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Les Meneuses

Lutter contre les violences conjugales grâce à la tech avec Vigdis Morisse - Herrera (Fondatrice @Opale)

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49min |03/03/2025
Play
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Description

Vigdis Morisse - Herrera est une entrepreneuse passionnée et fondatrice d'Opale, une plateforme dédiée à l'accompagnement des victimes de violences conjugales. Avant de se lancer dans la tech, Vigdis était professeure des écoles spécialisée dans l'enseignement du chinois. Elle a su transformer son expertise pédagogique en un projet technologique ambitieux, permettant à des milliers de personnes d'apprendre le chinois grâce à sa méthode innovante. Forte de cette expérience, elle a décidé de mettre ses compétences au service d'une cause qui lui tient à cœur : la lutte contre les violences conjugales.


L'épisode aborde les différentes formes de violences conjugales, souvent invisibles, et la manière dont Opale aide à les diagnostiquer et à les comprendre. Vigdis partage son parcours personnel, ses motivations et les défis qu'elle a rencontrés en développant cette application web. Opale propose un diagnostic approfondi à travers un questionnaire de 200 questions, couvrant toutes les typologies de violences, et fournit un cadre juridique pour aider les victimes à se sentir légitimes dans leur démarche de recherche d'aide.


Pour rappel : 1 femme sur 6 victime de violences conjugales.


Au cours de cet épisode :

  • Son 1er projet d’entrepreneure dans la tech sans notion de dev ou produit

  • Son parcours perso qui a mené à la naissance d’Opale

  • L’immédiateté un sujet clé pour aider les victimes

  • La force de la tech pour lutter contre les violences conjugales

  • L'importance de sensibiliser les entreprises et les collectivités à ce sujet

  • Les différentes formes de violences conjugales, souvent invisibles


📕 On a cité dans l'épisode avec Vigdis :

Pour faire le test sur Opale : https://opale.care/?_format=xml

L'application pour les entreprises et collectivités : https://pro.opale.care/


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violence conjugale • business • women in tech • empowerment - women leadership • Produit Tech • leadership • entreprenariat • diversité • Violences conjugales - Aide aux victimes - Tech social - Droits des femmes


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Vigdis

    en faire quelque chose, toujours pareil, d'utile au plus grand nombre, parce que la texte, c'est ça qu'elle sert. Elle fait le test, elle m'envoie l'image, elle me dit. C'est vrai que quand il m'a cassé la main, j'aurais dû m'en douter. Il faut rendre accessible au plus grand nombre le fait de savoir ce que sont les violences.

  • Chloé

    Hello, c'est lundi et tu fais bien d'écouter Les Meneuses pour lancer ta semaine avec une dose d'inspiration. C'est Chloé, ta PMM préférée. Et aujourd'hui, j'accueille Vigdis Morisse - Herrera, fondatrice d'Opale, une plateforme pour aider et accompagner les victimes de violences conjugales. Cet épisode est sur ce sujet, qui est à la fois tabou, très commun, et contre quoi il est essentiel de lutter. Je te préviens, l'épisode n'est pas simple à écouter. À toutes les victimes, on vous croit, vous n'êtes pas seules. Si c'est bon pour toi, on va commencer. Bonne écoute, et si l'épisode te plaît, pense à le partager. Bonjour Vigdis, comment vas-tu ?

  • Vigdis

    Bonjour Chloé, très bien et toi ?

  • Chloé

    Eh bien, écoute, ça va. Je suis ravie de t'avoir avec moi pour cet épisode des meneuses. Merci beaucoup pour ta disponibilité et pour les personnes qui ne te connaissent pas. Est-ce que tu peux te présenter ?

  • Vigdis

    Alors moi, je suis Vigdis Moris-Herrera. Je suis entrepreneuse dans la tech depuis maintenant 8 ans. J'ai plusieurs entreprises dans ce domaine et auparavant, j'étais professeure des écoles spécialisées dans l'enseignement du chinois.

  • Chloé

    Ok, excellent. Donc tu passes de professeure des écoles à la tech. Comment est-ce que tu es tombée dans la tech du coup ?

  • Vigdis

    Je suis tombée dans la tech parce que moi, ma spécialité, c'était l'enseignement du chinois. J'ai fait des études de chinois, j'ai vécu en Chine et j'enseignais cette discipline au niveau des enfants, au niveau du primaire. Et j'ai mis en place des méthodes pédagogiques qui ont hyper bien fonctionné en classe, qui ont hyper bien fonctionné dans les classes alentours quand les collègues les utilisaient. Et en fait, la tech, c'était révéler le meilleur moyen de pouvoir diffuser largement un outil. Et surtout, à mon niveau, avec l'enseignement du chinois, c'était en 2015-2016 qu'on a lancé un moyen de diffuser à moindre coût un enseignement qui est plutôt vu comme élitiste. Et donc, c'était ça vraiment l'enjeu autour de la tech, que n'importe quelle personne qui se dise j'ai envie d'apprendre le chinois il puisse.

  • Chloé

    Donc tu te lances en tant qu'entrepreneuse dans la tech. Est-ce que tu avais des notions un peu techniques de développement de produits ou vraiment tu es partie de zéro et tu t'es dit je vais lancer une application, let's go ?

  • Vigdis

    J'ai lancé complètement de zéro. Moi, je n'avais vraiment aucune compétence spécifique là-dedans. Je l'ai lancé vraiment pour m'éclater. C'était un moyen de m'éclater et de faire en sorte que ce que j'aime, je puisse le partager avec le plus grand nombre. Et au final, c'est un beau succès parce qu'il y a 25 000 personnes qui se forment, se sont formées avec ma méthode de chinois depuis ses débuts. Donc, oui, j'ai eu plusieurs bouquins qui ont été publiés autour de ma méthode. Donc, je suis très contente de comment l'idée matérialisée, pour moi, c'était des jeux physiques en bois, des trucs à manipuler. Je l'ai... porter sur un outil digital pour que ça sorte de ma classe, simplement ma classe, pour aller vers le plus grand nombre et pouvoir répondre vraiment à ces désirs de gosses, parce que c'était ça un peu mon idée. Moi, je n'ai pas pu apprendre le chinois comme j'en avais envie quand j'étais petite, parce qu'on habitait dans un endroit où il n'y avait pas. Et je voulais justement permettre de lever ce blocage à moindre coût, de manière simple, accessible et efficace.

  • Chloé

    Ouais, mais c'est génial, je trouve, d'avoir des cas pratiques que tu fais, toi, dans ta classe, d'arriver à les digitaliser alors que tu n'as pas de notion de développement ou de produits digitaux et d'arriver avec 25 000 utilisateurs et utilisatrices. C'est un truc de fou. Ça fait plus de deux ans que tu es sur un autre projet qui est totalement différent, qui s'appelle Opale. Comment est-ce que ce projet est né et en quoi ton parcours ? personnel et professionnel ont influencé cette décision de lancer Opale ?

  • Vigdis

    Alors moi, j'ai vécu pendant des années des violences conjugales au sein de mon foyer et je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite. J'ai quitté cette personne en me disant en fait, je vais mourir si je reste avec. Je ne veux pas qu'il m'approche, je ne veux pas qu'il me touche, je ne veux pas qu'il me parle, je ne veux pas qu'il me regarde. Mais je ne me nommais pas, malgré ce ressenti qui était vraiment très présent. J'ai pris 10 kilos. depuis que je l'ai quitté, donc là je fais un 38 donc voilà, ça laisse un peu imaginer l'état dans lequel j'étais au moment où je suis partie et Et je pensais tous les jours que ça serait beaucoup plus simple si j'étais morte, ça s'arrêterait. Et malgré ça, je ne nommais pas les violences. Pour moi, ce n'était pas un homme violent. C'était un homme qui m'aimait trop. C'était un homme qui m'aimait mal. Mais ouais, on en dit des conneries quand on met le nez dedans. Et pourtant, il me mettait dans cet état-là. Et j'étais vraiment au fond du trou. Et bon, ouais. Quand je l'ai quittée, j'ai toujours été une très très grande lectrice. J'ai énormément lu. J'ai lu tout ce qui me tombait sous la main. Je suis la meilleure cliente de toutes les librairies du coin parce que je dévore 4, 5, 6 livres par semaine. Et quand j'ai un sujet qui m'intéresse, je le lis. Ça m'a aidée à comprendre ce que j'avais vécu et pourquoi je ne l'avais pas perçu comme tel au démarrage. Ça m'a aidée à comprendre ce que sont les violences conjugales en dehors du spectre classique de la femme battue. Et à partir de là, je me suis dit qu'en fait, il faut que ces connaissances qui sont dans les livres, qui sont répétées, répétées par énormément d'acteurs, même sur les réseaux sociaux, on trouve beaucoup de personnes sur Instagram qui vont alerter sur ça, il faut rendre accessible au plus grand nombre le fait de savoir ce que sont les violences, quels sont l'impact sur les personnes, parce que l'impact n'est pas uniquement perso. Ça veut dire que si le matin, tu ne veux pas te lever et que tu n'as pas envie de rentrer chez toi et que tu as peur de mourir, tu ne bosses pas économiquement. Les nanas qui vivent ça, on parle d'une sur six, elles ne bossent pas, elles ne peuvent pas bosser correctement. Et donc moi, au début, je voulais monter une ASO pour informer parce que c'était le seul modèle que je connaissais sur ce domaine des violences conjugales. Et en fait, ça ne collait pas. à qui je suis, à ce que je fais. Et puis, je suis partie directe dans quelque chose d'un peu complexe, bien moins que mon logiciel, mon LMS pour les langues, loin de là, mais sur quelque chose qui sortait du spectre de l'association. Et je me suis dit, en fait, là, ce que tu es en train de monter, c'est un projet d'entreprise. Tu es en train de monter un projet d'entreprise avec un réel service. Et... Et donc il va falloir le penser comme tel. Et donc le fruit de toutes ces lectures m'a permis de mettre en place Opale, de réaliser le questionnaire d'OPALe, qui permet de diagnostiquer les violences conjugales, de pouvoir faire toute la stratégie juridique qu'il y a derrière, et en fait penser tout le logiciel de manière à pouvoir en faire quelque chose. Toujours pareil, d'utile au plus grand nombre parce que la texte, c'est ça qu'elle sert. Elle sert à diffuser les choses très largement, le plus simplement et le plus rapidement possible. Donc, j'ai réfléchi pendant deux ans et j'ai lancé la première version à destination du grand public il y a six mois.

  • Chloé

    Donc, ça fait six mois que la version grand public est née. Encore une fois, tu crées un logiciel de ton expérience. Bon, là, un peu moins heureuse que sur la partie... faire apprendre le chinois. Aujourd'hui tu présentes Opale comme la première application destinée à la fois aux victimes de violences conjugales, à leurs entourages et à leurs employeurs. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu plus le concept et exactement ce que tu proposes ?

  • Vigdis

    Opale c'est une application web. Pourquoi une application web ? Parce qu'une application mobile ça laisse des traces. On parle vraiment beaucoup de cyber violence. L'objectif est que La personne qui navigue et qui recherche de l'aide laisse le moins de traces possible sur Internet. Parce qu'on n'est pas tous égaux par rapport à nos compétences numériques. Et même dans un couple, il y a un déséquilibre. Et bien souvent, on se retrouve avec des hommes qui ont bien plus de compétences numériques que leur compagne. Donc Opale, c'est une application web. Opale va permettre, à travers un diagnostic de 100 questions, ça prend 15-20 minutes, de pouvoir faire le tour de sa relation au niveau de... toutes les typologies de violences, qu'elles soient psychologiques, sexuelles, vicariantes, donc qu'elles concernent les enfants, administratives, économiques, cyber-violences et psychologiques. L'objectif c'est que, et physique bien sûr, on sort du tout violence physique parce qu'en fait c'est un conjoint qui frappe, c'est un conjoint qui a pris le droit d'eux. Et donc il s'est passé beaucoup d'étapes avant. pour qu'ils se sentent suffisamment autorisés pour te toucher. Et donc ça, tout ça, c'est analysé et analysable. Donc nous, on pose des questions autour de ça. À l'issue du questionnaire, on va établir un diagnostic. Il nous semblerait que tu sois potentiellement victime de ça, ça, ça, comme typologie de violence. On t'explique ce qu'elles sont, ces violences. Parce que vu qu'on n'en parle pas, personne quasiment les connaît. Donc on explique ce que c'est. On va reprendre point par point toutes les questions auxquelles la victime aura répondu par l'affirmative, enfin une réponse problématique. et on va lui donner le cadre juridique. Tu nous as répondu que... Donc ça veut dire que toi c'est ta normalité et que le conjoint aussi t'explique que la normalité c'est ça. La justice en France, le code pénal dit que... Et ça c'est très très important pour sortir aussi de l'emprise et de réussir à se détacher de la norme imposée par l'agresseur. Donc nous on va donner le contexte juridique. Et ça permet d'affirmer la gravité des faits et de se sentir tout à fait légitime pour la deuxième étape. La deuxième étape, c'est les associations. Il existe énormément d'associations en France, elles font un travail formidable, elles sont sous l'eau parce qu'elles ont peu de moyens et qu'il y a énormément de besoins, énormément de demandes. Donc, nous, notre travail, c'est de les trier en fonction des critères sociodémographiques de la victime, du type de violence qu'elle subit, de référencer ces associations en enlevant, je dirais, toutes les informations que la victime de violences conjugales ne recherche pas. Elles s'en fichent. que l'association fasse des formations violences sexistes et sexuelles. Elle s'en fiche que l'association fasse des collectes de fonds ou soit militantes anti telle ou telle chose. C'est très bien, mais pour la victime qui cherche de l'aide immédiatement, ça ne lui permet pas d'avoir accès. Ça rajoute des étapes, en fait, et puis toutes ces étapes qui vont être un petit peu... qui vont amener la victime à minimiser ce qu'elle vit parce que... En fait, moi, ce n'est pas si grave. Regardez, il y a des nanas qui vivent ça. Non, en fait, moi, je ne fais pas appel à l'asso. Donc, bref, l'objectif, c'est de supprimer toutes ces étapes et de donner une information claire. L'association, elle fait des permanences juridiques à telle heure, à tel endroit, tu contactes comme ça. Simplifier un hub d'informations. On prend toutes les assos qui correspondent dans un secteur donné. Ensuite, on va référencer les aides de l'État. Toujours pareil, l'État, il met en place des choses. Il faut rendre accessibles simplement ces ressources. Sur le site du gouvernement Arrêtons les violences, qui va se concentrer sur les violences psychologiques, mais tout ce qui est violences sexistes et sexuelles, il y a plein d'infos qui concernent toutes ces typologies de violences. Et donc, tu es un peu perdu au milieu de qui fait quoi par rapport à quel type de violence tu vis. D'autre part, par exemple, l'aide du gouvernement qui est nouvelle depuis décembre dernier, qui est une aide de la CAF pour les victimes de violences conjugales pour pouvoir quitter un foyer violent. Sur le site Arrêtons les violences, jusqu'à la page de destination finale sur la CAF, tu as 7 clics. pour arriver à un tableau style APL où tu dois faire toi-même tes calculs, qui te dit fais comme ça ton calcul et tu sauras ce à quoi tu as droit 7 clics. En situation d'urgence, de besoin de réponse rapide, etc., on veut l'immédiateté. Donc nous, on va donner immédiatement cette immédiateté de réponse à cet endroit-là, par exemple. Et on va limiter au maximum les interlocuteurs et les étapes. Là commence notre partie à destination des entreprises. Parce que... Une victime de violences conjugales, c'est quelqu'un qui va mal travailler, qui ne va pas pouvoir travailler correctement. Ce n'est pas sa faute. C'est la faute de ce qu'elle vit et de son agresseur. Mais in fine, c'est elle qui en paye les conséquences et plus précisément, c'est son employeur qui en paye les conséquences. Parce que quelqu'un que tu payes à bosser et qui ne peut pas bosser pleinement, c'est pénalisant pour la performance d'une entreprise. Donc nous, on va aller voir les entreprises, on va les inciter, on va leur faire prendre conscience du fait que les violences conjugales, c'est elles qui les financent. Il y a des études qui le prouvent, ce ne sont pas des chiffres qui sont sortis de mon chapeau. D'ailleurs, on a même mis en place sur Opale, sur la version pro, un simulateur de coût. Une entreprise, tu rentres combien tu as d'employés ? Si tu es plutôt SMIC, Média, en moyen, si tu es... Comment tu te situes en termes de répartition homme-femme ? Et puis ça va te dire combien tu as de victimes potentiellement dans ton entreprise, combien tu as d'agresseurs, combien d'enfants sont touchés, combien de pognon ça coûte à la société, combien ça te coûte à toi. Mais c'est ça dont on a besoin pour faire des déclics parce que c'est un problème qui est massif. Et donc on va faire prendre conscience aux entreprises de leur rôle, de leurs responsabilités et de ce que ça leur coûte en fait. Parce que c'est aussi ça la réalité, on ne peut pas, l'entreprise est une personne morale, elle doit performer. Si ses effectifs salariés ne performent pas, elle est en difficulté. Et donc on va la guider sur qu'est-ce qu'elle peut mettre en place, qu'est-ce qu'elle a déjà de mis en place pour les potentielles victimes. qu'est-ce qui peut être amélioré, changé, et quelles sont des nouvelles idées auxquelles elle n'aurait pas pensé. On va tout référencer dans notre logiciel. Elle va avoir un espace administrateur dans lequel elle administre ça. Si elle décide par exemple d'autoriser la victime à aller porter plainte pendant son temps de travail sans frais, enfin sans déduction de salaire, eh bien par exemple, cette aide, la victime, elle va avoir rentré le code de son entreprise au moment où elle fait le test. Et elle voit que son employeur a prévu ça pour elle. Elle voit que la personne à contacter, c'est Madame Machin, au RH. Il suffit de lui envoyer un mail et que la seule chose à mettre, il n'y a pas de document en plus. Enfin voilà, une information claire, simple et centralisée. On va faire pareil pour les collectivités, départements, régions, villes, qui ont aussi un intérêt à limiter les conséquences des violences conjugales. Et on va aussi permettre ça aux entreprises qui ont un intérêt à ce que leurs clients, leurs clientes, ne soient pas exposées, ou en tout cas le moins possible, aux violences conjugales. Je pense aux assurances, aux banques, aux mutuelles, etc. Et en fait à n'importe quelle entreprise qui se sentirait investie par ce sujet et qui voudrait pouvoir faire quelque chose. Donc voilà, nous on va référencer tout ça au sein d'Opale, de manière à ce que la victime, elle voit tout centralisé au même endroit et qu'elle puisse faire un rapide calcul. Elle se dit, bon, je peux le faire, j'ai ça, ça, ça qui m'aide, je vais avoir ça comme pognon, je vais avoir ça, go, je peux me casser. Et ça, c'est super important.

  • Chloé

    Ouais, et surtout de donner cet accès, déjà, de pouvoir mettre le doigt sur ce que la personne vit, parce que souvent, comme tu disais, tu ne vois pas les choses, ou tu es aveuglé par ce que tu vis, ou tu minimises. Alors que chaque situation est extrêmement grave et il faut pouvoir donner un accès pour s'en sortir. Et donc du coup, toi, pour les victimes, c'est un service qui est gratuit et qui les permet de les guider dans les démarches et de leur simplifier toutes ces étapes-là. Et du coup, toi, ton business model, c'est de vendre aux entreprises et aux collectivités ce service-là pour qu'ils le mettent en place là où ils sont. Combien aujourd'hui tu as d'entreprises avec lesquelles tu travailles ? Combien tu as d'utilisateurs et de personnes qui ont fait le test à aujourd'hui ?

  • Vigdis

    Alors aujourd'hui, on est à plus de 3000 personnes qui ont fait le test. Donc 3000 personnes accompagnées. À chaque fois qu'on a des sorties dans la presse, on a des pics de personnes qui se connectent et font le diagnostic en entier, je dis bien. Et au niveau des entreprises, on est sur des process qui sont un peu longs en termes de décision parce qu'on s'adresse principalement pour l'instant à des grands groupes. Donc il faut débloquer les budgets. Les budgets des municipalités, c'est un peu tendu en ce moment avec le changement de gouvernement, mais bref, les budgets sont votés en tout début d'année. Donc on a quelques entreprises qui ont déjà signé et qui commencent déjà à l'utiliser, mais surtout on a une vingtaine, trentaine de grosses boîtes. De tout. d'horizon, je vais dire, de la banque à la maison de retraite, en passant par des sociétés de transport, des mairies, etc., qui sont intéressées par le logiciel, qui sont en train de le faire valider à différentes instances.

  • Chloé

    Et tu as décidé d'utiliser la technologie pour aider les victimes de violences. Quel est pour toi le rôle clé de la tech dans la prévention et la prise en charge des victimes qu'elle peut jouer ?

  • Vigdis

    Dans la lutte contre les violences conjugales et même... Tout type de violence, on est face à des humains la plupart du temps. Donc des humains qui ont leur limite d'humain. Et à partir du moment où on limite, on plafonne l'écoute à des intervenants humains, et bien en fait on ne respecte pas non plus le besoin d'immédiateté de répondre. Il est 23h, ton mec il est parti, t'as envie de faire le test sur Opale parce que il y a des choses qui t'ont interpellé, t'en as entendu parler, tu dis ah ça, ça me parle, je vais faire le test. Est-ce que tu as besoin ? Le moment où tu as besoin de faire le test, c'est le moment où tu as besoin de la réponse. Et nous, la réponse, on l'apporte immédiatement. On dit immédiatement, ok, il y a ça, ça, ça qui ne va pas. Tu peux aller demander de l'aide par-ci, par-là. Mais beaucoup n'auront peut-être pas besoin émotionnellement, etc. n'auront pas envie d'aller demander de l'aide à des êtres humains. Mais ils ont quand même besoin qu'on leur apporte la réponse. Et la réponse... le logiciel va leur donner cette immédiateté. Moi, j'ai mis deux ans et demi à trouver la réponse. Deux ans et demi, c'est extrêmement long. Moi, ce que je dis, c'est que je voulais donner à d'autres l'immédiateté de la réponse que j'ai longtemps cherchée. Tu n'es pas folle, il n'a pas le droit. Et à partir du moment où on veut des réponses, on veut savoir quoi faire, comment, une stratégie, etc., on veut tout maintenant, tout de suite. Et quand on doit appeler une asso qui nous dit dans une semaine, parce qu'en fait, il y a trop de victimes, mais que... On appelle pour déposer plainte au commissariat, que le commissariat nous dit qu'en fait, on ne peut pas recevoir, etc. En fait, dès qu'on est face à de l'humain, on est face à des limites temporelles. Donc la plateforme ne remplace pas l'humain, très loin de là. Elle va permettre d'apporter la brique de tri entre ceux qui en ont besoin et ceux qui n'en ont pas.

  • Chloé

    C'est super intéressant, parce qu'en effet, c'est un sujet qui est très lourd, même pour les personnes qui accueillent ce sujet sans le vivre directement. Et la charge émotionnelle, la charge mentale de gérer ça peut en effet avoir des limites. Et le fait de pouvoir donner à n'importe quel moment du jour ou de la nuit une réponse et aider à mettre le doigt sur certaines choses et ensuite à guider, c'est en effet quelque chose de crucial. Surtout qu'on sait que c'est un sujet qui est malheureusement bien, bien, bien trop courant. et qu'il faut pouvoir aider le maximum de personnes. Et aujourd'hui, l'humain n'y arrive pas. Donc je trouve ça génial de pouvoir proposer ce genre de choses. Quels sont les retours que tu as eus depuis que tu as lancé Opale, que ce soit venant des femmes, mais aussi des hommes ?

