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Les sales bobines

Ep.03 - Dagon

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45min |29/10/2025
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Description

Pour cet épisode, on embarque sur les côtes brumeuses de Galice avec Dagon, adaptation très libre de Lovecraft signée Stuart Gordon. Entre marins échoués, village poisseux et secte des profondeurs, le film revisite Le Cauchemar d’Innsmouth à la sauce série B : effets spéciaux inégaux, ambiance humide, pulsions pulp et folklore païen.
Sacha, Clément et Julie débattent d’un cinéma de genre qui interroge la fidélité à l’œuvre de Lovecraft : faut-il en respecter l’esprit ou oser la réinterprétation ? Entre fascination, rire et analyse, cet épisode plonge dans une adaptation aussi curieuse qu’attachante, où l’horreur cosmique flirte sans complexe avec le grotesque.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et salut les sales petits potes ! Aujourd'hui, avec Julie et Clément, on a dépoussiéré notre vieux Necronomicon et j'espère que vous avez enfilé votre meilleur maillot de bain parce qu'on va aller sur la Côte-Gale de Galice. Et aujourd'hui, le film du jour, c'est Dagon de Stuart Gordon, sorti en 2001. Alors, Dagon, qu'est-ce que c'est ? C'est une adaptation très libre de la nouvelle de H.P. Lovecraft, Le Cauchemar d'Innsmouth, ou L'Ombre sur Innsmouth, ça dépend de la traduction. Et en gros, on va suivre Paul et sa petite amie Barbara, qui sont... en croisière sur le voilier d'Ami, au large des côtes de Galice.

  • Speaker #1

    Au voir des Vicky.

  • Speaker #0

    Au voir des Vicky, les deux amis, effectivement. Et à un moment donné, ils s'échouent sur un récif à cause d'une tempête très très soudaine. Et le seul espoir, c'est cette fameuse ville juste devant eux, un peu étrange, où on entend une sorte de mélopée bizarre. Et ils décident donc d'aller là-bas pour essayer de sauver leurs deux amis qui sont restés coincés sur le bateau. Et c'est là qu'ils arrivent à Imboka. qui est une traduction assez approximative espagnole de Ince Mouth. On te le ressente. Oui, ils ont fait... Après, il la rentabilise, il assorte toutes les deux répliques à peu près. Et c'est là que l'horreur commence. Donc évidemment, Paul et Barbara vont être séparés, puisque Barbara va rencontrer le prêtre du coin qui lui prétend avoir une solution, l'amener à l'hôtel pour qu'il puisse téléphoner. Et puis évidemment, on sait comment ça se passe quand deux personnes se séparent dans un film d'horreur. Ça se passe mal et c'est parti pour... La visite d'Innsmouth par Paul tout seul qui essaie désespérément de retrouver sa compagne. On ne va pas vous raconter tout le film, surtout si vous connaissez la nouvelle d'origine, c'est assez proche quand même. Mais voilà, donc ça c'était pour le résumé. Du coup, petit contexte, donc Stuart Gordon, réalisateur culte, qui a déjà plusieurs fois adapté Lovecraft par le passé, il avait déjà fait surtout Reanimator, qui est le plus connu. Et sa première suite, la troisième, était réalisée par son... compère Brian Luzna qui est aussi le producteur de Dagon et en gros Stuart Gordon donc un gars qui est issu du théâtre qui a fait beaucoup beaucoup de choses assez militantes dans sa vie et qui petit à petit s'est dirigé vers le grand écran et il a aussi adapté le Garland Poe avec le Chat Noir. Il a une filmographie très inégale, il y a du très bon comme du très mauvais, il a notamment fait Fortress avec Christophe Lambert, si vous avez vu ce film à un moment donné vous ne l'avez pas oublié. Et si vous ne l'avez pas vu, c'est pas grave. Et du coup,

  • Speaker #2

    est-ce que vous allez faire du très bon ou du très mauvais ?

  • Speaker #0

    Ah ben je vous laisse la surprise. Voilà, mais je vous ai dit que c'était pas grave si vous ne l'avez pas vu. Et donc on arrive en 2001 pour la sortie de ce film, sachant que ça fait depuis 1985 qu'il était en écriture et en projet, puisque ça devait être la suite de plus ou moins le projet suivant après Reanimator, sauf que ça n'a pas pu se faire.

  • Speaker #1

    C'est pour ça qu'ils ont gardé la police des années 80 au début du film en fait, quand on présente le titre et qu'on s'est dit ouais mais on n'est pas du tout en 2001.

  • Speaker #0

    Ouais ouais, y'a des anachronismes visuels quand même, assez forts.

  • Speaker #2

    Après je trouve ça un peu méta, Lovecraft c'est souvent des histoires de mal, qu'il ne faut pas déterrer, qu'il dort etc. Là on se demande s'ils auraient dû déterrer le script.

  • Speaker #1

    Ouais on aurait dû laisser Dagon à Innsmouth et se demander le lien entre les deux. D'ailleurs je l'ai le lien du coup, parce qu'en fait le côté bateau échoué c'est Dagon ! Oui ! Voilà, sauf que comme Dagon n'était pas assez long pour en faire un film, du coup on a pris une nouvelle suivante et on l'a collé.

  • Speaker #0

    Petit contexte en fait, Dagon c'est le titre d'une autre nouvelle de Lovecraft où il y a une divinité poisson gigantesque et on ne sait pas trop pourquoi ils ont choisi le titre Dagon plutôt que Innsmouth pour Cauchemar etc. Ils ont gardé Dagon le titre d'une autre nouvelle de Lovecraft qui n'est pas celle qui est adaptée, c'est un peu bizarre.

  • Speaker #2

    Alors moi j'ai une théorie, c'est parce que Dagon c'est... Plus vendeur sur le nom d'une divinité qui va traverser tout le film plutôt que le cauchemar d'Imboka ou ce genre de choses. À partir du moment où la nouvelle a comme titre Innsmouth et que t'es plus Innsmouth, bah tu peux plus faire cauchemar Innsmouth.

  • Speaker #0

    Oui, d'ailleurs, oui c'est ça. D'ailleurs, le titre espagnol c'est Dagon, la secte del mar. La secte de la mer en espagnol, voilà. et voilà donc en 2001 en fait ce qui se passe c'est que tout simplement Brian Newsnad Il y a un grand qui a aussi fait pas mal de films, un petit peu comme son compère Stuart Gordon, qui est très connu pour Society, dont on vous parlera peut-être un jour. On a créé une boîte de prod en Espagne, à Barcelone, et du coup c'était l'occasion tout simplement de tourner là-bas. Il se trouve que la Galice, ça ressemble un petit peu à l'ambiance à Innsmouth, donc Nouvelle-Angleterre, parce que c'est la côte atlantique de l'Espagne, il fait moche, les villages sont souvent abandonnés, c'est une région un petit peu sinistrée.

  • Speaker #2

    Certains parlent de la Bretagne Espagnole.

  • Speaker #0

    C'est littéralement la Bretagne Espagnole puisqu'ils parlent un langage celte et il y a des cornemuses. Donc on est vraiment sur une ambiance très celtique. Et d'ailleurs, pour le coup, c'est un tournage où tout le monde était content quand il pleuvait. C'était l'effet recherché, pour une fois. Donc voilà, ça c'est un petit peu le contexte et un peu le résumé. Quel est votre avis Clément ? Est-ce que tu peux nous dire ce que tu as pensé ?

  • Speaker #2

    Alors Dagon, moi c'est le genre de film qui me fait me poser cette question qui revient souvent quand on regarde un film, adapté d'un roman ou d'une nouvelle, c'est quoi une bonne adaptation ? Est-ce que c'est l'esprit ? Est-ce que c'est l'atmosphère ? Est-ce que c'est juste reproduire à l'identique les scènes comme l'espère les lecteurs, etc. Et Dagon c'est à la fois une... bonne et une mauvaise adaptation je trouve c'est un film qui est extrêmement inégal dans ce qu'il propose qui suit plus ou moins la nouvelle mais qui renonce c'est peut-être mon plus gros reproche en termes d'adaptation le film renonce à une partie de son atmosphère pour le choc visuel c'est à dire que Lovecraft il y a quand même très rarement des scènes gore wow voire pas du tout. Or que là, Stuart Gordon, il fait quand même très plaisir sur la fin. On est plutôt dans quelque chose de sensationnaliste, c'est-à-dire que plutôt que de venir toucher le spectateur sur une atmosphère, un bruit, quelque chose qui dérangerait, en fait, il préfère y aller comme un bourrin. Et du coup, il y a des moments où ça marche très très bien, et il y a des moments où ça marche absolument pas. pas du tout. Et alors le film il est vraiment inégal, je trouve qu'il a de très bons moments où là je retrouve Weizmaus, je retrouve du Lovecraft, il y a de belles idées visuelles et parfois il est complètement à la ramasse et en fait je pense que mon problème avec le film c'est qu'il est un peu vulgaire dans sa manière d'adapter Lovecraft.

  • Speaker #1

    Oui il est d'autant plus vulgaire qu'il y a quand même une part extrêmement importante du personnage de Barbara. Barbara, mon dieu, Vicky, en fait, dès le début, ça s'ouvre sur Barbara qui veut faire une fellation à son copain pour lui dire bonjour. C'est lourd, c'est sexuel, on est très très très loin de Lovecraft. Ou alors il n'a pas bien compris, ou alors il s'est juste dit je prends le matériel d'origine pour librement m'en inspirer, après je fais ce que je veux. Mais, enfin... Déjà quand tu vois le personnage de Barbara, c'est un peu notre Denise Richard de Tami. C'est-à-dire que quand tu la vois, elle a une plastique impeccable, tu sais que la nana est là dans le film pour qu'on voit ses seins.

  • Speaker #0

    Alors petit aparté, c'est une star de la télé espagnole à l'époque, et il y a une scène de grosse nudité à la fin qui a été très dure pour elle, parce qu'elle a déjà un statut, c'est pas une jeune actrice qui débute, les gens la connaissent en fait. Et du coup pour elle c'était quand même quelque chose de faire toute la scène finale où elle est toute à poil. Donc c'est vraiment... c'est Moreno... Meronio, c'est une jeune femme. En tout cas,

  • Speaker #1

    il y a ce côté lourd, il y a ces sous-entendus sexuels qui m'ont énormément déplu. Voilà, l'accouplement avec les divinités.

  • Speaker #2

    Alors, après, l'accouplement avec les divinités, ça, c'est une thématique qui se retrouve dans Lovecraft.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord, mais en fait, ce n'est jamais vu, ce n'est jamais expliqué, c'est sous-entendu, c'est suggéré. Il n'y a pas de sensualité dans l'oeuvre de Lovecraft, il n'y a pas de sexualité, il n'y a pas ou très peu de femmes. Et en général, ce sont des antagonistes. Mais voilà, il y a ce côté lourd. Après, il y a quelque chose qui m'a plu, un peu comme vous, c'est vraiment le village. Innsmouth est bien fichu. J'ai trouvé ça assez poisseux, humide. On est vraiment dans l'ambiance de la nouvelle où ça sent le poisson et on rêve juste d'être au chaud et au sec. Il y a vraiment cette idée-là.

  • Speaker #0

    Dans les réussites du film, pour moi, il y a l'aspect effet pratique. Parce qu'en fait, le problème de ce film-là, c'est qu'il y a des effets pratiques qui sont très bien, qui sont vraiment cools, honnêtes, et des effets visuels en CGI, en images de synthèse, qui sont très moches. On est en 2001, donc déjà, ils ne partent pas gagnants. Voilà sur un budget de 5 millions de dollars, il y a des moments où on voit que c'était Bah c'était pas fou fou sachant que on en parlait mais The Dishon par exemple c'est un film qui a un budget moindre et qui est quand même plus réussi. Bon après qu'est-ce qu'il y a de l'écarté, c'est tant de décalage quand même. Ouais bon pas beaucoup The Dishon, c'est pas si vieux que ça.

  • Speaker #1

    Non disons que ce qui est dommage dans Dagon en fait c'est ce côté, les effets spéciaux ne sont pas utiles au film. Et en plus ça le rend un peu ridicule. Moi je me rappelle Vous savez la première séquence du film où il est sous l'eau en train de nager et qu'il s'approche de cet énorme trou dans le sol. La première image c'est vu de très loin. Ça marche, c'est efficace. On s'arrête là en fait. Ensuite il rentre dans le tunnel. Là ça devient ridicule. Et c'est dommage parce que ces effets ne sont pas indispensables au film. Ils ne sont pas indispensables à l'histoire. Ils sont juste là pour essayer d'en mettre plein la vue mais ça fait l'effet contraire.

  • Speaker #2

    En fait pour rebondir, quand on parle d'effets spéciaux, on parle vraiment de tout ce qui est synthèse, CGI qui est très mal incrusté, c'est une catastrophe. Même ta Playstation 1 elle faisait mieux à l'époque. Ah bah bien sûr. Par contre tout ce qui est fait pratique, c'est à dire le maquillage notamment des hommes poissons, les 2-3 effets gore. Le maquillage est très bien. Ça par contre c'est vraiment la grande réussite du film et parfois ça dessert presque le film parce qu'il a absolument envie de nous montrer les trucs etc. Là où chez Lovecraft on est souvent dans la suggestion et que là on est vraiment dans un film pour fans de hentai. C'est à dire qu'il y a du tentacule, du ou de la tentacule, je sais jamais, du tentacule un peu partout. Il y en a beaucoup en tout cas. Oui, il y en a beaucoup, il y a tout qui a une forme fanique ou de tentacule parce que le film, encore une fois, il travaille son tentacule. Alors c'est un choix de faire ça. La question c'est est-ce que c'est une trahison de l'oeuvre ou pas, ça c'est une autre question aussi. Mais n'empêche que du coup ça donne une espèce de vulgarité au film parce que c'est pas fait avec subtilité. C'est fait de manière extrêmement bourrine, voire putassière. C'est à dire qu'on vous montre, regardez mon gore, regardez ma tentacule, regardez mon sang. Il y a vraiment des scènes gores où là ça pousse des trucs. Dans une scène d'écorchement vif qui est absolument abominable. Alors le truc c'est que le film est aussi déterri par ça. Le personnage principal quoi.

  • Speaker #0

    Le personnage de Paul, du coup le héros, qui est un mec qui a fait fortune en étant trader tout simplement. Et le running gag, le truc qui constitue son identité, c'est qu'à chaque fois, c'est en revoyant des scènes, après je m'en suis rendu compte, à chaque fois il dit « Ah, il y a toujours deux possibilités. » Il dit ça 156 fois dans le film. Et d'ailleurs en référence à Lovecraft, il a un pull miscatonique à la fameuse université.

  • Speaker #1

    Oui mais alors c'est un pull Wish

  • Speaker #2

    Ce qu'on disait c'était vraiment C'est vraiment le mec de la Business School

  • Speaker #0

    Business School Qui vend raccords en Espagne C'est ça et donc il a fait fortune là-dedans Mais alors ça le dessert oui et non Parce que certes c'est pas un mec spécialement sympathique Par contre il est largement plus intelligent Que la grosse majorité des personnages de slasher Ou de film noir qu'on peut croiser Parce qu'il est assez ingénieux Il prend des bonnes décisions Il essaie de s'en sortir jusqu'au bout En vrai il se débrouille bien sur le déroulé du film par rapport à une grosse majorité de personnages dans des films un peu nénardesques comme ça moi par contre ce qui on parlait de bonnes ou de mauvaises adaptations moi je trouve que c'est cohérent avec le fait que Stuart Gordon il a toujours fait ça en fait si vous prenez Reanimator ça n'a pas grand chose à voir avec un barbasse réanimateur de Lovecraft From Beyond ça n'a pas grand chose à voir avec Au-delà du mur du sommeil de Lovecraft non plus donc en fait ce côté très bis finalement avec la nudité du sexe, le côté un peu échevelé un peu potache c'est ça a toujours été présent. Après effectivement le côté gore, etc. et le fait de vouloir trop en montrer ça va en contradiction avec la suggestion chez Lovecraft, le côté indicible, etc. ou dit à demi-mot, etc. Mais là pour le coup on arrive au principal obstacle de comment est-ce qu'on fait pour adapter Lovecraft. Soit on fait un truc extrêmement atrocement, soit on fait quelque chose qui n'a rien à voir et qui est très explicite. Mais il y a un truc, parce que là on est parti, on a parlé des poissons etc, mais on n'a pas expliqué ce qui se passe dans la ville en fait fondamentalement, pour ceux qui n'auraient pas lu la nouvelle. Oui, pour ceux qui n'auraient pas lu la nouvelle.

  • Speaker #2

    Oui, alors dans la ville, il faut savoir que du coup à Imboka comme à Innsmouth, c'est une population qui s'est métissée avec, on va dire, des habitants des profondeurs. Avec donc des hommes poissons, alors là c'est Dagon carrément, et donc la plupart des habitants ils ont eu... et il leur est vers une divinité sous-marine qui s'appelle Dagon.

  • Speaker #1

    Des hommes crabes.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est un peu les hommes crabes. Et du coup ils ont des branchés. Alors là, Stuart Gerson il a décidé, ce que tu avais vu, il a décidé de ne pas faire référence uniquement aux poissons. Alors ils ont quand même le teint un peu flasque, pâle, des yeux globuleux. Alors là il a rajouté des tentacules pour ajouter le côté un peu profondeur, un peu dégueulasse, etc. poule. Et du coup, le truc c'est que dès qu'il y a des étrangers viennent, on les sacrifie à Dagon, où on envoie les femmes être engrossées par Dagon pour donner des futurs petits bébés hommes-poissons.

  • Speaker #0

    Leur objectif c'est de vivre éternellement dans les profondeurs, donc il y a tout ce truc là. Et d'ailleurs il y a ce moment où on peut se poser la question de est-ce que Dagon c'est pas un peu du folk-horreur ? Parce que finalement c'est un cadre un peu isolé, un peu rural. on a une ambiance païenne avec une secte, etc. Et d'ailleurs, un des moments les plus réussis du film, c'est une séquence de flashbacks, où au cours de sa fuite, le personnage de Paul, qui a quitté son hôtel parce qu'il est pourchassé par les habitants du village, rencontre un gars, un autre habitant, qui lui est « normal » , il est juste alcoolique. Et c'est le dernier qu'ils ont pas pu...

  • Speaker #2

    Qui garde un peu comme un animal de compagnie, c'est le fou du but du village. C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ce gars qui s'appelle Ezekiel, lui il raconte l'histoire du village en expliquant que depuis plusieurs générations, comme les zones étaient plus assez poissonneuses, il y a eu cette histoire de pacte avec des divinités rencontrées dans les îles du sud, etc. Et toute cette séquence de flashback, elle est assez cool en fait, elle illustre justement le basculement de la ville, etc. Et c'est plutôt pas mal, il y a vraiment cette vibe folk-horreur, même la musique à ce moment-là est plutôt sympa. Il y a assez peu de musique dans Dagon, pour le coup, il n'y a pas beaucoup de moments, mais dans tout le flashback il y en a une qui est assez cool. Petite vibe, je ne sais pas, moi je trouvais que ça rappelait les morceaux un peu ambiants de Conal le Barbare, de Basile Poledouri, ça avait ce petit côté un peu instrument traditionnel, etc. Et ça c'est une des réussites du film, donc tout n'est pas à jeter, mais voilà, il y a vraiment ce côté très vulgaire, il y a beaucoup de séquences un peu drôles quand même, voilà, volontairement ou pas d'ailleurs, mais ça c'est toujours difficile à déterminer.

  • Speaker #1

    Ouais mais il y a, en fait comment dire... Tu vois, quand on parle de bonne ou de mauvaise adaptation, en fait, il y a tellement de matériel qui est pris chez Lovecraft et qui va à l'inverse, qui est mal compris, qui est mal fait. Tu vois, je reprends le personnage de Michael. Tout le temps, les personnages, si tu veux, chez Lovecraft, à un moment donné, sont des personnages qui bossent tous dans les sciences humaines, ils sont obsédés par l'anthropologie, obsédés par l'hérédité, obsédés par quelque chose. alors ouais mais qu'elle est débrouillard mais en fait le bol excuse moi je peux vous dire mais que le parce que c'est parce que tu as bien à dire est-ce que le reste et elle est en fait c'est un personnage qui qui est superficielle qui aime l'argent qui aime sa bimbo qui vit sur un yacht et qui est vraiment aux antipodes des personnages chez lovecraft si tu veux et il est du coup je comprends par cette idée de Ok, c'est librement inspiré d'eux, mais alors on va carrément appeler ça Dagon, on va... Je sais pas, il y a quelque chose qui me dérange dans le fait d'aussi volontairement mal adapté dans le sens à aller à l'encontre de choses qui sont importantes pour l'auteur.

  • Speaker #2

    Alors après, est-ce qu'on pourrait pas se demander si un personnage, dire Lovecraftien, écrit dans les années 2000... peut toucher un public, c'est-à-dire que Michael, c'est un peu l'archétype du trader superficiel vulgaire, mais qui regarde finalement une forme de décadence de l'Occident bourgeois, etc., qui se confondent à une autre forme de décadence finalement. Voilà, et ça permet peut-être aussi aux spectateurs de plus se reconnaître dans cette espèce de grand échalard un peu... Débrouillard mais parfois un peu neuneu aussi, un peu paume etc. plutôt qu'un aristocrate intellectuel qui vit sa meilleure vie dans la Nouvelle-Angleterre. C'est une question, je pense, de choix.

  • Speaker #0

    Non mais en fait déjà, le Lovecraft souvent les personnages n'ont pas d'intériorité, ils sont très... c'est des personnages fonctions souvent, ils sont définis par leur... c'est un étudiant, c'est un anthropologue etc. Ils n'ont pas de vie intérieure, là où le pôle bon. Il est ce qu'il est, mais il a quand même une forme de légère épaisseur, on va dire. Mais surtout, je pense qu'en fait, le calcul, on a choisi d'appeler ça Dagon, etc., et de faire le lien avec le craft, c'est du marketing, et c'est pour appeler à une catégorie, à un certain public qui va s'intéresser à ça, tout simplement. Moi, je pense qu'il n'y a pas vraiment de... On est sur un truc un peu exploitation série B, où en fait, le matériau d'origine, on l'aime bien, mais on n'est pas des fous furieux qui veulent adapter exactement à la virgule près. C'est juste, on aime bien ça, on l'a fait à notre sauce. Point, je pense qu'il n'y a pas de truc, ça ne va pas au-delà de ça, je pense. Moi, c'est ma...

  • Speaker #1

    Mais sans appeler à la virgule près, tu vois, parce que... Enfin, voilà, moi, niveau adaptation, je suis plutôt partisane de... Si tu réadaptes ou tu remakes ou tu images par images ou par mots... souvent assez peu d'intérêt. Mais là, je sais pas, moi vraiment, il y a quelque chose qui me dérange dans ce côté lourd, ce côté sexuel, ce côté... Voilà, aux antipodes de quelque chose. Après, tu vois, les personnages, pour rebondir, les personnages chez Lovecraft sont souvent des avatars de lui-même. Donc peut-être que Paul, en fait, est une projection de Stuart Gordon. Il rêverait d'avoir son yacht et d'être en bourse, mais...

  • Speaker #0

    Non, vu son passif militant, non. Mais il y a un truc, il y a cette dichotomie, où c'est quand même quelqu'un qui a dénoncé la guerre du Vietnam, qui a fait plein de choses assez critiques vis-à-vis de la société, et là il y a ce truc de... Peut-être qu'effectivement le personnage de Paul, c'est une critique de la société occidentale, superficielle, etc., obsédée par l'argent, la scène d'ouverture, c'est quand même lui qui refuse les avants de sa copine, parce qu'il est tourmenté par le cours de la bourse, etc., et donc du coup il jette son ordinateur dans l'eau, il y a quand même ce truc qui le rend immédiatement antipathique. voilà Mais du coup on tombe dans un truc où le personnage principal est antipathique et ça c'est toujours un peu gênant pour moi.

  • Speaker #2

    Après tu as presque, je trouve que l'empathie tu la développes parce qu'il s'en prend tellement plein la gueule durant tout le film. Et ça le film pour le coup il est pas avare, alors on retrouve la scène de poursuite qu'on a dans la nouvelle. Tout ce qui, en fait dès que ça se passe à l'intérieur de la ville qui est très labyrinthique, je trouve que ça marche très bien. Alors c'est un peu si on veut dire une réplique un peu cliché de critique. Le village d'Imboka, c'est un personnage en lui-même, tellement il dégouline, ça suinte le mal, carrément, t'as pas envie d'y aller. Pour le coup, je trouve ça super réussi, il s'en prend vraiment plein la gueule, jusqu'à ce qu'il se révolte à la fin et qu'il défonce la secte de manière plutôt efficace et plutôt violente. Et à un côté presque jouissif, à le voir se rebeller contre quelque chose qu'on lui dit être son destin, parce qu'on vous dira pas le... Le rebondissement, c'est le même que la nouvelle. Moi j'aime bien le fait que le film ait en partie une défaite quand même. Je trouve que le personnage de Paul acquiert de l'épaisseur petit à petit par son expérience et de ce qu'il traverse. Après, il y a des séquences qui sont vraiment gratuites dans le film.

  • Speaker #0

    C'est là la logique série B, un peu exploitation du film, c'est qu'il y a plein de moments où, notamment la séquence d'écorchement, est-ce qu'on a besoin de tout voir, etc., bah non. Mais voilà, il fallait les effets pratiques, etc. Mais je pense que c'est un truc aussi de... Les gens qui font ces films-là, souvent, ils aiment bien faire ce truc-là, parce que c'est le côté bricole, etc., et qu'ils aiment bien le côté artisanal, et du coup c'est fun, mais dans un contexte off-craftien, effectivement, on pourrait se dire, est-ce que c'est bien nécessaire ? Sauf qu'il y a une contradiction, parce qu'ils veulent se transformer en hommes poissons, mais ils récupèrent les pours. les étrangers pour ensuite les revêtir. C'est un peu bizarre, les petites vibes de la Sacrace François de Jouquet.

  • Speaker #1

    Je pense sincèrement qu'ils mettent ces peaux d'humains à la fin sur eux pendant le dernier rite pour Podagone, juste pour justifier le fait qu'on ait écorché des hommes dans le film, parce que ça n'a aucun sens.

  • Speaker #0

    Il y a clairement de ça, il y a clairement un côté gratuit.

