- Speaker #0
Je suis Marie Ozier-Lafontaine, activatrice du génie au féminin. Chaque jour, j'accompagne les femmes à révéler leurs trésors cachés pour vivre la vie qu'elles méritent. Dans ce podcast, j'invite des femmes qui ont osé s'affranchir des dictates pour trouver leur juste place. Bienvenue dans le podcast « Ozla, Les voix qui osent ! » . Bonne écoute ! Bonjour, Coline-Lee Toumson, bienvenue dans le podcast Les Voix qui osent. Je suis très très heureuse de t'accueillir ici aujourd'hui. Déjà parce que tu es mon amie, on ne va pas en faire un secret, une amie depuis 40 ans, je crois.
- Speaker #1
Quelques décénies déjà.
- Speaker #0
Et aussi parce que tu es une femme exceptionnelle, une femme inspirante, une femme qui peut en inspirer plus d'une. Et j'espère du coup que toutes ces femmes pourront découvrir ton parcours et être inspirées par ce parcours qui est exceptionnel et guidé, je crois. par la passion. Tu es martiniquaise et guadeloupéenne, donc une caribéenne, une caribéenne dans l'âme, dans le cœur. Et aujourd'hui, tu es installée loin de chez nous, mais pas si loin dans le cœur, je crois, au Bénin, où tu es chargée de mission Arts, Culture et Industrie Créative pour le président Jean Talon, président du Bénin, où tu fais rayonner l'Afrique, la Caraïbe et la passerelle entre les deux. Avant ça, tu as fait énormément de choses, tu as même créé à 25 ans ton propre festival Vibration Caraïbe. Au retour au pays, tu as été directrice du domaine de Fonds Saint-Jacques pour repartir finalement vers d'autres aventures au Bénin, donc en tant que directrice déléguée de l'Institut français du Bénin et puis aujourd'hui chargée de mission Arts, Culture et Industrie Créative. Un parcours inspirant, je le disais. Tu es aussi maman d'un petit garçon. Et donc vous vivez ensemble en famille avec le papa et ce petit garçon au Bénin, à Cotonou. Et on a la chance du coup de t'avoir aujourd'hui, c'est un passage furtif en Martinique, donc retour aux sources. Et on a la chance de t'avoir aujourd'hui pour ce podcast et on va en savoir un petit peu plus du coup sur ton parcours. Bienvenue Coline-Lee Toumson.
- Speaker #1
Merci à toi Maria Salomé, merci pour cette invitation spontanée, amicale. en toute sororité. Je sais que ce sont aussi des valeurs qui te sont extrêmement chères. Nous avons effectivement grandi dans les mêmes eaux, sous les mêmes ombrages, dans les mêmes embruns. Et nous sommes nourris de tout cela, de cette Caraïbe natale, de ce plasma qui est la mère des Caraïbes. Et effectivement, où que je me trouve, dans le monde, j'ai ce sentiment fort d'une appartenance à cet archipel monde. Et je crois que ce rapport au monde qui s'est tissé progressivement, que j'ai tissé progressivement, procède précisément de cet archipel duquel nous procédons et qui, où se côtoie, cohabite. Les langues cohabitent les religions, les cultes, les spiritualités, cohabitent les appartenances ethniques également. Et effectivement, j'ai fait de cette citation d'Edouard Glissant un petit peu mon mantra « Agis dans ton lieu, pense avec le monde, le monde s'y tient » . il ressort de ton lieu et cette citation s'offre un peu comme une promesse s'offre aussi comme une boussole pour accompagner notre souffle, accompagner nos désirs nos utopies et puis surtout ce désir d'explorer ce désir d'explorer de mieux appréhender mais avec sensibilité Voilà, avec cette volonté aussi de voir le revers des choses. Et je suis, comme tu le sais, extrêmement attachée à la question de la création artistique. Et tout cela me guide effectivement depuis 20 ans d'engagement professionnel, comme tu l'as rappelé, entre Paris, Fort-de-France. Sainte-Marie, mais aussi Pointe-à-Pitre, mais aussi Castries, mais aussi Santo Domingo et depuis cinq ans maintenant, Cotonou.
