- Speaker #0
Salut à tous, je suis Kevin Le Goff, fondateur de Lobby, studio de création dédié à l'hospitality artisanale et à travers ce podcast, je suis ravi de vous partager la lecture de celles et ceux qui donnent vie à ces lieux, partagent leur histoire et l'âme qu'on y trouve. Des conversations avec des architectes, photographes, propriétaires, designers et artistes pour nous alimenter sur comment faire de nos lieux de réelle destination. Un podcast à retrouver tous les 15 jours sur vos plateformes préférées. Merci à tous, vous écoutez Lobby Talks. Et dans ce nouvel épisode je reçois Alexandre Tabaste, Alexandre est photographe et son travail explore principalement les lieux et les espaces qui nous entourent l'architecture, la décoration d'intérieur et le design. Un regard qui vient de sa formation première, il a étudié l'architecture et exercé dans cette discipline pendant plusieurs années et en 2004 rattrapé par son amour pour l'image il décide de passer du statut d'architecte passionné de photographie un solide photographe passionné d'architecture et son rapport à l'hospitality s'est développé au fil du temps par le biais de reportages et prises de vues qu'il effectue pour des magazines à Brasilia, Séoul, Palm Springs, Ile d'Aran, Mozambique ou encore Tokyo. Récemment, il travaille avec des magazines lifestyle japonais comme Casa Brutus ou Popeye et il a constitué les fonds photographiques de plusieurs établissements parisiens, des restos comme Bambini, Forest, Holiday Café, Mimosa, Maison Plisson et des hôtels renommés comme Le So House. ou le palace cheval blanc créé par LVMH. Bref, je vous en dis pas plus, Alexandre vous raconte tout ça dans ce nouvel épisode, je vous souhaite une très bonne écoute à tous, vous êtes sur Lobby Talks. Du coup aujourd'hui je reçois Alexandre Tabast, photographe, très heureux de l'avoir sur Lobby Talks, et donc l'idée c'est de parler de son parcours, d'échanger sur sa vision de l'hospitality à travers l'image. Et surtout, je vais laisser Alexandre se présenter. Bienvenue Alexandre.
- Speaker #1
Merci Kevin de me recevoir. Je m'appelle Alexandre Tabaste, je suis photographe. Je suis né en banlieue parisienne et je travaille à Paris. Et puis ça doit faire à peu près une vingtaine d'années que j'ai choisi de devenir photographe. Et mon activité s'articule autour de plusieurs pôles, mais vraiment la colonne vertébrale de tout ça, ça s'articule vraiment autour de La photographie d'architecture, d'architecture intérieure et de photographie de lieux. Je collabore avec la presse, je collabore aussi avec pas mal de marques, avec des marques aussi dans le luxe pour Burberry, pour Cartier, pour Chanel. Je travaille aussi avec des groupes qui sont plus spécialisés dans l'hospitality, qui font soit des restaurants, soit des hôtels. Donc il y a LVMH avec l'hôtel Cheval Blanc dont j'ai constitué la photothèque, il y a le MoMA Group, il y a Paris Society, voilà, pour me présenter brièvement c'est ce que je peux dire.
- Speaker #0
Carrément, on reviendra sur les projets, les différents projets mais... A la base, c'était architecte ?
- Speaker #1
Ouais, exactement.
- Speaker #0
Vas-y, raconte-nous un peu comment ça a commencé, comment t'as atterri là-dedans, et le move qui s'est fait après sur la photo. Ça m'intéresse.
- Speaker #1
C'est un move qui est assez long. On va dire que ça a pris un certain temps. Parce qu'effectivement, moi j'ai d'abord fait des études d'architecture à l'école de Paris-La Villette. Donc j'étais ravis, c'était des études très très intéressantes, j'étais très impliqué. J'ai même fait un troisième cycle en histoire de l'architecture contemporaine après avoir obtenu mon diplôme d'architecte. Mais j'ai toujours eu un appareil photo avec moi. Rien de très compliqué, j'avais juste un petit appareil compact qui était à peine plus perfectionné qu'un appareil photo jetable. Et j'avais ça tout le temps avec moi, je m'étais même fabriqué une petite mallette en aluminium avec des protections pour le protéger. Je faisais des photos un peu tout le temps, un peu tous les jours, les sujets étaient assez variés, ça pouvait être bien sûr de l'architecture. Ça pouvait être des paysages, des paysages périurbains, des portraits, des fêtes, enfin voilà, mais en tout cas il y avait vraiment, c'était du pur plaisir, il n'y avait aucune projection par rapport à la photographie. Et enfin voilà, j'étais hyper... Mais en même temps, j'étais très passionné. Je suis quand même parti en stop à Séville pour aller voir le pavillon du Japon qui était construit par Tadavando et faire des photos.
- Speaker #0
Il y avait quand même un sujet passion.
- Speaker #1
Il y avait quand même un certain niveau de motivation qui était présent. Et puis j'aimais tout ce qui avait trait à la photo, déposer mes films, attendre qu'ils soient développés, voir les peuples en chambre. contact, redécouvrir les images, enfin redécouvrir ce que j'avais vu. Et puis aussi, c'était quelque chose qui était très présent, mais j'étais très impressionné par certaines revues d'architecture. Je pensais à une revue espagnole qui s'appelle El Croquis, il y a aussi une revue japonaise qui s'appelle A plus U. Et là, les visuels étaient vraiment, il y avait un très très gros niveau en photographie. Alors pour moi, à l'époque, c'était... complexe de faire un petit peu la différence entre la qualité de l'architecture qui était représentée et la qualité des photos qui représentaient cette architecture. Mais en tout cas c'était quelque chose qui me touchait assez profondément et donc j'étais très compulsif sur la lecture de ces de ces magazines. Et puis je regardais aussi beaucoup de magazines d'architecture, de décoration, enfin donc je consommais beaucoup d'images en tout qui était en lien avec... avec la photo et puis ensuite j'ai même écrit pour des magazines des articles sur la photographie. J'ai écrit des articles sur des gens comme Stéphane Couturier ou Guido Mocafico qui sont plutôt dans le champ de l'art, enfin surtout pour Stéphane Couturier, mais toujours en lien avec l'architecture. Et là c'était quand même un moment un petit peu particulier parce que c'est moi qui ai transmis au magazine leurs hectares. J'avais vraiment leurs images entre les mains et de voir ces hectares, c'est quelque chose qui m'a vraiment marqué, qui m'a beaucoup impressionné. Et donc, mon cheminement vers la photo s'est fait un peu par étapes comme ça. Et à un moment aussi, où je travaillais pour le ministère de la Culture pendant mes études d'architecture, j'ai organisé un parcours culturel autour du patrimoine industriel de Seine-Saint-Denis. C'était à destination d'enfants qui ne pouvaient pas partir en vacances l'été. Et donc il y avait un atelier sténopé qui faisait partie des différentes activités. Et là j'ai fait intervenir un collectif de photographes qui animait cet atelier sténopé. Juste pour rappeler ce que c'est en fait, le sténopé c'est vraiment la base de l'appareil photographique. Là en l'occurrence il s'agissait de boîtes de conserve en aluminium. L'intérieur était peint en noir. Il fallait juste pratiquer un tout petit trou à l'aide d'une épingle et qu'on recouvrait d'un peu de scotch pour pas que la lumière rentre hors de la prise de vue. Dans le fond, on met une feuille de papier photo qui sert de pellicule et puis on part en prise de vue comme ça. Et donc c'est ça aussi qui m'a permis de comprendre vraiment les... les bases de la photographie sur et de manipuler le temps de pose, le diaphragme, la sensibilité. Donc c'était, voilà, c'est partie des choses qui m'ont amené en fait petit à petit vers la photographie mais sans que je le sente vraiment parce qu'il n'y avait pas vraiment, il n'y avait pas de nécessité, c'était du pur plaisir et j'étais tellement passionné par le métier d'architecte que voilà, je ne voyais pas encore complètement de lien.
