- Speaker #0
Ok, on est en place, est-ce que tout le monde peut... Tout le monde en place, silence plateau s'il vous plaît ! Tout le monde en place, moteur demandé ! Silence plateau s'il vous plaît, personne ne parle, personne ne bouge !
- Speaker #1
Nous sommes à Chinon, en Indre-et-Loire, en février dernier. Pendant quelques jours, une équipe d'étudiants en cinéma a en effet tourné ici un court-métrage, avec pour jeunes acteurs des enfants placés. Les premiers viennent de l'ESRA, l'école de cinéma parisienne, les seconds vivent tout près, dans un village d'enfants géré par la fondation Action Enfance. Leur rencontre se fait dans le cadre de l'opération Action Enfance Fait Son Cinéma, qui permet chaque année, à près de 200 enfants et adolescents accueillis, 50 professionnels de la fondation et 300 étudiants en cinéma, de vivre cette aventure. Pour cet épisode un peu spécial, les enfants, l'équipe de tournage et l'équipe éducative présentent nous ont permis de nous glisser avec eux dans les coulisses de leur création. Je suis Marion Léotoing, vous écoutez Les Voix du Social, le podcast de la rédaction du Média Social.
- Speaker #2
Action ! Je m'appelle Rafael Trovato, j'ai 19 ans, j'habite à Paris et comme toutes les personnes qui travaillent sur ce film, on est à l'ESRA à Paris, une école de cinéma. On est ici pour tourner un film avec les enfants placés du village d'accueil Action Enfance de Chinon. Donc on tourne un film qui s'appelle A coeur Décousu. Et donc on tourne avec les enfants. Ils nous aident à la fois devant la caméra, puisqu'il y en a qui jouent des personnages, et d'autres qui nous aident à la technique, que ce soit à la lumière, au maquillage. C'est vrai qu'avoir plein d'enfants sur un plateau de tournage... le cinéma c'est quand même un milieu qui requiert une certaine rigueur. Donc j'avais peur de peiner à les canaliser. Et en fait, ça s'est passé super bien.
- Speaker #0
Moi, je m'appelle Clara. Je suis éducatrice au sein du village d'Action Enfance de Chinon. Donc je m'occupe d'enfants placés. Je suis référente du projet Action Enfance fait son cinéma. Ce projet-là, il existe depuis 8 ans. C'est la 8e année, la 8e saison. Action Enfance fait son cinéma, c'est des étudiants d'école de cinéma. qui nous envoie des scénarios qui sont choisis par le siège de la fondation et ensuite les équipes sont réparties sur les différents villages de la fondation et donc on tourne des courts-métrages, enfin les étudiants tournent des courts-métrages auxquels les enfants participent. Donc soit ils sont acteurs, soit ils participent derrière la caméra, ils aident pour faire les réglages, la lumière, le maquillage. L'objectif de ce projet, c'est... d'ouvrir un peu les possibles pour les enfants, qu'ils puissent voir un nouvel univers, et puis ça les sort aussi un peu de leur quotidien. C'est un projet un peu exceptionnel, qui a lieu tous les ans, mais qui est quand même un peu exceptionnel pour eux, puisque chaque année ils rencontrent des nouvelles personnes. C'est un projet qu'on prépare en amont. Les étudiants en général viennent une toute première fois pour rencontrer les enfants. Eux ils font déjà un petit repérage des enfants qui ont l'air d'être pas mal pour le scénario. Ils viennent aussi pour faire des repérages sur les lieux de tournage. Donc ils visitent les écoles ou d'autres endroits selon le scénario. Et en général ils reviennent une deuxième fois pour faire passer les castings. Donc là ils demandent aux enfants de passer chacun leur tour, ils prennent des photos. ils leur demandent de faire des petites scènes ou ils leur posent simplement des questions, ça dépend aussi à quel point les enfants sont à l'aise avec eux. Tout le monde est le bienvenu sur le projet, tous les enfants, tous les éducateurs aussi qui veulent aider. En fait, justement le but c'est que les enfants participent le plus possible pour leur ouvrir le champ des possibles, puis les faire un peu sortir du village aussi, parce qu'il y en a certains qui peuvent rester un peu... dans leur cocon, ils sont en sécurité en fait, et certains, aller à l'extérieur, ça peut être compliqué. Et puis le fait que les éducateurs soient présents, ça les aide aussi à être rassurés, et ils ne sont pas lâchés comme ça avec les étudiants. On a eu plusieurs réunions avec les étudiants, donc on fait ça par visio, puisque comme ils sont à Paris, ce n'est pas toujours facile de se rencontrer en vrai. Nous, on a eu plusieurs visios avec les étudiants, déjà pour... leur expliquer ce qu'est un village d'enfants, pourquoi les enfants sont accueillis, sans rentrer dans les détails, mais pourquoi ils sont accueillis, pour qu'ils aient un peu de contexte en fait. Parce que ça peut être compliqué pour eux d'appréhender, c'est pas forcément, les enfants placés, c'est pas forcément quelque chose qui est très connu de tout le monde. Donc voilà, c'est leur faire comprendre que c'est des enfants qui ont vécu des choses difficiles et qu'ils soient attentifs et qu'ils fassent attention à leur façon d'interagir avec les enfants.
