- Speaker #0
Bonjour et bienvenue sur Lumière sous la couette, le podcast qui explore les sexualités. Je suis Louise Bonte et à mon micro vous entendrez des récits intimes mettant en lumière des personnes qui ont accepté de vous partager ce qu'on garde généralement secret. À travers leurs histoires, elles assument d'exposer cette partie de leur vie dans l'ombre qui en dit long sur soi, sur nous et notre époque. Parce que la sexualité nous concerne toutes et tous et que partager ce qui nous fait du bien, nos expériences et nos anecdotes les plus cocasses permet de donner une multitude de définitions à ce qui se cache derrière le mot sexe. Ouvrez bien grand vos oreilles, on va allumer la lumière sous la couette. En matière de sexe, de sensualité, d'intimité, chacune et chacun est architecte de son propre désir. Et il y a des endroits où celui-ci s'exprime plus qu'ailleurs. Je pense évidemment à la chambre. C'est d'ailleurs pas pour rien que ce podcast s'appelle Lumière sous la couette. Alors évidemment, rien ne nous empêche d'aller explorer d'autres endroits. Bien au contraire, mais dans les faits, c'est souvent dans un lit que le sexe se fait. Bon, maintenant qu'on a dit ça, il faut quand même avouer que la chambre n'est pas toujours le lieu le plus érotique de la maison, et c'est là que Floriane entre en jeu. Floriane, elle est révélatrice d'espaces de vie intime. Après des années d'expérience en tant qu'architecte d'intérieur, elle décide de ne se consacrer plus qu'à une seule pièce, la pièce maîtresse. Elle accompagne désormais celles et ceux qui veulent se créer une love room sur mesure dans leur choix de décoration, que dans cette pièce, une ambiance propice au sexe et à l'épanouissement puisse s'exprimer. Moi, je vous avoue qu'alors qu'on est sur le point d'enregistrer cet épisode, ça titille ma curiosité. Alors, je vous en souhaite une belle écoute. Floriane, bonjour.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
C'est la première fois que sur ce podcast, je fais une interview à distance. Et pour cause, tu vis en Suisse, moi en Bretagne. Autant dire qu'on est aux antipodes.
- Speaker #1
Pas loin.
- Speaker #0
Bon, j'ai déjà dévoilé une partie de ta présentation, mais je vais te demander de te présenter quand même avec tes propres mots. Peux-tu, s'il te plaît, nous donner ton nom, ton âge, ton lieu de vie, ce que tu fais et ce que tu aimes dans la vie ?
- Speaker #1
Alors, mon nom, mon prénom, c'est Floriane. Moi, j'aime bien quand on m'appelle Flo. J'ai 45 ans, tout épanoui. J'adore ma quarantaine. Et j'habite en Suisse, dans le canton de Neuchâtel. Et ce que je fais, tu l'as très bien décrit et j'ai beaucoup aimé. Et j'aide les gens à révéler leur espace de vie intime pour qu'ils soient eux-mêmes.
- Speaker #0
Alors, il y a plusieurs appellations. Il y a love room, sex room, boudoir, donjon, pleasure room. Ça, c'est autant de noms pour désigner quoi en fait ? C'est quoi une love room ?
- Speaker #1
Alors, effectivement, c'est vrai que c'est autant de noms. On va te dire, moi on me dit, mais t'es gentille, c'est une chambre, quoi, avec un lit. Qu'est-ce que tu vas apporter ? plus en fait. En fait, la love room, c'est vraiment un lieu de rencontre. Souvent, les gens réservent une love room et la réservent. Ils sont donnés rendez-vous pour passer un moment intime, unique, entre eux. Eh bien, moi, j'ai envie d'apporter ce rendez-vous unique chez eux, directement. Et la chambre est quand même ce refuge dans le refuge. C'est là où on est avec son ou sa partenaire ou avec soi-même, où c'est le lieu où on... où on peut se reconcentrer, se retrouver. Et la love room, c'est la chambre où on s'aime. Alors pas forcément en termes de sexualité, pas toujours du tout, mais on s'aime. On prend soin de soi, on se regarde dans la glace quand on s'habille, on se dit tiens, aujourd'hui bof, aujourd'hui waouh, je suis bien. Ou on va choisir nos vêtements, ou on va mettre des jolis draps. Voilà, moi je veux redynamiser, redonner un pouvoir à cet espace qui va être un cocon en fait.
