Speaker #0Est-ce que vous avez déjà vu la démolition d'un bâtiment dans une ville ? D'un gros bâtiment avec plusieurs étages, qui est lui-même au milieu de plein de bâtiments. Pour démolir un bâtiment comme ça, il faut le faire imploser, c'est-à-dire qu'on va mettre des explosifs, et il faut qu'il s'effondre sur lui-même pour ne pas tomber et finalement tomber sur d'autres bâtiments. Eh bien ça, c'est un peu ce qui se passe quand on a envie de crier tellement fort que... En fait, on sent que si jamais on crie, on va finir par exploser et plutôt imploser. Mieux me voir le podcast pour ceux qui sont fatigués de subir la vie. J'y raconte mon cheminement vers la vie que je veux, vers la vie que je souhaite et vers la vie que je mérite. Ça m'arrive souvent, sauf que moi quand je veux crier fort de l'intérieur, je me sens toujours obligée de le faire sans déranger les autres. Donc, sans faire tomber les autres bâtiments qui sont à côté. Vous allez me dire, c'est honorable de ne pas casser des bâtiments, de ne pas casser les habitations d'à côté. Sauf que qu'est-ce que ça donne, ça, dans la vraie vie ? Mais encore une fois, c'est l'idée de ne pas te déranger alors que tu es littéralement au point d'imploser, au point de te briser en petits morceaux, d'éclater, en fait. Et ça, ça m'arrive trop souvent. Et ça m'arrive tellement souvent que j'ai fini par me demander d'où ça venait. Et j'en suis venue à une anecdote. qui est bien plus qu'une anecdote de mon enfance. Et je me rappelle qu'à l'époque, ça ne se passait pas du tout bien chez moi, vraiment pas un bon environnement. Et en tant qu'enfant qui cherche à survivre, je cherchais des portes de sortie, je cherchais des solutions avec ce que j'avais comme moyens. Et je me rappelle que justement, je suis partie sur le site du commissariat. J'ai pris l'adresse e-mail de deux, trois personnes. Je leur ai fait un mail, les gars. J'ai pris deux heures à écrire ce mail et je pense que je l'ai encore dans ma boîte mail. Et dans ce mail, j'expliquais qu'il fallait absolument qu'ils viennent, qu'il fallait qu'ils me sortent de chez moi, qu'ils me mettent ailleurs. En gros, venez me sauver, venez me secourir. Et j'ai envoyé ce mail et je sais que les personnes concernées, c'était une personne justement en charge de la sécurité. Je ne sais plus trop, mais en tout cas, la sécurité des enfants et l'autre personne, c'était quelqu'un d'un petit peu plus haut placé qui était assez généraliste. Et moi, j'avais mis tous mes espoirs dans ce mail. Je me rappelle à l'époque, c'était sur Yahoo Mail et j'avais mis tous mes espoirs, toute mon énergie, tout reposé dessus. J'envoie le mail et je me rappelle avoir attendu deux jours, trois jours, une semaine, un mois, six mois, un an. Et en fait, j'ai jamais eu de réponse. J'ai jamais eu de réponse et je sais que ça m'avait brisé. C'est horrible à dire, mais je sais que j'attendais tellement un retour de ce mail. Pour moi, c'était la chose qui allait me sauver, la chose qui allait régler tout dans ma vie. Parce qu'en plus, j'étais arrivée à un point où j'arrêtais de vouloir penser à mes parents. Je pensais juste à moi et à mon propre besoin, comme quoi. Et je me suis dit que c'est bon, de toute façon, dans quelques jours, quelques semaines, au pire, quelques mois, quelqu'un va venir me chercher et on va me mettre en foyer. C'était à l'époque où je voulais juste partir de chez moi. Et j'avais 15 ans, je pense, 15-16 ans, donc assez lucide quand même. Et en fait, quand je me suis rendue compte, un an après maximum, que je n'ai pas de réponse et qu'en fait je n'aurai jamais de réponse, tout s'est écroulé. Tout s'est écroulé autour de moi, mais en fait, tout s'est écroulé comme ce bâtiment qu'on fait imploser. C'est-à-dire que je me suis effondrée de l'intérieur et je l'ai gardé pour moi, comme tout ce que je fais, je