- Marie Ozier-Lafontaine
Je suis Marie-Oziela Fontaine, activatrice du génie au féminin. Chaque jour, j'accompagne les femmes à révéler leurs trésors cachés pour vivre la vie qu'elles méritent. Dans ce podcast, j'invite des femmes qui ont osé s'affranchir des dictates pour trouver leur juste place. Bienvenue dans le podcast « Ozla, Les Voix qui Osent ! » .
Bonne écoute !
Bonjour Elodie.
- Élodie Placide
Bonjour Marie.
- Marie Ozier-Lafontaine
Merci beaucoup d'avoir accepté ce petit moment à partager dans le podcast « Ozla, Les Voix qui Osent ! » . Je te souhaite la bienvenue.
- Élodie Placide
Merci beaucoup, merci pour l'invitation.
- Marie Ozier-Lafontaine
Donc Elodie, on s'est rencontré dans le cadre du magazine Portrait de Femme parce que moi je t'avais vu lors de la Bourse Paille que tu as remporté en 2022 et j'ai été assez épatée par ce magnifique projet de... C'est une magnifique entreprise, ce n'est plus un projet, c'est une entreprise, une entreprise de culottes menstruelles, donc la première et la seule Martiniquais.
- Élodie Placide
Ah oui,
- Marie Ozier-Lafontaine
c'est vrai, c'est plaisir. Et du coup, ça me fait vraiment plaisir que tu sois là aujourd'hui, que tu puisses partager avec nous ta vision. Tu es à la tête de ton entreprise, tu as 28 ans et aujourd'hui tu es revenue au pays depuis quelques mois pour continuer tes activités ici parce que tu as ta marque, Cliti. Mais il n'y a pas que la marque, puisque derrière il y a tout un projet de sensibilisation à l'égalité femmes-hommes dont tu vas nous parler dans un instant. Donc bienvenue à toi, on va passer un petit moment ensemble dans ce bel espace, le 33. Et nous remercions du coup la Station Culturelle de nous accueillir ici pour ce petit moment à partager. Et la première petite chose que je vais te demander, c'est une petite activité. Tu as devant toi, comme tu le constates, un cercle de cartes. et je vais te demander de fermer les yeux, de positionner ta main au-dessus des cartes et de la faire évoluer, la faire voyager au-dessus des cartes, de t'arrêter quand tu le sens. Donc c'est peut-être une question d'intuition, de fourmillement dans les doigts ou de chaleur dans la main. Tu t'arrêtes, tu choisis ta carte, tu regardes l'illustration et puis bien sûr le message du jour qui est inscrit derrière et tu nous diras après ce que ça te raconte.
- Élodie Placide
C'est parti ! Je le lis tout à l'heure, c'est ça ?
- Marie Ozier-Lafontaine
Tu peux le partager maintenant.
- Élodie Placide
Alors, entre dans la danse de la vie, joie, enthousiasme, miroir, harmonie, des mots des étoiles, tout un univers en toi et donc autour de toi t'attend. La joie, le bonheur dans ton monde extérieur n'est que la conséquence de la joie présente en toi dans le monde intérieur.
- Marie Ozier-Lafontaine
Est-ce que ça te parle ?
- Élodie Placide
Ouais, oui, oui, beaucoup je pense. Je pense qu'en ce moment je suis un peu dans cette bulle où tout se passe bien. et du coup ça fait pas mal écho en moi le bonheur dans le monde extérieur n'est que la conséquence de la joie présente en toi dans le monde intérieur je pense que pour une fois on est dans l'alignement donc oui clairement ça fait écho
- Marie Ozier-Lafontaine
Oui on en profite quand on est dans l'alignement c'est clair
- Élodie Placide
Ouais j'ai du mal à en profiter mais j'essaye en tout cas,
- Marie Ozier-Lafontaine
dis-moi Élodie tu es cheffe d'entreprise aujourd'hui. À quoi tu rêvais quand tu étais petite, qu'est-ce que tu avais envie de faire plus tard ?
- Élodie Placide
Alors j'avais envie d'être princesse, c'était un peu inatteignable. J'ai voulu être écrivain, j'ai voulu être professeur, des métiers un peu solo, quand maintenant je me rends compte avec mes yeux de maintenant, des métiers plutôt solitaires. Et l'entrepreneuriat est venu, je pense, beaucoup plus tard au niveau du lycée plutôt. Mais ce n'était pas non plus quelque chose que je m'autorisais ou que je pensais possible pour être honnête. Donc, c'est venu vraiment dans la vingtaine quand j'ai eu l'occasion et que je me suis dit que si je peux le toucher du doigt, je peux y arriver. Mais je ne m'autorisais pas nécessairement à rêver jusque-là. Je me suis dit que là, c'est des choses un peu plus atteignables, c'est possible pour moi, etc. Donc, évidemment, avec le recul, on se dit que c'était une évidence. Mais avec mon regard plus jeune, ça ne l'était pas nécessairement.
