Speaker #0On dit souvent qu'il faut lâcher prise, qu'il faut suivre le courant, suivre le flot. Sauf que quand tu suis trop le flot, en fait, tu te noies. Parce que t'as pas anticipé la cascade qui avait un fin. Et moi, c'est l'impression que j'ai toujours eu, j'ai toujours en fait. C'est l'impression finalement que tout va bien, que tout va très bien même. Et puis d'un coup, il y a un événement qui se passe et je me sens dépassée. Je me sens totalement dépassée, décontenancée. Et c'est comme si c'était un événement que je pouvais pas anticiper. Sauf que ça, ça m'arrive tout le temps. C'est tout le temps la même chose. Tout le temps le même cycle et tout le temps sur les mêmes périodes. En y repensant, pour moi, ça a commencé quand j'étais en école de commerce. Pourquoi ? Parce que c'est la première fois de ma vie que je vivais seule, à 100% seule. J'avais quitté la maison de mes parents, 18 ans, tout frais. Et j'étais partie pour vivre ma vie de loca, quoi. Et moi, je l'ai vécu dans un foyer où c'était hyper restrictif, hyper oppressant aussi. En fait, je pouvais rien faire. Et le truc de ça, c'est que quand t'as toujours été enfermée, le jour où l'hirondelle est libérée de la cage, mais elle vole jusqu'à mars, c'est exactement ce que j'ai fait. J'avais aucune limite. Je ne m'inquiétais plus de rien. J'étais totalement... En fait, je vivais ma vie, mais il n'y avait rien d'autre. Et je ne m'inquiétais rien. En fait, je me suis dit, bon, j'ai déjà vécu le pire dans mon foyer. Tout ce qu'il y a à côté, c'est rien. Tous les problèmes que je vais rencontrer. c'est rien, de toute façon, ça va se passer, puisque ça faisait 18 ans que j'avais eu des problèmes, entre parenthèses, et que je vivais quand même des gros problèmes, et que je respirais quand même. Donc en fait, finalement, les problèmes d'adultes que moi j'allais avoir, ils vont pas m'empêcher de respirer. C'était littéralement ma mentalité. Le truc de ça, c'est que les problèmes, tu peux les nier, les conséquences, elles seront quand même là. Enfin bref, ça c'était pas mon souci à l'époque. En fait, à l'entendre... On pourrait presque se dire que c'est bien finalement. Enfin c'est bien, à une époque c'était bien, parce que t'arrives à avancer malgré tout, tu restes pas prisonnier de l'angoisse, du stress du quotidien, t'arrives à t'affranchir de tout ça, et en fait le résultat c'est que dans tous les cas t'avances, tu vis, tu fais les choses, tu te lèves le matin, t'accomplis des choses. Et c'est vrai, c'est ce que je faisais. Je me levais le matin, j'allais en cours, j'allais en cours oui, quand j'avais envie. Je faisais mes stages, j'ai fini l'école, dans des conditions particulières, mais j'ai quand même fini l'école. Je sortais avec mes amis, même si c'était particulier, mais je sortais quand même. Tout se faisait. Donc finalement, il est où le problème ? Le problème, c'est qu'au moins, il n'y en avait pas. C'était ça le problème, c'est qu'au moins, il n'y avait jamais de problème. Dans la vie d'adulte, il n'y a jamais, jamais de problème. Même dans la vie d'enfant, en fait. Choisir de tout le temps détourner le regard, choisir de tout le temps ignorer le problème, C'est forcément problématique. Et donc ça, j'ai fini par me rendre compte petit à petit. J'ai fini par me dire que ce n'est pas normal. Pourquoi est-ce que j'ai réagi comme ça ? Et quand je me suis dit ça, j'ai cherché à savoir d'où ça venait. Un scénario typique. J'ai pris un prêt étudiant pour payer mon école. Classique. Je fais l'école. Ça se passe très bien. Bien. Je vis ma meilleure vie. Et puis, je ne suis pas regardante. Parce que bien sûr, il n'y a jamais de problème. Je dépense l'argent. Mais en