undefined cover
undefined cover
Thibaud Duchosal: Rester humble et se remettre en permanence en question cover
Thibaud Duchosal: Rester humble et se remettre en permanence en question cover
Metastory

Thibaud Duchosal: Rester humble et se remettre en permanence en question

Thibaud Duchosal: Rester humble et se remettre en permanence en question

40min |05/10/2024
Play
undefined cover
undefined cover
Thibaud Duchosal: Rester humble et se remettre en permanence en question cover
Thibaud Duchosal: Rester humble et se remettre en permanence en question cover
Metastory

Thibaud Duchosal: Rester humble et se remettre en permanence en question

Thibaud Duchosal: Rester humble et se remettre en permanence en question

40min |05/10/2024
Play

Description

Dans cet épisode captivant de Metastory, Sébastien Meunier reçoit Thibaud Duchosal, skieur professionnel et fondateur de Xplore Alpes Festival. Thibaud partage avec nous des moments clés de sa vie, notamment l'accident qui a bouleversé sa vision du monde et a redéfini son parcours personnel et professionnel.


Le parcours de Thibaud :

Passionné de montagne depuis son plus jeune âge, Thibaud raconte comment le ski est devenu un véritable fil rouge dans sa vie. Malgré les épreuves, comme un accident à l'oeil survenu lors d'un match de hockey, il a su rester résilient. Cet événement marquant lui a imposé une longue rééducation à l’hôpital, mais a aussi révélé sa détermination à poursuivre ses rêves sportifs.

Les valeurs qui guident son quotidien :

L'humilité et la remise en question sont des piliers centraux de sa philosophie de vie. Thibaud explique l'importance de toujours rester à l'écoute, que ce soit dans la gestion des risques en montagne ou dans le cadre de l'entrepreneuriat. Il illustre brillamment cette idée avec une analogie surprenante : le "mode hélicoptère", qui consiste à prendre du recul pour mieux appréhender les situations complexes et ensuite redescendre avec une solution.

Créateur d'un festival de cinéma :

Outre son parcours de skieur, Thibaud est également l'organisateur du Xplore Alpes Festival, un événement dédié au cinéma, à l’aventure et à la découverte, qu'il présente dans cet épisode. Il évoque la naissance de ce projet et comment sa passion pour la nature et les défis extrêmes a ouvert de nouvelles portes dans sa carrière.

Cet épisode est une véritable plongée dans l’univers d’un sportif de haut niveau, où chaque décision est le fruit d’une réflexion minutieuse. À travers des anecdotes inspirantes, Thibaud nous rappelle que, même dans un sport perçu comme extrême, chaque action est calculée avec précision.


À découvrir : Si vous êtes passionné par la montagne, l’aventure, ou si vous cherchez simplement un exemple de résilience et d'humilité, cet épisode est fait pour vous ! N’hésitez pas à plonger dans cette conversation inspirante avec Thibaud Duchosal.



Musique : BELIEVE IN YOURSELF - ALEKSANDAR KIPROV

© 2024. Medialab Factory.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    MediaLab Factory

  • Speaker #1

    Cet accident, il a changé ma vision de la vie, c'est le cas de le dire, et il a créé le parcours que j'ai aujourd'hui. Sur un match de hockey, je prends un coup de crosse. Je fais trois mois à l'hôpital, trois mois assez longs, assez durs, parce que j'ai eu plusieurs opérations. À la sortie de ce passage-là, le chirurgien me dit qu'il faut que j'arrête le sport. On a souvent la remarque qu'on fait un sport de kamikaze, qu'on est des fous, alors qu'en fait, on est dans une discipline ultra réfléchie. On est dans une analyse permanente des risques. de gestion, de prise de risque, d'observation, d'analyse de comportement, de météo. Et en fait, c'est très cérébral. Ça peut paraître paradoxal parce que quand on voit les images, on se dit Waouh, c'est des fous, c'est des tarés mais tout est contrôlé, tout est maîtrisé. La ligne de conduite principale que je garde, c'est rester humble, se remettre en permanence en question, être à l'écoute. Alors, à l'écoute de l'écosystème quand tu es en entreprise, mais à l'écoute de la nature quand tu es en pleine montagne et être capable de réagir rapidement. Un grand chef d'entreprise que je connais, il me dit, tu sais Thibault, les meilleurs chefs d'entreprise, c'est ceux qui sont capables de faire l'hélicoptère. Je dis, mais c'est quoi l'hélicoptère ? Il me dit, en fait, en pleine situation de réflexion, c'est tu prends de la hauteur, comme un hélicoptère, tu montes avec ton rotor, tu regardes ta situation depuis le haut, tu prends ta décision et tu redescends et tu la transmets à tes équipes. Avec le travail, ça paie. On progresse tous les jours, on apprend tous les jours.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans un nouvel épisode de Metastory, le podcast qui raconte les histoires de mes invités. pas seulement leurs histoires, mais toutes ces petites histoires qui font qu'ils sont qui ils sont aujourd'hui. Et aujourd'hui, je suis très heureux d'accueillir, dans un environnement d'enregistrement un petit peu spécial, puisqu'on est au cœur de Lyon avec beaucoup de bruit autour de nous, Thibaut Duchosal. On va voir avec lui. Alors Thibaut, vous êtes sportif de haut niveau, fondateur du Explore Festival. Et je suis sûr que vous avez tout un tas de choses à nous raconter. Tout d'abord, comment allez-vous ?

  • Speaker #1

    Écoutez, je vais bien. Effectivement, on va avoir pas mal de choses à dire.

  • Speaker #0

    c'est une bonne présentation athlète organisateur d'un festival c'est bien pour la mise en bouche mais alors justement Thibaut si vous deviez vous présenter mais pas à n'importe qui à Thibaut quand Thibaut avait 10-12 ans comment vous vous

  • Speaker #1

    décririez aujourd'hui qu'est-ce que vous lui diriez je suis Thibaut j'ai fait tout un tas de choses je lui dirais je suis Thibaut passionné de montagne qui qui a été le fil rouge tout au long de mon parcours pour mes diverses activités. Et j'ai entrepris plein de choses, et notamment le fait d'être un skieur professionnel qui a ouvert plein de portes derrière.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est ça en fait. C'est l'entrée, c'est le ski. Puis derrière, ça nous amène jusqu'à ce festival. On y reviendra tout à l'heure. Si peut-être qu'on va se tutoyer, ça irait mieux. On aura peut-être plus facile de rentrer dans ton histoire. Moi, ce qui m'intéresse justement, c'est cette histoire de ski et d'amour pour la montagne. Tu nous partages énormément de choses sur LinkedIn notamment et tu nous montres au quotidien ton amour pour la montagne. C'est quoi ce lien que tu as avec la montagne ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'à travers mon parcours notamment d'athlète, j'ai voyagé dans beaucoup d'endroits incroyables dans le monde. Toujours en lien avec la montagne puisque c'était avec mon activité pour faire des films ou des tournages photos. J'ai eu cette chance incroyable et ça, je le dois à la montagne, à mon environnement. C'est un mix entre la passion du sport et cette montagne qui m'a permis de m'accomplir aujourd'hui en tant qu'adulte et à travers mon parcours sportif et entrepreneurial.

  • Speaker #0

    D'accord, donc le lien fort, c'est ta vie et la montagne.

  • Speaker #1

    Oui, parce que j'y suis né, j'y ai grandi, donc il y a de l'affectif, il y a de l'émotion, il y a mon cocon, mon noyau qui est dans ces vallées montagnardes. Et puis dans cet environnement, surtout à notre époque, c'était peut-être plus simple. j'étais tout le temps dehors, gamin, en pleine nature, en pleine montagne. Et donc, j'ai développé un amour inconditionnel pour ce territoire.

  • Speaker #0

    À quel moment on se dit, on va se lancer dans le sport de haut niveau autour du ski ? C'est quoi ? On a fait les piou-piou, la première étoile, la deuxième étoile, et après on se dit, on y va, j'ai un potentiel ?

  • Speaker #1

    Pas réellement en fait, parce qu'en ce qui me concerne, évidemment, moi j'ai fait du ski, j'habite en Tarentaise, c'est au pied des plus grandes stations de ski au monde. Mes parents m'ont mis au ski club, donc j'ai été plutôt un bon niveau, j'ai fait de la compétition. Puis parallèlement, j'ai toujours été aussi un... un sportif multicorde et j'étais en fait un très bon nageur et accessoirement de mes 7 ans jusqu'à la période de la quatrième c'était cinq entraînements par semaine plus les compètes le week-end et en parallèle je faisais du ski donc j'étais très fort en natation j'étais très bon au ski mais j'avais pas autant de temps en tout cas j'y consacrais moins de temps et puis un jour la piscine de bourg a fermé et j'ai perdu tout mon niveau parce que A cette époque-là, on dépend des parents pour aller s'entraîner et donc de la logistique de transport. Et je suis passé de cinq entraînements semaine à un entraînement semaine. Donc j'ai en quelque sorte perdu mon niveau et du coup, le ski qui était à proximité, je me suis reconcentré sur le ski. Un peu trop tard pour accrocher les groupes élites en équipe nationale, mais assez suffisamment pour faire des compétitions à haut niveau. Et puis à cette époque, l'émergence du ski freeride, c'était le tout début du ski extrême. avec une compétition qui se déroulait notamment aux arcs, une compétition mondiale, avec pour moi une sorte d'exemple sous les yeux. Et puis on se dit, pourquoi pas moi ? J'avais un bon niveau en ski, je voyais ce qu'il faisait. Avec notre club des sports, on faisait souvent aussi de la poudreuse, ce qu'on appelle du ski hors piste.

  • Speaker #0

    Là où moi je tombe, à chaque fois j'y vais, mes potes y vont. Oui,

  • Speaker #1

    et moi c'est venu naturellement. Donc je ne m'étais pas dit, je serais sportif de haut niveau, rien du tout. Ça s'est fait en cours de route. Et puis parallèlement, les études. Si j'ai toujours eu cette passion pour le sport et que je voulais en faire en quelque sorte ma vie, au début avec une vision un peu idéale de faire preuve de sport, mes parents, à travers les études, m'ont dit Non, non, tu vas faire un vrai métier. Parce qu'on savait que la filière STAPS était un peu bouchée. Et donc, j'ai suivi des études. Et puis après, un coup du sort en fin d'études a fait que je suis reparti dans une vie d'athlète professionnel.

  • Speaker #0

    Le ski freeride, pardon. Comment on y vient et qu'est-ce qu'on ressent ? Parce que moi, j'ai vu des vidéos, notamment au Explore Festival l'an dernier, de ces athlètes qui descendent un petit peu. Il y a des massifs rocheux, il y a des choses. C'est très dangereux, non ? Est-ce qu'on a peur quand on est en haut d'une montagne et qu'on doit la descendre ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, c'est un sport extrême. Évidemment, il y a une prise de risque qui peut être élevée. Ensuite, on est dans un milieu hostile qui s'appelle la montagne. Même si c'est magnifique, que c'est beau, que c'est à trac... Tif, entre guillemets, le danger est toujours présent. Donc ça, on le sait. Après, il y a un côté adrénaline, en fait. Et c'est ça qui fait que quand on accroche, généralement, on en fait de plus en plus parce que c'est des énormes décharges d'adrénaline. C'est comme de la drogue, en fait. Et on a envie et encore plus envie à chaque fois de prendre ces décharges. En termes de sensation, c'est difficile à décrire parce que tant qu'on n'en a pas fait, on ne comprend pas vraiment. C'est une sorte de liberté. C'est un sentiment de supériorité qui se crée avec l'adrénaline. J'arrive à dominer les éléments. Mais c'est assez paradoxal parce qu'en même temps, on sait qu'on est un petit microbe dans ce milieu, qu'une avalanche ou un moindre accident, dérapage, une pierre cachée, ça peut tourner mal. Il y a un sentiment de peur qui est là. Et tant mieux, tant que la peur est présente, c'est bon signe. Parce qu'à partir du moment où elle disparaît, c'est là que l'accident survient. Donc oui, on a toujours un peu peur, mais après, l'adrénaline est tellement forte que l'attraction de ce genre de sentiment de décharge d'adrénaline fait que ça surpasse tout.

  • Speaker #0

    Et toi, tu t'es fait peur un jour sur une descente comme ça ? Mais vraiment, je veux dire, vraiment, le truc où tu te dis là, à ce page, on n'a pas cette discussion aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Pas réellement, parce que j'ai eu plusieurs anecdotes, on s'est retrouvé dans des situations un peu tendues. Notamment avec mon pote Lucas, mon pote argentin, parce qu'on a fait beaucoup de voyages ensemble, et puis en allant loin de tout, on s'est retrouvé dans des situations un peu engagées. Mais contrairement à ce qu'on pense, on a souvent la remarque qu'on fait un sport de kamikaze, qu'on est des fous, alors qu'en fait on est dans une discipline ultra réfléchie. On est dans une analyse permanente des risques, de gestion, de prise de risque, d'observation, d'analyse de comportement, de météo, et en fait c'est très cérébral. Ça peut paraître paradoxal, parce que quand on voit les images, on se dit c'est des fous, c'est des tarés mais tout est contrôlé, tout est maîtrisé. Et du coup, ça fait qu'au final, c'est une exécution qui se fait presque normalement. Mais je dirais comme n'importe quel métier, quand on l'a répété, répété, c'est l'expérience qui est là, qui aide à faire. Donc là-dessus, il n'y a pas de ressentiment particulier.

  • Speaker #0

    Donc tu nous disais, j'ai beaucoup voyagé avec Lucas. Tu es allé où toi ? Les endroits les plus merveilleux où tu as pu pratiquer cette discipline complexe ?

  • Speaker #1

    J'ai vraiment parcouru tout le globe. Je vais citer quand même trois zones que j'adore. La première, c'est la Patagonie avec l'Argentine. C'est des contrées lointaines avec vraiment des paysages grandioses où on se sent vraiment tout petit au milieu de la nature parce que les forces de la nature, le vent notamment, sont tellement puissants que... On sent bien qu'on n'est rien et qu'on est en plus perdu au milieu de nulle part. Le Kamchatka, la péninsule qui est à l'extrême est de la Russie, juste au-dessus du Japon, avec ses volcans actifs, avec des sommets qui peuvent aller jusqu'à 4000 mètres et l'océan à perte de vue. C'est vrai que là, c'est des paysages qui sont grandioses. Et puis, un voyage aussi qui m'a marqué, c'est le Groenland. Le Groenland avec ce côté silencieux, paysages immaculés, ambiance incroyable, population locale très sympathique. Mais je pourrais citer plein d'autres pays en fait, parce que le problème, c'est qu'à chaque endroit, il y a des trucs de dingue.

  • Speaker #0

    Oui, c'est une nouvelle carte postale à chaque fois, j'imagine, des paysages qui passent l'entendement.

  • Speaker #1

    Totalement, je crois que j'ai dû faire plus de 35 pays à ski, donc où on a des montagnes et de la neige. Il m'en manque quelques-uns, mais à chaque fois, je me suis régalé. Et puis le ski a été aussi une excuse pour voyager, pour découvrir. Comme je dis toujours, je ne me suis jamais enrichi avec le ski financièrement. Par contre, intellectuellement, ça a été un régal.

  • Speaker #0

    Donc ça, tu l'as fait en pro à un moment donné ? Toujours un petit peu ou non ?

  • Speaker #1

    Non, je l'ai fait pendant longtemps même. Parce qu'en fait, suite à mon accident, je me lance dans une carrière de freerider en partant de zéro. Ma carrière commence à décoller à partir de 2008 où j'intègre un circuit compétition mondiale pour faire mes preuves et où ça se passe bien pour moi. Je fais des très bons résultats 2009-2010. Je finis sixième mondiale en 2009. Je fais des podiums en Coupe du Monde. Et puis après, j'enchaîne sur compétition plus film. Parce que le freeride est un sport de dualité. Soit on fait de la compétition, soit on participe à des tournages. Et j'ai fait ça activement, très activement jusqu'en 2019. Donc, c'est une longue carrière pour un skieur professionnel.

  • Speaker #0

    Cet accident, finalement, te met sur une autre voie. Tu peux nous en dire quelques mots sans rentrer dans les détails, mais qui finalement te donne un autre chemin. C'est un peu ça aussi la vie, c'est qu'à un moment donné, tu t'es prédestiné à un truc, puis en fait, tu splittes pour complètement autre chose, qui finalement aujourd'hui n'est pas...

  • Speaker #1

    C'est totalement ça, puisqu'en fait, comme j'en parlais avant... Revitable. Oui.

  • Speaker #0

    Un autre chemin,

  • Speaker #1

    quoi. Bien sûr, c'est un autre chemin. En fait, mes parents me disent, il faut que tu fasses des études, que tu aies un vrai métier, entre guillemets, parce qu'il n'y a pas de vrai métier, mais en tout cas dans la croyance. Donc je fais un IUT génie des matériaux, j'enchaîne sur un BNJ Honor Polymer Engineering, donc c'est matière plastique à Edimbourg. Je suis dans ma dernière année pour passer mon master et là sur un match de hockey je prends un coup de crosse. Je fais trois mois à l'hôpital, trois mois assez long, assez dur parce que j'ai eu plusieurs opérations. J'étais à Lyon, ce qui est pas très loin mais peu de visites puisque mes proches étaient à deux heures et demie de route et je leur demandais en plus volontairement, je voulais pas les embêter avec ça. Et là pendant deux mois j'ai eu le temps de réfléchir et en fait... À la sortie de ce passage-là, le chirurgien me dit qu'il faut que j'arrête le sport, qu'il ne faut plus que j'en fasse du tout parce que je suis très instable, notamment l'œil qui a été accidenté. Et c'est à ce moment-là où je me dis, en fait, avec tout ce que j'ai vu cet été, avec des gens qui arrivent, qui sont en pleine forme, et qui sur un coup du sort, un gars qui est dans son jardin et qui met un coup de piochon, qui prend un éclat et qui perd l'œil, ou un autre qui a un accident de voiture à la sortie de l'école, je dis, bah attends, je vais faire ce que je veux. Et en fait, ce que je veux, c'est lié à ma passion de toujours, le sport. Et donc, à ce moment-là, je me dis oui, je me lance en tant que skieur professionnel. Donc, t'imagines un peu mes parents, ils m'ont aidé à payer mes études, ce qui était un gros investissement. Et je leur dis du jour au lendemain, non, non, mais là, j'arrête. Je vais aller faire skieur professionnel et en partant de zéro, c'est-à-dire zéro sponsor, zéro euro, zéro revenu.

  • Speaker #0

    Ça, en fait, aujourd'hui, si tu n'avais pas eu cet accident de crosse malheureux, on aurait peut-être une discussion sur l'entrepreneuriat et les innovations dans les matières biomédicales ou je ne sais quoi.

  • Speaker #1

    Peut-être. je sais pas avec le recul je me dis quand même que j'ai toujours eu ce libre sport voilà donc peut-être qu'à un moment donné elle aurait pris le dessus j'aurais peut-être fait ingénieur pendant quelques années et me rendre compte que moi il fallait que je sois dans les montagnes en pleine nature mais on sait pas effectivement en tout cas cet accident il a changé ma vision de la vie c'est le cas de le dire et il a créé le parcours en fait que j'ai aujourd'hui tout à l'heure tu nous as dit le freeride on est toujours en train d'analyser toi tu as le problème à cette époque

  • Speaker #0

    cet œil droit qui fonctionne Un pourcentage réduit. Tu me parlais d'analyse. Le propos, c'est que même si on a à un moment donné une déficience visuelle, ça n'empêche pas d'aller parcourir le monde et de skier dans des conditions extrêmes. On ne parle pas de la piste verte.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr.

  • Speaker #1

    Aucunement, pour résumer ma vue. souvent c'est ce que je dis, donc j'ai un hématome sur la macula qui est la partie centrale de la rétine donc une tâche noire, je vois rien, ils m'ont retiré le cristallin, c'est à dire que ma vue se résume à voir Canal+, crypté en périphérique, si j'avais que l'œil droit j'ai moins 3 de vision j'étais à 10, j'ai 30% d'ITT, et en fait d'ailleurs quand je suis sorti de l'hôpital, le chirurgien m'a dit mais voilà avec votre handicap maintenant monsieur vous pouvez rester tranquille, profiter, la société vous aidera mais moi je me suis jamais considéré comme tel en fait j'ai dit ok bah... C'est un accident de vie, il faut qu'il me serve. Et j'ai avancé dans une direction. Et après, le cerveau, alors il y a peut-être une partie de caractère, j'en sais rien, je n'ai pas assez de recul sur moi pour le dire, mais en tout cas, le cerveau est une arme magique puisqu'il a compensé. Aujourd'hui, si tu veux, j'ai un peu de halo lumineux des fois quand je fatigue, mais je ne pense même plus que j'ai quelque chose sur cet œil-là. Alors qu'en fait, oui, ma vision a drastiquement réduite et en après-accident, ce qui m'arrivait souvent, C'était soit de prendre des arbres ou des panneaux quand je skiais, parce que je n'avais plus de profondeur, donc je ne les voyais pas arriver. Impossible d'estimer la distance. Et puis servir de l'eau à côté. Le nombre de fois où j'ai loupé le verre, je ne te raconte pas.

  • Speaker #0

    En fait, tu t'es dépassé. Tu as dépassé cette problématique, ce handicap visuel. Oui. C'est peut-être ce qui t'a poussé, donné l'envie d'aller encore plus loin.

  • Speaker #1

    Clairement, oui. C'est clair que... Peut-être que plus jeune, j'avais ce caractère peut-être compétitif ou compétition, mais cet accident a fait que ça m'a poussé encore à décupler mes forces, à décupler mes sens totalement.

  • Speaker #0

    À côté de ça, tu fais aussi de la production du visuel parce que je reviens juste sur un truc que tu le disais, on analyse toute la descente, mais quand on voit des vidéos de freeride, on a l'impression que ça descend, ça descend. C'est-à-dire qu'à certains moments, vous vous arrêtez et vous vous dites... On va se poser, on va regarder comment on doit passer par rapport aux barres rocheuses, par rapport...

  • Speaker #1

    Non, pas du tout.

  • Speaker #0

    Où on y va vraiment...

  • Speaker #1

    En fait, avant de monter à pied et descendre, on fait un repérage jumelle. Donc il y a une partie de mémorisation. On va enregistrer la montagne dans notre cerveau, se visualiser en train de descendre le run. Donc le run, c'est la descente qu'on a choisie. Bon, à tel moment, il y a un rocher triangulaire, il faut que je tourne à droite. Et puis après, il va y avoir une barre rocheuse qui fait à peu près 10 mètres et que je vais sauter avec de la vitesse. Donc on mémorise vraiment tout cette partie-là, on monte à pied, et puis on descend. On fait un reverse, et il n'y a pas de, on s'arrête dans la pente. Pour garder le plan de descente. Sauf si, et ça s'arrive souvent au début, on se perd dans la face, parce que quand tu manques d'expérience, c'est ce qui t'arrive, tu te perds, là tu es obligé de t'arrêter, de passer un coup de tuky-woky au gamin à main, dans un temps, mais là je suis complètement perdu, il faut que j'aille à droite, à gauche, je suis où ? Mais après avec l'expérience, non, après tu déroules.

  • Speaker #0

    Tu déroules le plan que vous avez défini.

  • Speaker #1

    En fait en... En quelques secondes, parce que moi ça m'est arrivé dans une de mes autres activités où j'organise des voyages de ski, et je l'avais fait une année au Greenland pour un client, on avait fait un voyage et des skis, et sans connaître la zone, je suis capable d'imprimer dans ma tête la montagne en 10-20 secondes, et de redupliquer 20 minutes plus tard la descente, et de me souvenir exactement où il faut passer pour éviter les obstacles.

  • Speaker #0

    Donc tu te lances après dans la production audiovisuelle pour finalement, tu nous parlais tout à l'heure de dualité, donc tu as toujours finalement des athlètes qui descendent et puis on filme tout ça et on raconte une histoire. Qu'est-ce qui te donne envie d'aller du coup dans ce domaine audiovisuel ?

