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Ma Rêv'olution pro

Reconversion enseignante: témoignage et conseils avec Florence Amaudru

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42min |08/10/2024
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Description

Dans cet épisode, Florence Amaudru, ancienne professeure des écoles et créatrice du podcast "Avant j'étais prof", partage son parcours de reconversion et les raisons principales qui poussent les enseignants à changer de métier.

Elle parle des décalages entre la réalité du terrain et l’idéal du métier, des conditions de travail difficiles, et du besoin de liberté qui motivent ces décisions.

Florence aborde aussi les freins courants : la peur de l'instabilité financière, le regard des autres, et le doute quant aux compétences transférables. Elle montre que les enseignants possèdent de nombreuses compétences recherchées, et explique pourquoi beaucoup se tournent vers l’entrepreneuriat ou des métiers de transmission.

Florence conseille de prendre le temps de réfléchir et de ne pas hésiter à se faire accompagner dans ce processus. Un épisode inspirant pour tous les enseignants qui envisagent de changer de voie professionnelle.


Voici les liens évoqués durant l'enregistrement :

- Le groupe Facebook Prof, tu veux changer de métier : https://www.facebook.com/groups/1564418363823272

- Le Guide de la Reconversion des Profs : https://www.amazon.fr/Guide-Reconversion-Profs-%C3%A9dition-2023-2024/dp/2322504688

- L'association Aide aux Profs : https://www.apresprof.org/

- Le Club des Profs en Reconversion : https://avantjetaisprof.podia.com/club

- Mon site Internet : https://avantjetaisprof.com/

- Le compte Insta de Florence Amaudru: https://www.instagram.com/avantjetaisprof/

- La formation 30 jours pour créer ton podcast : https://formationpodcast.podia.com/30-jours-pour-creer-ton-podcast


Vous êtes à la recherche de votre nouvelle voie professionnelle ? Téléchargez gratuitement votre cahier d’exercices pour vous poser les bonnes questions: https://mailchi.mp/7fa0225b2d38/trouversavoie


Et si vous souhaitez réaliser un bilan de compétences pour trouver votre voie, prenez RDV pour un entretien gratuit et sans engagement : https://marevolutionpro.com/contact/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, bienvenue sur le podcast de Ma Révolution Pro, le podcast qui vous aide à sauter le pas de la reconversion professionnelle en vous proposant les meilleurs outils du développement personnel, des témoignages inspirants et des conseils d'experts. Je suis Clarence Mirkovic. coach professionnel et consultante en bilan de compétences. Ma mission, vous aider à trouver le job qui vous correspond vraiment. Alors si vous êtes prêt à passer à l'action dès maintenant, vous pouvez télécharger gratuitement votre livret d'exercices pour vous poser les bonnes questions. Le lien se trouve dans la description de cet épisode. Je vous souhaite à présent une excellente écoute. Bonjour Florence.

  • Speaker #1

    Bonjour Clarence.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de t'accueillir sur ce podcast Ma Révolution Pro. pro pour parler reconversion des enseignants, un sujet qu'on connaît bien, je crois, toutes les deux. Et justement, est-ce que tu peux commencer par te présenter, présenter ton parcours ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, merci pour l'invitation déjà, parce que j'aime beaucoup parler de ce sujet. Moi, je m'appelle Florence, j'ai 32 ans, je te le disais hors micro, je viens de Bretagne et j'ai été professeure des écoles pendant six ans. En 2020, j'ai créé le podcast Avant j'étais prof pour interroger des profs sur leur changement de métier parce que je voulais quitter mon métier, mais je ne savais pas comment faire. Et donc, en 2021, j'ai changé de métier. Je suis devenue rédactrice web SEO à mon compte. Donc, j'ai quitté le statut de fonctionnaire. Et puis, le podcast a fait son petit bonhomme de chemin ces quatre dernières années. Donc, je le continue avec grand plaisir. Et j'ai ensuite cofondé un programme qui s'appelle 30 jours pour créer ton podcast où j'aide les gens qui veulent créer leur podcast, mais qui ne savent pas par quel bout prendre les choses à créer le leur. et potentiellement vivre une expérience aussi chouette que moi avec le mien ou toi avec le tien.

  • Speaker #0

    Super. Ça veut dire que finalement, tu es sortie toi des études et ça a été ton premier métier enseignante ?

  • Speaker #1

    C'est ça. À part des jobs étudiants, je n'avais rien fait d'autre.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui fait que finalement, tu en es partie ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est assez loin. Il y a une grande différence, je trouve, entre l'image qu'on se fait du métier et l'expérience qu'on a pu avoir en tant qu'élève et la réalité du terrain. Je pense que oui. Il y a des profs qui nous écoutent, ils vont très bien savoir de quoi je parle. Après, globalement, moi, la liste est assez longue parce qu'il n'y a vraiment plus rien du tout qui me plaisait dans le métier. Et pour te dire, il y a peu de personnes qui répondent autant que moi, mais moi, je n'ai vraiment aucun regret d'être partie. Même les élèves ne me manquent pas, alors qu'ils étaient très chouettes, mais il n'y a vraiment rien qui me manque. Les conditions de travail, moi, ça ne m'allait pas du tout. Ne pas avoir à la rentrée le bon nombre de tables, de chaises. Pour le nombre d'enfants, je trouve ça... Pas normal. Il y a des priorités, je pense, qui devraient être respectées. Je trouve qu'il n'y a rien qui répond aux besoins physiologiques des enfants. Ce n'est pas fait pour les enfants et dans le bien des enfants. J'ai l'impression qu'il y a un côté du système qui ne va pas, on va dire, dans le bon sens. Alors après, je vis peut-être dans le monde des bisounours, mais tu vois, d'avoir des enfants en situation de handicap et pas de personnes pour les aider, je ne trouve pas ça normal. Avoir des enfants allophones, donc qui ne parlent pas français ou dont ce n'est pas la langue maternelle. et personne pour les aider, je ne trouve pas ça normal. Et la liste peut être très longue. Et puis après, d'un point de vue personnel, moi, j'avais un besoin de liberté, que ce soit géographique, décisionnelle, financière. J'avais envie de me sentir plus libre et là, j'étais attachée à quelque chose qui ne me convenait pas trop d'un point de vue des valeurs, on va dire.

  • Speaker #0

    Ça a été facile justement pour toi de trouver cette nouvelle voie ?

  • Speaker #1

    Oh non ! En gros, moi, au bout de ma... deuxième année, j'ai voulu commencer à trouver des solutions, notamment par le biais des disponibilités, où tu peux partir un an ou plus, t'es pas payé, mais tu as le droit de revenir après, contrairement à la démission où tu perds ton concours, et ça, il n'y a pas beaucoup de gens qui le savent, tu ne peux pas revenir après. Ça m'avait été refusé, et en fait, à partir de ce refus-là, sur ma deuxième année, j'ai commencé à regarder, du coup, comment on démissionne ? Là, j'ai vu qu'on pouvait refuser une démission, je me suis dit, en fait, je ne veux pas rester là. Ça m'a fait peur, je pense, de me sentir vraiment emprisonnée. Mais ça m'a pris quatre ans de me demander qu'est-ce que j'ai envie de faire. En fait, il y a qu'est-ce que j'ai envie de faire, qu'est-ce que je serais capable de faire, comment le faire, et puis est-ce que c'est quelque chose qui va me rapporter de l'argent. Donc en fait, comme je n'arrivais pas à trouver, je faisais plutôt par élimination, genre qu'est-ce que je n'ai pas du tout ou plus du tout envie de faire, en me disant je vais peut-être finir par arriver à un truc. Et finalement, c'est vraiment par le biais du podcast d'entendre d'autres enseignants qui s'étaient reconvertis. qui avaient fait comme si, comme ça, telle formation, tel métier, maintenant ils avaient telle contrainte ou telle liberté, que j'ai fini par me faire un peu mon idée et me dire, ok, la rédaction web et le référencement naturel, ça peut me plaire, je vois quelle formation il faut faire, combien ça coûte, comment on le fait, et une fois que j'aurai fait ça, je verrai. Donc j'ai d'abord fait une dispo, une disponibilité pendant... trois mois à peu près. Et j'ai vu que mon activité se lançait, donc j'ai demandé à démissionner dans la foulée.

  • Speaker #0

    Donc c'est-à-dire que tu as lancé le podcast, toi tu étais encore enseignante dans l'idée de t'inspirer, de chercher des parcours et de t'aider finalement à passer le cap.

  • Speaker #1

    Parce que ce n'est pas facile et de savoir quoi faire et que ça marche dans l'idée parce que du coup tu ne peux pas vraiment revenir si tu t'émissionnes vraiment. Tu ne peux vraiment pas revenir pour le coup et on n'a pas forcément... d'aide. Tu vois, la rupture conventionnelle, ça n'existait pas. Moi, quand je commençais à me poser mes questions, ça arrivait tout juste l'année où je voulais partir. Et puis, les droits au chômage, tout ça, il y a des on-dit dans les salles des profs de les profs, ils n'ont pas le droit au chômage, donc tu penses que tu n'auras jamais rien Puis en fait, quand tu creuses, tu te rends compte qu'il y a des petites lignes à droite à gauche et qu'il y a moyen de moyenner, mais ce n'est pas simple de trouver ce qui va être bien pour toi et comment le réaliser. Donc c'est clair que le podcast m'a beaucoup aidée, mais oui, ça m'a pris quatre ans. C'est pour ça quand des auditeurs me disent ça fait deux ans que j'hésitais, je ne trouve pas je dis oh bah, ça peut encore doubler On va avoir honte de ça.

  • Speaker #0

    Ça m'a pris cinq ans aussi.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas du tout évident. Comment toi, tu as géré justement les peurs, les doutes pendant cette période ?

  • Speaker #1

    Moi, j'avais un gros avantage. Je n'ai pas d'enfant à charge. Et je n'ai pas de grosses charges financières ou de gros besoins financiers. Je ne suis pas quelqu'un de dépensier. Je ne vis pas dans Paris, par exemple, où là, ce n'est pas d'être dépensier ou pas, mais ton loyer, c'est ton loyer. Moi, forcément, en Bretagne, tout est moins cher. Donc déjà, j'avais moins le stress financier. Je n'avais pas le stress de faire baisser le niveau de vie d'une famille, par exemple. Je sais que ça peut être stressant. C'est quelque chose que je n'ai pas vécu. Je m'en félicite parce que je ne sais pas comment j'aurais géré ça. Et puis après, la peur financière, moi, je ne l'avais pas trop trop. C'était vraiment plus la peur de ne pas être capable. de suivre une formation. En fait, j'étais persuadée en étant restée prof, je m'ennuyais vraiment intellectuellement, et j'étais persuadée que je ne serais jamais capable de reprendre des études, que je n'avais plus le niveau pour apprendre, comprendre, retenir, appliquer ce que j'avais appris. Et moi, ça a été ça mon plus grand frein. Je me sentais vraiment idiote. J'avais l'impression d'être devenue bête, alors qu'apparemment, ce n'est pas le cas, puisque ça s'est très bien passé quand j'ai voulu me reconvertir. Mais moi, c'était ma peur à moi. une autre peur que j'ai pas et qu'il y a beaucoup que je suis contente de ne pas avoir c'est le regard des autres la pression de la famille, tout ça, même des parents des grands-parents des fois ou des collègues moi ça, ça me passe, mais alors bien au-dessus tant mieux pour moi parce que j'ai pas assez à gérer mais ouais vraiment, moi je me sentais juste bête, nulle et incapable ce qui était pas rigolo pour autant mais c'est assez différent des retours que j'ai le plus souvent et pour gérer ça, et ben au moment où vraiment je n'en pouvais plus du tout. Donc à la fin de la première saison de mon podcast, je savais que rédactrice web SEO, ça allait me plaire. C'est quelque chose que j'avais déjà regardé en 2018, donc plusieurs années auparavant, en me disant non, je n'y crois pas, je ne pourrais pas, ça ne peut pas être vrai. Et là, en fait, j'ai mis trois choses en place. J'avais démarré un suivi psy avec une psychologue parce qu'au-delà du pro, du coup, ça commence un peu à déteindre sur mon humeur et mon bien-être dans le perso aussi. J'avais pris un accompagnement en coaching en musculation. Ça m'avait fait vachement de bien. J'avais fait ça juste pour essayer. Ça m'avait fait trop du bien de me sentir forte physiquement. J'avais l'impression de me sentir plus forte tout court. Et en parallèle de ça, j'ai fait un coaching en reconversion professionnelle avec Amandine Ruas. Et ça a été un gros déclic. Entre la première et la deuxième séance, je n'étais plus du tout la même personne. Elle m'a vraiment aidée à faire une sorte d'effet miroir. et de me permettre de prendre confiance en moi en me montrant tout ce que j'avais déjà accompli et jusqu'où j'étais déjà arrivée, ce que moi je ne voyais pas. Et ça m'a fait le plus grand bien. Donc moi qui suis plutôt du genre Non, c'est bon, laissez-moi, je vais me débrouiller toute seule. Eh bien, pour une fois, je ne regrette pas d'avoir mis mon égo de côté et d'avoir accepté les mains tendues parce que je pense que je ne serais pas là où j'en suis, sinon ça aurait été bien plus long.

  • Speaker #0

    C'est intéressant de voir finalement, j'aime bien cette idée de la musculation qui rend fort et qui finalement... le sport donne confiance et permet d'y aller. Alors du coup, avec le podcast, t'es devenue un peu experte en reconversion des enseignants.

  • Speaker #1

    Ça,

  • Speaker #0

    c'est bien ça.

  • Speaker #1

    Oui, disons que normalement, un prof qui veut se reconvertir au bout de quelques années finira par entendre parler du podcast.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. C'est aussi pour ça, pour élargir aussi le propos finalement à l'ensemble. Évidemment, on ne peut pas complètement généraliser, mais en tout cas, je pense que tu es T'as entendu pas mal d'histoires et tu peux en tirer sans doute des leçons. Est-ce que tu sais combien d'enseignants se reconvertissent chaque année ?

  • Speaker #1

    Bah écoute, du coup, je te disais hors micro que j'avais jeté un œil. J'avais trouvé les chiffres des années 2021-2022 et il y avait environ 3000 personnes. Alors, ils appellent ça des départs volontaires, donc ça prend en compte les démissions. probablement les abandons de postes, mais c'est très très rare parce qu'il y a quand même pas mal de conséquences, et aussi les ruptures conventionnelles, qui elles sont moindres. Par rapport à ces 3000 à peu près d'émissions qui arrivent là en ce moment chaque année qui ne font que grandir, je regardais 10 ans auparavant, on était plutôt autour de 300.

  • Speaker #0

    Ah ouais, donc fois 10 quand même en 10 ans.

  • Speaker #1

    Donc c'est ça, ça fait quand même une énorme augmentation, même si après dans le fond, d'un point de vue relatif, ça reste moins de 1% de... tous les enseignants de France, si tu veux. Donc, le bateau n'est pas non plus désert, mais il y a quand même de plus en plus de profs qui partent d'une manière ou d'une autre. Pour l'instant, ça ne baisse pas en fait. Et ça n'a pas l'air d'être parti pour baisser.

  • Speaker #0

    C'est ça. En même temps, ce que je trouve intéressant, c'est que moi, j'accompagne des gens qui sont en reconversion, qui cherchent des projets. J'ai pas mal de clients qui sont intéressés par ce métier-là, de profs des écoles ou profs au sens collège, lycée. Et je trouve qu'il y a peut-être... plus de mixité, plus de passage libre entre des gens du privé qui vont aller vers l'enseignement et des fonctionnaires qui vont s'autoriser peut-être des choses que nos parents n'auraient pas fait avant, à sortir, à démissionner de l'éducation nationale pour aller freelance ou indépendante aussi, à faire des choses peut-être qu'avant ça aurait été compliqué.

  • Speaker #1

    Je trouve que ça, ça a pas mal changé. Aujourd'hui, on accepte de plus en plus l'idée qu'on n'aura pas qu'un seul métier dans sa vie, même si c'est dans la fonction publique. Et je pense que c'est une bonne chose parce que les carrières aujourd'hui, c'est long, c'est pas comme à l'époque de nos parents, la retraite c'est pas demain, donc ça fait quand même des longs parcours. Le métier d'enseignant, je rebondis sur ce que tu disais tout à l'heure, mais oui c'est un très beau métier et je comprends vraiment qu'il y ait des gens qui veuillent devenir enseignant, nous les premières à une époque, c'est un très beau métier, c'est juste les conditions et l'institution autour qui font que c'est difficile de l'exercer comme on le souhaiterait, mais ça reste un beau métier et heureusement qu'il y a encore du monde qui y vient. Merci. En fait, dans mon monde idéal, il y a des profs heureux qui restent en poste ou qui arrivent en poste, et les enseignants malheureux qui ont le droit de partir et de trouver quelque chose qui leur convient. J'aimerais bien que tout le monde soit bien partout, parce qu'en classe, en face de toi, tu as des enfants, des adolescents, qui sont un peu des éponges émotionnelles, mine de rien, dans ces âges-là. Je vois profs des écoles, tu passes toute la journée avec les mêmes élèves, si en face d'eux, ils ont quelqu'un qui ne va pas bien. Moi, je n'aimerais pas passer toute la journée avec quelqu'un qui déprime, tu vois. C'est normal, mais ce n'est pas facile de s'en aller parce que ce n'est pas toujours autorisé.

  • Speaker #0

    On va y venir, mais justement, dans les témoignages que tu as eus, quelles sont les raisons qui reviennent, qui donnent envie au prof de partir aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'il y a plusieurs piliers. Il y a la confiance en soi. Et finalement, c'est un peu ce que moi, je ressentais, que j'expliquais tout à l'heure. Mais le fait de penser qu'on a été que prof et on sait être que prof, comme si prof, c'était... une seule compétence. Alors qu'il y a plein de compétences autour, tout ce qu'on appelle les soft skills en entreprise, mais le fait de savoir prendre la parole en public, d'avoir assez confiance en soi pour gérer un groupe, de gérer des relations que ce soit avec des enfants, des collègues, des supérieurs hiérarchiques, des parents, la maîtrise de la langue française, que ce soit dans un email, à l'oral, il y a plein de compétences d'autonomie, d'organisation, de gestion et tout qu'on a. Et on a du mal à se dire, comme souvent, on ne connaît pas le monde du privé parce qu'on a tout de suite été fonctionnaire parce que c'est un peu les métiers passion, les vocations. On a du mal à se dire que ça va être reconnu ailleurs, alors qu'en fait, c'est super reconnu. Donc, je pense que la confiance en soi, puis idem le fait de, est-ce que je vais être capable de reprendre des études ou de passer un concours ou de suivre une formation ou de me lancer à mon compte ? Est-ce que si je vais à un entretien d'embauche, on va se dire, ah ben non, elle a été prof. Souvent, c'est des croyances que nous, on a et ça ne se passe pas si mal que ça dans les faits. Donc ouais, la confiance en soi, pour moi, c'est quelque chose. Et après, je dirais en deuxième, le manque de reconnaissance. Là, je ne parle pas juste du salaire parce que ce n'est pas un métier qu'on fait pour l'argent, comme certains le pensent parfois malheureusement. Je sais que le salaire, c'est un gros sujet, mais la reconnaissance, ça ne passe pas que par l'argent. Et on a rarement les remerciements ou les encouragements, ne serait-ce que de nos supérieurs, des parents, ce n'est pas toujours le cas, des enfants, selon leur réaction. Des fois, ça prend de plus en plus sur notre temps, pas seulement professionnel, mais aussi personnel, pour mettre des choses en place, parce que les classes commencent à être surchargées avec des profils vraiment diversifiés. Donc, il faut adapter beaucoup de contenu qu'on fait le week-end, le soir, les vacances. Personne ne le voit et pas grand monde le croit. Mais c'est un travail monstrueux. Et dans les chiffres, il me semble qu'un... Alors, je parle pour les professeurs des écoles, parce que moi, j'étais du premier degré, mais un prof des écoles, ça travaille en moyenne 44 heures par semaine. Donc t'imagines, les débutants, quand ils commencent, c'est forcément plus que ça. Moi, je sais que je restais à l'école jusque tard pour que ce soit bien pour un tel qui a des problèmes de vue, un tel qui a des problèmes d'orthographe, un tel qui parle pas français, un tel qui passe beaucoup de temps et t'as pas vraiment la reconnaissance associée, alors qu'à l'inverse, on te dit quand ça va pas. Mais on ne te dit pas quand ça va. Et je pense que ça ronge petit à petit sur le moral des profs. Et que je peux comprendre que quand on ne dit jamais que ce que tu fais, ce ne serait-ce que bien, tu n'as pas forcément envie de continuer à apprendre sur ta santé pour essayer de toujours faire mieux.

  • Speaker #0

    Donc tu dis ce manque de reconnaissance.

  • Speaker #1

    Oui, confiance en soi et reconnaissance. Je pense que c'est un peu les deux gros points qui font que les enseignants s'en vont.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu trouves qu'il y a des freins qui seraient spécifiques aux enseignants qui font que... C'est difficile pour eux de partir, de changer de métier ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a une grosse peur financière qui ne se traduit pas toujours directement dans les paroles des profs ou des futurs ex-profs par l'argent en lui-même. Mais quand un enseignant dit oui, mais mes enfants sont petits ou oui, mais mes enfants sont grands, ils vont bientôt commencer leurs études en fait, derrière, ça veut dire, si je me reconvertis, j'ai peur de ne pas avoir la même stabilité financière ou le même train de vie, entre guillemets, pour pouvoir assurer les besoins de ma famille. ou des fois ça va être ah oui mais il faudrait faire tant d'années d'études le problème derrière c'est pas les tant d'années d'études quand les personnes ont vraiment envie de faire ce nouveau métier c'est que ça coûte de l'argent et c'est une période pendant laquelle t'es pas rémunéré donc en fait l'argent, la peur financière dans la reconversion professionnelle c'est un peu latent chez beaucoup de gens finalement quel que soit ton profil donc ça pour moi c'est un gros gros frein et puis la confiance en soi que j'évoquais tout à l'heure Moi, j'ai l'impression que c'est un gros frein aussi, que ce soit manquer de confiance en soi parce qu'on n'ose pas affirmer ce dont on a besoin. Il y a des enseignants qui n'ont pas envie que ça se sache autour d'eux, qui se sont reconvertis. Et du coup, forcément, admettons, tu es prof, tu te mets en disponibilité, tu lances ton entreprise. Moi, j'ai parlé avec des enseignants qui venaient de lancer leur business et qui n'arrivaient pas à trouver de client. Mais pourquoi ? Parce qu'en fait, ils ne veulent pas en parler sur les réseaux, ils ne veulent pas que ça se sache en leur nom, parce qu'ils ne veulent pas qu'on se rende compte qu'en fait, ils n'aimaient pas trop être enseignants. Parce qu'ils ont peur de l'idée qu'on va se faire de ah, mais en fait, elle n'aime pas les enfants En fait, des fois, on a tendance à s'imaginer que les autres vont s'imaginer telle ou telle chose, alors que ce n'est pas forcément vrai. Donc, je sais que le poids, c'est presque un poids du regard des autres et de ce que les autres vont penser. J'ai l'impression que ça fait beaucoup. Il n'y a pas beaucoup de profs, je pense, qui en discutent dans leur salle des maîtres, par exemple. Moi, je sais que j'avais été surprise quand j'avais parlé de mon souhait de reconversion dans la salle des maîtres. C'était un peu arrivé. Ce n'était pas prévu. Je n'avais pas prévu de l'annoncer comme ça. Mais bref, c'est arrivé. Et petit à petit, il y a des collègues qui sont arrivés dans la salle. Et moi, en telle année, j'avais demandé un congé formation. Ça m'avait été refusé. Moi, j'avais demandé ça. Ça m'avait été refusé. Moi, j'aimerais bien, mais je ne pourrais jamais vivre de tel truc. En fait, tu te rends compte que tu es très loin d'être tout seul. Et le retour que tu as, ce n'est pas du tout. Oh là là, ça craint. Tu n'aimes pas les enfants. Ça veut dire que tu vas faire ton job à moitié si tu n'aimes Les gens, ils vont pas te répondre ça. Les gens vont sûrement juste te répondre Bah ouais, pour moi aussi, c'est pas la folie, quoi. Parce que c'est pas une surprise. Mais ouais, c'est vraiment un frein dans le sens où comme t'en parles pas, tu l'assumes pas trop. Du coup, c'est difficile d'aller de l'avant. Et je pense qu'il y a un autre gros frein, c'est le fait que tu peux difficilement te projeter puisqu'il faut demander l'autorisation pour tout. Donc tu peux pas te dire Tiens, à telle date, je vais demander à démissionner. Et puis, à telle date, je vais passer un entretien et je vais être embauchée. Oui, mais si on t'a refusé ta démission et qu'on ne te l'autorise que pour dans six mois, tu fais comment, tu vois ? Donc, c'est hyper dur de mettre les choses en place parce que tu es complètement dépendant de la réponse qu'on va te donner. Et comme ça manque de profs, c'est de plus en plus difficile de partir, forcément.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Parce qu'effectivement, on ne peut pas démissionner comme on veut avec un préavis de trois mois. Il faut avoir l'autorisation de...

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Pour démissionner, quoi.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Moi, je me souviens quand j'ai pris la décision de démissionner, j'avais l'impression aussi, et ce qui m'a un peu freinée aussi moi dans ma démission, d'abandonner le navire en fait, de laisser, je ne sais pas comment expliquer, mais de laisser le navire couler presque et de ne pas être solidaire ou qu'il y avait quelque chose à faire de là. Et je me sentais presque coupable de laisser les autres enseignants. Mais tu n'étais pas…

  • Speaker #1

    Oui. T'es pas la première que j'entends dire ça, et moi tu vois c'est pas quelque chose que j'ai eu, parce qu'au point où j'en arrivais, j'étais malade vraiment tout le temps, mentalement et physiquement ça n'allait plus du tout, et du coup j'avais été placée une semaine en arrêt, et clairement je m'étais dit, là je décroche complètement, j'arrive plus du tout à me battre en fait, j'étais malade vraiment tout le temps, je pouvais plus me lever, j'arrêtais pas de vomir, j'avais des plaques partout, des crises d'angoisse, vraiment ça allait loin. Et moi, mon impression d'abandonner le navire, c'était quand j'étais en arrêt. Parce que quand tu es en arrêt, dans le secondaire, je ne sais pas exactement comment ça se passe. Il y a des salles de permanence, donc c'était différent. Mais nous, en primaire, un prof qui n'est pas là, les 30 gamins, tu les répartis dans les classes des autres. Donc toi, tu as une classe de CM2, tu te retrouves avec des maternelles. Celui qui a une classe de CP, il se retrouve avec des CM1. Trois ou quatre enfants de plus dans ta classe, tu n'as même pas forcément le bon nombre de chaises pour les accueillir parce que ta classe est déjà surchargée. t'as rien à leur donner à faire, c'est de la garderie, ça te donne de la responsabilité à tes collègues. Enfin, tu vois, moi, c'était plus ça qui me gênait. Alors que partir... Je commençais un peu à me dire, de toute façon, je ne vais pas bien. Qu'est-ce que je peux apporter à ce stade-là ? Même si je faisais toujours en sorte d'être souriante, de bien faire les choses, de construire des projets, de machins, mais je savais que ce n'était pas viable. Et d'un autre côté, ce que je dis aux gens, mais c'est plus facile à dire qu'à penser quand on est dedans, mais c'est que ce n'est pas de notre faute s'il n'y a plus de profs, en fait. Nous, on ne part pas pour qu'il n'y ait plus de profs et pour laisser les enfants tout seuls. On part parce qu'on ne va pas bien, parce que le système est maltraitant. Ce qui n'a pour moi rien à voir. S'il n'y a plus de profs, prenez des remplaçants pour remplacer les profs qui ne sont pas là. Ce n'est pas censé être à nous de culpabiliser. Tu vas ouvrir des places au concours si ça manque de profs. Mais ne venez pas empêcher ceux qui ne vont pas bien de partir. Parce qu'après, tu peux te retrouver dans des situations dramatiques. Moi, je reçois des messages de profs depuis des hôpitaux et des hôpitaux psychiatriques, parfois, qui ont été jusqu'à la tentative de suicide. Je suis désolée, mais un métier, ce n'est pas censé t'amener là. Surtout quand c'est un métier passion. que tu as toujours rêvé de faire de ton mieux avec des enfants, des ados ou des jeunes adultes, tu n'es pas censé te retrouver dans ces situations-là. Même si c'est sûr que quand tu es dedans, tu as tendance à te dire j'abandonne, ce n'est pas cool des fois, il vaut mieux abandonner que de se mettre en danger.

