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Mon chantier en sécurité

Episode 1 : Risque chimique dans le BTP : attention au feu !

Episode 1 : Risque chimique dans le BTP : attention au feu !

21min |19/05/2025|

50

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21min |19/05/2025|

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Description

Près de 70 % des salariés du BTP utilisent et manipulent des produits chimiques ; Voici deux témoignages d’accidents spectaculaires qui rappellent les risques souvent invisibles de ces produits. Dans le premier, Thierry a vu son visage s’enflammer après avoir voulu décaper l’hélice d’un malaxeur : il le faisait brûler à l’aide de solvant. Dans le 2e témoignage, le salarié s’aperçoit que son pantalon prend feu lors d’une opération de meulage. Son pantalon avait été souillé par du décapant trois jours auparavant. A la fin de ces témoignages, Isabelle Monnerais, responsable du domaine Risque chimique à l’OPPBTP nous livre ses conseils utiles.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce jour-là, lors de l'accident, j'ai eu le visage en flammes. Et c'est surtout les flammes n'ont pas duré, mais ce produit qu'on entend crépiter sur le visage et qui rentre dans la peau. Et la première peur que j'ai vraiment eue, c'est d'être défiguré.

  • Speaker #1

    Près de 70% des salariés du BTP utilisent et manipulent des produits chimiques. Une habitude qui peut les amener à oublier les risques associés. Voici deux témoignages d'accidents spectaculaires qui rappellent les dangers des produits chimiques. Dans le premier, Thierry a vu son visage s'enflammer après avoir voulu décaper l'hélice d'un malaxeur. Il le faisait brûler à l'aide de solvants. Dans le deuxième témoignage, le salarié s'aperçoit que son pantalon prend feu lors d'une opération de meulage. Son pantalon avait été souillé par du décapant trois jours auparavant. A la fin de ces témoignages, Isabelle Monneret, responsable du domaine risque chimique à l'OPP BTP, nous livre ses conseils utiles.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    C'est comme un accident de voiture où ça va tellement vite qu'on n'a pas l'impression d'avoir peur. Mais c'était surtout ce crépitement qui était impressionnant. C'était vraiment la peur d'être défiguré, surtout. J'ai eu le réflexe de me mettre le visage sous l'eau. Donc, j'ai traversé le cours en flamme. Alors, c'est ce qu'on m'a raconté, parce que moi, je ne m'en rendais pas compte. C'est d'abord ce qui a sauvé mon visage, mais ce qui n'a pas sauvé mes mains, parce que je ne sentais pas mes mains. Donc, la priorité, c'était vraiment le visage. Et donc, c'est pour ça que j'ai été greffé au niveau des mains, parce qu'en fin de compte, je n'ai pas fait la procédure de... de rester sous l'eau pendant une vingtaine de minutes. Et le deuxième point, c'est que je tremblais énormément. Après, ce qu'on m'a raconté, c'est que quand notre corps est en surchauffe comme ça, lui, il compense, il baisse en température. Et en fin de compte, mon corps est descendu jusqu'à 34 degrés. Et le fait de descendre à 34 degrés, ce que m'ont dit les médecins, c'est que le coma commence à 34. Donc ils ont réussi à me stabiliser ici. Après, oui, je suis arrivé aux urgences. Là où on se rend compte que c'est impressionnant, qu'on sait que c'est grave, c'est quand on se retrouve dans une pièce aux urgences qui doit faire à peu près 100 mètres carrés et que là, on a à peu près 25 à 30 personnes qui sont autour. Et là, on se dit oui, c'est grave. J'ai très peu de souvenirs. Je suis parti en ambulance le lendemain sur Nantes et j'ai été traité là-bas dans un service où les enfants sont interdits. Le problème, c'est que c'est assez choquant. Moi, personnellement, j'ai été bandé. Je n'avais plus que l'ouverture des yeux et de la bouche avec deux mains complètement bandées et avec un service où... où ils mettent énormément de crème et tout. On est très compressé, des sensations un peu bizarres. Et quand ils enlèvent, ils nettoient et ils grattent cette peau qui se reforme. Parce qu'en fait, quand on est brûlé au troisième degré, il ne faut pas qu'une peau se reforme. Donc, ils grattent, ils grattent. Et en fait, j'ai passé trois semaines là-bas. J'ai eu le droit d'une permission de sortir pour les fêtes de Noël, parce que ça m'est arrivé le 21 décembre. Je vous avoue que je n'ai aucun souvenir de cette période-là, parce que j'étais sous morphine. Et puis j'ai été greffé, ils ont décidé de me greffer sur les mains le 4 janvier, je crois. 4 janvier, après avec un traitement, forcément avec des fils et tout ça, et ils m'ont prélevé un morceau de peau sur la cuisse pour me le mettre sur les mains. Donc ce qui est bizarre, c'est qu'en fait je n'avais aucune douleur sur mes brûlures visage. mais une douleur très intense au niveau de la cuisse. Parce qu'en fait, la chair est à nu. Et ils mettent une sorte de gaz qui talque pour que la peau se régénère en derrière. Et en fait, j'avais une infirmière à domicile qui venait tous les jours pour enlever cette... Donc, ils grattent, ils viennent gratter et enlever ce talc et ce biogaz qui est venu se coller. C'est franchement désagréable. Mais ça a été assez vite parce que j'ai repris le travail le 1er mars. Ça a été compliqué pour mes enfants. Ils ont été traumatisés par le feu. Le feu, chez moi, ça a été banni pendant un certain temps. Ma femme a été aussi très choquée.

  • Speaker #1

    Pouvez-vous nous recompter les circonstances de l'accident ?

  • Speaker #0

    On avait cette habitude sur nos têtes de malaxeur. On avait beaucoup de résine qui s'accumulait avec le temps. Et à ce moment-là, la seule solution qu'on avait, c'était de brûler ses têtes. Donc on avait l'habitude de prendre un seau de résine usagée où on mettait un peu de papier, un peu de solvant, on mettait le feu et on laissait brûler ses têtes. qui au bout d'un moment la résine fondait et on pouvait récupérer notre matériel. Ce jour-là, j'ai cru que ce feu ait été éteint, donc j'ai pris un bidon de solvant, ou pour remettre un peu de solvant avec un peu de papier pour rallumer, et en fin de compte je n'ai pas vu qu'il restait un peu de flamme dans ce pot de résine, et j'ai eu un retour de flamme qui est venu dans le bidon en ferraille. Donc les gaz ont explosé et tout le cerclage du bidon s'est soulevé. J'ai eu des retours où on m'a dit que les flammes étaient montées jusqu'à 6-7 mètres. Et vu que mon visage n'était pas très loin, j'ai pris tout sur le visage et sur les mains. C'était quelque chose que toutes les entreprises font depuis des années. Personne ne s'est soucié de ça parce qu'on a un peu ce côté où c'est un peu comme un barbecue. qu'on fait tous les dimanches à la maison, on met un peu de produit, on allume et jusqu'à ce jour, il n'y avait jamais eu d'accident. Donc personne ne s'était posé trop de questions sur ce sujet jusqu'à ce jour du 21 décembre où là, tout le monde s'est commencé à se dire que ce n'est pas la bonne solution. Perdre quelqu'un pour une tête de flèche qui vaut dans les 10-15 euros, ça ne vaut pas le coup. Aujourd'hui, on a des produits, on les a mal trempés. Ça dure trois mois, quatre mois. Donc on a un gros stock de mélangeurs maintenant. Mais on a trouvé une solution qui était moins dangereuse.

  • Speaker #1

    Cet accident a-t-il entraîné des changements dans l'entreprise ?

  • Speaker #0

    On avait déjà commencé à essayer de régler tous les problèmes, tous nos produits qu'on sait qui sont corrosifs, qui sont inflammables. On avait commencé. Mais ça a accéléré le processus beaucoup plus rapidement. Aujourd'hui, on essaie de mettre en place un maximum de choses. Nos produits inflammables sont enfermés dans un local différent, en extérieur, sous rétention. On n'a plus de produits inflammables à l'intérieur de notre dépôt. On essaie de mettre un maximum de mises en place là-dessus. On va dire que ce n'est pas simple. Il faut penser à tout. On essaye. Aujourd'hui, on essaye. Je ne vais pas vous dire qu'on est à 100%, mais on est quand même sur la bonne voie sur tout ce qui est sécurité. Aussi bien nos véhicules que sur les chantiers. Moi, personnellement, déjà, je vais beaucoup sur les chantiers justement pour les mises en place. Aujourd'hui, oui, le travail est important, mais la vie de chacun est importante. C'est pour ça que tous nos véhicules, maintenant, on a adapté des rampes, tout ça, pour éviter des problèmes de dos. On essaie d'utiliser des produits de plus en plus propres. Tout ce qui est produit explosif, surtout inflammable, on n'utilise quasiment pas. Tout ce qui est sécurité, on avait déjà commencé bien avant l'accident. Forcément, quand l'inspection du travail est arrivée... Forcément, ça a bousculé et accéléré le mouvement de nos mises en place sur tout ce qui est sécurité. Donc oui, aujourd'hui, je pense qu'on est quand même bien partis de ce côté-là. Ce qui est bien aussi, c'est que ça a permis aussi dans les autres entreprises, cet accident à faire évoluer aussi dans le bon sens pour tous nos concurrents qui restent des collègues. et des êtres humains où on se dit que c'est quand même bien que tout le monde parte dans le bon sens de ce côté-là. L'accident est remonté jusqu'au niveau national, jusqu'au syndicat, où là, tous les gros gérants d'entreprises sont dits qu'il faut faire quelque chose au niveau national, de ne pas laisser ça comme ça. Et aujourd'hui, toutes les entreprises ont pris ces mesures. un travail plus serein et moins dangereux et sécurisé.

