- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur Lumière sous la couette, le podcast qui explore les sexualités. Je suis Louise Bonte et à mon micro vous entendrez des récits intimes mettant en lumière des personnes qui ont accepté de vous partager ce qu'on garde généralement secret. À travers leurs histoires, elles assument d'exposer cette partie de leur vie dans l'ombre qui en dit l'an sur soi, sur nous et notre époque. Parce que la sexualité nous concerne toutes et tous et que partager ce qui nous fait du bien, nos expériences et nos anecdotes les plus cocasses permet de donner une multitude de définitions à ce qui se cache derrière le mot sexe. Ouvrez bien grand vos oreilles, on va allumer la lumière sous la couette. Si je vous dis cuir, latex, talons, bas, pieds, qu'est-ce qui vous vient à l'esprit ? Dans ce nouvel épisode, on va parler de fétichisme, et pour ça j'ai pu m'entretenir avec Melainya, qui est donc fétichiste. Avec elle... on a parlé de ce que c'est exactement le fétichisme, de son attirance très tôt pour une certaine ambiance, une certaine esthétique, avant qu'elle ne découvre par l'expérience ce milieu-là pour la première fois. Melainya nous raconte aussi comment ces différents fétiches s'imbriquent dans sa vie intime et de couple, comme deux choses qu'elle a décorrélées, l'une influençant l'autre, mais n'étant pas forcément liées dans sa sexualité avec ses partenaires. Et je dis partenaire au pluriel, car oui, il est également question de... polyamour dans cet épisode où Melainya se confie sur l'évolution de ses relations amoureuses au fil du temps et de son acceptation de ne jamais vraiment avoir voulu être en couple monogame. Je vous en souhaite une belle écoute. Bonjour Melainya.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Est-ce que avant de commencer tu peux te présenter à nous s'il te plaît et nous indiquer ton nom, ton âge, ton lieu de vie ? ce que tu fais et ce que tu aimes dans la vie.
- Speaker #1
Waouh, ça fait plein de choses. Donc, je m'appelle Melainya, j'ai 34 ans. Moi, je vis et je sévis sur Lyon, si je peux dire ça comme ça. Et qu'est-ce que je fais, qu'est-ce que j'aime dans la vie ? Alors, principalement, mon activité, c'est d'être modèle photo, performeuse. Je fais beaucoup de choses autour de l'artistique. J'organise également des soirées fétichistes deux fois par an. En gros, j'évolue quand même beaucoup dans cet univers autour du fétichisme du BDSM. Alors pas uniquement, je fais aussi pas mal de choses dans tout ce qui est univers métal, gothique, etc. Et puis il y a eu cette activité aussi que je fais pour Joy Club, où je suis ambassadrice chez eux, qui est une plateforme autour de la sexualité positive. Il y a une partie site de rencontre, il y a une partie magazine avec un côté un peu sexo, avec des conseils par exemple pour ouvrir sa sexualité ou pour se découvrir. Il y a aussi une partie forum pour que les membres puissent se rencontrer et échanger. Il y a une partie live stream avec différents intervenants qui proposent plein de contenus hyper chouettes autour de ça.
- Speaker #0
Et donc ce que tu aimes dans la vie, quelque part, c'est très très proche de ce que tu viens de nous expliquer, de ce que tu fais dans la vie. C'est un peu un métier passion.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Tu abordais le fétichisme, le BDSM, la performance. Comment est-ce que tu en es venu à... rencontrer ces thématiques, à rentrer dans ces milieux, comment est-ce que c'est rentré dans ta vie ?
- Speaker #1
Au final ça s'est fait de manière, j'ai envie de dire, assez naturelle. Je suis arrivée à Lyon, j'avais 18 ans, j'arrivais pour les études, je cherchais à rencontrer un peu des gens qui partageaient mes goûts, mais c'était plus au début, je cherchais des gens de la communauté métal, communauté gothique, etc. Et en fait à l'époque les milieux étaient assez imbriqués et très vite on m'a invitée à des soirées. Et du coup, j'ai rencontré des personnes avec qui je me suis rapprochée, qui m'ont dit « Ah ben, tu fais une performance, est-ce que ça te dirait pas d'en faire avec moi ? » Et en fait, ça a pris tout cet essor sans vraiment que je me rende compte trop exactement comment ça s'est passé.
- Speaker #0
Et donc, tu nous disais que le fétichisme et le BDSM, c'est pas tout à fait la même chose, mais ça s'imbrique quand même. Est-ce que tu peux nous dire ce qu'est le fétichisme exactement ?
- Speaker #1
Alors, le fétichisme, dans la manière dont nous on pratique dans les soirées, c'est vraiment tout ce qui consiste dans le fait de trouver une forme d'excitation et un plaisir sexuel. au contact de certaines matières, de certains objets, de certains types de visuels. Typiquement, ce qui va être le plus connu, ça va être le fétichisme des talons, des bas. Mais aussi, il y a pas mal de matières comme le cuir, le vinyle, le latex. Ça peut être aussi, j'ai envie de dire, un peu plus complexe. Il y a autant de fétichisme qu'il y a de personnes. Mais c'est ce qu'on va retrouver au global, en tout cas dans la plupart des soirées, et ce qui va marquer les gens et ce qui va les intéresser. Il y a quand même, en tout cas, dans le fétichisme, une grosse notion d'esthétique. Il y a beaucoup de... photographie, moi c'est aussi ce qui m'a intéressée, c'est beaucoup le rapport à la photographie, comment on peut mettre en scène justement ces fétichismes-là. La photo en elle-même, c'est un objet très fétiche. J'ai toujours adoré les photographies de John Willie, par exemple, c'était un dessinateur et photographe des années 50, qui notamment illustrait un magazine qui s'appelait Bizarre, et qui reposait justement vraiment sur les codes du fétichisme, donc c'était des femmes en corset, talons bas, attachées, dans des positions avec du bondage, etc. J'ai toujours trouvé ça hyper intéressant. Mais je pense qu'avant 18 ans, je ne comprenais pas vraiment. Je sentais bien évidemment qu'il y avait une composante sexuelle, mais je ne comprenais pas trop ce qui me plaisait là-dedans. Pourquoi je trouvais ça vraiment beau ? Et pourquoi quand je voyais ce genre de photos, je me disais « waouh » .