- Speaker #0
Avant qu'on rentre vraiment dans le comment est-ce qu'on se crée une love room, moi j'ai envie d'en savoir plus sur toi Flo. Et pour ça j'aimerais qu'on appuie sur le bouton rewind, on va revenir en arrière. C'est quoi les souvenirs que tu as de tes premières histoires d'amour et de tes premières fois ?
- Speaker #1
Alors j'étais un vilain petit canard. Mes surnoms étaient toujours très sympathiques, la cathédrale ou la planche à repasser. C'était compliqué, effectivement, de s'aimer. Et c'est vrai que j'étais toujours un petit peu solitaire, indépendante. Ça blessait, mais c'était pas non plus... Voilà, c'était vivable, c'était à l'époque comme ça. Puis après, évidemment, j'ai rencontré des petits copains. Et mon premier petit copain, je m'en souviens, il s'appelait Anthony. C'était un beau brun, d'ailleurs.
- Speaker #0
Plutôt un bon souvenir, j'ai l'impression. C'était sympa,
- Speaker #1
c'était agréable. C'est normal, c'est le premier, c'est sympa. Alors évidemment, ça c'est fini, ce qui est logique. On ne va pas rester sur les premières choses. On va faire des choix. Mais oui, j'étais plutôt introvertie par rapport à ça, du fait que je n'étais pas non plus d'une attirance physique folle. Et en définitive, ça m'était égal, parce que je restais sur mon style. Et j'aimais bien. Alors, il faut savoir quand même qu'à l'adolescence, moi j'ai eu beaucoup de chance, mes parents n'ont jamais eu de tabou en discussion. Donc ça n'a jamais été un problème, que je sois hétéro, lesbienne, peu importe, aucun problème. Les discussions étaient complètement ouvertes sur tout ce qui est sexualité, préservatif, plaisir, rencontre de la bonne personne, faire attention à soi. Autant avec mon père qu'avec ma mère, les discussions existaient et sont toujours d'actualité et possibles de poser sur table. C'est vrai que les premiers émois, c'est vraiment... Les petites amourettes aussi un peu frustrées, parce qu'on est quand même tombées amoureuses d'un garçon, ou de plusieurs garçons qui ne voulaient pas de moi, tu vois. Et puis des fois, tu rencontres un garçon qui a envie aussi d'être avec toi, et c'est sympa.
- Speaker #0
Qu'est-ce que tu projettes à ce moment-là, toi, sur la sexualité, sur le sexe, dans ces premières histoires d'amour, qu'elles soient avec un petit peu de frustration, ou au contraire, avec ce beau brun, Anthony ?
- Speaker #1
Alors, je crois que je n'avais aucune ambition par rapport à ça. Alors ouais, aucune ambition.
- Speaker #0
Toi qui es aujourd'hui très marquée par les espaces, parce que c'est quelque chose dans lequel tu travailles, est-ce que tu te souviens d'à quoi ressemblait la pièce, le lieu où tu as eu cet échange intime pour la première fois ?
- Speaker #1
C'était ma chambre, à l'anniversaire de ma sœur. C'était justement avec ce fameux Anthony.
- Speaker #0
Invitée à l'anniversaire.
- Speaker #1
Autant qu'il fallait. Le joindre l'utile à l'agréable. Donc effectivement, c'était dans mon chinois. Dans ton cocon. Et puis en fait, la première personne qui a su que j'avais eu ma première relation sexuelle, c'était mon père.
- Speaker #0
C'est pas vrai. Comment ça s'est passé ? Comment il a su ?
- Speaker #1
Bien, parce qu'en l'occurrence, je suis sortie de la chambre. Je suis allée dans le salon ou dans le jardin. Je ne sais plus. J'ai vu mon père. Je l'ai regardé et m'a regardé. Il a fait « Ah ! Allez viens, on va boire un coup » .
- Speaker #0
Une belle relation, j'ai l'impression quand même.
- Speaker #1
Très belle, ouais ouais.
- Speaker #0
Je me permets de te demander, tu avais quel âge pour boire un coup ?
- Speaker #1
J'avais 16 ans.
- Speaker #0
Ça se fête mine de rien.
- Speaker #1
Ça se fête ? Bah bien sûr, bien sûr. Mon père était encore plus ouvert que ma mère.
- Speaker #0
C'est très chouette ça. Bon, tu le disais dans ta présentation, aujourd'hui tu as 45 ans, tu es donc révélatrice d'espaces de vie intime, et bien évidemment ce que je veux savoir c'est à quel moment et surtout ? Comment t'es venue l'idée de vouloir aider les gens à ré-érotiser leurs chambres ?