  • Speaker #1

    Et c'est un peu dommage parce que moi je trouve qu'il y a un peu trop de choses gratuites, et alors moi je suis désolé, mais au contraire de vous, Michael, Paul... je vais y arriver, ça va être vraiment le gag mais alors Paul moi je n'ai eu aucune empathie pour lui du début à la fin, Ezekiel oui parce que c'est un personnage qui est rapidement touchant mais alors Paul,

  • Speaker #2

    mais qu'il aille foncer vers son destin qu'il aille se faire tentaculer exactement alors juste je voulais rebondir sur deux trucs du coup pour tout ce qui est des effets pratiques je trouve que les hommes poissons Ils sont réussis. Voilà, l'espèce d'hybride profond humain, je trouve qu'ils sont super bien réussis, d'un point de vue visuel. Alors, moi j'aimais bien les bruitages autour, alors vous, vous avez absolument détesté. C'est nul,

  • Speaker #0

    on peut les faire à la bouche.

  • Speaker #1

    Les coups de poing ! Les coups de poing sont extraordinaires.

  • Speaker #2

    Moi je parlais des effets des hommes poissons, mais oui, effectivement, les coups de poing sont extraordinaires. Mais tu peux le faire à la bouche, ben justement, c'est des bruits de bouche. du coup c'est cohérent

  • Speaker #0

    Ils étaient pas tous ridicules Il y en avait quelques-uns qui étaient pas mal C'est vrai mais Ce qui est rigolo c'est qu'il y a une diversité Il y en a un qui fait des bruits de dauphins Des claquements de dauphins C'est assez rigolo Ils ont fait une compile des meilleurs bruitages d'animaux marins Et ils les ont scotché sur les habitants de Inboka

  • Speaker #2

    Après il y a peut-être un petit truc Alors c'est peut-être moi qui ai sauté un passage du film Parce que mon attention n'était pas forcément focus Tout le temps dessus Mais tu vois la contradiction Alors t'as le truc de, on met des peaux humaines, etc. Est-ce qu'il n'y a pas une forme de... On peut pas voir ça comme une contradiction, justement, interne, où ils essaient de singer leur humanité d'avant ? Ou est-ce qu'ils veulent tous aller dans les profondeurs ? C'est ça la question aussi, parce qu'ils ont l'air quand même de plutôt rester, de s'installer, ils ont leur vie... Ils ont des familles ! Il y a ce passage avec ce gamin qui appelle son papa, qui vient d'attaquer les rois, qui les entaque.

  • Speaker #0

    Un gamin qui est normal. à peu près.

  • Speaker #1

    En fait, ils sont en phase de transformation. De toute façon, la finalité, c'est qu'en fait, ils se transforment tous. Quand on voit le capitaine, donc le capitaine dans les flashbacks, qui est le premier, qui est arrivé, qui a amené la divinité sur l'île, etc. Donc le capitaine est le plus ancien converti à la secte ésotérique de Daewon. Et donc voilà, le capitaine, quand on le voit, c'est que tout loup, humain, carpe, poisson, quoi. C'est un flash-lore mental. C'est un phénomène mental, on est à fond. Et donc en fait, je pense que les autres sont en phase de transformation. Quand on les voit, il y en a certains, ils ont deux doigts, on dirait qu'ils ont des mains palmées. Il y en a qui ont des mains palmées, il y en a qui ont des mains palmées, il y en a qui ont des tentes à queue à la place des doigts. C'est pas clair, mais le but est toute cette transformation finale pour le retour à la mer. Donc logiquement... ils sont pas censés avoir cette nostalgie de l'humain, ce truc de je veux revenir en arrière. Donc, ouais,

  • Speaker #0

    non. Moi, il y a une contradiction, parce que clairement, c'est expliqué par Ezekiel, il disait qu'il y a une dégénérescence progressive, donc forcément, le capitaine, c'est le plus atteint, donc c'est celui qui a vraiment l'apparence la plus monstrueuse dans tout le village, j'ai l'impression. Il y a la fameuse prêtresse aussi, là, qui a tout le bas du corps. qui est tentaculaire qui ressemble à Christina Ricci d'ailleurs il y a un autre sosie dans le film et le tenancé de l'autel c'est littéralement Dario Argento le tenancé de l'autel extraordinaire qui n'a pas une seule réplique dans tout le film qui est assez rigolo mais voilà il ya ces trucs de dégénérescence progressive moi j'aime bien le côté un peu bizarre de rien et qu'on les mains palmées il ya des contrôles c'est moi je trouve ça participe au côté la diversité à quoi ouais non mais ça pour le coup je suis assez d'accord avec clément c'est une des réussites du film a clairement les les habitants de la ville sont bien les décors aussi les décors sont très très cool arrivé à une boca on voit vraiment ces petites ruelles un peu bizarre un peu coupe-gorge l'hôtel qui est absolument immonde, où il n'y a rien qui va...

  • Speaker #2

    Il y a 2-3 plans de ruelle où on voit la fille qui traverse, on voit une silhouette en fond qui se déplace...

  • Speaker #1

    Très joli plan à la ville d'Eden d'ailleurs,

  • Speaker #0

    où la caméra est posée au sol... C'est le moment où il pète un câble, il va vers l'église pour tout cramer, il y a un moment où il veut le détruire, mais c'est un moment où il se transforme en hache finalement, où il dit « c'est bon, je vais tout faire péter » . Non,

  • Speaker #1

    le décor est bien, les toilettes absolument immondes de l'hôtel là...

  • Speaker #0

    Jumpscare,

  • Speaker #2

    le moment où tu vois les chiottes On dirait des chiottes d'autoroute mais genre ceux de la hadith en plein mois de juillet après un passage de carte de touriste vraiment on est sur un truc... Et même la séquence de l'hôtel elle marche vachement bien quand il le voit, il commence à vouloir entrer il se débrouille pas mal en plus Il va de pièce en pièce, il y a une... tension qui se crée, je pense que ça marche bien, pareil après il tombe dans un abattoir, il s'en sortira, il y a les peaux humaines qui sont en train de sécher, etc. Le film il a vraiment 2-3 séquences efficaces, c'est-à-dire que le film il n'a vraiment pas tout acheté, mais par contre il y a des trucs où tu te dis ça aurait pu être mieux ou ça aurait pu être fait autrement.

  • Speaker #1

    Il a rarement tout acheté, après voilà, moi ce que j'ai trouvé qui était dommage c'est ces incohérences par rapport à la... par rapport à l'oeuvre originale que j'aime beaucoup, qui ne gêneront pas peut-être des gens qui n'ont pas forcément lu la nouvelle. Il y a ce côté pareil, trop action. On est tout le temps en train de courir, on est tout le temps en train de passer d'une pièce à l'autre.

  • Speaker #0

    Alors, Décharge, pour le coup, c'est une des rares nouvelles avec les Montagnes de Lucidie, où il y a une scène de poursuite et un peu d'action. Et justement, la scène de l'hôtel, elle est super bien, elle est très fidèle à la nouvelle, où il s'échappe, il passe par les toits, il fait tout un truc. Elle est un peu longue, et dans le bouquin, c'est un... Bon morceau quand même, dans la nouvelle originale. Elle arrive plutôt vers la fin de la nouvelle, mais pour le coup, le côté action, c'est assez fidèle à la nouvelle. C'est mon opinion.

  • Speaker #1

    Ouais mais y'en a trop ! Y'en a beaucoup trop ! Y'a une baston toutes les 5 minutes ! Le moment où on a Nicky avec sa jambe coupée qui devient folle, et c'est qui les pols qui sortent avec leurs califs, qui se battent...

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Pour absolument rien parce qu'en fait ils se sont fait en recapurer et remettre au même endroit Il y a trop, il y a trop et en fait je pense qu'il a essayé vraiment de rythmer son film De scène comme ça, un peu action, un peu combat mais...

  • Speaker #2

    Après moi pour une fois ça me dérange pas parce que la nouvelle, moi ce que la plupart des gens gardent C'est l'ambiance et cette course poursuite du coup ça me semble un peu logique Tu vois comme cette scène de baston certes elle sert à rien mais en même temps Ouais bah ils se débattent parce qu'ils savent qu'ils vont aller à leur mort quoi Je trouve pas ça si... Si c'est incohérent que ça, alors oui, en plus c'est accentué effectivement par le mixage sonore qui est parfois catastrophique avec les coups de poing qui sont appuis, etc. Après, il y a deux, trois scènes, je trouve que quand ça... ...tap, bah t'as une vraie sensation de truc qui a frappé quelque chose et je trouve que c'est efficace. Alors, oui, mais j'ai compris que j'étais tout seul sur ça, moi. Ouais, bah là, on dirait un mec qui tape par tout ça, quoi. Mais par exemple, peut-être que tu vois la scène où il va dans la maison, où il rencontre la prêtresse, ça par contre, ouais, c'est un peu trop, là. Parce que finalement, ça ne mène à rien, à part à une continuité...

  • Speaker #0

    de la course poursuite tu vois déjà typiquement le passage où il l'embrasse et il essaie de lui mettre les doigts dans les branchies excusez-moi alors ça déjà la prêtresse n'existe pas dans la nouvelle originale ça rajoute de la nudité il y en avait déjà pas mal parce que en deux minutes de film t'as un plan nichon c'est très rapide mais on est encore dans une logique d'exploitation en fait c'est ça le truc c'est que le film d'Agon tel qu'il existait un film de série B donc l'objectif c'est qu'il y ait un peu d'action qu'il y ait un peu de gore qui a un peu de cul et si on met un petit vernis de craftien par dessus c'est cool Et voilà, après par contre, moi là où je suis d'accord avec toi Julie, c'est que moi, le problème c'est pas Dagon, c'est le fait qu'en face de Dagon, on a pas une adaptation vraiment cool, parce qu'elle a un potentiel de fou cette nouvelle, ou vraiment si on avait une atmosphère qui s'installait progressivement, qui serait plus insidieuse, parce que dans la nouvelle, vraiment, ça s'installe petit à petit, le narrateur se rend petit à petit compte à quel point il est dans un bourbier, etc., il a envie de se barrer, etc., et que d'ailleurs, il y a certes la poursuite, mais il n'y a pas d'affrontement dans la nouvelle avec les... Il essaie à tout prix de s'en sortir quoi, donc il n'y a pas de vrai combat. Mais du coup le film est... voilà, le problème de Dagone finalement c'est qu'il ne coexiste pas avec une adaptation qui serait sérieuse en fait. Paradoxalement je pense que c'est un peu ça son défaut.

  • Speaker #2

    Après trois choses auxquelles je pense, premièrement après ça colle à une certaine relecture qu'il y a eu du matériau d'origine de Lovecraft dans les années 90 avec le jeu de rôle qui est plutôt tourné vers le pulp. Et là pour le coup le film est complètement pulp. C'est à dire qu'à partir du moment où il y a le jeu de rôle, où s'est développé une espèce de licence autour de Lovecraft, il y a eu un choix qui a été fait d'être un truc un peu plus pulp pour le coup. Je trouve que du coup ça correspond bien à ça. Deuxièmement, alors là par contre je suis d'accord avec toi en fait, c'est que dans Innsmouth, comme dans d'autres nouvelles de Lovecraft, il y a un côté très poétique, presque lyrique, où tu touches quelque chose de métaphysique, de transcendant ou quelque chose de cosmique. Ce qui me fait amener au troisième point qui est l'horreur cosmique. En fait, il n'y a pas de poésie dans ce film. Non. Même la fin qui aurait pu être... Non mais même la fin...

  • Speaker #0

    Putain de féminisme, je dirais.

  • Speaker #2

    Par rapport à la fin de la nouvelle, qui est une espèce de poésie macabre, n'est pas présente. Ou en tout cas, si ça voulait l'être. Et je crois que ça veut l'être en plus, sincèrement. Mais ça marche pas trop. C'est très mal amené. Et il n'y a pas ce truc de l'horreur cosmique en fait. Et par exemple, le fait qu'à un moment donné, on ait un Dagon dégueulasse. En image de synthèse, ça ne marche pas, parce que Lovecraft, c'est vraiment sur la suggestion de quelque chose de menaçant, qui est si grand, si puissant, si indescriptible, que ça nous fait franchir une forme de mur épistémologique. Ce sera le terme du podcast, dans le sens où on n'arrive pas à se le représenter, on n'arrive pas à comprendre ce que c'est. Là, en fait, on a un monstre tentaculaire. et du coup il n'y a pas cette idée d'horreur cosmique et pourtant qu'on a dans la scène de flashback comme tu dis c'est du folk horror après Lovecraft c'est l'un des fondateurs du folk horror pour le coup de ces nouvelles c'est du folk horror la plupart du temps oui parce que c'est imprégné dans l'histoire de la Nouvelle Angleterre etc avec toujours des dimensions un peu sectes un peu paganisme avec des divinités surtout il y a l'aspect wilderness c'est à dire de personnages isolés de la civilisation qui se retrouvent dans un milieu soit qui est urbain mais très éloigné des centres de civilisation, soit dans quelque chose qui est plutôt forestier, ruines, etc. Et chez Lovecraft, il y a l'idée que la Wilderness, du coup ce qu'on appelle Wilderness c'est la nature vraiment sauvage, elle cache quelque chose qui est de primitif, soit d'ancien et qui pourrait détruire la civilisation, etc. Et en fait, c'est pour ça que je dis Lovecraft c'est un des pères fondateurs du folk horror, parce que le folk horror est un genre cinématographique qui se construit sur cette idée de Wilderness. Et pour le coup, le film, il le fait plutôt pas mal. Mais encore une fois, on est dans du cinéma bis-exploitation, on est dans quelque chose qui cherche à être pulp, et du coup, d'où la vulgarité qui fait qu'à un moment donné, ça passe pas. Mais il a ces fulgurances-là, je trouve, qui permettent de créer cette ambiance.

  • Speaker #0

    Ouais, non, mais c'est ça, en fait, oui. Même le folk horror, c'est pas que le cinéma, en fait. C'est un peu tout... Enfin, on en parle beaucoup en ce moment, parce qu'il y a beaucoup de films qui reprennent ces sites-là, les films de Robert Eggers, là, ou de Harry Haster avec Hérédité et Midsommar par exemple

  • Speaker #2

    Midsommar c'est vraiment du folk horror, Hérédité non

  • Speaker #0

    mais je suis pas d'accord ça dépend mais il y a quand même le truc païen ça se définit pas par le paganisme c'est vraiment un ensemble de termes c'est vrai qu'il n'y a pas le côté rural on va partir du principe que Midsommar c'est plus folk rock que l'hérédité mais il y a cette vibe là qui est très présente en ce moment, puis c'est la résurgence aussi du paganisme, il y a les liens avec l'écoféminisme, etc. Il y a quelque chose dans l'art du temps qui parle de ça. Mais le problème, c'est que, effectivement, à Lovecraft, il n'y a pas la dimension cosmique, comme tu disais, il n'y a pas la dimension... Il y a un retournement de situation final, qui dans la nouvelle est glaçant, qui est assez terrifiant, qui est peut-être la peur, une des peurs les plus intimes de Lovecraft, sur la dégénérescence. et qui là est traité un peu par dessus la jambe, il y a même un moment un peu la Dark Vador Dark Vador et Luke Skywalker, c'est vraiment le moment où le capitaine regarde le... Bon on va le dire, on va le dire, on va le dire !

  • Speaker #2

    Non non c'est bon,

  • Speaker #0

    c'est bon, c'est bon ! Mais il y a un moment vraiment très Star Warsesque et ça amoindrit le truc, en fait je pense que c'est ça le vrai problème du film c'est qu'il amoindrit des effets, il aurait pu être un film divertissement pulp sympa mais avec des fulgurances horrifiques vraiment... vraiment prégnante et là c'est l'inverse en fait c'est un truc qui se veut un peu un peu horrifique machin mais qui a plus des fulgurances et c'est un terme d'équilibré c'est un peu dommage après la qualité globale du film je trouve que ça reste ce qu'on disait c'est une qualité de téléfilm un peu un peu de luxe entre guillemets mais c'est pas un film c'est pas un film qui a une qui mériterait une postérité incroyable Voilà, après il a eu son petit cult following, il a quand même pas mal de gens qui continuent à le regarder 25 ans après, mais c'est pas... moi je trouve franchement qu'en termes d'adaptation de Lovecraft, on est quand même pas non plus...

  • Speaker #2

    Après moi je suis toujours un peu content d'avoir une adaptation de Lovecraft quand même.

  • Speaker #0

    Il y a toujours le petit plaisir, voilà, on est content. Mais moi je trouve que ce plaisir il est toujours amoindri par... Il y a un potentiel extraordinaire, ces films-là ils pourraient être vraiment beaucoup plus... plus intéressant beaucoup plus profond beaucoup plus beaucoup plus impactant ils le sont rarement c'est un peu le problème quand on est fan de l'offre à tse que les adaptations alors je crois que tu seras d'accord avec moi julie sur le fait que souvent les meilleurs adaptations de lovecraft c'est ce qu'il faut pas les adaptations bah c'est juste ouais c'est justement ça faut pas adapter en fait c'est à dire que tu

  • Speaker #1

    vas prendre une idée tu vas prendre un matériel tu vois moi je vois Voilà, j'ai découvert Lovecraft pas si tard en fait, pas si tôt je veux dire, c'était il y a vraiment une dizaine d'années, et en lisant les montagnes hallucinées, montagnes d'Ofmadness, les montagnes de la folie, tu sais, ça peut être comme tu veux en fonction des traductions. Les montagnes du délire. Mais, ça c'était ridicule par contre, mais tu vois, en le lisant je me suis dit, attends, mais c'est The Thing, tu vois, et tu vois ces espèces de scientifiques perdus dans l'Arctique. Voilà, qui vont aller déterrer quelque chose qu'ils n'auraient pas dû toucher. Putain, The Thing le fait bien, quoi. En fait, ils ont pris une idée, qu'ils se sont appropriés, qu'ils ont adapté, qu'ils ont fait partir dans autre chose. Tu vois, tu finis dans cette espèce de huis clos, où tout le monde suspecte tout le monde, où c'est bien fait, c'est bien foutu, la terreur elle est là, ça vient d'ailleurs. Mais ce n'est pas le roman ! Et il y a vraiment ce truc de... Je pense qu'il ne faut pas essayer, Lovecraft n'est pas adaptable. Déjà, Lovecraft est très difficilement traduisible. Quand tu lis tout le travail de traduction que ça a été pour les types... Je pense qu'il ne faut pas essayer d'adapter Lovecraft, je pense que c'est une très mauvaise idée. Et tout nous le prouve jusqu'à maintenant.

  • Speaker #0

    En vrai, je pense que déjà pour The Thing, c'est une adaptation d'une nouvelle de John W. Campbell qui s'appelle The Ghost of Earth, mais qui est influencée. Après, c'est la question aussi de l'influence de Lovecraft. C'est comme si un... Moi, je pense... Moi, je pense que c'est un des écrivains les plus influents du XXe siècle. Il a vraiment influé énormément de gens et même encore aujourd'hui, peut-être même encore plus aujourd'hui. Effectivement, le côté adaptation indirecte, il y a beaucoup de films qui sont sous influence Lovecraftienne, notamment chez John Carpenter, Le Prince des Ténèbres, je pense que c'est un des trucs Lovecraftien. Ou L'Anne de la Folie, où là, vraiment, on est dans un truc. mais effectivement des fois c'est les moyens détournés où on a capturé l'essence de ce qu'il faisait la terror Lovecraftienne et c'est ça qui est intéressant en fait mais on n'a pas pris une nouvelle ordre particulière moi je pense que c'est adaptable, je pense qu'il n'y a pas d'obstacle absolu à l'adaptation de la même manière qu'il a été traduit plein de fois et qu'il y a des très très bons...

  • Speaker #2

    par exemple moi je prends, on prend la dernière adaptation qui a un peu marché qui a le couleur tombée du ciel je trouve que le film a beaucoup de mérite dans ce qu'il veut il choisit un angle, il choisit de faire une adaptation libre mais... Il fait de vrais choix dans son adaptation là. On sent que le truc a été pensé, réfléchi. En plus, je veux dire, il y a quand même un... C'est pas des lamas, c'est des alpagas. Il y a un alpaga lovecraftien dans le film ! Et je trouve qu'il y a quelques tentatives, franchement, où ils essayent tout en s'appropriant la chose. Du coup, je suis pas d'accord avec toi quand tu dis que c'est pas adaptable. Parce que, en fait, en disant ça, je pense qu'on repousse beaucoup. de films qui pourraient être adaptés à d'autres matériaux littéraires.

  • Speaker #0

    Typiquement on disait ça de Lune de la Rose, on disait ça du Cernesau, on disait ça de plein de trucs. Watchmen, on pense qu'on veut Watchmen mais il y a quand même une adaptation qui existe. Et voilà, en fait je pense que Lovecraft, il y a ce fantasme. Je pense que malheureusement il n'a pas eu beaucoup de films intéressants. Moi je suis d'accord, la couleur tombée... Et en plus c'est une version actualisée, ils ne l'ont pas fait parce que ça se passe dans les années 20, dans la nouvelle originale, et là ils le font dans un contexte contemporain avec internet, les téléphones, etc. Mais ça fonctionne en fait, on peut même actualiser l'univers de Lovecraft, ce qui est fait dans Dragon, ça se passe à peu près en même temps. même temps que la sortie du film au début des années 2000. Il n'y a pas de décalage. Mais voilà, moi je pense sincèrement qu'il y a des adaptations possibles à faire. Il y a beaucoup de matériaux potentiellement adaptés. Le tout, c'est de trouver la volonté, le talent, la vision, l'ambition, le truc.

  • Speaker #1

    Ce qui me paraît compliqué, dommage en fait, dans un sens, si tu veux, c'est qu'on est vraiment sur la littérature de l'indescriptible où tu vas avoir ces dizaines de lignes, parfois, avec que Plein d'adjectifs pour décrire quelque chose de manière des fois tellement antithétique que ça a pour but que tu ne puisses pas te le représenter. Et en fait, le problème de vouloir adapter ce genre de nouvelles, c'est qu'on va t'imposer une image de quelque chose qui n'est pas censée être représentée. Et je pense que c'est ça aussi qui me gêne beaucoup.

  • Speaker #2

    Alors après... On a trop le temps de s'en tuner ! Mais tu vois, par exemple, ça pose la question des... Je sais pas si t'as lu les adaptations de Gotouge... Non pas de Gotouge... De Goutanabe ! De Goutanabe sur Lovecraft... Je trouve que parfois, justement, sur un médium qui est visuel, c'est-à-dire le manga, je trouve qu'il y a des trucs qui sont super réussis. Cthulhu, l'appel de Cthulhu est super bien réussi ! Justement parce qu'il arrive à choper... Cette idée d'une géométrie non euclidienne qui change au fur et à mesure, que le Cthulhu change d'échelle à chaque fois que tu le regardes, il n'a pas la même apparence, il y a vraiment un travail, une réflexion visuelle de comment je peux représenter ça. Pareil, les montagnes hallucinées, il y avait quand même le projet derrière de Guillermo del Toro qui n'a pas abouti, notamment à cause de Prometheus. De toute façon, tout est la faute de Prometheus à partir de sa sortie. Le monde est parti en cacahuètes à partir de la sortie de la métro. Je sais que le film a ses défenseurs, mais il y a des trucs que pour moi c'est indéfendable. Et en fait je pense qu'il y a une vraie possibilité de l'adapter. Sur les montagnes hallucinées, etc. il y a vraiment quelque chose à faire.

  • Speaker #0

    Non mais sur presque tout en fait. Normalement La couleur tombée du ciel ça aurait dû être une trilogie. Donc il aurait dû y avoir l'abomination de Dunwich et normalement In Sight of the Sea. Malheureusement, il s'avère que le réalisateur Richard Stanley... tremble dans des histoires de violences conjugales donc ça a été annulé et c'est peut-être pas plus mal mais il y avait ce projet quand même de continuer à faire quelque chose donc moi je pense que vraiment et en plus Lovecraft je pense qu'on parle beaucoup de l'indescriptible mais il y a quand même des choses extrêmement étranges et qui sont décrites avec beaucoup de détails donc... il y a quand même des scientifiques qui dissèquent les créatures qu'ils ont trouvées elles ont une apparence très étrange mais c'est décrit avec beaucoup de détails et moi de toute façon j'ai découvert Lovecraft avec de la bande dessinée Merci. notamment Horacio Lalia et Albert Rubricia qui sont deux dessinateurs argentins et on peut représenter visuellement des trucs, après ça laisse de la marge ça laisse de la possibilité etc mais moi je pense très sincèrement que visuellement ça peut fonctionner voilà je pense que là de toute façon on est parti sur un long tunnel non de l'équilibré du coup donc on espère vous avoir donné envie ou pas de regarder Dagon de Stuart Gordon regardez-le

  • Speaker #2

    pour l'expérience Voilà. popcorn, d'ailleurs popcorn qu'on n'a pas eu. Oui, déception. Alors on a très bien mangé en le regardant, mais on n'a pas eu de popcorn.

  • Speaker #1

    Oui, alors excusez-moi, j'ai fait deux carrot cakes avec un sucre glace maison.

  • Speaker #0

    Oui, mais pas de popcorn. Ça joue quand même sur l'expérience avec le film.

  • Speaker #1

    Je retiendrai que ça joue sur l'expérience.

  • Speaker #0

    On aurait été plus indulgents avec le film si il y avait eu du popcorn. Mais voilà.

  • Speaker #2

    Le film n'est pas détestable.

  • Speaker #0

    Il n'est pas détestable, mais moi j'ai toujours ce petit...

  • Speaker #2

    C'est pas un bon film. Mais il n'est pas aussi mauvais qu'il aurait pu l'être.

  • Speaker #1

    Alors moi je dirais que contrairement aux autres films où on a vu, où je sais pas, tu vois, Tami tu peux rire tout seul devant ta télé, la RQ il est hyper intéressant, je pense vraiment que Dagon, si tu veux passer un bon moment, il faut être avec tes potes pour le regarder. Ne faites pas ça seul chez vous.

  • Speaker #0

    Nous sommes des professionnels.

  • Speaker #1

    Ça peut être dangereux. Voilà, faites attention.

  • Speaker #0

    Faites attention à vous. Bon, ben voilà, je pense qu'on a fait le tour de la boîte à sardines, du coup. Les hommes,

  • Speaker #1

    trappez !

  • Speaker #0

    Merci à vous pour votre attention, et on se dit à bientôt. Alors, on ne sait pas trop de quoi est-ce qu'on va parler la prochaine fois, mais ne vous inquiétez pas qu'on va vous concocter une très très sale bobine. Et voilà, et encore merci à Clément et Julie, bien voulus blablater avec moi autour de ce film. particulièrement poissonneux.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, à bientôt !

  • Speaker #2

    Allez, ciao, à la prochaine !

