- Speaker #2
Salut les sales petits potes ! Que se passe-t-il si l'on mélangeait le mythe d'Orphée et de Riddis, un teen movie, de l'animation japonaise, un soupçon de Terry Gilliam, une pincette de Silver Star Stallone et un peu de comédie et de gore ? C'est à cette question que personne n'avait posé que... que répond à Erechiu de Federico Sfaccia, artiste italien venant de la bande dessinée et dont c'est le second long métrage. Erechiu a tout du film fauché, maladroit, imparfait et ovni comme on en voit passer de temps en temps. Qui pourrait être réservé à une petite frange déviante de cinéphiles amateurs de série Z. Et pourtant, il se dégage quelque chose de sincère, touchant et parfois puissant de ce long métrage. Pour en parler, nous serons trois ce soir. Salut les gars !
- Speaker #3
Salut !
- Speaker #2
Alors, à R&Q, ça raconte quoi ? Ça raconte l'histoire de Neve, un adolescent qui souffre d'une pathologie un peu étrange qui l'empêche de voir le visage des femmes. Pour combler ce déficit, il a une caméra qui est fixée à ses lunettes qui lui permet de d'enregistrer au fur et à mesure ce qu'il voit durant sa vie. Malheureusement, les choses tournent mal. Alors, Julie, A.R.Q., t'en as pensé quoi ?
- Speaker #3
Alors, comment dire... J'avoue que je ne savais pas ce que j'allais regarder. Déjà, quand tu regardes l'affiche d'A.R.Q., t'as l'impression d'avoir Sylvester Stallone qui a 15 ans, parce que la photo de l'acteur principal, c'est clairement lui. Tu lances le film et je sais pas Il se dégage quelque chose On est entre le projet de fin d'études D'un étudiant fauché Avec en même temps une super idée A la clé Je suis désolée mais le scénario Il tient la route, il est bien C'est bien foutu, tu sens qu'il y a de l'amour Plein le film Mais j'ai souvenir de m'être plusieurs fois Demandée Genre qu'est-ce que je regarde en fait C'est... C'est toujours pas très clair en fait, enfin je sais pas toi Sacha mais...
- Speaker #1
En fait il y a vraiment ce truc de... il y a presque deux parties dans le film, parce qu'à un moment donné il y a la bascule où on rentre dans... vraiment dans l'univers parallèle, plein de bobines de VHS etc, parce que le héros il est constamment entouré de VHS, il voit le monde à travers sa caméra, et en fait la première partie elle est un peu drôle, on le voit galérer à essayer de draguer, de rencontrer des nanas, il y a toute la phase où il en peut plus, il en a marre etc, il finit par rencontrer une... Une jeune femme avec qui ça pourrait marcher, et cette partie-là, elle est assez drôle, elle a un côté effectivement très film étudiant, mais moi je trouve que la deuxième partie, du basculement, où il va devoir affronter des démons en pellicule VHS, là c'est quelque chose d'autre. C'est plus un film étudiant qu'on aurait pu faire comme ça, il y a une vraie vision, il y a une esthétique très particulière, et moi je trouve qu'il y a vraiment ce côté basculement, il y a un vrai prolongement des thématiques, il y a vraiment ce truc, formellement, le film a pas mal de défauts, mais en termes de thématique et de fond il est vraiment très très très réussi donc pour moi c'est pas un film étudiant, il y a une maturité derrière, il y a un vrai auteur derrière ce film
- Speaker #2
Alors pour la précision, si comme l'une des dates qu'on nous a trouvées sur IMDB parce qu'on est un peu incertain sur la date On en a trois On va partir sur 2015, il a 37 ans quand il le fait, c'est un artiste de bande dessinée il a déjà fait un long métrage avant donc on n'est pas dans le film de fin d'étude, on est plutôt dans l'improvisation on va dire J'ai pas de moyens et j'essaie de faire quelque chose. Alors justement sur cette première partie, ça nous raconte quoi globalement ?
- Speaker #3
Pas de mémoire, le début c'est un petit peu, je vais dire, le côté Hélène et les garçons, tu sais, avec cette image claire, scintillante.
- Speaker #2
Oui c'est vrai, c'est vraiment filmé comme un sitcom ou une télé-novéla.