- Speaker #2
J'étais pas du tout familier avec ça, dans le sens où je connais aucun enfant qui a été placé, donc je connaissais très mal ce milieu. Maintenant, je suis venu deux fois. avant le tournage pour faire des repérages, pour rencontrer les enfants, pour discuter avec eux. Donc j'ai eu beaucoup de temps. Quand je suis arrivé sur le plateau, je connaissais déjà la plupart des enfants. J'avais déjà tissé des liens avec eux. C'est très difficile de ne pas s'attacher parce qu'ils sont tous très, très attachants. Et je savais de toute façon que ça allait être une expérience formidable humainement. Je pense que ça prend bien parce qu'on a sur le plateau des enfants qui sont extrêmement motivés, qui avaient très envie de participer au projet. Il y a même des enfants qui n'avaient aucune envie de jouer et qui, pour autant, avaient envie de nous aider derrière la caméra. Donc en fait, quand les enfants sont motivés, je pense que ça va tout seul parce qu'ils ne voient pas forcément le temps passer. Même quand ils ne font rien à proprement dit, qu'ils ne jouent pas, ils nous regardent en train d'installer. Ça fait beaucoup d'animations, de choses qu'ils n'ont pas forcément l'habitude de voir. Et je pense que c'est ça qui fait que c'est particulièrement agréable de tourner avec eux.
- Speaker #0
Ça nous permet de travailler avec eux, en effet, sur les habilités sociales, parce que ce n'est pas toujours évident pour eux, justement, le fait qu'ils viennent de l'institution, qu'ils soient placés, on est quand même dans un cadre de vie assez particulier, donc ils n'ont pas toujours l'habitude d'interagir avec des personnes qu'ils ne connaissent pas. Donc c'est vrai que ce genre de projet, ça nous permet de leur montrer que... Quand quelqu'un est en train de faire quelque chose ou en train de parler, il ne faut pas lui couper la parole. Des interactions sociales qui nous paraissent basiques à nous, mais qui ne le sont pas forcément pour eux. Sur le social, c'est vraiment très enrichissant. En plus, les étudiants viennent un peu de partout, ils ont des parcours différents, qui sont différents aussi de nous les éducateurs. Donc ça leur ouvre vraiment beaucoup de choses aux enfants ce projet. Nous on insiste justement pour que les étudiants partagent un bout du quotidien avec nous, parce qu'il y a des enfants qui ne souhaitent pas participer au tournage, que ce soit devant ou derrière la caméra, mais par contre le fait que les étudiants viennent, ça amène quand même des discussions avec ceux qui n'étaient pas sur le tournage, et parfois même l'année suivante, finalement ils veulent participer. Donc c'est chouette et puis même si ces enfants-là ne sont pas sur le tournage, ils peuvent du coup rencontrer les étudiants, discuter avec eux. C'est vraiment un moment de partage. C'est un projet qui est très valorisant pour les enfants, que ce soit ceux qui sont devant la caméra ou ceux même qui sont derrière, parce qu'ils font aussi des choses, ils participent aussi au tournage. Le réalisateur, il va féliciter les acteurs. Même derrière la caméra, si un enfant qui a tenu la lumière, il l'a bien fait, c'est super, tu as fait un super job.