  • Speaker #0

    Salut, salut !

Description

Pour cet épisode, on embarque sur les côtes brumeuses de Galice avec Dagon, adaptation très libre de Lovecraft signée Stuart Gordon. Entre marins échoués, village poisseux et secte des profondeurs, le film revisite Le Cauchemar d’Innsmouth à la sauce série B : effets spéciaux inégaux, ambiance humide, pulsions pulp et folklore païen.
Sacha, Clément et Julie débattent d’un cinéma de genre qui interroge la fidélité à l’œuvre de Lovecraft : faut-il en respecter l’esprit ou oser la réinterprétation ? Entre fascination, rire et analyse, cet épisode plonge dans une adaptation aussi curieuse qu’attachante, où l’horreur cosmique flirte sans complexe avec le grotesque.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et salut les sales petits potes ! Aujourd'hui, avec Julie et Clément, on a dépoussiéré notre vieux Necronomicon et j'espère que vous avez enfilé votre meilleur maillot de bain parce qu'on va aller sur la Côte-Gale de Galice. Et aujourd'hui, le film du jour, c'est Dagon de Stuart Gordon, sorti en 2001. Alors, Dagon, qu'est-ce que c'est ? C'est une adaptation très libre de la nouvelle de H.P. Lovecraft, Le Cauchemar d'Innsmouth, ou L'Ombre sur Innsmouth, ça dépend de la traduction. Et en gros, on va suivre Paul et sa petite amie Barbara, qui sont... en croisière sur le voilier d'Ami, au large des côtes de Galice.

  • Speaker #1

    Au voir des Vicky.

  • Speaker #0

    Au voir des Vicky, les deux amis, effectivement. Et à un moment donné, ils s'échouent sur un récif à cause d'une tempête très très soudaine. Et le seul espoir, c'est cette fameuse ville juste devant eux, un peu étrange, où on entend une sorte de mélopée bizarre. Et ils décident donc d'aller là-bas pour essayer de sauver leurs deux amis qui sont restés coincés sur le bateau. Et c'est là qu'ils arrivent à Imboka. qui est une traduction assez approximative espagnole de Ince Mouth. On te le ressente. Oui, ils ont fait... Après, il la rentabilise, il assorte toutes les deux répliques à peu près. Et c'est là que l'horreur commence. Donc évidemment, Paul et Barbara vont être séparés, puisque Barbara va rencontrer le prêtre du coin qui lui prétend avoir une solution, l'amener à l'hôtel pour qu'il puisse téléphoner. Et puis évidemment, on sait comment ça se passe quand deux personnes se séparent dans un film d'horreur. Ça se passe mal et c'est parti pour... La visite d'Innsmouth par Paul tout seul qui essaie désespérément de retrouver sa compagne. On ne va pas vous raconter tout le film, surtout si vous connaissez la nouvelle d'origine, c'est assez proche quand même. Mais voilà, donc ça c'était pour le résumé. Du coup, petit contexte, donc Stuart Gordon, réalisateur culte, qui a déjà plusieurs fois adapté Lovecraft par le passé, il avait déjà fait surtout Reanimator, qui est le plus connu. Et sa première suite, la troisième, était réalisée par son... compère Brian Luzna qui est aussi le producteur de Dagon et en gros Stuart Gordon donc un gars qui est issu du théâtre qui a fait beaucoup beaucoup de choses assez militantes dans sa vie et qui petit à petit s'est dirigé vers le grand écran et il a aussi adapté le Garland Poe avec le Chat Noir. Il a une filmographie très inégale, il y a du très bon comme du très mauvais, il a notamment fait Fortress avec Christophe Lambert, si vous avez vu ce film à un moment donné vous ne l'avez pas oublié. Et si vous ne l'avez pas vu, c'est pas grave. Et du coup,

  • Speaker #2

    est-ce que vous allez faire du très bon ou du très mauvais ?

  • Speaker #0

    Ah ben je vous laisse la surprise. Voilà, mais je vous ai dit que c'était pas grave si vous ne l'avez pas vu. Et donc on arrive en 2001 pour la sortie de ce film, sachant que ça fait depuis 1985 qu'il était en écriture et en projet, puisque ça devait être la suite de plus ou moins le projet suivant après Reanimator, sauf que ça n'a pas pu se faire.

  • Speaker #1

    C'est pour ça qu'ils ont gardé la police des années 80 au début du film en fait, quand on présente le titre et qu'on s'est dit ouais mais on n'est pas du tout en 2001.

  • Speaker #0

    Ouais ouais, y'a des anachronismes visuels quand même, assez forts.

  • Speaker #2

    Après je trouve ça un peu méta, Lovecraft c'est souvent des histoires de mal, qu'il ne faut pas déterrer, qu'il dort etc. Là on se demande s'ils auraient dû déterrer le script.

  • Speaker #1

    Ouais on aurait dû laisser Dagon à Innsmouth et se demander le lien entre les deux. D'ailleurs je l'ai le lien du coup, parce qu'en fait le côté bateau échoué c'est Dagon ! Oui ! Voilà, sauf que comme Dagon n'était pas assez long pour en faire un film, du coup on a pris une nouvelle suivante et on l'a collé.

  • Speaker #0

    Petit contexte en fait, Dagon c'est le titre d'une autre nouvelle de Lovecraft où il y a une divinité poisson gigantesque et on ne sait pas trop pourquoi ils ont choisi le titre Dagon plutôt que Innsmouth pour Cauchemar etc. Ils ont gardé Dagon le titre d'une autre nouvelle de Lovecraft qui n'est pas celle qui est adaptée, c'est un peu bizarre.

  • Speaker #2

    Alors moi j'ai une théorie, c'est parce que Dagon c'est... Plus vendeur sur le nom d'une divinité qui va traverser tout le film plutôt que le cauchemar d'Imboka ou ce genre de choses. À partir du moment où la nouvelle a comme titre Innsmouth et que t'es plus Innsmouth, bah tu peux plus faire cauchemar Innsmouth.

  • Speaker #0

    Oui, d'ailleurs, oui c'est ça. D'ailleurs, le titre espagnol c'est Dagon, la secte del mar. La secte de la mer en espagnol, voilà. et voilà donc en 2001 en fait ce qui se passe c'est que tout simplement Brian Newsnad Il y a un grand qui a aussi fait pas mal de films, un petit peu comme son compère Stuart Gordon, qui est très connu pour Society, dont on vous parlera peut-être un jour. On a créé une boîte de prod en Espagne, à Barcelone, et du coup c'était l'occasion tout simplement de tourner là-bas. Il se trouve que la Galice, ça ressemble un petit peu à l'ambiance à Innsmouth, donc Nouvelle-Angleterre, parce que c'est la côte atlantique de l'Espagne, il fait moche, les villages sont souvent abandonnés, c'est une région un petit peu sinistrée.

  • Speaker #2

    Certains parlent de la Bretagne Espagnole.

  • Speaker #0

    C'est littéralement la Bretagne Espagnole puisqu'ils parlent un langage celte et il y a des cornemuses. Donc on est vraiment sur une ambiance très celtique. Et d'ailleurs, pour le coup, c'est un tournage où tout le monde était content quand il pleuvait. C'était l'effet recherché, pour une fois. Donc voilà, ça c'est un petit peu le contexte et un peu le résumé. Quel est votre avis Clément ? Est-ce que tu peux nous dire ce que tu as pensé ?

  • Speaker #2

    Alors Dagon, moi c'est le genre de film qui me fait me poser cette question qui revient souvent quand on regarde un film, adapté d'un roman ou d'une nouvelle, c'est quoi une bonne adaptation ? Est-ce que c'est l'esprit ? Est-ce que c'est l'atmosphère ? Est-ce que c'est juste reproduire à l'identique les scènes comme l'espère les lecteurs, etc. Et Dagon c'est à la fois une... bonne et une mauvaise adaptation je trouve c'est un film qui est extrêmement inégal dans ce qu'il propose qui suit plus ou moins la nouvelle mais qui renonce c'est peut-être mon plus gros reproche en termes d'adaptation le film renonce à une partie de son atmosphère pour le choc visuel c'est à dire que Lovecraft il y a quand même très rarement des scènes gore wow voire pas du tout. Or que là, Stuart Gordon, il fait quand même très plaisir sur la fin. On est plutôt dans quelque chose de sensationnaliste, c'est-à-dire que plutôt que de venir toucher le spectateur sur une atmosphère, un bruit, quelque chose qui dérangerait, en fait, il préfère y aller comme un bourrin. Et du coup, il y a des moments où ça marche très très bien, et il y a des moments où ça marche absolument pas. pas du tout. Et alors le film il est vraiment inégal, je trouve qu'il a de très bons moments où là je retrouve Weizmaus, je retrouve du Lovecraft, il y a de belles idées visuelles et parfois il est complètement à la ramasse et en fait je pense que mon problème avec le film c'est qu'il est un peu vulgaire dans sa manière d'adapter Lovecraft.

  • Speaker #1

    Oui il est d'autant plus vulgaire qu'il y a quand même une part extrêmement importante du personnage de Barbara. Barbara, mon dieu, Vicky, en fait, dès le début, ça s'ouvre sur Barbara qui veut faire une fellation à son copain pour lui dire bonjour. C'est lourd, c'est sexuel, on est très très très loin de Lovecraft. Ou alors il n'a pas bien compris, ou alors il s'est juste dit je prends le matériel d'origine pour librement m'en inspirer, après je fais ce que je veux. Mais, enfin... Déjà quand tu vois le personnage de Barbara, c'est un peu notre Denise Richard de Tami. C'est-à-dire que quand tu la vois, elle a une plastique impeccable, tu sais que la nana est là dans le film pour qu'on voit ses seins.

  • Speaker #0

    Alors petit aparté, c'est une star de la télé espagnole à l'époque, et il y a une scène de grosse nudité à la fin qui a été très dure pour elle, parce qu'elle a déjà un statut, c'est pas une jeune actrice qui débute, les gens la connaissent en fait. Et du coup pour elle c'était quand même quelque chose de faire toute la scène finale où elle est toute à poil. Donc c'est vraiment... c'est Moreno... Meronio, c'est une jeune femme. En tout cas,

  • Speaker #1

    il y a ce côté lourd, il y a ces sous-entendus sexuels qui m'ont énormément déplu. Voilà, l'accouplement avec les divinités.

  • Speaker #2

    Alors, après, l'accouplement avec les divinités, ça, c'est une thématique qui se retrouve dans Lovecraft.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord, mais en fait, ce n'est jamais vu, ce n'est jamais expliqué, c'est sous-entendu, c'est suggéré. Il n'y a pas de sensualité dans l'oeuvre de Lovecraft, il n'y a pas de sexualité, il n'y a pas ou très peu de femmes. Et en général, ce sont des antagonistes. Mais voilà, il y a ce côté lourd. Après, il y a quelque chose qui m'a plu, un peu comme vous, c'est vraiment le village. Innsmouth est bien fichu. J'ai trouvé ça assez poisseux, humide. On est vraiment dans l'ambiance de la nouvelle où ça sent le poisson et on rêve juste d'être au chaud et au sec. Il y a vraiment cette idée-là.

  • Speaker #0

    Dans les réussites du film, pour moi, il y a l'aspect effet pratique. Parce qu'en fait, le problème de ce film-là, c'est qu'il y a des effets pratiques qui sont très bien, qui sont vraiment cools, honnêtes, et des effets visuels en CGI, en images de synthèse, qui sont très moches. On est en 2001, donc déjà, ils ne partent pas gagnants. Voilà sur un budget de 5 millions de dollars, il y a des moments où on voit que c'était Bah c'était pas fou fou sachant que on en parlait mais The Dishon par exemple c'est un film qui a un budget moindre et qui est quand même plus réussi. Bon après qu'est-ce qu'il y a de l'écarté, c'est tant de décalage quand même. Ouais bon pas beaucoup The Dishon, c'est pas si vieux que ça.

  • Speaker #1

    Non disons que ce qui est dommage dans Dagon en fait c'est ce côté, les effets spéciaux ne sont pas utiles au film. Et en plus ça le rend un peu ridicule. Moi je me rappelle Vous savez la première séquence du film où il est sous l'eau en train de nager et qu'il s'approche de cet énorme trou dans le sol. La première image c'est vu de très loin. Ça marche, c'est efficace. On s'arrête là en fait. Ensuite il rentre dans le tunnel. Là ça devient ridicule. Et c'est dommage parce que ces effets ne sont pas indispensables au film. Ils ne sont pas indispensables à l'histoire. Ils sont juste là pour essayer d'en mettre plein la vue mais ça fait l'effet contraire.

  • Speaker #2

    En fait pour rebondir, quand on parle d'effets spéciaux, on parle vraiment de tout ce qui est synthèse, CGI qui est très mal incrusté, c'est une catastrophe. Même ta Playstation 1 elle faisait mieux à l'époque. Ah bah bien sûr. Par contre tout ce qui est fait pratique, c'est à dire le maquillage notamment des hommes poissons, les 2-3 effets gore. Le maquillage est très bien. Ça par contre c'est vraiment la grande réussite du film et parfois ça dessert presque le film parce qu'il a absolument envie de nous montrer les trucs etc. Là où chez Lovecraft on est souvent dans la suggestion et que là on est vraiment dans un film pour fans de hentai. C'est à dire qu'il y a du tentacule, du ou de la tentacule, je sais jamais, du tentacule un peu partout. Il y en a beaucoup en tout cas. Oui, il y en a beaucoup, il y a tout qui a une forme fanique ou de tentacule parce que le film, encore une fois, il travaille son tentacule. Alors c'est un choix de faire ça. La question c'est est-ce que c'est une trahison de l'oeuvre ou pas, ça c'est une autre question aussi. Mais n'empêche que du coup ça donne une espèce de vulgarité au film parce que c'est pas fait avec subtilité. C'est fait de manière extrêmement bourrine, voire putassière. C'est à dire qu'on vous montre, regardez mon gore, regardez ma tentacule, regardez mon sang. Il y a vraiment des scènes gores où là ça pousse des trucs. Dans une scène d'écorchement vif qui est absolument abominable. Alors le truc c'est que le film est aussi déterri par ça. Le personnage principal quoi.

  • Speaker #0

    Le personnage de Paul, du coup le héros, qui est un mec qui a fait fortune en étant trader tout simplement. Et le running gag, le truc qui constitue son identité, c'est qu'à chaque fois, c'est en revoyant des scènes, après je m'en suis rendu compte, à chaque fois il dit « Ah, il y a toujours deux possibilités. » Il dit ça 156 fois dans le film. Et d'ailleurs en référence à Lovecraft, il a un pull miscatonique à la fameuse université.

  • Speaker #1

    Oui mais alors c'est un pull Wish

  • Speaker #2

    Ce qu'on disait c'était vraiment C'est vraiment le mec de la Business School

  • Speaker #0

    Business School Qui vend raccords en Espagne C'est ça et donc il a fait fortune là-dedans Mais alors ça le dessert oui et non Parce que certes c'est pas un mec spécialement sympathique Par contre il est largement plus intelligent Que la grosse majorité des personnages de slasher Ou de film noir qu'on peut croiser Parce qu'il est assez ingénieux Il prend des bonnes décisions Il essaie de s'en sortir jusqu'au bout En vrai il se débrouille bien sur le déroulé du film par rapport à une grosse majorité de personnages dans des films un peu nénardesques comme ça moi par contre ce qui on parlait de bonnes ou de mauvaises adaptations moi je trouve que c'est cohérent avec le fait que Stuart Gordon il a toujours fait ça en fait si vous prenez Reanimator ça n'a pas grand chose à voir avec un barbasse réanimateur de Lovecraft From Beyond ça n'a pas grand chose à voir avec Au-delà du mur du sommeil de Lovecraft non plus donc en fait ce côté très bis finalement avec la nudité du sexe, le côté un peu échevelé un peu potache c'est ça a toujours été présent. Après effectivement le côté gore, etc. et le fait de vouloir trop en montrer ça va en contradiction avec la suggestion chez Lovecraft, le côté indicible, etc. ou dit à demi-mot, etc. Mais là pour le coup on arrive au principal obstacle de comment est-ce qu'on fait pour adapter Lovecraft. Soit on fait un truc extrêmement atrocement, soit on fait quelque chose qui n'a rien à voir et qui est très explicite. Mais il y a un truc, parce que là on est parti, on a parlé des poissons etc, mais on n'a pas expliqué ce qui se passe dans la ville en fait fondamentalement, pour ceux qui n'auraient pas lu la nouvelle. Oui, pour ceux qui n'auraient pas lu la nouvelle.

  • Speaker #2

    Oui, alors dans la ville, il faut savoir que du coup à Imboka comme à Innsmouth, c'est une population qui s'est métissée avec, on va dire, des habitants des profondeurs. Avec donc des hommes poissons, alors là c'est Dagon carrément, et donc la plupart des habitants ils ont eu... et il leur est vers une divinité sous-marine qui s'appelle Dagon.

  • Speaker #1

    Des hommes crabes.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est un peu les hommes crabes. Et du coup ils ont des branchés. Alors là, Stuart Gerson il a décidé, ce que tu avais vu, il a décidé de ne pas faire référence uniquement aux poissons. Alors ils ont quand même le teint un peu flasque, pâle, des yeux globuleux. Alors là il a rajouté des tentacules pour ajouter le côté un peu profondeur, un peu dégueulasse, etc. poule. Et du coup, le truc c'est que dès qu'il y a des étrangers viennent, on les sacrifie à Dagon, où on envoie les femmes être engrossées par Dagon pour donner des futurs petits bébés hommes-poissons.

  • Speaker #0

    Leur objectif c'est de vivre éternellement dans les profondeurs, donc il y a tout ce truc là. Et d'ailleurs il y a ce moment où on peut se poser la question de est-ce que Dagon c'est pas un peu du folk-horreur ? Parce que finalement c'est un cadre un peu isolé, un peu rural. on a une ambiance païenne avec une secte, etc. Et d'ailleurs, un des moments les plus réussis du film, c'est une séquence de flashbacks, où au cours de sa fuite, le personnage de Paul, qui a quitté son hôtel parce qu'il est pourchassé par les habitants du village, rencontre un gars, un autre habitant, qui lui est « normal » , il est juste alcoolique. Et c'est le dernier qu'ils ont pas pu...

  • Speaker #2

    Qui garde un peu comme un animal de compagnie, c'est le fou du but du village. C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ce gars qui s'appelle Ezekiel, lui il raconte l'histoire du village en expliquant que depuis plusieurs générations, comme les zones étaient plus assez poissonneuses, il y a eu cette histoire de pacte avec des divinités rencontrées dans les îles du sud, etc. Et toute cette séquence de flashback, elle est assez cool en fait, elle illustre justement le basculement de la ville, etc. Et c'est plutôt pas mal, il y a vraiment cette vibe folk-horreur, même la musique à ce moment-là est plutôt sympa. Il y a assez peu de musique dans Dagon, pour le coup, il n'y a pas beaucoup de moments, mais dans tout le flashback il y en a une qui est assez cool. Petite vibe, je ne sais pas, moi je trouvais que ça rappelait les morceaux un peu ambiants de Conal le Barbare, de Basile Poledouri, ça avait ce petit côté un peu instrument traditionnel, etc. Et ça c'est une des réussites du film, donc tout n'est pas à jeter, mais voilà, il y a vraiment ce côté très vulgaire, il y a beaucoup de séquences un peu drôles quand même, voilà, volontairement ou pas d'ailleurs, mais ça c'est toujours difficile à déterminer.

  • Speaker #1

    Ouais mais il y a, en fait comment dire... Tu vois, quand on parle de bonne ou de mauvaise adaptation, en fait, il y a tellement de matériel qui est pris chez Lovecraft et qui va à l'inverse, qui est mal compris, qui est mal fait. Tu vois, je reprends le personnage de Michael. Tout le temps, les personnages, si tu veux, chez Lovecraft, à un moment donné, sont des personnages qui bossent tous dans les sciences humaines, ils sont obsédés par l'anthropologie, obsédés par l'hérédité, obsédés par quelque chose. alors ouais mais qu'elle est débrouillard mais en fait le bol excuse moi je peux vous dire mais que le parce que c'est parce que tu as bien à dire est-ce que le reste et elle est en fait c'est un personnage qui qui est superficielle qui aime l'argent qui aime sa bimbo qui vit sur un yacht et qui est vraiment aux antipodes des personnages chez lovecraft si tu veux et il est du coup je comprends par cette idée de Ok, c'est librement inspiré d'eux, mais alors on va carrément appeler ça Dagon, on va... Je sais pas, il y a quelque chose qui me dérange dans le fait d'aussi volontairement mal adapté dans le sens à aller à l'encontre de choses qui sont importantes pour l'auteur.

  • Speaker #2

    Alors après, est-ce qu'on pourrait pas se demander si un personnage, dire Lovecraftien, écrit dans les années 2000... peut toucher un public, c'est-à-dire que Michael, c'est un peu l'archétype du trader superficiel vulgaire, mais qui regarde finalement une forme de décadence de l'Occident bourgeois, etc., qui se confondent à une autre forme de décadence finalement. Voilà, et ça permet peut-être aussi aux spectateurs de plus se reconnaître dans cette espèce de grand échalard un peu... Débrouillard mais parfois un peu neuneu aussi, un peu paume etc. plutôt qu'un aristocrate intellectuel qui vit sa meilleure vie dans la Nouvelle-Angleterre. C'est une question, je pense, de choix.

  • Speaker #0

    Non mais en fait déjà, le Lovecraft souvent les personnages n'ont pas d'intériorité, ils sont très... c'est des personnages fonctions souvent, ils sont définis par leur... c'est un étudiant, c'est un anthropologue etc. Ils n'ont pas de vie intérieure, là où le pôle bon. Il est ce qu'il est, mais il a quand même une forme de légère épaisseur, on va dire. Mais surtout, je pense qu'en fait, le calcul, on a choisi d'appeler ça Dagon, etc., et de faire le lien avec le craft, c'est du marketing, et c'est pour appeler à une catégorie, à un certain public qui va s'intéresser à ça, tout simplement. Moi, je pense qu'il n'y a pas vraiment de... On est sur un truc un peu exploitation série B, où en fait, le matériau d'origine, on l'aime bien, mais on n'est pas des fous furieux qui veulent adapter exactement à la virgule près. C'est juste, on aime bien ça, on l'a fait à notre sauce. Point, je pense qu'il n'y a pas de truc, ça ne va pas au-delà de ça, je pense. Moi, c'est ma...

  • Speaker #1

    Mais sans appeler à la virgule près, tu vois, parce que... Enfin, voilà, moi, niveau adaptation, je suis plutôt partisane de... Si tu réadaptes ou tu remakes ou tu images par images ou par mots... souvent assez peu d'intérêt. Mais là, je sais pas, moi vraiment, il y a quelque chose qui me dérange dans ce côté lourd, ce côté sexuel, ce côté... Voilà, aux antipodes de quelque chose. Après, tu vois, les personnages, pour rebondir, les personnages chez Lovecraft sont souvent des avatars de lui-même. Donc peut-être que Paul, en fait, est une projection de Stuart Gordon. Il rêverait d'avoir son yacht et d'être en bourse, mais...

  • Speaker #0

    Non, vu son passif militant, non. Mais il y a un truc, il y a cette dichotomie, où c'est quand même quelqu'un qui a dénoncé la guerre du Vietnam, qui a fait plein de choses assez critiques vis-à-vis de la société, et là il y a ce truc de... Peut-être qu'effectivement le personnage de Paul, c'est une critique de la société occidentale, superficielle, etc., obsédée par l'argent, la scène d'ouverture, c'est quand même lui qui refuse les avants de sa copine, parce qu'il est tourmenté par le cours de la bourse, etc., et donc du coup il jette son ordinateur dans l'eau, il y a quand même ce truc qui le rend immédiatement antipathique. voilà Mais du coup on tombe dans un truc où le personnage principal est antipathique et ça c'est toujours un peu gênant pour moi.

  • Speaker #2

    Après tu as presque, je trouve que l'empathie tu la développes parce qu'il s'en prend tellement plein la gueule durant tout le film. Et ça le film pour le coup il est pas avare, alors on retrouve la scène de poursuite qu'on a dans la nouvelle. Tout ce qui, en fait dès que ça se passe à l'intérieur de la ville qui est très labyrinthique, je trouve que ça marche très bien. Alors c'est un peu si on veut dire une réplique un peu cliché de critique. Le village d'Imboka, c'est un personnage en lui-même, tellement il dégouline, ça suinte le mal, carrément, t'as pas envie d'y aller. Pour le coup, je trouve ça super réussi, il s'en prend vraiment plein la gueule, jusqu'à ce qu'il se révolte à la fin et qu'il défonce la secte de manière plutôt efficace et plutôt violente. Et à un côté presque jouissif, à le voir se rebeller contre quelque chose qu'on lui dit être son destin, parce qu'on vous dira pas le... Le rebondissement, c'est le même que la nouvelle. Moi j'aime bien le fait que le film ait en partie une défaite quand même. Je trouve que le personnage de Paul acquiert de l'épaisseur petit à petit par son expérience et de ce qu'il traverse. Après, il y a des séquences qui sont vraiment gratuites dans le film.

  • Speaker #0

    C'est là la logique série B, un peu exploitation du film, c'est qu'il y a plein de moments où, notamment la séquence d'écorchement, est-ce qu'on a besoin de tout voir, etc., bah non. Mais voilà, il fallait les effets pratiques, etc. Mais je pense que c'est un truc aussi de... Les gens qui font ces films-là, souvent, ils aiment bien faire ce truc-là, parce que c'est le côté bricole, etc., et qu'ils aiment bien le côté artisanal, et du coup c'est fun, mais dans un contexte off-craftien, effectivement, on pourrait se dire, est-ce que c'est bien nécessaire ? Sauf qu'il y a une contradiction, parce qu'ils veulent se transformer en hommes poissons, mais ils récupèrent les pours. les étrangers pour ensuite les revêtir. C'est un peu bizarre, les petites vibes de la Sacrace François de Jouquet.

  • Speaker #1

    Je pense sincèrement qu'ils mettent ces peaux d'humains à la fin sur eux pendant le dernier rite pour Podagone, juste pour justifier le fait qu'on ait écorché des hommes dans le film, parce que ça n'a aucun sens.

  • Speaker #0

    Il y a clairement de ça, il y a clairement un côté gratuit.