- Speaker #0
Là, on rentre un petit peu plus dans ta découverte, toi, de ce milieu-là. Toi, à 18 ans, tu découvres le fétichisme et tu ne comprends pas trop ta sexualité à toi à ce moment-là. Tu en es où, toi, dans ton cheminement ? Est-ce que tes premiers émois, ça remonte à quand ?
- Speaker #1
Ça serait difficile de le dater, je pense, mais je dirais qu'effectivement, moi j'ai toujours énormément aimé lire et j'ai toujours été fascinée par ce genre et je sentais bien que ça provoquait quelque chose en moi. Même si ce n'était pas des récits vraiment érotiques, je ne saurais pas comment le décrire, mais des histoires de princesses emprisonnées dans des donjons, il y avait déjà quelque chose d'excitant par rapport à ça. Et puis je vais revenir à l'esthétique, peut-être aussi par rapport à des films. Je me souviens que j'avais regardé assez jeune, je crois que c'était dans la bibliothèque de mes parents, je l'avais piqué en douce parce qu'effectivement j'étais pas censée le regarder. Mais j'avais dû piquer Blue Velvet de David Lynch, j'avais piqué Basic Instinct. Et il y avait un truc qui me parlait dans cette espèce d'atmosphère un peu étrange. Cette mise en valeur du corps, de la manière dont les gens se touchaient. Et ça, effectivement, c'était déjà des choses qui m'intéressaient, mais sans que j'arrive à mettre le doigt dessus. C'était cette espèce d'atmosphère un peu différente.
- Speaker #0
Est-ce que c'est quelque chose, cette atmosphère, que tu as essayé de reproduire quelque part dans tes premières relations très jeunes ? Ou de retrouver, à défaut de reproduire ?
- Speaker #1
Je pense que j'étais peut-être trop jeune et encore trop maladroite et inexpérimentée, je vais le dire comme ça, pour vraiment, je pense, réussir à mettre dans mes premières relations ce que j'avais envie d'y mettre de ce côté-là. Par contre, je crois que j'ai toujours été quelqu'un qui a assumé cette sexualité. On a tous ce truc un peu débile, tu sais, au lycée de... qui a couché, mais pas seulement avec qui, genre qui a couché et qui n'a pas couché. Donc moi j'ai fréquenté quelques garçons de mon lycée, à 16 ans en général on a une sexualité ensemble et du coup quand les gens me disaient « ah mais du coup vous couchez ensemble ? » ben oui, et j'arrivais pas à comprendre en quoi c'était un problème et même par rapport aux hommes j'ai toujours eu cette attitude qui était quand même d'être je vais pas dire entreprenante mais en fait oui on a envie de coucher ensemble donc pourquoi je devrais m'en excuser ou m'en cacher ? Donc je pense qu'en tout cas cette partie-là c'est arrivé assez tôt. Et après, par contre, effectivement, c'est arrivé assez vite dans ma sexualité. Mais bon, j'avais déjà 18 ou 19 ans. Et après, moi, j'ai toujours été dans des relations, à l'époque, en tout cas, qui étaient plutôt des relations longues. Typiquement, quand j'ai découvert tout ce qui était fétichisme, etc., j'étais en couple avec quelqu'un avec qui j'étais déjà en relation depuis quelques temps. Et du coup, j'ai pu l'amener assez naturellement. Voilà, en fait, on m'amène dans tel milieu, il se passe ça. Dans les photos, il se passe ça. Et forcément, à un moment, ça nous a questionnés, nous. Lui a essayé de m'accompagner au départ, en tout cas même par curiosité dans les soirées. C'était quelqu'un de très ouvert. Par contre, lui, c'était absolument pas son...
- Speaker #0
Oui, il y allait par curiosité, mais il s'est rendu compte que c'était pas son truc.
- Speaker #1
Et ça n'avait rien à faire, j'ai envie de dire, dans notre espace intime, dans notre chambre à coucher. Donc c'était vraiment quelque chose que je vivais à part. Mais par contre, lui savait qu'assez vite, c'était quelque chose où c'était un peu une nécessité pour moi d'avoir ça. Mais je l'avais rassurée sur le fait que j'avais pas besoin d'aller voir quelqu'un d'autre ou de vivre ça avec quelqu'un d'autre. Juste, j'avais besoin de cette atmosphère, de cette ambiance. De voir des gens pratiquer des choses autour de moi, c'était suffisant à l'époque en tout cas. Et du coup, il y avait cet espace où nous, on avait une sexualité qui était beaucoup plus classique. Mais de temps en temps, voilà, moi j'allais en soirée de mon côté et je faisais mes petits trucs et je m'absorbais de cette... Je m'imprégnais, pardon, de cette atmosphère et ça m'allait bien.
- Speaker #0
Est-ce que tu te souviens de ta première soirée ? Et si oui, est-ce que tu peux nous emmener par la main pour nous montrer le décor de cette soirée ?
- Speaker #1
Ah oui, bien sûr que je me rappelle de ma première soirée. C'était quand même assez... Assez mémorable.
- Speaker #0
T'avais quel âge ?
