undefined cover
undefined cover
Episode 4 : Les salariés du BTP ne parlent pas de leurs douleurs ou pas assez ! cover
Episode 4 : Les salariés du BTP ne parlent pas de leurs douleurs ou pas assez ! cover
Mon chantier en sécurité

Episode 4 : Les salariés du BTP ne parlent pas de leurs douleurs ou pas assez !

Episode 4 : Les salariés du BTP ne parlent pas de leurs douleurs ou pas assez !

11min |10/10/2024
Play
undefined cover
undefined cover
Episode 4 : Les salariés du BTP ne parlent pas de leurs douleurs ou pas assez ! cover
Episode 4 : Les salariés du BTP ne parlent pas de leurs douleurs ou pas assez ! cover
Mon chantier en sécurité

Episode 4 : Les salariés du BTP ne parlent pas de leurs douleurs ou pas assez !

Episode 4 : Les salariés du BTP ne parlent pas de leurs douleurs ou pas assez !

11min |10/10/2024
Play

Description

Emmanuelle Brichet, médecin du travail et médecin conseil de l'OPPBTP observe depuis 20 ans les salariés du BTP. Selon elle, la douleur fait partie du métier et les salariés n'ont pas toujours conscience des risques et des conséquences des TMS sur leur vie professionnelle mais aussi sur leur vie personnelle.  Il est pourtant possible d'agir à différents niveaux, selon le Dr Brichet, très impliquée dans la prévention.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans les troubles musculo-squelettiques, il y a effectivement les contraintes, les manutentions, l'exposition aux vibrations, les postures contraignantes, mais il y a aussi l'état de stress et de tension. On sait qu'un salarié qui va être bien étendu, qui va avoir un bien-être au travail, un bien-être dans sa vie personnelle, il sera moins sensible justement au développement de troubles musculo-squelettiques.

  • Speaker #1

    Emmanuelle Brichet est médecin du travail et médecin conseil de l'OPP BTP. Elle observe depuis 20 ans les salariés du BTP et elle partage ici ses constats de terrain. La douleur fait partie du métier dans l'esprit des compagnons. Et le Dr Brichet constate qu'il ne s'en plaigne pas, ou alors pas assez. Pourtant, les troubles musculosquelétiques ont souvent des conséquences sur leur vie professionnelle et personnelle. Pire, les salariés de plus de 50 ans sont les plus impactés par les inaptitudes, ce qui peut les fragiliser socialement et économiquement en fin de carrière. Il est pourtant possible d'agir à différents niveaux, selon le Dr Brichet, très impliqué dans la prévention. Voici ses conseils pour les salariés et les entreprises du BTP.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    Ça touche de toute façon tous les métiers. tous les âges, parce qu'effectivement, en majorité, quand même, des gens qui arrivent à 50, 55, mais au-delà de 55, on a quand même beaucoup de gens qui ont une usure de l'organisme, parce qu'ils ont passé 35, 40 ans sur les chantiers, et ils arrivent avec des pathologies articulaires qui touchent souvent le rachis, donc la colonne vertébrale, et notamment... le bas du dos, les lombaires, avec des lombalgies, avec des lombosciatiques. On voit apparaître, moi je trouve, depuis quelques années, un peu plus de pathologies aussi cervicales, avec des hernies discales cervicales qui sont invalidantes, puisqu'elles vont avoir un impact sur les membres supérieurs. Et les membres supérieurs étant aussi l'outil de travail des salariés du BTP, puisque c'est un travail manuel, donc forcément on a besoin de ces deux bras, de ces deux mains. On a mon... Beaucoup aussi de pathologies d'épaule. Alors au début, on disait que c'était plus le peintre, avec les gestes effectivement du rouleau ou d'enduire des murs, mais ça touche aussi tous les métiers. Donc pas mal de pathologies d'épaule. Et puis on a aussi les épicondylites, donc les coudes, le canal carpien bien sûr sur les poignets.

  • Speaker #2

    Et vous, les troubles musculosquelettiques, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Après tous les âges, on parlait des plus de 55 ans, mais on a aussi des gens jeunes qui, dès 30-35 ans, peuvent voir apparaître certaines pathologies. Avec ces personnes-là, on va les suivre un peu plus près, parce que l'idée, c'est d'agir le plus en amont possible pour éviter, ça c'est nos missions de médecins du travail, éviter l'altération de la santé des travailleurs. Et le mieux, c'est si effectivement, alors on ne va pas se précipiter à la petite première alerte, mais si on voit qu'il y a des choses quand même qui se répètent, on essaye d'échanger avec les salariés et puis de voir s'il n'est pas opportun de faire un reclassement professionnel quand on est encore avec des capacités, plutôt que d'arriver à 50 ans complètement cassés. C'est plus difficile de se reclasser dans un autre métier. À 50 ans, quand on a déjà fait ce métier-là pendant un certain nombre d'années, et puis qu'on est un petit peu abîmé, quoi.

  • Speaker #1

    Quelles sont les conséquences des TMS sur la vie professionnelle et personnelle ?