- Speaker #3
Ouais exactement quoi, et donc on a notre Nève, Ève d'ailleurs,
- Speaker #2
Névée,
- Speaker #3
c'est Ève, puisqu'il y a une faute de frappe je pense sur certains sites.
- Speaker #1
Les infos ne sont pas toujours très chères.
- Speaker #3
Et donc on a notre personnage, on comprend très vite qu'au lycée, il est exclu, on se moque de lui, il a son espèce de zoom collé à sa lunette. Et donc il rencontre au tout début cette fille-là qu'il croise dans le couloir et il essaie de s'auto-persuader qu'elle est tout à fait pour lui. Alors il y a ce moment extrêmement intéressant où en fait... On le voit littéralement se faire des films. L'expression c'est ça, c'est-à-dire qu'à chaque fois que la réalité ne lui convient pas, on voit d'un coup le Neve derrière une caméra, Neve avec un script, Neve qui fait de la musique, et en train de refaire ce qui est en train de se passer et qui ne lui convient pas. Bref, il rencontre rapidement cette... Cette fille-là, donc il s'imagine une autre réalité, finalement, bon ça se passe pas bien, elle est superficielle, etc. Mais on est vraiment dans ce côté, ouais, alors je dirais pas teen movie quoi, mais c'est... Ah si,
- Speaker #1
c'est un teen movie,
- Speaker #2
c'est un pur teen movie.
- Speaker #3
Voilà, vraiment ce côté, on va suivre un ado, qui a des problématiques d'ado, au lycée, avec son frère qui est un peu la guicheur fou. qui essaie de sauter sur toutes les nanas.
- Speaker #2
Alors, je rebondis sur ça. Sacha, est-ce que tu peux nous parler un peu du frère dont j'ai oublié le prénom, et de son ex, Justine Lanfer ?
- Speaker #1
Oh, Justine ! Faustine ! Faustine Lanfer ! Faustine Lanfer. Le grand frère, c'est Max. Alors, il y a tout un jeu de mots sur le fait que lui, normalement, il est un peu plus... j'ai pas identifié parce que nous on a eu des soucis de français donc le nom de famille normal de la famille de Max et de Neveh c'est Dujenu mais Max a choisi un pseudonyme qui est plutôt la grosse épée Duglève Duglève voilà donc lui il y a toute la symbolique de la grosse épée petite référence à Berzerk peut-être et Max est un personnage de voilà il évolue un peu dans le monde du rock donc il a le look avenant il a la chemise en jean de gilet gilet etc et il a un peu ce côté gentiment macho C'est un peu la version dégénérée de Joey dans Friends.
- Speaker #2
C'est un peu l'archétype du mal alpha, bad boy, dans un groupe de métal, mais le mec il est électricien parce qu'il s'est fait virer par un autre. Bon, ça c'est pas très important. Et alors du coup il y a son ex, Faustine, qui arrive dans l'histoire de manière un peu impromptue.
- Speaker #1
Et c'est même pas qu'elle ouvre le truc en fait. La première scène c'est avec Faustine, parce que Faustine d'enfer c'est un personnage un peu mystérieux au début. elle apparaît comme une espèce de scientifique qui s'est spécialisée dans le fait de pouvoir rentrer dans les pellicules de films. On peut établir un contact entre le monde des films et la réalité en rentrant dans les pellicules, il y a toute une dimension un peu ésotérique. Et elle a écrit un livre, elle a fait un film là-dessus qui s'appelle...
- Speaker #2
Alors c'est pas elle qui a fait le film, elle s'est basée dessus.
- Speaker #1
Elle a fait un bouquin qui s'appelle...
- Speaker #3
Reward quelque chose, il y a reward dedans, je ne me rappelle plus.
- Speaker #1
C'est Flash, c'est pas Flash. Non mais c'est pas très grave. Elle a fait un livre là-dessus, le film s'ouvre sur une scène où elle explique ça, et après on enchaîne avec le personnage de Neveh, et donc Faustine et Max, le grand frère de Neveh, ont eu une relation amoureuse qui a duré un moment, mais qui n'était pas très fofolle, ils ont fini par se séparer. Cependant, Faustine a découvert la pathologie de Neve et s'est dit qu'il y avait matière à faire quelque chose puisque ça rejoint un peu ses croyances sur le rapport entre le film et la réalité. Donc elle va revenir dans la vie de Neve et de Max et c'est à partir de là que le film va prendre une autre ampleur puisqu'on va commencer à basculer progressivement dans cet univers parallèle.