- Marie Ozier-Lafontaine
Oui, parce qu'au départ, quand on a préparé le podcast, tu m'as dit que tu as fait des études d'anglais. pour être professeur, que tu as bifurqué en communication digitale et que tu as commencé à produire du contenu sur YouTube, en lifestyle, avec des conseils make-up, mais aussi déjà des questionnements sur le genre, des questionnements sur le racisme, etc. Et puis finalement, pour développer ce projet d'entrepreneuriat, est-ce que tu peux nous expliquer un peu ce cheminement, comment on passe d'un projet de prof d'anglais ? donc qui est quelque chose d'assez cadré, sécurisé, etc., à finalement créer une entreprise comme ce que tu as fait aujourd'hui ?
- Élodie Placide
Je pense que mon but, peu importe mes chemins professionnels, a toujours été le partage, en fait, et que quand on est professeur, quand on forme, on est dans le partage d'informations, dans le partage de la connaissance, etc. Et c'est ce qui me plaisait le plus dans ce métier-là. C'est ce qui me plaît encore à l'aujourd'hui. aujourd'hui dans ce métier-là. Après, il y a plein de choses logistiques qui faisaient que je n'avais pas nécessairement envie de travailler directement pour l'éducation nationale, je n'avais pas forcément envie de continuer le master MEF, le master pour l'éducation. Et je me suis dit non mais là je ne m'y retrouve plus, je ne suis plus en alignement avec moi, ce que je fais. J'apprenais des choses extrêmement théoriques que j'adore, mais je n'avais pas l'impression d'apprendre des choses concrètes au quotidien pour réussir à gagner de l'argent. Et là, c'était la phase de ma vie où j'avais envie de beaucoup gagner de l'argent. Donc, je me suis dit que j'allais bifurquer, surtout qu'à 18 ans, j'hésitais entre la licence d'anglais et le BTS Info-Communication, Information-Communication. Donc, je me suis dit, autant, pourquoi pas tenter la communication. Comme je te l'avais dit, j'avais lancé une chaîne YouTube en parallèle. Ça se passait très bien. C'était hyper intéressant. Je m'épanouissais beaucoup à nouveau dans le partage d'informations. Donc, je me suis dit, autant valider toutes les connaissances que j'ai eues en autodidacte par un diplôme. et puis voir ce que ça peut m'apporter. Et du coup, j'ai fait une espèce d'année de transition qui préparait au master, et ensuite un master en communication digitale. J'ai adoré de A à Z, ça s'est hyper bien passé. Je me suis dit, ok, c'est vraiment ma passion de ce côté-là, l'information, le partage, la création, les choses comme ça. Et après, Cliti, c'est un peu l'extension de ça, mais sur des sujets plus précis. Donc, comme tu l'as abordé, l'égalité homme-femme, l'endométriose, les valeurs écoresponsables, féministes, etc. Mais au final... On est toujours sur du partage de quelque chose en fait. Et je pense que c'est ça le fil rouge de ma petite, pour l'instant, carrière professionnelle en fait.
- Marie Ozier-Lafontaine
Petite, mais déjà belle.
- Élodie Placide
Il y a déjà quand même pas mal de choses. Oui,
- Marie Ozier-Lafontaine
je le trouve aussi. Et du coup, pourquoi Cliti ? Pourquoi les culottes menstruelles ? Pourquoi ce projet-là pour partager ?
- Élodie Placide
Cliti, du coup, le projet de culottes menstruelles, le projet de protection réutilisable, est arrivé parce que moi je suis atteinte d'endométriose depuis toujours en fait. Et je ne trouvais pas nécessairement de protection adaptée à la pathologie, adaptée aux flux hémorragiques. Les protections réutilisables étaient trop fines ou pas assez performantes pour mon cycle à moi. Les protections jetables étaient plutôt toxiques pour le corps et la planète, donc je ne m'y retrouvais pas non plus. Et du coup, quand j'ai eu l'opportunité de commencer à travailler sur la création d'une entreprise, je me suis dit, autant y aller à fond. Quand on monte son entreprise, on me demande c'est quoi le problème de votre vie, et moi c'était mon utérus. donc j'essaie de trouver... plein de façons d'adoucir ma vie de ce côté-là et de voir si celle des autres aussi avait besoin d'être adoucie de ce côté-là. Et c'est comme ça que je suis tombée sur les protections. Et je me suis dit, je pense qu'on a besoin de mieux et qu'on peut faire mieux, qu'on peut faire plus beau, plus confortable, plus efficace par rapport à ce qu'on nous propose comme protection à l'heure actuelle. Et qu'on peut avoir aussi plus d'informations, qu'on n'ait pas besoin de chercher à mille endroits qu'est-ce qui est bon pour moi, qu'est-ce qui est mauvais, qu'est-ce qui est adapté, etc.