  • Speaker #0

    En fait, je dirais que quel que soit l'âge du salarié et quelle que soit la pathologie, ça a bien sûr des conséquences sur sa vie professionnelle, mais sa vie personnelle, bien sûr, sa vie quotidienne de tous les jours. Parce que, par exemple, si on a un problème de dos, moi j'ai des... Des salariés qui sont en arrêt et qui me disent je ne peux rien faire à la maison, je ne peux même pas donner un coup de main à ma femme pour passer l'aspirateur. J'ai essayé de passer la tondeuse, mais je n'y arrive pas ou je fais une heure et je suis obligée de m'arrêter. Et puis, on a des salariés qui sont aussi très peinés, parce que, que ce soit le dos ou les membres supérieurs, qui me disent j'ai mon fils ou ma fille qui a un an, qui a 18 mois, je ne peux même pas le porter. Donc on comprend un petit peu l'impact de ces pathologies dans la vie professionnelle et extra-professionnelle.

  • Speaker #1

    Quel conseil donnez-vous aux salariés du BTP concernant les TMS ?

  • Speaker #0

    J'insiste sur la nécessité d'avoir une activité sportive pour développer la musculature. On parle des lombalgies parce que ça c'est... 80% des gens du bâtiment reconnaissent avoir de temps en temps des douleurs dans le dos. J'insiste sur le fait de bien travailler la musculature, non pas travailler avec une ceinture lombaire sur le poste de travail, mais de se fabriquer une ceinture musculaire en développant les abdominaux, les paravertébraux, en faisant du renfort musculaire, du gainage, en n'hésitant pas à demander des sciences de kiné et avoir des conseils de kiné. juste au début et après faire des exercices d'entretien à la maison. Mais voilà, j'insiste sur cette importance du travail musculaire, parce que beaucoup de salariés me disent, quand je pose la question est-ce que vous faites du sport ? Ah ben oui, avec mon métier, je fais du sport. Je les reprends en leur disant oui, vous faites du physique, mais ce n'est pas du sport. Donc du coup, là, je dévie, je leur explique un petit peu ce qu'il faut faire et un peu comment travailler.

  • Speaker #1

    Que dites-vous aux employeurs et que peuvent-ils mettre en place pour soulager les douleurs de leurs salariés ?

  • Speaker #0

    Alors il y a des entreprises qui sont bien au fait du problème et qui sont en recherche de solutions. J'ai à l'esprit plusieurs entreprises et une en particulier qui a fait intervenir un coach sportif justement pour leur montrer des mouvements d'échauffement, des mouvements d'étirement qui leur proposent même... Je ne sais plus, mais en tout cas, peut-être une ou deux séances chez un ostéopathe, donc pris en charge par l'entreprise. Et donc, il y a des entreprises comme ça qui sont bien conscientes de cette nécessité de travailler sur la musculature, et donc qui proposent aussi des solutions à leurs salariés. Après, je dirais qu'il n'y a pas que ça, parce qu'il y a aussi déjà avoir conscience du problème et de trouver les solutions. Tout simplement, c'est par exemple aussi réfléchir en amont sur le chantier, sur l'approvisionnement du chantier, sur le stockage des matériaux. Est-ce que si on a une grue sur le chantier, on va pouvoir utiliser la grue le plus longtemps possible pour éviter d'avoir des manutentions manuelles ? Et pourquoi pas utiliser la grue quand elle existe ? Est-ce qu'on peut essayer de réfléchir au stockage des matériaux au plus près des postes de travail pour éviter que les salariés aient à transporter sur des longues distances des plaques de placo, des sacs de ciment ou d'autres matériaux un petit peu lourds ? Donc il y a aussi toute une réflexion en amont importante sur l'organisation du chantier. Je pense que là, il y a beaucoup à faire aussi.

  • Speaker #1

    Avez-vous d'autres conseils à leur donner, à eux et à leur chef d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Il faut aussi qu'ils aient une hygiène de vie, c'est-à-dire quand même attention au surpoids. à manger équilibré parce qu'il faut des fruits, des légumes, des vitamines. C'est important aussi pour notre organisme. Il faut avoir un sommeil correct. Il faut éviter des consommations de toxiques, de stupéfiants, de différents produits qui sont plutôt nocifs pour l'organisme. Donc, l'importance d'une hygiène de vie globale, dès le début jusqu'à la fin de la carrière. Et puis, au niveau de l'entreprise, essayer de tout mettre en œuvre. Ce que je vous disais tout à l'heure sur l'organisation en amont sur les chantiers, sur qu'est-ce que je peux investir ou acheter comme matériel qui va pouvoir soulager physiquement mes salariés, parce qu'il y a quand même des tas de choses qui se font, et il y a aussi des tas d'aides qui sont possibles pour pouvoir acquérir du matériel. Et puis je pense que quand on acquiert du matériel comme ça, certes il y a un coût, un investissement au départ, Mais on va le retrouver puisqu'on aura moins d'arrêts maladie, on aura moins de maladies professionnelles, moins d'accidents de travail. Donc au final, je pense que c'est plutôt positif, bénéfique pour l'entreprise. Donc sur la vie personnelle, l'entreprise ne peut rien. Par contre, sur la vie professionnelle, l'entreprise peut essayer aussi de développer un bien-être, d'être à l'écoute de ses salariés, de leur donner tous les matériels adaptés, d'investir sur des matériels et matériaux. qui permettront plus de prévention.

  • Speaker #1

    Fort de ces constats, que dites-vous en conclusion au sujet des TMS ?

