu'elle était avant d'avoir donné naissance par Guabas. Et puis, j'ai vu cette boule. cette boule dans mon vagin et en disant, ça je suis sûre à 100%, ça n'y était pas avant. Et là, c'est un peu ton monde qui s'effondre quand même. Parce qu'en plus, t'es bourrée d'hormones à cet instant-là, donc il faut remettre dans un contexte où t'es extrêmement vulnérable, tu n'as pas ton quota de sommeil habituel, puisque même si j'avais un bébé qui dormait bien, c'est quand même un bébé qui n'avait que 10 jours, donc quoi qu'il arrive... Et là, je me suis dit, c'est pas normal, je suis dégoûtante. Et qu'est-ce que je vais faire ? Qu'est-ce que va être ma vie ? Et là, en te le disant autrefois, je suis en train de me dire « À cet instant-là, j'ai mis toute ma vie dans ma vulve et mon vagin. » C'est... Je pense que ma vie, mon corps ne s'est résumé plus qu'à ça. Et donc, pour moi, elle ne valait plus rien. Et là commence le truc de « Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est ? Mon rendez-vous postpartum, il n'est que dans six semaines. » bon, je vais aller voir des kinés. Peut-être que ça va revenir normalement. C'est peut-être normal. Comme c'est quand même des sujets dont on parle très peu, le postpartum. Postpartum, ce que moi, je m'étais toujours entendue dire, c'est bon, en postpartum, tu as quelques kilos en trop, des vergétures.
- Speaker #1
Et là,
- Speaker #2
c'est un truc... Moi, quand j'avais trouvé un ventre plat et pas de vergétures, je me disais, mais moi, en fait, on échange, les gars. Moi, je veux les vergétures, les kilos en trop, mais enlevez ça ça c'est pas possible
- Speaker #1
C'est intéressant ce que tu racontes. En tout cas, moi, ça m'horripile un peu ce côté où finalement, on réduit le postpartum toujours à des choses qui sont reliées au physique et qui sont des choses qui sont physiques, mais reliées aussi à la relation aux autres. C'est-à-dire, on va nous trouver plus grosses, avec plus de vergetures. Mais quelque part, est-ce que c'est vraiment ça, ce de quoi on souffre quand on est dans un postpartum ? où c'est... une santé mentale précarisée, le manque de sommeil, l'incompréhension sur comment calmer son enfant, le fait de se sentir isolé par rapport à la société qui continue de tourner, alors que nous, on est chez nous à changer les couches. Donc, je trouve ça intéressant aussi ce que tu nommes là. Et donc, tu te retrouves avec cette boule dans le vagin, tu ne sais pas ce que c'est, tu dis je vais aller voir des kinés, mais quelle a été ta première chose ? Quel a été le... Le... Ouais, le... la première chose que t'as posée pour savoir ce que c'est ?
- Speaker #2
J'ai tapé sous toutes les formes possibles dans Google, ou le nom de ma jambe. Et il existe beaucoup de façons de le présenter.
- Speaker #1
Je sais sur quoi t'es tombée.
- Speaker #2
Parce que de prime abord, Google ne m'a pas orientée vers les bonnes informations.
- Speaker #1
Aïe.
- Speaker #2
Et donc, oui, en fait, là, je crois que... depuis que j'en ai parlé avec toi, j'y ai re-réfléchi et je pense que la première chose que j'ai faite, c'est d'appeler mon mari catastrophé. Et après, j'ai pris mon téléphone et j'ai tapé boule dans le vagin dans tous les sens. Mais je n'ai pas tout de suite... Je crois que ça m'a mis quelques semaines avant de me dire « Ouais, c'est ça » . Je crois que ça m'a bien pris quelques semaines parce qu'entre-temps... Comme j'étais complètement incontestante à la maternité, on m'avait dit, et puis au vu de comment s'était passé mon accouchement, on m'avait dit de commencer la kiné, la rééducation du périnée très tôt. Donc, ce que j'ai fait, j'ai vu, je crois que dans les premiers mois et demi, j'ai dû voir trois ou quatre kinés, trois ou quatre sages-femmes et tout le monde m'a dit « Non, non, mais c'est bon, il n'y a rien. Non, mais ça va. Non, mais… » Là, je me disais, mais comment c'est possible qu'on me dise qu'il n'y a rien, alors que moi, je le vois. Je le vois, je le sens, je le sais. Et puis, c'est avec du recul maintenant que je sais et que je comprends mieux. C'est que j'ai toujours été examinée allongée. Moi, quand je regardais, j'étais debout. Et oui, quand tu es allongée... Du coup, après, je suis allée regarder, allongée, qu'est-ce qu'on voit ? Allongée, tu ne vois rien, en fait.
- Speaker #1
Il n'y a pas la gravité.
- Speaker #2
Non, tu n'as pas la gravité. Et puis, ce n'était pas sensibilisé au sujet. Et je me rappelle pourtant à une des dernières sages-femmes que j'ai vues. Parce que pendant tout ce temps-là, il faut savoir que moi, je suis partie de chez moi de trois semaines après la naissance de mon fils jusqu'à ces deux mois et demi. J'ai beaucoup bougé. J'étais avec mes parents. C'était l'été. Donc, à chaque fois qu'on changeait de lieu de vacances, ma maman me trouvait un nouveau professionnel de santé à aller consulter. Puis à la fin, au bout d'un mois, un mois et demi, je crois, je me suis dit, non mais il faut qu'elle m'examine debout, je sais que ça ne va pas. On se voit tous les deux jours avec cette sage-femme. Elle me dit que ça va, moi je suis sûre que ça ne va pas. Il faut qu'elle regarde debout. Mais personne ne veut vous examiner debout. et pourtant je suis tombée sur des on peut être très gentil mais pas formé pas formé pas informé Ils pensent savoir alors qu'ils ne savent pas. Et encore une fois, par contre, je ne lève pas du tout la pierre. Je ne veux pas donner cette impression de jeter la pierre au soignant parce que ce n'est pas du tout mon intention. Mais il faut être lucide sur le fait qu'on ne peut pas tout savoir et qu'ils doivent accepter aussi qu'ils ne savent pas tout. Et ce n'est pas grave, mais d'être capable de le dire. Parce que moi, c'était horrible.
- Speaker #1
Est-ce qu'Internet t'a permis quand même un autodiagnostic ?
- Speaker #2
Oui, oui. par contre au bout d'un mois et demi je crois que je me suis dit ok c'est sûr c'est ça En fait, j'ai fait tout le tour de ce que je pensais qui était possible d'être le bon diagnostic. Là, OK, c'est ça.
- Speaker #1
Et ça t'a permis d'aller consulter à ce moment-là les bons professionnels, ceux qui sont spécialisés dans ces questions-là ?