- Speaker #1
Je devais avoir 19 ans. J'étais allée dans cet univers-là parce que c'était un garçon qui à l'époque tenait une boutique assez connue, un repère pour les gothiques. Du coup, je traînais beaucoup là-bas. Un jour, ce gars me dit, je fais une soirée, est-ce que ça te dit de venir ? Je me suis dit, je m'embarque. Mais au final, ce qui était très rassurant, c'est que c'était toute une équipe de jeunes que j'avais l'habitude de voir au magasin. Je pense que la plupart n'avaient même pas 30 ans. Déjà, il y a aussi, je pense, ce truc générationnel qui était rassurant. Et j'ai un bon ami qui... Un jour, je lui en parlais comme ça, je lui dis « Ouais, on veut m'emmener à telle soirée, qu'est-ce que t'en penses ? » Et là, il me regarde, il me dit « Mais incroyable, je rêve de faire ce genre de soirée depuis mille ans. » Je dis « Mais on n'a pas de tenue à se mettre. » Il me dit « Si, si ! » Il ouvre son placard, et là, il a plein de latex.
- Speaker #0
Ah ouais ? Donc lui, il était déjà très imprégné de ce qu'il faisait.
- Speaker #1
C'est ça. Mais à un niveau très personnel, en fait. C'était vraiment, j'ai envie de dire, son petit fétichisme perso qu'il assumait qu'avec les copines qu'il ramenait chez lui. et il me dit, écoute, si tu veux, on y va ensemble. Je me dis, super, moi je le connais très bien, j'avais toute confiance en lui, il avait les tenues, donc nous voilà partis. Moi, première fois de ma vie que je porte du latex, en plus je connaissais à peine. On se retrouve chez lui trois heures avant à se préparer, à enfiler ses tenues.
- Speaker #0
Et c'est long !
- Speaker #1
Ah oui, oui, puis à l'époque, moi je faisais ça religieusement, c'est-à-dire qu'on avait, puis on ne s'y connaissait pas trop, donc on voulait vraiment être bien, faire les choses le plus parfaitement possible. Et du coup, on retrouve les gens à cette boutique, on devait prendre un verre là-bas et ensuite partir tous ensemble à la soirée. En plus, on a fait quelques photos, c'était très amusant parce que la boutique était dans une petite rue du Vieux-Lyon. Donc du coup, on a des photos de nous en grande uniforme, si je peux dire.
- Speaker #0
Dans la rue ?
- Speaker #1
Dans la rue, exactement. Et ensuite, on se déplaçait tout en groupe jusqu'au lieu de la soirée qui n'était pas très loin, mais bon, ça faisait quand même 15 minutes de marche, tout en latex. Donc ouais, sous le regard médusé des gens dans la rue, c'était assez amusant. Et après la soirée, on arrive dans une sorte de club. À la base, c'était plutôt une sorte de boîte de nuit qui appartenait du coup à un membre de la famille de cette amie. Ce qui fait que moi, j'ai très bien vécu cette soirée, c'est qu'en fait, c'était très soft. On se fait toujours une espèce d'image de si je vais dans une soirée fétiche BDSM, ça va être hyper hot. Genre tout le monde va baisser dans les coins et je vais être obligée de participer. Et j'avoue que j'y allais quand même un peu avec cette peur. Et au final, c'était vraiment très chouette. Il y avait un côté très convivial. Les gens ont beaucoup justement pris le temps avec les nouveaux comme moi de vraiment leur présenter tout le monde, de les rassurer, de leur expliquer un petit peu ce qui se passait. Il y a des gens qui jouaient un petit peu, qui avaient des pratiques BDSM, de la fessée, du fouet, des choses comme ça. Il y avait aussi pas mal juste de jolies filles en latex qui dansaient, ce qui était très agréable à regarder.
- Speaker #0
Est-ce que je dois imaginer un grand espace ouvert, comme quand on part d'un club, on a une espèce de pièce carrée comme ça, avec une scène DJ set au bout, ou est-ce qu'il y a un décorum un petit peu plus adapté ?
- Speaker #1
Alors dans cette soirée-là, non, c'était relativement standard, même si je trouve que la boîte s'y prêtait pas trop mal, parce que c'était un tout petit club, donc il n'y avait pas vraiment ce côté très impersonnel que tu peux avoir dans les grosses boîtes de nuit. Même si effectivement tu rentrais, tu avais un petit bar sur le côté. Il y avait une petite piste de danse avec des miroirs et la cabine du DJ, on va dire. Et pas mal de fauteuils un peu très à l'ancienne, un peu en velours rouge sur les côtés. Et au fond, il y avait effectivement une ou deux salles un peu plus intimistes avec des canapés. Et la lumière était très tamisée, un peu rouge. Donc ça se prêtait quand même assez bien, je trouve, à cette ambiance un peu plus privée, si je peux dire.
- Speaker #0
Oui, puisque tu disais sur cette... ambiance très hot qu'on imagine. Quelque part, c'est ce que nous renvoie aussi toute la cinématographie. Dès qu'il y a une scène dans un club échangiste ou BDSM, on imagine des néons à la fois très fluos, très flash, avec cette luminosité très sombre, du rouge, du noir. Dans les faits, ce n'est pas forcément comme ça.