  • Speaker #0

    C'est sûr, complètement. Est-ce que tu observes qu'il y a des métiers ou des secteurs particuliers dans lesquels les profs, naturellement, qu'il y a une forme de logique ou de continuité dans lesquels ils se reconvertissent ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'il n'y a pas une seule réponse à ça. Je dirais que les deux profils que je vois le plus, ce n'est pas tant lié au métier, c'est lié au statut. En gros, j'ai l'impression qu'il y a ceux qui veulent garder une certaine stabilité, une certaine sécurité, qui vont plutôt passer des concours et par voie de détachement rester dans une fonction publique. Pas forcément l'éducation nationale, tu vois, mais complètement autre chose. Et d'un autre côté, il y a celles et ceux qui vraiment ne veulent plus d'hierarchie et veulent leur liberté à 100%. et qui vont partir vers l'auto-entrepreneuriat. Ce qui a aussi ses travers, et on n'est pas si libres que ça, puisque forcément, il y a d'autres peurs et d'autres choses à gérer. Et entre les deux, le salariat, c'est vraiment pas ce que je vois le plus. C'est presque le plus rare. Et après, pour les métiers en tant que tels, en vrai, j'ai déjà eu quelqu'un qui avait décidé de partir à l'usine fabriquer des cagettes, parce qu'elle ne voulait plus de charge mentale. Elle est très heureuse comme ça. Là, l'autre jour, j'intervivais quelqu'un qui était devenu attaché statisticien pour l'INSEE. J'interview des gens qui partent dans des métiers plutôt artistiques, la calligraphie, la relure, plutôt en lien avec le corps, type prof de yoga, danseur, des métiers parfois plus intellectuels. J'ai l'impression que ça peut être vraiment tout et son contraire. Après, je note que quand on a été prof et qu'on a vraiment aimé ça, il y a une forme de transmission qui reste un peu tout le temps. Donc, quelqu'un qui va partir, je ne sais pas, vers l'écriture. va petit à petit vouloir faire du coaching en écriture pour essayer de transmettre sa passion et ses compétences à d'autres. Ou il y a des gens qui vont partir justement dans l'aide à la reconversion, le coaching, la naturopathie, la sophrologie, tout ce qui va pouvoir apporter de l'aide aux personnes, soit pour le côté transmission, soit pour aider des gens qui sont dans un mal-être qu'elles et eux ont déjà vécu. Donc ça, j'ai l'impression que c'est quelque chose que je vois. La transmission, ça revient quand même souvent, même sur des métiers où parfois tu te dis... j'aurais pas forcément fait de lien avec l'enseignement là et puis en fait comme quoi.

  • Speaker #0

    Je suis pas étonnée parce qu'en fait il y a ce côté social au sens aide, accompagnement, transmission qui est présent dans le prof et du coup ensuite on va le décliner juste dans un autre contexte ou un autre...

  • Speaker #1

    Je pense que c'est lié à notre personnalité aussi, enfin je sais que moi j'aime beaucoup accompagner, aider, transmettre. Enfin, bien faire les choses. Et du coup, ça restera, que ce soit si c'est plus de l'enseignant pur. Moi, ça va être dans la rédaction, ça va être dans le milieu du podcast, ça va être dans l'aide à la reconversion. Ça va être autre chose, mais ça va être.

  • Speaker #0

    Oui, moi, je fais du coaching d'accompagnement, et toi aussi de la formation. Et en fait, c'est marrant aussi. Moi, ce que j'ai trouvé marrant, c'est que je n'avais pas vraiment de plaisir à enseigner à des petits. Mais finalement, aujourd'hui, enseignez-moi des choses qui me passionnent à des adultes. Là, j'ai beaucoup de plaisir.

  • Speaker #1

    C'est pas pareil.

  • Speaker #0

    Oui, il y a ce qu'on fait et l'environnement dans lequel on fait qui joue beaucoup aussi dans le plaisir que tu vas avoir. Parce qu'après, il y a aussi, quand on se pose des questions, tu le disais tout à l'heure, quand tu en as parlé en salle des profs, il y a d'autres qui t'ont dit oui, j'ai pensé à me reconvertir il y a deux, trois ans etc. Parfois, on peut avoir des coups de mood, être dans le creux de la vague et envisager des sorties. Et puis, on va retrouver un dynamisme, un nouveau sens. Est-ce que tu aurais des conseils justement pour les enseignants qui seraient aujourd'hui dans le creux de la vague pour savoir si c'est une démission qu'il faut ou s'ils peuvent retrouver du sens ou de la motivation dans leur métier ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut essayer de s'observer et de s'écouter, ce qui n'est pas toujours facile quand on arrive à un stade où on est un peu épuisé. Pour moi, si tu as un coup de mou tous les ans à la même période, mais qu'après ça va mieux, il y a des chances que ce soit le cas. Ou si c'est la première fois, ne claque pas la porte, parce que si ça se trouve, c'est passager. Si ça fait 2, 3, 4, 10 ans que ça ne va pas du tout, bon, ça veut peut-être dire qu'il faut changer quelque chose. Après, on n'est pas obligé de démissionner. et de perdre le bénéfice de son concours, tout de suite, il y a des options. Si vraiment, on sent qu'on ne veut plus rien avoir à faire avec ça, qu'on ne supporte plus, par exemple, le bruit, les enfants, bon, là, il faut peut-être faire quelque chose. Mais si c'est plus une histoire de poste, une histoire de collègues, une histoire de niveau, on peut aussi essayer de changer de poste. Mais par contre, je dis ça comme si c'était une solution. Après, ce n'est pas nous qui décidons quand et comment on change de poste. Mais je sais que... Moi, quand je me disais que ça n'allait pas, je m'étais toujours dit oui, mais c'est peut-être parce que je suis toujours en REP, donc les réseaux d'éducation prioritaire avec des enfants difficiles. Et puis un jour, je n'ai eu pas de la REP. Et ce n'était pas beaucoup mieux. C'était pareil, c'était à Tuco. Je trouvais peut-être même ça un peu plus ennuyeux. J'étais toujours mutée à une heure de chez moi pendant cinq ans. Et la dernière année, j'étais à 20 minutes de chez moi. Ça ne m'allait toujours pas. J'ai toujours eu des collègues sympas, pour le coup. Donc ça, je savais que ce n'était pas un problème. J'ai jamais eu de problème avec ma hiérarchie, donc je savais que c'était pas ça. Mais donc petit à petit, au fil des postes, parce que moi en six ans, j'ai jamais eu le droit à mon poste. J'ai même essayé un poste à profil en tant qu'enseignante surnuméraire. C'était intéressant, mais c'était intéressant un ou deux ans, tu vois, ça m'aurait pas intéressé plus. Et du coup, j'ai fini par me dire, la toute dernière année où vraiment j'ai eu le poste, parents rêves, près de chez moi, les meilleurs collègues que j'avais jamais eus, enfin une ambiance plutôt chouette, des parents géniaux et tout, j'étais là, mais en fait, là, j'ai ce que je voudrais avoir. Et en fait, je suis pas heureuse d'aller bosser, quoi. Enfin, genre, j'ai pas envie d'aller faire ça. Je préférerais, je le disais souvent, mais je préférerais faire des tâches automatiques. À la fin, je suis payée au SMIC et basta, tu vois. Et le reste de mon temps, c'est vraiment mon temps libre. C'est pas la préparation, la correction des projets, des réunions, des trucs qui sont jamais payés, quoi. Donc, je sais que, voilà, moi, c'est ce que je recommanderais. En gros, essayer de voir qu'est-ce qui ne va pas. Est-ce que dans les choses qui ne va pas, il y a moyen de changer un truc ? Si oui, franchement... tester, à ce stade, il n'y a plus rien à perdre. Si c'est ça, c'est une bonne nouvelle. Si ce n'est pas ça, ça vous ramène à l'idée de base de il faut peut-être changer de métier Mais ce n'est pas un mal de changer de métier. Je sais qu'au tout début du podcast, il y a des gens qui me disaient c'est un peu un échec, ça veut dire que je me suis trompée Mais moi, je ne vois pas ça comme ça. Moi, je voulais vraiment être prof. J'ai vraiment été contente d'avoir mon concours. J'ai vraiment été contente d'enseigner, même dans la dernière année où ça n'allait plus. J'ai eu des très beaux moments d'enseignement. C'est juste que je n'ai pas de là à en faire toute ma vie. Mais on change, on évolue forcément quand tu as 20 ans et que tu passes ton concours. Tu n'as pas les mêmes envies, la même vie, les mêmes aspirations que quand tu en auras peut-être 40 ou 60. C'est normal aussi de ne plus vouloir les mêmes choses. Pour moi, en tout cas, ce n'est pas un échec. Se poser les bonnes questions, prendre le temps, ça, ce n'est pas facile des fois, mais prendre le temps, prendre du recul et vraiment réfléchir, même si ce n'est pas agréable parfois de voir certaines vérités en face aussi.

  • Speaker #0

    Quelles sont les étapes finalement aussi dans les... les différents parcours que tu as pu écouter, les choses qui marchent bien finalement, si on veut gagner du temps, en tout cas dans ce processus de reconversion, qu'est-ce que tu conseillerais ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que se faire accompagner, ça fait quand même gagner vachement de temps. Moi, j'ai mis du temps à le faire et j'ai mis quatre ans à me questionner. À partir du moment où je me suis fait accompagner, c'était vers février. Au mois de juin, je débutais une formation. En septembre, j'étais lancée à mon compte. Donc en fait, après ça dépend du type d'accompagnement. Il y a des gens qui savent ce qu'ils veulent faire, mais qui ne vont pas oser manquer de confiance en eux. Là, ça va être plus sur du coaching finalement, pour avoir un peu cet effet miroir, avoir des outils, des clés qui permettent d'aller plus loin, de mettre des choses en place, même dans le quotidien. Des fois, ce n'est pas que le pro le problème, c'est aussi des croyances personnelles ou des situations personnelles qui sont bien réelles. Oui, l'accompagnement, pour moi, c'est ça. Après, il y a des gens, des fois, ils ne savent pas du tout quoi faire ou alors ils ont plein d'idées. et ils savent pas laquelle prendre. Ou alors, ils ont des idées, pas tant que ça, les bonnes, normalement, qui leur plaisent, mais ils savent pas comment faire pour que ce soit rentable. Parce qu'il y a aussi cette question-là. Derrière, il faut pouvoir en vivre aussi de ton nouveau métier, dans la majorité des cas. Du coup, des fois, le bilan de compétences, ça peut être une bonne idée. Parce que c'est vrai que quand t'as été prof, que t'as toujours voulu faire ça, moi, je veux faire ça depuis que je suis petite, je me suis jamais posé de questions du genre est-ce que j'ai envie de bosser dans un bureau ou dehors ?

  • Speaker #0

    Est-ce que j'ai envie de travailler plutôt le soir ou le matin ? Enfin, je dis des choses toutes bêtes, je me suis jamais posé la question. Est-ce que je me sens capable d'être à mon compte ou pas ? Est-ce que je préfère travailler dans une entreprise ? Est-ce que j'ai envie des collègues ou est-ce que je préfère être seule ? Enfin, c'est des questions qu'on ne se pose pas forcément. Et parfois, d'avoir le retour de quelqu'un dont c'est le métier sur aussi nos compétences, qui sont parfois nos points forts et nos points un peu plus faibles. Est-ce qu'on a moyen de trouver un job qui va nous correspondre le mieux possible sans nous épuiser ? Parce qu'il y a ça aussi. Mais vraiment, moi, je recommande finalement de se faire accompagner. Tu vois, j'ai bien changé d'idée sur les cinq dernières années parce que c'était, mais alors, pas du tout mon truc. Moi, j'avais une révulsion du mot coaching. En plus, je voyais ça partout sur Instagram. Je me disais, mais non, mais c'est n'importe quoi. Et puis finalement, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Donc, bien choisir les personnes par qui on veut se faire accompagner. Il faut que le feeling passe aussi. Je me suis rendu compte, pour moi en tout cas, c'était hyper important, même si c'est dans le cas d'une reconversion. professionnel. Si moi, d'un point de vue personnel et humain, je me sens pas à l'aise avec la personne et que j'ose pas vraiment dire les choses, bah c'est un peu bête parce que du coup t'avances pas vraiment. Donc faut vraiment avoir confiance et se sentir bien. Généralement, la personne en face fait en sorte que tu te sentes bien. Mais c'est vrai que ça change pas mal la donne. Donc si les gens qui écoutent ont la possibilité, des fois c'est le frein du coup, ça peut être un peu le frein financier. Faut faire un peu le rapport humain. temps finance. En gros, si vous avez les moyens de le faire, même si c'est un coût, moi je vous recommande de vous faire accompagner par quelqu'un parce que vous allez gagner un temps monstrueux. Si vraiment, vraiment, vous n'avez pas les moyens, et bien voilà, avancez à votre rythme. Après, on peut essayer de s'entourer sur, pour les enseignants, il y a des groupes Facebook, des forums, il y a des choses même sur Instagram, il y a plusieurs podcasts maintenant, il y a, moi là, je voudrais lancer une vidéo pour les enseignants. on s'entraide, qu'on discute, qu'on ose dire les choses sans être jugé et tout, bon, c'est pas un coaching, parce que je suis pas coach, mais au moins, ça permet à ceux qui ont pas forcément les moyens de partir vers un coaching, de quand même pouvoir dire ce qu'ils ont sur le cœur, comparer ce que l'un a fait, ce que l'autre a fait, ce que l'un a raté, que l'autre a réussi, et essayer d'avancer quand même. Mais d'une manière ou d'une autre, c'est vrai que si les personnes ont les moyens, en se faisant accompagner, on gagne quand même beaucoup de temps dans sa réflexion, et on ose aussi plus facilement.

  • Speaker #1

    Ouais, moi j'étais un peu comme toi, Moi toute seule, moi toute seule, je vais trouver mes propres solutions. Et je pense que j'ai perdu beaucoup de temps en ne faisant pas accompagner à l'époque, clairement. Est-ce que tu as des ressources spécifiques, justement des groupes ou des forums que toi t'aimes bien, que tu dis ah ouais tiens, ça c'est vraiment sympa, que tu pourrais nous conseiller ?

  • Speaker #0

    Ouais, en groupe, sur Facebook, il y a une page qui s'appelle Prof, tu veux changer de métier ? qui compte 20 ou 25 000 membres pour maintenant. Enfin, il y a vraiment des profs qui veulent changer de métier. Et l'avantage de ce groupe, il est tellement gros et il est tellement ancien qu'avec la petite loupe dans la barre de recherche, si on veut chercher, je ne sais pas, assistante sociale pour voir si quelqu'un est déjà devenu assistante sociale, on va forcément tomber sur quelqu'un qui s'est posé les questions ou qui l'a fait. Du coup, on peut directement contacter ces personnes-là et poser la question. Donc moi, il y a mon podcast Avant j'étais prof où j'interview des profs qui ont été enseignants qui sont partis. Mais il y a aussi un podcast qui s'appelle Ta reconversion de prof d'Amandine qui a plus un côté développement personnel. Donc elle apporte plus des solutions pratiques. pour le quotidien, pour avancer dans sa démarche de reconversion. Et puis, il y a le superbe livre de Natacha Colbert, qui est une ancienne prof également, qui s'appelle Le guide de la reconversion des profs où il y a 150 pages axées en trois piliers différents sur, ça part de nous, des bonnes questions, justement, qu'il faudrait se poser. Elle a fait ça super bien, elle a même laissé des espaces blancs pour qu'on puisse écrire dessus et avancer dans nos réflexions. Il y a tout un panel des reconversions possibles, même des reconversions possibles dans la fonction publique, des accompagnements qu'on peut avoir quand on veut se lancer à son compte pour ne pas avoir à se lancer dans le vide. Il y a vraiment tout ce qu'il faut pour se faire aider dans sa reconversion. Et pour le coup, c'est un tout petit investissement. Il coûte une quinzaine d'euros, je crois. Et il y a tout ce qu'il faut à l'intérieur parce qu'elle, elle est passée par là. Moi, j'ai travaillé sur la relecture avec elle. Franchement, je n'ai rien vu qui manquait. Donc, c'est vraiment archi complet et ça permet de l'avoir toujours sous le coude. Puis voilà, ce n'est pas un gros investissement. Et quand c'est fini, on le passe à son voisin, parce que notre voisin, il a sûrement aussi voulu changer de métier.

  • Speaker #1

    Il fallait se traîner sur la table de la salle des profs.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est un peu les ressources que je recommanderais sur Facebook et au format audio et au format livre. Comme ça, il y en a un peu pour tous les goûts. Il y a l'association EdoProf aussi, j'y pense, qui accompagne des profs dans leur reconversion. Donc, c'est vraiment axé enseignement. L'avantage de l'association, c'est que Rémi Boyer, son fondateur, il est hyper calé dans tout ce qui est chiffres, réglementations, lois, textes, etc. Ce qui n'est moi pas du tout mon truc. Donc souvent, moi, je dis, si vous voulez être sûr, j'ai trop peur, moi, de dire des bêtises et que les gens se retrouvent dans des situations un peu banquelles. Et du coup, je finis toujours par dire, allez voir votre gestionnaire, vos conseillers en RH ou tout ça. Et je sais que du côté de l'association, ils sont hyper calés dans les textes qui décortiquent à la lettre près. Je sais qu'ils sont aussi d'une grande aide pour la reconversion. Et pour le coup, ils existent depuis très longtemps, donc ils ont l'expérience aussi. Pour les gens qui veulent se faire accompagner physiquement, même si c'est à distance, c'est aussi une option.

  • Speaker #1

    Hum, super. J'aimerais bien qu'on revienne sur le sujet de la confiance en soi. Je trouve qu'effectivement, quand on est prof, en tout cas, il y a beaucoup de profs qui ont l'impression de ne rien savoir faire, de ne rien avoir appris, de valables, enfin qui seraient valables justement dans un autre métier, dans le privé, en se faisant des fausses représentations de ce que c'est le privé. Mais quelles sont, selon toi, les principales compétences qu'on développe quand on est prof ?

  • Speaker #0

    Ah ben, figure-toi que moi, j'avais trouvé un poste à Rennes pour l'office du tourisme. En compétence, il demandait, en qualification, il demandait d'avoir le master MEF, donc le master des enseignants. Et typiquement, c'était un poste où il fallait être capable d'apprendre un certain nombre de connaissances assez rapidement et de pouvoir les restituer à l'oral en groupe, en faisant des visites culturelles et historiques dans la ville de Rennes et être capable de prendre des retours et d'améliorer son travail et faire des présentations. Et en fait, tu vois, tout ça, parole en public, on ne se rend pas compte parce qu'on le fait tous les jours quand on est prof. Et tout le monde autour de nous le fait, puisque tu prends dans toute l'école ou dans tout l'établissement, c'est dans le secondaire, tout le monde est prof. Donc tout le monde sait parler devant un groupe de 30 personnes et de 30 adultes quand c'est la réunion de parents, tu vois. Donc c'est quelque chose qui nous paraît presque normal, sauf que quand tu regardes en dehors, il y a combien de personnes qui sont vraiment capables de parler devant un groupe de 30 sans se liquéfier, tu vois. Et en parlant bien, à voix claire, en posant sa voix, en ayant un vocabulaire quand même diversifié, en sachant s'adapter à son public et aux spécificités de chacun. Ça pour moi, c'est une compétence que... En fait, tu l'apprends vraiment sur le terrain et on ne se rend pas compte comme on a l'impression que tout le monde l'a. Et ensuite, dans la vie quotidienne, admettons que tu rentres en entreprise, tu es largement capable de travailler en équipe, tu es capable d'écouter et d'écouter vraiment, tu es capable de retirer des choses de ce que tu as écouté, tu es capable de proposer des choses, tu es capable de t'affirmer, tu es autonome, tu sais gérer, tu sais gérer des conflits. Toi, c'est des petites choses bêtes qui sont rarement... demander sur une fiche de poste, on va pas te demander, est-ce que tu sais gérer un conflit ? Parce que c'est le but de travailler entre collègues parfois. Mais nous, on sait le faire, parce qu'on a appris à le faire, parce qu'on n'a pas le choix, c'était comme ça et pas autrement. Quand tu dois envoyer des mails, c'est sûr que toi, si tu dois envoyer des mails à un client, il n'y aura pas de faute dedans. Alors qu'il y a des gens qui ne maîtrisent vraiment pas très bien du tout la langue française et pour qui ça va être un calvaire de devoir envoyer un email, tu vois. Donc en fait, c'est vraiment des petites choses du quotidien qui sont... Et je trouve que quand on sort en plus de l'enseignement, on a une espèce de boost de confiance en soi qu'on n'avait pas avant, de se rendre compte que, un, on l'a fait, donc on est déjà fiers de ça, et de deux, on commence notre nouveau métier et on se dit, en fait, on n'est pas si nuls. Ça va, quoi, parce qu'on regarde un peu autour de nous, mais dans un nouvel environnement. Depuis être entre profs, c'est quand même pas pareil. En fait, les enseignants sont assez perfectionnistes. Ils ont toujours envie de mieux faire et ils vont toujours passer beaucoup de temps pour que ce soit parfait, parce que, bah, aussi, t'es... Tu traites avec de l'humain, donc forcément, t'as envie de faire de ton mieux. Mais après, quand tu te rends compte que, tu vois, moi, aujourd'hui, je travaille avec soit des podcasts, soit des textes. Alors oui, il y a des humains derrière, mais t'as pas la même responsabilité. Tu vois, donc tu redescends d'un cran. Enfin, personne va mourir parce que tu lui as donné une cacahuète au goûter alors qu'il fallait pas, tu vois. Enfin, c'est pas du tout la même responsabilité. Donc, je trouve que ça dédramatise un petit peu. Alors, à moins, évidemment, de partir dans le médical ou ce genre de choses, tu retrouves des problématiques similaires. Mais globalement, je vois les enseignants quand ils se reconvertissent, ils ont quand même une... une baisse de stress qui est aussi liée à ça. Ce n'est pas la même responsabilité. Mais n'empêche que tu vas savoir gérer un groupe quand même et prendre en compte des spécificités. En fait, tu sais faire plein de trucs et j'ai l'impression qu'on s'en rend compte, même si on le lit, moi je l'ai lu avant de partir, mais j'ai l'impression qu'on s'en rend compte de tout ce qu'on sait faire une fois qu'on est amené à le faire en dehors.

  • Speaker #1

    Super. Est-ce que tu aurais un dernier message finalement pour nos auditeurs, profs ou pas profs, mais qui envisagent de se reconvertir ?

  • Speaker #0

    De prendre le temps de se poser les bonnes questions, pas partir à la va-vite et partir à tout prix et se retrouver après un peu dans le pétrin et regretter, parce que ce n'est pas le but. Se faire accompagner si besoin et si on a les moyens. Et puis, essayer de trouver un équilibre, du bonheur dans son travail si c'est quelque chose qui compte pour nous. Et sinon, à défaut, au moins un équilibre au perso. Mais de ne pas hésiter finalement à oser. ça fait cliché, mais presque à croire en ses rêves, parce qu'en fait, moi, je vois des reconversions où je me dis Ah ouais, c'était possible, en fait. Quand je vois des gens, je pense à des gens passionnés. En ce moment, je suis sur Instagram, une céramiste qui s'appelle Sauvargile, qui est prof, elle est toujours prof à temps partiel, mais elle fait des céramiques trop cool, et elle a l'air contente de vivre de cette activité-là. Je pense à Diana, de l'entreprise Letter in Paris, que j'avais interviewée ma première saison. Elle était devenue calligraphe. Quand t'es petite, tu te dis, moi, plus tard, je vais être calligraphe. Eh ben, elle est vraiment calligraphe. Et des fois, elle est invitée sur des grands événements dans les galeries Lafayette et fait de la calligraphie sur des objets de marques magnifiques, tu vois. Et tu te dis pas que c'est forcément possible. Ou les gens qui disent, ah, moi, j'aimerais bien vivre de ça, mais c'est pas possible. Il y a des gens qui arrivent à devenir auteurs, cinéastes, tu sais, des choses improbables. C'est juste que parfois, ben, c'est pas, tu démissionnes. Et le lendemain, tu vas faire ce métier de rêve. Parfois, c'est que tu démissionnes pour déjà te reprendre un peu en main et que ça aille mieux, gagner du temps, etc., quitte à passer par un job alimentaire ou par un temps partiel et une activité cumulée à côté, tu vois, pour au moins te décharger l'esprit. Et puis après, au fil des étapes, peut-être que tu deviendras telle ou telle chose que tu as toujours voulu, tu vois. Mais ce n'est pas obligé de se faire chaque an des doigts, en fait. C'est pour ça que quand je dis prendre le temps, c'est le temps de se poser les questions et pas être... Il ne faut pas être impatient, je pense, dans une reconversion. Je pense que la lampe est... à ce moment-là, c'est un vilain défaut parce que tout prend beaucoup de temps, il faut accepter que ça prête du temps même si je comprends bien que c'est pas du tout agréable quand t'es dedans, mais ouais oser, croyez

  • Speaker #1

    Tu as des regrets de ton côté ?

  • Speaker #0

    Moi j'en ai aucun, quand je passe devant l'école, alors j'ai pas de colère je sais qu'il y a des gens à l'inverse qui ont de la colère moi pendant un moment j'ai eu une sorte de dégoût, c'était assez bizarre dans les écoles et devant des enfants je me disais oh non, quelle horreur tu es lui Le bruit, les cris, ça bouge, machin. Je me dis, ah non, c'est fini, je veux plus. Là, maintenant, j'ai plus ça. Mais quand je passe devant des écoles, je me dis juste, bien joué, Florence. C'est pas toi qui es prof. Je me dis juste ça. Je me dis, oh là là, j'ai vraiment bien fait de partir parce que vraiment, j'ai pas du tout envie d'y retourner. Et c'est vrai que, comme je disais tout à l'heure, moi, il n'y a rien du tout qui me manque. Même si j'adorais mes collègues, j'adorais les relations parents, mes élèves, globalement, ça se passait très bien. Mais juste, je pense... suis pas faite pour ça dans ces conditions-là. Moi, je ne peux pas faire les choses assez bien et comme chaque enfant le méritait. Et je ne trouvais pas ça juste, ça n'allait pas avec mes valeurs. Et bref, c'est mieux aujourd'hui. Donc non, vraiment, pas de regrets.

  • Speaker #1

    Super. Un grand merci en tout cas pour ton témoignage et puis tout ton partage.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    A bientôt. Au revoir. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a inspiré. et apportez des clés précieuses pour avancer dans votre projet de reconversion. Si vous l'avez trouvé utile, n'hésitez pas à vous abonner à Ma Révolution Pro, à laisser une note 5 étoiles et à partager ce podcast avec ceux qui pourraient en bénéficier. Pour approfondir votre réflexion, n'oubliez pas de télécharger gratuitement votre livret d'exercices disponible dans la description. Et si vous avez envie d'aller plus loin, visitez mon site marevolutionpro.com pour découvrir comment je peux vous accompagner dans votre envie de changement. On se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode. Alors d'ici là, continuez à explorer et à vous rapprocher du métier qui vous correspond vraiment. Il n'est jamais trop tard pour créer la vie professionnelle dont vous rêvez.