  • Speaker #0

    Valoriser ces métiers du BTP, qui sont quand même des métiers magnifiques. Les salariés disent bien, quand ils ont fait un chantier, ils sont fiers après de la réalisation qu'ils ont pu en faire. Donc, il faut les valoriser. Et puis, il faut réfléchir sur ce qu'on peut faire de nos seniors pour ne pas les laisser partir. après 40 ans ou 44 ans de bons et loyaux services, les laisser partir usés, abîmés, dans des situations financières un petit peu chaotiques. Donc maintenant, il faut tout faire pour qu'ils soient en meilleur état possible, pour aller jusqu'à la retraite, mais profiter après aussi. Parce que ce n'est pas le tout d'arriver à la retraite, il faut pouvoir en profiter après aussi, un petit peu quand même, pour pouvoir ne pas être... complètement cassé et voilà, profiter un petit peu de la vie. Donc voilà, je pense qu'il va falloir être imaginatif de ce qu'on peut créer comme poste pour des seniors dans le bâtiment.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

Description

Emmanuelle Brichet, médecin du travail et médecin conseil de l'OPPBTP observe depuis 20 ans les salariés du BTP. Selon elle, la douleur fait partie du métier et les salariés n'ont pas toujours conscience des risques et des conséquences des TMS sur leur vie professionnelle mais aussi sur leur vie personnelle.  Il est pourtant possible d'agir à différents niveaux, selon le Dr Brichet, très impliquée dans la prévention.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans les troubles musculo-squelettiques, il y a effectivement les contraintes, les manutentions, l'exposition aux vibrations, les postures contraignantes, mais il y a aussi l'état de stress et de tension. On sait qu'un salarié qui va être bien étendu, qui va avoir un bien-être au travail, un bien-être dans sa vie personnelle, il sera moins sensible justement au développement de troubles musculo-squelettiques.

  • Speaker #1

    Emmanuelle Brichet est médecin du travail et médecin conseil de l'OPP BTP. Elle observe depuis 20 ans les salariés du BTP et elle partage ici ses constats de terrain. La douleur fait partie du métier dans l'esprit des compagnons. Et le Dr Brichet constate qu'il ne s'en plaigne pas, ou alors pas assez. Pourtant, les troubles musculosquelétiques ont souvent des conséquences sur leur vie professionnelle et personnelle. Pire, les salariés de plus de 50 ans sont les plus impactés par les inaptitudes, ce qui peut les fragiliser socialement et économiquement en fin de carrière. Il est pourtant possible d'agir à différents niveaux, selon le Dr Brichet, très impliqué dans la prévention. Voici ses conseils pour les salariés et les entreprises du BTP.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    Ça touche de toute façon tous les métiers. tous les âges, parce qu'effectivement, en majorité, quand même, des gens qui arrivent à 50, 55, mais au-delà de 55, on a quand même beaucoup de gens qui ont une usure de l'organisme, parce qu'ils ont passé 35, 40 ans sur les chantiers, et ils arrivent avec des pathologies articulaires qui touchent souvent le rachis, donc la colonne vertébrale, et notamment... le bas du dos, les lombaires, avec des lombalgies, avec des lombosciatiques. On voit apparaître, moi je trouve, depuis quelques années, un peu plus de pathologies aussi cervicales, avec des hernies discales cervicales qui sont invalidantes, puisqu'elles vont avoir un impact sur les membres supérieurs. Et les membres supérieurs étant aussi l'outil de travail des salariés du BTP, puisque c'est un travail manuel, donc forcément on a besoin de ces deux bras, de ces deux mains. On a mon... Beaucoup aussi de pathologies d'épaule. Alors au début, on disait que c'était plus le peintre, avec les gestes effectivement du rouleau ou d'enduire des murs, mais ça touche aussi tous les métiers. Donc pas mal de pathologies d'épaule. Et puis on a aussi les épicondylites, donc les coudes, le canal carpien bien sûr sur les poignets.

  • Speaker #2

    Et vous, les troubles musculosquelettiques, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Après tous les âges, on parlait des plus de 55 ans, mais on a aussi des gens jeunes qui, dès 30-35 ans, peuvent voir apparaître certaines pathologies. Avec ces personnes-là, on va les suivre un peu plus près, parce que l'idée, c'est d'agir le plus en amont possible pour éviter, ça c'est nos missions de médecins du travail, éviter l'altération de la santé des travailleurs. Et le mieux, c'est si effectivement, alors on ne va pas se précipiter à la petite première alerte, mais si on voit qu'il y a des choses quand même qui se répètent, on essaye d'échanger avec les salariés et puis de voir s'il n'est pas opportun de faire un reclassement professionnel quand on est encore avec des capacités, plutôt que d'arriver à 50 ans complètement cassés. C'est plus difficile de se reclasser dans un autre métier. À 50 ans, quand on a déjà fait ce métier-là pendant un certain nombre d'années, et puis qu'on est un petit peu abîmé, quoi.

  • Speaker #1

    Quelles sont les conséquences des TMS sur la vie professionnelle et personnelle ?

  • Speaker #0

    En fait, je dirais que quel que soit l'âge du salarié et quelle que soit la pathologie, ça a bien sûr des conséquences sur sa vie professionnelle, mais sa vie personnelle, bien sûr, sa vie quotidienne de tous les jours. Parce que, par exemple, si on a un problème de dos, moi j'ai des... Des salariés qui sont en arrêt et qui me disent je ne peux rien faire à la maison, je ne peux même pas donner un coup de main à ma femme pour passer l'aspirateur. J'ai essayé de passer la tondeuse, mais je n'y arrive pas ou je fais une heure et je suis obligée de m'arrêter. Et puis, on a des salariés qui sont aussi très peinés, parce que, que ce soit le dos ou les membres supérieurs, qui me disent j'ai mon fils ou ma fille qui a un an, qui a 18 mois, je ne peux même pas le porter. Donc on comprend un petit peu l'impact de ces pathologies dans la vie professionnelle et extra-professionnelle.