- Speaker #2
Alors justement sur ce basculement, du coup Neve il est tout triste parce qu'il s'est rendu compte que la fille sur laquelle il se faisait le film et on découvre que c'est pas la première, qu'au contraire il y a... à peu près une trentaine voire une quarantaine de cassettes au titre des filles qui l'ont écondue et qui finissent tous par un A. Donc Neve, qui est très triste, veut aller se suicider. Son frère n'en a pas grand chose à faire parce qu'il dit qu'il fait ça à chaque fois.
- Speaker #3
Deux fois par mois exactement.
- Speaker #2
Sauf que du coup il veut aller se pendre et là il rencontre Pénélope qui est la première fille qu'il peut voir de ses yeux naturels. De là, il va déclencher une nouvelle obsession amoureuse, sauf que twist, Pénélope meurt de manière... C'est pas trop expliqué, il y a des pistes, on n'y reviendra pas dessus, mais on...
- Speaker #1
C'est suggéré qu'elle se suicide, il y a tout un truc sur le fait qu'elle est suicidaire...
- Speaker #2
Oui, oui, c'était pour pas garder du... Donc elle meurt et du coup il décide d'utiliser les travaux de Faustine pour aller en chercher la ressuscité via les images qu'il avait fait. Et de là, la bascule dans le monde fantastique où ils vont arriver dans le monde des cassettes vidéo. Et alors là, le film bascule et il a une nouvelle ampleur pour le coup.
- Speaker #3
Ah complètement, c'est un nouveau film. la façon dont c'est filmé, l'atmosphère, les couleurs. Moi, c'est vraiment les couleurs qui m'ont énormément marquée. Je vous en parlais cette semaine, j'avais regardé Suspiria. Et on est vraiment là-dedans. L'écran, il est partagé entre du bleu, du rouge, il y a du orange. On est dans cet univers fantastique, cauchemardesque. Où en fait, on est, moi de ce que j'en ai plus ou moins compris, après je pense que le film peut se comprendre de plein de façons différentes, mais dans cette espèce d'univers parallèle qui a été créé avec ses bobines et ses cassettes qui ont été enregistrées toute sa vie. Donc on est là au milieu des bandes, et là où on va croiser ces monstres faits à base de bobines, qui sont un petit peu mal faits, mais tout est touchant. Tout est touchant parce que tu sens que le film est fait avec le cœur, il est écrit avec le cœur. La dernière fois on parlait de Damien de Tirex en disant que les scènes sont collées les unes aux autres, les mecs ne savent pas ce qu'ils font là. Là c'est très différent, c'est-à-dire que je pense que tout est pensé dans le film. On ne l'a pas évoqué, Sacha, je te laisserai continuer là-dessus, sur le doublage.
- Speaker #2
Attends, avant de passer sur le doublage, parce que ça c'est un élément essentiel du film, même de la décision qui a été prise par les acteurs, moi j'aimerais bien qu'on revienne justement sur les monstres, Sacha, parce qu'en regardant le film on avait plein de trucs à dire dessus.
- Speaker #1
En fait, à partir du moment où on bascule dans le monde des VHS, déjà le sol, l'environnement est recouvert de bandes VHS. partout et les monstres en sont aussi constitués, donc il y en a trois. Est-ce que tu pourrais appeler le nom du méchant principal ?
- Speaker #2
Alors le bad guy du film c'est Amor Omni Amor Winkit Omnia, donc l'amour, vin triomphe de tout. Et avec ses sbires, regret et remords qui sont en fait rewind et pause.