Description

Dans cet épisode, Florence Amaudru, ancienne professeure des écoles et créatrice du podcast "Avant j'étais prof", partage son parcours de reconversion et les raisons principales qui poussent les enseignants à changer de métier.

Elle parle des décalages entre la réalité du terrain et l’idéal du métier, des conditions de travail difficiles, et du besoin de liberté qui motivent ces décisions.

Florence aborde aussi les freins courants : la peur de l'instabilité financière, le regard des autres, et le doute quant aux compétences transférables. Elle montre que les enseignants possèdent de nombreuses compétences recherchées, et explique pourquoi beaucoup se tournent vers l’entrepreneuriat ou des métiers de transmission.

Florence conseille de prendre le temps de réfléchir et de ne pas hésiter à se faire accompagner dans ce processus. Un épisode inspirant pour tous les enseignants qui envisagent de changer de voie professionnelle.


Voici les liens évoqués durant l'enregistrement :

- Le groupe Facebook Prof, tu veux changer de métier : https://www.facebook.com/groups/1564418363823272

- Le Guide de la Reconversion des Profs : https://www.amazon.fr/Guide-Reconversion-Profs-%C3%A9dition-2023-2024/dp/2322504688

- L'association Aide aux Profs : https://www.apresprof.org/

- Le Club des Profs en Reconversion : https://avantjetaisprof.podia.com/club

- Mon site Internet : https://avantjetaisprof.com/

- Le compte Insta de Florence Amaudru: https://www.instagram.com/avantjetaisprof/

- La formation 30 jours pour créer ton podcast : https://formationpodcast.podia.com/30-jours-pour-creer-ton-podcast


Vous êtes à la recherche de votre nouvelle voie professionnelle ? Téléchargez gratuitement votre cahier d’exercices pour vous poser les bonnes questions: https://mailchi.mp/7fa0225b2d38/trouversavoie


Et si vous souhaitez réaliser un bilan de compétences pour trouver votre voie, prenez RDV pour un entretien gratuit et sans engagement : https://marevolutionpro.com/contact/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, bienvenue sur le podcast de Ma Révolution Pro, le podcast qui vous aide à sauter le pas de la reconversion professionnelle en vous proposant les meilleurs outils du développement personnel, des témoignages inspirants et des conseils d'experts. Je suis Clarence Mirkovic. coach professionnel et consultante en bilan de compétences. Ma mission, vous aider à trouver le job qui vous correspond vraiment. Alors si vous êtes prêt à passer à l'action dès maintenant, vous pouvez télécharger gratuitement votre livret d'exercices pour vous poser les bonnes questions. Le lien se trouve dans la description de cet épisode. Je vous souhaite à présent une excellente écoute. Bonjour Florence.

  • Speaker #1

    Bonjour Clarence.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de t'accueillir sur ce podcast Ma Révolution Pro. pro pour parler reconversion des enseignants, un sujet qu'on connaît bien, je crois, toutes les deux. Et justement, est-ce que tu peux commencer par te présenter, présenter ton parcours ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, merci pour l'invitation déjà, parce que j'aime beaucoup parler de ce sujet. Moi, je m'appelle Florence, j'ai 32 ans, je te le disais hors micro, je viens de Bretagne et j'ai été professeure des écoles pendant six ans. En 2020, j'ai créé le podcast Avant j'étais prof pour interroger des profs sur leur changement de métier parce que je voulais quitter mon métier, mais je ne savais pas comment faire. Et donc, en 2021, j'ai changé de métier. Je suis devenue rédactrice web SEO à mon compte. Donc, j'ai quitté le statut de fonctionnaire. Et puis, le podcast a fait son petit bonhomme de chemin ces quatre dernières années. Donc, je le continue avec grand plaisir. Et j'ai ensuite cofondé un programme qui s'appelle 30 jours pour créer ton podcast où j'aide les gens qui veulent créer leur podcast, mais qui ne savent pas par quel bout prendre les choses à créer le leur. et potentiellement vivre une expérience aussi chouette que moi avec le mien ou toi avec le tien.

  • Speaker #0

    Super. Ça veut dire que finalement, tu es sortie toi des études et ça a été ton premier métier enseignante ?

  • Speaker #1

    C'est ça. À part des jobs étudiants, je n'avais rien fait d'autre.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui fait que finalement, tu en es partie ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est assez loin. Il y a une grande différence, je trouve, entre l'image qu'on se fait du métier et l'expérience qu'on a pu avoir en tant qu'élève et la réalité du terrain. Je pense que oui. Il y a des profs qui nous écoutent, ils vont très bien savoir de quoi je parle. Après, globalement, moi, la liste est assez longue parce qu'il n'y a vraiment plus rien du tout qui me plaisait dans le métier. Et pour te dire, il y a peu de personnes qui répondent autant que moi, mais moi, je n'ai vraiment aucun regret d'être partie. Même les élèves ne me manquent pas, alors qu'ils étaient très chouettes, mais il n'y a vraiment rien qui me manque. Les conditions de travail, moi, ça ne m'allait pas du tout. Ne pas avoir à la rentrée le bon nombre de tables, de chaises. Pour le nombre d'enfants, je trouve ça... Pas normal. Il y a des priorités, je pense, qui devraient être respectées. Je trouve qu'il n'y a rien qui répond aux besoins physiologiques des enfants. Ce n'est pas fait pour les enfants et dans le bien des enfants. J'ai l'impression qu'il y a un côté du système qui ne va pas, on va dire, dans le bon sens. Alors après, je vis peut-être dans le monde des bisounours, mais tu vois, d'avoir des enfants en situation de handicap et pas de personnes pour les aider, je ne trouve pas ça normal. Avoir des enfants allophones, donc qui ne parlent pas français ou dont ce n'est pas la langue maternelle. et personne pour les aider, je ne trouve pas ça normal. Et la liste peut être très longue. Et puis après, d'un point de vue personnel, moi, j'avais un besoin de liberté, que ce soit géographique, décisionnelle, financière. J'avais envie de me sentir plus libre et là, j'étais attachée à quelque chose qui ne me convenait pas trop d'un point de vue des valeurs, on va dire.

  • Speaker #0

    Ça a été facile justement pour toi de trouver cette nouvelle voie ?

  • Speaker #1

    Oh non ! En gros, moi, au bout de ma... deuxième année, j'ai voulu commencer à trouver des solutions, notamment par le biais des disponibilités, où tu peux partir un an ou plus, t'es pas payé, mais tu as le droit de revenir après, contrairement à la démission où tu perds ton concours, et ça, il n'y a pas beaucoup de gens qui le savent, tu ne peux pas revenir après. Ça m'avait été refusé, et en fait, à partir de ce refus-là, sur ma deuxième année, j'ai commencé à regarder, du coup, comment on démissionne ? Là, j'ai vu qu'on pouvait refuser une démission, je me suis dit, en fait, je ne veux pas rester là. Ça m'a fait peur, je pense, de me sentir vraiment emprisonnée. Mais ça m'a pris quatre ans de me demander qu'est-ce que j'ai envie de faire. En fait, il y a qu'est-ce que j'ai envie de faire, qu'est-ce que je serais capable de faire, comment le faire, et puis est-ce que c'est quelque chose qui va me rapporter de l'argent. Donc en fait, comme je n'arrivais pas à trouver, je faisais plutôt par élimination, genre qu'est-ce que je n'ai pas du tout ou plus du tout envie de faire, en me disant je vais peut-être finir par arriver à un truc. Et finalement, c'est vraiment par le biais du podcast d'entendre d'autres enseignants qui s'étaient reconvertis. qui avaient fait comme si, comme ça, telle formation, tel métier, maintenant ils avaient telle contrainte ou telle liberté, que j'ai fini par me faire un peu mon idée et me dire, ok, la rédaction web et le référencement naturel, ça peut me plaire, je vois quelle formation il faut faire, combien ça coûte, comment on le fait, et une fois que j'aurai fait ça, je verrai. Donc j'ai d'abord fait une dispo, une disponibilité pendant... trois mois à peu près. Et j'ai vu que mon activité se lançait, donc j'ai demandé à démissionner dans la foulée.

  • Speaker #0

    Donc c'est-à-dire que tu as lancé le podcast, toi tu étais encore enseignante dans l'idée de t'inspirer, de chercher des parcours et de t'aider finalement à passer le cap.

  • Speaker #1

    Parce que ce n'est pas facile et de savoir quoi faire et que ça marche dans l'idée parce que du coup tu ne peux pas vraiment revenir si tu t'émissionnes vraiment. Tu ne peux vraiment pas revenir pour le coup et on n'a pas forcément... d'aide. Tu vois, la rupture conventionnelle, ça n'existait pas. Moi, quand je commençais à me poser mes questions, ça arrivait tout juste l'année où je voulais partir. Et puis, les droits au chômage, tout ça, il y a des on-dit dans les salles des profs de les profs, ils n'ont pas le droit au chômage, donc tu penses que tu n'auras jamais rien Puis en fait, quand tu creuses, tu te rends compte qu'il y a des petites lignes à droite à gauche et qu'il y a moyen de moyenner, mais ce n'est pas simple de trouver ce qui va être bien pour toi et comment le réaliser. Donc c'est clair que le podcast m'a beaucoup aidée, mais oui, ça m'a pris quatre ans. C'est pour ça quand des auditeurs me disent ça fait deux ans que j'hésitais, je ne trouve pas je dis oh bah, ça peut encore doubler On va avoir honte de ça.

  • Speaker #0

    Ça m'a pris cinq ans aussi.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas du tout évident. Comment toi, tu as géré justement les peurs, les doutes pendant cette période ?

  • Speaker #1

    Moi, j'avais un gros avantage. Je n'ai pas d'enfant à charge. Et je n'ai pas de grosses charges financières ou de gros besoins financiers. Je ne suis pas quelqu'un de dépensier. Je ne vis pas dans Paris, par exemple, où là, ce n'est pas d'être dépensier ou pas, mais ton loyer, c'est ton loyer. Moi, forcément, en Bretagne, tout est moins cher. Donc déjà, j'avais moins le stress financier. Je n'avais pas le stress de faire baisser le niveau de vie d'une famille, par exemple. Je sais que ça peut être stressant. C'est quelque chose que je n'ai pas vécu. Je m'en félicite parce que je ne sais pas comment j'aurais géré ça. Et puis après, la peur financière, moi, je ne l'avais pas trop trop. C'était vraiment plus la peur de ne pas être capable. de suivre une formation. En fait, j'étais persuadée en étant restée prof, je m'ennuyais vraiment intellectuellement, et j'étais persuadée que je ne serais jamais capable de reprendre des études, que je n'avais plus le niveau pour apprendre, comprendre, retenir, appliquer ce que j'avais appris. Et moi, ça a été ça mon plus grand frein. Je me sentais vraiment idiote. J'avais l'impression d'être devenue bête, alors qu'apparemment, ce n'est pas le cas, puisque ça s'est très bien passé quand j'ai voulu me reconvertir. Mais moi, c'était ma peur à moi. une autre peur que j'ai pas et qu'il y a beaucoup que je suis contente de ne pas avoir c'est le regard des autres la pression de la famille, tout ça, même des parents des grands-parents des fois ou des collègues moi ça, ça me passe, mais alors bien au-dessus tant mieux pour moi parce que j'ai pas assez à gérer mais ouais vraiment, moi je me sentais juste bête, nulle et incapable ce qui était pas rigolo pour autant mais c'est assez différent des retours que j'ai le plus souvent et pour gérer ça, et ben au moment où vraiment je n'en pouvais plus du tout. Donc à la fin de la première saison de mon podcast, je savais que rédactrice web SEO, ça allait me plaire. C'est quelque chose que j'avais déjà regardé en 2018, donc plusieurs années auparavant, en me disant non, je n'y crois pas, je ne pourrais pas, ça ne peut pas être vrai. Et là, en fait, j'ai mis trois choses en place. J'avais démarré un suivi psy avec une psychologue parce qu'au-delà du pro, du coup, ça commence un peu à déteindre sur mon humeur et mon bien-être dans le perso aussi. J'avais pris un accompagnement en coaching en musculation. Ça m'avait fait vachement de bien. J'avais fait ça juste pour essayer. Ça m'avait fait trop du bien de me sentir forte physiquement. J'avais l'impression de me sentir plus forte tout court. Et en parallèle de ça, j'ai fait un coaching en reconversion professionnelle avec Amandine Ruas. Et ça a été un gros déclic. Entre la première et la deuxième séance, je n'étais plus du tout la même personne. Elle m'a vraiment aidée à faire une sorte d'effet miroir. et de me permettre de prendre confiance en moi en me montrant tout ce que j'avais déjà accompli et jusqu'où j'étais déjà arrivée, ce que moi je ne voyais pas. Et ça m'a fait le plus grand bien. Donc moi qui suis plutôt du genre Non, c'est bon, laissez-moi, je vais me débrouiller toute seule. Eh bien, pour une fois, je ne regrette pas d'avoir mis mon égo de côté et d'avoir accepté les mains tendues parce que je pense que je ne serais pas là où j'en suis, sinon ça aurait été bien plus long.

  • Speaker #0

    C'est intéressant de voir finalement, j'aime bien cette idée de la musculation qui rend fort et qui finalement... le sport donne confiance et permet d'y aller. Alors du coup, avec le podcast, t'es devenue un peu experte en reconversion des enseignants.

  • Speaker #1

    Ça,

  • Speaker #0

    c'est bien ça.

  • Speaker #1

    Oui, disons que normalement, un prof qui veut se reconvertir au bout de quelques années finira par entendre parler du podcast.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. C'est aussi pour ça, pour élargir aussi le propos finalement à l'ensemble. Évidemment, on ne peut pas complètement généraliser, mais en tout cas, je pense que tu es T'as entendu pas mal d'histoires et tu peux en tirer sans doute des leçons. Est-ce que tu sais combien d'enseignants se reconvertissent chaque année ?

  • Speaker #1

    Bah écoute, du coup, je te disais hors micro que j'avais jeté un œil. J'avais trouvé les chiffres des années 2021-2022 et il y avait environ 3000 personnes. Alors, ils appellent ça des départs volontaires, donc ça prend en compte les démissions. probablement les abandons de postes, mais c'est très très rare parce qu'il y a quand même pas mal de conséquences, et aussi les ruptures conventionnelles, qui elles sont moindres. Par rapport à ces 3000 à peu près d'émissions qui arrivent là en ce moment chaque année qui ne font que grandir, je regardais 10 ans auparavant, on était plutôt autour de 300.

  • Speaker #0

    Ah ouais, donc fois 10 quand même en 10 ans.

  • Speaker #1

    Donc c'est ça, ça fait quand même une énorme augmentation, même si après dans le fond, d'un point de vue relatif, ça reste moins de 1% de... tous les enseignants de France, si tu veux. Donc, le bateau n'est pas non plus désert, mais il y a quand même de plus en plus de profs qui partent d'une manière ou d'une autre. Pour l'instant, ça ne baisse pas en fait. Et ça n'a pas l'air d'être parti pour baisser.

  • Speaker #0

    C'est ça. En même temps, ce que je trouve intéressant, c'est que moi, j'accompagne des gens qui sont en reconversion, qui cherchent des projets. J'ai pas mal de clients qui sont intéressés par ce métier-là, de profs des écoles ou profs au sens collège, lycée. Et je trouve qu'il y a peut-être... plus de mixité, plus de passage libre entre des gens du privé qui vont aller vers l'enseignement et des fonctionnaires qui vont s'autoriser peut-être des choses que nos parents n'auraient pas fait avant, à sortir, à démissionner de l'éducation nationale pour aller freelance ou indépendante aussi, à faire des choses peut-être qu'avant ça aurait été compliqué.

  • Speaker #1

    Je trouve que ça, ça a pas mal changé. Aujourd'hui, on accepte de plus en plus l'idée qu'on n'aura pas qu'un seul métier dans sa vie, même si c'est dans la fonction publique. Et je pense que c'est une bonne chose parce que les carrières aujourd'hui, c'est long, c'est pas comme à l'époque de nos parents, la retraite c'est pas demain, donc ça fait quand même des longs parcours. Le métier d'enseignant, je rebondis sur ce que tu disais tout à l'heure, mais oui c'est un très beau métier et je comprends vraiment qu'il y ait des gens qui veuillent devenir enseignant, nous les premières à une époque, c'est un très beau métier, c'est juste les conditions et l'institution autour qui font que c'est difficile de l'exercer comme on le souhaiterait, mais ça reste un beau métier et heureusement qu'il y a encore du monde qui y vient. Merci. En fait, dans mon monde idéal, il y a des profs heureux qui restent en poste ou qui arrivent en poste, et les enseignants malheureux qui ont le droit de partir et de trouver quelque chose qui leur convient. J'aimerais bien que tout le monde soit bien partout, parce qu'en classe, en face de toi, tu as des enfants, des adolescents, qui sont un peu des éponges émotionnelles, mine de rien, dans ces âges-là. Je vois profs des écoles, tu passes toute la journée avec les mêmes élèves, si en face d'eux, ils ont quelqu'un qui ne va pas bien. Moi, je n'aimerais pas passer toute la journée avec quelqu'un qui déprime, tu vois. C'est normal, mais ce n'est pas facile de s'en aller parce que ce n'est pas toujours autorisé.

  • Speaker #0

    On va y venir, mais justement, dans les témoignages que tu as eus, quelles sont les raisons qui reviennent, qui donnent envie au prof de partir aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'il y a plusieurs piliers. Il y a la confiance en soi. Et finalement, c'est un peu ce que moi, je ressentais, que j'expliquais tout à l'heure. Mais le fait de penser qu'on a été que prof et on sait être que prof, comme si prof, c'était... une seule compétence. Alors qu'il y a plein de compétences autour, tout ce qu'on appelle les soft skills en entreprise, mais le fait de savoir prendre la parole en public, d'avoir assez confiance en soi pour gérer un groupe, de gérer des relations que ce soit avec des enfants, des collègues, des supérieurs hiérarchiques, des parents, la maîtrise de la langue française, que ce soit dans un email, à l'oral, il y a plein de compétences d'autonomie, d'organisation, de gestion et tout qu'on a. Et on a du mal à se dire, comme souvent, on ne connaît pas le monde du privé parce qu'on a tout de suite été fonctionnaire parce que c'est un peu les métiers passion, les vocations. On a du mal à se dire que ça va être reconnu ailleurs, alors qu'en fait, c'est super reconnu. Donc, je pense que la confiance en soi, puis idem le fait de, est-ce que je vais être capable de reprendre des études ou de passer un concours ou de suivre une formation ou de me lancer à mon compte ? Est-ce que si je vais à un entretien d'embauche, on va se dire, ah ben non, elle a été prof. Souvent, c'est des croyances que nous, on a et ça ne se passe pas si mal que ça dans les faits. Donc ouais, la confiance en soi, pour moi, c'est quelque chose. Et après, je dirais en deuxième, le manque de reconnaissance. Là, je ne parle pas juste du salaire parce que ce n'est pas un métier qu'on fait pour l'argent, comme certains le pensent parfois malheureusement. Je sais que le salaire, c'est un gros sujet, mais la reconnaissance, ça ne passe pas que par l'argent. Et on a rarement les remerciements ou les encouragements, ne serait-ce que de nos supérieurs, des parents, ce n'est pas toujours le cas, des enfants, selon leur réaction. Des fois, ça prend de plus en plus sur notre temps, pas seulement professionnel, mais aussi personnel, pour mettre des choses en place, parce que les classes commencent à être surchargées avec des profils vraiment diversifiés. Donc, il faut adapter beaucoup de contenu qu'on fait le week-end, le soir, les vacances. Personne ne le voit et pas grand monde le croit. Mais c'est un travail monstrueux. Et dans les chiffres, il me semble qu'un... Alors, je parle pour les professeurs des écoles, parce que moi, j'étais du premier degré, mais un prof des écoles, ça travaille en moyenne 44 heures par semaine. Donc t'imagines, les débutants, quand ils commencent, c'est forcément plus que ça. Moi, je sais que je restais à l'école jusque tard pour que ce soit bien pour un tel qui a des problèmes de vue, un tel qui a des problèmes d'orthographe, un tel qui parle pas français, un tel qui passe beaucoup de temps et t'as pas vraiment la reconnaissance associée, alors qu'à l'inverse, on te dit quand ça va pas. Mais on ne te dit pas quand ça va. Et je pense que ça ronge petit à petit sur le moral des profs. Et que je peux comprendre que quand on ne dit jamais que ce que tu fais, ce ne serait-ce que bien, tu n'as pas forcément envie de continuer à apprendre sur ta santé pour essayer de toujours faire mieux.

  • Speaker #0

    Donc tu dis ce manque de reconnaissance.

  • Speaker #1

    Oui, confiance en soi et reconnaissance. Je pense que c'est un peu les deux gros points qui font que les enseignants s'en vont.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu trouves qu'il y a des freins qui seraient spécifiques aux enseignants qui font que... C'est difficile pour eux de partir, de changer de métier ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a une grosse peur financière qui ne se traduit pas toujours directement dans les paroles des profs ou des futurs ex-profs par l'argent en lui-même. Mais quand un enseignant dit oui, mais mes enfants sont petits ou oui, mais mes enfants sont grands, ils vont bientôt commencer leurs études en fait, derrière, ça veut dire, si je me reconvertis, j'ai peur de ne pas avoir la même stabilité financière ou le même train de vie, entre guillemets, pour pouvoir assurer les besoins de ma famille. ou des fois ça va être ah oui mais il faudrait faire tant d'années d'études le problème derrière c'est pas les tant d'années d'études quand les personnes ont vraiment envie de faire ce nouveau métier c'est que ça coûte de l'argent et c'est une période pendant laquelle t'es pas rémunéré donc en fait l'argent, la peur financière dans la reconversion professionnelle c'est un peu latent chez beaucoup de gens finalement quel que soit ton profil donc ça pour moi c'est un gros gros frein et puis la confiance en soi que j'évoquais tout à l'heure Moi, j'ai l'impression que c'est un gros frein aussi, que ce soit manquer de confiance en soi parce qu'on n'ose pas affirmer ce dont on a besoin. Il y a des enseignants qui n'ont pas envie que ça se sache autour d'eux, qui se sont reconvertis. Et du coup, forcément, admettons, tu es prof, tu te mets en disponibilité, tu lances ton entreprise. Moi, j'ai parlé avec des enseignants qui venaient de lancer leur business et qui n'arrivaient pas à trouver de client. Mais pourquoi ? Parce qu'en fait, ils ne veulent pas en parler sur les réseaux, ils ne veulent pas que ça se sache en leur nom, parce qu'ils ne veulent pas qu'on se rende compte qu'en fait, ils n'aimaient pas trop être enseignants. Parce qu'ils ont peur de l'idée qu'on va se faire de ah, mais en fait, elle n'aime pas les enfants En fait, des fois, on a tendance à s'imaginer que les autres vont s'imaginer telle ou telle chose, alors que ce n'est pas forcément vrai. Donc, je sais que le poids, c'est presque un poids du regard des autres et de ce que les autres vont penser. J'ai l'impression que ça fait beaucoup. Il n'y a pas beaucoup de profs, je pense, qui en discutent dans leur salle des maîtres, par exemple. Moi, je sais que j'avais été surprise quand j'avais parlé de mon souhait de reconversion dans la salle des maîtres. C'était un peu arrivé. Ce n'était pas prévu. Je n'avais pas prévu de l'annoncer comme ça. Mais bref, c'est arrivé. Et petit à petit, il y a des collègues qui sont arrivés dans la salle. Et moi, en telle année, j'avais demandé un congé formation. Ça m'avait été refusé. Moi, j'avais demandé ça. Ça m'avait été refusé. Moi, j'aimerais bien, mais je ne pourrais jamais vivre de tel truc. En fait, tu te rends compte que tu es très loin d'être tout seul. Et le retour que tu as, ce n'est pas du tout. Oh là là, ça craint. Tu n'aimes pas les enfants. Ça veut dire que tu vas faire ton job à moitié si tu n'aimes Les gens, ils vont pas te répondre ça. Les gens vont sûrement juste te répondre Bah ouais, pour moi aussi, c'est pas la folie, quoi. Parce que c'est pas une surprise. Mais ouais, c'est vraiment un frein dans le sens où comme t'en parles pas, tu l'assumes pas trop. Du coup, c'est difficile d'aller de l'avant. Et je pense qu'il y a un autre gros frein, c'est le fait que tu peux difficilement te projeter puisqu'il faut demander l'autorisation pour tout. Donc tu peux pas te dire Tiens, à telle date, je vais demander à démissionner. Et puis, à telle date, je vais passer un entretien et je vais être embauchée. Oui, mais si on t'a refusé ta démission et qu'on ne te l'autorise que pour dans six mois, tu fais comment, tu vois ? Donc, c'est hyper dur de mettre les choses en place parce que tu es complètement dépendant de la réponse qu'on va te donner. Et comme ça manque de profs, c'est de plus en plus difficile de partir, forcément.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Parce qu'effectivement, on ne peut pas démissionner comme on veut avec un préavis de trois mois. Il faut avoir l'autorisation de...

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Pour démissionner, quoi.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Moi, je me souviens quand j'ai pris la décision de démissionner, j'avais l'impression aussi, et ce qui m'a un peu freinée aussi moi dans ma démission, d'abandonner le navire en fait, de laisser, je ne sais pas comment expliquer, mais de laisser le navire couler presque et de ne pas être solidaire ou qu'il y avait quelque chose à faire de là. Et je me sentais presque coupable de laisser les autres enseignants. Mais tu n'étais pas…

  • Speaker #1

    Oui. T'es pas la première que j'entends dire ça, et moi tu vois c'est pas quelque chose que j'ai eu, parce qu'au point où j'en arrivais, j'étais malade vraiment tout le temps, mentalement et physiquement ça n'allait plus du tout, et du coup j'avais été placée une semaine en arrêt, et clairement je m'étais dit, là je décroche complètement, j'arrive plus du tout à me battre en fait, j'étais malade vraiment tout le temps, je pouvais plus me lever, j'arrêtais pas de vomir, j'avais des plaques partout, des crises d'angoisse, vraiment ça allait loin. Et moi, mon impression d'abandonner le navire, c'était quand j'étais en arrêt. Parce que quand tu es en arrêt, dans le secondaire, je ne sais pas exactement comment ça se passe. Il y a des salles de permanence, donc c'était différent. Mais nous, en primaire, un prof qui n'est pas là, les 30 gamins, tu les répartis dans les classes des autres. Donc toi, tu as une classe de CM2, tu te retrouves avec des maternelles. Celui qui a une classe de CP, il se retrouve avec des CM1. Trois ou quatre enfants de plus dans ta classe, tu n'as même pas forcément le bon nombre de chaises pour les accueillir parce que ta classe est déjà surchargée. t'as rien à leur donner à faire, c'est de la garderie, ça te donne de la responsabilité à tes collègues. Enfin, tu vois, moi, c'était plus ça qui me gênait. Alors que partir... Je commençais un peu à me dire, de toute façon, je ne vais pas bien. Qu'est-ce que je peux apporter à ce stade-là ? Même si je faisais toujours en sorte d'être souriante, de bien faire les choses, de construire des projets, de machins, mais je savais que ce n'était pas viable. Et d'un autre côté, ce que je dis aux gens, mais c'est plus facile à dire qu'à penser quand on est dedans, mais c'est que ce n'est pas de notre faute s'il n'y a plus de profs, en fait. Nous, on ne part pas pour qu'il n'y ait plus de profs et pour laisser les enfants tout seuls. On part parce qu'on ne va pas bien, parce que le système est maltraitant. Ce qui n'a pour moi rien à voir. S'il n'y a plus de profs, prenez des remplaçants pour remplacer les profs qui ne sont pas là. Ce n'est pas censé être à nous de culpabiliser. Tu vas ouvrir des places au concours si ça manque de profs. Mais ne venez pas empêcher ceux qui ne vont pas bien de partir. Parce qu'après, tu peux te retrouver dans des situations dramatiques. Moi, je reçois des messages de profs depuis des hôpitaux et des hôpitaux psychiatriques, parfois, qui ont été jusqu'à la tentative de suicide. Je suis désolée, mais un métier, ce n'est pas censé t'amener là. Surtout quand c'est un métier passion. que tu as toujours rêvé de faire de ton mieux avec des enfants, des ados ou des jeunes adultes, tu n'es pas censé te retrouver dans ces situations-là. Même si c'est sûr que quand tu es dedans, tu as tendance à te dire j'abandonne, ce n'est pas cool des fois, il vaut mieux abandonner que de se mettre en danger.

