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Les Meneuses

De la Guinée à la tech française : rêver GRAND avec Houleymatou Baldé (Ingénieure, Cofondatrice de Yeeso et IT Women)

De la Guinée à la tech française : rêver GRAND avec Houleymatou Baldé (Ingénieure, Cofondatrice de Yeeso et IT Women)

49min |17/11/2025
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De la Guinée à la tech française : rêver GRAND avec Houleymatou Baldé (Ingénieure, Cofondatrice de Yeeso et IT Women)

De la Guinée à la tech française : rêver GRAND avec Houleymatou Baldé (Ingénieure, Cofondatrice de Yeeso et IT Women)

49min |17/11/2025
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Description

Elle a grandi en Guinée, dans un village où peu de filles allaient à l’école. Aujourd’hui, Houleymatou Baldé est ingénieure informatique, maman, militante, et cofondatrice du réseau Yesso, qui œuvre pour plus d’équité dans la tech.


Dans cet épisode, elle raconte comment elle a transformé les discriminations (de classe, de genre, et de racisme) en carburant de réussite. Comment elle a appris à rêver grand, à célébrer ses victoires, et à bâtir une communauté de femmes puissantes et solidaires dans la tech.

Un échange vibrant, sans filtre, sur la confiance, la persévérance et la force collective.


💡 Au programme :

  • Grandir femme dans un monde qui te dit “tu ne peux pas”

  • Transformer la différence en force

  • Rêver grand, même quand tout semble impossible

  • Bâtir des réseaux d’entraide féminine

  • Célébrer, briller, et inspirer les prochaines générations

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Houleymatou

    Je ne sais pas bien parler français, j'intègre un parcours où je ne sais même pas allumer l'ordinateur, pour tout te dire. Et je suis noire, et je suis une femme, et je suis toute petite, et je suis perdue. Et en plus de ça, sans môme, je suis pauvre.

  • Chloé

    Hello, c'est lundi et tu fais bien d'écouter Les Meneuses pour lancer ta semaine avec une dose d'inspiration. C'est Chloé, ta podcasteuse préférée, et aujourd'hui j'accueille Houleymatou Baldé, ingénieure informatique, mentor, speaker, fondatrice de Yesso et j'en passe. De la Guinée à la tech française, elle nous montre comment rêver grand, célébrer ses victoires et transformer les obstacles en leviers. Allez, installe-toi confortablement. C'est bon ? Alors c'est parti, bonne écoute ! Et si l'épisode te plaît, pense à le partager. Bonjour Houleymatou, comment est-ce que tu vas ?

  • Houleymatou

    Bonjour Chloé, comme je te disais, il y a deux secondes, tout va bien, même si l'actualité est un peu compliquée, mais j'essaie que tout aille. Oui,

  • Chloé

    une actu un petit peu compliquée, surtout quand on est militante et qu'on porte des sujets importants comme toi. Pour les personnes qui ne te connaissent pas, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Houleymatou

    Je suis ingénieure informatique depuis... Depuis bientôt dix ans, je suis d'origine guinéenne. Donc aujourd'hui, j'ai la double nationalité guinéenne et française. Et je suis une maman épanouie de deux filles, deux jolies princesses. Et puis une femme, une épouse aussi épanouie et surtout une femme engagée aussi. pour l'inclusion dans mon domaine, qui est la tech.

  • Chloé

    C'est une femme aux mille casquettes, parce que tu fais tellement de choses. On va pouvoir en parler durant cet épisode ensemble et essayer de balayer un petit peu ton parcours et tout ce que tu fais, parce que tu fais énormément pour la communauté tech. Avant de rentrer un peu plus dans ce détail-là, j'aimerais bien qu'on fasse un petit pas en arrière. Et comment on découvre, comment est-ce que tu es tombée dans la tech ? Sur ton LinkedIn, tu parles de ta passion pour la série 24 heures chrono et la merveilleuse Chloé qui jouait dedans, je l'adorais aussi. Est-ce que tu peux nous parler de cette découverte de la tech ?

  • Houleymatou

    Alors là déjà, je te félicite parce que ça veut dire que tu as bon goût, d'accord ? Parce que tu es fan de Chloé aussi, de la série 24 heures chrono. Donc les jeunes qui nous écoutent, ils ne comprendront rien.

  • Chloé

    C'est possible.

  • Houleymatou

    Donc, ouais, en fait, moi, mon envie, en tout cas, je ne dirais pas passion, mais mon envie de faire de l'informatique, donc d'évoluer dans la tech, date d'il y a très longtemps, parce que j'avais 12-13 ans, j'étais au collège. Je faisais partie d'une troupe de théâtre. Et en fait, pour mieux jouer avec mes copines, on allait au vidéoclub pour voir des films. Et donc, c'est comme ça que je suis tombée sur cette série 24 heures chrono dans un vidéoclub. Et en fait, je suis tombée vraiment, vraiment fan, fan de cette série. Mais je pense que c'était au-delà de la série. C'est nos personnages de Chloé que j'adorais. Et en fait, elle était impressionnante. Son rôle, elle jouait l'experte informatique. dans la série, mais c'est surtout que c'était une leader, en fait, Chloé. Une leader dans le sens que OK, Jacques Boer, c'est l'acteur principal et tout qui est sur le terrain, mais sans Chloé, rien ne se passe. Donc, j'ai été intriguée par le métier, le rôle qu'elle tenait, l'experte informatique. Et puis, j'ai commencé à questionner. Il y avait mon frère, mon grand frère, qui était né. qui est mon soutien numéro un. Et donc, je lui parlais de la série. Il commence à regarder et il commence à encore m'encourager dans mon envie de faire ce métier-là parce qu'il voyait comment la femme là excellait et tout. Et puis, la chance que j'avais aussi, j'ai grandi dans une culture où, quand il s'agit des études, il n'y a pas d'une fille, c'est ça, un garçon, c'est ça. La ville où j'ai grandi, le patriarcat, ça existe à 10 000 fois. Mais pas seulement ça. C'est-à-dire, le bac S, tout le monde peut en faire. Tu peux le faire du moment que déjà tu es scolarisé. Parce qu'il faut savoir que les filles, il n'y a pas beaucoup qui sont scolarisées. Donc, du coup, il m'a dit, go, tu vas faire ça. J'intègre un lycée privé de la capitale. En tout cas, je mets toutes les chances de mon côté pour pouvoir faire informatique en Guinée. Parce que mon rêve, c'était d'aller à la capitale guinéenne, en fait, pour faire le lycée et puis faire l'université. Sauf qu'en fait, je n'avais pas anticipé en intégrant ce lycée privé, donc une classe sociale autre que la mienne, que mon rêve aussi allait grandir, en fait, s'élever. C'est vraiment un lycée d'élite. Et donc, du coup, eux, leur destin, enfin, en tout cas, leur rêve, et au-delà de leur rêve, c'est possible, c'est plus qu'un rêve, c'est d'aller aux États-Unis faire une université en France, certains au Maroc, les plus modestes. Et je me dis, mais pourquoi moi, je veux faire la Guinée et tout ? OK, je n'ai pas les moyens, mais peut-être, pourquoi pas rêver plus grand ? On parle à mon frère et il me dit, ok, là, ça va être compliqué puisqu'on ne peut pas devenir riche du jour au lendemain. Mais par contre,

  • Chloé

    malheureusement,

  • Houleymatou

    c'est toute une stratégie qui était derrière. Donc, il me dit, écoute, ce qu'on va faire, essaye de... En fait, il y avait deux conditions. Il faut avoir un bon dossier. pour se présenter à l'ambassade de France, ce qu'on appelle coopération française, donc Campus France. Et si une université, déjà sur dossier, il étudie une sorte de concours, enfin, ce n'est pas un concours, mais sur présentation de dossier, s'il t'accepte, tu te présentes pour les universités françaises. S'il a aussi été sélectionné, arrive le moment difficile, c'est-à-dire le visa. Et pour avoir le visa, il faut avoir un compte bancaire. de 6 500 euros et 6 500 euros, c'est plus de 60 millions francs guinéens, en fait.

  • Chloé

    C'est énorme.

  • Houleymatou

    C'est ultra cher, mais ultra pas accessible pour nous. Mais mon frère me dit, bah écoute, moi j'aimerais bien quand même qu'on tente ce qui est à notre niveau. On sait jamais si quelqu'un de riche peut nous aider ou si par chance notre vie va changer, mais essaye, tu vois. Et donc, c'était juste essayer. On sait que je ne vais pas y aller puisqu'on n'a pas la deuxième condition. Et donc, j'essaie. Et en fait, déjà avant d'essayer ça, je faisais des concours de maths, physique, chimie. Il faut savoir que moi, quand j'étais élève, que ce soit dans ma région ou à la capitale, je faisais partir des meilleurs en maths, physique, chimie. Mais là où je n'étais pas bonne, c'est français, anglais, toutes les matières. Tu vois, de langue et autre, puisque souvent, en fait, dans les villages d'où je viens, on t'enseigne un peu en langue maternelle parce qu'on est au village, c'est très compliqué. Donc, le français, je parle ultra mal. D'ailleurs, je suis arrivée comme ça en France. Et donc, du coup, je faisais ces concours et j'avais réussi dans mon lycée quand je suis arrivée. J'étais un peu celle que tout le monde se moquait parce que déjà, je suis mal habillée, enfin. Pas mal habillée, mais pour eux, je suis pauvre en fait.

  • Chloé

    Oui, on n'est pas sur la même classe sociale, donc on voit des différences par rapport.

  • Houleymatou

    Et en plus, je m'exprime très mal. Si tu veux, en Guinée, c'est un peu un signe de richesse quand tu parles bien français. Donc du coup, j'étais un peu la risée de tout le monde. Mais mon frère m'avait dit, écoute, le jour où tu seras meilleure en classe, tu as les meilleures notes sur les matières que tu es bon. ils seront obligés de faire avec toi, en fait. Donc, je passe un peu de la villageoise de la classe, d'où, du coup, j'en ai carrément gardé ce mot, villageoise. Villageoise de la classe à chef de classe, en fait. En fait, j'ai toujours été audacieuse, en fait. C'est-à-dire que, OK, vous vous moquez, je vais faire en sorte d'avoir les meilleures notes et tout ça, dans, en tout cas, les matières que j'arrivais un peu. Et puis, c'est surtout, je vais avoir l'audace de me présenter chef de classe, tu vois. Ça, je pense que c'était juste pour un peu me révéler, tu vois. Sauf que, chose faite. Et donc, du coup, tout va bien cette année-là et je me présente, j'obtiens une admission pour une université française. Et normalement, ça devait s'arrêter. Mais en fait, non, c'est ça. Quand c'est sur mon frère, il se met à monter tout un dossier, tout un truc où il me pose des questions. J'explique tout ce que j'ai fait au village. Il me dit ça, tu devras expliquer ça à ton oncle tel ou à la tante telle. Et c'est comme ça qu'il y a eu une sorte de solidarité, vraiment une solidarité énorme, parce qu'il y a mon oncle qui vit en Espagne, qui nous a aidés avec 5 000 euros. Et donc les 1500, je peux te dire que tous les gens que je connais ont mis de l'argent. Et après, on a eu le montant et on a même eu mon petit montant d'argent de poche. Et je suis arrivée en France comme ça, en fait. Et j'atterris en France pour faire des études d'informatique avec l'ambition d'être ingénieure informatique. Sauf que je n'ai aucun prérequis. Ah, Chloé. J'arrive dans un pays, dans une ville où je ne connais personne. Je suis complètement perdue. Je ne sais pas bien parler français. J'intègre un parcours où je ne sais même pas allumer l'ordinateur, pour tout te dire. Et je suis noire. Et je suis une femme. Et je suis toute... petite et je suis perdue. Et en plus de ça, sans môme, je suis pauvre. Voilà, j'ai fait ce que je sais faire toujours, essayer de m'intégrer, essayer de me faire des copains, d'avancer même si c'était ultra difficile parce que je quimilais tout en fait, je quimilais tout. La pauvreté, les doutes que j'avais moi-même parce que quand tu arrives dans un endroit que tu connais bien, tu doutes de tout en fait. Et puis, tu te mets même toi des bâtons sur les roues, plus ceux que les gens te mettent. Donc, c'était très compliqué. Mais au final, la seule chose, la force que j'avais, c'est que j'ai appris très tôt à avoir confiance en moi. C'est-à-dire qu'il m'arrive de douter sur un sujet. Il m'arrive à douter, mais la confiance et puis ma certitude de savoir que je vais réussir m'aident toujours à lever ces doutes. Je savais que c'était tout un investissement. Toute ma famille comptait sur moi. Mon frère me faisait tellement confiance. Je ne me suis jamais donné une option de ne pas réussir. C'est-à-dire que l'échec, pour moi, fait partir du chemin. L'exemple, par exemple, à l'université Lyon 1, j'ai redoublé. Je ne sais même pas combien de fois des matières. Mais je n'ai jamais douté. Est-ce que je serai diplômée un jour ? Est-ce que j'aurai un emploi un jour ? Est-ce que j'aurai l'expérience que j'ai aujourd'hui un jour ? Je ne savais pas exactement quand, mais je savais que ça allait y arriver parce que je me donne tout en fait, je suis persévérante quelque part. Et c'est comme ça en fait que je suis arrivée dans ce domaine-là. Je me suis rendue compte qu'au-delà de la série, j'ai compris l'avantage que ça pouvait me donner. Aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de femmes dans la TEC et on essaye d'en avoir plus. Mais il faut savoir, même s'il y a des discriminations, moi j'avais décidé que c'est un avantage pour moi. C'est un avantage d'être, même en étant en France en fait, même en allant dans une conférence où tout le monde est blanc, où tout le monde est homme ou machin. Moi, je me dis, peu importe qui est face. En face de moi, j'ai décidé que c'est un avantage. J'ai décidé que les doutes ne vont pas gagner.

  • Chloé

    Je trouve ça vraiment admirable de ouvrir cette confiance en toi. Et même face à des difficultés, même face à des discriminations, même face à des échecs, que tu aies toujours réussi à garder cette confiance en mode guide et que rien ne pouvait t'arrêter. et CueChoc. Chose qui, chaque caillou sur la route, entre guillemets, c'était des apprentissages qui permettaient que tu sois encore plus forte au final parce que ton parcours, il est incroyable. Pour le redire, tu es née en Guinée, ta famille, c'était des agriculteurs dans un village. Tu es la seule à avoir fait des études supérieures. Je ne savais pas des discriminations aussi classistes que tu avais eues en Guinée.

  • Houleymatou

    En Guinée aussi, ouais.

  • Chloé

    et ensuite t'arrives en France tu connais rien, ni personne déjà, puis avec le soutien de ton frère, vous arrivez à monter un dossier et à rendre les choses capables et en fait c'est ça que je trouve hyper incroyable quand on t'écoute quand on voit tout ce que tu fais, c'est qu'en fait c'est un peu l'impression d'être face à une superwoman tu te dis, tu sais genre les superhéroïnes tu te dis, mais en fait même si c'est dur, même si Le monde entier pourrait être contre moi. Si je veux faire ça, je vais arriver à faire ça. Et aujourd'hui, pour moi, tu es une rôle modèle et tu as un visage hyper important de la tech en France. Et c'est hyper fort d'en être arrivée là. Pour les jeunes femmes qui ont envie d'aller dans cette direction-là, quels seraient les conseils que tu donnerais pour les motiver ?

  • Houleymatou

    Je ne sais pas, par contre, si la confiance que j'ai en moi, si je l'ai toujours eue. Je pense que c'est... Je l'ai construit petit à petit avant d'arriver en France, évidemment. C'est aussi ce qui fait de mon parcours ce qu'il est aujourd'hui. C'est aussi, tu vois, toutes les difficultés que je rencontrais, je testais des choses. Et en fait, d'ailleurs, depuis la baie, donc ma région natale, je me suis rendu compte qu'en fait, ça ne marchait pas quand je mettais mon énergie sur me battre, en fait. J'ai appris très tôt à ne pas être sur la posture de « je veux convaincre mes frères » ou « je veux me battre contre tel vieux » ou tel autre personnage, femme ou homme. Mais je mettais mon énergie sur le peu que j'ai fait qui a réussi. Et franchement, je célébrais les choses, tu vois. Je célébrais, je peux te dire, des échecs que j'en ai eus. Mais quand tu rencontres quelqu'un qui me connaît, rarement il va te parler d'un de mes échecs. Parce que vu qu'il voit que les... En fait, je célèbre beaucoup le père que j'ai rencontré dans ma vie. Même si je rencontre une dame qui m'a souri ou un homme qui m'a souri, je vais mettre ça en avant. Et c'est lui qui m'a insulté il y a deux secondes. Ce n'est pas que j'ai oublié, mais je ne vais pas mettre mon énergie là-dessus. Donc en fait... Le fait que j'ai appris très tôt à mettre mon énergie sur ce qui m'importe, ça, ça m'a beaucoup aidé à avancer. Parce qu'une des choses qui fait de mon parcours ce qu'il est aujourd'hui, c'est mon entourage. C'est-à-dire, je ne vais pas te dire que j'ai appris à bien m'entourer. Non, c'est que j'attire des gens qui sont bien, j'attire des gens qui sont positifs et aussi des gens méchants. Mais généralement, il ne reste pas longtemps parce qu'en fait, vu que je ne mets pas mon temps dessus, je les ignore. En fait, ils finissent par partir ou par se désintéresser de moi, en fait, tout simplement.

  • Chloé

    Après, tu sais, on attire ce qu'on dégage aussi. Tu es tellement solaire, tu es tellement positif que forcément, ces gens-là qui voient que ton énergie, tu la mets dans du positif, dans du concret, des choses qui sont utiles, qu'en fait, limite, elles laissent tomber, tu vois, elles s'en fichent, quoi.

  • Houleymatou

    En fait, ce que j'essaie de te dire là, ça ne veut pas dire que ça ne me fait pas mal quand on me fait du mal, ou que je ne me défends pas quand on me fait mal, ou bien quand je vois une action où on devrait se révolter, je ne me révolte pas. C'est juste que je limite vraiment l'énergie que je mets dessus. En fait, je mets mon énergie sur célébrer le positif et essayer que ça, ça s'implante dans mon cerveau. Moi, je suis une rêveuse, mais vraiment une grande rêveuse. J'aime me mettre dans ma bulle et rêver, en fait, et me projeter l'avenir. Enfin, pas l'avenir, mais me dire, je serai là, je serai là. Et comment est-ce que je vais y arriver, en fait, tu vois ? Et en fait, je n'ai pas de... Et franchement, je me rappelle mes copines, quand on était mes copines du collège, une d'entre elles est au Canada. Jusqu'à présent, quand on discute, elle me dit... C'est fou parce que moi, je me rappelle quand on discutait, je te trouvais folle en fait. Je te trouvais, tout ce que tu disais, tu me disais tu vas être ministre de la Guinée, tu vas être ingénieur de ne sais pas quoi. Et tout ce que je citais, je ne suis pas devenue tout. Mais la plupart, elle me dit mais c'est fou parce que tu l'as fait. Mais à ce moment-là, elle me trouvait un peu déconnectée. Mais ce n'est pas ça, c'est que je convaincais mon cerveau que c'est possible en fait. Je ne me suis jamais mis des limites. Et je pense que quand tu te fixes des objectifs haut et que derrière, il y a des actions, même si tu ne vas pas arriver à cet objectif, tu vas quand même avancer. Je pense que le conseil que je donnerais, c'est d'apprendre à bien s'entourer, d'apprendre à mettre son énergie sur les gens que tu partages, les valeurs, les gens que tu aimes, tu es très généreux en fait et partage. Partager, apprendre à partager, mais aussi apprendre à limiter son temps. Et puis l'autre côté, tu ne peux pas rêver grand si tu ne te projettes pas sur, si tu n'as pas de rôle modèle en fait. C'est-à-dire Chloé dont on a parlé, le personnage de la série, au final c'est mon premier rôle modèle. Je me suis projetée sur ce qu'elle faisait, je me suis dit ok, qu'est-ce que je vais mettre en place pour y arriver. Et mon frère qui m'encouragait, quelque part, il voit dans mes yeux que ça me fait plaisir aussi de m'encourager. Et puis, c'est lui qui m'a donné cette éducation. Je pense que lui aussi, il est comme ça. On ne se limite pas, on essaye. Et si jamais ça ne marche pas, ce n'est pas grave. Mais tout ce qui nous arrive, c'est un peu bonus, en fait. Je pense qu'en tout cas, se mettre dans cet état d'esprit-là et que tu vas beau avoir des critiques, des gens qui te critiquent, des gens hostiles à tout ce que tu fais et tout ça. Si tu as cet état d'esprit-là, tu vas y arriver parce qu'en fait, tu ne le fais pas pour eux. Et du moment que tu as décidé de mettre ton énergie sur ce qui t'importe, ces gens qui te critiquent ou des gens négatifs ou racistes, sexistes et tout ça, ils font partir de ce qui ne t'importe pas, en fait. Donc, tu les réponds si tu as l'énergie pour. Et si tu n'as pas l'énergie pour, en tout cas, tu continues d'avancer, en fait, toi. Le racisme, c'est l'un des... C'est le pire aussi que j'ai été victime. Mais voilà, j'ai décidé que je suis victime de personne, que je suis victime de rien. OK, les gens me font de l'insistisse. C'est ce qu'on appelle la définition de victime, c'est ça ? Mais pour moi, la définition aussi de victime, c'est de baisser les bras, en fait, de ne pas se battre. Après, il faut avoir l'énergie. Oui,

  • Chloé

    et bravo pour arriver à puiser cette énergie-là, parce que, comme tu disais, que ce soit en Guinée avec des discriminations classistes, même sexistes, ensuite en France avec du racisme. Ça fait quand même un cumul de beaucoup de choses où il faut le dire, s'il y a des personnes qui baissent les bras face à ça, c'est aussi OK parce que c'est beaucoup. Et c'est difficile de pouvoir faire face à ça. Mais du coup, ce que je trouve, j'aime beaucoup cette mentalité de vraiment se focus sur soi, pas dire que ça ne te blesse pas parce que tu restes un être humain, mais en fait, tu te projettes sur... ton objectif ou tes objectifs, et même si tout le monde te dit « Mais t'es complètement folle parce que tu es ci, ci, ci, tu vas pas arriver à faire ça, ça, ça » , mais toi, en fait, tu restes vraiment « Je me focus sur cette trajectoire-là, là où j'ai envie d'arriver, je mets ça en place pour y arriver. Si j'y arrive pas, en fait, tout ce que j'ai mis en place, c'est pas un échec, c'est ce qui m'a permis de grandir aussi. Et je trouve ça... Je trouve ça très fort, je trouve ça très encourageant. Et tu disais, toi, tu as eu Chloé comme rôle modèle. Aujourd'hui, je pense que Oulématou est un rôle modèle essentiel.