- Speaker #2
Oui. Du coup, quand on est rentrés, mon fils avait quasiment deux mois et demi. Et là... En fait, pendant tout le premier temps, je me suis dit que je ne vais consulter personne parce que j'avais en tête mon rendez-vous de postpartum qui devait avoir lieu deux mois, deux mois et demi après. Je m'étais dit que c'est là que je vais avoir ma réponse, c'est là que je vais tout savoir, c'est là que ça va s'éclairer. Et donc, je n'avais pas trop cherché plus que ça. J'étais dans ma frustration, j'étais dans ma souffrance physique, psychologique et tout ça. Mais j'avais cette deadline en me disant, tiens jusque-là et tu vas voir. « Tu te tiens jusque-là, c'est gagné parce que les portes vont s'ouvrir à ce moment-là. » Et en fait, ça a été une de nos désillusions totales, cette consultation avec « Votre bébé va bien ? Vous allez bien ? Ok, désolé, on aurait eu le temps de mettre de la péridurale quand vous avez accouché, désolé pour ça. Bon, si dans six mois, vous n'allez pas mieux, vous n'avez qu'à aller voir les professionnels concernés. Au revoir, bonne journée. » tu sors de là et déjà la première chose que je me suis dit c'est mais c'est qui les professionnels concernés et là je me suis dit ok alors que tu te débrouilles toute seule et là j'ai commencé à taper je cherchais effectivement ok il faut que je trouve un gynéco et donc je cherchais que des gynécos qui avaient dans leur description qui traitaient les problèmes et j'en ai trouvé un et j'ai pris rendez-vous. J'ai pris rendez-vous et là, c'est lui qui m'a diagnostiqué le prolapsus. Et juste avant, j'en avais vu un autre, un copain. Moi, je suis infirmière à la base, donc je connais du monde. Et je suis en chirurgie, donc je connaissais pas mal de médecins. Et donc, j'avais été orientée vers un autre qui m'avait dit, tiens, va le voir, lui, il est super. Lui, il m'avait donné le diagnostic de prolapsus, mais en disant, non, mais ça va passer. Je dis, OK, ça ne va pas passer, mais il m'a diagnostiqué un autre truc. J'ai eu une élongation du nerf pudendal aussi, donc j'avais des névralgies pudendales. Donc lui, il m'a diagnostiqué ça, je suis restée là-dessus. Et l'autre que j'ai vue, il me voit, il me diagnostique, il me dit « Bah oui, oui, vous avez un problème. » Puis après, il me regarde et il me dit « Mais madame, est-ce que vous avez vu les femmes qu'il y a dans ma salle d'attente ? » Je lui dis « Oui. »
- Speaker #1
Et il me dit « Mais du coup,
- Speaker #2
qu'est-ce que vous voulez que je fasse pour vous ? » Et là, je me suis dit, ok. Donc en fait, je suis un cas hyper rare dans sa salle d'attente. Il n'y a que des femmes qui doivent avoir en moyenne 80 ans minimum, qui sont avec des personnes qui les assistent pour venir. Je me dis, mais ça m'a encore plus isolée. Je me dis, OK, j'ai le diagnostic, mais là, maintenant, je suis toute seule. Il me dit qu'il ne peut rien faire pour moi. et après il était cool parce qu'il me dit je vais pas vous laisser comme ça mais j'ai vu sur internet qu'il existait des pécères et qu'est ce que vous en pensez me dit mais non c'est pour les personnes âgées les pécères vous allez pas mettre un pécère vous allez voir allez voir un gastron on va discuter de vous en consulte je suis parti de là il était mignon il me dit bah du coup je vous fais pas payer en fait je vous donne les ordonnances on parlera de vous en staff et je suis sortie de là soulagée et En mode, le chemin va être long. Soulagée parce que, ok, quelqu'un m'a dit, oui, oui, c'est bien ça, c'est pas dans votre tête, ok. Par contre, question-solution, là, j'ai pas trop quoi vous proposer. Donc, j'étais soulagée et en mode, waouh !
- Speaker #1
Moi, je trouve hyper violent sa question, qu'est-ce que vous attendez que je fasse pour vous ? Parce que, quelque part, quand tu vas chez un médecin, t'es plutôt en attente que, bah oui... Il soit là pour prendre des décisions, pour t'aiguiller, pour te dire d'aller consulter tel ou tel spécialiste. Et là, il y a vraiment quelque chose qui te renvoie, comme tu dis, à ton isolement, à ton impuissance aussi. Et qui te ramène encore une fois, tu vas devoir te débrouiller toute seule. Ouais, mais avec quoi finalement ? Parce que qu'est-ce que j'ai réellement comme information, si ce n'est des infos Google ?
- Speaker #2
En fait, tu vois, étonnamment, je ne l'ai pas vécu comme ça. Je ne l'ai pas vécu comme ça parce que… Alors, je ne sais pas si c'est une déformation professionnelle d'avoir passé ma vie entourée de médecins, mais j'ai aimé son approche quand même de me dire « Je ne vous nie pas, je ne nie pas votre souffrance, je ne nie pas ce que vous vivez, mais par contre, c'est vrai que là, moi, je suis un peu démunie. » Et ça m'a un peu rassurée en me disant, OK, il n'est pas en train juste de me dire, ouais, c'est dans votre tête, ça va aller, vous êtes en postpartum. Il m'a juste dit, c'est vrai, mais là, je suis un peu démunie, mais je ne veux pas non plus vous laisser toute seule, donc je vous enviante vers un confrère, donc revenez vers moi quand même, on va vous passer en staff. On ne sait pas trop, mais vous n'êtes pas toute seule, même si je me suis dit, je suis quand même un peu toute seule, mais son idée n'était pas de me laisser seule.
- Speaker #1
Donc, tu as quand même senti quelque part qu'il y avait sa présence qui était là.
- Speaker #2
C'est ça.
- Speaker #1
Il ne lâchait pas.
- Speaker #2
Non, c'est ça. Après, ce qui est très étonnant, c'est que je pense que cet homme gardera une place très importante dans ma vie, alors que je ne me rappelle pas de son nom et je ne l'ai jamais revu. Mais à cet instant-là, je me suis sentie seule dans ma place de patiente, mais je ne me suis pas sentie seule au monde, abandonnée, comme c'était le cas. Ok, j'ai un radeau. Je l'ai vu comme un radeau. Même pas un radeau, comme un petit bout de bois. OK, ce n'est pas parfait, mais au moins, j'étais en train de me noyer. J'ai attrapé un truc. Après, je vais détricoter, je vais en attraper d'autres.
- Speaker #1
Il a reconnu. Il a quand même reconnu. Et il a pu te dire, justement, toi, quels organes étaient touchés, finalement ? Est-ce que c'était les trois ou un sur trois, deux sur trois ? Tu sais ça ?
- Speaker #2
Je ne crois pas qu'il m'ait dit. Je ne me rappelle pas, je n'ai même pas relu. Je ne crois pas qu'il me l'ait dit. Et en vrai, ce n'était pas une question qui m'importait. Ce n'était pas une question qui m'importait parce qu'en fait, j'avais besoin, je pense, surtout d'aller déposer mon autodiagnostic et d'être validée dedans. Alors, je savais par le gynéco que j'avais vu avant pour la névralgie pudendale qu'il avait noté sur son compte en deux que j'avais un cytocel. mais je savais que lui ne me dérangeait pas. Parce qu'avec la kiné et tout, j'avais récupéré, j'avais plus d'incontinence. Et puis, c'est pas là que j'avais cette pesanteur vraiment horrible qui te donne cette impression que tous tes organes vont sortir de ton corps. Et quand je regardais dans un miroir, c'était mon rectum, clairement, que je voyais. Enfin, je le savais, tu vois. Donc, j'avais pas besoin de ça. J'avais juste besoin d'être validée dans mon diagnostic. Finalement, pas besoin de plus d'informations. Il me l'a peut-être dit, mais je...
- Speaker #1
Et le SAD, tu ne sais pas non plus ?