le garde pour moi. Puisque je me suis dit, bon, de toute façon, les adultes de mon entourage, ce ne sont pas les personnes vers qui je suis allée, donc je n'ai pas envie de tomber sur eux, entre parenthèses. Et en fait, je m'étais sentie abandonnée une nouvelle fois. Abandonnée par un système que je considérais devoir me protéger. Abandonnée par ces personnes que je ne connaissais absolument pas et à qui j'en voulais beaucoup. Ces policiers qui, peut-être, j'ai dit n'importe quoi, aujourd'hui, ça se trouve, le site internet, il n'était pas à jour. Peut-être qu'il y avait un filtre et mon adresse mail, c'était un spam. Bref, moi, je ne comprenais pas ça. J'étais une enfant et je me suis dit, purée, life is a bitch. Vraiment. Et je pense que j'ai aussi dû l'interpréter comme le fait que je ne comptais pas. Parce que quoi bon répondre à son mail, à cette gamine de 15 ans, où finalement j'ai dû me dire que peut-être que mon mail ne méritait pas d'avoir une réponse. Je pense que j'ai dû me monter un peu la tête comme ça. Et surtout, ce qui est le plus important, c'est que je sais que cette anecdote m'a traumatisée et je sais que mon cerveau a été programmé sur plein de choses par rapport à cette anecdote. Le fait que je méritais pas une réponse. Le fait que je méritais juste peut-être pas de la considération. Le fait que... Oui, c'est ça, que je ne méritais pas. Et donc, je pense que ça, ça m'a suivi pour... Ce n'est pas que je pense, c'est que je sais que ça m'a suivi pour la suite. Parce que finalement, ça a programmé, ça a dicté un petit peu mon fonctionnement. Puisque de toute façon, quand je cherche de l'aide et que je demande, personne ne se tourne vers moi, personne ne me tend la main, personne ne veut m'aider à décharger ce que j'ai, puisque c'était clairement trop gros pour moi. Ça veut dire que personne ne le fera dans le futur. Donc, j'ai gardé tout pour moi. Sauf qu'en même temps, c'est faux. Je vous disais ça à 90%, il y avait 10% de moi qui restait dans l'optique qu'un jour, c'était peut-être pas le bon moment, mais qu'un jour quelqu'un va me sauver. Qu'un jour quelqu'un va prendre ce trop lourd, ce fardeau trop lourd que j'ai, va le prendre pour lui et va me décharger. Qu'un jour quelqu'un va me tendre la main, il va me sortir du caniveau et comme ça je pourrais respirer l'air pur. Qu'un jour oui, quelqu'un va peut-être juste me faire un câlin et... Ça va m'exorciser de tout ce qui est trop lourd à porter, encore une fois. Ce n'est pas arrivé, je vous le dis. Ce n'est absolument pas arrivé. Mais ce qui est arrivé, c'est qu'en effet, j'ai gardé le même automatisme. Garder les choses pour moi. Imploser de l'intérieur. Comme ça, à chaque fois que je m'écroule, ça ne casse pas les bâtiments d'à côté. Et le truc, c'est que d'ailleurs, j'y repense, mais un bâtiment qui s'écroule et qui casse les bâtiments d'à côté, ça force les gens à se tourner vers ce bâtiment. savoir peut-être pourquoi il s'est cassé déjà, si on n'a pas cherché à le faire, pourquoi est-ce que finalement il n'a pas implosé parfaitement, et pourquoi est-ce qu'il a touché les autres bâtiments, donc on va chercher à lui trouver des solutions. Je dis ça comme ça, mais c'est un aparté. Et donc je disais que finalement c'est un réflexe que j'ai eu pour le reste de ma vie, garder les choses pour moi. Je ne disais, je ne partage rien, de moi en tout cas, de moi, de mes besoins, de ma personnalité. Je ne dis jamais mes besoins. J'avais beaucoup de mal, enfin j'ai toujours beaucoup de mal à dire de quoi j'ai besoin, de quoi j'ai envie, de quoi je n'ai pas besoin et de quoi je n'ai pas envie. Mais finalement, à moi-même, je m'exprime plutôt bien. Mais c'est très compliqué pour moi de formuler, de penser et d'exprimer mes besoins, mes envies. Tout ce qui a un rapport avec moi, en fait, c'est horrible. Et ça, c'est