- Marie Ozier-Lafontaine
Oui, parce que Cliti, on a nos produits. Mais on a aussi le conseil, la sensibilisation. Donc l'endométriose, c'est quelque chose que tu vis depuis longtemps. Comment ça a joué dans ton parcours de femme notamment et puis de professionnelle ensuite ?
- Élodie Placide
Moi, j'ai été diagnostiquée, j'avais 20 ou 21 ans, je crois. Et du coup, avant ça... On a un peu l'impression d'être folle, parce que tout le monde dit que c'est OK, que c'est normal, et on se rend bien compte qu'il y a un truc pas OK, pas normal. Donc c'était une autre période, et une fois que le diagnostic est posé, il y a quelque chose de très rassurant dans ça, parce qu'on est légitime dans ce qu'on vit. Et là, c'était un peu la course à la guérison, si je puis dire. Après, est-ce qu'il y a guérison, est-ce qu'il n'y en a pas ? C'est un autre sujet. Mais c'était la course à aller mieux, à essayer d'enrayer la machine plutôt. de la pathologie et ça m'a pris beaucoup beaucoup de temps et d'années de vie si je puis dire parce que les traitements hormonaux sont pas toujours très faciles sur le corps donc voilà j'ai pris beaucoup de poids rapidement donc fallait gérer mon image de ce côté là gérer les conséquences aussi de la maladie de ce côté là globalement dans la majorité de ma vie j'ai été médicamenté pour l'endométriose donc ça n'a pas eu l'occasion de trop impacté ma vie professionnelle Et quand ça a vraiment commencé à impacter ma vie professionnelle, je travaillais à mon compte. Donc, ce qui fait que je pouvais arranger mes rendez-vous et ma carrière professionnelle autour de la pathologie. Ce que je ne pouvais pas faire, en fait, quand j'étais salariée. Même si j'ai quand même globalement connu des gens assez ouverts à ça, qui permettaient le télétravail, etc. Qui avaient une certaine compréhension du sujet. Mais, ouais, je dirais que c'était un peu le bordel, en fait.
- Marie Ozier-Lafontaine
Et justement, pour sortir de ce bordel, est-ce que le fait... de choisir l'entrepreneuriat, puisque en entreprise, c'était quand même assez complexe. Aujourd'hui, ce n'est pas forcément un phénomène, enfin une maladie du moins, qui est reconnue et qui est reconnue en termes de congés accordés, etc. Est-ce que ça a joué dans la création de ton entreprise, dans bien sûr la thématique, on l'a compris, mais aussi dans cette volonté que tu as de sensibiliser ?
- Élodie Placide
Je pense que dans la volonté de sensibiliser, oui, ça a joué à 200%. Après, dans la volonté d'entreprendre, je ne suis pas sûre. Je pense que j'avais envie d'entreprendre de base et que, évidemment, ça facilite mon mode de vie. Mais je pense que la liberté du mode de vie qu'apporte l'entrepreneuriat, au-delà de l'endométriose, me plaisait en tant que personne. Et c'est vrai que, par contre, mes circonstances de vie, si je puis dire, le fait que je sois malade, ça s'imbrique bien dans cette dynamique. Mais je ne dirais pas que c'est le premier moteur. Après, c'est sûr que pour la sensibilisation... Moi, je me suis rendu compte qu'au quotidien, c'est quelque chose qui va impacter ma vie. Et je ne suis pas la seule. L'endométriose, ça touche énormément de femmes. Deux femmes sur dix. Donc, je sais qu'on est toutes à vivre ça. Et que plein de femmes et plein de personnes atteintes d'endométriose doivent travailler à temps partiel, doivent arrêter de travailler. Parce que ce n'est pas possible, en fait. Et du coup, j'avais envie... Enfin, j'ai pris un peu le truc à bras-le-corps. Parce que, évidemment, ça me concerne moi. Et il y a plein de gens autour de moi. De se dire, ce n'est pas normal, en fait. Donc, faisons quelque chose de mieux pour ça.