fait, je dépense l'argent sans mettre de côté l'argent que je devais garder pour la troisième année. Troisième année qui arrive après la deuxième année. Sauf que moi, je brûle tout à la deuxième année. La troisième année arrive, je ne vois toujours pas où est le problème. À un mois de la rentrée. Mais c'est pas grave. Il n'y a jamais de problème. Donc, tant que je respire, ça va. À la rentrée, je n'avais pas trouvé d'alternance. Parce que je n'avais pas cherché non plus. Enfin bref. Et en fait, je me rends compte au deuxième mois de la rentrée que ma goal, on ne peut pas payer l'école. Et donc, moi, j'avais vécu mes deux meilleures années. La troisième année, c'était une descente aux enfers. Mais ce n'est pas quelque chose qui est tombé du chapeau du Seigneur. C'est quelque chose que j'aurais pu voir de très loin, de très très loin. C'est même quelque chose que j'aurais dû attendre si je voulais jouer avec le feu. Non, pour moi, c'était comme si... En fait, c'est comme si c'était une injustice et... Et c'est comme si là, je découvre que c'était inattendu, unexpected, alors que, enfin ma chérie, j'avais dit que j'essayais de ne pas me juger. Mais en tout cas, factuellement, c'était ça. Il n'y avait pas à être aussi blinde comme ça. En fait, il n'y avait pas à faire l'aveugle comme ça, parce que qu'est-ce que j'aurais pu attendre d'autre ? Mais ça, c'est ce que je me dis maintenant. Mais à l'époque, je le vivais très mal. À l'époque, je le vivais comme quelque chose que je n'aurais jamais pu, en fait, anticiper. quelque chose qui allait là, mais ça a gâché ma vie pendant une année. Et ça a été hyper compliqué, vraiment très très compliqué. En plus, le Crous ne m'avait pas payé ma bourse, donc je l'ai eu au mois de janvier. Enfin bref, la galère. Mais ça, c'est une chose. Mais ce cycle-là, je l'avais fait au moins dix fois avant. J'ai des voyages de prévu, je ne prépare pas mon voyage, je n'anticipe pas le fait que je vais avoir besoin d'un certain budget, donc je ne travaille pas. Pourquoi en fait je devrais penser à travailler pour résoudre ce problème, alors qu'en vrai, il n'y a pas de problème dans la vie ? Tant que je me réveille, tout va bien. Et donc, deux semaines avant le voyage, je commence à dire à ma mère, oui, en fait, je dois partir à Montréal, j'avoue, c'est chaud. Et j'étais très inquiète. Là, je me dis, bon, c'était irresponsable. Mais à l'époque, ce n'était absolument pas ce que je me disais. Et en fait, même en prenant du recul, ce n'est pas quelque chose que je voyais. Parce que moi, j'étais tellement dans ma posture et dans mon... Je ne sais même pas comment qualifier ça. Dans ma posture de bison-ours. Que non, en fait. C'est juste la vie qui est injuste. C'est la vie qui... Ma vie qui est comme ça. Il m'arrive toujours des choses. Mais il n'y a pas de raison. Il n'y a aucune raison pour laquelle ça n'arrive qu'à moi. Et en fait, ça se répète comme ça tout le temps. Au début, tout se passe bien. Un problème arrive ou un problème se présente à moi lorsqu'il est bébé. Je l'ignore. Je lui dis bonjour à la limite, mais je l'ignore. Il grandit, il grandit, il grandit. Et au jour où le bébé est prêt à me marcher dessus, il me marche dessus. Et je fais comme si je ne l'avais jamais vu venir. Mais c'est tout le temps comme ça. Et ça, c'est un cycle, mais infernal. Parce que le truc, c'est que même une fois l'école finie, ce cycle-là, il m'a suivi au travail. Et vu que moi, je me définissais, même si aujourd'hui c'est toujours le cas, beaucoup par le travail, ça veut dire que 100% de ma vie, c'était ça. À l'époque de l'école, c'était 70% de ma vie. Là, c'était vraiment 100% de ma vie, c'était ça. Et ça, c'est dévastateur. Enfin