  • Speaker #1

    Voici le second témoignage raconté par Virginie Barranger, assistante de travaux référents sécurité et animatrice prévention dans l'entreprise de peinture Luc Allemand. Ici, le salarié a vu son pantalon prendre feu après une opération de meulage. Ce jour-là, il avait remis un pantalon de travail qui avait été souillé.

  • Speaker #3

    Donc c'est des bardeurs qui nettoyaient les façades du bâtiment. Donc en fait, la victime a pulvérisé un produit nettoyant sur la façade, la façade du balcon, à l'aide d'un pulvérisateur manuel. Quelques jours plus tard, la victime a meulé une rainure du balcon. qui était bouchée par du ciment, donc avec une meuleuse avec un disque diamant et quelques étincelles sont atterries sur son pantalon qui a commencé à s'enflammer. Donc le salarié a eu le bon réflexe de tout de suite tapoter son pantalon pour éteindre les étincelles. Après, il a appelé le chef de chantier, il a fait les premiers gestes. Il a mis de l'eau sur la brûlure et après ils ont enlevé le pantalon et il a eu une brûlure du premier et du second degré. La victime a pulvérisé le produit nettoyant sur la façade le vendredi, a enlevé son pantalon pour le week-end, l'a laissé dans le cabanon. Et en fait c'est le lundi. qu'il a remis son pantalon. Il avait oublié un pantalon neuf chez lui. Donc, il a remis le pantalon qui était dans le conteneur pour, après, du coup, faire la meuleuse sur la rainure qui était bouchée. Et pour lui, le pantalon était propre, était sec, malgré l'attache de produit. Et c'est pour ça que le pantalon, du coup, malgré qu'il a vécu deux, trois jours de séchage, s'est enflammé avec les étincelles de la meuleuse. Donc il a tout de suite éteint les étincelles en tapotant son pantalon. Il a crié à l'aide. Le chef de chantier est venu tout de suite, a fait les premiers gestes, donc a mis de l'eau sur son pantalon, a enlevé le pantalon, et ils ont tout de suite appelé les pompiers. Il n'y a eu que des brûlures, premier et second degré, mais ça aurait pu être plus important, plus dangereux que ça.

  • Speaker #1

    Donc, l'accident est dû au port de vêtements souillé par le décapant. Quelle analyse de l'accident l'entreprise a-t-elle faite par la suite ?

  • Speaker #3

    Pour la première partie des travaux, c'est-à-dire la pulvérisation du produit nettoyant sur la façade, il portait un pull, un pantalon, des chaussures. Il avait aussi des gants et également un masque à cartouches. La solution, c'est qu'il aurait fallu qu'il porte une combinaison. Du coup, on a mis en place, suite à cet accident, des combinaisons jetables qu'il faut qu'il porte sans vêtements en dessous. Parce que là, son pantalon a été imbibé de produits. C'est pour ça que le lundi, quand il a meulé... Le pantalon s'est enflammé avec les étincelles de la meuleuse.

  • Speaker #1

    Donc aujourd'hui, on doit porter une combinaison jetable sans vêtements dessous, c'est bien ça ?

  • Speaker #3

    Oui, on a mis en place des combinaisons jetables pour l'utilisation de ce type de produit sur les façades. Et du coup, ils ne doivent porter aucun vêtement dessous, juste les sous-vêtements. Alors le produit qui a été utilisé pour nettoyer la façade n'était pas... Un produit connu dans notre entreprise, c'était la première fois que les salariés l'utilisaient. C'était un produit qui a été préconisé par le client. Le danger du produit était plus ou moins connu. Le salarié, le chef de chantier a bien vu l'étiquette du produit, a informé les salariés du danger, qu'il ne fallait pas fumer à côté du produit, etc. Mais le produit n'était pas indiqué, même dans la FDS, qu'il pouvait s'enflammer en contact d'étincelle. Après étude, on nous a indiqué qu'il y avait une erreur dans la fiche de données sécurité, la FDS. Donc du coup, on a demandé aux fabricants de modifier cette fiche pour pas que l'accident survienne à nouveau. C'est vraiment un produit qui a été préconisé par le client pour ce chantier. De toute façon, dès qu'il y a eu l'accident, nous on l'a substitué par un autre produit que nous, nous connaissons.

  • Speaker #1

    Quelles ont été les conséquences pour l'entreprise ?

  • Speaker #3

    Suite à cet accident, le salarié a été en arrêt, puis prolongation. Et du coup, ça a fait un arrêt de 43 jours. Donc il a fallu quand même remplacer ce salarié en attendant qu'il revienne. On a eu des cotisations à payer et il a fallu forcément remplacer ce salarié par de la main d'œuvre peut-être externe, les intérimaires. C'est un coût financier pour l'entreprise. Le salarié aujourd'hui fait toujours partie de l'entreprise, donc il est toujours bardeur à son poste. Pas de sujet particulier, il exerce toujours son activité. Comme avant.

  • Speaker #1

    Et quelles mesures avez-vous prises après cet accident ?

  • Speaker #3

    Suite à cet accident, on a fait une analyse avec la responsable QSE du siège, une analyse approfondie. Donc on avait fait l'arbre des causes. Forcément, on a informé le fournisseur de cet accident pour qu'il modifie sa FDS, sa fiche de données de sécurité. On a mis en place les vêtements jetables. On a mis à jour notre document unique. Et on a fait un flash info auprès de tous les salariés du risque chimique. Faire un rappel aussi sur les logos, sur les logos à bien connaître des produits, bien regarder les étiquettes avant d'utiliser le produit. S'ils ont un doute, ils ont la possibilité de demander aux conducteurs de travaux des explications et de demander les EPI adaptés. à l'utilisation du produit et surtout aussi de bien porter les EPI en fonction du produit utilisé.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous pouvez un petit peu approfondir sur ce Flash Info ? Quel est son rôle ?

  • Speaker #3

    Les Flash Info sont communiqués aux 90 salariés via les bulletins de salaire. Sur les Flash Info, je mets toujours une phrase d'accroche à la fin qui peut être par exemple « être vigilant peut sauver votre vie et celle des autres » . Je pense qu'aujourd'hui les salariés n'ont pas conscience du risque. Ils n'appréhendent pas le danger. Pour eux c'est sûrement un risque invisible. C'est pour ça qu'on a mis en place des flashs info trois fois par an pour leur rappeler les dangers, notamment le danger du risque chimique, mais aussi pour qu'ils se rappellent des mesures de protection en termes de prévention et de sécurité.

  • Speaker #1

    Bonjour Isabelle Monneray, vous êtes responsable du domaine risque chimique à l'OPP BTP. Que retenez-vous de ces deux témoignages ?

  • Speaker #4

    Alors ces deux témoignages forts nous rappellent combien le risque lié à la manipulation des produits chimiques peut être vraiment grave. Et trop souvent d'ailleurs pour nos entreprises du BTP sous-estimées. Les produits chimiques cités dans ces deux témoignages sont vraiment utilisés quotidiennement et deviennent presque invisibles aux yeux des utilisateurs. C'est là qu'il y a un vrai danger. Quand on s'habitue, on oublie que ces produits peuvent être hautement inflammables, voire toxiques ou même corrosifs. Et d'ailleurs, le premier témoignage met en évidence cette banalisation. L'opérateur qui témoigne, c'était pour lui une habitude finalement de faire brûler la tête du malaxeur pour enlever la résine. Alors contrairement à d'autres risques, le risque chimique est souvent invisible. Ça entraîne une sous-estimation de ce risque et les témoignages Le montre. Pour un des témoignages, le pantalon semblait sec, donc sans danger. Mais on oublie finalement qu'un pantalon souillé, même trois jours plus tôt dans ce cas-là, peut encore s'enflammer avec une simple étincelle. Dans l'autre témoignage, le produit qui avait été utilisé n'était pas connu de l'entreprise. Et d'ailleurs, la fiche de données de sécurité ne mentionnait même pas le risque d'inflammation par étincelle, ce qui a malheureusement contribué à l'accident. Cela souligne l'importance d'une analyse préalable et rigoureuse des produits mis en œuvre au sein de l'entreprise, avec une vigilance importante sur la qualité des fiches de sécurité, qui sont d'ailleurs fournies par les fabricants. On l'a montré précédemment, la fiche de sécurité ne mentionnait même pas ce risque d'inflammation. Donc, vigilance accrue sur ces fiches de sécurité. La prévention passe tout d'abord par la connaissance de la dangerosité des produits que je manipule, et ça passe par la lecture des étiquettes. Première information que je vais avoir sous les yeux, mais également les fiches de données sécurité. Et si besoin, demandez conseil avant d'utiliser un produit inconnu. Ensuite, il y a des gestes simples, comme notamment le port de bons équipements, de protection, ne jamais réutiliser des vêtements souillés, on a vu qu'il y a eu un cas d'accident lié à cela, et bien sûr, ne jamais improviser avec des produits dangereux. Enfin, et pour finir, il faut vraiment parler. échanger, partager les incidents et les bons réflexes au sein d'une entreprise. Les salariés, entre eux, ne perçoivent pas forcément le danger, surtout si aucun incident ne s'est encore produit au sein de l'entreprise. Dans le second témoignage, il est bien mis en évidence que les salariés n'ont pas conscience du risque. D'ailleurs, d'où la nécessité finalement de communiquer régulièrement. Alors, ça peut passer par des flashs infos, ça peut passer par des rappels, des informations, des formations. et Et c'est dans ce cas de figure, si une information est bien transmise, c'est d'ailleurs peut-être un accident qui pourra être évité.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit, rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

Description

Près de 70 % des salariés du BTP utilisent et manipulent des produits chimiques ; Voici deux témoignages d’accidents spectaculaires qui rappellent les risques souvent invisibles de ces produits. Dans le premier, Thierry a vu son visage s’enflammer après avoir voulu décaper l’hélice d’un malaxeur : il le faisait brûler à l’aide de solvant. Dans le 2e témoignage, le salarié s’aperçoit que son pantalon prend feu lors d’une opération de meulage. Son pantalon avait été souillé par du décapant trois jours auparavant. A la fin de ces témoignages, Isabelle Monnerais, responsable du domaine Risque chimique à l’OPPBTP nous livre ses conseils utiles.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce jour-là, lors de l'accident, j'ai eu le visage en flammes. Et c'est surtout les flammes n'ont pas duré, mais ce produit qu'on entend crépiter sur le visage et qui rentre dans la peau. Et la première peur que j'ai vraiment eue, c'est d'être défiguré.