juste parce que je pense qu'à un moment, je me suis dit, OK, de toute façon, ça ne sert à rien, c'est pas important. De toute façon, si c'était important, quelqu'un aurait réagi, quelqu'un m'aurait tendu la main, quelqu'un se serait juste peut-être intéressé à ça. Donc on va le mettre de côté et on va avancer sans. Comment ça s'est concrétisé par la suite dans ma vie d'adulte ? C'est qu'au travail, j'accepte tout. That's people pleasing at this climax. Mais littéralement tout. Je dis oui à tout. Dire non, c'est très compliqué. Faire des heures sub. En fait, vouloir faire plus que prévu, c'est vraiment le syndrome de la good girl. D'ailleurs, c'est un autre sujet. Avec mes amis, ça s'est concrétisé un peu plus différemment, puisque une amitié, c'est une relation qui est censée être authentique, qui est sensible, qui est vraie. Et en fait, le truc, c'est que je me suis rendu compte qu'avec le temps, je n'étais pas forcément tout le temps vraie. Pas parce que je ne le voulais pas, mais juste parce que je ne savais pas le faire et que je manquais énormément de... pas juste de connaissance et de maturité à ce sujet-là, je ne savais pas le faire. Parce qu'à partir du moment où tu ne sais pas qui tu es, c'est quoi tes besoins, c'est quoi tes envies, qu'est-ce que tu aimes, qu'est-ce que tu n'aimes pas, qu'est-ce que tu veux, qu'est-ce que tu ne veux pas, c'est quand même quelque chose qui définit un instant T. Et en fait, je ne savais pas le faire. Et en fait, c'est compliqué d'avoir des relations quand ça, c'est flou. Et parce qu'il me manquait ça, j'avais l'impression qu'il me manquait des choses pour interagir avec les autres. beaucoup plus profondément, pour avoir de vrais liens. Et à un certain moment de ma vie, j'ai toujours eu l'impression que ce que j'avais, c'était superficiel, jusqu'à ce que j'aille en école de commerce. Pas parce que j'ai pris en maturité, même si un petit peu, juste parce que j'ai rencontré des personnes différentes et je pense que ça a déclenché d'autres choses en moi. Mais c'est terrible, en fait, de baigner autour de choses superficielles, d'avoir des liens superficiels, pas parce que c'est ce qu'on veut. Mais finalement, c'est tout ce que je pouvais avoir à l'époque. Et ce n'est pas que je n'avais pas de lien profond, j'en avais. Mais déjà, ceux que j'avais, ils étaient malsains, à reconstruire ou à casser. Et surtout, ils étaient non-verbales et non... comment dire ça ? Ce n'était pas voulu, ce n'était pas intentionnel. C'était par défaut. Parce que c'est le sang, parce que le temps, parce que l'habitude. Moi, je ne veux pas que mes relations soient comme ça. Moi, j'ai envie de choisir, entre parenthèses, mes relations. Et j'ai envie de tisser des liens en toute conscience. En fait, j'ai envie de me dire, OK, là, j'ai envie de grandir avec toi ou là, j'ai envie d'en savoir plus sur toi. Et c'est pour ça que je vais faire l'effort d'eux. Et c'est pour ça que je vais. Mais finalement, encore une fois, c'est l'idée de subir et de se contenter de ce qu'on a. Enfin non, je ne veux pas ça. Je ne veux pas avoir des relations par défaut en fait. Sauf que les relations que je voulais, je n'étais pas capable de les entretenir. C'était ça aussi. Mais encore une fois, c'est un autre sujet. Dans la famille, c'est plus compliqué parce que déjà la famille, c'est le foyer où tout a commencé. Où tout s'est fini aussi. Je parlais dans mon dernier épisode de masque. finalement, je n'avais que un masque, enfin, que certains masques, comme celui de la fille, de la sœur, et ça ne dépassait jamais ça. Et donc, encore une fois, quand on parle de relation, c'était superficiel. Ça s'est concrétisé en syndrome du sauveur aussi, finalement. Je pense que... Je pense que je n'ai pas pu me sauver moi-même à l'époque, mais au moins, je vais le faire pour les autres. Je pense