- Speaker #2
J'ai jamais voulu savoir. Je l'ai su après, mais ça m'a fait beaucoup de mal de savoir. J'avais besoin de rester un peu dans un petit peu de déni. Tu vois, là, j'étais à deux mois et demi, j'avais quand même, ou trois mois, je ne sais plus, j'avais quand même un petit peu cet espoir de me dire, c'est peut-être dans ma tête quand même, tu vois. Ouais, je ne saurais pas comment l'expliquer parce que le stade, je l'ai vu écrire noir sur blanc très longtemps après, enfin longtemps après, j'avais déjà eu un deuxième enfant. Et là, ça m'a fait beaucoup de mal de le voir écrit, alors qu'en vrai, il ne m'a rien appris, je le savais. Mais je ne sais pas, j'avais ce petit truc de « ne me dites pas en fait, parce que peut-être que vous avez raison, peut-être que c'est dans ma tête, peut-être que ça va se résorber, peut-être que j'exagère » . Tu sais, tu as quand même ce truc de « le prolapsus, c'est un vrai handicap invisible, je milite, je militerai, et j'ai milité pour le faire entendre parce que ça, les gens ne veulent pas l'entendre » . Mais quand tu as un handicap invisible, je ne vais pas te l'apprendre à toi. La société valide, elle veut te faire croire que si c'est invisible, c'est que ça n'existe pas. Et donc, c'est quand même que c'est dans ta tête. Parce que si c'est dans ta tête, ça n'existe pas. Et du coup, j'ai un peu envie de me dire, ouais, ça n'existe pas, c'est dans ma tête.
- Speaker #1
Il y a vraiment quelque chose qui est souvent assez douloureux du fait de voir écrit ce qu'on a, même quand on le sait. Moi c'est quelque chose que... J'ai déjà vécu aussi, notamment le fait que je sais que je vis avec un syndrome de stress post-traumatique complexe, je le sais tout à fait. Mais quand je vois que ma psy l'écrit noir sur blanc, ça me fait toujours quelque chose. Alors que j'en ai totalement conscience et je ne sais pas. Il y a quelque chose qui se réveille, qui est différent finalement.
- Speaker #2
Ça te sort un peu de ton déni quoi.
- Speaker #1
Oui, mais ce n'est même pas un déni, mais ça vient, il y a le stample, tu vois, genre le tampon.
- Speaker #2
Oui, c'est vrai. Parce que je sais que quand j'avais vu ce document, quand j'ai vu ce compte-rendu avec le stade écrit, je suis sortie de là en pleurant, mais toutes les larmes de mon corps. Je me rappelle avoir appelé ma maman. Et pleurer, pleurer, pleurer. Et d'ailleurs, je suis incapable de le dire à haute voix. Tu vois ? Et pleurer, pleurer, pleurer. Et elle me dit, mais Justine, tu n'as rien appris. Je dis, c'est vrai, mais je l'ai vu. C'est vrai, je n'ai rien appris. Mais je l'ai vu écrire ma surdent. Et je ne voulais pas.
- Speaker #1
Tu évoquais tout à l'heure, tu parlais du PCR. Alors, je veux bien qu'on aille un peu plus en profondeur de ça. Donc, tu as dit à ce médecin, il existe un PCR, est-ce que ça pourrait m'aider ? Est-ce que tu peux expliquer ce que c'est comme dispositif médical et comment, toi, il t'aide aujourd'hui ? Parce que je sais, moi, maintenant, que c'est quelque chose que tu utilises dans ton quotidien.
- Speaker #2
Alors, il faut, pour faire un tout petit point en amont, si tu me permets de faire un petit point sur les options de traitement, quand tu souffres d'un prolapsus. Quand tu souffres d'un prolapsus, tu vas avoir deux voies vers lesquelles t'orienter. Sachant qu'en France, la Haute Autorité de Santé a émis des recommandations depuis 2021. Soit tu vas t'orienter vers des mesures qu'on appelle conservatrices. Donc là, qui vont avoir pour but de maintenir ton état et de diminuer tes symptômes. Qui sont les mesures de première intervention. Si tu as... essayer, explorer, utiliser toutes ces mesures conservatrices, que rien ne te soulage et que ta vie est un enfer, tu peux t'orienter vers des mesures non conservatrices qui vont être la chirurgie, mais qui a sa balance bénéficiaire comme toute chirurgie. Et donc, qui pour moi est vraiment l'option de dernière intention, mais qui malheureusement encore aujourd'hui est souvent proposée beaucoup trop vite, beaucoup trop tôt. par manque d'informations sur toutes les options qu'on peut envisager. Dans ces options dites conservatrices, tu vas avoir en première intention, première chose qu'on va t'envoyer faire de la rééducation abdominopelvienne, rééduquer ton périnée. Mais là, on va te dire que pour un prolapsus, il faut muscler ton périnée. C'est un peu bullshit en fait. Il faut bien s'imaginer que ton périnée, je n'aime pas trop ce mot parce que ce n'est pas très exact, mais souvent les gens s'imaginent comme un hamac et qui va être maintenu par des ligaments. Si tes ligaments ont rompu ou ils ont été étirés, tu peux muscler autant que tu veux. Ça ne va pas refixer et ça ne va pas remonter tes organes. C'est un peu comme s'il y a quelqu'un qui s'est sectionné le tendre d'Achi, on lui dit « Muscle mollet et tu vas voir ! » Non, en fait, il est lâché, il est lâché. Et c'est pour ça qu'on parle de rééducation abdominopaludienne, parce que c'est très important de muscler ces abdominaux profonds qui vont En se musclant, permettre de remonter un petit peu, de permettre de tenir droite et remonter un petit peu tes organes. Bien sûr, tes organes ne retrouveront jamais leur place. C'est juste les relever un petit peu pour diminuer cette sensation de pesanteur. Première intention, voilà. Ensuite, tout ce qui est mesures higieno-dététiques, comme tu l'as dit très justement, lutte contre la constipation, plus, plus, plus, plus, plus. Et puis, utiliser la bonne posture aux toilettes, s'hydrater correctement, enfin tout ça. Et enfin, le PCR. Le PCR, c'est un dispositif médical que tu insères en intravaginal qui va avoir pour objectif de maintenir tes organes dans une position la plus physiologique possible et comme ça, de te permettre de soit ne plus avoir des symptômes, dans le meilleur des cas, soit en tout cas les diminuer grandement et te permettre d'avoir des activités lambda, j'ai envie de dire, sans avoir cette sensation que... Dès que tu vas bouger ton corps, tes organes vont tous se faire la malle et en allant aux toilettes, tu vas retrouver « mon rectum m'a baissé, mon utérus dans ma culotte, qu'est-ce que j'en fais maintenant ? » Voilà, ça c'est le PCR. Il existe plein de formes, plein de tailles, et c'est difficile de trouver le sien.
- Speaker #1
Et ça a donc une fonction qui est mécanique, c'est-à-dire qu'à partir du moment où tu l'enlèves, tu ressens les symptômes comme avant.
- Speaker #2
Oui, ça ne traite que le symptôme. C'est ton doliprane quand tu as un mal de tête. C'est ton pansement sur un bobo. Ce n'est que fonctionnel. Ce n'est que pour retrouver une fonctionnalité dans ton périnée.
- Speaker #1
Qu'est-ce que ça t'a apporté à toi de mettre ce PCR ? Qu'est-ce que ça a changé à ta vie ?
- Speaker #2
Alors, tout en sachant que moi, j'utilise des PCR, mais je n'ai pas encore trouvé le modèle qui... qui me convient tous les jours. Donc, j'en utilise plein. Là, j'ai encore fait plein de tests lundi. Mais ce que ça m'a apporté, c'est un confort de vie. C'est une diminution de l'anxiété. C'est-à-dire que...