  • Speaker #1

    Et c'est un peu dommage parce que moi je trouve qu'il y a un peu trop de choses gratuites, et alors moi je suis désolé, mais au contraire de vous, Michael, Paul... je vais y arriver, ça va être vraiment le gag mais alors Paul moi je n'ai eu aucune empathie pour lui du début à la fin, Ezekiel oui parce que c'est un personnage qui est rapidement touchant mais alors Paul,

  • Speaker #2

    mais qu'il aille foncer vers son destin qu'il aille se faire tentaculer exactement alors juste je voulais rebondir sur deux trucs du coup pour tout ce qui est des effets pratiques je trouve que les hommes poissons Ils sont réussis. Voilà, l'espèce d'hybride profond humain, je trouve qu'ils sont super bien réussis, d'un point de vue visuel. Alors, moi j'aimais bien les bruitages autour, alors vous, vous avez absolument détesté. C'est nul,

  • Speaker #0

    on peut les faire à la bouche.

  • Speaker #1

    Les coups de poing ! Les coups de poing sont extraordinaires.

  • Speaker #2

    Moi je parlais des effets des hommes poissons, mais oui, effectivement, les coups de poing sont extraordinaires. Mais tu peux le faire à la bouche, ben justement, c'est des bruits de bouche. du coup c'est cohérent

  • Speaker #0

    Ils étaient pas tous ridicules Il y en avait quelques-uns qui étaient pas mal C'est vrai mais Ce qui est rigolo c'est qu'il y a une diversité Il y en a un qui fait des bruits de dauphins Des claquements de dauphins C'est assez rigolo Ils ont fait une compile des meilleurs bruitages d'animaux marins Et ils les ont scotché sur les habitants de Inboka

  • Speaker #2

    Après il y a peut-être un petit truc Alors c'est peut-être moi qui ai sauté un passage du film Parce que mon attention n'était pas forcément focus Tout le temps dessus Mais tu vois la contradiction Alors t'as le truc de, on met des peaux humaines, etc. Est-ce qu'il n'y a pas une forme de... On peut pas voir ça comme une contradiction, justement, interne, où ils essaient de singer leur humanité d'avant ? Ou est-ce qu'ils veulent tous aller dans les profondeurs ? C'est ça la question aussi, parce qu'ils ont l'air quand même de plutôt rester, de s'installer, ils ont leur vie... Ils ont des familles ! Il y a ce passage avec ce gamin qui appelle son papa, qui vient d'attaquer les rois, qui les entaque.

  • Speaker #0

    Un gamin qui est normal. à peu près.

  • Speaker #1

    En fait, ils sont en phase de transformation. De toute façon, la finalité, c'est qu'en fait, ils se transforment tous. Quand on voit le capitaine, donc le capitaine dans les flashbacks, qui est le premier, qui est arrivé, qui a amené la divinité sur l'île, etc. Donc le capitaine est le plus ancien converti à la secte ésotérique de Daewon. Et donc voilà, le capitaine, quand on le voit, c'est que tout loup, humain, carpe, poisson, quoi. C'est un flash-lore mental. C'est un phénomène mental, on est à fond. Et donc en fait, je pense que les autres sont en phase de transformation. Quand on les voit, il y en a certains, ils ont deux doigts, on dirait qu'ils ont des mains palmées. Il y en a qui ont des mains palmées, il y en a qui ont des mains palmées, il y en a qui ont des tentes à queue à la place des doigts. C'est pas clair, mais le but est toute cette transformation finale pour le retour à la mer. Donc logiquement... ils sont pas censés avoir cette nostalgie de l'humain, ce truc de je veux revenir en arrière. Donc, ouais,

  • Speaker #0

    non. Moi, il y a une contradiction, parce que clairement, c'est expliqué par Ezekiel, il disait qu'il y a une dégénérescence progressive, donc forcément, le capitaine, c'est le plus atteint, donc c'est celui qui a vraiment l'apparence la plus monstrueuse dans tout le village, j'ai l'impression. Il y a la fameuse prêtresse aussi, là, qui a tout le bas du corps. qui est tentaculaire qui ressemble à Christina Ricci d'ailleurs il y a un autre sosie dans le film et le tenancé de l'autel c'est littéralement Dario Argento le tenancé de l'autel extraordinaire qui n'a pas une seule réplique dans tout le film qui est assez rigolo mais voilà il ya ces trucs de dégénérescence progressive moi j'aime bien le côté un peu bizarre de rien et qu'on les mains palmées il ya des contrôles c'est moi je trouve ça participe au côté la diversité à quoi ouais non mais ça pour le coup je suis assez d'accord avec clément c'est une des réussites du film a clairement les les habitants de la ville sont bien les décors aussi les décors sont très très cool arrivé à une boca on voit vraiment ces petites ruelles un peu bizarre un peu coupe-gorge l'hôtel qui est absolument immonde, où il n'y a rien qui va...

  • Speaker #2

    Il y a 2-3 plans de ruelle où on voit la fille qui traverse, on voit une silhouette en fond qui se déplace...

  • Speaker #1

    Très joli plan à la ville d'Eden d'ailleurs,

  • Speaker #0

    où la caméra est posée au sol... C'est le moment où il pète un câble, il va vers l'église pour tout cramer, il y a un moment où il veut le détruire, mais c'est un moment où il se transforme en hache finalement, où il dit « c'est bon, je vais tout faire péter » . Non,

  • Speaker #1

    le décor est bien, les toilettes absolument immondes de l'hôtel là...

  • Speaker #0

    Jumpscare,

  • Speaker #2

    le moment où tu vois les chiottes On dirait des chiottes d'autoroute mais genre ceux de la hadith en plein mois de juillet après un passage de carte de touriste vraiment on est sur un truc... Et même la séquence de l'hôtel elle marche vachement bien quand il le voit, il commence à vouloir entrer il se débrouille pas mal en plus Il va de pièce en pièce, il y a une... tension qui se crée, je pense que ça marche bien, pareil après il tombe dans un abattoir, il s'en sortira, il y a les peaux humaines qui sont en train de sécher, etc. Le film il a vraiment 2-3 séquences efficaces, c'est-à-dire que le film il n'a vraiment pas tout acheté, mais par contre il y a des trucs où tu te dis ça aurait pu être mieux ou ça aurait pu être fait autrement.

  • Speaker #1

    Il a rarement tout acheté, après voilà, moi ce que j'ai trouvé qui était dommage c'est ces incohérences par rapport à la... par rapport à l'oeuvre originale que j'aime beaucoup, qui ne gêneront pas peut-être des gens qui n'ont pas forcément lu la nouvelle. Il y a ce côté pareil, trop action. On est tout le temps en train de courir, on est tout le temps en train de passer d'une pièce à l'autre.

  • Speaker #0

    Alors, Décharge, pour le coup, c'est une des rares nouvelles avec les Montagnes de Lucidie, où il y a une scène de poursuite et un peu d'action. Et justement, la scène de l'hôtel, elle est super bien, elle est très fidèle à la nouvelle, où il s'échappe, il passe par les toits, il fait tout un truc. Elle est un peu longue, et dans le bouquin, c'est un... Bon morceau quand même, dans la nouvelle originale. Elle arrive plutôt vers la fin de la nouvelle, mais pour le coup, le côté action, c'est assez fidèle à la nouvelle. C'est mon opinion.

  • Speaker #1

    Ouais mais y'en a trop ! Y'en a beaucoup trop ! Y'a une baston toutes les 5 minutes ! Le moment où on a Nicky avec sa jambe coupée qui devient folle, et c'est qui les pols qui sortent avec leurs califs, qui se battent...

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Pour absolument rien parce qu'en fait ils se sont fait en recapurer et remettre au même endroit Il y a trop, il y a trop et en fait je pense qu'il a essayé vraiment de rythmer son film De scène comme ça, un peu action, un peu combat mais...

  • Speaker #2

    Après moi pour une fois ça me dérange pas parce que la nouvelle, moi ce que la plupart des gens gardent C'est l'ambiance et cette course poursuite du coup ça me semble un peu logique Tu vois comme cette scène de baston certes elle sert à rien mais en même temps Ouais bah ils se débattent parce qu'ils savent qu'ils vont aller à leur mort quoi Je trouve pas ça si... Si c'est incohérent que ça, alors oui, en plus c'est accentué effectivement par le mixage sonore qui est parfois catastrophique avec les coups de poing qui sont appuis, etc. Après, il y a deux, trois scènes, je trouve que quand ça... ...tap, bah t'as une vraie sensation de truc qui a frappé quelque chose et je trouve que c'est efficace. Alors, oui, mais j'ai compris que j'étais tout seul sur ça, moi. Ouais, bah là, on dirait un mec qui tape par tout ça, quoi. Mais par exemple, peut-être que tu vois la scène où il va dans la maison, où il rencontre la prêtresse, ça par contre, ouais, c'est un peu trop, là. Parce que finalement, ça ne mène à rien, à part à une continuité...

  • Speaker #0

    de la course poursuite tu vois déjà typiquement le passage où il l'embrasse et il essaie de lui mettre les doigts dans les branchies excusez-moi alors ça déjà la prêtresse n'existe pas dans la nouvelle originale ça rajoute de la nudité il y en avait déjà pas mal parce que en deux minutes de film t'as un plan nichon c'est très rapide mais on est encore dans une logique d'exploitation en fait c'est ça le truc c'est que le film d'Agon tel qu'il existait un film de série B donc l'objectif c'est qu'il y ait un peu d'action qu'il y ait un peu de gore qui a un peu de cul et si on met un petit vernis de craftien par dessus c'est cool Et voilà, après par contre, moi là où je suis d'accord avec toi Julie, c'est que moi, le problème c'est pas Dagon, c'est le fait qu'en face de Dagon, on a pas une adaptation vraiment cool, parce qu'elle a un potentiel de fou cette nouvelle, ou vraiment si on avait une atmosphère qui s'installait progressivement, qui serait plus insidieuse, parce que dans la nouvelle, vraiment, ça s'installe petit à petit, le narrateur se rend petit à petit compte à quel point il est dans un bourbier, etc., il a envie de se barrer, etc., et que d'ailleurs, il y a certes la poursuite, mais il n'y a pas d'affrontement dans la nouvelle avec les... Il essaie à tout prix de s'en sortir quoi, donc il n'y a pas de vrai combat. Mais du coup le film est... voilà, le problème de Dagone finalement c'est qu'il ne coexiste pas avec une adaptation qui serait sérieuse en fait. Paradoxalement je pense que c'est un peu ça son défaut.

  • Speaker #2

    Après trois choses auxquelles je pense, premièrement après ça colle à une certaine relecture qu'il y a eu du matériau d'origine de Lovecraft dans les années 90 avec le jeu de rôle qui est plutôt tourné vers le pulp. Et là pour le coup le film est complètement pulp. C'est à dire qu'à partir du moment où il y a le jeu de rôle, où s'est développé une espèce de licence autour de Lovecraft, il y a eu un choix qui a été fait d'être un truc un peu plus pulp pour le coup. Je trouve que du coup ça correspond bien à ça. Deuxièmement, alors là par contre je suis d'accord avec toi en fait, c'est que dans Innsmouth, comme dans d'autres nouvelles de Lovecraft, il y a un côté très poétique, presque lyrique, où tu touches quelque chose de métaphysique, de transcendant ou quelque chose de cosmique. Ce qui me fait amener au troisième point qui est l'horreur cosmique. En fait, il n'y a pas de poésie dans ce film. Non. Même la fin qui aurait pu être... Non mais même la fin...

  • Speaker #0

    Putain de féminisme, je dirais.

  • Speaker #2

    Par rapport à la fin de la nouvelle, qui est une espèce de poésie macabre, n'est pas présente. Ou en tout cas, si ça voulait l'être. Et je crois que ça veut l'être en plus, sincèrement. Mais ça marche pas trop. C'est très mal amené. Et il n'y a pas ce truc de l'horreur cosmique en fait. Et par exemple, le fait qu'à un moment donné, on ait un Dagon dégueulasse. En image de synthèse, ça ne marche pas, parce que Lovecraft, c'est vraiment sur la suggestion de quelque chose de menaçant, qui est si grand, si puissant, si indescriptible, que ça nous fait franchir une forme de mur épistémologique. Ce sera le terme du podcast, dans le sens où on n'arrive pas à se le représenter, on n'arrive pas à comprendre ce que c'est. Là, en fait, on a un monstre tentaculaire. et du coup il n'y a pas cette idée d'horreur cosmique et pourtant qu'on a dans la scène de flashback comme tu dis c'est du folk horror après Lovecraft c'est l'un des fondateurs du folk horror pour le coup de ces nouvelles c'est du folk horror la plupart du temps oui parce que c'est imprégné dans l'histoire de la Nouvelle Angleterre etc avec toujours des dimensions un peu sectes un peu paganisme avec des divinités surtout il y a l'aspect wilderness c'est à dire de personnages isolés de la civilisation qui se retrouvent dans un milieu soit qui est urbain mais très éloigné des centres de civilisation, soit dans quelque chose qui est plutôt forestier, ruines, etc. Et chez Lovecraft, il y a l'idée que la Wilderness, du coup ce qu'on appelle Wilderness c'est la nature vraiment sauvage, elle cache quelque chose qui est de primitif, soit d'ancien et qui pourrait détruire la civilisation, etc. Et en fait, c'est pour ça que je dis Lovecraft c'est un des pères fondateurs du folk horror, parce que le folk horror est un genre cinématographique qui se construit sur cette idée de Wilderness. Et pour le coup, le film, il le fait plutôt pas mal. Mais encore une fois, on est dans du cinéma bis-exploitation, on est dans quelque chose qui cherche à être pulp, et du coup, d'où la vulgarité qui fait qu'à un moment donné, ça passe pas. Mais il a ces fulgurances-là, je trouve, qui permettent de créer cette ambiance.

  • Speaker #0

    Ouais, non, mais c'est ça, en fait, oui. Même le folk horror, c'est pas que le cinéma, en fait. C'est un peu tout... Enfin, on en parle beaucoup en ce moment, parce qu'il y a beaucoup de films qui reprennent ces sites-là, les films de Robert Eggers, là, ou de Harry Haster avec Hérédité et Midsommar par exemple

  • Speaker #2

    Midsommar c'est vraiment du folk horror, Hérédité non

  • Speaker #0

    mais je suis pas d'accord ça dépend mais il y a quand même le truc païen ça se définit pas par le paganisme c'est vraiment un ensemble de termes c'est vrai qu'il n'y a pas le côté rural on va partir du principe que Midsommar c'est plus folk rock que l'hérédité mais il y a cette vibe là qui est très présente en ce moment, puis c'est la résurgence aussi du paganisme, il y a les liens avec l'écoféminisme, etc. Il y a quelque chose dans l'art du temps qui parle de ça. Mais le problème, c'est que, effectivement, à Lovecraft, il n'y a pas la dimension cosmique, comme tu disais, il n'y a pas la dimension... Il y a un retournement de situation final, qui dans la nouvelle est glaçant, qui est assez terrifiant, qui est peut-être la peur, une des peurs les plus intimes de Lovecraft, sur la dégénérescence. et qui là est traité un peu par dessus la jambe, il y a même un moment un peu la Dark Vador Dark Vador et Luke Skywalker, c'est vraiment le moment où le capitaine regarde le... Bon on va le dire, on va le dire, on va le dire !

  • Speaker #2

    Non non c'est bon,

  • Speaker #0

    c'est bon, c'est bon ! Mais il y a un moment vraiment très Star Warsesque et ça amoindrit le truc, en fait je pense que c'est ça le vrai problème du film c'est qu'il amoindrit des effets, il aurait pu être un film divertissement pulp sympa mais avec des fulgurances horrifiques vraiment... vraiment prégnante et là c'est l'inverse en fait c'est un truc qui se veut un peu un peu horrifique machin mais qui a plus des fulgurances et c'est un terme d'équilibré c'est un peu dommage après la qualité globale du film je trouve que ça reste ce qu'on disait c'est une qualité de téléfilm un peu un peu de luxe entre guillemets mais c'est pas un film c'est pas un film qui a une qui mériterait une postérité incroyable Voilà, après il a eu son petit cult following, il a quand même pas mal de gens qui continuent à le regarder 25 ans après, mais c'est pas... moi je trouve franchement qu'en termes d'adaptation de Lovecraft, on est quand même pas non plus...

  • Speaker #2

    Après moi je suis toujours un peu content d'avoir une adaptation de Lovecraft quand même.

  • Speaker #0

    Il y a toujours le petit plaisir, voilà, on est content. Mais moi je trouve que ce plaisir il est toujours amoindri par... Il y a un potentiel extraordinaire, ces films-là ils pourraient être vraiment beaucoup plus... plus intéressant beaucoup plus profond beaucoup plus beaucoup plus impactant ils le sont rarement c'est un peu le problème quand on est fan de l'offre à tse que les adaptations alors je crois que tu seras d'accord avec moi julie sur le fait que souvent les meilleurs adaptations de lovecraft c'est ce qu'il faut pas les adaptations bah c'est juste ouais c'est justement ça faut pas adapter en fait c'est à dire que tu

  • Speaker #1

    vas prendre une idée tu vas prendre un matériel tu vois moi je vois Voilà, j'ai découvert Lovecraft pas si tard en fait, pas si tôt je veux dire, c'était il y a vraiment une dizaine d'années, et en lisant les montagnes hallucinées, montagnes d'Ofmadness, les montagnes de la folie, tu sais, ça peut être comme tu veux en fonction des traductions. Les montagnes du délire. Mais, ça c'était ridicule par contre, mais tu vois, en le lisant je me suis dit, attends, mais c'est The Thing, tu vois, et tu vois ces espèces de scientifiques perdus dans l'Arctique. Voilà, qui vont aller déterrer quelque chose qu'ils n'auraient pas dû toucher. Putain, The Thing le fait bien, quoi. En fait, ils ont pris une idée, qu'ils se sont appropriés, qu'ils ont adapté, qu'ils ont fait partir dans autre chose. Tu vois, tu finis dans cette espèce de huis clos, où tout le monde suspecte tout le monde, où c'est bien fait, c'est bien foutu, la terreur elle est là, ça vient d'ailleurs. Mais ce n'est pas le roman ! Et il y a vraiment ce truc de... Je pense qu'il ne faut pas essayer, Lovecraft n'est pas adaptable. Déjà, Lovecraft est très difficilement traduisible. Quand tu lis tout le travail de traduction que ça a été pour les types... Je pense qu'il ne faut pas essayer d'adapter Lovecraft, je pense que c'est une très mauvaise idée. Et tout nous le prouve jusqu'à maintenant.

  • Speaker #0

    En vrai, je pense que déjà pour The Thing, c'est une adaptation d'une nouvelle de John W. Campbell qui s'appelle The Ghost of Earth, mais qui est influencée. Après, c'est la question aussi de l'influence de Lovecraft. C'est comme si un... Moi, je pense... Moi, je pense que c'est un des écrivains les plus influents du XXe siècle. Il a vraiment influé énormément de gens et même encore aujourd'hui, peut-être même encore plus aujourd'hui. Effectivement, le côté adaptation indirecte, il y a beaucoup de films qui sont sous influence Lovecraftienne, notamment chez John Carpenter, Le Prince des Ténèbres, je pense que c'est un des trucs Lovecraftien. Ou L'Anne de la Folie, où là, vraiment, on est dans un truc. mais effectivement des fois c'est les moyens détournés où on a capturé l'essence de ce qu'il faisait la terror Lovecraftienne et c'est ça qui est intéressant en fait mais on n'a pas pris une nouvelle ordre particulière moi je pense que c'est adaptable, je pense qu'il n'y a pas d'obstacle absolu à l'adaptation de la même manière qu'il a été traduit plein de fois et qu'il y a des très très bons...

  • Speaker #2

    par exemple moi je prends, on prend la dernière adaptation qui a un peu marché qui a le couleur tombée du ciel je trouve que le film a beaucoup de mérite dans ce qu'il veut il choisit un angle, il choisit de faire une adaptation libre mais... Il fait de vrais choix dans son adaptation là. On sent que le truc a été pensé, réfléchi. En plus, je veux dire, il y a quand même un... C'est pas des lamas, c'est des alpagas. Il y a un alpaga lovecraftien dans le film ! Et je trouve qu'il y a quelques tentatives, franchement, où ils essayent tout en s'appropriant la chose. Du coup, je suis pas d'accord avec toi quand tu dis que c'est pas adaptable. Parce que, en fait, en disant ça, je pense qu'on repousse beaucoup. de films qui pourraient être adaptés à d'autres matériaux littéraires.

  • Speaker #0

    Typiquement on disait ça de Lune de la Rose, on disait ça du Cernesau, on disait ça de plein de trucs. Watchmen, on pense qu'on veut Watchmen mais il y a quand même une adaptation qui existe. Et voilà, en fait je pense que Lovecraft, il y a ce fantasme. Je pense que malheureusement il n'a pas eu beaucoup de films intéressants. Moi je suis d'accord, la couleur tombée... Et en plus c'est une version actualisée, ils ne l'ont pas fait parce que ça se passe dans les années 20, dans la nouvelle originale, et là ils le font dans un contexte contemporain avec internet, les téléphones, etc. Mais ça fonctionne en fait, on peut même actualiser l'univers de Lovecraft, ce qui est fait dans Dragon, ça se passe à peu près en même temps. même temps que la sortie du film au début des années 2000. Il n'y a pas de décalage. Mais voilà, moi je pense sincèrement qu'il y a des adaptations possibles à faire. Il y a beaucoup de matériaux potentiellement adaptés. Le tout, c'est de trouver la volonté, le talent, la vision, l'ambition, le truc.

  • Speaker #1

    Ce qui me paraît compliqué, dommage en fait, dans un sens, si tu veux, c'est qu'on est vraiment sur la littérature de l'indescriptible où tu vas avoir ces dizaines de lignes, parfois, avec que Plein d'adjectifs pour décrire quelque chose de manière des fois tellement antithétique que ça a pour but que tu ne puisses pas te le représenter. Et en fait, le problème de vouloir adapter ce genre de nouvelles, c'est qu'on va t'imposer une image de quelque chose qui n'est pas censée être représentée. Et je pense que c'est ça aussi qui me gêne beaucoup.

  • Speaker #2

    Alors après... On a trop le temps de s'en tuner ! Mais tu vois, par exemple, ça pose la question des... Je sais pas si t'as lu les adaptations de Gotouge... Non pas de Gotouge... De Goutanabe ! De Goutanabe sur Lovecraft... Je trouve que parfois, justement, sur un médium qui est visuel, c'est-à-dire le manga, je trouve qu'il y a des trucs qui sont super réussis. Cthulhu, l'appel de Cthulhu est super bien réussi ! Justement parce qu'il arrive à choper... Cette idée d'une géométrie non euclidienne qui change au fur et à mesure, que le Cthulhu change d'échelle à chaque fois que tu le regardes, il n'a pas la même apparence, il y a vraiment un travail, une réflexion visuelle de comment je peux représenter ça. Pareil, les montagnes hallucinées, il y avait quand même le projet derrière de Guillermo del Toro qui n'a pas abouti, notamment à cause de Prometheus. De toute façon, tout est la faute de Prometheus à partir de sa sortie. Le monde est parti en cacahuètes à partir de la sortie de la métro. Je sais que le film a ses défenseurs, mais il y a des trucs que pour moi c'est indéfendable. Et en fait je pense qu'il y a une vraie possibilité de l'adapter. Sur les montagnes hallucinées, etc. il y a vraiment quelque chose à faire.

  • Speaker #0

    Non mais sur presque tout en fait. Normalement La couleur tombée du ciel ça aurait dû être une trilogie. Donc il aurait dû y avoir l'abomination de Dunwich et normalement In Sight of the Sea. Malheureusement, il s'avère que le réalisateur Richard Stanley... tremble dans des histoires de violences conjugales donc ça a été annulé et c'est peut-être pas plus mal mais il y avait ce projet quand même de continuer à faire quelque chose donc moi je pense que vraiment et en plus Lovecraft je pense qu'on parle beaucoup de l'indescriptible mais il y a quand même des choses extrêmement étranges et qui sont décrites avec beaucoup de détails donc... il y a quand même des scientifiques qui dissèquent les créatures qu'ils ont trouvées elles ont une apparence très étrange mais c'est décrit avec beaucoup de détails et moi de toute façon j'ai découvert Lovecraft avec de la bande dessinée Merci. notamment Horacio Lalia et Albert Rubricia qui sont deux dessinateurs argentins et on peut représenter visuellement des trucs, après ça laisse de la marge ça laisse de la possibilité etc mais moi je pense très sincèrement que visuellement ça peut fonctionner voilà je pense que là de toute façon on est parti sur un long tunnel non de l'équilibré du coup donc on espère vous avoir donné envie ou pas de regarder Dagon de Stuart Gordon regardez-le

  • Speaker #2

    pour l'expérience Voilà. popcorn, d'ailleurs popcorn qu'on n'a pas eu. Oui, déception. Alors on a très bien mangé en le regardant, mais on n'a pas eu de popcorn.

  • Speaker #1

    Oui, alors excusez-moi, j'ai fait deux carrot cakes avec un sucre glace maison.

  • Speaker #0

    Oui, mais pas de popcorn. Ça joue quand même sur l'expérience avec le film.

  • Speaker #1

    Je retiendrai que ça joue sur l'expérience.

  • Speaker #0

    On aurait été plus indulgents avec le film si il y avait eu du popcorn. Mais voilà.

  • Speaker #2

    Le film n'est pas détestable.

  • Speaker #0

    Il n'est pas détestable, mais moi j'ai toujours ce petit...

  • Speaker #2

    C'est pas un bon film. Mais il n'est pas aussi mauvais qu'il aurait pu l'être.

  • Speaker #1

    Alors moi je dirais que contrairement aux autres films où on a vu, où je sais pas, tu vois, Tami tu peux rire tout seul devant ta télé, la RQ il est hyper intéressant, je pense vraiment que Dagon, si tu veux passer un bon moment, il faut être avec tes potes pour le regarder. Ne faites pas ça seul chez vous.

  • Speaker #0

    Nous sommes des professionnels.

  • Speaker #1

    Ça peut être dangereux. Voilà, faites attention.

  • Speaker #0

    Faites attention à vous. Bon, ben voilà, je pense qu'on a fait le tour de la boîte à sardines, du coup. Les hommes,

  • Speaker #1

    trappez !

  • Speaker #0

    Merci à vous pour votre attention, et on se dit à bientôt. Alors, on ne sait pas trop de quoi est-ce qu'on va parler la prochaine fois, mais ne vous inquiétez pas qu'on va vous concocter une très très sale bobine. Et voilà, et encore merci à Clément et Julie, bien voulus blablater avec moi autour de ce film. particulièrement poissonneux.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, à bientôt !

  • Speaker #2

    Allez, ciao, à la prochaine !

  • Speaker #0

    Salut, salut !