- Marie Ozier-Lafontaine
Et tu es allée plus loin puisque je crois que c'est cette année que tu as été diplômée justement en sociologie du genre. Donc, pour aussi aller dans les entreprises et sensibiliser les professionnels à la condition féminine quelque part. Parce qu'il y a l'endométriose, mais il y a toute notre condition féminine qui n'est pas forcément prise en compte dans les entreprises. Et puis, on est encore loin de l'égalité femmes-hommes. Donc, comment ça se traduit aujourd'hui dans ton activité ? Donc ce diplôme, j'imagine, t'a donné des outils, des clés pour pouvoir sensibiliser. Et comment ça se passe aujourd'hui dans les entreprises ?
- Élodie Placide
Alors en effet, j'avais très envie de passer ce diplôme, aussi bien pour moi que pour mon entreprise. Donc il y avait un alignement de ce côté-là, donc j'ai foncé. Incroyable expérience, comme tu as dit, beaucoup d'outils qu'on apprend, beaucoup de choses, beaucoup de connaissances. Et ce qui est bien et en même temps un peu frustrant, c'est que les choses, elles évoluent tout le temps. Donc les études, elles sortent tout le temps, etc. Et du coup, là, de pouvoir se poser académiquement et d'avoir les informations qui sont déjà triées, entre guillemets, qui viennent à soi, c'était exceptionnel. Et pour les entreprises, moi, j'ai envie de vraiment développer mon activité de sensibilisation autour de ces sujets et donc de devenir un peu plus une référence sur le conseil en égalité. Donc, comme tu as dit, en fait, à la condition féminine, parce qu'on est loin de l'égalité salariale qu'on prétend avoir. Et ce n'est pas normal non plus à ce stade en 2024. et bientôt 2025. Et je pense qu'en vrai, surtout en Martinique, il y a surtout un vivier de personnes qui sont intéressées par le sujet, aussi bien la santé féminine, parce qu'on a remarqué que de par le chlordécone, etc., il y a plus de cas de pathologies gynécologiques sur nos territoires. Donc ça fait écho en vrai aux entreprises. Et je pense qu'il faut aller plus loin, au-delà de la condition de santé des femmes, il faut les prendre dans leur globalité en tant qu'individus.
- Marie Ozier-Lafontaine
Et comment ça se passe quand tu interviens en entreprise sur ces sujets-là ? Parce que ce n'est pas forcément des sujets qui sont abordés ni tous les jours, ni dans toutes les entreprises. On parle parfois de questions qui relèvent de l'intime pour certains et qui doivent peut-être rester de l'intime pour certaines personnes. Donc comment tu fais pour aborder ces sujets avec les femmes et avec les hommes, donc avec ton public au sein des entreprises ?
- Élodie Placide
Alors, pour le coup... Pour le coup, il faut sortir le sujet de l'intime. Je pense que c'est ça qui est hyper important au début, c'est qu'en fait, la santé sexuelle et reproductive, il faut la sortir du cadre de l'intime parce que c'est quelque chose qui concerne tout le monde. C'est quelque chose qui concerne tout le monde, toutes les strates de la population, et la santé des femmes concerne tout le monde par défaut. Donc, il faut déjà mettre en place, on va dire se faire, appeler à tout le monde, parler de règles, parler de grossesse ou même d'infertilité, ou aller voir de ménopause, etc. C'est pas... pas des sujets tabous qu'on garde à la maison en fait. C'est un peu, moi je mets ça un peu sur la même strade que l'éducation sexuelle et reproductive, il ne faut pas que ce soit fait à l'école. En fait, si. Parce que c'est quelque chose qui touche tout le monde partout et qu'il y a des choses aussi qui ne sont pas faites à la maison et qui ne sont pas faites dans toutes les familles. Donc il faut les faire bien quelque part. Et c'est la même chose pour tout ce qui est les sujets de santé féminine. Donc il y a des gens qui sont d'accord, il y a des gens qui ne sont pas d'accord. C'est très générationnel pour être honnête sur ce sujet-là. Mais ensuite, il n'y a pas vraiment de gap homme-femme. Les hommes sont tout aussi intéressés que les femmes sur ces sujets quand on est en entreprise, quand je suis en atelier ou en conférence. Quand il y a une majorité d'hommes, ce sont eux qui posent le plus de questions.
- Marie Ozier-Lafontaine
Et ils sont curieux.