- Speaker #0
On me demande « mais qu'est-ce que tu fais avec ton PCR que tu ne fais pas quand tu n'en as pas ? » Je porte mes enfants. Parce que si je n'ai pas de PCR et que mes enfants me demandent de les porter, je sais que derrière, je vais le payer. Et surtout, je n'arrive pas à être pleinement dans « je suis en train de te porter » et de profiter de ce moment qu'on a tous les deux. Je suis en train de te porter, mais je suis en train de me dire que je n'ai pas envie de te porter. Parce que là, quand je suis en train de te porter, mes organes, ils n'aiment pas. Mon périnée, on est en train de l'abîmer. Est-ce que je suis en train de me tenir correctement ? Est-ce qu'ils ne vont pas descendre ? Est-ce que finalement, si on va marcher, je ne vais pas me retrouver avec mes organes dans ma culotte ? Est-ce que ce soir, je vais pouvoir aller boire l'apéro avec les copains sans avoir ma tête qui tourne en rond sur mes organes ? Non, mais j'ai abîmé mon périnée. Non, mais ma vie, ça va être quoi ? Non, mais après, je ne pourrais pas aller jouer avec mes enfants. Non, mais tu vois, et en fait... C'est vraiment ce qui se passe dans ta tête. Ta tête, elle part en fusée et tu ne peux plus l'arrêter. Ce que je fais, c'est porter les enfants sans trop de culpabilité.
- Speaker #1
Et j'imagine que tu peux porter tes courses.
- Speaker #0
Non, pas mes courses.
- Speaker #1
OK.
- Speaker #0
En fait, j'ai aussi accepté, et ça, c'est un peu dur, mais j'ai accepté de renoncer à certaines choses. Et c'est OK pour moi maintenant. J'ai accepté de jamais porter le cousine de mes enfants. Je n'ai jamais porté un cousine. Mais j'ai accepté de ne plus porter les packs de lait, les packs d'eau. J'ai accepté de faire ça. J'ai accepté de faire mes courses autrement. Je fais mes courses au quotidien où je commande et je me fais livrer. Et quand c'est livré, ça reste dans l'entrée jusqu'à ce que mon mari rentre et qu'il les range. J'ai accepté plein de choses.
- Speaker #1
Tu as adapté.
- Speaker #0
J'ai adapté, en fait. Et puis, avec le temps, tu trouves les adaptations qui te conviennent. Là, typiquement, c'était très drôle. J'ai enregistré une vidéo pour Instagram, un truc qui a changé mon quotidien et qui paraît stupide. Ça fait déjà un moment, mais j'ai acheté un aspirateur sans fil. Parce qu'on avait comme beaucoup de fois un aspirateur traîneau et je ne pouvais plus passer l'aspirateur. Me baisser, porter l'aspirateur, me baisser pour le brancher, le tirer. C'est devenu infernal. Et ma vie en était devenue infernale parce que je focalisais sur ce truc-là. Ah, mais c'est sale par terre. Et là, je ne peux pas le faire. Et donc, il faut que j'attende mon mari. Mais en plus, c'est la culpabilité. Lui, il est au boulot toute la journée. La première chose que je vais lui sauter dessus en rentrant quand il rentre à 20h, j'attends, il faut que tu passes l'aspirateur, là. C'est dégoûtant.
- Speaker #1
Mais je trouve bien que tu relèves le fait que des fois, il y a des aménagements qui sont tout simples, mais qui changent drastiquement le quotidien et qui mettent à l'écart aussi une certaine anxiété parce que Finalement, ne pas passer l'aspirateur peut réveiller plein d'autres choses. Ce n'est pas juste « je ne passe pas l'aspirateur » . C'est que ça pose des enjeux, des questionnements, comment on se sent avec soi-même, la confiance en soi, la relation au couple. Ça met plein de choses en perspective. Alors que pour toi, avoir acheté un aspirateur sans fil, ça a changé beaucoup de choses.
- Speaker #0
C'est ça, ça a tout changé. Et puis, les gens te disent « ouais, mais tu vois, il faut avoir les moyens pour acheter un aspirateur sans fil » . Mais je préfère clairement sacrifier une semaine de vacances pour mon aspirateur sans fil que de partir en vacances et de me rendre malade tout le reste de l'année parce que je ne peux pas passer l'aspirateur. Ça, c'est comme la chirurgie, c'est des balances bénéficiaires.
- Speaker #1
C'est ça. Est-ce que là, justement, tu aurais un ou deux autres conseils à donner qui semblent simples et basiques, mais qui finalement ont changé pour toi beaucoup de choses ?
- Speaker #0
Oui. J'ai quelques trucs comme ça qui ont tout changé dans ma vie. Bon, mon aspirateur s'en file. Mais surtout, et c'est un achat, mais pourtant tout con, j'ai acheté un petit marchepied pliable. Donc pour les toilettes, parce que pour ceux qui ne savent pas, par pitié, allez aux toilettes, allez à la selle en surélevant vos pieds, en mettant vos pieds sur un petit tabouret pour que vos genoux soient un tout petit peu plus haut que votre bassin. Ce qui permet une vidange complète du rectum et de lutter notamment contre la constipation, les hémorroïdes et protège votre périnée. Donc, j'avais acheté ce petit marchepied pliable. Et en fait, il me suit partout chez moi. Je le prends pour vider mon lave-linge, par exemple. Parce que pour vider ton lave-linge, finalement, ce n'était plus possible non plus. Me baisser comme ça, me baisser, me relever, me baisser. Quand tu ne sais pas encore bien gérer tes pressions intra-abdominales, tu pousses dans le mauvais sens. Et du coup, maintenant, j'ai mon petit marchepied, je le pose et je m'assois. Je l'ai partout. Il est partout. Je vais quelque part, j'ai mon marche-pied, je le déplie, je m'assois Pour mes enfants, je m'assois. Pour mes enfants, on m'a beaucoup demandé comment tu fais pour les porter, pour les changer, pour les faire manger et tout. Ah, mais moi, j'ai tout adapté. En fait, c'est soit je me mets à la hauteur de mes enfants, soit ils arrivent eux-mêmes à se mettre à ma hauteur. La table à langer, dès le plus jeune âge, je leur apprends à l'escalader. Donc, ils escaladent la table à langer pour monter. Et là, mon dernier qui a 14 mois, il arrive à l'escalader. pas encore à se hisser jusqu'au bout donc du coup j'ai juste à l'aider en lui tenant les fesses et il me finit de monter pour manger il a une petite table à sa hauteur et une petite chaise à sa hauteur en fait tout à sa hauteur et je m'assois à côté de lui enfin c'est tout et pareil pour le changer sinon s'il veut pas escalader c'est pas grave on se met par terre enfin tout il met des culottes et pas des couches couches alors qu'il a 14 mois parce que il peut le faire debout et pour un pipi il suffit de lui enlever et il enfile sa culotte enfin il y a plein de trucs
- Speaker #1
Ça montre aussi à quel point on est des fois figé dans des certaines normes et façons de faire. Je pense à la table à longer. C'est intéressant parce que, quelque part, est-ce qu'on a vraiment besoin d'une table à longer ? Et je pense qu'il y a plein de cultures ou de pays où la table à longer n'existe même pas. Moi, ça a été une question.
- Speaker #0
J'ai un frère qui m'a dit dans ma vie, je suis chirurgien, jamais je n'aurai de table à longer pour mes enfants. C'est trop dangereux. Donc, c'est vraiment des histoires de perception.
- Speaker #1
C'est ça. C'est ça. Et moi, c'est une question que je me suis aussi posée avec ma fille, quand les tangages sont super forts et que c'est plus simple pour moi d'être vers le sol, ou simplement, je la changeais sur un lit, sur le canapé. Tu vois, j'avais mon petit server boy, on l'appelle, avec mon mari, mais ce petit truc à roulettes où dedans, il y a tout, il y a les couches.