bref, je me suis demandé pourquoi est-ce que je faisais ça en fait. Pourquoi est-ce que tu aimes te faire souffrir ? Déjà de 1, je ne savais pas. On ne se juge pas. De 1, non, je ne savais pas. À l'époque, j'étais... Dans la posture où je subissais tout, en fait, je ne subissais juste. Je ne faisais que subir, c'est ça la formulation exacte. Tout ce qui m'arrivait, je n'avais aucun contrôle dessus. C'est comme ça que je le vivais, c'est comme ça que je le ressentais. J'étais en même temps trop occupée à essayer de tout résoudre, ou plutôt à essayer de tout ignorer, pour essayer de me remettre en question, et même si ce n'est même pas essayer, juste pour me remettre en question, et chercher à savoir d'où vient le problème. Bref, avec le temps, je l'ai su, je l'ai un peu dit au début, mais... Mon enfance a été un peu compliquée. Il faut que j'arrête de diminuer, de minimiser. Mon enfance a été compliquée. Et je l'ai vécue parce que, comme je vous l'ai dit, tant que je respire le lendemain, littéralement, tout va bien. Et donc à l'époque, ça m'a beaucoup servi. Je me rappelle d'un jour où j'avais peut-être 15-16 ans. Je ne sais plus ce qui s'était passé, mais je me rappelle exactement du lieu, de l'endroit, presque de l'heure où je me suis dit ça, alors que j'ai une mémoire plus que sélective. Et c'était passé un événement chez moi, dans la maison de mes parents. Et en fait, je me rappelle avoir eu un regard désespéré. Vraiment désespéré. Le mot désespoir, c'était mon regard là. Désespéré et presque misérable en vrai à l'époque. C'est horrible à dire. Mais c'est pas pour me juger, mais c'est vraiment comme ça que je le décris. Et je regardais dans le vide. Et je crois que c'est le jour où je suis devenue à 100% self-conscious. J'ai été... toute consciente, j'étais consciente à 100%. J'ai regardé le vide, et dans ma tête, je me suis dit, mais en fait, on va jamais se sortir de cette situation. Et j'ai dit, on, mais en fait, quand je disais, on va jamais se sortir de cette situation, je parlais de moi et de mes autres moi. Et je crois que c'était la première fois de ma vie d'enfant que j'ai réalisé que c'était la merde, en fait. Pardon pour le terme, mais c'était vraiment la merde. J'avais réalisé que je voyais pas le bout du tunnel. Parce que moi, on me connaît pour mon optimisme aveugle, c'est le terme. Mais ça vient de là, parce qu'en fait, quand t'es dans des environnements comme ça, t'as rien d'autre que ton espoir et ton optimisme. Et là, en fait, j'avais arrêté de l'être. Et donc, c'est à partir de ce jour-là où, je me rappelle très bien, j'ai commencé à compter tous les jours. Tous les jours, je comptais le nombre de jours qui me restaient avant mes 18 ans. Parce que je savais qu'à mes 18 ans, peu importe ce qu'il se passait, je me cassais. Que ce soit sous les lauriers de mes parents parce que j'ai fait des études ailleurs, ou juste parce que je me casse. Donc je partais. Et c'est exactement ce que j'ai fait. À 18 ans, je suis partie. Mais voilà. Il me restait encore deux ans et demi, je crois. Deux ans et demi avant mes 18 ans. Et donc, ce temps-là, il fallait le passer. Il fallait le passer. Et vu que maintenant, je n'étais plus dans une optique d'ignorance qui est en fait d'ignorance d'enfant, je comprenais tout. Et ça, c'était trop douloureux. Donc, qu'est-ce qu'on fait ? On se met dans ce fameux mode pilote automatique. Et... Il s'est déclenché. Il ne s'est jamais éteint. C'est-à-dire que je suis là, mais je ne suis pas là. Je fais les choses parce qu'il faut les faire. Je ne m'arrête jamais. Même quand je m'arrête, mon esprit est ailleurs. Je vis, mais en fait, constamment, mais constamment dissociée. Mais en même