- Speaker #0
Tu penses qu'on voyait une... Une opportunité professionnelle à cette époque-là ? Plus globalement dans la photo, où c'était pour le coup, on ne pouvait pas l'imaginer. Comment on ressentait la photographie à cette époque-là ? Est-ce que tu te dis, je peux en faire un métier ? Ou c'était une époque où pour le coup, on était vraiment dans de l'art ?
- Speaker #1
Non, pour moi, c'était un peu... aucune projection professionnelle. Il y avait un côté où pour moi, les photographes étaient un petit peu comme des acteurs hollywoodiens. C'était une espèce de pinacle inaccessible. J'en ai vu certains avec leur chambre 4-5. Il y avait un savoir-faire technique qui était nécessaire. C'était un moment où le digital commençait à arriver mais c'était balbutiant. Les boîtiers faisaient 2 millions de pixels. C'était vraiment à la marge. La plupart des gens shootaient en... dans le film et donc il y avait soit des gens qui intervenaient dans le champ de l'art contemporain moi par exemple j'étais très influencé par tous les photographes de l'école Düsseldorf bien sûr Bernays Labechère, Andreas Gursky, Thomas Ruff, enfin voilà tous ces gens là et ensuite il y avait aussi des photographes qui intervenaient plus dans le champ de l'architecture à proprement parler et qui travaillaient pour des agences, pour des magazines d'architecture mais les choses étaient un petit peu dissociées
- Speaker #0
Ok. Et ça, du coup, on est en quelle année, là, quand tu parles de cette...
- Speaker #1
On est en quelle année...
- Speaker #0
Pour se situer un peu, allez.
- Speaker #1
Pour se situer un peu, moi, j'ai eu mon diplôme d'architecte en 97, donc c'est avant cette époque-là. Donc, j'ai commencé mes études en 90, donc c'est entre... C'est 97 que tout ça se met en place.
- Speaker #0
Donc 97, t'es diplômé. Il se passe quoi ? Tu t'intègres à un cabinet ? T'es en indépendant ?
- Speaker #1
En fait, je suis en indépendant parce que pendant mes études, je fais déjà beaucoup de chantiers de réhabilitation d'appartements, de maisons, des surélévations, des extensions, des choses comme ça. Donc je poursuis cette activité.
- Speaker #0
T'es à Paris à ce moment-là ?
- Speaker #1
Je suis à Paris, ouais. Je suis à Paris, donc je suis très content de faire les photos à la fin de mes chantiers, mais vraiment il y a... Je suis à fond sur l'archi et je suis très à l'aise avec ce que je fais. Mais en tout cas, après mon diplôme et quand je commence à vraiment m'installer dans une pratique d'architecte, même si je suis quand même assez jeune à ce moment-là, les années passant, je commence à sentir que ça coince un petit peu. et je commence à avoir un petit peu de mal à me projeter sur le très très long terme en me disant que je vais passer en fait plus de temps à envoyer des lettres commandées à des entreprises qu'à dessiner, à être... prise avec des difficultés techniques, légales par rapport au chantier, que toute la dimension en fait très créative qui était présente pendant les études s'absente de plus en plus.
- Speaker #0
Pour laisser place à l'opérationnel.
- Speaker #1
Exactement et la dimension comme ça un petit peu conflictuelle de la profession d'architecte commence à me poser vraiment problème et commence à oblitérer un petit peu toute la dimension de plaisir qui était ma principale motivation à la base. Donc, je commence à travailler aussi en parallèle avec ma pratique. Je travaille aussi avec d'autres agences en me disant que peut-être en travaillant sur une plus grosse échelle, les choses seront différentes. Mais je suis confronté constamment au même sentiment et puis au bout d'un moment, en fait, je n'en peux plus. Et je me dis que ce n'est plus possible, il faut que j'arrête.
- Speaker #0
Et du coup, tu as exercé combien de temps ? En gros, tu es diplômé 97.
- Speaker #1
Et j'ai dû arrêter. J'ai dû travailler 6-7 ans comme ça.
- Speaker #0
Et là, tu te dis... J'arrête pour la photo ?
- Speaker #1
En fait, il y a un petit temps de... C'est un petit peu complexe parce qu'il faut que je renonce à des études qui sont très longues.
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Il faut... Donc, j'hésite un petit peu parce que je sais que ce que j'ai envie de faire, ça se situe dans le champ de l'esthétique. Mais que choisir ? Est-ce que je reste dans le champ de l'architecture ? Est-ce que je me déplace vers le champ de l'urbanisme ? J'ai dessiné aussi beaucoup de mobilier, donc c'est une piste possible. et en Et en fait, la révélation arrive au cours d'un déménagement. Et je transporte une caisse de négatifs, planche contact, tirage, puis une deuxième, puis une troisième. Et je me dis, mais bon sang, mais c'est bien sûr. C'est ça que je veux faire. Mais c'était tellement associé au plaisir que ça m'était resté un petit peu interdit. et là je me suis dit c'est vraiment ce que j'ai envie de faire et je vais foncer. Il se trouve que c'était plutôt un bon timing, mais mon dernier projet d'architecture était à destination d'un photographe et qui du coup m'a mis en contact avec un studio photo. Parce que la difficulté à l'époque, c'est que je prenais des photos dans mon coin, mais j'avais très peu de connaissances techniques et donc j'avais énormément de choses à apprendre donc j'étais stagiaire au studio zéro et puis ensuite assistant plateau et ensuite j'ai commencé à assister des photographes à l'extérieur et en fait c'est comme ça que j'ai c'est comme ça que j'ai appris je me suis formé sur sur le tas et c'était c'était une école qui était vraiment fantastique parce que j'ai appris un nombre de choses incroyables en très peu de temps et en plus c'est ce que je disais c'est que à l'époque tout se faisait tout se faisait en film et donc une école de rigueur et de compréhension de la photographie et donc j'ai vraiment eu de la chance de me trouver juste à ce moment là et en même temps il y avait le digital qui commençait à arriver donc c'était intéressant aussi de se projeter dans cette nouvelle approche technique de la photo.