- Speaker #0
J'avais un panier comme ça qu'on arrête partout avec un linge qu'on met par terre pour faire office. On avait un panier comme ça, que je suis main bas.
- Speaker #1
Mais tu vois, ça montre aussi... Tu vois, moi, ça me fait vraiment penser à cette société hyper capitaliste qui te vend aussi énormément de matériel, de bébés, qui doivent ressembler à telle ou telle chose. Il faut avoir telle table à manger, à langer, pardon. Il faut les servir dans telles assiettes, leur donner tel truc pour boire. Et finalement, des fois, de simplement aussi remettre en question ce qu'on fait et se dire, mais à quel point ce n'est pas que purement des choses qui sont marketing et quel sens elles ont vraiment dans un quotidien avec un enfant.
- Speaker #0
Ah oui, oui.
- Speaker #1
T'as dû avoir un travail, excuse-moi de te couper, t'as dû avoir un énorme travail de déconstruction aussi de tout ça.
- Speaker #0
Oui, oui, mais alors finalement, ce qui était le plus dur, c'était pas vraiment ma déconstruction autour de comment je voulais faire avec mes enfants. Enfin, quoi que... Si, si, en fait, si. Si, si, sur plein de trucs, parce que notamment, je me rappelle... ce truc de « il faut porter vos enfants, si vous ne faites pas de portage, vous êtes une mauvaise mère » . Enfin, grosso modo, moi, je voyais ça comme ça. Si tu ne fais pas de portage, tu es une mauvaise mère, tu ne pourras pas le lien d'attachement. Et donc, avant la naissance de mon aîné, j'avais acheté tous les moyens de portage qui existent sur Terre. Et je n'ai rien pu utiliser. Là, j'étais là, mais je suis une mauvaise mère, parce que je ne peux pas le porter, en fait. On n'a pas ce lien d'attachement. En plus, je ne l'allais pas. Donc on m'a dit, vous ne voulez pas le meilleur pour votre enfant et vous déléguez les biberons. J'étais... Waouh ! Et donc, tu sais... Oui, donc j'ai dû un peu me déconstruire jusqu'à ce que, je sais pas, il y a un truc qui me saute aux yeux et je me dis, mais en fait, toutes ces normes sociétales, moi, je les ai, mais mon fils, sa seule norme, finalement, c'est moi. Il n'a pas d'autres normes que moi. Donc, lui, il s'en fout un peu de comment je l'amène du point A au point B. s'en fiche un peu, qui lui change sa couche, il s'en fiche un peu. Lui, il veut juste... Et où est-ce qu'on lui change sa couche ? Tant qu'il est au sec, qu'il ait été changé à l'arrière sur une banquette de voiture ou sur une table à ranger tartinée de chocolat à 1200 balles, lui, ça ne change pas grand-chose à sa vie. C'est juste que j'ai eu besoin d'avoir ce déclic de... Il n'a pas de normes sociales. Lui, il a que moi comme normes sociales. Donc si moi, je ne suis pas OK avec ce que je fais, lui, il va forcément le ressentir. Ce n'est pas la norme sociale qu'il va ressentir, c'est mon état d'esprit. Donc, j'ai essayé de sortir de ça, mais ce n'est pas toujours évident. Et puis, j'avais la chance d'avoir un mari qui était grave cool et qui me suivait, tu vois, surtout. Non, ce qui était dur, c'était plus quelle image je renvoie à la société en tant que mère. Et maintenant, je m'en fiche. Peut-être la thérapie aussi a aidé.
- Speaker #1
Qu'est-ce que tes enfants y comprennent de ce que tu vis ?
- Speaker #0
Je ne sais pas trop. Je ne sais pas trop, mais je sais qu'ils comprennent que je dis un truc. Je ne sais pas s'ils ne s'imaginent pas que c'est toutes les mamans comme ça, d'ailleurs. Mais ils savent que... Enfin, l'aîné, en tout cas, parce que le second, il est petit, il ne sait pas encore trop, mais mon aîné, lui, il sait qu'il y a un truc, il sait que je ne peux pas toujours le porter. Et il est assez drôle parce que cet été, à un moment, il me dit « Maman, est-ce que tu as mis ton pécère ? » Et je lui dis, ouais, mon chat, pourquoi ? Il me dit, tu peux me porter, alors.
- Speaker #1
Il est malin.
- Speaker #0
Et là, il n'y a pas longtemps, on va à la pharmacie, je ne sais plus quoi. Et puis, il avait son vélo. Il me dit, non, non, tu portes mon vélo. Je n'ai pas envie, je ne veux pas le porter. Je dis, mon chat, ce n'est pas possible. Tu vas porter ton vélo, je ne peux pas le porter à la maison. Il me dit, pourquoi, tu n'as pas mis ton pesseur ? Je dis, oui, c'est ça. Donc déjà, il t'affiche dans la pharmacie, mais bon. Il y a peu de monde qui sait ce que c'est un pécère. Et après, il m'a rien dit. Maman, je n'aime pas quand tu ne mets pas ton pécère.
- Speaker #1
C'est chouin, cette compréhension.
- Speaker #0
Mais non, mais tu vois, c'est mignon. Et lui, c'est un truc, je sais qu'on m'a déjà pas mal dit. Mais pourquoi tu lui parles de ça ? Il est tout petit. Qu'est-ce que tu veux qu'il comprenne ? Mais je ne lui explique pas. Il n'est pas là quand je le mets, quand je le retire. où il me dit où est-ce que tu le mets ton pester je le mets dans mon bidou, il a 3 ans, il n'a pas besoin de savoir voilà mais Mais en fait, il y en a tellement qui traînent dans la salle de bain. Tu vois, j'ai envie que ce soit normal. Je n'ai pas envie qu'à 8 ans… Enfin, j'ai envie que ce soit un truc normal pour lui. Et d'ailleurs, le matin, des fois, il est drôle. En ce moment, il est dans son délire de « Maman, mets des robes, mets des jupes, parce que comme ça, tu te trompes comme une princesse. » Et des fois, le matin, il me dit « Maman, j'aimerais bien que tu mettes plutôt le rose, parce que moi, je préfère le rose. » Ou « Je préfère que tu mettes le rond jaune. » Ah non, mais plutôt, aujourd'hui, tu ne veux pas mettre le carré qui est bleu ? Pour lui, c'est un accessoire, comme me dire, mets cette jupe-là aujourd'hui, maman.
- Speaker #1
Je suis hyper d'accord avec les personnes qui questionnent le fait que tu en parles avec ton fils, parce que je fais partie des gens qui sont persuadés que les enfants ressentent finalement ce qu'on vit. Et j'ai l'impression que toi aussi. Et que plutôt que la situation sans qu'il ose devienne encore plus un tabou et plus tard créer des problèmes dans la famille, de l'évoquer et de le normaliser, le banaliser, ça crée presque plus tard peut-être même un non-sujet finalement.
- Speaker #0
En fait, c'est exactement ce que je dis toujours, c'est que je pense que c'est plus facile de traiter un non-sujet qu'un sujet. Donc, j'aime bien dire ça, parce qu'une fois que tu en as fait un non-sujet... Et puis, c'est surtout s'adapter aux questions de l'enfant. Je ne vais pas répondre à des questions qu'il ne me pose pas. Ce n'est pas qu'on va s'asseoir dans un canapé pour que je lui explique. Alors, mon amour, maman, elle a un prolapsus. C'est un peu de ta faute, en plus. Et puis, c'est ça. et puis tu veux que je te montre comment ça se passe ? C'est pas ça, Il voit ça, c'est la vraie vie. Il y a ça dans la salle de bain. Et puis quand je lui dis, je ne peux pas te porter, je n'ai pas de PCR. Et c'est quoi un PCR ? C'est ça, c'est ce qu'il y a là. En fait, je ne réponds pas à des questions qu'il ne me pose pas. Mais s'il me pose la question, je ne vais pas lui mentir. Parce qu'après, il faudra que je me dépatouille du mensonge que j'aurais inventé. Il faudra que je m'en souvienne et que je m'en dépatouille. Puis quelle confiance ? brise pas je sais pas est-ce que tu brises pas une confiance j'ai un problème avec le mensonge moi en tant que personne alors un peu du mal.