  • Vigdis

    Dès que je parle de moi, de mon histoire, j'ai toujours des nanas qui viennent me voir et qui commencent par Alors moi c'est beaucoup moins grave que vous, hein, mais... Et puis après, elles te racontent un truc atroce. Et en fait, on est formés, éduqués en tant que filles à minimiser notre ressenti. Les émotions d'une fille valent moins que les émotions d'un garçon, etc. Ça a moins de valeur. Et en fait, toutes ces femmes, elles viennent me voir, elles me disent la même chose. Oh là là, je vous... Moi, c'est moins pire, mais... Et elles me livrent les choses. Et en fait, c'est dans ce mais que se cache tout, parce que c'est ça qui invisibilise tellement de femmes, qui ne leur permet pas de se sentir légitime d'aller demander de l'aide. Et donc, elles subissent en silence. Elles subissent des atrocités en silence. Et toutes ces femmes-là, moi, c'est elles que j'ai envie d'aider. Et du coup, les retours vont être... Quand elles font le test, elles se rendent compte qu'elles arrivent à nommer ce qu'elles ressentaient. Mais j'ai une dame qui m'a écrit Comment on fait pour savoir si on est victime de violence ? Je lui dis Allez faire le test sur Opale elle fait le test, elle m'envoie l'image et elle me dit C'est vrai que quand il m'a cassé la main, j'aurais dû m'en douter Et en fait, on est dans un tel déni de choses parce que les agresseurs normalisent, etc. Oui, mais je ne sais pas, peut-être qu'il lui a dit je t'ai cassé là-bas, mais aussi tu m'as cherché, moi je t'aime, je ne voulais pas ça, c'est moi le plus triste des deux, etc. Je n'en sais pas plus. Mais on est tellement amené à renier ce qu'on ressent, la peine qu'on a, etc., qu'en fait, l'immédiateté de la réponse, ça libère. Et ce qu'on me dit, c'est que ça libère. Eh bien, je respire enfin. Une fois, on m'a écrit je respire enfin J'ai plein de témoignages, je n'arrive pas à répondre à tout le monde. Et à chaque fois, ça me bouleverse. Même la veille de lancer Opale, je l'envoie à mes proches pour avoir un avis. Et j'ai une cousine éloignée qui me dit en fait, je ne vous l'avais pas parlé depuis des années, je viens de faire ton test, je reçois le message au petit matin, merci, je suis à la gendarmerie. Je ne l'avais pas encore lancé auprès du grand public. Et donc ça, c'est les retours des femmes qui me marquent le plus. Je me dis, qu'est-ce qu'on subit en silence, sans oser l'admettre ? Les autres retours d'hommes qui m'interpellent beaucoup, alors j'ai des hommes qui me parlent aussi de violences qu'ils ont vécues, et ce que j'ai remarqué dans les moments où on est plusieurs, ils attendent d'être seuls pour pouvoir m'en parler. Parce qu'il y a une telle honte, et c'est... Et c'est exactement la même chose qui pousse les femmes au silence, qui pousse les hommes au silence. C'est qu'un mec, il ne doit pas se faire emmerder par sa nana. C'est lui le bonhomme, c'est lui qui doit gérer. Et donc c'est trop la honte si c'est sa nana qui drive. Et en fait, moi je veux lutter contre tout ça. Les autres choses que des hommes m'ont dites, j'étais... on a fait une campagne de com'là, qu'on voit un peu derrière moi. Je les reçois, j'étais à la... en train d'accompagner la classe de ma fille à la sortie piscine, je prends un café avec un papa qui est un copain, je lui montre les affiches parce qu'il sait, il connaît mon travail, donc il suit un petit peu. Et je le vois blanchir et il me dit tu fais un truc pour les auteurs ? Je dis ben là, à ce stade, pas du tout. Il fait parce que moi, quand je lis tes affiches, je sais qu'il y a des choses que j'ai faites et je ne m'en rendais pas compte. Et à partir de là, j'ai eu une dizaine d'hommes qui me l'ont dit frontalement. ils m'ont dit vos affiches m'interpellent parce qu'il y a des choses que je fais et c'est tout autant qu'on n'éduque pas les femmes à savoir ce qui est normal et ce qui ne l'est pas on n'éduque pas les hommes à savoir ce qui est normal et ce qui ne l'est pas on va reproduire des comportements qu'on a vu dans notre famille qu'on a vu par les copains etc c'est

  • Chloé

    très fort déjà les retours que tu peux avoir vis-à-vis des victimes comment t'accueilles ce... flot d'émotions, parce que c'est des émotions très fortes, sachant que tu as vécu ça aussi, et que c'est une plaie que tu dois penser également, comment tu vis au quotidien ? Est-ce que tu te mets des moments où tu regardes les messages et d'autres, où tu fais des pauses ? Comment tu gères ça ?

  • Vigdis

    Je suis obligée de faire des pauses et j'ai beaucoup de messages pour cette raison-là, parce que moi, j'ai mon vécu, j'ai mon vécu de femme qui a vécu des violences. Très souvent, on me parle des enfants. Et moi j'ai mon vécu d'enfant qui a vécu des violences. Donc en fait ça fait des choses qui parfois sont très très lourdes. En plus j'ai ma procédure judiciaire en cours. Donc il y a des moments où je suis bien incapable de gérer tout ça. Et je sais que je suis hyper sensible donc je n'arrive pas à mettre de la distance. Les histoires elles vont m'occuper le cerveau, elles vont m'empêcher de dormir à la nuit. Et je ne veux pas être écoutante, je ne suis pas formée, je ne suis pas apte à l'être en fait. Je ne veux pas adresser ce rôle, je respecte totalement les personnes qui le font. Je trouve qu'il faut énormément de force et de courage pour faire ça. Mais je veux faire ma part des choses et c'est pour ça que le numérique me permet de faire quelque chose pour aider. tout en ne m'exposant pas,

  • Chloé

    ou en tout cas au minimum. Oui, c'est en effet, c'est des métiers, il faut être formé à recevoir tout ça, et même quand tu es formé à recevoir tout ça, c'est très difficile. Et je trouve ça bien également le fait que les hommes osent te dire Ok, je me reconnais dans ton affiche qui dénonce des violences. Et ce qui est bien, c'est qu'en fait, On est dans une société où on est tellement construit par des normes patriarcales, par des schémas de violence partout, tu disais, dans la famille, dans l'entourage, mais aussi dans les films qu'on voit, dans les séries qu'on a pu lire, les livres qu'on a pu lire, etc. Donc en fait, c'est tellement ancré qu'il y a les victimes qui doivent arriver à se rendre compte qu'elles sont légitimes. Et à ouvrir les yeux sur ce qu'elle vit et que ce n'est pas normal. Mais il y a aussi les acteurs de ces violences qui, parfois, les font plus ou moins s'en rendre compte. Et je trouve ça bien qu'à la fois tu puisses aider les victimes et également les auteurs, d'une certaine manière, en les interpellant, en semant une petite graine qui va, du coup, faire pousser une réflexion qui, j'espère, derrière, va changer des comportements. Même si... certains ne changeront pas malheureusement donc c'est très fort depuis que tu as lancé Opale, tu es entrepreneuse dans la tech et c'est un domaine qui est très sensible quel est ton plus grand défi depuis que tu as lancé Opale ce soit sur la partie technique, humaine ou même juridique, c'est quoi la chose la plus difficile que tu as rencontré jusqu'à aujourd'hui ?

  • Vigdis

    hum Je dirais que c'est une difficulté qui est plutôt humaine. C'est que j'ai l'impression que mon message fait peur. Et je pense que c'est vrai, ça fait un peu peur. Mais je pense qu'il y a un moment où il faut arrêter de mettre des œillères. Il faut regarder les choses en face, sinon on ne peut pas les combattre. Je pense que mon message fait peur de par... le fait qu'il montre que c'est un phénomène qui est massif, qui concerne toutes les classes sociales, toutes les origines, toutes les religions, tout. Voilà, on ne peut pas se dire, les violences, c'est tel type de profil, etc. Ça ne touche que les pauvres, ça ne touche que... C'est impossible de se dire ça, ce n'est pas vrai, ce n'est pas le reflet de la réalité. Et ça, je pense que ça, ça fait peur. Parce qu'en fait, quand on se... Quand on pense les violences, on pense toujours à l'autre. L'autre, l'autre, peu importe à quoi il ressemble, mais c'est pas les gens comme nous. On va penser les choses comme ça. Sauf que le violent, ça peut être ton père, ton fils, ton cousin, le voisin qui est super sympa, qui te ramène le journal, ça peut être... Voilà, toutes ces personnes-là, elles ont un double visage et c'est très important de l'avoir en tête que c'est très, très, très massif. Et voilà, moi je constate que ce message fait peur parce que c'est une chose de se dire qu'il y a des victimes de violences conjugales et qu'on ne parle que des violences conjugales physiques, et bien on arrive à une quantité un peu réduite de la masse, sauf que là on est au noyau central, et sauf que tout autour, le fait que, je prends très souvent cet exemple, j'en parlais encore hier avec une copine, Le père de sa fille dit devant la gamine Mais oui, papa, il va te payer la moitié de ton anniversaire avec maman, l'anniversaire organisé dans un laser game ou une connerie comme ça, un truc qui a coûté super cher. Et ça fait trois mois que la mère, tous les quinze jours, elle envoie un message au père en lui disant En fait, rembourse-moi, j'ai tout avancé, rembourse-moi, rembourse-moi. Et le père lui trouve des excuses à chaque fois. Et là, la dernière, c'est que c'est Noël et qu'il a moins de pognon à Noël. Ça, c'est des violences. Ça, c'est des violences, elles sont totalement institutionnalisées. Quand mon comptable, en plein divorce, m'expliquait qu'il allait se rendre insolvable pour ne pas filer de pognon à sa femme parce qu'il estimait que c'était une feignante, ça, c'est de la violence. Ouais, ma véridique. Et en fait, c'est extrêmement délétère et ça se cache dans plein de choses. Et tout ça, il faut le combattre exactement au même titre que les mecs qui foutent des beignes à leur femme. Parce qu'en fait, toutes ces petites choses, vont autoriser, qui sont autorisés en fait socialement et qui sont des violences pour ceux qui les vivent, ben en fait, c'est la porte ouverte à tout le reste. Et ça, même si c'est massif, même si ça fait peur, même si ça demande de repenser notre modèle de société, ce qu'on trouve acceptable, tolérable, drôle, pas drôle, eh bien il faut y réfléchir sérieusement et il faut se décider à un moment à agir.

  • Chloé

    C'est vrai que c'est un sujet, en effet, dès qu'on parle de ces sujets-là, qui fait peur. Mais on voit avec les réactions, pas tous les hommes, on ne peut plus rien dire, on ne peut plus rien faire, etc. Et en fait, c'est rejeter le problème sur soi, alors que quand on est un homme, ils font un peu, nous on est différents. Mais quand on voit les auteurs de ces violences, comme tu disais, ça concerne tout le monde. Et le problème, c'est qu'aujourd'hui, on entend parler de la haute partie de l'iceberg, par exemple avec les féminicides. Et encore, comme on a vu comment c'est traité, il y en a eu un il y a peu de temps, c'était la semaine dernière à Toulouse, là où je vis. Et le journal La Dépêche a dépeint le portrait d'un garçon adorable qui était adoré, etc. Il parle à peine de la victime qui a été retrouvée dans des... Bref, et en fait, déjà, c'est difficile de parler de cette partie de l'iceberg. Et derrière, en fait, toutes les violences qui, du coup, découlent et sont orchestrées par tout le monde, en fait. Et comme tu disais, ça fait peur et c'est difficile à entendre pour certains. Mais à un moment donné, il va falloir voir les choses en face et confronter un peu son entourage, les personnes. qu'on connaît pour réaliser que c'est un système ultra-violent. Et du coup, quand on parle de tout ça, on entend souvent le terme femme battue que tu m'avais évoqué notamment. Mais il existe mille et une violences, mille et une formes. Quelles sont les violences dont on parle le moins ? Tu parlais des violences... économiques, mais qui ont également des conséquences dramatiques. Et pourquoi est-ce que l'invisibilité, ces violences-là, c'est dangereux pour les victimes ?

  • Vigdis

    Je pense... Alors nous, en fait, sur Opale, par contre, avec les réponses, on va collecter des statistiques. On ne sait pas qui répond. Je n'ai aucun moyen de savoir qui répond, pas Mail, pas IP, rien du tout. Mais par contre, j'ai les données. Je sais ce que les personnes répondent. Et donc les statistiques gouvernementales, par exemple, nous disent que sur les victimes de violences conjugales qui déposent plainte, il y en a 4%. Et c'est en augmentation, parce qu'on commence à en parler, il y en a 4% qui portent plainte pour des faits de nature sexuelle. Moi, sur Opale, sur les 3000 personnes qui ont répondu au questionnaire, j'ai 60% des personnes qui sont victimes de violences sexuelles au sein du couple. Et en fait, ça je pense que c'est le plus gros tabou autour de ce que sont les violences. Il faut savoir que c'est quand même 1992 pour avoir sorti du code pénal l'obligation le devoir conjugal. Donc on est nés, je crois qu'on est à peu près le même âge, on est nés, le devoir conjugal était une obligation. Si ça se trouve on est nés du fruit du devoir conjugal. Enfin il y a un moment, c'est quand même ça la réalité. Et en fait dans les esprits... C'est toujours ça, on l'entend avec le procès maçon, oui mais c'est sa femme quand même, c'est sa femme. Voilà, et ça c'est une excuse qui est dite tout le temps, et je prends très souvent cet exemple pour expliquer le pourquoi des 200 questions, parce que des fois, personne ne se met 200 questions, c'est énorme. Non, non, 200 questions, si on pose les bonnes questions, on a les bonnes réponses. Je prends l'exemple du violentomètre. Sur le violentomètre, il est écrit, la seule question qui concerne les violences sexuelles est Est-ce que ton conjoint te force à avoir des rapports sexuels ? Quand on dit force, on pense force physique. Est-ce que ton conjoint te maintient de force pour obtenir un rapport sexuel ? Mais il n'y a pas besoin de ça pour obtenir un rapport sexuel. En fait, quand on pose les bases petit à petit de l'obligation et du devoir. Et donc sur Opale, on va poser la question de cinq manières différentes. Est-ce que ton conjoint utilise la force physique ? Est-ce qu'il insiste ? Est-ce qu'il te menace ? Est-ce qu'il te fait du chantage ? Ou est-ce qu'il t'impose des pratiques que tu ne souhaites pas essayer ? Donc sur les 3000 personnes, 14% ont répondu oui pour la force physique. Rien que ça, ça... 55% pour insiste. 55%. Eh bien, force physique, insistance, les deux c'est du viol conjugal. Voilà, le fait de râler quotidiennement, ouais, t'as encore mal à la tête, t'as toujours un truc, t'es... Insistance, viol conjugal, enfin il faut le rappeler quand même. Et même dans les esprits des femmes... ce n'est pas ce n'est pas pleinement intégré personne ne doit se forcer à faire un rapport sexuel il ya aucune il ya rien qui justifie ça en fait il ya aucun devoir aucune obligation même quand on est marié donc ça je pense que c'est peut-être le truc le plus sous-estimé et pour les quatre autres cas les trois autres questions on aussi entre 30 et 40 donc menace chantage on pratique que tu ne souhaites pas essayer c'est colossal à mon avis c'est colossal et quand les nanas vont commencer à dire arrête de m'emmerder moi c'est non non non quand elles vont pouvoir oser socialement dire que ben en fait il faut arrêter le délire elles veulent pas il y a des jours elles sont fatiguées il y a quelqu'un qui m'a mis hier sur une publication à chaque fois qu'un père ne se lève pas la nuit pour donner un biberon c'est une fée de la libido qui disparaît je trouve que c'est magique c'est exactement ça et en fait Ce sont ces petites choses qui font que dans le couple ça change et que le corps de la femme n'est plus si disponible que ça parce qu'elle est fatiguée, parce qu'elle gère des trucs, etc. Et de l'égalité viendra un peu le reste. Donc les violences sexuelles au sein du couple, je crois que c'est une des choses qui est la plus taboue, la plus rejetée par la société. Moi j'ai quand même parlé à des... anciens amis et un homme par exemple qui à qui je dis non mais en fait il m'a fait ça c'est un ami commun voilà pourquoi je vais quitter voilà pourquoi j'ai déposé plein le gars quand même me dit ouais mais moi il m'a rien fait je suis en train de t'expliquer qu'il violait sa nana et toi tu es en train de me dire cale toi mec il t'a rien fait voilà donc en fait la réalité c'est ça et c'est extrêmement tabou les gens ne veulent pas voir les gens te disent Oui mais comment je sais si tu dis la vérité ? Je ne sais pas, tu viens, tu traverses la porte, tu ouvres la chambre, enfin tu viens dans la chambre, comme ça tu regardes. Et en fait les gens ne croient pas, parce que ça remet trop de choses en cause au niveau de leur mode de pensée. Et ça, quand on aura fait cette étape-là de croire les victimes de violences sexistes et sexuelles, déjà on aura fait une grande étape dans le process de les faire cesser. Ça commence par là. Et tous les témoins, tous les proches qui... Oui mais moi je suis neutre. Non, non, neutre ça n'existe pas dans ce cas-là. tous les gens qui font ça sont autant complices exactement, ils sont totalement complices du truc et il faut prendre parti,

  • Chloé

    il faut être un peu courageux parce que c'est ça qui aide les victimes c'est qu'on soit courageux et qu'on les soutienne cette notion de courage elle est compliquée pour beaucoup de personnes en tout cas je tiens à le souligner à le dire, à le crier haut et fort à toutes les victimes on vous croit vous êtes légitimes et vous n'êtes pas seules Donc c'est important de le dire et je pense qu'on le redira jamais suffisamment. Et ce sujet qui en effet est encore tellement tabou, il nous concerne toutes et tous. Comment selon toi, outre le fait de tout ce que tu peux partager, est-ce qu'on peut sensibiliser et amener un peu à une réflexion collective ?

  • Vigdis

    Alors, moi, je dis souvent, si on ne sait pas comment faire, on partage Opale, on partage les outils, on partage les contenus qu'on met à disposition, on partage le questionnaire parce qu'on ne sait pas à qui ça va servir, à quel moment ça va lui servir. Et je pense qu'une des choses aussi les plus importantes, c'est de ne pas laisser passer. Voilà, il ne faut pas laisser passer. Il n'y a pas de petite violence. Je repense à cette situation-là avec mon comptable, c'était il y a un grand nombre d'années. Je n'étais pas aussi éveillée à tout ça. Et je ressens le malaise encore face à la situation, mais je n'ai rien dit. Là, aujourd'hui, je me retrouverai dans cette situation. et bien je pense que je lui ferai une lettre de rupture de mission en lui expliquant pourquoi je rompais ma mission avec lui. Si sur le moment où je suis tellement sidérée que je n'ose pas parler, je pense que dans les jours qui suivent, je fais ça et je lui fais un courrier pour lui dire pourquoi je ne suis plus sa cliente. Et je pense que c'est important d'écouter et de prendre conscience des choses, parce qu'on peut évoluer, on doit évoluer normalement, et ne rien laisser passer parce que ce sont tous ces actes qu'on laisse passer qui font que les violences sont tolérées dans notre société. Et moi je pense très souvent à la femme de mon comptable depuis que j'ai lancé Opale, je me dis à chaque fois, mais je me prends des bouffées d'émotions quand je repense à elle, et je me dis là t'as rien dit, bon bah maintenant je dis à d'autres mais je parle quoi. Et on peut s'être planté dans le passé, mais c'est évolutif, et il faut que ça soit évolutif. Parce que la prise de conscience, elle est petit à petit. Il faut écouter aussi.

  • Chloé

    En tout cas, on va partager les liens de Opale et tâcher d'en parler au maximum de personnes. Toutes les personnes qui écouteront cet épisode, partagez Opale dans votre entourage, parlez-en. Parce qu'il y a malheureusement forcément des personnes qui sont concernées et victimes de violences. Donc, toujours écouter, croire les personnes. On le répète, mais... Voilà, je pense qu'il va falloir que je le répéte encore longtemps. Merci beaucoup, Vibdice, pour tout ça.

  • Vigdis

    Même si c'est votre pote, même si c'est votre meilleur ami, même si c'est votre frère, c'est horrible. J'ai un meilleur ami, j'ai un frère, j'ai même un fils. C'est horrible. Mais voilà, il faut même danser. Oui,

  • Chloé

    oui, oui, parce que, mais oui, même si parfois ça fait un peu mal de se rendre compte que notre entourage n'est pas très clean, il faut penser aux personnes, aux victimes en face. Et ce sont elles. les plus importantes et qu'il faut protéger et pas protéger les agresseurs pour terminer cet épisode je vais te poser les 3 questions classiques que je pose à mes invités la première ce serait quels sont les 3 conseils que tu donnerais à Vic Diz d'il y a 10 ans je

  • Vigdis

    lui dirais tu m'aides mieux ça sera plus beau demain et prends-toi

  • Chloé

    Merci. Je suis un petit peu émue. En tout cas, merci beaucoup pour ta confiance. Et même si c'est difficile, ça fait du bien de pouvoir parler de tout ça. Du coup, tu nous disais qu'au début de ta réflexion et de ta prise de conscience, tu as lu beaucoup de livres. Est-ce que tu en aurais un à partager ou un film ou un podcast ou quelque chose à partager sur ce sujet-là que tu as comme inspiration ?

  • Vigdis

    Il y en a un qui m'a fait vraiment, qui m'a éclairé, qui m'a levé toute cette sensation d'être responsable, c'est le contrôle coercitif du docteur André Agru et Fentila. C'est un peu, c'est une chercheuse, donc c'est un livre d'une chercheuse, et celui-là m'a fait vraiment beaucoup de bien parce que le contrôle coercitif, donc c'est quels sont les moyens mis en oeuvre par son agresseur pour empêcher, La victime de partir. Donc, versus l'emprise, l'emprise va poser la question de pourquoi est-elle restée. Le contrôle coercitif, c'est comment il s'y est pris pour qu'elle reste. Et ça vient quand même replacer les choses dans ton esprit. Non, je ne suis pas complètement con, je ne suis pas complètement débile et niaise. Si je suis restée, c'est parce qu'en fait, tout avait été fait en sorte pour que je reste. Donc, ce bouquin, moi, m'a sauvé la vie. Je lui répète très régulièrement, ce bouquin m'a sauvé la vie. Et un autre bouquin que j'ai beaucoup aimé, qui fait écho à ce que tu disais par rapport à la société et à tout ce qu'on nous amène à croire comme normal, c'est un livre qui est de Chloé Thibault, je crois, qui s'appelle Désir et la violence. Et celui-là, c'est une pépite, je l'ai offert à une amie pour son anniversaire il y a quelques jours, encore. Et en fait, ça va venir... nous chercher un peu dans nos retranchements de tout ce qu'on a pu kiffer comme séries, livres, chansons, etc. qui ont fait notre construction et qui... en fait nous amène à désirer la violence, à trouver que c'est quelque chose d'excitant et qu'on va rechercher dans les relations parce qu'en fait tout socialement, toute la pop culture nous amène à penser que tout ceci est normal et donc ce livre est une extrêmement forte analyse de ce système là et je pense qu'il faut les mettre dans tous les mains de toutes les ados à minima.

  • Chloé

    Je suis bien d'accord, j'ai lu le second. En effet, que j'ai beaucoup aimé, on est de la même génération, donc je pense que les références de Chloé nous font écho et de se dire, waouh, ça fait peur et c'est difficile de créer des relations amoureuses saines ou même de comprendre un peu ce qui est, d'avoir des attentes aussi qui sont saines en ayant toute cette... tous ces exemples en étant entourée par de la violence. Ce livre est vraiment génial. Et le premier, je ne le connaissais pas. Merci beaucoup pour la référence, du coup. Et pour terminer, est-ce qu'il y a une personne que tu aimerais entendre dans ce podcast ?

  • Vigdis

    Eh bien, je pense à Aude de Plume. Aude, c'est une ancienne prof de français. qui a créé un outil pour inciter les enfants à écrire, les jeunes à écrire. Et elle a changé de nom récemment, donc je vais dire une connerie, Aude. Et la société, l'outil s'appelle Plume. Et voilà, elle est extrêmement intéressante. Elle est vachement cool pour une prof de français. Non, non, elle est vraiment très gentille. Et puis... Et puis je trouve que c'est toujours très intéressant de voir quel chemin mène à Rome en fait. Elle n'est pas du tout issue de la tech, elle n'est pas du tout issue de ce milieu-là, elle a fait des études de lettres, et en fait voilà, elle a une idée, elle l'a poussée, elle l'a mise en œuvre, et je trouve que c'est intéressant comme message aussi à passer aux femmes, vu qu'on est très peu dans la tech quand même, de manière à dire... qu'en fait, on n'a pas besoin de faire des études spécifiques. Moi, je le répète très souvent quand je fais des interventions, je suis dirigeante dans la tech depuis 8 ans, mais je ne sais pas pondre une ligne de code. Je ne sais pas comment ça fonctionne, je suis bien incapable de le faire. Par contre, réfléchir, penser, articuler, organiser, gérer un projet, savoir qu'est-ce que je veux et comment je veux que ça soit mis en œuvre, et bien ça, c'est totalement mon métier. Je suis toujours partie du principe que la tech pouvait tout faire. Alors quand tes devs te disent non, non, non, tu dis si, si, si, au final, tu arrives à quelque chose et tu n'as pas de limites, tu ne connais pas les limites techniques et donc tu n'en as pas. Voilà, moi, c'est quelque chose que je trouve intéressant à passer comme message parce qu'on n'a pas besoin d'être issu d'un domaine pour réussir dans celui-ci. Et surtout, les trajectoires de vie, elles sont vastes et multiples.

  • Chloé

    Je suis à 10 000. Je valide. En effet, c'est un message qu'il faut faire passer, qu'on est dans un secteur qui, au final, est ouvert à tout le monde. Et on peut y accéder en sortant d'études d'ingénieur ou à 40 ans, quand on a une idée d'un projet et qu'on veut le lancer. Il n'y a pas de route prédéterminée, donc c'est important de pouvoir le partager. Merci beaucoup, en tout cas, à Vic10 pour cet épisode, pour ce partage. encore une fois on va mettre en avant Opale on va mettre le formulaire et vous êtes légitime, on vous croit et tout plein de force à toutes et merci pour tout ce que tu fais et pour ce projet qui est absolument merveilleux et j'espère qu'il va changer beaucoup de vies un grand merci pour ton écoute on se retrouve lundi dans deux semaines pour la découverte d'une nouvelle meneuse j'espère que l'épisode t'a plu si c'est le cas Laisse-moi ton avis sur la plateforme que tu utilises. Et s'il te reste encore un peu de temps, partage cet épisode à ton entourage pour faire un gros big up à notre menace du jour. La bise, si tu le veux bien, et toujours plein de loutres dans ta vie. Ciao !