  • Houleymatou

    Je suis flattée. Mais pour te dire, tout à l'heure, tu disais, ceux qui ne veulent pas se battre ou veulent se battre, c'est OK. En fait, au final, j'ai fait les deux. Parfois, c'est de me battre. contre moi-même, tu vois, c'est-à-dire ça m'a fait mal, tu vois, parfois, je recevais des photos montages de singes et moi parce que c'est là ah ouais, c'est si j'ai parfois, il y a des périodes où je vis vraiment le pire et en fait c'est des périodes où je me pose, je regarde c'est quoi mes objectifs, mes ambits d'avancer Ou quand je dis d'avancer, peut-être parfois c'est sur cette cause même sur laquelle je suis victime. Mais du coup, c'est un choix. Est-ce que je me bats ? C'est-à-dire que je lutte pour que je m'en sors moins à ma personne, c'est-à-dire que je me bagarre avec la personne. Peut-être qu'elle ne me le fera plus, mais peut-être que je n'ai plus l'énergie pour me battre pour toutes celles qui me ressemblent. Donc parfois, c'est des parties prises. Ça ne veut pas dire que je laisse passer. Mais parfois, je m'élève juste plus haut que la personne et je deviens encore plus stratège que cette personne-là pour aller porter cette parole encore plus loin et ne pas juste me battre contre cet individu-là parce que finalement, cet individu-là, il y a plein d'autres qui pensent comme lui. Donc, en fait, je veux faire une pierre sans coup, faire autrement. Et ça, généralement, c'est le recul qui me permet ça. Et puis, c'est le fait que aussi je... Je m'accroche aussi à mes envies, à mes rêves de devenir, en fait. Moi, je ne... Et ça, c'est le plus loin que je me souviens. Je ne veux pas être une femme qui est arrivée dans le monde, qui est là pour accompagner les gens. Je veux être leader. Je ne sais pas leader de quoi, mais je veux être leader de mes décisions, de mes envies, de mes projets et des valeurs que je veux porter. Parce que pour moi, au final... tu vois, je signe souvent rendez-vous au sommet. En fait, moi, mon sommet, c'est plein d'étapes. Mais à chacun de ces sommets-là, je considère que quand j'arrive là, j'ai brillé. C'est-à-dire, je m'en fous des yeux des autres. Les gens qui me regardent, qu'ils me disent que j'ai réussi ou autre, ça m'importe peu, mais moi, mon regard à moi. Et moi, à chacune de ces étapes d'où je te disais, je fête chacune de mes victoires, c'est que chacun des paliers, je... Je prends le temps de fêter et de dire là où l'est, tu as brillé, c'est parfait, c'était ton objectif, tu l'as atteint. Et en fait, là où c'est subtil, c'est que jamais je dirais j'ai brillé, je suis arrivée à mon objectif, j'ai brillé. Si je suis seule, tout ce que je ferais, même depuis mon parcours, peu importe, ça sera un truc collectif. Je vais en tout cas agir et réfléchir pour que ça aille au-delà de ma personne. Parce que je sais que, en fait, je suis consciente et fière d'être une femme, d'être noire, d'être, même si j'ai la nationalité, mais d'origine, en tout cas, étrangère en France et tout ça. Donc, je sais que mes actes, et c'est bizarre de dire ça, eh bien, peuvent entraîner pour plein d'autres femmes qui me ressemblent, ou plein d'autres noires qui me ressemblent, ou plein d'autres... Et même s'ils ne sont pas noms, en fait, je suis sur une intersectionnalité où c'est ultra important pour moi de moi réussir, mais de réussir aussi avec mes semblables, en fait, tout simplement. Et donc, ce KPI, ce critère-là, il sera important pour moi. D'où, du coup, parfois, j'arrive à aller au-delà d'une discrimination si je sens que c'est nécessaire pour que j'avance. Et parfois, je peux te dire aussi... J'arrive à aller au-delà juste parce que je n'ai pas l'énergie, en fait. C'est-à-dire que si je me mets à le faire, je vais pleurer, je vais abandonner et je n'ai pas envie. Donc, en fait, j'envoie balader, en tout cas la personne. Et j'essaie de trouver un contournement et d'avancer. Et en général, ça réussit plus tôt parce que parfois, c'est des gens que je rencontre tout au long de mon parcours qui me retrouvent quelques années plus tard et qui se retrouvent à me féliciter. Alors que moi, je me souviens de tout ce qui s'est passé. Mais je ne vais pas revenir sur cette discussion parce que d'abord, au début, je l'avais ignorée. Donc, c'était intéressant pour moi de l'ignorer. Et aujourd'hui, encore plus de l'ignorer parce que ça voudrait dire tout simplement que j'ai réussi à sensibiliser cette personne-là sans faire même de dégâts.

  • Chloé

    Oui, mais c'est ce que je retiens de tout ce que tu dis. C'est cette importance de quand même se centrer sur soi. sur ses objectifs, sur célébrer ses victoires, au-delà du regard des autres, tout en sachant que tout ce que tu fais, tout ce que tu accomplis, ça a un impact qui va forcément au-delà de toi. Et je trouve ça vraiment très très fort, surtout qu'on en discutait quand on avait préparé l'épisode. L'ambition est toujours très bien vue chez les hommes, beaucoup moins chez les femmes. Et toi, tu es méga ambitieuse,

  • Houleymatou

    au cas où les auditeurs... En fait, là où c'est drôle, Chloé, c'est que je suis méga ambitieuse, mais assumée. Oui,

  • Chloé

    c'est ça.

  • Houleymatou

    Je m'invente, en fait. C'est bizarre, mais tu sais, mon mari qui est complètement contraire, c'est-à-dire, il est ultra, tu sais, réservé, humble et tout ça. Et parfois, il me définit le mot humble. Je dis, peut-être que je suis humble ou pas, je ne sais pas. Mais par contre, si c'est pour, tu sais, c'est féliciter ou féliciter quelqu'un de, par exemple, quand je parle de toi, mais je parle d'une personne, surtout d'une personne, tu vois, de mon, en tout cas, une de mes semblables, mais la personne va pleurer tellement je vais parler de, en fait, tu vois, une fois, j'avais fait un poste où je disais, je suis une femme, je suis noire, je suis dans l'informatique, je suis musulmane. Tu dis « eh, alors ? » quelle classe, quoi, tu vois. Et ça, c'est tout à fait moi, en fait. Je pense que tout ce que je suis, j'en suis tellement fière. Si c'était à refaire, j'aurais été comme ça, parce que ça fait partir de ce qui a fait que j'ai réussi. Peut-être que si je n'étais pas comme je suis, peut-être que je n'aurais pas eu ce parcours, peut-être que je n'aurais pas eu cette motivation. Il n'y a pas quelqu'un de meilleur que l'autre, il y a juste des gens qui ont conscientisé, qui sont... avancé, qu'ils ont décidé qu'ils vont avancer. Et ça marche. Parfois, ça ne marche pas parce que là, on parle de parcours et de réussite, mais le nombre de galères que j'ai rencontrées, d'échecs, mais où je suis, l'origine, où je suis la seule responsable. Je me plante mais complètement. C'est juste qu'en fait, dans ce plantage-là, je vais aller chercher un petit truc positif dans ce plantage-là pour m'accrocher dessus et dire OK, au moins, j'ai gagné ça. Je ne suis pas née dans une famille où je n'étais pas censée même aller à l'école, si tu veux. Donc, je pense que j'étais obligée d'avoir la personnalité que j'avais pour que les choses aillent bien pour moi.

  • Chloé

    Oui, non mais clairement. Et puis, tu vois, je trouve que moi, je ne mettrais pas en opposé l'ambition et être humble, en fait. Sauf que souvent, tu vois, c'est un peu pointé du doigt de manière négative quand tu es une femme. mais que alors que... Ce que tu dégages est fou et c'est beaucoup moins pointé de manière négative quand ce sont des hommes qui sont comme ça. Pourquoi est-ce que selon toi, ça te dérange comme ça qu'il y ait des femmes fortes, puissantes, qui disent haut et fort « je suis ça, je réussis ça » versus quand ce sont des mecs qui font ça, tout le monde applaudit et tu vois, c'est normal.

  • Houleymatou

    Parce que tout simplement, la minorité perd toujours. En fait, on n'est pas connus pour ça. C'est pas qu'on n'est pas connus pour ça. C'est-à-dire qu'il y a moins de femmes, même s'elles sont ambitieuses, mais qui l'assument. C'est-à-dire qu'elles l'assument publiquement, qui en parlent et tout ça. Ces derniers temps, il y a quand même une vague qui commence à aller dans ce sens-là et c'est tant mieux. Du coup, vu que d'habitude... Même quelqu'un quand il te pique ton résultat, c'est-à-dire que tu as fait tout le taf, tu as le résultat, lui il vient s'en vanter, tu laisses passer. Le jour qu'il nous... refusent de laisser passer, les gens ne sont pas habitués. C'est comme dans une famille, en fait. Même entre filles et filles, ou entre garçons et garçons. Si tu as deux enfants, un se laisse toujours accepter de partager, accepter toujours l'autre, lui, il pique toujours. Le jour que c'est lui qui ne veut accepter de partager, il ne partage pas, tout le monde l'engueule. Oui, ça chute. C'est ça. Et je pense que c'est pareil aussi, même si c'est plus profond que ça. Mais je pense que... Je pense que le fait que nous, on accepte toujours d'être les généreux, c'est-à-dire d'être celles qui acceptent de s'écraser l'autre monde. Il faut qu'on arrête ça. En fait, j'aime beaucoup, il y a Laetitia Avrault qui me disait, on aura l'égalité femmes-hommes, donc l'équité femmes-hommes, le jour où il y aura un mec nul qui prend des responsabilités. c'est-à-dire une femme nulle qui monte en poste parce qu'en fait si tu veux chez les hommes, vu qu'ils ont l'habitude de faire ça, quand ils le font c'est comme s'ils se considéraient normal donc c'est connoté et en plus il y a un problème de genre aussi de présiger tout ce que tu veux c'est connoté Oui, il est juste... C'est un bon chef, c'est un bon montant. Et quand c'est une femme, elle est hystérique, elle est ceci, elle est cela. C'est à nous de continuer. OK, on va être traité de... On est trop ambitieux, c'est pas bon et tout ça. Mais c'est à nous de continuer quand même à le faire pour que ça devienne normal, tout simplement. Je pense que normaliser les choses, on n'y arrivera pas juste en... En dénonçant, il faut aussi qu'on le fasse. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a la chance, il y a beaucoup d'associations qui œuvrent dans ce sens, qui dénoncent, qui expliquent les choses. Je pense que c'est très bien, mais aujourd'hui, le constat est là, il est fait. Il faut qu'on agisse, et agir, ce n'est pas seulement rentrer dans une asso. Les gens confondent, en fait. Agir, ce n'est pas monter une asso ou se mettre avec plein d'autres personnes et œuvrer, non. Agir, c'est dans le quotidien, dans comment tu fais les choses, dans tes gestes du quotidien, dans ce que tu fais là, ton podcast, c'est ça aussi. C'est donner la parole à des femmes, s'exprimer et tout ça. Et dans ce quotidien, ça vaut aussi le coup de, quand tu as un objectif, de le fêter, mais haut et fort, avec toute la famille, même ceux qui ne veulent pas écouter. Et d'en parler dans les réseaux sociaux et se lapéter, mais vraiment se lapéter avec fierté, avec fierté quoi, avec fierté autour de toi parce que c'est petit à petit. En fait, plus on va célébrer les réussites, les rôles modèles, les parcours, l'entraide et tout ça, petit à petit, l'immense fonctionne comme ça. Plus tu lui martèles que les femmes sont fortes.

  • Chloé

    C'est normalisé, oui.

  • Houleymatou

    C'est des femmes et elles ont des hautes responsabilités. Elles dégonnent et elles sont bonnes. Petit à petit, ça va rentrer. Mais par contre, quand tu passes juste ton temps à dire que les femmes aussi devraient prendre, c'est injuste que les femmes ne l'ont pas et tout ça, c'est très bien puisque tu dénonces. Mais je pense que ce n'est pas seulement ça qui va faire bouger les choses. Il faut des exemples de gens qui ont pris et que ça a marché. Et c'est tellement dommage d'en arriver là. d'arriver à montrer des rôles modèles ou à prouver. C'est dommage, mais je pense que c'est quand même une des actions qui marche le plus aujourd'hui. Il faut le dire. Et ce n'est pas tout le monde qui est à l'aise pour prendre la parole ou pour aller s'inventer ou citer les récits. Et c'est là que c'est intéressant d'avoir les assos, d'avoir des podcasts comme le tien, parce que nous, du coup, cette personne qui n'est pas à l'aise, Pas c'est à nous d'aller l'interviewer, de faire des articles sur la personne ou alors de l'interviewer, même si c'est en audio, en visio, si elle est à l'aise, mais d'aller creuser ces réussites-là, de l'aider à fêter ces choses-là. parce que c'est comme ça, petit à petit, que ça va devenir normal. Parce que je peux te dire que c'est au-delà même du sexisme, tout ça, c'est qu'il y a quand même une chose aussi, c'est qu'il faut qu'on déconstruise en fait l'idée reçue. les présigés et autres qui sont au-delà du sexisme. Parce que parfois, ces présigés, moi, j'ai eu à me battre avec ma propre grande sœur. qui ne comprennent pas comment ça se fait que dans ma maison, mon mari, il fait des trucs et tout ça, tu vois. C'est au-delà juste du sexisme méchant. C'est parfois juste une idéologie. Oui,

  • Chloé

    c'est ancré tellement. On est dans une société qui a normalisé tout ça.

  • Houleymatou

    C'est ça. Quand tu discutes avec nos parents, et pourtant, ils nous adorent, ils nous aiment et tout ça, ils ont une vision complètement biaisée. Et donc, si c'est juste, on revendique, eux-mêmes. nos propres parents qui sont des mamans, des femmes, elles vont être de l'autre côté du truc, contre nous. C'est-à-dire, tu vois. Donc, par contre, si on célèbre les trucs et tout ça, chaque personne, en tout cas, sauf ceux qui t'aiment pas, que tu n'arriveras jamais à convaincre, et ça, ceux-là, tu t'en fous. En tout cas, les personnes qui sont cool, qui ont un cerveau, tu commences à fêter, ils se mettront avec toi pour fêter. Et petit à petit, ça va rentrer dans leur cerveau que toi aussi, tu... tu y arrives et que c'est normal, en fait.

  • Chloé

    Mais j'aime cette notion de célébrer, d'être fière et d'encourager, quand nous, on a cette posture-là, d'encourager celles autour de nous à se rendre compte qu'elles aussi peuvent être fières et célébrer. Quand j'ai préparé certains épisodes, je sais qu'il y en avait qui disaient « j'ai rien à raconter, j'ai rien fait » . Et en fait, c'est de les accompagner à se dire mais si Si tu as fait, si tu as des choses à raconter, si tu as des choses à célébrer. Donc, je pense que c'est important de s'entourer comme ça. Et du coup, ça me fait la transition avec ce que tu fais avec Yesso depuis 2023 et le réseau IT Women. Et le livre que vous venez de sortir cette année, qui est un projet magnifique. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ce que vous faites, de ce livre et de ce qui a motivé tout ça ? Même si du coup, on s'en doute un peu. le fait de célébrer ces rôles modèles-là.

  • Houleymatou

    C'est une asso qui œuvre pour l'équité professionnelle femmes-hommes. Donc, on fait des actions de la maternelle au monde du travail. En maternelle, on est sur l'équité filles-garçons. Donc, c'est déconstruire un peu ces idées reçues, les présiger sur un essange. Et puis, vraiment fondre, discuter avec les enfants et amener le sujet. Et puis, au collège, on est sur la cartographie. On est sur des métiers, on est sur des témoignages de femmes, on est sur en tout cas des discussions et montrer c'est quoi le quotidien, un domaine informatique de femmes ou d'hommes. Et surtout aussi de montrer que les femmes aussi sont dans ce domaine et c'est surtout elles cartonnent en fait dans ce domaine. Donc en tant que femmes, on vient de témoigner, on parle de nos journées types, on parle de l'importance de notre rôle, notre rôle dans l'équipe. et le pouvoir qu'on donne aussi à l'équipe avec notre vision de femme, tout simplement. Donc, c'est les informer, ces collégiens sur les métiers, les inspirer par nos parcours et puis répondre à leurs questions. Au lycée, pareil, c'est pareil avec de la sensibilisation aussi sur le sexisme parce que les lycéens avec l'alternance, en moins de trois ans, ils sont dans le monde du travail. Donc, c'est essayer de trouver des alliés. sur ces filles et garçons, du sexisme ordinaire qui se passe à la machine à café, de se dire qu'il n'y a pas que la femme seulement qui répond. Parce que, comme je te disais tout à l'heure, si ça se trouve, elle n'a pas l'énergie pour. Et si ça se trouve, elle a décidé de ne pas mettre son focus sur ça. Donc, qu'il y ait au moins quelqu'un d'autre qui rêve et qui dit stop, ce n'est pas normal. Après, dans le monde du travail, en entreprise, on accompagne les entreprises dans leur démarche de mixité. Et à côté de ça, donc... On a le réseau Aïchi Némen dont tu as parlé. Ce réseau, aujourd'hui, c'est l'île de mes fiertés. Ce n'est même pas le livre, c'est l'entraide qui est autour de ce réseau et comment il est en train de grandir et les retours que j'ai de ce qui se passe dans ce réseau et du bien que ça apporte aux femmes qui sont dans le réseau puisque du coup, on fait du mentorat. On a de la sororité, puis on a des essences, on a des masterclass, du coding game, tout ce que tu veux, on s'entraide. Et l'idée de ce réseau, c'est au-delà du mentorat, c'est s'entraider, performer ensemble et surtout apprendre à communiquer aussi sur nos performances, à célébrer tout ça, tu vois. Donc voilà, une bourse de motivation et d'entraide et de dire… En fait, il n'y a pas beaucoup de femmes dans la tech, mais le peu de femmes qui sont dedans, si on fait assez de bruit, on va croire qu'on est 50% et c'est le but en fait. Donc voilà, le but, c'est d'arnaquer le public, d'accord ? Pour qu'ils comprennent qu'on est 50% ou plus, parce que déjà, on est compétente, mais aussi parce qu'on est importante, en fait, tout simplement. Après, à côté de ça, on a nos conférences. Donc, on a une fois par mois une conférence ici à Lyon et à Nantes, montée par Angie. Je ne sais pas si tu as suivi, il y a Yesso. Donc Angie, elle aussi, elle anime les conférences là-bas. C'est l'antenne IESO qu'elle a montée. Donc on est en train de s'implanter partout, implanter notre pouvoir de femme de la tech, de célébration et de performance, parce qu'on est performante, tout simplement. Après, le dernier qui est nouveau, c'est le livre qui est sorti le 26 mai dernier. Donc c'est un livre qui célèbre les femmes de la tech. On aura beaucoup parlé de célébrer les femmes de la tech parce qu'on met en avant 52 portraits de femmes de la tech. Et c'est 52 qui recommandent 52 autres. Au final, il y en a 104 dans le livre. Et puis, des actions aussi, des actions pratiques, ultra applicables pour les entreprises. Des articles sur la mixité, sur les métiers de la tech. Qu'est-ce que c'est que l'UA, par exemple. Les cartes pratiques et tout ça. Donc, il y a un bout d'une semaine, on était top 1 sur Amazon, des ventes Amazon. Donc, ça, c'est une fierté. Et puis, il y a des discussions aussi avec les métropoles pour pouvoir le distribuer dans les collèges et lycées. On est en discussion là avec plusieurs collectivités, des associations pour que vraiment, vraiment des milliers, j'espère, de collégiens et lycéens l'aient. Chez lui, que ce soit en version papier ou numérique, comme je me suis dit il y a quelques années que c'est possible, c'est possible pour eux aussi. Il suffit juste de s'ouvrir en fait et de rêver grand, de rêver, de ne pas se limiter et de mettre son énergie sur ce qui nous importe et d'avancer.

  • Chloé

    Oui, vraiment bravo pour ce projet, pour tout ce que vous faites. Est-ce que tu te rends compte en deux ans ? tout ce que vous avez accompli là. Tu arrives à en prendre conscience ? Comment c'est dans ta tête là ?

  • Houleymatou

    En fait, tu as dit pendant toute la discussion que je célèbre et tout ça, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas dure avec moi-même. Ultra dure avec moi-même parce que je célèbre, mais je passe vite aussi à un autre sujet où je me plains encore. C'est pas que je me plains, je dis « Ah, ça, c'est pas fait, il faut que je fasse ça. » Et du coup, je passe focus à ça aussi et j'arrive et je fais l'épreuve et je passe encore. Donc oui, je me rends compte dans le sens, je pense que là où je suis le plus fière, c'est même au-delà des actions qu'on a faites parce qu'on a touché vraiment beaucoup de monde, c'est l'équipe solide qu'on a montée en fait. Quand je vois, tout à l'heure, je te parlais d'Angie à Paris et à Nantes. Quand je vois, je suis allée pour son lancement, il n'y avait même pas de place assise tellement la salle était remplie. Je te jure, la meuf, elle a réuni tout. C'était ultra, ultra inspirant. Mais par contre, quand je prends la hauteur et dire, oui, j'aimerais qu'on touche, puisque comme je te disais, je suis très ambitieuse. Donc parfois. je me mets des ambitions, mais il trahit tellement haut, je veux toucher des milliers, alors qu'il faut faire step by step, tu vois. Donc, j'ai hâte de nous voir dans deux ans, parce que je pense qu'on aura vraiment fait vraiment beaucoup de choses et j'espère qu'on aura fait avancer quelques lignes. Et tout mon rêve, c'est de voir cette association atterrir en Afrique, l'Afrique de l'Ouest, et de voir toute mon équipe. là, se dire ok, j'ai fait des actions en France et je touche l'Afrique et je suis fière.

  • Chloé

    Ouais, non mais c'est magnifique comme rêve, en tout cas je me fais aucun souci, je suis certaine que quand on va pouvoir réécouter cet épisode dans deux ans, on se dira putain mais elle a fait tout ça ! Elles l'ont fait tout ça et en tout cas, moi vraiment je voudrais t'applaudir 10 000 fois et célébrer, prendre le temps de célébrer. ces deux années-là, tout ce que vous avez fait, ce livre qui, je pense, va avoir un impact incroyable. Et je suis certaine que les lignes vont bouger. Elles sont déjà en train de bouger. Et on le voit avec ton parcours, celui d'Angie aussi. Angie qui a un parcours qui est exceptionnel. Et elle revient de très, très loin. D'ailleurs, on avait fait un épisode ensemble. Et je suis fière de pouvoir vous voir comme ça. Et ça fait du bien. Je pense que les lignes bougent déjà et vont continuer de bouger. Et on aura plein, plein de belles histoires encore à raconter.

  • Houleymatou

    Oui, je pense que c'est ça, c'est la, en tout cas la beauté du Yesso et de ses actions, c'est cette équipe qui s'est formée. On essaie de faire en sorte qu'on mette des actions sur ce qui est extra chez les femmes, le positif chez les femmes et le célébrer le maximum parce que si tu veux, c'est ce qu'on ne fait pas assez, je trouve. Et c'est tant mieux qu'il y ait d'autres approches aussi. Notre approche et plusieurs approches qui existent sont complémentaires. Mais en tout cas, moi, j'ai décidé de mettre mon temps sur un carton. Et puis voilà, bravo.

  • Chloé

    Ben ouais, franchement, bravo. Et pour finir notre échange, je sais que ça va être dur parce que tu es entourée de plein de rôles modèles de ouf. Mais dis-moi, est-ce qu'il y a une personne ? Il ne faut en choisir qu'une, donc là c'est la difficulté que tu aimerais entendre dans ce podcast.

  • Houleymatou

    En fait, j'aurais du mal à te proposer où, parce que je connais déjà celles qui sont passées, je pense, qui sont dans mon réseau, qui sont passées. Mais là, à tête froide comme ça, je penserais à Angelique Jarre, que je trouve extra, puisque extra, surtout son parcours technique est vraiment formidable. Et puis franchement, elle est... Merci. Angélique, c'est tout mon contraire. C'est une force tranquille. Elle est ultra inspirante, cette fille. Et puis, je ne sais pas si tu as Isseline Louvé. Note-toi. Note-toi, c'est finie. Oui, oui,

  • Chloé

    t'inquiète.

  • Houleymatou

    Isseline Louvé aussi, elle est top. Elle a un parcours et puis, tu sais, elle est franche. Franchement, elle n'a pas de tabou aussi. Franchement, si je pouvais, tu intervivrais tous les jours. Mais oui, je te remercie en tout cas pour cette discussion. En tout cas, ma vision des choses, c'est qu'on va y arriver et on va y arriver et on sait qu'on va y arriver et on a décidé qu'on va y arriver et on va avancer.

  • Chloé

    Je suis à fond avec toi et continuons dans cette route et avec ce mantra. Merci beaucoup, Ouléma, pour cet échange, pour tout ce que tu fais, tout ce que tu partages, toute l'énergie que tu donnes. Je pense que c'est important de le dire, de dire merci et de te féliciter. Et c'était un plaisir, comme à chacune de nos discussions, d'échanger avec toi. Donc, merci beaucoup.

  • Houleymatou

    Merci, Chloé. Et bravo pour ton podcast. Et bon vin à ce podcast. Et voilà, rendez-vous au sommet, quoi.

  • Chloé

    Yes.

  • Houleymatou

    Salut.

  • Chloé

    Un grand merci pour ton écoute. On se retrouve lundi dans deux semaines pour la découverte d'une nouvelle meneuse. J'espère que l'épisode t'a plu. Si c'est le cas, laisse-moi ton avis sur la plateforme que tu utilises. Et s'il te reste encore un peu de temps, partage cet épisode à ton entourage pour faire un gros big up à notre meneuse du jour. La bise si tu le veux bien et toujours plein de loutres dans ta vie. Ciao !