  • Speaker #1

    Près de 70% des salariés du BTP utilisent et manipulent des produits chimiques. Une habitude qui peut les amener à oublier les risques associés. Voici deux témoignages d'accidents spectaculaires qui rappellent les dangers des produits chimiques. Dans le premier, Thierry a vu son visage s'enflammer après avoir voulu décaper l'hélice d'un malaxeur. Il le faisait brûler à l'aide de solvants. Dans le deuxième témoignage, le salarié s'aperçoit que son pantalon prend feu lors d'une opération de meulage. Son pantalon avait été souillé par du décapant trois jours auparavant. A la fin de ces témoignages, Isabelle Monneret, responsable du domaine risque chimique à l'OPP BTP, nous livre ses conseils utiles.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    C'est comme un accident de voiture où ça va tellement vite qu'on n'a pas l'impression d'avoir peur. Mais c'était surtout ce crépitement qui était impressionnant. C'était vraiment la peur d'être défiguré, surtout. J'ai eu le réflexe de me mettre le visage sous l'eau. Donc, j'ai traversé le cours en flamme. Alors, c'est ce qu'on m'a raconté, parce que moi, je ne m'en rendais pas compte. C'est d'abord ce qui a sauvé mon visage, mais ce qui n'a pas sauvé mes mains, parce que je ne sentais pas mes mains. Donc, la priorité, c'était vraiment le visage. Et donc, c'est pour ça que j'ai été greffé au niveau des mains, parce qu'en fin de compte, je n'ai pas fait la procédure de... de rester sous l'eau pendant une vingtaine de minutes. Et le deuxième point, c'est que je tremblais énormément. Après, ce qu'on m'a raconté, c'est que quand notre corps est en surchauffe comme ça, lui, il compense, il baisse en température. Et en fin de compte, mon corps est descendu jusqu'à 34 degrés. Et le fait de descendre à 34 degrés, ce que m'ont dit les médecins, c'est que le coma commence à 34. Donc ils ont réussi à me stabiliser ici. Après, oui, je suis arrivé aux urgences. Là où on se rend compte que c'est impressionnant, qu'on sait que c'est grave, c'est quand on se retrouve dans une pièce aux urgences qui doit faire à peu près 100 mètres carrés et que là, on a à peu près 25 à 30 personnes qui sont autour. Et là, on se dit oui, c'est grave. J'ai très peu de souvenirs. Je suis parti en ambulance le lendemain sur Nantes et j'ai été traité là-bas dans un service où les enfants sont interdits. Le problème, c'est que c'est assez choquant. Moi, personnellement, j'ai été bandé. Je n'avais plus que l'ouverture des yeux et de la bouche avec deux mains complètement bandées et avec un service où... où ils mettent énormément de crème et tout. On est très compressé, des sensations un peu bizarres. Et quand ils enlèvent, ils nettoient et ils grattent cette peau qui se reforme. Parce qu'en fait, quand on est brûlé au troisième degré, il ne faut pas qu'une peau se reforme. Donc, ils grattent, ils grattent. Et en fait, j'ai passé trois semaines là-bas. J'ai eu le droit d'une permission de sortir pour les fêtes de Noël, parce que ça m'est arrivé le 21 décembre. Je vous avoue que je n'ai aucun souvenir de cette période-là, parce que j'étais sous morphine. Et puis j'ai été greffé, ils ont décidé de me greffer sur les mains le 4 janvier, je crois. 4 janvier, après avec un traitement, forcément avec des fils et tout ça, et ils m'ont prélevé un morceau de peau sur la cuisse pour me le mettre sur les mains. Donc ce qui est bizarre, c'est qu'en fait je n'avais aucune douleur sur mes brûlures visage. mais une douleur très intense au niveau de la cuisse. Parce qu'en fait, la chair est à nu. Et ils mettent une sorte de gaz qui talque pour que la peau se régénère en derrière. Et en fait, j'avais une infirmière à domicile qui venait tous les jours pour enlever cette... Donc, ils grattent, ils viennent gratter et enlever ce talc et ce biogaz qui est venu se coller. C'est franchement désagréable. Mais ça a été assez vite parce que j'ai repris le travail le 1er mars. Ça a été compliqué pour mes enfants. Ils ont été traumatisés par le feu. Le feu, chez moi, ça a été banni pendant un certain temps. Ma femme a été aussi très choquée.

  • Speaker #1

    Pouvez-vous nous recompter les circonstances de l'accident ?

  • Speaker #0

    On avait cette habitude sur nos têtes de malaxeur. On avait beaucoup de résine qui s'accumulait avec le temps. Et à ce moment-là, la seule solution qu'on avait, c'était de brûler ses têtes. Donc on avait l'habitude de prendre un seau de résine usagée où on mettait un peu de papier, un peu de solvant, on mettait le feu et on laissait brûler ses têtes. qui au bout d'un moment la résine fondait et on pouvait récupérer notre matériel. Ce jour-là, j'ai cru que ce feu ait été éteint, donc j'ai pris un bidon de solvant, ou pour remettre un peu de solvant avec un peu de papier pour rallumer, et en fin de compte je n'ai pas vu qu'il restait un peu de flamme dans ce pot de résine, et j'ai eu un retour de flamme qui est venu dans le bidon en ferraille. Donc les gaz ont explosé et tout le cerclage du bidon s'est soulevé. J'ai eu des retours où on m'a dit que les flammes étaient montées jusqu'à 6-7 mètres. Et vu que mon visage n'était pas très loin, j'ai pris tout sur le visage et sur les mains. C'était quelque chose que toutes les entreprises font depuis des années. Personne ne s'est soucié de ça parce qu'on a un peu ce côté où c'est un peu comme un barbecue. qu'on fait tous les dimanches à la maison, on met un peu de produit, on allume et jusqu'à ce jour, il n'y avait jamais eu d'accident. Donc personne ne s'était posé trop de questions sur ce sujet jusqu'à ce jour du 21 décembre où là, tout le monde s'est commencé à se dire que ce n'est pas la bonne solution. Perdre quelqu'un pour une tête de flèche qui vaut dans les 10-15 euros, ça ne vaut pas le coup. Aujourd'hui, on a des produits, on les a mal trempés. Ça dure trois mois, quatre mois. Donc on a un gros stock de mélangeurs maintenant. Mais on a trouvé une solution qui était moins dangereuse.

  • Speaker #1

    Cet accident a-t-il entraîné des changements dans l'entreprise ?

  • Speaker #0

    On avait déjà commencé à essayer de régler tous les problèmes, tous nos produits qu'on sait qui sont corrosifs, qui sont inflammables. On avait commencé. Mais ça a accéléré le processus beaucoup plus rapidement. Aujourd'hui, on essaie de mettre en place un maximum de choses. Nos produits inflammables sont enfermés dans un local différent, en extérieur, sous rétention. On n'a plus de produits inflammables à l'intérieur de notre dépôt. On essaie de mettre un maximum de mises en place là-dessus. On va dire que ce n'est pas simple. Il faut penser à tout. On essaye. Aujourd'hui, on essaye. Je ne vais pas vous dire qu'on est à 100%, mais on est quand même sur la bonne voie sur tout ce qui est sécurité. Aussi bien nos véhicules que sur les chantiers. Moi, personnellement, déjà, je vais beaucoup sur les chantiers justement pour les mises en place. Aujourd'hui, oui, le travail est important, mais la vie de chacun est importante. C'est pour ça que tous nos véhicules, maintenant, on a adapté des rampes, tout ça, pour éviter des problèmes de dos. On essaie d'utiliser des produits de plus en plus propres. Tout ce qui est produit explosif, surtout inflammable, on n'utilise quasiment pas. Tout ce qui est sécurité, on avait déjà commencé bien avant l'accident. Forcément, quand l'inspection du travail est arrivée... Forcément, ça a bousculé et accéléré le mouvement de nos mises en place sur tout ce qui est sécurité. Donc oui, aujourd'hui, je pense qu'on est quand même bien partis de ce côté-là. Ce qui est bien aussi, c'est que ça a permis aussi dans les autres entreprises, cet accident à faire évoluer aussi dans le bon sens pour tous nos concurrents qui restent des collègues. et des êtres humains où on se dit que c'est quand même bien que tout le monde parte dans le bon sens de ce côté-là. L'accident est remonté jusqu'au niveau national, jusqu'au syndicat, où là, tous les gros gérants d'entreprises sont dits qu'il faut faire quelque chose au niveau national, de ne pas laisser ça comme ça. Et aujourd'hui, toutes les entreprises ont pris ces mesures. un travail plus serein et moins dangereux et sécurisé.