- Speaker #1
Et en fait du coup leurs armes, les deux acolytes ont des armes qui sont plus ou moins les flèches. qu'on a sur un halitoscope il y en a un qui a une flèche dans les deux sens et un autre qui a deux épées qui forment les deux barres du signe pose et en fait oui c'est clairement un peu avant on s'était rendu compte de l'influence de l'animation japonaise mais là pour le coup je trouve que à ce moment là c'est vraiment hyper important parce que leur apparence c'est
- Speaker #2
des monstres c'est entre le cénobite tiré de Hellraiser et en même temps fait de bobine on dirait des monstres de Toku Tokusatsu japonais,
- Speaker #1
c'est le cinéma d'effets spéciaux qui est arrivé jusque chez nous sur la forme de Power Rangers on dirait des monstres de Power Rangers ou de Bioman ou ce genre de choses complètement et il y a une logique aussi de Tokusatsu dans le sens où c'est un groupe de personnes qui va devoir vaincre un ennemi alors il n'y a pas les couleurs machin mais on a trois personnages qui ont chacun des enjeux importants puisque Neve, lui c'est de vaincre ses pulsions parce qu'en fait ces trois monstres là c'est l'intériorité sombre de Neve, c'est ses regrets, ses pulsions, ses envies, etc. Et pour ce qui est de Faustine et Max, ça va être de surmonter leurs propres difficultés, qui sont un peu moindres que celles de Neve, mais qui sont quand même présentes. Et il y a tout un truc, je trouve, dans ce moment de confrontation, surtout avec soi-même fondamentalement, c'est Neve qui va s'affronter lui-même, et les deux, Faustine et Max, qui vont aussi devoir renouer avec leur amour passé. Il y a cette scène où ils s'attachent à des versions fantame... fantame... fond. thomatique de deux, puisque l'idée c'est de renouer avec leurs émotions et c'est un moment de confrontation à son intériorité, à ses émotions, parce que dans tout le film l'intériorité de Neve prend toute la place là il s'y confronte il est dedans, il n'a pas le choix et visuellement c'est magnifique il y a une petite vibe John Carpenter aussi je trouve il le cite à la fin, il y a vraiment ce côté même dans les couleurs je trouve que ça m'a plus fait penser à du fog ou des trucs comme ça avec le recul, même si Suspiria c'était évident c'est plus l'italien le réalisateur Mais vraiment cette partie là, la deuxième partie, je trouve qu'elle est incroyable.
- Speaker #2
Alors juste pour finir sur les monstres, ils m'ont fait penser à des créatures ou des effets spéciaux qu'on pourrait trouver dans les films de Terry Gilliam. Et justement Terry Gilliam qui est de manière complètement impromptue dans le film. Alors il faut savoir que Terry Gilliam, du coup, Frédérico Svaccia, il est complètement fan de lui. Il a dit en interview qu'il avait grandi avec ses films etc. Donc il a... énormément d'admiration pour ce réalisateur apparemment il aurait pris contact avec lui lorsqu'il était venu présenter Tideland en Italie et en réfléchissant à l'idée de faire Airécure en fait il lui a demandé s'il voulait bien jouer un petit rôle dedans, alors au début il a refusé bien entendu mais il a un peu insisté du coup il a dit envoie moi tes trucs et en fait il lui a envoyé absolument tout, le script les storyboards etc etc Et Terry Gilliam au bout de trois jours lui a dit ok j'arrive. Du coup ils sont allés le chercher devant, dans la petite ville d'Italie, devant une cave à vin. C'est ouf. Il est venu chez lui, ils vont tourner sa partie et il est reparti avec deux bouteilles de vin.
- Speaker #3
C'est ouf quoi.
- Speaker #2
Voilà.
- Speaker #3
Le mec est chouette quand même,
- Speaker #1
hein, parce que...
- Speaker #2
Voilà, et le film pour ça, il est vraiment chouette. Alors justement, c'est un film qui est plein de thématiques, qui parle d'adolescence, d'amour, de rapport au réel.
- Speaker #3
Ouais, moi c'est surtout sur le rapport au réel, en fait. C'est surtout ça qui m'a vraiment intéressée, parce que j'avoue que l'adolescence c'est un peu... Et il y a vraiment ce passage dont tu parlais, Sacha, que j'ai trouvé extra dans le film. Ou donc... Faustine et Max qui ne sont plus ensemble. À un moment, dans ce monde fantasmé, imaginé, se voient eux-mêmes en train de s'embrasser. En fait, ils sont confrontés à la version de passé qui s'aimait. Et en fait, ils ont le réflexe de prendre des cordes. Chacun prend son double et il l'attache contre lui pour repartir avec. Et quand ils croisent Neve, Neve leur dit « Mais qu'est-ce que vous faites ? » Et je lui dis « On part avec notre amour. » Et j'ai trouvé ça... Extrêmement beau quoi, le film il est empli d'une espèce de nostalgie, mélancolie, mais c'est pas pathos quoi. Non. On n'est pas dans le pathétique, on n'est pas dans quelque chose, je sais pas comment dire, je l'ai trouvé touchant de sincérité quoi, vraiment.