  • Speaker #1

    En fait, ça part d'un constat très pragmatique, c'est que pour faire des films, quand tu es un skieur, en fait, ce n'est pas une production type Hollywood qui te paye en tant qu'acteur. C'est toi qui donnes de l'argent via tes sponsors. à une boîte de production qui est inclue dans un film. Et en fait, sur mes débuts des années 2010, je participe à pas mal de films, mais à chaque fois, mon constat est que je dépense beaucoup d'argent et que le résultat ne me plaît pas forcément par rapport à ce qui a été produit et ce que je vois à l'écran. De fil en aiguille, je me dis, bah attends, on va créer notre propre boîte de production. Et donc, on commence par faire des webisodes avec mon pote Laurent Jamais. Et puis là, on part sur quelque chose de très qualitatif, qui raconte un peu mon histoire et mon parcours. Ça marche plutôt bien, mais rapidement, je me dis aussi qu'on dépense un fric fou pour YouTube et au final, 100 000 vues. Ce qui était canon à l'époque parce qu'il n'y avait pas encore de webisode, pas trop, et les scores étaient très bons. Mais je me dis, mais c'est des mesures et ce qu'on dépense. Et rapidement, en fait, j'en arrive à, il faut qu'on fasse des films et il faut qu'on aille en télévision. Donc là, je crée la boîte de prod avec Laurent. Et puis, on se met à créer des documentaires avec du storytelling. Plutôt axé très sport au début, mais après rapidement avec des histoires, des rencontres, des légendes. Et on sort nos films chaque année sur un voyage, une destination.

  • Speaker #0

    Vous faites des films sur vous au final, c'est ça ?

  • Speaker #1

    On fait des films pas sur nous, mais sur une destination. Et c'est des autoproductions. Parce que c'est des films hybrides qui n'ont pas réellement d'existence dans le monde de la télévision. Ce n'est pas dans le process normal de coproduction. Et puis, c'est une case qui n'existe pas en fait. C'est du voyage et de l'histoire et du sport. Mais ce n'est ni l'un, ni l'autre, ni le troisième sujet.

  • Speaker #0

    Alors, ça a changé un petit peu là, non ? Parce que du coup, on va arriver tranquillement sur notre... sur la question de ce fameux festival, d'autant plus que France 3 a lancé un label qui s'appelle Préserve ta montagne. Et justement, là, finalement, c'est peut-être un petit peu ce que toi, tu imaginais il y a quelques années, d'avoir ce type de production, mais diffusée pour le coup à la télé.

  • Speaker #1

    En fait, si tu veux, là aussi, on parlait tout à l'heure de mon parcours qui a ouvert des portes. Mais donc, quand je crée la boîte de prod audiovisuel et que je dis, allez, on fait des films, je me dis, il faut que j'aille sur un salon pour rencontrer les acteurs de la télévision. Donc, je vais au MIP. qui est l'incontournable et là je rencontre les chaînes et les chaînes me disent bah oui mais votre film les images sont qualies c'est incroyable mais par contre on n'a pas de cases pour ça et donc déjà dans ma tête je me dis à cette période là mais en fait s'il manque de volume il faudrait peut-être qu'on se réunisse entre réalisateurs entre producteurs pour créer du volume pour pouvoir derrière faire des cases et de fil en aiguille quand le festival a grossi et qu'on a développé la partie professionnelle effectivement on a créé ce petit MIP mais consacré à la hauteur et à la montagne pour faire se rencontrer l'écosystème des diffuseurs et de l'autre côté, l'écosystème des créateurs. Parce qu'en fait, les uns regardent de loin les autres et vice versa. Il y a de la qualité et de l'intérêt des deux côtés, mais il n'y a pas réellement de communication.

  • Speaker #0

    Alors que si finalement, on s'aperçoit qu'on a plein de modules, de documentaires quali, on peut imaginer qu'il y a sur une saison, on va sortir tous les samedis soirs à la place d'un...

  • Speaker #1

    Exactement, exactement. en deuxième partie de soirée c'est exactement ça, puis quand tu regardes les films qu'on diffuse sur l'Explorel Festival de la qualité il y en a alors après c'est vrai qu'on répond pas à tous les codes de la télévision le storytelling ou la durée mais ça je veux dire avec un peu de discussion en amont tu résous vite la problématique oui c'est ça le problème de la télé c'est les cases donc ce qui marche bien sur internet va moins bien marcher à la télé parce qu'il y a ces histoires de cases qui sont

  • Speaker #0

    finalement assez fatigante en fait.

  • Speaker #1

    Cases et puis codes entre guillemets, tu vois. Mon écosystème, ces créateurs-là, si tu veux, on est autodidacte. C'est-à-dire qu'on fait sur le tas, mais on apprend sans forcément les codes. Et des fois, on sort des 45 minutes, mais on pourrait sortir un 52 minutes, tu vois. Mais comme on ne le sait pas que la télévision automatiquement va partir... Donc on se dit, tant mieux, on le fait comme on veut, on fait un 45, et puis à la fin, on se dit, c'est dommage, il aurait fait 52, on l'aurait pris. C'est des petits détails si tu veux, mais la qualité est là, la qualité d'image, il n'y a pas de secret. Et le storytelling a beaucoup progressé aussi au cours de ces dernières années.

  • Speaker #0

    Donc je reviens sur la création du Explorer Festival. Tu me dis que tu es allé au MIP, et là tu dis qu'il y a un truc à faire, avec finalement tes amis qui eux aussi faisaient des productions Kali. Et là vous vous dites quoi ? On se retrouve et on fait une embryon du Explorer Festival ? On fait ça sur un coin de table ? On se regroupe en dizaine ?

  • Speaker #1

    Il n'est pas né comme ça en fait le festival. Le festival il est que moi je suis passionné de cinéma, j'aime bien aller au ciné-noche tout simplement, et que depuis 10 ans déjà à chaque fois que je passais au cinéma, le propriétaire du ciné à Bourg me connaissant en tant que skieur, il me dit Ouais Thibaut, ça ne te dirait pas qu'on organise une soirée film de ski ? Puis à chaque fois je disais Non, non, non, je suis désolé, je suis trop occupé, je ne peux pas. Puis à force qu'il me le demande, un jour j'ai dit Bon, écoute, allez, on y va, cette année on fait quelque chose, on fait une soirée. Et puis moi quand je me lance dans quelque chose, je n'arrive pas à me contenir en fait. Et donc, je passe deux, trois coups de fil à mes collègues skieurs, à mes collègues réals. Et dès la première édition, c'était pas une première édition, mais dès ce premier événement, on organise une soirée et un après-midi de films de sport de glisse. Et puis, ça se passe. Il y a plutôt pas mal de monde pour zéro communication. Et là, des gens viennent nous voir et nous disent Ah, c'était génial, merci. Donc, la seconde édition, c'est quand ? Alors là, on se regarde avec Jean, le propriétaire, on se dit Mais en fait, on n'a pas réfléchi à une seconde édition. Et les gens nous disent Ouais, mais si vous voulez, on vient vous aider, nous, ça nous ferait trop plaisir. Donc là, en fait, naît l'idée d'un festival. A l'époque, ça s'appelait le Winter Film Festival. C'était à Bourg-Saint-Maurice, ça s'était dédié au sport de glisse. Et progressivement, ça s'est transformé en festival de films de sport outdoor. Et puis, le X-Sport Festival, lui, est plutôt né suite au Covid. Donc Covid, on sait tout ce qui s'est passé au mois de mars. On est confinés, bloqués chez nous. Dans l'univers des montagnards et dans l'univers alpin, on ferme les stations. Un truc qu'on pensait impensable, mais qui arrive. L'hiver suivant, encore pire, la station, en tout cas les remontées mécaniques, n'ouvre pas. Donc on se rend compte qu'on est dans un écosystème économique qui est assez fragile finalement. Puisqu'une crise sanitaire, on arrête tout. Et le tourisme, pour nous, Vallée Alpine de Tarentaise, c'est 60%, 70% du PIB. Donc autant dire que si tu coupes le tourisme, tu coupes quasiment toute l'économie de la vallée. Et en plus ça l'irrique puisque indirectement, des agences bancaires, des assurances sont liées aussi à cette présence du tourisme et d'une vallée ultra dynamique. Donc on se dit à ce moment-là, parce que ça parle beaucoup chez les élus de tourisme à l'année, quatre saisons, la montagne vivante, on se dit, attends, nous, on va peut-être reformater notre festival, puisqu'on était déjà arrivé sur une évolution, passer du ski pur au sport outdoor. On dit, bon, on va l'orienter montagne parce qu'il y a une vraie thématique et en plus, la thématique de la transition qui commence à apparaître. Après, on se dit, on va le changer de période, on va le mettre sur une période morte, entre guillemets, qui est les périodes de vacances de la Toussaint. qui sont magnifiques d'ailleurs, puisqu'on a les couleurs, on a un environnement qui est incroyable, mais dont personne ne parle, alors parlait, puisque ça commence à évoluer, on le voit que maintenant il y a des stations qui prennent vraiment cette période pour en faire la promotion, et puis on se dit, on va sortir un peu de notre ville de Banque Saint-Maurice, et on va faire un festival de territoire, puisque déjà on commençait à faire de manière éphémère, une ou deux diffusions dans les communes voisines. Donc là, naît le X-Poral Festival en fait, on le renomme, ça devient un festival multiterritorial sur 12 communes, pendant les vacances de la Toussaint, pour faire la promotion de la montagne.

  • Speaker #0

    Et raconter l'histoire de la montagne ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Un film qui, dans toutes ses éditions, alors ils sont tous marquants, moi j'avais vu quelques extraits, j'avais assisté à une projection, je crois aussi. Un film qui t'a vraiment marqué, touché, en te disant, ouais, là, il y a vraiment un message fort, parce que tous les... Tu parlais un peu d'environnement, il y a beaucoup de questions liées aussi à l'environnement, la préservation de la montagne, l'écosystème, la biodiversité, tout ça, mais un film... Un film qui t'a vraiment marqué au plus profond de toi ? Toi, tu as parcouru tout un tas de... Celui-ci m'a touché, limite, tu avais les larmes aux yeux. Tu vois, quelque chose de très fort. Tu n'es pas obligé de dire le réalisateur et le titre, mais un peu le pitch, tu vois ?

  • Speaker #1

    C'est difficile à dire parce que je vois beaucoup de bons films passer. Et puis, moi, j'ai aussi la casquette de producteur, tu vois ? Donc, je connais l'envers du décor, les discussions avec le réalisateur, le projet, les heures d'effort, que ton film soit bon ou pas. Parce qu'au final... Pour sortir un film, il faut bosser comme un malade. Et c'est difficile d'en sortir un plus qu'un autre. Si comme ça, je parle à haute voix, j'en ai deux qui me viennent en tête. J'en ai vu un sur du highline en Morienne, qui était incroyable. En termes d'image, c'était magnifique.

  • Speaker #0

    Le highline,

  • Speaker #1

    c'est quand tu traverses à pied sur une corde en équilibre, avec une ligne de vie pour la plupart, évidemment. Mais c'est ce sport extrême. parce que c'est un sport extrême basé sur équilibre et adrénaline là aussi. Et puis j'en ai vu un l'année passée qui était tourné au Groenland, qui était plus axé sur l'humain, sur une personnalité, un caractère très fort, qui est Franck Bruno en fait. Un aventurier qui a subi lui aussi un grave accident sur un porte-avions quand il était militaire, je crois il y a 20 ans de ça, qui est amputé et qui aujourd'hui transmet sa passion à se dépasser, à vivre avec et notamment auprès d'un public handicapé. Et celui-là est très fort parce que... Le personnage est très fort. Donc, il y a un vrai fond. Et puis, sublimé par les paysages du Groenland.

  • Speaker #0

    C'est quoi le point commun entre tous ces sportifs réalisés par l'amour de la montagne ? Qu'est-ce qu'on pourrait dire ? Peut-être le dépassement de soi ? Sortir du cadre ? Pas avoir peur, en fait ? Oui,

  • Speaker #1

    pas avoir peur, en fait. Sortir du cadre, certainement. Être passionné par la nature. Ça, c'est une obligation. Et puis, pas avoir peur de se mettre en danger. pas forcément en danger par rapport à un accident, mais je veux dire sortir de sa routine, sortir de la boîte, penser différemment. Et je pense que ça, c'est un peu le point commun, puisque je reviens, moi, quand je me suis lancé en carrière, pendant X années, mes parents, mes proches me disaient Alors, qu'est-ce que tu fais ? Comment ça va ? Je dis Là, je me prépare sur la compétition, ou là, je vais sur un voyage. Ils me disent Non, non, mais comme métier. Je dis Mais c'est mon métier. Et en fait, tu vois, c'est un métier peu courant, et donc dans les mentalités, ce n'était pas perçu comme un métier. et donc se considérer comme athlète professionnel ou skieur, je perds ce chemin là c'est déjà en soi une grosse prise de risque est-ce qu'on peut accrocher ça,

  • Speaker #0

    parce que tu as aussi ta casquette d'entrepreneur, de chef d'entreprise puis finalement quand on est à la tête d'un festival, on a aussi ces questions d'organisation, gestion d'équipe gestion de budget est-ce que les entrepreneurs peuvent ou slash doivent s'inspirer du sport et finalement un peu ton histoire, mais qui est finalement similaire à celle de Mathieu Navillot notamment, de Kylian Bon, qui fait du VTT, le sport, le dépassement de soi, puis la partie réalisation. On va montrer ce qu'on fait. Est-ce que tout ça, il y a un espèce de pendant avec l'entrepreneuriat ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a clairement un pendant. Et comme je dis toujours aussi, sport, école de la vie, pour un entrepreneur, c'est fabuleux. Parce qu'en fait, je reprends mes années d'entraînement de natation. Cinq entraînements par semaine, une heure et demie dans le bassin, à regarder la ligne au fond. J'exagère le propos, mais ça t'apprend la résilience. Ça t'apprend la force de travail, l'entraînement, la rigueur. Et c'est des choses que tu retrouves dans le monde de l'entreprise. La compétition, ça t'apprend à te dépasser, à sortir de ta zone de confort, comme l'entrepreneur en fait y est confronté, puisque quand tu deviens entrepreneur, t'es laissé à toi-même. Tu dois faire face à l'adversité. Et ça, je pense que c'est un gros atout pour ceux qui ont un passé de sportif. Alors, il n'y a pas besoin d'être sportif ou d'avoir été sportif pour être un bon entrepreneur. Mais en revanche, il y a clairement des passerelles. Moi, j'ai fait pas mal de sport collectif aussi, donc ça t'apprend à travailler ensemble, à coordonner, à être à l'écoute. parce que tes partenaires ils font partie comme toi de l'équipe et s'il y en a un qui est pas bon ça plombe l'équipe donc il faut être à l'écoute du partenaire qui est moins bien, le remotiver et autres et ça c'est des choses que tu retrouves en fait dans le monde de l'entreprise, tu peux avoir des collègues qui sont un peu moins bien et qui vont tirer l'entreprise vers le bas il faut être à leur écoute, il faut les aider à se dépasser, à avancer moi je remercie le sport parce qu'il m'a appris toutes ces valeurs, je les ai pas appris à l'école et pas forcément dans le foyer parental en tout cas pour le dépassement de soi ou autre et le sport me les a inculqués et aujourd'hui je m'en sers tous les jours dans le monde de l'entreprise

  • Speaker #0

    C'est quoi les grosses problématiques justement sur ce type de festival à part le nerf de la guerre qui reste toujours les finances et le budget mais c'est quoi les plus grosses galères sur un festival comme ça ?

  • Speaker #1

    Alors les plus grosses galères en fait c'est d'être conciliant d'être capable de faire des concessions, mais pas tant. Ça, je dis par rapport au monde politique, en fait, parce que nous, on dépend. Il y a trois sources de financement dans un festival, principalement. Il y a l'institutionnel, les subventions. Donc là, c'est des élus qui décident avec qui il faut s'entendre, avec qui il faut les séduire. Il y a les partenaires privés. Donc là, c'est plutôt de la négoce, c'est du deal, c'est des échanges, clairement. Il y a les mécènes et puis après il y a les rentrées directes de billetterie et autres. Il faut être capable d'imposer ses idées, mais à la fois d'être conciliant, parce que par exemple pour les subventions institutionnelles, tu ne décides jamais de ce que tu veux faire de A à Z. Tu as un élu qui va dire oui, mais moi je le vois plutôt comme ça. Il faut savoir prendre sur soi, parce que même si ce n'est pas des experts de l'événementiel, ils pèsent dans la décision pour attribuer la subvention. Et si tu attribues la subvention ou pas, ça change radicalement la face du festival. Donc, il faut avoir cette capacité d'écoute, mais à la fois de savoir s'imposer, d'être aussi dynamique, d'imposer sa vision. Parce que dans l'instant T, des fois, il y a des élus ou partenaires, mais qui ne comprennent pas l'intérêt de ton projet. Il faut savoir être persuasif, savoir les amener avec toi. Ça, par exemple, tu vois, moi, j'étais en sport collectif, j'étais capitaine d'équipe. Bon, ça, c'est des choses que je tire du sport, c'est-à-dire que mener mon équipe à la victoire. mener mon équipe dans le championnat en étant un exemple en étant un leader en les soutenant c'est des choses que j'utilise avec les chefs d'entreprise ou avec les politiques de la même manière oui en mettant en mettant potentiellement un peu ton ego de côté en disant mais moi j'ai décidé que c'était comme ça mais en fait en discutant avec les autres on s'aperçoit que il

  • Speaker #0

    faut faire des compromis et des conseils fonds c'est finalement c'est comme quand on descend du montagne c'est vendu une barre rocheuse ou un peu de neige qui tombe et on voit un on est obligé de switcher.

  • Speaker #1

    De changer de parcours.

  • Speaker #0

    C'est en ça qu'on prend ça.

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    il faut être flexible. On fait vraiment le lien entre ce que tu m'as dit au début de l'épisode et là. Au final, je me dis que finalement, monter un événement quel qu'il soit ou lancer une entreprise quelle qu'elle soit n'est pas tellement différent de je suis tout en haut de la montagne, je dois descendre, comment je fais ? J'ai un petit peu analysé, j'ai une ligne de route, puis à tout moment,

  • Speaker #1

    je peux switcher. La ligne de conduite principale que je garde, c'est rester humble. se remettre en permanence en question, être à l'écoute. Alors, à l'écoute de l'écosystème quand tu es en entreprise, mais à l'écoute de la nature quand tu es en pleine montagne, et être capable de réagir rapidement. Voilà, c'est ma ligne de conduite que j'applique depuis tout le temps. Il faut constater que pour l'instant, je n'ai pas à me plaindre de ce choix, mais oui, il faut vraiment être capable de mettre son égo de côté, se remettre en question, être capable d'accepter les critiques, d'être à l'écoute des remarques et ne pas être buté. Parce que... On a souvent tendance à penser qu'on sait faire, on sait bien faire. Et des fois, c'est vrai. Mais les remarques, quand elles reviennent régulièrement, c'est qu'il y a des raisons. Et je le vois dans mon écosystème de chef d'entreprise. J'en trouve que beaucoup n'arrivent pas à se remettre en question. Ils sont en mode, oui, mais moi, je suis spécifique, je connais tel ou tel milieu, donc je n'ai pas de leçons à apprendre ou entendre. Mais des fois, sans même être des leçons, des remarques peuvent être des signaux. Il y a des signaux faibles et puis il y a des signaux forts. Et être capable de se remettre en question rapidement, de se dire attends, mais il m'a dit ça, mais peut-être qu'il faut que je prenne de la hauteur, que j'analyse et que… Ça, c'est important. Et j'ai toujours une anecdote, mais un grand chef d'entreprise que je connais, il me dit, tu sais Thibault, les meilleurs chefs d'entreprise, c'est ceux qui sont capables de faire l'hélicoptère. Je dis, mais c'est quoi l'hélicoptère ? Il me dit, en fait, en pleine situation de réflexion, c'est tu prends de la hauteur, comme un hélicoptère, tu montes avec ton rotor, tu regardes ta situation depuis le haut, tu prends ta décision et tu redescends et tu la transmets à tes équipes. Et ça, je trouve que c'est capital, en fait, d'être capable de prendre de la hauteur dans le moment de réflexion ou dans le moment de panique. C'est... pas donné à tout le monde, c'est pas facile mais c'est ce qui fait que tu peux prendre les bonnes décisions qui des fois changent radicalement la face de ton entreprise ou d'un événement

  • Speaker #0

    C'était comme ça il y a 15-20 ans ? Non,

  • Speaker #1

    pas du tout il y a 15-20 ans j'étais un sportif j'étais sûrement plus égocentrique et puis je faisais ma route et puis si tu veux, moi j'ai fait un sport individuel, le ski donc mon cercle proche c'était mon préparateur physique le kiné et moi donc ça fait moins de membres de l'équipe quoi tu vois donc je m'écoutais plus forcément parce que j'étais plus isolé mais au final j'ai découvert avec le temps et avec les entreprises que tu dois être à l'écouté de tout ton entourage et de toute manière c'est un peu l'image qu'on fait souvent avec le sport un champion cyclisme qui remporte le tour de france il n'y a pas que lui il y a tout son entourage en fait c'est une équipe lui c'est la tête de gondole qu'on voit mais son entraîneur, son préparateur physique, son chargé de relations presse, ils font tous partie de cette équipe, de cette entreprise qui le rend successful.

  • Speaker #0

    Sli, dans les dernières minutes, pour conclure, tu avais encore des choses à nous dire, des anecdotes, des trucs qui potentiellement peuvent motiver celles qui nous écoutent à un peu se dépasser, à sortir des sentiers battus. Des expériences ou des discussions. L'exemple de l'hélicoptère est fabuleux. Je pense que ça fera une super phrase d'accroche. C'est de se dire qu'effectivement, il faut prendre de la hauteur sur les situations, mettre chacun un petit peu à sa place pour que chacun s'épanouisse au final. Oui,

  • Speaker #1

    ça. Il y a deux autres choses que je trouve capitales. La première, c'est qu'il faut croire en ses rêves ou toujours s'accrocher. Avec le travail, sa paix. Toi,

  • Speaker #0

    tu as écouté Gérald Fontanel, l'invité du précédent épisode. Oui, mais je l'ai écouté.

  • Speaker #1

    Je l'ai écouté. Et ça, en fait, je pense que tu vas demander à n'importe quel entrepreneur, ils vont tous te raconter ça. On a tellement d'exemples de parcours de mecs très intelligents qui sont tombés, qui ont échoué, mais qui ont ensuite réussi. Le parcours de l'entreprise ou de l'entrepreneur, c'est un long chemin, en fait. C'est un marathon. Donc, tu n'es pas parti pour un 100 mètres, pour un sprint. Tu sais que ça va durer 42 kilomètres. Autant dire que c'est long, le temps est long et il ne faut pas s'arrêter au premier échec ou au premier obstacle. Voilà, ça c'est la résilience, le long parcours. Et puis la deuxième aussi, c'est d'être à l'écoute, d'échanger, de beaucoup échanger. Moi je sais que souvent, je passe des coups de fil à des amis, alors qu'ils sont dans la même situation que moi en tant que rôle chef d'entreprise, pour échanger sur des problématiques. Pas forcément les miennes, mais les leurs. Et en fait, d'écouter leurs problématiques, ça me donne souvent des idées. et je trouve que ça c'est intéressant d'échanger hors contexte d'écouter, de communiquer ça peut te donner des clés pour solutionner tes propres problèmes s'inspirer aussi des histoires des autres,

  • Speaker #0

    c'est un peu notre sujet de ce podcast un petit truc dernier truc à rajouter avant qu'on se fasse notre petite conclusion un truc capital mais être curieux on progresse tous les jours on en apprend tous les jours,

  • Speaker #1

    ça c'est capital à mes étudiants,

  • Speaker #0

    soyez curieux déjà vous aurez fait un une bonne partie du chemin.

  • Speaker #1

    C'est une évidence et puis en fait, on peut tout faire dans la vie, c'est-à-dire qu'on peut changer de métier, on peut changer de parcours, on peut changer de compagne. Il n'y a rien de rédhibitoire. Comme je dis moi souvent à mes étudiants, enfin à mes alternants, c'est entre vos mains. C'est à vous de vous prendre en main, c'est à vous d'être curieux et dynamique et vous verrez, vous y arriverez. Il n'y a pas de problème. Il faut juste y croire.

  • Speaker #0

    Merci Thibaut. Pour terminer, si tu... Tu imaginais quelqu'un à ta place comme ça pour un prochain épisode ? Tu vois quelqu'un à qui tu veux faire partie ? Quelqu'un qui a des choses comme toi un peu racontées, qui va nous faire rêver, alors que ce soit sur le sport, l'entrepreneuriat ou un artiste peut-être ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai une fibre très sportive. Alors, je vais rester dans le sport. Et deux athlètes, mais qui ont des parcours un peu très entrepreneurial. Cédric Tassant ou Kylian Brou. C'est deux athlètes qui font des choses inspirantes, incroyables. qui ont vraiment un état d'esprit d'entrepreneur, qui construisent, qui bâtissent et qui, je pense, ont de très belles choses à raconter.