temps, ça me va très bien. Parce que le temps passe beaucoup plus vite comme ça, c'est certain. Et donc ça, ça m'a suivie dans mon travail. C'est ce qui a fait qu'à l'école, je faisais des dingueries. Ma vie était une dinguerie. Mes copines, elles étaient bien. En fait, elles étaient fascinées, impressionnées par le fait que je mène cette vie, que ça m'allait très bien. Que ça n'arrivait qu'à moi. Et moi, je ne comprenais pas leur fascination. Je me dis, oh bah c'est drôle. Mais en vrai, ça me fait de la peine pour moi à l'époque. Parce que certes, c'était drôle. Ça a pimenté ma vie, etc. Mais l'air de rien, c'était épuisant. Et en fait, ce n'était pas épuisant, je rentrais le soir épuisée. En fait, c'était épuisant mentalement et pour mon énergie, mais j'avais de la force physique. Bref, j'avais d'autres problèmes à l'époque, je dormais 12h, 14h, ça c'est pas normal. Si vous dormez 14h, c'est pas normal. Mais bon, passons. Et donc ouais, ça, ça s'est répliqué partout. Quand j'étais à l'école, au travail, sur mes relations. Oh mon dieu, sur mes relations. Et en fait le truc de ça c'est que tout est cyclique, oui. Mais en fait un cycle c'est pas censé te fracasser à la fin de la journée. Et moi, le truc, c'est qu'à la fin, à chaque fois, la chute était horrible. Elle me brisait, mais littéralement. Je prenais du temps à m'en remettre. C'est comme si on jetait de la falaise et qu'on dit, une fois arrivé par terre, bon allez, maintenant, on va faire un marathon. Je ne pouvais pas me poser. En fait, oui, c'est ça, je m'étais fracassée et il fallait renchaîner direct. Et ça a toujours été ça. Et au travail, ça a fini en burn-out. J'ai fait un an sans pouvoir. Un an, j'avais aucune volonté, aucune envie. Je ne ressentais rien du tout. Alors que moi, je suis une boule d'énergie, une boule de vie. Et je pense que ça a été le... Ouais, ça a été the événement qui m'a fait me remettre en question. Parce que 21 ans... Après, je dis ça, mais aujourd'hui, en 2025, il n'y a plus d'âge pour avoir un burn-out. Bref. Ouais, mais du coup, ça m'a fait me remettre en question. En fait, meuf... Le problème de ça, c'est qu'en fait, tu te grilles, tu te brûles, tu brûles quelque chose chez toi. Je ne sais pas si c'est ton âme, ton énergie, ton esprit, mais tous ces cycles-là, ça raccourcit ta durée de vie. Enfin, ce n'est pas possible. Tu ne peux pas continuer comme ça. Juste si tu t'aimes, tu ne peux pas continuer comme ça. Et en fait, là, ça me fait mal au cœur de dire ça, mais c'est ça. En fait, juste si tu t'aimes, tu ne peux pas te laisser rentrer dans des... Dans des cycles comme ça, où tu vois un problème arriver, tu l'ignores, et à la fin, le problème, il te fracasse. Mais en fait, ça veut dire que là, ça fait, je parle, ça fait 7 ans que je suis officiellement adulte. Ça veut dire que ça fait 7 ans que j'ai des cycles de, des fois, c'est 2 mois, des fois, c'est 6 mois, des fois, c'est un an, qui me fracassent comme ça. Dans tout. Enfin, la guerre, c'est fini, quoi. On n'a pas envie de ça. Et c'est même pas une guerre. Tu te fais juste fracasser. Là, tu te fais bouler par la vie. Et c'est même pas la vie qui te boule, c'est toi qui l'as laissée. Enfin, vous avez compris. Le constat, c'est que ces cycles existaient. Que je ne comprenais pas d'où ça venait. En tout cas, c'était tout le temps la même chose. Enfin, si je comprenais d'où ça venait, mais je ne comprenais pas comment je l'avais laissée se mettre en place. Je me culpabilisais vraiment beaucoup. Déjà, de base, je ne suis pas très simple avec moi-même. J'étais là, mais putain, t'es trop bête. Genre ça, tu le vois pas venir. Regarde, ça, c'est si gros. Comment est-ce que tu peux... Alors