  • Speaker #1

    Quel conseil donnez-vous aux salariés du BTP concernant les TMS ?

  • Speaker #0

    J'insiste sur la nécessité d'avoir une activité sportive pour développer la musculature. On parle des lombalgies parce que ça c'est... 80% des gens du bâtiment reconnaissent avoir de temps en temps des douleurs dans le dos. J'insiste sur le fait de bien travailler la musculature, non pas travailler avec une ceinture lombaire sur le poste de travail, mais de se fabriquer une ceinture musculaire en développant les abdominaux, les paravertébraux, en faisant du renfort musculaire, du gainage, en n'hésitant pas à demander des sciences de kiné et avoir des conseils de kiné. juste au début et après faire des exercices d'entretien à la maison. Mais voilà, j'insiste sur cette importance du travail musculaire, parce que beaucoup de salariés me disent, quand je pose la question est-ce que vous faites du sport ? Ah ben oui, avec mon métier, je fais du sport. Je les reprends en leur disant oui, vous faites du physique, mais ce n'est pas du sport. Donc du coup, là, je dévie, je leur explique un petit peu ce qu'il faut faire et un peu comment travailler.

  • Speaker #1

    Que dites-vous aux employeurs et que peuvent-ils mettre en place pour soulager les douleurs de leurs salariés ?

  • Speaker #0

    Alors il y a des entreprises qui sont bien au fait du problème et qui sont en recherche de solutions. J'ai à l'esprit plusieurs entreprises et une en particulier qui a fait intervenir un coach sportif justement pour leur montrer des mouvements d'échauffement, des mouvements d'étirement qui leur proposent même... Je ne sais plus, mais en tout cas, peut-être une ou deux séances chez un ostéopathe, donc pris en charge par l'entreprise. Et donc, il y a des entreprises comme ça qui sont bien conscientes de cette nécessité de travailler sur la musculature, et donc qui proposent aussi des solutions à leurs salariés. Après, je dirais qu'il n'y a pas que ça, parce qu'il y a aussi déjà avoir conscience du problème et de trouver les solutions. Tout simplement, c'est par exemple aussi réfléchir en amont sur le chantier, sur l'approvisionnement du chantier, sur le stockage des matériaux. Est-ce que si on a une grue sur le chantier, on va pouvoir utiliser la grue le plus longtemps possible pour éviter d'avoir des manutentions manuelles ? Et pourquoi pas utiliser la grue quand elle existe ? Est-ce qu'on peut essayer de réfléchir au stockage des matériaux au plus près des postes de travail pour éviter que les salariés aient à transporter sur des longues distances des plaques de placo, des sacs de ciment ou d'autres matériaux un petit peu lourds ? Donc il y a aussi toute une réflexion en amont importante sur l'organisation du chantier. Je pense que là, il y a beaucoup à faire aussi.

  • Speaker #1

    Avez-vous d'autres conseils à leur donner, à eux et à leur chef d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Il faut aussi qu'ils aient une hygiène de vie, c'est-à-dire quand même attention au surpoids. à manger équilibré parce qu'il faut des fruits, des légumes, des vitamines. C'est important aussi pour notre organisme. Il faut avoir un sommeil correct. Il faut éviter des consommations de toxiques, de stupéfiants, de différents produits qui sont plutôt nocifs pour l'organisme. Donc, l'importance d'une hygiène de vie globale, dès le début jusqu'à la fin de la carrière. Et puis, au niveau de l'entreprise, essayer de tout mettre en œuvre. Ce que je vous disais tout à l'heure sur l'organisation en amont sur les chantiers, sur qu'est-ce que je peux investir ou acheter comme matériel qui va pouvoir soulager physiquement mes salariés, parce qu'il y a quand même des tas de choses qui se font, et il y a aussi des tas d'aides qui sont possibles pour pouvoir acquérir du matériel. Et puis je pense que quand on acquiert du matériel comme ça, certes il y a un coût, un investissement au départ, Mais on va le retrouver puisqu'on aura moins d'arrêts maladie, on aura moins de maladies professionnelles, moins d'accidents de travail. Donc au final, je pense que c'est plutôt positif, bénéfique pour l'entreprise. Donc sur la vie personnelle, l'entreprise ne peut rien. Par contre, sur la vie professionnelle, l'entreprise peut essayer aussi de développer un bien-être, d'être à l'écoute de ses salariés, de leur donner tous les matériels adaptés, d'investir sur des matériels et matériaux. qui permettront plus de prévention.

  • Speaker #1

    Fort de ces constats, que dites-vous en conclusion au sujet des TMS ?