  • Speaker #0

    C'est sûr, complètement. Est-ce que tu observes qu'il y a des métiers ou des secteurs particuliers dans lesquels les profs, naturellement, qu'il y a une forme de logique ou de continuité dans lesquels ils se reconvertissent ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'il n'y a pas une seule réponse à ça. Je dirais que les deux profils que je vois le plus, ce n'est pas tant lié au métier, c'est lié au statut. En gros, j'ai l'impression qu'il y a ceux qui veulent garder une certaine stabilité, une certaine sécurité, qui vont plutôt passer des concours et par voie de détachement rester dans une fonction publique. Pas forcément l'éducation nationale, tu vois, mais complètement autre chose. Et d'un autre côté, il y a celles et ceux qui vraiment ne veulent plus d'hierarchie et veulent leur liberté à 100%. et qui vont partir vers l'auto-entrepreneuriat. Ce qui a aussi ses travers, et on n'est pas si libres que ça, puisque forcément, il y a d'autres peurs et d'autres choses à gérer. Et entre les deux, le salariat, c'est vraiment pas ce que je vois le plus. C'est presque le plus rare. Et après, pour les métiers en tant que tels, en vrai, j'ai déjà eu quelqu'un qui avait décidé de partir à l'usine fabriquer des cagettes, parce qu'elle ne voulait plus de charge mentale. Elle est très heureuse comme ça. Là, l'autre jour, j'intervivais quelqu'un qui était devenu attaché statisticien pour l'INSEE. J'interview des gens qui partent dans des métiers plutôt artistiques, la calligraphie, la relure, plutôt en lien avec le corps, type prof de yoga, danseur, des métiers parfois plus intellectuels. J'ai l'impression que ça peut être vraiment tout et son contraire. Après, je note que quand on a été prof et qu'on a vraiment aimé ça, il y a une forme de transmission qui reste un peu tout le temps. Donc, quelqu'un qui va partir, je ne sais pas, vers l'écriture. va petit à petit vouloir faire du coaching en écriture pour essayer de transmettre sa passion et ses compétences à d'autres. Ou il y a des gens qui vont partir justement dans l'aide à la reconversion, le coaching, la naturopathie, la sophrologie, tout ce qui va pouvoir apporter de l'aide aux personnes, soit pour le côté transmission, soit pour aider des gens qui sont dans un mal-être qu'elles et eux ont déjà vécu. Donc ça, j'ai l'impression que c'est quelque chose que je vois. La transmission, ça revient quand même souvent, même sur des métiers où parfois tu te dis... j'aurais pas forcément fait de lien avec l'enseignement là et puis en fait comme quoi.

  • Speaker #0

    Je suis pas étonnée parce qu'en fait il y a ce côté social au sens aide, accompagnement, transmission qui est présent dans le prof et du coup ensuite on va le décliner juste dans un autre contexte ou un autre...

  • Speaker #1

    Je pense que c'est lié à notre personnalité aussi, enfin je sais que moi j'aime beaucoup accompagner, aider, transmettre. Enfin, bien faire les choses. Et du coup, ça restera, que ce soit si c'est plus de l'enseignant pur. Moi, ça va être dans la rédaction, ça va être dans le milieu du podcast, ça va être dans l'aide à la reconversion. Ça va être autre chose, mais ça va être.

  • Speaker #0

    Oui, moi, je fais du coaching d'accompagnement, et toi aussi de la formation. Et en fait, c'est marrant aussi. Moi, ce que j'ai trouvé marrant, c'est que je n'avais pas vraiment de plaisir à enseigner à des petits. Mais finalement, aujourd'hui, enseignez-moi des choses qui me passionnent à des adultes. Là, j'ai beaucoup de plaisir.

  • Speaker #1

    C'est pas pareil.

  • Speaker #0

    Oui, il y a ce qu'on fait et l'environnement dans lequel on fait qui joue beaucoup aussi dans le plaisir que tu vas avoir. Parce qu'après, il y a aussi, quand on se pose des questions, tu le disais tout à l'heure, quand tu en as parlé en salle des profs, il y a d'autres qui t'ont dit oui, j'ai pensé à me reconvertir il y a deux, trois ans etc. Parfois, on peut avoir des coups de mood, être dans le creux de la vague et envisager des sorties. Et puis, on va retrouver un dynamisme, un nouveau sens. Est-ce que tu aurais des conseils justement pour les enseignants qui seraient aujourd'hui dans le creux de la vague pour savoir si c'est une démission qu'il faut ou s'ils peuvent retrouver du sens ou de la motivation dans leur métier ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut essayer de s'observer et de s'écouter, ce qui n'est pas toujours facile quand on arrive à un stade où on est un peu épuisé. Pour moi, si tu as un coup de mou tous les ans à la même période, mais qu'après ça va mieux, il y a des chances que ce soit le cas. Ou si c'est la première fois, ne claque pas la porte, parce que si ça se trouve, c'est passager. Si ça fait 2, 3, 4, 10 ans que ça ne va pas du tout, bon, ça veut peut-être dire qu'il faut changer quelque chose. Après, on n'est pas obligé de démissionner. et de perdre le bénéfice de son concours, tout de suite, il y a des options. Si vraiment, on sent qu'on ne veut plus rien avoir à faire avec ça, qu'on ne supporte plus, par exemple, le bruit, les enfants, bon, là, il faut peut-être faire quelque chose. Mais si c'est plus une histoire de poste, une histoire de collègues, une histoire de niveau, on peut aussi essayer de changer de poste. Mais par contre, je dis ça comme si c'était une solution. Après, ce n'est pas nous qui décidons quand et comment on change de poste. Mais je sais que... Moi, quand je me disais que ça n'allait pas, je m'étais toujours dit oui, mais c'est peut-être parce que je suis toujours en REP, donc les réseaux d'éducation prioritaire avec des enfants difficiles. Et puis un jour, je n'ai eu pas de la REP. Et ce n'était pas beaucoup mieux. C'était pareil, c'était à Tuco. Je trouvais peut-être même ça un peu plus ennuyeux. J'étais toujours mutée à une heure de chez moi pendant cinq ans. Et la dernière année, j'étais à 20 minutes de chez moi. Ça ne m'allait toujours pas. J'ai toujours eu des collègues sympas, pour le coup. Donc ça, je savais que ce n'était pas un problème. J'ai jamais eu de problème avec ma hiérarchie, donc je savais que c'était pas ça. Mais donc petit à petit, au fil des postes, parce que moi en six ans, j'ai jamais eu le droit à mon poste. J'ai même essayé un poste à profil en tant qu'enseignante surnuméraire. C'était intéressant, mais c'était intéressant un ou deux ans, tu vois, ça m'aurait pas intéressé plus. Et du coup, j'ai fini par me dire, la toute dernière année où vraiment j'ai eu le poste, parents rêves, près de chez moi, les meilleurs collègues que j'avais jamais eus, enfin une ambiance plutôt chouette, des parents géniaux et tout, j'étais là, mais en fait, là, j'ai ce que je voudrais avoir. Et en fait, je suis pas heureuse d'aller bosser, quoi. Enfin, genre, j'ai pas envie d'aller faire ça. Je préférerais, je le disais souvent, mais je préférerais faire des tâches automatiques. À la fin, je suis payée au SMIC et basta, tu vois. Et le reste de mon temps, c'est vraiment mon temps libre. C'est pas la préparation, la correction des projets, des réunions, des trucs qui sont jamais payés, quoi. Donc, je sais que, voilà, moi, c'est ce que je recommanderais. En gros, essayer de voir qu'est-ce qui ne va pas. Est-ce que dans les choses qui ne va pas, il y a moyen de changer un truc ? Si oui, franchement... tester, à ce stade, il n'y a plus rien à perdre. Si c'est ça, c'est une bonne nouvelle. Si ce n'est pas ça, ça vous ramène à l'idée de base de il faut peut-être changer de métier Mais ce n'est pas un mal de changer de métier. Je sais qu'au tout début du podcast, il y a des gens qui me disaient c'est un peu un échec, ça veut dire que je me suis trompée Mais moi, je ne vois pas ça comme ça. Moi, je voulais vraiment être prof. J'ai vraiment été contente d'avoir mon concours. J'ai vraiment été contente d'enseigner, même dans la dernière année où ça n'allait plus. J'ai eu des très beaux moments d'enseignement. C'est juste que je n'ai pas de là à en faire toute ma vie. Mais on change, on évolue forcément quand tu as 20 ans et que tu passes ton concours. Tu n'as pas les mêmes envies, la même vie, les mêmes aspirations que quand tu en auras peut-être 40 ou 60. C'est normal aussi de ne plus vouloir les mêmes choses. Pour moi, en tout cas, ce n'est pas un échec. Se poser les bonnes questions, prendre le temps, ça, ce n'est pas facile des fois, mais prendre le temps, prendre du recul et vraiment réfléchir, même si ce n'est pas agréable parfois de voir certaines vérités en face aussi.

  • Speaker #0

    Quelles sont les étapes finalement aussi dans les... les différents parcours que tu as pu écouter, les choses qui marchent bien finalement, si on veut gagner du temps, en tout cas dans ce processus de reconversion, qu'est-ce que tu conseillerais ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que se faire accompagner, ça fait quand même gagner vachement de temps. Moi, j'ai mis du temps à le faire et j'ai mis quatre ans à me questionner. À partir du moment où je me suis fait accompagner, c'était vers février. Au mois de juin, je débutais une formation. En septembre, j'étais lancée à mon compte. Donc en fait, après ça dépend du type d'accompagnement. Il y a des gens qui savent ce qu'ils veulent faire, mais qui ne vont pas oser manquer de confiance en eux. Là, ça va être plus sur du coaching finalement, pour avoir un peu cet effet miroir, avoir des outils, des clés qui permettent d'aller plus loin, de mettre des choses en place, même dans le quotidien. Des fois, ce n'est pas que le pro le problème, c'est aussi des croyances personnelles ou des situations personnelles qui sont bien réelles. Oui, l'accompagnement, pour moi, c'est ça. Après, il y a des gens, des fois, ils ne savent pas du tout quoi faire ou alors ils ont plein d'idées. et ils savent pas laquelle prendre. Ou alors, ils ont des idées, pas tant que ça, les bonnes, normalement, qui leur plaisent, mais ils savent pas comment faire pour que ce soit rentable. Parce qu'il y a aussi cette question-là. Derrière, il faut pouvoir en vivre aussi de ton nouveau métier, dans la majorité des cas. Du coup, des fois, le bilan de compétences, ça peut être une bonne idée. Parce que c'est vrai que quand t'as été prof, que t'as toujours voulu faire ça, moi, je veux faire ça depuis que je suis petite, je me suis jamais posé de questions du genre est-ce que j'ai envie de bosser dans un bureau ou dehors ?

  • Speaker #0

    Est-ce que j'ai envie de travailler plutôt le soir ou le matin ? Enfin, je dis des choses toutes bêtes, je me suis jamais posé la question. Est-ce que je me sens capable d'être à mon compte ou pas ? Est-ce que je préfère travailler dans une entreprise ? Est-ce que j'ai envie des collègues ou est-ce que je préfère être seule ? Enfin, c'est des questions qu'on ne se pose pas forcément. Et parfois, d'avoir le retour de quelqu'un dont c'est le métier sur aussi nos compétences, qui sont parfois nos points forts et nos points un peu plus faibles. Est-ce qu'on a moyen de trouver un job qui va nous correspondre le mieux possible sans nous épuiser ? Parce qu'il y a ça aussi. Mais vraiment, moi, je recommande finalement de se faire accompagner. Tu vois, j'ai bien changé d'idée sur les cinq dernières années parce que c'était, mais alors, pas du tout mon truc. Moi, j'avais une révulsion du mot coaching. En plus, je voyais ça partout sur Instagram. Je me disais, mais non, mais c'est n'importe quoi. Et puis finalement, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Donc, bien choisir les personnes par qui on veut se faire accompagner. Il faut que le feeling passe aussi. Je me suis rendu compte, pour moi en tout cas, c'était hyper important, même si c'est dans le cas d'une reconversion. professionnel. Si moi, d'un point de vue personnel et humain, je me sens pas à l'aise avec la personne et que j'ose pas vraiment dire les choses, bah c'est un peu bête parce que du coup t'avances pas vraiment. Donc faut vraiment avoir confiance et se sentir bien. Généralement, la personne en face fait en sorte que tu te sentes bien. Mais c'est vrai que ça change pas mal la donne. Donc si les gens qui écoutent ont la possibilité, des fois c'est le frein du coup, ça peut être un peu le frein financier. Faut faire un peu le rapport humain. temps finance. En gros, si vous avez les moyens de le faire, même si c'est un coût, moi je vous recommande de vous faire accompagner par quelqu'un parce que vous allez gagner un temps monstrueux. Si vraiment, vraiment, vous n'avez pas les moyens, et bien voilà, avancez à votre rythme. Après, on peut essayer de s'entourer sur, pour les enseignants, il y a des groupes Facebook, des forums, il y a des choses même sur Instagram, il y a plusieurs podcasts maintenant, il y a, moi là, je voudrais lancer une vidéo pour les enseignants. on s'entraide, qu'on discute, qu'on ose dire les choses sans être jugé et tout, bon, c'est pas un coaching, parce que je suis pas coach, mais au moins, ça permet à ceux qui ont pas forcément les moyens de partir vers un coaching, de quand même pouvoir dire ce qu'ils ont sur le cœur, comparer ce que l'un a fait, ce que l'autre a fait, ce que l'un a raté, que l'autre a réussi, et essayer d'avancer quand même. Mais d'une manière ou d'une autre, c'est vrai que si les personnes ont les moyens, en se faisant accompagner, on gagne quand même beaucoup de temps dans sa réflexion, et on ose aussi plus facilement.

  • Speaker #1

    Ouais, moi j'étais un peu comme toi, Moi toute seule, moi toute seule, je vais trouver mes propres solutions. Et je pense que j'ai perdu beaucoup de temps en ne faisant pas accompagner à l'époque, clairement. Est-ce que tu as des ressources spécifiques, justement des groupes ou des forums que toi t'aimes bien, que tu dis ah ouais tiens, ça c'est vraiment sympa, que tu pourrais nous conseiller ?

  • Speaker #0

    Ouais, en groupe, sur Facebook, il y a une page qui s'appelle Prof, tu veux changer de métier ? qui compte 20 ou 25 000 membres pour maintenant. Enfin, il y a vraiment des profs qui veulent changer de métier. Et l'avantage de ce groupe, il est tellement gros et il est tellement ancien qu'avec la petite loupe dans la barre de recherche, si on veut chercher, je ne sais pas, assistante sociale pour voir si quelqu'un est déjà devenu assistante sociale, on va forcément tomber sur quelqu'un qui s'est posé les questions ou qui l'a fait. Du coup, on peut directement contacter ces personnes-là et poser la question. Donc moi, il y a mon podcast Avant j'étais prof où j'interview des profs qui ont été enseignants qui sont partis. Mais il y a aussi un podcast qui s'appelle Ta reconversion de prof d'Amandine qui a plus un côté développement personnel. Donc elle apporte plus des solutions pratiques. pour le quotidien, pour avancer dans sa démarche de reconversion. Et puis, il y a le superbe livre de Natacha Colbert, qui est une ancienne prof également, qui s'appelle Le guide de la reconversion des profs où il y a 150 pages axées en trois piliers différents sur, ça part de nous, des bonnes questions, justement, qu'il faudrait se poser. Elle a fait ça super bien, elle a même laissé des espaces blancs pour qu'on puisse écrire dessus et avancer dans nos réflexions. Il y a tout un panel des reconversions possibles, même des reconversions possibles dans la fonction publique, des accompagnements qu'on peut avoir quand on veut se lancer à son compte pour ne pas avoir à se lancer dans le vide. Il y a vraiment tout ce qu'il faut pour se faire aider dans sa reconversion. Et pour le coup, c'est un tout petit investissement. Il coûte une quinzaine d'euros, je crois. Et il y a tout ce qu'il faut à l'intérieur parce qu'elle, elle est passée par là. Moi, j'ai travaillé sur la relecture avec elle. Franchement, je n'ai rien vu qui manquait. Donc, c'est vraiment archi complet et ça permet de l'avoir toujours sous le coude. Puis voilà, ce n'est pas un gros investissement. Et quand c'est fini, on le passe à son voisin, parce que notre voisin, il a sûrement aussi voulu changer de métier.

  • Speaker #1

    Il fallait se traîner sur la table de la salle des profs.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est un peu les ressources que je recommanderais sur Facebook et au format audio et au format livre. Comme ça, il y en a un peu pour tous les goûts. Il y a l'association EdoProf aussi, j'y pense, qui accompagne des profs dans leur reconversion. Donc, c'est vraiment axé enseignement. L'avantage de l'association, c'est que Rémi Boyer, son fondateur, il est hyper calé dans tout ce qui est chiffres, réglementations, lois, textes, etc. Ce qui n'est moi pas du tout mon truc. Donc souvent, moi, je dis, si vous voulez être sûr, j'ai trop peur, moi, de dire des bêtises et que les gens se retrouvent dans des situations un peu banquelles. Et du coup, je finis toujours par dire, allez voir votre gestionnaire, vos conseillers en RH ou tout ça. Et je sais que du côté de l'association, ils sont hyper calés dans les textes qui décortiquent à la lettre près. Je sais qu'ils sont aussi d'une grande aide pour la reconversion. Et pour le coup, ils existent depuis très longtemps, donc ils ont l'expérience aussi. Pour les gens qui veulent se faire accompagner physiquement, même si c'est à distance, c'est aussi une option.

  • Speaker #1

    Hum, super. J'aimerais bien qu'on revienne sur le sujet de la confiance en soi. Je trouve qu'effectivement, quand on est prof, en tout cas, il y a beaucoup de profs qui ont l'impression de ne rien savoir faire, de ne rien avoir appris, de valables, enfin qui seraient valables justement dans un autre métier, dans le privé, en se faisant des fausses représentations de ce que c'est le privé. Mais quelles sont, selon toi, les principales compétences qu'on développe quand on est prof ?

  • Speaker #0

    Ah ben, figure-toi que moi, j'avais trouvé un poste à Rennes pour l'office du tourisme. En compétence, il demandait, en qualification, il demandait d'avoir le master MEF, donc le master des enseignants. Et typiquement, c'était un poste où il fallait être capable d'apprendre un certain nombre de connaissances assez rapidement et de pouvoir les restituer à l'oral en groupe, en faisant des visites culturelles et historiques dans la ville de Rennes et être capable de prendre des retours et d'améliorer son travail et faire des présentations. Et en fait, tu vois, tout ça, parole en public, on ne se rend pas compte parce qu'on le fait tous les jours quand on est prof. Et tout le monde autour de nous le fait, puisque tu prends dans toute l'école ou dans tout l'établissement, c'est dans le secondaire, tout le monde est prof. Donc tout le monde sait parler devant un groupe de 30 personnes et de 30 adultes quand c'est la réunion de parents, tu vois. Donc c'est quelque chose qui nous paraît presque normal, sauf que quand tu regardes en dehors, il y a combien de personnes qui sont vraiment capables de parler devant un groupe de 30 sans se liquéfier, tu vois. Et en parlant bien, à voix claire, en posant sa voix, en ayant un vocabulaire quand même diversifié, en sachant s'adapter à son public et aux spécificités de chacun. Ça pour moi, c'est une compétence que... En fait, tu l'apprends vraiment sur le terrain et on ne se rend pas compte comme on a l'impression que tout le monde l'a. Et ensuite, dans la vie quotidienne, admettons que tu rentres en entreprise, tu es largement capable de travailler en équipe, tu es capable d'écouter et d'écouter vraiment, tu es capable de retirer des choses de ce que tu as écouté, tu es capable de proposer des choses, tu es capable de t'affirmer, tu es autonome, tu sais gérer, tu sais gérer des conflits. Toi, c'est des petites choses bêtes qui sont rarement... demander sur une fiche de poste, on va pas te demander, est-ce que tu sais gérer un conflit ? Parce que c'est le but de travailler entre collègues parfois. Mais nous, on sait le faire, parce qu'on a appris à le faire, parce qu'on n'a pas le choix, c'était comme ça et pas autrement. Quand tu dois envoyer des mails, c'est sûr que toi, si tu dois envoyer des mails à un client, il n'y aura pas de faute dedans. Alors qu'il y a des gens qui ne maîtrisent vraiment pas très bien du tout la langue française et pour qui ça va être un calvaire de devoir envoyer un email, tu vois. Donc en fait, c'est vraiment des petites choses du quotidien qui sont... Et je trouve que quand on sort en plus de l'enseignement, on a une espèce de boost de confiance en soi qu'on n'avait pas avant, de se rendre compte que, un, on l'a fait, donc on est déjà fiers de ça, et de deux, on commence notre nouveau métier et on se dit, en fait, on n'est pas si nuls. Ça va, quoi, parce qu'on regarde un peu autour de nous, mais dans un nouvel environnement. Depuis être entre profs, c'est quand même pas pareil. En fait, les enseignants sont assez perfectionnistes. Ils ont toujours envie de mieux faire et ils vont toujours passer beaucoup de temps pour que ce soit parfait, parce que, bah, aussi, t'es... Tu traites avec de l'humain, donc forcément, t'as envie de faire de ton mieux. Mais après, quand tu te rends compte que, tu vois, moi, aujourd'hui, je travaille avec soit des podcasts, soit des textes. Alors oui, il y a des humains derrière, mais t'as pas la même responsabilité. Tu vois, donc tu redescends d'un cran. Enfin, personne va mourir parce que tu lui as donné une cacahuète au goûter alors qu'il fallait pas, tu vois. Enfin, c'est pas du tout la même responsabilité. Donc, je trouve que ça dédramatise un petit peu. Alors, à moins, évidemment, de partir dans le médical ou ce genre de choses, tu retrouves des problématiques similaires. Mais globalement, je vois les enseignants quand ils se reconvertissent, ils ont quand même une... une baisse de stress qui est aussi liée à ça. Ce n'est pas la même responsabilité. Mais n'empêche que tu vas savoir gérer un groupe quand même et prendre en compte des spécificités. En fait, tu sais faire plein de trucs et j'ai l'impression qu'on s'en rend compte, même si on le lit, moi je l'ai lu avant de partir, mais j'ai l'impression qu'on s'en rend compte de tout ce qu'on sait faire une fois qu'on est amené à le faire en dehors.

  • Speaker #1

    Super. Est-ce que tu aurais un dernier message finalement pour nos auditeurs, profs ou pas profs, mais qui envisagent de se reconvertir ?

  • Speaker #0

    De prendre le temps de se poser les bonnes questions, pas partir à la va-vite et partir à tout prix et se retrouver après un peu dans le pétrin et regretter, parce que ce n'est pas le but. Se faire accompagner si besoin et si on a les moyens. Et puis, essayer de trouver un équilibre, du bonheur dans son travail si c'est quelque chose qui compte pour nous. Et sinon, à défaut, au moins un équilibre au perso. Mais de ne pas hésiter finalement à oser. ça fait cliché, mais presque à croire en ses rêves, parce qu'en fait, moi, je vois des reconversions où je me dis Ah ouais, c'était possible, en fait. Quand je vois des gens, je pense à des gens passionnés. En ce moment, je suis sur Instagram, une céramiste qui s'appelle Sauvargile, qui est prof, elle est toujours prof à temps partiel, mais elle fait des céramiques trop cool, et elle a l'air contente de vivre de cette activité-là. Je pense à Diana, de l'entreprise Letter in Paris, que j'avais interviewée ma première saison. Elle était devenue calligraphe. Quand t'es petite, tu te dis, moi, plus tard, je vais être calligraphe. Eh ben, elle est vraiment calligraphe. Et des fois, elle est invitée sur des grands événements dans les galeries Lafayette et fait de la calligraphie sur des objets de marques magnifiques, tu vois. Et tu te dis pas que c'est forcément possible. Ou les gens qui disent, ah, moi, j'aimerais bien vivre de ça, mais c'est pas possible. Il y a des gens qui arrivent à devenir auteurs, cinéastes, tu sais, des choses improbables. C'est juste que parfois, ben, c'est pas, tu démissionnes. Et le lendemain, tu vas faire ce métier de rêve. Parfois, c'est que tu démissionnes pour déjà te reprendre un peu en main et que ça aille mieux, gagner du temps, etc., quitte à passer par un job alimentaire ou par un temps partiel et une activité cumulée à côté, tu vois, pour au moins te décharger l'esprit. Et puis après, au fil des étapes, peut-être que tu deviendras telle ou telle chose que tu as toujours voulu, tu vois. Mais ce n'est pas obligé de se faire chaque an des doigts, en fait. C'est pour ça que quand je dis prendre le temps, c'est le temps de se poser les questions et pas être... Il ne faut pas être impatient, je pense, dans une reconversion. Je pense que la lampe est... à ce moment-là, c'est un vilain défaut parce que tout prend beaucoup de temps, il faut accepter que ça prête du temps même si je comprends bien que c'est pas du tout agréable quand t'es dedans, mais ouais oser, croyez

  • Speaker #1

    Tu as des regrets de ton côté ?

  • Speaker #0

    Moi j'en ai aucun, quand je passe devant l'école, alors j'ai pas de colère je sais qu'il y a des gens à l'inverse qui ont de la colère moi pendant un moment j'ai eu une sorte de dégoût, c'était assez bizarre dans les écoles et devant des enfants je me disais oh non, quelle horreur tu es lui Le bruit, les cris, ça bouge, machin. Je me dis, ah non, c'est fini, je veux plus. Là, maintenant, j'ai plus ça. Mais quand je passe devant des écoles, je me dis juste, bien joué, Florence. C'est pas toi qui es prof. Je me dis juste ça. Je me dis, oh là là, j'ai vraiment bien fait de partir parce que vraiment, j'ai pas du tout envie d'y retourner. Et c'est vrai que, comme je disais tout à l'heure, moi, il n'y a rien du tout qui me manque. Même si j'adorais mes collègues, j'adorais les relations parents, mes élèves, globalement, ça se passait très bien. Mais juste, je pense... suis pas faite pour ça dans ces conditions-là. Moi, je ne peux pas faire les choses assez bien et comme chaque enfant le méritait. Et je ne trouvais pas ça juste, ça n'allait pas avec mes valeurs. Et bref, c'est mieux aujourd'hui. Donc non, vraiment, pas de regrets.

  • Speaker #1

    Super. Un grand merci en tout cas pour ton témoignage et puis tout ton partage.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    A bientôt. Au revoir. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a inspiré. et apportez des clés précieuses pour avancer dans votre projet de reconversion. Si vous l'avez trouvé utile, n'hésitez pas à vous abonner à Ma Révolution Pro, à laisser une note 5 étoiles et à partager ce podcast avec ceux qui pourraient en bénéficier. Pour approfondir votre réflexion, n'oubliez pas de télécharger gratuitement votre livret d'exercices disponible dans la description. Et si vous avez envie d'aller plus loin, visitez mon site marevolutionpro.com pour découvrir comment je peux vous accompagner dans votre envie de changement. On se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode. Alors d'ici là, continuez à explorer et à vous rapprocher du métier qui vous correspond vraiment. Il n'est jamais trop tard pour créer la vie professionnelle dont vous rêvez.