qu'en fait, ma go, déjà, t'es une survivor. T'as échappé de ton foyer, t'as réussi à avoir un semblant. Ouais, c'était un semblant de vie, de bonheur à l'époque. T'as réussi à aller à l'école. à passer au-delà de tous tes problèmes qui ont quand même continué quand t'es sortie de ton foyer, qui ont quand même pris de l'espace dans ta tête. T'as été diplômée, t'as été amoureuse, t'as eu des amis, t'as fait de ton mieux en fait. Je déteste cette phrase. Cette phrase, t'as fait de ton mieux. Parce qu'en tant que bonne perfectionniste, c'est jamais mieux si c'est pas excellent. En tout cas, j'avoue même jusqu'à aujourd'hui, c'est très compliqué. C'est quelque chose avec lequel je me bats. Mais dans tous les cas, t'as fait ton mieux. Ton corps, en fait, ton corps, il a vécu tout ça. Ton corps, il a passé tout ça pour toi. C'est ouf. Ton déni, là, il l'a vécu. Tes 14 heures de sommeil, il l'a vécu. Ta malbouche. Et ton addiction à Uber Eats, ton corps, il l'a vécu. Il a, en fait, ton cerveau pareil. Genre, tout le monde t'a protégé et toi, t'es ingrate comme ça. C'est ce que je me disais. Et en fait, je me dis, est-ce qu'on a vraiment envie de continuer comme ça ? Est-ce qu'on a envie de se faire fracasser par la vie tous les deux mois, tous les six mois, tous les deux ans, même tous les cinq ans ? C'est trop. Et le truc, c'est que la vie est faite de problèmes. Et c'est ce qui fait que c'est aussi la vie. C'est parce qu'elle est cyclique. Mais les problèmes n'ont pas à te fracasser comme ça à chaque fois. Et donc, c'est clairement problématique. Et donc, si c'est problématique, ça veut dire qu'on peut y apporter des solutions. Et je n'ai pas réussi à trouver la solution chez moi. Donc, je suis partie chercher à l'extérieur au départ. J'ai commencé à fréquenter, à fréquenter, à consulter mes premiers psys. J'ai dû en faire deux, trois pour trouver une bonne psy. Et voilà, depuis, je travaille sur ça. Mais tout ça, ça a été un cheminement. Et là, je vous dis ça comme ça, mais en vrai, j'ai dû avoir des élans de remise en question en école. Mais en fait, c'est horrible. Mais le moment où j'ai vraiment pris ça au sérieux, où tout s'est réaligné, où je me suis réveillée, c'est le jour où j'étais dans mon lit. Ça faisait une semaine que je n'avais plus de volonté, plus de sentiments. Je ne ressentais ni bonheur, ni joie, ni truc, ni colère, rien du tout. Et c'est vraiment... quand tu es au fond du trou. Mais est-ce que j'ai besoin d'être au fond du trou pour comprendre que le chemin sur lequel je me suis engagée est mauvais ? Et c'est ça la question. Le truc, c'est que ça, je l'ai fait après ce burn-out. Jusqu'à très récemment, ça se trouve, je vais encore le faire, mais je le fais en moins pire. Et en vrai, c'est le plus important. Mais parce qu'en fait, pourquoi est-ce que je fais ça ? C'est parce que justement, je m'engage sur des chemins. Il n'y a aucun souci. Dans la vie, il vaut mieux tester, voir ce que ça donne, et puis au pire, faire un pas en arrière après, plutôt que de sur-réfléchir, de overthink, et finalement tu fais rien. Sauf que moi, vu que je suis en mode pilote automatique, une fois que je prends un chemin, je dois forcément aller jusqu'au bout de ce chemin. Même si je vois qu'en face, il y a un mur. Même si je vois qu'en face, il y a un trou, dans lequel je vais tomber. Les yeux, c'est quand je le paramètre. Et quand il est lancé, il est lancé. Et en fait, chez moi... remettre en question une situation, réévaluer ce que j'y gagne, mon besoin, est-ce que les choses ont évolué, est-ce que les choses vont toujours dans mon sens, pour une situation, c'est quelque chose qui était inexistant. C'est comme si, vu maintenant