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Description

Pour cet épisode, on embarque sur les côtes brumeuses de Galice avec Dagon, adaptation très libre de Lovecraft signée Stuart Gordon. Entre marins échoués, village poisseux et secte des profondeurs, le film revisite Le Cauchemar d’Innsmouth à la sauce série B : effets spéciaux inégaux, ambiance humide, pulsions pulp et folklore païen.
Sacha, Clément et Julie débattent d’un cinéma de genre qui interroge la fidélité à l’œuvre de Lovecraft : faut-il en respecter l’esprit ou oser la réinterprétation ? Entre fascination, rire et analyse, cet épisode plonge dans une adaptation aussi curieuse qu’attachante, où l’horreur cosmique flirte sans complexe avec le grotesque.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et salut les sales petits potes ! Aujourd'hui, avec Julie et Clément, on a dépoussiéré notre vieux Necronomicon et j'espère que vous avez enfilé votre meilleur maillot de bain parce qu'on va aller sur la Côte-Gale de Galice. Et aujourd'hui, le film du jour, c'est Dagon de Stuart Gordon, sorti en 2001. Alors, Dagon, qu'est-ce que c'est ? C'est une adaptation très libre de la nouvelle de H.P. Lovecraft, Le Cauchemar d'Innsmouth, ou L'Ombre sur Innsmouth, ça dépend de la traduction. Et en gros, on va suivre Paul et sa petite amie Barbara, qui sont... en croisière sur le voilier d'Ami, au large des côtes de Galice.

  • Speaker #1

    Au voir des Vicky.

  • Speaker #0

    Au voir des Vicky, les deux amis, effectivement. Et à un moment donné, ils s'échouent sur un récif à cause d'une tempête très très soudaine. Et le seul espoir, c'est cette fameuse ville juste devant eux, un peu étrange, où on entend une sorte de mélopée bizarre. Et ils décident donc d'aller là-bas pour essayer de sauver leurs deux amis qui sont restés coincés sur le bateau. Et c'est là qu'ils arrivent à Imboka. qui est une traduction assez approximative espagnole de Ince Mouth. On te le ressente. Oui, ils ont fait... Après, il la rentabilise, il assorte toutes les deux répliques à peu près. Et c'est là que l'horreur commence. Donc évidemment, Paul et Barbara vont être séparés, puisque Barbara va rencontrer le prêtre du coin qui lui prétend avoir une solution, l'amener à l'hôtel pour qu'il puisse téléphoner. Et puis évidemment, on sait comment ça se passe quand deux personnes se séparent dans un film d'horreur. Ça se passe mal et c'est parti pour... La visite d'Innsmouth par Paul tout seul qui essaie désespérément de retrouver sa compagne. On ne va pas vous raconter tout le film, surtout si vous connaissez la nouvelle d'origine, c'est assez proche quand même. Mais voilà, donc ça c'était pour le résumé. Du coup, petit contexte, donc Stuart Gordon, réalisateur culte, qui a déjà plusieurs fois adapté Lovecraft par le passé, il avait déjà fait surtout Reanimator, qui est le plus connu. Et sa première suite, la troisième, était réalisée par son... compère Brian Luzna qui est aussi le producteur de Dagon et en gros Stuart Gordon donc un gars qui est issu du théâtre qui a fait beaucoup beaucoup de choses assez militantes dans sa vie et qui petit à petit s'est dirigé vers le grand écran et il a aussi adapté le Garland Poe avec le Chat Noir. Il a une filmographie très inégale, il y a du très bon comme du très mauvais, il a notamment fait Fortress avec Christophe Lambert, si vous avez vu ce film à un moment donné vous ne l'avez pas oublié. Et si vous ne l'avez pas vu, c'est pas grave. Et du coup,

  • Speaker #2

    est-ce que vous allez faire du très bon ou du très mauvais ?

  • Speaker #0

    Ah ben je vous laisse la surprise. Voilà, mais je vous ai dit que c'était pas grave si vous ne l'avez pas vu. Et donc on arrive en 2001 pour la sortie de ce film, sachant que ça fait depuis 1985 qu'il était en écriture et en projet, puisque ça devait être la suite de plus ou moins le projet suivant après Reanimator, sauf que ça n'a pas pu se faire.

  • Speaker #1

    C'est pour ça qu'ils ont gardé la police des années 80 au début du film en fait, quand on présente le titre et qu'on s'est dit ouais mais on n'est pas du tout en 2001.

  • Speaker #0

    Ouais ouais, y'a des anachronismes visuels quand même, assez forts.

  • Speaker #2

    Après je trouve ça un peu méta, Lovecraft c'est souvent des histoires de mal, qu'il ne faut pas déterrer, qu'il dort etc. Là on se demande s'ils auraient dû déterrer le script.

  • Speaker #1

    Ouais on aurait dû laisser Dagon à Innsmouth et se demander le lien entre les deux. D'ailleurs je l'ai le lien du coup, parce qu'en fait le côté bateau échoué c'est Dagon ! Oui ! Voilà, sauf que comme Dagon n'était pas assez long pour en faire un film, du coup on a pris une nouvelle suivante et on l'a collé.

  • Speaker #0

    Petit contexte en fait, Dagon c'est le titre d'une autre nouvelle de Lovecraft où il y a une divinité poisson gigantesque et on ne sait pas trop pourquoi ils ont choisi le titre Dagon plutôt que Innsmouth pour Cauchemar etc. Ils ont gardé Dagon le titre d'une autre nouvelle de Lovecraft qui n'est pas celle qui est adaptée, c'est un peu bizarre.

  • Speaker #2

    Alors moi j'ai une théorie, c'est parce que Dagon c'est... Plus vendeur sur le nom d'une divinité qui va traverser tout le film plutôt que le cauchemar d'Imboka ou ce genre de choses. À partir du moment où la nouvelle a comme titre Innsmouth et que t'es plus Innsmouth, bah tu peux plus faire cauchemar Innsmouth.

  • Speaker #0

    Oui, d'ailleurs, oui c'est ça. D'ailleurs, le titre espagnol c'est Dagon, la secte del mar. La secte de la mer en espagnol, voilà. et voilà donc en 2001 en fait ce qui se passe c'est que tout simplement Brian Newsnad Il y a un grand qui a aussi fait pas mal de films, un petit peu comme son compère Stuart Gordon, qui est très connu pour Society, dont on vous parlera peut-être un jour. On a créé une boîte de prod en Espagne, à Barcelone, et du coup c'était l'occasion tout simplement de tourner là-bas. Il se trouve que la Galice, ça ressemble un petit peu à l'ambiance à Innsmouth, donc Nouvelle-Angleterre, parce que c'est la côte atlantique de l'Espagne, il fait moche, les villages sont souvent abandonnés, c'est une région un petit peu sinistrée.

  • Speaker #2

    Certains parlent de la Bretagne Espagnole.

  • Speaker #0

    C'est littéralement la Bretagne Espagnole puisqu'ils parlent un langage celte et il y a des cornemuses. Donc on est vraiment sur une ambiance très celtique. Et d'ailleurs, pour le coup, c'est un tournage où tout le monde était content quand il pleuvait. C'était l'effet recherché, pour une fois. Donc voilà, ça c'est un petit peu le contexte et un peu le résumé. Quel est votre avis Clément ? Est-ce que tu peux nous dire ce que tu as pensé ?

  • Speaker #2

    Alors Dagon, moi c'est le genre de film qui me fait me poser cette question qui revient souvent quand on regarde un film, adapté d'un roman ou d'une nouvelle, c'est quoi une bonne adaptation ? Est-ce que c'est l'esprit ? Est-ce que c'est l'atmosphère ? Est-ce que c'est juste reproduire à l'identique les scènes comme l'espère les lecteurs, etc. Et Dagon c'est à la fois une... bonne et une mauvaise adaptation je trouve c'est un film qui est extrêmement inégal dans ce qu'il propose qui suit plus ou moins la nouvelle mais qui renonce c'est peut-être mon plus gros reproche en termes d'adaptation le film renonce à une partie de son atmosphère pour le choc visuel c'est à dire que Lovecraft il y a quand même très rarement des scènes gore wow voire pas du tout. Or que là, Stuart Gordon, il fait quand même très plaisir sur la fin. On est plutôt dans quelque chose de sensationnaliste, c'est-à-dire que plutôt que de venir toucher le spectateur sur une atmosphère, un bruit, quelque chose qui dérangerait, en fait, il préfère y aller comme un bourrin. Et du coup, il y a des moments où ça marche très très bien, et il y a des moments où ça marche absolument pas. pas du tout. Et alors le film il est vraiment inégal, je trouve qu'il a de très bons moments où là je retrouve Weizmaus, je retrouve du Lovecraft, il y a de belles idées visuelles et parfois il est complètement à la ramasse et en fait je pense que mon problème avec le film c'est qu'il est un peu vulgaire dans sa manière d'adapter Lovecraft.

  • Speaker #1

    Oui il est d'autant plus vulgaire qu'il y a quand même une part extrêmement importante du personnage de Barbara. Barbara, mon dieu, Vicky, en fait, dès le début, ça s'ouvre sur Barbara qui veut faire une fellation à son copain pour lui dire bonjour. C'est lourd, c'est sexuel, on est très très très loin de Lovecraft. Ou alors il n'a pas bien compris, ou alors il s'est juste dit je prends le matériel d'origine pour librement m'en inspirer, après je fais ce que je veux. Mais, enfin... Déjà quand tu vois le personnage de Barbara, c'est un peu notre Denise Richard de Tami. C'est-à-dire que quand tu la vois, elle a une plastique impeccable, tu sais que la nana est là dans le film pour qu'on voit ses seins.

  • Speaker #0

    Alors petit aparté, c'est une star de la télé espagnole à l'époque, et il y a une scène de grosse nudité à la fin qui a été très dure pour elle, parce qu'elle a déjà un statut, c'est pas une jeune actrice qui débute, les gens la connaissent en fait. Et du coup pour elle c'était quand même quelque chose de faire toute la scène finale où elle est toute à poil. Donc c'est vraiment... c'est Moreno... Meronio, c'est une jeune femme. En tout cas,

  • Speaker #1

    il y a ce côté lourd, il y a ces sous-entendus sexuels qui m'ont énormément déplu. Voilà, l'accouplement avec les divinités.

  • Speaker #2

    Alors, après, l'accouplement avec les divinités, ça, c'est une thématique qui se retrouve dans Lovecraft.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord, mais en fait, ce n'est jamais vu, ce n'est jamais expliqué, c'est sous-entendu, c'est suggéré. Il n'y a pas de sensualité dans l'oeuvre de Lovecraft, il n'y a pas de sexualité, il n'y a pas ou très peu de femmes. Et en général, ce sont des antagonistes. Mais voilà, il y a ce côté lourd. Après, il y a quelque chose qui m'a plu, un peu comme vous, c'est vraiment le village. Innsmouth est bien fichu. J'ai trouvé ça assez poisseux, humide. On est vraiment dans l'ambiance de la nouvelle où ça sent le poisson et on rêve juste d'être au chaud et au sec. Il y a vraiment cette idée-là.

  • Speaker #0

    Dans les réussites du film, pour moi, il y a l'aspect effet pratique. Parce qu'en fait, le problème de ce film-là, c'est qu'il y a des effets pratiques qui sont très bien, qui sont vraiment cools, honnêtes, et des effets visuels en CGI, en images de synthèse, qui sont très moches. On est en 2001, donc déjà, ils ne partent pas gagnants. Voilà sur un budget de 5 millions de dollars, il y a des moments où on voit que c'était Bah c'était pas fou fou sachant que on en parlait mais The Dishon par exemple c'est un film qui a un budget moindre et qui est quand même plus réussi. Bon après qu'est-ce qu'il y a de l'écarté, c'est tant de décalage quand même. Ouais bon pas beaucoup The Dishon, c'est pas si vieux que ça.

  • Speaker #1

    Non disons que ce qui est dommage dans Dagon en fait c'est ce côté, les effets spéciaux ne sont pas utiles au film. Et en plus ça le rend un peu ridicule. Moi je me rappelle Vous savez la première séquence du film où il est sous l'eau en train de nager et qu'il s'approche de cet énorme trou dans le sol. La première image c'est vu de très loin. Ça marche, c'est efficace. On s'arrête là en fait. Ensuite il rentre dans le tunnel. Là ça devient ridicule. Et c'est dommage parce que ces effets ne sont pas indispensables au film. Ils ne sont pas indispensables à l'histoire. Ils sont juste là pour essayer d'en mettre plein la vue mais ça fait l'effet contraire.

  • Speaker #2

    En fait pour rebondir, quand on parle d'effets spéciaux, on parle vraiment de tout ce qui est synthèse, CGI qui est très mal incrusté, c'est une catastrophe. Même ta Playstation 1 elle faisait mieux à l'époque. Ah bah bien sûr. Par contre tout ce qui est fait pratique, c'est à dire le maquillage notamment des hommes poissons, les 2-3 effets gore. Le maquillage est très bien. Ça par contre c'est vraiment la grande réussite du film et parfois ça dessert presque le film parce qu'il a absolument envie de nous montrer les trucs etc. Là où chez Lovecraft on est souvent dans la suggestion et que là on est vraiment dans un film pour fans de hentai. C'est à dire qu'il y a du tentacule, du ou de la tentacule, je sais jamais, du tentacule un peu partout. Il y en a beaucoup en tout cas. Oui, il y en a beaucoup, il y a tout qui a une forme fanique ou de tentacule parce que le film, encore une fois, il travaille son tentacule. Alors c'est un choix de faire ça. La question c'est est-ce que c'est une trahison de l'oeuvre ou pas, ça c'est une autre question aussi. Mais n'empêche que du coup ça donne une espèce de vulgarité au film parce que c'est pas fait avec subtilité. C'est fait de manière extrêmement bourrine, voire putassière. C'est à dire qu'on vous montre, regardez mon gore, regardez ma tentacule, regardez mon sang. Il y a vraiment des scènes gores où là ça pousse des trucs. Dans une scène d'écorchement vif qui est absolument abominable. Alors le truc c'est que le film est aussi déterri par ça. Le personnage principal quoi.

  • Speaker #0

    Le personnage de Paul, du coup le héros, qui est un mec qui a fait fortune en étant trader tout simplement. Et le running gag, le truc qui constitue son identité, c'est qu'à chaque fois, c'est en revoyant des scènes, après je m'en suis rendu compte, à chaque fois il dit « Ah, il y a toujours deux possibilités. » Il dit ça 156 fois dans le film. Et d'ailleurs en référence à Lovecraft, il a un pull miscatonique à la fameuse université.

  • Speaker #1

    Oui mais alors c'est un pull Wish

  • Speaker #2

    Ce qu'on disait c'était vraiment C'est vraiment le mec de la Business School

  • Speaker #0

    Business School Qui vend raccords en Espagne C'est ça et donc il a fait fortune là-dedans Mais alors ça le dessert oui et non Parce que certes c'est pas un mec spécialement sympathique Par contre il est largement plus intelligent Que la grosse majorité des personnages de slasher Ou de film noir qu'on peut croiser Parce qu'il est assez ingénieux Il prend des bonnes décisions Il essaie de s'en sortir jusqu'au bout En vrai il se débrouille bien sur le déroulé du film par rapport à une grosse majorité de personnages dans des films un peu nénardesques comme ça moi par contre ce qui on parlait de bonnes ou de mauvaises adaptations moi je trouve que c'est cohérent avec le fait que Stuart Gordon il a toujours fait ça en fait si vous prenez Reanimator ça n'a pas grand chose à voir avec un barbasse réanimateur de Lovecraft From Beyond ça n'a pas grand chose à voir avec Au-delà du mur du sommeil de Lovecraft non plus donc en fait ce côté très bis finalement avec la nudité du sexe, le côté un peu échevelé un peu potache c'est ça a toujours été présent. Après effectivement le côté gore, etc. et le fait de vouloir trop en montrer ça va en contradiction avec la suggestion chez Lovecraft, le côté indicible, etc. ou dit à demi-mot, etc. Mais là pour le coup on arrive au principal obstacle de comment est-ce qu'on fait pour adapter Lovecraft. Soit on fait un truc extrêmement atrocement, soit on fait quelque chose qui n'a rien à voir et qui est très explicite. Mais il y a un truc, parce que là on est parti, on a parlé des poissons etc, mais on n'a pas expliqué ce qui se passe dans la ville en fait fondamentalement, pour ceux qui n'auraient pas lu la nouvelle. Oui, pour ceux qui n'auraient pas lu la nouvelle.

  • Speaker #2

    Oui, alors dans la ville, il faut savoir que du coup à Imboka comme à Innsmouth, c'est une population qui s'est métissée avec, on va dire, des habitants des profondeurs. Avec donc des hommes poissons, alors là c'est Dagon carrément, et donc la plupart des habitants ils ont eu... et il leur est vers une divinité sous-marine qui s'appelle Dagon.

  • Speaker #1

    Des hommes crabes.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est un peu les hommes crabes. Et du coup ils ont des branchés. Alors là, Stuart Gerson il a décidé, ce que tu avais vu, il a décidé de ne pas faire référence uniquement aux poissons. Alors ils ont quand même le teint un peu flasque, pâle, des yeux globuleux. Alors là il a rajouté des tentacules pour ajouter le côté un peu profondeur, un peu dégueulasse, etc. poule. Et du coup, le truc c'est que dès qu'il y a des étrangers viennent, on les sacrifie à Dagon, où on envoie les femmes être engrossées par Dagon pour donner des futurs petits bébés hommes-poissons.

  • Speaker #0

    Leur objectif c'est de vivre éternellement dans les profondeurs, donc il y a tout ce truc là. Et d'ailleurs il y a ce moment où on peut se poser la question de est-ce que Dagon c'est pas un peu du folk-horreur ? Parce que finalement c'est un cadre un peu isolé, un peu rural. on a une ambiance païenne avec une secte, etc. Et d'ailleurs, un des moments les plus réussis du film, c'est une séquence de flashbacks, où au cours de sa fuite, le personnage de Paul, qui a quitté son hôtel parce qu'il est pourchassé par les habitants du village, rencontre un gars, un autre habitant, qui lui est « normal » , il est juste alcoolique. Et c'est le dernier qu'ils ont pas pu...

  • Speaker #2

    Qui garde un peu comme un animal de compagnie, c'est le fou du but du village. C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ce gars qui s'appelle Ezekiel, lui il raconte l'histoire du village en expliquant que depuis plusieurs générations, comme les zones étaient plus assez poissonneuses, il y a eu cette histoire de pacte avec des divinités rencontrées dans les îles du sud, etc. Et toute cette séquence de flashback, elle est assez cool en fait, elle illustre justement le basculement de la ville, etc. Et c'est plutôt pas mal, il y a vraiment cette vibe folk-horreur, même la musique à ce moment-là est plutôt sympa. Il y a assez peu de musique dans Dagon, pour le coup, il n'y a pas beaucoup de moments, mais dans tout le flashback il y en a une qui est assez cool. Petite vibe, je ne sais pas, moi je trouvais que ça rappelait les morceaux un peu ambiants de Conal le Barbare, de Basile Poledouri, ça avait ce petit côté un peu instrument traditionnel, etc. Et ça c'est une des réussites du film, donc tout n'est pas à jeter, mais voilà, il y a vraiment ce côté très vulgaire, il y a beaucoup de séquences un peu drôles quand même, voilà, volontairement ou pas d'ailleurs, mais ça c'est toujours difficile à déterminer.

  • Speaker #1

    Ouais mais il y a, en fait comment dire... Tu vois, quand on parle de bonne ou de mauvaise adaptation, en fait, il y a tellement de matériel qui est pris chez Lovecraft et qui va à l'inverse, qui est mal compris, qui est mal fait. Tu vois, je reprends le personnage de Michael. Tout le temps, les personnages, si tu veux, chez Lovecraft, à un moment donné, sont des personnages qui bossent tous dans les sciences humaines, ils sont obsédés par l'anthropologie, obsédés par l'hérédité, obsédés par quelque chose. alors ouais mais qu'elle est débrouillard mais en fait le bol excuse moi je peux vous dire mais que le parce que c'est parce que tu as bien à dire est-ce que le reste et elle est en fait c'est un personnage qui qui est superficielle qui aime l'argent qui aime sa bimbo qui vit sur un yacht et qui est vraiment aux antipodes des personnages chez lovecraft si tu veux et il est du coup je comprends par cette idée de Ok, c'est librement inspiré d'eux, mais alors on va carrément appeler ça Dagon, on va... Je sais pas, il y a quelque chose qui me dérange dans le fait d'aussi volontairement mal adapté dans le sens à aller à l'encontre de choses qui sont importantes pour l'auteur.

  • Speaker #2

    Alors après, est-ce qu'on pourrait pas se demander si un personnage, dire Lovecraftien, écrit dans les années 2000... peut toucher un public, c'est-à-dire que Michael, c'est un peu l'archétype du trader superficiel vulgaire, mais qui regarde finalement une forme de décadence de l'Occident bourgeois, etc., qui se confondent à une autre forme de décadence finalement. Voilà, et ça permet peut-être aussi aux spectateurs de plus se reconnaître dans cette espèce de grand échalard un peu... Débrouillard mais parfois un peu neuneu aussi, un peu paume etc. plutôt qu'un aristocrate intellectuel qui vit sa meilleure vie dans la Nouvelle-Angleterre. C'est une question, je pense, de choix.

  • Speaker #0

    Non mais en fait déjà, le Lovecraft souvent les personnages n'ont pas d'intériorité, ils sont très... c'est des personnages fonctions souvent, ils sont définis par leur... c'est un étudiant, c'est un anthropologue etc. Ils n'ont pas de vie intérieure, là où le pôle bon. Il est ce qu'il est, mais il a quand même une forme de légère épaisseur, on va dire. Mais surtout, je pense qu'en fait, le calcul, on a choisi d'appeler ça Dagon, etc., et de faire le lien avec le craft, c'est du marketing, et c'est pour appeler à une catégorie, à un certain public qui va s'intéresser à ça, tout simplement. Moi, je pense qu'il n'y a pas vraiment de... On est sur un truc un peu exploitation série B, où en fait, le matériau d'origine, on l'aime bien, mais on n'est pas des fous furieux qui veulent adapter exactement à la virgule près. C'est juste, on aime bien ça, on l'a fait à notre sauce. Point, je pense qu'il n'y a pas de truc, ça ne va pas au-delà de ça, je pense. Moi, c'est ma...

  • Speaker #1

    Mais sans appeler à la virgule près, tu vois, parce que... Enfin, voilà, moi, niveau adaptation, je suis plutôt partisane de... Si tu réadaptes ou tu remakes ou tu images par images ou par mots... souvent assez peu d'intérêt. Mais là, je sais pas, moi vraiment, il y a quelque chose qui me dérange dans ce côté lourd, ce côté sexuel, ce côté... Voilà, aux antipodes de quelque chose. Après, tu vois, les personnages, pour rebondir, les personnages chez Lovecraft sont souvent des avatars de lui-même. Donc peut-être que Paul, en fait, est une projection de Stuart Gordon. Il rêverait d'avoir son yacht et d'être en bourse, mais...

  • Speaker #0

    Non, vu son passif militant, non. Mais il y a un truc, il y a cette dichotomie, où c'est quand même quelqu'un qui a dénoncé la guerre du Vietnam, qui a fait plein de choses assez critiques vis-à-vis de la société, et là il y a ce truc de... Peut-être qu'effectivement le personnage de Paul, c'est une critique de la société occidentale, superficielle, etc., obsédée par l'argent, la scène d'ouverture, c'est quand même lui qui refuse les avants de sa copine, parce qu'il est tourmenté par le cours de la bourse, etc., et donc du coup il jette son ordinateur dans l'eau, il y a quand même ce truc qui le rend immédiatement antipathique. voilà Mais du coup on tombe dans un truc où le personnage principal est antipathique et ça c'est toujours un peu gênant pour moi.

  • Speaker #2

    Après tu as presque, je trouve que l'empathie tu la développes parce qu'il s'en prend tellement plein la gueule durant tout le film. Et ça le film pour le coup il est pas avare, alors on retrouve la scène de poursuite qu'on a dans la nouvelle. Tout ce qui, en fait dès que ça se passe à l'intérieur de la ville qui est très labyrinthique, je trouve que ça marche très bien. Alors c'est un peu si on veut dire une réplique un peu cliché de critique. Le village d'Imboka, c'est un personnage en lui-même, tellement il dégouline, ça suinte le mal, carrément, t'as pas envie d'y aller. Pour le coup, je trouve ça super réussi, il s'en prend vraiment plein la gueule, jusqu'à ce qu'il se révolte à la fin et qu'il défonce la secte de manière plutôt efficace et plutôt violente. Et à un côté presque jouissif, à le voir se rebeller contre quelque chose qu'on lui dit être son destin, parce qu'on vous dira pas le... Le rebondissement, c'est le même que la nouvelle. Moi j'aime bien le fait que le film ait en partie une défaite quand même. Je trouve que le personnage de Paul acquiert de l'épaisseur petit à petit par son expérience et de ce qu'il traverse. Après, il y a des séquences qui sont vraiment gratuites dans le film.

  • Speaker #0

    C'est là la logique série B, un peu exploitation du film, c'est qu'il y a plein de moments où, notamment la séquence d'écorchement, est-ce qu'on a besoin de tout voir, etc., bah non. Mais voilà, il fallait les effets pratiques, etc. Mais je pense que c'est un truc aussi de... Les gens qui font ces films-là, souvent, ils aiment bien faire ce truc-là, parce que c'est le côté bricole, etc., et qu'ils aiment bien le côté artisanal, et du coup c'est fun, mais dans un contexte off-craftien, effectivement, on pourrait se dire, est-ce que c'est bien nécessaire ? Sauf qu'il y a une contradiction, parce qu'ils veulent se transformer en hommes poissons, mais ils récupèrent les pours. les étrangers pour ensuite les revêtir. C'est un peu bizarre, les petites vibes de la Sacrace François de Jouquet.

  • Speaker #1

    Je pense sincèrement qu'ils mettent ces peaux d'humains à la fin sur eux pendant le dernier rite pour Podagone, juste pour justifier le fait qu'on ait écorché des hommes dans le film, parce que ça n'a aucun sens.

  • Speaker #0

    Il y a clairement de ça, il y a clairement un côté gratuit.

