Speaker #0Tim Tim, bois sec, yé cric, yé crac, est-ce que la cour dort ? Non, la cour ne dort pas. Yé, Misty Cric, yé, Misty Crac. Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast MesSortiesCulture. Savez-vous quel sentiment Degas nous montre dans ce tableau ? Écoutez jusqu'à la fin pour le découvrir. Aujourd'hui, je vais vous parler de l'absente de l'absinthe. Vous pouvez retrouver le visuel sur internet, entre autres sur nos tartines de culture. Le lien vers l'article est dans la description. Les multiples représentations de ballerines de l'Opéra comptent parmi les œuvres les plus connues d'Edgar Degas. Mais ce peintre des moeurs de son temps a également su saisir la vie de bohème dans le Paris de Montmartre, les déboires et la mélancolie des artistes. C'est ce qu'il nous montre à travers "Dans un café", dit aussi "L'absinthe", peint en 1876. Pour comprendre quel en est le sujet principal, il faut remettre la scène dans son contexte. Comme Zola dans son Assommoir, qui connaissait le travail de Degas, le peintre s'attache à décrire ici avec réalisme les ravages de l'alcool au XIXe siècle, et en particulier ceux de l'absinthe, alcool fort, qui contient une molécule neurotoxique et s'est révélée si dangereuse qu'il fut longtemps interdit. Pour cet 3instantané", En réalité réalisé surtout dans son atelier, Degas fait poser deux amis, l'actrice Ellen André et le graveur Marcelin Desboutin. Quand le tableau est exposé à Londres, il fait sensation : il apparaît alors scandaleux de montrer une femme qui boit. Degas devra d'ailleurs expliquer que ses amis Hélène et Marcelin ne sont pas portés sur la bouteille, sans quoi il aurait nui à leur réputation. Yé cric ! Yé crac ! Tim Tim ! Bois sec ! Sur cette image, les deux protagonistes sont côte à côte, mais chacun semble enfermé dans sa solitude. L'homme ne fait aucun cas de sa voisine. Leurs reflets dans le grand miroir ressemblent à des ombres manifestant la part sombre de leur psyché. Le visage de la buveuse exprime une insondable tristesse; Les yeux dans le vague, on voit qu'elle est présente physiquement, mais plongée mentalement dans un autre monde, assommée sans doute par la boisson. L'absinthe la rend absente. Et Degas parvient à restituer très concrètement cette absence. Le verre est d'ailleurs un point focal très important dans le tableau avec son contenu presque fluorescent, fascinant. C'est un tout petit élément, un détail, mais en réalité il s'agit bien du sujet central de la peinture. Notons aussi comment Degas installe un procédé de cadrage photographique, presque cinématographique, en forçant l'œil à zigzaguer - ivre ? - dans une grande zone qui n'est occupée que par des tables blanches et presque vides, comme si nous entrions dans le café avant de venir au "couple" et au sujet éthylique du tableau. Les personnages se retrouvent donc littéralement décentrés au bord du cadre. Ils sont sur le plan d'être mis au banc de la société, du moins de disparaître de l'espace social. C'est cette détresse que Degas parvient à nous montrer, par son extraordinaire sensibilité et par une utilisation très sophistiquée de la composition. Je vous remercie pour votre écoute. J'espère que cette découverte culturelle vous a plu. Je vous invite à aller sur la plateforme d'écoute de votre choix pour nous laisser 5 étoiles ou un avis. Nous nous retrouverons dans deux semaines pour un nouvel épisode. Abonnez-vous à notre podcast « Mes sorties culture » pour ne rater aucun épisode. D'ici là, vous pouvez aller sur le site web messortiesculture.com pour trouver des visites guidées pour découvrir notre patrimoine culturel et aussi répondre à nos #mardidevinette et à nos #enigmeduvendredi toutes les semaines sur Instagram et Facebook. Tous les liens sont dans la description. A bientôt !