- Speaker #1
D'abord, j'étais dans l'aménagement d'intérieur classique, donc les chambres, la salle de bain... La maison. La maison dans son entité. Et pour arriver à cet espace de vie intime, ça a commencé, je me suis retrouvée... Je suis immobilisée, en fait. Je suis immobilisée dans un canapé, du fait d'un souci à mes pieds, à mes... tendons. Je me suis déchirée partiellement les tendons des deux chevilles.
- Speaker #0
Aïe ! Donc,
- Speaker #1
ce n'est pas le pied. C'est le calébrile.
- Speaker #0
Avec un embout.
- Speaker #1
Il faut savoir que je suis une personne plutôt hyperactive. Donc, j'aime beaucoup le sport. J'aime beaucoup bouger. Et donc, je suis dans un canapé et j'accumule de l'énergie puisque je ne peux plus la dépenser puisque je ne peux plus bouger. Donc, je suis assise dans mon canapé. Et j'ai une télécommande dans les mains et je zappe. Et je zappe et je tombe sur Netflix. Et sur Netflix, je tombe sur une série qui s'appelle « L'architecture du plaisir » . En français, en anglais, il marque « How to build a sex role » . Alors, je regarde donc du coup cette émission qui m'intéresse, puisque c'est dans mon domaine. Je dis « Tiens, qu'est-ce que c'est que l'architecture du plaisir ? » Oh, que vois-je ? Révélation, vraiment. Je me dis « Mais déjà, ça existe » . Je dis,
- Speaker #0
c'est cool. C'est vrai que cette émission, elle est assez incroyable. How to build a sex room ou l'architecture du désir. C'est une série qui est sortie en 2022 sur Netflix avec cette architecte d'intérieur britannique, Mélanie Rose, qui est un personnage en soi très, très coloré, très, très distingué et à la fois très kinky. Parce que l'anglaise aussi déjà. C'est vrai que c'est sûr que les british ont ce petit côté. un peu fou et un peu fun en tout cas une très belle émission donc toi tu tombes là-dessus,
- Speaker #1
tu regardes et c'est vrai qu'en soi on n'imagine pas ce métier alors absolument pas et puis je trouve que c'est génial parce que c'est une mise en scène à la Netflix donc il y a pas mal de guimauves ils mettent beaucoup de sucre mais je trouve que ça a été révélateur et c'est une émission particulièrement ludique et ce que j'ai aimé C'est qu'on ne parle pas absolument jamais de genre, d'orientation sexuelle. On ne parle pas de politique, de société. On parle des gens, de leurs pratiques, de leurs envies, de ce qu'ils sont, de ce qu'ils veulent. On voit des personnes en polyamour qui ont des pratiques qui peuvent être plus ou moins appréciées par certaines personnes, mais il n'y a aucun jugement. Et j'en parle tout le temps parce qu'en fait... C'est pour moi une référence qui m'a donné un déclic.
- Speaker #0
T'as senti quoi ? Un appel ?
- Speaker #1
Alors en fait, je commençais un peu à m'ennuyer. C'était un peu répétitif dans ce que je faisais. C'est classique quoi. Canapé, fauteuil, tapis, chaise, table. Voilà. C'est pour résumer la chose, je commençais un petit peu à m'ennuyer. Je me lasse très vite des choses, donc c'est un peu compliqué des fois de me renouveler. Et pour moi, j'ai senti comme, tiens, regarde, t'as vu ce que tu peux faire de nouveau ? Et ça correspond à une envie privée et personnelle et physique. Mon couple a beaucoup changé. Ma vision de la sexualité a aussi changé à ce moment-là. Et j'ai beaucoup discuté avec mon mari sur certaines choses, certaines pratiques, certaines envies. Mon corps, des fois, refusait certaines choses parce que ça levait mal pendant les rapports. Ce n'est pas toujours évident. Et je ne sais pas pourquoi, à cette période-là, tout s'est libéré. C'est-à-dire, certaines positions sexuelles qui me faisaient mal avant, me faisaient plus mal. C'était tout un contexte, parce qu'il y a quand même eu cette émission, mais il y a encore eu... Ça fait aussi réfléchir quand tu vois ce genre de choses, quand tu vis certaines situations, et tu te dis, mais en fait, tu repenses à toi, et tu as de l'énergie, et tu te dis, tiens chérie, regarde, tu as vu ce que j'ai vu là sur Netflix ? Il y a ça. Et on m'arrive, ça fait 20 ans que je t'en parle. Et j'ai dit, ben là, feu, quoi. Donc, à côté de cette réelle envie de changer mon orientation et de me préciser dans mon orientation professionnelle, il y a eu cet impact dans la vie privée. Mais ça a été une élivrance pour moi, en fait. Alors, du coup, je continue à regarder cette émission et du coup, je passe mes journées à réfléchir au sexe. Mais je me dis, comment je peux maintenant allier les deux ? Mon job est l'explosion du... plaisir de ne plus avoir mal et de partager des nouvelles choses, même avec quelqu'un avec qui tu vis et que tu pratiques depuis plus de 20 ans.