- Speaker #1
Est-ce que tu lui en as voulu à ton fils ?
- Speaker #0
Bien sûr. Bien sûr. Mais ça, c'est dur. Ça, c'est ultra dur. Évidemment que je lui en ai voulu. Évidemment que je l'ai tenu pour responsable. Évidemment que je me suis dit si je ne t'avais pas eu, je serais encore entière. Si tu n'étais pas là, je serais comme avant et je ne serais pas... Et je ne serai pas dans cet état de délabrement, je ne serai pas dans cet état psychologique, émotionnel, à ne pas savoir ce que va être ma vie, à ne pas forcément vouloir vivre comme ça. Oui, et c'est de ta faute. Tout ça, c'est de ta faute. Bien sûr. Et ça, c'est horrible de penser ça à ton enfant. Et mon amour, si un jour tu entends ça et que tu as 20 ans, bien sûr que je sais que ce n'est pas ta faute. Mais ça, c'est un travail à faire. Mais c'est bien de le reconnaître aussi. Et après, j'ai appris avec la thérapie, avec mes thérapeutes, que s'il fallait en vouloir à quelqu'un, c'était à l'équipe médicale, pas à lui. Parce qu'en fait, moi, j'ai vécu cet accouchement traumatique, traumatisant, erreur médicale et tout le travail, mais lui aussi. Lui, il est né avec une trace de forceps sur l'œil. Et quand je lui ai demandé, mais attendez, c'est normal, on m'a dit, on s'inquiètera s'il n'ouvre pas les yeux. Lui aussi, je pense que je suis intimement convaincue que la naissance, ça peut être quelque chose. Je le vois avec mes deux enfants qui ont eu des naissances très différentes et aujourd'hui sont très différents. Je pense qu'il a ses propres traumas là-dessus. Alors, on ne me croit pas forcément. Oui, c'est un enfant. Moi, je crois qu'il est arrivé au monde de façon extrêmement violente. Et j'avais en plus cette culpabilité de me dire... Et puis en plus, je t'ai tenu plus responsable. Sur toi, quoi tu vas te construire ? C'est un petit garçon hyper heureux, il n'est pas ni très drôle. Et on s'aime d'amour.
- Speaker #1
Toi, la manière de traverser tout ça, c'est d'être entourée de thérapeutes, c'est ça ?
- Speaker #0
Oui. Moi, la manière d'avoir traversé tout ça, c'est déjà de ne pas en avoir fait un tabou. Avec mon mari, on a tout de suite formé équipe. Et donc, du coup, nous, la parentalité a été extrêmement douce, par contre. et d'en parler, d'être entourée de personnes qui étaient OK et qui savaient s'adapter à mes limites sans jugement et de créer ma team. Moi, créer ma team, vraiment te créer une team de professionnels de santé et une boîte à outils, de trucs qui vont t'aider en fonction de ton état du moment parce qu'il y a des journées qui sont basses, des journées qui sont horribles et accepter de vivre dans cette fluctuation parce que tu as ta team et ta boîte à outils à côté. sachant que cette team, j'aime bien et je n'aime pas quand on me dit ça. On me dit, ouais, mais toi, tu as de la chance. Je n'ai pas de chance. Aucun des professionnels de santé de ma team n'est un jour venu sonner chez moi. Alors, j'ai appris que vous n'alliez pas trop bien, Justine. Dites-moi ce que je peux faire pour vous. Je suis pro et expert dans le domaine. Ça ne s'est pas passé comme ça.
- Speaker #1
Une team, ça se construit.
- Speaker #0
C'est ça. Ça se construit. donc j'aime pas trop ce truc de chance Parce que j'ai l'impression que ça minimise les efforts aussi que j'ai déployés pour la constituer. Et en disant ça, je ne veux pas du tout dénigrer ceux qui n'ont pas encore réussi à la constituer. Après, dans les efforts que j'ai déployés pour la constituer, j'ai peut-être eu de la chance sur certains trucs, tu vois, ou les étoiles se sont alignées. Je n'aime pas trop ce mot de chance, en règle générale. Je suis pas certaine que la chance a existé.
- Speaker #1
Beaucoup de femmes ont peur que le prolapsus affecte leur sexualité. Est-ce que c'est le cas ?
- Speaker #0
Oui et non. Alors, on commence par le oui ou par le non ?
- Speaker #1
Celui que tu préfères. Mais moi, en tout cas, j'ai une phrase de toi qui résonne, où tu disais... comment je peux éprouver du désir sans me sentir désirable ? Et je me demande si ce n'est pas une porte d'entrée.
- Speaker #0
C'est une très bonne porte d'entrée et c'est exactement la réponse à mon oui et non. En fait, tout dépend comment tu envisages ta sexualité. Si tu dis que... Est-ce que ça a un impact sur ta sexualité ? Parce que souvent, les remarques de femmes que j'ai, c'est comment est-ce que je vais faire pour que mon conjoint, mon partenaire, ne se rende pas compte ? et en fait, du coup, décident de baser leur sexualité sur ce rapport à l'autre. Alors, je vais vous donner tout de suite une info primordiale, les mecs ne se rendent jamais compte. Parce qu'on est souvent dans des positions où la gravité t'aide beaucoup. Oui, à partir du moment où, effectivement, toi tu te trouves dégoûtante, toi tu ne te sens pas désirable. Comment est-ce que tu peux renvoyer ce truc-là ? Comment tu peux désirer quelqu'un et renvoyer une image de toi désirable si toi, tu ne désires déjà pas, en fait ? Donc, sur le papier, le prolapsus n'empêche pas du tout la sexualité. Le prolapsus peut n'avoir zéro impact sur ta sexualité. Dans les faits, il faut très approprier ton corps. Il faut accepter que... Moi, j'ai adoré, un jour, je l'ai lâché comme ça, alors qu'avec mon mari, on parle beaucoup. Il n'y a pas de sujet tabou et on est très ouverts. Mais je n'avais jamais osé lui dire, mais je me sens dégoûtante, en fait. Et puis lui, il me disait tout le temps, mais tu sais, moi, je ne vois pas la différence. Et en fait, on ne s'entendait pas dans ce qu'il disait, parce que moi, je me sens dégoûtante, lui, il me disait, je ne vois pas la différence. Et moi, quand il me disait, je ne vois pas la différence, je dis c'est pas le problème que tu bois ou que tu vois pas la différence en fait je m'en fous que tu vois pas la différence moi je te dis que je me sens dégoûtante et lui il pensait me dire Mais je ne vois pas la différence. Donc, en fait, si tu te dis que tu te sens dégoûtante, c'est que tu te sens dégoûtante vis-à-vis de moi. Et moi, en me disant ça, je veux te dire que... Alors que le sujet n'était pas là. Et un jour, je lui dis, mais... Je me sens dégoûtante. Et puis là, comment tu peux me désirer, effectivement ? Parce que là, rien ne va au bon endroit. moi je ne peux pas me désirer il me dit Je dis, mais Justine, en fait, t'es pas dégoûtante, juste, tes organes, ils sont plus à la même place. Mais ils étaient là avant, ils sont encore là maintenant. Ils ont juste changé d'endroit. Point. Là, je dis, ah bon, c'est juste comme ça que tu le vois ? Bah oui, tu veux que je vois ça comment autrement ? Et ça passe, c'était tellement... Il m'a dispo de façon tellement naturelle, non sujet, alors que moi, j'étais tellement en mode, moi, j'ai mon rectum sur mon vagin, mais si tu te rends compte, c'est dégoûtant. Non, en fait, ta paroi de ton vagin, elle était déjà là. Elle a juste changé de place, mais elle n'était pas plus dégoûtante. Là, tu te dis, OK, donc le travail à faire, il est juste sur moi. Et parler. parler, parler, voir, réadapter. Et je trouve qu'on a créé une sexualité vachement plus épanouissante. Parce qu'on était dans... Finalement, je n'avais pas l'impression, mais je me suis rendue compte qu'on restait quand même dans une sexualité très patriarcale, hétéronormée, sans pression à la pénétration, alors qu'on pensait ne pas l'être, très préliminaire. Parce que je n'aime pas préliminaire, pénétration. Intro, suivez. Conclusion ? Fin du débat, bonne nuit, c'était mignon.