- Speaker #0
En parlant de boussole, ça me fait penser aussi à l'ancrage. Je vais te proposer un petit exercice que je propose à toutes les femmes qui viennent dans ce podcast et tu vas fermer tes yeux. Prends une grande inspiration et porter ta main gauche au-dessus, faire voyager ta main gauche au-dessus de ces cartes et t'arrêter quand tu le sens. Il peut y avoir un petit picotement dans les mains, une petite chaleur ou simplement une intuition. Tu t'arrêtes, tu poses ton doigt et tu nous dis ce qu'il y a sur ta carte.
- Speaker #1
Take a deep breath. C'est celle-ci.
- Speaker #0
Ok, alors décris-nous cette...
- Speaker #1
Ta connexion corporelle. Elle s'intitule ainsi. Et elle nous dit, voilà, corps, reliance, mental, refuge. Être dans ta tête est nécessaire parfois, mais revient le plus souvent à ton corps, à tes sensations corporelles. Être dans ton intériorité, en toi, pour à la fois reposer ta tête et maintenir cette connexion. en toi, celle-là même qui te permet de vibrer et d'être en vie.
- Speaker #0
Alors, dis-nous ce que tu en penses. Est-ce que ça te parle ? Est-ce que ça fait écho à quelque chose pour toi ?
- Speaker #1
Oui, parce qu'on est nécessairement dans cette dualité, dans cette dualité du cérébral et du sensoriel. Voilà, puisque moi, effectivement, dans mon exercice professionnel, celui que j'ai longtemps exercé, de directrice artistique, de directrice de production, de directrice d'établissement, il faut donc construire des projets de programmation, de création. Donc c'est à partir du sensoriel, mais il faut les traduire en mobilisant des outils du cérébral. Et effectivement, on navigue dans cette dualité où à la fois nous ressentons, Nous sommes dans une hyper-absorption et en même temps nous sommes dans cette ultra-matérialité, cette urgence d'ordonnancer, d'organiser, pour planifier, pour gérer, pour anticiper. Donc effectivement, dans tous les cas, il s'agit d'une question de souffle, il s'agit d'une question d'inspiration et c'est avant tout à partir des sens. Et effectivement du corps, sans compter évidemment que le corps est un temple, c'est notre temple. Et il nous faut pouvoir en prendre soin pour tenir la durée. Voilà, donc ça me parle très fortement.
- Speaker #0
En parlant de corps, d'intériorité, mais aussi d'expression, tu as créé le Festival Vibration Caribe sous l'égide de l'association... Amazon, donc un nom qui était cher et aujourd'hui tu es dans le pays des Agodjé, donc les Amazones du royaume de Dan-Omé. Quel lien tu fais et surtout pourquoi cette figure de l'Amazone a été fondatrice quelque part pour toi ou en tout cas importante ?
- Speaker #1
Alors je ne saurais dater ma rencontre avec cette figure à la fois historique et mythologique que celle des Amazones. Et tu l'as dit très justement, en langue fond, donc en langue, l'une des langues nationales du Bénin, le Bénin abrite une très grande diversité de langues, mais en langue fongbé, le terme Amazone se dit « agoge » , « ago » , « pousse-toi » , « pousse-toi que j'avance » . Et ce sont effectivement ce corps d'élite féminin qui a été fondé. par la seule et unique reine du royaume, de la dynastie du royaume du Danromée. Et effectivement, dès l'adolescence, et tu t'en rappelles très justement, je me suis appropriée, j'ai fait corps justement, avec cette figure de la guerrière, de la guerrière Voilà, qui fait de la bravoure, qui fait de l'endurance, ses armes. Et puis, c'est intéressant aussi de voir, parce que dans notre univers occidentalisé, nous revenait souvent la figure de l'Amazone antique, l'Amazone grecque qui se coupait le sein pour mieux tirer à l'arc. Et ça vient effectivement, voilà. amener cette figure d'une amazone issue de ces royaumes précoloniaux ouest afrique qui ont assuré la défense du roi ce sont elles qui assurait la défense du roi la sécurité du royaume Le film Woman King, dont le personnage principal est interprété par Viola Davis, rend compte justement de l'exigence de ces entraînements et de l'abnégation, mais aussi de la violence à laquelle elles étaient confrontées.