- Speaker #0
Et alors, comment on fait ça ?
- Speaker #1
Du coup, je me suis renseignée pour beaucoup de choses, parce que moi, le monde de la sexualité, la sextec, je ne la connais pas. Je la connais dans mon lit, puis c'est tout, quoi. Et puis, je discute avec une de mes meilleures amies, qui a cette envie de faire ça, et elle me dit, tu sais, Floriane, mon oncle, c'est le fondateur du premier sauna gay de Suisse romande. Est-ce que tu voudrais le rencontrer ? Bien sûr que je voudrais le rencontrer, ton tonton ! Il faut savoir que cette forme, ça fait plus de dix ans que je la connais, je n'ai jamais entendu parler de son ongle. Et cet homme de 77 ans, c'est un homme littéraire, écrivain, philosophe, qui connaît parfaitement la nature humaine. On a parlé pendant plus de six heures, mais pas que de sexualité en définitive. On a parlé de politique, de religion, de société, d'éducation. Et cet homme a un cerveau tellement extraordinaire, c'est-à-dire qu'au moment où je suis rentrée dans la pièce, il m'a dit, Dawn, parce que mon ami s'appelle Dawn, Dawn m'a dit, il m'a parlé de ton projet, je comprends rien. Tu veux en venir où ? Tu sais, les gens, quand ils ont envie de baiser, ils ont envie de baiser, point barre, c'est tout. J'étais dans le flou total. J'ai dit, je veux faire ça, je veux créer des espaces, mais c'était bazar dans ma tête. Mais j'avais quelque chose. Avant qu'on discute, société, religion, éducation. Quatre heures après, Richard revient sur le sujet et me fait, j'ai réfléchi à ton projet pendant qu'on discute. Moi, je suis focus sur toi parce que tu as un cerveau de malade. Je me dis, je ne veux surtout pas qu'il s'ennuie avec moi. Comment je vais faire pour assurer au niveau des sujets ? Et toi, tu m'as dit, j'ai réfléchi pendant qu'on discutait. Super ! Et là, il m'a dit, voilà, j'ai réfléchi à ton projet. En fait, imagine un parc public. Et au fond de ce parc public, il y a une aire de jeu, il y a un château en bois. Qu'est-ce que vont faire les enfants ? Ils vont se précipiter sur ce château. Et puis, ils vont s'imaginer plein d'histoires. La conquête du château, ils vont imaginer construire plein de choses, ils vont s'organiser pour faire des histoires. Eh bien, toi, c'est pareil. Sauf que toi, en fait, tu vas créer une alcove. Parce que l'alcove, c'est un lieu secret, comme un cocon. Eh bien, les adultes, ils ont besoin de ça pour être dans un cadre, pour être en sécurité. comme la matrice d'une mère, il m'a dit clairement comme ça. Et tu vas créer en fait une ambiance pour que les gens se sentent bien, qu'ils se racontent des histoires. Alors dans cet alcove, tu vas mettre de la lumière pour qu'ils puissent avoir une ambiance. Tu vas mettre des textures pour qu'ils puissent toucher. Ça va les aider à raconter des histoires et à se détendre. Il m'a fait au mot de ligne marketing en une demi-heure le monsieur.
- Speaker #0
Et donc un signe acquis. L'Alcove, L'Alcove by Flow, ça c'est le nom de ton entreprise aujourd'hui.
- Speaker #1
C'est ça, qui l'a dit ?
- Speaker #0
Et comment ça se passe à partir de là avec tes clients ? Comment est-ce que tu les accompagnes ?