Chapters

  • Introduction & parcours inspirant d’Houleymatou Baldé

    00:00

  • De la Guinée à la tech : inspiration et premiers rêves

    02:15

  • Arrivée en France : résilience et confiance en soi

    09:40

  • Trouver sa place et oser en tant que femme dans la tech

    15:20

  • Rêver grand, célébrer ses victoires, inspirer les autres

    18:00

  • Yeso & IT Women : bâtir la sororité dans la tech

    33:00

  • Le livre des femmes de la tech : 104 parcours inspirants

    41:00

  • Vision, transmission et avenir des femmes dans la tech

    45:00

Description

Elle a grandi en Guinée, dans un village où peu de filles allaient à l’école. Aujourd’hui, Houleymatou Baldé est ingénieure informatique, maman, militante, et cofondatrice du réseau Yesso, qui œuvre pour plus d’équité dans la tech.


Dans cet épisode, elle raconte comment elle a transformé les discriminations (de classe, de genre, et de racisme) en carburant de réussite. Comment elle a appris à rêver grand, à célébrer ses victoires, et à bâtir une communauté de femmes puissantes et solidaires dans la tech.

Un échange vibrant, sans filtre, sur la confiance, la persévérance et la force collective.


💡 Au programme :

  • Grandir femme dans un monde qui te dit “tu ne peux pas”

  • Transformer la différence en force

  • Rêver grand, même quand tout semble impossible

  • Bâtir des réseaux d’entraide féminine

  • Célébrer, briller, et inspirer les prochaines générations

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Houleymatou

    Je ne sais pas bien parler français, j'intègre un parcours où je ne sais même pas allumer l'ordinateur, pour tout te dire. Et je suis noire, et je suis une femme, et je suis toute petite, et je suis perdue. Et en plus de ça, sans môme, je suis pauvre.

  • Chloé

    Hello, c'est lundi et tu fais bien d'écouter Les Meneuses pour lancer ta semaine avec une dose d'inspiration. C'est Chloé, ta podcasteuse préférée, et aujourd'hui j'accueille Houleymatou Baldé, ingénieure informatique, mentor, speaker, fondatrice de Yesso et j'en passe. De la Guinée à la tech française, elle nous montre comment rêver grand, célébrer ses victoires et transformer les obstacles en leviers. Allez, installe-toi confortablement. C'est bon ? Alors c'est parti, bonne écoute ! Et si l'épisode te plaît, pense à le partager. Bonjour Houleymatou, comment est-ce que tu vas ?

  • Houleymatou

    Bonjour Chloé, comme je te disais, il y a deux secondes, tout va bien, même si l'actualité est un peu compliquée, mais j'essaie que tout aille. Oui,

  • Chloé

    une actu un petit peu compliquée, surtout quand on est militante et qu'on porte des sujets importants comme toi. Pour les personnes qui ne te connaissent pas, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Houleymatou

    Je suis ingénieure informatique depuis... Depuis bientôt dix ans, je suis d'origine guinéenne. Donc aujourd'hui, j'ai la double nationalité guinéenne et française. Et je suis une maman épanouie de deux filles, deux jolies princesses. Et puis une femme, une épouse aussi épanouie et surtout une femme engagée aussi. pour l'inclusion dans mon domaine, qui est la tech.

  • Chloé

    C'est une femme aux mille casquettes, parce que tu fais tellement de choses. On va pouvoir en parler durant cet épisode ensemble et essayer de balayer un petit peu ton parcours et tout ce que tu fais, parce que tu fais énormément pour la communauté tech. Avant de rentrer un peu plus dans ce détail-là, j'aimerais bien qu'on fasse un petit pas en arrière. Et comment on découvre, comment est-ce que tu es tombée dans la tech ? Sur ton LinkedIn, tu parles de ta passion pour la série 24 heures chrono et la merveilleuse Chloé qui jouait dedans, je l'adorais aussi. Est-ce que tu peux nous parler de cette découverte de la tech ?

  • Houleymatou

    Alors là déjà, je te félicite parce que ça veut dire que tu as bon goût, d'accord ? Parce que tu es fan de Chloé aussi, de la série 24 heures chrono. Donc les jeunes qui nous écoutent, ils ne comprendront rien.

  • Chloé

    C'est possible.

  • Houleymatou

    Donc, ouais, en fait, moi, mon envie, en tout cas, je ne dirais pas passion, mais mon envie de faire de l'informatique, donc d'évoluer dans la tech, date d'il y a très longtemps, parce que j'avais 12-13 ans, j'étais au collège. Je faisais partie d'une troupe de théâtre. Et en fait, pour mieux jouer avec mes copines, on allait au vidéoclub pour voir des films. Et donc, c'est comme ça que je suis tombée sur cette série 24 heures chrono dans un vidéoclub. Et en fait, je suis tombée vraiment, vraiment fan, fan de cette série. Mais je pense que c'était au-delà de la série. C'est nos personnages de Chloé que j'adorais. Et en fait, elle était impressionnante. Son rôle, elle jouait l'experte informatique. dans la série, mais c'est surtout que c'était une leader, en fait, Chloé. Une leader dans le sens que OK, Jacques Boer, c'est l'acteur principal et tout qui est sur le terrain, mais sans Chloé, rien ne se passe. Donc, j'ai été intriguée par le métier, le rôle qu'elle tenait, l'experte informatique. Et puis, j'ai commencé à questionner. Il y avait mon frère, mon grand frère, qui était né. qui est mon soutien numéro un. Et donc, je lui parlais de la série. Il commence à regarder et il commence à encore m'encourager dans mon envie de faire ce métier-là parce qu'il voyait comment la femme là excellait et tout. Et puis, la chance que j'avais aussi, j'ai grandi dans une culture où, quand il s'agit des études, il n'y a pas d'une fille, c'est ça, un garçon, c'est ça. La ville où j'ai grandi, le patriarcat, ça existe à 10 000 fois. Mais pas seulement ça. C'est-à-dire, le bac S, tout le monde peut en faire. Tu peux le faire du moment que déjà tu es scolarisé. Parce qu'il faut savoir que les filles, il n'y a pas beaucoup qui sont scolarisées. Donc, du coup, il m'a dit, go, tu vas faire ça. J'intègre un lycée privé de la capitale. En tout cas, je mets toutes les chances de mon côté pour pouvoir faire informatique en Guinée. Parce que mon rêve, c'était d'aller à la capitale guinéenne, en fait, pour faire le lycée et puis faire l'université. Sauf qu'en fait, je n'avais pas anticipé en intégrant ce lycée privé, donc une classe sociale autre que la mienne, que mon rêve aussi allait grandir, en fait, s'élever. C'est vraiment un lycée d'élite. Et donc, du coup, eux, leur destin, enfin, en tout cas, leur rêve, et au-delà de leur rêve, c'est possible, c'est plus qu'un rêve, c'est d'aller aux États-Unis faire une université en France, certains au Maroc, les plus modestes. Et je me dis, mais pourquoi moi, je veux faire la Guinée et tout ? OK, je n'ai pas les moyens, mais peut-être, pourquoi pas rêver plus grand ? On parle à mon frère et il me dit, ok, là, ça va être compliqué puisqu'on ne peut pas devenir riche du jour au lendemain. Mais par contre,

  • Chloé

    malheureusement,

  • Houleymatou

    c'est toute une stratégie qui était derrière. Donc, il me dit, écoute, ce qu'on va faire, essaye de... En fait, il y avait deux conditions. Il faut avoir un bon dossier. pour se présenter à l'ambassade de France, ce qu'on appelle coopération française, donc Campus France. Et si une université, déjà sur dossier, il étudie une sorte de concours, enfin, ce n'est pas un concours, mais sur présentation de dossier, s'il t'accepte, tu te présentes pour les universités françaises. S'il a aussi été sélectionné, arrive le moment difficile, c'est-à-dire le visa. Et pour avoir le visa, il faut avoir un compte bancaire. de 6 500 euros et 6 500 euros, c'est plus de 60 millions francs guinéens, en fait.

  • Chloé

    C'est énorme.

  • Houleymatou

    C'est ultra cher, mais ultra pas accessible pour nous. Mais mon frère me dit, bah écoute, moi j'aimerais bien quand même qu'on tente ce qui est à notre niveau. On sait jamais si quelqu'un de riche peut nous aider ou si par chance notre vie va changer, mais essaye, tu vois. Et donc, c'était juste essayer. On sait que je ne vais pas y aller puisqu'on n'a pas la deuxième condition. Et donc, j'essaie. Et en fait, déjà avant d'essayer ça, je faisais des concours de maths, physique, chimie. Il faut savoir que moi, quand j'étais élève, que ce soit dans ma région ou à la capitale, je faisais partir des meilleurs en maths, physique, chimie. Mais là où je n'étais pas bonne, c'est français, anglais, toutes les matières. Tu vois, de langue et autre, puisque souvent, en fait, dans les villages d'où je viens, on t'enseigne un peu en langue maternelle parce qu'on est au village, c'est très compliqué. Donc, le français, je parle ultra mal. D'ailleurs, je suis arrivée comme ça en France. Et donc, du coup, je faisais ces concours et j'avais réussi dans mon lycée quand je suis arrivée. J'étais un peu celle que tout le monde se moquait parce que déjà, je suis mal habillée, enfin. Pas mal habillée, mais pour eux, je suis pauvre en fait.

  • Chloé

    Oui, on n'est pas sur la même classe sociale, donc on voit des différences par rapport.

  • Houleymatou

    Et en plus, je m'exprime très mal. Si tu veux, en Guinée, c'est un peu un signe de richesse quand tu parles bien français. Donc du coup, j'étais un peu la risée de tout le monde. Mais mon frère m'avait dit, écoute, le jour où tu seras meilleure en classe, tu as les meilleures notes sur les matières que tu es bon. ils seront obligés de faire avec toi, en fait. Donc, je passe un peu de la villageoise de la classe, d'où, du coup, j'en ai carrément gardé ce mot, villageoise. Villageoise de la classe à chef de classe, en fait. En fait, j'ai toujours été audacieuse, en fait. C'est-à-dire que, OK, vous vous moquez, je vais faire en sorte d'avoir les meilleures notes et tout ça, dans, en tout cas, les matières que j'arrivais un peu. Et puis, c'est surtout, je vais avoir l'audace de me présenter chef de classe, tu vois. Ça, je pense que c'était juste pour un peu me révéler, tu vois. Sauf que, chose faite. Et donc, du coup, tout va bien cette année-là et je me présente, j'obtiens une admission pour une université française. Et normalement, ça devait s'arrêter. Mais en fait, non, c'est ça. Quand c'est sur mon frère, il se met à monter tout un dossier, tout un truc où il me pose des questions. J'explique tout ce que j'ai fait au village. Il me dit ça, tu devras expliquer ça à ton oncle tel ou à la tante telle. Et c'est comme ça qu'il y a eu une sorte de solidarité, vraiment une solidarité énorme, parce qu'il y a mon oncle qui vit en Espagne, qui nous a aidés avec 5 000 euros. Et donc les 1500, je peux te dire que tous les gens que je connais ont mis de l'argent. Et après, on a eu le montant et on a même eu mon petit montant d'argent de poche. Et je suis arrivée en France comme ça, en fait. Et j'atterris en France pour faire des études d'informatique avec l'ambition d'être ingénieure informatique. Sauf que je n'ai aucun prérequis. Ah, Chloé. J'arrive dans un pays, dans une ville où je ne connais personne. Je suis complètement perdue. Je ne sais pas bien parler français. J'intègre un parcours où je ne sais même pas allumer l'ordinateur, pour tout te dire. Et je suis noire. Et je suis une femme. Et je suis toute... petite et je suis perdue. Et en plus de ça, sans môme, je suis pauvre. Voilà, j'ai fait ce que je sais faire toujours, essayer de m'intégrer, essayer de me faire des copains, d'avancer même si c'était ultra difficile parce que je quimilais tout en fait, je quimilais tout. La pauvreté, les doutes que j'avais moi-même parce que quand tu arrives dans un endroit que tu connais bien, tu doutes de tout en fait. Et puis, tu te mets même toi des bâtons sur les roues, plus ceux que les gens te mettent. Donc, c'était très compliqué. Mais au final, la seule chose, la force que j'avais, c'est que j'ai appris très tôt à avoir confiance en moi. C'est-à-dire qu'il m'arrive de douter sur un sujet. Il m'arrive à douter, mais la confiance et puis ma certitude de savoir que je vais réussir m'aident toujours à lever ces doutes. Je savais que c'était tout un investissement. Toute ma famille comptait sur moi. Mon frère me faisait tellement confiance. Je ne me suis jamais donné une option de ne pas réussir. C'est-à-dire que l'échec, pour moi, fait partir du chemin. L'exemple, par exemple, à l'université Lyon 1, j'ai redoublé. Je ne sais même pas combien de fois des matières. Mais je n'ai jamais douté. Est-ce que je serai diplômée un jour ? Est-ce que j'aurai un emploi un jour ? Est-ce que j'aurai l'expérience que j'ai aujourd'hui un jour ? Je ne savais pas exactement quand, mais je savais que ça allait y arriver parce que je me donne tout en fait, je suis persévérante quelque part. Et c'est comme ça en fait que je suis arrivée dans ce domaine-là. Je me suis rendue compte qu'au-delà de la série, j'ai compris l'avantage que ça pouvait me donner. Aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de femmes dans la TEC et on essaye d'en avoir plus. Mais il faut savoir, même s'il y a des discriminations, moi j'avais décidé que c'est un avantage pour moi. C'est un avantage d'être, même en étant en France en fait, même en allant dans une conférence où tout le monde est blanc, où tout le monde est homme ou machin. Moi, je me dis, peu importe qui est face. En face de moi, j'ai décidé que c'est un avantage. J'ai décidé que les doutes ne vont pas gagner.

  • Chloé

    Je trouve ça vraiment admirable de ouvrir cette confiance en toi. Et même face à des difficultés, même face à des discriminations, même face à des échecs, que tu aies toujours réussi à garder cette confiance en mode guide et que rien ne pouvait t'arrêter. et CueChoc. Chose qui, chaque caillou sur la route, entre guillemets, c'était des apprentissages qui permettaient que tu sois encore plus forte au final parce que ton parcours, il est incroyable. Pour le redire, tu es née en Guinée, ta famille, c'était des agriculteurs dans un village. Tu es la seule à avoir fait des études supérieures. Je ne savais pas des discriminations aussi classistes que tu avais eues en Guinée.

  • Houleymatou

    En Guinée aussi, ouais.

  • Chloé

    et ensuite t'arrives en France tu connais rien, ni personne déjà, puis avec le soutien de ton frère, vous arrivez à monter un dossier et à rendre les choses capables et en fait c'est ça que je trouve hyper incroyable quand on t'écoute quand on voit tout ce que tu fais, c'est qu'en fait c'est un peu l'impression d'être face à une superwoman tu te dis, tu sais genre les superhéroïnes tu te dis, mais en fait même si c'est dur, même si Le monde entier pourrait être contre moi. Si je veux faire ça, je vais arriver à faire ça. Et aujourd'hui, pour moi, tu es une rôle modèle et tu as un visage hyper important de la tech en France. Et c'est hyper fort d'en être arrivée là. Pour les jeunes femmes qui ont envie d'aller dans cette direction-là, quels seraient les conseils que tu donnerais pour les motiver ?

  • Houleymatou

    Je ne sais pas, par contre, si la confiance que j'ai en moi, si je l'ai toujours eue. Je pense que c'est... Je l'ai construit petit à petit avant d'arriver en France, évidemment. C'est aussi ce qui fait de mon parcours ce qu'il est aujourd'hui. C'est aussi, tu vois, toutes les difficultés que je rencontrais, je testais des choses. Et en fait, d'ailleurs, depuis la baie, donc ma région natale, je me suis rendu compte qu'en fait, ça ne marchait pas quand je mettais mon énergie sur me battre, en fait. J'ai appris très tôt à ne pas être sur la posture de « je veux convaincre mes frères » ou « je veux me battre contre tel vieux » ou tel autre personnage, femme ou homme. Mais je mettais mon énergie sur le peu que j'ai fait qui a réussi. Et franchement, je célébrais les choses, tu vois. Je célébrais, je peux te dire, des échecs que j'en ai eus. Mais quand tu rencontres quelqu'un qui me connaît, rarement il va te parler d'un de mes échecs. Parce que vu qu'il voit que les... En fait, je célèbre beaucoup le père que j'ai rencontré dans ma vie. Même si je rencontre une dame qui m'a souri ou un homme qui m'a souri, je vais mettre ça en avant. Et c'est lui qui m'a insulté il y a deux secondes. Ce n'est pas que j'ai oublié, mais je ne vais pas mettre mon énergie là-dessus. Donc en fait... Le fait que j'ai appris très tôt à mettre mon énergie sur ce qui m'importe, ça, ça m'a beaucoup aidé à avancer. Parce qu'une des choses qui fait de mon parcours ce qu'il est aujourd'hui, c'est mon entourage. C'est-à-dire, je ne vais pas te dire que j'ai appris à bien m'entourer. Non, c'est que j'attire des gens qui sont bien, j'attire des gens qui sont positifs et aussi des gens méchants. Mais généralement, il ne reste pas longtemps parce qu'en fait, vu que je ne mets pas mon temps dessus, je les ignore. En fait, ils finissent par partir ou par se désintéresser de moi, en fait, tout simplement.

  • Chloé

    Après, tu sais, on attire ce qu'on dégage aussi. Tu es tellement solaire, tu es tellement positif que forcément, ces gens-là qui voient que ton énergie, tu la mets dans du positif, dans du concret, des choses qui sont utiles, qu'en fait, limite, elles laissent tomber, tu vois, elles s'en fichent, quoi.

  • Houleymatou

    En fait, ce que j'essaie de te dire là, ça ne veut pas dire que ça ne me fait pas mal quand on me fait du mal, ou que je ne me défends pas quand on me fait mal, ou bien quand je vois une action où on devrait se révolter, je ne me révolte pas. C'est juste que je limite vraiment l'énergie que je mets dessus. En fait, je mets mon énergie sur célébrer le positif et essayer que ça, ça s'implante dans mon cerveau. Moi, je suis une rêveuse, mais vraiment une grande rêveuse. J'aime me mettre dans ma bulle et rêver, en fait, et me projeter l'avenir. Enfin, pas l'avenir, mais me dire, je serai là, je serai là. Et comment est-ce que je vais y arriver, en fait, tu vois ? Et en fait, je n'ai pas de... Et franchement, je me rappelle mes copines, quand on était mes copines du collège, une d'entre elles est au Canada. Jusqu'à présent, quand on discute, elle me dit... C'est fou parce que moi, je me rappelle quand on discutait, je te trouvais folle en fait. Je te trouvais, tout ce que tu disais, tu me disais tu vas être ministre de la Guinée, tu vas être ingénieur de ne sais pas quoi. Et tout ce que je citais, je ne suis pas devenue tout. Mais la plupart, elle me dit mais c'est fou parce que tu l'as fait. Mais à ce moment-là, elle me trouvait un peu déconnectée. Mais ce n'est pas ça, c'est que je convaincais mon cerveau que c'est possible en fait. Je ne me suis jamais mis des limites. Et je pense que quand tu te fixes des objectifs haut et que derrière, il y a des actions, même si tu ne vas pas arriver à cet objectif, tu vas quand même avancer. Je pense que le conseil que je donnerais, c'est d'apprendre à bien s'entourer, d'apprendre à mettre son énergie sur les gens que tu partages, les valeurs, les gens que tu aimes, tu es très généreux en fait et partage. Partager, apprendre à partager, mais aussi apprendre à limiter son temps. Et puis l'autre côté, tu ne peux pas rêver grand si tu ne te projettes pas sur, si tu n'as pas de rôle modèle en fait. C'est-à-dire Chloé dont on a parlé, le personnage de la série, au final c'est mon premier rôle modèle. Je me suis projetée sur ce qu'elle faisait, je me suis dit ok, qu'est-ce que je vais mettre en place pour y arriver. Et mon frère qui m'encouragait, quelque part, il voit dans mes yeux que ça me fait plaisir aussi de m'encourager. Et puis, c'est lui qui m'a donné cette éducation. Je pense que lui aussi, il est comme ça. On ne se limite pas, on essaye. Et si jamais ça ne marche pas, ce n'est pas grave. Mais tout ce qui nous arrive, c'est un peu bonus, en fait. Je pense qu'en tout cas, se mettre dans cet état d'esprit-là et que tu vas beau avoir des critiques, des gens qui te critiquent, des gens hostiles à tout ce que tu fais et tout ça. Si tu as cet état d'esprit-là, tu vas y arriver parce qu'en fait, tu ne le fais pas pour eux. Et du moment que tu as décidé de mettre ton énergie sur ce qui t'importe, ces gens qui te critiquent ou des gens négatifs ou racistes, sexistes et tout ça, ils font partir de ce qui ne t'importe pas, en fait. Donc, tu les réponds si tu as l'énergie pour. Et si tu n'as pas l'énergie pour, en tout cas, tu continues d'avancer, en fait, toi. Le racisme, c'est l'un des... C'est le pire aussi que j'ai été victime. Mais voilà, j'ai décidé que je suis victime de personne, que je suis victime de rien. OK, les gens me font de l'insistisse. C'est ce qu'on appelle la définition de victime, c'est ça ? Mais pour moi, la définition aussi de victime, c'est de baisser les bras, en fait, de ne pas se battre. Après, il faut avoir l'énergie. Oui,

  • Chloé

    et bravo pour arriver à puiser cette énergie-là, parce que, comme tu disais, que ce soit en Guinée avec des discriminations classistes, même sexistes, ensuite en France avec du racisme. Ça fait quand même un cumul de beaucoup de choses où il faut le dire, s'il y a des personnes qui baissent les bras face à ça, c'est aussi OK parce que c'est beaucoup. Et c'est difficile de pouvoir faire face à ça. Mais du coup, ce que je trouve, j'aime beaucoup cette mentalité de vraiment se focus sur soi, pas dire que ça ne te blesse pas parce que tu restes un être humain, mais en fait, tu te projettes sur... ton objectif ou tes objectifs, et même si tout le monde te dit « Mais t'es complètement folle parce que tu es ci, ci, ci, tu vas pas arriver à faire ça, ça, ça » , mais toi, en fait, tu restes vraiment « Je me focus sur cette trajectoire-là, là où j'ai envie d'arriver, je mets ça en place pour y arriver. Si j'y arrive pas, en fait, tout ce que j'ai mis en place, c'est pas un échec, c'est ce qui m'a permis de grandir aussi. Et je trouve ça... Je trouve ça très fort, je trouve ça très encourageant. Et tu disais, toi, tu as eu Chloé comme rôle modèle. Aujourd'hui, je pense que Oulématou est un rôle modèle essentiel.