- Élodie Placide
Ils sont très curieux parce que, en fait, c'est ça, ils n'ont pas nécessairement la connaissance. Les femmes n'ont pas non plus toujours envie d'intervenir parce qu'elles n'ont pas forcément envie non plus qu'on... qu'on les voit, entre guillemets, à ce moment-là. Et les hommes, eux, sont très curieux. Donc, du coup, il y a beaucoup de questions, il y a beaucoup d'échanges, que ce soit entre les salariés eux-mêmes au moment de l'atelier ou entre moi et les salariés à ce moment-là. Donc, ce n'est pas très difficile, en fait, de convaincre les hommes de l'importance de ces sujets. Mais par contre, c'est plus difficile de les faire venir pour qu'on parle de ces sujets. En fait, c'est la traction avant qui est plus compliquée. Mais pendant, par contre... Voilà, on est très interactifs. Mes ateliers, il y a beaucoup d'échanges. On n'est pas sur que de l'information descendante, sur un cours magistral ou une conférence où il n'y a que moi qui blablate. Ça ne m'intéresse pas trop. Et du coup, je pense que c'est ce qui marque les gens et ça les rend acteurs de la connaissance. Ça les force à vraiment travailler leur cerveau sur le moment et pas juste à s'asseoir là et se dire « je vais écouter cette conférence parce qu'on m'a forcé à être là » . Ils sont obligés de prendre part et donc obligés de se questionner pour de vrai.
- Marie Ozier-Lafontaine
Je trouve ça plutôt rassurant ce que tu dis par rapport à la gente masculine qui s'interroge, qui est curieuse et qui pose des questions et qui considère, du coup, en posant des questions, que ça les concerne quelque part. Donc, quelque part, c'est rassurant. Est-ce que toi, ça t'a surprise quand tu es arrivée pour tes premiers ateliers, par exemple ? Est-ce que tu t'attendais à cet accueil-là ?
- Élodie Placide
Oui et non. En fait, dans un sens, on va dire sociologiquement, ça fait sens parce que quand je vais dans des entreprises, c'est souvent... des personnes diplômées, qui ont beaucoup de culture, qui ont beaucoup d'éducation, etc. Donc, ça fait sens, en fait, qu'ils soient déjà dans un sens sensibilisés à ces sujets-là ou qu'ils en aient déjà entendu parler. Et puis, c'est souvent des entreprises qui sont aussi engagées quelque part, soit écologiquement, soit socialement. Donc, il y a un terreau, on va dire, fertile. C'est rare que j'ai été dans une entreprise sensibilisée où il n'y a pas déjà eu des sensibilisations sur certains sujets. Donc, je pense que c'est aussi pour ça que mon expérience est si positive. à voir si je vais dans une entreprise qui n'a jamais sensibilisé à absolument rien. Bon, je pense que là, peut-être qu'on va se frotter un peu plus de choses, mais ce ne sont pas des sujets étonnants, en fait, pour les personnes. Donc, c'est vrai que c'est très agréable. Je pense que ça surprenait beaucoup le corps administratif, en fait, les ressources humaines, la direction, de se dire « Ah oui, en fait, ils sont très, très intéressés, les hommes parlent beaucoup, quoi. » Mais pour moi, je me suis dit « Bah... » En fait, oui, c'est ce que je vous dis, ça parle à tout le monde. Je pense que c'est le cliché qu'on en a et les préjugés du « non mais il n'y a que les femmes qui vont venir, il n'y a que les femmes qui vont parler » . Ce n'est pas vrai. En fait, les hommes ont des femmes dans leur vie, ont des filles dans leur vie, ont des personnes qui ont des utérus dans leur vie. Donc en fait, ça parle à tout le monde.
- Marie Ozier-Lafontaine
Oui. Et est-ce que tu as prévu, tu parlais de gap générationnel, d'intervenir par exemple dans les collèges ou dans les lycées ? Est-ce que c'est quelque chose que tu entrevois ?
- Élodie Placide
C'est quelque chose que j'aimerais bien, on va dire que logistiquement, c'est juste beaucoup plus compliqué d'intervenir dans les sphères éducatives. Mais ce n'est pas quelque chose pour lequel je suis contre, on va dire. Mais c'est vrai que logistiquement, en fait, c'est plus compliqué. Après, je pense que j'apprécie personnellement sensibiliser beaucoup plus les personnes plus âgées, même si je suis d'accord que l'éducation devrait être faite dès le début. En fait, moi, je suis très advocatrice du... L'éducation sexuelle et reproductive doit être faite depuis la maternelle jusqu'au lycée et ensuite en éducation supérieure.