- Speaker #1
Je les rencontre d'abord parce que j'aime bien aussi me sentir à l'aise avec les gens. Nous passons un moment chez eux, je discute beaucoup avec eux. Je discute pendant près de trois heures avec mes clients avant de faire quoi que ce soit. Et je leur demande ce qu'ils ont besoin en fait. Clairement parce que je dis bah oui je suis là mais pourquoi ? Parce que oui d'accord je fais des love rooms, je fais des chambres pour adultes. Mais en fait tu te rends compte qu'il n'y a pas que ça. Et quand les gens acceptent de te faire rentrer dans leur intimité, ils parlent facilement malgré tout. Il suffit de poser les questions correctement et puis d'être détendu. Et puis moi je leur explique la façon dont je travaille. C'est-à-dire que moi je n'arrive pas en disant il faut faire ci, il faut faire là. En fait j'implique les gens. dans leur programme et dans leur évolution et dans la création de cet espace. Pour découvrir comment tu as envie d'être bien, c'est peut-être pas très bien, c'est pas très français, mais te sentir bien, il faut savoir comment tu es et comment tu vis. Donc je force les gens à redécouvrir leur façon de vivre et à redécouvrir leur intérieur. Et pour cela, j'ai un questionnaire qui doit faire une quarantaine de questions qui regroupe tout ce que tu peux découvrir dans une maison, dans un appartement. la façon dont tu manges, la façon dont tu dors, si tu as des collections, si il y a des télévisions, quels sont les rituels que tu as en famille ou tout seul. Et une petite chose particulière, moi, j'aime le papier. C'est-à-dire qu'à partir du moment où tu poses quelque chose sur le papier, tu as libéré ta tête. Et moi, j'insiste beaucoup avec mes clients sur ce questionnaire, quand ils acceptent évidemment de travailler avec moi et quand moi j'accepte de travailler avec eux. Quand on commence à faire ce questionnaire, je leur dis, vous allez écrire. Et ensuite, il y a un travail que j'appelle d'art-thérapie, c'est-à-dire qu'ils doivent créer leur mood board. Et j'arrive avec un caddie de commission rempli de magazines. J'arrive avec 40 kilos de magazines chez eux. Je pose tout sur la table. J'adore faire ça, c'est vicieux. Je sais, c'est vicieux. Et je leur dis, allez, on y va, on découpe. Et je donne toujours 15 jours pour qu'ils regroupent dans un cahier tout ce qu'ils aiment. C'est-à-dire que ça peut être une publicité pour une lessive, une couleur qu'ils ont vue dans un magazine, une photo qu'ils ont vue, n'importe quoi, n'importe quoi, ils regroupent. Tu ne vas pas essayer d'intellectualiser ta recherche, tu la fais en fonction de l'intuition. Et en général, il y a une tendance qui ressort. Et ce n'est clairement pas la tendance dont ils avaient envie au départ. Tu as toujours un fil conducteur qui va se créer. Et ça, ça va être la base, la fondation de cette ambiance. Puis tu as toujours des petites choses qui sont un peu satellitaires, qui n'ont peut-être rien à voir avec ce qu'ils ont choisi, mais qui en fait vont créer le détail. Et c'est ce qui va rendre l'espace unique dans cette ambiance-là.
- Speaker #0
C'est quoi ton rôle à toi exactement dans cet accompagnement ? Parce que tu tranches les clients, tu leur demandes de faire une sorte d'introspection à travers une quarantaine de questions que tu leur soumets, parce qu'on est d'accord. qu'on ne parle pas que de tissus, couleurs, matières. Tu rentres vraiment dans l'intimité des gens. Comment est-ce que tu procèdes ? Comment est-ce que tu te positionnes ?
- Speaker #1
Alors, comme un guide, je suis un guide déjà pour les aider à redécouvrir chez eux et à parler. Parce que j'ai cette particularité et j'avoue que je m'en vante, parce qu'on ne se vante pas assez, que j'arrive bien à faire sortir les verres du nez aux clients et aux gens, en fait. Je les pousse, je pose des questions moi-même, je guide, mais je ne veux pas y aller de brute, parce qu'en fait, il y a quand même une analyse de la personne. Avec une certaine personne, tu peux tout à fait tout de suite parler de sextoy, de position sexuelle. Avec d'autres, tu ne peux pas. Avec d'autres, il y a beaucoup de pudeur, et puis il faut respecter ça. Donc c'est vraiment un chemin psychologique. C'est vrai que ça peut être facile et complexe. Alors à t'expliquer comme ça, c'est un peu flou parce que je dois m'adapter à la personne que j'ai en face. Donc l'autodérision et l'humour, c'est ma première arme. Et je te promets que c'est un déclencheur et que c'est un truc qui fait lever les cadenas. Et j'utilise beaucoup ma vie privée pour que les gens puissent se détendre et dire « Ah oui, on peut rire de soi » . Je peux dire très bien, je parle très bien de ma façon de faire l'amour avec mon mari. Des fois, on se casse la gueule du lit. Je vais dire là, ça ne passe pas. Dis-moi, ça ne passe pas. C'est comme ça. Puis c'est tout. Et c'est comme mes 90% des gens, à un moment donné.