- Speaker #1
Et non, il y a quelques... Ça peut être comme ça. Je sais qu'il y a des gros clubs, par exemple à Berlin, parce que les Allemands là-dessus sont beaucoup plus ouverts que nous. Et je pense qu'ils ont aussi un public beaucoup plus nombreux, qui assume beaucoup plus ce genre de choses. Si on va pour une soirée spéciale au Kit Kat à Berlin, ça peut ressembler à ça. Où il y a effectivement 500 personnes. Enfin, je dis 500, je suis très gentille, je pense que je suis très en dessous de la réalité. Avec, j'ai envie de dire, toute forme de sexualité, des gens nus, des gens qui se touchent énormément. La plupart des clubs en France, c'est pas ça. C'est beaucoup plus sage. Les gens sont quand même plus du genre à aller un petit peu aussi dans leur coin. Souvent, la plupart des clubs libertins, c'est beaucoup plus... C'est les fameuses petites pièces, plus ou moins fermées, très codifiées. Alors, soit on a juste un rideau, soit il y a une porte, mais avec une fenêtre, où on peut du coup laisser les gens nous voir, mais ne pas rentrer. La porte qu'on peut laisser ouverte, il y a un message, des glory holes. Il y a tout ça, mais effectivement, non, la plupart du temps, ça ne ressemble pas à ces gros clubs qu'on voit dans les films, où effectivement, c'est ultra chaud et incroyable. Et toi,
- Speaker #0
qu'est-ce que tu ressens du coup à cette toute première soirée où tu découvres et où quelque part, j'imagine qu'après t'être préparée longuement, t'es en bonne compagnie, tu te sens en confiance. La description de la soirée semble très positive. Qu'est-ce que tu ressens ? Qu'est-ce que tu en retires ?
- Speaker #1
C'était vraiment une très bonne surprise. Et j'avoue que je pense que c'est vraiment cette soirée qui a été très déterminante pour moi pour la suite, parce que j'ai aimé cette ambiance d'avoir l'impression d'être avec des bons copains, mais avec quelque chose de plus. J'ai pas eu ce sentiment de... Quand on est une femme et qu'on va dans une boîte de nuit, on a souvent l'impression d'être un peu un morceau de viande. Et qu'en fait, le moindre type qui passe derrière vous, c'est pour essayer de... Là, moi, ce que j'ai trouvé génial, c'est qu'il y a effectivement un moment, un homme à qui je plaisais, qui est venu me voir, qui m'a draguée, mais j'ai envie de dire très élégamment, enfin, très direct, dans sa manière de proposer les choses. Mais au moins, il n'y avait pas de sous-entendu. C'est pas, et je te paye un verre, et petit à petit, je me rapproche, cette espèce de truc que je trouve très malsain. Là, c'était vraiment en mode... Salut, écoute, je te regarde danser depuis tout à l'heure, tu me plais bien, j'aurais bien aimé te proposer qu'on fasse une session tous les deux, qu'est-ce que t'en penses ? Je vais te dire, moi je suis novice, et en fait, d'avoir des gens qui en fassent respecter le nom, je me suis sentie à ma place, je sais pas comment le dire en fait, mais de me dire, il y a des gens avec qui je peux communiquer sur ma sexualité, avec qui je peux leur dire ce que je ressens, ce que ça me procure, ce que ça me fait, que je trouve hyper excitant de porter cette matière, de toucher cette matière, de voir des gens en train de... en train de faire l'amour au fond de la pièce, de voir un couple en train de se chauffer sur la piste de danse, de voir d'autres personnes en train de se mettre, j'en sais rien, des coups de badine ou des coups de fouet. Et je ne suis pas obligée d'être dedans, je ne suis pas obligée de participer. On ne me juge pas parce que je ne participe pas. Il y avait une sorte de compréhension. En fait, on ne me dit pas que c'est bizarre. Et ça, j'ai beaucoup aimé. Ce que je pourrais dire, c'est ça en fait que j'ai retiré, c'est de pouvoir explorer quelque chose sans avoir de pression.
- Speaker #0
Est-ce que c'est quelque chose dont tu as parlé avec d'autres personnes ? potes ou des amis qui ne sont pas forcément dans le milieu ? D'autres proches peut-être de la famille ?
- Speaker #1
Moi j'ai toujours été assez explicite sur ces sujets-là. C'est quelque chose aussi dont j'essaie de ne pas faire un tabou parce que je trouve que plus on en fait un tabou, plus ça devient bizarre. Si les gens sentent que je ne leur dis pas tout parce que... En fait, pourquoi ? C'est-à-dire que l'important, c'est que je sois au clair avec là où les personnes avec qui je partage une sexualité ou une relation amoureuse, ou sinon le reste, qu'est-ce que ça peut faire ? Enfin, je fais bien entre guillemets ce que je veux quand je suis... Ah bah oui ! Bah mes parents savent, j'avais pas non plus envie de leur cacher le fait que je faisais de la photo par exemple. Donc évidemment, je vais pas leur montrer les photos les plus fétichistes ou les plus un peu... Je fais pas de choses non plus porno, mais voilà, des trucs un peu trop explicites que je fais. Mais par exemple, ma mère s'est toujours intéressée à ce que je faisais, donc régulièrement, elle me demande de lui montrer mes photos, donc je sélectionne un peu, mais je lui montre. Elle a déjà vu que j'avais des robes en latex, par exemple. Elle sait que je pratique le shibari et que j'ai des cordes. J'essaie d'avoir ce truc-là fluide et flexible sans donner de détails. Et je crois que ça marche assez bien, somme toute.
- Speaker #0
Et dans l'évolution de ta vie affective et avec tes... partenaires, est-ce que c'est quelque chose que tu abordes dès le départ ? Alors ça c'est dans la considération où tu rencontrerais quelqu'un de j'allais dire civil, tu sais pas du milieu.
- Speaker #1
Un moldu. Voilà,
- Speaker #0
exactement. Est-ce que c'est quelque chose que tu vas aborder tout de suite qui va surpiter du questionnement du côté de tes partenaires ou est-ce que finalement tu rencontres des gens plutôt dans le milieu ?