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Description

Dans cet épisode, Florence Amaudru, ancienne professeure des écoles et créatrice du podcast "Avant j'étais prof", partage son parcours de reconversion et les raisons principales qui poussent les enseignants à changer de métier.

Elle parle des décalages entre la réalité du terrain et l’idéal du métier, des conditions de travail difficiles, et du besoin de liberté qui motivent ces décisions.

Florence aborde aussi les freins courants : la peur de l'instabilité financière, le regard des autres, et le doute quant aux compétences transférables. Elle montre que les enseignants possèdent de nombreuses compétences recherchées, et explique pourquoi beaucoup se tournent vers l’entrepreneuriat ou des métiers de transmission.

Florence conseille de prendre le temps de réfléchir et de ne pas hésiter à se faire accompagner dans ce processus. Un épisode inspirant pour tous les enseignants qui envisagent de changer de voie professionnelle.


Voici les liens évoqués durant l'enregistrement :

- Le groupe Facebook Prof, tu veux changer de métier : https://www.facebook.com/groups/1564418363823272

- Le Guide de la Reconversion des Profs : https://www.amazon.fr/Guide-Reconversion-Profs-%C3%A9dition-2023-2024/dp/2322504688

- L'association Aide aux Profs : https://www.apresprof.org/

- Le Club des Profs en Reconversion : https://avantjetaisprof.podia.com/club

- Mon site Internet : https://avantjetaisprof.com/

- Le compte Insta de Florence Amaudru: https://www.instagram.com/avantjetaisprof/

- La formation 30 jours pour créer ton podcast : https://formationpodcast.podia.com/30-jours-pour-creer-ton-podcast


Vous êtes à la recherche de votre nouvelle voie professionnelle ? Téléchargez gratuitement votre cahier d’exercices pour vous poser les bonnes questions: https://mailchi.mp/7fa0225b2d38/trouversavoie


Et si vous souhaitez réaliser un bilan de compétences pour trouver votre voie, prenez RDV pour un entretien gratuit et sans engagement : https://marevolutionpro.com/contact/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, bienvenue sur le podcast de Ma Révolution Pro, le podcast qui vous aide à sauter le pas de la reconversion professionnelle en vous proposant les meilleurs outils du développement personnel, des témoignages inspirants et des conseils d'experts. Je suis Clarence Mirkovic. coach professionnel et consultante en bilan de compétences. Ma mission, vous aider à trouver le job qui vous correspond vraiment. Alors si vous êtes prêt à passer à l'action dès maintenant, vous pouvez télécharger gratuitement votre livret d'exercices pour vous poser les bonnes questions. Le lien se trouve dans la description de cet épisode. Je vous souhaite à présent une excellente écoute. Bonjour Florence.

  • Speaker #1

    Bonjour Clarence.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de t'accueillir sur ce podcast Ma Révolution Pro. pro pour parler reconversion des enseignants, un sujet qu'on connaît bien, je crois, toutes les deux. Et justement, est-ce que tu peux commencer par te présenter, présenter ton parcours ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, merci pour l'invitation déjà, parce que j'aime beaucoup parler de ce sujet. Moi, je m'appelle Florence, j'ai 32 ans, je te le disais hors micro, je viens de Bretagne et j'ai été professeure des écoles pendant six ans. En 2020, j'ai créé le podcast Avant j'étais prof pour interroger des profs sur leur changement de métier parce que je voulais quitter mon métier, mais je ne savais pas comment faire. Et donc, en 2021, j'ai changé de métier. Je suis devenue rédactrice web SEO à mon compte. Donc, j'ai quitté le statut de fonctionnaire. Et puis, le podcast a fait son petit bonhomme de chemin ces quatre dernières années. Donc, je le continue avec grand plaisir. Et j'ai ensuite cofondé un programme qui s'appelle 30 jours pour créer ton podcast où j'aide les gens qui veulent créer leur podcast, mais qui ne savent pas par quel bout prendre les choses à créer le leur. et potentiellement vivre une expérience aussi chouette que moi avec le mien ou toi avec le tien.

  • Speaker #0

    Super. Ça veut dire que finalement, tu es sortie toi des études et ça a été ton premier métier enseignante ?

  • Speaker #1

    C'est ça. À part des jobs étudiants, je n'avais rien fait d'autre.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui fait que finalement, tu en es partie ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est assez loin. Il y a une grande différence, je trouve, entre l'image qu'on se fait du métier et l'expérience qu'on a pu avoir en tant qu'élève et la réalité du terrain. Je pense que oui. Il y a des profs qui nous écoutent, ils vont très bien savoir de quoi je parle. Après, globalement, moi, la liste est assez longue parce qu'il n'y a vraiment plus rien du tout qui me plaisait dans le métier. Et pour te dire, il y a peu de personnes qui répondent autant que moi, mais moi, je n'ai vraiment aucun regret d'être partie. Même les élèves ne me manquent pas, alors qu'ils étaient très chouettes, mais il n'y a vraiment rien qui me manque. Les conditions de travail, moi, ça ne m'allait pas du tout. Ne pas avoir à la rentrée le bon nombre de tables, de chaises. Pour le nombre d'enfants, je trouve ça... Pas normal. Il y a des priorités, je pense, qui devraient être respectées. Je trouve qu'il n'y a rien qui répond aux besoins physiologiques des enfants. Ce n'est pas fait pour les enfants et dans le bien des enfants. J'ai l'impression qu'il y a un côté du système qui ne va pas, on va dire, dans le bon sens. Alors après, je vis peut-être dans le monde des bisounours, mais tu vois, d'avoir des enfants en situation de handicap et pas de personnes pour les aider, je ne trouve pas ça normal. Avoir des enfants allophones, donc qui ne parlent pas français ou dont ce n'est pas la langue maternelle. et personne pour les aider, je ne trouve pas ça normal. Et la liste peut être très longue. Et puis après, d'un point de vue personnel, moi, j'avais un besoin de liberté, que ce soit géographique, décisionnelle, financière. J'avais envie de me sentir plus libre et là, j'étais attachée à quelque chose qui ne me convenait pas trop d'un point de vue des valeurs, on va dire.

  • Speaker #0

    Ça a été facile justement pour toi de trouver cette nouvelle voie ?

  • Speaker #1

    Oh non ! En gros, moi, au bout de ma... deuxième année, j'ai voulu commencer à trouver des solutions, notamment par le biais des disponibilités, où tu peux partir un an ou plus, t'es pas payé, mais tu as le droit de revenir après, contrairement à la démission où tu perds ton concours, et ça, il n'y a pas beaucoup de gens qui le savent, tu ne peux pas revenir après. Ça m'avait été refusé, et en fait, à partir de ce refus-là, sur ma deuxième année, j'ai commencé à regarder, du coup, comment on démissionne ? Là, j'ai vu qu'on pouvait refuser une démission, je me suis dit, en fait, je ne veux pas rester là. Ça m'a fait peur, je pense, de me sentir vraiment emprisonnée. Mais ça m'a pris quatre ans de me demander qu'est-ce que j'ai envie de faire. En fait, il y a qu'est-ce que j'ai envie de faire, qu'est-ce que je serais capable de faire, comment le faire, et puis est-ce que c'est quelque chose qui va me rapporter de l'argent. Donc en fait, comme je n'arrivais pas à trouver, je faisais plutôt par élimination, genre qu'est-ce que je n'ai pas du tout ou plus du tout envie de faire, en me disant je vais peut-être finir par arriver à un truc. Et finalement, c'est vraiment par le biais du podcast d'entendre d'autres enseignants qui s'étaient reconvertis. qui avaient fait comme si, comme ça, telle formation, tel métier, maintenant ils avaient telle contrainte ou telle liberté, que j'ai fini par me faire un peu mon idée et me dire, ok, la rédaction web et le référencement naturel, ça peut me plaire, je vois quelle formation il faut faire, combien ça coûte, comment on le fait, et une fois que j'aurai fait ça, je verrai. Donc j'ai d'abord fait une dispo, une disponibilité pendant... trois mois à peu près. Et j'ai vu que mon activité se lançait, donc j'ai demandé à démissionner dans la foulée.

  • Speaker #0

    Donc c'est-à-dire que tu as lancé le podcast, toi tu étais encore enseignante dans l'idée de t'inspirer, de chercher des parcours et de t'aider finalement à passer le cap.

  • Speaker #1

    Parce que ce n'est pas facile et de savoir quoi faire et que ça marche dans l'idée parce que du coup tu ne peux pas vraiment revenir si tu t'émissionnes vraiment. Tu ne peux vraiment pas revenir pour le coup et on n'a pas forcément... d'aide. Tu vois, la rupture conventionnelle, ça n'existait pas. Moi, quand je commençais à me poser mes questions, ça arrivait tout juste l'année où je voulais partir. Et puis, les droits au chômage, tout ça, il y a des on-dit dans les salles des profs de les profs, ils n'ont pas le droit au chômage, donc tu penses que tu n'auras jamais rien Puis en fait, quand tu creuses, tu te rends compte qu'il y a des petites lignes à droite à gauche et qu'il y a moyen de moyenner, mais ce n'est pas simple de trouver ce qui va être bien pour toi et comment le réaliser. Donc c'est clair que le podcast m'a beaucoup aidée, mais oui, ça m'a pris quatre ans. C'est pour ça quand des auditeurs me disent ça fait deux ans que j'hésitais, je ne trouve pas je dis oh bah, ça peut encore doubler On va avoir honte de ça.

  • Speaker #0

    Ça m'a pris cinq ans aussi.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas du tout évident. Comment toi, tu as géré justement les peurs, les doutes pendant cette période ?

  • Speaker #1

    Moi, j'avais un gros avantage. Je n'ai pas d'enfant à charge. Et je n'ai pas de grosses charges financières ou de gros besoins financiers. Je ne suis pas quelqu'un de dépensier. Je ne vis pas dans Paris, par exemple, où là, ce n'est pas d'être dépensier ou pas, mais ton loyer, c'est ton loyer. Moi, forcément, en Bretagne, tout est moins cher. Donc déjà, j'avais moins le stress financier. Je n'avais pas le stress de faire baisser le niveau de vie d'une famille, par exemple. Je sais que ça peut être stressant. C'est quelque chose que je n'ai pas vécu. Je m'en félicite parce que je ne sais pas comment j'aurais géré ça. Et puis après, la peur financière, moi, je ne l'avais pas trop trop. C'était vraiment plus la peur de ne pas être capable. de suivre une formation. En fait, j'étais persuadée en étant restée prof, je m'ennuyais vraiment intellectuellement, et j'étais persuadée que je ne serais jamais capable de reprendre des études, que je n'avais plus le niveau pour apprendre, comprendre, retenir, appliquer ce que j'avais appris. Et moi, ça a été ça mon plus grand frein. Je me sentais vraiment idiote. J'avais l'impression d'être devenue bête, alors qu'apparemment, ce n'est pas le cas, puisque ça s'est très bien passé quand j'ai voulu me reconvertir. Mais moi, c'était ma peur à moi. une autre peur que j'ai pas et qu'il y a beaucoup que je suis contente de ne pas avoir c'est le regard des autres la pression de la famille, tout ça, même des parents des grands-parents des fois ou des collègues moi ça, ça me passe, mais alors bien au-dessus tant mieux pour moi parce que j'ai pas assez à gérer mais ouais vraiment, moi je me sentais juste bête, nulle et incapable ce qui était pas rigolo pour autant mais c'est assez différent des retours que j'ai le plus souvent et pour gérer ça, et ben au moment où vraiment je n'en pouvais plus du tout. Donc à la fin de la première saison de mon podcast, je savais que rédactrice web SEO, ça allait me plaire. C'est quelque chose que j'avais déjà regardé en 2018, donc plusieurs années auparavant, en me disant non, je n'y crois pas, je ne pourrais pas, ça ne peut pas être vrai. Et là, en fait, j'ai mis trois choses en place. J'avais démarré un suivi psy avec une psychologue parce qu'au-delà du pro, du coup, ça commence un peu à déteindre sur mon humeur et mon bien-être dans le perso aussi. J'avais pris un accompagnement en coaching en musculation. Ça m'avait fait vachement de bien. J'avais fait ça juste pour essayer. Ça m'avait fait trop du bien de me sentir forte physiquement. J'avais l'impression de me sentir plus forte tout court. Et en parallèle de ça, j'ai fait un coaching en reconversion professionnelle avec Amandine Ruas. Et ça a été un gros déclic. Entre la première et la deuxième séance, je n'étais plus du tout la même personne. Elle m'a vraiment aidée à faire une sorte d'effet miroir. et de me permettre de prendre confiance en moi en me montrant tout ce que j'avais déjà accompli et jusqu'où j'étais déjà arrivée, ce que moi je ne voyais pas. Et ça m'a fait le plus grand bien. Donc moi qui suis plutôt du genre Non, c'est bon, laissez-moi, je vais me débrouiller toute seule. Eh bien, pour une fois, je ne regrette pas d'avoir mis mon égo de côté et d'avoir accepté les mains tendues parce que je pense que je ne serais pas là où j'en suis, sinon ça aurait été bien plus long.

  • Speaker #0

    C'est intéressant de voir finalement, j'aime bien cette idée de la musculation qui rend fort et qui finalement... le sport donne confiance et permet d'y aller. Alors du coup, avec le podcast, t'es devenue un peu experte en reconversion des enseignants.

  • Speaker #1

    Ça,

  • Speaker #0

    c'est bien ça.

  • Speaker #1

    Oui, disons que normalement, un prof qui veut se reconvertir au bout de quelques années finira par entendre parler du podcast.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. C'est aussi pour ça, pour élargir aussi le propos finalement à l'ensemble. Évidemment, on ne peut pas complètement généraliser, mais en tout cas, je pense que tu es T'as entendu pas mal d'histoires et tu peux en tirer sans doute des leçons. Est-ce que tu sais combien d'enseignants se reconvertissent chaque année ?

  • Speaker #1

    Bah écoute, du coup, je te disais hors micro que j'avais jeté un œil. J'avais trouvé les chiffres des années 2021-2022 et il y avait environ 3000 personnes. Alors, ils appellent ça des départs volontaires, donc ça prend en compte les démissions. probablement les abandons de postes, mais c'est très très rare parce qu'il y a quand même pas mal de conséquences, et aussi les ruptures conventionnelles, qui elles sont moindres. Par rapport à ces 3000 à peu près d'émissions qui arrivent là en ce moment chaque année qui ne font que grandir, je regardais 10 ans auparavant, on était plutôt autour de 300.

  • Speaker #0

    Ah ouais, donc fois 10 quand même en 10 ans.

  • Speaker #1

    Donc c'est ça, ça fait quand même une énorme augmentation, même si après dans le fond, d'un point de vue relatif, ça reste moins de 1% de... tous les enseignants de France, si tu veux. Donc, le bateau n'est pas non plus désert, mais il y a quand même de plus en plus de profs qui partent d'une manière ou d'une autre. Pour l'instant, ça ne baisse pas en fait. Et ça n'a pas l'air d'être parti pour baisser.

  • Speaker #0

    C'est ça. En même temps, ce que je trouve intéressant, c'est que moi, j'accompagne des gens qui sont en reconversion, qui cherchent des projets. J'ai pas mal de clients qui sont intéressés par ce métier-là, de profs des écoles ou profs au sens collège, lycée. Et je trouve qu'il y a peut-être... plus de mixité, plus de passage libre entre des gens du privé qui vont aller vers l'enseignement et des fonctionnaires qui vont s'autoriser peut-être des choses que nos parents n'auraient pas fait avant, à sortir, à démissionner de l'éducation nationale pour aller freelance ou indépendante aussi, à faire des choses peut-être qu'avant ça aurait été compliqué.

  • Speaker #1

    Je trouve que ça, ça a pas mal changé. Aujourd'hui, on accepte de plus en plus l'idée qu'on n'aura pas qu'un seul métier dans sa vie, même si c'est dans la fonction publique. Et je pense que c'est une bonne chose parce que les carrières aujourd'hui, c'est long, c'est pas comme à l'époque de nos parents, la retraite c'est pas demain, donc ça fait quand même des longs parcours. Le métier d'enseignant, je rebondis sur ce que tu disais tout à l'heure, mais oui c'est un très beau métier et je comprends vraiment qu'il y ait des gens qui veuillent devenir enseignant, nous les premières à une époque, c'est un très beau métier, c'est juste les conditions et l'institution autour qui font que c'est difficile de l'exercer comme on le souhaiterait, mais ça reste un beau métier et heureusement qu'il y a encore du monde qui y vient. Merci. En fait, dans mon monde idéal, il y a des profs heureux qui restent en poste ou qui arrivent en poste, et les enseignants malheureux qui ont le droit de partir et de trouver quelque chose qui leur convient. J'aimerais bien que tout le monde soit bien partout, parce qu'en classe, en face de toi, tu as des enfants, des adolescents, qui sont un peu des éponges émotionnelles, mine de rien, dans ces âges-là. Je vois profs des écoles, tu passes toute la journée avec les mêmes élèves, si en face d'eux, ils ont quelqu'un qui ne va pas bien. Moi, je n'aimerais pas passer toute la journée avec quelqu'un qui déprime, tu vois. C'est normal, mais ce n'est pas facile de s'en aller parce que ce n'est pas toujours autorisé.

  • Speaker #0

    On va y venir, mais justement, dans les témoignages que tu as eus, quelles sont les raisons qui reviennent, qui donnent envie au prof de partir aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'il y a plusieurs piliers. Il y a la confiance en soi. Et finalement, c'est un peu ce que moi, je ressentais, que j'expliquais tout à l'heure. Mais le fait de penser qu'on a été que prof et on sait être que prof, comme si prof, c'était... une seule compétence. Alors qu'il y a plein de compétences autour, tout ce qu'on appelle les soft skills en entreprise, mais le fait de savoir prendre la parole en public, d'avoir assez confiance en soi pour gérer un groupe, de gérer des relations que ce soit avec des enfants, des collègues, des supérieurs hiérarchiques, des parents, la maîtrise de la langue française, que ce soit dans un email, à l'oral, il y a plein de compétences d'autonomie, d'organisation, de gestion et tout qu'on a. Et on a du mal à se dire, comme souvent, on ne connaît pas le monde du privé parce qu'on a tout de suite été fonctionnaire parce que c'est un peu les métiers passion, les vocations. On a du mal à se dire que ça va être reconnu ailleurs, alors qu'en fait, c'est super reconnu. Donc, je pense que la confiance en soi, puis idem le fait de, est-ce que je vais être capable de reprendre des études ou de passer un concours ou de suivre une formation ou de me lancer à mon compte ? Est-ce que si je vais à un entretien d'embauche, on va se dire, ah ben non, elle a été prof. Souvent, c'est des croyances que nous, on a et ça ne se passe pas si mal que ça dans les faits. Donc ouais, la confiance en soi, pour moi, c'est quelque chose. Et après, je dirais en deuxième, le manque de reconnaissance. Là, je ne parle pas juste du salaire parce que ce n'est pas un métier qu'on fait pour l'argent, comme certains le pensent parfois malheureusement. Je sais que le salaire, c'est un gros sujet, mais la reconnaissance, ça ne passe pas que par l'argent. Et on a rarement les remerciements ou les encouragements, ne serait-ce que de nos supérieurs, des parents, ce n'est pas toujours le cas, des enfants, selon leur réaction. Des fois, ça prend de plus en plus sur notre temps, pas seulement professionnel, mais aussi personnel, pour mettre des choses en place, parce que les classes commencent à être surchargées avec des profils vraiment diversifiés. Donc, il faut adapter beaucoup de contenu qu'on fait le week-end, le soir, les vacances. Personne ne le voit et pas grand monde le croit. Mais c'est un travail monstrueux. Et dans les chiffres, il me semble qu'un... Alors, je parle pour les professeurs des écoles, parce que moi, j'étais du premier degré, mais un prof des écoles, ça travaille en moyenne 44 heures par semaine. Donc t'imagines, les débutants, quand ils commencent, c'est forcément plus que ça. Moi, je sais que je restais à l'école jusque tard pour que ce soit bien pour un tel qui a des problèmes de vue, un tel qui a des problèmes d'orthographe, un tel qui parle pas français, un tel qui passe beaucoup de temps et t'as pas vraiment la reconnaissance associée, alors qu'à l'inverse, on te dit quand ça va pas. Mais on ne te dit pas quand ça va. Et je pense que ça ronge petit à petit sur le moral des profs. Et que je peux comprendre que quand on ne dit jamais que ce que tu fais, ce ne serait-ce que bien, tu n'as pas forcément envie de continuer à apprendre sur ta santé pour essayer de toujours faire mieux.

  • Speaker #0

    Donc tu dis ce manque de reconnaissance.

  • Speaker #1

    Oui, confiance en soi et reconnaissance. Je pense que c'est un peu les deux gros points qui font que les enseignants s'en vont.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu trouves qu'il y a des freins qui seraient spécifiques aux enseignants qui font que... C'est difficile pour eux de partir, de changer de métier ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a une grosse peur financière qui ne se traduit pas toujours directement dans les paroles des profs ou des futurs ex-profs par l'argent en lui-même. Mais quand un enseignant dit oui, mais mes enfants sont petits ou oui, mais mes enfants sont grands, ils vont bientôt commencer leurs études en fait, derrière, ça veut dire, si je me reconvertis, j'ai peur de ne pas avoir la même stabilité financière ou le même train de vie, entre guillemets, pour pouvoir assurer les besoins de ma famille. ou des fois ça va être ah oui mais il faudrait faire tant d'années d'études le problème derrière c'est pas les tant d'années d'études quand les personnes ont vraiment envie de faire ce nouveau métier c'est que ça coûte de l'argent et c'est une période pendant laquelle t'es pas rémunéré donc en fait l'argent, la peur financière dans la reconversion professionnelle c'est un peu latent chez beaucoup de gens finalement quel que soit ton profil donc ça pour moi c'est un gros gros frein et puis la confiance en soi que j'évoquais tout à l'heure Moi, j'ai l'impression que c'est un gros frein aussi, que ce soit manquer de confiance en soi parce qu'on n'ose pas affirmer ce dont on a besoin. Il y a des enseignants qui n'ont pas envie que ça se sache autour d'eux, qui se sont reconvertis. Et du coup, forcément, admettons, tu es prof, tu te mets en disponibilité, tu lances ton entreprise. Moi, j'ai parlé avec des enseignants qui venaient de lancer leur business et qui n'arrivaient pas à trouver de client. Mais pourquoi ? Parce qu'en fait, ils ne veulent pas en parler sur les réseaux, ils ne veulent pas que ça se sache en leur nom, parce qu'ils ne veulent pas qu'on se rende compte qu'en fait, ils n'aimaient pas trop être enseignants. Parce qu'ils ont peur de l'idée qu'on va se faire de ah, mais en fait, elle n'aime pas les enfants En fait, des fois, on a tendance à s'imaginer que les autres vont s'imaginer telle ou telle chose, alors que ce n'est pas forcément vrai. Donc, je sais que le poids, c'est presque un poids du regard des autres et de ce que les autres vont penser. J'ai l'impression que ça fait beaucoup. Il n'y a pas beaucoup de profs, je pense, qui en discutent dans leur salle des maîtres, par exemple. Moi, je sais que j'avais été surprise quand j'avais parlé de mon souhait de reconversion dans la salle des maîtres. C'était un peu arrivé. Ce n'était pas prévu. Je n'avais pas prévu de l'annoncer comme ça. Mais bref, c'est arrivé. Et petit à petit, il y a des collègues qui sont arrivés dans la salle. Et moi, en telle année, j'avais demandé un congé formation. Ça m'avait été refusé. Moi, j'avais demandé ça. Ça m'avait été refusé. Moi, j'aimerais bien, mais je ne pourrais jamais vivre de tel truc. En fait, tu te rends compte que tu es très loin d'être tout seul. Et le retour que tu as, ce n'est pas du tout. Oh là là, ça craint. Tu n'aimes pas les enfants. Ça veut dire que tu vas faire ton job à moitié si tu n'aimes Les gens, ils vont pas te répondre ça. Les gens vont sûrement juste te répondre Bah ouais, pour moi aussi, c'est pas la folie, quoi. Parce que c'est pas une surprise. Mais ouais, c'est vraiment un frein dans le sens où comme t'en parles pas, tu l'assumes pas trop. Du coup, c'est difficile d'aller de l'avant. Et je pense qu'il y a un autre gros frein, c'est le fait que tu peux difficilement te projeter puisqu'il faut demander l'autorisation pour tout. Donc tu peux pas te dire Tiens, à telle date, je vais demander à démissionner. Et puis, à telle date, je vais passer un entretien et je vais être embauchée. Oui, mais si on t'a refusé ta démission et qu'on ne te l'autorise que pour dans six mois, tu fais comment, tu vois ? Donc, c'est hyper dur de mettre les choses en place parce que tu es complètement dépendant de la réponse qu'on va te donner. Et comme ça manque de profs, c'est de plus en plus difficile de partir, forcément.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Parce qu'effectivement, on ne peut pas démissionner comme on veut avec un préavis de trois mois. Il faut avoir l'autorisation de...

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Pour démissionner, quoi.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Moi, je me souviens quand j'ai pris la décision de démissionner, j'avais l'impression aussi, et ce qui m'a un peu freinée aussi moi dans ma démission, d'abandonner le navire en fait, de laisser, je ne sais pas comment expliquer, mais de laisser le navire couler presque et de ne pas être solidaire ou qu'il y avait quelque chose à faire de là. Et je me sentais presque coupable de laisser les autres enseignants. Mais tu n'étais pas…

  • Speaker #1

    Oui. T'es pas la première que j'entends dire ça, et moi tu vois c'est pas quelque chose que j'ai eu, parce qu'au point où j'en arrivais, j'étais malade vraiment tout le temps, mentalement et physiquement ça n'allait plus du tout, et du coup j'avais été placée une semaine en arrêt, et clairement je m'étais dit, là je décroche complètement, j'arrive plus du tout à me battre en fait, j'étais malade vraiment tout le temps, je pouvais plus me lever, j'arrêtais pas de vomir, j'avais des plaques partout, des crises d'angoisse, vraiment ça allait loin. Et moi, mon impression d'abandonner le navire, c'était quand j'étais en arrêt. Parce que quand tu es en arrêt, dans le secondaire, je ne sais pas exactement comment ça se passe. Il y a des salles de permanence, donc c'était différent. Mais nous, en primaire, un prof qui n'est pas là, les 30 gamins, tu les répartis dans les classes des autres. Donc toi, tu as une classe de CM2, tu te retrouves avec des maternelles. Celui qui a une classe de CP, il se retrouve avec des CM1. Trois ou quatre enfants de plus dans ta classe, tu n'as même pas forcément le bon nombre de chaises pour les accueillir parce que ta classe est déjà surchargée. t'as rien à leur donner à faire, c'est de la garderie, ça te donne de la responsabilité à tes collègues. Enfin, tu vois, moi, c'était plus ça qui me gênait. Alors que partir... Je commençais un peu à me dire, de toute façon, je ne vais pas bien. Qu'est-ce que je peux apporter à ce stade-là ? Même si je faisais toujours en sorte d'être souriante, de bien faire les choses, de construire des projets, de machins, mais je savais que ce n'était pas viable. Et d'un autre côté, ce que je dis aux gens, mais c'est plus facile à dire qu'à penser quand on est dedans, mais c'est que ce n'est pas de notre faute s'il n'y a plus de profs, en fait. Nous, on ne part pas pour qu'il n'y ait plus de profs et pour laisser les enfants tout seuls. On part parce qu'on ne va pas bien, parce que le système est maltraitant. Ce qui n'a pour moi rien à voir. S'il n'y a plus de profs, prenez des remplaçants pour remplacer les profs qui ne sont pas là. Ce n'est pas censé être à nous de culpabiliser. Tu vas ouvrir des places au concours si ça manque de profs. Mais ne venez pas empêcher ceux qui ne vont pas bien de partir. Parce qu'après, tu peux te retrouver dans des situations dramatiques. Moi, je reçois des messages de profs depuis des hôpitaux et des hôpitaux psychiatriques, parfois, qui ont été jusqu'à la tentative de suicide. Je suis désolée, mais un métier, ce n'est pas censé t'amener là. Surtout quand c'est un métier passion. que tu as toujours rêvé de faire de ton mieux avec des enfants, des ados ou des jeunes adultes, tu n'es pas censé te retrouver dans ces situations-là. Même si c'est sûr que quand tu es dedans, tu as tendance à te dire j'abandonne, ce n'est pas cool des fois, il vaut mieux abandonner que de se mettre en danger.