  • Houleymatou

    Je suis flattée. Mais pour te dire, tout à l'heure, tu disais, ceux qui ne veulent pas se battre ou veulent se battre, c'est OK. En fait, au final, j'ai fait les deux. Parfois, c'est de me battre. contre moi-même, tu vois, c'est-à-dire ça m'a fait mal, tu vois, parfois, je recevais des photos montages de singes et moi parce que c'est là ah ouais, c'est si j'ai parfois, il y a des périodes où je vis vraiment le pire et en fait c'est des périodes où je me pose, je regarde c'est quoi mes objectifs, mes ambits d'avancer Ou quand je dis d'avancer, peut-être parfois c'est sur cette cause même sur laquelle je suis victime. Mais du coup, c'est un choix. Est-ce que je me bats ? C'est-à-dire que je lutte pour que je m'en sors moins à ma personne, c'est-à-dire que je me bagarre avec la personne. Peut-être qu'elle ne me le fera plus, mais peut-être que je n'ai plus l'énergie pour me battre pour toutes celles qui me ressemblent. Donc parfois, c'est des parties prises. Ça ne veut pas dire que je laisse passer. Mais parfois, je m'élève juste plus haut que la personne et je deviens encore plus stratège que cette personne-là pour aller porter cette parole encore plus loin et ne pas juste me battre contre cet individu-là parce que finalement, cet individu-là, il y a plein d'autres qui pensent comme lui. Donc, en fait, je veux faire une pierre sans coup, faire autrement. Et ça, généralement, c'est le recul qui me permet ça. Et puis, c'est le fait que aussi je... Je m'accroche aussi à mes envies, à mes rêves de devenir, en fait. Moi, je ne... Et ça, c'est le plus loin que je me souviens. Je ne veux pas être une femme qui est arrivée dans le monde, qui est là pour accompagner les gens. Je veux être leader. Je ne sais pas leader de quoi, mais je veux être leader de mes décisions, de mes envies, de mes projets et des valeurs que je veux porter. Parce que pour moi, au final... tu vois, je signe souvent rendez-vous au sommet. En fait, moi, mon sommet, c'est plein d'étapes. Mais à chacun de ces sommets-là, je considère que quand j'arrive là, j'ai brillé. C'est-à-dire, je m'en fous des yeux des autres. Les gens qui me regardent, qu'ils me disent que j'ai réussi ou autre, ça m'importe peu, mais moi, mon regard à moi. Et moi, à chacune de ces étapes d'où je te disais, je fête chacune de mes victoires, c'est que chacun des paliers, je... Je prends le temps de fêter et de dire là où l'est, tu as brillé, c'est parfait, c'était ton objectif, tu l'as atteint. Et en fait, là où c'est subtil, c'est que jamais je dirais j'ai brillé, je suis arrivée à mon objectif, j'ai brillé. Si je suis seule, tout ce que je ferais, même depuis mon parcours, peu importe, ça sera un truc collectif. Je vais en tout cas agir et réfléchir pour que ça aille au-delà de ma personne. Parce que je sais que, en fait, je suis consciente et fière d'être une femme, d'être noire, d'être, même si j'ai la nationalité, mais d'origine, en tout cas, étrangère en France et tout ça. Donc, je sais que mes actes, et c'est bizarre de dire ça, eh bien, peuvent entraîner pour plein d'autres femmes qui me ressemblent, ou plein d'autres noires qui me ressemblent, ou plein d'autres... Et même s'ils ne sont pas noms, en fait, je suis sur une intersectionnalité où c'est ultra important pour moi de moi réussir, mais de réussir aussi avec mes semblables, en fait, tout simplement. Et donc, ce KPI, ce critère-là, il sera important pour moi. D'où, du coup, parfois, j'arrive à aller au-delà d'une discrimination si je sens que c'est nécessaire pour que j'avance. Et parfois, je peux te dire aussi... J'arrive à aller au-delà juste parce que je n'ai pas l'énergie, en fait. C'est-à-dire que si je me mets à le faire, je vais pleurer, je vais abandonner et je n'ai pas envie. Donc, en fait, j'envoie balader, en tout cas la personne. Et j'essaie de trouver un contournement et d'avancer. Et en général, ça réussit plus tôt parce que parfois, c'est des gens que je rencontre tout au long de mon parcours qui me retrouvent quelques années plus tard et qui se retrouvent à me féliciter. Alors que moi, je me souviens de tout ce qui s'est passé. Mais je ne vais pas revenir sur cette discussion parce que d'abord, au début, je l'avais ignorée. Donc, c'était intéressant pour moi de l'ignorer. Et aujourd'hui, encore plus de l'ignorer parce que ça voudrait dire tout simplement que j'ai réussi à sensibiliser cette personne-là sans faire même de dégâts.

  • Chloé

    Oui, mais c'est ce que je retiens de tout ce que tu dis. C'est cette importance de quand même se centrer sur soi. sur ses objectifs, sur célébrer ses victoires, au-delà du regard des autres, tout en sachant que tout ce que tu fais, tout ce que tu accomplis, ça a un impact qui va forcément au-delà de toi. Et je trouve ça vraiment très très fort, surtout qu'on en discutait quand on avait préparé l'épisode. L'ambition est toujours très bien vue chez les hommes, beaucoup moins chez les femmes. Et toi, tu es méga ambitieuse,

  • Houleymatou

    au cas où les auditeurs... En fait, là où c'est drôle, Chloé, c'est que je suis méga ambitieuse, mais assumée. Oui,

  • Chloé

    c'est ça.

  • Houleymatou

    Je m'invente, en fait. C'est bizarre, mais tu sais, mon mari qui est complètement contraire, c'est-à-dire, il est ultra, tu sais, réservé, humble et tout ça. Et parfois, il me définit le mot humble. Je dis, peut-être que je suis humble ou pas, je ne sais pas. Mais par contre, si c'est pour, tu sais, c'est féliciter ou féliciter quelqu'un de, par exemple, quand je parle de toi, mais je parle d'une personne, surtout d'une personne, tu vois, de mon, en tout cas, une de mes semblables, mais la personne va pleurer tellement je vais parler de, en fait, tu vois, une fois, j'avais fait un poste où je disais, je suis une femme, je suis noire, je suis dans l'informatique, je suis musulmane. Tu dis « eh, alors ? » quelle classe, quoi, tu vois. Et ça, c'est tout à fait moi, en fait. Je pense que tout ce que je suis, j'en suis tellement fière. Si c'était à refaire, j'aurais été comme ça, parce que ça fait partir de ce qui a fait que j'ai réussi. Peut-être que si je n'étais pas comme je suis, peut-être que je n'aurais pas eu ce parcours, peut-être que je n'aurais pas eu cette motivation. Il n'y a pas quelqu'un de meilleur que l'autre, il y a juste des gens qui ont conscientisé, qui sont... avancé, qu'ils ont décidé qu'ils vont avancer. Et ça marche. Parfois, ça ne marche pas parce que là, on parle de parcours et de réussite, mais le nombre de galères que j'ai rencontrées, d'échecs, mais où je suis, l'origine, où je suis la seule responsable. Je me plante mais complètement. C'est juste qu'en fait, dans ce plantage-là, je vais aller chercher un petit truc positif dans ce plantage-là pour m'accrocher dessus et dire OK, au moins, j'ai gagné ça. Je ne suis pas née dans une famille où je n'étais pas censée même aller à l'école, si tu veux. Donc, je pense que j'étais obligée d'avoir la personnalité que j'avais pour que les choses aillent bien pour moi.

  • Chloé

    Oui, non mais clairement. Et puis, tu vois, je trouve que moi, je ne mettrais pas en opposé l'ambition et être humble, en fait. Sauf que souvent, tu vois, c'est un peu pointé du doigt de manière négative quand tu es une femme. mais que alors que... Ce que tu dégages est fou et c'est beaucoup moins pointé de manière négative quand ce sont des hommes qui sont comme ça. Pourquoi est-ce que selon toi, ça te dérange comme ça qu'il y ait des femmes fortes, puissantes, qui disent haut et fort « je suis ça, je réussis ça » versus quand ce sont des mecs qui font ça, tout le monde applaudit et tu vois, c'est normal.

  • Houleymatou

    Parce que tout simplement, la minorité perd toujours. En fait, on n'est pas connus pour ça. C'est pas qu'on n'est pas connus pour ça. C'est-à-dire qu'il y a moins de femmes, même s'elles sont ambitieuses, mais qui l'assument. C'est-à-dire qu'elles l'assument publiquement, qui en parlent et tout ça. Ces derniers temps, il y a quand même une vague qui commence à aller dans ce sens-là et c'est tant mieux. Du coup, vu que d'habitude... Même quelqu'un quand il te pique ton résultat, c'est-à-dire que tu as fait tout le taf, tu as le résultat, lui il vient s'en vanter, tu laisses passer. Le jour qu'il nous... refusent de laisser passer, les gens ne sont pas habitués. C'est comme dans une famille, en fait. Même entre filles et filles, ou entre garçons et garçons. Si tu as deux enfants, un se laisse toujours accepter de partager, accepter toujours l'autre, lui, il pique toujours. Le jour que c'est lui qui ne veut accepter de partager, il ne partage pas, tout le monde l'engueule. Oui, ça chute. C'est ça. Et je pense que c'est pareil aussi, même si c'est plus profond que ça. Mais je pense que... Je pense que le fait que nous, on accepte toujours d'être les généreux, c'est-à-dire d'être celles qui acceptent de s'écraser l'autre monde. Il faut qu'on arrête ça. En fait, j'aime beaucoup, il y a Laetitia Avrault qui me disait, on aura l'égalité femmes-hommes, donc l'équité femmes-hommes, le jour où il y aura un mec nul qui prend des responsabilités. c'est-à-dire une femme nulle qui monte en poste parce qu'en fait si tu veux chez les hommes, vu qu'ils ont l'habitude de faire ça, quand ils le font c'est comme s'ils se considéraient normal donc c'est connoté et en plus il y a un problème de genre aussi de présiger tout ce que tu veux c'est connoté Oui, il est juste... C'est un bon chef, c'est un bon montant. Et quand c'est une femme, elle est hystérique, elle est ceci, elle est cela. C'est à nous de continuer. OK, on va être traité de... On est trop ambitieux, c'est pas bon et tout ça. Mais c'est à nous de continuer quand même à le faire pour que ça devienne normal, tout simplement. Je pense que normaliser les choses, on n'y arrivera pas juste en... En dénonçant, il faut aussi qu'on le fasse. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a la chance, il y a beaucoup d'associations qui œuvrent dans ce sens, qui dénoncent, qui expliquent les choses. Je pense que c'est très bien, mais aujourd'hui, le constat est là, il est fait. Il faut qu'on agisse, et agir, ce n'est pas seulement rentrer dans une asso. Les gens confondent, en fait. Agir, ce n'est pas monter une asso ou se mettre avec plein d'autres personnes et œuvrer, non. Agir, c'est dans le quotidien, dans comment tu fais les choses, dans tes gestes du quotidien, dans ce que tu fais là, ton podcast, c'est ça aussi. C'est donner la parole à des femmes, s'exprimer et tout ça. Et dans ce quotidien, ça vaut aussi le coup de, quand tu as un objectif, de le fêter, mais haut et fort, avec toute la famille, même ceux qui ne veulent pas écouter. Et d'en parler dans les réseaux sociaux et se lapéter, mais vraiment se lapéter avec fierté, avec fierté quoi, avec fierté autour de toi parce que c'est petit à petit. En fait, plus on va célébrer les réussites, les rôles modèles, les parcours, l'entraide et tout ça, petit à petit, l'immense fonctionne comme ça. Plus tu lui martèles que les femmes sont fortes.

  • Chloé

    C'est normalisé, oui.

  • Houleymatou

    C'est des femmes et elles ont des hautes responsabilités. Elles dégonnent et elles sont bonnes. Petit à petit, ça va rentrer. Mais par contre, quand tu passes juste ton temps à dire que les femmes aussi devraient prendre, c'est injuste que les femmes ne l'ont pas et tout ça, c'est très bien puisque tu dénonces. Mais je pense que ce n'est pas seulement ça qui va faire bouger les choses. Il faut des exemples de gens qui ont pris et que ça a marché. Et c'est tellement dommage d'en arriver là. d'arriver à montrer des rôles modèles ou à prouver. C'est dommage, mais je pense que c'est quand même une des actions qui marche le plus aujourd'hui. Il faut le dire. Et ce n'est pas tout le monde qui est à l'aise pour prendre la parole ou pour aller s'inventer ou citer les récits. Et c'est là que c'est intéressant d'avoir les assos, d'avoir des podcasts comme le tien, parce que nous, du coup, cette personne qui n'est pas à l'aise, Pas c'est à nous d'aller l'interviewer, de faire des articles sur la personne ou alors de l'interviewer, même si c'est en audio, en visio, si elle est à l'aise, mais d'aller creuser ces réussites-là, de l'aider à fêter ces choses-là. parce que c'est comme ça, petit à petit, que ça va devenir normal. Parce que je peux te dire que c'est au-delà même du sexisme, tout ça, c'est qu'il y a quand même une chose aussi, c'est qu'il faut qu'on déconstruise en fait l'idée reçue. les présigés et autres qui sont au-delà du sexisme. Parce que parfois, ces présigés, moi, j'ai eu à me battre avec ma propre grande sœur. qui ne comprennent pas comment ça se fait que dans ma maison, mon mari, il fait des trucs et tout ça, tu vois. C'est au-delà juste du sexisme méchant. C'est parfois juste une idéologie. Oui,

  • Chloé

    c'est ancré tellement. On est dans une société qui a normalisé tout ça.

  • Houleymatou

    C'est ça. Quand tu discutes avec nos parents, et pourtant, ils nous adorent, ils nous aiment et tout ça, ils ont une vision complètement biaisée. Et donc, si c'est juste, on revendique, eux-mêmes. nos propres parents qui sont des mamans, des femmes, elles vont être de l'autre côté du truc, contre nous. C'est-à-dire, tu vois. Donc, par contre, si on célèbre les trucs et tout ça, chaque personne, en tout cas, sauf ceux qui t'aiment pas, que tu n'arriveras jamais à convaincre, et ça, ceux-là, tu t'en fous. En tout cas, les personnes qui sont cool, qui ont un cerveau, tu commences à fêter, ils se mettront avec toi pour fêter. Et petit à petit, ça va rentrer dans leur cerveau que toi aussi, tu... tu y arrives et que c'est normal, en fait.

  • Chloé

    Mais j'aime cette notion de célébrer, d'être fière et d'encourager, quand nous, on a cette posture-là, d'encourager celles autour de nous à se rendre compte qu'elles aussi peuvent être fières et célébrer. Quand j'ai préparé certains épisodes, je sais qu'il y en avait qui disaient « j'ai rien à raconter, j'ai rien fait » . Et en fait, c'est de les accompagner à se dire mais si Si tu as fait, si tu as des choses à raconter, si tu as des choses à célébrer. Donc, je pense que c'est important de s'entourer comme ça. Et du coup, ça me fait la transition avec ce que tu fais avec Yesso depuis 2023 et le réseau IT Women. Et le livre que vous venez de sortir cette année, qui est un projet magnifique. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ce que vous faites, de ce livre et de ce qui a motivé tout ça ? Même si du coup, on s'en doute un peu. le fait de célébrer ces rôles modèles-là.

  • Houleymatou

    C'est une asso qui œuvre pour l'équité professionnelle femmes-hommes. Donc, on fait des actions de la maternelle au monde du travail. En maternelle, on est sur l'équité filles-garçons. Donc, c'est déconstruire un peu ces idées reçues, les présiger sur un essange. Et puis, vraiment fondre, discuter avec les enfants et amener le sujet. Et puis, au collège, on est sur la cartographie. On est sur des métiers, on est sur des témoignages de femmes, on est sur en tout cas des discussions et montrer c'est quoi le quotidien, un domaine informatique de femmes ou d'hommes. Et surtout aussi de montrer que les femmes aussi sont dans ce domaine et c'est surtout elles cartonnent en fait dans ce domaine. Donc en tant que femmes, on vient de témoigner, on parle de nos journées types, on parle de l'importance de notre rôle, notre rôle dans l'équipe. et le pouvoir qu'on donne aussi à l'équipe avec notre vision de femme, tout simplement. Donc, c'est les informer, ces collégiens sur les métiers, les inspirer par nos parcours et puis répondre à leurs questions. Au lycée, pareil, c'est pareil avec de la sensibilisation aussi sur le sexisme parce que les lycéens avec l'alternance, en moins de trois ans, ils sont dans le monde du travail. Donc, c'est essayer de trouver des alliés. sur ces filles et garçons, du sexisme ordinaire qui se passe à la machine à café, de se dire qu'il n'y a pas que la femme seulement qui répond. Parce que, comme je te disais tout à l'heure, si ça se trouve, elle n'a pas l'énergie pour. Et si ça se trouve, elle a décidé de ne pas mettre son focus sur ça. Donc, qu'il y ait au moins quelqu'un d'autre qui rêve et qui dit stop, ce n'est pas normal. Après, dans le monde du travail, en entreprise, on accompagne les entreprises dans leur démarche de mixité. Et à côté de ça, donc... On a le réseau Aïchi Némen dont tu as parlé. Ce réseau, aujourd'hui, c'est l'île de mes fiertés. Ce n'est même pas le livre, c'est l'entraide qui est autour de ce réseau et comment il est en train de grandir et les retours que j'ai de ce qui se passe dans ce réseau et du bien que ça apporte aux femmes qui sont dans le réseau puisque du coup, on fait du mentorat. On a de la sororité, puis on a des essences, on a des masterclass, du coding game, tout ce que tu veux, on s'entraide. Et l'idée de ce réseau, c'est au-delà du mentorat, c'est s'entraider, performer ensemble et surtout apprendre à communiquer aussi sur nos performances, à célébrer tout ça, tu vois. Donc voilà, une bourse de motivation et d'entraide et de dire… En fait, il n'y a pas beaucoup de femmes dans la tech, mais le peu de femmes qui sont dedans, si on fait assez de bruit, on va croire qu'on est 50% et c'est le but en fait. Donc voilà, le but, c'est d'arnaquer le public, d'accord ? Pour qu'ils comprennent qu'on est 50% ou plus, parce que déjà, on est compétente, mais aussi parce qu'on est importante, en fait, tout simplement. Après, à côté de ça, on a nos conférences. Donc, on a une fois par mois une conférence ici à Lyon et à Nantes, montée par Angie. Je ne sais pas si tu as suivi, il y a Yesso. Donc Angie, elle aussi, elle anime les conférences là-bas. C'est l'antenne IESO qu'elle a montée. Donc on est en train de s'implanter partout, implanter notre pouvoir de femme de la tech, de célébration et de performance, parce qu'on est performante, tout simplement. Après, le dernier qui est nouveau, c'est le livre qui est sorti le 26 mai dernier. Donc c'est un livre qui célèbre les femmes de la tech. On aura beaucoup parlé de célébrer les femmes de la tech parce qu'on met en avant 52 portraits de femmes de la tech. Et c'est 52 qui recommandent 52 autres. Au final, il y en a 104 dans le livre. Et puis, des actions aussi, des actions pratiques, ultra applicables pour les entreprises. Des articles sur la mixité, sur les métiers de la tech. Qu'est-ce que c'est que l'UA, par exemple. Les cartes pratiques et tout ça. Donc, il y a un bout d'une semaine, on était top 1 sur Amazon, des ventes Amazon. Donc, ça, c'est une fierté. Et puis, il y a des discussions aussi avec les métropoles pour pouvoir le distribuer dans les collèges et lycées. On est en discussion là avec plusieurs collectivités, des associations pour que vraiment, vraiment des milliers, j'espère, de collégiens et lycéens l'aient. Chez lui, que ce soit en version papier ou numérique, comme je me suis dit il y a quelques années que c'est possible, c'est possible pour eux aussi. Il suffit juste de s'ouvrir en fait et de rêver grand, de rêver, de ne pas se limiter et de mettre son énergie sur ce qui nous importe et d'avancer.

  • Chloé

    Oui, vraiment bravo pour ce projet, pour tout ce que vous faites. Est-ce que tu te rends compte en deux ans ? tout ce que vous avez accompli là. Tu arrives à en prendre conscience ? Comment c'est dans ta tête là ?

  • Houleymatou

    En fait, tu as dit pendant toute la discussion que je célèbre et tout ça, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas dure avec moi-même. Ultra dure avec moi-même parce que je célèbre, mais je passe vite aussi à un autre sujet où je me plains encore. C'est pas que je me plains, je dis « Ah, ça, c'est pas fait, il faut que je fasse ça. » Et du coup, je passe focus à ça aussi et j'arrive et je fais l'épreuve et je passe encore. Donc oui, je me rends compte dans le sens, je pense que là où je suis le plus fière, c'est même au-delà des actions qu'on a faites parce qu'on a touché vraiment beaucoup de monde, c'est l'équipe solide qu'on a montée en fait. Quand je vois, tout à l'heure, je te parlais d'Angie à Paris et à Nantes. Quand je vois, je suis allée pour son lancement, il n'y avait même pas de place assise tellement la salle était remplie. Je te jure, la meuf, elle a réuni tout. C'était ultra, ultra inspirant. Mais par contre, quand je prends la hauteur et dire, oui, j'aimerais qu'on touche, puisque comme je te disais, je suis très ambitieuse. Donc parfois. je me mets des ambitions, mais il trahit tellement haut, je veux toucher des milliers, alors qu'il faut faire step by step, tu vois. Donc, j'ai hâte de nous voir dans deux ans, parce que je pense qu'on aura vraiment fait vraiment beaucoup de choses et j'espère qu'on aura fait avancer quelques lignes. Et tout mon rêve, c'est de voir cette association atterrir en Afrique, l'Afrique de l'Ouest, et de voir toute mon équipe. là, se dire ok, j'ai fait des actions en France et je touche l'Afrique et je suis fière.

  • Chloé

    Ouais, non mais c'est magnifique comme rêve, en tout cas je me fais aucun souci, je suis certaine que quand on va pouvoir réécouter cet épisode dans deux ans, on se dira putain mais elle a fait tout ça ! Elles l'ont fait tout ça et en tout cas, moi vraiment je voudrais t'applaudir 10 000 fois et célébrer, prendre le temps de célébrer. ces deux années-là, tout ce que vous avez fait, ce livre qui, je pense, va avoir un impact incroyable. Et je suis certaine que les lignes vont bouger. Elles sont déjà en train de bouger. Et on le voit avec ton parcours, celui d'Angie aussi. Angie qui a un parcours qui est exceptionnel. Et elle revient de très, très loin. D'ailleurs, on avait fait un épisode ensemble. Et je suis fière de pouvoir vous voir comme ça. Et ça fait du bien. Je pense que les lignes bougent déjà et vont continuer de bouger. Et on aura plein, plein de belles histoires encore à raconter.

  • Houleymatou

    Oui, je pense que c'est ça, c'est la, en tout cas la beauté du Yesso et de ses actions, c'est cette équipe qui s'est formée. On essaie de faire en sorte qu'on mette des actions sur ce qui est extra chez les femmes, le positif chez les femmes et le célébrer le maximum parce que si tu veux, c'est ce qu'on ne fait pas assez, je trouve. Et c'est tant mieux qu'il y ait d'autres approches aussi. Notre approche et plusieurs approches qui existent sont complémentaires. Mais en tout cas, moi, j'ai décidé de mettre mon temps sur un carton. Et puis voilà, bravo.

  • Chloé

    Ben ouais, franchement, bravo. Et pour finir notre échange, je sais que ça va être dur parce que tu es entourée de plein de rôles modèles de ouf. Mais dis-moi, est-ce qu'il y a une personne ? Il ne faut en choisir qu'une, donc là c'est la difficulté que tu aimerais entendre dans ce podcast.

  • Houleymatou

    En fait, j'aurais du mal à te proposer où, parce que je connais déjà celles qui sont passées, je pense, qui sont dans mon réseau, qui sont passées. Mais là, à tête froide comme ça, je penserais à Angelique Jarre, que je trouve extra, puisque extra, surtout son parcours technique est vraiment formidable. Et puis franchement, elle est... Merci. Angélique, c'est tout mon contraire. C'est une force tranquille. Elle est ultra inspirante, cette fille. Et puis, je ne sais pas si tu as Isseline Louvé. Note-toi. Note-toi, c'est finie. Oui, oui,

  • Chloé

    t'inquiète.

  • Houleymatou

    Isseline Louvé aussi, elle est top. Elle a un parcours et puis, tu sais, elle est franche. Franchement, elle n'a pas de tabou aussi. Franchement, si je pouvais, tu intervivrais tous les jours. Mais oui, je te remercie en tout cas pour cette discussion. En tout cas, ma vision des choses, c'est qu'on va y arriver et on va y arriver et on sait qu'on va y arriver et on a décidé qu'on va y arriver et on va avancer.

  • Chloé

    Je suis à fond avec toi et continuons dans cette route et avec ce mantra. Merci beaucoup, Ouléma, pour cet échange, pour tout ce que tu fais, tout ce que tu partages, toute l'énergie que tu donnes. Je pense que c'est important de le dire, de dire merci et de te féliciter. Et c'était un plaisir, comme à chacune de nos discussions, d'échanger avec toi. Donc, merci beaucoup.

  • Houleymatou

    Merci, Chloé. Et bravo pour ton podcast. Et bon vin à ce podcast. Et voilà, rendez-vous au sommet, quoi.

  • Chloé

    Yes.

  • Houleymatou

    Salut.

  • Chloé

    Un grand merci pour ton écoute. On se retrouve lundi dans deux semaines pour la découverte d'une nouvelle meneuse. J'espère que l'épisode t'a plu. Si c'est le cas, laisse-moi ton avis sur la plateforme que tu utilises. Et s'il te reste encore un peu de temps, partage cet épisode à ton entourage pour faire un gros big up à notre meneuse du jour. La bise si tu le veux bien et toujours plein de loutres dans ta vie. Ciao !