- Speaker #1
Non mais il y a une dimension... De ce que j'ai ressenti, parce que toi t'as pu le vérifier après en regardant les interviews, mais de ce que j'ai ressenti, il a mis énormément de lui, Federico Fatshia, dans ce film-là. On voit qu'il raconte son histoire avec ses métaphores, etc. Mais c'est vraiment son ressenti. Du coup, ça donne un côté méta, parce que c'est un mec qui se fait des films. Bon, Fatshia, c'est réalisateur, il y a tout ce truc-là. Il n'y a pas une seule once de cynisme, c'est vraiment ça. Et puis c'est surtout, pour moi, c'est un truc de passage à l'âge adulte. Puisque tout le message du film, c'est comment on réussit à concilier cette imagination débordante, etc. avec la réalité qui parfois est très difficile mais en fait il réussit en tout cas à la fin on va pas forcément dire comment se passe la fin mais il y a une espèce d'équilibre qui est trouvé à la fin entre cet imaginaire dans lequel il a grandi qui a conditionné une bonne partie de sa vie et la réalité, il réussit à trouver à accepter la place de son imaginaire et aussi à être honnête avec lui à ne plus fuir parce que le climax du film c'est le moment où Neve se rend compte de ses errements et il se dit ok, là c'est le moment où il réussit à vaincre le monstre, c'est en disant ok en fait le monstre c'est moi et donc je vais devoir le vaincre comme ça.
- Speaker #2
Alors justement je trouve que le film moi il illustre parfaitement, j'ai rarement vu un film où on exprime aussi bien l'expression se faire des films, et que justement le film c'est à la fois cette réconciliation entre cette imagination débordante comme tu disais et le réel, avec cette incitation de sors de ta chambre. sors de tes films, confronte-toi au réel. Mais en même temps, ce qu'on avait déjà parlé, il y a un refus de la médiocrité du réel aussi. C'est-à-dire qu'il y a la volonté de conserver cette passion, cette imagination, mais de ne pas s'y complaire. Et en salle, on peut faire un petit passage, c'est très marqué par l'animation japonaise et par le cartoon. Le film, c'est du Excel Saga, c'est de la comédie animée. Il y a des gags, même la musique. ou genre on a déjà vu ça dans les animés japonais et clairement le film c'est on sent une influence évangélion alors je sais que ça peut être un peu le point godwin mais c'est clairement évangélion c'est la fin d'évangélion où on dit à Shinji sort en fait sort de ton imaginaire sort de ta tête et en fait c'est ça c'est il doit apprendre à sortir de lui même pour rencontrer les autres et se rencontrer lui aussi et justement sur le côté le côté Inspiration animée, pour le coup il y a plein de petites références. On sent que c'est un cinéphile, c'est-à-dire qu'il y a énormément de références à l'animation japonaise sur la manière de monter, sur la manière de mettre en scène les gags, etc.
- Speaker #3
Les angles de prise de vue improbables,
- Speaker #1
des fois...
- Speaker #2
Même les ruptures de ton, c'est-à-dire qu'il y a le moment dans le climax entre Faustine et Max où elle le frappe pour qu'il lui avoue du qu'est le thème. Et là on est vraiment sur un truc gagesque, très animé. Et après il y a des références un peu partout, on a vu la maison de psychose...
- Speaker #3
Est-ce qu'on peut parler s'il vous plaît de Twilight ? Ah oui,
- Speaker #1
bien sûr !