  • Speaker #0

    C'est sûr, complètement. Est-ce que tu observes qu'il y a des métiers ou des secteurs particuliers dans lesquels les profs, naturellement, qu'il y a une forme de logique ou de continuité dans lesquels ils se reconvertissent ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'il n'y a pas une seule réponse à ça. Je dirais que les deux profils que je vois le plus, ce n'est pas tant lié au métier, c'est lié au statut. En gros, j'ai l'impression qu'il y a ceux qui veulent garder une certaine stabilité, une certaine sécurité, qui vont plutôt passer des concours et par voie de détachement rester dans une fonction publique. Pas forcément l'éducation nationale, tu vois, mais complètement autre chose. Et d'un autre côté, il y a celles et ceux qui vraiment ne veulent plus d'hierarchie et veulent leur liberté à 100%. et qui vont partir vers l'auto-entrepreneuriat. Ce qui a aussi ses travers, et on n'est pas si libres que ça, puisque forcément, il y a d'autres peurs et d'autres choses à gérer. Et entre les deux, le salariat, c'est vraiment pas ce que je vois le plus. C'est presque le plus rare. Et après, pour les métiers en tant que tels, en vrai, j'ai déjà eu quelqu'un qui avait décidé de partir à l'usine fabriquer des cagettes, parce qu'elle ne voulait plus de charge mentale. Elle est très heureuse comme ça. Là, l'autre jour, j'intervivais quelqu'un qui était devenu attaché statisticien pour l'INSEE. J'interview des gens qui partent dans des métiers plutôt artistiques, la calligraphie, la relure, plutôt en lien avec le corps, type prof de yoga, danseur, des métiers parfois plus intellectuels. J'ai l'impression que ça peut être vraiment tout et son contraire. Après, je note que quand on a été prof et qu'on a vraiment aimé ça, il y a une forme de transmission qui reste un peu tout le temps. Donc, quelqu'un qui va partir, je ne sais pas, vers l'écriture. va petit à petit vouloir faire du coaching en écriture pour essayer de transmettre sa passion et ses compétences à d'autres. Ou il y a des gens qui vont partir justement dans l'aide à la reconversion, le coaching, la naturopathie, la sophrologie, tout ce qui va pouvoir apporter de l'aide aux personnes, soit pour le côté transmission, soit pour aider des gens qui sont dans un mal-être qu'elles et eux ont déjà vécu. Donc ça, j'ai l'impression que c'est quelque chose que je vois. La transmission, ça revient quand même souvent, même sur des métiers où parfois tu te dis... j'aurais pas forcément fait de lien avec l'enseignement là et puis en fait comme quoi.

  • Speaker #0

    Je suis pas étonnée parce qu'en fait il y a ce côté social au sens aide, accompagnement, transmission qui est présent dans le prof et du coup ensuite on va le décliner juste dans un autre contexte ou un autre...

  • Speaker #1

    Je pense que c'est lié à notre personnalité aussi, enfin je sais que moi j'aime beaucoup accompagner, aider, transmettre. Enfin, bien faire les choses. Et du coup, ça restera, que ce soit si c'est plus de l'enseignant pur. Moi, ça va être dans la rédaction, ça va être dans le milieu du podcast, ça va être dans l'aide à la reconversion. Ça va être autre chose, mais ça va être.

  • Speaker #0

    Oui, moi, je fais du coaching d'accompagnement, et toi aussi de la formation. Et en fait, c'est marrant aussi. Moi, ce que j'ai trouvé marrant, c'est que je n'avais pas vraiment de plaisir à enseigner à des petits. Mais finalement, aujourd'hui, enseignez-moi des choses qui me passionnent à des adultes. Là, j'ai beaucoup de plaisir.

  • Speaker #1

    C'est pas pareil.

  • Speaker #0

    Oui, il y a ce qu'on fait et l'environnement dans lequel on fait qui joue beaucoup aussi dans le plaisir que tu vas avoir. Parce qu'après, il y a aussi, quand on se pose des questions, tu le disais tout à l'heure, quand tu en as parlé en salle des profs, il y a d'autres qui t'ont dit oui, j'ai pensé à me reconvertir il y a deux, trois ans etc. Parfois, on peut avoir des coups de mood, être dans le creux de la vague et envisager des sorties. Et puis, on va retrouver un dynamisme, un nouveau sens. Est-ce que tu aurais des conseils justement pour les enseignants qui seraient aujourd'hui dans le creux de la vague pour savoir si c'est une démission qu'il faut ou s'ils peuvent retrouver du sens ou de la motivation dans leur métier ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut essayer de s'observer et de s'écouter, ce qui n'est pas toujours facile quand on arrive à un stade où on est un peu épuisé. Pour moi, si tu as un coup de mou tous les ans à la même période, mais qu'après ça va mieux, il y a des chances que ce soit le cas. Ou si c'est la première fois, ne claque pas la porte, parce que si ça se trouve, c'est passager. Si ça fait 2, 3, 4, 10 ans que ça ne va pas du tout, bon, ça veut peut-être dire qu'il faut changer quelque chose. Après, on n'est pas obligé de démissionner. et de perdre le bénéfice de son concours, tout de suite, il y a des options. Si vraiment, on sent qu'on ne veut plus rien avoir à faire avec ça, qu'on ne supporte plus, par exemple, le bruit, les enfants, bon, là, il faut peut-être faire quelque chose. Mais si c'est plus une histoire de poste, une histoire de collègues, une histoire de niveau, on peut aussi essayer de changer de poste. Mais par contre, je dis ça comme si c'était une solution. Après, ce n'est pas nous qui décidons quand et comment on change de poste. Mais je sais que... Moi, quand je me disais que ça n'allait pas, je m'étais toujours dit oui, mais c'est peut-être parce que je suis toujours en REP, donc les réseaux d'éducation prioritaire avec des enfants difficiles. Et puis un jour, je n'ai eu pas de la REP. Et ce n'était pas beaucoup mieux. C'était pareil, c'était à Tuco. Je trouvais peut-être même ça un peu plus ennuyeux. J'étais toujours mutée à une heure de chez moi pendant cinq ans. Et la dernière année, j'étais à 20 minutes de chez moi. Ça ne m'allait toujours pas. J'ai toujours eu des collègues sympas, pour le coup. Donc ça, je savais que ce n'était pas un problème. J'ai jamais eu de problème avec ma hiérarchie, donc je savais que c'était pas ça. Mais donc petit à petit, au fil des postes, parce que moi en six ans, j'ai jamais eu le droit à mon poste. J'ai même essayé un poste à profil en tant qu'enseignante surnuméraire. C'était intéressant, mais c'était intéressant un ou deux ans, tu vois, ça m'aurait pas intéressé plus. Et du coup, j'ai fini par me dire, la toute dernière année où vraiment j'ai eu le poste, parents rêves, près de chez moi, les meilleurs collègues que j'avais jamais eus, enfin une ambiance plutôt chouette, des parents géniaux et tout, j'étais là, mais en fait, là, j'ai ce que je voudrais avoir. Et en fait, je suis pas heureuse d'aller bosser, quoi. Enfin, genre, j'ai pas envie d'aller faire ça. Je préférerais, je le disais souvent, mais je préférerais faire des tâches automatiques. À la fin, je suis payée au SMIC et basta, tu vois. Et le reste de mon temps, c'est vraiment mon temps libre. C'est pas la préparation, la correction des projets, des réunions, des trucs qui sont jamais payés, quoi. Donc, je sais que, voilà, moi, c'est ce que je recommanderais. En gros, essayer de voir qu'est-ce qui ne va pas. Est-ce que dans les choses qui ne va pas, il y a moyen de changer un truc ? Si oui, franchement... tester, à ce stade, il n'y a plus rien à perdre. Si c'est ça, c'est une bonne nouvelle. Si ce n'est pas ça, ça vous ramène à l'idée de base de il faut peut-être changer de métier Mais ce n'est pas un mal de changer de métier. Je sais qu'au tout début du podcast, il y a des gens qui me disaient c'est un peu un échec, ça veut dire que je me suis trompée Mais moi, je ne vois pas ça comme ça. Moi, je voulais vraiment être prof. J'ai vraiment été contente d'avoir mon concours. J'ai vraiment été contente d'enseigner, même dans la dernière année où ça n'allait plus. J'ai eu des très beaux moments d'enseignement. C'est juste que je n'ai pas de là à en faire toute ma vie. Mais on change, on évolue forcément quand tu as 20 ans et que tu passes ton concours. Tu n'as pas les mêmes envies, la même vie, les mêmes aspirations que quand tu en auras peut-être 40 ou 60. C'est normal aussi de ne plus vouloir les mêmes choses. Pour moi, en tout cas, ce n'est pas un échec. Se poser les bonnes questions, prendre le temps, ça, ce n'est pas facile des fois, mais prendre le temps, prendre du recul et vraiment réfléchir, même si ce n'est pas agréable parfois de voir certaines vérités en face aussi.

  • Speaker #0

    Quelles sont les étapes finalement aussi dans les... les différents parcours que tu as pu écouter, les choses qui marchent bien finalement, si on veut gagner du temps, en tout cas dans ce processus de reconversion, qu'est-ce que tu conseillerais ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que se faire accompagner, ça fait quand même gagner vachement de temps. Moi, j'ai mis du temps à le faire et j'ai mis quatre ans à me questionner. À partir du moment où je me suis fait accompagner, c'était vers février. Au mois de juin, je débutais une formation. En septembre, j'étais lancée à mon compte. Donc en fait, après ça dépend du type d'accompagnement. Il y a des gens qui savent ce qu'ils veulent faire, mais qui ne vont pas oser manquer de confiance en eux. Là, ça va être plus sur du coaching finalement, pour avoir un peu cet effet miroir, avoir des outils, des clés qui permettent d'aller plus loin, de mettre des choses en place, même dans le quotidien. Des fois, ce n'est pas que le pro le problème, c'est aussi des croyances personnelles ou des situations personnelles qui sont bien réelles. Oui, l'accompagnement, pour moi, c'est ça. Après, il y a des gens, des fois, ils ne savent pas du tout quoi faire ou alors ils ont plein d'idées. et ils savent pas laquelle prendre. Ou alors, ils ont des idées, pas tant que ça, les bonnes, normalement, qui leur plaisent, mais ils savent pas comment faire pour que ce soit rentable. Parce qu'il y a aussi cette question-là. Derrière, il faut pouvoir en vivre aussi de ton nouveau métier, dans la majorité des cas. Du coup, des fois, le bilan de compétences, ça peut être une bonne idée. Parce que c'est vrai que quand t'as été prof, que t'as toujours voulu faire ça, moi, je veux faire ça depuis que je suis petite, je me suis jamais posé de questions du genre est-ce que j'ai envie de bosser dans un bureau ou dehors ?

  • Speaker #0

    Est-ce que j'ai envie de travailler plutôt le soir ou le matin ? Enfin, je dis des choses toutes bêtes, je me suis jamais posé la question. Est-ce que je me sens capable d'être à mon compte ou pas ? Est-ce que je préfère travailler dans une entreprise ? Est-ce que j'ai envie des collègues ou est-ce que je préfère être seule ? Enfin, c'est des questions qu'on ne se pose pas forcément. Et parfois, d'avoir le retour de quelqu'un dont c'est le métier sur aussi nos compétences, qui sont parfois nos points forts et nos points un peu plus faibles. Est-ce qu'on a moyen de trouver un job qui va nous correspondre le mieux possible sans nous épuiser ? Parce qu'il y a ça aussi. Mais vraiment, moi, je recommande finalement de se faire accompagner. Tu vois, j'ai bien changé d'idée sur les cinq dernières années parce que c'était, mais alors, pas du tout mon truc. Moi, j'avais une révulsion du mot coaching. En plus, je voyais ça partout sur Instagram. Je me disais, mais non, mais c'est n'importe quoi. Et puis finalement, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Donc, bien choisir les personnes par qui on veut se faire accompagner. Il faut que le feeling passe aussi. Je me suis rendu compte, pour moi en tout cas, c'était hyper important, même si c'est dans le cas d'une reconversion. professionnel. Si moi, d'un point de vue personnel et humain, je me sens pas à l'aise avec la personne et que j'ose pas vraiment dire les choses, bah c'est un peu bête parce que du coup t'avances pas vraiment. Donc faut vraiment avoir confiance et se sentir bien. Généralement, la personne en face fait en sorte que tu te sentes bien. Mais c'est vrai que ça change pas mal la donne. Donc si les gens qui écoutent ont la possibilité, des fois c'est le frein du coup, ça peut être un peu le frein financier. Faut faire un peu le rapport humain. temps finance. En gros, si vous avez les moyens de le faire, même si c'est un coût, moi je vous recommande de vous faire accompagner par quelqu'un parce que vous allez gagner un temps monstrueux. Si vraiment, vraiment, vous n'avez pas les moyens, et bien voilà, avancez à votre rythme. Après, on peut essayer de s'entourer sur, pour les enseignants, il y a des groupes Facebook, des forums, il y a des choses même sur Instagram, il y a plusieurs podcasts maintenant, il y a, moi là, je voudrais lancer une vidéo pour les enseignants. on s'entraide, qu'on discute, qu'on ose dire les choses sans être jugé et tout, bon, c'est pas un coaching, parce que je suis pas coach, mais au moins, ça permet à ceux qui ont pas forcément les moyens de partir vers un coaching, de quand même pouvoir dire ce qu'ils ont sur le cœur, comparer ce que l'un a fait, ce que l'autre a fait, ce que l'un a raté, que l'autre a réussi, et essayer d'avancer quand même. Mais d'une manière ou d'une autre, c'est vrai que si les personnes ont les moyens, en se faisant accompagner, on gagne quand même beaucoup de temps dans sa réflexion, et on ose aussi plus facilement.

  • Speaker #1

    Ouais, moi j'étais un peu comme toi, Moi toute seule, moi toute seule, je vais trouver mes propres solutions. Et je pense que j'ai perdu beaucoup de temps en ne faisant pas accompagner à l'époque, clairement. Est-ce que tu as des ressources spécifiques, justement des groupes ou des forums que toi t'aimes bien, que tu dis ah ouais tiens, ça c'est vraiment sympa, que tu pourrais nous conseiller ?

  • Speaker #0

    Ouais, en groupe, sur Facebook, il y a une page qui s'appelle Prof, tu veux changer de métier ? qui compte 20 ou 25 000 membres pour maintenant. Enfin, il y a vraiment des profs qui veulent changer de métier. Et l'avantage de ce groupe, il est tellement gros et il est tellement ancien qu'avec la petite loupe dans la barre de recherche, si on veut chercher, je ne sais pas, assistante sociale pour voir si quelqu'un est déjà devenu assistante sociale, on va forcément tomber sur quelqu'un qui s'est posé les questions ou qui l'a fait. Du coup, on peut directement contacter ces personnes-là et poser la question. Donc moi, il y a mon podcast Avant j'étais prof où j'interview des profs qui ont été enseignants qui sont partis. Mais il y a aussi un podcast qui s'appelle Ta reconversion de prof d'Amandine qui a plus un côté développement personnel. Donc elle apporte plus des solutions pratiques. pour le quotidien, pour avancer dans sa démarche de reconversion. Et puis, il y a le superbe livre de Natacha Colbert, qui est une ancienne prof également, qui s'appelle Le guide de la reconversion des profs où il y a 150 pages axées en trois piliers différents sur, ça part de nous, des bonnes questions, justement, qu'il faudrait se poser. Elle a fait ça super bien, elle a même laissé des espaces blancs pour qu'on puisse écrire dessus et avancer dans nos réflexions. Il y a tout un panel des reconversions possibles, même des reconversions possibles dans la fonction publique, des accompagnements qu'on peut avoir quand on veut se lancer à son compte pour ne pas avoir à se lancer dans le vide. Il y a vraiment tout ce qu'il faut pour se faire aider dans sa reconversion. Et pour le coup, c'est un tout petit investissement. Il coûte une quinzaine d'euros, je crois. Et il y a tout ce qu'il faut à l'intérieur parce qu'elle, elle est passée par là. Moi, j'ai travaillé sur la relecture avec elle. Franchement, je n'ai rien vu qui manquait. Donc, c'est vraiment archi complet et ça permet de l'avoir toujours sous le coude. Puis voilà, ce n'est pas un gros investissement. Et quand c'est fini, on le passe à son voisin, parce que notre voisin, il a sûrement aussi voulu changer de métier.

  • Speaker #1

    Il fallait se traîner sur la table de la salle des profs.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est un peu les ressources que je recommanderais sur Facebook et au format audio et au format livre. Comme ça, il y en a un peu pour tous les goûts. Il y a l'association EdoProf aussi, j'y pense, qui accompagne des profs dans leur reconversion. Donc, c'est vraiment axé enseignement. L'avantage de l'association, c'est que Rémi Boyer, son fondateur, il est hyper calé dans tout ce qui est chiffres, réglementations, lois, textes, etc. Ce qui n'est moi pas du tout mon truc. Donc souvent, moi, je dis, si vous voulez être sûr, j'ai trop peur, moi, de dire des bêtises et que les gens se retrouvent dans des situations un peu banquelles. Et du coup, je finis toujours par dire, allez voir votre gestionnaire, vos conseillers en RH ou tout ça. Et je sais que du côté de l'association, ils sont hyper calés dans les textes qui décortiquent à la lettre près. Je sais qu'ils sont aussi d'une grande aide pour la reconversion. Et pour le coup, ils existent depuis très longtemps, donc ils ont l'expérience aussi. Pour les gens qui veulent se faire accompagner physiquement, même si c'est à distance, c'est aussi une option.

  • Speaker #1

    Hum, super. J'aimerais bien qu'on revienne sur le sujet de la confiance en soi. Je trouve qu'effectivement, quand on est prof, en tout cas, il y a beaucoup de profs qui ont l'impression de ne rien savoir faire, de ne rien avoir appris, de valables, enfin qui seraient valables justement dans un autre métier, dans le privé, en se faisant des fausses représentations de ce que c'est le privé. Mais quelles sont, selon toi, les principales compétences qu'on développe quand on est prof ?

  • Speaker #0

    Ah ben, figure-toi que moi, j'avais trouvé un poste à Rennes pour l'office du tourisme. En compétence, il demandait, en qualification, il demandait d'avoir le master MEF, donc le master des enseignants. Et typiquement, c'était un poste où il fallait être capable d'apprendre un certain nombre de connaissances assez rapidement et de pouvoir les restituer à l'oral en groupe, en faisant des visites culturelles et historiques dans la ville de Rennes et être capable de prendre des retours et d'améliorer son travail et faire des présentations. Et en fait, tu vois, tout ça, parole en public, on ne se rend pas compte parce qu'on le fait tous les jours quand on est prof. Et tout le monde autour de nous le fait, puisque tu prends dans toute l'école ou dans tout l'établissement, c'est dans le secondaire, tout le monde est prof. Donc tout le monde sait parler devant un groupe de 30 personnes et de 30 adultes quand c'est la réunion de parents, tu vois. Donc c'est quelque chose qui nous paraît presque normal, sauf que quand tu regardes en dehors, il y a combien de personnes qui sont vraiment capables de parler devant un groupe de 30 sans se liquéfier, tu vois. Et en parlant bien, à voix claire, en posant sa voix, en ayant un vocabulaire quand même diversifié, en sachant s'adapter à son public et aux spécificités de chacun. Ça pour moi, c'est une compétence que... En fait, tu l'apprends vraiment sur le terrain et on ne se rend pas compte comme on a l'impression que tout le monde l'a. Et ensuite, dans la vie quotidienne, admettons que tu rentres en entreprise, tu es largement capable de travailler en équipe, tu es capable d'écouter et d'écouter vraiment, tu es capable de retirer des choses de ce que tu as écouté, tu es capable de proposer des choses, tu es capable de t'affirmer, tu es autonome, tu sais gérer, tu sais gérer des conflits. Toi, c'est des petites choses bêtes qui sont rarement... demander sur une fiche de poste, on va pas te demander, est-ce que tu sais gérer un conflit ? Parce que c'est le but de travailler entre collègues parfois. Mais nous, on sait le faire, parce qu'on a appris à le faire, parce qu'on n'a pas le choix, c'était comme ça et pas autrement. Quand tu dois envoyer des mails, c'est sûr que toi, si tu dois envoyer des mails à un client, il n'y aura pas de faute dedans. Alors qu'il y a des gens qui ne maîtrisent vraiment pas très bien du tout la langue française et pour qui ça va être un calvaire de devoir envoyer un email, tu vois. Donc en fait, c'est vraiment des petites choses du quotidien qui sont... Et je trouve que quand on sort en plus de l'enseignement, on a une espèce de boost de confiance en soi qu'on n'avait pas avant, de se rendre compte que, un, on l'a fait, donc on est déjà fiers de ça, et de deux, on commence notre nouveau métier et on se dit, en fait, on n'est pas si nuls. Ça va, quoi, parce qu'on regarde un peu autour de nous, mais dans un nouvel environnement. Depuis être entre profs, c'est quand même pas pareil. En fait, les enseignants sont assez perfectionnistes. Ils ont toujours envie de mieux faire et ils vont toujours passer beaucoup de temps pour que ce soit parfait, parce que, bah, aussi, t'es... Tu traites avec de l'humain, donc forcément, t'as envie de faire de ton mieux. Mais après, quand tu te rends compte que, tu vois, moi, aujourd'hui, je travaille avec soit des podcasts, soit des textes. Alors oui, il y a des humains derrière, mais t'as pas la même responsabilité. Tu vois, donc tu redescends d'un cran. Enfin, personne va mourir parce que tu lui as donné une cacahuète au goûter alors qu'il fallait pas, tu vois. Enfin, c'est pas du tout la même responsabilité. Donc, je trouve que ça dédramatise un petit peu. Alors, à moins, évidemment, de partir dans le médical ou ce genre de choses, tu retrouves des problématiques similaires. Mais globalement, je vois les enseignants quand ils se reconvertissent, ils ont quand même une... une baisse de stress qui est aussi liée à ça. Ce n'est pas la même responsabilité. Mais n'empêche que tu vas savoir gérer un groupe quand même et prendre en compte des spécificités. En fait, tu sais faire plein de trucs et j'ai l'impression qu'on s'en rend compte, même si on le lit, moi je l'ai lu avant de partir, mais j'ai l'impression qu'on s'en rend compte de tout ce qu'on sait faire une fois qu'on est amené à le faire en dehors.

  • Speaker #1

    Super. Est-ce que tu aurais un dernier message finalement pour nos auditeurs, profs ou pas profs, mais qui envisagent de se reconvertir ?

  • Speaker #0

    De prendre le temps de se poser les bonnes questions, pas partir à la va-vite et partir à tout prix et se retrouver après un peu dans le pétrin et regretter, parce que ce n'est pas le but. Se faire accompagner si besoin et si on a les moyens. Et puis, essayer de trouver un équilibre, du bonheur dans son travail si c'est quelque chose qui compte pour nous. Et sinon, à défaut, au moins un équilibre au perso. Mais de ne pas hésiter finalement à oser. ça fait cliché, mais presque à croire en ses rêves, parce qu'en fait, moi, je vois des reconversions où je me dis Ah ouais, c'était possible, en fait. Quand je vois des gens, je pense à des gens passionnés. En ce moment, je suis sur Instagram, une céramiste qui s'appelle Sauvargile, qui est prof, elle est toujours prof à temps partiel, mais elle fait des céramiques trop cool, et elle a l'air contente de vivre de cette activité-là. Je pense à Diana, de l'entreprise Letter in Paris, que j'avais interviewée ma première saison. Elle était devenue calligraphe. Quand t'es petite, tu te dis, moi, plus tard, je vais être calligraphe. Eh ben, elle est vraiment calligraphe. Et des fois, elle est invitée sur des grands événements dans les galeries Lafayette et fait de la calligraphie sur des objets de marques magnifiques, tu vois. Et tu te dis pas que c'est forcément possible. Ou les gens qui disent, ah, moi, j'aimerais bien vivre de ça, mais c'est pas possible. Il y a des gens qui arrivent à devenir auteurs, cinéastes, tu sais, des choses improbables. C'est juste que parfois, ben, c'est pas, tu démissionnes. Et le lendemain, tu vas faire ce métier de rêve. Parfois, c'est que tu démissionnes pour déjà te reprendre un peu en main et que ça aille mieux, gagner du temps, etc., quitte à passer par un job alimentaire ou par un temps partiel et une activité cumulée à côté, tu vois, pour au moins te décharger l'esprit. Et puis après, au fil des étapes, peut-être que tu deviendras telle ou telle chose que tu as toujours voulu, tu vois. Mais ce n'est pas obligé de se faire chaque an des doigts, en fait. C'est pour ça que quand je dis prendre le temps, c'est le temps de se poser les questions et pas être... Il ne faut pas être impatient, je pense, dans une reconversion. Je pense que la lampe est... à ce moment-là, c'est un vilain défaut parce que tout prend beaucoup de temps, il faut accepter que ça prête du temps même si je comprends bien que c'est pas du tout agréable quand t'es dedans, mais ouais oser, croyez

  • Speaker #1

    Tu as des regrets de ton côté ?

  • Speaker #0

    Moi j'en ai aucun, quand je passe devant l'école, alors j'ai pas de colère je sais qu'il y a des gens à l'inverse qui ont de la colère moi pendant un moment j'ai eu une sorte de dégoût, c'était assez bizarre dans les écoles et devant des enfants je me disais oh non, quelle horreur tu es lui Le bruit, les cris, ça bouge, machin. Je me dis, ah non, c'est fini, je veux plus. Là, maintenant, j'ai plus ça. Mais quand je passe devant des écoles, je me dis juste, bien joué, Florence. C'est pas toi qui es prof. Je me dis juste ça. Je me dis, oh là là, j'ai vraiment bien fait de partir parce que vraiment, j'ai pas du tout envie d'y retourner. Et c'est vrai que, comme je disais tout à l'heure, moi, il n'y a rien du tout qui me manque. Même si j'adorais mes collègues, j'adorais les relations parents, mes élèves, globalement, ça se passait très bien. Mais juste, je pense... suis pas faite pour ça dans ces conditions-là. Moi, je ne peux pas faire les choses assez bien et comme chaque enfant le méritait. Et je ne trouvais pas ça juste, ça n'allait pas avec mes valeurs. Et bref, c'est mieux aujourd'hui. Donc non, vraiment, pas de regrets.

  • Speaker #1

    Super. Un grand merci en tout cas pour ton témoignage et puis tout ton partage.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    A bientôt. Au revoir. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a inspiré. et apportez des clés précieuses pour avancer dans votre projet de reconversion. Si vous l'avez trouvé utile, n'hésitez pas à vous abonner à Ma Révolution Pro, à laisser une note 5 étoiles et à partager ce podcast avec ceux qui pourraient en bénéficier. Pour approfondir votre réflexion, n'oubliez pas de télécharger gratuitement votre livret d'exercices disponible dans la description. Et si vous avez envie d'aller plus loin, visitez mon site marevolutionpro.com pour découvrir comment je peux vous accompagner dans votre envie de changement. On se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode. Alors d'ici là, continuez à explorer et à vous rapprocher du métier qui vous correspond vraiment. Il n'est jamais trop tard pour créer la vie professionnelle dont vous rêvez.

Description

Dans cet épisode, Florence Amaudru, ancienne professeure des écoles et créatrice du podcast "Avant j'étais prof", partage son parcours de reconversion et les raisons principales qui poussent les enseignants à changer de métier.

