- Speaker #0
L'instant berbère, le podcast. Cette semaine, on prend la direction de l'Algérie, et plus précisément de Tizi Ouzou, pour découvrir Isoran Création K&S. K&S, ce sont les initiales de Kamel et Sonia, deux artisans bijoutiers passionnés, passionnants, et deux parcours qu'ils ont eu la gentillesse de me raconter.
- Speaker #1
En fait, je l'avais dit, ce n'était pas vraiment mon choix. Moi, à l'âge de 20 ans, 21 ans, jusqu'à 22 ans, j'étais à la recherche d'un créneau, d'un travail, quelque chose qui va me convenir pour la faire. Et tel que des échecs, par désespoir, j'ai demandé à la maman de me faire un choix pour faire une formation. Elle m'a orienté vers la bijouterie et je l'ai tenté je peux dire même c'est un peu contre coeur mais je me suis trompé en fait voilà c'était vraiment mon carré non Voilà, je me suis retrouvé avec un maître bijoutier qui m'a appris vraiment les méthodes de faire des bijoux traditionnels artisanaux. Voilà, j'ai travaillé un petit peu à mon compte dans les bijoux traditionnels jusqu'au jour où on se rencontre avec Sonia. Elle a pris le métier chez moi au niveau de la base, au niveau de technique, jusqu'au jour qu'on a créé Ezoran.
- Speaker #2
Donc moi, c'est une reconversion. À la base, j'étais styliste modéliste de... ...formation. Ça n'a pas fonctionné pour moi, j'ai pas réussi à percer dans ce domaine. Et comme je voulais rester dans un domaine créatif, voilà, c'est pas quelque chose dont je peux me passer, c'est créer, c'est un peu comme respirer. Donc, par plusieurs petits hasards... J'ai atterri à Tiziouzou et j'ai demandé à Kamel de me réaliser des bijoux. Donc moi je ne présentais que des dessins à la base. Et puis ça a vite trouvé ses limites de dessiner des choses dont on ne maîtrise pas la fabrication. Et il m'a dit il faudrait que tu apprennes le métier. pour savoir ce qu'il y a derrière un simple dessin.
- Speaker #0
Des parcours atypiques, inattendus et qui pourtant se ressemblent. Pour Sonia, c'est très clair, le destin y est pour quelque chose.
- Speaker #2
Moi, je ne crois pas au hasard. Quand je prends du recul sur ces dernières années, sur ce qui m'a amenée ici, Moi, je n'y vois que des signes. Donc, je pense que finalement, c'était mon destin, le sien aussi. Et c'était notre destin de nous rencontrer et puis de fabriquer des bijoux ensemble et de créer...
- Speaker #1
De créer un style qui n'a jamais existé, ni ici, ni ailleurs.
- Speaker #0
Et justement, le style Isoran, c'est quoi ? Sonia a bien voulu répondre à cette question.
- Speaker #2
Alors, on fabrique des bijoux en argent. Selon les techniques de fabrication ancestrales, traditionnelles de la bijouterie Kabyle, c'est un style très particulier, c'est un savoir-faire particulier qui est vraiment endémique de la région, qui n'existe qu'en Kabyle. Par contre, le design est totalement différent du bijou traditionnel Kabyle. On s'inspire du patrimoine amazigh en général. On va reprendre les tatouages. Ça peut être aussi inspiré de la faune et de la flore locale, comme les abeilles, les salamandres, l'olivier, le cactus. Et on fait un joyeux mix de tout ça. Et on essaie de concevoir des bijoux qui soient à la fois légers, parce que les bijoux cabiles sont lourds, c'est plutôt des bijoux cérémoniaux. Et nous, on a voulu créer un style à porter au quotidien, et puis qui soit très emprunt de notre patrimoine, et en même temps qui soit assez universel, donc qui puisse être porté par tout le monde, des jeunes filles, des moins jeunes, et puis pas que par des Algériens, par des gens d'autres cultures, des Français, des Italiens, voilà.
- Speaker #0
Une des particularités des bijoux d'Isoran Création, c'est de créer un pont entre les cultures, lier la culture amazigh à d'autres, mais avec toujours pour Sonia et Kamel un objectif en tête, valoriser leur patrimoine.
- Speaker #2
On aime bien à la fois trouver les points communs, les similitudes esthétiques et symboliques entre notre culture et les autres. Par exemple, on a des modèles qui s'inspirent des cultures sud-américaines. Et puis on aime bien aussi des fois aller puiser dans d'autres cultures qui sont différentes de la nôtre. Et ça crée un mix esthétique intéressant. Donc oui, vraiment notre socle c'est notre patrimoine, on y est très attaché, c'est vraiment les racines. D'ailleurs c'est le nom de notre marque, Isoran ça veut dire racines en amazigh. Mais on ne s'empêche pas d'aller puiser dans d'autres racines, d'être très ouvert, c'est le propre de l'art et de la création en général.
- Speaker #1
Pourquoi pas, on ne pense pas à l'exportation de notre produit, avec notre culture avec. En fait, c'est le but d'avoir des points de vente un peu partout dans le monde, de faire connaître notre culture, notre patrimoine, sur le long de mon dernier été.
- Speaker #0
Et pour finir, j'ai voulu demander à Sonia et Kamel une inspiration culturelle et ils ont choisi de nous parler d'une des plus grandes voix de la culture berbère, Idir.
- Speaker #2
Il a dépassé nos frontières et c'est pour ça qu'on l'a choisi parce qu'à la fois il a une aura internationale, enfin il l'avait, paix à son âme, mais bon. On le cite au présent parce que son œuvre est toujours d'actualité, donc son art a une aura internationale. Pour moi c'est à la fois la mise en valeur du patrimoine à Mazir et en même temps il est rassembleur, il est universaliste, il fait le pont entre les cultures. il fait fusionner les styles et tout. Je pense que modestement, c'est ce qu'on essaie de faire dans notre travail aussi, c'est un petit peu notre ligne directrice. Donc voilà, c'est un artiste qui nous touche, qui nous parle.
- Speaker #0
Si vous souhaitez découvrir les créations de Sonia et Kamel, rendez-vous sur leur page Instagram Isoran Création ou chez l'Instant Berbère. Merci à eux de m'avoir accordé leur temps pour répondre à mes questions. Nous, on se retrouve le mois prochain pour un nouvel épisode. L'Instant Berbère, le podcast, c'est terminé pour aujourd'hui. N'hésitez pas à vous abonner au podcast sur vos plateformes préférées. À très vite !