Description

Vigdis Morisse - Herrera est une entrepreneuse passionnée et fondatrice d'Opale, une plateforme dédiée à l'accompagnement des victimes de violences conjugales. Avant de se lancer dans la tech, Vigdis était professeure des écoles spécialisée dans l'enseignement du chinois. Elle a su transformer son expertise pédagogique en un projet technologique ambitieux, permettant à des milliers de personnes d'apprendre le chinois grâce à sa méthode innovante. Forte de cette expérience, elle a décidé de mettre ses compétences au service d'une cause qui lui tient à cœur : la lutte contre les violences conjugales.


L'épisode aborde les différentes formes de violences conjugales, souvent invisibles, et la manière dont Opale aide à les diagnostiquer et à les comprendre. Vigdis partage son parcours personnel, ses motivations et les défis qu'elle a rencontrés en développant cette application web. Opale propose un diagnostic approfondi à travers un questionnaire de 200 questions, couvrant toutes les typologies de violences, et fournit un cadre juridique pour aider les victimes à se sentir légitimes dans leur démarche de recherche d'aide.


Pour rappel : 1 femme sur 6 victime de violences conjugales.


Au cours de cet épisode :

  • Son 1er projet d’entrepreneure dans la tech sans notion de dev ou produit

  • Son parcours perso qui a mené à la naissance d’Opale

  • L’immédiateté un sujet clé pour aider les victimes

  • La force de la tech pour lutter contre les violences conjugales

  • L'importance de sensibiliser les entreprises et les collectivités à ce sujet

  • Les différentes formes de violences conjugales, souvent invisibles


📕 On a cité dans l'épisode avec Vigdis :

Pour faire le test sur Opale : https://opale.care/?_format=xml

L'application pour les entreprises et collectivités : https://pro.opale.care/


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violence conjugale • business • women in tech • empowerment - women leadership • Produit Tech • leadership • entreprenariat • diversité • Violences conjugales - Aide aux victimes - Tech social - Droits des femmes


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Vigdis

    en faire quelque chose, toujours pareil, d'utile au plus grand nombre, parce que la texte, c'est ça qu'elle sert. Elle fait le test, elle m'envoie l'image, elle me dit. C'est vrai que quand il m'a cassé la main, j'aurais dû m'en douter. Il faut rendre accessible au plus grand nombre le fait de savoir ce que sont les violences.

  • Chloé

    Hello, c'est lundi et tu fais bien d'écouter Les Meneuses pour lancer ta semaine avec une dose d'inspiration. C'est Chloé, ta PMM préférée. Et aujourd'hui, j'accueille Vigdis Morisse - Herrera, fondatrice d'Opale, une plateforme pour aider et accompagner les victimes de violences conjugales. Cet épisode est sur ce sujet, qui est à la fois tabou, très commun, et contre quoi il est essentiel de lutter. Je te préviens, l'épisode n'est pas simple à écouter. À toutes les victimes, on vous croit, vous n'êtes pas seules. Si c'est bon pour toi, on va commencer. Bonne écoute, et si l'épisode te plaît, pense à le partager. Bonjour Vigdis, comment vas-tu ?

  • Vigdis

    Bonjour Chloé, très bien et toi ?

  • Chloé

    Eh bien, écoute, ça va. Je suis ravie de t'avoir avec moi pour cet épisode des meneuses. Merci beaucoup pour ta disponibilité et pour les personnes qui ne te connaissent pas. Est-ce que tu peux te présenter ?

  • Vigdis

    Alors moi, je suis Vigdis Moris-Herrera. Je suis entrepreneuse dans la tech depuis maintenant 8 ans. J'ai plusieurs entreprises dans ce domaine et auparavant, j'étais professeure des écoles spécialisées dans l'enseignement du chinois.

  • Chloé

    Ok, excellent. Donc tu passes de professeure des écoles à la tech. Comment est-ce que tu es tombée dans la tech du coup ?

  • Vigdis

    Je suis tombée dans la tech parce que moi, ma spécialité, c'était l'enseignement du chinois. J'ai fait des études de chinois, j'ai vécu en Chine et j'enseignais cette discipline au niveau des enfants, au niveau du primaire. Et j'ai mis en place des méthodes pédagogiques qui ont hyper bien fonctionné en classe, qui ont hyper bien fonctionné dans les classes alentours quand les collègues les utilisaient. Et en fait, la tech, c'était révéler le meilleur moyen de pouvoir diffuser largement un outil. Et surtout, à mon niveau, avec l'enseignement du chinois, c'était en 2015-2016 qu'on a lancé un moyen de diffuser à moindre coût un enseignement qui est plutôt vu comme élitiste. Et donc, c'était ça vraiment l'enjeu autour de la tech, que n'importe quelle personne qui se dise j'ai envie d'apprendre le chinois il puisse.

  • Chloé

    Donc tu te lances en tant qu'entrepreneuse dans la tech. Est-ce que tu avais des notions un peu techniques de développement de produits ou vraiment tu es partie de zéro et tu t'es dit je vais lancer une application, let's go ?

  • Vigdis

    J'ai lancé complètement de zéro. Moi, je n'avais vraiment aucune compétence spécifique là-dedans. Je l'ai lancé vraiment pour m'éclater. C'était un moyen de m'éclater et de faire en sorte que ce que j'aime, je puisse le partager avec le plus grand nombre. Et au final, c'est un beau succès parce qu'il y a 25 000 personnes qui se forment, se sont formées avec ma méthode de chinois depuis ses débuts. Donc, oui, j'ai eu plusieurs bouquins qui ont été publiés autour de ma méthode. Donc, je suis très contente de comment l'idée matérialisée, pour moi, c'était des jeux physiques en bois, des trucs à manipuler. Je l'ai... porter sur un outil digital pour que ça sorte de ma classe, simplement ma classe, pour aller vers le plus grand nombre et pouvoir répondre vraiment à ces désirs de gosses, parce que c'était ça un peu mon idée. Moi, je n'ai pas pu apprendre le chinois comme j'en avais envie quand j'étais petite, parce qu'on habitait dans un endroit où il n'y avait pas. Et je voulais justement permettre de lever ce blocage à moindre coût, de manière simple, accessible et efficace.

  • Chloé

    Ouais, mais c'est génial, je trouve, d'avoir des cas pratiques que tu fais, toi, dans ta classe, d'arriver à les digitaliser alors que tu n'as pas de notion de développement ou de produits digitaux et d'arriver avec 25 000 utilisateurs et utilisatrices. C'est un truc de fou. Ça fait plus de deux ans que tu es sur un autre projet qui est totalement différent, qui s'appelle Opale. Comment est-ce que ce projet est né et en quoi ton parcours ? personnel et professionnel ont influencé cette décision de lancer Opale ?

  • Vigdis

    Alors moi, j'ai vécu pendant des années des violences conjugales au sein de mon foyer et je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite. J'ai quitté cette personne en me disant en fait, je vais mourir si je reste avec. Je ne veux pas qu'il m'approche, je ne veux pas qu'il me touche, je ne veux pas qu'il me parle, je ne veux pas qu'il me regarde. Mais je ne me nommais pas, malgré ce ressenti qui était vraiment très présent. J'ai pris 10 kilos. depuis que je l'ai quitté, donc là je fais un 38 donc voilà, ça laisse un peu imaginer l'état dans lequel j'étais au moment où je suis partie et Et je pensais tous les jours que ça serait beaucoup plus simple si j'étais morte, ça s'arrêterait. Et malgré ça, je ne nommais pas les violences. Pour moi, ce n'était pas un homme violent. C'était un homme qui m'aimait trop. C'était un homme qui m'aimait mal. Mais ouais, on en dit des conneries quand on met le nez dedans. Et pourtant, il me mettait dans cet état-là. Et j'étais vraiment au fond du trou. Et bon, ouais. Quand je l'ai quittée, j'ai toujours été une très très grande lectrice. J'ai énormément lu. J'ai lu tout ce qui me tombait sous la main. Je suis la meilleure cliente de toutes les librairies du coin parce que je dévore 4, 5, 6 livres par semaine. Et quand j'ai un sujet qui m'intéresse, je le lis. Ça m'a aidée à comprendre ce que j'avais vécu et pourquoi je ne l'avais pas perçu comme tel au démarrage. Ça m'a aidée à comprendre ce que sont les violences conjugales en dehors du spectre classique de la femme battue. Et à partir de là, je me suis dit qu'en fait, il faut que ces connaissances qui sont dans les livres, qui sont répétées, répétées par énormément d'acteurs, même sur les réseaux sociaux, on trouve beaucoup de personnes sur Instagram qui vont alerter sur ça, il faut rendre accessible au plus grand nombre le fait de savoir ce que sont les violences, quels sont l'impact sur les personnes, parce que l'impact n'est pas uniquement perso. Ça veut dire que si le matin, tu ne veux pas te lever et que tu n'as pas envie de rentrer chez toi et que tu as peur de mourir, tu ne bosses pas économiquement. Les nanas qui vivent ça, on parle d'une sur six, elles ne bossent pas, elles ne peuvent pas bosser correctement. Et donc moi, au début, je voulais monter une ASO pour informer parce que c'était le seul modèle que je connaissais sur ce domaine des violences conjugales. Et en fait, ça ne collait pas. à qui je suis, à ce que je fais. Et puis, je suis partie directe dans quelque chose d'un peu complexe, bien moins que mon logiciel, mon LMS pour les langues, loin de là, mais sur quelque chose qui sortait du spectre de l'association. Et je me suis dit, en fait, là, ce que tu es en train de monter, c'est un projet d'entreprise. Tu es en train de monter un projet d'entreprise avec un réel service. Et... Et donc il va falloir le penser comme tel. Et donc le fruit de toutes ces lectures m'a permis de mettre en place Opale, de réaliser le questionnaire d'OPALe, qui permet de diagnostiquer les violences conjugales, de pouvoir faire toute la stratégie juridique qu'il y a derrière, et en fait penser tout le logiciel de manière à pouvoir en faire quelque chose. Toujours pareil, d'utile au plus grand nombre parce que la texte, c'est ça qu'elle sert. Elle sert à diffuser les choses très largement, le plus simplement et le plus rapidement possible. Donc, j'ai réfléchi pendant deux ans et j'ai lancé la première version à destination du grand public il y a six mois.

  • Chloé

    Donc, ça fait six mois que la version grand public est née. Encore une fois, tu crées un logiciel de ton expérience. Bon, là, un peu moins heureuse que sur la partie... faire apprendre le chinois. Aujourd'hui tu présentes Opale comme la première application destinée à la fois aux victimes de violences conjugales, à leurs entourages et à leurs employeurs. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu plus le concept et exactement ce que tu proposes ?

  • Vigdis

    Opale c'est une application web. Pourquoi une application web ? Parce qu'une application mobile ça laisse des traces. On parle vraiment beaucoup de cyber violence. L'objectif est que La personne qui navigue et qui recherche de l'aide laisse le moins de traces possible sur Internet. Parce qu'on n'est pas tous égaux par rapport à nos compétences numériques. Et même dans un couple, il y a un déséquilibre. Et bien souvent, on se retrouve avec des hommes qui ont bien plus de compétences numériques que leur compagne. Donc Opale, c'est une application web. Opale va permettre, à travers un diagnostic de 100 questions, ça prend 15-20 minutes, de pouvoir faire le tour de sa relation au niveau de... toutes les typologies de violences, qu'elles soient psychologiques, sexuelles, vicariantes, donc qu'elles concernent les enfants, administratives, économiques, cyber-violences et psychologiques. L'objectif c'est que, et physique bien sûr, on sort du tout violence physique parce qu'en fait c'est un conjoint qui frappe, c'est un conjoint qui a pris le droit d'eux. Et donc il s'est passé beaucoup d'étapes avant. pour qu'ils se sentent suffisamment autorisés pour te toucher. Et donc ça, tout ça, c'est analysé et analysable. Donc nous, on pose des questions autour de ça. À l'issue du questionnaire, on va établir un diagnostic. Il nous semblerait que tu sois potentiellement victime de ça, ça, ça, comme typologie de violence. On t'explique ce qu'elles sont, ces violences. Parce que vu qu'on n'en parle pas, personne quasiment les connaît. Donc on explique ce que c'est. On va reprendre point par point toutes les questions auxquelles la victime aura répondu par l'affirmative, enfin une réponse problématique. et on va lui donner le cadre juridique. Tu nous as répondu que... Donc ça veut dire que toi c'est ta normalité et que le conjoint aussi t'explique que la normalité c'est ça. La justice en France, le code pénal dit que... Et ça c'est très très important pour sortir aussi de l'emprise et de réussir à se détacher de la norme imposée par l'agresseur. Donc nous on va donner le contexte juridique. Et ça permet d'affirmer la gravité des faits et de se sentir tout à fait légitime pour la deuxième étape. La deuxième étape, c'est les associations. Il existe énormément d'associations en France, elles font un travail formidable, elles sont sous l'eau parce qu'elles ont peu de moyens et qu'il y a énormément de besoins, énormément de demandes. Donc, nous, notre travail, c'est de les trier en fonction des critères sociodémographiques de la victime, du type de violence qu'elle subit, de référencer ces associations en enlevant, je dirais, toutes les informations que la victime de violences conjugales ne recherche pas. Elles s'en fichent. que l'association fasse des formations violences sexistes et sexuelles. Elle s'en fiche que l'association fasse des collectes de fonds ou soit militantes anti telle ou telle chose. C'est très bien, mais pour la victime qui cherche de l'aide immédiatement, ça ne lui permet pas d'avoir accès. Ça rajoute des étapes, en fait, et puis toutes ces étapes qui vont être un petit peu... qui vont amener la victime à minimiser ce qu'elle vit parce que... En fait, moi, ce n'est pas si grave. Regardez, il y a des nanas qui vivent ça. Non, en fait, moi, je ne fais pas appel à l'asso. Donc, bref, l'objectif, c'est de supprimer toutes ces étapes et de donner une information claire. L'association, elle fait des permanences juridiques à telle heure, à tel endroit, tu contactes comme ça. Simplifier un hub d'informations. On prend toutes les assos qui correspondent dans un secteur donné. Ensuite, on va référencer les aides de l'État. Toujours pareil, l'État, il met en place des choses. Il faut rendre accessibles simplement ces ressources. Sur le site du gouvernement Arrêtons les violences, qui va se concentrer sur les violences psychologiques, mais tout ce qui est violences sexistes et sexuelles, il y a plein d'infos qui concernent toutes ces typologies de violences. Et donc, tu es un peu perdu au milieu de qui fait quoi par rapport à quel type de violence tu vis. D'autre part, par exemple, l'aide du gouvernement qui est nouvelle depuis décembre dernier, qui est une aide de la CAF pour les victimes de violences conjugales pour pouvoir quitter un foyer violent. Sur le site Arrêtons les violences, jusqu'à la page de destination finale sur la CAF, tu as 7 clics. pour arriver à un tableau style APL où tu dois faire toi-même tes calculs, qui te dit fais comme ça ton calcul et tu sauras ce à quoi tu as droit 7 clics. En situation d'urgence, de besoin de réponse rapide, etc., on veut l'immédiateté. Donc nous, on va donner immédiatement cette immédiateté de réponse à cet endroit-là, par exemple. Et on va limiter au maximum les interlocuteurs et les étapes. Là commence notre partie à destination des entreprises. Parce que... Une victime de violences conjugales, c'est quelqu'un qui va mal travailler, qui ne va pas pouvoir travailler correctement. Ce n'est pas sa faute. C'est la faute de ce qu'elle vit et de son agresseur. Mais in fine, c'est elle qui en paye les conséquences et plus précisément, c'est son employeur qui en paye les conséquences. Parce que quelqu'un que tu payes à bosser et qui ne peut pas bosser pleinement, c'est pénalisant pour la performance d'une entreprise. Donc nous, on va aller voir les entreprises, on va les inciter, on va leur faire prendre conscience du fait que les violences conjugales, c'est elles qui les financent. Il y a des études qui le prouvent, ce ne sont pas des chiffres qui sont sortis de mon chapeau. D'ailleurs, on a même mis en place sur Opale, sur la version pro, un simulateur de coût. Une entreprise, tu rentres combien tu as d'employés ? Si tu es plutôt SMIC, Média, en moyen, si tu es... Comment tu te situes en termes de répartition homme-femme ? Et puis ça va te dire combien tu as de victimes potentiellement dans ton entreprise, combien tu as d'agresseurs, combien d'enfants sont touchés, combien de pognon ça coûte à la société, combien ça te coûte à toi. Mais c'est ça dont on a besoin pour faire des déclics parce que c'est un problème qui est massif. Et donc on va faire prendre conscience aux entreprises de leur rôle, de leurs responsabilités et de ce que ça leur coûte en fait. Parce que c'est aussi ça la réalité, on ne peut pas, l'entreprise est une personne morale, elle doit performer. Si ses effectifs salariés ne performent pas, elle est en difficulté. Et donc on va la guider sur qu'est-ce qu'elle peut mettre en place, qu'est-ce qu'elle a déjà de mis en place pour les potentielles victimes. qu'est-ce qui peut être amélioré, changé, et quelles sont des nouvelles idées auxquelles elle n'aurait pas pensé. On va tout référencer dans notre logiciel. Elle va avoir un espace administrateur dans lequel elle administre ça. Si elle décide par exemple d'autoriser la victime à aller porter plainte pendant son temps de travail sans frais, enfin sans déduction de salaire, eh bien par exemple, cette aide, la victime, elle va avoir rentré le code de son entreprise au moment où elle fait le test. Et elle voit que son employeur a prévu ça pour elle. Elle voit que la personne à contacter, c'est Madame Machin, au RH. Il suffit de lui envoyer un mail et que la seule chose à mettre, il n'y a pas de document en plus. Enfin voilà, une information claire, simple et centralisée. On va faire pareil pour les collectivités, départements, régions, villes, qui ont aussi un intérêt à limiter les conséquences des violences conjugales. Et on va aussi permettre ça aux entreprises qui ont un intérêt à ce que leurs clients, leurs clientes, ne soient pas exposées, ou en tout cas le moins possible, aux violences conjugales. Je pense aux assurances, aux banques, aux mutuelles, etc. Et en fait à n'importe quelle entreprise qui se sentirait investie par ce sujet et qui voudrait pouvoir faire quelque chose. Donc voilà, nous on va référencer tout ça au sein d'Opale, de manière à ce que la victime, elle voit tout centralisé au même endroit et qu'elle puisse faire un rapide calcul. Elle se dit, bon, je peux le faire, j'ai ça, ça, ça qui m'aide, je vais avoir ça comme pognon, je vais avoir ça, go, je peux me casser. Et ça, c'est super important.

  • Chloé

    Ouais, et surtout de donner cet accès, déjà, de pouvoir mettre le doigt sur ce que la personne vit, parce que souvent, comme tu disais, tu ne vois pas les choses, ou tu es aveuglé par ce que tu vis, ou tu minimises. Alors que chaque situation est extrêmement grave et il faut pouvoir donner un accès pour s'en sortir. Et donc du coup, toi, pour les victimes, c'est un service qui est gratuit et qui les permet de les guider dans les démarches et de leur simplifier toutes ces étapes-là. Et du coup, toi, ton business model, c'est de vendre aux entreprises et aux collectivités ce service-là pour qu'ils le mettent en place là où ils sont. Combien aujourd'hui tu as d'entreprises avec lesquelles tu travailles ? Combien tu as d'utilisateurs et de personnes qui ont fait le test à aujourd'hui ?

  • Vigdis

    Alors aujourd'hui, on est à plus de 3000 personnes qui ont fait le test. Donc 3000 personnes accompagnées. À chaque fois qu'on a des sorties dans la presse, on a des pics de personnes qui se connectent et font le diagnostic en entier, je dis bien. Et au niveau des entreprises, on est sur des process qui sont un peu longs en termes de décision parce qu'on s'adresse principalement pour l'instant à des grands groupes. Donc il faut débloquer les budgets. Les budgets des municipalités, c'est un peu tendu en ce moment avec le changement de gouvernement, mais bref, les budgets sont votés en tout début d'année. Donc on a quelques entreprises qui ont déjà signé et qui commencent déjà à l'utiliser, mais surtout on a une vingtaine, trentaine de grosses boîtes. De tout. d'horizon, je vais dire, de la banque à la maison de retraite, en passant par des sociétés de transport, des mairies, etc., qui sont intéressées par le logiciel, qui sont en train de le faire valider à différentes instances.

  • Chloé

    Et tu as décidé d'utiliser la technologie pour aider les victimes de violences. Quel est pour toi le rôle clé de la tech dans la prévention et la prise en charge des victimes qu'elle peut jouer ?

  • Vigdis

    Dans la lutte contre les violences conjugales et même... Tout type de violence, on est face à des humains la plupart du temps. Donc des humains qui ont leur limite d'humain. Et à partir du moment où on limite, on plafonne l'écoute à des intervenants humains, et bien en fait on ne respecte pas non plus le besoin d'immédiateté de répondre. Il est 23h, ton mec il est parti, t'as envie de faire le test sur Opale parce que il y a des choses qui t'ont interpellé, t'en as entendu parler, tu dis ah ça, ça me parle, je vais faire le test. Est-ce que tu as besoin ? Le moment où tu as besoin de faire le test, c'est le moment où tu as besoin de la réponse. Et nous, la réponse, on l'apporte immédiatement. On dit immédiatement, ok, il y a ça, ça, ça qui ne va pas. Tu peux aller demander de l'aide par-ci, par-là. Mais beaucoup n'auront peut-être pas besoin émotionnellement, etc. n'auront pas envie d'aller demander de l'aide à des êtres humains. Mais ils ont quand même besoin qu'on leur apporte la réponse. Et la réponse... le logiciel va leur donner cette immédiateté. Moi, j'ai mis deux ans et demi à trouver la réponse. Deux ans et demi, c'est extrêmement long. Moi, ce que je dis, c'est que je voulais donner à d'autres l'immédiateté de la réponse que j'ai longtemps cherchée. Tu n'es pas folle, il n'a pas le droit. Et à partir du moment où on veut des réponses, on veut savoir quoi faire, comment, une stratégie, etc., on veut tout maintenant, tout de suite. Et quand on doit appeler une asso qui nous dit dans une semaine, parce qu'en fait, il y a trop de victimes, mais que... On appelle pour déposer plainte au commissariat, que le commissariat nous dit qu'en fait, on ne peut pas recevoir, etc. En fait, dès qu'on est face à de l'humain, on est face à des limites temporelles. Donc la plateforme ne remplace pas l'humain, très loin de là. Elle va permettre d'apporter la brique de tri entre ceux qui en ont besoin et ceux qui n'en ont pas.

  • Chloé

    C'est super intéressant, parce qu'en effet, c'est un sujet qui est très lourd, même pour les personnes qui accueillent ce sujet sans le vivre directement. Et la charge émotionnelle, la charge mentale de gérer ça peut en effet avoir des limites. Et le fait de pouvoir donner à n'importe quel moment du jour ou de la nuit une réponse et aider à mettre le doigt sur certaines choses et ensuite à guider, c'est en effet quelque chose de crucial. Surtout qu'on sait que c'est un sujet qui est malheureusement bien, bien, bien trop courant. et qu'il faut pouvoir aider le maximum de personnes. Et aujourd'hui, l'humain n'y arrive pas. Donc je trouve ça génial de pouvoir proposer ce genre de choses. Quels sont les retours que tu as eus depuis que tu as lancé Opale, que ce soit venant des femmes, mais aussi des hommes ?