- Speaker #3
Je m'appelle Mylane, j'ai 9 ans et demi, c'est ma troisième fois. Moi, cette année-là, je ne fais pas un rôle principal, je suis figurante. En fait, il faut que je fasse en classe la petite sage, genre tu vois, je souris, c'est plein de choses. J'aime bien aider et être avec l'équipe. Je m'appelle Eleonhore et j'ai 11 ans et demi. Je vais avoir 12 ans au mois de mars. Je joue un personnage qui s'appelle Marie, qui est un des personnages principaux. L'année dernière, j'ai fait, mais j'étais figurante, du coup je faisais que, je ne sais pas, d'un exemple applaudir ou... pour le décor en fait. On ne les connaît pas tous les ans, il y a des étudiants qui viennent. J'aime bien les aider par exemple à faire le clap ou à installer les décos, des choses comme ça.
- Speaker #0
C'est un peu un projet qui rassemble tout le monde, que ce soit les enfants, les étudiants, les éducateurs. on a même parfois des chefs de service ou même le directeur qui passe sur le tournage donc ça permet de discuter un peu avec tout le monde se poser des questions et c'est un projet qui est très fédérateur déjà juste ça en fait on rencontre les autres villages ce qui est rarement le cas et au delà de sortir du village ça nous permet aussi de sortir de nos maisons parce que on est deux éducateurs par maison et on s'occupe des enfants qu'on a, donc on ne va pas toujours voir les autres maisons ou les autres enfants. Les parents sont au courant du projet, en effet, puisque c'est eux qui signent les autorisations de droit à l'image. Et ils sont très contents parce que justement, c'est un moment qui fait plaisir aux enfants. Ils ont envie aussi de voir ce que leurs enfants font au sein du village, puisqu'ils n'ont pas l'occasion de pouvoir rentrer sur les maisons toujours. donc ça leur permet aussi de voir un bout de la vie de leurs enfants qui sont ici.
- Speaker #2
Je pense que le cinéma pour des enfants dans cette situation, déjà rien que le fait de découvrir un monde qui n'est pas forcément leur, je trouve que c'est quelque chose de très intéressant. C'est aussi très gratifiant de prendre part à la création d'un film. C'est super de voir un film fini et de se dire, bon, j'ai aidé à le mettre sur pied. Et je pense que plus largement, le cinéma permet de rêver et de se projeter dans des choses qu'on ne pourrait pas vivre. Et c'est forcément quelque chose de très agréable. Tout le monde aime rêver.
- Speaker #1
Ces jours-ci, les enfants du village de Chinon s'apprêtent à vivre le point d'orgue de leur aventure. Le moment tant attendu. Celui de la soirée de gala au Grand Rex, à Paris, qui vient clore cette huitième saison d'"Action enfance fait son cinéma". Trois prix, attribués par un jury présidé cette année par le réalisateur Christophe Barratier, y sont remis à trois des quinze courts-métrages tournés dans quinze villages d'enfants. Lauréats ou pas, les apprentis acteurs et techniciens du village de Chinon auront vécu un grand moment. Une belle soirée de fête, en tenue chic, et la projection de leur création sur le grand écran d'une célèbre salle parisienne. De quoi nourrir l'envie, sans doute, de participer à la saison 9.
Vous venez d'écouter Les Voix du Social. Cet épisode a été conçu et réalisé par Marion Léotoing, rédactrice en chef long format du Média Social. Si vous l'avez aimé, n'hésitez pas à nous le dire et surtout à le partager autour de vous. Et si vous souhaitez à votre tour faire entendre votre voix, témoigner de votre parcours, mettre en lumière une action, raconter une rencontre, partager un combat, n'hésitez pas à nous faire signe en nous écrivant à l'adresse de la rédaction que vous pouvez retrouver dans la description de ce podcast. A bientôt pour un prochain épisode, et d'ici là... suivez l'actualité des acteurs du social sur notre site www.lemediasocial.fr