- Speaker #1
J'ai envie de dire que ça peut être un peu les deux. Mais paradoxalement, depuis ces dernières années, je n'ai jamais été finalement vraiment en relation avec quelqu'un qui était du milieu ou que j'ai rencontré dans le milieu. Après, moi, comme je te dis, j'ai souvent eu des relations longues. Le garçon avec qui j'ai été quand j'ai découvert le milieu et avec qui on s'est séparés il y a déjà quelques années. Donc, avec lui, du coup, c'était acté, mais on s'est séparés. Tu vois, c'était déjà 2017, donc ça faisait déjà quelques années. Et après, effectivement, j'ai été avec quelqu'un et en fait, j'ai l'impression que ça se reproduit souvent comme ça dans mes relations. C'est rare que je rencontre quelqu'un je le connais pas du tout, on se plaît et il se passe quelque chose. C'est plus souvent des amis, des personnes que je connais déjà un peu de longue date avec qui il y a une forme de rapprochement. Donc effectivement, c'est toujours des gens qui, de toute façon, par la force des choses, savent ce que je fais. Parce que j'ai envie de dire, il suffit de toute façon d'être un ami et de m'ajouter sur Facebook. Et je veux dire, sur Facebook, je partage aussi bien des choses du quotidien. Je suis allée faire une balade au Parc de la Tête d'Or que j'organise une soirée fétiche où je poste mes photos. Donc forcément, on peut pas trop l'ignorer. Donc finalement, la conversation arrive assez vite. Après, ce n'est pas forcément quelque chose qui, pour moi, est indispensable dans ma vie de couple. C'est-à-dire que, moi, aujourd'hui, je suis dans une volonté de ne plus être en relation monogame. Ce n'est pas ma volonté. Je ne veux plus vivre avec quelqu'un non plus. Ça, c'est deux choses qui, pour moi, sont très claires et très explicites. Et effectivement, je ne veux pas renoncer à quoi que ce soit. C'est-à-dire que les photos que je fais, ce sera toujours les photos que je fais. Ça, ça ne changera pas. Je continuerai à organiser de soirées fétiches. Je continuerai à faire de la corde. Là-dessus, voilà, ça, c'est pour moi mon espace sur lequel je ne veux pas renoncer. Après, je ne demande pas à mes partenaires de forcément me suivre. Tant que je peux avoir cet espace-là pour moi, après voilà, j'ai eu et j'ai des partenaires avec qui finalement on a une sexualité qui peut être assez vanille, et ça ne me pose pas de problème. Mais en tout cas, c'est quelque chose qui forcément est abordé tout de suite.
- Speaker #0
Est-ce que quand on vit des choses peut-être plus intenses, en rapport avec un fétiche, quelque chose qui vraiment vient stimuler une certaine excitation, et qu'on a quand même une sexualité, tu disais, vanille ou plus classique à côté, Est-ce qu'en termes de plaisir, on ressent les mêmes choses et quelque chose de satisfaisant ?
- Speaker #1
Moi, dans l'équilibre que j'ai aujourd'hui, oui. Dans le sens où, de toute façon, dès le départ, ma sexualité, on va dire, personnelle et de couple, a finalement été décorrélée de toute la partie fétiche, kinky, etc. Parce qu'au final, c'est pareil, j'ai commencé à faire de la corde à peu près au moment aussi où j'ai découvert le milieu fétiche, etc. Mais c'est des choses que, du coup, je pratiquais avec quelqu'un qui était un bon attacheur, un ami que j'appréciais, mais avec qui on n'avait pas de sexualité par ailleurs. La seule chose qui nous reliait ensemble, c'était l'accord. Et c'est d'ailleurs la plupart des gens avec qui j'ai fait de l'accord. Je parle de l'accord parce que pour moi, c'est une des choses où vraiment je ressens, où pour moi c'est très intense, mais je n'avais pas cette relation personnelle. Et à côté, par contre, j'avais, on va dire, une relation sexuelle, dans le sens plein et entier du terme, avec mon partenaire à la maison. Donc je pense que j'ai toujours eu aussi un peu ce truc d'avoir comme deux espaces différents. C'est sûr que je ne pourrais pas. Aujourd'hui, en tout cas, ça ne serait pas suffisamment satisfaisant pour moi d'avoir... une sexualité uniquement classique et vanille sans avoir rien d'autre à côté. Je trouve que c'est quand même particulier de partager un quotidien, partager quelque chose avec quelqu'un et en même temps de lui demander d'être dans un certain rôle. Alors je sais qu'il y a plein de couples qui font ça hyper bien et je trouve ça hyper chouette, qui sont par exemple dans le BDSM, dans un rapport de domination soumission et qui arrivent à vivre ensemble, à faire de la cuisine ensemble. Je trouve que c'est super. Moi j'y arrive pas. Les quelques fois où j'ai essayé, puisque j'avais un ex-partenaire... qui lui effectivement était aussi là-dedans. Mais en fait on arrivait à avoir ce truc où quand on était dans la chambre, on arrivait à avoir ces moments, mais ça pouvait pas être protocolaire, ça pouvait pas être codifié, il y avait quelque chose juste de très spontané de ça se fait ou ça se fait pas. Et il y avait des moments où c'était une sexualité très classique. Et par contre j'avais ces moments-là où quand j'allais en dehors, là je faisais une session de corde, là il y avait une soirée, et dans ce cas-là comme il y avait une soirée, on jouait d'une façon particulière. Après moi j'arrive à retrouver la même intensité simplement par le désir que j'ai pour mon partenaire ou par l'amour que je lui porte, parce que... Là, en l'occurrence, les deux partenaires que j'ai aujourd'hui, j'ai vraiment des relations qui sont, je ne sais pas comment le dire, je ne me passe terme, c'est vilain, engageantes. Mais enfin, en tout cas, il y a vraiment quelque chose où on est amoureux et on partage vraiment un truc. Donc là, du coup, j'arrive complètement à retrouver ça parce qu'en fait, je fais mes soirées, je fais mes trucs. Parfois, ils m'accompagnent, parfois, ils ne m'accompagnent pas. Mais ça ne me plairait pas non plus, je crois, d'avoir toujours une sexualité qui doit être kinky ou BDSM. Ça m'ennuierait des fois, je suis comme tout le monde, j'ai envie de rentrer le soir. me mettre en pyjama, de faire un petit quickie avant de dodo et voilà quoi, c'est très bien.