  • Speaker #1

    Voici le second témoignage raconté par Virginie Barranger, assistante de travaux référents sécurité et animatrice prévention dans l'entreprise de peinture Luc Allemand. Ici, le salarié a vu son pantalon prendre feu après une opération de meulage. Ce jour-là, il avait remis un pantalon de travail qui avait été souillé.

  • Speaker #3

    Donc c'est des bardeurs qui nettoyaient les façades du bâtiment. Donc en fait, la victime a pulvérisé un produit nettoyant sur la façade, la façade du balcon, à l'aide d'un pulvérisateur manuel. Quelques jours plus tard, la victime a meulé une rainure du balcon. qui était bouchée par du ciment, donc avec une meuleuse avec un disque diamant et quelques étincelles sont atterries sur son pantalon qui a commencé à s'enflammer. Donc le salarié a eu le bon réflexe de tout de suite tapoter son pantalon pour éteindre les étincelles. Après, il a appelé le chef de chantier, il a fait les premiers gestes. Il a mis de l'eau sur la brûlure et après ils ont enlevé le pantalon et il a eu une brûlure du premier et du second degré. La victime a pulvérisé le produit nettoyant sur la façade le vendredi, a enlevé son pantalon pour le week-end, l'a laissé dans le cabanon. Et en fait c'est le lundi. qu'il a remis son pantalon. Il avait oublié un pantalon neuf chez lui. Donc, il a remis le pantalon qui était dans le conteneur pour, après, du coup, faire la meuleuse sur la rainure qui était bouchée. Et pour lui, le pantalon était propre, était sec, malgré l'attache de produit. Et c'est pour ça que le pantalon, du coup, malgré qu'il a vécu deux, trois jours de séchage, s'est enflammé avec les étincelles de la meuleuse. Donc il a tout de suite éteint les étincelles en tapotant son pantalon. Il a crié à l'aide. Le chef de chantier est venu tout de suite, a fait les premiers gestes, donc a mis de l'eau sur son pantalon, a enlevé le pantalon, et ils ont tout de suite appelé les pompiers. Il n'y a eu que des brûlures, premier et second degré, mais ça aurait pu être plus important, plus dangereux que ça.

  • Speaker #1

    Donc, l'accident est dû au port de vêtements souillé par le décapant. Quelle analyse de l'accident l'entreprise a-t-elle faite par la suite ?

  • Speaker #3

    Pour la première partie des travaux, c'est-à-dire la pulvérisation du produit nettoyant sur la façade, il portait un pull, un pantalon, des chaussures. Il avait aussi des gants et également un masque à cartouches. La solution, c'est qu'il aurait fallu qu'il porte une combinaison. Du coup, on a mis en place, suite à cet accident, des combinaisons jetables qu'il faut qu'il porte sans vêtements en dessous. Parce que là, son pantalon a été imbibé de produits. C'est pour ça que le lundi, quand il a meulé... Le pantalon s'est enflammé avec les étincelles de la meuleuse.

  • Speaker #1

    Donc aujourd'hui, on doit porter une combinaison jetable sans vêtements dessous, c'est bien ça ?

  • Speaker #3

    Oui, on a mis en place des combinaisons jetables pour l'utilisation de ce type de produit sur les façades. Et du coup, ils ne doivent porter aucun vêtement dessous, juste les sous-vêtements. Alors le produit qui a été utilisé pour nettoyer la façade n'était pas... Un produit connu dans notre entreprise, c'était la première fois que les salariés l'utilisaient. C'était un produit qui a été préconisé par le client. Le danger du produit était plus ou moins connu. Le salarié, le chef de chantier a bien vu l'étiquette du produit, a informé les salariés du danger, qu'il ne fallait pas fumer à côté du produit, etc. Mais le produit n'était pas indiqué, même dans la FDS, qu'il pouvait s'enflammer en contact d'étincelle. Après étude, on nous a indiqué qu'il y avait une erreur dans la fiche de données sécurité, la FDS. Donc du coup, on a demandé aux fabricants de modifier cette fiche pour pas que l'accident survienne à nouveau. C'est vraiment un produit qui a été préconisé par le client pour ce chantier. De toute façon, dès qu'il y a eu l'accident, nous on l'a substitué par un autre produit que nous, nous connaissons.

  • Speaker #1

    Quelles ont été les conséquences pour l'entreprise ?

  • Speaker #3

    Suite à cet accident, le salarié a été en arrêt, puis prolongation. Et du coup, ça a fait un arrêt de 43 jours. Donc il a fallu quand même remplacer ce salarié en attendant qu'il revienne. On a eu des cotisations à payer et il a fallu forcément remplacer ce salarié par de la main d'œuvre peut-être externe, les intérimaires. C'est un coût financier pour l'entreprise. Le salarié aujourd'hui fait toujours partie de l'entreprise, donc il est toujours bardeur à son poste. Pas de sujet particulier, il exerce toujours son activité. Comme avant.

  • Speaker #1

    Et quelles mesures avez-vous prises après cet accident ?

  • Speaker #3

    Suite à cet accident, on a fait une analyse avec la responsable QSE du siège, une analyse approfondie. Donc on avait fait l'arbre des causes. Forcément, on a informé le fournisseur de cet accident pour qu'il modifie sa FDS, sa fiche de données de sécurité. On a mis en place les vêtements jetables. On a mis à jour notre document unique. Et on a fait un flash info auprès de tous les salariés du risque chimique. Faire un rappel aussi sur les logos, sur les logos à bien connaître des produits, bien regarder les étiquettes avant d'utiliser le produit. S'ils ont un doute, ils ont la possibilité de demander aux conducteurs de travaux des explications et de demander les EPI adaptés. à l'utilisation du produit et surtout aussi de bien porter les EPI en fonction du produit utilisé.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous pouvez un petit peu approfondir sur ce Flash Info ? Quel est son rôle ?

  • Speaker #3

    Les Flash Info sont communiqués aux 90 salariés via les bulletins de salaire. Sur les Flash Info, je mets toujours une phrase d'accroche à la fin qui peut être par exemple « être vigilant peut sauver votre vie et celle des autres » . Je pense qu'aujourd'hui les salariés n'ont pas conscience du risque. Ils n'appréhendent pas le danger. Pour eux c'est sûrement un risque invisible. C'est pour ça qu'on a mis en place des flashs info trois fois par an pour leur rappeler les dangers, notamment le danger du risque chimique, mais aussi pour qu'ils se rappellent des mesures de protection en termes de prévention et de sécurité.

  • Speaker #1

    Bonjour Isabelle Monneray, vous êtes responsable du domaine risque chimique à l'OPP BTP. Que retenez-vous de ces deux témoignages ?

  • Speaker #4

    Alors ces deux témoignages forts nous rappellent combien le risque lié à la manipulation des produits chimiques peut être vraiment grave. Et trop souvent d'ailleurs pour nos entreprises du BTP sous-estimées. Les produits chimiques cités dans ces deux témoignages sont vraiment utilisés quotidiennement et deviennent presque invisibles aux yeux des utilisateurs. C'est là qu'il y a un vrai danger. Quand on s'habitue, on oublie que ces produits peuvent être hautement inflammables, voire toxiques ou même corrosifs. Et d'ailleurs, le premier témoignage met en évidence cette banalisation. L'opérateur qui témoigne, c'était pour lui une habitude finalement de faire brûler la tête du malaxeur pour enlever la résine. Alors contrairement à d'autres risques, le risque chimique est souvent invisible. Ça entraîne une sous-estimation de ce risque et les témoignages Le montre. Pour un des témoignages, le pantalon semblait sec, donc sans danger. Mais on oublie finalement qu'un pantalon souillé, même trois jours plus tôt dans ce cas-là, peut encore s'enflammer avec une simple étincelle. Dans l'autre témoignage, le produit qui avait été utilisé n'était pas connu de l'entreprise. Et d'ailleurs, la fiche de données de sécurité ne mentionnait même pas le risque d'inflammation par étincelle, ce qui a malheureusement contribué à l'accident. Cela souligne l'importance d'une analyse préalable et rigoureuse des produits mis en œuvre au sein de l'entreprise, avec une vigilance importante sur la qualité des fiches de sécurité, qui sont d'ailleurs fournies par les fabricants. On l'a montré précédemment, la fiche de sécurité ne mentionnait même pas ce risque d'inflammation. Donc, vigilance accrue sur ces fiches de sécurité. La prévention passe tout d'abord par la connaissance de la dangerosité des produits que je manipule, et ça passe par la lecture des étiquettes. Première information que je vais avoir sous les yeux, mais également les fiches de données sécurité. Et si besoin, demandez conseil avant d'utiliser un produit inconnu. Ensuite, il y a des gestes simples, comme notamment le port de bons équipements, de protection, ne jamais réutiliser des vêtements souillés, on a vu qu'il y a eu un cas d'accident lié à cela, et bien sûr, ne jamais improviser avec des produits dangereux. Enfin, et pour finir, il faut vraiment parler. échanger, partager les incidents et les bons réflexes au sein d'une entreprise. Les salariés, entre eux, ne perçoivent pas forcément le danger, surtout si aucun incident ne s'est encore produit au sein de l'entreprise. Dans le second témoignage, il est bien mis en évidence que les salariés n'ont pas conscience du risque. D'ailleurs, d'où la nécessité finalement de communiquer régulièrement. Alors, ça peut passer par des flashs infos, ça peut passer par des rappels, des informations, des formations. et Et c'est dans ce cas de figure, si une information est bien transmise, c'est d'ailleurs peut-être un accident qui pourra être évité.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit, rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

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Description

Près de 70 % des salariés du BTP utilisent et manipulent des produits chimiques ; Voici deux témoignages d’accidents spectaculaires qui rappellent les risques souvent invisibles de ces produits. Dans le premier, Thierry a vu son visage s’enflammer après avoir voulu décaper l’hélice d’un malaxeur : il le faisait brûler à l’aide de solvant. Dans le 2e témoignage, le salarié s’aperçoit que son pantalon prend feu lors d’une opération de meulage. Son pantalon avait été souillé par du décapant trois jours auparavant. A la fin de ces témoignages, Isabelle Monnerais, responsable du domaine Risque chimique à l’OPPBTP nous livre ses conseils utiles.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce jour-là, lors de l'accident, j'ai eu le visage en flammes. Et c'est surtout les flammes n'ont pas duré, mais ce produit qu'on entend crépiter sur le visage et qui rentre dans la peau. Et la première peur que j'ai vraiment eue, c'est d'être défiguré.