  • Vigdis

    Dès que je parle de moi, de mon histoire, j'ai toujours des nanas qui viennent me voir et qui commencent par Alors moi c'est beaucoup moins grave que vous, hein, mais... Et puis après, elles te racontent un truc atroce. Et en fait, on est formés, éduqués en tant que filles à minimiser notre ressenti. Les émotions d'une fille valent moins que les émotions d'un garçon, etc. Ça a moins de valeur. Et en fait, toutes ces femmes, elles viennent me voir, elles me disent la même chose. Oh là là, je vous... Moi, c'est moins pire, mais... Et elles me livrent les choses. Et en fait, c'est dans ce mais que se cache tout, parce que c'est ça qui invisibilise tellement de femmes, qui ne leur permet pas de se sentir légitime d'aller demander de l'aide. Et donc, elles subissent en silence. Elles subissent des atrocités en silence. Et toutes ces femmes-là, moi, c'est elles que j'ai envie d'aider. Et du coup, les retours vont être... Quand elles font le test, elles se rendent compte qu'elles arrivent à nommer ce qu'elles ressentaient. Mais j'ai une dame qui m'a écrit Comment on fait pour savoir si on est victime de violence ? Je lui dis Allez faire le test sur Opale elle fait le test, elle m'envoie l'image et elle me dit C'est vrai que quand il m'a cassé la main, j'aurais dû m'en douter Et en fait, on est dans un tel déni de choses parce que les agresseurs normalisent, etc. Oui, mais je ne sais pas, peut-être qu'il lui a dit je t'ai cassé là-bas, mais aussi tu m'as cherché, moi je t'aime, je ne voulais pas ça, c'est moi le plus triste des deux, etc. Je n'en sais pas plus. Mais on est tellement amené à renier ce qu'on ressent, la peine qu'on a, etc., qu'en fait, l'immédiateté de la réponse, ça libère. Et ce qu'on me dit, c'est que ça libère. Eh bien, je respire enfin. Une fois, on m'a écrit je respire enfin J'ai plein de témoignages, je n'arrive pas à répondre à tout le monde. Et à chaque fois, ça me bouleverse. Même la veille de lancer Opale, je l'envoie à mes proches pour avoir un avis. Et j'ai une cousine éloignée qui me dit en fait, je ne vous l'avais pas parlé depuis des années, je viens de faire ton test, je reçois le message au petit matin, merci, je suis à la gendarmerie. Je ne l'avais pas encore lancé auprès du grand public. Et donc ça, c'est les retours des femmes qui me marquent le plus. Je me dis, qu'est-ce qu'on subit en silence, sans oser l'admettre ? Les autres retours d'hommes qui m'interpellent beaucoup, alors j'ai des hommes qui me parlent aussi de violences qu'ils ont vécues, et ce que j'ai remarqué dans les moments où on est plusieurs, ils attendent d'être seuls pour pouvoir m'en parler. Parce qu'il y a une telle honte, et c'est... Et c'est exactement la même chose qui pousse les femmes au silence, qui pousse les hommes au silence. C'est qu'un mec, il ne doit pas se faire emmerder par sa nana. C'est lui le bonhomme, c'est lui qui doit gérer. Et donc c'est trop la honte si c'est sa nana qui drive. Et en fait, moi je veux lutter contre tout ça. Les autres choses que des hommes m'ont dites, j'étais... on a fait une campagne de com'là, qu'on voit un peu derrière moi. Je les reçois, j'étais à la... en train d'accompagner la classe de ma fille à la sortie piscine, je prends un café avec un papa qui est un copain, je lui montre les affiches parce qu'il sait, il connaît mon travail, donc il suit un petit peu. Et je le vois blanchir et il me dit tu fais un truc pour les auteurs ? Je dis ben là, à ce stade, pas du tout. Il fait parce que moi, quand je lis tes affiches, je sais qu'il y a des choses que j'ai faites et je ne m'en rendais pas compte. Et à partir de là, j'ai eu une dizaine d'hommes qui me l'ont dit frontalement. ils m'ont dit vos affiches m'interpellent parce qu'il y a des choses que je fais et c'est tout autant qu'on n'éduque pas les femmes à savoir ce qui est normal et ce qui ne l'est pas on n'éduque pas les hommes à savoir ce qui est normal et ce qui ne l'est pas on va reproduire des comportements qu'on a vu dans notre famille qu'on a vu par les copains etc c'est

  • Chloé

    très fort déjà les retours que tu peux avoir vis-à-vis des victimes comment t'accueilles ce... flot d'émotions, parce que c'est des émotions très fortes, sachant que tu as vécu ça aussi, et que c'est une plaie que tu dois penser également, comment tu vis au quotidien ? Est-ce que tu te mets des moments où tu regardes les messages et d'autres, où tu fais des pauses ? Comment tu gères ça ?

  • Vigdis

    Je suis obligée de faire des pauses et j'ai beaucoup de messages pour cette raison-là, parce que moi, j'ai mon vécu, j'ai mon vécu de femme qui a vécu des violences. Très souvent, on me parle des enfants. Et moi j'ai mon vécu d'enfant qui a vécu des violences. Donc en fait ça fait des choses qui parfois sont très très lourdes. En plus j'ai ma procédure judiciaire en cours. Donc il y a des moments où je suis bien incapable de gérer tout ça. Et je sais que je suis hyper sensible donc je n'arrive pas à mettre de la distance. Les histoires elles vont m'occuper le cerveau, elles vont m'empêcher de dormir à la nuit. Et je ne veux pas être écoutante, je ne suis pas formée, je ne suis pas apte à l'être en fait. Je ne veux pas adresser ce rôle, je respecte totalement les personnes qui le font. Je trouve qu'il faut énormément de force et de courage pour faire ça. Mais je veux faire ma part des choses et c'est pour ça que le numérique me permet de faire quelque chose pour aider. tout en ne m'exposant pas,

  • Chloé

    ou en tout cas au minimum. Oui, c'est en effet, c'est des métiers, il faut être formé à recevoir tout ça, et même quand tu es formé à recevoir tout ça, c'est très difficile. Et je trouve ça bien également le fait que les hommes osent te dire Ok, je me reconnais dans ton affiche qui dénonce des violences. Et ce qui est bien, c'est qu'en fait, On est dans une société où on est tellement construit par des normes patriarcales, par des schémas de violence partout, tu disais, dans la famille, dans l'entourage, mais aussi dans les films qu'on voit, dans les séries qu'on a pu lire, les livres qu'on a pu lire, etc. Donc en fait, c'est tellement ancré qu'il y a les victimes qui doivent arriver à se rendre compte qu'elles sont légitimes. Et à ouvrir les yeux sur ce qu'elle vit et que ce n'est pas normal. Mais il y a aussi les acteurs de ces violences qui, parfois, les font plus ou moins s'en rendre compte. Et je trouve ça bien qu'à la fois tu puisses aider les victimes et également les auteurs, d'une certaine manière, en les interpellant, en semant une petite graine qui va, du coup, faire pousser une réflexion qui, j'espère, derrière, va changer des comportements. Même si... certains ne changeront pas malheureusement donc c'est très fort depuis que tu as lancé Opale, tu es entrepreneuse dans la tech et c'est un domaine qui est très sensible quel est ton plus grand défi depuis que tu as lancé Opale ce soit sur la partie technique, humaine ou même juridique, c'est quoi la chose la plus difficile que tu as rencontré jusqu'à aujourd'hui ?

  • Vigdis

    hum Je dirais que c'est une difficulté qui est plutôt humaine. C'est que j'ai l'impression que mon message fait peur. Et je pense que c'est vrai, ça fait un peu peur. Mais je pense qu'il y a un moment où il faut arrêter de mettre des œillères. Il faut regarder les choses en face, sinon on ne peut pas les combattre. Je pense que mon message fait peur de par... le fait qu'il montre que c'est un phénomène qui est massif, qui concerne toutes les classes sociales, toutes les origines, toutes les religions, tout. Voilà, on ne peut pas se dire, les violences, c'est tel type de profil, etc. Ça ne touche que les pauvres, ça ne touche que... C'est impossible de se dire ça, ce n'est pas vrai, ce n'est pas le reflet de la réalité. Et ça, je pense que ça, ça fait peur. Parce qu'en fait, quand on se... Quand on pense les violences, on pense toujours à l'autre. L'autre, l'autre, peu importe à quoi il ressemble, mais c'est pas les gens comme nous. On va penser les choses comme ça. Sauf que le violent, ça peut être ton père, ton fils, ton cousin, le voisin qui est super sympa, qui te ramène le journal, ça peut être... Voilà, toutes ces personnes-là, elles ont un double visage et c'est très important de l'avoir en tête que c'est très, très, très massif. Et voilà, moi je constate que ce message fait peur parce que c'est une chose de se dire qu'il y a des victimes de violences conjugales et qu'on ne parle que des violences conjugales physiques, et bien on arrive à une quantité un peu réduite de la masse, sauf que là on est au noyau central, et sauf que tout autour, le fait que, je prends très souvent cet exemple, j'en parlais encore hier avec une copine, Le père de sa fille dit devant la gamine Mais oui, papa, il va te payer la moitié de ton anniversaire avec maman, l'anniversaire organisé dans un laser game ou une connerie comme ça, un truc qui a coûté super cher. Et ça fait trois mois que la mère, tous les quinze jours, elle envoie un message au père en lui disant En fait, rembourse-moi, j'ai tout avancé, rembourse-moi, rembourse-moi. Et le père lui trouve des excuses à chaque fois. Et là, la dernière, c'est que c'est Noël et qu'il a moins de pognon à Noël. Ça, c'est des violences. Ça, c'est des violences, elles sont totalement institutionnalisées. Quand mon comptable, en plein divorce, m'expliquait qu'il allait se rendre insolvable pour ne pas filer de pognon à sa femme parce qu'il estimait que c'était une feignante, ça, c'est de la violence. Ouais, ma véridique. Et en fait, c'est extrêmement délétère et ça se cache dans plein de choses. Et tout ça, il faut le combattre exactement au même titre que les mecs qui foutent des beignes à leur femme. Parce qu'en fait, toutes ces petites choses, vont autoriser, qui sont autorisés en fait socialement et qui sont des violences pour ceux qui les vivent, ben en fait, c'est la porte ouverte à tout le reste. Et ça, même si c'est massif, même si ça fait peur, même si ça demande de repenser notre modèle de société, ce qu'on trouve acceptable, tolérable, drôle, pas drôle, eh bien il faut y réfléchir sérieusement et il faut se décider à un moment à agir.

  • Chloé

    C'est vrai que c'est un sujet, en effet, dès qu'on parle de ces sujets-là, qui fait peur. Mais on voit avec les réactions, pas tous les hommes, on ne peut plus rien dire, on ne peut plus rien faire, etc. Et en fait, c'est rejeter le problème sur soi, alors que quand on est un homme, ils font un peu, nous on est différents. Mais quand on voit les auteurs de ces violences, comme tu disais, ça concerne tout le monde. Et le problème, c'est qu'aujourd'hui, on entend parler de la haute partie de l'iceberg, par exemple avec les féminicides. Et encore, comme on a vu comment c'est traité, il y en a eu un il y a peu de temps, c'était la semaine dernière à Toulouse, là où je vis. Et le journal La Dépêche a dépeint le portrait d'un garçon adorable qui était adoré, etc. Il parle à peine de la victime qui a été retrouvée dans des... Bref, et en fait, déjà, c'est difficile de parler de cette partie de l'iceberg. Et derrière, en fait, toutes les violences qui, du coup, découlent et sont orchestrées par tout le monde, en fait. Et comme tu disais, ça fait peur et c'est difficile à entendre pour certains. Mais à un moment donné, il va falloir voir les choses en face et confronter un peu son entourage, les personnes. qu'on connaît pour réaliser que c'est un système ultra-violent. Et du coup, quand on parle de tout ça, on entend souvent le terme femme battue que tu m'avais évoqué notamment. Mais il existe mille et une violences, mille et une formes. Quelles sont les violences dont on parle le moins ? Tu parlais des violences... économiques, mais qui ont également des conséquences dramatiques. Et pourquoi est-ce que l'invisibilité, ces violences-là, c'est dangereux pour les victimes ?

  • Vigdis

    Je pense... Alors nous, en fait, sur Opale, par contre, avec les réponses, on va collecter des statistiques. On ne sait pas qui répond. Je n'ai aucun moyen de savoir qui répond, pas Mail, pas IP, rien du tout. Mais par contre, j'ai les données. Je sais ce que les personnes répondent. Et donc les statistiques gouvernementales, par exemple, nous disent que sur les victimes de violences conjugales qui déposent plainte, il y en a 4%. Et c'est en augmentation, parce qu'on commence à en parler, il y en a 4% qui portent plainte pour des faits de nature sexuelle. Moi, sur Opale, sur les 3000 personnes qui ont répondu au questionnaire, j'ai 60% des personnes qui sont victimes de violences sexuelles au sein du couple. Et en fait, ça je pense que c'est le plus gros tabou autour de ce que sont les violences. Il faut savoir que c'est quand même 1992 pour avoir sorti du code pénal l'obligation le devoir conjugal. Donc on est nés, je crois qu'on est à peu près le même âge, on est nés, le devoir conjugal était une obligation. Si ça se trouve on est nés du fruit du devoir conjugal. Enfin il y a un moment, c'est quand même ça la réalité. Et en fait dans les esprits... C'est toujours ça, on l'entend avec le procès maçon, oui mais c'est sa femme quand même, c'est sa femme. Voilà, et ça c'est une excuse qui est dite tout le temps, et je prends très souvent cet exemple pour expliquer le pourquoi des 200 questions, parce que des fois, personne ne se met 200 questions, c'est énorme. Non, non, 200 questions, si on pose les bonnes questions, on a les bonnes réponses. Je prends l'exemple du violentomètre. Sur le violentomètre, il est écrit, la seule question qui concerne les violences sexuelles est Est-ce que ton conjoint te force à avoir des rapports sexuels ? Quand on dit force, on pense force physique. Est-ce que ton conjoint te maintient de force pour obtenir un rapport sexuel ? Mais il n'y a pas besoin de ça pour obtenir un rapport sexuel. En fait, quand on pose les bases petit à petit de l'obligation et du devoir. Et donc sur Opale, on va poser la question de cinq manières différentes. Est-ce que ton conjoint utilise la force physique ? Est-ce qu'il insiste ? Est-ce qu'il te menace ? Est-ce qu'il te fait du chantage ? Ou est-ce qu'il t'impose des pratiques que tu ne souhaites pas essayer ? Donc sur les 3000 personnes, 14% ont répondu oui pour la force physique. Rien que ça, ça... 55% pour insiste. 55%. Eh bien, force physique, insistance, les deux c'est du viol conjugal. Voilà, le fait de râler quotidiennement, ouais, t'as encore mal à la tête, t'as toujours un truc, t'es... Insistance, viol conjugal, enfin il faut le rappeler quand même. Et même dans les esprits des femmes... ce n'est pas ce n'est pas pleinement intégré personne ne doit se forcer à faire un rapport sexuel il ya aucune il ya rien qui justifie ça en fait il ya aucun devoir aucune obligation même quand on est marié donc ça je pense que c'est peut-être le truc le plus sous-estimé et pour les quatre autres cas les trois autres questions on aussi entre 30 et 40 donc menace chantage on pratique que tu ne souhaites pas essayer c'est colossal à mon avis c'est colossal et quand les nanas vont commencer à dire arrête de m'emmerder moi c'est non non non quand elles vont pouvoir oser socialement dire que ben en fait il faut arrêter le délire elles veulent pas il y a des jours elles sont fatiguées il y a quelqu'un qui m'a mis hier sur une publication à chaque fois qu'un père ne se lève pas la nuit pour donner un biberon c'est une fée de la libido qui disparaît je trouve que c'est magique c'est exactement ça et en fait Ce sont ces petites choses qui font que dans le couple ça change et que le corps de la femme n'est plus si disponible que ça parce qu'elle est fatiguée, parce qu'elle gère des trucs, etc. Et de l'égalité viendra un peu le reste. Donc les violences sexuelles au sein du couple, je crois que c'est une des choses qui est la plus taboue, la plus rejetée par la société. Moi j'ai quand même parlé à des... anciens amis et un homme par exemple qui à qui je dis non mais en fait il m'a fait ça c'est un ami commun voilà pourquoi je vais quitter voilà pourquoi j'ai déposé plein le gars quand même me dit ouais mais moi il m'a rien fait je suis en train de t'expliquer qu'il violait sa nana et toi tu es en train de me dire cale toi mec il t'a rien fait voilà donc en fait la réalité c'est ça et c'est extrêmement tabou les gens ne veulent pas voir les gens te disent Oui mais comment je sais si tu dis la vérité ? Je ne sais pas, tu viens, tu traverses la porte, tu ouvres la chambre, enfin tu viens dans la chambre, comme ça tu regardes. Et en fait les gens ne croient pas, parce que ça remet trop de choses en cause au niveau de leur mode de pensée. Et ça, quand on aura fait cette étape-là de croire les victimes de violences sexistes et sexuelles, déjà on aura fait une grande étape dans le process de les faire cesser. Ça commence par là. Et tous les témoins, tous les proches qui... Oui mais moi je suis neutre. Non, non, neutre ça n'existe pas dans ce cas-là. tous les gens qui font ça sont autant complices exactement, ils sont totalement complices du truc et il faut prendre parti,

  • Chloé

    il faut être un peu courageux parce que c'est ça qui aide les victimes c'est qu'on soit courageux et qu'on les soutienne cette notion de courage elle est compliquée pour beaucoup de personnes en tout cas je tiens à le souligner à le dire, à le crier haut et fort à toutes les victimes on vous croit vous êtes légitimes et vous n'êtes pas seules Donc c'est important de le dire et je pense qu'on le redira jamais suffisamment. Et ce sujet qui en effet est encore tellement tabou, il nous concerne toutes et tous. Comment selon toi, outre le fait de tout ce que tu peux partager, est-ce qu'on peut sensibiliser et amener un peu à une réflexion collective ?

  • Vigdis

    Alors, moi, je dis souvent, si on ne sait pas comment faire, on partage Opale, on partage les outils, on partage les contenus qu'on met à disposition, on partage le questionnaire parce qu'on ne sait pas à qui ça va servir, à quel moment ça va lui servir. Et je pense qu'une des choses aussi les plus importantes, c'est de ne pas laisser passer. Voilà, il ne faut pas laisser passer. Il n'y a pas de petite violence. Je repense à cette situation-là avec mon comptable, c'était il y a un grand nombre d'années. Je n'étais pas aussi éveillée à tout ça. Et je ressens le malaise encore face à la situation, mais je n'ai rien dit. Là, aujourd'hui, je me retrouverai dans cette situation. et bien je pense que je lui ferai une lettre de rupture de mission en lui expliquant pourquoi je rompais ma mission avec lui. Si sur le moment où je suis tellement sidérée que je n'ose pas parler, je pense que dans les jours qui suivent, je fais ça et je lui fais un courrier pour lui dire pourquoi je ne suis plus sa cliente. Et je pense que c'est important d'écouter et de prendre conscience des choses, parce qu'on peut évoluer, on doit évoluer normalement, et ne rien laisser passer parce que ce sont tous ces actes qu'on laisse passer qui font que les violences sont tolérées dans notre société. Et moi je pense très souvent à la femme de mon comptable depuis que j'ai lancé Opale, je me dis à chaque fois, mais je me prends des bouffées d'émotions quand je repense à elle, et je me dis là t'as rien dit, bon bah maintenant je dis à d'autres mais je parle quoi. Et on peut s'être planté dans le passé, mais c'est évolutif, et il faut que ça soit évolutif. Parce que la prise de conscience, elle est petit à petit. Il faut écouter aussi.

  • Chloé

    En tout cas, on va partager les liens de Opale et tâcher d'en parler au maximum de personnes. Toutes les personnes qui écouteront cet épisode, partagez Opale dans votre entourage, parlez-en. Parce qu'il y a malheureusement forcément des personnes qui sont concernées et victimes de violences. Donc, toujours écouter, croire les personnes. On le répète, mais... Voilà, je pense qu'il va falloir que je le répéte encore longtemps. Merci beaucoup, Vibdice, pour tout ça.

  • Vigdis

    Même si c'est votre pote, même si c'est votre meilleur ami, même si c'est votre frère, c'est horrible. J'ai un meilleur ami, j'ai un frère, j'ai même un fils. C'est horrible. Mais voilà, il faut même danser. Oui,

  • Chloé

    oui, oui, parce que, mais oui, même si parfois ça fait un peu mal de se rendre compte que notre entourage n'est pas très clean, il faut penser aux personnes, aux victimes en face. Et ce sont elles. les plus importantes et qu'il faut protéger et pas protéger les agresseurs pour terminer cet épisode je vais te poser les 3 questions classiques que je pose à mes invités la première ce serait quels sont les 3 conseils que tu donnerais à Vic Diz d'il y a 10 ans je

  • Vigdis

    lui dirais tu m'aides mieux ça sera plus beau demain et prends-toi

  • Chloé

    Merci. Je suis un petit peu émue. En tout cas, merci beaucoup pour ta confiance. Et même si c'est difficile, ça fait du bien de pouvoir parler de tout ça. Du coup, tu nous disais qu'au début de ta réflexion et de ta prise de conscience, tu as lu beaucoup de livres. Est-ce que tu en aurais un à partager ou un film ou un podcast ou quelque chose à partager sur ce sujet-là que tu as comme inspiration ?

  • Vigdis

    Il y en a un qui m'a fait vraiment, qui m'a éclairé, qui m'a levé toute cette sensation d'être responsable, c'est le contrôle coercitif du docteur André Agru et Fentila. C'est un peu, c'est une chercheuse, donc c'est un livre d'une chercheuse, et celui-là m'a fait vraiment beaucoup de bien parce que le contrôle coercitif, donc c'est quels sont les moyens mis en oeuvre par son agresseur pour empêcher, La victime de partir. Donc, versus l'emprise, l'emprise va poser la question de pourquoi est-elle restée. Le contrôle coercitif, c'est comment il s'y est pris pour qu'elle reste. Et ça vient quand même replacer les choses dans ton esprit. Non, je ne suis pas complètement con, je ne suis pas complètement débile et niaise. Si je suis restée, c'est parce qu'en fait, tout avait été fait en sorte pour que je reste. Donc, ce bouquin, moi, m'a sauvé la vie. Je lui répète très régulièrement, ce bouquin m'a sauvé la vie. Et un autre bouquin que j'ai beaucoup aimé, qui fait écho à ce que tu disais par rapport à la société et à tout ce qu'on nous amène à croire comme normal, c'est un livre qui est de Chloé Thibault, je crois, qui s'appelle Désir et la violence. Et celui-là, c'est une pépite, je l'ai offert à une amie pour son anniversaire il y a quelques jours, encore. Et en fait, ça va venir... nous chercher un peu dans nos retranchements de tout ce qu'on a pu kiffer comme séries, livres, chansons, etc. qui ont fait notre construction et qui... en fait nous amène à désirer la violence, à trouver que c'est quelque chose d'excitant et qu'on va rechercher dans les relations parce qu'en fait tout socialement, toute la pop culture nous amène à penser que tout ceci est normal et donc ce livre est une extrêmement forte analyse de ce système là et je pense qu'il faut les mettre dans tous les mains de toutes les ados à minima.

  • Chloé

    Je suis bien d'accord, j'ai lu le second. En effet, que j'ai beaucoup aimé, on est de la même génération, donc je pense que les références de Chloé nous font écho et de se dire, waouh, ça fait peur et c'est difficile de créer des relations amoureuses saines ou même de comprendre un peu ce qui est, d'avoir des attentes aussi qui sont saines en ayant toute cette... tous ces exemples en étant entourée par de la violence. Ce livre est vraiment génial. Et le premier, je ne le connaissais pas. Merci beaucoup pour la référence, du coup. Et pour terminer, est-ce qu'il y a une personne que tu aimerais entendre dans ce podcast ?

  • Vigdis

    Eh bien, je pense à Aude de Plume. Aude, c'est une ancienne prof de français. qui a créé un outil pour inciter les enfants à écrire, les jeunes à écrire. Et elle a changé de nom récemment, donc je vais dire une connerie, Aude. Et la société, l'outil s'appelle Plume. Et voilà, elle est extrêmement intéressante. Elle est vachement cool pour une prof de français. Non, non, elle est vraiment très gentille. Et puis... Et puis je trouve que c'est toujours très intéressant de voir quel chemin mène à Rome en fait. Elle n'est pas du tout issue de la tech, elle n'est pas du tout issue de ce milieu-là, elle a fait des études de lettres, et en fait voilà, elle a une idée, elle l'a poussée, elle l'a mise en œuvre, et je trouve que c'est intéressant comme message aussi à passer aux femmes, vu qu'on est très peu dans la tech quand même, de manière à dire... qu'en fait, on n'a pas besoin de faire des études spécifiques. Moi, je le répète très souvent quand je fais des interventions, je suis dirigeante dans la tech depuis 8 ans, mais je ne sais pas pondre une ligne de code. Je ne sais pas comment ça fonctionne, je suis bien incapable de le faire. Par contre, réfléchir, penser, articuler, organiser, gérer un projet, savoir qu'est-ce que je veux et comment je veux que ça soit mis en œuvre, et bien ça, c'est totalement mon métier. Je suis toujours partie du principe que la tech pouvait tout faire. Alors quand tes devs te disent non, non, non, tu dis si, si, si, au final, tu arrives à quelque chose et tu n'as pas de limites, tu ne connais pas les limites techniques et donc tu n'en as pas. Voilà, moi, c'est quelque chose que je trouve intéressant à passer comme message parce qu'on n'a pas besoin d'être issu d'un domaine pour réussir dans celui-ci. Et surtout, les trajectoires de vie, elles sont vastes et multiples.

  • Chloé

    Je suis à 10 000. Je valide. En effet, c'est un message qu'il faut faire passer, qu'on est dans un secteur qui, au final, est ouvert à tout le monde. Et on peut y accéder en sortant d'études d'ingénieur ou à 40 ans, quand on a une idée d'un projet et qu'on veut le lancer. Il n'y a pas de route prédéterminée, donc c'est important de pouvoir le partager. Merci beaucoup, en tout cas, à Vic10 pour cet épisode, pour ce partage. encore une fois on va mettre en avant Opale on va mettre le formulaire et vous êtes légitime, on vous croit et tout plein de force à toutes et merci pour tout ce que tu fais et pour ce projet qui est absolument merveilleux et j'espère qu'il va changer beaucoup de vies un grand merci pour ton écoute on se retrouve lundi dans deux semaines pour la découverte d'une nouvelle meneuse j'espère que l'épisode t'a plu si c'est le cas Laisse-moi ton avis sur la plateforme que tu utilises. Et s'il te reste encore un peu de temps, partage cet épisode à ton entourage pour faire un gros big up à notre menace du jour. La bise, si tu le veux bien, et toujours plein de loutres dans ta vie. Ciao !