Elle parle des décalages entre la réalité du terrain et l’idéal du métier, des conditions de travail difficiles, et du besoin de liberté qui motivent ces décisions.

Florence aborde aussi les freins courants : la peur de l'instabilité financière, le regard des autres, et le doute quant aux compétences transférables. Elle montre que les enseignants possèdent de nombreuses compétences recherchées, et explique pourquoi beaucoup se tournent vers l’entrepreneuriat ou des métiers de transmission.

Florence conseille de prendre le temps de réfléchir et de ne pas hésiter à se faire accompagner dans ce processus. Un épisode inspirant pour tous les enseignants qui envisagent de changer de voie professionnelle.


Voici les liens évoqués durant l'enregistrement :

- Le groupe Facebook Prof, tu veux changer de métier : https://www.facebook.com/groups/1564418363823272

- Le Guide de la Reconversion des Profs : https://www.amazon.fr/Guide-Reconversion-Profs-%C3%A9dition-2023-2024/dp/2322504688

- L'association Aide aux Profs : https://www.apresprof.org/

- Le Club des Profs en Reconversion : https://avantjetaisprof.podia.com/club

- Mon site Internet : https://avantjetaisprof.com/

- Le compte Insta de Florence Amaudru: https://www.instagram.com/avantjetaisprof/

- La formation 30 jours pour créer ton podcast : https://formationpodcast.podia.com/30-jours-pour-creer-ton-podcast


Vous êtes à la recherche de votre nouvelle voie professionnelle ? Téléchargez gratuitement votre cahier d’exercices pour vous poser les bonnes questions: https://mailchi.mp/7fa0225b2d38/trouversavoie


Et si vous souhaitez réaliser un bilan de compétences pour trouver votre voie, prenez RDV pour un entretien gratuit et sans engagement : https://marevolutionpro.com/contact/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, bienvenue sur le podcast de Ma Révolution Pro, le podcast qui vous aide à sauter le pas de la reconversion professionnelle en vous proposant les meilleurs outils du développement personnel, des témoignages inspirants et des conseils d'experts. Je suis Clarence Mirkovic. coach professionnel et consultante en bilan de compétences. Ma mission, vous aider à trouver le job qui vous correspond vraiment. Alors si vous êtes prêt à passer à l'action dès maintenant, vous pouvez télécharger gratuitement votre livret d'exercices pour vous poser les bonnes questions. Le lien se trouve dans la description de cet épisode. Je vous souhaite à présent une excellente écoute. Bonjour Florence.

  • Speaker #1

    Bonjour Clarence.

  • Speaker #0

    Je suis ravie de t'accueillir sur ce podcast Ma Révolution Pro. pro pour parler reconversion des enseignants, un sujet qu'on connaît bien, je crois, toutes les deux. Et justement, est-ce que tu peux commencer par te présenter, présenter ton parcours ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, merci pour l'invitation déjà, parce que j'aime beaucoup parler de ce sujet. Moi, je m'appelle Florence, j'ai 32 ans, je te le disais hors micro, je viens de Bretagne et j'ai été professeure des écoles pendant six ans. En 2020, j'ai créé le podcast Avant j'étais prof pour interroger des profs sur leur changement de métier parce que je voulais quitter mon métier, mais je ne savais pas comment faire. Et donc, en 2021, j'ai changé de métier. Je suis devenue rédactrice web SEO à mon compte. Donc, j'ai quitté le statut de fonctionnaire. Et puis, le podcast a fait son petit bonhomme de chemin ces quatre dernières années. Donc, je le continue avec grand plaisir. Et j'ai ensuite cofondé un programme qui s'appelle 30 jours pour créer ton podcast où j'aide les gens qui veulent créer leur podcast, mais qui ne savent pas par quel bout prendre les choses à créer le leur. et potentiellement vivre une expérience aussi chouette que moi avec le mien ou toi avec le tien.

  • Speaker #0

    Super. Ça veut dire que finalement, tu es sortie toi des études et ça a été ton premier métier enseignante ?

  • Speaker #1

    C'est ça. À part des jobs étudiants, je n'avais rien fait d'autre.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui fait que finalement, tu en es partie ?

  • Speaker #1

    En fait, c'est assez loin. Il y a une grande différence, je trouve, entre l'image qu'on se fait du métier et l'expérience qu'on a pu avoir en tant qu'élève et la réalité du terrain. Je pense que oui. Il y a des profs qui nous écoutent, ils vont très bien savoir de quoi je parle. Après, globalement, moi, la liste est assez longue parce qu'il n'y a vraiment plus rien du tout qui me plaisait dans le métier. Et pour te dire, il y a peu de personnes qui répondent autant que moi, mais moi, je n'ai vraiment aucun regret d'être partie. Même les élèves ne me manquent pas, alors qu'ils étaient très chouettes, mais il n'y a vraiment rien qui me manque. Les conditions de travail, moi, ça ne m'allait pas du tout. Ne pas avoir à la rentrée le bon nombre de tables, de chaises. Pour le nombre d'enfants, je trouve ça... Pas normal. Il y a des priorités, je pense, qui devraient être respectées. Je trouve qu'il n'y a rien qui répond aux besoins physiologiques des enfants. Ce n'est pas fait pour les enfants et dans le bien des enfants. J'ai l'impression qu'il y a un côté du système qui ne va pas, on va dire, dans le bon sens. Alors après, je vis peut-être dans le monde des bisounours, mais tu vois, d'avoir des enfants en situation de handicap et pas de personnes pour les aider, je ne trouve pas ça normal. Avoir des enfants allophones, donc qui ne parlent pas français ou dont ce n'est pas la langue maternelle. et personne pour les aider, je ne trouve pas ça normal. Et la liste peut être très longue. Et puis après, d'un point de vue personnel, moi, j'avais un besoin de liberté, que ce soit géographique, décisionnelle, financière. J'avais envie de me sentir plus libre et là, j'étais attachée à quelque chose qui ne me convenait pas trop d'un point de vue des valeurs, on va dire.

  • Speaker #0

    Ça a été facile justement pour toi de trouver cette nouvelle voie ?

  • Speaker #1

    Oh non ! En gros, moi, au bout de ma... deuxième année, j'ai voulu commencer à trouver des solutions, notamment par le biais des disponibilités, où tu peux partir un an ou plus, t'es pas payé, mais tu as le droit de revenir après, contrairement à la démission où tu perds ton concours, et ça, il n'y a pas beaucoup de gens qui le savent, tu ne peux pas revenir après. Ça m'avait été refusé, et en fait, à partir de ce refus-là, sur ma deuxième année, j'ai commencé à regarder, du coup, comment on démissionne ? Là, j'ai vu qu'on pouvait refuser une démission, je me suis dit, en fait, je ne veux pas rester là. Ça m'a fait peur, je pense, de me sentir vraiment emprisonnée. Mais ça m'a pris quatre ans de me demander qu'est-ce que j'ai envie de faire. En fait, il y a qu'est-ce que j'ai envie de faire, qu'est-ce que je serais capable de faire, comment le faire, et puis est-ce que c'est quelque chose qui va me rapporter de l'argent. Donc en fait, comme je n'arrivais pas à trouver, je faisais plutôt par élimination, genre qu'est-ce que je n'ai pas du tout ou plus du tout envie de faire, en me disant je vais peut-être finir par arriver à un truc. Et finalement, c'est vraiment par le biais du podcast d'entendre d'autres enseignants qui s'étaient reconvertis. qui avaient fait comme si, comme ça, telle formation, tel métier, maintenant ils avaient telle contrainte ou telle liberté, que j'ai fini par me faire un peu mon idée et me dire, ok, la rédaction web et le référencement naturel, ça peut me plaire, je vois quelle formation il faut faire, combien ça coûte, comment on le fait, et une fois que j'aurai fait ça, je verrai. Donc j'ai d'abord fait une dispo, une disponibilité pendant... trois mois à peu près. Et j'ai vu que mon activité se lançait, donc j'ai demandé à démissionner dans la foulée.

  • Speaker #0

    Donc c'est-à-dire que tu as lancé le podcast, toi tu étais encore enseignante dans l'idée de t'inspirer, de chercher des parcours et de t'aider finalement à passer le cap.

  • Speaker #1

    Parce que ce n'est pas facile et de savoir quoi faire et que ça marche dans l'idée parce que du coup tu ne peux pas vraiment revenir si tu t'émissionnes vraiment. Tu ne peux vraiment pas revenir pour le coup et on n'a pas forcément... d'aide. Tu vois, la rupture conventionnelle, ça n'existait pas. Moi, quand je commençais à me poser mes questions, ça arrivait tout juste l'année où je voulais partir. Et puis, les droits au chômage, tout ça, il y a des on-dit dans les salles des profs de les profs, ils n'ont pas le droit au chômage, donc tu penses que tu n'auras jamais rien Puis en fait, quand tu creuses, tu te rends compte qu'il y a des petites lignes à droite à gauche et qu'il y a moyen de moyenner, mais ce n'est pas simple de trouver ce qui va être bien pour toi et comment le réaliser. Donc c'est clair que le podcast m'a beaucoup aidée, mais oui, ça m'a pris quatre ans. C'est pour ça quand des auditeurs me disent ça fait deux ans que j'hésitais, je ne trouve pas je dis oh bah, ça peut encore doubler On va avoir honte de ça.

  • Speaker #0

    Ça m'a pris cinq ans aussi.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Ce n'est pas du tout évident. Comment toi, tu as géré justement les peurs, les doutes pendant cette période ?

  • Speaker #1

    Moi, j'avais un gros avantage. Je n'ai pas d'enfant à charge. Et je n'ai pas de grosses charges financières ou de gros besoins financiers. Je ne suis pas quelqu'un de dépensier. Je ne vis pas dans Paris, par exemple, où là, ce n'est pas d'être dépensier ou pas, mais ton loyer, c'est ton loyer. Moi, forcément, en Bretagne, tout est moins cher. Donc déjà, j'avais moins le stress financier. Je n'avais pas le stress de faire baisser le niveau de vie d'une famille, par exemple. Je sais que ça peut être stressant. C'est quelque chose que je n'ai pas vécu. Je m'en félicite parce que je ne sais pas comment j'aurais géré ça. Et puis après, la peur financière, moi, je ne l'avais pas trop trop. C'était vraiment plus la peur de ne pas être capable. de suivre une formation. En fait, j'étais persuadée en étant restée prof, je m'ennuyais vraiment intellectuellement, et j'étais persuadée que je ne serais jamais capable de reprendre des études, que je n'avais plus le niveau pour apprendre, comprendre, retenir, appliquer ce que j'avais appris. Et moi, ça a été ça mon plus grand frein. Je me sentais vraiment idiote. J'avais l'impression d'être devenue bête, alors qu'apparemment, ce n'est pas le cas, puisque ça s'est très bien passé quand j'ai voulu me reconvertir. Mais moi, c'était ma peur à moi. une autre peur que j'ai pas et qu'il y a beaucoup que je suis contente de ne pas avoir c'est le regard des autres la pression de la famille, tout ça, même des parents des grands-parents des fois ou des collègues moi ça, ça me passe, mais alors bien au-dessus tant mieux pour moi parce que j'ai pas assez à gérer mais ouais vraiment, moi je me sentais juste bête, nulle et incapable ce qui était pas rigolo pour autant mais c'est assez différent des retours que j'ai le plus souvent et pour gérer ça, et ben au moment où vraiment je n'en pouvais plus du tout. Donc à la fin de la première saison de mon podcast, je savais que rédactrice web SEO, ça allait me plaire. C'est quelque chose que j'avais déjà regardé en 2018, donc plusieurs années auparavant, en me disant non, je n'y crois pas, je ne pourrais pas, ça ne peut pas être vrai. Et là, en fait, j'ai mis trois choses en place. J'avais démarré un suivi psy avec une psychologue parce qu'au-delà du pro, du coup, ça commence un peu à déteindre sur mon humeur et mon bien-être dans le perso aussi. J'avais pris un accompagnement en coaching en musculation. Ça m'avait fait vachement de bien. J'avais fait ça juste pour essayer. Ça m'avait fait trop du bien de me sentir forte physiquement. J'avais l'impression de me sentir plus forte tout court. Et en parallèle de ça, j'ai fait un coaching en reconversion professionnelle avec Amandine Ruas. Et ça a été un gros déclic. Entre la première et la deuxième séance, je n'étais plus du tout la même personne. Elle m'a vraiment aidée à faire une sorte d'effet miroir. et de me permettre de prendre confiance en moi en me montrant tout ce que j'avais déjà accompli et jusqu'où j'étais déjà arrivée, ce que moi je ne voyais pas. Et ça m'a fait le plus grand bien. Donc moi qui suis plutôt du genre Non, c'est bon, laissez-moi, je vais me débrouiller toute seule. Eh bien, pour une fois, je ne regrette pas d'avoir mis mon égo de côté et d'avoir accepté les mains tendues parce que je pense que je ne serais pas là où j'en suis, sinon ça aurait été bien plus long.

  • Speaker #0

    C'est intéressant de voir finalement, j'aime bien cette idée de la musculation qui rend fort et qui finalement... le sport donne confiance et permet d'y aller. Alors du coup, avec le podcast, t'es devenue un peu experte en reconversion des enseignants.

  • Speaker #1

    Ça,

  • Speaker #0

    c'est bien ça.

  • Speaker #1

    Oui, disons que normalement, un prof qui veut se reconvertir au bout de quelques années finira par entendre parler du podcast.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. C'est aussi pour ça, pour élargir aussi le propos finalement à l'ensemble. Évidemment, on ne peut pas complètement généraliser, mais en tout cas, je pense que tu es T'as entendu pas mal d'histoires et tu peux en tirer sans doute des leçons. Est-ce que tu sais combien d'enseignants se reconvertissent chaque année ?

  • Speaker #1

    Bah écoute, du coup, je te disais hors micro que j'avais jeté un œil. J'avais trouvé les chiffres des années 2021-2022 et il y avait environ 3000 personnes. Alors, ils appellent ça des départs volontaires, donc ça prend en compte les démissions. probablement les abandons de postes, mais c'est très très rare parce qu'il y a quand même pas mal de conséquences, et aussi les ruptures conventionnelles, qui elles sont moindres. Par rapport à ces 3000 à peu près d'émissions qui arrivent là en ce moment chaque année qui ne font que grandir, je regardais 10 ans auparavant, on était plutôt autour de 300.

  • Speaker #0

    Ah ouais, donc fois 10 quand même en 10 ans.

  • Speaker #1

    Donc c'est ça, ça fait quand même une énorme augmentation, même si après dans le fond, d'un point de vue relatif, ça reste moins de 1% de... tous les enseignants de France, si tu veux. Donc, le bateau n'est pas non plus désert, mais il y a quand même de plus en plus de profs qui partent d'une manière ou d'une autre. Pour l'instant, ça ne baisse pas en fait. Et ça n'a pas l'air d'être parti pour baisser.

  • Speaker #0

    C'est ça. En même temps, ce que je trouve intéressant, c'est que moi, j'accompagne des gens qui sont en reconversion, qui cherchent des projets. J'ai pas mal de clients qui sont intéressés par ce métier-là, de profs des écoles ou profs au sens collège, lycée. Et je trouve qu'il y a peut-être... plus de mixité, plus de passage libre entre des gens du privé qui vont aller vers l'enseignement et des fonctionnaires qui vont s'autoriser peut-être des choses que nos parents n'auraient pas fait avant, à sortir, à démissionner de l'éducation nationale pour aller freelance ou indépendante aussi, à faire des choses peut-être qu'avant ça aurait été compliqué.

  • Speaker #1

    Je trouve que ça, ça a pas mal changé. Aujourd'hui, on accepte de plus en plus l'idée qu'on n'aura pas qu'un seul métier dans sa vie, même si c'est dans la fonction publique. Et je pense que c'est une bonne chose parce que les carrières aujourd'hui, c'est long, c'est pas comme à l'époque de nos parents, la retraite c'est pas demain, donc ça fait quand même des longs parcours. Le métier d'enseignant, je rebondis sur ce que tu disais tout à l'heure, mais oui c'est un très beau métier et je comprends vraiment qu'il y ait des gens qui veuillent devenir enseignant, nous les premières à une époque, c'est un très beau métier, c'est juste les conditions et l'institution autour qui font que c'est difficile de l'exercer comme on le souhaiterait, mais ça reste un beau métier et heureusement qu'il y a encore du monde qui y vient. Merci. En fait, dans mon monde idéal, il y a des profs heureux qui restent en poste ou qui arrivent en poste, et les enseignants malheureux qui ont le droit de partir et de trouver quelque chose qui leur convient. J'aimerais bien que tout le monde soit bien partout, parce qu'en classe, en face de toi, tu as des enfants, des adolescents, qui sont un peu des éponges émotionnelles, mine de rien, dans ces âges-là. Je vois profs des écoles, tu passes toute la journée avec les mêmes élèves, si en face d'eux, ils ont quelqu'un qui ne va pas bien. Moi, je n'aimerais pas passer toute la journée avec quelqu'un qui déprime, tu vois. C'est normal, mais ce n'est pas facile de s'en aller parce que ce n'est pas toujours autorisé.

  • Speaker #0

    On va y venir, mais justement, dans les témoignages que tu as eus, quelles sont les raisons qui reviennent, qui donnent envie au prof de partir aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'il y a plusieurs piliers. Il y a la confiance en soi. Et finalement, c'est un peu ce que moi, je ressentais, que j'expliquais tout à l'heure. Mais le fait de penser qu'on a été que prof et on sait être que prof, comme si prof, c'était... une seule compétence. Alors qu'il y a plein de compétences autour, tout ce qu'on appelle les soft skills en entreprise, mais le fait de savoir prendre la parole en public, d'avoir assez confiance en soi pour gérer un groupe, de gérer des relations que ce soit avec des enfants, des collègues, des supérieurs hiérarchiques, des parents, la maîtrise de la langue française, que ce soit dans un email, à l'oral, il y a plein de compétences d'autonomie, d'organisation, de gestion et tout qu'on a. Et on a du mal à se dire, comme souvent, on ne connaît pas le monde du privé parce qu'on a tout de suite été fonctionnaire parce que c'est un peu les métiers passion, les vocations. On a du mal à se dire que ça va être reconnu ailleurs, alors qu'en fait, c'est super reconnu. Donc, je pense que la confiance en soi, puis idem le fait de, est-ce que je vais être capable de reprendre des études ou de passer un concours ou de suivre une formation ou de me lancer à mon compte ? Est-ce que si je vais à un entretien d'embauche, on va se dire, ah ben non, elle a été prof. Souvent, c'est des croyances que nous, on a et ça ne se passe pas si mal que ça dans les faits. Donc ouais, la confiance en soi, pour moi, c'est quelque chose. Et après, je dirais en deuxième, le manque de reconnaissance. Là, je ne parle pas juste du salaire parce que ce n'est pas un métier qu'on fait pour l'argent, comme certains le pensent parfois malheureusement. Je sais que le salaire, c'est un gros sujet, mais la reconnaissance, ça ne passe pas que par l'argent. Et on a rarement les remerciements ou les encouragements, ne serait-ce que de nos supérieurs, des parents, ce n'est pas toujours le cas, des enfants, selon leur réaction. Des fois, ça prend de plus en plus sur notre temps, pas seulement professionnel, mais aussi personnel, pour mettre des choses en place, parce que les classes commencent à être surchargées avec des profils vraiment diversifiés. Donc, il faut adapter beaucoup de contenu qu'on fait le week-end, le soir, les vacances. Personne ne le voit et pas grand monde le croit. Mais c'est un travail monstrueux. Et dans les chiffres, il me semble qu'un... Alors, je parle pour les professeurs des écoles, parce que moi, j'étais du premier degré, mais un prof des écoles, ça travaille en moyenne 44 heures par semaine. Donc t'imagines, les débutants, quand ils commencent, c'est forcément plus que ça. Moi, je sais que je restais à l'école jusque tard pour que ce soit bien pour un tel qui a des problèmes de vue, un tel qui a des problèmes d'orthographe, un tel qui parle pas français, un tel qui passe beaucoup de temps et t'as pas vraiment la reconnaissance associée, alors qu'à l'inverse, on te dit quand ça va pas. Mais on ne te dit pas quand ça va. Et je pense que ça ronge petit à petit sur le moral des profs. Et que je peux comprendre que quand on ne dit jamais que ce que tu fais, ce ne serait-ce que bien, tu n'as pas forcément envie de continuer à apprendre sur ta santé pour essayer de toujours faire mieux.

  • Speaker #0

    Donc tu dis ce manque de reconnaissance.

  • Speaker #1

    Oui, confiance en soi et reconnaissance. Je pense que c'est un peu les deux gros points qui font que les enseignants s'en vont.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu trouves qu'il y a des freins qui seraient spécifiques aux enseignants qui font que... C'est difficile pour eux de partir, de changer de métier ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il y a une grosse peur financière qui ne se traduit pas toujours directement dans les paroles des profs ou des futurs ex-profs par l'argent en lui-même. Mais quand un enseignant dit oui, mais mes enfants sont petits ou oui, mais mes enfants sont grands, ils vont bientôt commencer leurs études en fait, derrière, ça veut dire, si je me reconvertis, j'ai peur de ne pas avoir la même stabilité financière ou le même train de vie, entre guillemets, pour pouvoir assurer les besoins de ma famille. ou des fois ça va être ah oui mais il faudrait faire tant d'années d'études le problème derrière c'est pas les tant d'années d'études quand les personnes ont vraiment envie de faire ce nouveau métier c'est que ça coûte de l'argent et c'est une période pendant laquelle t'es pas rémunéré donc en fait l'argent, la peur financière dans la reconversion professionnelle c'est un peu latent chez beaucoup de gens finalement quel que soit ton profil donc ça pour moi c'est un gros gros frein et puis la confiance en soi que j'évoquais tout à l'heure Moi, j'ai l'impression que c'est un gros frein aussi, que ce soit manquer de confiance en soi parce qu'on n'ose pas affirmer ce dont on a besoin. Il y a des enseignants qui n'ont pas envie que ça se sache autour d'eux, qui se sont reconvertis. Et du coup, forcément, admettons, tu es prof, tu te mets en disponibilité, tu lances ton entreprise. Moi, j'ai parlé avec des enseignants qui venaient de lancer leur business et qui n'arrivaient pas à trouver de client. Mais pourquoi ? Parce qu'en fait, ils ne veulent pas en parler sur les réseaux, ils ne veulent pas que ça se sache en leur nom, parce qu'ils ne veulent pas qu'on se rende compte qu'en fait, ils n'aimaient pas trop être enseignants. Parce qu'ils ont peur de l'idée qu'on va se faire de ah, mais en fait, elle n'aime pas les enfants En fait, des fois, on a tendance à s'imaginer que les autres vont s'imaginer telle ou telle chose, alors que ce n'est pas forcément vrai. Donc, je sais que le poids, c'est presque un poids du regard des autres et de ce que les autres vont penser. J'ai l'impression que ça fait beaucoup. Il n'y a pas beaucoup de profs, je pense, qui en discutent dans leur salle des maîtres, par exemple. Moi, je sais que j'avais été surprise quand j'avais parlé de mon souhait de reconversion dans la salle des maîtres. C'était un peu arrivé. Ce n'était pas prévu. Je n'avais pas prévu de l'annoncer comme ça. Mais bref, c'est arrivé. Et petit à petit, il y a des collègues qui sont arrivés dans la salle. Et moi, en telle année, j'avais demandé un congé formation. Ça m'avait été refusé. Moi, j'avais demandé ça. Ça m'avait été refusé. Moi, j'aimerais bien, mais je ne pourrais jamais vivre de tel truc. En fait, tu te rends compte que tu es très loin d'être tout seul. Et le retour que tu as, ce n'est pas du tout. Oh là là, ça craint. Tu n'aimes pas les enfants. Ça veut dire que tu vas faire ton job à moitié si tu n'aimes Les gens, ils vont pas te répondre ça. Les gens vont sûrement juste te répondre Bah ouais, pour moi aussi, c'est pas la folie, quoi. Parce que c'est pas une surprise. Mais ouais, c'est vraiment un frein dans le sens où comme t'en parles pas, tu l'assumes pas trop. Du coup, c'est difficile d'aller de l'avant. Et je pense qu'il y a un autre gros frein, c'est le fait que tu peux difficilement te projeter puisqu'il faut demander l'autorisation pour tout. Donc tu peux pas te dire Tiens, à telle date, je vais demander à démissionner. Et puis, à telle date, je vais passer un entretien et je vais être embauchée. Oui, mais si on t'a refusé ta démission et qu'on ne te l'autorise que pour dans six mois, tu fais comment, tu vois ? Donc, c'est hyper dur de mettre les choses en place parce que tu es complètement dépendant de la réponse qu'on va te donner. Et comme ça manque de profs, c'est de plus en plus difficile de partir, forcément.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça. Parce qu'effectivement, on ne peut pas démissionner comme on veut avec un préavis de trois mois. Il faut avoir l'autorisation de...

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Pour démissionner, quoi.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Moi, je me souviens quand j'ai pris la décision de démissionner, j'avais l'impression aussi, et ce qui m'a un peu freinée aussi moi dans ma démission, d'abandonner le navire en fait, de laisser, je ne sais pas comment expliquer, mais de laisser le navire couler presque et de ne pas être solidaire ou qu'il y avait quelque chose à faire de là. Et je me sentais presque coupable de laisser les autres enseignants. Mais tu n'étais pas…

  • Speaker #1

    Oui. T'es pas la première que j'entends dire ça, et moi tu vois c'est pas quelque chose que j'ai eu, parce qu'au point où j'en arrivais, j'étais malade vraiment tout le temps, mentalement et physiquement ça n'allait plus du tout, et du coup j'avais été placée une semaine en arrêt, et clairement je m'étais dit, là je décroche complètement, j'arrive plus du tout à me battre en fait, j'étais malade vraiment tout le temps, je pouvais plus me lever, j'arrêtais pas de vomir, j'avais des plaques partout, des crises d'angoisse, vraiment ça allait loin. Et moi, mon impression d'abandonner le navire, c'était quand j'étais en arrêt. Parce que quand tu es en arrêt, dans le secondaire, je ne sais pas exactement comment ça se passe. Il y a des salles de permanence, donc c'était différent. Mais nous, en primaire, un prof qui n'est pas là, les 30 gamins, tu les répartis dans les classes des autres. Donc toi, tu as une classe de CM2, tu te retrouves avec des maternelles. Celui qui a une classe de CP, il se retrouve avec des CM1. Trois ou quatre enfants de plus dans ta classe, tu n'as même pas forcément le bon nombre de chaises pour les accueillir parce que ta classe est déjà surchargée. t'as rien à leur donner à faire, c'est de la garderie, ça te donne de la responsabilité à tes collègues. Enfin, tu vois, moi, c'était plus ça qui me gênait. Alors que partir... Je commençais un peu à me dire, de toute façon, je ne vais pas bien. Qu'est-ce que je peux apporter à ce stade-là ? Même si je faisais toujours en sorte d'être souriante, de bien faire les choses, de construire des projets, de machins, mais je savais que ce n'était pas viable. Et d'un autre côté, ce que je dis aux gens, mais c'est plus facile à dire qu'à penser quand on est dedans, mais c'est que ce n'est pas de notre faute s'il n'y a plus de profs, en fait. Nous, on ne part pas pour qu'il n'y ait plus de profs et pour laisser les enfants tout seuls. On part parce qu'on ne va pas bien, parce que le système est maltraitant. Ce qui n'a pour moi rien à voir. S'il n'y a plus de profs, prenez des remplaçants pour remplacer les profs qui ne sont pas là. Ce n'est pas censé être à nous de culpabiliser. Tu vas ouvrir des places au concours si ça manque de profs. Mais ne venez pas empêcher ceux qui ne vont pas bien de partir. Parce qu'après, tu peux te retrouver dans des situations dramatiques. Moi, je reçois des messages de profs depuis des hôpitaux et des hôpitaux psychiatriques, parfois, qui ont été jusqu'à la tentative de suicide. Je suis désolée, mais un métier, ce n'est pas censé t'amener là. Surtout quand c'est un métier passion. que tu as toujours rêvé de faire de ton mieux avec des enfants, des ados ou des jeunes adultes, tu n'es pas censé te retrouver dans ces situations-là. Même si c'est sûr que quand tu es dedans, tu as tendance à te dire j'abandonne, ce n'est pas cool des fois, il vaut mieux abandonner que de se mettre en danger.