  • Speaker #0

    Valoriser ces métiers du BTP, qui sont quand même des métiers magnifiques. Les salariés disent bien, quand ils ont fait un chantier, ils sont fiers après de la réalisation qu'ils ont pu en faire. Donc, il faut les valoriser. Et puis, il faut réfléchir sur ce qu'on peut faire de nos seniors pour ne pas les laisser partir. après 40 ans ou 44 ans de bons et loyaux services, les laisser partir usés, abîmés, dans des situations financières un petit peu chaotiques. Donc maintenant, il faut tout faire pour qu'ils soient en meilleur état possible, pour aller jusqu'à la retraite, mais profiter après aussi. Parce que ce n'est pas le tout d'arriver à la retraite, il faut pouvoir en profiter après aussi, un petit peu quand même, pour pouvoir ne pas être... complètement cassé et voilà, profiter un petit peu de la vie. Donc voilà, je pense qu'il va falloir être imaginatif de ce qu'on peut créer comme poste pour des seniors dans le bâtiment.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

Share

Embed

You may also like

Description

Emmanuelle Brichet, médecin du travail et médecin conseil de l'OPPBTP observe depuis 20 ans les salariés du BTP. Selon elle, la douleur fait partie du métier et les salariés n'ont pas toujours conscience des risques et des conséquences des TMS sur leur vie professionnelle mais aussi sur leur vie personnelle.  Il est pourtant possible d'agir à différents niveaux, selon le Dr Brichet, très impliquée dans la prévention.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans les troubles musculo-squelettiques, il y a effectivement les contraintes, les manutentions, l'exposition aux vibrations, les postures contraignantes, mais il y a aussi l'état de stress et de tension. On sait qu'un salarié qui va être bien étendu, qui va avoir un bien-être au travail, un bien-être dans sa vie personnelle, il sera moins sensible justement au développement de troubles musculo-squelettiques.

  • Speaker #1

    Emmanuelle Brichet est médecin du travail et médecin conseil de l'OPP BTP. Elle observe depuis 20 ans les salariés du BTP et elle partage ici ses constats de terrain. La douleur fait partie du métier dans l'esprit des compagnons. Et le Dr Brichet constate qu'il ne s'en plaigne pas, ou alors pas assez. Pourtant, les troubles musculosquelétiques ont souvent des conséquences sur leur vie professionnelle et personnelle. Pire, les salariés de plus de 50 ans sont les plus impactés par les inaptitudes, ce qui peut les fragiliser socialement et économiquement en fin de carrière. Il est pourtant possible d'agir à différents niveaux, selon le Dr Brichet, très impliqué dans la prévention. Voici ses conseils pour les salariés et les entreprises du BTP.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    Ça touche de toute façon tous les métiers. tous les âges, parce qu'effectivement, en majorité, quand même, des gens qui arrivent à 50, 55, mais au-delà de 55, on a quand même beaucoup de gens qui ont une usure de l'organisme, parce qu'ils ont passé 35, 40 ans sur les chantiers, et ils arrivent avec des pathologies articulaires qui touchent souvent le rachis, donc la colonne vertébrale, et notamment... le bas du dos, les lombaires, avec des lombalgies, avec des lombosciatiques. On voit apparaître, moi je trouve, depuis quelques années, un peu plus de pathologies aussi cervicales, avec des hernies discales cervicales qui sont invalidantes, puisqu'elles vont avoir un impact sur les membres supérieurs. Et les membres supérieurs étant aussi l'outil de travail des salariés du BTP, puisque c'est un travail manuel, donc forcément on a besoin de ces deux bras, de ces deux mains. On a mon... Beaucoup aussi de pathologies d'épaule. Alors au début, on disait que c'était plus le peintre, avec les gestes effectivement du rouleau ou d'enduire des murs, mais ça touche aussi tous les métiers. Donc pas mal de pathologies d'épaule. Et puis on a aussi les épicondylites, donc les coudes, le canal carpien bien sûr sur les poignets.

  • Speaker #2

    Et vous, les troubles musculosquelettiques, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Après tous les âges, on parlait des plus de 55 ans, mais on a aussi des gens jeunes qui, dès 30-35 ans, peuvent voir apparaître certaines pathologies. Avec ces personnes-là, on va les suivre un peu plus près, parce que l'idée, c'est d'agir le plus en amont possible pour éviter, ça c'est nos missions de médecins du travail, éviter l'altération de la santé des travailleurs. Et le mieux, c'est si effectivement, alors on ne va pas se précipiter à la petite première alerte, mais si on voit qu'il y a des choses quand même qui se répètent, on essaye d'échanger avec les salariés et puis de voir s'il n'est pas opportun de faire un reclassement professionnel quand on est encore avec des capacités, plutôt que d'arriver à 50 ans complètement cassés. C'est plus difficile de se reclasser dans un autre métier. À 50 ans, quand on a déjà fait ce métier-là pendant un certain nombre d'années, et puis qu'on est un petit peu abîmé, quoi.

  • Speaker #1

    Quelles sont les conséquences des TMS sur la vie professionnelle et personnelle ?

  • Speaker #0

    En fait, je dirais que quel que soit l'âge du salarié et quelle que soit la pathologie, ça a bien sûr des conséquences sur sa vie professionnelle, mais sa vie personnelle, bien sûr, sa vie quotidienne de tous les jours. Parce que, par exemple, si on a un problème de dos, moi j'ai des... Des salariés qui sont en arrêt et qui me disent je ne peux rien faire à la maison, je ne peux même pas donner un coup de main à ma femme pour passer l'aspirateur. J'ai essayé de passer la tondeuse, mais je n'y arrive pas ou je fais une heure et je suis obligée de m'arrêter. Et puis, on a des salariés qui sont aussi très peinés, parce que, que ce soit le dos ou les membres supérieurs, qui me disent j'ai mon fils ou ma fille qui a un an, qui a 18 mois, je ne peux même pas le porter. Donc on comprend un petit peu l'impact de ces pathologies dans la vie professionnelle et extra-professionnelle.