- Speaker #0
Est-ce que c'est une figure qui t'a inspirée, qui t'inspire, ou à laquelle tu penses quand tu dois justement oser avoir de l'audace, parce que finalement on le comprend dans ton parcours ? Tu as créé un festival, tu as été aussi, je ne l'ai pas dit, mais consultante en ingénierie culturelle, tu as pris la direction de plusieurs établissements. Aujourd'hui, tu es chargée de mission Arts, Culture, Industrie, Créative au Bénin. Donc, des fonctions quand même qui sont des fonctions à responsabilité, avec de grands projets, des projets d'envergure. Qu'est-ce qui t'inspire ? Qu'est-ce qui te donne cette audace ? Qu'est-ce qui te pousse justement à oser, à y aller ? Parce que j'imagine peut-être qu'il y a parfois des doutes ou des peurs. En tous les cas, tu y vas quand même. Comment tu fais ?
- Speaker #1
Alors, écoute, j'ose croire qu'elle m'habite, que ces Amazones m'habitent, que ces Agodjés m'habitent. Je crois aussi que les femmes de ma généalogie aussi m'habitent, m'animent. Nous savons combien elles ont eu à traverser, affronter, résister. Et je crois effectivement... qu'il y a possiblement ce souffle d'une généalogie au féminin, possiblement, qui m'anime, qui me traverse. Également, cette figure, c'est vrai, tout à fait fascinante, de ces agogés, de ces Amazones. J'ai appelé ma première structure de production Amazon Caraïbes pour justement assurer cette... Voilà, ce cri de ralliement, tu sais, à ma zone de la Caraïbe, donc afro-descendante, en conscience, et de cette appartenance aussi en conscience. Donc nous sommes le fruit, justement, de ces chocs, de ces entrechocs, de ces rencontres, de ces croisements, Europe-Afrique-Caraïbe, et j'embrasse tout cela. et je... comment dirais-je... Ce n'est pas du tout déclaratif chez moi. Je n'ai pas une audace déclarative. Je n'ai pas une bravoure déclarative. Au contraire, je me joue un peu des certitudes. Je me joue un peu des évidences. Je me joue un peu des clichés. Je me joue des stéréotypes.
- Speaker #0
Quel genre de stéréotypes ?
- Speaker #1
De toute nature. De toute la nature. Voilà. toute nature concernant le féminin, concernant le professionnel, concernant l'identitaire, concernant le culturel, concernant le linguistique. Voilà. Possiblement, ça me plaît aussi un peu de brouiller les pistes et puis aussi d'explorer d'autres pistes. Voilà. J'ai un rapport extrêmement organique et aussi, je dis souvent que je suis une... Une tisseuse, une brodeuse. J'aime aussi les choses que l'on peut tricoter et faire un peu du sur-mesure. Pas nécessairement du prêt-à-porter avec des étiquettes, avec des raccourcis.
- Speaker #0
Et justement, comment faire pour sortir de ces étiquettes ? On le disait tout à l'heure, tu déposes ta responsabilité. comment ça s'est passé quand tu as fait pris tes fonctions, comment notamment tu as défié peut-être certaines choses qu'on attendait de toi. Tu parles de liberté finalement dans ta réponse précédente. On pense beaucoup à la liberté, au fait que tu écris ta propre histoire, ton propre parcours, de la manière dont tu le souhaites. Est-ce que ça a toujours été simple ? Est-ce que l'entourage l'a toujours accepté ? Est-ce que les hommes dans les sphères professionnelles dans lesquelles tu étais, est-ce que les hommes ont toujours trouvé ça extraordinaire ? Ou est-ce qu'il y a eu des obstacles, des défiances ?