Chapters

  • Introduction & parcours inspirant d’Houleymatou Baldé

    00:00

  • De la Guinée à la tech : inspiration et premiers rêves

    02:15

  • Arrivée en France : résilience et confiance en soi

    09:40

  • Trouver sa place et oser en tant que femme dans la tech

    15:20

  • Rêver grand, célébrer ses victoires, inspirer les autres

    18:00

  • Yeso & IT Women : bâtir la sororité dans la tech

    33:00

  • Le livre des femmes de la tech : 104 parcours inspirants

    41:00

  • Vision, transmission et avenir des femmes dans la tech

    45:00

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Description

Elle a grandi en Guinée, dans un village où peu de filles allaient à l’école. Aujourd’hui, Houleymatou Baldé est ingénieure informatique, maman, militante, et cofondatrice du réseau Yesso, qui œuvre pour plus d’équité dans la tech.


Dans cet épisode, elle raconte comment elle a transformé les discriminations (de classe, de genre, et de racisme) en carburant de réussite. Comment elle a appris à rêver grand, à célébrer ses victoires, et à bâtir une communauté de femmes puissantes et solidaires dans la tech.

Un échange vibrant, sans filtre, sur la confiance, la persévérance et la force collective.


💡 Au programme :

  • Grandir femme dans un monde qui te dit “tu ne peux pas”

  • Transformer la différence en force

  • Rêver grand, même quand tout semble impossible

  • Bâtir des réseaux d’entraide féminine

  • Célébrer, briller, et inspirer les prochaines générations

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Houleymatou

    Je ne sais pas bien parler français, j'intègre un parcours où je ne sais même pas allumer l'ordinateur, pour tout te dire. Et je suis noire, et je suis une femme, et je suis toute petite, et je suis perdue. Et en plus de ça, sans môme, je suis pauvre.

  • Chloé

    Hello, c'est lundi et tu fais bien d'écouter Les Meneuses pour lancer ta semaine avec une dose d'inspiration. C'est Chloé, ta podcasteuse préférée, et aujourd'hui j'accueille Houleymatou Baldé, ingénieure informatique, mentor, speaker, fondatrice de Yesso et j'en passe. De la Guinée à la tech française, elle nous montre comment rêver grand, célébrer ses victoires et transformer les obstacles en leviers. Allez, installe-toi confortablement. C'est bon ? Alors c'est parti, bonne écoute ! Et si l'épisode te plaît, pense à le partager. Bonjour Houleymatou, comment est-ce que tu vas ?

  • Houleymatou

    Bonjour Chloé, comme je te disais, il y a deux secondes, tout va bien, même si l'actualité est un peu compliquée, mais j'essaie que tout aille. Oui,

  • Chloé

    une actu un petit peu compliquée, surtout quand on est militante et qu'on porte des sujets importants comme toi. Pour les personnes qui ne te connaissent pas, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Houleymatou

    Je suis ingénieure informatique depuis... Depuis bientôt dix ans, je suis d'origine guinéenne. Donc aujourd'hui, j'ai la double nationalité guinéenne et française. Et je suis une maman épanouie de deux filles, deux jolies princesses. Et puis une femme, une épouse aussi épanouie et surtout une femme engagée aussi. pour l'inclusion dans mon domaine, qui est la tech.

  • Chloé

    C'est une femme aux mille casquettes, parce que tu fais tellement de choses. On va pouvoir en parler durant cet épisode ensemble et essayer de balayer un petit peu ton parcours et tout ce que tu fais, parce que tu fais énormément pour la communauté tech. Avant de rentrer un peu plus dans ce détail-là, j'aimerais bien qu'on fasse un petit pas en arrière. Et comment on découvre, comment est-ce que tu es tombée dans la tech ? Sur ton LinkedIn, tu parles de ta passion pour la série 24 heures chrono et la merveilleuse Chloé qui jouait dedans, je l'adorais aussi. Est-ce que tu peux nous parler de cette découverte de la tech ?

  • Houleymatou

    Alors là déjà, je te félicite parce que ça veut dire que tu as bon goût, d'accord ? Parce que tu es fan de Chloé aussi, de la série 24 heures chrono. Donc les jeunes qui nous écoutent, ils ne comprendront rien.

  • Chloé

    C'est possible.

  • Houleymatou

    Donc, ouais, en fait, moi, mon envie, en tout cas, je ne dirais pas passion, mais mon envie de faire de l'informatique, donc d'évoluer dans la tech, date d'il y a très longtemps, parce que j'avais 12-13 ans, j'étais au collège. Je faisais partie d'une troupe de théâtre. Et en fait, pour mieux jouer avec mes copines, on allait au vidéoclub pour voir des films. Et donc, c'est comme ça que je suis tombée sur cette série 24 heures chrono dans un vidéoclub. Et en fait, je suis tombée vraiment, vraiment fan, fan de cette série. Mais je pense que c'était au-delà de la série. C'est nos personnages de Chloé que j'adorais. Et en fait, elle était impressionnante. Son rôle, elle jouait l'experte informatique. dans la série, mais c'est surtout que c'était une leader, en fait, Chloé. Une leader dans le sens que OK, Jacques Boer, c'est l'acteur principal et tout qui est sur le terrain, mais sans Chloé, rien ne se passe. Donc, j'ai été intriguée par le métier, le rôle qu'elle tenait, l'experte informatique. Et puis, j'ai commencé à questionner. Il y avait mon frère, mon grand frère, qui était né. qui est mon soutien numéro un. Et donc, je lui parlais de la série. Il commence à regarder et il commence à encore m'encourager dans mon envie de faire ce métier-là parce qu'il voyait comment la femme là excellait et tout. Et puis, la chance que j'avais aussi, j'ai grandi dans une culture où, quand il s'agit des études, il n'y a pas d'une fille, c'est ça, un garçon, c'est ça. La ville où j'ai grandi, le patriarcat, ça existe à 10 000 fois. Mais pas seulement ça. C'est-à-dire, le bac S, tout le monde peut en faire. Tu peux le faire du moment que déjà tu es scolarisé. Parce qu'il faut savoir que les filles, il n'y a pas beaucoup qui sont scolarisées. Donc, du coup, il m'a dit, go, tu vas faire ça. J'intègre un lycée privé de la capitale. En tout cas, je mets toutes les chances de mon côté pour pouvoir faire informatique en Guinée. Parce que mon rêve, c'était d'aller à la capitale guinéenne, en fait, pour faire le lycée et puis faire l'université. Sauf qu'en fait, je n'avais pas anticipé en intégrant ce lycée privé, donc une classe sociale autre que la mienne, que mon rêve aussi allait grandir, en fait, s'élever. C'est vraiment un lycée d'élite. Et donc, du coup, eux, leur destin, enfin, en tout cas, leur rêve, et au-delà de leur rêve, c'est possible, c'est plus qu'un rêve, c'est d'aller aux États-Unis faire une université en France, certains au Maroc, les plus modestes. Et je me dis, mais pourquoi moi, je veux faire la Guinée et tout ? OK, je n'ai pas les moyens, mais peut-être, pourquoi pas rêver plus grand ? On parle à mon frère et il me dit, ok, là, ça va être compliqué puisqu'on ne peut pas devenir riche du jour au lendemain. Mais par contre,

  • Chloé

    malheureusement,

  • Houleymatou

    c'est toute une stratégie qui était derrière. Donc, il me dit, écoute, ce qu'on va faire, essaye de... En fait, il y avait deux conditions. Il faut avoir un bon dossier. pour se présenter à l'ambassade de France, ce qu'on appelle coopération française, donc Campus France. Et si une université, déjà sur dossier, il étudie une sorte de concours, enfin, ce n'est pas un concours, mais sur présentation de dossier, s'il t'accepte, tu te présentes pour les universités françaises. S'il a aussi été sélectionné, arrive le moment difficile, c'est-à-dire le visa. Et pour avoir le visa, il faut avoir un compte bancaire. de 6 500 euros et 6 500 euros, c'est plus de 60 millions francs guinéens, en fait.

  • Chloé

    C'est énorme.

  • Houleymatou

    C'est ultra cher, mais ultra pas accessible pour nous. Mais mon frère me dit, bah écoute, moi j'aimerais bien quand même qu'on tente ce qui est à notre niveau. On sait jamais si quelqu'un de riche peut nous aider ou si par chance notre vie va changer, mais essaye, tu vois. Et donc, c'était juste essayer. On sait que je ne vais pas y aller puisqu'on n'a pas la deuxième condition. Et donc, j'essaie. Et en fait, déjà avant d'essayer ça, je faisais des concours de maths, physique, chimie. Il faut savoir que moi, quand j'étais élève, que ce soit dans ma région ou à la capitale, je faisais partir des meilleurs en maths, physique, chimie. Mais là où je n'étais pas bonne, c'est français, anglais, toutes les matières. Tu vois, de langue et autre, puisque souvent, en fait, dans les villages d'où je viens, on t'enseigne un peu en langue maternelle parce qu'on est au village, c'est très compliqué. Donc, le français, je parle ultra mal. D'ailleurs, je suis arrivée comme ça en France. Et donc, du coup, je faisais ces concours et j'avais réussi dans mon lycée quand je suis arrivée. J'étais un peu celle que tout le monde se moquait parce que déjà, je suis mal habillée, enfin. Pas mal habillée, mais pour eux, je suis pauvre en fait.

  • Chloé

    Oui, on n'est pas sur la même classe sociale, donc on voit des différences par rapport.

  • Houleymatou

    Et en plus, je m'exprime très mal. Si tu veux, en Guinée, c'est un peu un signe de richesse quand tu parles bien français. Donc du coup, j'étais un peu la risée de tout le monde. Mais mon frère m'avait dit, écoute, le jour où tu seras meilleure en classe, tu as les meilleures notes sur les matières que tu es bon. ils seront obligés de faire avec toi, en fait. Donc, je passe un peu de la villageoise de la classe, d'où, du coup, j'en ai carrément gardé ce mot, villageoise. Villageoise de la classe à chef de classe, en fait. En fait, j'ai toujours été audacieuse, en fait. C'est-à-dire que, OK, vous vous moquez, je vais faire en sorte d'avoir les meilleures notes et tout ça, dans, en tout cas, les matières que j'arrivais un peu. Et puis, c'est surtout, je vais avoir l'audace de me présenter chef de classe, tu vois. Ça, je pense que c'était juste pour un peu me révéler, tu vois. Sauf que, chose faite. Et donc, du coup, tout va bien cette année-là et je me présente, j'obtiens une admission pour une université française. Et normalement, ça devait s'arrêter. Mais en fait, non, c'est ça. Quand c'est sur mon frère, il se met à monter tout un dossier, tout un truc où il me pose des questions. J'explique tout ce que j'ai fait au village. Il me dit ça, tu devras expliquer ça à ton oncle tel ou à la tante telle. Et c'est comme ça qu'il y a eu une sorte de solidarité, vraiment une solidarité énorme, parce qu'il y a mon oncle qui vit en Espagne, qui nous a aidés avec 5 000 euros. Et donc les 1500, je peux te dire que tous les gens que je connais ont mis de l'argent. Et après, on a eu le montant et on a même eu mon petit montant d'argent de poche. Et je suis arrivée en France comme ça, en fait. Et j'atterris en France pour faire des études d'informatique avec l'ambition d'être ingénieure informatique. Sauf que je n'ai aucun prérequis. Ah, Chloé. J'arrive dans un pays, dans une ville où je ne connais personne. Je suis complètement perdue. Je ne sais pas bien parler français. J'intègre un parcours où je ne sais même pas allumer l'ordinateur, pour tout te dire. Et je suis noire. Et je suis une femme. Et je suis toute... petite et je suis perdue. Et en plus de ça, sans môme, je suis pauvre. Voilà, j'ai fait ce que je sais faire toujours, essayer de m'intégrer, essayer de me faire des copains, d'avancer même si c'était ultra difficile parce que je quimilais tout en fait, je quimilais tout. La pauvreté, les doutes que j'avais moi-même parce que quand tu arrives dans un endroit que tu connais bien, tu doutes de tout en fait. Et puis, tu te mets même toi des bâtons sur les roues, plus ceux que les gens te mettent. Donc, c'était très compliqué. Mais au final, la seule chose, la force que j'avais, c'est que j'ai appris très tôt à avoir confiance en moi. C'est-à-dire qu'il m'arrive de douter sur un sujet. Il m'arrive à douter, mais la confiance et puis ma certitude de savoir que je vais réussir m'aident toujours à lever ces doutes. Je savais que c'était tout un investissement. Toute ma famille comptait sur moi. Mon frère me faisait tellement confiance. Je ne me suis jamais donné une option de ne pas réussir. C'est-à-dire que l'échec, pour moi, fait partir du chemin. L'exemple, par exemple, à l'université Lyon 1, j'ai redoublé. Je ne sais même pas combien de fois des matières. Mais je n'ai jamais douté. Est-ce que je serai diplômée un jour ? Est-ce que j'aurai un emploi un jour ? Est-ce que j'aurai l'expérience que j'ai aujourd'hui un jour ? Je ne savais pas exactement quand, mais je savais que ça allait y arriver parce que je me donne tout en fait, je suis persévérante quelque part. Et c'est comme ça en fait que je suis arrivée dans ce domaine-là. Je me suis rendue compte qu'au-delà de la série, j'ai compris l'avantage que ça pouvait me donner. Aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de femmes dans la TEC et on essaye d'en avoir plus. Mais il faut savoir, même s'il y a des discriminations, moi j'avais décidé que c'est un avantage pour moi. C'est un avantage d'être, même en étant en France en fait, même en allant dans une conférence où tout le monde est blanc, où tout le monde est homme ou machin. Moi, je me dis, peu importe qui est face. En face de moi, j'ai décidé que c'est un avantage. J'ai décidé que les doutes ne vont pas gagner.

  • Chloé

    Je trouve ça vraiment admirable de ouvrir cette confiance en toi. Et même face à des difficultés, même face à des discriminations, même face à des échecs, que tu aies toujours réussi à garder cette confiance en mode guide et que rien ne pouvait t'arrêter. et CueChoc. Chose qui, chaque caillou sur la route, entre guillemets, c'était des apprentissages qui permettaient que tu sois encore plus forte au final parce que ton parcours, il est incroyable. Pour le redire, tu es née en Guinée, ta famille, c'était des agriculteurs dans un village. Tu es la seule à avoir fait des études supérieures. Je ne savais pas des discriminations aussi classistes que tu avais eues en Guinée.

  • Houleymatou

    En Guinée aussi, ouais.

  • Chloé

    et ensuite t'arrives en France tu connais rien, ni personne déjà, puis avec le soutien de ton frère, vous arrivez à monter un dossier et à rendre les choses capables et en fait c'est ça que je trouve hyper incroyable quand on t'écoute quand on voit tout ce que tu fais, c'est qu'en fait c'est un peu l'impression d'être face à une superwoman tu te dis, tu sais genre les superhéroïnes tu te dis, mais en fait même si c'est dur, même si Le monde entier pourrait être contre moi. Si je veux faire ça, je vais arriver à faire ça. Et aujourd'hui, pour moi, tu es une rôle modèle et tu as un visage hyper important de la tech en France. Et c'est hyper fort d'en être arrivée là. Pour les jeunes femmes qui ont envie d'aller dans cette direction-là, quels seraient les conseils que tu donnerais pour les motiver ?

  • Houleymatou

    Je ne sais pas, par contre, si la confiance que j'ai en moi, si je l'ai toujours eue. Je pense que c'est... Je l'ai construit petit à petit avant d'arriver en France, évidemment. C'est aussi ce qui fait de mon parcours ce qu'il est aujourd'hui. C'est aussi, tu vois, toutes les difficultés que je rencontrais, je testais des choses. Et en fait, d'ailleurs, depuis la baie, donc ma région natale, je me suis rendu compte qu'en fait, ça ne marchait pas quand je mettais mon énergie sur me battre, en fait. J'ai appris très tôt à ne pas être sur la posture de « je veux convaincre mes frères » ou « je veux me battre contre tel vieux » ou tel autre personnage, femme ou homme. Mais je mettais mon énergie sur le peu que j'ai fait qui a réussi. Et franchement, je célébrais les choses, tu vois. Je célébrais, je peux te dire, des échecs que j'en ai eus. Mais quand tu rencontres quelqu'un qui me connaît, rarement il va te parler d'un de mes échecs. Parce que vu qu'il voit que les... En fait, je célèbre beaucoup le père que j'ai rencontré dans ma vie. Même si je rencontre une dame qui m'a souri ou un homme qui m'a souri, je vais mettre ça en avant. Et c'est lui qui m'a insulté il y a deux secondes. Ce n'est pas que j'ai oublié, mais je ne vais pas mettre mon énergie là-dessus. Donc en fait... Le fait que j'ai appris très tôt à mettre mon énergie sur ce qui m'importe, ça, ça m'a beaucoup aidé à avancer. Parce qu'une des choses qui fait de mon parcours ce qu'il est aujourd'hui, c'est mon entourage. C'est-à-dire, je ne vais pas te dire que j'ai appris à bien m'entourer. Non, c'est que j'attire des gens qui sont bien, j'attire des gens qui sont positifs et aussi des gens méchants. Mais généralement, il ne reste pas longtemps parce qu'en fait, vu que je ne mets pas mon temps dessus, je les ignore. En fait, ils finissent par partir ou par se désintéresser de moi, en fait, tout simplement.

  • Chloé

    Après, tu sais, on attire ce qu'on dégage aussi. Tu es tellement solaire, tu es tellement positif que forcément, ces gens-là qui voient que ton énergie, tu la mets dans du positif, dans du concret, des choses qui sont utiles, qu'en fait, limite, elles laissent tomber, tu vois, elles s'en fichent, quoi.

  • Houleymatou

    En fait, ce que j'essaie de te dire là, ça ne veut pas dire que ça ne me fait pas mal quand on me fait du mal, ou que je ne me défends pas quand on me fait mal, ou bien quand je vois une action où on devrait se révolter, je ne me révolte pas. C'est juste que je limite vraiment l'énergie que je mets dessus. En fait, je mets mon énergie sur célébrer le positif et essayer que ça, ça s'implante dans mon cerveau. Moi, je suis une rêveuse, mais vraiment une grande rêveuse. J'aime me mettre dans ma bulle et rêver, en fait, et me projeter l'avenir. Enfin, pas l'avenir, mais me dire, je serai là, je serai là. Et comment est-ce que je vais y arriver, en fait, tu vois ? Et en fait, je n'ai pas de... Et franchement, je me rappelle mes copines, quand on était mes copines du collège, une d'entre elles est au Canada. Jusqu'à présent, quand on discute, elle me dit... C'est fou parce que moi, je me rappelle quand on discutait, je te trouvais folle en fait. Je te trouvais, tout ce que tu disais, tu me disais tu vas être ministre de la Guinée, tu vas être ingénieur de ne sais pas quoi. Et tout ce que je citais, je ne suis pas devenue tout. Mais la plupart, elle me dit mais c'est fou parce que tu l'as fait. Mais à ce moment-là, elle me trouvait un peu déconnectée. Mais ce n'est pas ça, c'est que je convaincais mon cerveau que c'est possible en fait. Je ne me suis jamais mis des limites. Et je pense que quand tu te fixes des objectifs haut et que derrière, il y a des actions, même si tu ne vas pas arriver à cet objectif, tu vas quand même avancer. Je pense que le conseil que je donnerais, c'est d'apprendre à bien s'entourer, d'apprendre à mettre son énergie sur les gens que tu partages, les valeurs, les gens que tu aimes, tu es très généreux en fait et partage. Partager, apprendre à partager, mais aussi apprendre à limiter son temps. Et puis l'autre côté, tu ne peux pas rêver grand si tu ne te projettes pas sur, si tu n'as pas de rôle modèle en fait. C'est-à-dire Chloé dont on a parlé, le personnage de la série, au final c'est mon premier rôle modèle. Je me suis projetée sur ce qu'elle faisait, je me suis dit ok, qu'est-ce que je vais mettre en place pour y arriver. Et mon frère qui m'encouragait, quelque part, il voit dans mes yeux que ça me fait plaisir aussi de m'encourager. Et puis, c'est lui qui m'a donné cette éducation. Je pense que lui aussi, il est comme ça. On ne se limite pas, on essaye. Et si jamais ça ne marche pas, ce n'est pas grave. Mais tout ce qui nous arrive, c'est un peu bonus, en fait. Je pense qu'en tout cas, se mettre dans cet état d'esprit-là et que tu vas beau avoir des critiques, des gens qui te critiquent, des gens hostiles à tout ce que tu fais et tout ça. Si tu as cet état d'esprit-là, tu vas y arriver parce qu'en fait, tu ne le fais pas pour eux. Et du moment que tu as décidé de mettre ton énergie sur ce qui t'importe, ces gens qui te critiquent ou des gens négatifs ou racistes, sexistes et tout ça, ils font partir de ce qui ne t'importe pas, en fait. Donc, tu les réponds si tu as l'énergie pour. Et si tu n'as pas l'énergie pour, en tout cas, tu continues d'avancer, en fait, toi. Le racisme, c'est l'un des... C'est le pire aussi que j'ai été victime. Mais voilà, j'ai décidé que je suis victime de personne, que je suis victime de rien. OK, les gens me font de l'insistisse. C'est ce qu'on appelle la définition de victime, c'est ça ? Mais pour moi, la définition aussi de victime, c'est de baisser les bras, en fait, de ne pas se battre. Après, il faut avoir l'énergie. Oui,

  • Chloé

    et bravo pour arriver à puiser cette énergie-là, parce que, comme tu disais, que ce soit en Guinée avec des discriminations classistes, même sexistes, ensuite en France avec du racisme. Ça fait quand même un cumul de beaucoup de choses où il faut le dire, s'il y a des personnes qui baissent les bras face à ça, c'est aussi OK parce que c'est beaucoup. Et c'est difficile de pouvoir faire face à ça. Mais du coup, ce que je trouve, j'aime beaucoup cette mentalité de vraiment se focus sur soi, pas dire que ça ne te blesse pas parce que tu restes un être humain, mais en fait, tu te projettes sur... ton objectif ou tes objectifs, et même si tout le monde te dit « Mais t'es complètement folle parce que tu es ci, ci, ci, tu vas pas arriver à faire ça, ça, ça » , mais toi, en fait, tu restes vraiment « Je me focus sur cette trajectoire-là, là où j'ai envie d'arriver, je mets ça en place pour y arriver. Si j'y arrive pas, en fait, tout ce que j'ai mis en place, c'est pas un échec, c'est ce qui m'a permis de grandir aussi. Et je trouve ça... Je trouve ça très fort, je trouve ça très encourageant. Et tu disais, toi, tu as eu Chloé comme rôle modèle. Aujourd'hui, je pense que Oulématou est un rôle modèle essentiel.