- Speaker #0
Donc en gros le... Cette transition, elle s'est faite avec, tu parlais de stage, c'était des jobs que tu avais chopés ?
- Speaker #1
Non, au début les stages, moi je me suis fait un stagiaire, c'est-à-dire que dans le studio photo, j'étais juste la personne qui était au-dessus de la personne qui faisait le ménage quand le studio était fermé. Donc là, il n'y avait pas de rémunération. Ensuite, j'étais rémunéré parce que j'étais assiste en plateau et ensuite j'étais rémunéré en tant qu'assiste. et puis j'arrivais à choper des petits jobs en photo mais c'était vraiment le balbutiement.
- Speaker #0
Après pourquoi je te pose cette question, c'est que je pense que dans plein de profils, sur des personnalités ou des gens qui veulent changer un peu d'univers professionnel, il y a toujours cette transition qui fait peur, de se dire mais en fait qu'est-ce qui se passe ou comment je peux passer, tu vois typiquement d'un diplôme d'archi où tu as investi énormément de temps. parce que c'est des diplômes qui sont longs et de se dire en fait ça je le mets complètement de côté je prends un risque qui est quand même assez costaud de se dire je me lance dans quelque chose qui à la base est ma passion et je veux en faire mon taf et c'est cette transition là là tu l'expliques et je pense que c'est intéressant de partager ces moments là parce que souvent on a tendance à... À parler de la simplicité du truc, je switch d'archi à photographe et ça s'est plié.
- Speaker #1
C'est important que tu le soulignes parce qu'il y a une dimension matérielle qui est très importante dans les changements de cap. ont envie tout d'un coup de se réorienter et moi j'avais vraiment eu un certaine façon un petit coup de chance c'est à dire que j'avais réussi par le biais de mon métier à trouver un loft qui était qui était complètement fracassée, à l'acheter pour une bouchée de pain avec ma compagne de l'époque. Et puis, il se trouve qu'on s'est séparés, on a dû revendre cet endroit. Et du coup, ça m'a fait un petit pécule qui m'a permis de faire cette transition. Et c'est vrai que si jamais je n'avais pas eu ça, ça aurait été quand même assez compliqué. Donc, vraiment, ce n'était pas forcément énorme. Mais en tout cas, ça m'a permis de vraiment transitionner, de tenir pendant pendant. deux ans en vivant pas forcément la grande vie mais en tout cas c'est ce qui a rendu les choses possibles c'est à dire que j'ai pu m'investir à 100% là dedans je savais que j'avais un temps limité mais en tout cas c'était c'est ce qui a rendu les choses possibles d'un point de vue d'un point de vue matériel ensuite il y a eu le quand j'ai commencé à vivre de la photographie donc j'en vivais assez petitement mais mais en tout cas en tout cas j'y arrivais ouais et ça sur la quantité
- Speaker #0
quand tu as commencé à bosser dans la photographie, tu es arrivé dans l'univers architectural ou pas du tout ? Au début, c'était ton target de départ ?
- Speaker #1
Oui, c'était ce que j'avais envie de faire. Bien sûr, j'avais assez envie d'intervenir dans le champ de la photographie pasticienne, d'une photographie qui était plus en lien avec l'art contemporain. ensuite je voyais bien que concrètement ça allait être difficile d'en vivre et j'avais de toute façon envie de faire de la photographie d'architecture j'avais un réseau d'architectes que je connaissais j'avais aussi beaucoup d'amis qui travaillaient dans d'autres agences donc je savais que je pouvais commencer à travailler avoir mes premières commandes je savais que c'était une chose qui ça me paraissait envisageable de passer de l'un à l'autre de passer d'un d'être architecte passionné de photographie à devenir photographe passionné d'architecture. Et c'est un petit peu par ce biais-là que j'ai commencé. C'est-à-dire que j'ai rencontré une première chance d'architecture. Et ils m'ont dit, tu as un portfolio ? Je dis, ben non. Et donc je leur ai proposé, je leur ai dit voilà si vous voulez moi je vais photographier ce bâtiment que vous venez de livrer, si les images vous plaisent vous me rémunérez et puis sinon on se quitte bons amis. Et donc ça a commencé comme ça. Et puis ensuite j'en ai fait de plus en plus et mon nom a commencé à circuler et j'ai commencé à travailler pour des magazines, pour plus d'agences d'architecture. et puis aussi j'ai fait des rencontres il y a des gens qui m'ont aidé sur sur le chemin et notamment en fait moi j'avais un ami qui travaillait chez andré puttmann et par son son biais j'ai pu rencontrer un très bon photographe d'architecture qui s'appelle luc beugli que j'ai rencontré il a regardé mais mes images avec beaucoup beaucoup d'attention il m'a donné pas mal de conseils assure sur des aspects techniques de cadrage et de choses comme ça est Est-ce qu'on peut s'arrêter là-dessus ?
- Speaker #0
Tu vois, est-ce qu'on... reviendra un petit peu sur le côté technique et captation d'un lieu tu vois, et de l'émotion et de tout ce qu'il y a derrière, mais c'est quoi les conseils qu'on te donne tu vois à ce moment là genre est-ce que tu as des petits souvenirs de ce qu'on a pu te partager ?