  • Speaker #0

    Bon, on va les contacter alors. Merci beaucoup Thibaut d'avoir accepté cette invitation. On se retrouve pour un prochain épisode. On se voit bientôt au Explore Festival. Je viendrai avec grand plaisir. On sera aussi avec Marilyn, certainement, qui t'avait aussi invité dans un épisode de son live consacré à... à l'événementiel. Tout à fait. C'est le sujet du dur du festival. Voilà. Merci de nous avoir écoutés. Je vous souhaite une belle journée et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode Media Lab Factory.

Description

Dans cet épisode captivant de Metastory, Sébastien Meunier reçoit Thibaud Duchosal, skieur professionnel et fondateur de Xplore Alpes Festival. Thibaud partage avec nous des moments clés de sa vie, notamment l'accident qui a bouleversé sa vision du monde et a redéfini son parcours personnel et professionnel.


Le parcours de Thibaud :

Passionné de montagne depuis son plus jeune âge, Thibaud raconte comment le ski est devenu un véritable fil rouge dans sa vie. Malgré les épreuves, comme un accident à l'oeil survenu lors d'un match de hockey, il a su rester résilient. Cet événement marquant lui a imposé une longue rééducation à l’hôpital, mais a aussi révélé sa détermination à poursuivre ses rêves sportifs.

Les valeurs qui guident son quotidien :

L'humilité et la remise en question sont des piliers centraux de sa philosophie de vie. Thibaud explique l'importance de toujours rester à l'écoute, que ce soit dans la gestion des risques en montagne ou dans le cadre de l'entrepreneuriat. Il illustre brillamment cette idée avec une analogie surprenante : le "mode hélicoptère", qui consiste à prendre du recul pour mieux appréhender les situations complexes et ensuite redescendre avec une solution.

Créateur d'un festival de cinéma :

Outre son parcours de skieur, Thibaud est également l'organisateur du Xplore Alpes Festival, un événement dédié au cinéma, à l’aventure et à la découverte, qu'il présente dans cet épisode. Il évoque la naissance de ce projet et comment sa passion pour la nature et les défis extrêmes a ouvert de nouvelles portes dans sa carrière.

Cet épisode est une véritable plongée dans l’univers d’un sportif de haut niveau, où chaque décision est le fruit d’une réflexion minutieuse. À travers des anecdotes inspirantes, Thibaud nous rappelle que, même dans un sport perçu comme extrême, chaque action est calculée avec précision.


À découvrir : Si vous êtes passionné par la montagne, l’aventure, ou si vous cherchez simplement un exemple de résilience et d'humilité, cet épisode est fait pour vous ! N’hésitez pas à plonger dans cette conversation inspirante avec Thibaud Duchosal.



Musique : BELIEVE IN YOURSELF - ALEKSANDAR KIPROV

© 2024. Medialab Factory.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    MediaLab Factory

  • Speaker #1

    Cet accident, il a changé ma vision de la vie, c'est le cas de le dire, et il a créé le parcours que j'ai aujourd'hui. Sur un match de hockey, je prends un coup de crosse. Je fais trois mois à l'hôpital, trois mois assez longs, assez durs, parce que j'ai eu plusieurs opérations. À la sortie de ce passage-là, le chirurgien me dit qu'il faut que j'arrête le sport. On a souvent la remarque qu'on fait un sport de kamikaze, qu'on est des fous, alors qu'en fait, on est dans une discipline ultra réfléchie. On est dans une analyse permanente des risques. de gestion, de prise de risque, d'observation, d'analyse de comportement, de météo. Et en fait, c'est très cérébral. Ça peut paraître paradoxal parce que quand on voit les images, on se dit Waouh, c'est des fous, c'est des tarés mais tout est contrôlé, tout est maîtrisé. La ligne de conduite principale que je garde, c'est rester humble, se remettre en permanence en question, être à l'écoute. Alors, à l'écoute de l'écosystème quand tu es en entreprise, mais à l'écoute de la nature quand tu es en pleine montagne et être capable de réagir rapidement. Un grand chef d'entreprise que je connais, il me dit, tu sais Thibault, les meilleurs chefs d'entreprise, c'est ceux qui sont capables de faire l'hélicoptère. Je dis, mais c'est quoi l'hélicoptère ? Il me dit, en fait, en pleine situation de réflexion, c'est tu prends de la hauteur, comme un hélicoptère, tu montes avec ton rotor, tu regardes ta situation depuis le haut, tu prends ta décision et tu redescends et tu la transmets à tes équipes. Avec le travail, ça paie. On progresse tous les jours, on apprend tous les jours.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans un nouvel épisode de Metastory, le podcast qui raconte les histoires de mes invités. pas seulement leurs histoires, mais toutes ces petites histoires qui font qu'ils sont qui ils sont aujourd'hui. Et aujourd'hui, je suis très heureux d'accueillir, dans un environnement d'enregistrement un petit peu spécial, puisqu'on est au cœur de Lyon avec beaucoup de bruit autour de nous, Thibaut Duchosal. On va voir avec lui. Alors Thibaut, vous êtes sportif de haut niveau, fondateur du Explore Festival. Et je suis sûr que vous avez tout un tas de choses à nous raconter. Tout d'abord, comment allez-vous ?

  • Speaker #1

    Écoutez, je vais bien. Effectivement, on va avoir pas mal de choses à dire.

  • Speaker #0

    c'est une bonne présentation athlète organisateur d'un festival c'est bien pour la mise en bouche mais alors justement Thibaut si vous deviez vous présenter mais pas à n'importe qui à Thibaut quand Thibaut avait 10-12 ans comment vous vous

  • Speaker #1

    décririez aujourd'hui qu'est-ce que vous lui diriez je suis Thibaut j'ai fait tout un tas de choses je lui dirais je suis Thibaut passionné de montagne qui qui a été le fil rouge tout au long de mon parcours pour mes diverses activités. Et j'ai entrepris plein de choses, et notamment le fait d'être un skieur professionnel qui a ouvert plein de portes derrière.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est ça en fait. C'est l'entrée, c'est le ski. Puis derrière, ça nous amène jusqu'à ce festival. On y reviendra tout à l'heure. Si peut-être qu'on va se tutoyer, ça irait mieux. On aura peut-être plus facile de rentrer dans ton histoire. Moi, ce qui m'intéresse justement, c'est cette histoire de ski et d'amour pour la montagne. Tu nous partages énormément de choses sur LinkedIn notamment et tu nous montres au quotidien ton amour pour la montagne. C'est quoi ce lien que tu as avec la montagne ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'à travers mon parcours notamment d'athlète, j'ai voyagé dans beaucoup d'endroits incroyables dans le monde. Toujours en lien avec la montagne puisque c'était avec mon activité pour faire des films ou des tournages photos. J'ai eu cette chance incroyable et ça, je le dois à la montagne, à mon environnement. C'est un mix entre la passion du sport et cette montagne qui m'a permis de m'accomplir aujourd'hui en tant qu'adulte et à travers mon parcours sportif et entrepreneurial.

  • Speaker #0

    D'accord, donc le lien fort, c'est ta vie et la montagne.

  • Speaker #1

    Oui, parce que j'y suis né, j'y ai grandi, donc il y a de l'affectif, il y a de l'émotion, il y a mon cocon, mon noyau qui est dans ces vallées montagnardes. Et puis dans cet environnement, surtout à notre époque, c'était peut-être plus simple. j'étais tout le temps dehors, gamin, en pleine nature, en pleine montagne. Et donc, j'ai développé un amour inconditionnel pour ce territoire.

  • Speaker #0

    À quel moment on se dit, on va se lancer dans le sport de haut niveau autour du ski ? C'est quoi ? On a fait les piou-piou, la première étoile, la deuxième étoile, et après on se dit, on y va, j'ai un potentiel ?

  • Speaker #1

    Pas réellement en fait, parce qu'en ce qui me concerne, évidemment, moi j'ai fait du ski, j'habite en Tarentaise, c'est au pied des plus grandes stations de ski au monde. Mes parents m'ont mis au ski club, donc j'ai été plutôt un bon niveau, j'ai fait de la compétition. Puis parallèlement, j'ai toujours été aussi un... un sportif multicorde et j'étais en fait un très bon nageur et accessoirement de mes 7 ans jusqu'à la période de la quatrième c'était cinq entraînements par semaine plus les compètes le week-end et en parallèle je faisais du ski donc j'étais très fort en natation j'étais très bon au ski mais j'avais pas autant de temps en tout cas j'y consacrais moins de temps et puis un jour la piscine de bourg a fermé et j'ai perdu tout mon niveau parce que A cette époque-là, on dépend des parents pour aller s'entraîner et donc de la logistique de transport. Et je suis passé de cinq entraînements semaine à un entraînement semaine. Donc j'ai en quelque sorte perdu mon niveau et du coup, le ski qui était à proximité, je me suis reconcentré sur le ski. Un peu trop tard pour accrocher les groupes élites en équipe nationale, mais assez suffisamment pour faire des compétitions à haut niveau. Et puis à cette époque, l'émergence du ski freeride, c'était le tout début du ski extrême. avec une compétition qui se déroulait notamment aux arcs, une compétition mondiale, avec pour moi une sorte d'exemple sous les yeux. Et puis on se dit, pourquoi pas moi ? J'avais un bon niveau en ski, je voyais ce qu'il faisait. Avec notre club des sports, on faisait souvent aussi de la poudreuse, ce qu'on appelle du ski hors piste.

  • Speaker #0

    Là où moi je tombe, à chaque fois j'y vais, mes potes y vont. Oui,

  • Speaker #1

    et moi c'est venu naturellement. Donc je ne m'étais pas dit, je serais sportif de haut niveau, rien du tout. Ça s'est fait en cours de route. Et puis parallèlement, les études. Si j'ai toujours eu cette passion pour le sport et que je voulais en faire en quelque sorte ma vie, au début avec une vision un peu idéale de faire preuve de sport, mes parents, à travers les études, m'ont dit Non, non, tu vas faire un vrai métier. Parce qu'on savait que la filière STAPS était un peu bouchée. Et donc, j'ai suivi des études. Et puis après, un coup du sort en fin d'études a fait que je suis reparti dans une vie d'athlète professionnel.

  • Speaker #0

    Le ski freeride, pardon. Comment on y vient et qu'est-ce qu'on ressent ? Parce que moi, j'ai vu des vidéos, notamment au Explore Festival l'an dernier, de ces athlètes qui descendent un petit peu. Il y a des massifs rocheux, il y a des choses. C'est très dangereux, non ? Est-ce qu'on a peur quand on est en haut d'une montagne et qu'on doit la descendre ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, c'est un sport extrême. Évidemment, il y a une prise de risque qui peut être élevée. Ensuite, on est dans un milieu hostile qui s'appelle la montagne. Même si c'est magnifique, que c'est beau, que c'est à trac... Tif, entre guillemets, le danger est toujours présent. Donc ça, on le sait. Après, il y a un côté adrénaline, en fait. Et c'est ça qui fait que quand on accroche, généralement, on en fait de plus en plus parce que c'est des énormes décharges d'adrénaline. C'est comme de la drogue, en fait. Et on a envie et encore plus envie à chaque fois de prendre ces décharges. En termes de sensation, c'est difficile à décrire parce que tant qu'on n'en a pas fait, on ne comprend pas vraiment. C'est une sorte de liberté. C'est un sentiment de supériorité qui se crée avec l'adrénaline. J'arrive à dominer les éléments. Mais c'est assez paradoxal parce qu'en même temps, on sait qu'on est un petit microbe dans ce milieu, qu'une avalanche ou un moindre accident, dérapage, une pierre cachée, ça peut tourner mal. Il y a un sentiment de peur qui est là. Et tant mieux, tant que la peur est présente, c'est bon signe. Parce qu'à partir du moment où elle disparaît, c'est là que l'accident survient. Donc oui, on a toujours un peu peur, mais après, l'adrénaline est tellement forte que l'attraction de ce genre de sentiment de décharge d'adrénaline fait que ça surpasse tout.

  • Speaker #0

    Et toi, tu t'es fait peur un jour sur une descente comme ça ? Mais vraiment, je veux dire, vraiment, le truc où tu te dis là, à ce page, on n'a pas cette discussion aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Pas réellement, parce que j'ai eu plusieurs anecdotes, on s'est retrouvé dans des situations un peu tendues. Notamment avec mon pote Lucas, mon pote argentin, parce qu'on a fait beaucoup de voyages ensemble, et puis en allant loin de tout, on s'est retrouvé dans des situations un peu engagées. Mais contrairement à ce qu'on pense, on a souvent la remarque qu'on fait un sport de kamikaze, qu'on est des fous, alors qu'en fait on est dans une discipline ultra réfléchie. On est dans une analyse permanente des risques, de gestion, de prise de risque, d'observation, d'analyse de comportement, de météo, et en fait c'est très cérébral. Ça peut paraître paradoxal, parce que quand on voit les images, on se dit c'est des fous, c'est des tarés mais tout est contrôlé, tout est maîtrisé. Et du coup, ça fait qu'au final, c'est une exécution qui se fait presque normalement. Mais je dirais comme n'importe quel métier, quand on l'a répété, répété, c'est l'expérience qui est là, qui aide à faire. Donc là-dessus, il n'y a pas de ressentiment particulier.

  • Speaker #0

    Donc tu nous disais, j'ai beaucoup voyagé avec Lucas. Tu es allé où toi ? Les endroits les plus merveilleux où tu as pu pratiquer cette discipline complexe ?

  • Speaker #1

    J'ai vraiment parcouru tout le globe. Je vais citer quand même trois zones que j'adore. La première, c'est la Patagonie avec l'Argentine. C'est des contrées lointaines avec vraiment des paysages grandioses où on se sent vraiment tout petit au milieu de la nature parce que les forces de la nature, le vent notamment, sont tellement puissants que... On sent bien qu'on n'est rien et qu'on est en plus perdu au milieu de nulle part. Le Kamchatka, la péninsule qui est à l'extrême est de la Russie, juste au-dessus du Japon, avec ses volcans actifs, avec des sommets qui peuvent aller jusqu'à 4000 mètres et l'océan à perte de vue. C'est vrai que là, c'est des paysages qui sont grandioses. Et puis, un voyage aussi qui m'a marqué, c'est le Groenland. Le Groenland avec ce côté silencieux, paysages immaculés, ambiance incroyable, population locale très sympathique. Mais je pourrais citer plein d'autres pays en fait, parce que le problème, c'est qu'à chaque endroit, il y a des trucs de dingue.

  • Speaker #0

    Oui, c'est une nouvelle carte postale à chaque fois, j'imagine, des paysages qui passent l'entendement.

  • Speaker #1

    Totalement, je crois que j'ai dû faire plus de 35 pays à ski, donc où on a des montagnes et de la neige. Il m'en manque quelques-uns, mais à chaque fois, je me suis régalé. Et puis le ski a été aussi une excuse pour voyager, pour découvrir. Comme je dis toujours, je ne me suis jamais enrichi avec le ski financièrement. Par contre, intellectuellement, ça a été un régal.

  • Speaker #0

    Donc ça, tu l'as fait en pro à un moment donné ? Toujours un petit peu ou non ?

  • Speaker #1

    Non, je l'ai fait pendant longtemps même. Parce qu'en fait, suite à mon accident, je me lance dans une carrière de freerider en partant de zéro. Ma carrière commence à décoller à partir de 2008 où j'intègre un circuit compétition mondiale pour faire mes preuves et où ça se passe bien pour moi. Je fais des très bons résultats 2009-2010. Je finis sixième mondiale en 2009. Je fais des podiums en Coupe du Monde. Et puis après, j'enchaîne sur compétition plus film. Parce que le freeride est un sport de dualité. Soit on fait de la compétition, soit on participe à des tournages. Et j'ai fait ça activement, très activement jusqu'en 2019. Donc, c'est une longue carrière pour un skieur professionnel.

  • Speaker #0

    Cet accident, finalement, te met sur une autre voie. Tu peux nous en dire quelques mots sans rentrer dans les détails, mais qui finalement te donne un autre chemin. C'est un peu ça aussi la vie, c'est qu'à un moment donné, tu t'es prédestiné à un truc, puis en fait, tu splittes pour complètement autre chose, qui finalement aujourd'hui n'est pas...

  • Speaker #1

    C'est totalement ça, puisqu'en fait, comme j'en parlais avant... Revitable. Oui.

  • Speaker #0

    Un autre chemin,

  • Speaker #1

    quoi. Bien sûr, c'est un autre chemin. En fait, mes parents me disent, il faut que tu fasses des études, que tu aies un vrai métier, entre guillemets, parce qu'il n'y a pas de vrai métier, mais en tout cas dans la croyance. Donc je fais un IUT génie des matériaux, j'enchaîne sur un BNJ Honor Polymer Engineering, donc c'est matière plastique à Edimbourg. Je suis dans ma dernière année pour passer mon master et là sur un match de hockey je prends un coup de crosse. Je fais trois mois à l'hôpital, trois mois assez long, assez dur parce que j'ai eu plusieurs opérations. J'étais à Lyon, ce qui est pas très loin mais peu de visites puisque mes proches étaient à deux heures et demie de route et je leur demandais en plus volontairement, je voulais pas les embêter avec ça. Et là pendant deux mois j'ai eu le temps de réfléchir et en fait... À la sortie de ce passage-là, le chirurgien me dit qu'il faut que j'arrête le sport, qu'il ne faut plus que j'en fasse du tout parce que je suis très instable, notamment l'œil qui a été accidenté. Et c'est à ce moment-là où je me dis, en fait, avec tout ce que j'ai vu cet été, avec des gens qui arrivent, qui sont en pleine forme, et qui sur un coup du sort, un gars qui est dans son jardin et qui met un coup de piochon, qui prend un éclat et qui perd l'œil, ou un autre qui a un accident de voiture à la sortie de l'école, je dis, bah attends, je vais faire ce que je veux. Et en fait, ce que je veux, c'est lié à ma passion de toujours, le sport. Et donc, à ce moment-là, je me dis oui, je me lance en tant que skieur professionnel. Donc, t'imagines un peu mes parents, ils m'ont aidé à payer mes études, ce qui était un gros investissement. Et je leur dis du jour au lendemain, non, non, mais là, j'arrête. Je vais aller faire skieur professionnel et en partant de zéro, c'est-à-dire zéro sponsor, zéro euro, zéro revenu.

  • Speaker #0

    Ça, en fait, aujourd'hui, si tu n'avais pas eu cet accident de crosse malheureux, on aurait peut-être une discussion sur l'entrepreneuriat et les innovations dans les matières biomédicales ou je ne sais quoi.

  • Speaker #1

    Peut-être. je sais pas avec le recul je me dis quand même que j'ai toujours eu ce libre sport voilà donc peut-être qu'à un moment donné elle aurait pris le dessus j'aurais peut-être fait ingénieur pendant quelques années et me rendre compte que moi il fallait que je sois dans les montagnes en pleine nature mais on sait pas effectivement en tout cas cet accident il a changé ma vision de la vie c'est le cas de le dire et il a créé le parcours en fait que j'ai aujourd'hui tout à l'heure tu nous as dit le freeride on est toujours en train d'analyser toi tu as le problème à cette époque

  • Speaker #0

    cet œil droit qui fonctionne Un pourcentage réduit. Tu me parlais d'analyse. Le propos, c'est que même si on a à un moment donné une déficience visuelle, ça n'empêche pas d'aller parcourir le monde et de skier dans des conditions extrêmes. On ne parle pas de la piste verte.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr.

  • Speaker #1

    Aucunement, pour résumer ma vue. souvent c'est ce que je dis, donc j'ai un hématome sur la macula qui est la partie centrale de la rétine donc une tâche noire, je vois rien, ils m'ont retiré le cristallin, c'est à dire que ma vue se résume à voir Canal+, crypté en périphérique, si j'avais que l'œil droit j'ai moins 3 de vision j'étais à 10, j'ai 30% d'ITT, et en fait d'ailleurs quand je suis sorti de l'hôpital, le chirurgien m'a dit mais voilà avec votre handicap maintenant monsieur vous pouvez rester tranquille, profiter, la société vous aidera mais moi je me suis jamais considéré comme tel en fait j'ai dit ok bah... C'est un accident de vie, il faut qu'il me serve. Et j'ai avancé dans une direction. Et après, le cerveau, alors il y a peut-être une partie de caractère, j'en sais rien, je n'ai pas assez de recul sur moi pour le dire, mais en tout cas, le cerveau est une arme magique puisqu'il a compensé. Aujourd'hui, si tu veux, j'ai un peu de halo lumineux des fois quand je fatigue, mais je ne pense même plus que j'ai quelque chose sur cet œil-là. Alors qu'en fait, oui, ma vision a drastiquement réduite et en après-accident, ce qui m'arrivait souvent, C'était soit de prendre des arbres ou des panneaux quand je skiais, parce que je n'avais plus de profondeur, donc je ne les voyais pas arriver. Impossible d'estimer la distance. Et puis servir de l'eau à côté. Le nombre de fois où j'ai loupé le verre, je ne te raconte pas.

  • Speaker #0

    En fait, tu t'es dépassé. Tu as dépassé cette problématique, ce handicap visuel. Oui. C'est peut-être ce qui t'a poussé, donné l'envie d'aller encore plus loin.

  • Speaker #1

    Clairement, oui. C'est clair que... Peut-être que plus jeune, j'avais ce caractère peut-être compétitif ou compétition, mais cet accident a fait que ça m'a poussé encore à décupler mes forces, à décupler mes sens totalement.

  • Speaker #0

    À côté de ça, tu fais aussi de la production du visuel parce que je reviens juste sur un truc que tu le disais, on analyse toute la descente, mais quand on voit des vidéos de freeride, on a l'impression que ça descend, ça descend. C'est-à-dire qu'à certains moments, vous vous arrêtez et vous vous dites... On va se poser, on va regarder comment on doit passer par rapport aux barres rocheuses, par rapport...

  • Speaker #1

    Non, pas du tout.

  • Speaker #0

    Où on y va vraiment...

  • Speaker #1

    En fait, avant de monter à pied et descendre, on fait un repérage jumelle. Donc il y a une partie de mémorisation. On va enregistrer la montagne dans notre cerveau, se visualiser en train de descendre le run. Donc le run, c'est la descente qu'on a choisie. Bon, à tel moment, il y a un rocher triangulaire, il faut que je tourne à droite. Et puis après, il va y avoir une barre rocheuse qui fait à peu près 10 mètres et que je vais sauter avec de la vitesse. Donc on mémorise vraiment tout cette partie-là, on monte à pied, et puis on descend. On fait un reverse, et il n'y a pas de, on s'arrête dans la pente. Pour garder le plan de descente. Sauf si, et ça s'arrive souvent au début, on se perd dans la face, parce que quand tu manques d'expérience, c'est ce qui t'arrive, tu te perds, là tu es obligé de t'arrêter, de passer un coup de tuky-woky au gamin à main, dans un temps, mais là je suis complètement perdu, il faut que j'aille à droite, à gauche, je suis où ? Mais après avec l'expérience, non, après tu déroules.

  • Speaker #0

    Tu déroules le plan que vous avez défini.

  • Speaker #1

    En fait en... En quelques secondes, parce que moi ça m'est arrivé dans une de mes autres activités où j'organise des voyages de ski, et je l'avais fait une année au Greenland pour un client, on avait fait un voyage et des skis, et sans connaître la zone, je suis capable d'imprimer dans ma tête la montagne en 10-20 secondes, et de redupliquer 20 minutes plus tard la descente, et de me souvenir exactement où il faut passer pour éviter les obstacles.

  • Speaker #0

    Donc tu te lances après dans la production audiovisuelle pour finalement, tu nous parlais tout à l'heure de dualité, donc tu as toujours finalement des athlètes qui descendent et puis on filme tout ça et on raconte une histoire. Qu'est-ce qui te donne envie d'aller du coup dans ce domaine audiovisuel ?

  • Speaker #1

    En fait, ça part d'un constat très pragmatique, c'est que pour faire des films, quand tu es un skieur, en fait, ce n'est pas une production type Hollywood qui te paye en tant qu'acteur. C'est toi qui donnes de l'argent via tes sponsors. à une boîte de production qui est inclue dans un film. Et en fait, sur mes débuts des années 2010, je participe à pas mal de films, mais à chaque fois, mon constat est que je dépense beaucoup d'argent et que le résultat ne me plaît pas forcément par rapport à ce qui a été produit et ce que je vois à l'écran. De fil en aiguille, je me dis, bah attends, on va créer notre propre boîte de production. Et donc, on commence par faire des webisodes avec mon pote Laurent Jamais. Et puis là, on part sur quelque chose de très qualitatif, qui raconte un peu mon histoire et mon parcours. Ça marche plutôt bien, mais rapidement, je me dis aussi qu'on dépense un fric fou pour YouTube et au final, 100 000 vues. Ce qui était canon à l'époque parce qu'il n'y avait pas encore de webisode, pas trop, et les scores étaient très bons. Mais je me dis, mais c'est des mesures et ce qu'on dépense. Et rapidement, en fait, j'en arrive à, il faut qu'on fasse des films et il faut qu'on aille en télévision. Donc là, je crée la boîte de prod avec Laurent. Et puis, on se met à créer des documentaires avec du storytelling. Plutôt axé très sport au début, mais après rapidement avec des histoires, des rencontres, des légendes. Et on sort nos films chaque année sur un voyage, une destination.