  • Speaker #1

    Quel conseil donnez-vous aux salariés du BTP concernant les TMS ?

  • Speaker #0

    J'insiste sur la nécessité d'avoir une activité sportive pour développer la musculature. On parle des lombalgies parce que ça c'est... 80% des gens du bâtiment reconnaissent avoir de temps en temps des douleurs dans le dos. J'insiste sur le fait de bien travailler la musculature, non pas travailler avec une ceinture lombaire sur le poste de travail, mais de se fabriquer une ceinture musculaire en développant les abdominaux, les paravertébraux, en faisant du renfort musculaire, du gainage, en n'hésitant pas à demander des sciences de kiné et avoir des conseils de kiné. juste au début et après faire des exercices d'entretien à la maison. Mais voilà, j'insiste sur cette importance du travail musculaire, parce que beaucoup de salariés me disent, quand je pose la question est-ce que vous faites du sport ? Ah ben oui, avec mon métier, je fais du sport. Je les reprends en leur disant oui, vous faites du physique, mais ce n'est pas du sport. Donc du coup, là, je dévie, je leur explique un petit peu ce qu'il faut faire et un peu comment travailler.

  • Speaker #1

    Que dites-vous aux employeurs et que peuvent-ils mettre en place pour soulager les douleurs de leurs salariés ?

  • Speaker #0

    Alors il y a des entreprises qui sont bien au fait du problème et qui sont en recherche de solutions. J'ai à l'esprit plusieurs entreprises et une en particulier qui a fait intervenir un coach sportif justement pour leur montrer des mouvements d'échauffement, des mouvements d'étirement qui leur proposent même... Je ne sais plus, mais en tout cas, peut-être une ou deux séances chez un ostéopathe, donc pris en charge par l'entreprise. Et donc, il y a des entreprises comme ça qui sont bien conscientes de cette nécessité de travailler sur la musculature, et donc qui proposent aussi des solutions à leurs salariés. Après, je dirais qu'il n'y a pas que ça, parce qu'il y a aussi déjà avoir conscience du problème et de trouver les solutions. Tout simplement, c'est par exemple aussi réfléchir en amont sur le chantier, sur l'approvisionnement du chantier, sur le stockage des matériaux. Est-ce que si on a une grue sur le chantier, on va pouvoir utiliser la grue le plus longtemps possible pour éviter d'avoir des manutentions manuelles ? Et pourquoi pas utiliser la grue quand elle existe ? Est-ce qu'on peut essayer de réfléchir au stockage des matériaux au plus près des postes de travail pour éviter que les salariés aient à transporter sur des longues distances des plaques de placo, des sacs de ciment ou d'autres matériaux un petit peu lourds ? Donc il y a aussi toute une réflexion en amont importante sur l'organisation du chantier. Je pense que là, il y a beaucoup à faire aussi.

  • Speaker #1

    Avez-vous d'autres conseils à leur donner, à eux et à leur chef d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Il faut aussi qu'ils aient une hygiène de vie, c'est-à-dire quand même attention au surpoids. à manger équilibré parce qu'il faut des fruits, des légumes, des vitamines. C'est important aussi pour notre organisme. Il faut avoir un sommeil correct. Il faut éviter des consommations de toxiques, de stupéfiants, de différents produits qui sont plutôt nocifs pour l'organisme. Donc, l'importance d'une hygiène de vie globale, dès le début jusqu'à la fin de la carrière. Et puis, au niveau de l'entreprise, essayer de tout mettre en œuvre. Ce que je vous disais tout à l'heure sur l'organisation en amont sur les chantiers, sur qu'est-ce que je peux investir ou acheter comme matériel qui va pouvoir soulager physiquement mes salariés, parce qu'il y a quand même des tas de choses qui se font, et il y a aussi des tas d'aides qui sont possibles pour pouvoir acquérir du matériel. Et puis je pense que quand on acquiert du matériel comme ça, certes il y a un coût, un investissement au départ, Mais on va le retrouver puisqu'on aura moins d'arrêts maladie, on aura moins de maladies professionnelles, moins d'accidents de travail. Donc au final, je pense que c'est plutôt positif, bénéfique pour l'entreprise. Donc sur la vie personnelle, l'entreprise ne peut rien. Par contre, sur la vie professionnelle, l'entreprise peut essayer aussi de développer un bien-être, d'être à l'écoute de ses salariés, de leur donner tous les matériels adaptés, d'investir sur des matériels et matériaux. qui permettront plus de prévention.

  • Speaker #1

    Fort de ces constats, que dites-vous en conclusion au sujet des TMS ?