- Speaker #1
Tu as utilisé un mot-clé tout à l'heure, le terme de passion. Donc je crois évidemment que oui, il y a quelque chose de cet ordre-là, une espèce de passion-combustion, qui s'auto-génère, qui s'auto-alimente. Et je suis allée effectivement sur des projets où je ne m'attendais pas moi-même, le Festival Libération Caraïbe, classiquement. et le, comment te dire, en quelque sorte, mon cas pratique pour valider mon DESS en coopération artistique internationale à l'UFR Esthétique et Philosophie de l'UAC Paris. et donc je me suis prise tellement au jeu parce que je voulais avoir une très bonne copie tu vois, ma mention que j'ai vraiment cru que mes professeurs attendaient de moi que je produise un festival à 25 ans ce que tu as fait et donc je me suis prise au jeu et la machine s'est enclenchée et s'alimente en fait par une espèce d'énergie circulaire je
- Speaker #0
dirais que c'est comme un acte fondateur c'est à dire qu'à partir du moment où tu as créé le festival il y a quelque chose qui s'est Merci. Enclenchée,
- Speaker #1
et Paris a été mon lieu de naissance. Une capitale, mégapole, multiculturelle, multilingue, je circulais de cercle d'amis en cercle d'amis, des étudiantes afro-américaines, des étudiants allemands, et je picorais, je me nourrissais de tout cela, ou je me jetais dans un train ou dans un avion. pour le carnaval de Notting Hill ou les férias basques ou encore Madrid ou Barcelone. Bref, la ville a été aussi, après la mer des Caraïbes, la ville. Et comment la ville aussi peut être un accélérateur d'énergie, d'un archipel monde à une capitale monde. Et donc, j'ai recréé dans cette capitale-monde mon archipel-monde. Et ça s'est tricoté. Je me suis retrouvée tisseuse, brodeuse, tricoteuse. Et à produire, être la première. Alors à l'époque, un journaliste du Nouvelle Observateur, qui n'existe plus, c'est dire, Vibration Caribe est né en 2006, disait, voilà, Coline Toumson est la plus jeune directrice de France. Voilà. Et Coline Toumson est née dans cette ville capitale qui est Fort-de-France. Cette ville stellaire, cette capitale stellaire qui est Fort-de-France. Donc oui, j'étais une anomalie de tout point de vue, fille d'universitaire, qui avait évidemment programmé que je reproduise cette tradition familiale de l'enseignement et de la recherche, que je fais aussi, par ailleurs, parce que je suis maître de conférences associées à l'université, où j'enseigne. Mon métier. Donc, tu vois, ça s'est déclenché ainsi, une espèce de nouvelle naissance dans cette capitale-monde, comme je disais, en lien avec mon archipel-monde. Et puis, j'ai cheminé ainsi. Et après, effectivement, je suis rentrée dans l'institution. Et là, dans l'institution, j'étais à nouveau la plus jeune. J'étais à nouveau la seule afro-caribéenne. J'étais à nouveau... Et je suis aujourd'hui la seule femme, la plus jeune, la seule femme de mon cercle, de mon corps, de chargée de mission du président de la République du Bénin, son Excellence Patrice Talon.
- Speaker #0
Et comment tu vis ça, justement ?
- Speaker #1
C'est paradoxal. Je ne le réalise pas.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Je ne m'en rends pas compte.
- Speaker #0
Tu ne le conscientises pas, en fait. C'est-à-dire que tu es guidée par ta mission et elle passe au-dessus de tout. Et ça te permet de franchir les obstacles. Et pour peu qu'on te prête des stéréotypes de gens, notamment,
- Speaker #1
de gens, de classes, de races. Et en fait, c'est la défaveur, en fait, des obstacles, des illusions, des ratés, des loupés, des violences qui peuvent émailler le parcours, que je conscientise effectivement, justement, tu vois, le fait... Voilà, possiblement de casser des cadres ou d'injecter de nouveaux cadres. Je ne sais pas, mais femmes, afrodescendantes, jeunes plus trop, mais jusqu'alors, oui, encore un peu quand même.
- Speaker #0
On peut le dire.