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Description

Vigdis Morisse - Herrera est une entrepreneuse passionnée et fondatrice d'Opale, une plateforme dédiée à l'accompagnement des victimes de violences conjugales. Avant de se lancer dans la tech, Vigdis était professeure des écoles spécialisée dans l'enseignement du chinois. Elle a su transformer son expertise pédagogique en un projet technologique ambitieux, permettant à des milliers de personnes d'apprendre le chinois grâce à sa méthode innovante. Forte de cette expérience, elle a décidé de mettre ses compétences au service d'une cause qui lui tient à cœur : la lutte contre les violences conjugales.


L'épisode aborde les différentes formes de violences conjugales, souvent invisibles, et la manière dont Opale aide à les diagnostiquer et à les comprendre. Vigdis partage son parcours personnel, ses motivations et les défis qu'elle a rencontrés en développant cette application web. Opale propose un diagnostic approfondi à travers un questionnaire de 200 questions, couvrant toutes les typologies de violences, et fournit un cadre juridique pour aider les victimes à se sentir légitimes dans leur démarche de recherche d'aide.


Pour rappel : 1 femme sur 6 victime de violences conjugales.


Au cours de cet épisode :

  • Son 1er projet d’entrepreneure dans la tech sans notion de dev ou produit

  • Son parcours perso qui a mené à la naissance d’Opale

  • L’immédiateté un sujet clé pour aider les victimes

  • La force de la tech pour lutter contre les violences conjugales

  • L'importance de sensibiliser les entreprises et les collectivités à ce sujet

  • Les différentes formes de violences conjugales, souvent invisibles


📕 On a cité dans l'épisode avec Vigdis :

Pour faire le test sur Opale : https://opale.care/?_format=xml

L'application pour les entreprises et collectivités : https://pro.opale.care/


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violence conjugale • business • women in tech • empowerment - women leadership • Produit Tech • leadership • entreprenariat • diversité • Violences conjugales - Aide aux victimes - Tech social - Droits des femmes


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Vigdis

    en faire quelque chose, toujours pareil, d'utile au plus grand nombre, parce que la texte, c'est ça qu'elle sert. Elle fait le test, elle m'envoie l'image, elle me dit. C'est vrai que quand il m'a cassé la main, j'aurais dû m'en douter. Il faut rendre accessible au plus grand nombre le fait de savoir ce que sont les violences.

  • Chloé

    Hello, c'est lundi et tu fais bien d'écouter Les Meneuses pour lancer ta semaine avec une dose d'inspiration. C'est Chloé, ta PMM préférée. Et aujourd'hui, j'accueille Vigdis Morisse - Herrera, fondatrice d'Opale, une plateforme pour aider et accompagner les victimes de violences conjugales. Cet épisode est sur ce sujet, qui est à la fois tabou, très commun, et contre quoi il est essentiel de lutter. Je te préviens, l'épisode n'est pas simple à écouter. À toutes les victimes, on vous croit, vous n'êtes pas seules. Si c'est bon pour toi, on va commencer. Bonne écoute, et si l'épisode te plaît, pense à le partager. Bonjour Vigdis, comment vas-tu ?

  • Vigdis

    Bonjour Chloé, très bien et toi ?

  • Chloé

    Eh bien, écoute, ça va. Je suis ravie de t'avoir avec moi pour cet épisode des meneuses. Merci beaucoup pour ta disponibilité et pour les personnes qui ne te connaissent pas. Est-ce que tu peux te présenter ?

  • Vigdis

    Alors moi, je suis Vigdis Moris-Herrera. Je suis entrepreneuse dans la tech depuis maintenant 8 ans. J'ai plusieurs entreprises dans ce domaine et auparavant, j'étais professeure des écoles spécialisées dans l'enseignement du chinois.

  • Chloé

    Ok, excellent. Donc tu passes de professeure des écoles à la tech. Comment est-ce que tu es tombée dans la tech du coup ?

  • Vigdis

    Je suis tombée dans la tech parce que moi, ma spécialité, c'était l'enseignement du chinois. J'ai fait des études de chinois, j'ai vécu en Chine et j'enseignais cette discipline au niveau des enfants, au niveau du primaire. Et j'ai mis en place des méthodes pédagogiques qui ont hyper bien fonctionné en classe, qui ont hyper bien fonctionné dans les classes alentours quand les collègues les utilisaient. Et en fait, la tech, c'était révéler le meilleur moyen de pouvoir diffuser largement un outil. Et surtout, à mon niveau, avec l'enseignement du chinois, c'était en 2015-2016 qu'on a lancé un moyen de diffuser à moindre coût un enseignement qui est plutôt vu comme élitiste. Et donc, c'était ça vraiment l'enjeu autour de la tech, que n'importe quelle personne qui se dise j'ai envie d'apprendre le chinois il puisse.

  • Chloé

    Donc tu te lances en tant qu'entrepreneuse dans la tech. Est-ce que tu avais des notions un peu techniques de développement de produits ou vraiment tu es partie de zéro et tu t'es dit je vais lancer une application, let's go ?

  • Vigdis

    J'ai lancé complètement de zéro. Moi, je n'avais vraiment aucune compétence spécifique là-dedans. Je l'ai lancé vraiment pour m'éclater. C'était un moyen de m'éclater et de faire en sorte que ce que j'aime, je puisse le partager avec le plus grand nombre. Et au final, c'est un beau succès parce qu'il y a 25 000 personnes qui se forment, se sont formées avec ma méthode de chinois depuis ses débuts. Donc, oui, j'ai eu plusieurs bouquins qui ont été publiés autour de ma méthode. Donc, je suis très contente de comment l'idée matérialisée, pour moi, c'était des jeux physiques en bois, des trucs à manipuler. Je l'ai... porter sur un outil digital pour que ça sorte de ma classe, simplement ma classe, pour aller vers le plus grand nombre et pouvoir répondre vraiment à ces désirs de gosses, parce que c'était ça un peu mon idée. Moi, je n'ai pas pu apprendre le chinois comme j'en avais envie quand j'étais petite, parce qu'on habitait dans un endroit où il n'y avait pas. Et je voulais justement permettre de lever ce blocage à moindre coût, de manière simple, accessible et efficace.

  • Chloé

    Ouais, mais c'est génial, je trouve, d'avoir des cas pratiques que tu fais, toi, dans ta classe, d'arriver à les digitaliser alors que tu n'as pas de notion de développement ou de produits digitaux et d'arriver avec 25 000 utilisateurs et utilisatrices. C'est un truc de fou. Ça fait plus de deux ans que tu es sur un autre projet qui est totalement différent, qui s'appelle Opale. Comment est-ce que ce projet est né et en quoi ton parcours ? personnel et professionnel ont influencé cette décision de lancer Opale ?

  • Vigdis

    Alors moi, j'ai vécu pendant des années des violences conjugales au sein de mon foyer et je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite. J'ai quitté cette personne en me disant en fait, je vais mourir si je reste avec. Je ne veux pas qu'il m'approche, je ne veux pas qu'il me touche, je ne veux pas qu'il me parle, je ne veux pas qu'il me regarde. Mais je ne me nommais pas, malgré ce ressenti qui était vraiment très présent. J'ai pris 10 kilos. depuis que je l'ai quitté, donc là je fais un 38 donc voilà, ça laisse un peu imaginer l'état dans lequel j'étais au moment où je suis partie et Et je pensais tous les jours que ça serait beaucoup plus simple si j'étais morte, ça s'arrêterait. Et malgré ça, je ne nommais pas les violences. Pour moi, ce n'était pas un homme violent. C'était un homme qui m'aimait trop. C'était un homme qui m'aimait mal. Mais ouais, on en dit des conneries quand on met le nez dedans. Et pourtant, il me mettait dans cet état-là. Et j'étais vraiment au fond du trou. Et bon, ouais. Quand je l'ai quittée, j'ai toujours été une très très grande lectrice. J'ai énormément lu. J'ai lu tout ce qui me tombait sous la main. Je suis la meilleure cliente de toutes les librairies du coin parce que je dévore 4, 5, 6 livres par semaine. Et quand j'ai un sujet qui m'intéresse, je le lis. Ça m'a aidée à comprendre ce que j'avais vécu et pourquoi je ne l'avais pas perçu comme tel au démarrage. Ça m'a aidée à comprendre ce que sont les violences conjugales en dehors du spectre classique de la femme battue. Et à partir de là, je me suis dit qu'en fait, il faut que ces connaissances qui sont dans les livres, qui sont répétées, répétées par énormément d'acteurs, même sur les réseaux sociaux, on trouve beaucoup de personnes sur Instagram qui vont alerter sur ça, il faut rendre accessible au plus grand nombre le fait de savoir ce que sont les violences, quels sont l'impact sur les personnes, parce que l'impact n'est pas uniquement perso. Ça veut dire que si le matin, tu ne veux pas te lever et que tu n'as pas envie de rentrer chez toi et que tu as peur de mourir, tu ne bosses pas économiquement. Les nanas qui vivent ça, on parle d'une sur six, elles ne bossent pas, elles ne peuvent pas bosser correctement. Et donc moi, au début, je voulais monter une ASO pour informer parce que c'était le seul modèle que je connaissais sur ce domaine des violences conjugales. Et en fait, ça ne collait pas. à qui je suis, à ce que je fais. Et puis, je suis partie directe dans quelque chose d'un peu complexe, bien moins que mon logiciel, mon LMS pour les langues, loin de là, mais sur quelque chose qui sortait du spectre de l'association. Et je me suis dit, en fait, là, ce que tu es en train de monter, c'est un projet d'entreprise. Tu es en train de monter un projet d'entreprise avec un réel service. Et... Et donc il va falloir le penser comme tel. Et donc le fruit de toutes ces lectures m'a permis de mettre en place Opale, de réaliser le questionnaire d'OPALe, qui permet de diagnostiquer les violences conjugales, de pouvoir faire toute la stratégie juridique qu'il y a derrière, et en fait penser tout le logiciel de manière à pouvoir en faire quelque chose. Toujours pareil, d'utile au plus grand nombre parce que la texte, c'est ça qu'elle sert. Elle sert à diffuser les choses très largement, le plus simplement et le plus rapidement possible. Donc, j'ai réfléchi pendant deux ans et j'ai lancé la première version à destination du grand public il y a six mois.

  • Chloé

    Donc, ça fait six mois que la version grand public est née. Encore une fois, tu crées un logiciel de ton expérience. Bon, là, un peu moins heureuse que sur la partie... faire apprendre le chinois. Aujourd'hui tu présentes Opale comme la première application destinée à la fois aux victimes de violences conjugales, à leurs entourages et à leurs employeurs. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu plus le concept et exactement ce que tu proposes ?

  • Vigdis

    Opale c'est une application web. Pourquoi une application web ? Parce qu'une application mobile ça laisse des traces. On parle vraiment beaucoup de cyber violence. L'objectif est que La personne qui navigue et qui recherche de l'aide laisse le moins de traces possible sur Internet. Parce qu'on n'est pas tous égaux par rapport à nos compétences numériques. Et même dans un couple, il y a un déséquilibre. Et bien souvent, on se retrouve avec des hommes qui ont bien plus de compétences numériques que leur compagne. Donc Opale, c'est une application web. Opale va permettre, à travers un diagnostic de 100 questions, ça prend 15-20 minutes, de pouvoir faire le tour de sa relation au niveau de... toutes les typologies de violences, qu'elles soient psychologiques, sexuelles, vicariantes, donc qu'elles concernent les enfants, administratives, économiques, cyber-violences et psychologiques. L'objectif c'est que, et physique bien sûr, on sort du tout violence physique parce qu'en fait c'est un conjoint qui frappe, c'est un conjoint qui a pris le droit d'eux. Et donc il s'est passé beaucoup d'étapes avant. pour qu'ils se sentent suffisamment autorisés pour te toucher. Et donc ça, tout ça, c'est analysé et analysable. Donc nous, on pose des questions autour de ça. À l'issue du questionnaire, on va établir un diagnostic. Il nous semblerait que tu sois potentiellement victime de ça, ça, ça, comme typologie de violence. On t'explique ce qu'elles sont, ces violences. Parce que vu qu'on n'en parle pas, personne quasiment les connaît. Donc on explique ce que c'est. On va reprendre point par point toutes les questions auxquelles la victime aura répondu par l'affirmative, enfin une réponse problématique. et on va lui donner le cadre juridique. Tu nous as répondu que... Donc ça veut dire que toi c'est ta normalité et que le conjoint aussi t'explique que la normalité c'est ça. La justice en France, le code pénal dit que... Et ça c'est très très important pour sortir aussi de l'emprise et de réussir à se détacher de la norme imposée par l'agresseur. Donc nous on va donner le contexte juridique. Et ça permet d'affirmer la gravité des faits et de se sentir tout à fait légitime pour la deuxième étape. La deuxième étape, c'est les associations. Il existe énormément d'associations en France, elles font un travail formidable, elles sont sous l'eau parce qu'elles ont peu de moyens et qu'il y a énormément de besoins, énormément de demandes. Donc, nous, notre travail, c'est de les trier en fonction des critères sociodémographiques de la victime, du type de violence qu'elle subit, de référencer ces associations en enlevant, je dirais, toutes les informations que la victime de violences conjugales ne recherche pas. Elles s'en fichent. que l'association fasse des formations violences sexistes et sexuelles. Elle s'en fiche que l'association fasse des collectes de fonds ou soit militantes anti telle ou telle chose. C'est très bien, mais pour la victime qui cherche de l'aide immédiatement, ça ne lui permet pas d'avoir accès. Ça rajoute des étapes, en fait, et puis toutes ces étapes qui vont être un petit peu... qui vont amener la victime à minimiser ce qu'elle vit parce que... En fait, moi, ce n'est pas si grave. Regardez, il y a des nanas qui vivent ça. Non, en fait, moi, je ne fais pas appel à l'asso. Donc, bref, l'objectif, c'est de supprimer toutes ces étapes et de donner une information claire. L'association, elle fait des permanences juridiques à telle heure, à tel endroit, tu contactes comme ça. Simplifier un hub d'informations. On prend toutes les assos qui correspondent dans un secteur donné. Ensuite, on va référencer les aides de l'État. Toujours pareil, l'État, il met en place des choses. Il faut rendre accessibles simplement ces ressources. Sur le site du gouvernement Arrêtons les violences, qui va se concentrer sur les violences psychologiques, mais tout ce qui est violences sexistes et sexuelles, il y a plein d'infos qui concernent toutes ces typologies de violences. Et donc, tu es un peu perdu au milieu de qui fait quoi par rapport à quel type de violence tu vis. D'autre part, par exemple, l'aide du gouvernement qui est nouvelle depuis décembre dernier, qui est une aide de la CAF pour les victimes de violences conjugales pour pouvoir quitter un foyer violent. Sur le site Arrêtons les violences, jusqu'à la page de destination finale sur la CAF, tu as 7 clics. pour arriver à un tableau style APL où tu dois faire toi-même tes calculs, qui te dit fais comme ça ton calcul et tu sauras ce à quoi tu as droit 7 clics. En situation d'urgence, de besoin de réponse rapide, etc., on veut l'immédiateté. Donc nous, on va donner immédiatement cette immédiateté de réponse à cet endroit-là, par exemple. Et on va limiter au maximum les interlocuteurs et les étapes. Là commence notre partie à destination des entreprises. Parce que... Une victime de violences conjugales, c'est quelqu'un qui va mal travailler, qui ne va pas pouvoir travailler correctement. Ce n'est pas sa faute. C'est la faute de ce qu'elle vit et de son agresseur. Mais in fine, c'est elle qui en paye les conséquences et plus précisément, c'est son employeur qui en paye les conséquences. Parce que quelqu'un que tu payes à bosser et qui ne peut pas bosser pleinement, c'est pénalisant pour la performance d'une entreprise. Donc nous, on va aller voir les entreprises, on va les inciter, on va leur faire prendre conscience du fait que les violences conjugales, c'est elles qui les financent. Il y a des études qui le prouvent, ce ne sont pas des chiffres qui sont sortis de mon chapeau. D'ailleurs, on a même mis en place sur Opale, sur la version pro, un simulateur de coût. Une entreprise, tu rentres combien tu as d'employés ? Si tu es plutôt SMIC, Média, en moyen, si tu es... Comment tu te situes en termes de répartition homme-femme ? Et puis ça va te dire combien tu as de victimes potentiellement dans ton entreprise, combien tu as d'agresseurs, combien d'enfants sont touchés, combien de pognon ça coûte à la société, combien ça te coûte à toi. Mais c'est ça dont on a besoin pour faire des déclics parce que c'est un problème qui est massif. Et donc on va faire prendre conscience aux entreprises de leur rôle, de leurs responsabilités et de ce que ça leur coûte en fait. Parce que c'est aussi ça la réalité, on ne peut pas, l'entreprise est une personne morale, elle doit performer. Si ses effectifs salariés ne performent pas, elle est en difficulté. Et donc on va la guider sur qu'est-ce qu'elle peut mettre en place, qu'est-ce qu'elle a déjà de mis en place pour les potentielles victimes. qu'est-ce qui peut être amélioré, changé, et quelles sont des nouvelles idées auxquelles elle n'aurait pas pensé. On va tout référencer dans notre logiciel. Elle va avoir un espace administrateur dans lequel elle administre ça. Si elle décide par exemple d'autoriser la victime à aller porter plainte pendant son temps de travail sans frais, enfin sans déduction de salaire, eh bien par exemple, cette aide, la victime, elle va avoir rentré le code de son entreprise au moment où elle fait le test. Et elle voit que son employeur a prévu ça pour elle. Elle voit que la personne à contacter, c'est Madame Machin, au RH. Il suffit de lui envoyer un mail et que la seule chose à mettre, il n'y a pas de document en plus. Enfin voilà, une information claire, simple et centralisée. On va faire pareil pour les collectivités, départements, régions, villes, qui ont aussi un intérêt à limiter les conséquences des violences conjugales. Et on va aussi permettre ça aux entreprises qui ont un intérêt à ce que leurs clients, leurs clientes, ne soient pas exposées, ou en tout cas le moins possible, aux violences conjugales. Je pense aux assurances, aux banques, aux mutuelles, etc. Et en fait à n'importe quelle entreprise qui se sentirait investie par ce sujet et qui voudrait pouvoir faire quelque chose. Donc voilà, nous on va référencer tout ça au sein d'Opale, de manière à ce que la victime, elle voit tout centralisé au même endroit et qu'elle puisse faire un rapide calcul. Elle se dit, bon, je peux le faire, j'ai ça, ça, ça qui m'aide, je vais avoir ça comme pognon, je vais avoir ça, go, je peux me casser. Et ça, c'est super important.

  • Chloé

    Ouais, et surtout de donner cet accès, déjà, de pouvoir mettre le doigt sur ce que la personne vit, parce que souvent, comme tu disais, tu ne vois pas les choses, ou tu es aveuglé par ce que tu vis, ou tu minimises. Alors que chaque situation est extrêmement grave et il faut pouvoir donner un accès pour s'en sortir. Et donc du coup, toi, pour les victimes, c'est un service qui est gratuit et qui les permet de les guider dans les démarches et de leur simplifier toutes ces étapes-là. Et du coup, toi, ton business model, c'est de vendre aux entreprises et aux collectivités ce service-là pour qu'ils le mettent en place là où ils sont. Combien aujourd'hui tu as d'entreprises avec lesquelles tu travailles ? Combien tu as d'utilisateurs et de personnes qui ont fait le test à aujourd'hui ?

  • Vigdis

    Alors aujourd'hui, on est à plus de 3000 personnes qui ont fait le test. Donc 3000 personnes accompagnées. À chaque fois qu'on a des sorties dans la presse, on a des pics de personnes qui se connectent et font le diagnostic en entier, je dis bien. Et au niveau des entreprises, on est sur des process qui sont un peu longs en termes de décision parce qu'on s'adresse principalement pour l'instant à des grands groupes. Donc il faut débloquer les budgets. Les budgets des municipalités, c'est un peu tendu en ce moment avec le changement de gouvernement, mais bref, les budgets sont votés en tout début d'année. Donc on a quelques entreprises qui ont déjà signé et qui commencent déjà à l'utiliser, mais surtout on a une vingtaine, trentaine de grosses boîtes. De tout. d'horizon, je vais dire, de la banque à la maison de retraite, en passant par des sociétés de transport, des mairies, etc., qui sont intéressées par le logiciel, qui sont en train de le faire valider à différentes instances.

  • Chloé

    Et tu as décidé d'utiliser la technologie pour aider les victimes de violences. Quel est pour toi le rôle clé de la tech dans la prévention et la prise en charge des victimes qu'elle peut jouer ?

  • Vigdis

    Dans la lutte contre les violences conjugales et même... Tout type de violence, on est face à des humains la plupart du temps. Donc des humains qui ont leur limite d'humain. Et à partir du moment où on limite, on plafonne l'écoute à des intervenants humains, et bien en fait on ne respecte pas non plus le besoin d'immédiateté de répondre. Il est 23h, ton mec il est parti, t'as envie de faire le test sur Opale parce que il y a des choses qui t'ont interpellé, t'en as entendu parler, tu dis ah ça, ça me parle, je vais faire le test. Est-ce que tu as besoin ? Le moment où tu as besoin de faire le test, c'est le moment où tu as besoin de la réponse. Et nous, la réponse, on l'apporte immédiatement. On dit immédiatement, ok, il y a ça, ça, ça qui ne va pas. Tu peux aller demander de l'aide par-ci, par-là. Mais beaucoup n'auront peut-être pas besoin émotionnellement, etc. n'auront pas envie d'aller demander de l'aide à des êtres humains. Mais ils ont quand même besoin qu'on leur apporte la réponse. Et la réponse... le logiciel va leur donner cette immédiateté. Moi, j'ai mis deux ans et demi à trouver la réponse. Deux ans et demi, c'est extrêmement long. Moi, ce que je dis, c'est que je voulais donner à d'autres l'immédiateté de la réponse que j'ai longtemps cherchée. Tu n'es pas folle, il n'a pas le droit. Et à partir du moment où on veut des réponses, on veut savoir quoi faire, comment, une stratégie, etc., on veut tout maintenant, tout de suite. Et quand on doit appeler une asso qui nous dit dans une semaine, parce qu'en fait, il y a trop de victimes, mais que... On appelle pour déposer plainte au commissariat, que le commissariat nous dit qu'en fait, on ne peut pas recevoir, etc. En fait, dès qu'on est face à de l'humain, on est face à des limites temporelles. Donc la plateforme ne remplace pas l'humain, très loin de là. Elle va permettre d'apporter la brique de tri entre ceux qui en ont besoin et ceux qui n'en ont pas.

  • Chloé

    C'est super intéressant, parce qu'en effet, c'est un sujet qui est très lourd, même pour les personnes qui accueillent ce sujet sans le vivre directement. Et la charge émotionnelle, la charge mentale de gérer ça peut en effet avoir des limites. Et le fait de pouvoir donner à n'importe quel moment du jour ou de la nuit une réponse et aider à mettre le doigt sur certaines choses et ensuite à guider, c'est en effet quelque chose de crucial. Surtout qu'on sait que c'est un sujet qui est malheureusement bien, bien, bien trop courant. et qu'il faut pouvoir aider le maximum de personnes. Et aujourd'hui, l'humain n'y arrive pas. Donc je trouve ça génial de pouvoir proposer ce genre de choses. Quels sont les retours que tu as eus depuis que tu as lancé Opale, que ce soit venant des femmes, mais aussi des hommes ?