qu'il y a de ça. Donc, finalement, tout ce que je fais, toute ma vie, toute mon énergie, mon parcours, ma carrière, Mon énergie quotidienne va être tournée autour de « il faut absolument que je mette la daronne à l'abri » . Le fait de vouloir mettre bien sa famille n'est pas problématique. Le fait que toute ma vie tourne autour de ça, tourner autour de ça, ça s'allait par contre. Et en fait, c'était littéralement ça. Je ne me levais pas tous les jours en me disant « il faut que je mette la daronne à l'abri » . Mais inconsciemment, mon cerveau aussi. Et donc, dès que je faisais face à un échec, qui me disait que je n'allais pas réussir ce que j'avais entrepris à l'époque, forcément, ça me renvoie, tu ne vas jamais mettre la daronne à l'abri. Et vu que je ne suis rien d'autre que la personne qui va mener cette quête, je suis forcément un échec. Pour prendre un exemple, Superman, c'est un super-héros. Il a les pouvoirs qui va avec. Le dilemme de Superman, de Spider-Man d'ailleurs, de tous les super-héros que vous connaissez, c'est qu'ils veulent sauver tout le monde. Ils veulent sauver tout le monde. Il y a des épisodes où finalement, ils se retrouvent à soit sauver... 1000 personnes, soit en sauver une seule. Bref, ils vont réussir à sauver tout le monde. Le truc, c'est que Superman, il a des super pouvoirs. Il a des yeux laser. Je pense que Superman, s'il ne dort pas pendant 3 heures, pendant un an, il ne va pas mourir. Le mec vient littéralement d'une autre planète. Et le mec est littéralement fictif, d'ailleurs. Je dis Superman, mais ça peut être Supergirl aussi. Enfin, c'est pas réaliste. Et puis même, si je pense à Superman, sa vie est nulle. Toute sa vie, il passe son temps à sauver des gens. C'est la reconnaissance qu'il a. Et puis, dès qu'il fait un pas de travers, on va lui reprocher quelque chose. Je sais que j'ai toujours été sensible à cette injustice que les super-héros dans les dessins animés subissaient. Parce que finalement, dans une certaine mesure, moi, je me retrouvais dedans. Le syndrome du sauveur, c'est terrible. Tu sauves tout le monde, sauf toi-même. Il y a plein de sauveurs dans l'histoire. Par exemple, Jésus-Christ, c'est un sauveur. Sauf que pour sauver les autres, il a dû donner sa vie. J'adore faire ce parallèle parce que je n'ai absolument pas envie de donner ma vie pour les autres. Je parle de la famille, je parle des amis. Mais s'il y a bien une relation que ça a bouleversé, c'est la mienne, avec moi-même. Puisque finalement, je me suis rendue compte avec le temps que je n'étais même pas capable d'exprimer mes besoins pour moi-même. C'est-à-dire à l'intérieur, avec ma petite voix. Et que dès que cette petite voix cherchait à... à se soulever et à s'imposer un petit peu, je la faisais taire. C'est-à-dire que moi, quand une situation paraît suspicieuse, quand une situation a plein de red flags et que j'ai une petite voix qui commence à remettre en question la situation, directement, je me dis, non, c'est pas grave, au pire, on va voir ce que c'est. Et puis la situation, elle avance. Ma voix ne peut plus parler parce que je l'ai fait taire. Mais si ma voix ne peut plus parler, je vais me sentir bizarre à l'intérieur. Et je vais me dire non, c'est le stress, c'est parce que c'est de la nouveauté. Bref, je fais ça tout le temps. Et finalement, je n'étais pas capable de m'écouter. C'est très compliqué pour moi de m'écouter. Sauf que s'il y a bien une chose à laquelle il faut faire confiance, c'est soi-même, c'est son instinct. Honnêtement, mon instinct et mon intuition ne m'ont jamais trahi. Ils ne m'ont jamais déçu pour le peu de fois que je les ai écoutés. Sauf que ça, encore une fois, ça te ramène... Enfin, tu ignores... Ton premier signal, tu ignores les signaux qui viennent après, tu ignores les gorilles de flèches qui viennent après. Ma jolie, tu