- Speaker #1
Ah oui, à l'époque c'est très très riche parce que en fait moi quand je commence mon activité je m'achète une chambres 4, 5 et les standards de l'époque aussi bien pour les photographes que pour les magazines c'est de faire des photos à l'Hecta donc de la diapo et donc qui est le support le plus périlleux utilisé parce que si on surexpose ou sous-expose d'un tiers de diaph, en fait, l'image n'est pas bonne. Donc, il y a quand même une forme d'enjeu. moi, je commence à faire des photos de cette façon là mais à chaque fois je suis confronté à des difficultés ou à des choses que je découvre et le truc qui est bien c'est qu'en fait il ya des gens qui peuvent me donner des réponses c'est à dire qu'il ya un monsieur que j'aime beaucoup qui s'appelle daniel et qui qui s'occupait d'un magasin qui s'appelait le grand format boulevard beaumarchais et à chaque fois que j'avais une question j'allais le voir et je lui disais voilà dans tel endroit que j'ai photographiés, il y avait des néons... il y en avait qui envoyaient du magenta d'autres plutôt une lumière verte qu'est ce que je peux faire donc il me disait achète un colorimètre et achète des filtres et voilà en plus il était souvent entouré de d'autres gens de photographes voilà d'une génération bien antérieure et qui passait du temps en fait à discuter donc c'est toujours prêt à me donner beaucoup de conseils donc j'ai appris j'ai appris beaucoup grâce à ces gens là et puis avec lui bugly dont je parlais tout à l'heure. c'était une pratique plus opérationnelle donc il savait que dans un reportage d'architecture il faut essayer de varier un petit peu les points de vue il faut avoir des vues un petit peu générales ensuite être sur des choses plus détaillées il faut savoir parfois un peu changer d'optique donc c'était des choses qui étaient j'ai vraiment eu de la chance de rencontrer ces gens-là parce qu'ils étaient dans une optique assez généreuse de transmission et de... de voilà c'était des gens qui m'ont beaucoup aidé en tout cas et du coup ça me permet d'en briser sur le sujet tu as d'émotion et de la manière de capter un lieu aujourd'hui
- Speaker #0
si on fait on fait un petit gap là tu étais sur ton travail aujourd'hui la manière de de capter l'émotion d'un lieu et de se dire en fait c'est tel angle qu'il me faut ou telle et telle photo pour comprendre ce que peut dégager un espace comment toi tu procèdes ? Tu m'as déjà partagé 2-3 trucs on a déjà échangé là dessus où tu m'expliquais que toi t'aimais bien être solo sur un shoot et potentiellement bouger les choses comme toi tu le sens ce qui est assez Ce qui peut être potentiellement délicat quand tu as des gens à côté ou les proprios ou les archis.
- Speaker #1
Ma façon d'approcher les lieux, c'est un petit peu... comment dire c'est pas méditatif mais il ya quand même quelque chose un petit peu de cet ordre là c'est à dire que quand j'arrive quelque part pour pour faire des photos au départ j'ai besoin juste de me promener et juste de ressentir l'endroit mais un petit peu comme un enfant rentrerait quelque part et je me dis ici je me sens bien ici je sens qu'on est plus ouvert sur l'extérieur enfin j'ai besoin d'avoir une lecture pas du tout intellectuelle du lieu et juste un petit peu de m'imprégner comme ça sans réfléchir au fait que je vais faire des photos après, donc ça c'est un petit peu comme une première passe quoi, qui est vraiment de m'imprégner de l'endroit, de ce que je ressens de façon un petit peu animale comme ça Merci. Et ensuite, je revois les choses sous un angle un petit peu plus rationnel, c'est-à-dire que j'essaie d'identifier pour moi les endroits qui sont les points forts du lieu. Je commence à me faire un petit storyboard, je commence à faire des brouillons de photos avec mon téléphone, je me fais une espèce de shot list comme ça. où je me dis qu'il faudrait que je fasse ça, ça, ça et ça. Et j'essaye aussi de faire un petit peu coïncider ce que je dois faire, parce que c'est quand même des travails de commande. Donc je sais que mon client a besoin de montrer son lieu d'une certaine façon. Donc ça, c'est quelque chose que je respecte et que j'intègre. Et ensuite, je sais que ma valeur ajoutée aussi, c'est d'avoir un regard plus spécifique sur certains aspects de cette architecture-là. Et une fois que ça s'est mis en place, je commence à faire des photos. Au début, c'est un petit peu lent parce qu'il faut que je commence à me caler, etc. Et ensuite, à l'inverse, ça devient assez rapide. Et je sais que je fais beaucoup de photos. Et comme effectivement, je te le disais, maintenant, je shoot en digital. Mais je continue à travailler un petit peu comme si j'étais en film. C'est-à-dire que je ne suis pas relié à un ordinateur. J'ai pas envie de voir l'image comme ça. ça en grand j'ai besoin de rester comme ça dans ma bulle un petit peu et de ça me permet aussi d'être très concentré sur ce que je fais de pas regarder sur l'ordinateur et en tout cas d'installer l'endroit avant même de déclencher voilà qui est pas de choses qui traînent enfin vraiment d'être d'être très concentré sur sur chaque image que je vais prendre est ce que tu tu sens une différence entre... Merci.
- Speaker #0
d'un point de vue lieu, pas matériel ou technique, entre ce que tu shootais il y a 10-15 ans et ce que tu shootes aujourd'hui ? Quand tu rentres dans ces espaces, est-ce que tu marques une différence d'âme, de ressenti que tu peux avoir entre les espaces que tu côtoyais et que tu shootais en film, typiquement ? pour marquer l'époque, la période, est-ce que tu shoots aujourd'hui en digital ?
- Speaker #1
Sur le rendu, sur la différence de rendu ou sur l'évolution de l'architecture des lieux ?
- Speaker #0
Oui, tu vois les sujets d'âme, j'essaie de tomber sur les sujets d'expérience ou d'émotion que peuvent dégager un espace. La question que je me pose, pour ne pas avoir côtoyé des hôtels ou des lieux il y a 15 ans, Avec la lecture que j'ai aujourd'hui, je me pose la question de me dire, est-ce qu'il y avait une part de hasard ? Est-ce que les choses étaient plus spontanées à l'époque ? Aujourd'hui, on essaie de travailler un espace, de faire en sorte que tout soit pensé. Est-ce que c'est quelque chose que tu ressens en photo ?
- Speaker #1
Oui, il y a quand même quelque chose qui a un petit peu changé. Je pense aussi sur les sources d'inspiration. Je pense qu'avant, dans le champ de l'hôtellerie, de l'hospitality, c'était... Les lèvres Les codes faisaient partie de ce monde-là et n'allaient pas forcément chercher ailleurs. C'était très auto-centré, je pense. Il s'agissait de répondre à... de reproduire ces codes. Maintenant, je pense que c'est un petit peu ce qui a changé. C'est que tout dépend aussi un petit peu de la gamme, parce que l'offre est assez large. Donc, on peut aller du palace à des petits hôtels qui vont être bien moins chers, mais qui vont proposer des expériences très enrichissantes. et Et je pense que c'est un petit peu ça qui a changé et que je ressens, c'est qu'il y a une volonté de toucher les gens de façon un petit peu plus personnelle et d'être attentif à plein de petites choses qui ne sont pas nécessairement formelles, mais qui touchent les gens, qui leur permettent peut-être de se retrouver un petit peu plus à la maison en étant à l'hôtel. Je pense que c'est un petit peu ça qui a changé, même même dans les équipes qui font l'accueil. On est quelque chose qui est, je trouve, un petit peu plus bienveillant et avec moins de différences qu'à l'époque. Et voilà, où il y a plus de diversité. Donc les choses ont évolué, je trouve, plutôt dans le bon sens. En tout cas par rapport à ce qui me touche moi.