  • Speaker #1

    Et c'est un peu dommage parce que moi je trouve qu'il y a un peu trop de choses gratuites, et alors moi je suis désolé, mais au contraire de vous, Michael, Paul... je vais y arriver, ça va être vraiment le gag mais alors Paul moi je n'ai eu aucune empathie pour lui du début à la fin, Ezekiel oui parce que c'est un personnage qui est rapidement touchant mais alors Paul,

  • Speaker #2

    mais qu'il aille foncer vers son destin qu'il aille se faire tentaculer exactement alors juste je voulais rebondir sur deux trucs du coup pour tout ce qui est des effets pratiques je trouve que les hommes poissons Ils sont réussis. Voilà, l'espèce d'hybride profond humain, je trouve qu'ils sont super bien réussis, d'un point de vue visuel. Alors, moi j'aimais bien les bruitages autour, alors vous, vous avez absolument détesté. C'est nul,

  • Speaker #0

    on peut les faire à la bouche.

  • Speaker #1

    Les coups de poing ! Les coups de poing sont extraordinaires.

  • Speaker #2

    Moi je parlais des effets des hommes poissons, mais oui, effectivement, les coups de poing sont extraordinaires. Mais tu peux le faire à la bouche, ben justement, c'est des bruits de bouche. du coup c'est cohérent

  • Speaker #0

    Ils étaient pas tous ridicules Il y en avait quelques-uns qui étaient pas mal C'est vrai mais Ce qui est rigolo c'est qu'il y a une diversité Il y en a un qui fait des bruits de dauphins Des claquements de dauphins C'est assez rigolo Ils ont fait une compile des meilleurs bruitages d'animaux marins Et ils les ont scotché sur les habitants de Inboka

  • Speaker #2

    Après il y a peut-être un petit truc Alors c'est peut-être moi qui ai sauté un passage du film Parce que mon attention n'était pas forcément focus Tout le temps dessus Mais tu vois la contradiction Alors t'as le truc de, on met des peaux humaines, etc. Est-ce qu'il n'y a pas une forme de... On peut pas voir ça comme une contradiction, justement, interne, où ils essaient de singer leur humanité d'avant ? Ou est-ce qu'ils veulent tous aller dans les profondeurs ? C'est ça la question aussi, parce qu'ils ont l'air quand même de plutôt rester, de s'installer, ils ont leur vie... Ils ont des familles ! Il y a ce passage avec ce gamin qui appelle son papa, qui vient d'attaquer les rois, qui les entaque.

  • Speaker #0

    Un gamin qui est normal. à peu près.

  • Speaker #1

    En fait, ils sont en phase de transformation. De toute façon, la finalité, c'est qu'en fait, ils se transforment tous. Quand on voit le capitaine, donc le capitaine dans les flashbacks, qui est le premier, qui est arrivé, qui a amené la divinité sur l'île, etc. Donc le capitaine est le plus ancien converti à la secte ésotérique de Daewon. Et donc voilà, le capitaine, quand on le voit, c'est que tout loup, humain, carpe, poisson, quoi. C'est un flash-lore mental. C'est un phénomène mental, on est à fond. Et donc en fait, je pense que les autres sont en phase de transformation. Quand on les voit, il y en a certains, ils ont deux doigts, on dirait qu'ils ont des mains palmées. Il y en a qui ont des mains palmées, il y en a qui ont des mains palmées, il y en a qui ont des tentes à queue à la place des doigts. C'est pas clair, mais le but est toute cette transformation finale pour le retour à la mer. Donc logiquement... ils sont pas censés avoir cette nostalgie de l'humain, ce truc de je veux revenir en arrière. Donc, ouais,

  • Speaker #0

    non. Moi, il y a une contradiction, parce que clairement, c'est expliqué par Ezekiel, il disait qu'il y a une dégénérescence progressive, donc forcément, le capitaine, c'est le plus atteint, donc c'est celui qui a vraiment l'apparence la plus monstrueuse dans tout le village, j'ai l'impression. Il y a la fameuse prêtresse aussi, là, qui a tout le bas du corps. qui est tentaculaire qui ressemble à Christina Ricci d'ailleurs il y a un autre sosie dans le film et le tenancé de l'autel c'est littéralement Dario Argento le tenancé de l'autel extraordinaire qui n'a pas une seule réplique dans tout le film qui est assez rigolo mais voilà il ya ces trucs de dégénérescence progressive moi j'aime bien le côté un peu bizarre de rien et qu'on les mains palmées il ya des contrôles c'est moi je trouve ça participe au côté la diversité à quoi ouais non mais ça pour le coup je suis assez d'accord avec clément c'est une des réussites du film a clairement les les habitants de la ville sont bien les décors aussi les décors sont très très cool arrivé à une boca on voit vraiment ces petites ruelles un peu bizarre un peu coupe-gorge l'hôtel qui est absolument immonde, où il n'y a rien qui va...

  • Speaker #2

    Il y a 2-3 plans de ruelle où on voit la fille qui traverse, on voit une silhouette en fond qui se déplace...

  • Speaker #1

    Très joli plan à la ville d'Eden d'ailleurs,

  • Speaker #0

    où la caméra est posée au sol... C'est le moment où il pète un câble, il va vers l'église pour tout cramer, il y a un moment où il veut le détruire, mais c'est un moment où il se transforme en hache finalement, où il dit « c'est bon, je vais tout faire péter » . Non,

  • Speaker #1

    le décor est bien, les toilettes absolument immondes de l'hôtel là...

  • Speaker #0

    Jumpscare,

  • Speaker #2

    le moment où tu vois les chiottes On dirait des chiottes d'autoroute mais genre ceux de la hadith en plein mois de juillet après un passage de carte de touriste vraiment on est sur un truc... Et même la séquence de l'hôtel elle marche vachement bien quand il le voit, il commence à vouloir entrer il se débrouille pas mal en plus Il va de pièce en pièce, il y a une... tension qui se crée, je pense que ça marche bien, pareil après il tombe dans un abattoir, il s'en sortira, il y a les peaux humaines qui sont en train de sécher, etc. Le film il a vraiment 2-3 séquences efficaces, c'est-à-dire que le film il n'a vraiment pas tout acheté, mais par contre il y a des trucs où tu te dis ça aurait pu être mieux ou ça aurait pu être fait autrement.

  • Speaker #1

    Il a rarement tout acheté, après voilà, moi ce que j'ai trouvé qui était dommage c'est ces incohérences par rapport à la... par rapport à l'oeuvre originale que j'aime beaucoup, qui ne gêneront pas peut-être des gens qui n'ont pas forcément lu la nouvelle. Il y a ce côté pareil, trop action. On est tout le temps en train de courir, on est tout le temps en train de passer d'une pièce à l'autre.

  • Speaker #0

    Alors, Décharge, pour le coup, c'est une des rares nouvelles avec les Montagnes de Lucidie, où il y a une scène de poursuite et un peu d'action. Et justement, la scène de l'hôtel, elle est super bien, elle est très fidèle à la nouvelle, où il s'échappe, il passe par les toits, il fait tout un truc. Elle est un peu longue, et dans le bouquin, c'est un... Bon morceau quand même, dans la nouvelle originale. Elle arrive plutôt vers la fin de la nouvelle, mais pour le coup, le côté action, c'est assez fidèle à la nouvelle. C'est mon opinion.

  • Speaker #1

    Ouais mais y'en a trop ! Y'en a beaucoup trop ! Y'a une baston toutes les 5 minutes ! Le moment où on a Nicky avec sa jambe coupée qui devient folle, et c'est qui les pols qui sortent avec leurs califs, qui se battent...

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Pour absolument rien parce qu'en fait ils se sont fait en recapurer et remettre au même endroit Il y a trop, il y a trop et en fait je pense qu'il a essayé vraiment de rythmer son film De scène comme ça, un peu action, un peu combat mais...

  • Speaker #2

    Après moi pour une fois ça me dérange pas parce que la nouvelle, moi ce que la plupart des gens gardent C'est l'ambiance et cette course poursuite du coup ça me semble un peu logique Tu vois comme cette scène de baston certes elle sert à rien mais en même temps Ouais bah ils se débattent parce qu'ils savent qu'ils vont aller à leur mort quoi Je trouve pas ça si... Si c'est incohérent que ça, alors oui, en plus c'est accentué effectivement par le mixage sonore qui est parfois catastrophique avec les coups de poing qui sont appuis, etc. Après, il y a deux, trois scènes, je trouve que quand ça... ...tap, bah t'as une vraie sensation de truc qui a frappé quelque chose et je trouve que c'est efficace. Alors, oui, mais j'ai compris que j'étais tout seul sur ça, moi. Ouais, bah là, on dirait un mec qui tape par tout ça, quoi. Mais par exemple, peut-être que tu vois la scène où il va dans la maison, où il rencontre la prêtresse, ça par contre, ouais, c'est un peu trop, là. Parce que finalement, ça ne mène à rien, à part à une continuité...

  • Speaker #0

    de la course poursuite tu vois déjà typiquement le passage où il l'embrasse et il essaie de lui mettre les doigts dans les branchies excusez-moi alors ça déjà la prêtresse n'existe pas dans la nouvelle originale ça rajoute de la nudité il y en avait déjà pas mal parce que en deux minutes de film t'as un plan nichon c'est très rapide mais on est encore dans une logique d'exploitation en fait c'est ça le truc c'est que le film d'Agon tel qu'il existait un film de série B donc l'objectif c'est qu'il y ait un peu d'action qu'il y ait un peu de gore qui a un peu de cul et si on met un petit vernis de craftien par dessus c'est cool Et voilà, après par contre, moi là où je suis d'accord avec toi Julie, c'est que moi, le problème c'est pas Dagon, c'est le fait qu'en face de Dagon, on a pas une adaptation vraiment cool, parce qu'elle a un potentiel de fou cette nouvelle, ou vraiment si on avait une atmosphère qui s'installait progressivement, qui serait plus insidieuse, parce que dans la nouvelle, vraiment, ça s'installe petit à petit, le narrateur se rend petit à petit compte à quel point il est dans un bourbier, etc., il a envie de se barrer, etc., et que d'ailleurs, il y a certes la poursuite, mais il n'y a pas d'affrontement dans la nouvelle avec les... Il essaie à tout prix de s'en sortir quoi, donc il n'y a pas de vrai combat. Mais du coup le film est... voilà, le problème de Dagone finalement c'est qu'il ne coexiste pas avec une adaptation qui serait sérieuse en fait. Paradoxalement je pense que c'est un peu ça son défaut.

  • Speaker #2

    Après trois choses auxquelles je pense, premièrement après ça colle à une certaine relecture qu'il y a eu du matériau d'origine de Lovecraft dans les années 90 avec le jeu de rôle qui est plutôt tourné vers le pulp. Et là pour le coup le film est complètement pulp. C'est à dire qu'à partir du moment où il y a le jeu de rôle, où s'est développé une espèce de licence autour de Lovecraft, il y a eu un choix qui a été fait d'être un truc un peu plus pulp pour le coup. Je trouve que du coup ça correspond bien à ça. Deuxièmement, alors là par contre je suis d'accord avec toi en fait, c'est que dans Innsmouth, comme dans d'autres nouvelles de Lovecraft, il y a un côté très poétique, presque lyrique, où tu touches quelque chose de métaphysique, de transcendant ou quelque chose de cosmique. Ce qui me fait amener au troisième point qui est l'horreur cosmique. En fait, il n'y a pas de poésie dans ce film. Non. Même la fin qui aurait pu être... Non mais même la fin...

  • Speaker #0

    Putain de féminisme, je dirais.

  • Speaker #2

    Par rapport à la fin de la nouvelle, qui est une espèce de poésie macabre, n'est pas présente. Ou en tout cas, si ça voulait l'être. Et je crois que ça veut l'être en plus, sincèrement. Mais ça marche pas trop. C'est très mal amené. Et il n'y a pas ce truc de l'horreur cosmique en fait. Et par exemple, le fait qu'à un moment donné, on ait un Dagon dégueulasse. En image de synthèse, ça ne marche pas, parce que Lovecraft, c'est vraiment sur la suggestion de quelque chose de menaçant, qui est si grand, si puissant, si indescriptible, que ça nous fait franchir une forme de mur épistémologique. Ce sera le terme du podcast, dans le sens où on n'arrive pas à se le représenter, on n'arrive pas à comprendre ce que c'est. Là, en fait, on a un monstre tentaculaire. et du coup il n'y a pas cette idée d'horreur cosmique et pourtant qu'on a dans la scène de flashback comme tu dis c'est du folk horror après Lovecraft c'est l'un des fondateurs du folk horror pour le coup de ces nouvelles c'est du folk horror la plupart du temps oui parce que c'est imprégné dans l'histoire de la Nouvelle Angleterre etc avec toujours des dimensions un peu sectes un peu paganisme avec des divinités surtout il y a l'aspect wilderness c'est à dire de personnages isolés de la civilisation qui se retrouvent dans un milieu soit qui est urbain mais très éloigné des centres de civilisation, soit dans quelque chose qui est plutôt forestier, ruines, etc. Et chez Lovecraft, il y a l'idée que la Wilderness, du coup ce qu'on appelle Wilderness c'est la nature vraiment sauvage, elle cache quelque chose qui est de primitif, soit d'ancien et qui pourrait détruire la civilisation, etc. Et en fait, c'est pour ça que je dis Lovecraft c'est un des pères fondateurs du folk horror, parce que le folk horror est un genre cinématographique qui se construit sur cette idée de Wilderness. Et pour le coup, le film, il le fait plutôt pas mal. Mais encore une fois, on est dans du cinéma bis-exploitation, on est dans quelque chose qui cherche à être pulp, et du coup, d'où la vulgarité qui fait qu'à un moment donné, ça passe pas. Mais il a ces fulgurances-là, je trouve, qui permettent de créer cette ambiance.

  • Speaker #0

    Ouais, non, mais c'est ça, en fait, oui. Même le folk horror, c'est pas que le cinéma, en fait. C'est un peu tout... Enfin, on en parle beaucoup en ce moment, parce qu'il y a beaucoup de films qui reprennent ces sites-là, les films de Robert Eggers, là, ou de Harry Haster avec Hérédité et Midsommar par exemple

  • Speaker #2

    Midsommar c'est vraiment du folk horror, Hérédité non

  • Speaker #0

    mais je suis pas d'accord ça dépend mais il y a quand même le truc païen ça se définit pas par le paganisme c'est vraiment un ensemble de termes c'est vrai qu'il n'y a pas le côté rural on va partir du principe que Midsommar c'est plus folk rock que l'hérédité mais il y a cette vibe là qui est très présente en ce moment, puis c'est la résurgence aussi du paganisme, il y a les liens avec l'écoféminisme, etc. Il y a quelque chose dans l'art du temps qui parle de ça. Mais le problème, c'est que, effectivement, à Lovecraft, il n'y a pas la dimension cosmique, comme tu disais, il n'y a pas la dimension... Il y a un retournement de situation final, qui dans la nouvelle est glaçant, qui est assez terrifiant, qui est peut-être la peur, une des peurs les plus intimes de Lovecraft, sur la dégénérescence. et qui là est traité un peu par dessus la jambe, il y a même un moment un peu la Dark Vador Dark Vador et Luke Skywalker, c'est vraiment le moment où le capitaine regarde le... Bon on va le dire, on va le dire, on va le dire !

  • Speaker #2

    Non non c'est bon,

  • Speaker #0

    c'est bon, c'est bon ! Mais il y a un moment vraiment très Star Warsesque et ça amoindrit le truc, en fait je pense que c'est ça le vrai problème du film c'est qu'il amoindrit des effets, il aurait pu être un film divertissement pulp sympa mais avec des fulgurances horrifiques vraiment... vraiment prégnante et là c'est l'inverse en fait c'est un truc qui se veut un peu un peu horrifique machin mais qui a plus des fulgurances et c'est un terme d'équilibré c'est un peu dommage après la qualité globale du film je trouve que ça reste ce qu'on disait c'est une qualité de téléfilm un peu un peu de luxe entre guillemets mais c'est pas un film c'est pas un film qui a une qui mériterait une postérité incroyable Voilà, après il a eu son petit cult following, il a quand même pas mal de gens qui continuent à le regarder 25 ans après, mais c'est pas... moi je trouve franchement qu'en termes d'adaptation de Lovecraft, on est quand même pas non plus...

  • Speaker #2

    Après moi je suis toujours un peu content d'avoir une adaptation de Lovecraft quand même.

  • Speaker #0

    Il y a toujours le petit plaisir, voilà, on est content. Mais moi je trouve que ce plaisir il est toujours amoindri par... Il y a un potentiel extraordinaire, ces films-là ils pourraient être vraiment beaucoup plus... plus intéressant beaucoup plus profond beaucoup plus beaucoup plus impactant ils le sont rarement c'est un peu le problème quand on est fan de l'offre à tse que les adaptations alors je crois que tu seras d'accord avec moi julie sur le fait que souvent les meilleurs adaptations de lovecraft c'est ce qu'il faut pas les adaptations bah c'est juste ouais c'est justement ça faut pas adapter en fait c'est à dire que tu

  • Speaker #1

    vas prendre une idée tu vas prendre un matériel tu vois moi je vois Voilà, j'ai découvert Lovecraft pas si tard en fait, pas si tôt je veux dire, c'était il y a vraiment une dizaine d'années, et en lisant les montagnes hallucinées, montagnes d'Ofmadness, les montagnes de la folie, tu sais, ça peut être comme tu veux en fonction des traductions. Les montagnes du délire. Mais, ça c'était ridicule par contre, mais tu vois, en le lisant je me suis dit, attends, mais c'est The Thing, tu vois, et tu vois ces espèces de scientifiques perdus dans l'Arctique. Voilà, qui vont aller déterrer quelque chose qu'ils n'auraient pas dû toucher. Putain, The Thing le fait bien, quoi. En fait, ils ont pris une idée, qu'ils se sont appropriés, qu'ils ont adapté, qu'ils ont fait partir dans autre chose. Tu vois, tu finis dans cette espèce de huis clos, où tout le monde suspecte tout le monde, où c'est bien fait, c'est bien foutu, la terreur elle est là, ça vient d'ailleurs. Mais ce n'est pas le roman ! Et il y a vraiment ce truc de... Je pense qu'il ne faut pas essayer, Lovecraft n'est pas adaptable. Déjà, Lovecraft est très difficilement traduisible. Quand tu lis tout le travail de traduction que ça a été pour les types... Je pense qu'il ne faut pas essayer d'adapter Lovecraft, je pense que c'est une très mauvaise idée. Et tout nous le prouve jusqu'à maintenant.

  • Speaker #0

    En vrai, je pense que déjà pour The Thing, c'est une adaptation d'une nouvelle de John W. Campbell qui s'appelle The Ghost of Earth, mais qui est influencée. Après, c'est la question aussi de l'influence de Lovecraft. C'est comme si un... Moi, je pense... Moi, je pense que c'est un des écrivains les plus influents du XXe siècle. Il a vraiment influé énormément de gens et même encore aujourd'hui, peut-être même encore plus aujourd'hui. Effectivement, le côté adaptation indirecte, il y a beaucoup de films qui sont sous influence Lovecraftienne, notamment chez John Carpenter, Le Prince des Ténèbres, je pense que c'est un des trucs Lovecraftien. Ou L'Anne de la Folie, où là, vraiment, on est dans un truc. mais effectivement des fois c'est les moyens détournés où on a capturé l'essence de ce qu'il faisait la terror Lovecraftienne et c'est ça qui est intéressant en fait mais on n'a pas pris une nouvelle ordre particulière moi je pense que c'est adaptable, je pense qu'il n'y a pas d'obstacle absolu à l'adaptation de la même manière qu'il a été traduit plein de fois et qu'il y a des très très bons...

  • Speaker #2

    par exemple moi je prends, on prend la dernière adaptation qui a un peu marché qui a le couleur tombée du ciel je trouve que le film a beaucoup de mérite dans ce qu'il veut il choisit un angle, il choisit de faire une adaptation libre mais... Il fait de vrais choix dans son adaptation là. On sent que le truc a été pensé, réfléchi. En plus, je veux dire, il y a quand même un... C'est pas des lamas, c'est des alpagas. Il y a un alpaga lovecraftien dans le film ! Et je trouve qu'il y a quelques tentatives, franchement, où ils essayent tout en s'appropriant la chose. Du coup, je suis pas d'accord avec toi quand tu dis que c'est pas adaptable. Parce que, en fait, en disant ça, je pense qu'on repousse beaucoup. de films qui pourraient être adaptés à d'autres matériaux littéraires.

  • Speaker #0

    Typiquement on disait ça de Lune de la Rose, on disait ça du Cernesau, on disait ça de plein de trucs. Watchmen, on pense qu'on veut Watchmen mais il y a quand même une adaptation qui existe. Et voilà, en fait je pense que Lovecraft, il y a ce fantasme. Je pense que malheureusement il n'a pas eu beaucoup de films intéressants. Moi je suis d'accord, la couleur tombée... Et en plus c'est une version actualisée, ils ne l'ont pas fait parce que ça se passe dans les années 20, dans la nouvelle originale, et là ils le font dans un contexte contemporain avec internet, les téléphones, etc. Mais ça fonctionne en fait, on peut même actualiser l'univers de Lovecraft, ce qui est fait dans Dragon, ça se passe à peu près en même temps. même temps que la sortie du film au début des années 2000. Il n'y a pas de décalage. Mais voilà, moi je pense sincèrement qu'il y a des adaptations possibles à faire. Il y a beaucoup de matériaux potentiellement adaptés. Le tout, c'est de trouver la volonté, le talent, la vision, l'ambition, le truc.

  • Speaker #1

    Ce qui me paraît compliqué, dommage en fait, dans un sens, si tu veux, c'est qu'on est vraiment sur la littérature de l'indescriptible où tu vas avoir ces dizaines de lignes, parfois, avec que Plein d'adjectifs pour décrire quelque chose de manière des fois tellement antithétique que ça a pour but que tu ne puisses pas te le représenter. Et en fait, le problème de vouloir adapter ce genre de nouvelles, c'est qu'on va t'imposer une image de quelque chose qui n'est pas censée être représentée. Et je pense que c'est ça aussi qui me gêne beaucoup.

  • Speaker #2

    Alors après... On a trop le temps de s'en tuner ! Mais tu vois, par exemple, ça pose la question des... Je sais pas si t'as lu les adaptations de Gotouge... Non pas de Gotouge... De Goutanabe ! De Goutanabe sur Lovecraft... Je trouve que parfois, justement, sur un médium qui est visuel, c'est-à-dire le manga, je trouve qu'il y a des trucs qui sont super réussis. Cthulhu, l'appel de Cthulhu est super bien réussi ! Justement parce qu'il arrive à choper... Cette idée d'une géométrie non euclidienne qui change au fur et à mesure, que le Cthulhu change d'échelle à chaque fois que tu le regardes, il n'a pas la même apparence, il y a vraiment un travail, une réflexion visuelle de comment je peux représenter ça. Pareil, les montagnes hallucinées, il y avait quand même le projet derrière de Guillermo del Toro qui n'a pas abouti, notamment à cause de Prometheus. De toute façon, tout est la faute de Prometheus à partir de sa sortie. Le monde est parti en cacahuètes à partir de la sortie de la métro. Je sais que le film a ses défenseurs, mais il y a des trucs que pour moi c'est indéfendable. Et en fait je pense qu'il y a une vraie possibilité de l'adapter. Sur les montagnes hallucinées, etc. il y a vraiment quelque chose à faire.

  • Speaker #0

    Non mais sur presque tout en fait. Normalement La couleur tombée du ciel ça aurait dû être une trilogie. Donc il aurait dû y avoir l'abomination de Dunwich et normalement In Sight of the Sea. Malheureusement, il s'avère que le réalisateur Richard Stanley... tremble dans des histoires de violences conjugales donc ça a été annulé et c'est peut-être pas plus mal mais il y avait ce projet quand même de continuer à faire quelque chose donc moi je pense que vraiment et en plus Lovecraft je pense qu'on parle beaucoup de l'indescriptible mais il y a quand même des choses extrêmement étranges et qui sont décrites avec beaucoup de détails donc... il y a quand même des scientifiques qui dissèquent les créatures qu'ils ont trouvées elles ont une apparence très étrange mais c'est décrit avec beaucoup de détails et moi de toute façon j'ai découvert Lovecraft avec de la bande dessinée Merci. notamment Horacio Lalia et Albert Rubricia qui sont deux dessinateurs argentins et on peut représenter visuellement des trucs, après ça laisse de la marge ça laisse de la possibilité etc mais moi je pense très sincèrement que visuellement ça peut fonctionner voilà je pense que là de toute façon on est parti sur un long tunnel non de l'équilibré du coup donc on espère vous avoir donné envie ou pas de regarder Dagon de Stuart Gordon regardez-le

  • Speaker #2

    pour l'expérience Voilà. popcorn, d'ailleurs popcorn qu'on n'a pas eu. Oui, déception. Alors on a très bien mangé en le regardant, mais on n'a pas eu de popcorn.

  • Speaker #1

    Oui, alors excusez-moi, j'ai fait deux carrot cakes avec un sucre glace maison.

  • Speaker #0

    Oui, mais pas de popcorn. Ça joue quand même sur l'expérience avec le film.

  • Speaker #1

    Je retiendrai que ça joue sur l'expérience.

  • Speaker #0

    On aurait été plus indulgents avec le film si il y avait eu du popcorn. Mais voilà.

  • Speaker #2

    Le film n'est pas détestable.

  • Speaker #0

    Il n'est pas détestable, mais moi j'ai toujours ce petit...

  • Speaker #2

    C'est pas un bon film. Mais il n'est pas aussi mauvais qu'il aurait pu l'être.

  • Speaker #1

    Alors moi je dirais que contrairement aux autres films où on a vu, où je sais pas, tu vois, Tami tu peux rire tout seul devant ta télé, la RQ il est hyper intéressant, je pense vraiment que Dagon, si tu veux passer un bon moment, il faut être avec tes potes pour le regarder. Ne faites pas ça seul chez vous.

  • Speaker #0

    Nous sommes des professionnels.

  • Speaker #1

    Ça peut être dangereux. Voilà, faites attention.

  • Speaker #0

    Faites attention à vous. Bon, ben voilà, je pense qu'on a fait le tour de la boîte à sardines, du coup. Les hommes,

  • Speaker #1

    trappez !

  • Speaker #0

    Merci à vous pour votre attention, et on se dit à bientôt. Alors, on ne sait pas trop de quoi est-ce qu'on va parler la prochaine fois, mais ne vous inquiétez pas qu'on va vous concocter une très très sale bobine. Et voilà, et encore merci à Clément et Julie, bien voulus blablater avec moi autour de ce film. particulièrement poissonneux.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, à bientôt !

  • Speaker #2

    Allez, ciao, à la prochaine !

  • Speaker #0

    Salut, salut !