vas droit dans le mur. Et encore. Et donc finalement, je me suis retrouvée... Et en fait, finalement, on peut se demander à quoi ça sert de vivre si on ne vit pas pour soi-même. En fait, à quoi ça sert de vivre si on ne peut même pas ressentir. Pourquoi est-ce que je dis ça ? Parce que ressentir, c'est vivre. Je ne vais pas commencer à faire de la philosophie, mais... Ressentir les choses, on parle de sens, on parle de ressentir, c'est profiter, ressentir, c'est expérimenter, en fait ressentir c'est vivre. Sauf que pour ressentir, il faut déjà avoir les capacités physiques pour, certes, et ressentir c'est aussi à l'intérieur. Ressentir que là ça fait du bien, que là ça fait du mal, que là ça rend triste, que là ça répond ou pas à un besoin, que là ça fait quelque chose. Et ça finalement, je ne l'avais pas non plus. Et en fait, c'est horrible, mais à un moment, je m'envolais tellement, même si je savais que je n'avais aucune raison de m'en vouloir, mais je m'envolais tellement parce que je me suis rendue compte que c'est des choses basiques qu'un enfant est censé avoir. Une fois l'adolescence terminée, une fois devenu adulte, savoir reconnaître ses émotions, savoir mettre le doigt sur ses besoins, c'est littéralement basique. Un humain, c'est une compétence humaine basique. Et j'étais déçue, en colère, triste. Triste, oui. de ne pas les avoir mais encore une fois je me retournais contre moi je me blâmais parce que finalement il me manquait quelque chose qui ferait entre parenthèses de moi un humain performant bien évidemment aujourd'hui je me dis que ma chérie t'as fait de ton mieux et au pire c'est pas grave la vie c'est aussi fait pour apprendre on apprend on a chacun notre parcours on avance chacun avec une difficulté et finalement c'est pas une compétition et au début j'arrivais pas à l'assimiler en fait j'arrivais pas à l'accepter Et je me disais, non, ce n'est pas grave, on va dire que ce n'est pas une compétition. Là, pour l'instant, on ne fait pas partie de la compétition. On s'est mis à côté le temps de rattraper les niveaux, le temps de reconnaître mes émotions, le temps d'être un humain assez complet, assez performant finalement pour participer à cette compétition. Et dès qu'on est prêt, on se remet dedans. C'est terrible de penser comme ça, parce que ça veut dire que la pression que je me mets sur la tête, c'est qu'on doit être assez performant pour être un humain. Juste ça. Et en fait, je trouve ça trop triste, mais c'est littéralement ce que je me disais. Et non, en fait, ma chérie, tu es humaine. Même si tu ne pouvais pas parler, tu serais humaine quand même. Même si tu te restes éco ta tête et que tu arrives à vivre avec, tu serais humaine quand même. Et cette idée de ne pas être complète, elle me traîne et elle me colle à la peau dans plein de domaines de ma vie, dans beaucoup de couches de ma vie. Et d'ailleurs, c'est le sujet du podcast de cette fin du mois. Mais c'est un autre aparté. Je pense que je me disais que vu que je n'ai pas réussi à me sauver moi-même, je vais sauver les autres. Et comme ça, j'aurais au moins réussi quelque chose. Comme ça, je pourrais au moins reconnaître quelque chose chez moi. Puisque l'idée de... Enfin, qu'est-ce que ça a créé chez moi plus tard, c'est simple. Ça m'a créé le besoin d'être reconnue. J'ai besoin qu'on me dise « Ah, ce que tu fais, c'est bien. » « Ah, ce que tu dis, c'est important. » « Ah, euh... » Ton sentiment est important, mais j'ai besoin de l'entendre de la bouche des autres. Ah, félicitations, mais t'es incroyable. Oh, tu es exceptionnelle. Tu t'es démarquée du lot. Parce que j'ai juste besoin qu'on me reconnaisse. J'avais ce besoin de reconnaissance énorme, aujourd'hui, dans certaines mesures, parce que finalement, à l'époque, on n'avait pas reconnu le fait que ma sécurité était importante, que mon cri du