- Speaker #1
Et voilà, et c'est là effectivement que tu réalises que les résistances viennent précisément, non pas de ton énergie, puisque toi, tu vis ton énergie. Et tu ne la catégorises pas. Je ne me réveille pas le matin en me disant j'étais là, je suis né à tel endroit, je suis afro-descendante. Non, non, non. Ton énergie, elle est ciblée, elle est au service. En plus, au service de mes cultures, de mes arts et de leurs créateurs.
- Speaker #0
Justement, au service de tes cultures, quelle empreinte tu as envie de laisser ? Qu'est-ce qui te guide ? Qu'est-ce que tu as envie qu'il reste de ce que tu as fait depuis 20 ans et de ce que tu continues de faire encore aujourd'hui ?
- Speaker #1
Écoute, l'empreinte, j'espère avoir pu contribuer. Avoir pu contribuer... à la valorisation de ces cultures, de mes cultures, de nos cultures, à la reconnaissance de nos talents artistiques, créatifs, d'avoir pu ouvrir des ports, lever des barrières. Je suis très attachée à la circulation, très attachée à la mobilité, très attachée à la liberté. très attaché à cette notion d'une géographie étendue, que nous, afro-caribéens, afro-descendants, nous puissions connecter, nous connecter, nous reconnecter à partir de nos multis appartenances géographiques et territoriales. D'où ma présence au Bénin également, qui me permet de changer ma perspective sur les Amériques, sur les Amériques, Caraïbes, Brésil, Amérique du Nord. Et en plus, effectivement, j'ai eu cette chance et j'ai cette chance de toucher des sujets, là encore, qui viennent bousculer, comme la question du vaudoune, la question de la mémoire, la traite négrière et de l'esclavage, la question de la création contemporaine, de l'art contemporain africain. Donc voilà, changer à chaque fois de perspective, de point de vue, pour mieux embrasser une géographie organique, naturelle, de laquelle nous procédons. Donc, mer des Caraïbes, mais aujourd'hui. cet espace atlantique qui a dessiné une appartenance afro-atlantique. Et comment Ouida, Porto Novo sont des villes aussi créoles, comme Fort-de-France ou Salvador de Bahia, ou comme la Nouvelle-Orléans. Donc c'est, voilà, comment circuler pour mieux se voir, mieux se redécouvrir, mieux se comprendre et mieux faire ensemble. C'est surtout ça. par addition de combustion,
- Speaker #0
créer une sorte d'élan,
- Speaker #1
créer un élan et redéfinir une nouvelle géographie, de nouvelles cartes.
- Speaker #0
Pas celles qu'on nous impose.
- Speaker #1
C'est ça, tout à fait.
- Speaker #0
Autre sujet, tu es maman d'un petit garçon, et on le comprend dans ce que tu nous décris et dans ton parcours. Tu as une activité qui est extrêmement prenante, tu voyages beaucoup, tu as une charge de travail qui est importante. Comment tu gères justement cette parentalité ? Quel genre de maman Colleen Lee Thompson est aujourd'hui ? Ou quel genre de maman elle a envie d'être ?