- Speaker #0
Quelles sont les demandes les plus récurrentes qu'on te formule par rapport au désir d'avoir une love room, une sex room, à changer un peu l'ambiance dans une chambre ? C'est quoi les questions les plus récurrentes qui te viennent ?
- Speaker #1
Ah bah comme tu l'as clairement dit, comment je fais pour changer mon ambiance ? Mais c'est complètement con, mais c'est hyper général en fait comme questionnement. Alors après t'as du questionnement peut-être un petit peu plus osé, en disant ouais alors j'ai des jouets, je sais pas comment les cacher, parce que j'ai mon fils ou ma fille qui rentre pour essayer mes vêtements, pour jouer, souvent on a nos enfants qui veulent aller essayer nos vêtements, nos chaussures. Elle s'est retrouvée des fois avec mes joujoux dans les mains, on sait quoi. mais c'est bête mais d'abord c'est un peu plus vanille et c'est un peu plus cool en disant comment je fais pour changer mon ambiance parce qu'en fait ça reste cool quand même moi j'aimerais une ambiance qui m'apaise ou qui me relaxe ou qui me donne envie et
- Speaker #0
à quel moment est-ce que tu rentres un petit peu plus dans l'intimité même et là on parle vraiment de l'interaction sexuelle qui peut y avoir entre les... partenaires qui vont partager cette chambre. Comment est-ce que tu l'abordes, toi, cette question ? Comment est-ce que ça vient vers toi ? Est-ce que tu leur demandes ? Je pense notamment à la série Architecte du désir. Est-ce que tu as, toi aussi, un sac à Marie Poppins où, dedans, tu as le fouet, le martinet, un vibro, et tu leur proposes en disant « Bon, est-ce que ça, ça vous parle ? »
- Speaker #1
Ma meilleure arme, l'humour. Bon, alors, Lully, il résiste ou il ne résiste pas ? Ok. Bon, maintenant, on va peut-être parler un petit peu de choses sérieuses. je te fais la discussion on va parler peut-être un petit peu de choses sérieuses bon le lit il faut qu'il tienne ouais il faut qu'il tienne on joue comment mais en fait on parle même pas de position on parle pas de la façon dont ils font l'amour on s'en fout est-ce qu'on ajoute des petites choses sympathiques est-ce qu'il faut que le lit ait des cachettes est-ce qu'il faut que je puisse mettre un crochet est-ce que vous aimez bien les jeux d'attache par exemple les jeux de percussion on va dire d'impact ouais d'impact on va dire on va dire Voilà, et là tu commences à discuter comme ça. Et puis, dans ma petite mallette, j'ai un tas de petits fouets avec une petite languette en cuir. De l'autre côté, il y a une plume. J'ai quoi ? J'ai des manottes. J'ai une arme fatale, mais je te le promets, elle trône sur mon buffet d'entrée. C'est un plug anal en verre. Mais je te le promets, jamais personne ne peut deviner que c'est un plug anal. Très peu de personnes me disent « Tiens, c'est quoi ? » C'est sous-pensé. C'est joli ça ! Comment dissimuler un sextoy et le faire passer pour une œuvre d'art ?
- Speaker #0
Mais j'allais te demander, parce qu'il y a toujours... Des fois, tu invites des gens chez toi. Et puis, tu as peut-être dit que tu faisais un redesign. Et à un moment donné, tu veux emmener les gens faire un tour et leur montrer ce qui se passe quand tu fais visiter la maison. Moi, par exemple, j'adore visiter les maisons. C'est vraiment un truc que j'adore. Quand tu as une chambre à coucher, on va dire classique, qui ne sort pas de l'ordinaire, ce n'est pas dérangeant de la montrer. Par contre... Une chambre qui a un parti pris fort, voire qui a un magnifique plug anal en verre qui ne ressemble pas à un plug anal, mais si tu as l'esprit un peu tordu comme le mien, tu vas peut-être te dire, tiens, il y a quelque chose là. Comment est-ce que tu oses faire ça ?