- Speaker #0
Tu dis que tu as aujourd'hui deux partenaires, on va coller l'étiquette polyamour dessus parce qu'on est vachement dans les étiquettes.
- Speaker #1
Mais c'est ce qui s'en rapproche le plus en tout cas.
- Speaker #0
Comment est-ce que tu as évolué de relations monogames à... Bon tu le disais aujourd'hui, toi tu ne veux plus vivre avec quelqu'un, tu n'es plus non plus dans l'optique et dans la volonté d'avoir des relations monogames. Comment est-ce que l'évolution s'est faite ?
- Speaker #1
Là encore, ça s'est fait assez naturellement. Par contre, je sais depuis très longtemps que moi, la monogamie, c'est pas mon truc. Déjà, quand je me suis mis en couple avec mon premier partenaire, dont je parlais au début, je peux dire mon ex-mari, en fait, parce qu'on a été mariés. Au début, quand j'ai commencé à le fréquenter, je voyais aussi un autre homme. J'étais un peu dans cette optique de dire, c'est bien, on se voit, mais tant que c'est pas sérieux, pourquoi prendre un engagement ? Enfin, on s'en fiche, fais ce que tu veux, je fais ce que je veux. Jusqu'au moment où lui m'a dit, écoute, moi, j'ai vraiment des sentiments pour toi et j'aimerais qu'on construise quelque chose, mais... je suis pas sûre de pouvoir accepter que tu es quelqu'un d'autre. Lui, c'était quelqu'un, pour le coup, de très fondamentalement monogame. Et donc, devant ce qui se présentait avec lui, je me suis dit que ça valait le coup. Et on a eu une relation de 8 ans, je crois, 9 ans. Mais en fait, à la fin, c'était quelque chose qui, pour moi, finalement, me manquait trop. Lui était quelqu'un qui avait des besoins plus conventionnels en termes de couple et pas moi. Donc c'est ce qui fait qu'on s'est séparés. Et là, j'ai su à ce moment-là que je voudrais pas reprendre un couple monogame, que c'était trop frustrant pour moi. Et donc, avec mon partenaire suivant, on était dans une relation plutôt libre. Alors ça a pu être assez compliqué parce que ça a été le moment où il a fallu gérer tout ça, c'est-à-dire que, on va dire que c'est facile d'être clair avec soi sur un plan intellectuel, mais quand tu te retrouves avec quelqu'un pour qui en plus tu as des sentiments, parce qu'on était vraiment, on vivait ensemble, on avait des projets d'avenir ensemble, mais du coup on a essayé plein de choses, on a essayé le libertinage, on a été en relation à trois avec une autre femme pendant quelques temps, bref c'est vraiment une période où on a exploré plein de trucs, donc ça a été vraiment hyper intéressant et hyper formateur, parce que ça nous a permis aussi de... De voir les limites, parce qu'en fait, on se dit toujours « Bon, ma limite, c'est ça, ma limite, c'est ça. » Mais en fait, quand on sait ou qu'on voit son partenaire rêver quelqu'un d'autre, la limite, elle peut tout le temps changer. C'est naïf de croire que parce qu'on a posé les bases au départ, il ne va rien se passer et qu'on va très bien vivre les choses. En fait, c'est un mensonge. On était tous les deux parfaitement d'accord pour être dans une relation libre. Il n'empêche que les premières fois qu'on a fait des plans à plusieurs, par exemple, ce n'était pas la même limonade, si je peux dire.
- Speaker #0
Oui, ça nécessite d'y revenir à chaque fois. Oui,
- Speaker #1
c'est ça.
- Speaker #0
Et d'en parler, de discuter, de remettre d'accord. Et oui, c'est quelque chose de mouvant, de toute façon.
- Speaker #1
Et puis, il y a aussi les phases de la vie. Il y a des moments où on est bien et on a envie de jouer. Et il y a des moments où on n'est pas super bien, on a d'autres préoccupations. Et la dernière chose dont on a envie, c'est que notre partenaire nous dise « Eh, viens ce soir, on va en club libertin » . Et donc, j'ai eu cette relation pendant quelques temps. Et quand ça s'est terminé, moi justement, je me suis dit « Bon, je ne veux plus vivre avec quelqu'un. » Et surtout, je ne veux plus être dans quelque chose. À la base, je ne voulais plus poser d'étiquette de couple parce que je trouve que c'était trop compliqué. Alors évidemment quand on est dans une relation, il y a toujours rendre des comptes, parce qu'on doit toujours un minimum se respecter, enfin en tout cas respecter les règles qu'on a posées. Si la règle c'est on ne se dit rien et chacun fait ce qu'il veut, ça peut être une excellente règle si tout le monde est d'accord avec ça. Mais souvent ce qui est compliqué c'est qu'on n'est pas toujours d'accord sur cette règle-là. Mais bref, il y avait trop de comptes à rendre, trop de choses qui étaient compliquées, ça n'allait jamais. Donc je voulais effectivement garder ce truc d'avoir plusieurs partenaires sans des choses trop engageantes, sans relation de couple, etc. Et donc, c'est ce que j'ai fait au début. Je suis allée m'amuser à droite à gauche avec des hommes, des femmes. Et puis, au milieu de tout ça, j'ai rencontré les deux personnes. Enfin, je dis rencontrer, non, parce que, encore une fois, ce sont deux personnes que je connais depuis longtemps. Donc, mon premier partenaire qui, lui, est complètement... Voilà, enfin, on était déjà amis avant, donc il savait très bien dans quelle modalité j'étais. Je lui avais parlé de ma situation de couple qui ne me convenait plus, vers quoi j'avais envie de tendre. Donc, au final, quand on a commencé à se rapprocher, c'était