  • Speaker #0

    Valoriser ces métiers du BTP, qui sont quand même des métiers magnifiques. Les salariés disent bien, quand ils ont fait un chantier, ils sont fiers après de la réalisation qu'ils ont pu en faire. Donc, il faut les valoriser. Et puis, il faut réfléchir sur ce qu'on peut faire de nos seniors pour ne pas les laisser partir. après 40 ans ou 44 ans de bons et loyaux services, les laisser partir usés, abîmés, dans des situations financières un petit peu chaotiques. Donc maintenant, il faut tout faire pour qu'ils soient en meilleur état possible, pour aller jusqu'à la retraite, mais profiter après aussi. Parce que ce n'est pas le tout d'arriver à la retraite, il faut pouvoir en profiter après aussi, un petit peu quand même, pour pouvoir ne pas être... complètement cassé et voilà, profiter un petit peu de la vie. Donc voilà, je pense qu'il va falloir être imaginatif de ce qu'on peut créer comme poste pour des seniors dans le bâtiment.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

Description

Emmanuelle Brichet, médecin du travail et médecin conseil de l'OPPBTP observe depuis 20 ans les salariés du BTP. Selon elle, la douleur fait partie du métier et les salariés n'ont pas toujours conscience des risques et des conséquences des TMS sur leur vie professionnelle mais aussi sur leur vie personnelle.  Il est pourtant possible d'agir à différents niveaux, selon le Dr Brichet, très impliquée dans la prévention.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Dans les troubles musculo-squelettiques, il y a effectivement les contraintes, les manutentions, l'exposition aux vibrations, les postures contraignantes, mais il y a aussi l'état de stress et de tension. On sait qu'un salarié qui va être bien étendu, qui va avoir un bien-être au travail, un bien-être dans sa vie personnelle, il sera moins sensible justement au développement de troubles musculo-squelettiques.

  • Speaker #1

    Emmanuelle Brichet est médecin du travail et médecin conseil de l'OPP BTP. Elle observe depuis 20 ans les salariés du BTP et elle partage ici ses constats de terrain. La douleur fait partie du métier dans l'esprit des compagnons. Et le Dr Brichet constate qu'il ne s'en plaigne pas, ou alors pas assez. Pourtant, les troubles musculosquelétiques ont souvent des conséquences sur leur vie professionnelle et personnelle. Pire, les salariés de plus de 50 ans sont les plus impactés par les inaptitudes, ce qui peut les fragiliser socialement et économiquement en fin de carrière. Il est pourtant possible d'agir à différents niveaux, selon le Dr Brichet, très impliqué dans la prévention. Voici ses conseils pour les salariés et les entreprises du BTP.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    Ça touche de toute façon tous les métiers. tous les âges, parce qu'effectivement, en majorité, quand même, des gens qui arrivent à 50, 55, mais au-delà de 55, on a quand même beaucoup de gens qui ont une usure de l'organisme, parce qu'ils ont passé 35, 40 ans sur les chantiers, et ils arrivent avec des pathologies articulaires qui touchent souvent le rachis, donc la colonne vertébrale, et notamment... le bas du dos, les lombaires, avec des lombalgies, avec des lombosciatiques. On voit apparaître, moi je trouve, depuis quelques années, un peu plus de pathologies aussi cervicales, avec des hernies discales cervicales qui sont invalidantes, puisqu'elles vont avoir un impact sur les membres supérieurs. Et les membres supérieurs étant aussi l'outil de travail des salariés du BTP, puisque c'est un travail manuel, donc forcément on a besoin de ces deux bras, de ces deux mains. On a mon... Beaucoup aussi de pathologies d'épaule. Alors au début, on disait que c'était plus le peintre, avec les gestes effectivement du rouleau ou d'enduire des murs, mais ça touche aussi tous les métiers. Donc pas mal de pathologies d'épaule. Et puis on a aussi les épicondylites, donc les coudes, le canal carpien bien sûr sur les poignets.

  • Speaker #2

    Et vous, les troubles musculosquelettiques, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Après tous les âges, on parlait des plus de 55 ans, mais on a aussi des gens jeunes qui, dès 30-35 ans, peuvent voir apparaître certaines pathologies. Avec ces personnes-là, on va les suivre un peu plus près, parce que l'idée, c'est d'agir le plus en amont possible pour éviter, ça c'est nos missions de médecins du travail, éviter l'altération de la santé des travailleurs. Et le mieux, c'est si effectivement, alors on ne va pas se précipiter à la petite première alerte, mais si on voit qu'il y a des choses quand même qui se répètent, on essaye d'échanger avec les salariés et puis de voir s'il n'est pas opportun de faire un reclassement professionnel quand on est encore avec des capacités, plutôt que d'arriver à 50 ans complètement cassés. C'est plus difficile de se reclasser dans un autre métier. À 50 ans, quand on a déjà fait ce métier-là pendant un certain nombre d'années, et puis qu'on est un petit peu abîmé, quoi.

  • Speaker #1

    Quelles sont les conséquences des TMS sur la vie professionnelle et personnelle ?

  • Speaker #0

    En fait, je dirais que quel que soit l'âge du salarié et quelle que soit la pathologie, ça a bien sûr des conséquences sur sa vie professionnelle, mais sa vie personnelle, bien sûr, sa vie quotidienne de tous les jours. Parce que, par exemple, si on a un problème de dos, moi j'ai des... Des salariés qui sont en arrêt et qui me disent je ne peux rien faire à la maison, je ne peux même pas donner un coup de main à ma femme pour passer l'aspirateur. J'ai essayé de passer la tondeuse, mais je n'y arrive pas ou je fais une heure et je suis obligée de m'arrêter. Et puis, on a des salariés qui sont aussi très peinés, parce que, que ce soit le dos ou les membres supérieurs, qui me disent j'ai mon fils ou ma fille qui a un an, qui a 18 mois, je ne peux même pas le porter. Donc on comprend un petit peu l'impact de ces pathologies dans la vie professionnelle et extra-professionnelle.

  • Speaker #1

    Quel conseil donnez-vous aux salariés du BTP concernant les TMS ?