  • Speaker #0

    Vous faites des films sur vous au final, c'est ça ?

  • Speaker #1

    On fait des films pas sur nous, mais sur une destination. Et c'est des autoproductions. Parce que c'est des films hybrides qui n'ont pas réellement d'existence dans le monde de la télévision. Ce n'est pas dans le process normal de coproduction. Et puis, c'est une case qui n'existe pas en fait. C'est du voyage et de l'histoire et du sport. Mais ce n'est ni l'un, ni l'autre, ni le troisième sujet.

  • Speaker #0

    Alors, ça a changé un petit peu là, non ? Parce que du coup, on va arriver tranquillement sur notre... sur la question de ce fameux festival, d'autant plus que France 3 a lancé un label qui s'appelle Préserve ta montagne. Et justement, là, finalement, c'est peut-être un petit peu ce que toi, tu imaginais il y a quelques années, d'avoir ce type de production, mais diffusée pour le coup à la télé.

  • Speaker #1

    En fait, si tu veux, là aussi, on parlait tout à l'heure de mon parcours qui a ouvert des portes. Mais donc, quand je crée la boîte de prod audiovisuel et que je dis, allez, on fait des films, je me dis, il faut que j'aille sur un salon pour rencontrer les acteurs de la télévision. Donc, je vais au MIP. qui est l'incontournable et là je rencontre les chaînes et les chaînes me disent bah oui mais votre film les images sont qualies c'est incroyable mais par contre on n'a pas de cases pour ça et donc déjà dans ma tête je me dis à cette période là mais en fait s'il manque de volume il faudrait peut-être qu'on se réunisse entre réalisateurs entre producteurs pour créer du volume pour pouvoir derrière faire des cases et de fil en aiguille quand le festival a grossi et qu'on a développé la partie professionnelle effectivement on a créé ce petit MIP mais consacré à la hauteur et à la montagne pour faire se rencontrer l'écosystème des diffuseurs et de l'autre côté, l'écosystème des créateurs. Parce qu'en fait, les uns regardent de loin les autres et vice versa. Il y a de la qualité et de l'intérêt des deux côtés, mais il n'y a pas réellement de communication.

  • Speaker #0

    Alors que si finalement, on s'aperçoit qu'on a plein de modules, de documentaires quali, on peut imaginer qu'il y a sur une saison, on va sortir tous les samedis soirs à la place d'un...

  • Speaker #1

    Exactement, exactement. en deuxième partie de soirée c'est exactement ça, puis quand tu regardes les films qu'on diffuse sur l'Explorel Festival de la qualité il y en a alors après c'est vrai qu'on répond pas à tous les codes de la télévision le storytelling ou la durée mais ça je veux dire avec un peu de discussion en amont tu résous vite la problématique oui c'est ça le problème de la télé c'est les cases donc ce qui marche bien sur internet va moins bien marcher à la télé parce qu'il y a ces histoires de cases qui sont

  • Speaker #0

    finalement assez fatigante en fait.

  • Speaker #1

    Cases et puis codes entre guillemets, tu vois. Mon écosystème, ces créateurs-là, si tu veux, on est autodidacte. C'est-à-dire qu'on fait sur le tas, mais on apprend sans forcément les codes. Et des fois, on sort des 45 minutes, mais on pourrait sortir un 52 minutes, tu vois. Mais comme on ne le sait pas que la télévision automatiquement va partir... Donc on se dit, tant mieux, on le fait comme on veut, on fait un 45, et puis à la fin, on se dit, c'est dommage, il aurait fait 52, on l'aurait pris. C'est des petits détails si tu veux, mais la qualité est là, la qualité d'image, il n'y a pas de secret. Et le storytelling a beaucoup progressé aussi au cours de ces dernières années.

  • Speaker #0

    Donc je reviens sur la création du Explorer Festival. Tu me dis que tu es allé au MIP, et là tu dis qu'il y a un truc à faire, avec finalement tes amis qui eux aussi faisaient des productions Kali. Et là vous vous dites quoi ? On se retrouve et on fait une embryon du Explorer Festival ? On fait ça sur un coin de table ? On se regroupe en dizaine ?

  • Speaker #1

    Il n'est pas né comme ça en fait le festival. Le festival il est que moi je suis passionné de cinéma, j'aime bien aller au ciné-noche tout simplement, et que depuis 10 ans déjà à chaque fois que je passais au cinéma, le propriétaire du ciné à Bourg me connaissant en tant que skieur, il me dit Ouais Thibaut, ça ne te dirait pas qu'on organise une soirée film de ski ? Puis à chaque fois je disais Non, non, non, je suis désolé, je suis trop occupé, je ne peux pas. Puis à force qu'il me le demande, un jour j'ai dit Bon, écoute, allez, on y va, cette année on fait quelque chose, on fait une soirée. Et puis moi quand je me lance dans quelque chose, je n'arrive pas à me contenir en fait. Et donc, je passe deux, trois coups de fil à mes collègues skieurs, à mes collègues réals. Et dès la première édition, c'était pas une première édition, mais dès ce premier événement, on organise une soirée et un après-midi de films de sport de glisse. Et puis, ça se passe. Il y a plutôt pas mal de monde pour zéro communication. Et là, des gens viennent nous voir et nous disent Ah, c'était génial, merci. Donc, la seconde édition, c'est quand ? Alors là, on se regarde avec Jean, le propriétaire, on se dit Mais en fait, on n'a pas réfléchi à une seconde édition. Et les gens nous disent Ouais, mais si vous voulez, on vient vous aider, nous, ça nous ferait trop plaisir. Donc là, en fait, naît l'idée d'un festival. A l'époque, ça s'appelait le Winter Film Festival. C'était à Bourg-Saint-Maurice, ça s'était dédié au sport de glisse. Et progressivement, ça s'est transformé en festival de films de sport outdoor. Et puis, le X-Sport Festival, lui, est plutôt né suite au Covid. Donc Covid, on sait tout ce qui s'est passé au mois de mars. On est confinés, bloqués chez nous. Dans l'univers des montagnards et dans l'univers alpin, on ferme les stations. Un truc qu'on pensait impensable, mais qui arrive. L'hiver suivant, encore pire, la station, en tout cas les remontées mécaniques, n'ouvre pas. Donc on se rend compte qu'on est dans un écosystème économique qui est assez fragile finalement. Puisqu'une crise sanitaire, on arrête tout. Et le tourisme, pour nous, Vallée Alpine de Tarentaise, c'est 60%, 70% du PIB. Donc autant dire que si tu coupes le tourisme, tu coupes quasiment toute l'économie de la vallée. Et en plus ça l'irrique puisque indirectement, des agences bancaires, des assurances sont liées aussi à cette présence du tourisme et d'une vallée ultra dynamique. Donc on se dit à ce moment-là, parce que ça parle beaucoup chez les élus de tourisme à l'année, quatre saisons, la montagne vivante, on se dit, attends, nous, on va peut-être reformater notre festival, puisqu'on était déjà arrivé sur une évolution, passer du ski pur au sport outdoor. On dit, bon, on va l'orienter montagne parce qu'il y a une vraie thématique et en plus, la thématique de la transition qui commence à apparaître. Après, on se dit, on va le changer de période, on va le mettre sur une période morte, entre guillemets, qui est les périodes de vacances de la Toussaint. qui sont magnifiques d'ailleurs, puisqu'on a les couleurs, on a un environnement qui est incroyable, mais dont personne ne parle, alors parlait, puisque ça commence à évoluer, on le voit que maintenant il y a des stations qui prennent vraiment cette période pour en faire la promotion, et puis on se dit, on va sortir un peu de notre ville de Banque Saint-Maurice, et on va faire un festival de territoire, puisque déjà on commençait à faire de manière éphémère, une ou deux diffusions dans les communes voisines. Donc là, naît le X-Poral Festival en fait, on le renomme, ça devient un festival multiterritorial sur 12 communes, pendant les vacances de la Toussaint, pour faire la promotion de la montagne.

  • Speaker #0

    Et raconter l'histoire de la montagne ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Un film qui, dans toutes ses éditions, alors ils sont tous marquants, moi j'avais vu quelques extraits, j'avais assisté à une projection, je crois aussi. Un film qui t'a vraiment marqué, touché, en te disant, ouais, là, il y a vraiment un message fort, parce que tous les... Tu parlais un peu d'environnement, il y a beaucoup de questions liées aussi à l'environnement, la préservation de la montagne, l'écosystème, la biodiversité, tout ça, mais un film... Un film qui t'a vraiment marqué au plus profond de toi ? Toi, tu as parcouru tout un tas de... Celui-ci m'a touché, limite, tu avais les larmes aux yeux. Tu vois, quelque chose de très fort. Tu n'es pas obligé de dire le réalisateur et le titre, mais un peu le pitch, tu vois ?

  • Speaker #1

    C'est difficile à dire parce que je vois beaucoup de bons films passer. Et puis, moi, j'ai aussi la casquette de producteur, tu vois ? Donc, je connais l'envers du décor, les discussions avec le réalisateur, le projet, les heures d'effort, que ton film soit bon ou pas. Parce qu'au final... Pour sortir un film, il faut bosser comme un malade. Et c'est difficile d'en sortir un plus qu'un autre. Si comme ça, je parle à haute voix, j'en ai deux qui me viennent en tête. J'en ai vu un sur du highline en Morienne, qui était incroyable. En termes d'image, c'était magnifique.

  • Speaker #0

    Le highline,

  • Speaker #1

    c'est quand tu traverses à pied sur une corde en équilibre, avec une ligne de vie pour la plupart, évidemment. Mais c'est ce sport extrême. parce que c'est un sport extrême basé sur équilibre et adrénaline là aussi. Et puis j'en ai vu un l'année passée qui était tourné au Groenland, qui était plus axé sur l'humain, sur une personnalité, un caractère très fort, qui est Franck Bruno en fait. Un aventurier qui a subi lui aussi un grave accident sur un porte-avions quand il était militaire, je crois il y a 20 ans de ça, qui est amputé et qui aujourd'hui transmet sa passion à se dépasser, à vivre avec et notamment auprès d'un public handicapé. Et celui-là est très fort parce que... Le personnage est très fort. Donc, il y a un vrai fond. Et puis, sublimé par les paysages du Groenland.

  • Speaker #0

    C'est quoi le point commun entre tous ces sportifs réalisés par l'amour de la montagne ? Qu'est-ce qu'on pourrait dire ? Peut-être le dépassement de soi ? Sortir du cadre ? Pas avoir peur, en fait ? Oui,

  • Speaker #1

    pas avoir peur, en fait. Sortir du cadre, certainement. Être passionné par la nature. Ça, c'est une obligation. Et puis, pas avoir peur de se mettre en danger. pas forcément en danger par rapport à un accident, mais je veux dire sortir de sa routine, sortir de la boîte, penser différemment. Et je pense que ça, c'est un peu le point commun, puisque je reviens, moi, quand je me suis lancé en carrière, pendant X années, mes parents, mes proches me disaient Alors, qu'est-ce que tu fais ? Comment ça va ? Je dis Là, je me prépare sur la compétition, ou là, je vais sur un voyage. Ils me disent Non, non, mais comme métier. Je dis Mais c'est mon métier. Et en fait, tu vois, c'est un métier peu courant, et donc dans les mentalités, ce n'était pas perçu comme un métier. et donc se considérer comme athlète professionnel ou skieur, je perds ce chemin là c'est déjà en soi une grosse prise de risque est-ce qu'on peut accrocher ça,

  • Speaker #0

    parce que tu as aussi ta casquette d'entrepreneur, de chef d'entreprise puis finalement quand on est à la tête d'un festival, on a aussi ces questions d'organisation, gestion d'équipe gestion de budget est-ce que les entrepreneurs peuvent ou slash doivent s'inspirer du sport et finalement un peu ton histoire, mais qui est finalement similaire à celle de Mathieu Navillot notamment, de Kylian Bon, qui fait du VTT, le sport, le dépassement de soi, puis la partie réalisation. On va montrer ce qu'on fait. Est-ce que tout ça, il y a un espèce de pendant avec l'entrepreneuriat ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a clairement un pendant. Et comme je dis toujours aussi, sport, école de la vie, pour un entrepreneur, c'est fabuleux. Parce qu'en fait, je reprends mes années d'entraînement de natation. Cinq entraînements par semaine, une heure et demie dans le bassin, à regarder la ligne au fond. J'exagère le propos, mais ça t'apprend la résilience. Ça t'apprend la force de travail, l'entraînement, la rigueur. Et c'est des choses que tu retrouves dans le monde de l'entreprise. La compétition, ça t'apprend à te dépasser, à sortir de ta zone de confort, comme l'entrepreneur en fait y est confronté, puisque quand tu deviens entrepreneur, t'es laissé à toi-même. Tu dois faire face à l'adversité. Et ça, je pense que c'est un gros atout pour ceux qui ont un passé de sportif. Alors, il n'y a pas besoin d'être sportif ou d'avoir été sportif pour être un bon entrepreneur. Mais en revanche, il y a clairement des passerelles. Moi, j'ai fait pas mal de sport collectif aussi, donc ça t'apprend à travailler ensemble, à coordonner, à être à l'écoute. parce que tes partenaires ils font partie comme toi de l'équipe et s'il y en a un qui est pas bon ça plombe l'équipe donc il faut être à l'écoute du partenaire qui est moins bien, le remotiver et autres et ça c'est des choses que tu retrouves en fait dans le monde de l'entreprise, tu peux avoir des collègues qui sont un peu moins bien et qui vont tirer l'entreprise vers le bas il faut être à leur écoute, il faut les aider à se dépasser, à avancer moi je remercie le sport parce qu'il m'a appris toutes ces valeurs, je les ai pas appris à l'école et pas forcément dans le foyer parental en tout cas pour le dépassement de soi ou autre et le sport me les a inculqués et aujourd'hui je m'en sers tous les jours dans le monde de l'entreprise

  • Speaker #0

    C'est quoi les grosses problématiques justement sur ce type de festival à part le nerf de la guerre qui reste toujours les finances et le budget mais c'est quoi les plus grosses galères sur un festival comme ça ?

  • Speaker #1

    Alors les plus grosses galères en fait c'est d'être conciliant d'être capable de faire des concessions, mais pas tant. Ça, je dis par rapport au monde politique, en fait, parce que nous, on dépend. Il y a trois sources de financement dans un festival, principalement. Il y a l'institutionnel, les subventions. Donc là, c'est des élus qui décident avec qui il faut s'entendre, avec qui il faut les séduire. Il y a les partenaires privés. Donc là, c'est plutôt de la négoce, c'est du deal, c'est des échanges, clairement. Il y a les mécènes et puis après il y a les rentrées directes de billetterie et autres. Il faut être capable d'imposer ses idées, mais à la fois d'être conciliant, parce que par exemple pour les subventions institutionnelles, tu ne décides jamais de ce que tu veux faire de A à Z. Tu as un élu qui va dire oui, mais moi je le vois plutôt comme ça. Il faut savoir prendre sur soi, parce que même si ce n'est pas des experts de l'événementiel, ils pèsent dans la décision pour attribuer la subvention. Et si tu attribues la subvention ou pas, ça change radicalement la face du festival. Donc, il faut avoir cette capacité d'écoute, mais à la fois de savoir s'imposer, d'être aussi dynamique, d'imposer sa vision. Parce que dans l'instant T, des fois, il y a des élus ou partenaires, mais qui ne comprennent pas l'intérêt de ton projet. Il faut savoir être persuasif, savoir les amener avec toi. Ça, par exemple, tu vois, moi, j'étais en sport collectif, j'étais capitaine d'équipe. Bon, ça, c'est des choses que je tire du sport, c'est-à-dire que mener mon équipe à la victoire. mener mon équipe dans le championnat en étant un exemple en étant un leader en les soutenant c'est des choses que j'utilise avec les chefs d'entreprise ou avec les politiques de la même manière oui en mettant en mettant potentiellement un peu ton ego de côté en disant mais moi j'ai décidé que c'était comme ça mais en fait en discutant avec les autres on s'aperçoit que il

  • Speaker #0

    faut faire des compromis et des conseils fonds c'est finalement c'est comme quand on descend du montagne c'est vendu une barre rocheuse ou un peu de neige qui tombe et on voit un on est obligé de switcher.

  • Speaker #1

    De changer de parcours.

  • Speaker #0

    C'est en ça qu'on prend ça.

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    il faut être flexible. On fait vraiment le lien entre ce que tu m'as dit au début de l'épisode et là. Au final, je me dis que finalement, monter un événement quel qu'il soit ou lancer une entreprise quelle qu'elle soit n'est pas tellement différent de je suis tout en haut de la montagne, je dois descendre, comment je fais ? J'ai un petit peu analysé, j'ai une ligne de route, puis à tout moment,

  • Speaker #1

    je peux switcher. La ligne de conduite principale que je garde, c'est rester humble. se remettre en permanence en question, être à l'écoute. Alors, à l'écoute de l'écosystème quand tu es en entreprise, mais à l'écoute de la nature quand tu es en pleine montagne, et être capable de réagir rapidement. Voilà, c'est ma ligne de conduite que j'applique depuis tout le temps. Il faut constater que pour l'instant, je n'ai pas à me plaindre de ce choix, mais oui, il faut vraiment être capable de mettre son égo de côté, se remettre en question, être capable d'accepter les critiques, d'être à l'écoute des remarques et ne pas être buté. Parce que... On a souvent tendance à penser qu'on sait faire, on sait bien faire. Et des fois, c'est vrai. Mais les remarques, quand elles reviennent régulièrement, c'est qu'il y a des raisons. Et je le vois dans mon écosystème de chef d'entreprise. J'en trouve que beaucoup n'arrivent pas à se remettre en question. Ils sont en mode, oui, mais moi, je suis spécifique, je connais tel ou tel milieu, donc je n'ai pas de leçons à apprendre ou entendre. Mais des fois, sans même être des leçons, des remarques peuvent être des signaux. Il y a des signaux faibles et puis il y a des signaux forts. Et être capable de se remettre en question rapidement, de se dire attends, mais il m'a dit ça, mais peut-être qu'il faut que je prenne de la hauteur, que j'analyse et que… Ça, c'est important. Et j'ai toujours une anecdote, mais un grand chef d'entreprise que je connais, il me dit, tu sais Thibault, les meilleurs chefs d'entreprise, c'est ceux qui sont capables de faire l'hélicoptère. Je dis, mais c'est quoi l'hélicoptère ? Il me dit, en fait, en pleine situation de réflexion, c'est tu prends de la hauteur, comme un hélicoptère, tu montes avec ton rotor, tu regardes ta situation depuis le haut, tu prends ta décision et tu redescends et tu la transmets à tes équipes. Et ça, je trouve que c'est capital, en fait, d'être capable de prendre de la hauteur dans le moment de réflexion ou dans le moment de panique. C'est... pas donné à tout le monde, c'est pas facile mais c'est ce qui fait que tu peux prendre les bonnes décisions qui des fois changent radicalement la face de ton entreprise ou d'un événement

  • Speaker #0

    C'était comme ça il y a 15-20 ans ? Non,

  • Speaker #1

    pas du tout il y a 15-20 ans j'étais un sportif j'étais sûrement plus égocentrique et puis je faisais ma route et puis si tu veux, moi j'ai fait un sport individuel, le ski donc mon cercle proche c'était mon préparateur physique le kiné et moi donc ça fait moins de membres de l'équipe quoi tu vois donc je m'écoutais plus forcément parce que j'étais plus isolé mais au final j'ai découvert avec le temps et avec les entreprises que tu dois être à l'écouté de tout ton entourage et de toute manière c'est un peu l'image qu'on fait souvent avec le sport un champion cyclisme qui remporte le tour de france il n'y a pas que lui il y a tout son entourage en fait c'est une équipe lui c'est la tête de gondole qu'on voit mais son entraîneur, son préparateur physique, son chargé de relations presse, ils font tous partie de cette équipe, de cette entreprise qui le rend successful.

  • Speaker #0

    Sli, dans les dernières minutes, pour conclure, tu avais encore des choses à nous dire, des anecdotes, des trucs qui potentiellement peuvent motiver celles qui nous écoutent à un peu se dépasser, à sortir des sentiers battus. Des expériences ou des discussions. L'exemple de l'hélicoptère est fabuleux. Je pense que ça fera une super phrase d'accroche. C'est de se dire qu'effectivement, il faut prendre de la hauteur sur les situations, mettre chacun un petit peu à sa place pour que chacun s'épanouisse au final. Oui,

  • Speaker #1

    ça. Il y a deux autres choses que je trouve capitales. La première, c'est qu'il faut croire en ses rêves ou toujours s'accrocher. Avec le travail, sa paix. Toi,

  • Speaker #0

    tu as écouté Gérald Fontanel, l'invité du précédent épisode. Oui, mais je l'ai écouté.

  • Speaker #1

    Je l'ai écouté. Et ça, en fait, je pense que tu vas demander à n'importe quel entrepreneur, ils vont tous te raconter ça. On a tellement d'exemples de parcours de mecs très intelligents qui sont tombés, qui ont échoué, mais qui ont ensuite réussi. Le parcours de l'entreprise ou de l'entrepreneur, c'est un long chemin, en fait. C'est un marathon. Donc, tu n'es pas parti pour un 100 mètres, pour un sprint. Tu sais que ça va durer 42 kilomètres. Autant dire que c'est long, le temps est long et il ne faut pas s'arrêter au premier échec ou au premier obstacle. Voilà, ça c'est la résilience, le long parcours. Et puis la deuxième aussi, c'est d'être à l'écoute, d'échanger, de beaucoup échanger. Moi je sais que souvent, je passe des coups de fil à des amis, alors qu'ils sont dans la même situation que moi en tant que rôle chef d'entreprise, pour échanger sur des problématiques. Pas forcément les miennes, mais les leurs. Et en fait, d'écouter leurs problématiques, ça me donne souvent des idées. et je trouve que ça c'est intéressant d'échanger hors contexte d'écouter, de communiquer ça peut te donner des clés pour solutionner tes propres problèmes s'inspirer aussi des histoires des autres,

  • Speaker #0

    c'est un peu notre sujet de ce podcast un petit truc dernier truc à rajouter avant qu'on se fasse notre petite conclusion un truc capital mais être curieux on progresse tous les jours on en apprend tous les jours,

  • Speaker #1

    ça c'est capital à mes étudiants,

  • Speaker #0

    soyez curieux déjà vous aurez fait un une bonne partie du chemin.

  • Speaker #1

    C'est une évidence et puis en fait, on peut tout faire dans la vie, c'est-à-dire qu'on peut changer de métier, on peut changer de parcours, on peut changer de compagne. Il n'y a rien de rédhibitoire. Comme je dis moi souvent à mes étudiants, enfin à mes alternants, c'est entre vos mains. C'est à vous de vous prendre en main, c'est à vous d'être curieux et dynamique et vous verrez, vous y arriverez. Il n'y a pas de problème. Il faut juste y croire.

  • Speaker #0

    Merci Thibaut. Pour terminer, si tu... Tu imaginais quelqu'un à ta place comme ça pour un prochain épisode ? Tu vois quelqu'un à qui tu veux faire partie ? Quelqu'un qui a des choses comme toi un peu racontées, qui va nous faire rêver, alors que ce soit sur le sport, l'entrepreneuriat ou un artiste peut-être ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai une fibre très sportive. Alors, je vais rester dans le sport. Et deux athlètes, mais qui ont des parcours un peu très entrepreneurial. Cédric Tassant ou Kylian Brou. C'est deux athlètes qui font des choses inspirantes, incroyables. qui ont vraiment un état d'esprit d'entrepreneur, qui construisent, qui bâtissent et qui, je pense, ont de très belles choses à raconter.

  • Speaker #0

    Bon, on va les contacter alors. Merci beaucoup Thibaut d'avoir accepté cette invitation. On se retrouve pour un prochain épisode. On se voit bientôt au Explore Festival. Je viendrai avec grand plaisir. On sera aussi avec Marilyn, certainement, qui t'avait aussi invité dans un épisode de son live consacré à... à l'événementiel. Tout à fait. C'est le sujet du dur du festival. Voilà. Merci de nous avoir écoutés. Je vous souhaite une belle journée et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode Media Lab Factory.