assez... On savait déjà ce que voulaient l'un et l'autre. Mais au final, très vite, on a eu des sentiments. Donc les choses se sont un peu... On s'est plus rapprochés que ce qu'on avait prévu et on a assez vite posé un terme de relation. Mais ce qui rend la chose un peu plus confortable, c'est que lui est aussi complètement OK avec cette notion d'ouverture et de, je ne sais pas comment dire, libertinage, enfin voilà. Et puis qu'il ne vit pas à Lyon. Donc il y a quelque chose aussi où c'est facile d'avoir nos espaces. Et puis j'ai mon second partenaire avec lequel, lui, ça a été un peu plus particulier parce que c'est quelqu'un qui n'est pas... pas du tout à l'aise avec ce genre de choses. C'est quelqu'un qui lui est très monogame, très classique, etc. Donc ce qu'on s'est dit au départ, c'était plus un... Il me dit oui, en plus je sais que t'as quelqu'un d'autre, mais bon, tu me plais. Je me dis que entre guillemets, c'est l'occasion. On a dit bon, on s'amusera tant que ça durera. Et au final, ça a bien marché et ça va faire un certain temps qu'on se fréquente. Donc voilà, après on a dû poser des choses. Moi je voulais rester dans des modalités beaucoup plus libres, mais lui c'était plus compliqué. Donc aujourd'hui, on va dire que du coup je suis dans une relation polyamoureuse fermée, s'il faut mettre des termes dessus. Donc du coup je n'ai que ces deux partenaires, je n'ai pas d'autres possibilités ailleurs, sauf avec les femmes.
- Speaker #0
Ça c'est encore autre chose.
- Speaker #1
C'est bien quand on est avec des hommes hétéros un peu encore normés sur certaines choses, ça permet cette liberté, parce qu'ils ont toujours l'impression que ce n'est pas pareil avec une femme, et qu'il y a moins de danger. Quelle naïveté !
- Speaker #0
Absolument, c'est assez naïf. On a abordé énormément de choses, le fétichisme, les soirées, le libertinage, le polyamour, évidemment ton histoire qui s'imbrique autour de toutes ces thématiques-là. Ton fétiche à toi, aujourd'hui, il se concentre autour de quoi exactement ? Parce que j'imagine que ça a dû évoluer.
- Speaker #1
Oula, moi j'en ai beaucoup. Non, ça va rester très esthétique. Alors moi, beaucoup le latex, effectivement. même si du coup c'est un fétiche que je vis que de temps en temps. De toute façon, je crois que le latex, c'est soit on adore, soit on déteste, mais il n'y a pas trop de juste milieu. C'est quand même très particulier comme sensation. Les matières, de toute façon, j'aime beaucoup les matières, j'aime beaucoup le toucher. Après, dans l'esthétique, je fais toujours aussi beaucoup de photos et de performances, donc tout ce qui est battes, talons, corsets, etc. Ça, c'est des choses, j'ai une collection de corsets. J'adore ça, j'adore porter, j'adore voir, j'adore toucher, etc. Et puis beaucoup la corde, essentiellement la corde. Je pratique énormément le chibari et ça, ça fait très longtemps.
- Speaker #0
Quand on parle de fétichisme dans le langage commun, il y a toujours cette image très stéréotypée, un peu négative, qui revient de la personne, souvent masculine, qui va kiffer les pieds, qui va se concentrer sur des parties du corps en particulier, qui ne seraient pas, dans la norme, un excitant de base. C'est quelque chose qui a la peau dure, non, ce stéréotype ?
- Speaker #1
Je crois, je crois. Après, je veux dire que de toute façon, c'est la définition clinique du fétichisme. Si on prend la plupart des définitions en psychologie, le fétichisme, c'est ça. C'est une déviation de la sexualité par rapport à la sexualité classique et qui va se fixer sur un objet. Alors qu'on considère en psychologie que la sexualité classique, c'est homme-femme pénétration.
- Speaker #0
Mais vu que ça, c'est quand même vraiment en train d'évoluer parce qu'on le questionne, parce que cette prégnance de la morale religieuse... Bien sûr. Etienne, tu es un petit peu en train de s'étioler quand même. En tout cas, on est dans la volonté de faire évoluer ça. Donc, est-ce qu'on peut encore parler de fétichisme déviant ?
- Speaker #1
Je crois qu'il y a des degrés aussi dans le fétiche. C'est-à-dire que, oui, moi j'ai des amis qui, par exemple, sont fétichistes dans le sens profond et entier du terme. C'est-à-dire que s'il n'y a pas l'objet de leur désir qui est présent, ils ne trouvent pas satisfaction. C'est-à-dire qu'ils n'auront pas, si c'est des hommes, potentiellement pas d'érection ou pas de jouissance. Il y a aussi les gens, on va dire qu'ils sont plus comme moi, mais je n'ai pas besoin de ça pour avoir une sexualité, je suis capable d'avoir une sexualité plus classique. Et il suffit, je crois, d'aller dans un cabinet de thérapie ou de discuter avec un psychologue pour se rendre compte que personne n'a une sexualité normale. C'est reconnaître, et je crois qu'aujourd'hui c'est vraiment ça pour moi l'objectif, c'est reconnaître que la sexualité ça fait partie intégrante de ce qu'on vit. C'est pas sale, ça doit pas être mis, il n'y a pas la vie normale et la sexualité quelque part, on est dans une relation avec quelqu'un, évidemment qu'il y a une sexualité, sinon ça serait notre meilleur copain. Ça fait partie de nous, on a des désirs, c'est absolument normal. C'est ça en fait qui est compliqué, c'est pourquoi mettre ces étiquettes alors qu'en fait qu'on soit, j'en sais rien...