  • Houleymatou

    Je suis flattée. Mais pour te dire, tout à l'heure, tu disais, ceux qui ne veulent pas se battre ou veulent se battre, c'est OK. En fait, au final, j'ai fait les deux. Parfois, c'est de me battre. contre moi-même, tu vois, c'est-à-dire ça m'a fait mal, tu vois, parfois, je recevais des photos montages de singes et moi parce que c'est là ah ouais, c'est si j'ai parfois, il y a des périodes où je vis vraiment le pire et en fait c'est des périodes où je me pose, je regarde c'est quoi mes objectifs, mes ambits d'avancer Ou quand je dis d'avancer, peut-être parfois c'est sur cette cause même sur laquelle je suis victime. Mais du coup, c'est un choix. Est-ce que je me bats ? C'est-à-dire que je lutte pour que je m'en sors moins à ma personne, c'est-à-dire que je me bagarre avec la personne. Peut-être qu'elle ne me le fera plus, mais peut-être que je n'ai plus l'énergie pour me battre pour toutes celles qui me ressemblent. Donc parfois, c'est des parties prises. Ça ne veut pas dire que je laisse passer. Mais parfois, je m'élève juste plus haut que la personne et je deviens encore plus stratège que cette personne-là pour aller porter cette parole encore plus loin et ne pas juste me battre contre cet individu-là parce que finalement, cet individu-là, il y a plein d'autres qui pensent comme lui. Donc, en fait, je veux faire une pierre sans coup, faire autrement. Et ça, généralement, c'est le recul qui me permet ça. Et puis, c'est le fait que aussi je... Je m'accroche aussi à mes envies, à mes rêves de devenir, en fait. Moi, je ne... Et ça, c'est le plus loin que je me souviens. Je ne veux pas être une femme qui est arrivée dans le monde, qui est là pour accompagner les gens. Je veux être leader. Je ne sais pas leader de quoi, mais je veux être leader de mes décisions, de mes envies, de mes projets et des valeurs que je veux porter. Parce que pour moi, au final... tu vois, je signe souvent rendez-vous au sommet. En fait, moi, mon sommet, c'est plein d'étapes. Mais à chacun de ces sommets-là, je considère que quand j'arrive là, j'ai brillé. C'est-à-dire, je m'en fous des yeux des autres. Les gens qui me regardent, qu'ils me disent que j'ai réussi ou autre, ça m'importe peu, mais moi, mon regard à moi. Et moi, à chacune de ces étapes d'où je te disais, je fête chacune de mes victoires, c'est que chacun des paliers, je... Je prends le temps de fêter et de dire là où l'est, tu as brillé, c'est parfait, c'était ton objectif, tu l'as atteint. Et en fait, là où c'est subtil, c'est que jamais je dirais j'ai brillé, je suis arrivée à mon objectif, j'ai brillé. Si je suis seule, tout ce que je ferais, même depuis mon parcours, peu importe, ça sera un truc collectif. Je vais en tout cas agir et réfléchir pour que ça aille au-delà de ma personne. Parce que je sais que, en fait, je suis consciente et fière d'être une femme, d'être noire, d'être, même si j'ai la nationalité, mais d'origine, en tout cas, étrangère en France et tout ça. Donc, je sais que mes actes, et c'est bizarre de dire ça, eh bien, peuvent entraîner pour plein d'autres femmes qui me ressemblent, ou plein d'autres noires qui me ressemblent, ou plein d'autres... Et même s'ils ne sont pas noms, en fait, je suis sur une intersectionnalité où c'est ultra important pour moi de moi réussir, mais de réussir aussi avec mes semblables, en fait, tout simplement. Et donc, ce KPI, ce critère-là, il sera important pour moi. D'où, du coup, parfois, j'arrive à aller au-delà d'une discrimination si je sens que c'est nécessaire pour que j'avance. Et parfois, je peux te dire aussi... J'arrive à aller au-delà juste parce que je n'ai pas l'énergie, en fait. C'est-à-dire que si je me mets à le faire, je vais pleurer, je vais abandonner et je n'ai pas envie. Donc, en fait, j'envoie balader, en tout cas la personne. Et j'essaie de trouver un contournement et d'avancer. Et en général, ça réussit plus tôt parce que parfois, c'est des gens que je rencontre tout au long de mon parcours qui me retrouvent quelques années plus tard et qui se retrouvent à me féliciter. Alors que moi, je me souviens de tout ce qui s'est passé. Mais je ne vais pas revenir sur cette discussion parce que d'abord, au début, je l'avais ignorée. Donc, c'était intéressant pour moi de l'ignorer. Et aujourd'hui, encore plus de l'ignorer parce que ça voudrait dire tout simplement que j'ai réussi à sensibiliser cette personne-là sans faire même de dégâts.

  • Chloé

    Oui, mais c'est ce que je retiens de tout ce que tu dis. C'est cette importance de quand même se centrer sur soi. sur ses objectifs, sur célébrer ses victoires, au-delà du regard des autres, tout en sachant que tout ce que tu fais, tout ce que tu accomplis, ça a un impact qui va forcément au-delà de toi. Et je trouve ça vraiment très très fort, surtout qu'on en discutait quand on avait préparé l'épisode. L'ambition est toujours très bien vue chez les hommes, beaucoup moins chez les femmes. Et toi, tu es méga ambitieuse,

  • Houleymatou

    au cas où les auditeurs... En fait, là où c'est drôle, Chloé, c'est que je suis méga ambitieuse, mais assumée. Oui,

  • Chloé

    c'est ça.

  • Houleymatou

    Je m'invente, en fait. C'est bizarre, mais tu sais, mon mari qui est complètement contraire, c'est-à-dire, il est ultra, tu sais, réservé, humble et tout ça. Et parfois, il me définit le mot humble. Je dis, peut-être que je suis humble ou pas, je ne sais pas. Mais par contre, si c'est pour, tu sais, c'est féliciter ou féliciter quelqu'un de, par exemple, quand je parle de toi, mais je parle d'une personne, surtout d'une personne, tu vois, de mon, en tout cas, une de mes semblables, mais la personne va pleurer tellement je vais parler de, en fait, tu vois, une fois, j'avais fait un poste où je disais, je suis une femme, je suis noire, je suis dans l'informatique, je suis musulmane. Tu dis « eh, alors ? » quelle classe, quoi, tu vois. Et ça, c'est tout à fait moi, en fait. Je pense que tout ce que je suis, j'en suis tellement fière. Si c'était à refaire, j'aurais été comme ça, parce que ça fait partir de ce qui a fait que j'ai réussi. Peut-être que si je n'étais pas comme je suis, peut-être que je n'aurais pas eu ce parcours, peut-être que je n'aurais pas eu cette motivation. Il n'y a pas quelqu'un de meilleur que l'autre, il y a juste des gens qui ont conscientisé, qui sont... avancé, qu'ils ont décidé qu'ils vont avancer. Et ça marche. Parfois, ça ne marche pas parce que là, on parle de parcours et de réussite, mais le nombre de galères que j'ai rencontrées, d'échecs, mais où je suis, l'origine, où je suis la seule responsable. Je me plante mais complètement. C'est juste qu'en fait, dans ce plantage-là, je vais aller chercher un petit truc positif dans ce plantage-là pour m'accrocher dessus et dire OK, au moins, j'ai gagné ça. Je ne suis pas née dans une famille où je n'étais pas censée même aller à l'école, si tu veux. Donc, je pense que j'étais obligée d'avoir la personnalité que j'avais pour que les choses aillent bien pour moi.

  • Chloé

    Oui, non mais clairement. Et puis, tu vois, je trouve que moi, je ne mettrais pas en opposé l'ambition et être humble, en fait. Sauf que souvent, tu vois, c'est un peu pointé du doigt de manière négative quand tu es une femme. mais que alors que... Ce que tu dégages est fou et c'est beaucoup moins pointé de manière négative quand ce sont des hommes qui sont comme ça. Pourquoi est-ce que selon toi, ça te dérange comme ça qu'il y ait des femmes fortes, puissantes, qui disent haut et fort « je suis ça, je réussis ça » versus quand ce sont des mecs qui font ça, tout le monde applaudit et tu vois, c'est normal.

  • Houleymatou

    Parce que tout simplement, la minorité perd toujours. En fait, on n'est pas connus pour ça. C'est pas qu'on n'est pas connus pour ça. C'est-à-dire qu'il y a moins de femmes, même s'elles sont ambitieuses, mais qui l'assument. C'est-à-dire qu'elles l'assument publiquement, qui en parlent et tout ça. Ces derniers temps, il y a quand même une vague qui commence à aller dans ce sens-là et c'est tant mieux. Du coup, vu que d'habitude... Même quelqu'un quand il te pique ton résultat, c'est-à-dire que tu as fait tout le taf, tu as le résultat, lui il vient s'en vanter, tu laisses passer. Le jour qu'il nous... refusent de laisser passer, les gens ne sont pas habitués. C'est comme dans une famille, en fait. Même entre filles et filles, ou entre garçons et garçons. Si tu as deux enfants, un se laisse toujours accepter de partager, accepter toujours l'autre, lui, il pique toujours. Le jour que c'est lui qui ne veut accepter de partager, il ne partage pas, tout le monde l'engueule. Oui, ça chute. C'est ça. Et je pense que c'est pareil aussi, même si c'est plus profond que ça. Mais je pense que... Je pense que le fait que nous, on accepte toujours d'être les généreux, c'est-à-dire d'être celles qui acceptent de s'écraser l'autre monde. Il faut qu'on arrête ça. En fait, j'aime beaucoup, il y a Laetitia Avrault qui me disait, on aura l'égalité femmes-hommes, donc l'équité femmes-hommes, le jour où il y aura un mec nul qui prend des responsabilités. c'est-à-dire une femme nulle qui monte en poste parce qu'en fait si tu veux chez les hommes, vu qu'ils ont l'habitude de faire ça, quand ils le font c'est comme s'ils se considéraient normal donc c'est connoté et en plus il y a un problème de genre aussi de présiger tout ce que tu veux c'est connoté Oui, il est juste... C'est un bon chef, c'est un bon montant. Et quand c'est une femme, elle est hystérique, elle est ceci, elle est cela. C'est à nous de continuer. OK, on va être traité de... On est trop ambitieux, c'est pas bon et tout ça. Mais c'est à nous de continuer quand même à le faire pour que ça devienne normal, tout simplement. Je pense que normaliser les choses, on n'y arrivera pas juste en... En dénonçant, il faut aussi qu'on le fasse. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a la chance, il y a beaucoup d'associations qui œuvrent dans ce sens, qui dénoncent, qui expliquent les choses. Je pense que c'est très bien, mais aujourd'hui, le constat est là, il est fait. Il faut qu'on agisse, et agir, ce n'est pas seulement rentrer dans une asso. Les gens confondent, en fait. Agir, ce n'est pas monter une asso ou se mettre avec plein d'autres personnes et œuvrer, non. Agir, c'est dans le quotidien, dans comment tu fais les choses, dans tes gestes du quotidien, dans ce que tu fais là, ton podcast, c'est ça aussi. C'est donner la parole à des femmes, s'exprimer et tout ça. Et dans ce quotidien, ça vaut aussi le coup de, quand tu as un objectif, de le fêter, mais haut et fort, avec toute la famille, même ceux qui ne veulent pas écouter. Et d'en parler dans les réseaux sociaux et se lapéter, mais vraiment se lapéter avec fierté, avec fierté quoi, avec fierté autour de toi parce que c'est petit à petit. En fait, plus on va célébrer les réussites, les rôles modèles, les parcours, l'entraide et tout ça, petit à petit, l'immense fonctionne comme ça. Plus tu lui martèles que les femmes sont fortes.

  • Chloé

    C'est normalisé, oui.

  • Houleymatou

    C'est des femmes et elles ont des hautes responsabilités. Elles dégonnent et elles sont bonnes. Petit à petit, ça va rentrer. Mais par contre, quand tu passes juste ton temps à dire que les femmes aussi devraient prendre, c'est injuste que les femmes ne l'ont pas et tout ça, c'est très bien puisque tu dénonces. Mais je pense que ce n'est pas seulement ça qui va faire bouger les choses. Il faut des exemples de gens qui ont pris et que ça a marché. Et c'est tellement dommage d'en arriver là. d'arriver à montrer des rôles modèles ou à prouver. C'est dommage, mais je pense que c'est quand même une des actions qui marche le plus aujourd'hui. Il faut le dire. Et ce n'est pas tout le monde qui est à l'aise pour prendre la parole ou pour aller s'inventer ou citer les récits. Et c'est là que c'est intéressant d'avoir les assos, d'avoir des podcasts comme le tien, parce que nous, du coup, cette personne qui n'est pas à l'aise, Pas c'est à nous d'aller l'interviewer, de faire des articles sur la personne ou alors de l'interviewer, même si c'est en audio, en visio, si elle est à l'aise, mais d'aller creuser ces réussites-là, de l'aider à fêter ces choses-là. parce que c'est comme ça, petit à petit, que ça va devenir normal. Parce que je peux te dire que c'est au-delà même du sexisme, tout ça, c'est qu'il y a quand même une chose aussi, c'est qu'il faut qu'on déconstruise en fait l'idée reçue. les présigés et autres qui sont au-delà du sexisme. Parce que parfois, ces présigés, moi, j'ai eu à me battre avec ma propre grande sœur. qui ne comprennent pas comment ça se fait que dans ma maison, mon mari, il fait des trucs et tout ça, tu vois. C'est au-delà juste du sexisme méchant. C'est parfois juste une idéologie. Oui,

  • Chloé

    c'est ancré tellement. On est dans une société qui a normalisé tout ça.

  • Houleymatou

    C'est ça. Quand tu discutes avec nos parents, et pourtant, ils nous adorent, ils nous aiment et tout ça, ils ont une vision complètement biaisée. Et donc, si c'est juste, on revendique, eux-mêmes. nos propres parents qui sont des mamans, des femmes, elles vont être de l'autre côté du truc, contre nous. C'est-à-dire, tu vois. Donc, par contre, si on célèbre les trucs et tout ça, chaque personne, en tout cas, sauf ceux qui t'aiment pas, que tu n'arriveras jamais à convaincre, et ça, ceux-là, tu t'en fous. En tout cas, les personnes qui sont cool, qui ont un cerveau, tu commences à fêter, ils se mettront avec toi pour fêter. Et petit à petit, ça va rentrer dans leur cerveau que toi aussi, tu... tu y arrives et que c'est normal, en fait.

  • Chloé

    Mais j'aime cette notion de célébrer, d'être fière et d'encourager, quand nous, on a cette posture-là, d'encourager celles autour de nous à se rendre compte qu'elles aussi peuvent être fières et célébrer. Quand j'ai préparé certains épisodes, je sais qu'il y en avait qui disaient « j'ai rien à raconter, j'ai rien fait » . Et en fait, c'est de les accompagner à se dire mais si Si tu as fait, si tu as des choses à raconter, si tu as des choses à célébrer. Donc, je pense que c'est important de s'entourer comme ça. Et du coup, ça me fait la transition avec ce que tu fais avec Yesso depuis 2023 et le réseau IT Women. Et le livre que vous venez de sortir cette année, qui est un projet magnifique. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ce que vous faites, de ce livre et de ce qui a motivé tout ça ? Même si du coup, on s'en doute un peu. le fait de célébrer ces rôles modèles-là.

  • Houleymatou

    C'est une asso qui œuvre pour l'équité professionnelle femmes-hommes. Donc, on fait des actions de la maternelle au monde du travail. En maternelle, on est sur l'équité filles-garçons. Donc, c'est déconstruire un peu ces idées reçues, les présiger sur un essange. Et puis, vraiment fondre, discuter avec les enfants et amener le sujet. Et puis, au collège, on est sur la cartographie. On est sur des métiers, on est sur des témoignages de femmes, on est sur en tout cas des discussions et montrer c'est quoi le quotidien, un domaine informatique de femmes ou d'hommes. Et surtout aussi de montrer que les femmes aussi sont dans ce domaine et c'est surtout elles cartonnent en fait dans ce domaine. Donc en tant que femmes, on vient de témoigner, on parle de nos journées types, on parle de l'importance de notre rôle, notre rôle dans l'équipe. et le pouvoir qu'on donne aussi à l'équipe avec notre vision de femme, tout simplement. Donc, c'est les informer, ces collégiens sur les métiers, les inspirer par nos parcours et puis répondre à leurs questions. Au lycée, pareil, c'est pareil avec de la sensibilisation aussi sur le sexisme parce que les lycéens avec l'alternance, en moins de trois ans, ils sont dans le monde du travail. Donc, c'est essayer de trouver des alliés. sur ces filles et garçons, du sexisme ordinaire qui se passe à la machine à café, de se dire qu'il n'y a pas que la femme seulement qui répond. Parce que, comme je te disais tout à l'heure, si ça se trouve, elle n'a pas l'énergie pour. Et si ça se trouve, elle a décidé de ne pas mettre son focus sur ça. Donc, qu'il y ait au moins quelqu'un d'autre qui rêve et qui dit stop, ce n'est pas normal. Après, dans le monde du travail, en entreprise, on accompagne les entreprises dans leur démarche de mixité. Et à côté de ça, donc... On a le réseau Aïchi Némen dont tu as parlé. Ce réseau, aujourd'hui, c'est l'île de mes fiertés. Ce n'est même pas le livre, c'est l'entraide qui est autour de ce réseau et comment il est en train de grandir et les retours que j'ai de ce qui se passe dans ce réseau et du bien que ça apporte aux femmes qui sont dans le réseau puisque du coup, on fait du mentorat. On a de la sororité, puis on a des essences, on a des masterclass, du coding game, tout ce que tu veux, on s'entraide. Et l'idée de ce réseau, c'est au-delà du mentorat, c'est s'entraider, performer ensemble et surtout apprendre à communiquer aussi sur nos performances, à célébrer tout ça, tu vois. Donc voilà, une bourse de motivation et d'entraide et de dire… En fait, il n'y a pas beaucoup de femmes dans la tech, mais le peu de femmes qui sont dedans, si on fait assez de bruit, on va croire qu'on est 50% et c'est le but en fait. Donc voilà, le but, c'est d'arnaquer le public, d'accord ? Pour qu'ils comprennent qu'on est 50% ou plus, parce que déjà, on est compétente, mais aussi parce qu'on est importante, en fait, tout simplement. Après, à côté de ça, on a nos conférences. Donc, on a une fois par mois une conférence ici à Lyon et à Nantes, montée par Angie. Je ne sais pas si tu as suivi, il y a Yesso. Donc Angie, elle aussi, elle anime les conférences là-bas. C'est l'antenne IESO qu'elle a montée. Donc on est en train de s'implanter partout, implanter notre pouvoir de femme de la tech, de célébration et de performance, parce qu'on est performante, tout simplement. Après, le dernier qui est nouveau, c'est le livre qui est sorti le 26 mai dernier. Donc c'est un livre qui célèbre les femmes de la tech. On aura beaucoup parlé de célébrer les femmes de la tech parce qu'on met en avant 52 portraits de femmes de la tech. Et c'est 52 qui recommandent 52 autres. Au final, il y en a 104 dans le livre. Et puis, des actions aussi, des actions pratiques, ultra applicables pour les entreprises. Des articles sur la mixité, sur les métiers de la tech. Qu'est-ce que c'est que l'UA, par exemple. Les cartes pratiques et tout ça. Donc, il y a un bout d'une semaine, on était top 1 sur Amazon, des ventes Amazon. Donc, ça, c'est une fierté. Et puis, il y a des discussions aussi avec les métropoles pour pouvoir le distribuer dans les collèges et lycées. On est en discussion là avec plusieurs collectivités, des associations pour que vraiment, vraiment des milliers, j'espère, de collégiens et lycéens l'aient. Chez lui, que ce soit en version papier ou numérique, comme je me suis dit il y a quelques années que c'est possible, c'est possible pour eux aussi. Il suffit juste de s'ouvrir en fait et de rêver grand, de rêver, de ne pas se limiter et de mettre son énergie sur ce qui nous importe et d'avancer.

  • Chloé

    Oui, vraiment bravo pour ce projet, pour tout ce que vous faites. Est-ce que tu te rends compte en deux ans ? tout ce que vous avez accompli là. Tu arrives à en prendre conscience ? Comment c'est dans ta tête là ?

  • Houleymatou

    En fait, tu as dit pendant toute la discussion que je célèbre et tout ça, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas dure avec moi-même. Ultra dure avec moi-même parce que je célèbre, mais je passe vite aussi à un autre sujet où je me plains encore. C'est pas que je me plains, je dis « Ah, ça, c'est pas fait, il faut que je fasse ça. » Et du coup, je passe focus à ça aussi et j'arrive et je fais l'épreuve et je passe encore. Donc oui, je me rends compte dans le sens, je pense que là où je suis le plus fière, c'est même au-delà des actions qu'on a faites parce qu'on a touché vraiment beaucoup de monde, c'est l'équipe solide qu'on a montée en fait. Quand je vois, tout à l'heure, je te parlais d'Angie à Paris et à Nantes. Quand je vois, je suis allée pour son lancement, il n'y avait même pas de place assise tellement la salle était remplie. Je te jure, la meuf, elle a réuni tout. C'était ultra, ultra inspirant. Mais par contre, quand je prends la hauteur et dire, oui, j'aimerais qu'on touche, puisque comme je te disais, je suis très ambitieuse. Donc parfois. je me mets des ambitions, mais il trahit tellement haut, je veux toucher des milliers, alors qu'il faut faire step by step, tu vois. Donc, j'ai hâte de nous voir dans deux ans, parce que je pense qu'on aura vraiment fait vraiment beaucoup de choses et j'espère qu'on aura fait avancer quelques lignes. Et tout mon rêve, c'est de voir cette association atterrir en Afrique, l'Afrique de l'Ouest, et de voir toute mon équipe. là, se dire ok, j'ai fait des actions en France et je touche l'Afrique et je suis fière.

  • Chloé

    Ouais, non mais c'est magnifique comme rêve, en tout cas je me fais aucun souci, je suis certaine que quand on va pouvoir réécouter cet épisode dans deux ans, on se dira putain mais elle a fait tout ça ! Elles l'ont fait tout ça et en tout cas, moi vraiment je voudrais t'applaudir 10 000 fois et célébrer, prendre le temps de célébrer. ces deux années-là, tout ce que vous avez fait, ce livre qui, je pense, va avoir un impact incroyable. Et je suis certaine que les lignes vont bouger. Elles sont déjà en train de bouger. Et on le voit avec ton parcours, celui d'Angie aussi. Angie qui a un parcours qui est exceptionnel. Et elle revient de très, très loin. D'ailleurs, on avait fait un épisode ensemble. Et je suis fière de pouvoir vous voir comme ça. Et ça fait du bien. Je pense que les lignes bougent déjà et vont continuer de bouger. Et on aura plein, plein de belles histoires encore à raconter.

  • Houleymatou

    Oui, je pense que c'est ça, c'est la, en tout cas la beauté du Yesso et de ses actions, c'est cette équipe qui s'est formée. On essaie de faire en sorte qu'on mette des actions sur ce qui est extra chez les femmes, le positif chez les femmes et le célébrer le maximum parce que si tu veux, c'est ce qu'on ne fait pas assez, je trouve. Et c'est tant mieux qu'il y ait d'autres approches aussi. Notre approche et plusieurs approches qui existent sont complémentaires. Mais en tout cas, moi, j'ai décidé de mettre mon temps sur un carton. Et puis voilà, bravo.

  • Chloé

    Ben ouais, franchement, bravo. Et pour finir notre échange, je sais que ça va être dur parce que tu es entourée de plein de rôles modèles de ouf. Mais dis-moi, est-ce qu'il y a une personne ? Il ne faut en choisir qu'une, donc là c'est la difficulté que tu aimerais entendre dans ce podcast.

  • Houleymatou

    En fait, j'aurais du mal à te proposer où, parce que je connais déjà celles qui sont passées, je pense, qui sont dans mon réseau, qui sont passées. Mais là, à tête froide comme ça, je penserais à Angelique Jarre, que je trouve extra, puisque extra, surtout son parcours technique est vraiment formidable. Et puis franchement, elle est... Merci. Angélique, c'est tout mon contraire. C'est une force tranquille. Elle est ultra inspirante, cette fille. Et puis, je ne sais pas si tu as Isseline Louvé. Note-toi. Note-toi, c'est finie. Oui, oui,

  • Chloé

    t'inquiète.

  • Houleymatou

    Isseline Louvé aussi, elle est top. Elle a un parcours et puis, tu sais, elle est franche. Franchement, elle n'a pas de tabou aussi. Franchement, si je pouvais, tu intervivrais tous les jours. Mais oui, je te remercie en tout cas pour cette discussion. En tout cas, ma vision des choses, c'est qu'on va y arriver et on va y arriver et on sait qu'on va y arriver et on a décidé qu'on va y arriver et on va avancer.

  • Chloé

    Je suis à fond avec toi et continuons dans cette route et avec ce mantra. Merci beaucoup, Ouléma, pour cet échange, pour tout ce que tu fais, tout ce que tu partages, toute l'énergie que tu donnes. Je pense que c'est important de le dire, de dire merci et de te féliciter. Et c'était un plaisir, comme à chacune de nos discussions, d'échanger avec toi. Donc, merci beaucoup.

  • Houleymatou

    Merci, Chloé. Et bravo pour ton podcast. Et bon vin à ce podcast. Et voilà, rendez-vous au sommet, quoi.

  • Chloé

    Yes.

  • Houleymatou

    Salut.

  • Chloé

    Un grand merci pour ton écoute. On se retrouve lundi dans deux semaines pour la découverte d'une nouvelle meneuse. J'espère que l'épisode t'a plu. Si c'est le cas, laisse-moi ton avis sur la plateforme que tu utilises. Et s'il te reste encore un peu de temps, partage cet épisode à ton entourage pour faire un gros big up à notre meneuse du jour. La bise si tu le veux bien et toujours plein de loutres dans ta vie. Ciao !

Chapters

  • Introduction & parcours inspirant d’Houleymatou Baldé

    00:00

  • De la Guinée à la tech : inspiration et premiers rêves

    02:15

  • Arrivée en France : résilience et confiance en soi

    09:40

  • Trouver sa place et oser en tant que femme dans la tech

    15:20

  • Rêver grand, célébrer ses victoires, inspirer les autres

    18:00

  • Yeso & IT Women : bâtir la sororité dans la tech

    33:00

  • Le livre des femmes de la tech : 104 parcours inspirants

    41:00

  • Vision, transmission et avenir des femmes dans la tech

    45:00

Description

Elle a grandi en Guinée, dans un village où peu de filles allaient à l’école. Aujourd’hui, Houleymatou Baldé est ingénieure informatique, maman, militante, et cofondatrice du réseau Yesso, qui œuvre pour plus d’équité dans la tech.