- Speaker #0
Et d'un point de vue photo, tu penses qu'on laisse plus de place aux détails ? Oui,
- Speaker #1
beaucoup plus. parce qu'en définitive les détails permettent de véhiculer une idée et une sensation par rapport à un lieu.
- Speaker #0
Et je pense qu'en fait, il n'y a pas forcément de nécessité à être très descriptif pour montrer un espace. Pour moi, c'est un petit peu chirurgical. Ça peut même ôter une... la qualité du lieu en fait si on en dévoile trop alors qu'en définitive par le biais d'une accumulation de détails on arrive à insuffler un petit peu là le sentiment qu'on peut avoir dans cet endroit et créer en fait une envie parce qu'on a on a quelque chose de pas nécessairement très précis qui se dégage de ça, mais il y a la qualité, la lumière, il y a les textures qui sont utilisées, il y a les couleurs. Et tout ça, en fait, je pense que c'est ce qui peut toucher les gens quand ils regardent des images comme ça, de lieux et d'hôtels, plus que de savoir que leur lit va faire 180 de large.
- Speaker #1
Et de le voir. Et de le voir,
- Speaker #0
et d'être comme s'ils avaient besoin d'être rassurés sur le fait qu'il y aura vraiment des serviettes dans la...
- Speaker #1
la salle de bain il y aura du savon parce que ça en définitive implicitement on sait que ça y sera ouais mais c'est un peu ce que tu me disais la dernière fois c'est que tu peux avoir aujourd'hui encore cette cette requête de la part de clients qui te dit en fait on veut voir qu'il y a tous ces tous les amenities tous les sujets tu parles de serviettes de savon et tout alors qu'aujourd'hui je pense à une certaine époque de dans l'hospitality on avait besoin de ça là où aujourd'hui on a clairement plus besoin de le voir parce que c'est une évidence et du coup ça permet je pense que d'un point de vue créatif l'époque dans laquelle on est aujourd'hui permet d'être plus créatif en termes de photos sur des sujets de lieu et d'espace ?
- Speaker #0
Oui, je pense que c'est le cas. Après, je comprends que pour les clients, c'est compliqué d'être dans cette espèce de double injonction, d'être à la fois descriptif, de rassurer les clients sur la qualité de l'expérience qui leur est proposée, et en même temps, de ne pas trop montrer. C'est vrai que c'est compliqué de faire en sorte que ces deux concepts se rencontrent. mes amis Je pense qu'il y a de plus en plus de gens, et notamment dans les jeunes hôteliers, qui sont très ouverts au fait de montrer leur lieu, justement par le biais de détails, par des choses qui peuvent être très abstraites. Et en fait, faire confiance aux photographes en disant qu'on fait appel à cette personne. C'est quelqu'un qui a une forme de sensibilité par rapport au lieu et qui a un certain regard. Ce qu'on recherche, c'est ce regard-là et pas forcément un cocher des cases. Mais après, c'est vrai que paradoxalement, de temps en temps, je travaille avec des gens qui me disent... On veut voir qu'il y a les menus, qu'il y a le fond d'écran sur les casques. Alors qu'en définitive, moi j'aurais tendance à épurer le plus possible pour que ce qui soit visible, c'est la qualité de l'architecture, la qualité de la décoration. Alors que pour moi, c'est vraiment tout un tas de petits signaux qui au contraire me ramènent vers la réalité. Alors qu'en définitive, si j'ai envie d'aller à l'hôtel, si j'ai envie d'aller au restaurant, c'est peut-être pour vivre un moment qui se détache.
- Speaker #1
aussi un peu de la réalité et selon toi c'est quoi les quelques piliers indispensables pour ressentir l'âme d'un lieu tu parlais de la lumière, tu parlais des matières des textures sur quoi c'est quoi les conditions idéales pour shooter un pour faire pour faire en sorte que pour faire transpirer l'homme d'un lieu je pense qu'il ya déjà pas mal de préparation c'est à dire que pour pour
- Speaker #0
moi c'est bien si je peux faire un repérage déjà voir un petit peu les lieux pour voilà pour le ressentir pour élaborer quelque chose une histoire autour de cet endroit. Je pense que c'est bien aussi de... d'avoir les meilleures conditions météo. C'est tout bête, mais en définitive, est-ce qu'on a envie d'avoir une lumière assez contrastée, avec des entrées de soleil, avec des ombres, ou au contraire, une lumière plus blanche qui va rendre quelque chose... de plus doux de savoir quelle va être la course du soleil autour de du bâtiment de l'édifice pour savoir comment s'organiser comment tourner et obtenir les meilleurs résultats donc il ya déjà une part un peu de préparation s'imprégner et puis ensuite voir comment enfin voilà parce que la lumière c'est vraiment un élément essentiel c'est vraiment ce qui donne la tonalité de la photographie d'un lieu et puis et puis ensuite c'est de d'identifier vraiment les points forts du projet. Je trouve que c'est une des choses qui est extrêmement importante, savoir qu'il y a certaines choses qui visuellement vont bien marcher, et pas que visuellement, ça va marcher aussi dans l'expérience qu'on aura du lieu. et de créer une espèce de collection d'objets, d'endroits, de coins, et qui vont constituer autant d'indices qui ensuite donneront envie de découvrir l'endroit.