- Speaker #1
Eh bien, je leur démontre par A plus B que c'est faisable, c'est-à-dire que je le fais. Et comme je te disais tout à l'heure, comme j'ai mes petits jouets avec moi dans mon petit sac, eh bien, je fais une démonstration.
- Speaker #0
Tu fais ça comment ?
- Speaker #1
Je le mets en scène, par exemple, mon petit plug anal. Je mets ça sur le commode des fois, ou bien sur le chevet. Et puis je mets en scène, donc je pose, je fais ma petite déco. Puis là, on voit qu'il y a un plug. Et avec mon petit fouet tout mignon là, d'un côté, je t'ai dit, il y a des plumes. Puis de l'autre côté, il y a la petite tape en cuir. Quand tu le remets dans un vase avec juste la plume qui dépasse, c'est dans les fleurs. Est-ce que tu t'imaginerais que c'est un petit jouet ?
- Speaker #0
C'est aussi l'art de l'illusion donc.
- Speaker #1
C'est ça. Et puis il y a des immobiliers qui existent où c'est caché, où c'est des têtes de lit aimantées, où tu as des petites tirettes.
- Speaker #0
Il y a un monde qui s'ouvre à nous, il va falloir que tu nous partages des adresses pour que les curieux qui écouteront cet épisode, les curieux et les curieuses, on s'entend, puissent se renseigner si en vie il y a. Est-ce que tu peux nous partager trois tips clés en main pour que les personnes qui nous écoutent puissent entamer une réflexion, voire initier une réérotisation de leur chambre ? C'est quoi les éléments importants à prendre en compte ?
- Speaker #1
Alors, déjà, regardez comment on vit dans sa chambre. Tiens, est-ce que j'ai mon linge sale par terre ? Tiens, est-ce que j'ai la télé ? Combien de temps je la regarde ? Vraiment, c'est con, mais regardez comment on dort. Son lit, quel âge il a ? Comment je dors dedans ? Parce que c'est un réel impact sur notre vie. Et puis, la troisième, il y en a plusieurs des troisièmes.
- Speaker #0
Allonge la liste, vas-y.
- Speaker #1
Oser des discussions un petit peu, oser avec son partenaire ou sa partenaire, ce n'est pas évident parce que tu te rends compte que des fois, dans les couples, ils ne vont peut-être pas forcément appeler un chat un chat et dire « tiens, moi, j'aimerais bien essayer ça. Tiens, j'ai un petit fantasme. Tiens, en fait, je ne te l'ai jamais dit, mais j'aime bien me masturber quand toi, tu es dans la douche et que je suis toute seule dans le lit et que je t'attends et que je sais que tu vas sortir de la douche et que tu vas me prendre en flag. » Ou simplement se poser la question quand tu regardes ta chambre. Tiens chérie, qu'est-ce qui ferait que tu aies envie de passer un moment ici avec moi ?
- Speaker #0
Donc, si je résume les trois tips, ce serait d'abord d'analyser sa chambre, voir comment on y vit, vraiment prendre un peu de recul pour observer son espace. Regarder comment on dort, analyser un petit peu la qualité du matelas, la qualité de son sommeil. Et enfin, oser des discussions osées, c'est-à-dire être honnête avec son désir.