  • Speaker #0

    C'est sûr, complètement. Est-ce que tu observes qu'il y a des métiers ou des secteurs particuliers dans lesquels les profs, naturellement, qu'il y a une forme de logique ou de continuité dans lesquels ils se reconvertissent ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression qu'il n'y a pas une seule réponse à ça. Je dirais que les deux profils que je vois le plus, ce n'est pas tant lié au métier, c'est lié au statut. En gros, j'ai l'impression qu'il y a ceux qui veulent garder une certaine stabilité, une certaine sécurité, qui vont plutôt passer des concours et par voie de détachement rester dans une fonction publique. Pas forcément l'éducation nationale, tu vois, mais complètement autre chose. Et d'un autre côté, il y a celles et ceux qui vraiment ne veulent plus d'hierarchie et veulent leur liberté à 100%. et qui vont partir vers l'auto-entrepreneuriat. Ce qui a aussi ses travers, et on n'est pas si libres que ça, puisque forcément, il y a d'autres peurs et d'autres choses à gérer. Et entre les deux, le salariat, c'est vraiment pas ce que je vois le plus. C'est presque le plus rare. Et après, pour les métiers en tant que tels, en vrai, j'ai déjà eu quelqu'un qui avait décidé de partir à l'usine fabriquer des cagettes, parce qu'elle ne voulait plus de charge mentale. Elle est très heureuse comme ça. Là, l'autre jour, j'intervivais quelqu'un qui était devenu attaché statisticien pour l'INSEE. J'interview des gens qui partent dans des métiers plutôt artistiques, la calligraphie, la relure, plutôt en lien avec le corps, type prof de yoga, danseur, des métiers parfois plus intellectuels. J'ai l'impression que ça peut être vraiment tout et son contraire. Après, je note que quand on a été prof et qu'on a vraiment aimé ça, il y a une forme de transmission qui reste un peu tout le temps. Donc, quelqu'un qui va partir, je ne sais pas, vers l'écriture. va petit à petit vouloir faire du coaching en écriture pour essayer de transmettre sa passion et ses compétences à d'autres. Ou il y a des gens qui vont partir justement dans l'aide à la reconversion, le coaching, la naturopathie, la sophrologie, tout ce qui va pouvoir apporter de l'aide aux personnes, soit pour le côté transmission, soit pour aider des gens qui sont dans un mal-être qu'elles et eux ont déjà vécu. Donc ça, j'ai l'impression que c'est quelque chose que je vois. La transmission, ça revient quand même souvent, même sur des métiers où parfois tu te dis... j'aurais pas forcément fait de lien avec l'enseignement là et puis en fait comme quoi.

  • Speaker #0

    Je suis pas étonnée parce qu'en fait il y a ce côté social au sens aide, accompagnement, transmission qui est présent dans le prof et du coup ensuite on va le décliner juste dans un autre contexte ou un autre...

  • Speaker #1

    Je pense que c'est lié à notre personnalité aussi, enfin je sais que moi j'aime beaucoup accompagner, aider, transmettre. Enfin, bien faire les choses. Et du coup, ça restera, que ce soit si c'est plus de l'enseignant pur. Moi, ça va être dans la rédaction, ça va être dans le milieu du podcast, ça va être dans l'aide à la reconversion. Ça va être autre chose, mais ça va être.

  • Speaker #0

    Oui, moi, je fais du coaching d'accompagnement, et toi aussi de la formation. Et en fait, c'est marrant aussi. Moi, ce que j'ai trouvé marrant, c'est que je n'avais pas vraiment de plaisir à enseigner à des petits. Mais finalement, aujourd'hui, enseignez-moi des choses qui me passionnent à des adultes. Là, j'ai beaucoup de plaisir.

  • Speaker #1

    C'est pas pareil.

  • Speaker #0

    Oui, il y a ce qu'on fait et l'environnement dans lequel on fait qui joue beaucoup aussi dans le plaisir que tu vas avoir. Parce qu'après, il y a aussi, quand on se pose des questions, tu le disais tout à l'heure, quand tu en as parlé en salle des profs, il y a d'autres qui t'ont dit oui, j'ai pensé à me reconvertir il y a deux, trois ans etc. Parfois, on peut avoir des coups de mood, être dans le creux de la vague et envisager des sorties. Et puis, on va retrouver un dynamisme, un nouveau sens. Est-ce que tu aurais des conseils justement pour les enseignants qui seraient aujourd'hui dans le creux de la vague pour savoir si c'est une démission qu'il faut ou s'ils peuvent retrouver du sens ou de la motivation dans leur métier ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut essayer de s'observer et de s'écouter, ce qui n'est pas toujours facile quand on arrive à un stade où on est un peu épuisé. Pour moi, si tu as un coup de mou tous les ans à la même période, mais qu'après ça va mieux, il y a des chances que ce soit le cas. Ou si c'est la première fois, ne claque pas la porte, parce que si ça se trouve, c'est passager. Si ça fait 2, 3, 4, 10 ans que ça ne va pas du tout, bon, ça veut peut-être dire qu'il faut changer quelque chose. Après, on n'est pas obligé de démissionner. et de perdre le bénéfice de son concours, tout de suite, il y a des options. Si vraiment, on sent qu'on ne veut plus rien avoir à faire avec ça, qu'on ne supporte plus, par exemple, le bruit, les enfants, bon, là, il faut peut-être faire quelque chose. Mais si c'est plus une histoire de poste, une histoire de collègues, une histoire de niveau, on peut aussi essayer de changer de poste. Mais par contre, je dis ça comme si c'était une solution. Après, ce n'est pas nous qui décidons quand et comment on change de poste. Mais je sais que... Moi, quand je me disais que ça n'allait pas, je m'étais toujours dit oui, mais c'est peut-être parce que je suis toujours en REP, donc les réseaux d'éducation prioritaire avec des enfants difficiles. Et puis un jour, je n'ai eu pas de la REP. Et ce n'était pas beaucoup mieux. C'était pareil, c'était à Tuco. Je trouvais peut-être même ça un peu plus ennuyeux. J'étais toujours mutée à une heure de chez moi pendant cinq ans. Et la dernière année, j'étais à 20 minutes de chez moi. Ça ne m'allait toujours pas. J'ai toujours eu des collègues sympas, pour le coup. Donc ça, je savais que ce n'était pas un problème. J'ai jamais eu de problème avec ma hiérarchie, donc je savais que c'était pas ça. Mais donc petit à petit, au fil des postes, parce que moi en six ans, j'ai jamais eu le droit à mon poste. J'ai même essayé un poste à profil en tant qu'enseignante surnuméraire. C'était intéressant, mais c'était intéressant un ou deux ans, tu vois, ça m'aurait pas intéressé plus. Et du coup, j'ai fini par me dire, la toute dernière année où vraiment j'ai eu le poste, parents rêves, près de chez moi, les meilleurs collègues que j'avais jamais eus, enfin une ambiance plutôt chouette, des parents géniaux et tout, j'étais là, mais en fait, là, j'ai ce que je voudrais avoir. Et en fait, je suis pas heureuse d'aller bosser, quoi. Enfin, genre, j'ai pas envie d'aller faire ça. Je préférerais, je le disais souvent, mais je préférerais faire des tâches automatiques. À la fin, je suis payée au SMIC et basta, tu vois. Et le reste de mon temps, c'est vraiment mon temps libre. C'est pas la préparation, la correction des projets, des réunions, des trucs qui sont jamais payés, quoi. Donc, je sais que, voilà, moi, c'est ce que je recommanderais. En gros, essayer de voir qu'est-ce qui ne va pas. Est-ce que dans les choses qui ne va pas, il y a moyen de changer un truc ? Si oui, franchement... tester, à ce stade, il n'y a plus rien à perdre. Si c'est ça, c'est une bonne nouvelle. Si ce n'est pas ça, ça vous ramène à l'idée de base de il faut peut-être changer de métier Mais ce n'est pas un mal de changer de métier. Je sais qu'au tout début du podcast, il y a des gens qui me disaient c'est un peu un échec, ça veut dire que je me suis trompée Mais moi, je ne vois pas ça comme ça. Moi, je voulais vraiment être prof. J'ai vraiment été contente d'avoir mon concours. J'ai vraiment été contente d'enseigner, même dans la dernière année où ça n'allait plus. J'ai eu des très beaux moments d'enseignement. C'est juste que je n'ai pas de là à en faire toute ma vie. Mais on change, on évolue forcément quand tu as 20 ans et que tu passes ton concours. Tu n'as pas les mêmes envies, la même vie, les mêmes aspirations que quand tu en auras peut-être 40 ou 60. C'est normal aussi de ne plus vouloir les mêmes choses. Pour moi, en tout cas, ce n'est pas un échec. Se poser les bonnes questions, prendre le temps, ça, ce n'est pas facile des fois, mais prendre le temps, prendre du recul et vraiment réfléchir, même si ce n'est pas agréable parfois de voir certaines vérités en face aussi.

  • Speaker #0

    Quelles sont les étapes finalement aussi dans les... les différents parcours que tu as pu écouter, les choses qui marchent bien finalement, si on veut gagner du temps, en tout cas dans ce processus de reconversion, qu'est-ce que tu conseillerais ?

  • Speaker #1

    J'ai l'impression que se faire accompagner, ça fait quand même gagner vachement de temps. Moi, j'ai mis du temps à le faire et j'ai mis quatre ans à me questionner. À partir du moment où je me suis fait accompagner, c'était vers février. Au mois de juin, je débutais une formation. En septembre, j'étais lancée à mon compte. Donc en fait, après ça dépend du type d'accompagnement. Il y a des gens qui savent ce qu'ils veulent faire, mais qui ne vont pas oser manquer de confiance en eux. Là, ça va être plus sur du coaching finalement, pour avoir un peu cet effet miroir, avoir des outils, des clés qui permettent d'aller plus loin, de mettre des choses en place, même dans le quotidien. Des fois, ce n'est pas que le pro le problème, c'est aussi des croyances personnelles ou des situations personnelles qui sont bien réelles. Oui, l'accompagnement, pour moi, c'est ça. Après, il y a des gens, des fois, ils ne savent pas du tout quoi faire ou alors ils ont plein d'idées. et ils savent pas laquelle prendre. Ou alors, ils ont des idées, pas tant que ça, les bonnes, normalement, qui leur plaisent, mais ils savent pas comment faire pour que ce soit rentable. Parce qu'il y a aussi cette question-là. Derrière, il faut pouvoir en vivre aussi de ton nouveau métier, dans la majorité des cas. Du coup, des fois, le bilan de compétences, ça peut être une bonne idée. Parce que c'est vrai que quand t'as été prof, que t'as toujours voulu faire ça, moi, je veux faire ça depuis que je suis petite, je me suis jamais posé de questions du genre est-ce que j'ai envie de bosser dans un bureau ou dehors ?

  • Speaker #0

    Est-ce que j'ai envie de travailler plutôt le soir ou le matin ? Enfin, je dis des choses toutes bêtes, je me suis jamais posé la question. Est-ce que je me sens capable d'être à mon compte ou pas ? Est-ce que je préfère travailler dans une entreprise ? Est-ce que j'ai envie des collègues ou est-ce que je préfère être seule ? Enfin, c'est des questions qu'on ne se pose pas forcément. Et parfois, d'avoir le retour de quelqu'un dont c'est le métier sur aussi nos compétences, qui sont parfois nos points forts et nos points un peu plus faibles. Est-ce qu'on a moyen de trouver un job qui va nous correspondre le mieux possible sans nous épuiser ? Parce qu'il y a ça aussi. Mais vraiment, moi, je recommande finalement de se faire accompagner. Tu vois, j'ai bien changé d'idée sur les cinq dernières années parce que c'était, mais alors, pas du tout mon truc. Moi, j'avais une révulsion du mot coaching. En plus, je voyais ça partout sur Instagram. Je me disais, mais non, mais c'est n'importe quoi. Et puis finalement, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Donc, bien choisir les personnes par qui on veut se faire accompagner. Il faut que le feeling passe aussi. Je me suis rendu compte, pour moi en tout cas, c'était hyper important, même si c'est dans le cas d'une reconversion. professionnel. Si moi, d'un point de vue personnel et humain, je me sens pas à l'aise avec la personne et que j'ose pas vraiment dire les choses, bah c'est un peu bête parce que du coup t'avances pas vraiment. Donc faut vraiment avoir confiance et se sentir bien. Généralement, la personne en face fait en sorte que tu te sentes bien. Mais c'est vrai que ça change pas mal la donne. Donc si les gens qui écoutent ont la possibilité, des fois c'est le frein du coup, ça peut être un peu le frein financier. Faut faire un peu le rapport humain. temps finance. En gros, si vous avez les moyens de le faire, même si c'est un coût, moi je vous recommande de vous faire accompagner par quelqu'un parce que vous allez gagner un temps monstrueux. Si vraiment, vraiment, vous n'avez pas les moyens, et bien voilà, avancez à votre rythme. Après, on peut essayer de s'entourer sur, pour les enseignants, il y a des groupes Facebook, des forums, il y a des choses même sur Instagram, il y a plusieurs podcasts maintenant, il y a, moi là, je voudrais lancer une vidéo pour les enseignants. on s'entraide, qu'on discute, qu'on ose dire les choses sans être jugé et tout, bon, c'est pas un coaching, parce que je suis pas coach, mais au moins, ça permet à ceux qui ont pas forcément les moyens de partir vers un coaching, de quand même pouvoir dire ce qu'ils ont sur le cœur, comparer ce que l'un a fait, ce que l'autre a fait, ce que l'un a raté, que l'autre a réussi, et essayer d'avancer quand même. Mais d'une manière ou d'une autre, c'est vrai que si les personnes ont les moyens, en se faisant accompagner, on gagne quand même beaucoup de temps dans sa réflexion, et on ose aussi plus facilement.

  • Speaker #1

    Ouais, moi j'étais un peu comme toi, Moi toute seule, moi toute seule, je vais trouver mes propres solutions. Et je pense que j'ai perdu beaucoup de temps en ne faisant pas accompagner à l'époque, clairement. Est-ce que tu as des ressources spécifiques, justement des groupes ou des forums que toi t'aimes bien, que tu dis ah ouais tiens, ça c'est vraiment sympa, que tu pourrais nous conseiller ?

  • Speaker #0

    Ouais, en groupe, sur Facebook, il y a une page qui s'appelle Prof, tu veux changer de métier ? qui compte 20 ou 25 000 membres pour maintenant. Enfin, il y a vraiment des profs qui veulent changer de métier. Et l'avantage de ce groupe, il est tellement gros et il est tellement ancien qu'avec la petite loupe dans la barre de recherche, si on veut chercher, je ne sais pas, assistante sociale pour voir si quelqu'un est déjà devenu assistante sociale, on va forcément tomber sur quelqu'un qui s'est posé les questions ou qui l'a fait. Du coup, on peut directement contacter ces personnes-là et poser la question. Donc moi, il y a mon podcast Avant j'étais prof où j'interview des profs qui ont été enseignants qui sont partis. Mais il y a aussi un podcast qui s'appelle Ta reconversion de prof d'Amandine qui a plus un côté développement personnel. Donc elle apporte plus des solutions pratiques. pour le quotidien, pour avancer dans sa démarche de reconversion. Et puis, il y a le superbe livre de Natacha Colbert, qui est une ancienne prof également, qui s'appelle Le guide de la reconversion des profs où il y a 150 pages axées en trois piliers différents sur, ça part de nous, des bonnes questions, justement, qu'il faudrait se poser. Elle a fait ça super bien, elle a même laissé des espaces blancs pour qu'on puisse écrire dessus et avancer dans nos réflexions. Il y a tout un panel des reconversions possibles, même des reconversions possibles dans la fonction publique, des accompagnements qu'on peut avoir quand on veut se lancer à son compte pour ne pas avoir à se lancer dans le vide. Il y a vraiment tout ce qu'il faut pour se faire aider dans sa reconversion. Et pour le coup, c'est un tout petit investissement. Il coûte une quinzaine d'euros, je crois. Et il y a tout ce qu'il faut à l'intérieur parce qu'elle, elle est passée par là. Moi, j'ai travaillé sur la relecture avec elle. Franchement, je n'ai rien vu qui manquait. Donc, c'est vraiment archi complet et ça permet de l'avoir toujours sous le coude. Puis voilà, ce n'est pas un gros investissement. Et quand c'est fini, on le passe à son voisin, parce que notre voisin, il a sûrement aussi voulu changer de métier.

  • Speaker #1

    Il fallait se traîner sur la table de la salle des profs.

  • Speaker #0

    Exactement. C'est un peu les ressources que je recommanderais sur Facebook et au format audio et au format livre. Comme ça, il y en a un peu pour tous les goûts. Il y a l'association EdoProf aussi, j'y pense, qui accompagne des profs dans leur reconversion. Donc, c'est vraiment axé enseignement. L'avantage de l'association, c'est que Rémi Boyer, son fondateur, il est hyper calé dans tout ce qui est chiffres, réglementations, lois, textes, etc. Ce qui n'est moi pas du tout mon truc. Donc souvent, moi, je dis, si vous voulez être sûr, j'ai trop peur, moi, de dire des bêtises et que les gens se retrouvent dans des situations un peu banquelles. Et du coup, je finis toujours par dire, allez voir votre gestionnaire, vos conseillers en RH ou tout ça. Et je sais que du côté de l'association, ils sont hyper calés dans les textes qui décortiquent à la lettre près. Je sais qu'ils sont aussi d'une grande aide pour la reconversion. Et pour le coup, ils existent depuis très longtemps, donc ils ont l'expérience aussi. Pour les gens qui veulent se faire accompagner physiquement, même si c'est à distance, c'est aussi une option.

  • Speaker #1

    Hum, super. J'aimerais bien qu'on revienne sur le sujet de la confiance en soi. Je trouve qu'effectivement, quand on est prof, en tout cas, il y a beaucoup de profs qui ont l'impression de ne rien savoir faire, de ne rien avoir appris, de valables, enfin qui seraient valables justement dans un autre métier, dans le privé, en se faisant des fausses représentations de ce que c'est le privé. Mais quelles sont, selon toi, les principales compétences qu'on développe quand on est prof ?

  • Speaker #0

    Ah ben, figure-toi que moi, j'avais trouvé un poste à Rennes pour l'office du tourisme. En compétence, il demandait, en qualification, il demandait d'avoir le master MEF, donc le master des enseignants. Et typiquement, c'était un poste où il fallait être capable d'apprendre un certain nombre de connaissances assez rapidement et de pouvoir les restituer à l'oral en groupe, en faisant des visites culturelles et historiques dans la ville de Rennes et être capable de prendre des retours et d'améliorer son travail et faire des présentations. Et en fait, tu vois, tout ça, parole en public, on ne se rend pas compte parce qu'on le fait tous les jours quand on est prof. Et tout le monde autour de nous le fait, puisque tu prends dans toute l'école ou dans tout l'établissement, c'est dans le secondaire, tout le monde est prof. Donc tout le monde sait parler devant un groupe de 30 personnes et de 30 adultes quand c'est la réunion de parents, tu vois. Donc c'est quelque chose qui nous paraît presque normal, sauf que quand tu regardes en dehors, il y a combien de personnes qui sont vraiment capables de parler devant un groupe de 30 sans se liquéfier, tu vois. Et en parlant bien, à voix claire, en posant sa voix, en ayant un vocabulaire quand même diversifié, en sachant s'adapter à son public et aux spécificités de chacun. Ça pour moi, c'est une compétence que... En fait, tu l'apprends vraiment sur le terrain et on ne se rend pas compte comme on a l'impression que tout le monde l'a. Et ensuite, dans la vie quotidienne, admettons que tu rentres en entreprise, tu es largement capable de travailler en équipe, tu es capable d'écouter et d'écouter vraiment, tu es capable de retirer des choses de ce que tu as écouté, tu es capable de proposer des choses, tu es capable de t'affirmer, tu es autonome, tu sais gérer, tu sais gérer des conflits. Toi, c'est des petites choses bêtes qui sont rarement... demander sur une fiche de poste, on va pas te demander, est-ce que tu sais gérer un conflit ? Parce que c'est le but de travailler entre collègues parfois. Mais nous, on sait le faire, parce qu'on a appris à le faire, parce qu'on n'a pas le choix, c'était comme ça et pas autrement. Quand tu dois envoyer des mails, c'est sûr que toi, si tu dois envoyer des mails à un client, il n'y aura pas de faute dedans. Alors qu'il y a des gens qui ne maîtrisent vraiment pas très bien du tout la langue française et pour qui ça va être un calvaire de devoir envoyer un email, tu vois. Donc en fait, c'est vraiment des petites choses du quotidien qui sont... Et je trouve que quand on sort en plus de l'enseignement, on a une espèce de boost de confiance en soi qu'on n'avait pas avant, de se rendre compte que, un, on l'a fait, donc on est déjà fiers de ça, et de deux, on commence notre nouveau métier et on se dit, en fait, on n'est pas si nuls. Ça va, quoi, parce qu'on regarde un peu autour de nous, mais dans un nouvel environnement. Depuis être entre profs, c'est quand même pas pareil. En fait, les enseignants sont assez perfectionnistes. Ils ont toujours envie de mieux faire et ils vont toujours passer beaucoup de temps pour que ce soit parfait, parce que, bah, aussi, t'es... Tu traites avec de l'humain, donc forcément, t'as envie de faire de ton mieux. Mais après, quand tu te rends compte que, tu vois, moi, aujourd'hui, je travaille avec soit des podcasts, soit des textes. Alors oui, il y a des humains derrière, mais t'as pas la même responsabilité. Tu vois, donc tu redescends d'un cran. Enfin, personne va mourir parce que tu lui as donné une cacahuète au goûter alors qu'il fallait pas, tu vois. Enfin, c'est pas du tout la même responsabilité. Donc, je trouve que ça dédramatise un petit peu. Alors, à moins, évidemment, de partir dans le médical ou ce genre de choses, tu retrouves des problématiques similaires. Mais globalement, je vois les enseignants quand ils se reconvertissent, ils ont quand même une... une baisse de stress qui est aussi liée à ça. Ce n'est pas la même responsabilité. Mais n'empêche que tu vas savoir gérer un groupe quand même et prendre en compte des spécificités. En fait, tu sais faire plein de trucs et j'ai l'impression qu'on s'en rend compte, même si on le lit, moi je l'ai lu avant de partir, mais j'ai l'impression qu'on s'en rend compte de tout ce qu'on sait faire une fois qu'on est amené à le faire en dehors.

  • Speaker #1

    Super. Est-ce que tu aurais un dernier message finalement pour nos auditeurs, profs ou pas profs, mais qui envisagent de se reconvertir ?

  • Speaker #0

    De prendre le temps de se poser les bonnes questions, pas partir à la va-vite et partir à tout prix et se retrouver après un peu dans le pétrin et regretter, parce que ce n'est pas le but. Se faire accompagner si besoin et si on a les moyens. Et puis, essayer de trouver un équilibre, du bonheur dans son travail si c'est quelque chose qui compte pour nous. Et sinon, à défaut, au moins un équilibre au perso. Mais de ne pas hésiter finalement à oser. ça fait cliché, mais presque à croire en ses rêves, parce qu'en fait, moi, je vois des reconversions où je me dis Ah ouais, c'était possible, en fait. Quand je vois des gens, je pense à des gens passionnés. En ce moment, je suis sur Instagram, une céramiste qui s'appelle Sauvargile, qui est prof, elle est toujours prof à temps partiel, mais elle fait des céramiques trop cool, et elle a l'air contente de vivre de cette activité-là. Je pense à Diana, de l'entreprise Letter in Paris, que j'avais interviewée ma première saison. Elle était devenue calligraphe. Quand t'es petite, tu te dis, moi, plus tard, je vais être calligraphe. Eh ben, elle est vraiment calligraphe. Et des fois, elle est invitée sur des grands événements dans les galeries Lafayette et fait de la calligraphie sur des objets de marques magnifiques, tu vois. Et tu te dis pas que c'est forcément possible. Ou les gens qui disent, ah, moi, j'aimerais bien vivre de ça, mais c'est pas possible. Il y a des gens qui arrivent à devenir auteurs, cinéastes, tu sais, des choses improbables. C'est juste que parfois, ben, c'est pas, tu démissionnes. Et le lendemain, tu vas faire ce métier de rêve. Parfois, c'est que tu démissionnes pour déjà te reprendre un peu en main et que ça aille mieux, gagner du temps, etc., quitte à passer par un job alimentaire ou par un temps partiel et une activité cumulée à côté, tu vois, pour au moins te décharger l'esprit. Et puis après, au fil des étapes, peut-être que tu deviendras telle ou telle chose que tu as toujours voulu, tu vois. Mais ce n'est pas obligé de se faire chaque an des doigts, en fait. C'est pour ça que quand je dis prendre le temps, c'est le temps de se poser les questions et pas être... Il ne faut pas être impatient, je pense, dans une reconversion. Je pense que la lampe est... à ce moment-là, c'est un vilain défaut parce que tout prend beaucoup de temps, il faut accepter que ça prête du temps même si je comprends bien que c'est pas du tout agréable quand t'es dedans, mais ouais oser, croyez

  • Speaker #1

    Tu as des regrets de ton côté ?

  • Speaker #0

    Moi j'en ai aucun, quand je passe devant l'école, alors j'ai pas de colère je sais qu'il y a des gens à l'inverse qui ont de la colère moi pendant un moment j'ai eu une sorte de dégoût, c'était assez bizarre dans les écoles et devant des enfants je me disais oh non, quelle horreur tu es lui Le bruit, les cris, ça bouge, machin. Je me dis, ah non, c'est fini, je veux plus. Là, maintenant, j'ai plus ça. Mais quand je passe devant des écoles, je me dis juste, bien joué, Florence. C'est pas toi qui es prof. Je me dis juste ça. Je me dis, oh là là, j'ai vraiment bien fait de partir parce que vraiment, j'ai pas du tout envie d'y retourner. Et c'est vrai que, comme je disais tout à l'heure, moi, il n'y a rien du tout qui me manque. Même si j'adorais mes collègues, j'adorais les relations parents, mes élèves, globalement, ça se passait très bien. Mais juste, je pense... suis pas faite pour ça dans ces conditions-là. Moi, je ne peux pas faire les choses assez bien et comme chaque enfant le méritait. Et je ne trouvais pas ça juste, ça n'allait pas avec mes valeurs. Et bref, c'est mieux aujourd'hui. Donc non, vraiment, pas de regrets.

  • Speaker #1

    Super. Un grand merci en tout cas pour ton témoignage et puis tout ton partage.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    A bientôt. Au revoir. Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a inspiré. et apportez des clés précieuses pour avancer dans votre projet de reconversion. Si vous l'avez trouvé utile, n'hésitez pas à vous abonner à Ma Révolution Pro, à laisser une note 5 étoiles et à partager ce podcast avec ceux qui pourraient en bénéficier. Pour approfondir votre réflexion, n'oubliez pas de télécharger gratuitement votre livret d'exercices disponible dans la description. Et si vous avez envie d'aller plus loin, visitez mon site marevolutionpro.com pour découvrir comment je peux vous accompagner dans votre envie de changement. On se retrouve très bientôt pour un nouvel épisode. Alors d'ici là, continuez à explorer et à vous rapprocher du métier qui vous correspond vraiment. Il n'est jamais trop tard pour créer la vie professionnelle dont vous rêvez.

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