  • Vigdis

    Dès que je parle de moi, de mon histoire, j'ai toujours des nanas qui viennent me voir et qui commencent par Alors moi c'est beaucoup moins grave que vous, hein, mais... Et puis après, elles te racontent un truc atroce. Et en fait, on est formés, éduqués en tant que filles à minimiser notre ressenti. Les émotions d'une fille valent moins que les émotions d'un garçon, etc. Ça a moins de valeur. Et en fait, toutes ces femmes, elles viennent me voir, elles me disent la même chose. Oh là là, je vous... Moi, c'est moins pire, mais... Et elles me livrent les choses. Et en fait, c'est dans ce mais que se cache tout, parce que c'est ça qui invisibilise tellement de femmes, qui ne leur permet pas de se sentir légitime d'aller demander de l'aide. Et donc, elles subissent en silence. Elles subissent des atrocités en silence. Et toutes ces femmes-là, moi, c'est elles que j'ai envie d'aider. Et du coup, les retours vont être... Quand elles font le test, elles se rendent compte qu'elles arrivent à nommer ce qu'elles ressentaient. Mais j'ai une dame qui m'a écrit Comment on fait pour savoir si on est victime de violence ? Je lui dis Allez faire le test sur Opale elle fait le test, elle m'envoie l'image et elle me dit C'est vrai que quand il m'a cassé la main, j'aurais dû m'en douter Et en fait, on est dans un tel déni de choses parce que les agresseurs normalisent, etc. Oui, mais je ne sais pas, peut-être qu'il lui a dit je t'ai cassé là-bas, mais aussi tu m'as cherché, moi je t'aime, je ne voulais pas ça, c'est moi le plus triste des deux, etc. Je n'en sais pas plus. Mais on est tellement amené à renier ce qu'on ressent, la peine qu'on a, etc., qu'en fait, l'immédiateté de la réponse, ça libère. Et ce qu'on me dit, c'est que ça libère. Eh bien, je respire enfin. Une fois, on m'a écrit je respire enfin J'ai plein de témoignages, je n'arrive pas à répondre à tout le monde. Et à chaque fois, ça me bouleverse. Même la veille de lancer Opale, je l'envoie à mes proches pour avoir un avis. Et j'ai une cousine éloignée qui me dit en fait, je ne vous l'avais pas parlé depuis des années, je viens de faire ton test, je reçois le message au petit matin, merci, je suis à la gendarmerie. Je ne l'avais pas encore lancé auprès du grand public. Et donc ça, c'est les retours des femmes qui me marquent le plus. Je me dis, qu'est-ce qu'on subit en silence, sans oser l'admettre ? Les autres retours d'hommes qui m'interpellent beaucoup, alors j'ai des hommes qui me parlent aussi de violences qu'ils ont vécues, et ce que j'ai remarqué dans les moments où on est plusieurs, ils attendent d'être seuls pour pouvoir m'en parler. Parce qu'il y a une telle honte, et c'est... Et c'est exactement la même chose qui pousse les femmes au silence, qui pousse les hommes au silence. C'est qu'un mec, il ne doit pas se faire emmerder par sa nana. C'est lui le bonhomme, c'est lui qui doit gérer. Et donc c'est trop la honte si c'est sa nana qui drive. Et en fait, moi je veux lutter contre tout ça. Les autres choses que des hommes m'ont dites, j'étais... on a fait une campagne de com'là, qu'on voit un peu derrière moi. Je les reçois, j'étais à la... en train d'accompagner la classe de ma fille à la sortie piscine, je prends un café avec un papa qui est un copain, je lui montre les affiches parce qu'il sait, il connaît mon travail, donc il suit un petit peu. Et je le vois blanchir et il me dit tu fais un truc pour les auteurs ? Je dis ben là, à ce stade, pas du tout. Il fait parce que moi, quand je lis tes affiches, je sais qu'il y a des choses que j'ai faites et je ne m'en rendais pas compte. Et à partir de là, j'ai eu une dizaine d'hommes qui me l'ont dit frontalement. ils m'ont dit vos affiches m'interpellent parce qu'il y a des choses que je fais et c'est tout autant qu'on n'éduque pas les femmes à savoir ce qui est normal et ce qui ne l'est pas on n'éduque pas les hommes à savoir ce qui est normal et ce qui ne l'est pas on va reproduire des comportements qu'on a vu dans notre famille qu'on a vu par les copains etc c'est

  • Chloé

    très fort déjà les retours que tu peux avoir vis-à-vis des victimes comment t'accueilles ce... flot d'émotions, parce que c'est des émotions très fortes, sachant que tu as vécu ça aussi, et que c'est une plaie que tu dois penser également, comment tu vis au quotidien ? Est-ce que tu te mets des moments où tu regardes les messages et d'autres, où tu fais des pauses ? Comment tu gères ça ?

  • Vigdis

    Je suis obligée de faire des pauses et j'ai beaucoup de messages pour cette raison-là, parce que moi, j'ai mon vécu, j'ai mon vécu de femme qui a vécu des violences. Très souvent, on me parle des enfants. Et moi j'ai mon vécu d'enfant qui a vécu des violences. Donc en fait ça fait des choses qui parfois sont très très lourdes. En plus j'ai ma procédure judiciaire en cours. Donc il y a des moments où je suis bien incapable de gérer tout ça. Et je sais que je suis hyper sensible donc je n'arrive pas à mettre de la distance. Les histoires elles vont m'occuper le cerveau, elles vont m'empêcher de dormir à la nuit. Et je ne veux pas être écoutante, je ne suis pas formée, je ne suis pas apte à l'être en fait. Je ne veux pas adresser ce rôle, je respecte totalement les personnes qui le font. Je trouve qu'il faut énormément de force et de courage pour faire ça. Mais je veux faire ma part des choses et c'est pour ça que le numérique me permet de faire quelque chose pour aider. tout en ne m'exposant pas,

  • Chloé

    ou en tout cas au minimum. Oui, c'est en effet, c'est des métiers, il faut être formé à recevoir tout ça, et même quand tu es formé à recevoir tout ça, c'est très difficile. Et je trouve ça bien également le fait que les hommes osent te dire Ok, je me reconnais dans ton affiche qui dénonce des violences. Et ce qui est bien, c'est qu'en fait, On est dans une société où on est tellement construit par des normes patriarcales, par des schémas de violence partout, tu disais, dans la famille, dans l'entourage, mais aussi dans les films qu'on voit, dans les séries qu'on a pu lire, les livres qu'on a pu lire, etc. Donc en fait, c'est tellement ancré qu'il y a les victimes qui doivent arriver à se rendre compte qu'elles sont légitimes. Et à ouvrir les yeux sur ce qu'elle vit et que ce n'est pas normal. Mais il y a aussi les acteurs de ces violences qui, parfois, les font plus ou moins s'en rendre compte. Et je trouve ça bien qu'à la fois tu puisses aider les victimes et également les auteurs, d'une certaine manière, en les interpellant, en semant une petite graine qui va, du coup, faire pousser une réflexion qui, j'espère, derrière, va changer des comportements. Même si... certains ne changeront pas malheureusement donc c'est très fort depuis que tu as lancé Opale, tu es entrepreneuse dans la tech et c'est un domaine qui est très sensible quel est ton plus grand défi depuis que tu as lancé Opale ce soit sur la partie technique, humaine ou même juridique, c'est quoi la chose la plus difficile que tu as rencontré jusqu'à aujourd'hui ?

  • Vigdis

    hum Je dirais que c'est une difficulté qui est plutôt humaine. C'est que j'ai l'impression que mon message fait peur. Et je pense que c'est vrai, ça fait un peu peur. Mais je pense qu'il y a un moment où il faut arrêter de mettre des œillères. Il faut regarder les choses en face, sinon on ne peut pas les combattre. Je pense que mon message fait peur de par... le fait qu'il montre que c'est un phénomène qui est massif, qui concerne toutes les classes sociales, toutes les origines, toutes les religions, tout. Voilà, on ne peut pas se dire, les violences, c'est tel type de profil, etc. Ça ne touche que les pauvres, ça ne touche que... C'est impossible de se dire ça, ce n'est pas vrai, ce n'est pas le reflet de la réalité. Et ça, je pense que ça, ça fait peur. Parce qu'en fait, quand on se... Quand on pense les violences, on pense toujours à l'autre. L'autre, l'autre, peu importe à quoi il ressemble, mais c'est pas les gens comme nous. On va penser les choses comme ça. Sauf que le violent, ça peut être ton père, ton fils, ton cousin, le voisin qui est super sympa, qui te ramène le journal, ça peut être... Voilà, toutes ces personnes-là, elles ont un double visage et c'est très important de l'avoir en tête que c'est très, très, très massif. Et voilà, moi je constate que ce message fait peur parce que c'est une chose de se dire qu'il y a des victimes de violences conjugales et qu'on ne parle que des violences conjugales physiques, et bien on arrive à une quantité un peu réduite de la masse, sauf que là on est au noyau central, et sauf que tout autour, le fait que, je prends très souvent cet exemple, j'en parlais encore hier avec une copine, Le père de sa fille dit devant la gamine Mais oui, papa, il va te payer la moitié de ton anniversaire avec maman, l'anniversaire organisé dans un laser game ou une connerie comme ça, un truc qui a coûté super cher. Et ça fait trois mois que la mère, tous les quinze jours, elle envoie un message au père en lui disant En fait, rembourse-moi, j'ai tout avancé, rembourse-moi, rembourse-moi. Et le père lui trouve des excuses à chaque fois. Et là, la dernière, c'est que c'est Noël et qu'il a moins de pognon à Noël. Ça, c'est des violences. Ça, c'est des violences, elles sont totalement institutionnalisées. Quand mon comptable, en plein divorce, m'expliquait qu'il allait se rendre insolvable pour ne pas filer de pognon à sa femme parce qu'il estimait que c'était une feignante, ça, c'est de la violence. Ouais, ma véridique. Et en fait, c'est extrêmement délétère et ça se cache dans plein de choses. Et tout ça, il faut le combattre exactement au même titre que les mecs qui foutent des beignes à leur femme. Parce qu'en fait, toutes ces petites choses, vont autoriser, qui sont autorisés en fait socialement et qui sont des violences pour ceux qui les vivent, ben en fait, c'est la porte ouverte à tout le reste. Et ça, même si c'est massif, même si ça fait peur, même si ça demande de repenser notre modèle de société, ce qu'on trouve acceptable, tolérable, drôle, pas drôle, eh bien il faut y réfléchir sérieusement et il faut se décider à un moment à agir.

  • Chloé

    C'est vrai que c'est un sujet, en effet, dès qu'on parle de ces sujets-là, qui fait peur. Mais on voit avec les réactions, pas tous les hommes, on ne peut plus rien dire, on ne peut plus rien faire, etc. Et en fait, c'est rejeter le problème sur soi, alors que quand on est un homme, ils font un peu, nous on est différents. Mais quand on voit les auteurs de ces violences, comme tu disais, ça concerne tout le monde. Et le problème, c'est qu'aujourd'hui, on entend parler de la haute partie de l'iceberg, par exemple avec les féminicides. Et encore, comme on a vu comment c'est traité, il y en a eu un il y a peu de temps, c'était la semaine dernière à Toulouse, là où je vis. Et le journal La Dépêche a dépeint le portrait d'un garçon adorable qui était adoré, etc. Il parle à peine de la victime qui a été retrouvée dans des... Bref, et en fait, déjà, c'est difficile de parler de cette partie de l'iceberg. Et derrière, en fait, toutes les violences qui, du coup, découlent et sont orchestrées par tout le monde, en fait. Et comme tu disais, ça fait peur et c'est difficile à entendre pour certains. Mais à un moment donné, il va falloir voir les choses en face et confronter un peu son entourage, les personnes. qu'on connaît pour réaliser que c'est un système ultra-violent. Et du coup, quand on parle de tout ça, on entend souvent le terme femme battue que tu m'avais évoqué notamment. Mais il existe mille et une violences, mille et une formes. Quelles sont les violences dont on parle le moins ? Tu parlais des violences... économiques, mais qui ont également des conséquences dramatiques. Et pourquoi est-ce que l'invisibilité, ces violences-là, c'est dangereux pour les victimes ?

  • Vigdis

    Je pense... Alors nous, en fait, sur Opale, par contre, avec les réponses, on va collecter des statistiques. On ne sait pas qui répond. Je n'ai aucun moyen de savoir qui répond, pas Mail, pas IP, rien du tout. Mais par contre, j'ai les données. Je sais ce que les personnes répondent. Et donc les statistiques gouvernementales, par exemple, nous disent que sur les victimes de violences conjugales qui déposent plainte, il y en a 4%. Et c'est en augmentation, parce qu'on commence à en parler, il y en a 4% qui portent plainte pour des faits de nature sexuelle. Moi, sur Opale, sur les 3000 personnes qui ont répondu au questionnaire, j'ai 60% des personnes qui sont victimes de violences sexuelles au sein du couple. Et en fait, ça je pense que c'est le plus gros tabou autour de ce que sont les violences. Il faut savoir que c'est quand même 1992 pour avoir sorti du code pénal l'obligation le devoir conjugal. Donc on est nés, je crois qu'on est à peu près le même âge, on est nés, le devoir conjugal était une obligation. Si ça se trouve on est nés du fruit du devoir conjugal. Enfin il y a un moment, c'est quand même ça la réalité. Et en fait dans les esprits... C'est toujours ça, on l'entend avec le procès maçon, oui mais c'est sa femme quand même, c'est sa femme. Voilà, et ça c'est une excuse qui est dite tout le temps, et je prends très souvent cet exemple pour expliquer le pourquoi des 200 questions, parce que des fois, personne ne se met 200 questions, c'est énorme. Non, non, 200 questions, si on pose les bonnes questions, on a les bonnes réponses. Je prends l'exemple du violentomètre. Sur le violentomètre, il est écrit, la seule question qui concerne les violences sexuelles est Est-ce que ton conjoint te force à avoir des rapports sexuels ? Quand on dit force, on pense force physique. Est-ce que ton conjoint te maintient de force pour obtenir un rapport sexuel ? Mais il n'y a pas besoin de ça pour obtenir un rapport sexuel. En fait, quand on pose les bases petit à petit de l'obligation et du devoir. Et donc sur Opale, on va poser la question de cinq manières différentes. Est-ce que ton conjoint utilise la force physique ? Est-ce qu'il insiste ? Est-ce qu'il te menace ? Est-ce qu'il te fait du chantage ? Ou est-ce qu'il t'impose des pratiques que tu ne souhaites pas essayer ? Donc sur les 3000 personnes, 14% ont répondu oui pour la force physique. Rien que ça, ça... 55% pour insiste. 55%. Eh bien, force physique, insistance, les deux c'est du viol conjugal. Voilà, le fait de râler quotidiennement, ouais, t'as encore mal à la tête, t'as toujours un truc, t'es... Insistance, viol conjugal, enfin il faut le rappeler quand même. Et même dans les esprits des femmes... ce n'est pas ce n'est pas pleinement intégré personne ne doit se forcer à faire un rapport sexuel il ya aucune il ya rien qui justifie ça en fait il ya aucun devoir aucune obligation même quand on est marié donc ça je pense que c'est peut-être le truc le plus sous-estimé et pour les quatre autres cas les trois autres questions on aussi entre 30 et 40 donc menace chantage on pratique que tu ne souhaites pas essayer c'est colossal à mon avis c'est colossal et quand les nanas vont commencer à dire arrête de m'emmerder moi c'est non non non quand elles vont pouvoir oser socialement dire que ben en fait il faut arrêter le délire elles veulent pas il y a des jours elles sont fatiguées il y a quelqu'un qui m'a mis hier sur une publication à chaque fois qu'un père ne se lève pas la nuit pour donner un biberon c'est une fée de la libido qui disparaît je trouve que c'est magique c'est exactement ça et en fait Ce sont ces petites choses qui font que dans le couple ça change et que le corps de la femme n'est plus si disponible que ça parce qu'elle est fatiguée, parce qu'elle gère des trucs, etc. Et de l'égalité viendra un peu le reste. Donc les violences sexuelles au sein du couple, je crois que c'est une des choses qui est la plus taboue, la plus rejetée par la société. Moi j'ai quand même parlé à des... anciens amis et un homme par exemple qui à qui je dis non mais en fait il m'a fait ça c'est un ami commun voilà pourquoi je vais quitter voilà pourquoi j'ai déposé plein le gars quand même me dit ouais mais moi il m'a rien fait je suis en train de t'expliquer qu'il violait sa nana et toi tu es en train de me dire cale toi mec il t'a rien fait voilà donc en fait la réalité c'est ça et c'est extrêmement tabou les gens ne veulent pas voir les gens te disent Oui mais comment je sais si tu dis la vérité ? Je ne sais pas, tu viens, tu traverses la porte, tu ouvres la chambre, enfin tu viens dans la chambre, comme ça tu regardes. Et en fait les gens ne croient pas, parce que ça remet trop de choses en cause au niveau de leur mode de pensée. Et ça, quand on aura fait cette étape-là de croire les victimes de violences sexistes et sexuelles, déjà on aura fait une grande étape dans le process de les faire cesser. Ça commence par là. Et tous les témoins, tous les proches qui... Oui mais moi je suis neutre. Non, non, neutre ça n'existe pas dans ce cas-là. tous les gens qui font ça sont autant complices exactement, ils sont totalement complices du truc et il faut prendre parti,

  • Chloé

    il faut être un peu courageux parce que c'est ça qui aide les victimes c'est qu'on soit courageux et qu'on les soutienne cette notion de courage elle est compliquée pour beaucoup de personnes en tout cas je tiens à le souligner à le dire, à le crier haut et fort à toutes les victimes on vous croit vous êtes légitimes et vous n'êtes pas seules Donc c'est important de le dire et je pense qu'on le redira jamais suffisamment. Et ce sujet qui en effet est encore tellement tabou, il nous concerne toutes et tous. Comment selon toi, outre le fait de tout ce que tu peux partager, est-ce qu'on peut sensibiliser et amener un peu à une réflexion collective ?

  • Vigdis

    Alors, moi, je dis souvent, si on ne sait pas comment faire, on partage Opale, on partage les outils, on partage les contenus qu'on met à disposition, on partage le questionnaire parce qu'on ne sait pas à qui ça va servir, à quel moment ça va lui servir. Et je pense qu'une des choses aussi les plus importantes, c'est de ne pas laisser passer. Voilà, il ne faut pas laisser passer. Il n'y a pas de petite violence. Je repense à cette situation-là avec mon comptable, c'était il y a un grand nombre d'années. Je n'étais pas aussi éveillée à tout ça. Et je ressens le malaise encore face à la situation, mais je n'ai rien dit. Là, aujourd'hui, je me retrouverai dans cette situation. et bien je pense que je lui ferai une lettre de rupture de mission en lui expliquant pourquoi je rompais ma mission avec lui. Si sur le moment où je suis tellement sidérée que je n'ose pas parler, je pense que dans les jours qui suivent, je fais ça et je lui fais un courrier pour lui dire pourquoi je ne suis plus sa cliente. Et je pense que c'est important d'écouter et de prendre conscience des choses, parce qu'on peut évoluer, on doit évoluer normalement, et ne rien laisser passer parce que ce sont tous ces actes qu'on laisse passer qui font que les violences sont tolérées dans notre société. Et moi je pense très souvent à la femme de mon comptable depuis que j'ai lancé Opale, je me dis à chaque fois, mais je me prends des bouffées d'émotions quand je repense à elle, et je me dis là t'as rien dit, bon bah maintenant je dis à d'autres mais je parle quoi. Et on peut s'être planté dans le passé, mais c'est évolutif, et il faut que ça soit évolutif. Parce que la prise de conscience, elle est petit à petit. Il faut écouter aussi.

  • Chloé

    En tout cas, on va partager les liens de Opale et tâcher d'en parler au maximum de personnes. Toutes les personnes qui écouteront cet épisode, partagez Opale dans votre entourage, parlez-en. Parce qu'il y a malheureusement forcément des personnes qui sont concernées et victimes de violences. Donc, toujours écouter, croire les personnes. On le répète, mais... Voilà, je pense qu'il va falloir que je le répéte encore longtemps. Merci beaucoup, Vibdice, pour tout ça.

  • Vigdis

    Même si c'est votre pote, même si c'est votre meilleur ami, même si c'est votre frère, c'est horrible. J'ai un meilleur ami, j'ai un frère, j'ai même un fils. C'est horrible. Mais voilà, il faut même danser. Oui,

  • Chloé

    oui, oui, parce que, mais oui, même si parfois ça fait un peu mal de se rendre compte que notre entourage n'est pas très clean, il faut penser aux personnes, aux victimes en face. Et ce sont elles. les plus importantes et qu'il faut protéger et pas protéger les agresseurs pour terminer cet épisode je vais te poser les 3 questions classiques que je pose à mes invités la première ce serait quels sont les 3 conseils que tu donnerais à Vic Diz d'il y a 10 ans je

  • Vigdis

    lui dirais tu m'aides mieux ça sera plus beau demain et prends-toi

  • Chloé

    Merci. Je suis un petit peu émue. En tout cas, merci beaucoup pour ta confiance. Et même si c'est difficile, ça fait du bien de pouvoir parler de tout ça. Du coup, tu nous disais qu'au début de ta réflexion et de ta prise de conscience, tu as lu beaucoup de livres. Est-ce que tu en aurais un à partager ou un film ou un podcast ou quelque chose à partager sur ce sujet-là que tu as comme inspiration ?

  • Vigdis

    Il y en a un qui m'a fait vraiment, qui m'a éclairé, qui m'a levé toute cette sensation d'être responsable, c'est le contrôle coercitif du docteur André Agru et Fentila. C'est un peu, c'est une chercheuse, donc c'est un livre d'une chercheuse, et celui-là m'a fait vraiment beaucoup de bien parce que le contrôle coercitif, donc c'est quels sont les moyens mis en oeuvre par son agresseur pour empêcher, La victime de partir. Donc, versus l'emprise, l'emprise va poser la question de pourquoi est-elle restée. Le contrôle coercitif, c'est comment il s'y est pris pour qu'elle reste. Et ça vient quand même replacer les choses dans ton esprit. Non, je ne suis pas complètement con, je ne suis pas complètement débile et niaise. Si je suis restée, c'est parce qu'en fait, tout avait été fait en sorte pour que je reste. Donc, ce bouquin, moi, m'a sauvé la vie. Je lui répète très régulièrement, ce bouquin m'a sauvé la vie. Et un autre bouquin que j'ai beaucoup aimé, qui fait écho à ce que tu disais par rapport à la société et à tout ce qu'on nous amène à croire comme normal, c'est un livre qui est de Chloé Thibault, je crois, qui s'appelle Désir et la violence. Et celui-là, c'est une pépite, je l'ai offert à une amie pour son anniversaire il y a quelques jours, encore. Et en fait, ça va venir... nous chercher un peu dans nos retranchements de tout ce qu'on a pu kiffer comme séries, livres, chansons, etc. qui ont fait notre construction et qui... en fait nous amène à désirer la violence, à trouver que c'est quelque chose d'excitant et qu'on va rechercher dans les relations parce qu'en fait tout socialement, toute la pop culture nous amène à penser que tout ceci est normal et donc ce livre est une extrêmement forte analyse de ce système là et je pense qu'il faut les mettre dans tous les mains de toutes les ados à minima.

  • Chloé

    Je suis bien d'accord, j'ai lu le second. En effet, que j'ai beaucoup aimé, on est de la même génération, donc je pense que les références de Chloé nous font écho et de se dire, waouh, ça fait peur et c'est difficile de créer des relations amoureuses saines ou même de comprendre un peu ce qui est, d'avoir des attentes aussi qui sont saines en ayant toute cette... tous ces exemples en étant entourée par de la violence. Ce livre est vraiment génial. Et le premier, je ne le connaissais pas. Merci beaucoup pour la référence, du coup. Et pour terminer, est-ce qu'il y a une personne que tu aimerais entendre dans ce podcast ?

  • Vigdis

    Eh bien, je pense à Aude de Plume. Aude, c'est une ancienne prof de français. qui a créé un outil pour inciter les enfants à écrire, les jeunes à écrire. Et elle a changé de nom récemment, donc je vais dire une connerie, Aude. Et la société, l'outil s'appelle Plume. Et voilà, elle est extrêmement intéressante. Elle est vachement cool pour une prof de français. Non, non, elle est vraiment très gentille. Et puis... Et puis je trouve que c'est toujours très intéressant de voir quel chemin mène à Rome en fait. Elle n'est pas du tout issue de la tech, elle n'est pas du tout issue de ce milieu-là, elle a fait des études de lettres, et en fait voilà, elle a une idée, elle l'a poussée, elle l'a mise en œuvre, et je trouve que c'est intéressant comme message aussi à passer aux femmes, vu qu'on est très peu dans la tech quand même, de manière à dire... qu'en fait, on n'a pas besoin de faire des études spécifiques. Moi, je le répète très souvent quand je fais des interventions, je suis dirigeante dans la tech depuis 8 ans, mais je ne sais pas pondre une ligne de code. Je ne sais pas comment ça fonctionne, je suis bien incapable de le faire. Par contre, réfléchir, penser, articuler, organiser, gérer un projet, savoir qu'est-ce que je veux et comment je veux que ça soit mis en œuvre, et bien ça, c'est totalement mon métier. Je suis toujours partie du principe que la tech pouvait tout faire. Alors quand tes devs te disent non, non, non, tu dis si, si, si, au final, tu arrives à quelque chose et tu n'as pas de limites, tu ne connais pas les limites techniques et donc tu n'en as pas. Voilà, moi, c'est quelque chose que je trouve intéressant à passer comme message parce qu'on n'a pas besoin d'être issu d'un domaine pour réussir dans celui-ci. Et surtout, les trajectoires de vie, elles sont vastes et multiples.

  • Chloé

    Je suis à 10 000. Je valide. En effet, c'est un message qu'il faut faire passer, qu'on est dans un secteur qui, au final, est ouvert à tout le monde. Et on peut y accéder en sortant d'études d'ingénieur ou à 40 ans, quand on a une idée d'un projet et qu'on veut le lancer. Il n'y a pas de route prédéterminée, donc c'est important de pouvoir le partager. Merci beaucoup, en tout cas, à Vic10 pour cet épisode, pour ce partage. encore une fois on va mettre en avant Opale on va mettre le formulaire et vous êtes légitime, on vous croit et tout plein de force à toutes et merci pour tout ce que tu fais et pour ce projet qui est absolument merveilleux et j'espère qu'il va changer beaucoup de vies un grand merci pour ton écoute on se retrouve lundi dans deux semaines pour la découverte d'une nouvelle meneuse j'espère que l'épisode t'a plu si c'est le cas Laisse-moi ton avis sur la plateforme que tu utilises. Et s'il te reste encore un peu de temps, partage cet épisode à ton entourage pour faire un gros big up à notre menace du jour. La bise, si tu le veux bien, et toujours plein de loutres dans ta vie. Ciao !