cœur était important. Il y a ça, la reconnaissance. Et je pense qu'il y a aussi une grosse part de solitude, puisque finalement, on se sent très seul. Quand on est un enfant, on ne comprend pas forcément tout le monde qui nous entoure, que l'univers nous tourne le dos et qu'en même temps, le ciel nous tombe sur la tête. Et on ne peut pas se tourner vers les personnes vers qui on devrait se tourner. Nos frères et sœurs sont plus ou moins dans le même bateau que nous, mais on est dans différentes pièces du bateau. Et tout ce qu'on a comme relation, on sent superficiel. Parce qu'on n'est pas capable d'avoir plus. On se sent très seul, moi je vous le dis. Et donc cette solitude-là, je pense que j'ai toujours voulu la combler aussi. Le fait de se dire que finalement, tout ça, ça a créé du vide. Du vide intersédéral d'ailleurs, si je peux le dire. Et que tout ce que je pouvais trouver pour combler ce vide, je le prendrais. La solitude, c'est quelque chose... Honnêtement, je pense que je m'en suis très bien sortie. Avec le temps, j'ai appris à apprécier ma propre compagnie. Et ma propre compagnie, ce n'est pas ma compagnie avec un film YouTube qui tourne en fond, avec une musique qui est tout le temps dans mes oreilles, H24, comme ça, il n'y a jamais de silence. J'ai appris à le faire. Je suis plutôt très contente et très fière de moi. Aujourd'hui, je fais tout seul, d'ailleurs. Je n'ai plus besoin d'avoir quelqu'un... même à mes côtés, juste pour me dire qu'il y a quelqu'un à mes côtés. Et je n'ai pas envie d'avoir encore une fois des gens... Des gens par défaut. Déjà, c'est horrible pour les gens, c'est encore plus horrible pour moi. Et je n'ai pas envie non plus d'avoir une vie par défaut. Et je me dis, s'il y a bien quelque chose qu'on peut commencer à régler simplement, c'est le fait d'apprécier notre propre compagnie, de la subir quelques fois, parce que c'est dur, finalement, de se retrouver avec soi-même, qu'on doit faire face à tout ça. Puis au fur et à mesure, de l'apprécier à sa juste valeur, de la valoriser autant. que le date que je vais faire le lendemain soir. De valoriser ces moments avec moi autant que les jours où je vais aller voir une amie. Parce que c'est tout aussi important. Et donc le titre était « Quelqu'un va-t-il enfin voir que je m'effondre ? » Je n'ai absolument pas parlé dans ce podcast. Mais en fait, c'est ce que j'attends. Au fond de moi, c'est que quelqu'un voit que je vais mal. Que quelqu'un se rende compte que ce n'était pas juste ce qu'on m'a fait. Que quelqu'un me dise que ce que tu fais, c'est bien, ça mérite d'être vu, ça mérite d'être entendu, que tu mérites d'eux. Et c'est aussi des personnes vers qui je vais me tourner, vers qui je vais totalement ouvrir. C'est hyper dangereux, puisqu'il y a des personnes qui sont juste très douées pour vous dire ce que vous souhaitez entendre. Et donc finalement, quand on est dans ça, on devient quelqu'un de très manipulable. Encore une fois, je répète, est-ce que quelqu'un va-t-il enfin voir que je m'effondre ? La réponse... et oui, pas les personnes que je souhaite. Et finalement, s'il y a bien une personne qui a vu que j'étais en train de m'effondrer, c'était moi-même. Certes, à l'époque, j'étais jeune, j'étais enfant, je n'avais pas les outils en main. Aujourd'hui, j'ai quand même appris à prendre ces outils en main. J'ai un cerveau complet. Je peux aller chercher, découvrir, aller chercher mes propres outils. Et aujourd'hui, je n'ai plus envie d'attendre. que quelqu'un voit que je m'effondre. Je n'ai plus envie d'attendre non plus qu'on vienne me sortir de là où je me suis effondrée, même si des fois, on a besoin d'aide et c'est pour ça qu'on a un entourage d'ailleurs. Je n'ai pas envie non plus d'être ce bâtiment qui s'effondre sans jamais lancer des débris sur les bâtiments d'à côté, puisque en