- Marie Ozier-Lafontaine
Et toi, avec Liti et avec ces prestations de sensibilisation, quelle trace tu veux laisser ? Quel message tu veux vraiment laisser une fois que tu es passé dans une entreprise ou quand tu sensibilises à travers Liti ou même quand tu vends tes produits ? Qu'est-ce qui est important pour toi de laisser comme empreinte ?
- Élodie Placide
Vraie question ! Je pense que quand je sensibilise en entreprise, j'ai envie que les gens repartent avec de la connaissance et repartent avec des outils pour savoir quoi faire s'ils se retrouvent dans la situation. Donc dans le cas où je sensibilise aux pathologies gynécologiques, je veux qu'ils puissent réussir à se dire « Ok, là il y a quelque chose qui ne va pas, voilà ce que je dois faire. » Voici la première étape, ce que je dois faire, contacter une association peut-être, contacter un professionnel de santé, etc. Je veux qu'ils aient les clés pour se dire, repérer plus ou moins quand quelque chose ne va pas et ensuite aller se renseigner auprès d'un. professionnels de santé, ça c'est vraiment le but numéro un, qu'ils connaissent les pathologies, savent un peu où alerter pour que autour d'eux et s'ils sont concernés eux-mêmes se disent c'est pas normal, je vais aller voir quelqu'un. En fait ça c'est vraiment le but premier quand on parle de pathologie. Quand on parle d'égalité homme-femme c'est vraiment commencer à se questionner soi-même, se dire non mais en fait est-ce que moi à la maison je me rends compte que je n'aide pas du tout ma femme et que je fais pas du tout le ménage et qu'en fait elle s'occupe de tout et la charge mentale est horrible ou est-ce que moi je me rends compte que j'arrête pas de prendre toutes les tâches ménagères alors qu'ils pourraient le faire et que je ne demande jamais de le faire. Est-ce que ma carrière va bouger ou pas ? Est-ce que mon homologue masculin est mieux payé que moi ou pas ? Commencer à se questionner et peut-être avoir un peu un chemin si je puis dire vers plus d'égalité chez soi et au travail potentiellement. Et avec l'ITI, avec les produits si je puis dire, j'aimerais que les gens trouvent une solution à leurs problèmes. Et du coup, quand les personnes... ont leurs règles. qu'elles se disent, au moins ça, ça va.
- Marie Ozier-Lafontaine
C'est géré.
- Élodie Placide
Voilà, au moins ça, c'est géré. Après, les douleurs, etc., le travail, je ne peux pas avoir la main dessus chez tout le monde. Mais de se dire que côté efficacité, confort, ça, je n'ai pas à m'en soucier parce que j'ai mes produits, tout va bien, etc.
- Marie Ozier-Lafontaine
Quand on a discuté de ton intervention aujourd'hui, que je te disais, mais pourquoi et comment tu as fait et comment tu as osé ? Tu m'as répondu, j'ai beaucoup aimé cette réponse, pourquoi pas ? C'est-à-dire que finalement, à chacune des étapes que tu as franchies, tu en as franchi un certain nombre. Je parlais en introduction notamment de la Bourse Paille que tu as remportée en 2022. Donc, quand tu t'es présente à ce concours, notamment, tu te dis pourquoi pas ? C'est ton frère qui t'a inscrite. Donc, à chaque fois, c'était le pourquoi pas, donc j'y vais. Comment tu expliques que tu arrives à finalement passer chacune de ces étapes en te disant juste pourquoi pas ? Je pense aux femmes qui nous écoutent et qui n'osent peut-être pas encore se lancer dans un projet. Toi cette question pourquoi pas, comment elle te fait avancer ?
- Élodie Placide
Je pense qu'elle retire en fait les barrières qu'on se met automatiquement soi-même à l'entrée. Moi j'ai eu la chance d'être très bien entourée je pense et du coup c'est mes proches qui vont me dire pourquoi pas, pourquoi tu le ferais pas ? Et je me dis au fur et à mesure de mon parcours de vie, le pire qui peut arriver c'est d'échouer quoi et du coup c'est vraiment le pire qui puisse arriver. Je pense pas nécessairement. Comme on dit, on n'échoue jamais, on apprend. Dans tous les cas, en vrai, son égo a un peu mal. Mais est-ce que c'est si grave que ça d'avoir l'égo qui souffre un peu ? Et je me dis, en effet, pour la Bourse Paille, participer, pas participer. Mon frère m'envoie le lien sur WhatsApp, me dit « tu devrais y aller » . Je me suis dit « ouais, en vrai, pourquoi pas ? » Ça me coûte quoi d'envoyer une candidature ? Je vais prendre 3-4 heures, je vais faire une candidature. Je vais faire une petite vidéo, machin. Vas-y, ça va m'embêter 5 minutes parce que je vais devoir prendre du temps. Mais si ça réussit, c'est absolument dingue en fait. Donc pourquoi je ne le ferais pas ? Au pire, ça ne marche pas. Et si ça ne marche pas, personne ne saura que ça ne marche pas. Personne ne saura que j'ai postulé. Je veux dire, c'est essayer de retirer un peu toutes ces barrières et se dire franchement, on s'en fiche. Au pire, ça ne marche pas. Au pire, les gens n'aiment pas. J'arrête. Et je peux recommencer, faire autre chose. Je peux me réinventer à l'infini en vrai.