  • Speaker #1

    Près de 70% des salariés du BTP utilisent et manipulent des produits chimiques. Une habitude qui peut les amener à oublier les risques associés. Voici deux témoignages d'accidents spectaculaires qui rappellent les dangers des produits chimiques. Dans le premier, Thierry a vu son visage s'enflammer après avoir voulu décaper l'hélice d'un malaxeur. Il le faisait brûler à l'aide de solvants. Dans le deuxième témoignage, le salarié s'aperçoit que son pantalon prend feu lors d'une opération de meulage. Son pantalon avait été souillé par du décapant trois jours auparavant. A la fin de ces témoignages, Isabelle Monneret, responsable du domaine risque chimique à l'OPP BTP, nous livre ses conseils utiles.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    C'est comme un accident de voiture où ça va tellement vite qu'on n'a pas l'impression d'avoir peur. Mais c'était surtout ce crépitement qui était impressionnant. C'était vraiment la peur d'être défiguré, surtout. J'ai eu le réflexe de me mettre le visage sous l'eau. Donc, j'ai traversé le cours en flamme. Alors, c'est ce qu'on m'a raconté, parce que moi, je ne m'en rendais pas compte. C'est d'abord ce qui a sauvé mon visage, mais ce qui n'a pas sauvé mes mains, parce que je ne sentais pas mes mains. Donc, la priorité, c'était vraiment le visage. Et donc, c'est pour ça que j'ai été greffé au niveau des mains, parce qu'en fin de compte, je n'ai pas fait la procédure de... de rester sous l'eau pendant une vingtaine de minutes. Et le deuxième point, c'est que je tremblais énormément. Après, ce qu'on m'a raconté, c'est que quand notre corps est en surchauffe comme ça, lui, il compense, il baisse en température. Et en fin de compte, mon corps est descendu jusqu'à 34 degrés. Et le fait de descendre à 34 degrés, ce que m'ont dit les médecins, c'est que le coma commence à 34. Donc ils ont réussi à me stabiliser ici. Après, oui, je suis arrivé aux urgences. Là où on se rend compte que c'est impressionnant, qu'on sait que c'est grave, c'est quand on se retrouve dans une pièce aux urgences qui doit faire à peu près 100 mètres carrés et que là, on a à peu près 25 à 30 personnes qui sont autour. Et là, on se dit oui, c'est grave. J'ai très peu de souvenirs. Je suis parti en ambulance le lendemain sur Nantes et j'ai été traité là-bas dans un service où les enfants sont interdits. Le problème, c'est que c'est assez choquant. Moi, personnellement, j'ai été bandé. Je n'avais plus que l'ouverture des yeux et de la bouche avec deux mains complètement bandées et avec un service où... où ils mettent énormément de crème et tout. On est très compressé, des sensations un peu bizarres. Et quand ils enlèvent, ils nettoient et ils grattent cette peau qui se reforme. Parce qu'en fait, quand on est brûlé au troisième degré, il ne faut pas qu'une peau se reforme. Donc, ils grattent, ils grattent. Et en fait, j'ai passé trois semaines là-bas. J'ai eu le droit d'une permission de sortir pour les fêtes de Noël, parce que ça m'est arrivé le 21 décembre. Je vous avoue que je n'ai aucun souvenir de cette période-là, parce que j'étais sous morphine. Et puis j'ai été greffé, ils ont décidé de me greffer sur les mains le 4 janvier, je crois. 4 janvier, après avec un traitement, forcément avec des fils et tout ça, et ils m'ont prélevé un morceau de peau sur la cuisse pour me le mettre sur les mains. Donc ce qui est bizarre, c'est qu'en fait je n'avais aucune douleur sur mes brûlures visage. mais une douleur très intense au niveau de la cuisse. Parce qu'en fait, la chair est à nu. Et ils mettent une sorte de gaz qui talque pour que la peau se régénère en derrière. Et en fait, j'avais une infirmière à domicile qui venait tous les jours pour enlever cette... Donc, ils grattent, ils viennent gratter et enlever ce talc et ce biogaz qui est venu se coller. C'est franchement désagréable. Mais ça a été assez vite parce que j'ai repris le travail le 1er mars. Ça a été compliqué pour mes enfants. Ils ont été traumatisés par le feu. Le feu, chez moi, ça a été banni pendant un certain temps. Ma femme a été aussi très choquée.

  • Speaker #1

    Pouvez-vous nous recompter les circonstances de l'accident ?

  • Speaker #0

    On avait cette habitude sur nos têtes de malaxeur. On avait beaucoup de résine qui s'accumulait avec le temps. Et à ce moment-là, la seule solution qu'on avait, c'était de brûler ses têtes. Donc on avait l'habitude de prendre un seau de résine usagée où on mettait un peu de papier, un peu de solvant, on mettait le feu et on laissait brûler ses têtes. qui au bout d'un moment la résine fondait et on pouvait récupérer notre matériel. Ce jour-là, j'ai cru que ce feu ait été éteint, donc j'ai pris un bidon de solvant, ou pour remettre un peu de solvant avec un peu de papier pour rallumer, et en fin de compte je n'ai pas vu qu'il restait un peu de flamme dans ce pot de résine, et j'ai eu un retour de flamme qui est venu dans le bidon en ferraille. Donc les gaz ont explosé et tout le cerclage du bidon s'est soulevé. J'ai eu des retours où on m'a dit que les flammes étaient montées jusqu'à 6-7 mètres. Et vu que mon visage n'était pas très loin, j'ai pris tout sur le visage et sur les mains. C'était quelque chose que toutes les entreprises font depuis des années. Personne ne s'est soucié de ça parce qu'on a un peu ce côté où c'est un peu comme un barbecue. qu'on fait tous les dimanches à la maison, on met un peu de produit, on allume et jusqu'à ce jour, il n'y avait jamais eu d'accident. Donc personne ne s'était posé trop de questions sur ce sujet jusqu'à ce jour du 21 décembre où là, tout le monde s'est commencé à se dire que ce n'est pas la bonne solution. Perdre quelqu'un pour une tête de flèche qui vaut dans les 10-15 euros, ça ne vaut pas le coup. Aujourd'hui, on a des produits, on les a mal trempés. Ça dure trois mois, quatre mois. Donc on a un gros stock de mélangeurs maintenant. Mais on a trouvé une solution qui était moins dangereuse.

  • Speaker #1

    Cet accident a-t-il entraîné des changements dans l'entreprise ?

  • Speaker #0

    On avait déjà commencé à essayer de régler tous les problèmes, tous nos produits qu'on sait qui sont corrosifs, qui sont inflammables. On avait commencé. Mais ça a accéléré le processus beaucoup plus rapidement. Aujourd'hui, on essaie de mettre en place un maximum de choses. Nos produits inflammables sont enfermés dans un local différent, en extérieur, sous rétention. On n'a plus de produits inflammables à l'intérieur de notre dépôt. On essaie de mettre un maximum de mises en place là-dessus. On va dire que ce n'est pas simple. Il faut penser à tout. On essaye. Aujourd'hui, on essaye. Je ne vais pas vous dire qu'on est à 100%, mais on est quand même sur la bonne voie sur tout ce qui est sécurité. Aussi bien nos véhicules que sur les chantiers. Moi, personnellement, déjà, je vais beaucoup sur les chantiers justement pour les mises en place. Aujourd'hui, oui, le travail est important, mais la vie de chacun est importante. C'est pour ça que tous nos véhicules, maintenant, on a adapté des rampes, tout ça, pour éviter des problèmes de dos. On essaie d'utiliser des produits de plus en plus propres. Tout ce qui est produit explosif, surtout inflammable, on n'utilise quasiment pas. Tout ce qui est sécurité, on avait déjà commencé bien avant l'accident. Forcément, quand l'inspection du travail est arrivée... Forcément, ça a bousculé et accéléré le mouvement de nos mises en place sur tout ce qui est sécurité. Donc oui, aujourd'hui, je pense qu'on est quand même bien partis de ce côté-là. Ce qui est bien aussi, c'est que ça a permis aussi dans les autres entreprises, cet accident à faire évoluer aussi dans le bon sens pour tous nos concurrents qui restent des collègues. et des êtres humains où on se dit que c'est quand même bien que tout le monde parte dans le bon sens de ce côté-là. L'accident est remonté jusqu'au niveau national, jusqu'au syndicat, où là, tous les gros gérants d'entreprises sont dits qu'il faut faire quelque chose au niveau national, de ne pas laisser ça comme ça. Et aujourd'hui, toutes les entreprises ont pris ces mesures. un travail plus serein et moins dangereux et sécurisé.