- Speaker #1
Alors, il faut rendre à César ce qui revient à César. Donc, nous sommes parents, Max et moi, d'un petit garçon qui s'appelle Kéziali. Il porte le lit de sa maman. Évidemment. Qu'elle tient de son grand-père. et donc effectivement Kiziali a un un papa vraiment dédié et dévoué. Et moi, j'ai un époux d'une très grande compréhension. Nous nous sommes rencontrés d'ailleurs dans un contexte de festival à Paris. Donc, voilà, ce n'était pas un élément de surprise pour lui. Et donc, mon époux, qui est le père de mon fils, accompagne avec la plus grande agilité. fluidité, fluidité, voilà, mon désir de mobilité, de circulation, de voyage, de rencontre, de découverte, d'exploration. Alors ce qui est paradoxal, c'est que je ne suis pas non plus une aventurière, donc c'est ça. Et donc voilà, et mon petit garçon, lui, absorbe tout cela. Alors il a un regard incroyable, il photographie, il a une rétine incroyable, et il... Très tôt, il dit, de toute façon, ma maman, je pense qu'elle parle plus l'espagnol que le français. Voilà, il a très vite compris. Il absorbe beaucoup et il a déjà cette curiosité de l'ailleurs. Tout en étant extrêmement ancré, mais il a déjà cette curiosité de l'ailleurs et cette capacité à pouvoir naviguer. Il aime beaucoup sauter dans des avions. Et tant mieux, je trouve que c'est une chance pour lui à son âge de pouvoir déjà appréhender le monde dans sa très grande diversité. Et donc voilà, et puis beaucoup de câlins, arrête, beaucoup de câlins, je suis très très caline. Et puis beaucoup d'échanges aussi, puisqu'il a l'âge où on peut, il a 10 ans, les Yali. On peut aborder les choses. Et puis même, il me taquine. Maman, je te sens anxieuse, là. Il y a un sujet politique qui t'embête, là. On te rend sain, ça ne va pas. Donc, voilà, on a un rapport d'échange. Et on est très présents. Et Max, mon époux, lui aussi, prend le relais de façon assez remarquable.
- Speaker #0
Tu parles à ton petit garçon de ton métier, de ce qui t'habite. Tout à fait. Tu transmets aussi cette ouverture sur le monde et sur ses propres identités multiples.
- Speaker #1
Tout à fait. Il connaît les lubies de sa maman. « Maman, mais ce n'est pas possible, trop de musées dans une journée, ça suffit. » On en rigole aussi, on en joue également. Donc il y a une vraie complicité aussi.
- Speaker #0
brièvement Coline, quel est ton prochain défi ?
- Speaker #1
alors, défi en termes de défi écoute, comme je te dis mes mobilités me mettent à jour de nouvelles perspectives et là effectivement mon immersion sur le continent africain singulièrement en Afrique de l'Ouest Golfe du Bénin République du Bénin Ça a réveillé et encore étendu ma vision. Et je suis animée par ce sujet des cultures afro-atlantiques.
- Speaker #0
Ça enrichit en fait ta lecture, le fait d'être arrivée au Bénin, d'être une femme martiniquaise et guadeloupéenne au Bénin. Tout à fait. Ça enrichit ta vision. Tout à fait. Ta compréhension aussi.
- Speaker #1
Complètement, complètement. Puisque de ce fameux triangle,
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
duquel nous procédons,
- Speaker #0
je fais l'étape qui te manquait en fait.
- Speaker #1
J'ai fait le point qui manquait et qui m'a toujours interrogée, comme tu le sais. Qui m'a toujours interrogée, qui m'a toujours animée, et d'être là, au plus près, à l'intérieur même, au service du Bénin, est un honneur, une grâce dont, voilà, je... Je tire aussi bon nombre d'enseignements et de ferments. Et le Bénin me permet aussi de circuler encore et encore. Et puis aussi d'avoir la perspective d'un point de vue d'un État ouest-africain. C'est encore, voilà, on est au plus près d'une dynamique des pays en voie de développement. On est très loin de l'afro-pessimisme, au contraire, on est de plein pied dans l'afro-optimisme, dans l'afro-futurisme, où tout va beaucoup plus vite. La création a une pleine place, les industries créatives, l'innovation, il y a une ambition, mais transformable, convertible en projet, en réalité, et un désir. justement de désenclaver l'Afrique de l'Ouest et de la connecter au monde, de la connecter à ses diasporas afrodescendantes, de la connecter à ses diasporas afropéennes. Donc non, c'est un terrain de jeu remarquable et voilà mes nouvelles nourritures.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Coline, pour cet échange. On va terminer. Et je te souhaite un bon retour au Bénin et on se souhaite au revoir bientôt en Martinique, bien évidemment.
- Speaker #1
Avec grand plaisir. Avec grand plaisir. Et oui, là, je suis Martinico-Guadeloupéenne, Béninoise, naturalisée depuis quelques mois. Et donc, voilà, je tricote mes réappropriations géographiques.
- Speaker #0
Ozla, Les voix qui osent !