Description

Vigdis Morisse - Herrera est une entrepreneuse passionnée et fondatrice d'Opale, une plateforme dédiée à l'accompagnement des victimes de violences conjugales. Avant de se lancer dans la tech, Vigdis était professeure des écoles spécialisée dans l'enseignement du chinois. Elle a su transformer son expertise pédagogique en un projet technologique ambitieux, permettant à des milliers de personnes d'apprendre le chinois grâce à sa méthode innovante. Forte de cette expérience, elle a décidé de mettre ses compétences au service d'une cause qui lui tient à cœur : la lutte contre les violences conjugales.


L'épisode aborde les différentes formes de violences conjugales, souvent invisibles, et la manière dont Opale aide à les diagnostiquer et à les comprendre. Vigdis partage son parcours personnel, ses motivations et les défis qu'elle a rencontrés en développant cette application web. Opale propose un diagnostic approfondi à travers un questionnaire de 200 questions, couvrant toutes les typologies de violences, et fournit un cadre juridique pour aider les victimes à se sentir légitimes dans leur démarche de recherche d'aide.


Pour rappel : 1 femme sur 6 victime de violences conjugales.


Au cours de cet épisode :

  • Son 1er projet d’entrepreneure dans la tech sans notion de dev ou produit

  • Son parcours perso qui a mené à la naissance d’Opale

  • L’immédiateté un sujet clé pour aider les victimes

  • La force de la tech pour lutter contre les violences conjugales

  • L'importance de sensibiliser les entreprises et les collectivités à ce sujet

  • Les différentes formes de violences conjugales, souvent invisibles


📕 On a cité dans l'épisode avec Vigdis :

Pour faire le test sur Opale : https://opale.care/?_format=xml

L'application pour les entreprises et collectivités : https://pro.opale.care/


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Vigdis

    en faire quelque chose, toujours pareil, d'utile au plus grand nombre, parce que la texte, c'est ça qu'elle sert. Elle fait le test, elle m'envoie l'image, elle me dit. C'est vrai que quand il m'a cassé la main, j'aurais dû m'en douter. Il faut rendre accessible au plus grand nombre le fait de savoir ce que sont les violences.

  • Chloé

    Hello, c'est lundi et tu fais bien d'écouter Les Meneuses pour lancer ta semaine avec une dose d'inspiration. C'est Chloé, ta PMM préférée. Et aujourd'hui, j'accueille Vigdis Morisse - Herrera, fondatrice d'Opale, une plateforme pour aider et accompagner les victimes de violences conjugales. Cet épisode est sur ce sujet, qui est à la fois tabou, très commun, et contre quoi il est essentiel de lutter. Je te préviens, l'épisode n'est pas simple à écouter. À toutes les victimes, on vous croit, vous n'êtes pas seules. Si c'est bon pour toi, on va commencer. Bonne écoute, et si l'épisode te plaît, pense à le partager. Bonjour Vigdis, comment vas-tu ?

  • Vigdis

    Bonjour Chloé, très bien et toi ?

  • Chloé

    Eh bien, écoute, ça va. Je suis ravie de t'avoir avec moi pour cet épisode des meneuses. Merci beaucoup pour ta disponibilité et pour les personnes qui ne te connaissent pas. Est-ce que tu peux te présenter ?

  • Vigdis

    Alors moi, je suis Vigdis Moris-Herrera. Je suis entrepreneuse dans la tech depuis maintenant 8 ans. J'ai plusieurs entreprises dans ce domaine et auparavant, j'étais professeure des écoles spécialisées dans l'enseignement du chinois.

  • Chloé

    Ok, excellent. Donc tu passes de professeure des écoles à la tech. Comment est-ce que tu es tombée dans la tech du coup ?

  • Vigdis

    Je suis tombée dans la tech parce que moi, ma spécialité, c'était l'enseignement du chinois. J'ai fait des études de chinois, j'ai vécu en Chine et j'enseignais cette discipline au niveau des enfants, au niveau du primaire. Et j'ai mis en place des méthodes pédagogiques qui ont hyper bien fonctionné en classe, qui ont hyper bien fonctionné dans les classes alentours quand les collègues les utilisaient. Et en fait, la tech, c'était révéler le meilleur moyen de pouvoir diffuser largement un outil. Et surtout, à mon niveau, avec l'enseignement du chinois, c'était en 2015-2016 qu'on a lancé un moyen de diffuser à moindre coût un enseignement qui est plutôt vu comme élitiste. Et donc, c'était ça vraiment l'enjeu autour de la tech, que n'importe quelle personne qui se dise j'ai envie d'apprendre le chinois il puisse.

  • Chloé

    Donc tu te lances en tant qu'entrepreneuse dans la tech. Est-ce que tu avais des notions un peu techniques de développement de produits ou vraiment tu es partie de zéro et tu t'es dit je vais lancer une application, let's go ?

  • Vigdis

    J'ai lancé complètement de zéro. Moi, je n'avais vraiment aucune compétence spécifique là-dedans. Je l'ai lancé vraiment pour m'éclater. C'était un moyen de m'éclater et de faire en sorte que ce que j'aime, je puisse le partager avec le plus grand nombre. Et au final, c'est un beau succès parce qu'il y a 25 000 personnes qui se forment, se sont formées avec ma méthode de chinois depuis ses débuts. Donc, oui, j'ai eu plusieurs bouquins qui ont été publiés autour de ma méthode. Donc, je suis très contente de comment l'idée matérialisée, pour moi, c'était des jeux physiques en bois, des trucs à manipuler. Je l'ai... porter sur un outil digital pour que ça sorte de ma classe, simplement ma classe, pour aller vers le plus grand nombre et pouvoir répondre vraiment à ces désirs de gosses, parce que c'était ça un peu mon idée. Moi, je n'ai pas pu apprendre le chinois comme j'en avais envie quand j'étais petite, parce qu'on habitait dans un endroit où il n'y avait pas. Et je voulais justement permettre de lever ce blocage à moindre coût, de manière simple, accessible et efficace.

  • Chloé

    Ouais, mais c'est génial, je trouve, d'avoir des cas pratiques que tu fais, toi, dans ta classe, d'arriver à les digitaliser alors que tu n'as pas de notion de développement ou de produits digitaux et d'arriver avec 25 000 utilisateurs et utilisatrices. C'est un truc de fou. Ça fait plus de deux ans que tu es sur un autre projet qui est totalement différent, qui s'appelle Opale. Comment est-ce que ce projet est né et en quoi ton parcours ? personnel et professionnel ont influencé cette décision de lancer Opale ?

  • Vigdis

    Alors moi, j'ai vécu pendant des années des violences conjugales au sein de mon foyer et je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite. J'ai quitté cette personne en me disant en fait, je vais mourir si je reste avec. Je ne veux pas qu'il m'approche, je ne veux pas qu'il me touche, je ne veux pas qu'il me parle, je ne veux pas qu'il me regarde. Mais je ne me nommais pas, malgré ce ressenti qui était vraiment très présent. J'ai pris 10 kilos. depuis que je l'ai quitté, donc là je fais un 38 donc voilà, ça laisse un peu imaginer l'état dans lequel j'étais au moment où je suis partie et Et je pensais tous les jours que ça serait beaucoup plus simple si j'étais morte, ça s'arrêterait. Et malgré ça, je ne nommais pas les violences. Pour moi, ce n'était pas un homme violent. C'était un homme qui m'aimait trop. C'était un homme qui m'aimait mal. Mais ouais, on en dit des conneries quand on met le nez dedans. Et pourtant, il me mettait dans cet état-là. Et j'étais vraiment au fond du trou. Et bon, ouais. Quand je l'ai quittée, j'ai toujours été une très très grande lectrice. J'ai énormément lu. J'ai lu tout ce qui me tombait sous la main. Je suis la meilleure cliente de toutes les librairies du coin parce que je dévore 4, 5, 6 livres par semaine. Et quand j'ai un sujet qui m'intéresse, je le lis. Ça m'a aidée à comprendre ce que j'avais vécu et pourquoi je ne l'avais pas perçu comme tel au démarrage. Ça m'a aidée à comprendre ce que sont les violences conjugales en dehors du spectre classique de la femme battue. Et à partir de là, je me suis dit qu'en fait, il faut que ces connaissances qui sont dans les livres, qui sont répétées, répétées par énormément d'acteurs, même sur les réseaux sociaux, on trouve beaucoup de personnes sur Instagram qui vont alerter sur ça, il faut rendre accessible au plus grand nombre le fait de savoir ce que sont les violences, quels sont l'impact sur les personnes, parce que l'impact n'est pas uniquement perso. Ça veut dire que si le matin, tu ne veux pas te lever et que tu n'as pas envie de rentrer chez toi et que tu as peur de mourir, tu ne bosses pas économiquement. Les nanas qui vivent ça, on parle d'une sur six, elles ne bossent pas, elles ne peuvent pas bosser correctement. Et donc moi, au début, je voulais monter une ASO pour informer parce que c'était le seul modèle que je connaissais sur ce domaine des violences conjugales. Et en fait, ça ne collait pas. à qui je suis, à ce que je fais. Et puis, je suis partie directe dans quelque chose d'un peu complexe, bien moins que mon logiciel, mon LMS pour les langues, loin de là, mais sur quelque chose qui sortait du spectre de l'association. Et je me suis dit, en fait, là, ce que tu es en train de monter, c'est un projet d'entreprise. Tu es en train de monter un projet d'entreprise avec un réel service. Et... Et donc il va falloir le penser comme tel. Et donc le fruit de toutes ces lectures m'a permis de mettre en place Opale, de réaliser le questionnaire d'OPALe, qui permet de diagnostiquer les violences conjugales, de pouvoir faire toute la stratégie juridique qu'il y a derrière, et en fait penser tout le logiciel de manière à pouvoir en faire quelque chose. Toujours pareil, d'utile au plus grand nombre parce que la texte, c'est ça qu'elle sert. Elle sert à diffuser les choses très largement, le plus simplement et le plus rapidement possible. Donc, j'ai réfléchi pendant deux ans et j'ai lancé la première version à destination du grand public il y a six mois.

  • Chloé

    Donc, ça fait six mois que la version grand public est née. Encore une fois, tu crées un logiciel de ton expérience. Bon, là, un peu moins heureuse que sur la partie... faire apprendre le chinois. Aujourd'hui tu présentes Opale comme la première application destinée à la fois aux victimes de violences conjugales, à leurs entourages et à leurs employeurs. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu plus le concept et exactement ce que tu proposes ?

  • Vigdis

    Opale c'est une application web. Pourquoi une application web ? Parce qu'une application mobile ça laisse des traces. On parle vraiment beaucoup de cyber violence. L'objectif est que La personne qui navigue et qui recherche de l'aide laisse le moins de traces possible sur Internet. Parce qu'on n'est pas tous égaux par rapport à nos compétences numériques. Et même dans un couple, il y a un déséquilibre. Et bien souvent, on se retrouve avec des hommes qui ont bien plus de compétences numériques que leur compagne. Donc Opale, c'est une application web. Opale va permettre, à travers un diagnostic de 100 questions, ça prend 15-20 minutes, de pouvoir faire le tour de sa relation au niveau de... toutes les typologies de violences, qu'elles soient psychologiques, sexuelles, vicariantes, donc qu'elles concernent les enfants, administratives, économiques, cyber-violences et psychologiques. L'objectif c'est que, et physique bien sûr, on sort du tout violence physique parce qu'en fait c'est un conjoint qui frappe, c'est un conjoint qui a pris le droit d'eux. Et donc il s'est passé beaucoup d'étapes avant. pour qu'ils se sentent suffisamment autorisés pour te toucher. Et donc ça, tout ça, c'est analysé et analysable. Donc nous, on pose des questions autour de ça. À l'issue du questionnaire, on va établir un diagnostic. Il nous semblerait que tu sois potentiellement victime de ça, ça, ça, comme typologie de violence. On t'explique ce qu'elles sont, ces violences. Parce que vu qu'on n'en parle pas, personne quasiment les connaît. Donc on explique ce que c'est. On va reprendre point par point toutes les questions auxquelles la victime aura répondu par l'affirmative, enfin une réponse problématique. et on va lui donner le cadre juridique. Tu nous as répondu que... Donc ça veut dire que toi c'est ta normalité et que le conjoint aussi t'explique que la normalité c'est ça. La justice en France, le code pénal dit que... Et ça c'est très très important pour sortir aussi de l'emprise et de réussir à se détacher de la norme imposée par l'agresseur. Donc nous on va donner le contexte juridique. Et ça permet d'affirmer la gravité des faits et de se sentir tout à fait légitime pour la deuxième étape. La deuxième étape, c'est les associations. Il existe énormément d'associations en France, elles font un travail formidable, elles sont sous l'eau parce qu'elles ont peu de moyens et qu'il y a énormément de besoins, énormément de demandes. Donc, nous, notre travail, c'est de les trier en fonction des critères sociodémographiques de la victime, du type de violence qu'elle subit, de référencer ces associations en enlevant, je dirais, toutes les informations que la victime de violences conjugales ne recherche pas. Elles s'en fichent. que l'association fasse des formations violences sexistes et sexuelles. Elle s'en fiche que l'association fasse des collectes de fonds ou soit militantes anti telle ou telle chose. C'est très bien, mais pour la victime qui cherche de l'aide immédiatement, ça ne lui permet pas d'avoir accès. Ça rajoute des étapes, en fait, et puis toutes ces étapes qui vont être un petit peu... qui vont amener la victime à minimiser ce qu'elle vit parce que... En fait, moi, ce n'est pas si grave. Regardez, il y a des nanas qui vivent ça. Non, en fait, moi, je ne fais pas appel à l'asso. Donc, bref, l'objectif, c'est de supprimer toutes ces étapes et de donner une information claire. L'association, elle fait des permanences juridiques à telle heure, à tel endroit, tu contactes comme ça. Simplifier un hub d'informations. On prend toutes les assos qui correspondent dans un secteur donné. Ensuite, on va référencer les aides de l'État. Toujours pareil, l'État, il met en place des choses. Il faut rendre accessibles simplement ces ressources. Sur le site du gouvernement Arrêtons les violences, qui va se concentrer sur les violences psychologiques, mais tout ce qui est violences sexistes et sexuelles, il y a plein d'infos qui concernent toutes ces typologies de violences. Et donc, tu es un peu perdu au milieu de qui fait quoi par rapport à quel type de violence tu vis. D'autre part, par exemple, l'aide du gouvernement qui est nouvelle depuis décembre dernier, qui est une aide de la CAF pour les victimes de violences conjugales pour pouvoir quitter un foyer violent. Sur le site Arrêtons les violences, jusqu'à la page de destination finale sur la CAF, tu as 7 clics. pour arriver à un tableau style APL où tu dois faire toi-même tes calculs, qui te dit fais comme ça ton calcul et tu sauras ce à quoi tu as droit 7 clics. En situation d'urgence, de besoin de réponse rapide, etc., on veut l'immédiateté. Donc nous, on va donner immédiatement cette immédiateté de réponse à cet endroit-là, par exemple. Et on va limiter au maximum les interlocuteurs et les étapes. Là commence notre partie à destination des entreprises. Parce que... Une victime de violences conjugales, c'est quelqu'un qui va mal travailler, qui ne va pas pouvoir travailler correctement. Ce n'est pas sa faute. C'est la faute de ce qu'elle vit et de son agresseur. Mais in fine, c'est elle qui en paye les conséquences et plus précisément, c'est son employeur qui en paye les conséquences. Parce que quelqu'un que tu payes à bosser et qui ne peut pas bosser pleinement, c'est pénalisant pour la performance d'une entreprise. Donc nous, on va aller voir les entreprises, on va les inciter, on va leur faire prendre conscience du fait que les violences conjugales, c'est elles qui les financent. Il y a des études qui le prouvent, ce ne sont pas des chiffres qui sont sortis de mon chapeau. D'ailleurs, on a même mis en place sur Opale, sur la version pro, un simulateur de coût. Une entreprise, tu rentres combien tu as d'employés ? Si tu es plutôt SMIC, Média, en moyen, si tu es... Comment tu te situes en termes de répartition homme-femme ? Et puis ça va te dire combien tu as de victimes potentiellement dans ton entreprise, combien tu as d'agresseurs, combien d'enfants sont touchés, combien de pognon ça coûte à la société, combien ça te coûte à toi. Mais c'est ça dont on a besoin pour faire des déclics parce que c'est un problème qui est massif. Et donc on va faire prendre conscience aux entreprises de leur rôle, de leurs responsabilités et de ce que ça leur coûte en fait. Parce que c'est aussi ça la réalité, on ne peut pas, l'entreprise est une personne morale, elle doit performer. Si ses effectifs salariés ne performent pas, elle est en difficulté. Et donc on va la guider sur qu'est-ce qu'elle peut mettre en place, qu'est-ce qu'elle a déjà de mis en place pour les potentielles victimes. qu'est-ce qui peut être amélioré, changé, et quelles sont des nouvelles idées auxquelles elle n'aurait pas pensé. On va tout référencer dans notre logiciel. Elle va avoir un espace administrateur dans lequel elle administre ça. Si elle décide par exemple d'autoriser la victime à aller porter plainte pendant son temps de travail sans frais, enfin sans déduction de salaire, eh bien par exemple, cette aide, la victime, elle va avoir rentré le code de son entreprise au moment où elle fait le test. Et elle voit que son employeur a prévu ça pour elle. Elle voit que la personne à contacter, c'est Madame Machin, au RH. Il suffit de lui envoyer un mail et que la seule chose à mettre, il n'y a pas de document en plus. Enfin voilà, une information claire, simple et centralisée. On va faire pareil pour les collectivités, départements, régions, villes, qui ont aussi un intérêt à limiter les conséquences des violences conjugales. Et on va aussi permettre ça aux entreprises qui ont un intérêt à ce que leurs clients, leurs clientes, ne soient pas exposées, ou en tout cas le moins possible, aux violences conjugales. Je pense aux assurances, aux banques, aux mutuelles, etc. Et en fait à n'importe quelle entreprise qui se sentirait investie par ce sujet et qui voudrait pouvoir faire quelque chose. Donc voilà, nous on va référencer tout ça au sein d'Opale, de manière à ce que la victime, elle voit tout centralisé au même endroit et qu'elle puisse faire un rapide calcul. Elle se dit, bon, je peux le faire, j'ai ça, ça, ça qui m'aide, je vais avoir ça comme pognon, je vais avoir ça, go, je peux me casser. Et ça, c'est super important.

  • Chloé

    Ouais, et surtout de donner cet accès, déjà, de pouvoir mettre le doigt sur ce que la personne vit, parce que souvent, comme tu disais, tu ne vois pas les choses, ou tu es aveuglé par ce que tu vis, ou tu minimises. Alors que chaque situation est extrêmement grave et il faut pouvoir donner un accès pour s'en sortir. Et donc du coup, toi, pour les victimes, c'est un service qui est gratuit et qui les permet de les guider dans les démarches et de leur simplifier toutes ces étapes-là. Et du coup, toi, ton business model, c'est de vendre aux entreprises et aux collectivités ce service-là pour qu'ils le mettent en place là où ils sont. Combien aujourd'hui tu as d'entreprises avec lesquelles tu travailles ? Combien tu as d'utilisateurs et de personnes qui ont fait le test à aujourd'hui ?

  • Vigdis

    Alors aujourd'hui, on est à plus de 3000 personnes qui ont fait le test. Donc 3000 personnes accompagnées. À chaque fois qu'on a des sorties dans la presse, on a des pics de personnes qui se connectent et font le diagnostic en entier, je dis bien. Et au niveau des entreprises, on est sur des process qui sont un peu longs en termes de décision parce qu'on s'adresse principalement pour l'instant à des grands groupes. Donc il faut débloquer les budgets. Les budgets des municipalités, c'est un peu tendu en ce moment avec le changement de gouvernement, mais bref, les budgets sont votés en tout début d'année. Donc on a quelques entreprises qui ont déjà signé et qui commencent déjà à l'utiliser, mais surtout on a une vingtaine, trentaine de grosses boîtes. De tout. d'horizon, je vais dire, de la banque à la maison de retraite, en passant par des sociétés de transport, des mairies, etc., qui sont intéressées par le logiciel, qui sont en train de le faire valider à différentes instances.

  • Chloé

    Et tu as décidé d'utiliser la technologie pour aider les victimes de violences. Quel est pour toi le rôle clé de la tech dans la prévention et la prise en charge des victimes qu'elle peut jouer ?

  • Vigdis

    Dans la lutte contre les violences conjugales et même... Tout type de violence, on est face à des humains la plupart du temps. Donc des humains qui ont leur limite d'humain. Et à partir du moment où on limite, on plafonne l'écoute à des intervenants humains, et bien en fait on ne respecte pas non plus le besoin d'immédiateté de répondre. Il est 23h, ton mec il est parti, t'as envie de faire le test sur Opale parce que il y a des choses qui t'ont interpellé, t'en as entendu parler, tu dis ah ça, ça me parle, je vais faire le test. Est-ce que tu as besoin ? Le moment où tu as besoin de faire le test, c'est le moment où tu as besoin de la réponse. Et nous, la réponse, on l'apporte immédiatement. On dit immédiatement, ok, il y a ça, ça, ça qui ne va pas. Tu peux aller demander de l'aide par-ci, par-là. Mais beaucoup n'auront peut-être pas besoin émotionnellement, etc. n'auront pas envie d'aller demander de l'aide à des êtres humains. Mais ils ont quand même besoin qu'on leur apporte la réponse. Et la réponse... le logiciel va leur donner cette immédiateté. Moi, j'ai mis deux ans et demi à trouver la réponse. Deux ans et demi, c'est extrêmement long. Moi, ce que je dis, c'est que je voulais donner à d'autres l'immédiateté de la réponse que j'ai longtemps cherchée. Tu n'es pas folle, il n'a pas le droit. Et à partir du moment où on veut des réponses, on veut savoir quoi faire, comment, une stratégie, etc., on veut tout maintenant, tout de suite. Et quand on doit appeler une asso qui nous dit dans une semaine, parce qu'en fait, il y a trop de victimes, mais que... On appelle pour déposer plainte au commissariat, que le commissariat nous dit qu'en fait, on ne peut pas recevoir, etc. En fait, dès qu'on est face à de l'humain, on est face à des limites temporelles. Donc la plateforme ne remplace pas l'humain, très loin de là. Elle va permettre d'apporter la brique de tri entre ceux qui en ont besoin et ceux qui n'en ont pas.

  • Chloé

    C'est super intéressant, parce qu'en effet, c'est un sujet qui est très lourd, même pour les personnes qui accueillent ce sujet sans le vivre directement. Et la charge émotionnelle, la charge mentale de gérer ça peut en effet avoir des limites. Et le fait de pouvoir donner à n'importe quel moment du jour ou de la nuit une réponse et aider à mettre le doigt sur certaines choses et ensuite à guider, c'est en effet quelque chose de crucial. Surtout qu'on sait que c'est un sujet qui est malheureusement bien, bien, bien trop courant. et qu'il faut pouvoir aider le maximum de personnes. Et aujourd'hui, l'humain n'y arrive pas. Donc je trouve ça génial de pouvoir proposer ce genre de choses. Quels sont les retours que tu as eus depuis que tu as lancé Opale, que ce soit venant des femmes, mais aussi des hommes ?