Dans cet épisode, elle raconte comment elle a transformé les discriminations (de classe, de genre, et de racisme) en carburant de réussite. Comment elle a appris à rêver grand, à célébrer ses victoires, et à bâtir une communauté de femmes puissantes et solidaires dans la tech.

Un échange vibrant, sans filtre, sur la confiance, la persévérance et la force collective.


💡 Au programme :

  • Grandir femme dans un monde qui te dit “tu ne peux pas”

  • Transformer la différence en force

  • Rêver grand, même quand tout semble impossible

  • Bâtir des réseaux d’entraide féminine

  • Célébrer, briller, et inspirer les prochaines générations

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Transcription

  • Houleymatou

    Je ne sais pas bien parler français, j'intègre un parcours où je ne sais même pas allumer l'ordinateur, pour tout te dire. Et je suis noire, et je suis une femme, et je suis toute petite, et je suis perdue. Et en plus de ça, sans môme, je suis pauvre.

  • Chloé

    Hello, c'est lundi et tu fais bien d'écouter Les Meneuses pour lancer ta semaine avec une dose d'inspiration. C'est Chloé, ta podcasteuse préférée, et aujourd'hui j'accueille Houleymatou Baldé, ingénieure informatique, mentor, speaker, fondatrice de Yesso et j'en passe. De la Guinée à la tech française, elle nous montre comment rêver grand, célébrer ses victoires et transformer les obstacles en leviers. Allez, installe-toi confortablement. C'est bon ? Alors c'est parti, bonne écoute ! Et si l'épisode te plaît, pense à le partager. Bonjour Houleymatou, comment est-ce que tu vas ?

  • Houleymatou

    Bonjour Chloé, comme je te disais, il y a deux secondes, tout va bien, même si l'actualité est un peu compliquée, mais j'essaie que tout aille. Oui,

  • Chloé

    une actu un petit peu compliquée, surtout quand on est militante et qu'on porte des sujets importants comme toi. Pour les personnes qui ne te connaissent pas, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

  • Houleymatou

    Je suis ingénieure informatique depuis... Depuis bientôt dix ans, je suis d'origine guinéenne. Donc aujourd'hui, j'ai la double nationalité guinéenne et française. Et je suis une maman épanouie de deux filles, deux jolies princesses. Et puis une femme, une épouse aussi épanouie et surtout une femme engagée aussi. pour l'inclusion dans mon domaine, qui est la tech.

  • Chloé

    C'est une femme aux mille casquettes, parce que tu fais tellement de choses. On va pouvoir en parler durant cet épisode ensemble et essayer de balayer un petit peu ton parcours et tout ce que tu fais, parce que tu fais énormément pour la communauté tech. Avant de rentrer un peu plus dans ce détail-là, j'aimerais bien qu'on fasse un petit pas en arrière. Et comment on découvre, comment est-ce que tu es tombée dans la tech ? Sur ton LinkedIn, tu parles de ta passion pour la série 24 heures chrono et la merveilleuse Chloé qui jouait dedans, je l'adorais aussi. Est-ce que tu peux nous parler de cette découverte de la tech ?

  • Houleymatou

    Alors là déjà, je te félicite parce que ça veut dire que tu as bon goût, d'accord ? Parce que tu es fan de Chloé aussi, de la série 24 heures chrono. Donc les jeunes qui nous écoutent, ils ne comprendront rien.

  • Chloé

    C'est possible.

  • Houleymatou

    Donc, ouais, en fait, moi, mon envie, en tout cas, je ne dirais pas passion, mais mon envie de faire de l'informatique, donc d'évoluer dans la tech, date d'il y a très longtemps, parce que j'avais 12-13 ans, j'étais au collège. Je faisais partie d'une troupe de théâtre. Et en fait, pour mieux jouer avec mes copines, on allait au vidéoclub pour voir des films. Et donc, c'est comme ça que je suis tombée sur cette série 24 heures chrono dans un vidéoclub. Et en fait, je suis tombée vraiment, vraiment fan, fan de cette série. Mais je pense que c'était au-delà de la série. C'est nos personnages de Chloé que j'adorais. Et en fait, elle était impressionnante. Son rôle, elle jouait l'experte informatique. dans la série, mais c'est surtout que c'était une leader, en fait, Chloé. Une leader dans le sens que OK, Jacques Boer, c'est l'acteur principal et tout qui est sur le terrain, mais sans Chloé, rien ne se passe. Donc, j'ai été intriguée par le métier, le rôle qu'elle tenait, l'experte informatique. Et puis, j'ai commencé à questionner. Il y avait mon frère, mon grand frère, qui était né. qui est mon soutien numéro un. Et donc, je lui parlais de la série. Il commence à regarder et il commence à encore m'encourager dans mon envie de faire ce métier-là parce qu'il voyait comment la femme là excellait et tout. Et puis, la chance que j'avais aussi, j'ai grandi dans une culture où, quand il s'agit des études, il n'y a pas d'une fille, c'est ça, un garçon, c'est ça. La ville où j'ai grandi, le patriarcat, ça existe à 10 000 fois. Mais pas seulement ça. C'est-à-dire, le bac S, tout le monde peut en faire. Tu peux le faire du moment que déjà tu es scolarisé. Parce qu'il faut savoir que les filles, il n'y a pas beaucoup qui sont scolarisées. Donc, du coup, il m'a dit, go, tu vas faire ça. J'intègre un lycée privé de la capitale. En tout cas, je mets toutes les chances de mon côté pour pouvoir faire informatique en Guinée. Parce que mon rêve, c'était d'aller à la capitale guinéenne, en fait, pour faire le lycée et puis faire l'université. Sauf qu'en fait, je n'avais pas anticipé en intégrant ce lycée privé, donc une classe sociale autre que la mienne, que mon rêve aussi allait grandir, en fait, s'élever. C'est vraiment un lycée d'élite. Et donc, du coup, eux, leur destin, enfin, en tout cas, leur rêve, et au-delà de leur rêve, c'est possible, c'est plus qu'un rêve, c'est d'aller aux États-Unis faire une université en France, certains au Maroc, les plus modestes. Et je me dis, mais pourquoi moi, je veux faire la Guinée et tout ? OK, je n'ai pas les moyens, mais peut-être, pourquoi pas rêver plus grand ? On parle à mon frère et il me dit, ok, là, ça va être compliqué puisqu'on ne peut pas devenir riche du jour au lendemain. Mais par contre,

  • Chloé

    malheureusement,

  • Houleymatou

    c'est toute une stratégie qui était derrière. Donc, il me dit, écoute, ce qu'on va faire, essaye de... En fait, il y avait deux conditions. Il faut avoir un bon dossier. pour se présenter à l'ambassade de France, ce qu'on appelle coopération française, donc Campus France. Et si une université, déjà sur dossier, il étudie une sorte de concours, enfin, ce n'est pas un concours, mais sur présentation de dossier, s'il t'accepte, tu te présentes pour les universités françaises. S'il a aussi été sélectionné, arrive le moment difficile, c'est-à-dire le visa. Et pour avoir le visa, il faut avoir un compte bancaire. de 6 500 euros et 6 500 euros, c'est plus de 60 millions francs guinéens, en fait.

  • Chloé

    C'est énorme.

  • Houleymatou

    C'est ultra cher, mais ultra pas accessible pour nous. Mais mon frère me dit, bah écoute, moi j'aimerais bien quand même qu'on tente ce qui est à notre niveau. On sait jamais si quelqu'un de riche peut nous aider ou si par chance notre vie va changer, mais essaye, tu vois. Et donc, c'était juste essayer. On sait que je ne vais pas y aller puisqu'on n'a pas la deuxième condition. Et donc, j'essaie. Et en fait, déjà avant d'essayer ça, je faisais des concours de maths, physique, chimie. Il faut savoir que moi, quand j'étais élève, que ce soit dans ma région ou à la capitale, je faisais partir des meilleurs en maths, physique, chimie. Mais là où je n'étais pas bonne, c'est français, anglais, toutes les matières. Tu vois, de langue et autre, puisque souvent, en fait, dans les villages d'où je viens, on t'enseigne un peu en langue maternelle parce qu'on est au village, c'est très compliqué. Donc, le français, je parle ultra mal. D'ailleurs, je suis arrivée comme ça en France. Et donc, du coup, je faisais ces concours et j'avais réussi dans mon lycée quand je suis arrivée. J'étais un peu celle que tout le monde se moquait parce que déjà, je suis mal habillée, enfin. Pas mal habillée, mais pour eux, je suis pauvre en fait.

  • Chloé

    Oui, on n'est pas sur la même classe sociale, donc on voit des différences par rapport.

  • Houleymatou

    Et en plus, je m'exprime très mal. Si tu veux, en Guinée, c'est un peu un signe de richesse quand tu parles bien français. Donc du coup, j'étais un peu la risée de tout le monde. Mais mon frère m'avait dit, écoute, le jour où tu seras meilleure en classe, tu as les meilleures notes sur les matières que tu es bon. ils seront obligés de faire avec toi, en fait. Donc, je passe un peu de la villageoise de la classe, d'où, du coup, j'en ai carrément gardé ce mot, villageoise. Villageoise de la classe à chef de classe, en fait. En fait, j'ai toujours été audacieuse, en fait. C'est-à-dire que, OK, vous vous moquez, je vais faire en sorte d'avoir les meilleures notes et tout ça, dans, en tout cas, les matières que j'arrivais un peu. Et puis, c'est surtout, je vais avoir l'audace de me présenter chef de classe, tu vois. Ça, je pense que c'était juste pour un peu me révéler, tu vois. Sauf que, chose faite. Et donc, du coup, tout va bien cette année-là et je me présente, j'obtiens une admission pour une université française. Et normalement, ça devait s'arrêter. Mais en fait, non, c'est ça. Quand c'est sur mon frère, il se met à monter tout un dossier, tout un truc où il me pose des questions. J'explique tout ce que j'ai fait au village. Il me dit ça, tu devras expliquer ça à ton oncle tel ou à la tante telle. Et c'est comme ça qu'il y a eu une sorte de solidarité, vraiment une solidarité énorme, parce qu'il y a mon oncle qui vit en Espagne, qui nous a aidés avec 5 000 euros. Et donc les 1500, je peux te dire que tous les gens que je connais ont mis de l'argent. Et après, on a eu le montant et on a même eu mon petit montant d'argent de poche. Et je suis arrivée en France comme ça, en fait. Et j'atterris en France pour faire des études d'informatique avec l'ambition d'être ingénieure informatique. Sauf que je n'ai aucun prérequis. Ah, Chloé. J'arrive dans un pays, dans une ville où je ne connais personne. Je suis complètement perdue. Je ne sais pas bien parler français. J'intègre un parcours où je ne sais même pas allumer l'ordinateur, pour tout te dire. Et je suis noire. Et je suis une femme. Et je suis toute... petite et je suis perdue. Et en plus de ça, sans môme, je suis pauvre. Voilà, j'ai fait ce que je sais faire toujours, essayer de m'intégrer, essayer de me faire des copains, d'avancer même si c'était ultra difficile parce que je quimilais tout en fait, je quimilais tout. La pauvreté, les doutes que j'avais moi-même parce que quand tu arrives dans un endroit que tu connais bien, tu doutes de tout en fait. Et puis, tu te mets même toi des bâtons sur les roues, plus ceux que les gens te mettent. Donc, c'était très compliqué. Mais au final, la seule chose, la force que j'avais, c'est que j'ai appris très tôt à avoir confiance en moi. C'est-à-dire qu'il m'arrive de douter sur un sujet. Il m'arrive à douter, mais la confiance et puis ma certitude de savoir que je vais réussir m'aident toujours à lever ces doutes. Je savais que c'était tout un investissement. Toute ma famille comptait sur moi. Mon frère me faisait tellement confiance. Je ne me suis jamais donné une option de ne pas réussir. C'est-à-dire que l'échec, pour moi, fait partir du chemin. L'exemple, par exemple, à l'université Lyon 1, j'ai redoublé. Je ne sais même pas combien de fois des matières. Mais je n'ai jamais douté. Est-ce que je serai diplômée un jour ? Est-ce que j'aurai un emploi un jour ? Est-ce que j'aurai l'expérience que j'ai aujourd'hui un jour ? Je ne savais pas exactement quand, mais je savais que ça allait y arriver parce que je me donne tout en fait, je suis persévérante quelque part. Et c'est comme ça en fait que je suis arrivée dans ce domaine-là. Je me suis rendue compte qu'au-delà de la série, j'ai compris l'avantage que ça pouvait me donner. Aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de femmes dans la TEC et on essaye d'en avoir plus. Mais il faut savoir, même s'il y a des discriminations, moi j'avais décidé que c'est un avantage pour moi. C'est un avantage d'être, même en étant en France en fait, même en allant dans une conférence où tout le monde est blanc, où tout le monde est homme ou machin. Moi, je me dis, peu importe qui est face. En face de moi, j'ai décidé que c'est un avantage. J'ai décidé que les doutes ne vont pas gagner.

  • Chloé

    Je trouve ça vraiment admirable de ouvrir cette confiance en toi. Et même face à des difficultés, même face à des discriminations, même face à des échecs, que tu aies toujours réussi à garder cette confiance en mode guide et que rien ne pouvait t'arrêter. et CueChoc. Chose qui, chaque caillou sur la route, entre guillemets, c'était des apprentissages qui permettaient que tu sois encore plus forte au final parce que ton parcours, il est incroyable. Pour le redire, tu es née en Guinée, ta famille, c'était des agriculteurs dans un village. Tu es la seule à avoir fait des études supérieures. Je ne savais pas des discriminations aussi classistes que tu avais eues en Guinée.

  • Houleymatou

    En Guinée aussi, ouais.

  • Chloé

    et ensuite t'arrives en France tu connais rien, ni personne déjà, puis avec le soutien de ton frère, vous arrivez à monter un dossier et à rendre les choses capables et en fait c'est ça que je trouve hyper incroyable quand on t'écoute quand on voit tout ce que tu fais, c'est qu'en fait c'est un peu l'impression d'être face à une superwoman tu te dis, tu sais genre les superhéroïnes tu te dis, mais en fait même si c'est dur, même si Le monde entier pourrait être contre moi. Si je veux faire ça, je vais arriver à faire ça. Et aujourd'hui, pour moi, tu es une rôle modèle et tu as un visage hyper important de la tech en France. Et c'est hyper fort d'en être arrivée là. Pour les jeunes femmes qui ont envie d'aller dans cette direction-là, quels seraient les conseils que tu donnerais pour les motiver ?

  • Houleymatou

    Je ne sais pas, par contre, si la confiance que j'ai en moi, si je l'ai toujours eue. Je pense que c'est... Je l'ai construit petit à petit avant d'arriver en France, évidemment. C'est aussi ce qui fait de mon parcours ce qu'il est aujourd'hui. C'est aussi, tu vois, toutes les difficultés que je rencontrais, je testais des choses. Et en fait, d'ailleurs, depuis la baie, donc ma région natale, je me suis rendu compte qu'en fait, ça ne marchait pas quand je mettais mon énergie sur me battre, en fait. J'ai appris très tôt à ne pas être sur la posture de « je veux convaincre mes frères » ou « je veux me battre contre tel vieux » ou tel autre personnage, femme ou homme. Mais je mettais mon énergie sur le peu que j'ai fait qui a réussi. Et franchement, je célébrais les choses, tu vois. Je célébrais, je peux te dire, des échecs que j'en ai eus. Mais quand tu rencontres quelqu'un qui me connaît, rarement il va te parler d'un de mes échecs. Parce que vu qu'il voit que les... En fait, je célèbre beaucoup le père que j'ai rencontré dans ma vie. Même si je rencontre une dame qui m'a souri ou un homme qui m'a souri, je vais mettre ça en avant. Et c'est lui qui m'a insulté il y a deux secondes. Ce n'est pas que j'ai oublié, mais je ne vais pas mettre mon énergie là-dessus. Donc en fait... Le fait que j'ai appris très tôt à mettre mon énergie sur ce qui m'importe, ça, ça m'a beaucoup aidé à avancer. Parce qu'une des choses qui fait de mon parcours ce qu'il est aujourd'hui, c'est mon entourage. C'est-à-dire, je ne vais pas te dire que j'ai appris à bien m'entourer. Non, c'est que j'attire des gens qui sont bien, j'attire des gens qui sont positifs et aussi des gens méchants. Mais généralement, il ne reste pas longtemps parce qu'en fait, vu que je ne mets pas mon temps dessus, je les ignore. En fait, ils finissent par partir ou par se désintéresser de moi, en fait, tout simplement.

  • Chloé

    Après, tu sais, on attire ce qu'on dégage aussi. Tu es tellement solaire, tu es tellement positif que forcément, ces gens-là qui voient que ton énergie, tu la mets dans du positif, dans du concret, des choses qui sont utiles, qu'en fait, limite, elles laissent tomber, tu vois, elles s'en fichent, quoi.

  • Houleymatou

    En fait, ce que j'essaie de te dire là, ça ne veut pas dire que ça ne me fait pas mal quand on me fait du mal, ou que je ne me défends pas quand on me fait mal, ou bien quand je vois une action où on devrait se révolter, je ne me révolte pas. C'est juste que je limite vraiment l'énergie que je mets dessus. En fait, je mets mon énergie sur célébrer le positif et essayer que ça, ça s'implante dans mon cerveau. Moi, je suis une rêveuse, mais vraiment une grande rêveuse. J'aime me mettre dans ma bulle et rêver, en fait, et me projeter l'avenir. Enfin, pas l'avenir, mais me dire, je serai là, je serai là. Et comment est-ce que je vais y arriver, en fait, tu vois ? Et en fait, je n'ai pas de... Et franchement, je me rappelle mes copines, quand on était mes copines du collège, une d'entre elles est au Canada. Jusqu'à présent, quand on discute, elle me dit... C'est fou parce que moi, je me rappelle quand on discutait, je te trouvais folle en fait. Je te trouvais, tout ce que tu disais, tu me disais tu vas être ministre de la Guinée, tu vas être ingénieur de ne sais pas quoi. Et tout ce que je citais, je ne suis pas devenue tout. Mais la plupart, elle me dit mais c'est fou parce que tu l'as fait. Mais à ce moment-là, elle me trouvait un peu déconnectée. Mais ce n'est pas ça, c'est que je convaincais mon cerveau que c'est possible en fait. Je ne me suis jamais mis des limites. Et je pense que quand tu te fixes des objectifs haut et que derrière, il y a des actions, même si tu ne vas pas arriver à cet objectif, tu vas quand même avancer. Je pense que le conseil que je donnerais, c'est d'apprendre à bien s'entourer, d'apprendre à mettre son énergie sur les gens que tu partages, les valeurs, les gens que tu aimes, tu es très généreux en fait et partage. Partager, apprendre à partager, mais aussi apprendre à limiter son temps. Et puis l'autre côté, tu ne peux pas rêver grand si tu ne te projettes pas sur, si tu n'as pas de rôle modèle en fait. C'est-à-dire Chloé dont on a parlé, le personnage de la série, au final c'est mon premier rôle modèle. Je me suis projetée sur ce qu'elle faisait, je me suis dit ok, qu'est-ce que je vais mettre en place pour y arriver. Et mon frère qui m'encouragait, quelque part, il voit dans mes yeux que ça me fait plaisir aussi de m'encourager. Et puis, c'est lui qui m'a donné cette éducation. Je pense que lui aussi, il est comme ça. On ne se limite pas, on essaye. Et si jamais ça ne marche pas, ce n'est pas grave. Mais tout ce qui nous arrive, c'est un peu bonus, en fait. Je pense qu'en tout cas, se mettre dans cet état d'esprit-là et que tu vas beau avoir des critiques, des gens qui te critiquent, des gens hostiles à tout ce que tu fais et tout ça. Si tu as cet état d'esprit-là, tu vas y arriver parce qu'en fait, tu ne le fais pas pour eux. Et du moment que tu as décidé de mettre ton énergie sur ce qui t'importe, ces gens qui te critiquent ou des gens négatifs ou racistes, sexistes et tout ça, ils font partir de ce qui ne t'importe pas, en fait. Donc, tu les réponds si tu as l'énergie pour. Et si tu n'as pas l'énergie pour, en tout cas, tu continues d'avancer, en fait, toi. Le racisme, c'est l'un des... C'est le pire aussi que j'ai été victime. Mais voilà, j'ai décidé que je suis victime de personne, que je suis victime de rien. OK, les gens me font de l'insistisse. C'est ce qu'on appelle la définition de victime, c'est ça ? Mais pour moi, la définition aussi de victime, c'est de baisser les bras, en fait, de ne pas se battre. Après, il faut avoir l'énergie. Oui,

  • Chloé

    et bravo pour arriver à puiser cette énergie-là, parce que, comme tu disais, que ce soit en Guinée avec des discriminations classistes, même sexistes, ensuite en France avec du racisme. Ça fait quand même un cumul de beaucoup de choses où il faut le dire, s'il y a des personnes qui baissent les bras face à ça, c'est aussi OK parce que c'est beaucoup. Et c'est difficile de pouvoir faire face à ça. Mais du coup, ce que je trouve, j'aime beaucoup cette mentalité de vraiment se focus sur soi, pas dire que ça ne te blesse pas parce que tu restes un être humain, mais en fait, tu te projettes sur... ton objectif ou tes objectifs, et même si tout le monde te dit « Mais t'es complètement folle parce que tu es ci, ci, ci, tu vas pas arriver à faire ça, ça, ça » , mais toi, en fait, tu restes vraiment « Je me focus sur cette trajectoire-là, là où j'ai envie d'arriver, je mets ça en place pour y arriver. Si j'y arrive pas, en fait, tout ce que j'ai mis en place, c'est pas un échec, c'est ce qui m'a permis de grandir aussi. Et je trouve ça... Je trouve ça très fort, je trouve ça très encourageant. Et tu disais, toi, tu as eu Chloé comme rôle modèle. Aujourd'hui, je pense que Oulématou est un rôle modèle essentiel.