Description

Pour cet épisode, on embarque sur les côtes brumeuses de Galice avec Dagon, adaptation très libre de Lovecraft signée Stuart Gordon. Entre marins échoués, village poisseux et secte des profondeurs, le film revisite Le Cauchemar d’Innsmouth à la sauce série B : effets spéciaux inégaux, ambiance humide, pulsions pulp et folklore païen.
Sacha, Clément et Julie débattent d’un cinéma de genre qui interroge la fidélité à l’œuvre de Lovecraft : faut-il en respecter l’esprit ou oser la réinterprétation ? Entre fascination, rire et analyse, cet épisode plonge dans une adaptation aussi curieuse qu’attachante, où l’horreur cosmique flirte sans complexe avec le grotesque.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Et salut les sales petits potes ! Aujourd'hui, avec Julie et Clément, on a dépoussiéré notre vieux Necronomicon et j'espère que vous avez enfilé votre meilleur maillot de bain parce qu'on va aller sur la Côte-Gale de Galice. Et aujourd'hui, le film du jour, c'est Dagon de Stuart Gordon, sorti en 2001. Alors, Dagon, qu'est-ce que c'est ? C'est une adaptation très libre de la nouvelle de H.P. Lovecraft, Le Cauchemar d'Innsmouth, ou L'Ombre sur Innsmouth, ça dépend de la traduction. Et en gros, on va suivre Paul et sa petite amie Barbara, qui sont... en croisière sur le voilier d'Ami, au large des côtes de Galice.

  • Speaker #1

    Au voir des Vicky.

  • Speaker #0

    Au voir des Vicky, les deux amis, effectivement. Et à un moment donné, ils s'échouent sur un récif à cause d'une tempête très très soudaine. Et le seul espoir, c'est cette fameuse ville juste devant eux, un peu étrange, où on entend une sorte de mélopée bizarre. Et ils décident donc d'aller là-bas pour essayer de sauver leurs deux amis qui sont restés coincés sur le bateau. Et c'est là qu'ils arrivent à Imboka. qui est une traduction assez approximative espagnole de Ince Mouth. On te le ressente. Oui, ils ont fait... Après, il la rentabilise, il assorte toutes les deux répliques à peu près. Et c'est là que l'horreur commence. Donc évidemment, Paul et Barbara vont être séparés, puisque Barbara va rencontrer le prêtre du coin qui lui prétend avoir une solution, l'amener à l'hôtel pour qu'il puisse téléphoner. Et puis évidemment, on sait comment ça se passe quand deux personnes se séparent dans un film d'horreur. Ça se passe mal et c'est parti pour... La visite d'Innsmouth par Paul tout seul qui essaie désespérément de retrouver sa compagne. On ne va pas vous raconter tout le film, surtout si vous connaissez la nouvelle d'origine, c'est assez proche quand même. Mais voilà, donc ça c'était pour le résumé. Du coup, petit contexte, donc Stuart Gordon, réalisateur culte, qui a déjà plusieurs fois adapté Lovecraft par le passé, il avait déjà fait surtout Reanimator, qui est le plus connu. Et sa première suite, la troisième, était réalisée par son... compère Brian Luzna qui est aussi le producteur de Dagon et en gros Stuart Gordon donc un gars qui est issu du théâtre qui a fait beaucoup beaucoup de choses assez militantes dans sa vie et qui petit à petit s'est dirigé vers le grand écran et il a aussi adapté le Garland Poe avec le Chat Noir. Il a une filmographie très inégale, il y a du très bon comme du très mauvais, il a notamment fait Fortress avec Christophe Lambert, si vous avez vu ce film à un moment donné vous ne l'avez pas oublié. Et si vous ne l'avez pas vu, c'est pas grave. Et du coup,

  • Speaker #2

    est-ce que vous allez faire du très bon ou du très mauvais ?

  • Speaker #0

    Ah ben je vous laisse la surprise. Voilà, mais je vous ai dit que c'était pas grave si vous ne l'avez pas vu. Et donc on arrive en 2001 pour la sortie de ce film, sachant que ça fait depuis 1985 qu'il était en écriture et en projet, puisque ça devait être la suite de plus ou moins le projet suivant après Reanimator, sauf que ça n'a pas pu se faire.

  • Speaker #1

    C'est pour ça qu'ils ont gardé la police des années 80 au début du film en fait, quand on présente le titre et qu'on s'est dit ouais mais on n'est pas du tout en 2001.

  • Speaker #0

    Ouais ouais, y'a des anachronismes visuels quand même, assez forts.

  • Speaker #2

    Après je trouve ça un peu méta, Lovecraft c'est souvent des histoires de mal, qu'il ne faut pas déterrer, qu'il dort etc. Là on se demande s'ils auraient dû déterrer le script.

  • Speaker #1

    Ouais on aurait dû laisser Dagon à Innsmouth et se demander le lien entre les deux. D'ailleurs je l'ai le lien du coup, parce qu'en fait le côté bateau échoué c'est Dagon ! Oui ! Voilà, sauf que comme Dagon n'était pas assez long pour en faire un film, du coup on a pris une nouvelle suivante et on l'a collé.

  • Speaker #0

    Petit contexte en fait, Dagon c'est le titre d'une autre nouvelle de Lovecraft où il y a une divinité poisson gigantesque et on ne sait pas trop pourquoi ils ont choisi le titre Dagon plutôt que Innsmouth pour Cauchemar etc. Ils ont gardé Dagon le titre d'une autre nouvelle de Lovecraft qui n'est pas celle qui est adaptée, c'est un peu bizarre.

  • Speaker #2

    Alors moi j'ai une théorie, c'est parce que Dagon c'est... Plus vendeur sur le nom d'une divinité qui va traverser tout le film plutôt que le cauchemar d'Imboka ou ce genre de choses. À partir du moment où la nouvelle a comme titre Innsmouth et que t'es plus Innsmouth, bah tu peux plus faire cauchemar Innsmouth.

  • Speaker #0

    Oui, d'ailleurs, oui c'est ça. D'ailleurs, le titre espagnol c'est Dagon, la secte del mar. La secte de la mer en espagnol, voilà. et voilà donc en 2001 en fait ce qui se passe c'est que tout simplement Brian Newsnad Il y a un grand qui a aussi fait pas mal de films, un petit peu comme son compère Stuart Gordon, qui est très connu pour Society, dont on vous parlera peut-être un jour. On a créé une boîte de prod en Espagne, à Barcelone, et du coup c'était l'occasion tout simplement de tourner là-bas. Il se trouve que la Galice, ça ressemble un petit peu à l'ambiance à Innsmouth, donc Nouvelle-Angleterre, parce que c'est la côte atlantique de l'Espagne, il fait moche, les villages sont souvent abandonnés, c'est une région un petit peu sinistrée.

  • Speaker #2

    Certains parlent de la Bretagne Espagnole.

  • Speaker #0

    C'est littéralement la Bretagne Espagnole puisqu'ils parlent un langage celte et il y a des cornemuses. Donc on est vraiment sur une ambiance très celtique. Et d'ailleurs, pour le coup, c'est un tournage où tout le monde était content quand il pleuvait. C'était l'effet recherché, pour une fois. Donc voilà, ça c'est un petit peu le contexte et un peu le résumé. Quel est votre avis Clément ? Est-ce que tu peux nous dire ce que tu as pensé ?

  • Speaker #2

    Alors Dagon, moi c'est le genre de film qui me fait me poser cette question qui revient souvent quand on regarde un film, adapté d'un roman ou d'une nouvelle, c'est quoi une bonne adaptation ? Est-ce que c'est l'esprit ? Est-ce que c'est l'atmosphère ? Est-ce que c'est juste reproduire à l'identique les scènes comme l'espère les lecteurs, etc. Et Dagon c'est à la fois une... bonne et une mauvaise adaptation je trouve c'est un film qui est extrêmement inégal dans ce qu'il propose qui suit plus ou moins la nouvelle mais qui renonce c'est peut-être mon plus gros reproche en termes d'adaptation le film renonce à une partie de son atmosphère pour le choc visuel c'est à dire que Lovecraft il y a quand même très rarement des scènes gore wow voire pas du tout. Or que là, Stuart Gordon, il fait quand même très plaisir sur la fin. On est plutôt dans quelque chose de sensationnaliste, c'est-à-dire que plutôt que de venir toucher le spectateur sur une atmosphère, un bruit, quelque chose qui dérangerait, en fait, il préfère y aller comme un bourrin. Et du coup, il y a des moments où ça marche très très bien, et il y a des moments où ça marche absolument pas. pas du tout. Et alors le film il est vraiment inégal, je trouve qu'il a de très bons moments où là je retrouve Weizmaus, je retrouve du Lovecraft, il y a de belles idées visuelles et parfois il est complètement à la ramasse et en fait je pense que mon problème avec le film c'est qu'il est un peu vulgaire dans sa manière d'adapter Lovecraft.

  • Speaker #1

    Oui il est d'autant plus vulgaire qu'il y a quand même une part extrêmement importante du personnage de Barbara. Barbara, mon dieu, Vicky, en fait, dès le début, ça s'ouvre sur Barbara qui veut faire une fellation à son copain pour lui dire bonjour. C'est lourd, c'est sexuel, on est très très très loin de Lovecraft. Ou alors il n'a pas bien compris, ou alors il s'est juste dit je prends le matériel d'origine pour librement m'en inspirer, après je fais ce que je veux. Mais, enfin... Déjà quand tu vois le personnage de Barbara, c'est un peu notre Denise Richard de Tami. C'est-à-dire que quand tu la vois, elle a une plastique impeccable, tu sais que la nana est là dans le film pour qu'on voit ses seins.

  • Speaker #0

    Alors petit aparté, c'est une star de la télé espagnole à l'époque, et il y a une scène de grosse nudité à la fin qui a été très dure pour elle, parce qu'elle a déjà un statut, c'est pas une jeune actrice qui débute, les gens la connaissent en fait. Et du coup pour elle c'était quand même quelque chose de faire toute la scène finale où elle est toute à poil. Donc c'est vraiment... c'est Moreno... Meronio, c'est une jeune femme. En tout cas,

  • Speaker #1

    il y a ce côté lourd, il y a ces sous-entendus sexuels qui m'ont énormément déplu. Voilà, l'accouplement avec les divinités.

  • Speaker #2

    Alors, après, l'accouplement avec les divinités, ça, c'est une thématique qui se retrouve dans Lovecraft.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord, mais en fait, ce n'est jamais vu, ce n'est jamais expliqué, c'est sous-entendu, c'est suggéré. Il n'y a pas de sensualité dans l'oeuvre de Lovecraft, il n'y a pas de sexualité, il n'y a pas ou très peu de femmes. Et en général, ce sont des antagonistes. Mais voilà, il y a ce côté lourd. Après, il y a quelque chose qui m'a plu, un peu comme vous, c'est vraiment le village. Innsmouth est bien fichu. J'ai trouvé ça assez poisseux, humide. On est vraiment dans l'ambiance de la nouvelle où ça sent le poisson et on rêve juste d'être au chaud et au sec. Il y a vraiment cette idée-là.

  • Speaker #0

    Dans les réussites du film, pour moi, il y a l'aspect effet pratique. Parce qu'en fait, le problème de ce film-là, c'est qu'il y a des effets pratiques qui sont très bien, qui sont vraiment cools, honnêtes, et des effets visuels en CGI, en images de synthèse, qui sont très moches. On est en 2001, donc déjà, ils ne partent pas gagnants. Voilà sur un budget de 5 millions de dollars, il y a des moments où on voit que c'était Bah c'était pas fou fou sachant que on en parlait mais The Dishon par exemple c'est un film qui a un budget moindre et qui est quand même plus réussi. Bon après qu'est-ce qu'il y a de l'écarté, c'est tant de décalage quand même. Ouais bon pas beaucoup The Dishon, c'est pas si vieux que ça.

  • Speaker #1

    Non disons que ce qui est dommage dans Dagon en fait c'est ce côté, les effets spéciaux ne sont pas utiles au film. Et en plus ça le rend un peu ridicule. Moi je me rappelle Vous savez la première séquence du film où il est sous l'eau en train de nager et qu'il s'approche de cet énorme trou dans le sol. La première image c'est vu de très loin. Ça marche, c'est efficace. On s'arrête là en fait. Ensuite il rentre dans le tunnel. Là ça devient ridicule. Et c'est dommage parce que ces effets ne sont pas indispensables au film. Ils ne sont pas indispensables à l'histoire. Ils sont juste là pour essayer d'en mettre plein la vue mais ça fait l'effet contraire.

  • Speaker #2

    En fait pour rebondir, quand on parle d'effets spéciaux, on parle vraiment de tout ce qui est synthèse, CGI qui est très mal incrusté, c'est une catastrophe. Même ta Playstation 1 elle faisait mieux à l'époque. Ah bah bien sûr. Par contre tout ce qui est fait pratique, c'est à dire le maquillage notamment des hommes poissons, les 2-3 effets gore. Le maquillage est très bien. Ça par contre c'est vraiment la grande réussite du film et parfois ça dessert presque le film parce qu'il a absolument envie de nous montrer les trucs etc. Là où chez Lovecraft on est souvent dans la suggestion et que là on est vraiment dans un film pour fans de hentai. C'est à dire qu'il y a du tentacule, du ou de la tentacule, je sais jamais, du tentacule un peu partout. Il y en a beaucoup en tout cas. Oui, il y en a beaucoup, il y a tout qui a une forme fanique ou de tentacule parce que le film, encore une fois, il travaille son tentacule. Alors c'est un choix de faire ça. La question c'est est-ce que c'est une trahison de l'oeuvre ou pas, ça c'est une autre question aussi. Mais n'empêche que du coup ça donne une espèce de vulgarité au film parce que c'est pas fait avec subtilité. C'est fait de manière extrêmement bourrine, voire putassière. C'est à dire qu'on vous montre, regardez mon gore, regardez ma tentacule, regardez mon sang. Il y a vraiment des scènes gores où là ça pousse des trucs. Dans une scène d'écorchement vif qui est absolument abominable. Alors le truc c'est que le film est aussi déterri par ça. Le personnage principal quoi.

  • Speaker #0

    Le personnage de Paul, du coup le héros, qui est un mec qui a fait fortune en étant trader tout simplement. Et le running gag, le truc qui constitue son identité, c'est qu'à chaque fois, c'est en revoyant des scènes, après je m'en suis rendu compte, à chaque fois il dit « Ah, il y a toujours deux possibilités. » Il dit ça 156 fois dans le film. Et d'ailleurs en référence à Lovecraft, il a un pull miscatonique à la fameuse université.

  • Speaker #1

    Oui mais alors c'est un pull Wish

  • Speaker #2

    Ce qu'on disait c'était vraiment C'est vraiment le mec de la Business School

  • Speaker #0

    Business School Qui vend raccords en Espagne C'est ça et donc il a fait fortune là-dedans Mais alors ça le dessert oui et non Parce que certes c'est pas un mec spécialement sympathique Par contre il est largement plus intelligent Que la grosse majorité des personnages de slasher Ou de film noir qu'on peut croiser Parce qu'il est assez ingénieux Il prend des bonnes décisions Il essaie de s'en sortir jusqu'au bout En vrai il se débrouille bien sur le déroulé du film par rapport à une grosse majorité de personnages dans des films un peu nénardesques comme ça moi par contre ce qui on parlait de bonnes ou de mauvaises adaptations moi je trouve que c'est cohérent avec le fait que Stuart Gordon il a toujours fait ça en fait si vous prenez Reanimator ça n'a pas grand chose à voir avec un barbasse réanimateur de Lovecraft From Beyond ça n'a pas grand chose à voir avec Au-delà du mur du sommeil de Lovecraft non plus donc en fait ce côté très bis finalement avec la nudité du sexe, le côté un peu échevelé un peu potache c'est ça a toujours été présent. Après effectivement le côté gore, etc. et le fait de vouloir trop en montrer ça va en contradiction avec la suggestion chez Lovecraft, le côté indicible, etc. ou dit à demi-mot, etc. Mais là pour le coup on arrive au principal obstacle de comment est-ce qu'on fait pour adapter Lovecraft. Soit on fait un truc extrêmement atrocement, soit on fait quelque chose qui n'a rien à voir et qui est très explicite. Mais il y a un truc, parce que là on est parti, on a parlé des poissons etc, mais on n'a pas expliqué ce qui se passe dans la ville en fait fondamentalement, pour ceux qui n'auraient pas lu la nouvelle. Oui, pour ceux qui n'auraient pas lu la nouvelle.

  • Speaker #2

    Oui, alors dans la ville, il faut savoir que du coup à Imboka comme à Innsmouth, c'est une population qui s'est métissée avec, on va dire, des habitants des profondeurs. Avec donc des hommes poissons, alors là c'est Dagon carrément, et donc la plupart des habitants ils ont eu... et il leur est vers une divinité sous-marine qui s'appelle Dagon.

  • Speaker #1

    Des hommes crabes.

  • Speaker #2

    Ouais, c'est un peu les hommes crabes. Et du coup ils ont des branchés. Alors là, Stuart Gerson il a décidé, ce que tu avais vu, il a décidé de ne pas faire référence uniquement aux poissons. Alors ils ont quand même le teint un peu flasque, pâle, des yeux globuleux. Alors là il a rajouté des tentacules pour ajouter le côté un peu profondeur, un peu dégueulasse, etc. poule. Et du coup, le truc c'est que dès qu'il y a des étrangers viennent, on les sacrifie à Dagon, où on envoie les femmes être engrossées par Dagon pour donner des futurs petits bébés hommes-poissons.

  • Speaker #0

    Leur objectif c'est de vivre éternellement dans les profondeurs, donc il y a tout ce truc là. Et d'ailleurs il y a ce moment où on peut se poser la question de est-ce que Dagon c'est pas un peu du folk-horreur ? Parce que finalement c'est un cadre un peu isolé, un peu rural. on a une ambiance païenne avec une secte, etc. Et d'ailleurs, un des moments les plus réussis du film, c'est une séquence de flashbacks, où au cours de sa fuite, le personnage de Paul, qui a quitté son hôtel parce qu'il est pourchassé par les habitants du village, rencontre un gars, un autre habitant, qui lui est « normal » , il est juste alcoolique. Et c'est le dernier qu'ils ont pas pu...

  • Speaker #2

    Qui garde un peu comme un animal de compagnie, c'est le fou du but du village. C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ce gars qui s'appelle Ezekiel, lui il raconte l'histoire du village en expliquant que depuis plusieurs générations, comme les zones étaient plus assez poissonneuses, il y a eu cette histoire de pacte avec des divinités rencontrées dans les îles du sud, etc. Et toute cette séquence de flashback, elle est assez cool en fait, elle illustre justement le basculement de la ville, etc. Et c'est plutôt pas mal, il y a vraiment cette vibe folk-horreur, même la musique à ce moment-là est plutôt sympa. Il y a assez peu de musique dans Dagon, pour le coup, il n'y a pas beaucoup de moments, mais dans tout le flashback il y en a une qui est assez cool. Petite vibe, je ne sais pas, moi je trouvais que ça rappelait les morceaux un peu ambiants de Conal le Barbare, de Basile Poledouri, ça avait ce petit côté un peu instrument traditionnel, etc. Et ça c'est une des réussites du film, donc tout n'est pas à jeter, mais voilà, il y a vraiment ce côté très vulgaire, il y a beaucoup de séquences un peu drôles quand même, voilà, volontairement ou pas d'ailleurs, mais ça c'est toujours difficile à déterminer.

  • Speaker #1

    Ouais mais il y a, en fait comment dire... Tu vois, quand on parle de bonne ou de mauvaise adaptation, en fait, il y a tellement de matériel qui est pris chez Lovecraft et qui va à l'inverse, qui est mal compris, qui est mal fait. Tu vois, je reprends le personnage de Michael. Tout le temps, les personnages, si tu veux, chez Lovecraft, à un moment donné, sont des personnages qui bossent tous dans les sciences humaines, ils sont obsédés par l'anthropologie, obsédés par l'hérédité, obsédés par quelque chose. alors ouais mais qu'elle est débrouillard mais en fait le bol excuse moi je peux vous dire mais que le parce que c'est parce que tu as bien à dire est-ce que le reste et elle est en fait c'est un personnage qui qui est superficielle qui aime l'argent qui aime sa bimbo qui vit sur un yacht et qui est vraiment aux antipodes des personnages chez lovecraft si tu veux et il est du coup je comprends par cette idée de Ok, c'est librement inspiré d'eux, mais alors on va carrément appeler ça Dagon, on va... Je sais pas, il y a quelque chose qui me dérange dans le fait d'aussi volontairement mal adapté dans le sens à aller à l'encontre de choses qui sont importantes pour l'auteur.

  • Speaker #2

    Alors après, est-ce qu'on pourrait pas se demander si un personnage, dire Lovecraftien, écrit dans les années 2000... peut toucher un public, c'est-à-dire que Michael, c'est un peu l'archétype du trader superficiel vulgaire, mais qui regarde finalement une forme de décadence de l'Occident bourgeois, etc., qui se confondent à une autre forme de décadence finalement. Voilà, et ça permet peut-être aussi aux spectateurs de plus se reconnaître dans cette espèce de grand échalard un peu... Débrouillard mais parfois un peu neuneu aussi, un peu paume etc. plutôt qu'un aristocrate intellectuel qui vit sa meilleure vie dans la Nouvelle-Angleterre. C'est une question, je pense, de choix.

  • Speaker #0

    Non mais en fait déjà, le Lovecraft souvent les personnages n'ont pas d'intériorité, ils sont très... c'est des personnages fonctions souvent, ils sont définis par leur... c'est un étudiant, c'est un anthropologue etc. Ils n'ont pas de vie intérieure, là où le pôle bon. Il est ce qu'il est, mais il a quand même une forme de légère épaisseur, on va dire. Mais surtout, je pense qu'en fait, le calcul, on a choisi d'appeler ça Dagon, etc., et de faire le lien avec le craft, c'est du marketing, et c'est pour appeler à une catégorie, à un certain public qui va s'intéresser à ça, tout simplement. Moi, je pense qu'il n'y a pas vraiment de... On est sur un truc un peu exploitation série B, où en fait, le matériau d'origine, on l'aime bien, mais on n'est pas des fous furieux qui veulent adapter exactement à la virgule près. C'est juste, on aime bien ça, on l'a fait à notre sauce. Point, je pense qu'il n'y a pas de truc, ça ne va pas au-delà de ça, je pense. Moi, c'est ma...

  • Speaker #1

    Mais sans appeler à la virgule près, tu vois, parce que... Enfin, voilà, moi, niveau adaptation, je suis plutôt partisane de... Si tu réadaptes ou tu remakes ou tu images par images ou par mots... souvent assez peu d'intérêt. Mais là, je sais pas, moi vraiment, il y a quelque chose qui me dérange dans ce côté lourd, ce côté sexuel, ce côté... Voilà, aux antipodes de quelque chose. Après, tu vois, les personnages, pour rebondir, les personnages chez Lovecraft sont souvent des avatars de lui-même. Donc peut-être que Paul, en fait, est une projection de Stuart Gordon. Il rêverait d'avoir son yacht et d'être en bourse, mais...

  • Speaker #0

    Non, vu son passif militant, non. Mais il y a un truc, il y a cette dichotomie, où c'est quand même quelqu'un qui a dénoncé la guerre du Vietnam, qui a fait plein de choses assez critiques vis-à-vis de la société, et là il y a ce truc de... Peut-être qu'effectivement le personnage de Paul, c'est une critique de la société occidentale, superficielle, etc., obsédée par l'argent, la scène d'ouverture, c'est quand même lui qui refuse les avants de sa copine, parce qu'il est tourmenté par le cours de la bourse, etc., et donc du coup il jette son ordinateur dans l'eau, il y a quand même ce truc qui le rend immédiatement antipathique. voilà Mais du coup on tombe dans un truc où le personnage principal est antipathique et ça c'est toujours un peu gênant pour moi.

  • Speaker #2

    Après tu as presque, je trouve que l'empathie tu la développes parce qu'il s'en prend tellement plein la gueule durant tout le film. Et ça le film pour le coup il est pas avare, alors on retrouve la scène de poursuite qu'on a dans la nouvelle. Tout ce qui, en fait dès que ça se passe à l'intérieur de la ville qui est très labyrinthique, je trouve que ça marche très bien. Alors c'est un peu si on veut dire une réplique un peu cliché de critique. Le village d'Imboka, c'est un personnage en lui-même, tellement il dégouline, ça suinte le mal, carrément, t'as pas envie d'y aller. Pour le coup, je trouve ça super réussi, il s'en prend vraiment plein la gueule, jusqu'à ce qu'il se révolte à la fin et qu'il défonce la secte de manière plutôt efficace et plutôt violente. Et à un côté presque jouissif, à le voir se rebeller contre quelque chose qu'on lui dit être son destin, parce qu'on vous dira pas le... Le rebondissement, c'est le même que la nouvelle. Moi j'aime bien le fait que le film ait en partie une défaite quand même. Je trouve que le personnage de Paul acquiert de l'épaisseur petit à petit par son expérience et de ce qu'il traverse. Après, il y a des séquences qui sont vraiment gratuites dans le film.

  • Speaker #0

    C'est là la logique série B, un peu exploitation du film, c'est qu'il y a plein de moments où, notamment la séquence d'écorchement, est-ce qu'on a besoin de tout voir, etc., bah non. Mais voilà, il fallait les effets pratiques, etc. Mais je pense que c'est un truc aussi de... Les gens qui font ces films-là, souvent, ils aiment bien faire ce truc-là, parce que c'est le côté bricole, etc., et qu'ils aiment bien le côté artisanal, et du coup c'est fun, mais dans un contexte off-craftien, effectivement, on pourrait se dire, est-ce que c'est bien nécessaire ? Sauf qu'il y a une contradiction, parce qu'ils veulent se transformer en hommes poissons, mais ils récupèrent les pours. les étrangers pour ensuite les revêtir. C'est un peu bizarre, les petites vibes de la Sacrace François de Jouquet.

  • Speaker #1

    Je pense sincèrement qu'ils mettent ces peaux d'humains à la fin sur eux pendant le dernier rite pour Podagone, juste pour justifier le fait qu'on ait écorché des hommes dans le film, parce que ça n'a aucun sens.

  • Speaker #0

    Il y a clairement de ça, il y a clairement un côté gratuit.