- Speaker #1
Ah, mais finalement, c'est simplement des gens qui sont littéraires.
- Speaker #0
C'est ça, Mathieu ?
- Speaker #1
C'est des littéraires, ceux qui sont pénétrocentrés. Pourquoi remettre en question la littérature ?
- Speaker #0
C'est vraiment ça. On avait une sécurité très épanouie pour autant, tu vois. Mais je me rappelle, j'ai une sage femme en postpartum qui m'a dit « Vous devriez écouter l'épisode du podcast des coups sur la table sur la pénétration, c'est très intéressant. » Et je l'ai écouté, je l'ai fait écouter à mon mec, et je me suis dit « C'est exactement ça que je pensais, mais on ne l'avait pas vu comme ça. » Et puis là, je ne me sens pas, je me sens dégoûtante. Donc pour y revenir, je pense qu'il vaut mieux… Je ne sais pas, on a discuté, je ne sais pas comment dire. Donc non, le prolapsus n'empêche absolument pas d'avoir une sexualité épanouie. par contre il demande de de revoir notre rapport à notre corps, de revoir notre rapport à la féminité, en fait. Qu'est-ce que c'est d'être féminine, finalement ? Qu'est-ce que c'est d'être une femme ? Je te dis ça de façon hyper... Comme si c'était hyper facile pour moi, ce qui n'est pas le cas, parce que là, je suis en obsession de « je veux une vaginoplastie » . Ma tête me dit « je veux une vaginoplastie, il faut refaire faire ton vagin » , et tout. Et en fait, je me dis « mais non, Justine ! » Tu vois, c'est... Mais ouais, ouais.
- Speaker #1
Justement, tu évoquais la chirurgie tout à l'heure. Est-ce que c'est une option pour toi actuellement ? Oui.
- Speaker #0
Actuellement, non. Je pense que je finirais par m'y orienter, mais pas maintenant. Pour plein de raisons. D'abord parce que j'ai encore envie d'un... J'ai un dernier désir de grossesse et que ce n'est pas compatible avec l'échec. Et puis parce qu'en ce moment, on est en plein scandale sanitaire autour des prothèses utilisées sur cette chirurgie-là. Et j'aimerais bien laisser un petit peu encore les laboratoires évoluer sur le sujet et que de nouvelles techniques opératoires soient mises en œuvre avant de passer sur le billard. Mais oui, oui, oui, j'irai. Je me ferai opérer, oui. Après, pas tout de suite aussi, parce qu'aujourd'hui, on tend quand même à penser que le prolapsus, c'est... Le développement physiologique de la femme, on finira tout avec un prolapsus. La question est de savoir est-ce qu'il va être symptomatique ou pas. Il y a des femmes qui vont avoir des prolapsus aussi avancés que le mien et qui n'auront zéro symptôme. Mais dans ces cas-là, ce n'est pas un handicap. L'handicap, c'est juste si ça freine ta vie, ton quotidien, si ça a un impact perpétuel sur ta qualité de vie et tout ça. Donc du coup, en avançant... notre peau se détend, on le voit bien, on a des rides, la peau qui tombe un peu plus, tes organes, c'est pareil. Et je ne veux pas me faire opérer tout de suite parce que je sais que ça ne va, même si je fais tout pour ne pas aggraver le cas, ça va quand même avancer. Et c'est une chirurgie qui est assez one-shot. Et donc, plus tu la fais tôt et moins tu auras d'options thérapeutiques derrière si ça récidive.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a moyen d'éviter ce prolapsus ?
- Speaker #0
Je pense. Je pense. Dans mon cas, ne pas avoir été confronté à une erreur médicale aurait été un moyen très efficace de l'éviter. Mais je pense qu'il y a des moyens de l'éviter et il y a des moyens de faire en sorte que même s'il arrive, le minimiser et tout de suite savoir quoi faire. pour qu'il n'impacte pas contre ton quotidien, pour qu'il n'arrive pas au stade d'impact sur ton quotidien. Et ça, dès le plus jeune âge. Et ça va être vraiment très tôt apprendre à aller aux toilettes. Tu vas savoir qu'aux toilettes, apprendre à nos enfants à aller aux toilettes, moi, c'est un truc que je ne comprends pas. Nos enfants, on leur apprend à aller aux toilettes sur le pot. Donc là, ils sont dans une position physiologique. Après, on les fout sur des toilettes avec des jambes qui pendent et pas du tout relâchées. et du coup, ça impacte forcément ton périnée. faire pipi en squat genre oui c'est pas propre on fait pipi en squat mais en fait tu détends pas les muscles de ton périnée donc tu vas pas vidanger complètement ta vessie donc forcément t'as un impact sur ton périnée traiter la constipation en fait ce n'est pas normal d'être constipée il faut arrêter de dire on est une femme c'est normal 80%
- Speaker #1
des femmes sont constipées je te coupe juste Justine parce que tu parles souvent de cette histoire de constipation et de toilettes mais parce que qu'est-ce que ça peut amener ?
- Speaker #0
Alors, en fait... ce serait plus facile à comprendre avec des schémas mais grosso modo quand tu es constipé c'est à dire que ton ampoule rectale va stocker des selles que tu ne vas pas tout de suite réussir à éliminer et donc rien que ça tu appuies en appuyant sur ton ampoule rectale tu appuies sur ton périnée et donc tu l'abîmes c'est comme si tu mettais une pierre sur un muscle et tu la laisses, tu vas forcément abîmer ce muscle Merci. qui est quand même élastique. Quand tu es constipé et que tu pousses, tu pousses sur tes muscles, donc tu abîmes tes muscles. Donc pareil, le risque, c'est encore une fois d'abîmer, souvent c'est le muscle releveur de l'anus, et donc du coup, tu abîmes ton périnée. Quand tu vas aux toilettes en squat, tu ne relâches pas tout à fait tes muscles fessiers, tu ne relâches pas tout à fait tous les muscles qui participent. à être ton périnée. Et donc, du coup, tu ne peux pas vider complètement ta vessie. Donc déjà, tu as un gros risque d'infection urinaire en faisant ça en répétition. Et ne relâchant pas tes muscles, tu les abîmes parce que tu leur demandes d'être relâchés. Enfin, tu leur demandes de faire une action qui doit normalement être mise en œuvre quand ils sont relâchés, mais toi, tu les contractes. Tu prends plus de risques à faire pipi en squat pour ton périnée qu'à t'asseoir sur la lunette des toilettes publiques.