  • Speaker #1

    Voici le second témoignage raconté par Virginie Barranger, assistante de travaux référents sécurité et animatrice prévention dans l'entreprise de peinture Luc Allemand. Ici, le salarié a vu son pantalon prendre feu après une opération de meulage. Ce jour-là, il avait remis un pantalon de travail qui avait été souillé.

  • Speaker #3

    Donc c'est des bardeurs qui nettoyaient les façades du bâtiment. Donc en fait, la victime a pulvérisé un produit nettoyant sur la façade, la façade du balcon, à l'aide d'un pulvérisateur manuel. Quelques jours plus tard, la victime a meulé une rainure du balcon. qui était bouchée par du ciment, donc avec une meuleuse avec un disque diamant et quelques étincelles sont atterries sur son pantalon qui a commencé à s'enflammer. Donc le salarié a eu le bon réflexe de tout de suite tapoter son pantalon pour éteindre les étincelles. Après, il a appelé le chef de chantier, il a fait les premiers gestes. Il a mis de l'eau sur la brûlure et après ils ont enlevé le pantalon et il a eu une brûlure du premier et du second degré. La victime a pulvérisé le produit nettoyant sur la façade le vendredi, a enlevé son pantalon pour le week-end, l'a laissé dans le cabanon. Et en fait c'est le lundi. qu'il a remis son pantalon. Il avait oublié un pantalon neuf chez lui. Donc, il a remis le pantalon qui était dans le conteneur pour, après, du coup, faire la meuleuse sur la rainure qui était bouchée. Et pour lui, le pantalon était propre, était sec, malgré l'attache de produit. Et c'est pour ça que le pantalon, du coup, malgré qu'il a vécu deux, trois jours de séchage, s'est enflammé avec les étincelles de la meuleuse. Donc il a tout de suite éteint les étincelles en tapotant son pantalon. Il a crié à l'aide. Le chef de chantier est venu tout de suite, a fait les premiers gestes, donc a mis de l'eau sur son pantalon, a enlevé le pantalon, et ils ont tout de suite appelé les pompiers. Il n'y a eu que des brûlures, premier et second degré, mais ça aurait pu être plus important, plus dangereux que ça.

  • Speaker #1

    Donc, l'accident est dû au port de vêtements souillé par le décapant. Quelle analyse de l'accident l'entreprise a-t-elle faite par la suite ?

  • Speaker #3

    Pour la première partie des travaux, c'est-à-dire la pulvérisation du produit nettoyant sur la façade, il portait un pull, un pantalon, des chaussures. Il avait aussi des gants et également un masque à cartouches. La solution, c'est qu'il aurait fallu qu'il porte une combinaison. Du coup, on a mis en place, suite à cet accident, des combinaisons jetables qu'il faut qu'il porte sans vêtements en dessous. Parce que là, son pantalon a été imbibé de produits. C'est pour ça que le lundi, quand il a meulé... Le pantalon s'est enflammé avec les étincelles de la meuleuse.

  • Speaker #1

    Donc aujourd'hui, on doit porter une combinaison jetable sans vêtements dessous, c'est bien ça ?

  • Speaker #3

    Oui, on a mis en place des combinaisons jetables pour l'utilisation de ce type de produit sur les façades. Et du coup, ils ne doivent porter aucun vêtement dessous, juste les sous-vêtements. Alors le produit qui a été utilisé pour nettoyer la façade n'était pas... Un produit connu dans notre entreprise, c'était la première fois que les salariés l'utilisaient. C'était un produit qui a été préconisé par le client. Le danger du produit était plus ou moins connu. Le salarié, le chef de chantier a bien vu l'étiquette du produit, a informé les salariés du danger, qu'il ne fallait pas fumer à côté du produit, etc. Mais le produit n'était pas indiqué, même dans la FDS, qu'il pouvait s'enflammer en contact d'étincelle. Après étude, on nous a indiqué qu'il y avait une erreur dans la fiche de données sécurité, la FDS. Donc du coup, on a demandé aux fabricants de modifier cette fiche pour pas que l'accident survienne à nouveau. C'est vraiment un produit qui a été préconisé par le client pour ce chantier. De toute façon, dès qu'il y a eu l'accident, nous on l'a substitué par un autre produit que nous, nous connaissons.

  • Speaker #1

    Quelles ont été les conséquences pour l'entreprise ?

  • Speaker #3

    Suite à cet accident, le salarié a été en arrêt, puis prolongation. Et du coup, ça a fait un arrêt de 43 jours. Donc il a fallu quand même remplacer ce salarié en attendant qu'il revienne. On a eu des cotisations à payer et il a fallu forcément remplacer ce salarié par de la main d'œuvre peut-être externe, les intérimaires. C'est un coût financier pour l'entreprise. Le salarié aujourd'hui fait toujours partie de l'entreprise, donc il est toujours bardeur à son poste. Pas de sujet particulier, il exerce toujours son activité. Comme avant.

  • Speaker #1

    Et quelles mesures avez-vous prises après cet accident ?

  • Speaker #3

    Suite à cet accident, on a fait une analyse avec la responsable QSE du siège, une analyse approfondie. Donc on avait fait l'arbre des causes. Forcément, on a informé le fournisseur de cet accident pour qu'il modifie sa FDS, sa fiche de données de sécurité. On a mis en place les vêtements jetables. On a mis à jour notre document unique. Et on a fait un flash info auprès de tous les salariés du risque chimique. Faire un rappel aussi sur les logos, sur les logos à bien connaître des produits, bien regarder les étiquettes avant d'utiliser le produit. S'ils ont un doute, ils ont la possibilité de demander aux conducteurs de travaux des explications et de demander les EPI adaptés. à l'utilisation du produit et surtout aussi de bien porter les EPI en fonction du produit utilisé.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous pouvez un petit peu approfondir sur ce Flash Info ? Quel est son rôle ?

  • Speaker #3

    Les Flash Info sont communiqués aux 90 salariés via les bulletins de salaire. Sur les Flash Info, je mets toujours une phrase d'accroche à la fin qui peut être par exemple « être vigilant peut sauver votre vie et celle des autres » . Je pense qu'aujourd'hui les salariés n'ont pas conscience du risque. Ils n'appréhendent pas le danger. Pour eux c'est sûrement un risque invisible. C'est pour ça qu'on a mis en place des flashs info trois fois par an pour leur rappeler les dangers, notamment le danger du risque chimique, mais aussi pour qu'ils se rappellent des mesures de protection en termes de prévention et de sécurité.

  • Speaker #1

    Bonjour Isabelle Monneray, vous êtes responsable du domaine risque chimique à l'OPP BTP. Que retenez-vous de ces deux témoignages ?

  • Speaker #4

    Alors ces deux témoignages forts nous rappellent combien le risque lié à la manipulation des produits chimiques peut être vraiment grave. Et trop souvent d'ailleurs pour nos entreprises du BTP sous-estimées. Les produits chimiques cités dans ces deux témoignages sont vraiment utilisés quotidiennement et deviennent presque invisibles aux yeux des utilisateurs. C'est là qu'il y a un vrai danger. Quand on s'habitue, on oublie que ces produits peuvent être hautement inflammables, voire toxiques ou même corrosifs. Et d'ailleurs, le premier témoignage met en évidence cette banalisation. L'opérateur qui témoigne, c'était pour lui une habitude finalement de faire brûler la tête du malaxeur pour enlever la résine. Alors contrairement à d'autres risques, le risque chimique est souvent invisible. Ça entraîne une sous-estimation de ce risque et les témoignages Le montre. Pour un des témoignages, le pantalon semblait sec, donc sans danger. Mais on oublie finalement qu'un pantalon souillé, même trois jours plus tôt dans ce cas-là, peut encore s'enflammer avec une simple étincelle. Dans l'autre témoignage, le produit qui avait été utilisé n'était pas connu de l'entreprise. Et d'ailleurs, la fiche de données de sécurité ne mentionnait même pas le risque d'inflammation par étincelle, ce qui a malheureusement contribué à l'accident. Cela souligne l'importance d'une analyse préalable et rigoureuse des produits mis en œuvre au sein de l'entreprise, avec une vigilance importante sur la qualité des fiches de sécurité, qui sont d'ailleurs fournies par les fabricants. On l'a montré précédemment, la fiche de sécurité ne mentionnait même pas ce risque d'inflammation. Donc, vigilance accrue sur ces fiches de sécurité. La prévention passe tout d'abord par la connaissance de la dangerosité des produits que je manipule, et ça passe par la lecture des étiquettes. Première information que je vais avoir sous les yeux, mais également les fiches de données sécurité. Et si besoin, demandez conseil avant d'utiliser un produit inconnu. Ensuite, il y a des gestes simples, comme notamment le port de bons équipements, de protection, ne jamais réutiliser des vêtements souillés, on a vu qu'il y a eu un cas d'accident lié à cela, et bien sûr, ne jamais improviser avec des produits dangereux. Enfin, et pour finir, il faut vraiment parler. échanger, partager les incidents et les bons réflexes au sein d'une entreprise. Les salariés, entre eux, ne perçoivent pas forcément le danger, surtout si aucun incident ne s'est encore produit au sein de l'entreprise. Dans le second témoignage, il est bien mis en évidence que les salariés n'ont pas conscience du risque. D'ailleurs, d'où la nécessité finalement de communiquer régulièrement. Alors, ça peut passer par des flashs infos, ça peut passer par des rappels, des informations, des formations. et Et c'est dans ce cas de figure, si une information est bien transmise, c'est d'ailleurs peut-être un accident qui pourra être évité.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit, rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

Description

Près de 70 % des salariés du BTP utilisent et manipulent des produits chimiques ; Voici deux témoignages d’accidents spectaculaires qui rappellent les risques souvent invisibles de ces produits. Dans le premier, Thierry a vu son visage s’enflammer après avoir voulu décaper l’hélice d’un malaxeur : il le faisait brûler à l’aide de solvant. Dans le 2e témoignage, le salarié s’aperçoit que son pantalon prend feu lors d’une opération de meulage. Son pantalon avait été souillé par du décapant trois jours auparavant. A la fin de ces témoignages, Isabelle Monnerais, responsable du domaine Risque chimique à l’OPPBTP nous livre ses conseils utiles.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Ce jour-là, lors de l'accident, j'ai eu le visage en flammes. Et c'est surtout les flammes n'ont pas duré, mais ce produit qu'on entend crépiter sur le visage et qui rentre dans la peau. Et la première peur que j'ai vraiment eue, c'est d'être défiguré.