- Speaker #3
Parce que j'ai trouvé ça absolument génial, c'est-à-dire qu'il y a deux références à Twilight dans le long métrage, pour ceux qui ne l'ont pas vu, donc il y en a une très claire où on retourne au début du film et quand Neve s'imagine en train de draguer la lycéenne, donc on est dans le film qui est en train de se faire dans sa tête, sa tête. et donc sa façon de draguer en fait elle est en train de lire un panneau d'informations à l'école où il y a plein de petites affiches et donc lui il s'approche et en fait il se pose contre le mur et il ouvre le tome 1 de Twilight avec des phrases qu'il a surlignées pour lui montrer qu'il adore ça Et le deuxième passage c'est donc ils sont chez eux là avec son frère Faustine et donc Neve ils allument la télé et là on a Bella et Edward qui s'appellent Ella et Ricardo je crois quelque chose comme ça et donc c'est le passage où ils sont dans la forêt vous savez ils scintillent au soleil là sauf que là en fait ils lui disent non. Il me regarde pas et je lui dis Mais si qu'est-ce qu'il se passe Et là il a une moustache quoi Et en fait Cette espèce de gag Mais dure à l'infini c'est à dire que ça commence Où ils disent Ricardo Elle là, Ricardo, elle là Et là il se passe toute une nuit jusqu'à ce que le personnage Sorte, essaie de se suicider, rentre chez lui Et genre 8h après il ouvre la porte Et le premier truc qu'il entend dans la maison c'est Ricardo, elle là Et Alors pourquoi Twilight
- Speaker #2
pourquoi c'est excellent c'est un public dans ce truc de rompre un imaginaire romantique dont a été abreuvé Neve par les films etc et justement le fait qu'il y ait une référence à Twilight qui est la romance par excellence des années 2010 qui est un peu la référence des ados etc c'est un peu un gros tir par rapport à cette vision fantasmée limite toxique de l'amour dans laquelle Neve il se complain c'est à dire qu'à un moment il y a un très beau passage justement Je trouve que c'est un film qui parle très bien d'amour en fait. C'est justement à un moment donné, il y a le monstre qui dit être aimé ou ne pas exister c'est la même chose parce qu'en fait on est la proie de l'obsession de l'autre qui ne nous regarde pas vraiment pour ce que nous sommes et qui en fait il est tout seul dans sa tête, enfin Neve est tout seul dans sa tête à se faire ses films. Justement l'autre n'existe pas en tant que tel. Et ça je trouve que, inclus dans le discours du film, c'est parfait parce que ça fait un gag très drôle, le film est parti en drôle. D'ailleurs on savait pas ce qu'on allait regarder, je pensais qu'on était plutôt dans l'horreur. Il y a 2-3 fulgurances gores qui sont super chouettes.
- Speaker #3
Qui sont très bien faites.
- Speaker #2
Qui sont très bien faites. Et par contre je trouve que c'est une excellente comédie. Moi il y a plein de gags, mais je riais tellement que c'était drôle.
- Speaker #3
C'est assumé bien fait quoi.
- Speaker #1
Le laisse la bouteille. Le laisse la bouteille c'était quand même un moment de...
- Speaker #2
Ah oui, j'ai mis un temps à remettre Hobart ! Oui, je pensais à celle-là. Alors pour vous visualiser, c'est juste le frère qui dit Hobartman laisse la bouteille et il la lâche comme ça par terre et il casse la bouteille. C'est très bête mais c'est extrêmement drôle. Justement, est-ce qu'on pourrait faire un petit point justement sur le... Alors on avait parlé de la référence à l'animation. Tout ce qui est technique, du coup visuel, musique et le petit truc justement, le doublage qu'on a déjà évoqué. Donc le film est doublé. Et ce qui peut être dérangeant ?
- Speaker #1
Au début, en fait, on n'a pas immédiatement percuté, parce qu'au bout d'un moment, on s'est dit, putain, c'est marrant, il y a une pause synchro, parce que les lèvres ne correspondent pas à ce qu'ils disent. Et en fait, clairement, au bout d'un moment, on s'est dit, bon, c'est forcément un parti pris, parce que c'est très très chiant de faire un truc comme ça. Et ça participe à cette métaphore de, on est dans l'imaginaire de Neve, et donc du coup... Le décalage entre les voix et les visages, ça matérialise en fait le décalage entre ce qui se passe dans la tête de Neve et ce qui se passe dans la réalité. Surtout qu'il y a une scène qui nous livre cette clé-là, c'est justement la première fois qu'il rencontre la... Pénélopée ? Non pas Pénélopée, celle qu'il a avant là, celle qui est très superficielle. L'interaction ne se passe pas comme prévu, du coup son cerveau prend le relais en disant ok... on va remplacer tout, on va tout reconfigurer pour que ce soit beaucoup plus satisfaisant et qu'il souffre moins. Et du coup, c'est un peu ça. Il y a un peu ce truc de, on comprend que Neve a probablement subi des traumatismes, et que du coup, il s'est construit à travers cet univers-là pour survivre. C'est sa façon à lui de processer la réalité pour qu'elle soit moins violente pour lui. Sauf qu'il va apprendre petit à petit à se départir de ça.