Share

Embed

You may also like

Description

Dans cet épisode captivant de Metastory, Sébastien Meunier reçoit Thibaud Duchosal, skieur professionnel et fondateur de Xplore Alpes Festival. Thibaud partage avec nous des moments clés de sa vie, notamment l'accident qui a bouleversé sa vision du monde et a redéfini son parcours personnel et professionnel.


Le parcours de Thibaud :

Passionné de montagne depuis son plus jeune âge, Thibaud raconte comment le ski est devenu un véritable fil rouge dans sa vie. Malgré les épreuves, comme un accident à l'oeil survenu lors d'un match de hockey, il a su rester résilient. Cet événement marquant lui a imposé une longue rééducation à l’hôpital, mais a aussi révélé sa détermination à poursuivre ses rêves sportifs.

Les valeurs qui guident son quotidien :

L'humilité et la remise en question sont des piliers centraux de sa philosophie de vie. Thibaud explique l'importance de toujours rester à l'écoute, que ce soit dans la gestion des risques en montagne ou dans le cadre de l'entrepreneuriat. Il illustre brillamment cette idée avec une analogie surprenante : le "mode hélicoptère", qui consiste à prendre du recul pour mieux appréhender les situations complexes et ensuite redescendre avec une solution.

Créateur d'un festival de cinéma :

Outre son parcours de skieur, Thibaud est également l'organisateur du Xplore Alpes Festival, un événement dédié au cinéma, à l’aventure et à la découverte, qu'il présente dans cet épisode. Il évoque la naissance de ce projet et comment sa passion pour la nature et les défis extrêmes a ouvert de nouvelles portes dans sa carrière.

Cet épisode est une véritable plongée dans l’univers d’un sportif de haut niveau, où chaque décision est le fruit d’une réflexion minutieuse. À travers des anecdotes inspirantes, Thibaud nous rappelle que, même dans un sport perçu comme extrême, chaque action est calculée avec précision.


À découvrir : Si vous êtes passionné par la montagne, l’aventure, ou si vous cherchez simplement un exemple de résilience et d'humilité, cet épisode est fait pour vous ! N’hésitez pas à plonger dans cette conversation inspirante avec Thibaud Duchosal.



Musique : BELIEVE IN YOURSELF - ALEKSANDAR KIPROV

© 2024. Medialab Factory.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    MediaLab Factory

  • Speaker #1

    Cet accident, il a changé ma vision de la vie, c'est le cas de le dire, et il a créé le parcours que j'ai aujourd'hui. Sur un match de hockey, je prends un coup de crosse. Je fais trois mois à l'hôpital, trois mois assez longs, assez durs, parce que j'ai eu plusieurs opérations. À la sortie de ce passage-là, le chirurgien me dit qu'il faut que j'arrête le sport. On a souvent la remarque qu'on fait un sport de kamikaze, qu'on est des fous, alors qu'en fait, on est dans une discipline ultra réfléchie. On est dans une analyse permanente des risques. de gestion, de prise de risque, d'observation, d'analyse de comportement, de météo. Et en fait, c'est très cérébral. Ça peut paraître paradoxal parce que quand on voit les images, on se dit Waouh, c'est des fous, c'est des tarés mais tout est contrôlé, tout est maîtrisé. La ligne de conduite principale que je garde, c'est rester humble, se remettre en permanence en question, être à l'écoute. Alors, à l'écoute de l'écosystème quand tu es en entreprise, mais à l'écoute de la nature quand tu es en pleine montagne et être capable de réagir rapidement. Un grand chef d'entreprise que je connais, il me dit, tu sais Thibault, les meilleurs chefs d'entreprise, c'est ceux qui sont capables de faire l'hélicoptère. Je dis, mais c'est quoi l'hélicoptère ? Il me dit, en fait, en pleine situation de réflexion, c'est tu prends de la hauteur, comme un hélicoptère, tu montes avec ton rotor, tu regardes ta situation depuis le haut, tu prends ta décision et tu redescends et tu la transmets à tes équipes. Avec le travail, ça paie. On progresse tous les jours, on apprend tous les jours.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans un nouvel épisode de Metastory, le podcast qui raconte les histoires de mes invités. pas seulement leurs histoires, mais toutes ces petites histoires qui font qu'ils sont qui ils sont aujourd'hui. Et aujourd'hui, je suis très heureux d'accueillir, dans un environnement d'enregistrement un petit peu spécial, puisqu'on est au cœur de Lyon avec beaucoup de bruit autour de nous, Thibaut Duchosal. On va voir avec lui. Alors Thibaut, vous êtes sportif de haut niveau, fondateur du Explore Festival. Et je suis sûr que vous avez tout un tas de choses à nous raconter. Tout d'abord, comment allez-vous ?

  • Speaker #1

    Écoutez, je vais bien. Effectivement, on va avoir pas mal de choses à dire.

  • Speaker #0

    c'est une bonne présentation athlète organisateur d'un festival c'est bien pour la mise en bouche mais alors justement Thibaut si vous deviez vous présenter mais pas à n'importe qui à Thibaut quand Thibaut avait 10-12 ans comment vous vous

  • Speaker #1

    décririez aujourd'hui qu'est-ce que vous lui diriez je suis Thibaut j'ai fait tout un tas de choses je lui dirais je suis Thibaut passionné de montagne qui qui a été le fil rouge tout au long de mon parcours pour mes diverses activités. Et j'ai entrepris plein de choses, et notamment le fait d'être un skieur professionnel qui a ouvert plein de portes derrière.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est ça en fait. C'est l'entrée, c'est le ski. Puis derrière, ça nous amène jusqu'à ce festival. On y reviendra tout à l'heure. Si peut-être qu'on va se tutoyer, ça irait mieux. On aura peut-être plus facile de rentrer dans ton histoire. Moi, ce qui m'intéresse justement, c'est cette histoire de ski et d'amour pour la montagne. Tu nous partages énormément de choses sur LinkedIn notamment et tu nous montres au quotidien ton amour pour la montagne. C'est quoi ce lien que tu as avec la montagne ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'à travers mon parcours notamment d'athlète, j'ai voyagé dans beaucoup d'endroits incroyables dans le monde. Toujours en lien avec la montagne puisque c'était avec mon activité pour faire des films ou des tournages photos. J'ai eu cette chance incroyable et ça, je le dois à la montagne, à mon environnement. C'est un mix entre la passion du sport et cette montagne qui m'a permis de m'accomplir aujourd'hui en tant qu'adulte et à travers mon parcours sportif et entrepreneurial.

  • Speaker #0

    D'accord, donc le lien fort, c'est ta vie et la montagne.

  • Speaker #1

    Oui, parce que j'y suis né, j'y ai grandi, donc il y a de l'affectif, il y a de l'émotion, il y a mon cocon, mon noyau qui est dans ces vallées montagnardes. Et puis dans cet environnement, surtout à notre époque, c'était peut-être plus simple. j'étais tout le temps dehors, gamin, en pleine nature, en pleine montagne. Et donc, j'ai développé un amour inconditionnel pour ce territoire.

  • Speaker #0

    À quel moment on se dit, on va se lancer dans le sport de haut niveau autour du ski ? C'est quoi ? On a fait les piou-piou, la première étoile, la deuxième étoile, et après on se dit, on y va, j'ai un potentiel ?

  • Speaker #1

    Pas réellement en fait, parce qu'en ce qui me concerne, évidemment, moi j'ai fait du ski, j'habite en Tarentaise, c'est au pied des plus grandes stations de ski au monde. Mes parents m'ont mis au ski club, donc j'ai été plutôt un bon niveau, j'ai fait de la compétition. Puis parallèlement, j'ai toujours été aussi un... un sportif multicorde et j'étais en fait un très bon nageur et accessoirement de mes 7 ans jusqu'à la période de la quatrième c'était cinq entraînements par semaine plus les compètes le week-end et en parallèle je faisais du ski donc j'étais très fort en natation j'étais très bon au ski mais j'avais pas autant de temps en tout cas j'y consacrais moins de temps et puis un jour la piscine de bourg a fermé et j'ai perdu tout mon niveau parce que A cette époque-là, on dépend des parents pour aller s'entraîner et donc de la logistique de transport. Et je suis passé de cinq entraînements semaine à un entraînement semaine. Donc j'ai en quelque sorte perdu mon niveau et du coup, le ski qui était à proximité, je me suis reconcentré sur le ski. Un peu trop tard pour accrocher les groupes élites en équipe nationale, mais assez suffisamment pour faire des compétitions à haut niveau. Et puis à cette époque, l'émergence du ski freeride, c'était le tout début du ski extrême. avec une compétition qui se déroulait notamment aux arcs, une compétition mondiale, avec pour moi une sorte d'exemple sous les yeux. Et puis on se dit, pourquoi pas moi ? J'avais un bon niveau en ski, je voyais ce qu'il faisait. Avec notre club des sports, on faisait souvent aussi de la poudreuse, ce qu'on appelle du ski hors piste.

  • Speaker #0

    Là où moi je tombe, à chaque fois j'y vais, mes potes y vont. Oui,

  • Speaker #1

    et moi c'est venu naturellement. Donc je ne m'étais pas dit, je serais sportif de haut niveau, rien du tout. Ça s'est fait en cours de route. Et puis parallèlement, les études. Si j'ai toujours eu cette passion pour le sport et que je voulais en faire en quelque sorte ma vie, au début avec une vision un peu idéale de faire preuve de sport, mes parents, à travers les études, m'ont dit Non, non, tu vas faire un vrai métier. Parce qu'on savait que la filière STAPS était un peu bouchée. Et donc, j'ai suivi des études. Et puis après, un coup du sort en fin d'études a fait que je suis reparti dans une vie d'athlète professionnel.

  • Speaker #0

    Le ski freeride, pardon. Comment on y vient et qu'est-ce qu'on ressent ? Parce que moi, j'ai vu des vidéos, notamment au Explore Festival l'an dernier, de ces athlètes qui descendent un petit peu. Il y a des massifs rocheux, il y a des choses. C'est très dangereux, non ? Est-ce qu'on a peur quand on est en haut d'une montagne et qu'on doit la descendre ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, c'est un sport extrême. Évidemment, il y a une prise de risque qui peut être élevée. Ensuite, on est dans un milieu hostile qui s'appelle la montagne. Même si c'est magnifique, que c'est beau, que c'est à trac... Tif, entre guillemets, le danger est toujours présent. Donc ça, on le sait. Après, il y a un côté adrénaline, en fait. Et c'est ça qui fait que quand on accroche, généralement, on en fait de plus en plus parce que c'est des énormes décharges d'adrénaline. C'est comme de la drogue, en fait. Et on a envie et encore plus envie à chaque fois de prendre ces décharges. En termes de sensation, c'est difficile à décrire parce que tant qu'on n'en a pas fait, on ne comprend pas vraiment. C'est une sorte de liberté. C'est un sentiment de supériorité qui se crée avec l'adrénaline. J'arrive à dominer les éléments. Mais c'est assez paradoxal parce qu'en même temps, on sait qu'on est un petit microbe dans ce milieu, qu'une avalanche ou un moindre accident, dérapage, une pierre cachée, ça peut tourner mal. Il y a un sentiment de peur qui est là. Et tant mieux, tant que la peur est présente, c'est bon signe. Parce qu'à partir du moment où elle disparaît, c'est là que l'accident survient. Donc oui, on a toujours un peu peur, mais après, l'adrénaline est tellement forte que l'attraction de ce genre de sentiment de décharge d'adrénaline fait que ça surpasse tout.

  • Speaker #0

    Et toi, tu t'es fait peur un jour sur une descente comme ça ? Mais vraiment, je veux dire, vraiment, le truc où tu te dis là, à ce page, on n'a pas cette discussion aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Pas réellement, parce que j'ai eu plusieurs anecdotes, on s'est retrouvé dans des situations un peu tendues. Notamment avec mon pote Lucas, mon pote argentin, parce qu'on a fait beaucoup de voyages ensemble, et puis en allant loin de tout, on s'est retrouvé dans des situations un peu engagées. Mais contrairement à ce qu'on pense, on a souvent la remarque qu'on fait un sport de kamikaze, qu'on est des fous, alors qu'en fait on est dans une discipline ultra réfléchie. On est dans une analyse permanente des risques, de gestion, de prise de risque, d'observation, d'analyse de comportement, de météo, et en fait c'est très cérébral. Ça peut paraître paradoxal, parce que quand on voit les images, on se dit c'est des fous, c'est des tarés mais tout est contrôlé, tout est maîtrisé. Et du coup, ça fait qu'au final, c'est une exécution qui se fait presque normalement. Mais je dirais comme n'importe quel métier, quand on l'a répété, répété, c'est l'expérience qui est là, qui aide à faire. Donc là-dessus, il n'y a pas de ressentiment particulier.

  • Speaker #0

    Donc tu nous disais, j'ai beaucoup voyagé avec Lucas. Tu es allé où toi ? Les endroits les plus merveilleux où tu as pu pratiquer cette discipline complexe ?

  • Speaker #1

    J'ai vraiment parcouru tout le globe. Je vais citer quand même trois zones que j'adore. La première, c'est la Patagonie avec l'Argentine. C'est des contrées lointaines avec vraiment des paysages grandioses où on se sent vraiment tout petit au milieu de la nature parce que les forces de la nature, le vent notamment, sont tellement puissants que... On sent bien qu'on n'est rien et qu'on est en plus perdu au milieu de nulle part. Le Kamchatka, la péninsule qui est à l'extrême est de la Russie, juste au-dessus du Japon, avec ses volcans actifs, avec des sommets qui peuvent aller jusqu'à 4000 mètres et l'océan à perte de vue. C'est vrai que là, c'est des paysages qui sont grandioses. Et puis, un voyage aussi qui m'a marqué, c'est le Groenland. Le Groenland avec ce côté silencieux, paysages immaculés, ambiance incroyable, population locale très sympathique. Mais je pourrais citer plein d'autres pays en fait, parce que le problème, c'est qu'à chaque endroit, il y a des trucs de dingue.

  • Speaker #0

    Oui, c'est une nouvelle carte postale à chaque fois, j'imagine, des paysages qui passent l'entendement.

  • Speaker #1

    Totalement, je crois que j'ai dû faire plus de 35 pays à ski, donc où on a des montagnes et de la neige. Il m'en manque quelques-uns, mais à chaque fois, je me suis régalé. Et puis le ski a été aussi une excuse pour voyager, pour découvrir. Comme je dis toujours, je ne me suis jamais enrichi avec le ski financièrement. Par contre, intellectuellement, ça a été un régal.

  • Speaker #0

    Donc ça, tu l'as fait en pro à un moment donné ? Toujours un petit peu ou non ?

  • Speaker #1

    Non, je l'ai fait pendant longtemps même. Parce qu'en fait, suite à mon accident, je me lance dans une carrière de freerider en partant de zéro. Ma carrière commence à décoller à partir de 2008 où j'intègre un circuit compétition mondiale pour faire mes preuves et où ça se passe bien pour moi. Je fais des très bons résultats 2009-2010. Je finis sixième mondiale en 2009. Je fais des podiums en Coupe du Monde. Et puis après, j'enchaîne sur compétition plus film. Parce que le freeride est un sport de dualité. Soit on fait de la compétition, soit on participe à des tournages. Et j'ai fait ça activement, très activement jusqu'en 2019. Donc, c'est une longue carrière pour un skieur professionnel.

  • Speaker #0

    Cet accident, finalement, te met sur une autre voie. Tu peux nous en dire quelques mots sans rentrer dans les détails, mais qui finalement te donne un autre chemin. C'est un peu ça aussi la vie, c'est qu'à un moment donné, tu t'es prédestiné à un truc, puis en fait, tu splittes pour complètement autre chose, qui finalement aujourd'hui n'est pas...

  • Speaker #1

    C'est totalement ça, puisqu'en fait, comme j'en parlais avant... Revitable. Oui.

  • Speaker #0

    Un autre chemin,

  • Speaker #1

    quoi. Bien sûr, c'est un autre chemin. En fait, mes parents me disent, il faut que tu fasses des études, que tu aies un vrai métier, entre guillemets, parce qu'il n'y a pas de vrai métier, mais en tout cas dans la croyance. Donc je fais un IUT génie des matériaux, j'enchaîne sur un BNJ Honor Polymer Engineering, donc c'est matière plastique à Edimbourg. Je suis dans ma dernière année pour passer mon master et là sur un match de hockey je prends un coup de crosse. Je fais trois mois à l'hôpital, trois mois assez long, assez dur parce que j'ai eu plusieurs opérations. J'étais à Lyon, ce qui est pas très loin mais peu de visites puisque mes proches étaient à deux heures et demie de route et je leur demandais en plus volontairement, je voulais pas les embêter avec ça. Et là pendant deux mois j'ai eu le temps de réfléchir et en fait... À la sortie de ce passage-là, le chirurgien me dit qu'il faut que j'arrête le sport, qu'il ne faut plus que j'en fasse du tout parce que je suis très instable, notamment l'œil qui a été accidenté. Et c'est à ce moment-là où je me dis, en fait, avec tout ce que j'ai vu cet été, avec des gens qui arrivent, qui sont en pleine forme, et qui sur un coup du sort, un gars qui est dans son jardin et qui met un coup de piochon, qui prend un éclat et qui perd l'œil, ou un autre qui a un accident de voiture à la sortie de l'école, je dis, bah attends, je vais faire ce que je veux. Et en fait, ce que je veux, c'est lié à ma passion de toujours, le sport. Et donc, à ce moment-là, je me dis oui, je me lance en tant que skieur professionnel. Donc, t'imagines un peu mes parents, ils m'ont aidé à payer mes études, ce qui était un gros investissement. Et je leur dis du jour au lendemain, non, non, mais là, j'arrête. Je vais aller faire skieur professionnel et en partant de zéro, c'est-à-dire zéro sponsor, zéro euro, zéro revenu.

  • Speaker #0

    Ça, en fait, aujourd'hui, si tu n'avais pas eu cet accident de crosse malheureux, on aurait peut-être une discussion sur l'entrepreneuriat et les innovations dans les matières biomédicales ou je ne sais quoi.

  • Speaker #1

    Peut-être. je sais pas avec le recul je me dis quand même que j'ai toujours eu ce libre sport voilà donc peut-être qu'à un moment donné elle aurait pris le dessus j'aurais peut-être fait ingénieur pendant quelques années et me rendre compte que moi il fallait que je sois dans les montagnes en pleine nature mais on sait pas effectivement en tout cas cet accident il a changé ma vision de la vie c'est le cas de le dire et il a créé le parcours en fait que j'ai aujourd'hui tout à l'heure tu nous as dit le freeride on est toujours en train d'analyser toi tu as le problème à cette époque

  • Speaker #0

    cet œil droit qui fonctionne Un pourcentage réduit. Tu me parlais d'analyse. Le propos, c'est que même si on a à un moment donné une déficience visuelle, ça n'empêche pas d'aller parcourir le monde et de skier dans des conditions extrêmes. On ne parle pas de la piste verte.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr.

  • Speaker #1

    Aucunement, pour résumer ma vue. souvent c'est ce que je dis, donc j'ai un hématome sur la macula qui est la partie centrale de la rétine donc une tâche noire, je vois rien, ils m'ont retiré le cristallin, c'est à dire que ma vue se résume à voir Canal+, crypté en périphérique, si j'avais que l'œil droit j'ai moins 3 de vision j'étais à 10, j'ai 30% d'ITT, et en fait d'ailleurs quand je suis sorti de l'hôpital, le chirurgien m'a dit mais voilà avec votre handicap maintenant monsieur vous pouvez rester tranquille, profiter, la société vous aidera mais moi je me suis jamais considéré comme tel en fait j'ai dit ok bah... C'est un accident de vie, il faut qu'il me serve. Et j'ai avancé dans une direction. Et après, le cerveau, alors il y a peut-être une partie de caractère, j'en sais rien, je n'ai pas assez de recul sur moi pour le dire, mais en tout cas, le cerveau est une arme magique puisqu'il a compensé. Aujourd'hui, si tu veux, j'ai un peu de halo lumineux des fois quand je fatigue, mais je ne pense même plus que j'ai quelque chose sur cet œil-là. Alors qu'en fait, oui, ma vision a drastiquement réduite et en après-accident, ce qui m'arrivait souvent, C'était soit de prendre des arbres ou des panneaux quand je skiais, parce que je n'avais plus de profondeur, donc je ne les voyais pas arriver. Impossible d'estimer la distance. Et puis servir de l'eau à côté. Le nombre de fois où j'ai loupé le verre, je ne te raconte pas.

  • Speaker #0

    En fait, tu t'es dépassé. Tu as dépassé cette problématique, ce handicap visuel. Oui. C'est peut-être ce qui t'a poussé, donné l'envie d'aller encore plus loin.

  • Speaker #1

    Clairement, oui. C'est clair que... Peut-être que plus jeune, j'avais ce caractère peut-être compétitif ou compétition, mais cet accident a fait que ça m'a poussé encore à décupler mes forces, à décupler mes sens totalement.

  • Speaker #0

    À côté de ça, tu fais aussi de la production du visuel parce que je reviens juste sur un truc que tu le disais, on analyse toute la descente, mais quand on voit des vidéos de freeride, on a l'impression que ça descend, ça descend. C'est-à-dire qu'à certains moments, vous vous arrêtez et vous vous dites... On va se poser, on va regarder comment on doit passer par rapport aux barres rocheuses, par rapport...

  • Speaker #1

    Non, pas du tout.

  • Speaker #0

    Où on y va vraiment...

  • Speaker #1

    En fait, avant de monter à pied et descendre, on fait un repérage jumelle. Donc il y a une partie de mémorisation. On va enregistrer la montagne dans notre cerveau, se visualiser en train de descendre le run. Donc le run, c'est la descente qu'on a choisie. Bon, à tel moment, il y a un rocher triangulaire, il faut que je tourne à droite. Et puis après, il va y avoir une barre rocheuse qui fait à peu près 10 mètres et que je vais sauter avec de la vitesse. Donc on mémorise vraiment tout cette partie-là, on monte à pied, et puis on descend. On fait un reverse, et il n'y a pas de, on s'arrête dans la pente. Pour garder le plan de descente. Sauf si, et ça s'arrive souvent au début, on se perd dans la face, parce que quand tu manques d'expérience, c'est ce qui t'arrive, tu te perds, là tu es obligé de t'arrêter, de passer un coup de tuky-woky au gamin à main, dans un temps, mais là je suis complètement perdu, il faut que j'aille à droite, à gauche, je suis où ? Mais après avec l'expérience, non, après tu déroules.

  • Speaker #0

    Tu déroules le plan que vous avez défini.

  • Speaker #1

    En fait en... En quelques secondes, parce que moi ça m'est arrivé dans une de mes autres activités où j'organise des voyages de ski, et je l'avais fait une année au Greenland pour un client, on avait fait un voyage et des skis, et sans connaître la zone, je suis capable d'imprimer dans ma tête la montagne en 10-20 secondes, et de redupliquer 20 minutes plus tard la descente, et de me souvenir exactement où il faut passer pour éviter les obstacles.

  • Speaker #0

    Donc tu te lances après dans la production audiovisuelle pour finalement, tu nous parlais tout à l'heure de dualité, donc tu as toujours finalement des athlètes qui descendent et puis on filme tout ça et on raconte une histoire. Qu'est-ce qui te donne envie d'aller du coup dans ce domaine audiovisuel ?

  • Speaker #1

    En fait, ça part d'un constat très pragmatique, c'est que pour faire des films, quand tu es un skieur, en fait, ce n'est pas une production type Hollywood qui te paye en tant qu'acteur. C'est toi qui donnes de l'argent via tes sponsors. à une boîte de production qui est inclue dans un film. Et en fait, sur mes débuts des années 2010, je participe à pas mal de films, mais à chaque fois, mon constat est que je dépense beaucoup d'argent et que le résultat ne me plaît pas forcément par rapport à ce qui a été produit et ce que je vois à l'écran. De fil en aiguille, je me dis, bah attends, on va créer notre propre boîte de production. Et donc, on commence par faire des webisodes avec mon pote Laurent Jamais. Et puis là, on part sur quelque chose de très qualitatif, qui raconte un peu mon histoire et mon parcours. Ça marche plutôt bien, mais rapidement, je me dis aussi qu'on dépense un fric fou pour YouTube et au final, 100 000 vues. Ce qui était canon à l'époque parce qu'il n'y avait pas encore de webisode, pas trop, et les scores étaient très bons. Mais je me dis, mais c'est des mesures et ce qu'on dépense. Et rapidement, en fait, j'en arrive à, il faut qu'on fasse des films et il faut qu'on aille en télévision. Donc là, je crée la boîte de prod avec Laurent. Et puis, on se met à créer des documentaires avec du storytelling. Plutôt axé très sport au début, mais après rapidement avec des histoires, des rencontres, des légendes. Et on sort nos films chaque année sur un voyage, une destination.