  • Speaker #1

    Près de 70% des salariés du BTP utilisent et manipulent des produits chimiques. Une habitude qui peut les amener à oublier les risques associés. Voici deux témoignages d'accidents spectaculaires qui rappellent les dangers des produits chimiques. Dans le premier, Thierry a vu son visage s'enflammer après avoir voulu décaper l'hélice d'un malaxeur. Il le faisait brûler à l'aide de solvants. Dans le deuxième témoignage, le salarié s'aperçoit que son pantalon prend feu lors d'une opération de meulage. Son pantalon avait été souillé par du décapant trois jours auparavant. A la fin de ces témoignages, Isabelle Monneret, responsable du domaine risque chimique à l'OPP BTP, nous livre ses conseils utiles.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    C'est comme un accident de voiture où ça va tellement vite qu'on n'a pas l'impression d'avoir peur. Mais c'était surtout ce crépitement qui était impressionnant. C'était vraiment la peur d'être défiguré, surtout. J'ai eu le réflexe de me mettre le visage sous l'eau. Donc, j'ai traversé le cours en flamme. Alors, c'est ce qu'on m'a raconté, parce que moi, je ne m'en rendais pas compte. C'est d'abord ce qui a sauvé mon visage, mais ce qui n'a pas sauvé mes mains, parce que je ne sentais pas mes mains. Donc, la priorité, c'était vraiment le visage. Et donc, c'est pour ça que j'ai été greffé au niveau des mains, parce qu'en fin de compte, je n'ai pas fait la procédure de... de rester sous l'eau pendant une vingtaine de minutes. Et le deuxième point, c'est que je tremblais énormément. Après, ce qu'on m'a raconté, c'est que quand notre corps est en surchauffe comme ça, lui, il compense, il baisse en température. Et en fin de compte, mon corps est descendu jusqu'à 34 degrés. Et le fait de descendre à 34 degrés, ce que m'ont dit les médecins, c'est que le coma commence à 34. Donc ils ont réussi à me stabiliser ici. Après, oui, je suis arrivé aux urgences. Là où on se rend compte que c'est impressionnant, qu'on sait que c'est grave, c'est quand on se retrouve dans une pièce aux urgences qui doit faire à peu près 100 mètres carrés et que là, on a à peu près 25 à 30 personnes qui sont autour. Et là, on se dit oui, c'est grave. J'ai très peu de souvenirs. Je suis parti en ambulance le lendemain sur Nantes et j'ai été traité là-bas dans un service où les enfants sont interdits. Le problème, c'est que c'est assez choquant. Moi, personnellement, j'ai été bandé. Je n'avais plus que l'ouverture des yeux et de la bouche avec deux mains complètement bandées et avec un service où... où ils mettent énormément de crème et tout. On est très compressé, des sensations un peu bizarres. Et quand ils enlèvent, ils nettoient et ils grattent cette peau qui se reforme. Parce qu'en fait, quand on est brûlé au troisième degré, il ne faut pas qu'une peau se reforme. Donc, ils grattent, ils grattent. Et en fait, j'ai passé trois semaines là-bas. J'ai eu le droit d'une permission de sortir pour les fêtes de Noël, parce que ça m'est arrivé le 21 décembre. Je vous avoue que je n'ai aucun souvenir de cette période-là, parce que j'étais sous morphine. Et puis j'ai été greffé, ils ont décidé de me greffer sur les mains le 4 janvier, je crois. 4 janvier, après avec un traitement, forcément avec des fils et tout ça, et ils m'ont prélevé un morceau de peau sur la cuisse pour me le mettre sur les mains. Donc ce qui est bizarre, c'est qu'en fait je n'avais aucune douleur sur mes brûlures visage. mais une douleur très intense au niveau de la cuisse. Parce qu'en fait, la chair est à nu. Et ils mettent une sorte de gaz qui talque pour que la peau se régénère en derrière. Et en fait, j'avais une infirmière à domicile qui venait tous les jours pour enlever cette... Donc, ils grattent, ils viennent gratter et enlever ce talc et ce biogaz qui est venu se coller. C'est franchement désagréable. Mais ça a été assez vite parce que j'ai repris le travail le 1er mars. Ça a été compliqué pour mes enfants. Ils ont été traumatisés par le feu. Le feu, chez moi, ça a été banni pendant un certain temps. Ma femme a été aussi très choquée.

  • Speaker #1

    Pouvez-vous nous recompter les circonstances de l'accident ?

  • Speaker #0

    On avait cette habitude sur nos têtes de malaxeur. On avait beaucoup de résine qui s'accumulait avec le temps. Et à ce moment-là, la seule solution qu'on avait, c'était de brûler ses têtes. Donc on avait l'habitude de prendre un seau de résine usagée où on mettait un peu de papier, un peu de solvant, on mettait le feu et on laissait brûler ses têtes. qui au bout d'un moment la résine fondait et on pouvait récupérer notre matériel. Ce jour-là, j'ai cru que ce feu ait été éteint, donc j'ai pris un bidon de solvant, ou pour remettre un peu de solvant avec un peu de papier pour rallumer, et en fin de compte je n'ai pas vu qu'il restait un peu de flamme dans ce pot de résine, et j'ai eu un retour de flamme qui est venu dans le bidon en ferraille. Donc les gaz ont explosé et tout le cerclage du bidon s'est soulevé. J'ai eu des retours où on m'a dit que les flammes étaient montées jusqu'à 6-7 mètres. Et vu que mon visage n'était pas très loin, j'ai pris tout sur le visage et sur les mains. C'était quelque chose que toutes les entreprises font depuis des années. Personne ne s'est soucié de ça parce qu'on a un peu ce côté où c'est un peu comme un barbecue. qu'on fait tous les dimanches à la maison, on met un peu de produit, on allume et jusqu'à ce jour, il n'y avait jamais eu d'accident. Donc personne ne s'était posé trop de questions sur ce sujet jusqu'à ce jour du 21 décembre où là, tout le monde s'est commencé à se dire que ce n'est pas la bonne solution. Perdre quelqu'un pour une tête de flèche qui vaut dans les 10-15 euros, ça ne vaut pas le coup. Aujourd'hui, on a des produits, on les a mal trempés. Ça dure trois mois, quatre mois. Donc on a un gros stock de mélangeurs maintenant. Mais on a trouvé une solution qui était moins dangereuse.

  • Speaker #1

    Cet accident a-t-il entraîné des changements dans l'entreprise ?

  • Speaker #0

    On avait déjà commencé à essayer de régler tous les problèmes, tous nos produits qu'on sait qui sont corrosifs, qui sont inflammables. On avait commencé. Mais ça a accéléré le processus beaucoup plus rapidement. Aujourd'hui, on essaie de mettre en place un maximum de choses. Nos produits inflammables sont enfermés dans un local différent, en extérieur, sous rétention. On n'a plus de produits inflammables à l'intérieur de notre dépôt. On essaie de mettre un maximum de mises en place là-dessus. On va dire que ce n'est pas simple. Il faut penser à tout. On essaye. Aujourd'hui, on essaye. Je ne vais pas vous dire qu'on est à 100%, mais on est quand même sur la bonne voie sur tout ce qui est sécurité. Aussi bien nos véhicules que sur les chantiers. Moi, personnellement, déjà, je vais beaucoup sur les chantiers justement pour les mises en place. Aujourd'hui, oui, le travail est important, mais la vie de chacun est importante. C'est pour ça que tous nos véhicules, maintenant, on a adapté des rampes, tout ça, pour éviter des problèmes de dos. On essaie d'utiliser des produits de plus en plus propres. Tout ce qui est produit explosif, surtout inflammable, on n'utilise quasiment pas. Tout ce qui est sécurité, on avait déjà commencé bien avant l'accident. Forcément, quand l'inspection du travail est arrivée... Forcément, ça a bousculé et accéléré le mouvement de nos mises en place sur tout ce qui est sécurité. Donc oui, aujourd'hui, je pense qu'on est quand même bien partis de ce côté-là. Ce qui est bien aussi, c'est que ça a permis aussi dans les autres entreprises, cet accident à faire évoluer aussi dans le bon sens pour tous nos concurrents qui restent des collègues. et des êtres humains où on se dit que c'est quand même bien que tout le monde parte dans le bon sens de ce côté-là. L'accident est remonté jusqu'au niveau national, jusqu'au syndicat, où là, tous les gros gérants d'entreprises sont dits qu'il faut faire quelque chose au niveau national, de ne pas laisser ça comme ça. Et aujourd'hui, toutes les entreprises ont pris ces mesures. un travail plus serein et moins dangereux et sécurisé.