- Speaker #1
Donc, il y a quand même un travail d'éducation en amour qui peut être fait.
- Speaker #0
Ah oui, et puis, savoir gérer nos pressions intra-abdominales, tousser quand tu tousses. Il faut s'imaginer que... Donc, c'est comme si tu avais un caisson. Quand tu tousses et que tu vois, tu appuies souvent les femmes qui... Les femmes qui te disent, qui ont accouché, je tousse, j'éternue, je me fais pipi dessus. Là, c'est un problème de caisson abdominal, c'est-à-dire que les pressions t'aient poussé quand tu tousses, quand tu éternues, tu pousses vers le bas. Mais il faut apprendre à ne pas tousser vers le bas pour ne pas appuyer sur ton périnée et l'abîmer. Il faut apprendre à tousser en te tenant bien droite, en te tenant droite, ton ventre se rentre et pas il sort. Pas non plus à rentrer le ventre parce que si tu rentres le ventre, ça va faire l'effet d'une bouteille d'eau. Tu prends une petite bouteille d'eau qui est pleine, tu appuies dessus en plein milieu, tu as de l'eau qui va sortir par le haut et de l'eau qui va sortir par le bas. Tu fais ça à ton périnée en fait. C'est comme si tu poussais tes organes en bas, tu as toute l'eau qui sort, et tu as tous tes organes qui veulent partir vers le bas. Donc, c'est de l'éducation, c'est vraiment... C'est au-delà de la rééducation, mais même des femmes en postpartum, on ne va pas faire de la rééducation du périnée. On va faire de l'éducation du périnée. On ne le connaît pas, notre périnée.
- Speaker #1
Moi, j'ai le souvenir que cette expérience, elle t'a amenée à requestionner aussi ta profession ou en tout cas, vouloir te reformer. Est-ce que tu veux nous en dire plus ?
- Speaker #0
Oui, alors moi, à la base, je suis infirmière de bloc. Puis j'ai pris un poste d'encadrement un peu après parce que je ne pouvais plus être au bloc. Et puis finalement, je me suis rendue compte qu'il fallait que je fasse une croix sur ma carrière professionnelle en tant qu'infirmière hospitalière dans les blocs opératoires. Je ne pouvais plus faire ça. Et puis, ce n'était plus en accord avec qui j'étais. Et donc, j'ai décidé de me réorienter. Je cherche un peu ma voie. Je ne sais pas encore exactement où est-ce que je vais, mais j'ai l'intime conviction que je vais au bon endroit. Et mon objectif, ça va être... Ce que je voudrais, c'est que je me suis formée dans le coaching, dans la psychologie positive. Là, je me tourne à la fac pour devenir sexologue. Et mon objectif, ça va être d'aider les femmes à se prendre en soin, à ce qu'on crée ensemble des programmes qui sont adaptés pour elles individuellement, à se prendre en soin, comment elles vont pouvoir créer leur team, comment elles vont pouvoir adapter leur quotidien, tout en ayant un accent beaucoup. parce que je pense que c'est... C'est une grande partie du traitement. On accent beaucoup sur l'importance de la santé mentale, qui pour moi est 80% du traitement, pour te permettre d'avancer en fait. Et ce que je veux dire aux femmes quand on me dit « Mais le psychologue, le psychiatre, le coach, il ne me fera jamais remonter mes organes, et puis ce n'est pas dans ma tête. » Ah mais ça, je suis 100% d'accord. Aucune thérapie, aucun coaching, aucune prise en charge. autour de ta santé mentale, ne fera remonter tes organes. Par contre, elle te permettra d'entrer dans la résilience. Par contre, elle te permettra de te rendre compte que tu n'es pas qu'un périnée. Par contre, elle te permettra d'accepter qu'il y a des jours qui seront horribles, mais que ces jours horribles ne définissent pas le reste de ta vie. Ça ne veut pas dire que pendant une semaine, c'est ultra dur et que ta vie va être ultra dure tout le reste de ta vie. Par contre, ça te permettra d'apprécier les journées où t'as pas de symptômes et te dire En fait, c'est cool. Ça te permettra d'apprendre à être heureuse, peu importe l'état de ton corps. Ta joie, ton bonheur n'a pas besoin d'être défini par la souffrance de ton corps.
- Speaker #1
Est-ce qu'on peut déjà suivre un bout de ton travail que tu as amorcé à certains endroits, notamment sur Instagram ou LinkedIn ?
- Speaker #0
Alors, il faudrait que je mette plus. Mais oui, déjà un peu sur Instagram. Instagram, j'ai... Alors, sur deux choses, parce que ce que j'ai fait en parallèle, c'est que j'ai créé la première association de patientes en France de lutte contre le prolapse des organes pélviens, donc Pop France. Donc, on peut suivre cette association sur Pop France, sur Instagram. Et surtout, à côté de ça, j'ai ouvert un compte Instagram qui s'appelle Justine Pop Mom. Le Pop, donc prolapse des organes pélviens. Parce que je suis la merveilleuse maman de deux petits garçons. Et où là, j'essaye de partager... ma vie, mes tips, mes trucs et astuces et un peu de psychologie positive et de montrer comment est-ce qu'on peut entrer en résilience et à quel point la résilience n'est pas arrêter de se battre. La résilience, c'est juste arrêter de se battre contre notre corps mais se battre avec lui pour aller plus loin. Et ça, j'y crois profondément et je suis intimement convaincue et je décrétais d'en faire mon cheval de bataille. Ce n'est pas dans votre tête mais votre tête... peut vous aider à aller plus loin avec votre corps.
- Speaker #1
Super. Moi, Justine, j'arrive sur les deux dernières questions de fin. Est-ce qu'avant ça, tu as envie de rajouter quelque chose ?
- Speaker #0
Ah non, moi, je pourrais parler pendant mille ans, donc il faut s'arrêter un moment. Non, je crois que j'ai dit l'essentiel, si ce n'est que je voudrais vraiment que toutes les femmes qui souffrent de prolapsus, qui ont souffert de prolapsus, qui souffriront de prolapsus, soient intimement convaincues qu'elles ne sont pas seules. qu'elles ne sont pas déboutantes, que c'est des femmes magnifiques, merveilleuses et surtout que je les vois, je les entends et ce n'est pas dans leur tête.
- Speaker #1
Alors, tu as déjà répondu à une des deux questions. Alors, je vais sur la dernière. Quel super pouvoir ce handicap invisible t'a amené ?
- Speaker #0
La résilience. Et je crois que ça, c'est l'adaptabilité. En fait, il m'a amené plein de... Je ne peux pas répondre à cette question parce qu'il m'en a amené plein. Il m'a amené le super pouvoir d'adaptabilité. Il m'a amené le super pouvoir d'être moins impactée par le regard des autres. Je veux dire, ce n'est pas grave. Tant pis pour eux, finalement. C'est eux qui passent à côté de la personne extraordinaire que je suis,
- Speaker #2
et pas leur mère.
- Speaker #0
Il m'a amené plein de super pouvoirs. La résilience, je trouve que la résilience... Là où je l'avais lu, étudié et tout, et j'étais là, oui, c'est un super concept, mais en fait, ce n'est pas un super concept, c'est un super pouvoir, vraiment un super pouvoir que j'aimerais permettre à tout le monde d'acquérir. Et la résilience, ça ne veut pas dire que tous les jours, c'est facile. Ça, ce n'est pas vrai.
- Speaker #1
Merci Justine pour ton témoignage.
- Speaker #0
Avec plaisir, merci à toi.
- Speaker #2
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