- Marie Ozier-Lafontaine
Oui, donc... Toi, ce qui t'a permis finalement d'oser, c'est de diminuer cette peur de l'échec, de ne pas faire de l'échec éventuel, une catastrophe, un épandrement de quelque chose. Ce ne serait qu'une étape si finalement il y avait échec.
- Élodie Placide
Oui, c'est ça. En fait, c'est de décorréler sa valeur de la notion d'échec. Si j'échoue, ça ne veut pas dire que je ne suis pas compétente, ça ne veut pas dire que je ne suis pas intelligente, que je ne suis pas douée ou que je suis une mauvaise personne, etc. C'est vraiment séparer ma valeur en tant que personne et en tant que professionnelle. d'un potentiel échec. Il y a plein d'entrepreneurs incroyables qui ont beaucoup échoué. Et puis, c'est juste le cycle de la vie. Comme je dis, est-ce que ça fait de moi une moins bonne personne au quotidien d'avoir échoué ou d'avoir planté ma boîte ? Je ne pense pas nécessairement. Est-ce que ça fait de moi une moins bonne entrepreneuse d'avoir planté ma boîte ? Bon, peut-être qu'en termes de gestion financière, pas ouf ! Mais je ne pense pas qu'on devrait avoir moins confiance en moi sur mes capacités professionnelles parce que j'ai quelques... quelques échecs. À chaque fois, j'apprends et je ferai mieux. Et c'est à ça que devrait servir l'entrepreneuriat et la vie en général.
- Marie Ozier-Lafontaine
Et c'est quoi ton prochain défi ? Le prochain pourquoi pas ?
- Élodie Placide
Ouais.
- Marie Ozier-Lafontaine
Tu sais déjà ce que c'est ?
- Élodie Placide
Mon prochain pourquoi pas, je pense que c'est reprendre des études, puisque visiblement, c'est ma passion et que je m'en réclame. Mais c'est le prochain pourquoi pas. J'y réfléchis, je me laisse 6-7 mois de réflexion à savoir, et pourquoi pas encore reprendre des études.
- Marie Ozier-Lafontaine
Et tu sais déjà dans quel domaine ?
- Élodie Placide
Soit en psychologie, soit en sociologie à nouveau.
- Marie Ozier-Lafontaine
D'accord. Pour approfondir finalement les questions que tu traites aujourd'hui ?
- Élodie Placide
Pour approfondir en sociologie, pour approfondir les questions que je traite aujourd'hui, mais aussi potentiellement pour aller vers la recherche. Oui. Donc la thèse, en fait, sur ces questions-là. Et puis en psychologie, parce que ça a toujours été quelque chose d'assez adjacent à ma vie, à la sociologie. Et puis, pourquoi pas, quoi ? Enfin, pourquoi pas ? Alors, bon, c'est vrai que ça fait reprendre beaucoup, beaucoup d'études. Mais j'étais absolument sûre que dans une autre vie, j'ai été psychologue. Donc, pourquoi pas ? Pourquoi pas le faire dans cette vie-là aussi ? Ouais, en fait.
- Marie Ozier-Lafontaine
Dernière petite question. Qu'est-ce que tu dirais à la jeune Élodie, qui rêvait de pas mal de métiers, qui voyait pas mal de chemins s'ouvrir ? Tu disais en début d'entretien que tu n'avais pas toujours rêvé grand. Tu ne savais pas si tu pouvais rêver grand. Qu'est-ce que tu dirais à la jeune Elodie qui hésite à rêver grand ?