vrai, si je m'effondre, j'ai envie qu'on m'entende, j'ai envie qu'on le voit et j'ai envie que ça résonne dans mon entourage proche. parce que finalement être autrice dans son coin ça n'avance à rien, personne ne saura que t'es triste, personne ne saura ce qui se passe personne ne comprendra donc les gens vont passer outre et puis aussi je me dis que finalement si moi je peux voir que je m'effondre je peux aussi me sauver moi-même c'est très facile à dire encore une fois beaucoup plus compliqué à appliquer et du coup j'ai demandé à Tchad GPT Comment j'ai fait pour me sauver moi-même ? Et il m'a dit écharpe invisible. Écharpe invisible. J'ai pas compris. Mais il m'a dit écoute, l'écharpe invisible en gros c'est de se dire que c'est comme si tu marchais dans le froid pour rentrer chez toi et sur la route dans ta tête tu penses très fort au fait que purée, j'espère que quelqu'un va voir que j'ai froid et j'espère que quelqu'un va me donner son écharpe ou va me tricoter une écharpe. Plus t'avances, plus t'as froid et plus le temps avance, plus tu gènes. En fait, là, tu peux te dire que finalement, cette écharpe, je peux rentrer dans un magasin et m'acheter l'écharpe. Et me l'acheter moi-même. Ou finalement, peut-être que quand je vais rentrer, je vais tricoter mon écharpe. Comme ça, la prochaine fois que je sors, je pourrai me réchauffer moi-même. Et en fait, c'est vraiment juste le fait de se dire. C'est tout est dans la tête, encore une fois. En fait, le fait d'espérer que quelqu'un te voit, que quelqu'un ait compassion. Que quelqu'un prenne le courage, le temps, l'énergie de sortir de sa voiture, de te donner l'écharpe et de re-rentrer dans sa voiture, c'est beaucoup demander à l'univers, je pense. C'est un, beaucoup demander, et puis de deux, tu dépends totalement du bon vouloir des gens. Est-ce qu'on a envie de dépendre de la générosité des gens ? Non, non, Maïdji, ce n'est pas possible. Alors certes, peut-être que je ne sais pas faire de tricot, et qu'il n'y a pas de magasin à côté, mais je peux commencer à faire ma première maille. Et en tout cas, je peux commencer à vouloir me réchauffer toute seule. Et c'est vraiment ça le principe. Le bâtiment qui s'est effondré, il s'est effondré avec un clic. L'écharpe qu'on doit tricoter, elle se tricote en quelques heures quand c'est la première fois que tu tricotes. Puis la deuxième fois que tu vas devoir faire une écharpe, tu iras plus vite. Puis la quinzième, centième fois, peut-être que tu prendras une demi-heure pour faire une écharpe. Mais c'est exactement ce que je me dis. Je me dis, aujourd'hui, j'apprends à me réchauffer toute seule. Peut-être que demain, je pourrai acheter cette écharpe pour me réchauffer encore plus vite. Peut-être qu'après demain, j'aurai même plus besoin de me réchauffer pour ça. Et puis peut-être que dans six mois, quand il fera encore plus froid, j'aurai déjà acquis plein d'expériences finalement dans le savoir me réchauffer seule. Et ça se passera beaucoup mieux, finalement, comme toute chose de la vie. Donc chaque petit geste compte. Et je me dis, pour moi, je vais faire et je vais apprendre ces petits gestes. Et toi, dis-moi, qu'est-ce que tu tricotes en ce moment ? Donc voilà, c'était l'épisode d'aujourd'hui. C'est l'épisode où j'ai compris qu'il fallait que je reconnaisse moi-même ce qui se passait en moi, qu'il fallait que je reconnaisse moi-même ma valeur, moi-même mes besoins, et moi-même mes progrès, finalement. Qu'il fallait que j'apprenne à petit à petit tricoter pour moi. Et qu'il fallait que j'apprécie aussi, que j'apprenne à aimer ce processus de tricoter, parce qu'en vrai, c'est cool de tricoter. Si l'épisode t'a plu, je t'invite à le noter ou à laisser un commentaire. Et puis, on se retrouve à la fin du mois, donc le dernier dimanche de cette fin du mois, pour un prochain épisode. Bisous !