que je suis partie, je vais aller jusqu'au bout, même si ça va me tuer. C'est très trash dit comme ça, mais c'est exactement ce que je faisais. Et donc ça, je l'ai fait avec le travail, je me engage dans un projet, il y a des red flags. Je continue. Il y a des gros red flags. Et puis, comme d'habitude, la situation, même si en fait, il y a des gros red flags, mais ce n'est pas non plus si évident. En fait, c'est juste que moi, je ne sais pas m'écouter. Et puis, le projet se passe globalement bien. Et à la fin, il y a une situation, une chute qui va me fracasser. Mais ça, j'aurais pu l'éviter. J'aurais pu juste prendre une pause, réévaluer la situation, me dire OK, là, ce projet, il part en cacahuète. Ou il part dans cette direction-là. Est-ce que j'ai envie de continuer ? Est-ce que ça va être bénéfique pour moi ou pour la personne ? Oui, non, t'arrêtes. Moi, non. Je suis à la merci de ce pilote automatique. Parce que de toute façon, j'irai quand même jusqu'au bout. Et c'est certes quelque chose qu'on peut saluer dans certains moments, mais pas dans ce contexte d'adulte-là, pas dans mon contexte de vie. En fait, ça ne marche plus. Ce système, il est obsolète. Enfin, oui, il a cassé la voiture plusieurs fois, quoi. Et donc, c'est à partir de ça, je me suis rendu compte que, par exemple, je ne faisais jamais de bilan. C'est un truc qui est assez classique, mais tu te poses, tu te dis, qu'est-ce que j'ai fait cette année ? Cool. Qu'est-ce que je ne fais pas ? Les fameuses résolutions que tu ne tiens pas, mais au moins, ton cerveau a retenu ce que tu voulais devenir. Moi, je ne prenais même pas ce temps-là, juste le temps avance et le temps avance. Ça veut dire que tu ne t'arrêtes jamais pour t'aider à savoir ce qui a fonctionné, ce qui n'a pas fonctionné. Donc, si tu ne sais pas ce qui n'a pas fonctionné, ce qui a fonctionné, Dans tous les cas, tu feras les mêmes erreurs. Tu feras les mêmes choses bien aussi, mais tu feras surtout les mêmes erreurs. Et ce n'est pas problématique si tu es quelqu'un qui n'a pas envie de changer et qui se trouve génial. Moi, ce n'était pas le cas. Je n'avais pas envie de... Mais encore une fois, je n'avais pas envie de me finir fracassée par la vie tous les six mois. Donc voilà. Et bien, savoir prendre le temps. C'est ce que j'ai appris avec cette situation. C'est vraiment ça, c'est vraiment le jour où j'ai compris que je faisais un burn-out, le jour où j'ai compris que je n'avais plus aucune volonté, le jour où j'ai compris que je m'étais grillée à 120%. c'est ce jour-là que j'ai compris qu'il fallait que je prenne le temps, pour moi. Il fallait que je prenne le temps de réévaluer, de faire le point, quand ça va et quand ça ne va pas. La conclusion de tout ça, puisqu'on essaie d'être bienveillante avec nous-mêmes, c'est que malgré le fait que je sois déçue de moi-même, parce que je dis « je suis » , c'est toujours le cas. Non, c'est faux. Allez, il y a une petite pointe de déception. J'ai été déçue de moi-même parce que je me dis « mais comment est-ce que tu te laisses aller dans ces situations ? » Comment est-ce que tu meurs ? Comment est-ce que tu... Meuf, arrête. Arrête de te blâmer. En fait, la vie, elle est déjà assez difficile comme ça. Déjà, les gens de dehors, ils te blâment, ils te culpabilisent. Donc, si toi, tu te culpabilises toi-même, on va aller nulle part comme ça. Ou on va aller quelque part, mais c'est là où on t'a déjà fracassé plusieurs fois. Je me dis que, de toute façon, c'était pas... C'était limite admirable. C'est admirable. Parce que ça veut dire que j'ai été capable, très jeune, de m'être en place. Un système qui nous a protégés, juste, on ne l'a pas désamorcé au bon moment.