- Élodie Placide
Je pense que c'est qu'il n'y a pas de limite en fait. Et qu'il faut éviter de s'en poser, qu'il faut éviter de se dire que je ne peux pas parce que je viens de tel milieu, ou parce que je n'ai pas tel diplôme, ou parce que je ne ressemble pas à ci ou à ça. C'est réussir à casser toutes les petites limites qu'on s'est mis à soi-même et se dire qu'en fait, elles n'existent pas. Elles sont autoconstruites par nous et par la société généralement. Et qu'il faut y aller, vraiment il faut y aller, on s'en fiche. qu'on commence tout bas. Ça se trouve, comme on dit, c'était quoi ? Viser la lune et terminer dans les étoiles. C'est un peu ça. Je pense que c'est arrêter de se stopper soi-même. Arrêter d'être son propre ennemi, si je puis dire. Oui, tout à fait.
- Marie Ozier-Lafontaine
Entendu, mesdames. Oui,
- Élodie Placide
je pense que c'est ça. Commencer la thérapie plutôt, voilà, aussi. Ça aide à ne pas être son propre ennemi. Mais je pense que c'est souvent ça, en fait. Et c'est souvent ça chez les femmes et chez les gens en général, pour être honnête. C'est qu'on se stoppe soi-même. Ce ne sont pas les autres, ce ne sont pas les obstacles qu'on va connaître. Évidemment, on va en connaître des obstacles, surtout en entrepreneuriat, mais ce n'est pas ça le plus dur. C'est retirer les barrières mentales qu'on a pour y aller. Parce qu'on va trouver des solutions, on va trouver des gens qui ont des solutions, etc. Mais si on se dit soi-même qu'il n'y en a pas, on n'ira pas les chercher. Donc, c'est se stopper net dans ce truc du non mais je peux pas faire ça moi, bien sûr qu'on peut
- Marie Ozier-Lafontaine
Oui, c'est-à-dire ne pas être son ennemi, mais plutôt sa meilleure amie. C'est souvent ce que je dis à mes clientes. Sois ta meilleure amie. Agis avec toi-même comme tu agirais avec ta meilleure amie.
- Élodie Placide
C'est ça. C'est très, très dur, mais je pense que c'est ça. Et puis s'entourer de gens dont on est la meilleure amie. Et qui vont, eux aussi, nous dire d'y aller. Je pense que moi, ça, ça m'aide beaucoup parce que je ne suis pas du tout ma meilleure amie. J'essaye, mais ce n'est pas encore le cas. Mais j'ai plein de gens autour de moi qui vont me dire « Non mais si, vas-y, je ne vois pas pourquoi tu doutes. » et qui vont s'acharner à me le répéter, personne dont je suis très reconnaissante dans ma vie. et du coup à un moment on les croit en fait et à un moment on croit ces personnes et donc on y va donc c'est aussi faire attention à qui on met dans son entourage et si ces personnes ne nous permettent pas d'aller plus loin ou ne nous permettent pas de nous enrayer la machine qu'on a déjà mis en route par rapport à ça est-ce vraiment pertinent ? Donc c'est de trier aussi son entourage pour être sûr que ça reflète ce vers quoi nous on a envie de tendre en tant que personne en fait
- Marie Ozier-Lafontaine
Oui, être bienveillant avec, être bienveillante avec soi-même et s'entourer des bonnes personnes. C'est ça. Avant qu'on se quitte, Elodie, on va écouter le morceau que tu nous as transmis, donc, Me, de Ocean. Je voudrais savoir pourquoi ce morceau, à quel moment tu l'écoutes et pourquoi il est important pour toi ?
- Élodie Placide
Ouais, moi, il est dans une playlist que j'écoute quand je me sens un peu pas bien avec moi, pas bien avec mon image ou avec... Avec moi-même en général, je ne me sens pas capable de choses ou j'ai besoin d'être un peu boostée sur mon estime de moi ou sur ma confiance en moi. J'écoute cette playlist et ce morceau en fait partie et je le trouve très empowering, très en puissance. La chanson parle de soi et d'être la meilleure version de soi. Et c'est ça qui me plaît. Je me dis en effet, pourquoi ce ne serait pas moi la meilleure personne qui rentre dans la pièce ? Pourquoi je n'y croirais pas ? et donc on met ça à fond et on y croit le temps d'un instant ou en tout cas le temps qu'on veut et je trouve ça ça me fait du bien en tout cas d'écouter ce genre de musique c'est dynamique etc et je me dis ouais elle a raison c'est exactement ça,
- Marie Ozier-Lafontaine
c'est moi la meilleure un vrai morceau d'empowerment c'est exactement ça merci beaucoup Elodie, on va boire un petit café dans ce bel endroit, le 33 de la station culturelle en écoutant le morceau "Me" de Oshun Merci beaucoup, Elodie, pour cet échange.
- Élodie Placide
Merci beaucoup. Merci pour l'opportunité.
- Marie Ozier-Lafontaine
A bientôt.