- Speaker #1
Ça, c'est quelque chose que... potentiellement tes clients ont travaillé en amont ou c'est aussi ton enfin c'est ton job de leur dire attend la collection je peux vous la je peux vous la créer avec la lecture que j'ai de l'espace ou du lieu ouais non c'est pas non ça c'est vraiment quelque chose que j'amène moi c'est ma façon de travailler
- Speaker #0
et puis mes clients c'est pas leur métier de faire des photographies donc c'est ils peuvent mettre en place parfois des même souvent des chocs liste à savoir que je vais photographier telle chambre telle chambre tel endroit etc donc il ya des quand même des cases à cocher mais ensuite ma valeur ajoutée en dehors de ce que j'amène en termes de rendu c'est aussi d'être attentif à des choses qui peut-être leur échappent mais qui font partie de la qualité des lieux et
- Speaker #1
voilà hyper intéressant là pour le coup c'est parenthèse mais c'est quoi toi qui te marque si on pose l'appareil et toi en tant que que clients d'un hôtel ou d'une baraque que tu vas louer ou dans laquelle t'as envie de te retrouver c'est quoi les choses qui te marquent et auxquelles t'es attentif c'est
- Speaker #0
d'abord la déco c'est le choix du mobilier c'est le choix des textiles c'est l'échelle du lieu aussi beaucoup ça c'est vraiment vraiment, je dirais que c'est les premières choses qui me touchent. Je me dis, voilà, est-ce que j'aurais envie d'habiter là, même si c'est pour un temps assez limité. Mais c'est de me dire, voilà, est-ce que ça me plaît, est-ce que c'est un endroit que j'ai envie de découvrir, est-ce que j'ai envie d'être dedans. enfin c'est essentiellement lié à ça afin de pouvoir toucher certains types de chaises, de tables, de certaines textures de murs, c'est ça qui me donne envie en premier. Et puis ensuite, il y a une chose qui est assez importante pour moi, c'est que quelque part, cette décoration, elle peut aussi me donner des indices sur l'accueil. Et que je trouve que c'est aussi beaucoup les gens qui font les lieux et que ça fait partie de l'expérience. Et c'est aussi ce qui me permet de me sentir bien quelque part quand je vais, si je vais deux jours dans un endroit, même si c'est un endroit agréable, mais que je suis dans un contexte professionnel, c'est important pour moi de sentir qu'il y a une présence humaine qui est bienveillante dans le lieu et ça ça se traduit pour le coup comme tu dis par le choix du mobilier par l'histoire que peut cacher un meuble ou une chaise et de te dire qu'en fait le
- Speaker #1
propriétaire a été attentif à ça, a fait un choix et du coup derrière t'as une histoire que tu peux fantasmer parce que t'es pas forcément au contact de ces gens là ouais complètement et puis en plus ça a
- Speaker #0
Ça me permet aussi de me projeter un petit peu au-delà de l'hôtel, mais de me dire que si je dois aller au restaurant et sortir, si je demande dans ce lieu-là, avec lequel j'ai une affinité, si je demande dans quel restaurant aller, je sais qu'on m'enverra vers les bons endroits. si je vais aller voir un musée donnera des directions intéressantes si je veux me promener dans un quartier agréable on donnera aussi les meilleurs conseils et que ce sera ça entrera un petit peu en résonance avec ce que les valeurs esthétiques
- Speaker #1
et de l'endroit en tout cas de l'espace c'est hyper intéressant et on n'avait pas parlé mais comment toi en tant que photographe tu as T'as vécu le passage du film au digital. T'en parlais tout à l'heure sur la manière de consommer la photo. C'est-à-dire que t'es toujours dans une approche... film, c'est à dire que t'as pas d'écran, pas d'ordi sur un shoot, est-ce que pour toi ça a été bon, ça a été mauvais ?
- Speaker #0
C'était très compliqué, c'était compliqué parce que le... Avec le film, en fonction de l'appareil photo qui était utilisé, en fonction de la pellicule qui était utilisée, en fonction des types de développement, de tirage, je savais quel type de rendu j'allais obtenir. et j'ai acheté mon premier boîtier numérique et pour moi le résultat était horrible parce qu'en fait il y avait une autre étape qu'il fallait que je commence à maîtriser qui était de la post production j'ai vraiment aucune compétence donc j'ai acheté un preuve boîtier numérique j'ai fait un shoot avec et ensuite je les offerts un ami pour son anniversaire donc j'ai continué en film mais au lieu de shooter à l'hectare shooter en négatif que je faisais scanner enfin donc c'est vraiment venu par par étapes successives et puis au bout d'un moment même par rapport aux magazines par rapport clients etc ça devenait plus franchement à propos de shooter en film en tout cas économiquement c'était compliqué logistiquement ça l'était aussi et Merci. Et voilà, donc petit à petit, j'ai commencé à apprivoiser un peu le support, à essayer plein de marques différentes, à essayer des objectifs manuels anciens, enfin tout, jusqu'à arriver à trouver mes propres réglages où je me sens à l'aise. Bon, je ne dirais pas que la texture est la même que la texture de film,
- Speaker #1
c'est pas le cas.
- Speaker #0
Mais en tout cas, trouver autre chose et trouver un rendu qui me plaît. Après, moi, je viens de me racheter une chambre. fait du film aussi pour...
- Speaker #1
Tu shoots un peu en argentique sur des livres ?
- Speaker #0
Non, plus trop. Plus trop ? Non, non, c'est plus pour moi. Parce que concrètement, sur beaucoup de prises de vue, les délais qui sont envisagés sont extrêmement courts. Il n'y a pas très très longtemps, j'ai photographié la dernière boutique quartier à Amsterdam. Et en fait, je faisais les photos. il y avait des retoucheurs qui étaient dans les bureaux, j'amenais mes cartes, on éditait très vite, il commençait les retouches, moi je continuais à aller faire des photos, ce qui fait qu'en fin de journée, les visuels étaient libres. Donc on est parfois dans des délais qui sont pas tenables avec du film.
- Speaker #1
Et pour toi, le sujet de post-prod ? En restant dans la photo d'archi, de lieu, d'hôtel, il y a une limite à ne pas dépasser ? C'est quoi la relation que tu as à la post-prod ? Après,
- Speaker #0
sur l'architecture, je pense que c'est peut-être un petit peu moins sensible que... que pour de la mode ou de la beauté, parce que les enjeux de transformation ne sont peut-être pas aussi importants. Après, c'est vrai que si on va un peu trop loin dans les chromies... dans l'exposition on peut vraiment un peu transformer des lieux et c'est vrai que je veux dire moi je peux pas avec une pause longue on peut faire croire qu'un endroit extrêmement sombre en fait bien éclairé qui est ce qui est pas la réalité donc ça tout dépend un petit peu de l'éthique de chaque photographe par rapport au lieu.
- Speaker #1
Comment ça se gère quand tu fais un shoot pour quartier ? Tu as une équipe qui gère ce que tu nous disais, qui gère la partie retouche. Toi, tu as ton regard là-dessus quand même ?