  • Speaker #0

    Vous faites des films sur vous au final, c'est ça ?

  • Speaker #1

    On fait des films pas sur nous, mais sur une destination. Et c'est des autoproductions. Parce que c'est des films hybrides qui n'ont pas réellement d'existence dans le monde de la télévision. Ce n'est pas dans le process normal de coproduction. Et puis, c'est une case qui n'existe pas en fait. C'est du voyage et de l'histoire et du sport. Mais ce n'est ni l'un, ni l'autre, ni le troisième sujet.

  • Speaker #0

    Alors, ça a changé un petit peu là, non ? Parce que du coup, on va arriver tranquillement sur notre... sur la question de ce fameux festival, d'autant plus que France 3 a lancé un label qui s'appelle Préserve ta montagne. Et justement, là, finalement, c'est peut-être un petit peu ce que toi, tu imaginais il y a quelques années, d'avoir ce type de production, mais diffusée pour le coup à la télé.

  • Speaker #1

    En fait, si tu veux, là aussi, on parlait tout à l'heure de mon parcours qui a ouvert des portes. Mais donc, quand je crée la boîte de prod audiovisuel et que je dis, allez, on fait des films, je me dis, il faut que j'aille sur un salon pour rencontrer les acteurs de la télévision. Donc, je vais au MIP. qui est l'incontournable et là je rencontre les chaînes et les chaînes me disent bah oui mais votre film les images sont qualies c'est incroyable mais par contre on n'a pas de cases pour ça et donc déjà dans ma tête je me dis à cette période là mais en fait s'il manque de volume il faudrait peut-être qu'on se réunisse entre réalisateurs entre producteurs pour créer du volume pour pouvoir derrière faire des cases et de fil en aiguille quand le festival a grossi et qu'on a développé la partie professionnelle effectivement on a créé ce petit MIP mais consacré à la hauteur et à la montagne pour faire se rencontrer l'écosystème des diffuseurs et de l'autre côté, l'écosystème des créateurs. Parce qu'en fait, les uns regardent de loin les autres et vice versa. Il y a de la qualité et de l'intérêt des deux côtés, mais il n'y a pas réellement de communication.

  • Speaker #0

    Alors que si finalement, on s'aperçoit qu'on a plein de modules, de documentaires quali, on peut imaginer qu'il y a sur une saison, on va sortir tous les samedis soirs à la place d'un...

  • Speaker #1

    Exactement, exactement. en deuxième partie de soirée c'est exactement ça, puis quand tu regardes les films qu'on diffuse sur l'Explorel Festival de la qualité il y en a alors après c'est vrai qu'on répond pas à tous les codes de la télévision le storytelling ou la durée mais ça je veux dire avec un peu de discussion en amont tu résous vite la problématique oui c'est ça le problème de la télé c'est les cases donc ce qui marche bien sur internet va moins bien marcher à la télé parce qu'il y a ces histoires de cases qui sont

  • Speaker #0

    finalement assez fatigante en fait.

  • Speaker #1

    Cases et puis codes entre guillemets, tu vois. Mon écosystème, ces créateurs-là, si tu veux, on est autodidacte. C'est-à-dire qu'on fait sur le tas, mais on apprend sans forcément les codes. Et des fois, on sort des 45 minutes, mais on pourrait sortir un 52 minutes, tu vois. Mais comme on ne le sait pas que la télévision automatiquement va partir... Donc on se dit, tant mieux, on le fait comme on veut, on fait un 45, et puis à la fin, on se dit, c'est dommage, il aurait fait 52, on l'aurait pris. C'est des petits détails si tu veux, mais la qualité est là, la qualité d'image, il n'y a pas de secret. Et le storytelling a beaucoup progressé aussi au cours de ces dernières années.

  • Speaker #0

    Donc je reviens sur la création du Explorer Festival. Tu me dis que tu es allé au MIP, et là tu dis qu'il y a un truc à faire, avec finalement tes amis qui eux aussi faisaient des productions Kali. Et là vous vous dites quoi ? On se retrouve et on fait une embryon du Explorer Festival ? On fait ça sur un coin de table ? On se regroupe en dizaine ?

  • Speaker #1

    Il n'est pas né comme ça en fait le festival. Le festival il est que moi je suis passionné de cinéma, j'aime bien aller au ciné-noche tout simplement, et que depuis 10 ans déjà à chaque fois que je passais au cinéma, le propriétaire du ciné à Bourg me connaissant en tant que skieur, il me dit Ouais Thibaut, ça ne te dirait pas qu'on organise une soirée film de ski ? Puis à chaque fois je disais Non, non, non, je suis désolé, je suis trop occupé, je ne peux pas. Puis à force qu'il me le demande, un jour j'ai dit Bon, écoute, allez, on y va, cette année on fait quelque chose, on fait une soirée. Et puis moi quand je me lance dans quelque chose, je n'arrive pas à me contenir en fait. Et donc, je passe deux, trois coups de fil à mes collègues skieurs, à mes collègues réals. Et dès la première édition, c'était pas une première édition, mais dès ce premier événement, on organise une soirée et un après-midi de films de sport de glisse. Et puis, ça se passe. Il y a plutôt pas mal de monde pour zéro communication. Et là, des gens viennent nous voir et nous disent Ah, c'était génial, merci. Donc, la seconde édition, c'est quand ? Alors là, on se regarde avec Jean, le propriétaire, on se dit Mais en fait, on n'a pas réfléchi à une seconde édition. Et les gens nous disent Ouais, mais si vous voulez, on vient vous aider, nous, ça nous ferait trop plaisir. Donc là, en fait, naît l'idée d'un festival. A l'époque, ça s'appelait le Winter Film Festival. C'était à Bourg-Saint-Maurice, ça s'était dédié au sport de glisse. Et progressivement, ça s'est transformé en festival de films de sport outdoor. Et puis, le X-Sport Festival, lui, est plutôt né suite au Covid. Donc Covid, on sait tout ce qui s'est passé au mois de mars. On est confinés, bloqués chez nous. Dans l'univers des montagnards et dans l'univers alpin, on ferme les stations. Un truc qu'on pensait impensable, mais qui arrive. L'hiver suivant, encore pire, la station, en tout cas les remontées mécaniques, n'ouvre pas. Donc on se rend compte qu'on est dans un écosystème économique qui est assez fragile finalement. Puisqu'une crise sanitaire, on arrête tout. Et le tourisme, pour nous, Vallée Alpine de Tarentaise, c'est 60%, 70% du PIB. Donc autant dire que si tu coupes le tourisme, tu coupes quasiment toute l'économie de la vallée. Et en plus ça l'irrique puisque indirectement, des agences bancaires, des assurances sont liées aussi à cette présence du tourisme et d'une vallée ultra dynamique. Donc on se dit à ce moment-là, parce que ça parle beaucoup chez les élus de tourisme à l'année, quatre saisons, la montagne vivante, on se dit, attends, nous, on va peut-être reformater notre festival, puisqu'on était déjà arrivé sur une évolution, passer du ski pur au sport outdoor. On dit, bon, on va l'orienter montagne parce qu'il y a une vraie thématique et en plus, la thématique de la transition qui commence à apparaître. Après, on se dit, on va le changer de période, on va le mettre sur une période morte, entre guillemets, qui est les périodes de vacances de la Toussaint. qui sont magnifiques d'ailleurs, puisqu'on a les couleurs, on a un environnement qui est incroyable, mais dont personne ne parle, alors parlait, puisque ça commence à évoluer, on le voit que maintenant il y a des stations qui prennent vraiment cette période pour en faire la promotion, et puis on se dit, on va sortir un peu de notre ville de Banque Saint-Maurice, et on va faire un festival de territoire, puisque déjà on commençait à faire de manière éphémère, une ou deux diffusions dans les communes voisines. Donc là, naît le X-Poral Festival en fait, on le renomme, ça devient un festival multiterritorial sur 12 communes, pendant les vacances de la Toussaint, pour faire la promotion de la montagne.

  • Speaker #0

    Et raconter l'histoire de la montagne ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Un film qui, dans toutes ses éditions, alors ils sont tous marquants, moi j'avais vu quelques extraits, j'avais assisté à une projection, je crois aussi. Un film qui t'a vraiment marqué, touché, en te disant, ouais, là, il y a vraiment un message fort, parce que tous les... Tu parlais un peu d'environnement, il y a beaucoup de questions liées aussi à l'environnement, la préservation de la montagne, l'écosystème, la biodiversité, tout ça, mais un film... Un film qui t'a vraiment marqué au plus profond de toi ? Toi, tu as parcouru tout un tas de... Celui-ci m'a touché, limite, tu avais les larmes aux yeux. Tu vois, quelque chose de très fort. Tu n'es pas obligé de dire le réalisateur et le titre, mais un peu le pitch, tu vois ?

  • Speaker #1

    C'est difficile à dire parce que je vois beaucoup de bons films passer. Et puis, moi, j'ai aussi la casquette de producteur, tu vois ? Donc, je connais l'envers du décor, les discussions avec le réalisateur, le projet, les heures d'effort, que ton film soit bon ou pas. Parce qu'au final... Pour sortir un film, il faut bosser comme un malade. Et c'est difficile d'en sortir un plus qu'un autre. Si comme ça, je parle à haute voix, j'en ai deux qui me viennent en tête. J'en ai vu un sur du highline en Morienne, qui était incroyable. En termes d'image, c'était magnifique.

  • Speaker #0

    Le highline,

  • Speaker #1

    c'est quand tu traverses à pied sur une corde en équilibre, avec une ligne de vie pour la plupart, évidemment. Mais c'est ce sport extrême. parce que c'est un sport extrême basé sur équilibre et adrénaline là aussi. Et puis j'en ai vu un l'année passée qui était tourné au Groenland, qui était plus axé sur l'humain, sur une personnalité, un caractère très fort, qui est Franck Bruno en fait. Un aventurier qui a subi lui aussi un grave accident sur un porte-avions quand il était militaire, je crois il y a 20 ans de ça, qui est amputé et qui aujourd'hui transmet sa passion à se dépasser, à vivre avec et notamment auprès d'un public handicapé. Et celui-là est très fort parce que... Le personnage est très fort. Donc, il y a un vrai fond. Et puis, sublimé par les paysages du Groenland.

  • Speaker #0

    C'est quoi le point commun entre tous ces sportifs réalisés par l'amour de la montagne ? Qu'est-ce qu'on pourrait dire ? Peut-être le dépassement de soi ? Sortir du cadre ? Pas avoir peur, en fait ? Oui,

  • Speaker #1

    pas avoir peur, en fait. Sortir du cadre, certainement. Être passionné par la nature. Ça, c'est une obligation. Et puis, pas avoir peur de se mettre en danger. pas forcément en danger par rapport à un accident, mais je veux dire sortir de sa routine, sortir de la boîte, penser différemment. Et je pense que ça, c'est un peu le point commun, puisque je reviens, moi, quand je me suis lancé en carrière, pendant X années, mes parents, mes proches me disaient Alors, qu'est-ce que tu fais ? Comment ça va ? Je dis Là, je me prépare sur la compétition, ou là, je vais sur un voyage. Ils me disent Non, non, mais comme métier. Je dis Mais c'est mon métier. Et en fait, tu vois, c'est un métier peu courant, et donc dans les mentalités, ce n'était pas perçu comme un métier. et donc se considérer comme athlète professionnel ou skieur, je perds ce chemin là c'est déjà en soi une grosse prise de risque est-ce qu'on peut accrocher ça,

  • Speaker #0

    parce que tu as aussi ta casquette d'entrepreneur, de chef d'entreprise puis finalement quand on est à la tête d'un festival, on a aussi ces questions d'organisation, gestion d'équipe gestion de budget est-ce que les entrepreneurs peuvent ou slash doivent s'inspirer du sport et finalement un peu ton histoire, mais qui est finalement similaire à celle de Mathieu Navillot notamment, de Kylian Bon, qui fait du VTT, le sport, le dépassement de soi, puis la partie réalisation. On va montrer ce qu'on fait. Est-ce que tout ça, il y a un espèce de pendant avec l'entrepreneuriat ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a clairement un pendant. Et comme je dis toujours aussi, sport, école de la vie, pour un entrepreneur, c'est fabuleux. Parce qu'en fait, je reprends mes années d'entraînement de natation. Cinq entraînements par semaine, une heure et demie dans le bassin, à regarder la ligne au fond. J'exagère le propos, mais ça t'apprend la résilience. Ça t'apprend la force de travail, l'entraînement, la rigueur. Et c'est des choses que tu retrouves dans le monde de l'entreprise. La compétition, ça t'apprend à te dépasser, à sortir de ta zone de confort, comme l'entrepreneur en fait y est confronté, puisque quand tu deviens entrepreneur, t'es laissé à toi-même. Tu dois faire face à l'adversité. Et ça, je pense que c'est un gros atout pour ceux qui ont un passé de sportif. Alors, il n'y a pas besoin d'être sportif ou d'avoir été sportif pour être un bon entrepreneur. Mais en revanche, il y a clairement des passerelles. Moi, j'ai fait pas mal de sport collectif aussi, donc ça t'apprend à travailler ensemble, à coordonner, à être à l'écoute. parce que tes partenaires ils font partie comme toi de l'équipe et s'il y en a un qui est pas bon ça plombe l'équipe donc il faut être à l'écoute du partenaire qui est moins bien, le remotiver et autres et ça c'est des choses que tu retrouves en fait dans le monde de l'entreprise, tu peux avoir des collègues qui sont un peu moins bien et qui vont tirer l'entreprise vers le bas il faut être à leur écoute, il faut les aider à se dépasser, à avancer moi je remercie le sport parce qu'il m'a appris toutes ces valeurs, je les ai pas appris à l'école et pas forcément dans le foyer parental en tout cas pour le dépassement de soi ou autre et le sport me les a inculqués et aujourd'hui je m'en sers tous les jours dans le monde de l'entreprise

  • Speaker #0

    C'est quoi les grosses problématiques justement sur ce type de festival à part le nerf de la guerre qui reste toujours les finances et le budget mais c'est quoi les plus grosses galères sur un festival comme ça ?

  • Speaker #1

    Alors les plus grosses galères en fait c'est d'être conciliant d'être capable de faire des concessions, mais pas tant. Ça, je dis par rapport au monde politique, en fait, parce que nous, on dépend. Il y a trois sources de financement dans un festival, principalement. Il y a l'institutionnel, les subventions. Donc là, c'est des élus qui décident avec qui il faut s'entendre, avec qui il faut les séduire. Il y a les partenaires privés. Donc là, c'est plutôt de la négoce, c'est du deal, c'est des échanges, clairement. Il y a les mécènes et puis après il y a les rentrées directes de billetterie et autres. Il faut être capable d'imposer ses idées, mais à la fois d'être conciliant, parce que par exemple pour les subventions institutionnelles, tu ne décides jamais de ce que tu veux faire de A à Z. Tu as un élu qui va dire oui, mais moi je le vois plutôt comme ça. Il faut savoir prendre sur soi, parce que même si ce n'est pas des experts de l'événementiel, ils pèsent dans la décision pour attribuer la subvention. Et si tu attribues la subvention ou pas, ça change radicalement la face du festival. Donc, il faut avoir cette capacité d'écoute, mais à la fois de savoir s'imposer, d'être aussi dynamique, d'imposer sa vision. Parce que dans l'instant T, des fois, il y a des élus ou partenaires, mais qui ne comprennent pas l'intérêt de ton projet. Il faut savoir être persuasif, savoir les amener avec toi. Ça, par exemple, tu vois, moi, j'étais en sport collectif, j'étais capitaine d'équipe. Bon, ça, c'est des choses que je tire du sport, c'est-à-dire que mener mon équipe à la victoire. mener mon équipe dans le championnat en étant un exemple en étant un leader en les soutenant c'est des choses que j'utilise avec les chefs d'entreprise ou avec les politiques de la même manière oui en mettant en mettant potentiellement un peu ton ego de côté en disant mais moi j'ai décidé que c'était comme ça mais en fait en discutant avec les autres on s'aperçoit que il

  • Speaker #0

    faut faire des compromis et des conseils fonds c'est finalement c'est comme quand on descend du montagne c'est vendu une barre rocheuse ou un peu de neige qui tombe et on voit un on est obligé de switcher.

  • Speaker #1

    De changer de parcours.

  • Speaker #0

    C'est en ça qu'on prend ça.

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    il faut être flexible. On fait vraiment le lien entre ce que tu m'as dit au début de l'épisode et là. Au final, je me dis que finalement, monter un événement quel qu'il soit ou lancer une entreprise quelle qu'elle soit n'est pas tellement différent de je suis tout en haut de la montagne, je dois descendre, comment je fais ? J'ai un petit peu analysé, j'ai une ligne de route, puis à tout moment,

  • Speaker #1

    je peux switcher. La ligne de conduite principale que je garde, c'est rester humble. se remettre en permanence en question, être à l'écoute. Alors, à l'écoute de l'écosystème quand tu es en entreprise, mais à l'écoute de la nature quand tu es en pleine montagne, et être capable de réagir rapidement. Voilà, c'est ma ligne de conduite que j'applique depuis tout le temps. Il faut constater que pour l'instant, je n'ai pas à me plaindre de ce choix, mais oui, il faut vraiment être capable de mettre son égo de côté, se remettre en question, être capable d'accepter les critiques, d'être à l'écoute des remarques et ne pas être buté. Parce que... On a souvent tendance à penser qu'on sait faire, on sait bien faire. Et des fois, c'est vrai. Mais les remarques, quand elles reviennent régulièrement, c'est qu'il y a des raisons. Et je le vois dans mon écosystème de chef d'entreprise. J'en trouve que beaucoup n'arrivent pas à se remettre en question. Ils sont en mode, oui, mais moi, je suis spécifique, je connais tel ou tel milieu, donc je n'ai pas de leçons à apprendre ou entendre. Mais des fois, sans même être des leçons, des remarques peuvent être des signaux. Il y a des signaux faibles et puis il y a des signaux forts. Et être capable de se remettre en question rapidement, de se dire attends, mais il m'a dit ça, mais peut-être qu'il faut que je prenne de la hauteur, que j'analyse et que… Ça, c'est important. Et j'ai toujours une anecdote, mais un grand chef d'entreprise que je connais, il me dit, tu sais Thibault, les meilleurs chefs d'entreprise, c'est ceux qui sont capables de faire l'hélicoptère. Je dis, mais c'est quoi l'hélicoptère ? Il me dit, en fait, en pleine situation de réflexion, c'est tu prends de la hauteur, comme un hélicoptère, tu montes avec ton rotor, tu regardes ta situation depuis le haut, tu prends ta décision et tu redescends et tu la transmets à tes équipes. Et ça, je trouve que c'est capital, en fait, d'être capable de prendre de la hauteur dans le moment de réflexion ou dans le moment de panique. C'est... pas donné à tout le monde, c'est pas facile mais c'est ce qui fait que tu peux prendre les bonnes décisions qui des fois changent radicalement la face de ton entreprise ou d'un événement

  • Speaker #0

    C'était comme ça il y a 15-20 ans ? Non,

  • Speaker #1

    pas du tout il y a 15-20 ans j'étais un sportif j'étais sûrement plus égocentrique et puis je faisais ma route et puis si tu veux, moi j'ai fait un sport individuel, le ski donc mon cercle proche c'était mon préparateur physique le kiné et moi donc ça fait moins de membres de l'équipe quoi tu vois donc je m'écoutais plus forcément parce que j'étais plus isolé mais au final j'ai découvert avec le temps et avec les entreprises que tu dois être à l'écouté de tout ton entourage et de toute manière c'est un peu l'image qu'on fait souvent avec le sport un champion cyclisme qui remporte le tour de france il n'y a pas que lui il y a tout son entourage en fait c'est une équipe lui c'est la tête de gondole qu'on voit mais son entraîneur, son préparateur physique, son chargé de relations presse, ils font tous partie de cette équipe, de cette entreprise qui le rend successful.

  • Speaker #0

    Sli, dans les dernières minutes, pour conclure, tu avais encore des choses à nous dire, des anecdotes, des trucs qui potentiellement peuvent motiver celles qui nous écoutent à un peu se dépasser, à sortir des sentiers battus. Des expériences ou des discussions. L'exemple de l'hélicoptère est fabuleux. Je pense que ça fera une super phrase d'accroche. C'est de se dire qu'effectivement, il faut prendre de la hauteur sur les situations, mettre chacun un petit peu à sa place pour que chacun s'épanouisse au final. Oui,

  • Speaker #1

    ça. Il y a deux autres choses que je trouve capitales. La première, c'est qu'il faut croire en ses rêves ou toujours s'accrocher. Avec le travail, sa paix. Toi,

  • Speaker #0

    tu as écouté Gérald Fontanel, l'invité du précédent épisode. Oui, mais je l'ai écouté.

  • Speaker #1

    Je l'ai écouté. Et ça, en fait, je pense que tu vas demander à n'importe quel entrepreneur, ils vont tous te raconter ça. On a tellement d'exemples de parcours de mecs très intelligents qui sont tombés, qui ont échoué, mais qui ont ensuite réussi. Le parcours de l'entreprise ou de l'entrepreneur, c'est un long chemin, en fait. C'est un marathon. Donc, tu n'es pas parti pour un 100 mètres, pour un sprint. Tu sais que ça va durer 42 kilomètres. Autant dire que c'est long, le temps est long et il ne faut pas s'arrêter au premier échec ou au premier obstacle. Voilà, ça c'est la résilience, le long parcours. Et puis la deuxième aussi, c'est d'être à l'écoute, d'échanger, de beaucoup échanger. Moi je sais que souvent, je passe des coups de fil à des amis, alors qu'ils sont dans la même situation que moi en tant que rôle chef d'entreprise, pour échanger sur des problématiques. Pas forcément les miennes, mais les leurs. Et en fait, d'écouter leurs problématiques, ça me donne souvent des idées. et je trouve que ça c'est intéressant d'échanger hors contexte d'écouter, de communiquer ça peut te donner des clés pour solutionner tes propres problèmes s'inspirer aussi des histoires des autres,

  • Speaker #0

    c'est un peu notre sujet de ce podcast un petit truc dernier truc à rajouter avant qu'on se fasse notre petite conclusion un truc capital mais être curieux on progresse tous les jours on en apprend tous les jours,

  • Speaker #1

    ça c'est capital à mes étudiants,

  • Speaker #0

    soyez curieux déjà vous aurez fait un une bonne partie du chemin.

  • Speaker #1

    C'est une évidence et puis en fait, on peut tout faire dans la vie, c'est-à-dire qu'on peut changer de métier, on peut changer de parcours, on peut changer de compagne. Il n'y a rien de rédhibitoire. Comme je dis moi souvent à mes étudiants, enfin à mes alternants, c'est entre vos mains. C'est à vous de vous prendre en main, c'est à vous d'être curieux et dynamique et vous verrez, vous y arriverez. Il n'y a pas de problème. Il faut juste y croire.

  • Speaker #0

    Merci Thibaut. Pour terminer, si tu... Tu imaginais quelqu'un à ta place comme ça pour un prochain épisode ? Tu vois quelqu'un à qui tu veux faire partie ? Quelqu'un qui a des choses comme toi un peu racontées, qui va nous faire rêver, alors que ce soit sur le sport, l'entrepreneuriat ou un artiste peut-être ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai une fibre très sportive. Alors, je vais rester dans le sport. Et deux athlètes, mais qui ont des parcours un peu très entrepreneurial. Cédric Tassant ou Kylian Brou. C'est deux athlètes qui font des choses inspirantes, incroyables. qui ont vraiment un état d'esprit d'entrepreneur, qui construisent, qui bâtissent et qui, je pense, ont de très belles choses à raconter.

  • Speaker #0

    Bon, on va les contacter alors. Merci beaucoup Thibaut d'avoir accepté cette invitation. On se retrouve pour un prochain épisode. On se voit bientôt au Explore Festival. Je viendrai avec grand plaisir. On sera aussi avec Marilyn, certainement, qui t'avait aussi invité dans un épisode de son live consacré à... à l'événementiel. Tout à fait. C'est le sujet du dur du festival. Voilà. Merci de nous avoir écoutés. Je vous souhaite une belle journée et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode Media Lab Factory.