  • Speaker #1

    Voici le second témoignage raconté par Virginie Barranger, assistante de travaux référents sécurité et animatrice prévention dans l'entreprise de peinture Luc Allemand. Ici, le salarié a vu son pantalon prendre feu après une opération de meulage. Ce jour-là, il avait remis un pantalon de travail qui avait été souillé.

  • Speaker #3

    Donc c'est des bardeurs qui nettoyaient les façades du bâtiment. Donc en fait, la victime a pulvérisé un produit nettoyant sur la façade, la façade du balcon, à l'aide d'un pulvérisateur manuel. Quelques jours plus tard, la victime a meulé une rainure du balcon. qui était bouchée par du ciment, donc avec une meuleuse avec un disque diamant et quelques étincelles sont atterries sur son pantalon qui a commencé à s'enflammer. Donc le salarié a eu le bon réflexe de tout de suite tapoter son pantalon pour éteindre les étincelles. Après, il a appelé le chef de chantier, il a fait les premiers gestes. Il a mis de l'eau sur la brûlure et après ils ont enlevé le pantalon et il a eu une brûlure du premier et du second degré. La victime a pulvérisé le produit nettoyant sur la façade le vendredi, a enlevé son pantalon pour le week-end, l'a laissé dans le cabanon. Et en fait c'est le lundi. qu'il a remis son pantalon. Il avait oublié un pantalon neuf chez lui. Donc, il a remis le pantalon qui était dans le conteneur pour, après, du coup, faire la meuleuse sur la rainure qui était bouchée. Et pour lui, le pantalon était propre, était sec, malgré l'attache de produit. Et c'est pour ça que le pantalon, du coup, malgré qu'il a vécu deux, trois jours de séchage, s'est enflammé avec les étincelles de la meuleuse. Donc il a tout de suite éteint les étincelles en tapotant son pantalon. Il a crié à l'aide. Le chef de chantier est venu tout de suite, a fait les premiers gestes, donc a mis de l'eau sur son pantalon, a enlevé le pantalon, et ils ont tout de suite appelé les pompiers. Il n'y a eu que des brûlures, premier et second degré, mais ça aurait pu être plus important, plus dangereux que ça.

  • Speaker #1

    Donc, l'accident est dû au port de vêtements souillé par le décapant. Quelle analyse de l'accident l'entreprise a-t-elle faite par la suite ?

  • Speaker #3

    Pour la première partie des travaux, c'est-à-dire la pulvérisation du produit nettoyant sur la façade, il portait un pull, un pantalon, des chaussures. Il avait aussi des gants et également un masque à cartouches. La solution, c'est qu'il aurait fallu qu'il porte une combinaison. Du coup, on a mis en place, suite à cet accident, des combinaisons jetables qu'il faut qu'il porte sans vêtements en dessous. Parce que là, son pantalon a été imbibé de produits. C'est pour ça que le lundi, quand il a meulé... Le pantalon s'est enflammé avec les étincelles de la meuleuse.

  • Speaker #1

    Donc aujourd'hui, on doit porter une combinaison jetable sans vêtements dessous, c'est bien ça ?

  • Speaker #3

    Oui, on a mis en place des combinaisons jetables pour l'utilisation de ce type de produit sur les façades. Et du coup, ils ne doivent porter aucun vêtement dessous, juste les sous-vêtements. Alors le produit qui a été utilisé pour nettoyer la façade n'était pas... Un produit connu dans notre entreprise, c'était la première fois que les salariés l'utilisaient. C'était un produit qui a été préconisé par le client. Le danger du produit était plus ou moins connu. Le salarié, le chef de chantier a bien vu l'étiquette du produit, a informé les salariés du danger, qu'il ne fallait pas fumer à côté du produit, etc. Mais le produit n'était pas indiqué, même dans la FDS, qu'il pouvait s'enflammer en contact d'étincelle. Après étude, on nous a indiqué qu'il y avait une erreur dans la fiche de données sécurité, la FDS. Donc du coup, on a demandé aux fabricants de modifier cette fiche pour pas que l'accident survienne à nouveau. C'est vraiment un produit qui a été préconisé par le client pour ce chantier. De toute façon, dès qu'il y a eu l'accident, nous on l'a substitué par un autre produit que nous, nous connaissons.

  • Speaker #1

    Quelles ont été les conséquences pour l'entreprise ?

  • Speaker #3

    Suite à cet accident, le salarié a été en arrêt, puis prolongation. Et du coup, ça a fait un arrêt de 43 jours. Donc il a fallu quand même remplacer ce salarié en attendant qu'il revienne. On a eu des cotisations à payer et il a fallu forcément remplacer ce salarié par de la main d'œuvre peut-être externe, les intérimaires. C'est un coût financier pour l'entreprise. Le salarié aujourd'hui fait toujours partie de l'entreprise, donc il est toujours bardeur à son poste. Pas de sujet particulier, il exerce toujours son activité. Comme avant.

  • Speaker #1

    Et quelles mesures avez-vous prises après cet accident ?

  • Speaker #3

    Suite à cet accident, on a fait une analyse avec la responsable QSE du siège, une analyse approfondie. Donc on avait fait l'arbre des causes. Forcément, on a informé le fournisseur de cet accident pour qu'il modifie sa FDS, sa fiche de données de sécurité. On a mis en place les vêtements jetables. On a mis à jour notre document unique. Et on a fait un flash info auprès de tous les salariés du risque chimique. Faire un rappel aussi sur les logos, sur les logos à bien connaître des produits, bien regarder les étiquettes avant d'utiliser le produit. S'ils ont un doute, ils ont la possibilité de demander aux conducteurs de travaux des explications et de demander les EPI adaptés. à l'utilisation du produit et surtout aussi de bien porter les EPI en fonction du produit utilisé.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous pouvez un petit peu approfondir sur ce Flash Info ? Quel est son rôle ?

  • Speaker #3

    Les Flash Info sont communiqués aux 90 salariés via les bulletins de salaire. Sur les Flash Info, je mets toujours une phrase d'accroche à la fin qui peut être par exemple « être vigilant peut sauver votre vie et celle des autres » . Je pense qu'aujourd'hui les salariés n'ont pas conscience du risque. Ils n'appréhendent pas le danger. Pour eux c'est sûrement un risque invisible. C'est pour ça qu'on a mis en place des flashs info trois fois par an pour leur rappeler les dangers, notamment le danger du risque chimique, mais aussi pour qu'ils se rappellent des mesures de protection en termes de prévention et de sécurité.

  • Speaker #1

    Bonjour Isabelle Monneray, vous êtes responsable du domaine risque chimique à l'OPP BTP. Que retenez-vous de ces deux témoignages ?

  • Speaker #4

    Alors ces deux témoignages forts nous rappellent combien le risque lié à la manipulation des produits chimiques peut être vraiment grave. Et trop souvent d'ailleurs pour nos entreprises du BTP sous-estimées. Les produits chimiques cités dans ces deux témoignages sont vraiment utilisés quotidiennement et deviennent presque invisibles aux yeux des utilisateurs. C'est là qu'il y a un vrai danger. Quand on s'habitue, on oublie que ces produits peuvent être hautement inflammables, voire toxiques ou même corrosifs. Et d'ailleurs, le premier témoignage met en évidence cette banalisation. L'opérateur qui témoigne, c'était pour lui une habitude finalement de faire brûler la tête du malaxeur pour enlever la résine. Alors contrairement à d'autres risques, le risque chimique est souvent invisible. Ça entraîne une sous-estimation de ce risque et les témoignages Le montre. Pour un des témoignages, le pantalon semblait sec, donc sans danger. Mais on oublie finalement qu'un pantalon souillé, même trois jours plus tôt dans ce cas-là, peut encore s'enflammer avec une simple étincelle. Dans l'autre témoignage, le produit qui avait été utilisé n'était pas connu de l'entreprise. Et d'ailleurs, la fiche de données de sécurité ne mentionnait même pas le risque d'inflammation par étincelle, ce qui a malheureusement contribué à l'accident. Cela souligne l'importance d'une analyse préalable et rigoureuse des produits mis en œuvre au sein de l'entreprise, avec une vigilance importante sur la qualité des fiches de sécurité, qui sont d'ailleurs fournies par les fabricants. On l'a montré précédemment, la fiche de sécurité ne mentionnait même pas ce risque d'inflammation. Donc, vigilance accrue sur ces fiches de sécurité. La prévention passe tout d'abord par la connaissance de la dangerosité des produits que je manipule, et ça passe par la lecture des étiquettes. Première information que je vais avoir sous les yeux, mais également les fiches de données sécurité. Et si besoin, demandez conseil avant d'utiliser un produit inconnu. Ensuite, il y a des gestes simples, comme notamment le port de bons équipements, de protection, ne jamais réutiliser des vêtements souillés, on a vu qu'il y a eu un cas d'accident lié à cela, et bien sûr, ne jamais improviser avec des produits dangereux. Enfin, et pour finir, il faut vraiment parler. échanger, partager les incidents et les bons réflexes au sein d'une entreprise. Les salariés, entre eux, ne perçoivent pas forcément le danger, surtout si aucun incident ne s'est encore produit au sein de l'entreprise. Dans le second témoignage, il est bien mis en évidence que les salariés n'ont pas conscience du risque. D'ailleurs, d'où la nécessité finalement de communiquer régulièrement. Alors, ça peut passer par des flashs infos, ça peut passer par des rappels, des informations, des formations. et Et c'est dans ce cas de figure, si une information est bien transmise, c'est d'ailleurs peut-être un accident qui pourra être évité.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit, rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

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