- Speaker #0
Oui, j'ai mon regard là-dessus, c'est-à-dire que moi je donne mes courbes, mes profils, pour que les images aient un certain rendu. Donc ça, c'est des choses que je contrôle. Et voilà, il faut que ce soit il faut que ce soit conforme à la façon dont je travaille il faut aussi que ça puisse correspondre à ce que souhaite le client mais oui oui complètement c'est pas du tout quelque chose qui m'échappe et au contraire c'est extrêmement important vu que maintenant en fait dans le digital si on veut arriver à un certain rendu vu que c'est plus comme en film il faut vraiment être précis sur ce qu'on a envie d'obtenir comme résultat parenthèse technique là mais on entend souvent parler
- Speaker #1
de voilà on échangé avec deux trois photographes et sur sur le rendu le rendu qui peut avoir un aspect argentique tu as et en fait on a pas mal qui nous partagent le fait de mettre des objectifs argentique sur des poéties numériques ouais ça c'est temps pour toi t'en penses quoi là c'est vraiment moins sur le fouet non moi c'est quelque chose que j'ai que j'ai beaucoup fait maintenant Maintenant,
- Speaker #0
je le fais un petit peu moins parce qu'il y a… d'autres moyens de salir son image parce que c'est un petit peu ça la difficulté du numérique après tout dépend des marques des boîtiers enfin le sujet est très très loin et c'est important que chacun se fasse un petit peu c'est ses marques par rapport à ça et il ya enfin voilà moi je Je regarde le travail de plein de photographes et parce que bon c'est bien d'être inspiré pour moi par certaines choses c'est impossible de copier parce qu'en définitive on se retrouve jamais dans les mêmes lieux on n'a jamais vu le même matériel on n'a pas du tout la même vision n'a pas du tout la même façon de cadrer mais mais je sais que ce qui ce qui m'intéresse moi c'est aussi de faire évoluer un petit peu ma pratique et de temps en temps je vois des choses je me dis ah tiens c'est parce qu'en fait En fait, dans la photo d'architecture, c'est quelque chose d'assez normé. C'est-à-dire qu'il faut que les verticales soient verticales, que les horizontales soient horizontales. Voilà, moi, j'aime bien la frontalité, les choses qui ressemblent un petit peu à des dessins d'architecture. C'est une vision qui est très, très construite. Mais il y a des photographes, je pense notamment à François Allard, qui est un très, très grand photographe d'architecture et d'intérieur. Et ce que j'apprécie dans son travail, c'est justement qu'il y a une forme de souplesse, un petit peu d'accident, que de temps en temps ça penche un peu, qu'il y a des endroits un peu flous et je me dis que c'est bien justement de faire intervenir ce type de sensibilité dans la photographie d'architecture. Et donc, je ne pense pas que ce soit uniquement lié à des éléments techniques en fait. Même si la texture de l'image est un truc vraiment essentiel.
- Speaker #1
Oui, c'est intéressant du coup. Je te dis, c'est un peu les... C'était un sujet que je croisais et qui m'intéressait. C'est intéressant de se dire qu'au final, il n'y a pas que la technique.
- Speaker #0
Non, il n'y a pas que la technique. Et puis moi, j'ai fait beaucoup de tests. Et même là, il n'y a pas très longtemps, pendant quelques années... j'ai beaucoup utilisé des objectifs Nikon des années 70, une certaine série, des Nippon Kugaku que j'avais tous, pour justement me rapprocher le plus possible d'une texture un petit peu numérique. Et puis là, récemment, j'ai fait un peu le comparatif entre ces objectifs-là et d'autres objectifs beaucoup plus contemporains. Et en définitive... les rendus n'étaient pas si éloignés que ça l'un de l'autre, en fonction de certains réglages. Donc en définitive, avec une vue qui n'est pas forcément extrêmement précise, un peu d'autofocus, etc., c'est bien aussi. Ça permet de travailler parfois un petit peu plus vite. Donc je trouve que le progrès technique n'est pas une mauvaise chose. Et puis même d'un point de vue écologique, je me suis pas mal posé la question de savoir qu'est ce qui était préférable en fait entre utiliser des boîtiers un petit peu anciens mais qui nécessite la fabrication de pellicules la chimie des développements tous les déplacements qu'il faut faire pour finalement scanner les dix films qui seront aussi stockés sur des disques durs dans des data center versus du digital où il faut fabriquer les boîtiers où il ya aussi du du stockage sur des disques durs, dans des data centers, dans des clouds, etc. l'un dans l'autre j'ai lu beaucoup de choses il n'y a pas de réponse tranchée sur le sujet mais en tout cas ça fait partie des points d'intérêt en tout cas il n'y a pas de il n'y a pas de pinacle le bon outil c'est celui qu'on utilise bien. Il y a des gens qui travaillent au téléphone et qui font des trucs super. Donc, moi, je n'ai aucun problème avec ça.
- Speaker #1
Il y a eu l'expo de... En parlant de ça, ça me fait penser à Axel Morin. Oui,
- Speaker #0
c'est ça.
- Speaker #1
C'est une expo qui est pure iPhone où il n'y avait pas un sujet.
- Speaker #0
Oui, c'est que de l'iPhone.
- Speaker #1
Que de l'iPhone.
- Speaker #0
Que du téléphone. Mais voilà, moi, je sais que ça m'est arrivé une fois de faire un... un reportage juste au téléphone. C'était complètement accidentel. Je devais faire des photos à la manufacture de Sèvres. Il se trouve que la journaliste avec qui j'étais, sur les autorisations, il y avait un petit décalage dans les dates. On pouvait visiter l'endroit, mais il était impossible d'utiliser mon matériel avec le trépied, avec tout ce qui s'ensuit. J'ai fait des photos avec mon téléphone. C'est très bien passé.
- Speaker #1
Et du coup, avec la petite parenthèse sur l'évolution technique, ta lecture, toi, sur l'évolution de l'hospitality, tu vois, ces dernières années, on en a parlé un petit peu tout à l'heure, tu vois, sur la manière dont les archis, les créatifs abordent un lieu. toi tu on a parlé du détail mais plus globalement comment tu ressens notamment sur l'image j'ai le sentiment aujourd'hui qu'on attache beaucoup plus d'importance à l'image d'un lieu il y a quelques années est-ce que c'est quelque chose que tu ressens ? par rapport à la demande que toi tu peux avoir en tant que photographe ?
- Speaker #0
C'est pas une chose qui est exprimée de façon très claire comme ça, mais ensuite je vois bien que dans le paysage esthétique de l'hospitality... les choses ont pas mal changé et qu'effectivement, je pense que c'est un petit peu ce que je disais tout à l'heure, on a des photographes qui interviennent dans ce champ-là, ont tendance à être un petit peu moins factuel et être moins descriptif par rapport au lieu. Et je sens qu'il y a une demande de sensibilité. de ressenti un petit peu artistique par rapport au lieu qui est plus importante. Et j'ai l'impression que la tente comme ça est plus les hôteliers ou même les plus grands groupes, ils ont vraiment envie de toucher leur clientèle pour qu'on ne soit pas juste dans une simple transaction de j'ai besoin de résider à tel endroit avec tel niveau de prestation et ensuite j'entre chez moi. Je pense qu'il y a une intention qui est prêtée. enfin il faut Il faut que les gens repartent de cet endroit avec quelque chose en plus. Et moi, je sais qu'il y a des lieux qui ont pu me toucher comme ça, quel que soit le niveau de prestation. C'est-à-dire que quand j'étais au parc Hayat à Séoul, j'avais une suite de 200 m² qui donnait sur un énorme carrefour avec une baignoire en pierre brute qui donnait sur la ville. C'est vrai que c'était bien.