  • Vigdis

    Dès que je parle de moi, de mon histoire, j'ai toujours des nanas qui viennent me voir et qui commencent par Alors moi c'est beaucoup moins grave que vous, hein, mais... Et puis après, elles te racontent un truc atroce. Et en fait, on est formés, éduqués en tant que filles à minimiser notre ressenti. Les émotions d'une fille valent moins que les émotions d'un garçon, etc. Ça a moins de valeur. Et en fait, toutes ces femmes, elles viennent me voir, elles me disent la même chose. Oh là là, je vous... Moi, c'est moins pire, mais... Et elles me livrent les choses. Et en fait, c'est dans ce mais que se cache tout, parce que c'est ça qui invisibilise tellement de femmes, qui ne leur permet pas de se sentir légitime d'aller demander de l'aide. Et donc, elles subissent en silence. Elles subissent des atrocités en silence. Et toutes ces femmes-là, moi, c'est elles que j'ai envie d'aider. Et du coup, les retours vont être... Quand elles font le test, elles se rendent compte qu'elles arrivent à nommer ce qu'elles ressentaient. Mais j'ai une dame qui m'a écrit Comment on fait pour savoir si on est victime de violence ? Je lui dis Allez faire le test sur Opale elle fait le test, elle m'envoie l'image et elle me dit C'est vrai que quand il m'a cassé la main, j'aurais dû m'en douter Et en fait, on est dans un tel déni de choses parce que les agresseurs normalisent, etc. Oui, mais je ne sais pas, peut-être qu'il lui a dit je t'ai cassé là-bas, mais aussi tu m'as cherché, moi je t'aime, je ne voulais pas ça, c'est moi le plus triste des deux, etc. Je n'en sais pas plus. Mais on est tellement amené à renier ce qu'on ressent, la peine qu'on a, etc., qu'en fait, l'immédiateté de la réponse, ça libère. Et ce qu'on me dit, c'est que ça libère. Eh bien, je respire enfin. Une fois, on m'a écrit je respire enfin J'ai plein de témoignages, je n'arrive pas à répondre à tout le monde. Et à chaque fois, ça me bouleverse. Même la veille de lancer Opale, je l'envoie à mes proches pour avoir un avis. Et j'ai une cousine éloignée qui me dit en fait, je ne vous l'avais pas parlé depuis des années, je viens de faire ton test, je reçois le message au petit matin, merci, je suis à la gendarmerie. Je ne l'avais pas encore lancé auprès du grand public. Et donc ça, c'est les retours des femmes qui me marquent le plus. Je me dis, qu'est-ce qu'on subit en silence, sans oser l'admettre ? Les autres retours d'hommes qui m'interpellent beaucoup, alors j'ai des hommes qui me parlent aussi de violences qu'ils ont vécues, et ce que j'ai remarqué dans les moments où on est plusieurs, ils attendent d'être seuls pour pouvoir m'en parler. Parce qu'il y a une telle honte, et c'est... Et c'est exactement la même chose qui pousse les femmes au silence, qui pousse les hommes au silence. C'est qu'un mec, il ne doit pas se faire emmerder par sa nana. C'est lui le bonhomme, c'est lui qui doit gérer. Et donc c'est trop la honte si c'est sa nana qui drive. Et en fait, moi je veux lutter contre tout ça. Les autres choses que des hommes m'ont dites, j'étais... on a fait une campagne de com'là, qu'on voit un peu derrière moi. Je les reçois, j'étais à la... en train d'accompagner la classe de ma fille à la sortie piscine, je prends un café avec un papa qui est un copain, je lui montre les affiches parce qu'il sait, il connaît mon travail, donc il suit un petit peu. Et je le vois blanchir et il me dit tu fais un truc pour les auteurs ? Je dis ben là, à ce stade, pas du tout. Il fait parce que moi, quand je lis tes affiches, je sais qu'il y a des choses que j'ai faites et je ne m'en rendais pas compte. Et à partir de là, j'ai eu une dizaine d'hommes qui me l'ont dit frontalement. ils m'ont dit vos affiches m'interpellent parce qu'il y a des choses que je fais et c'est tout autant qu'on n'éduque pas les femmes à savoir ce qui est normal et ce qui ne l'est pas on n'éduque pas les hommes à savoir ce qui est normal et ce qui ne l'est pas on va reproduire des comportements qu'on a vu dans notre famille qu'on a vu par les copains etc c'est

  • Chloé

    très fort déjà les retours que tu peux avoir vis-à-vis des victimes comment t'accueilles ce... flot d'émotions, parce que c'est des émotions très fortes, sachant que tu as vécu ça aussi, et que c'est une plaie que tu dois penser également, comment tu vis au quotidien ? Est-ce que tu te mets des moments où tu regardes les messages et d'autres, où tu fais des pauses ? Comment tu gères ça ?

  • Vigdis

    Je suis obligée de faire des pauses et j'ai beaucoup de messages pour cette raison-là, parce que moi, j'ai mon vécu, j'ai mon vécu de femme qui a vécu des violences. Très souvent, on me parle des enfants. Et moi j'ai mon vécu d'enfant qui a vécu des violences. Donc en fait ça fait des choses qui parfois sont très très lourdes. En plus j'ai ma procédure judiciaire en cours. Donc il y a des moments où je suis bien incapable de gérer tout ça. Et je sais que je suis hyper sensible donc je n'arrive pas à mettre de la distance. Les histoires elles vont m'occuper le cerveau, elles vont m'empêcher de dormir à la nuit. Et je ne veux pas être écoutante, je ne suis pas formée, je ne suis pas apte à l'être en fait. Je ne veux pas adresser ce rôle, je respecte totalement les personnes qui le font. Je trouve qu'il faut énormément de force et de courage pour faire ça. Mais je veux faire ma part des choses et c'est pour ça que le numérique me permet de faire quelque chose pour aider. tout en ne m'exposant pas,

  • Chloé

    ou en tout cas au minimum. Oui, c'est en effet, c'est des métiers, il faut être formé à recevoir tout ça, et même quand tu es formé à recevoir tout ça, c'est très difficile. Et je trouve ça bien également le fait que les hommes osent te dire Ok, je me reconnais dans ton affiche qui dénonce des violences. Et ce qui est bien, c'est qu'en fait, On est dans une société où on est tellement construit par des normes patriarcales, par des schémas de violence partout, tu disais, dans la famille, dans l'entourage, mais aussi dans les films qu'on voit, dans les séries qu'on a pu lire, les livres qu'on a pu lire, etc. Donc en fait, c'est tellement ancré qu'il y a les victimes qui doivent arriver à se rendre compte qu'elles sont légitimes. Et à ouvrir les yeux sur ce qu'elle vit et que ce n'est pas normal. Mais il y a aussi les acteurs de ces violences qui, parfois, les font plus ou moins s'en rendre compte. Et je trouve ça bien qu'à la fois tu puisses aider les victimes et également les auteurs, d'une certaine manière, en les interpellant, en semant une petite graine qui va, du coup, faire pousser une réflexion qui, j'espère, derrière, va changer des comportements. Même si... certains ne changeront pas malheureusement donc c'est très fort depuis que tu as lancé Opale, tu es entrepreneuse dans la tech et c'est un domaine qui est très sensible quel est ton plus grand défi depuis que tu as lancé Opale ce soit sur la partie technique, humaine ou même juridique, c'est quoi la chose la plus difficile que tu as rencontré jusqu'à aujourd'hui ?

  • Vigdis

    hum Je dirais que c'est une difficulté qui est plutôt humaine. C'est que j'ai l'impression que mon message fait peur. Et je pense que c'est vrai, ça fait un peu peur. Mais je pense qu'il y a un moment où il faut arrêter de mettre des œillères. Il faut regarder les choses en face, sinon on ne peut pas les combattre. Je pense que mon message fait peur de par... le fait qu'il montre que c'est un phénomène qui est massif, qui concerne toutes les classes sociales, toutes les origines, toutes les religions, tout. Voilà, on ne peut pas se dire, les violences, c'est tel type de profil, etc. Ça ne touche que les pauvres, ça ne touche que... C'est impossible de se dire ça, ce n'est pas vrai, ce n'est pas le reflet de la réalité. Et ça, je pense que ça, ça fait peur. Parce qu'en fait, quand on se... Quand on pense les violences, on pense toujours à l'autre. L'autre, l'autre, peu importe à quoi il ressemble, mais c'est pas les gens comme nous. On va penser les choses comme ça. Sauf que le violent, ça peut être ton père, ton fils, ton cousin, le voisin qui est super sympa, qui te ramène le journal, ça peut être... Voilà, toutes ces personnes-là, elles ont un double visage et c'est très important de l'avoir en tête que c'est très, très, très massif. Et voilà, moi je constate que ce message fait peur parce que c'est une chose de se dire qu'il y a des victimes de violences conjugales et qu'on ne parle que des violences conjugales physiques, et bien on arrive à une quantité un peu réduite de la masse, sauf que là on est au noyau central, et sauf que tout autour, le fait que, je prends très souvent cet exemple, j'en parlais encore hier avec une copine, Le père de sa fille dit devant la gamine Mais oui, papa, il va te payer la moitié de ton anniversaire avec maman, l'anniversaire organisé dans un laser game ou une connerie comme ça, un truc qui a coûté super cher. Et ça fait trois mois que la mère, tous les quinze jours, elle envoie un message au père en lui disant En fait, rembourse-moi, j'ai tout avancé, rembourse-moi, rembourse-moi. Et le père lui trouve des excuses à chaque fois. Et là, la dernière, c'est que c'est Noël et qu'il a moins de pognon à Noël. Ça, c'est des violences. Ça, c'est des violences, elles sont totalement institutionnalisées. Quand mon comptable, en plein divorce, m'expliquait qu'il allait se rendre insolvable pour ne pas filer de pognon à sa femme parce qu'il estimait que c'était une feignante, ça, c'est de la violence. Ouais, ma véridique. Et en fait, c'est extrêmement délétère et ça se cache dans plein de choses. Et tout ça, il faut le combattre exactement au même titre que les mecs qui foutent des beignes à leur femme. Parce qu'en fait, toutes ces petites choses, vont autoriser, qui sont autorisés en fait socialement et qui sont des violences pour ceux qui les vivent, ben en fait, c'est la porte ouverte à tout le reste. Et ça, même si c'est massif, même si ça fait peur, même si ça demande de repenser notre modèle de société, ce qu'on trouve acceptable, tolérable, drôle, pas drôle, eh bien il faut y réfléchir sérieusement et il faut se décider à un moment à agir.

  • Chloé

    C'est vrai que c'est un sujet, en effet, dès qu'on parle de ces sujets-là, qui fait peur. Mais on voit avec les réactions, pas tous les hommes, on ne peut plus rien dire, on ne peut plus rien faire, etc. Et en fait, c'est rejeter le problème sur soi, alors que quand on est un homme, ils font un peu, nous on est différents. Mais quand on voit les auteurs de ces violences, comme tu disais, ça concerne tout le monde. Et le problème, c'est qu'aujourd'hui, on entend parler de la haute partie de l'iceberg, par exemple avec les féminicides. Et encore, comme on a vu comment c'est traité, il y en a eu un il y a peu de temps, c'était la semaine dernière à Toulouse, là où je vis. Et le journal La Dépêche a dépeint le portrait d'un garçon adorable qui était adoré, etc. Il parle à peine de la victime qui a été retrouvée dans des... Bref, et en fait, déjà, c'est difficile de parler de cette partie de l'iceberg. Et derrière, en fait, toutes les violences qui, du coup, découlent et sont orchestrées par tout le monde, en fait. Et comme tu disais, ça fait peur et c'est difficile à entendre pour certains. Mais à un moment donné, il va falloir voir les choses en face et confronter un peu son entourage, les personnes. qu'on connaît pour réaliser que c'est un système ultra-violent. Et du coup, quand on parle de tout ça, on entend souvent le terme femme battue que tu m'avais évoqué notamment. Mais il existe mille et une violences, mille et une formes. Quelles sont les violences dont on parle le moins ? Tu parlais des violences... économiques, mais qui ont également des conséquences dramatiques. Et pourquoi est-ce que l'invisibilité, ces violences-là, c'est dangereux pour les victimes ?

  • Vigdis

    Je pense... Alors nous, en fait, sur Opale, par contre, avec les réponses, on va collecter des statistiques. On ne sait pas qui répond. Je n'ai aucun moyen de savoir qui répond, pas Mail, pas IP, rien du tout. Mais par contre, j'ai les données. Je sais ce que les personnes répondent. Et donc les statistiques gouvernementales, par exemple, nous disent que sur les victimes de violences conjugales qui déposent plainte, il y en a 4%. Et c'est en augmentation, parce qu'on commence à en parler, il y en a 4% qui portent plainte pour des faits de nature sexuelle. Moi, sur Opale, sur les 3000 personnes qui ont répondu au questionnaire, j'ai 60% des personnes qui sont victimes de violences sexuelles au sein du couple. Et en fait, ça je pense que c'est le plus gros tabou autour de ce que sont les violences. Il faut savoir que c'est quand même 1992 pour avoir sorti du code pénal l'obligation le devoir conjugal. Donc on est nés, je crois qu'on est à peu près le même âge, on est nés, le devoir conjugal était une obligation. Si ça se trouve on est nés du fruit du devoir conjugal. Enfin il y a un moment, c'est quand même ça la réalité. Et en fait dans les esprits... C'est toujours ça, on l'entend avec le procès maçon, oui mais c'est sa femme quand même, c'est sa femme. Voilà, et ça c'est une excuse qui est dite tout le temps, et je prends très souvent cet exemple pour expliquer le pourquoi des 200 questions, parce que des fois, personne ne se met 200 questions, c'est énorme. Non, non, 200 questions, si on pose les bonnes questions, on a les bonnes réponses. Je prends l'exemple du violentomètre. Sur le violentomètre, il est écrit, la seule question qui concerne les violences sexuelles est Est-ce que ton conjoint te force à avoir des rapports sexuels ? Quand on dit force, on pense force physique. Est-ce que ton conjoint te maintient de force pour obtenir un rapport sexuel ? Mais il n'y a pas besoin de ça pour obtenir un rapport sexuel. En fait, quand on pose les bases petit à petit de l'obligation et du devoir. Et donc sur Opale, on va poser la question de cinq manières différentes. Est-ce que ton conjoint utilise la force physique ? Est-ce qu'il insiste ? Est-ce qu'il te menace ? Est-ce qu'il te fait du chantage ? Ou est-ce qu'il t'impose des pratiques que tu ne souhaites pas essayer ? Donc sur les 3000 personnes, 14% ont répondu oui pour la force physique. Rien que ça, ça... 55% pour insiste. 55%. Eh bien, force physique, insistance, les deux c'est du viol conjugal. Voilà, le fait de râler quotidiennement, ouais, t'as encore mal à la tête, t'as toujours un truc, t'es... Insistance, viol conjugal, enfin il faut le rappeler quand même. Et même dans les esprits des femmes... ce n'est pas ce n'est pas pleinement intégré personne ne doit se forcer à faire un rapport sexuel il ya aucune il ya rien qui justifie ça en fait il ya aucun devoir aucune obligation même quand on est marié donc ça je pense que c'est peut-être le truc le plus sous-estimé et pour les quatre autres cas les trois autres questions on aussi entre 30 et 40 donc menace chantage on pratique que tu ne souhaites pas essayer c'est colossal à mon avis c'est colossal et quand les nanas vont commencer à dire arrête de m'emmerder moi c'est non non non quand elles vont pouvoir oser socialement dire que ben en fait il faut arrêter le délire elles veulent pas il y a des jours elles sont fatiguées il y a quelqu'un qui m'a mis hier sur une publication à chaque fois qu'un père ne se lève pas la nuit pour donner un biberon c'est une fée de la libido qui disparaît je trouve que c'est magique c'est exactement ça et en fait Ce sont ces petites choses qui font que dans le couple ça change et que le corps de la femme n'est plus si disponible que ça parce qu'elle est fatiguée, parce qu'elle gère des trucs, etc. Et de l'égalité viendra un peu le reste. Donc les violences sexuelles au sein du couple, je crois que c'est une des choses qui est la plus taboue, la plus rejetée par la société. Moi j'ai quand même parlé à des... anciens amis et un homme par exemple qui à qui je dis non mais en fait il m'a fait ça c'est un ami commun voilà pourquoi je vais quitter voilà pourquoi j'ai déposé plein le gars quand même me dit ouais mais moi il m'a rien fait je suis en train de t'expliquer qu'il violait sa nana et toi tu es en train de me dire cale toi mec il t'a rien fait voilà donc en fait la réalité c'est ça et c'est extrêmement tabou les gens ne veulent pas voir les gens te disent Oui mais comment je sais si tu dis la vérité ? Je ne sais pas, tu viens, tu traverses la porte, tu ouvres la chambre, enfin tu viens dans la chambre, comme ça tu regardes. Et en fait les gens ne croient pas, parce que ça remet trop de choses en cause au niveau de leur mode de pensée. Et ça, quand on aura fait cette étape-là de croire les victimes de violences sexistes et sexuelles, déjà on aura fait une grande étape dans le process de les faire cesser. Ça commence par là. Et tous les témoins, tous les proches qui... Oui mais moi je suis neutre. Non, non, neutre ça n'existe pas dans ce cas-là. tous les gens qui font ça sont autant complices exactement, ils sont totalement complices du truc et il faut prendre parti,

  • Chloé

    il faut être un peu courageux parce que c'est ça qui aide les victimes c'est qu'on soit courageux et qu'on les soutienne cette notion de courage elle est compliquée pour beaucoup de personnes en tout cas je tiens à le souligner à le dire, à le crier haut et fort à toutes les victimes on vous croit vous êtes légitimes et vous n'êtes pas seules Donc c'est important de le dire et je pense qu'on le redira jamais suffisamment. Et ce sujet qui en effet est encore tellement tabou, il nous concerne toutes et tous. Comment selon toi, outre le fait de tout ce que tu peux partager, est-ce qu'on peut sensibiliser et amener un peu à une réflexion collective ?

  • Vigdis

    Alors, moi, je dis souvent, si on ne sait pas comment faire, on partage Opale, on partage les outils, on partage les contenus qu'on met à disposition, on partage le questionnaire parce qu'on ne sait pas à qui ça va servir, à quel moment ça va lui servir. Et je pense qu'une des choses aussi les plus importantes, c'est de ne pas laisser passer. Voilà, il ne faut pas laisser passer. Il n'y a pas de petite violence. Je repense à cette situation-là avec mon comptable, c'était il y a un grand nombre d'années. Je n'étais pas aussi éveillée à tout ça. Et je ressens le malaise encore face à la situation, mais je n'ai rien dit. Là, aujourd'hui, je me retrouverai dans cette situation. et bien je pense que je lui ferai une lettre de rupture de mission en lui expliquant pourquoi je rompais ma mission avec lui. Si sur le moment où je suis tellement sidérée que je n'ose pas parler, je pense que dans les jours qui suivent, je fais ça et je lui fais un courrier pour lui dire pourquoi je ne suis plus sa cliente. Et je pense que c'est important d'écouter et de prendre conscience des choses, parce qu'on peut évoluer, on doit évoluer normalement, et ne rien laisser passer parce que ce sont tous ces actes qu'on laisse passer qui font que les violences sont tolérées dans notre société. Et moi je pense très souvent à la femme de mon comptable depuis que j'ai lancé Opale, je me dis à chaque fois, mais je me prends des bouffées d'émotions quand je repense à elle, et je me dis là t'as rien dit, bon bah maintenant je dis à d'autres mais je parle quoi. Et on peut s'être planté dans le passé, mais c'est évolutif, et il faut que ça soit évolutif. Parce que la prise de conscience, elle est petit à petit. Il faut écouter aussi.

  • Chloé

    En tout cas, on va partager les liens de Opale et tâcher d'en parler au maximum de personnes. Toutes les personnes qui écouteront cet épisode, partagez Opale dans votre entourage, parlez-en. Parce qu'il y a malheureusement forcément des personnes qui sont concernées et victimes de violences. Donc, toujours écouter, croire les personnes. On le répète, mais... Voilà, je pense qu'il va falloir que je le répéte encore longtemps. Merci beaucoup, Vibdice, pour tout ça.

  • Vigdis

    Même si c'est votre pote, même si c'est votre meilleur ami, même si c'est votre frère, c'est horrible. J'ai un meilleur ami, j'ai un frère, j'ai même un fils. C'est horrible. Mais voilà, il faut même danser. Oui,

  • Chloé

    oui, oui, parce que, mais oui, même si parfois ça fait un peu mal de se rendre compte que notre entourage n'est pas très clean, il faut penser aux personnes, aux victimes en face. Et ce sont elles. les plus importantes et qu'il faut protéger et pas protéger les agresseurs pour terminer cet épisode je vais te poser les 3 questions classiques que je pose à mes invités la première ce serait quels sont les 3 conseils que tu donnerais à Vic Diz d'il y a 10 ans je

  • Vigdis

    lui dirais tu m'aides mieux ça sera plus beau demain et prends-toi

  • Chloé

    Merci. Je suis un petit peu émue. En tout cas, merci beaucoup pour ta confiance. Et même si c'est difficile, ça fait du bien de pouvoir parler de tout ça. Du coup, tu nous disais qu'au début de ta réflexion et de ta prise de conscience, tu as lu beaucoup de livres. Est-ce que tu en aurais un à partager ou un film ou un podcast ou quelque chose à partager sur ce sujet-là que tu as comme inspiration ?

  • Vigdis

    Il y en a un qui m'a fait vraiment, qui m'a éclairé, qui m'a levé toute cette sensation d'être responsable, c'est le contrôle coercitif du docteur André Agru et Fentila. C'est un peu, c'est une chercheuse, donc c'est un livre d'une chercheuse, et celui-là m'a fait vraiment beaucoup de bien parce que le contrôle coercitif, donc c'est quels sont les moyens mis en oeuvre par son agresseur pour empêcher, La victime de partir. Donc, versus l'emprise, l'emprise va poser la question de pourquoi est-elle restée. Le contrôle coercitif, c'est comment il s'y est pris pour qu'elle reste. Et ça vient quand même replacer les choses dans ton esprit. Non, je ne suis pas complètement con, je ne suis pas complètement débile et niaise. Si je suis restée, c'est parce qu'en fait, tout avait été fait en sorte pour que je reste. Donc, ce bouquin, moi, m'a sauvé la vie. Je lui répète très régulièrement, ce bouquin m'a sauvé la vie. Et un autre bouquin que j'ai beaucoup aimé, qui fait écho à ce que tu disais par rapport à la société et à tout ce qu'on nous amène à croire comme normal, c'est un livre qui est de Chloé Thibault, je crois, qui s'appelle Désir et la violence. Et celui-là, c'est une pépite, je l'ai offert à une amie pour son anniversaire il y a quelques jours, encore. Et en fait, ça va venir... nous chercher un peu dans nos retranchements de tout ce qu'on a pu kiffer comme séries, livres, chansons, etc. qui ont fait notre construction et qui... en fait nous amène à désirer la violence, à trouver que c'est quelque chose d'excitant et qu'on va rechercher dans les relations parce qu'en fait tout socialement, toute la pop culture nous amène à penser que tout ceci est normal et donc ce livre est une extrêmement forte analyse de ce système là et je pense qu'il faut les mettre dans tous les mains de toutes les ados à minima.

  • Chloé

    Je suis bien d'accord, j'ai lu le second. En effet, que j'ai beaucoup aimé, on est de la même génération, donc je pense que les références de Chloé nous font écho et de se dire, waouh, ça fait peur et c'est difficile de créer des relations amoureuses saines ou même de comprendre un peu ce qui est, d'avoir des attentes aussi qui sont saines en ayant toute cette... tous ces exemples en étant entourée par de la violence. Ce livre est vraiment génial. Et le premier, je ne le connaissais pas. Merci beaucoup pour la référence, du coup. Et pour terminer, est-ce qu'il y a une personne que tu aimerais entendre dans ce podcast ?

  • Vigdis

    Eh bien, je pense à Aude de Plume. Aude, c'est une ancienne prof de français. qui a créé un outil pour inciter les enfants à écrire, les jeunes à écrire. Et elle a changé de nom récemment, donc je vais dire une connerie, Aude. Et la société, l'outil s'appelle Plume. Et voilà, elle est extrêmement intéressante. Elle est vachement cool pour une prof de français. Non, non, elle est vraiment très gentille. Et puis... Et puis je trouve que c'est toujours très intéressant de voir quel chemin mène à Rome en fait. Elle n'est pas du tout issue de la tech, elle n'est pas du tout issue de ce milieu-là, elle a fait des études de lettres, et en fait voilà, elle a une idée, elle l'a poussée, elle l'a mise en œuvre, et je trouve que c'est intéressant comme message aussi à passer aux femmes, vu qu'on est très peu dans la tech quand même, de manière à dire... qu'en fait, on n'a pas besoin de faire des études spécifiques. Moi, je le répète très souvent quand je fais des interventions, je suis dirigeante dans la tech depuis 8 ans, mais je ne sais pas pondre une ligne de code. Je ne sais pas comment ça fonctionne, je suis bien incapable de le faire. Par contre, réfléchir, penser, articuler, organiser, gérer un projet, savoir qu'est-ce que je veux et comment je veux que ça soit mis en œuvre, et bien ça, c'est totalement mon métier. Je suis toujours partie du principe que la tech pouvait tout faire. Alors quand tes devs te disent non, non, non, tu dis si, si, si, au final, tu arrives à quelque chose et tu n'as pas de limites, tu ne connais pas les limites techniques et donc tu n'en as pas. Voilà, moi, c'est quelque chose que je trouve intéressant à passer comme message parce qu'on n'a pas besoin d'être issu d'un domaine pour réussir dans celui-ci. Et surtout, les trajectoires de vie, elles sont vastes et multiples.

  • Chloé

    Je suis à 10 000. Je valide. En effet, c'est un message qu'il faut faire passer, qu'on est dans un secteur qui, au final, est ouvert à tout le monde. Et on peut y accéder en sortant d'études d'ingénieur ou à 40 ans, quand on a une idée d'un projet et qu'on veut le lancer. Il n'y a pas de route prédéterminée, donc c'est important de pouvoir le partager. Merci beaucoup, en tout cas, à Vic10 pour cet épisode, pour ce partage. encore une fois on va mettre en avant Opale on va mettre le formulaire et vous êtes légitime, on vous croit et tout plein de force à toutes et merci pour tout ce que tu fais et pour ce projet qui est absolument merveilleux et j'espère qu'il va changer beaucoup de vies un grand merci pour ton écoute on se retrouve lundi dans deux semaines pour la découverte d'une nouvelle meneuse j'espère que l'épisode t'a plu si c'est le cas Laisse-moi ton avis sur la plateforme que tu utilises. Et s'il te reste encore un peu de temps, partage cet épisode à ton entourage pour faire un gros big up à notre menace du jour. La bise, si tu le veux bien, et toujours plein de loutres dans ta vie. Ciao !

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