  • Speaker #0

    J'insiste sur la nécessité d'avoir une activité sportive pour développer la musculature. On parle des lombalgies parce que ça c'est... 80% des gens du bâtiment reconnaissent avoir de temps en temps des douleurs dans le dos. J'insiste sur le fait de bien travailler la musculature, non pas travailler avec une ceinture lombaire sur le poste de travail, mais de se fabriquer une ceinture musculaire en développant les abdominaux, les paravertébraux, en faisant du renfort musculaire, du gainage, en n'hésitant pas à demander des sciences de kiné et avoir des conseils de kiné. juste au début et après faire des exercices d'entretien à la maison. Mais voilà, j'insiste sur cette importance du travail musculaire, parce que beaucoup de salariés me disent, quand je pose la question est-ce que vous faites du sport ? Ah ben oui, avec mon métier, je fais du sport. Je les reprends en leur disant oui, vous faites du physique, mais ce n'est pas du sport. Donc du coup, là, je dévie, je leur explique un petit peu ce qu'il faut faire et un peu comment travailler.

  • Speaker #1

    Que dites-vous aux employeurs et que peuvent-ils mettre en place pour soulager les douleurs de leurs salariés ?

  • Speaker #0

    Alors il y a des entreprises qui sont bien au fait du problème et qui sont en recherche de solutions. J'ai à l'esprit plusieurs entreprises et une en particulier qui a fait intervenir un coach sportif justement pour leur montrer des mouvements d'échauffement, des mouvements d'étirement qui leur proposent même... Je ne sais plus, mais en tout cas, peut-être une ou deux séances chez un ostéopathe, donc pris en charge par l'entreprise. Et donc, il y a des entreprises comme ça qui sont bien conscientes de cette nécessité de travailler sur la musculature, et donc qui proposent aussi des solutions à leurs salariés. Après, je dirais qu'il n'y a pas que ça, parce qu'il y a aussi déjà avoir conscience du problème et de trouver les solutions. Tout simplement, c'est par exemple aussi réfléchir en amont sur le chantier, sur l'approvisionnement du chantier, sur le stockage des matériaux. Est-ce que si on a une grue sur le chantier, on va pouvoir utiliser la grue le plus longtemps possible pour éviter d'avoir des manutentions manuelles ? Et pourquoi pas utiliser la grue quand elle existe ? Est-ce qu'on peut essayer de réfléchir au stockage des matériaux au plus près des postes de travail pour éviter que les salariés aient à transporter sur des longues distances des plaques de placo, des sacs de ciment ou d'autres matériaux un petit peu lourds ? Donc il y a aussi toute une réflexion en amont importante sur l'organisation du chantier. Je pense que là, il y a beaucoup à faire aussi.

  • Speaker #1

    Avez-vous d'autres conseils à leur donner, à eux et à leur chef d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Il faut aussi qu'ils aient une hygiène de vie, c'est-à-dire quand même attention au surpoids. à manger équilibré parce qu'il faut des fruits, des légumes, des vitamines. C'est important aussi pour notre organisme. Il faut avoir un sommeil correct. Il faut éviter des consommations de toxiques, de stupéfiants, de différents produits qui sont plutôt nocifs pour l'organisme. Donc, l'importance d'une hygiène de vie globale, dès le début jusqu'à la fin de la carrière. Et puis, au niveau de l'entreprise, essayer de tout mettre en œuvre. Ce que je vous disais tout à l'heure sur l'organisation en amont sur les chantiers, sur qu'est-ce que je peux investir ou acheter comme matériel qui va pouvoir soulager physiquement mes salariés, parce qu'il y a quand même des tas de choses qui se font, et il y a aussi des tas d'aides qui sont possibles pour pouvoir acquérir du matériel. Et puis je pense que quand on acquiert du matériel comme ça, certes il y a un coût, un investissement au départ, Mais on va le retrouver puisqu'on aura moins d'arrêts maladie, on aura moins de maladies professionnelles, moins d'accidents de travail. Donc au final, je pense que c'est plutôt positif, bénéfique pour l'entreprise. Donc sur la vie personnelle, l'entreprise ne peut rien. Par contre, sur la vie professionnelle, l'entreprise peut essayer aussi de développer un bien-être, d'être à l'écoute de ses salariés, de leur donner tous les matériels adaptés, d'investir sur des matériels et matériaux. qui permettront plus de prévention.

  • Speaker #1

    Fort de ces constats, que dites-vous en conclusion au sujet des TMS ?

  • Speaker #0

    Valoriser ces métiers du BTP, qui sont quand même des métiers magnifiques. Les salariés disent bien, quand ils ont fait un chantier, ils sont fiers après de la réalisation qu'ils ont pu en faire. Donc, il faut les valoriser. Et puis, il faut réfléchir sur ce qu'on peut faire de nos seniors pour ne pas les laisser partir. après 40 ans ou 44 ans de bons et loyaux services, les laisser partir usés, abîmés, dans des situations financières un petit peu chaotiques. Donc maintenant, il faut tout faire pour qu'ils soient en meilleur état possible, pour aller jusqu'à la retraite, mais profiter après aussi. Parce que ce n'est pas le tout d'arriver à la retraite, il faut pouvoir en profiter après aussi, un petit peu quand même, pour pouvoir ne pas être... complètement cassé et voilà, profiter un petit peu de la vie. Donc voilà, je pense qu'il va falloir être imaginatif de ce qu'on peut créer comme poste pour des seniors dans le bâtiment.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

Share

Embed

You may also like