- Speaker #1
Ça laisse un petit souvenir.
- Speaker #0
Ça laisse un très bon souvenir. Là, on est dans le luxe, on est dans une architecture qui est extrêmement contemporaine, très minimaliste, et où le service est extraordinaire. Il n'y a rien à dire. Mais après, si je vais au Cabanet à côté d'Arles, je suis ravi aussi. Parce que je trouve que l'endroit est très beau, que tout a été bien pensé par rapport à l'histoire du lieu. et que... Mais quand je repars de cet endroit, je suis très content aussi.
- Speaker #1
C'est intéressant. Et les cabanettes, tu as shooté là-bas ?
- Speaker #0
Non, j'y suis allé plusieurs fois et j'ai fait des photos là-bas pour mon plaisir. Mais c'est vrai que c'est la partie du genre d'endroits que j'aime bien.
- Speaker #1
Pour ceux qui ne connaissent pas, peut-être que tu peux décrire le lieu, mais c'est intéressant parce que c'est un ancien... En fait,
- Speaker #0
les cabanettes, ce n'est pas très loin d'Arles. à très loin et donc c'est un motel alors bon le motel en France c'est quand même un concept qui a été assez peu développé je pense qu'il a, je ne me souviens plus tout à fait mais en tout cas il a dû être construit fin des années 60 début des années 70 donc c'est vrai que c'est pas très loin de la route c'est une architecture des années 70 qui est à la fois en maçonnerie il y a des panneaux en bois c'est assez typique de... d'une architecture de bonne qualité de ces années-là. Et en fait, il a été repris par un couple, un jeune couple. Ils se sont rencontrés, je crois, à New York. Lui est américain, elle française. Ils ont repris cet endroit, ils ont construit une famille et ils ont réhabilité cet endroit de façon extrêmement pertinente en choisissant le bon mobilier, les bons tissus.
- Speaker #1
c'est vraiment extrêmement cohérent j'ai pas eu l'occasion encore d'y aller il faut que j'aille voir ça mais en tout cas je pense qu'il y a un vrai sort aujourd'hui sur cette typologie de lieu plus indépendante aussi dans
- Speaker #0
l'hospitality peut-être qu'il y avait moins à l'époque j'ai l'impression que ça a été je suis absolument pas historien on va changer le titre du podcast de l'hospitality mais par exemple que la... C'est vrai que des endroits comme les Ace Hotels ont, je trouve, initié quelque chose qui ensuite a infiltré un petit peu la culture européenne de l'hospitality. Et par exemple, c'est vrai que moi, la première fois que je suis allé au Ace Hotel de Palm Springs, il y avait ce mix où j'arrivais dans un endroit qui était plus un petit appartement qu'une chambre d'hôtel. le mobilier était chiné donc c'était Et voilà, il n'y avait pas la volonté de produire comme ça des cellules identiques. Et ça, ça me touche en fait, de savoir que je ne suis pas dans une cellule qui ressemble à 50 autres cellules qui sont identiques, où il y a des petites choses, des petites attentions qui sont... poser ça et là. Et ensuite, il y a eu l'Hôtel Amour à Paris aussi qui véhiculait un petit peu ça. Et je pense que ça a infiltré un petit peu la culture de l'hospitality par la suite.
- Speaker #1
Écoute, nous on a fait 45 minutes. On est bien ? C'est hyper intéressant en tout cas. Je pense que c'est important de mettre en lumière A d'autres, tu vois, dans l'univers de l'hospitality justement, à tout ce qui gravite autour et ce qui permet de, je reviens sur ce terme, d'émotion ou d'âme d'un lieu. Et l'image est... partie prenante de toute l'expérience d'un lieu donc c'est hyper intéressant où est-ce qu'on peut retrouver ton travail t'es présent sur Instagram oui j'ai un compte Instagram t'as un compte Instagram ? j'ai un compte
- Speaker #0
j'ai un MySpace aussi j'ai un blogspot effectivement on peut me trouver sur Instagram j'ai un site aussi sur la toile sur la toile à mon nom alexandretabas.com parfait,
- Speaker #1
je mettrai tout ça en description du podcast comme ça on pourra retrouver c'est quoi les derniers,
- Speaker #0
tu peux communiquer sur les derniers hôtels que t'as pu sur les derniers hôtels que j'ai fait, tu parlais de Cheval Blanc ouais Cheval Blanc, ça c'était un énorme travail, c'est à dire que c'est Merci. C'est quasiment une année de prise de vue, bien sûr, en discontinu. Il y a eu aussi le Soho House à Paris. Qu'est-ce que j'ai fait d'autre ? Je fais beaucoup de photos de restaurants aussi. J'ai fait des bambinis. Forest, au musée d'art moderne, j'ai fait Mimosa, enfin voilà, il y a pas mal de choses comme ça, en tout cas dans le champ de l'hospitalité.
- Speaker #1
Tu fais pas la food, c'est uniquement...
- Speaker #0
Non, je fais pas la food.
- Speaker #1
Pour les restos, c'est... Non,
- Speaker #0
en règle générale... font appel à d'autres gens, moi ça m'arrive dans le passé de le faire, mais en tout cas en règle générale c'est assez dissocié, c'est mieux de ne pas mélanger deux typologies de prise de vue qui sont quand même différentes ok,
- Speaker #1
et bien écoute je mettrai tout ça en description du podcast et site internet le compte sans peu on peut retrouver ton travail des basés à paris avec son exact toujours à paris toujours toujours un peu de surf de temps en temps voilà je le glisse à chaque épisode tu sais pour pour insuffler la norme et la bretagne la mafia bretonne c'est important non non je n'ai pas d'options Merci beaucoup en tout cas pour ton temps Hyper agréable
- Speaker #0
Merci beaucoup
- Speaker #1
Et puis du coup je mets tout ça en description Du podcast
- Speaker #0
Et je te souhaite une très bonne journée Merci A bientôt Kevin
- Speaker #1
Merci à tous pour votre écoute. Je vous invite à rejoindre le podcast sur votre plateforme préférée, à laisser une petite note si vous avez apprécié l'épisode, et je vous donne rendez-vous dans 15 jours pour une nouvelle interview et un nouvel échange sur Lobby Talks. Merci à tous, à très vite.
- Speaker #0
Ciao.