Description

Dans cet épisode captivant de Metastory, Sébastien Meunier reçoit Thibaud Duchosal, skieur professionnel et fondateur de Xplore Alpes Festival. Thibaud partage avec nous des moments clés de sa vie, notamment l'accident qui a bouleversé sa vision du monde et a redéfini son parcours personnel et professionnel.


Le parcours de Thibaud :

Passionné de montagne depuis son plus jeune âge, Thibaud raconte comment le ski est devenu un véritable fil rouge dans sa vie. Malgré les épreuves, comme un accident à l'oeil survenu lors d'un match de hockey, il a su rester résilient. Cet événement marquant lui a imposé une longue rééducation à l’hôpital, mais a aussi révélé sa détermination à poursuivre ses rêves sportifs.

Les valeurs qui guident son quotidien :

L'humilité et la remise en question sont des piliers centraux de sa philosophie de vie. Thibaud explique l'importance de toujours rester à l'écoute, que ce soit dans la gestion des risques en montagne ou dans le cadre de l'entrepreneuriat. Il illustre brillamment cette idée avec une analogie surprenante : le "mode hélicoptère", qui consiste à prendre du recul pour mieux appréhender les situations complexes et ensuite redescendre avec une solution.

Créateur d'un festival de cinéma :

Outre son parcours de skieur, Thibaud est également l'organisateur du Xplore Alpes Festival, un événement dédié au cinéma, à l’aventure et à la découverte, qu'il présente dans cet épisode. Il évoque la naissance de ce projet et comment sa passion pour la nature et les défis extrêmes a ouvert de nouvelles portes dans sa carrière.

Cet épisode est une véritable plongée dans l’univers d’un sportif de haut niveau, où chaque décision est le fruit d’une réflexion minutieuse. À travers des anecdotes inspirantes, Thibaud nous rappelle que, même dans un sport perçu comme extrême, chaque action est calculée avec précision.


À découvrir : Si vous êtes passionné par la montagne, l’aventure, ou si vous cherchez simplement un exemple de résilience et d'humilité, cet épisode est fait pour vous ! N’hésitez pas à plonger dans cette conversation inspirante avec Thibaud Duchosal.



Musique : BELIEVE IN YOURSELF - ALEKSANDAR KIPROV

© 2024. Medialab Factory.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    MediaLab Factory

  • Speaker #1

    Cet accident, il a changé ma vision de la vie, c'est le cas de le dire, et il a créé le parcours que j'ai aujourd'hui. Sur un match de hockey, je prends un coup de crosse. Je fais trois mois à l'hôpital, trois mois assez longs, assez durs, parce que j'ai eu plusieurs opérations. À la sortie de ce passage-là, le chirurgien me dit qu'il faut que j'arrête le sport. On a souvent la remarque qu'on fait un sport de kamikaze, qu'on est des fous, alors qu'en fait, on est dans une discipline ultra réfléchie. On est dans une analyse permanente des risques. de gestion, de prise de risque, d'observation, d'analyse de comportement, de météo. Et en fait, c'est très cérébral. Ça peut paraître paradoxal parce que quand on voit les images, on se dit Waouh, c'est des fous, c'est des tarés mais tout est contrôlé, tout est maîtrisé. La ligne de conduite principale que je garde, c'est rester humble, se remettre en permanence en question, être à l'écoute. Alors, à l'écoute de l'écosystème quand tu es en entreprise, mais à l'écoute de la nature quand tu es en pleine montagne et être capable de réagir rapidement. Un grand chef d'entreprise que je connais, il me dit, tu sais Thibault, les meilleurs chefs d'entreprise, c'est ceux qui sont capables de faire l'hélicoptère. Je dis, mais c'est quoi l'hélicoptère ? Il me dit, en fait, en pleine situation de réflexion, c'est tu prends de la hauteur, comme un hélicoptère, tu montes avec ton rotor, tu regardes ta situation depuis le haut, tu prends ta décision et tu redescends et tu la transmets à tes équipes. Avec le travail, ça paie. On progresse tous les jours, on apprend tous les jours.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans un nouvel épisode de Metastory, le podcast qui raconte les histoires de mes invités. pas seulement leurs histoires, mais toutes ces petites histoires qui font qu'ils sont qui ils sont aujourd'hui. Et aujourd'hui, je suis très heureux d'accueillir, dans un environnement d'enregistrement un petit peu spécial, puisqu'on est au cœur de Lyon avec beaucoup de bruit autour de nous, Thibaut Duchosal. On va voir avec lui. Alors Thibaut, vous êtes sportif de haut niveau, fondateur du Explore Festival. Et je suis sûr que vous avez tout un tas de choses à nous raconter. Tout d'abord, comment allez-vous ?

  • Speaker #1

    Écoutez, je vais bien. Effectivement, on va avoir pas mal de choses à dire.

  • Speaker #0

    c'est une bonne présentation athlète organisateur d'un festival c'est bien pour la mise en bouche mais alors justement Thibaut si vous deviez vous présenter mais pas à n'importe qui à Thibaut quand Thibaut avait 10-12 ans comment vous vous

  • Speaker #1

    décririez aujourd'hui qu'est-ce que vous lui diriez je suis Thibaut j'ai fait tout un tas de choses je lui dirais je suis Thibaut passionné de montagne qui qui a été le fil rouge tout au long de mon parcours pour mes diverses activités. Et j'ai entrepris plein de choses, et notamment le fait d'être un skieur professionnel qui a ouvert plein de portes derrière.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est ça en fait. C'est l'entrée, c'est le ski. Puis derrière, ça nous amène jusqu'à ce festival. On y reviendra tout à l'heure. Si peut-être qu'on va se tutoyer, ça irait mieux. On aura peut-être plus facile de rentrer dans ton histoire. Moi, ce qui m'intéresse justement, c'est cette histoire de ski et d'amour pour la montagne. Tu nous partages énormément de choses sur LinkedIn notamment et tu nous montres au quotidien ton amour pour la montagne. C'est quoi ce lien que tu as avec la montagne ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'à travers mon parcours notamment d'athlète, j'ai voyagé dans beaucoup d'endroits incroyables dans le monde. Toujours en lien avec la montagne puisque c'était avec mon activité pour faire des films ou des tournages photos. J'ai eu cette chance incroyable et ça, je le dois à la montagne, à mon environnement. C'est un mix entre la passion du sport et cette montagne qui m'a permis de m'accomplir aujourd'hui en tant qu'adulte et à travers mon parcours sportif et entrepreneurial.

  • Speaker #0

    D'accord, donc le lien fort, c'est ta vie et la montagne.

  • Speaker #1

    Oui, parce que j'y suis né, j'y ai grandi, donc il y a de l'affectif, il y a de l'émotion, il y a mon cocon, mon noyau qui est dans ces vallées montagnardes. Et puis dans cet environnement, surtout à notre époque, c'était peut-être plus simple. j'étais tout le temps dehors, gamin, en pleine nature, en pleine montagne. Et donc, j'ai développé un amour inconditionnel pour ce territoire.

  • Speaker #0

    À quel moment on se dit, on va se lancer dans le sport de haut niveau autour du ski ? C'est quoi ? On a fait les piou-piou, la première étoile, la deuxième étoile, et après on se dit, on y va, j'ai un potentiel ?

  • Speaker #1

    Pas réellement en fait, parce qu'en ce qui me concerne, évidemment, moi j'ai fait du ski, j'habite en Tarentaise, c'est au pied des plus grandes stations de ski au monde. Mes parents m'ont mis au ski club, donc j'ai été plutôt un bon niveau, j'ai fait de la compétition. Puis parallèlement, j'ai toujours été aussi un... un sportif multicorde et j'étais en fait un très bon nageur et accessoirement de mes 7 ans jusqu'à la période de la quatrième c'était cinq entraînements par semaine plus les compètes le week-end et en parallèle je faisais du ski donc j'étais très fort en natation j'étais très bon au ski mais j'avais pas autant de temps en tout cas j'y consacrais moins de temps et puis un jour la piscine de bourg a fermé et j'ai perdu tout mon niveau parce que A cette époque-là, on dépend des parents pour aller s'entraîner et donc de la logistique de transport. Et je suis passé de cinq entraînements semaine à un entraînement semaine. Donc j'ai en quelque sorte perdu mon niveau et du coup, le ski qui était à proximité, je me suis reconcentré sur le ski. Un peu trop tard pour accrocher les groupes élites en équipe nationale, mais assez suffisamment pour faire des compétitions à haut niveau. Et puis à cette époque, l'émergence du ski freeride, c'était le tout début du ski extrême. avec une compétition qui se déroulait notamment aux arcs, une compétition mondiale, avec pour moi une sorte d'exemple sous les yeux. Et puis on se dit, pourquoi pas moi ? J'avais un bon niveau en ski, je voyais ce qu'il faisait. Avec notre club des sports, on faisait souvent aussi de la poudreuse, ce qu'on appelle du ski hors piste.

  • Speaker #0

    Là où moi je tombe, à chaque fois j'y vais, mes potes y vont. Oui,

  • Speaker #1

    et moi c'est venu naturellement. Donc je ne m'étais pas dit, je serais sportif de haut niveau, rien du tout. Ça s'est fait en cours de route. Et puis parallèlement, les études. Si j'ai toujours eu cette passion pour le sport et que je voulais en faire en quelque sorte ma vie, au début avec une vision un peu idéale de faire preuve de sport, mes parents, à travers les études, m'ont dit Non, non, tu vas faire un vrai métier. Parce qu'on savait que la filière STAPS était un peu bouchée. Et donc, j'ai suivi des études. Et puis après, un coup du sort en fin d'études a fait que je suis reparti dans une vie d'athlète professionnel.

  • Speaker #0

    Le ski freeride, pardon. Comment on y vient et qu'est-ce qu'on ressent ? Parce que moi, j'ai vu des vidéos, notamment au Explore Festival l'an dernier, de ces athlètes qui descendent un petit peu. Il y a des massifs rocheux, il y a des choses. C'est très dangereux, non ? Est-ce qu'on a peur quand on est en haut d'une montagne et qu'on doit la descendre ?

  • Speaker #1

    Alors déjà, c'est un sport extrême. Évidemment, il y a une prise de risque qui peut être élevée. Ensuite, on est dans un milieu hostile qui s'appelle la montagne. Même si c'est magnifique, que c'est beau, que c'est à trac... Tif, entre guillemets, le danger est toujours présent. Donc ça, on le sait. Après, il y a un côté adrénaline, en fait. Et c'est ça qui fait que quand on accroche, généralement, on en fait de plus en plus parce que c'est des énormes décharges d'adrénaline. C'est comme de la drogue, en fait. Et on a envie et encore plus envie à chaque fois de prendre ces décharges. En termes de sensation, c'est difficile à décrire parce que tant qu'on n'en a pas fait, on ne comprend pas vraiment. C'est une sorte de liberté. C'est un sentiment de supériorité qui se crée avec l'adrénaline. J'arrive à dominer les éléments. Mais c'est assez paradoxal parce qu'en même temps, on sait qu'on est un petit microbe dans ce milieu, qu'une avalanche ou un moindre accident, dérapage, une pierre cachée, ça peut tourner mal. Il y a un sentiment de peur qui est là. Et tant mieux, tant que la peur est présente, c'est bon signe. Parce qu'à partir du moment où elle disparaît, c'est là que l'accident survient. Donc oui, on a toujours un peu peur, mais après, l'adrénaline est tellement forte que l'attraction de ce genre de sentiment de décharge d'adrénaline fait que ça surpasse tout.

  • Speaker #0

    Et toi, tu t'es fait peur un jour sur une descente comme ça ? Mais vraiment, je veux dire, vraiment, le truc où tu te dis là, à ce page, on n'a pas cette discussion aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Pas réellement, parce que j'ai eu plusieurs anecdotes, on s'est retrouvé dans des situations un peu tendues. Notamment avec mon pote Lucas, mon pote argentin, parce qu'on a fait beaucoup de voyages ensemble, et puis en allant loin de tout, on s'est retrouvé dans des situations un peu engagées. Mais contrairement à ce qu'on pense, on a souvent la remarque qu'on fait un sport de kamikaze, qu'on est des fous, alors qu'en fait on est dans une discipline ultra réfléchie. On est dans une analyse permanente des risques, de gestion, de prise de risque, d'observation, d'analyse de comportement, de météo, et en fait c'est très cérébral. Ça peut paraître paradoxal, parce que quand on voit les images, on se dit c'est des fous, c'est des tarés mais tout est contrôlé, tout est maîtrisé. Et du coup, ça fait qu'au final, c'est une exécution qui se fait presque normalement. Mais je dirais comme n'importe quel métier, quand on l'a répété, répété, c'est l'expérience qui est là, qui aide à faire. Donc là-dessus, il n'y a pas de ressentiment particulier.

  • Speaker #0

    Donc tu nous disais, j'ai beaucoup voyagé avec Lucas. Tu es allé où toi ? Les endroits les plus merveilleux où tu as pu pratiquer cette discipline complexe ?

  • Speaker #1

    J'ai vraiment parcouru tout le globe. Je vais citer quand même trois zones que j'adore. La première, c'est la Patagonie avec l'Argentine. C'est des contrées lointaines avec vraiment des paysages grandioses où on se sent vraiment tout petit au milieu de la nature parce que les forces de la nature, le vent notamment, sont tellement puissants que... On sent bien qu'on n'est rien et qu'on est en plus perdu au milieu de nulle part. Le Kamchatka, la péninsule qui est à l'extrême est de la Russie, juste au-dessus du Japon, avec ses volcans actifs, avec des sommets qui peuvent aller jusqu'à 4000 mètres et l'océan à perte de vue. C'est vrai que là, c'est des paysages qui sont grandioses. Et puis, un voyage aussi qui m'a marqué, c'est le Groenland. Le Groenland avec ce côté silencieux, paysages immaculés, ambiance incroyable, population locale très sympathique. Mais je pourrais citer plein d'autres pays en fait, parce que le problème, c'est qu'à chaque endroit, il y a des trucs de dingue.

  • Speaker #0

    Oui, c'est une nouvelle carte postale à chaque fois, j'imagine, des paysages qui passent l'entendement.

  • Speaker #1

    Totalement, je crois que j'ai dû faire plus de 35 pays à ski, donc où on a des montagnes et de la neige. Il m'en manque quelques-uns, mais à chaque fois, je me suis régalé. Et puis le ski a été aussi une excuse pour voyager, pour découvrir. Comme je dis toujours, je ne me suis jamais enrichi avec le ski financièrement. Par contre, intellectuellement, ça a été un régal.

  • Speaker #0

    Donc ça, tu l'as fait en pro à un moment donné ? Toujours un petit peu ou non ?

  • Speaker #1

    Non, je l'ai fait pendant longtemps même. Parce qu'en fait, suite à mon accident, je me lance dans une carrière de freerider en partant de zéro. Ma carrière commence à décoller à partir de 2008 où j'intègre un circuit compétition mondiale pour faire mes preuves et où ça se passe bien pour moi. Je fais des très bons résultats 2009-2010. Je finis sixième mondiale en 2009. Je fais des podiums en Coupe du Monde. Et puis après, j'enchaîne sur compétition plus film. Parce que le freeride est un sport de dualité. Soit on fait de la compétition, soit on participe à des tournages. Et j'ai fait ça activement, très activement jusqu'en 2019. Donc, c'est une longue carrière pour un skieur professionnel.

  • Speaker #0

    Cet accident, finalement, te met sur une autre voie. Tu peux nous en dire quelques mots sans rentrer dans les détails, mais qui finalement te donne un autre chemin. C'est un peu ça aussi la vie, c'est qu'à un moment donné, tu t'es prédestiné à un truc, puis en fait, tu splittes pour complètement autre chose, qui finalement aujourd'hui n'est pas...

  • Speaker #1

    C'est totalement ça, puisqu'en fait, comme j'en parlais avant... Revitable. Oui.

  • Speaker #0

    Un autre chemin,

  • Speaker #1

    quoi. Bien sûr, c'est un autre chemin. En fait, mes parents me disent, il faut que tu fasses des études, que tu aies un vrai métier, entre guillemets, parce qu'il n'y a pas de vrai métier, mais en tout cas dans la croyance. Donc je fais un IUT génie des matériaux, j'enchaîne sur un BNJ Honor Polymer Engineering, donc c'est matière plastique à Edimbourg. Je suis dans ma dernière année pour passer mon master et là sur un match de hockey je prends un coup de crosse. Je fais trois mois à l'hôpital, trois mois assez long, assez dur parce que j'ai eu plusieurs opérations. J'étais à Lyon, ce qui est pas très loin mais peu de visites puisque mes proches étaient à deux heures et demie de route et je leur demandais en plus volontairement, je voulais pas les embêter avec ça. Et là pendant deux mois j'ai eu le temps de réfléchir et en fait... À la sortie de ce passage-là, le chirurgien me dit qu'il faut que j'arrête le sport, qu'il ne faut plus que j'en fasse du tout parce que je suis très instable, notamment l'œil qui a été accidenté. Et c'est à ce moment-là où je me dis, en fait, avec tout ce que j'ai vu cet été, avec des gens qui arrivent, qui sont en pleine forme, et qui sur un coup du sort, un gars qui est dans son jardin et qui met un coup de piochon, qui prend un éclat et qui perd l'œil, ou un autre qui a un accident de voiture à la sortie de l'école, je dis, bah attends, je vais faire ce que je veux. Et en fait, ce que je veux, c'est lié à ma passion de toujours, le sport. Et donc, à ce moment-là, je me dis oui, je me lance en tant que skieur professionnel. Donc, t'imagines un peu mes parents, ils m'ont aidé à payer mes études, ce qui était un gros investissement. Et je leur dis du jour au lendemain, non, non, mais là, j'arrête. Je vais aller faire skieur professionnel et en partant de zéro, c'est-à-dire zéro sponsor, zéro euro, zéro revenu.

  • Speaker #0

    Ça, en fait, aujourd'hui, si tu n'avais pas eu cet accident de crosse malheureux, on aurait peut-être une discussion sur l'entrepreneuriat et les innovations dans les matières biomédicales ou je ne sais quoi.

  • Speaker #1

    Peut-être. je sais pas avec le recul je me dis quand même que j'ai toujours eu ce libre sport voilà donc peut-être qu'à un moment donné elle aurait pris le dessus j'aurais peut-être fait ingénieur pendant quelques années et me rendre compte que moi il fallait que je sois dans les montagnes en pleine nature mais on sait pas effectivement en tout cas cet accident il a changé ma vision de la vie c'est le cas de le dire et il a créé le parcours en fait que j'ai aujourd'hui tout à l'heure tu nous as dit le freeride on est toujours en train d'analyser toi tu as le problème à cette époque

  • Speaker #0

    cet œil droit qui fonctionne Un pourcentage réduit. Tu me parlais d'analyse. Le propos, c'est que même si on a à un moment donné une déficience visuelle, ça n'empêche pas d'aller parcourir le monde et de skier dans des conditions extrêmes. On ne parle pas de la piste verte.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr.

  • Speaker #1

    Aucunement, pour résumer ma vue. souvent c'est ce que je dis, donc j'ai un hématome sur la macula qui est la partie centrale de la rétine donc une tâche noire, je vois rien, ils m'ont retiré le cristallin, c'est à dire que ma vue se résume à voir Canal+, crypté en périphérique, si j'avais que l'œil droit j'ai moins 3 de vision j'étais à 10, j'ai 30% d'ITT, et en fait d'ailleurs quand je suis sorti de l'hôpital, le chirurgien m'a dit mais voilà avec votre handicap maintenant monsieur vous pouvez rester tranquille, profiter, la société vous aidera mais moi je me suis jamais considéré comme tel en fait j'ai dit ok bah... C'est un accident de vie, il faut qu'il me serve. Et j'ai avancé dans une direction. Et après, le cerveau, alors il y a peut-être une partie de caractère, j'en sais rien, je n'ai pas assez de recul sur moi pour le dire, mais en tout cas, le cerveau est une arme magique puisqu'il a compensé. Aujourd'hui, si tu veux, j'ai un peu de halo lumineux des fois quand je fatigue, mais je ne pense même plus que j'ai quelque chose sur cet œil-là. Alors qu'en fait, oui, ma vision a drastiquement réduite et en après-accident, ce qui m'arrivait souvent, C'était soit de prendre des arbres ou des panneaux quand je skiais, parce que je n'avais plus de profondeur, donc je ne les voyais pas arriver. Impossible d'estimer la distance. Et puis servir de l'eau à côté. Le nombre de fois où j'ai loupé le verre, je ne te raconte pas.

  • Speaker #0

    En fait, tu t'es dépassé. Tu as dépassé cette problématique, ce handicap visuel. Oui. C'est peut-être ce qui t'a poussé, donné l'envie d'aller encore plus loin.

  • Speaker #1

    Clairement, oui. C'est clair que... Peut-être que plus jeune, j'avais ce caractère peut-être compétitif ou compétition, mais cet accident a fait que ça m'a poussé encore à décupler mes forces, à décupler mes sens totalement.

  • Speaker #0

    À côté de ça, tu fais aussi de la production du visuel parce que je reviens juste sur un truc que tu le disais, on analyse toute la descente, mais quand on voit des vidéos de freeride, on a l'impression que ça descend, ça descend. C'est-à-dire qu'à certains moments, vous vous arrêtez et vous vous dites... On va se poser, on va regarder comment on doit passer par rapport aux barres rocheuses, par rapport...

  • Speaker #1

    Non, pas du tout.

  • Speaker #0

    Où on y va vraiment...

  • Speaker #1

    En fait, avant de monter à pied et descendre, on fait un repérage jumelle. Donc il y a une partie de mémorisation. On va enregistrer la montagne dans notre cerveau, se visualiser en train de descendre le run. Donc le run, c'est la descente qu'on a choisie. Bon, à tel moment, il y a un rocher triangulaire, il faut que je tourne à droite. Et puis après, il va y avoir une barre rocheuse qui fait à peu près 10 mètres et que je vais sauter avec de la vitesse. Donc on mémorise vraiment tout cette partie-là, on monte à pied, et puis on descend. On fait un reverse, et il n'y a pas de, on s'arrête dans la pente. Pour garder le plan de descente. Sauf si, et ça s'arrive souvent au début, on se perd dans la face, parce que quand tu manques d'expérience, c'est ce qui t'arrive, tu te perds, là tu es obligé de t'arrêter, de passer un coup de tuky-woky au gamin à main, dans un temps, mais là je suis complètement perdu, il faut que j'aille à droite, à gauche, je suis où ? Mais après avec l'expérience, non, après tu déroules.

  • Speaker #0

    Tu déroules le plan que vous avez défini.

  • Speaker #1

    En fait en... En quelques secondes, parce que moi ça m'est arrivé dans une de mes autres activités où j'organise des voyages de ski, et je l'avais fait une année au Greenland pour un client, on avait fait un voyage et des skis, et sans connaître la zone, je suis capable d'imprimer dans ma tête la montagne en 10-20 secondes, et de redupliquer 20 minutes plus tard la descente, et de me souvenir exactement où il faut passer pour éviter les obstacles.

  • Speaker #0

    Donc tu te lances après dans la production audiovisuelle pour finalement, tu nous parlais tout à l'heure de dualité, donc tu as toujours finalement des athlètes qui descendent et puis on filme tout ça et on raconte une histoire. Qu'est-ce qui te donne envie d'aller du coup dans ce domaine audiovisuel ?

  • Speaker #1

    En fait, ça part d'un constat très pragmatique, c'est que pour faire des films, quand tu es un skieur, en fait, ce n'est pas une production type Hollywood qui te paye en tant qu'acteur. C'est toi qui donnes de l'argent via tes sponsors. à une boîte de production qui est inclue dans un film. Et en fait, sur mes débuts des années 2010, je participe à pas mal de films, mais à chaque fois, mon constat est que je dépense beaucoup d'argent et que le résultat ne me plaît pas forcément par rapport à ce qui a été produit et ce que je vois à l'écran. De fil en aiguille, je me dis, bah attends, on va créer notre propre boîte de production. Et donc, on commence par faire des webisodes avec mon pote Laurent Jamais. Et puis là, on part sur quelque chose de très qualitatif, qui raconte un peu mon histoire et mon parcours. Ça marche plutôt bien, mais rapidement, je me dis aussi qu'on dépense un fric fou pour YouTube et au final, 100 000 vues. Ce qui était canon à l'époque parce qu'il n'y avait pas encore de webisode, pas trop, et les scores étaient très bons. Mais je me dis, mais c'est des mesures et ce qu'on dépense. Et rapidement, en fait, j'en arrive à, il faut qu'on fasse des films et il faut qu'on aille en télévision. Donc là, je crée la boîte de prod avec Laurent. Et puis, on se met à créer des documentaires avec du storytelling. Plutôt axé très sport au début, mais après rapidement avec des histoires, des rencontres, des légendes. Et on sort nos films chaque année sur un voyage, une destination.