- Speaker #1
Oui, et comme je te disais tout à l'heure, je suis une militante de l'anti-télé dans la chambre. C'est un truc, s'il vous plaît. Anti-love, c'est la télé dans la chambre. C'est un tu l'amour à long terme, parce que regarde, moi je m'installe dans mon lit, j'ai ma zapette. Et puis qu'est-ce que tu fais ? Tu t'endors devant la télé, parce que t'as passé 8 heures par jour avec des gens que t'avais pas forcément envie, t'avais une journée éreintante, et puis t'es dans ton lit, t'es allongée, t'as pas eu de vie, quoi.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a des moments comme ça où certaines révélations, certaines confidences te surprennent ? Peut-être, je ne sais pas, une nouveauté, une pratique inconnue ou incongrue ? Ça t'est déjà arrivé ? Eh bien,
- Speaker #1
ouais. Ah tiens, je ne connaissais pas. Ou alors, il faut débriefer des fois le soir. Tu sais, quand tu rentres du taf, tu débriefes avec ton partenaire. Tu dis, putain, aujourd'hui, j'ai entendu un truc. Non, mais alors, j'aime bien mes clients. Là, fou ! Ouais. Ou alors, tiens, c'est pas mal. On pourrait... peut-être... Tu vois, j'ai entendu ça, ça peut être sympa quand même. J'ai jamais fait, jamais vu. Mais en général, tu sais quoi, ça reste quand même classique. Une fois, j'ai entendu une interview d'une femme qui tient un des plus grands salons d'échangisme et de libertinage qui en fin font la Suisse allemande, dans un groupe paumé, en fait. Et elle disait clairement, elle dit « Ouais, en fait, les gens, en général, ils font l'amour, c'est classique, quoi. » mais ils le disent tous ils me disent mais en fait c'est vraiment pour passer un super moment bien manger bien boire rencontrer des gens faire une bonne baise et après nickel mais c'est pas pour faire des choses extraordinaires et elle le dit clairement les gens font pas tout le temps des choses extraordinaires mais ils veulent se rencontrer ils veulent être bien et c'est ça qu'on veut en fait
- Speaker #0
donc il n'y a pas spécialement de choses choquantes mais il y a des choses inspirantes j'imagine bien le débrief en entrant à la maison il y a deux questions qui signent en général la fin de l'échange la première étant avec le recul, qu'est-ce que tu aimerais dire à la version plus jeune de toi qui vit ses premiers émois quels seraient les conseils que tu te donnerais ne te bride pas écoute-toi un peu plus parce que je pense que je me suis bridée finalement non Le conseil que tu donnes à tes clients, ose, c'est celui que tu te donnerais à toi-même.
- Speaker #1
Oui, parce que je me suis rendue compte que je me suis bridée. Je n'ai pas écouté mes fantasmes pour toujours.
- Speaker #0
Et la question signature de ce podcast, c'est davantage une confidence peut-être. C'est quoi ton anecdote cul C'est quoi ton anecdote cocasse Au début,
- Speaker #1
on se connaissait avec mon mari. Évidemment, les premiers mois sont toujours très intensifs.
- Speaker #0
On ne chôme pas.
- Speaker #1
Moi, je n'aime pas. Et un jour, on était partis avec un copain en week-end. Et puis, pour économiser une chambre d'hôtel, on a dormi à trois dans les Formule 1. Il y en avait un lit au-dessus, puis un lit double en dessous.
- Speaker #0
Je vois bien.
- Speaker #1
Effectivement, avec ma moitié, on avait une grosse envie un matin. Et notre copain a eu la gentillesse de se taire et de rester sur son lit et d'attendre que l'on finisse. Et il a eu l'élégance et la correction d'attendre que j'aille dans la salle de bain pour dire à mon mari Bande de cochons, vous avez pésé alors que j'étais là-haut
- Speaker #2
Voilà, c'était ça.
- Speaker #0
Et la suite de votre voyage s'est bien passée
- Speaker #1
Très bien.
- Speaker #0
On n'en a plus jamais parlé
- Speaker #1
Ça, on a surtout bien rigolé.
- Speaker #0
En tout cas, clairement, on sent ton humour, ton envie de faire en sorte que les gens puissent s'épanouir, qu'ils ne se brident. Pas. Je pense que c'est peut-être vraiment ce qu'il faut retenir, le maître mot de cet échange, et finalement de ce qui te meut à faire ce que tu fais. Oser, oser se lancer. Donc, tu as eu un déclic, tu as osé te lancer. Et toi, aujourd'hui, ton rôle, c'est de guider les autres pour qu'ils puissent oser à leur tour. C'est plutôt chouette. Merci beaucoup, Floriane, pour cet échange.
- Speaker #1
Merci à toi d'avoir donné le temps.
- Speaker #3
Oh ben écoute,
- Speaker #0
c'est avec grand plaisir. Merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci Louise.
- Speaker #3
C'est la fin de cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. Merci de votre écoute et si vous avez aimé ce que vous avez écouté, alors likez le podcast avec 5 étoiles et mettez des commentaires sur Spotify, Deezer, Apple Podcasts pour faire connaître Lumière sous la couette au plus grand nombre, ça nous aide vraiment beaucoup. Abonnez-vous au podcast sur votre appli d'écoute et sur notre page Insta pour rester à l'affût de toutes les actus et des nouvelles sorties d'épisodes. Et enfin, si vous aussi... vous avez envie de témoigner, vous pouvez me contacter sur Insta via DM ou à l'adresse mail hello-lumière-sous-la-quête.com On se retrouve un mardi sur deux pour la sortie d'un nouvel épisode. D'ici là, prenez soin de vous et kiffez