  • Speaker #1

    Et c'est un peu dommage parce que moi je trouve qu'il y a un peu trop de choses gratuites, et alors moi je suis désolé, mais au contraire de vous, Michael, Paul... je vais y arriver, ça va être vraiment le gag mais alors Paul moi je n'ai eu aucune empathie pour lui du début à la fin, Ezekiel oui parce que c'est un personnage qui est rapidement touchant mais alors Paul,

  • Speaker #2

    mais qu'il aille foncer vers son destin qu'il aille se faire tentaculer exactement alors juste je voulais rebondir sur deux trucs du coup pour tout ce qui est des effets pratiques je trouve que les hommes poissons Ils sont réussis. Voilà, l'espèce d'hybride profond humain, je trouve qu'ils sont super bien réussis, d'un point de vue visuel. Alors, moi j'aimais bien les bruitages autour, alors vous, vous avez absolument détesté. C'est nul,

  • Speaker #0

    on peut les faire à la bouche.

  • Speaker #1

    Les coups de poing ! Les coups de poing sont extraordinaires.

  • Speaker #2

    Moi je parlais des effets des hommes poissons, mais oui, effectivement, les coups de poing sont extraordinaires. Mais tu peux le faire à la bouche, ben justement, c'est des bruits de bouche. du coup c'est cohérent

  • Speaker #0

    Ils étaient pas tous ridicules Il y en avait quelques-uns qui étaient pas mal C'est vrai mais Ce qui est rigolo c'est qu'il y a une diversité Il y en a un qui fait des bruits de dauphins Des claquements de dauphins C'est assez rigolo Ils ont fait une compile des meilleurs bruitages d'animaux marins Et ils les ont scotché sur les habitants de Inboka

  • Speaker #2

    Après il y a peut-être un petit truc Alors c'est peut-être moi qui ai sauté un passage du film Parce que mon attention n'était pas forcément focus Tout le temps dessus Mais tu vois la contradiction Alors t'as le truc de, on met des peaux humaines, etc. Est-ce qu'il n'y a pas une forme de... On peut pas voir ça comme une contradiction, justement, interne, où ils essaient de singer leur humanité d'avant ? Ou est-ce qu'ils veulent tous aller dans les profondeurs ? C'est ça la question aussi, parce qu'ils ont l'air quand même de plutôt rester, de s'installer, ils ont leur vie... Ils ont des familles ! Il y a ce passage avec ce gamin qui appelle son papa, qui vient d'attaquer les rois, qui les entaque.

  • Speaker #0

    Un gamin qui est normal. à peu près.

  • Speaker #1

    En fait, ils sont en phase de transformation. De toute façon, la finalité, c'est qu'en fait, ils se transforment tous. Quand on voit le capitaine, donc le capitaine dans les flashbacks, qui est le premier, qui est arrivé, qui a amené la divinité sur l'île, etc. Donc le capitaine est le plus ancien converti à la secte ésotérique de Daewon. Et donc voilà, le capitaine, quand on le voit, c'est que tout loup, humain, carpe, poisson, quoi. C'est un flash-lore mental. C'est un phénomène mental, on est à fond. Et donc en fait, je pense que les autres sont en phase de transformation. Quand on les voit, il y en a certains, ils ont deux doigts, on dirait qu'ils ont des mains palmées. Il y en a qui ont des mains palmées, il y en a qui ont des mains palmées, il y en a qui ont des tentes à queue à la place des doigts. C'est pas clair, mais le but est toute cette transformation finale pour le retour à la mer. Donc logiquement... ils sont pas censés avoir cette nostalgie de l'humain, ce truc de je veux revenir en arrière. Donc, ouais,

  • Speaker #0

    non. Moi, il y a une contradiction, parce que clairement, c'est expliqué par Ezekiel, il disait qu'il y a une dégénérescence progressive, donc forcément, le capitaine, c'est le plus atteint, donc c'est celui qui a vraiment l'apparence la plus monstrueuse dans tout le village, j'ai l'impression. Il y a la fameuse prêtresse aussi, là, qui a tout le bas du corps. qui est tentaculaire qui ressemble à Christina Ricci d'ailleurs il y a un autre sosie dans le film et le tenancé de l'autel c'est littéralement Dario Argento le tenancé de l'autel extraordinaire qui n'a pas une seule réplique dans tout le film qui est assez rigolo mais voilà il ya ces trucs de dégénérescence progressive moi j'aime bien le côté un peu bizarre de rien et qu'on les mains palmées il ya des contrôles c'est moi je trouve ça participe au côté la diversité à quoi ouais non mais ça pour le coup je suis assez d'accord avec clément c'est une des réussites du film a clairement les les habitants de la ville sont bien les décors aussi les décors sont très très cool arrivé à une boca on voit vraiment ces petites ruelles un peu bizarre un peu coupe-gorge l'hôtel qui est absolument immonde, où il n'y a rien qui va...

  • Speaker #2

    Il y a 2-3 plans de ruelle où on voit la fille qui traverse, on voit une silhouette en fond qui se déplace...

  • Speaker #1

    Très joli plan à la ville d'Eden d'ailleurs,

  • Speaker #0

    où la caméra est posée au sol... C'est le moment où il pète un câble, il va vers l'église pour tout cramer, il y a un moment où il veut le détruire, mais c'est un moment où il se transforme en hache finalement, où il dit « c'est bon, je vais tout faire péter » . Non,

  • Speaker #1

    le décor est bien, les toilettes absolument immondes de l'hôtel là...

  • Speaker #0

    Jumpscare,

  • Speaker #2

    le moment où tu vois les chiottes On dirait des chiottes d'autoroute mais genre ceux de la hadith en plein mois de juillet après un passage de carte de touriste vraiment on est sur un truc... Et même la séquence de l'hôtel elle marche vachement bien quand il le voit, il commence à vouloir entrer il se débrouille pas mal en plus Il va de pièce en pièce, il y a une... tension qui se crée, je pense que ça marche bien, pareil après il tombe dans un abattoir, il s'en sortira, il y a les peaux humaines qui sont en train de sécher, etc. Le film il a vraiment 2-3 séquences efficaces, c'est-à-dire que le film il n'a vraiment pas tout acheté, mais par contre il y a des trucs où tu te dis ça aurait pu être mieux ou ça aurait pu être fait autrement.

  • Speaker #1

    Il a rarement tout acheté, après voilà, moi ce que j'ai trouvé qui était dommage c'est ces incohérences par rapport à la... par rapport à l'oeuvre originale que j'aime beaucoup, qui ne gêneront pas peut-être des gens qui n'ont pas forcément lu la nouvelle. Il y a ce côté pareil, trop action. On est tout le temps en train de courir, on est tout le temps en train de passer d'une pièce à l'autre.

  • Speaker #0

    Alors, Décharge, pour le coup, c'est une des rares nouvelles avec les Montagnes de Lucidie, où il y a une scène de poursuite et un peu d'action. Et justement, la scène de l'hôtel, elle est super bien, elle est très fidèle à la nouvelle, où il s'échappe, il passe par les toits, il fait tout un truc. Elle est un peu longue, et dans le bouquin, c'est un... Bon morceau quand même, dans la nouvelle originale. Elle arrive plutôt vers la fin de la nouvelle, mais pour le coup, le côté action, c'est assez fidèle à la nouvelle. C'est mon opinion.

  • Speaker #1

    Ouais mais y'en a trop ! Y'en a beaucoup trop ! Y'a une baston toutes les 5 minutes ! Le moment où on a Nicky avec sa jambe coupée qui devient folle, et c'est qui les pols qui sortent avec leurs califs, qui se battent...

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Pour absolument rien parce qu'en fait ils se sont fait en recapurer et remettre au même endroit Il y a trop, il y a trop et en fait je pense qu'il a essayé vraiment de rythmer son film De scène comme ça, un peu action, un peu combat mais...

  • Speaker #2

    Après moi pour une fois ça me dérange pas parce que la nouvelle, moi ce que la plupart des gens gardent C'est l'ambiance et cette course poursuite du coup ça me semble un peu logique Tu vois comme cette scène de baston certes elle sert à rien mais en même temps Ouais bah ils se débattent parce qu'ils savent qu'ils vont aller à leur mort quoi Je trouve pas ça si... Si c'est incohérent que ça, alors oui, en plus c'est accentué effectivement par le mixage sonore qui est parfois catastrophique avec les coups de poing qui sont appuis, etc. Après, il y a deux, trois scènes, je trouve que quand ça... ...tap, bah t'as une vraie sensation de truc qui a frappé quelque chose et je trouve que c'est efficace. Alors, oui, mais j'ai compris que j'étais tout seul sur ça, moi. Ouais, bah là, on dirait un mec qui tape par tout ça, quoi. Mais par exemple, peut-être que tu vois la scène où il va dans la maison, où il rencontre la prêtresse, ça par contre, ouais, c'est un peu trop, là. Parce que finalement, ça ne mène à rien, à part à une continuité...

  • Speaker #0

    de la course poursuite tu vois déjà typiquement le passage où il l'embrasse et il essaie de lui mettre les doigts dans les branchies excusez-moi alors ça déjà la prêtresse n'existe pas dans la nouvelle originale ça rajoute de la nudité il y en avait déjà pas mal parce que en deux minutes de film t'as un plan nichon c'est très rapide mais on est encore dans une logique d'exploitation en fait c'est ça le truc c'est que le film d'Agon tel qu'il existait un film de série B donc l'objectif c'est qu'il y ait un peu d'action qu'il y ait un peu de gore qui a un peu de cul et si on met un petit vernis de craftien par dessus c'est cool Et voilà, après par contre, moi là où je suis d'accord avec toi Julie, c'est que moi, le problème c'est pas Dagon, c'est le fait qu'en face de Dagon, on a pas une adaptation vraiment cool, parce qu'elle a un potentiel de fou cette nouvelle, ou vraiment si on avait une atmosphère qui s'installait progressivement, qui serait plus insidieuse, parce que dans la nouvelle, vraiment, ça s'installe petit à petit, le narrateur se rend petit à petit compte à quel point il est dans un bourbier, etc., il a envie de se barrer, etc., et que d'ailleurs, il y a certes la poursuite, mais il n'y a pas d'affrontement dans la nouvelle avec les... Il essaie à tout prix de s'en sortir quoi, donc il n'y a pas de vrai combat. Mais du coup le film est... voilà, le problème de Dagone finalement c'est qu'il ne coexiste pas avec une adaptation qui serait sérieuse en fait. Paradoxalement je pense que c'est un peu ça son défaut.

  • Speaker #2

    Après trois choses auxquelles je pense, premièrement après ça colle à une certaine relecture qu'il y a eu du matériau d'origine de Lovecraft dans les années 90 avec le jeu de rôle qui est plutôt tourné vers le pulp. Et là pour le coup le film est complètement pulp. C'est à dire qu'à partir du moment où il y a le jeu de rôle, où s'est développé une espèce de licence autour de Lovecraft, il y a eu un choix qui a été fait d'être un truc un peu plus pulp pour le coup. Je trouve que du coup ça correspond bien à ça. Deuxièmement, alors là par contre je suis d'accord avec toi en fait, c'est que dans Innsmouth, comme dans d'autres nouvelles de Lovecraft, il y a un côté très poétique, presque lyrique, où tu touches quelque chose de métaphysique, de transcendant ou quelque chose de cosmique. Ce qui me fait amener au troisième point qui est l'horreur cosmique. En fait, il n'y a pas de poésie dans ce film. Non. Même la fin qui aurait pu être... Non mais même la fin...

  • Speaker #0

    Putain de féminisme, je dirais.

  • Speaker #2

    Par rapport à la fin de la nouvelle, qui est une espèce de poésie macabre, n'est pas présente. Ou en tout cas, si ça voulait l'être. Et je crois que ça veut l'être en plus, sincèrement. Mais ça marche pas trop. C'est très mal amené. Et il n'y a pas ce truc de l'horreur cosmique en fait. Et par exemple, le fait qu'à un moment donné, on ait un Dagon dégueulasse. En image de synthèse, ça ne marche pas, parce que Lovecraft, c'est vraiment sur la suggestion de quelque chose de menaçant, qui est si grand, si puissant, si indescriptible, que ça nous fait franchir une forme de mur épistémologique. Ce sera le terme du podcast, dans le sens où on n'arrive pas à se le représenter, on n'arrive pas à comprendre ce que c'est. Là, en fait, on a un monstre tentaculaire. et du coup il n'y a pas cette idée d'horreur cosmique et pourtant qu'on a dans la scène de flashback comme tu dis c'est du folk horror après Lovecraft c'est l'un des fondateurs du folk horror pour le coup de ces nouvelles c'est du folk horror la plupart du temps oui parce que c'est imprégné dans l'histoire de la Nouvelle Angleterre etc avec toujours des dimensions un peu sectes un peu paganisme avec des divinités surtout il y a l'aspect wilderness c'est à dire de personnages isolés de la civilisation qui se retrouvent dans un milieu soit qui est urbain mais très éloigné des centres de civilisation, soit dans quelque chose qui est plutôt forestier, ruines, etc. Et chez Lovecraft, il y a l'idée que la Wilderness, du coup ce qu'on appelle Wilderness c'est la nature vraiment sauvage, elle cache quelque chose qui est de primitif, soit d'ancien et qui pourrait détruire la civilisation, etc. Et en fait, c'est pour ça que je dis Lovecraft c'est un des pères fondateurs du folk horror, parce que le folk horror est un genre cinématographique qui se construit sur cette idée de Wilderness. Et pour le coup, le film, il le fait plutôt pas mal. Mais encore une fois, on est dans du cinéma bis-exploitation, on est dans quelque chose qui cherche à être pulp, et du coup, d'où la vulgarité qui fait qu'à un moment donné, ça passe pas. Mais il a ces fulgurances-là, je trouve, qui permettent de créer cette ambiance.

  • Speaker #0

    Ouais, non, mais c'est ça, en fait, oui. Même le folk horror, c'est pas que le cinéma, en fait. C'est un peu tout... Enfin, on en parle beaucoup en ce moment, parce qu'il y a beaucoup de films qui reprennent ces sites-là, les films de Robert Eggers, là, ou de Harry Haster avec Hérédité et Midsommar par exemple

  • Speaker #2

    Midsommar c'est vraiment du folk horror, Hérédité non

  • Speaker #0

    mais je suis pas d'accord ça dépend mais il y a quand même le truc païen ça se définit pas par le paganisme c'est vraiment un ensemble de termes c'est vrai qu'il n'y a pas le côté rural on va partir du principe que Midsommar c'est plus folk rock que l'hérédité mais il y a cette vibe là qui est très présente en ce moment, puis c'est la résurgence aussi du paganisme, il y a les liens avec l'écoféminisme, etc. Il y a quelque chose dans l'art du temps qui parle de ça. Mais le problème, c'est que, effectivement, à Lovecraft, il n'y a pas la dimension cosmique, comme tu disais, il n'y a pas la dimension... Il y a un retournement de situation final, qui dans la nouvelle est glaçant, qui est assez terrifiant, qui est peut-être la peur, une des peurs les plus intimes de Lovecraft, sur la dégénérescence. et qui là est traité un peu par dessus la jambe, il y a même un moment un peu la Dark Vador Dark Vador et Luke Skywalker, c'est vraiment le moment où le capitaine regarde le... Bon on va le dire, on va le dire, on va le dire !

  • Speaker #2

    Non non c'est bon,

  • Speaker #0

    c'est bon, c'est bon ! Mais il y a un moment vraiment très Star Warsesque et ça amoindrit le truc, en fait je pense que c'est ça le vrai problème du film c'est qu'il amoindrit des effets, il aurait pu être un film divertissement pulp sympa mais avec des fulgurances horrifiques vraiment... vraiment prégnante et là c'est l'inverse en fait c'est un truc qui se veut un peu un peu horrifique machin mais qui a plus des fulgurances et c'est un terme d'équilibré c'est un peu dommage après la qualité globale du film je trouve que ça reste ce qu'on disait c'est une qualité de téléfilm un peu un peu de luxe entre guillemets mais c'est pas un film c'est pas un film qui a une qui mériterait une postérité incroyable Voilà, après il a eu son petit cult following, il a quand même pas mal de gens qui continuent à le regarder 25 ans après, mais c'est pas... moi je trouve franchement qu'en termes d'adaptation de Lovecraft, on est quand même pas non plus...

  • Speaker #2

    Après moi je suis toujours un peu content d'avoir une adaptation de Lovecraft quand même.

  • Speaker #0

    Il y a toujours le petit plaisir, voilà, on est content. Mais moi je trouve que ce plaisir il est toujours amoindri par... Il y a un potentiel extraordinaire, ces films-là ils pourraient être vraiment beaucoup plus... plus intéressant beaucoup plus profond beaucoup plus beaucoup plus impactant ils le sont rarement c'est un peu le problème quand on est fan de l'offre à tse que les adaptations alors je crois que tu seras d'accord avec moi julie sur le fait que souvent les meilleurs adaptations de lovecraft c'est ce qu'il faut pas les adaptations bah c'est juste ouais c'est justement ça faut pas adapter en fait c'est à dire que tu

  • Speaker #1

    vas prendre une idée tu vas prendre un matériel tu vois moi je vois Voilà, j'ai découvert Lovecraft pas si tard en fait, pas si tôt je veux dire, c'était il y a vraiment une dizaine d'années, et en lisant les montagnes hallucinées, montagnes d'Ofmadness, les montagnes de la folie, tu sais, ça peut être comme tu veux en fonction des traductions. Les montagnes du délire. Mais, ça c'était ridicule par contre, mais tu vois, en le lisant je me suis dit, attends, mais c'est The Thing, tu vois, et tu vois ces espèces de scientifiques perdus dans l'Arctique. Voilà, qui vont aller déterrer quelque chose qu'ils n'auraient pas dû toucher. Putain, The Thing le fait bien, quoi. En fait, ils ont pris une idée, qu'ils se sont appropriés, qu'ils ont adapté, qu'ils ont fait partir dans autre chose. Tu vois, tu finis dans cette espèce de huis clos, où tout le monde suspecte tout le monde, où c'est bien fait, c'est bien foutu, la terreur elle est là, ça vient d'ailleurs. Mais ce n'est pas le roman ! Et il y a vraiment ce truc de... Je pense qu'il ne faut pas essayer, Lovecraft n'est pas adaptable. Déjà, Lovecraft est très difficilement traduisible. Quand tu lis tout le travail de traduction que ça a été pour les types... Je pense qu'il ne faut pas essayer d'adapter Lovecraft, je pense que c'est une très mauvaise idée. Et tout nous le prouve jusqu'à maintenant.

  • Speaker #0

    En vrai, je pense que déjà pour The Thing, c'est une adaptation d'une nouvelle de John W. Campbell qui s'appelle The Ghost of Earth, mais qui est influencée. Après, c'est la question aussi de l'influence de Lovecraft. C'est comme si un... Moi, je pense... Moi, je pense que c'est un des écrivains les plus influents du XXe siècle. Il a vraiment influé énormément de gens et même encore aujourd'hui, peut-être même encore plus aujourd'hui. Effectivement, le côté adaptation indirecte, il y a beaucoup de films qui sont sous influence Lovecraftienne, notamment chez John Carpenter, Le Prince des Ténèbres, je pense que c'est un des trucs Lovecraftien. Ou L'Anne de la Folie, où là, vraiment, on est dans un truc. mais effectivement des fois c'est les moyens détournés où on a capturé l'essence de ce qu'il faisait la terror Lovecraftienne et c'est ça qui est intéressant en fait mais on n'a pas pris une nouvelle ordre particulière moi je pense que c'est adaptable, je pense qu'il n'y a pas d'obstacle absolu à l'adaptation de la même manière qu'il a été traduit plein de fois et qu'il y a des très très bons...

  • Speaker #2

    par exemple moi je prends, on prend la dernière adaptation qui a un peu marché qui a le couleur tombée du ciel je trouve que le film a beaucoup de mérite dans ce qu'il veut il choisit un angle, il choisit de faire une adaptation libre mais... Il fait de vrais choix dans son adaptation là. On sent que le truc a été pensé, réfléchi. En plus, je veux dire, il y a quand même un... C'est pas des lamas, c'est des alpagas. Il y a un alpaga lovecraftien dans le film ! Et je trouve qu'il y a quelques tentatives, franchement, où ils essayent tout en s'appropriant la chose. Du coup, je suis pas d'accord avec toi quand tu dis que c'est pas adaptable. Parce que, en fait, en disant ça, je pense qu'on repousse beaucoup. de films qui pourraient être adaptés à d'autres matériaux littéraires.

  • Speaker #0

    Typiquement on disait ça de Lune de la Rose, on disait ça du Cernesau, on disait ça de plein de trucs. Watchmen, on pense qu'on veut Watchmen mais il y a quand même une adaptation qui existe. Et voilà, en fait je pense que Lovecraft, il y a ce fantasme. Je pense que malheureusement il n'a pas eu beaucoup de films intéressants. Moi je suis d'accord, la couleur tombée... Et en plus c'est une version actualisée, ils ne l'ont pas fait parce que ça se passe dans les années 20, dans la nouvelle originale, et là ils le font dans un contexte contemporain avec internet, les téléphones, etc. Mais ça fonctionne en fait, on peut même actualiser l'univers de Lovecraft, ce qui est fait dans Dragon, ça se passe à peu près en même temps. même temps que la sortie du film au début des années 2000. Il n'y a pas de décalage. Mais voilà, moi je pense sincèrement qu'il y a des adaptations possibles à faire. Il y a beaucoup de matériaux potentiellement adaptés. Le tout, c'est de trouver la volonté, le talent, la vision, l'ambition, le truc.

  • Speaker #1

    Ce qui me paraît compliqué, dommage en fait, dans un sens, si tu veux, c'est qu'on est vraiment sur la littérature de l'indescriptible où tu vas avoir ces dizaines de lignes, parfois, avec que Plein d'adjectifs pour décrire quelque chose de manière des fois tellement antithétique que ça a pour but que tu ne puisses pas te le représenter. Et en fait, le problème de vouloir adapter ce genre de nouvelles, c'est qu'on va t'imposer une image de quelque chose qui n'est pas censée être représentée. Et je pense que c'est ça aussi qui me gêne beaucoup.

  • Speaker #2

    Alors après... On a trop le temps de s'en tuner ! Mais tu vois, par exemple, ça pose la question des... Je sais pas si t'as lu les adaptations de Gotouge... Non pas de Gotouge... De Goutanabe ! De Goutanabe sur Lovecraft... Je trouve que parfois, justement, sur un médium qui est visuel, c'est-à-dire le manga, je trouve qu'il y a des trucs qui sont super réussis. Cthulhu, l'appel de Cthulhu est super bien réussi ! Justement parce qu'il arrive à choper... Cette idée d'une géométrie non euclidienne qui change au fur et à mesure, que le Cthulhu change d'échelle à chaque fois que tu le regardes, il n'a pas la même apparence, il y a vraiment un travail, une réflexion visuelle de comment je peux représenter ça. Pareil, les montagnes hallucinées, il y avait quand même le projet derrière de Guillermo del Toro qui n'a pas abouti, notamment à cause de Prometheus. De toute façon, tout est la faute de Prometheus à partir de sa sortie. Le monde est parti en cacahuètes à partir de la sortie de la métro. Je sais que le film a ses défenseurs, mais il y a des trucs que pour moi c'est indéfendable. Et en fait je pense qu'il y a une vraie possibilité de l'adapter. Sur les montagnes hallucinées, etc. il y a vraiment quelque chose à faire.

  • Speaker #0

    Non mais sur presque tout en fait. Normalement La couleur tombée du ciel ça aurait dû être une trilogie. Donc il aurait dû y avoir l'abomination de Dunwich et normalement In Sight of the Sea. Malheureusement, il s'avère que le réalisateur Richard Stanley... tremble dans des histoires de violences conjugales donc ça a été annulé et c'est peut-être pas plus mal mais il y avait ce projet quand même de continuer à faire quelque chose donc moi je pense que vraiment et en plus Lovecraft je pense qu'on parle beaucoup de l'indescriptible mais il y a quand même des choses extrêmement étranges et qui sont décrites avec beaucoup de détails donc... il y a quand même des scientifiques qui dissèquent les créatures qu'ils ont trouvées elles ont une apparence très étrange mais c'est décrit avec beaucoup de détails et moi de toute façon j'ai découvert Lovecraft avec de la bande dessinée Merci. notamment Horacio Lalia et Albert Rubricia qui sont deux dessinateurs argentins et on peut représenter visuellement des trucs, après ça laisse de la marge ça laisse de la possibilité etc mais moi je pense très sincèrement que visuellement ça peut fonctionner voilà je pense que là de toute façon on est parti sur un long tunnel non de l'équilibré du coup donc on espère vous avoir donné envie ou pas de regarder Dagon de Stuart Gordon regardez-le

  • Speaker #2

    pour l'expérience Voilà. popcorn, d'ailleurs popcorn qu'on n'a pas eu. Oui, déception. Alors on a très bien mangé en le regardant, mais on n'a pas eu de popcorn.

  • Speaker #1

    Oui, alors excusez-moi, j'ai fait deux carrot cakes avec un sucre glace maison.

  • Speaker #0

    Oui, mais pas de popcorn. Ça joue quand même sur l'expérience avec le film.

  • Speaker #1

    Je retiendrai que ça joue sur l'expérience.

  • Speaker #0

    On aurait été plus indulgents avec le film si il y avait eu du popcorn. Mais voilà.

  • Speaker #2

    Le film n'est pas détestable.

  • Speaker #0

    Il n'est pas détestable, mais moi j'ai toujours ce petit...

  • Speaker #2

    C'est pas un bon film. Mais il n'est pas aussi mauvais qu'il aurait pu l'être.

  • Speaker #1

    Alors moi je dirais que contrairement aux autres films où on a vu, où je sais pas, tu vois, Tami tu peux rire tout seul devant ta télé, la RQ il est hyper intéressant, je pense vraiment que Dagon, si tu veux passer un bon moment, il faut être avec tes potes pour le regarder. Ne faites pas ça seul chez vous.

  • Speaker #0

    Nous sommes des professionnels.

  • Speaker #1

    Ça peut être dangereux. Voilà, faites attention.

  • Speaker #0

    Faites attention à vous. Bon, ben voilà, je pense qu'on a fait le tour de la boîte à sardines, du coup. Les hommes,

  • Speaker #1

    trappez !

  • Speaker #0

    Merci à vous pour votre attention, et on se dit à bientôt. Alors, on ne sait pas trop de quoi est-ce qu'on va parler la prochaine fois, mais ne vous inquiétez pas qu'on va vous concocter une très très sale bobine. Et voilà, et encore merci à Clément et Julie, bien voulus blablater avec moi autour de ce film. particulièrement poissonneux.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, à bientôt !

  • Speaker #2

    Allez, ciao, à la prochaine !

  • Speaker #0

    Salut, salut !

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