- Speaker #0
fétichistes, gays, bi, enfin ça n'a aucun sens en fait.
- Speaker #1
Avec ton recul là d'une quinzaine d'années sur la découverte de ta sexualité et son évolution, qu'est ce que tu dirais à la version plus jeune de toi même qui découvre sa sexualité, son désir et qui évidemment avec 20 ans en moins ne peut pas imaginer ce que sera Mélania aujourd'hui.
- Speaker #0
Oui, exactement. Au global, je suis quand même assez satisfaite de la manière dont... Tout ça, c'est géré et c'est placé dans ma vie. Mais si j'avais, je pense, un conseil à me donner, et j'ai envie de dire que je donnerais peut-être plus généralement à des gens plus jeunes, c'est de se faire confiance et d'assumer ses choix. Je n'ai jamais eu de difficulté à l'assumer. Par contre, ne pas revenir sur ses positions pour un partenaire parce qu'on l'aime, ça, c'est quelque chose qu'on a tous tendance à faire. C'est plus compliqué. Non, mais d'accord, pour toi, mon chéri, je vais changer. Ou ma chérie. Et finalement, on se rend compte qu'on va essayer un certain temps, mais en fait si c'est là, c'est là et en fait c'est important de l'explorer et de juste dire quels arrangements on peut trouver. Mais ne pas renoncer à son désir ou à ce qu'on pense être pour une personne.
- Speaker #1
Et toi, t'as pas renoncé, a priori ?
- Speaker #0
J'ai pas renoncé, mais pendant longtemps, j'ai quand même accepté de faire moins ou de mettre de côté, ou de me dire non, mais peut-être qu'en fait, si j'essaye vraiment et que je l'aime vraiment, la monogamie, c'est fait pour moi. Non, en fait, 8 ans plus tard, c'est toujours là.
- Speaker #1
Et la question signature pour Clore, notre échange, c'est l'anecdote cocasse. Est-ce qu'il y a une anecdote cocasse dont on vécu ? que tu pourrais nous partager ?
- Speaker #0
J'en ai pas mal. Il y en a une que j'ai souvent racontée parce que j'adore toujours autant la partager. J'étais dans un week-end privé BDSM chez un ami qui a son propre donjon, etc. Et donc, il organisait un gros week-end avec plein de gens de la communauté. Et moi, j'y vais avec une amie qui était ma maîtresse aussi à ce moment-là. Elle m'emmène là-bas. Et puis, la soirée avançant, il y a un couple avec une domina et son soumis, qui est aussi son mari. Et ils discutent avec une autre dominatrice. Et il commence à être question de prêter le soumis. Il s'avère par contre que cette seconde de Mina était étrangère, australienne je crois Donc elle ne parlait pas bien français Et le couple en face ne parlait pas anglais Et puis se prépare une séance entre eux Particulièrement, alors ça va être un peu trash Une séance de fist-fucking Et donc en fait ils partent dans le donjon pour aller s'amuser Et puis ils viennent me voir et me disent Désolée Melainya mais on peut te demander un service ? Je dis oui bien sûr Et ils me disent en fait est-ce que tu pourrais rester avec nous pendant la session Parce qu'on a besoin de quelqu'un pour faire la traduction Et donc je suis restée pendant la session ... en face du coup, alors j'étais pas seule effectivement leur truc c'était aussi de pratiquer en public et d'avoir de l'exhib etc mais du coup j'avais cette scène complètement réaliste, improbable donc avec ce type en face de moi charmant au demeurant mais sur son cheval d'arçon avec la domina derrière pardon mais le poing dans son du coup je lui demandais régulièrement ça va est-ce que du coup tu veux plus doucement plus machin donc il me disait et du coup je faisais le truc pour faire le Merci. Est-ce que tu avais l'impression d'être de trop ? Franchement, c'était trop amusant quand je me pose la question, mais je me suis toujours dit, est-ce qu'on met ça sur un CV ? Une induction pour une séance de fist-working ? J'avais vraiment trouvé cette anecdote géniale. En plus, le gars était assez... Il avait quelque chose dans sa manière, je pense, qui était un peu de la haute, donc très distinguée. Il avait une manière de parler, etc., qui était très élégante. Et du coup, ça rendait la chose encore plus absurde. J'aime bien partager cette anecdote parce que je la trouve vraiment très drôle.
- Speaker #1
Ça a été marquant,
- Speaker #0
effectivement. Ah ouais, celle-là, je ne risque pas d'oublier, je pense.
- Speaker #1
Merci de nous l'avoir partagé Elle est très cocasse en effet Merci beaucoup à toi Melainya Avec plaisir, merci à toi Ça nous a fait découvrir davantage ce qu'est le fétichisme derrière ce qu'on peut y calquer de stéréotypé. C'était vraiment très intéressant. Je te remercie.
C'est la fin de cet épisode, j'espère qu'il vous a plu Merci de votre écoute Et si vous avez aimé ce que vous avez écouté alors likez le podcast avec 5 étoiles et mettez des commentaires sur Spotify, Deezer, Apple Podcasts pour faire connaître Lumière sous la couette au plus grand nombre, ça nous aide vraiment beaucoup. Abonnez-vous au podcast sur votre appli d'écoute et sur notre page Insta pour rester à l'affût de toutes les actus et des nouvelles sorties d'épisodes. Et enfin, si vous aussi, vous avez envie de témoigner, vous pouvez me contacter sur Insta via DM ou à l'adresse mail hello-lumière-sous-la-couette.com On se retrouve un mardi sur deux pour la sortie d'un nouvel épisode. D'ici là, prenez soin de vous et kiffez !