  • Houleymatou

    Je suis flattée. Mais pour te dire, tout à l'heure, tu disais, ceux qui ne veulent pas se battre ou veulent se battre, c'est OK. En fait, au final, j'ai fait les deux. Parfois, c'est de me battre. contre moi-même, tu vois, c'est-à-dire ça m'a fait mal, tu vois, parfois, je recevais des photos montages de singes et moi parce que c'est là ah ouais, c'est si j'ai parfois, il y a des périodes où je vis vraiment le pire et en fait c'est des périodes où je me pose, je regarde c'est quoi mes objectifs, mes ambits d'avancer Ou quand je dis d'avancer, peut-être parfois c'est sur cette cause même sur laquelle je suis victime. Mais du coup, c'est un choix. Est-ce que je me bats ? C'est-à-dire que je lutte pour que je m'en sors moins à ma personne, c'est-à-dire que je me bagarre avec la personne. Peut-être qu'elle ne me le fera plus, mais peut-être que je n'ai plus l'énergie pour me battre pour toutes celles qui me ressemblent. Donc parfois, c'est des parties prises. Ça ne veut pas dire que je laisse passer. Mais parfois, je m'élève juste plus haut que la personne et je deviens encore plus stratège que cette personne-là pour aller porter cette parole encore plus loin et ne pas juste me battre contre cet individu-là parce que finalement, cet individu-là, il y a plein d'autres qui pensent comme lui. Donc, en fait, je veux faire une pierre sans coup, faire autrement. Et ça, généralement, c'est le recul qui me permet ça. Et puis, c'est le fait que aussi je... Je m'accroche aussi à mes envies, à mes rêves de devenir, en fait. Moi, je ne... Et ça, c'est le plus loin que je me souviens. Je ne veux pas être une femme qui est arrivée dans le monde, qui est là pour accompagner les gens. Je veux être leader. Je ne sais pas leader de quoi, mais je veux être leader de mes décisions, de mes envies, de mes projets et des valeurs que je veux porter. Parce que pour moi, au final... tu vois, je signe souvent rendez-vous au sommet. En fait, moi, mon sommet, c'est plein d'étapes. Mais à chacun de ces sommets-là, je considère que quand j'arrive là, j'ai brillé. C'est-à-dire, je m'en fous des yeux des autres. Les gens qui me regardent, qu'ils me disent que j'ai réussi ou autre, ça m'importe peu, mais moi, mon regard à moi. Et moi, à chacune de ces étapes d'où je te disais, je fête chacune de mes victoires, c'est que chacun des paliers, je... Je prends le temps de fêter et de dire là où l'est, tu as brillé, c'est parfait, c'était ton objectif, tu l'as atteint. Et en fait, là où c'est subtil, c'est que jamais je dirais j'ai brillé, je suis arrivée à mon objectif, j'ai brillé. Si je suis seule, tout ce que je ferais, même depuis mon parcours, peu importe, ça sera un truc collectif. Je vais en tout cas agir et réfléchir pour que ça aille au-delà de ma personne. Parce que je sais que, en fait, je suis consciente et fière d'être une femme, d'être noire, d'être, même si j'ai la nationalité, mais d'origine, en tout cas, étrangère en France et tout ça. Donc, je sais que mes actes, et c'est bizarre de dire ça, eh bien, peuvent entraîner pour plein d'autres femmes qui me ressemblent, ou plein d'autres noires qui me ressemblent, ou plein d'autres... Et même s'ils ne sont pas noms, en fait, je suis sur une intersectionnalité où c'est ultra important pour moi de moi réussir, mais de réussir aussi avec mes semblables, en fait, tout simplement. Et donc, ce KPI, ce critère-là, il sera important pour moi. D'où, du coup, parfois, j'arrive à aller au-delà d'une discrimination si je sens que c'est nécessaire pour que j'avance. Et parfois, je peux te dire aussi... J'arrive à aller au-delà juste parce que je n'ai pas l'énergie, en fait. C'est-à-dire que si je me mets à le faire, je vais pleurer, je vais abandonner et je n'ai pas envie. Donc, en fait, j'envoie balader, en tout cas la personne. Et j'essaie de trouver un contournement et d'avancer. Et en général, ça réussit plus tôt parce que parfois, c'est des gens que je rencontre tout au long de mon parcours qui me retrouvent quelques années plus tard et qui se retrouvent à me féliciter. Alors que moi, je me souviens de tout ce qui s'est passé. Mais je ne vais pas revenir sur cette discussion parce que d'abord, au début, je l'avais ignorée. Donc, c'était intéressant pour moi de l'ignorer. Et aujourd'hui, encore plus de l'ignorer parce que ça voudrait dire tout simplement que j'ai réussi à sensibiliser cette personne-là sans faire même de dégâts.

  • Chloé

    Oui, mais c'est ce que je retiens de tout ce que tu dis. C'est cette importance de quand même se centrer sur soi. sur ses objectifs, sur célébrer ses victoires, au-delà du regard des autres, tout en sachant que tout ce que tu fais, tout ce que tu accomplis, ça a un impact qui va forcément au-delà de toi. Et je trouve ça vraiment très très fort, surtout qu'on en discutait quand on avait préparé l'épisode. L'ambition est toujours très bien vue chez les hommes, beaucoup moins chez les femmes. Et toi, tu es méga ambitieuse,

  • Houleymatou

    au cas où les auditeurs... En fait, là où c'est drôle, Chloé, c'est que je suis méga ambitieuse, mais assumée. Oui,

  • Chloé

    c'est ça.

  • Houleymatou

    Je m'invente, en fait. C'est bizarre, mais tu sais, mon mari qui est complètement contraire, c'est-à-dire, il est ultra, tu sais, réservé, humble et tout ça. Et parfois, il me définit le mot humble. Je dis, peut-être que je suis humble ou pas, je ne sais pas. Mais par contre, si c'est pour, tu sais, c'est féliciter ou féliciter quelqu'un de, par exemple, quand je parle de toi, mais je parle d'une personne, surtout d'une personne, tu vois, de mon, en tout cas, une de mes semblables, mais la personne va pleurer tellement je vais parler de, en fait, tu vois, une fois, j'avais fait un poste où je disais, je suis une femme, je suis noire, je suis dans l'informatique, je suis musulmane. Tu dis « eh, alors ? » quelle classe, quoi, tu vois. Et ça, c'est tout à fait moi, en fait. Je pense que tout ce que je suis, j'en suis tellement fière. Si c'était à refaire, j'aurais été comme ça, parce que ça fait partir de ce qui a fait que j'ai réussi. Peut-être que si je n'étais pas comme je suis, peut-être que je n'aurais pas eu ce parcours, peut-être que je n'aurais pas eu cette motivation. Il n'y a pas quelqu'un de meilleur que l'autre, il y a juste des gens qui ont conscientisé, qui sont... avancé, qu'ils ont décidé qu'ils vont avancer. Et ça marche. Parfois, ça ne marche pas parce que là, on parle de parcours et de réussite, mais le nombre de galères que j'ai rencontrées, d'échecs, mais où je suis, l'origine, où je suis la seule responsable. Je me plante mais complètement. C'est juste qu'en fait, dans ce plantage-là, je vais aller chercher un petit truc positif dans ce plantage-là pour m'accrocher dessus et dire OK, au moins, j'ai gagné ça. Je ne suis pas née dans une famille où je n'étais pas censée même aller à l'école, si tu veux. Donc, je pense que j'étais obligée d'avoir la personnalité que j'avais pour que les choses aillent bien pour moi.

  • Chloé

    Oui, non mais clairement. Et puis, tu vois, je trouve que moi, je ne mettrais pas en opposé l'ambition et être humble, en fait. Sauf que souvent, tu vois, c'est un peu pointé du doigt de manière négative quand tu es une femme. mais que alors que... Ce que tu dégages est fou et c'est beaucoup moins pointé de manière négative quand ce sont des hommes qui sont comme ça. Pourquoi est-ce que selon toi, ça te dérange comme ça qu'il y ait des femmes fortes, puissantes, qui disent haut et fort « je suis ça, je réussis ça » versus quand ce sont des mecs qui font ça, tout le monde applaudit et tu vois, c'est normal.

  • Houleymatou

    Parce que tout simplement, la minorité perd toujours. En fait, on n'est pas connus pour ça. C'est pas qu'on n'est pas connus pour ça. C'est-à-dire qu'il y a moins de femmes, même s'elles sont ambitieuses, mais qui l'assument. C'est-à-dire qu'elles l'assument publiquement, qui en parlent et tout ça. Ces derniers temps, il y a quand même une vague qui commence à aller dans ce sens-là et c'est tant mieux. Du coup, vu que d'habitude... Même quelqu'un quand il te pique ton résultat, c'est-à-dire que tu as fait tout le taf, tu as le résultat, lui il vient s'en vanter, tu laisses passer. Le jour qu'il nous... refusent de laisser passer, les gens ne sont pas habitués. C'est comme dans une famille, en fait. Même entre filles et filles, ou entre garçons et garçons. Si tu as deux enfants, un se laisse toujours accepter de partager, accepter toujours l'autre, lui, il pique toujours. Le jour que c'est lui qui ne veut accepter de partager, il ne partage pas, tout le monde l'engueule. Oui, ça chute. C'est ça. Et je pense que c'est pareil aussi, même si c'est plus profond que ça. Mais je pense que... Je pense que le fait que nous, on accepte toujours d'être les généreux, c'est-à-dire d'être celles qui acceptent de s'écraser l'autre monde. Il faut qu'on arrête ça. En fait, j'aime beaucoup, il y a Laetitia Avrault qui me disait, on aura l'égalité femmes-hommes, donc l'équité femmes-hommes, le jour où il y aura un mec nul qui prend des responsabilités. c'est-à-dire une femme nulle qui monte en poste parce qu'en fait si tu veux chez les hommes, vu qu'ils ont l'habitude de faire ça, quand ils le font c'est comme s'ils se considéraient normal donc c'est connoté et en plus il y a un problème de genre aussi de présiger tout ce que tu veux c'est connoté Oui, il est juste... C'est un bon chef, c'est un bon montant. Et quand c'est une femme, elle est hystérique, elle est ceci, elle est cela. C'est à nous de continuer. OK, on va être traité de... On est trop ambitieux, c'est pas bon et tout ça. Mais c'est à nous de continuer quand même à le faire pour que ça devienne normal, tout simplement. Je pense que normaliser les choses, on n'y arrivera pas juste en... En dénonçant, il faut aussi qu'on le fasse. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a la chance, il y a beaucoup d'associations qui œuvrent dans ce sens, qui dénoncent, qui expliquent les choses. Je pense que c'est très bien, mais aujourd'hui, le constat est là, il est fait. Il faut qu'on agisse, et agir, ce n'est pas seulement rentrer dans une asso. Les gens confondent, en fait. Agir, ce n'est pas monter une asso ou se mettre avec plein d'autres personnes et œuvrer, non. Agir, c'est dans le quotidien, dans comment tu fais les choses, dans tes gestes du quotidien, dans ce que tu fais là, ton podcast, c'est ça aussi. C'est donner la parole à des femmes, s'exprimer et tout ça. Et dans ce quotidien, ça vaut aussi le coup de, quand tu as un objectif, de le fêter, mais haut et fort, avec toute la famille, même ceux qui ne veulent pas écouter. Et d'en parler dans les réseaux sociaux et se lapéter, mais vraiment se lapéter avec fierté, avec fierté quoi, avec fierté autour de toi parce que c'est petit à petit. En fait, plus on va célébrer les réussites, les rôles modèles, les parcours, l'entraide et tout ça, petit à petit, l'immense fonctionne comme ça. Plus tu lui martèles que les femmes sont fortes.

  • Chloé

    C'est normalisé, oui.

  • Houleymatou

    C'est des femmes et elles ont des hautes responsabilités. Elles dégonnent et elles sont bonnes. Petit à petit, ça va rentrer. Mais par contre, quand tu passes juste ton temps à dire que les femmes aussi devraient prendre, c'est injuste que les femmes ne l'ont pas et tout ça, c'est très bien puisque tu dénonces. Mais je pense que ce n'est pas seulement ça qui va faire bouger les choses. Il faut des exemples de gens qui ont pris et que ça a marché. Et c'est tellement dommage d'en arriver là. d'arriver à montrer des rôles modèles ou à prouver. C'est dommage, mais je pense que c'est quand même une des actions qui marche le plus aujourd'hui. Il faut le dire. Et ce n'est pas tout le monde qui est à l'aise pour prendre la parole ou pour aller s'inventer ou citer les récits. Et c'est là que c'est intéressant d'avoir les assos, d'avoir des podcasts comme le tien, parce que nous, du coup, cette personne qui n'est pas à l'aise, Pas c'est à nous d'aller l'interviewer, de faire des articles sur la personne ou alors de l'interviewer, même si c'est en audio, en visio, si elle est à l'aise, mais d'aller creuser ces réussites-là, de l'aider à fêter ces choses-là. parce que c'est comme ça, petit à petit, que ça va devenir normal. Parce que je peux te dire que c'est au-delà même du sexisme, tout ça, c'est qu'il y a quand même une chose aussi, c'est qu'il faut qu'on déconstruise en fait l'idée reçue. les présigés et autres qui sont au-delà du sexisme. Parce que parfois, ces présigés, moi, j'ai eu à me battre avec ma propre grande sœur. qui ne comprennent pas comment ça se fait que dans ma maison, mon mari, il fait des trucs et tout ça, tu vois. C'est au-delà juste du sexisme méchant. C'est parfois juste une idéologie. Oui,

  • Chloé

    c'est ancré tellement. On est dans une société qui a normalisé tout ça.

  • Houleymatou

    C'est ça. Quand tu discutes avec nos parents, et pourtant, ils nous adorent, ils nous aiment et tout ça, ils ont une vision complètement biaisée. Et donc, si c'est juste, on revendique, eux-mêmes. nos propres parents qui sont des mamans, des femmes, elles vont être de l'autre côté du truc, contre nous. C'est-à-dire, tu vois. Donc, par contre, si on célèbre les trucs et tout ça, chaque personne, en tout cas, sauf ceux qui t'aiment pas, que tu n'arriveras jamais à convaincre, et ça, ceux-là, tu t'en fous. En tout cas, les personnes qui sont cool, qui ont un cerveau, tu commences à fêter, ils se mettront avec toi pour fêter. Et petit à petit, ça va rentrer dans leur cerveau que toi aussi, tu... tu y arrives et que c'est normal, en fait.

  • Chloé

    Mais j'aime cette notion de célébrer, d'être fière et d'encourager, quand nous, on a cette posture-là, d'encourager celles autour de nous à se rendre compte qu'elles aussi peuvent être fières et célébrer. Quand j'ai préparé certains épisodes, je sais qu'il y en avait qui disaient « j'ai rien à raconter, j'ai rien fait » . Et en fait, c'est de les accompagner à se dire mais si Si tu as fait, si tu as des choses à raconter, si tu as des choses à célébrer. Donc, je pense que c'est important de s'entourer comme ça. Et du coup, ça me fait la transition avec ce que tu fais avec Yesso depuis 2023 et le réseau IT Women. Et le livre que vous venez de sortir cette année, qui est un projet magnifique. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de ce que vous faites, de ce livre et de ce qui a motivé tout ça ? Même si du coup, on s'en doute un peu. le fait de célébrer ces rôles modèles-là.

  • Houleymatou

    C'est une asso qui œuvre pour l'équité professionnelle femmes-hommes. Donc, on fait des actions de la maternelle au monde du travail. En maternelle, on est sur l'équité filles-garçons. Donc, c'est déconstruire un peu ces idées reçues, les présiger sur un essange. Et puis, vraiment fondre, discuter avec les enfants et amener le sujet. Et puis, au collège, on est sur la cartographie. On est sur des métiers, on est sur des témoignages de femmes, on est sur en tout cas des discussions et montrer c'est quoi le quotidien, un domaine informatique de femmes ou d'hommes. Et surtout aussi de montrer que les femmes aussi sont dans ce domaine et c'est surtout elles cartonnent en fait dans ce domaine. Donc en tant que femmes, on vient de témoigner, on parle de nos journées types, on parle de l'importance de notre rôle, notre rôle dans l'équipe. et le pouvoir qu'on donne aussi à l'équipe avec notre vision de femme, tout simplement. Donc, c'est les informer, ces collégiens sur les métiers, les inspirer par nos parcours et puis répondre à leurs questions. Au lycée, pareil, c'est pareil avec de la sensibilisation aussi sur le sexisme parce que les lycéens avec l'alternance, en moins de trois ans, ils sont dans le monde du travail. Donc, c'est essayer de trouver des alliés. sur ces filles et garçons, du sexisme ordinaire qui se passe à la machine à café, de se dire qu'il n'y a pas que la femme seulement qui répond. Parce que, comme je te disais tout à l'heure, si ça se trouve, elle n'a pas l'énergie pour. Et si ça se trouve, elle a décidé de ne pas mettre son focus sur ça. Donc, qu'il y ait au moins quelqu'un d'autre qui rêve et qui dit stop, ce n'est pas normal. Après, dans le monde du travail, en entreprise, on accompagne les entreprises dans leur démarche de mixité. Et à côté de ça, donc... On a le réseau Aïchi Némen dont tu as parlé. Ce réseau, aujourd'hui, c'est l'île de mes fiertés. Ce n'est même pas le livre, c'est l'entraide qui est autour de ce réseau et comment il est en train de grandir et les retours que j'ai de ce qui se passe dans ce réseau et du bien que ça apporte aux femmes qui sont dans le réseau puisque du coup, on fait du mentorat. On a de la sororité, puis on a des essences, on a des masterclass, du coding game, tout ce que tu veux, on s'entraide. Et l'idée de ce réseau, c'est au-delà du mentorat, c'est s'entraider, performer ensemble et surtout apprendre à communiquer aussi sur nos performances, à célébrer tout ça, tu vois. Donc voilà, une bourse de motivation et d'entraide et de dire… En fait, il n'y a pas beaucoup de femmes dans la tech, mais le peu de femmes qui sont dedans, si on fait assez de bruit, on va croire qu'on est 50% et c'est le but en fait. Donc voilà, le but, c'est d'arnaquer le public, d'accord ? Pour qu'ils comprennent qu'on est 50% ou plus, parce que déjà, on est compétente, mais aussi parce qu'on est importante, en fait, tout simplement. Après, à côté de ça, on a nos conférences. Donc, on a une fois par mois une conférence ici à Lyon et à Nantes, montée par Angie. Je ne sais pas si tu as suivi, il y a Yesso. Donc Angie, elle aussi, elle anime les conférences là-bas. C'est l'antenne IESO qu'elle a montée. Donc on est en train de s'implanter partout, implanter notre pouvoir de femme de la tech, de célébration et de performance, parce qu'on est performante, tout simplement. Après, le dernier qui est nouveau, c'est le livre qui est sorti le 26 mai dernier. Donc c'est un livre qui célèbre les femmes de la tech. On aura beaucoup parlé de célébrer les femmes de la tech parce qu'on met en avant 52 portraits de femmes de la tech. Et c'est 52 qui recommandent 52 autres. Au final, il y en a 104 dans le livre. Et puis, des actions aussi, des actions pratiques, ultra applicables pour les entreprises. Des articles sur la mixité, sur les métiers de la tech. Qu'est-ce que c'est que l'UA, par exemple. Les cartes pratiques et tout ça. Donc, il y a un bout d'une semaine, on était top 1 sur Amazon, des ventes Amazon. Donc, ça, c'est une fierté. Et puis, il y a des discussions aussi avec les métropoles pour pouvoir le distribuer dans les collèges et lycées. On est en discussion là avec plusieurs collectivités, des associations pour que vraiment, vraiment des milliers, j'espère, de collégiens et lycéens l'aient. Chez lui, que ce soit en version papier ou numérique, comme je me suis dit il y a quelques années que c'est possible, c'est possible pour eux aussi. Il suffit juste de s'ouvrir en fait et de rêver grand, de rêver, de ne pas se limiter et de mettre son énergie sur ce qui nous importe et d'avancer.

  • Chloé

    Oui, vraiment bravo pour ce projet, pour tout ce que vous faites. Est-ce que tu te rends compte en deux ans ? tout ce que vous avez accompli là. Tu arrives à en prendre conscience ? Comment c'est dans ta tête là ?

  • Houleymatou

    En fait, tu as dit pendant toute la discussion que je célèbre et tout ça, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas dure avec moi-même. Ultra dure avec moi-même parce que je célèbre, mais je passe vite aussi à un autre sujet où je me plains encore. C'est pas que je me plains, je dis « Ah, ça, c'est pas fait, il faut que je fasse ça. » Et du coup, je passe focus à ça aussi et j'arrive et je fais l'épreuve et je passe encore. Donc oui, je me rends compte dans le sens, je pense que là où je suis le plus fière, c'est même au-delà des actions qu'on a faites parce qu'on a touché vraiment beaucoup de monde, c'est l'équipe solide qu'on a montée en fait. Quand je vois, tout à l'heure, je te parlais d'Angie à Paris et à Nantes. Quand je vois, je suis allée pour son lancement, il n'y avait même pas de place assise tellement la salle était remplie. Je te jure, la meuf, elle a réuni tout. C'était ultra, ultra inspirant. Mais par contre, quand je prends la hauteur et dire, oui, j'aimerais qu'on touche, puisque comme je te disais, je suis très ambitieuse. Donc parfois. je me mets des ambitions, mais il trahit tellement haut, je veux toucher des milliers, alors qu'il faut faire step by step, tu vois. Donc, j'ai hâte de nous voir dans deux ans, parce que je pense qu'on aura vraiment fait vraiment beaucoup de choses et j'espère qu'on aura fait avancer quelques lignes. Et tout mon rêve, c'est de voir cette association atterrir en Afrique, l'Afrique de l'Ouest, et de voir toute mon équipe. là, se dire ok, j'ai fait des actions en France et je touche l'Afrique et je suis fière.

  • Chloé

    Ouais, non mais c'est magnifique comme rêve, en tout cas je me fais aucun souci, je suis certaine que quand on va pouvoir réécouter cet épisode dans deux ans, on se dira putain mais elle a fait tout ça ! Elles l'ont fait tout ça et en tout cas, moi vraiment je voudrais t'applaudir 10 000 fois et célébrer, prendre le temps de célébrer. ces deux années-là, tout ce que vous avez fait, ce livre qui, je pense, va avoir un impact incroyable. Et je suis certaine que les lignes vont bouger. Elles sont déjà en train de bouger. Et on le voit avec ton parcours, celui d'Angie aussi. Angie qui a un parcours qui est exceptionnel. Et elle revient de très, très loin. D'ailleurs, on avait fait un épisode ensemble. Et je suis fière de pouvoir vous voir comme ça. Et ça fait du bien. Je pense que les lignes bougent déjà et vont continuer de bouger. Et on aura plein, plein de belles histoires encore à raconter.

  • Houleymatou

    Oui, je pense que c'est ça, c'est la, en tout cas la beauté du Yesso et de ses actions, c'est cette équipe qui s'est formée. On essaie de faire en sorte qu'on mette des actions sur ce qui est extra chez les femmes, le positif chez les femmes et le célébrer le maximum parce que si tu veux, c'est ce qu'on ne fait pas assez, je trouve. Et c'est tant mieux qu'il y ait d'autres approches aussi. Notre approche et plusieurs approches qui existent sont complémentaires. Mais en tout cas, moi, j'ai décidé de mettre mon temps sur un carton. Et puis voilà, bravo.

  • Chloé

    Ben ouais, franchement, bravo. Et pour finir notre échange, je sais que ça va être dur parce que tu es entourée de plein de rôles modèles de ouf. Mais dis-moi, est-ce qu'il y a une personne ? Il ne faut en choisir qu'une, donc là c'est la difficulté que tu aimerais entendre dans ce podcast.

  • Houleymatou

    En fait, j'aurais du mal à te proposer où, parce que je connais déjà celles qui sont passées, je pense, qui sont dans mon réseau, qui sont passées. Mais là, à tête froide comme ça, je penserais à Angelique Jarre, que je trouve extra, puisque extra, surtout son parcours technique est vraiment formidable. Et puis franchement, elle est... Merci. Angélique, c'est tout mon contraire. C'est une force tranquille. Elle est ultra inspirante, cette fille. Et puis, je ne sais pas si tu as Isseline Louvé. Note-toi. Note-toi, c'est finie. Oui, oui,

  • Chloé

    t'inquiète.

  • Houleymatou

    Isseline Louvé aussi, elle est top. Elle a un parcours et puis, tu sais, elle est franche. Franchement, elle n'a pas de tabou aussi. Franchement, si je pouvais, tu intervivrais tous les jours. Mais oui, je te remercie en tout cas pour cette discussion. En tout cas, ma vision des choses, c'est qu'on va y arriver et on va y arriver et on sait qu'on va y arriver et on a décidé qu'on va y arriver et on va avancer.

  • Chloé

    Je suis à fond avec toi et continuons dans cette route et avec ce mantra. Merci beaucoup, Ouléma, pour cet échange, pour tout ce que tu fais, tout ce que tu partages, toute l'énergie que tu donnes. Je pense que c'est important de le dire, de dire merci et de te féliciter. Et c'était un plaisir, comme à chacune de nos discussions, d'échanger avec toi. Donc, merci beaucoup.

  • Houleymatou

    Merci, Chloé. Et bravo pour ton podcast. Et bon vin à ce podcast. Et voilà, rendez-vous au sommet, quoi.

  • Chloé

    Yes.

  • Houleymatou

    Salut.

  • Chloé

    Un grand merci pour ton écoute. On se retrouve lundi dans deux semaines pour la découverte d'une nouvelle meneuse. J'espère que l'épisode t'a plu. Si c'est le cas, laisse-moi ton avis sur la plateforme que tu utilises. Et s'il te reste encore un peu de temps, partage cet épisode à ton entourage pour faire un gros big up à notre meneuse du jour. La bise si tu le veux bien et toujours plein de loutres dans ta vie. Ciao !

Chapters

  • Introduction & parcours inspirant d’Houleymatou Baldé

    00:00

  • De la Guinée à la tech : inspiration et premiers rêves

    02:15

  • Arrivée en France : résilience et confiance en soi

    09:40

  • Trouver sa place et oser en tant que femme dans la tech

    15:20

  • Rêver grand, célébrer ses victoires, inspirer les autres

    18:00

  • Yeso & IT Women : bâtir la sororité dans la tech

    33:00

  • Le livre des femmes de la tech : 104 parcours inspirants

    41:00

  • Vision, transmission et avenir des femmes dans la tech

    45:00

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