- Speaker #2
Sur le doublage, ce qui est hyper intéressant, c'est la récence à l'animation. En interview, il disait qu'il y avait une exagération des expressions, de visage des acteurs, dans la gestuelle. Il y avait aussi une exagération dans la manière de déclamer les dialogues. Tout ça contribue à cette espèce d'ambiance un peu étrange, un peu désarmante quand tu n'as pas l'habitude. Et pourtant, ça marche. Je trouve que ça joue sur la sincérité, encore une fois, de ce que ça propose par l'artifice. Et c'est ça qui est très fort.
- Speaker #3
Au début, ça surprend quand même. Vraiment, au début, les premières images, quand on ne savait pas qu'est-ce qu'allait être le film, on ne savait pas ce qu'on allait voir. Moi, j'avoue que les premières images, entre cette pause synchro qui est volontairement mal faite, ce jeu d'acteur qui est volontairement surfé... Franchement les dix premières minutes je me dis attendez qu'est ce que je suis en train de regarder après ça part après c'est intéressant Moi je parlerais en revanche particulièrement de la bande-son. La bande-son des chiens. La bande-son elle est excellente, les musiques sont hyper bien choisies. Et on est encore à fond dans ce cinéma de la fin des années 80, début 90. Et voilà, j'ai beaucoup aimé la bande-son.
- Speaker #2
Alors en la réécoutant ce matin, moi je me suis dit aussi c'est une bande-son de Shonen. D'animé des années 90, 2000. Il y a vraiment des moments, des scènes où le personnage se confronte à lui-même, qui se transcende, qui a un nouveau pouvoir. Il y a vraiment une déclamation, on est vraiment dans le pur shonen. Et ça, je trouve que le film, par la bande-son, il l'amène très bien, la musique est vraiment chouette. Même l'environnement, tout ce qui est montage sonore est plutôt cool. Et puis je voulais dire autre chose...
- Speaker #1
Même il y a un moment shonen aussi à la fin où, enfin sans trop spoiler, les trois personnages sont réunis entre eux, il y a vraiment cette ambiance, il y a vraiment cette grosse grosse influence populaire, mais moi en fait plus ça va, plus je me fais la réflexion qu'en fait les limitations, à la fois en termes d'acting, de technique, etc., elles sont pleinement intégrées au truc, elle crée une texture, elle crée quelque chose de singulier. En fait il a parfaitement saisi toutes les limitations qu'il pouvait avoir, parce qu'il ne devait pas avoir un matériel génial, etc., mais... Ça fait partie du film, c'est pas un défaut, ça élève le film. Il a vraiment réussi un truc, c'est pour ça que je dis que c'est pas un truc d'étudiant, parce qu'un étudiant, sauf si vraiment t'es extrêmement doué, lui il a réussi à tout dépasser, et c'est vraiment au service de son truc hyper sincère, et d'une vision, il a une vraie vision. C'est vraiment impressionnant, je suis étonné qu'on parle pas plus de ce film, parce que vraiment, il est trop bien. Après c'est sûr que c'est pas pour tout le monde, ça va pas plaire à un très large public, mais... Il mérite un statut de culte ce film.
- Speaker #3
Je pense qu'il plaît quand même à un public assez spécifique. Tout le monde n'a plus du tout l'habitude de regarder ce genre de film avec un budget certainement dérisoire, avec une DA aussi marquée. Je pense qu'il faut déjà avoir un bon pied dans le cinéma d'exploitation pour vraiment apprécier ça. Après, c'était une très bonne idée. très bonne découverte. Ça a vraiment été une découverte au hasard. On est tombé sur l'affiche, on a fait « Oh là là, c'est Stallone ! » « Ah non, c'est pas Stallone ! » « Oh, par contre, le résumé, il est trop génial ! » C'est un type, il voit pas des femmes, et puis il se colle une caméra sur les lunettes, et puis il les voit, qu'est-ce que c'est que ce truc ? Et honnêtement, je pense qu'on est tous les trois d'accord sur le fait que, à la lecture du synopsis, on pensait que c'était vraiment quelque chose de drôle, mal fait, Un peu stupide mais sympa Or, pas du tout en fait. On est vraiment sur un bon long métrage, avec son budget, mais un bon long métrage. Moi, j'ai passé un excellent moment.