  • Speaker #0

    Vous faites des films sur vous au final, c'est ça ?

  • Speaker #1

    On fait des films pas sur nous, mais sur une destination. Et c'est des autoproductions. Parce que c'est des films hybrides qui n'ont pas réellement d'existence dans le monde de la télévision. Ce n'est pas dans le process normal de coproduction. Et puis, c'est une case qui n'existe pas en fait. C'est du voyage et de l'histoire et du sport. Mais ce n'est ni l'un, ni l'autre, ni le troisième sujet.

  • Speaker #0

    Alors, ça a changé un petit peu là, non ? Parce que du coup, on va arriver tranquillement sur notre... sur la question de ce fameux festival, d'autant plus que France 3 a lancé un label qui s'appelle Préserve ta montagne. Et justement, là, finalement, c'est peut-être un petit peu ce que toi, tu imaginais il y a quelques années, d'avoir ce type de production, mais diffusée pour le coup à la télé.

  • Speaker #1

    En fait, si tu veux, là aussi, on parlait tout à l'heure de mon parcours qui a ouvert des portes. Mais donc, quand je crée la boîte de prod audiovisuel et que je dis, allez, on fait des films, je me dis, il faut que j'aille sur un salon pour rencontrer les acteurs de la télévision. Donc, je vais au MIP. qui est l'incontournable et là je rencontre les chaînes et les chaînes me disent bah oui mais votre film les images sont qualies c'est incroyable mais par contre on n'a pas de cases pour ça et donc déjà dans ma tête je me dis à cette période là mais en fait s'il manque de volume il faudrait peut-être qu'on se réunisse entre réalisateurs entre producteurs pour créer du volume pour pouvoir derrière faire des cases et de fil en aiguille quand le festival a grossi et qu'on a développé la partie professionnelle effectivement on a créé ce petit MIP mais consacré à la hauteur et à la montagne pour faire se rencontrer l'écosystème des diffuseurs et de l'autre côté, l'écosystème des créateurs. Parce qu'en fait, les uns regardent de loin les autres et vice versa. Il y a de la qualité et de l'intérêt des deux côtés, mais il n'y a pas réellement de communication.

  • Speaker #0

    Alors que si finalement, on s'aperçoit qu'on a plein de modules, de documentaires quali, on peut imaginer qu'il y a sur une saison, on va sortir tous les samedis soirs à la place d'un...

  • Speaker #1

    Exactement, exactement. en deuxième partie de soirée c'est exactement ça, puis quand tu regardes les films qu'on diffuse sur l'Explorel Festival de la qualité il y en a alors après c'est vrai qu'on répond pas à tous les codes de la télévision le storytelling ou la durée mais ça je veux dire avec un peu de discussion en amont tu résous vite la problématique oui c'est ça le problème de la télé c'est les cases donc ce qui marche bien sur internet va moins bien marcher à la télé parce qu'il y a ces histoires de cases qui sont

  • Speaker #0

    finalement assez fatigante en fait.

  • Speaker #1

    Cases et puis codes entre guillemets, tu vois. Mon écosystème, ces créateurs-là, si tu veux, on est autodidacte. C'est-à-dire qu'on fait sur le tas, mais on apprend sans forcément les codes. Et des fois, on sort des 45 minutes, mais on pourrait sortir un 52 minutes, tu vois. Mais comme on ne le sait pas que la télévision automatiquement va partir... Donc on se dit, tant mieux, on le fait comme on veut, on fait un 45, et puis à la fin, on se dit, c'est dommage, il aurait fait 52, on l'aurait pris. C'est des petits détails si tu veux, mais la qualité est là, la qualité d'image, il n'y a pas de secret. Et le storytelling a beaucoup progressé aussi au cours de ces dernières années.

  • Speaker #0

    Donc je reviens sur la création du Explorer Festival. Tu me dis que tu es allé au MIP, et là tu dis qu'il y a un truc à faire, avec finalement tes amis qui eux aussi faisaient des productions Kali. Et là vous vous dites quoi ? On se retrouve et on fait une embryon du Explorer Festival ? On fait ça sur un coin de table ? On se regroupe en dizaine ?

  • Speaker #1

    Il n'est pas né comme ça en fait le festival. Le festival il est que moi je suis passionné de cinéma, j'aime bien aller au ciné-noche tout simplement, et que depuis 10 ans déjà à chaque fois que je passais au cinéma, le propriétaire du ciné à Bourg me connaissant en tant que skieur, il me dit Ouais Thibaut, ça ne te dirait pas qu'on organise une soirée film de ski ? Puis à chaque fois je disais Non, non, non, je suis désolé, je suis trop occupé, je ne peux pas. Puis à force qu'il me le demande, un jour j'ai dit Bon, écoute, allez, on y va, cette année on fait quelque chose, on fait une soirée. Et puis moi quand je me lance dans quelque chose, je n'arrive pas à me contenir en fait. Et donc, je passe deux, trois coups de fil à mes collègues skieurs, à mes collègues réals. Et dès la première édition, c'était pas une première édition, mais dès ce premier événement, on organise une soirée et un après-midi de films de sport de glisse. Et puis, ça se passe. Il y a plutôt pas mal de monde pour zéro communication. Et là, des gens viennent nous voir et nous disent Ah, c'était génial, merci. Donc, la seconde édition, c'est quand ? Alors là, on se regarde avec Jean, le propriétaire, on se dit Mais en fait, on n'a pas réfléchi à une seconde édition. Et les gens nous disent Ouais, mais si vous voulez, on vient vous aider, nous, ça nous ferait trop plaisir. Donc là, en fait, naît l'idée d'un festival. A l'époque, ça s'appelait le Winter Film Festival. C'était à Bourg-Saint-Maurice, ça s'était dédié au sport de glisse. Et progressivement, ça s'est transformé en festival de films de sport outdoor. Et puis, le X-Sport Festival, lui, est plutôt né suite au Covid. Donc Covid, on sait tout ce qui s'est passé au mois de mars. On est confinés, bloqués chez nous. Dans l'univers des montagnards et dans l'univers alpin, on ferme les stations. Un truc qu'on pensait impensable, mais qui arrive. L'hiver suivant, encore pire, la station, en tout cas les remontées mécaniques, n'ouvre pas. Donc on se rend compte qu'on est dans un écosystème économique qui est assez fragile finalement. Puisqu'une crise sanitaire, on arrête tout. Et le tourisme, pour nous, Vallée Alpine de Tarentaise, c'est 60%, 70% du PIB. Donc autant dire que si tu coupes le tourisme, tu coupes quasiment toute l'économie de la vallée. Et en plus ça l'irrique puisque indirectement, des agences bancaires, des assurances sont liées aussi à cette présence du tourisme et d'une vallée ultra dynamique. Donc on se dit à ce moment-là, parce que ça parle beaucoup chez les élus de tourisme à l'année, quatre saisons, la montagne vivante, on se dit, attends, nous, on va peut-être reformater notre festival, puisqu'on était déjà arrivé sur une évolution, passer du ski pur au sport outdoor. On dit, bon, on va l'orienter montagne parce qu'il y a une vraie thématique et en plus, la thématique de la transition qui commence à apparaître. Après, on se dit, on va le changer de période, on va le mettre sur une période morte, entre guillemets, qui est les périodes de vacances de la Toussaint. qui sont magnifiques d'ailleurs, puisqu'on a les couleurs, on a un environnement qui est incroyable, mais dont personne ne parle, alors parlait, puisque ça commence à évoluer, on le voit que maintenant il y a des stations qui prennent vraiment cette période pour en faire la promotion, et puis on se dit, on va sortir un peu de notre ville de Banque Saint-Maurice, et on va faire un festival de territoire, puisque déjà on commençait à faire de manière éphémère, une ou deux diffusions dans les communes voisines. Donc là, naît le X-Poral Festival en fait, on le renomme, ça devient un festival multiterritorial sur 12 communes, pendant les vacances de la Toussaint, pour faire la promotion de la montagne.

  • Speaker #0

    Et raconter l'histoire de la montagne ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    Un film qui, dans toutes ses éditions, alors ils sont tous marquants, moi j'avais vu quelques extraits, j'avais assisté à une projection, je crois aussi. Un film qui t'a vraiment marqué, touché, en te disant, ouais, là, il y a vraiment un message fort, parce que tous les... Tu parlais un peu d'environnement, il y a beaucoup de questions liées aussi à l'environnement, la préservation de la montagne, l'écosystème, la biodiversité, tout ça, mais un film... Un film qui t'a vraiment marqué au plus profond de toi ? Toi, tu as parcouru tout un tas de... Celui-ci m'a touché, limite, tu avais les larmes aux yeux. Tu vois, quelque chose de très fort. Tu n'es pas obligé de dire le réalisateur et le titre, mais un peu le pitch, tu vois ?

  • Speaker #1

    C'est difficile à dire parce que je vois beaucoup de bons films passer. Et puis, moi, j'ai aussi la casquette de producteur, tu vois ? Donc, je connais l'envers du décor, les discussions avec le réalisateur, le projet, les heures d'effort, que ton film soit bon ou pas. Parce qu'au final... Pour sortir un film, il faut bosser comme un malade. Et c'est difficile d'en sortir un plus qu'un autre. Si comme ça, je parle à haute voix, j'en ai deux qui me viennent en tête. J'en ai vu un sur du highline en Morienne, qui était incroyable. En termes d'image, c'était magnifique.

  • Speaker #0

    Le highline,

  • Speaker #1

    c'est quand tu traverses à pied sur une corde en équilibre, avec une ligne de vie pour la plupart, évidemment. Mais c'est ce sport extrême. parce que c'est un sport extrême basé sur équilibre et adrénaline là aussi. Et puis j'en ai vu un l'année passée qui était tourné au Groenland, qui était plus axé sur l'humain, sur une personnalité, un caractère très fort, qui est Franck Bruno en fait. Un aventurier qui a subi lui aussi un grave accident sur un porte-avions quand il était militaire, je crois il y a 20 ans de ça, qui est amputé et qui aujourd'hui transmet sa passion à se dépasser, à vivre avec et notamment auprès d'un public handicapé. Et celui-là est très fort parce que... Le personnage est très fort. Donc, il y a un vrai fond. Et puis, sublimé par les paysages du Groenland.

  • Speaker #0

    C'est quoi le point commun entre tous ces sportifs réalisés par l'amour de la montagne ? Qu'est-ce qu'on pourrait dire ? Peut-être le dépassement de soi ? Sortir du cadre ? Pas avoir peur, en fait ? Oui,

  • Speaker #1

    pas avoir peur, en fait. Sortir du cadre, certainement. Être passionné par la nature. Ça, c'est une obligation. Et puis, pas avoir peur de se mettre en danger. pas forcément en danger par rapport à un accident, mais je veux dire sortir de sa routine, sortir de la boîte, penser différemment. Et je pense que ça, c'est un peu le point commun, puisque je reviens, moi, quand je me suis lancé en carrière, pendant X années, mes parents, mes proches me disaient Alors, qu'est-ce que tu fais ? Comment ça va ? Je dis Là, je me prépare sur la compétition, ou là, je vais sur un voyage. Ils me disent Non, non, mais comme métier. Je dis Mais c'est mon métier. Et en fait, tu vois, c'est un métier peu courant, et donc dans les mentalités, ce n'était pas perçu comme un métier. et donc se considérer comme athlète professionnel ou skieur, je perds ce chemin là c'est déjà en soi une grosse prise de risque est-ce qu'on peut accrocher ça,

  • Speaker #0

    parce que tu as aussi ta casquette d'entrepreneur, de chef d'entreprise puis finalement quand on est à la tête d'un festival, on a aussi ces questions d'organisation, gestion d'équipe gestion de budget est-ce que les entrepreneurs peuvent ou slash doivent s'inspirer du sport et finalement un peu ton histoire, mais qui est finalement similaire à celle de Mathieu Navillot notamment, de Kylian Bon, qui fait du VTT, le sport, le dépassement de soi, puis la partie réalisation. On va montrer ce qu'on fait. Est-ce que tout ça, il y a un espèce de pendant avec l'entrepreneuriat ?

  • Speaker #1

    Alors, il y a clairement un pendant. Et comme je dis toujours aussi, sport, école de la vie, pour un entrepreneur, c'est fabuleux. Parce qu'en fait, je reprends mes années d'entraînement de natation. Cinq entraînements par semaine, une heure et demie dans le bassin, à regarder la ligne au fond. J'exagère le propos, mais ça t'apprend la résilience. Ça t'apprend la force de travail, l'entraînement, la rigueur. Et c'est des choses que tu retrouves dans le monde de l'entreprise. La compétition, ça t'apprend à te dépasser, à sortir de ta zone de confort, comme l'entrepreneur en fait y est confronté, puisque quand tu deviens entrepreneur, t'es laissé à toi-même. Tu dois faire face à l'adversité. Et ça, je pense que c'est un gros atout pour ceux qui ont un passé de sportif. Alors, il n'y a pas besoin d'être sportif ou d'avoir été sportif pour être un bon entrepreneur. Mais en revanche, il y a clairement des passerelles. Moi, j'ai fait pas mal de sport collectif aussi, donc ça t'apprend à travailler ensemble, à coordonner, à être à l'écoute. parce que tes partenaires ils font partie comme toi de l'équipe et s'il y en a un qui est pas bon ça plombe l'équipe donc il faut être à l'écoute du partenaire qui est moins bien, le remotiver et autres et ça c'est des choses que tu retrouves en fait dans le monde de l'entreprise, tu peux avoir des collègues qui sont un peu moins bien et qui vont tirer l'entreprise vers le bas il faut être à leur écoute, il faut les aider à se dépasser, à avancer moi je remercie le sport parce qu'il m'a appris toutes ces valeurs, je les ai pas appris à l'école et pas forcément dans le foyer parental en tout cas pour le dépassement de soi ou autre et le sport me les a inculqués et aujourd'hui je m'en sers tous les jours dans le monde de l'entreprise

  • Speaker #0

    C'est quoi les grosses problématiques justement sur ce type de festival à part le nerf de la guerre qui reste toujours les finances et le budget mais c'est quoi les plus grosses galères sur un festival comme ça ?

  • Speaker #1

    Alors les plus grosses galères en fait c'est d'être conciliant d'être capable de faire des concessions, mais pas tant. Ça, je dis par rapport au monde politique, en fait, parce que nous, on dépend. Il y a trois sources de financement dans un festival, principalement. Il y a l'institutionnel, les subventions. Donc là, c'est des élus qui décident avec qui il faut s'entendre, avec qui il faut les séduire. Il y a les partenaires privés. Donc là, c'est plutôt de la négoce, c'est du deal, c'est des échanges, clairement. Il y a les mécènes et puis après il y a les rentrées directes de billetterie et autres. Il faut être capable d'imposer ses idées, mais à la fois d'être conciliant, parce que par exemple pour les subventions institutionnelles, tu ne décides jamais de ce que tu veux faire de A à Z. Tu as un élu qui va dire oui, mais moi je le vois plutôt comme ça. Il faut savoir prendre sur soi, parce que même si ce n'est pas des experts de l'événementiel, ils pèsent dans la décision pour attribuer la subvention. Et si tu attribues la subvention ou pas, ça change radicalement la face du festival. Donc, il faut avoir cette capacité d'écoute, mais à la fois de savoir s'imposer, d'être aussi dynamique, d'imposer sa vision. Parce que dans l'instant T, des fois, il y a des élus ou partenaires, mais qui ne comprennent pas l'intérêt de ton projet. Il faut savoir être persuasif, savoir les amener avec toi. Ça, par exemple, tu vois, moi, j'étais en sport collectif, j'étais capitaine d'équipe. Bon, ça, c'est des choses que je tire du sport, c'est-à-dire que mener mon équipe à la victoire. mener mon équipe dans le championnat en étant un exemple en étant un leader en les soutenant c'est des choses que j'utilise avec les chefs d'entreprise ou avec les politiques de la même manière oui en mettant en mettant potentiellement un peu ton ego de côté en disant mais moi j'ai décidé que c'était comme ça mais en fait en discutant avec les autres on s'aperçoit que il

  • Speaker #0

    faut faire des compromis et des conseils fonds c'est finalement c'est comme quand on descend du montagne c'est vendu une barre rocheuse ou un peu de neige qui tombe et on voit un on est obligé de switcher.

  • Speaker #1

    De changer de parcours.

  • Speaker #0

    C'est en ça qu'on prend ça.

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    il faut être flexible. On fait vraiment le lien entre ce que tu m'as dit au début de l'épisode et là. Au final, je me dis que finalement, monter un événement quel qu'il soit ou lancer une entreprise quelle qu'elle soit n'est pas tellement différent de je suis tout en haut de la montagne, je dois descendre, comment je fais ? J'ai un petit peu analysé, j'ai une ligne de route, puis à tout moment,

  • Speaker #1

    je peux switcher. La ligne de conduite principale que je garde, c'est rester humble. se remettre en permanence en question, être à l'écoute. Alors, à l'écoute de l'écosystème quand tu es en entreprise, mais à l'écoute de la nature quand tu es en pleine montagne, et être capable de réagir rapidement. Voilà, c'est ma ligne de conduite que j'applique depuis tout le temps. Il faut constater que pour l'instant, je n'ai pas à me plaindre de ce choix, mais oui, il faut vraiment être capable de mettre son égo de côté, se remettre en question, être capable d'accepter les critiques, d'être à l'écoute des remarques et ne pas être buté. Parce que... On a souvent tendance à penser qu'on sait faire, on sait bien faire. Et des fois, c'est vrai. Mais les remarques, quand elles reviennent régulièrement, c'est qu'il y a des raisons. Et je le vois dans mon écosystème de chef d'entreprise. J'en trouve que beaucoup n'arrivent pas à se remettre en question. Ils sont en mode, oui, mais moi, je suis spécifique, je connais tel ou tel milieu, donc je n'ai pas de leçons à apprendre ou entendre. Mais des fois, sans même être des leçons, des remarques peuvent être des signaux. Il y a des signaux faibles et puis il y a des signaux forts. Et être capable de se remettre en question rapidement, de se dire attends, mais il m'a dit ça, mais peut-être qu'il faut que je prenne de la hauteur, que j'analyse et que… Ça, c'est important. Et j'ai toujours une anecdote, mais un grand chef d'entreprise que je connais, il me dit, tu sais Thibault, les meilleurs chefs d'entreprise, c'est ceux qui sont capables de faire l'hélicoptère. Je dis, mais c'est quoi l'hélicoptère ? Il me dit, en fait, en pleine situation de réflexion, c'est tu prends de la hauteur, comme un hélicoptère, tu montes avec ton rotor, tu regardes ta situation depuis le haut, tu prends ta décision et tu redescends et tu la transmets à tes équipes. Et ça, je trouve que c'est capital, en fait, d'être capable de prendre de la hauteur dans le moment de réflexion ou dans le moment de panique. C'est... pas donné à tout le monde, c'est pas facile mais c'est ce qui fait que tu peux prendre les bonnes décisions qui des fois changent radicalement la face de ton entreprise ou d'un événement

  • Speaker #0

    C'était comme ça il y a 15-20 ans ? Non,

  • Speaker #1

    pas du tout il y a 15-20 ans j'étais un sportif j'étais sûrement plus égocentrique et puis je faisais ma route et puis si tu veux, moi j'ai fait un sport individuel, le ski donc mon cercle proche c'était mon préparateur physique le kiné et moi donc ça fait moins de membres de l'équipe quoi tu vois donc je m'écoutais plus forcément parce que j'étais plus isolé mais au final j'ai découvert avec le temps et avec les entreprises que tu dois être à l'écouté de tout ton entourage et de toute manière c'est un peu l'image qu'on fait souvent avec le sport un champion cyclisme qui remporte le tour de france il n'y a pas que lui il y a tout son entourage en fait c'est une équipe lui c'est la tête de gondole qu'on voit mais son entraîneur, son préparateur physique, son chargé de relations presse, ils font tous partie de cette équipe, de cette entreprise qui le rend successful.

  • Speaker #0

    Sli, dans les dernières minutes, pour conclure, tu avais encore des choses à nous dire, des anecdotes, des trucs qui potentiellement peuvent motiver celles qui nous écoutent à un peu se dépasser, à sortir des sentiers battus. Des expériences ou des discussions. L'exemple de l'hélicoptère est fabuleux. Je pense que ça fera une super phrase d'accroche. C'est de se dire qu'effectivement, il faut prendre de la hauteur sur les situations, mettre chacun un petit peu à sa place pour que chacun s'épanouisse au final. Oui,

  • Speaker #1

    ça. Il y a deux autres choses que je trouve capitales. La première, c'est qu'il faut croire en ses rêves ou toujours s'accrocher. Avec le travail, sa paix. Toi,

  • Speaker #0

    tu as écouté Gérald Fontanel, l'invité du précédent épisode. Oui, mais je l'ai écouté.

  • Speaker #1

    Je l'ai écouté. Et ça, en fait, je pense que tu vas demander à n'importe quel entrepreneur, ils vont tous te raconter ça. On a tellement d'exemples de parcours de mecs très intelligents qui sont tombés, qui ont échoué, mais qui ont ensuite réussi. Le parcours de l'entreprise ou de l'entrepreneur, c'est un long chemin, en fait. C'est un marathon. Donc, tu n'es pas parti pour un 100 mètres, pour un sprint. Tu sais que ça va durer 42 kilomètres. Autant dire que c'est long, le temps est long et il ne faut pas s'arrêter au premier échec ou au premier obstacle. Voilà, ça c'est la résilience, le long parcours. Et puis la deuxième aussi, c'est d'être à l'écoute, d'échanger, de beaucoup échanger. Moi je sais que souvent, je passe des coups de fil à des amis, alors qu'ils sont dans la même situation que moi en tant que rôle chef d'entreprise, pour échanger sur des problématiques. Pas forcément les miennes, mais les leurs. Et en fait, d'écouter leurs problématiques, ça me donne souvent des idées. et je trouve que ça c'est intéressant d'échanger hors contexte d'écouter, de communiquer ça peut te donner des clés pour solutionner tes propres problèmes s'inspirer aussi des histoires des autres,

  • Speaker #0

    c'est un peu notre sujet de ce podcast un petit truc dernier truc à rajouter avant qu'on se fasse notre petite conclusion un truc capital mais être curieux on progresse tous les jours on en apprend tous les jours,

  • Speaker #1

    ça c'est capital à mes étudiants,

  • Speaker #0

    soyez curieux déjà vous aurez fait un une bonne partie du chemin.

  • Speaker #1

    C'est une évidence et puis en fait, on peut tout faire dans la vie, c'est-à-dire qu'on peut changer de métier, on peut changer de parcours, on peut changer de compagne. Il n'y a rien de rédhibitoire. Comme je dis moi souvent à mes étudiants, enfin à mes alternants, c'est entre vos mains. C'est à vous de vous prendre en main, c'est à vous d'être curieux et dynamique et vous verrez, vous y arriverez. Il n'y a pas de problème. Il faut juste y croire.

  • Speaker #0

    Merci Thibaut. Pour terminer, si tu... Tu imaginais quelqu'un à ta place comme ça pour un prochain épisode ? Tu vois quelqu'un à qui tu veux faire partie ? Quelqu'un qui a des choses comme toi un peu racontées, qui va nous faire rêver, alors que ce soit sur le sport, l'entrepreneuriat ou un artiste peut-être ?

  • Speaker #1

    Moi, j'ai une fibre très sportive. Alors, je vais rester dans le sport. Et deux athlètes, mais qui ont des parcours un peu très entrepreneurial. Cédric Tassant ou Kylian Brou. C'est deux athlètes qui font des choses inspirantes, incroyables. qui ont vraiment un état d'esprit d'entrepreneur, qui construisent, qui bâtissent et qui, je pense, ont de très belles choses à raconter.

  • Speaker #0

    Bon, on va les contacter alors. Merci beaucoup Thibaut d'avoir accepté cette invitation. On se retrouve pour un prochain épisode. On se voit bientôt au Explore Festival. Je viendrai avec grand plaisir. On sera aussi avec Marilyn, certainement, qui t'avait aussi invité dans un épisode de son live consacré à... à l'événementiel. Tout à fait. C'est le sujet du dur du festival. Voilà. Merci de nous avoir écoutés. Je vous souhaite une belle journée et je vous dis à bientôt pour un prochain épisode Media Lab Factory.

Share

Embed

You may also like