- Speaker #2
Alors, je rebondis. Fatchia lui-même disait que le film était clivant, c'est-à-dire qu'il y a des gens qui adorent ce film, il y en a d'autres qui le détestent. Moi, j'aurais du mal à comprendre comment on peut détester ce film, parce qu'en fait, il y a tellement de sincérité. Et en fait, on est vraiment dans ce que doit être une œuvre d'art. Alors, disons les termes. C'est-à-dire qu'on a vu la dernière fois ce qui était un mauvais film. Et là, en fait, c'est un film qui a tellement de contraintes budgétaires, d'effets dans le temps, dans le matériel, etc., et qui pense avec ces contraintes, et même les exploite, pour finalement dire un propos qui est construit, qui est sincère, qui est intéressant et intelligent, tout en jouant avec son médium. Et ça, je trouve que, pour le coup, c'est un film où quelqu'un a décidé de faire de l'art. Malgré le côté série Z qu'il peut avoir, c'est vraiment un film qui a du mérite. Et en plus, c'est rare des films aussi touchants et sincères dans ce qu'ils disent. Parce que finalement, quand on regarde le film et qu'on y réfléchit très sérieusement, il touche au cœur.
- Speaker #1
Surtout qu'on... Enfin, je ne veux pas faire mon vieux con, mais il y a vraiment ce truc du cynisme qui est très présent, toujours du décalage, toujours on va désamorcer les effets. Là, il n'y a aucun moment où quoi que ce soit est désamorcé. Tout va jusqu'au bout. de l'idée, du concept, etc. Et ouais, c'est l'absence totale de cynisme, en fait. C'est ça qui est vraiment hyper touchant dans le film. Et oui, je suis assez d'accord avec toi. C'est vraiment une œuvre d'art. C'est vraiment... Il n'y a rien à acheter, quoi, dedans. Tout fait partie d'un tout. C'est cohérent. Il n'y a pas un moment où on peut dire « Ah non, ça, ça dépasse un peu » , etc. C'est vraiment bien, y compris les ruptures de temps et les moments un peu « what the fuck » qu'on peut avoir au fil du film, quoi.
- Speaker #2
Je crois qu'on a fait le tour. est-ce que à EREQ on recommande
- Speaker #3
Bon, clairement, clairement, un public qui sait quand même à quoi s'attendre.
- Speaker #2
Ouais, c'est pas très accessible.
- Speaker #3
Après, je me dis que si quelqu'un nous écoute, c'est que...
- Speaker #1
C'est que même...
- Speaker #2
C'est vraiment un film qui mérite votre attention en tout cas, que vous aimiez ou que vous n'aimiez pas, vous allez découvrir quelque chose qui est surprenant. Et c'est peut-être ça le cinéma, c'est surprendre, bouleverser, en tout cas créer une expérience et faire une médiation avec quelqu'un qui veut dire quelque chose. La prochaine fois, on parle de quoi ?
- Speaker #3
Alors moi j'irais bien dans un univers un peu fantastique, je sais pas, de l'eau...
- Speaker #1
Poisson !
- Speaker #3
Poisson !
- Speaker #2
Est-ce que le film va être aussi bizarre que celui-là ?
- Speaker #3
On verra, on verra !
- Speaker #2
On verra, on verra !
- Speaker #3
On laisse la surprise. Donc pour ceux qui ont une petite idée de quoi on parle, n'hésitez pas à venir vers nous.
- Speaker #1
On attend vos réponses en commentaire.
- Speaker #2
Allez, je pense qu'on peut clore maintenant le podcast. On vous remercie de votre écoute. On espère qu'on vous a donné envie de découvrir ce film qui nous a vraiment plu pour le coup. Qui moi, en tout cas, c'est mon coup de cœur de l'année, je crois. Dans les films vus à la maison, c'est vraiment un coup de cœur. C'est le coup de cœur de tout le monde ici. On vous le recommande et peut-être qu'on reviendra avec un autre film de son réalisateur parce que du coup, il en a fait d'autres et que ça nous intrigue plutôt.
- Speaker #3
Allez, à bientôt les sales petits potes !