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Episode 1 : Récit d'une chute de hauteur d'un salarié du BTP cover
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Mon chantier en sécurité

Episode 1 : Récit d'une chute de hauteur d'un salarié du BTP

Episode 1 : Récit d'une chute de hauteur d'un salarié du BTP

11min |15/02/2024
Play
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11min |15/02/2024
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Description

Anthony Guillot, 50 ans, patron d’une entreprise de charpente-couverture près de Châteauroux, se pensait à l’abri de tout accident du travail. Et pourtant, un jour, l’un de ses salariés chevronnés, a glissé d’une toiture en voulant changer quelques tuiles. Après cette chute qui aurait pu être fatale, l’équipe et le chef d’entreprise restent choqués et se remettent en question…





Wo2JaU6cxZkijQOK2mhi


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Sur ce chantier, on a gagné deux minutes, le chantier de Kostov. Par contre, on a perdu 70 000 euros, des frais de fonctionnement, un camion qui est le camion de dépannage qui ne bouge plus depuis six mois. Et puis, au-delà de ça, on a manqué perdre un homme pour toujours. Et donc, cet accident, pour moi, il est... Il ne doit plus y avoir d'accident.

  • Speaker #1

    Anthony Guillot, 50 ans, est patron d'une entreprise de charpente couverture près de Châteauroux. Jusqu'ici, il se pensait à l'abri de tout accident du travail. Son entreprise de 25 salariés est réputée dans le secteur de Châteauroux. Et il n'avait cessé d'investir et de se développer depuis sa création en 2007. Mais en juillet 2023, l'improbable est arrivé. La chute de hauteur d'un salarié chevronné alors qu'il changeait quelques tuiles sur le toit grillé d'une maison. Un travail à l'échelle, un harnais pas porté et une glissade ont conduit Christophe, un couvreur de 50 ans, à chuter. Il s'est cassé le fémur, il s'est entaillé profondément la main. Mais la chute aurait pu être fatale et tous les salariés sont restés sous le choc. Anthony Guillot, lui aussi, reste bouleversé plusieurs mois après les faits. Il a décidé de revoir totalement ses modes opératoires, notamment lors des interventions de courte durée. Il a décidé aussi de se faire accompagner dans une démarche active de prévention. Surtout, pour lui, la sécurité des salariés sur le chantier est redevenue une priorité, avant même le démarrage du chantier.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    Cet accident, en fait, ça a été un choc. En fait, on a eu la grêle il y a quelques mois. Donc on a été surmené de boulot pour pallier toutes les demandes. Et ce chantier où Christophe était, c'est un chantier où on est allé pour la grêle. Et en fait, avec la grêle, il y a eu des impacts. Donc là, on est arrivé, on a changé toutes les tuiles, sauf que les impacts, en fait, les tuiles fragilisées ne sont pas toutes cassées en même temps. Il y en a avec le temps qui continuent de casser. Donc il est réintervenu pour changer quelques tuiles. Il y avait une dizaine de tuiles apparemment sur le toit à changer. Et du coup, c'était tout dans le bas du toit, sauf une qui était presque au fêtage. Et donc, pour échanger cette tuile, il a été vraiment succinct dans la mise en sécurité. Et du coup, il a accroché l'échelle le plus basique possible et voilà, il est arrivé ce qui est arrivé. Pourquoi on est succinct ? Parce que c'est comme dans tout, en fait. Je veux dire, le premier jour où, par exemple, on se dit, je vais faire de la crobranche. On démarre, on est inquiet, on est anxieux, et puis plus on avance dans l'expérience, quand on commence à être sur la corde depuis 3-4 minutes, ça va déjà mieux qu'au départ, et puis au bout d'un quart d'heure, ça va encore mieux. Et du coup, le danger, il est le même qu'au départ, sauf qu'on prend de la sécurité. Et là, Christophe, c'est un gars qui a de l'expérience, qui a 50 ans, qui fait le métier depuis une trentaine d'années, et je pense que... C'est juste trop de confiance. Juste après cet accident, on a fait une causerie. Le lendemain, on a fait une causerie. À l'aube, à l'embauche, on a fait une causerie. On a beaucoup discuté. Tout le monde était choqué de ce qui venait d'arriver. Et puis, ça m'est venu d'un coup. Je leur ai dit, est-ce que quand vous décidez de prendre un risque, est-ce que vous metteriez votre enfant à votre place ? Est-ce que vous le feriez prendre le risque ? Et forcément, ben non. Et ça fait une espèce de dynamite dans leur tête. Et aujourd'hui, on n'est pas parfait, mais on tend à vraiment avoir toujours plus de sécurité.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BPP.

  • Speaker #0

    Le paramètre vraiment qui a changé dans cette entreprise, c'est l'approche du chantier. Avant l'approche du chantier, après pour être complètement transparent aussi, c'est qu'avant pour moi on était vraiment parfait. Avant cet accident j'avais investi, j'avais fait beaucoup de choses, mais le facteur humain, la prise de conscience du danger, en fait je ne l'avais pas vraiment cerné. La sécurité est vraiment remontée au haut du tableau. Pourquoi ? Elle était descendue parce que... Comme j'ai investi environ 300 000 euros de matériel sécu, l'échafaudage, les nacelles, les EPI, pour 25 salariés, il faut beaucoup de choses, donc je me sentais un peu à l'abri. Donc aujourd'hui, en fait, on voit les chantiers complètement différents, même les chantiers éphémères, où avant c'était une approche assez succincte, aujourd'hui on échafaude, on fait des devis dans ce sens-là, les clients acceptent ou n'acceptent pas, mais prime abord. C'est la sécurité des gars. Même si on l'avait déjà avant, là c'est vraiment le paramètre. On s'en rend compte par exemple la semaine dernière où on fait une approche de chantier, on la voit complètement différemment d'avant. Avant on aurait mis deux échelles, un harnais et puis tout à la longe. Là on a décidé stop, on échafaudre. sécurité optimum, et moi en fait je me sens beaucoup plus serein.

  • Speaker #2

    Et vous, les chutes de hauteur, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de jeunes dans cette société, 80% de jeunes, et je pense que c'est plus facile. d'intégrer la sécurité dans l'esprit des jeunes que dans les gens d'une cinquantaine d'années parce qu'avec une cinquantaine d'années, on avait des méthodologies de travail il y a 30 ans qui n'ont rien à voir avec celles d'aujourd'hui. Donc il y a un côté faciliter la tâche qui prend le dessus sur le côté sécurité. Moi j'ai eu un accident il y a 20 ans, j'avais 29 ans. J'ai eu un accident, je suis tombé d'un toit, mon collègue est tombé. J'ai décidé ce jour-là de voir la vie autrement parce que tout ce que je vis depuis ce jour-là, c'est que du plus. Et du coup, j'ai décidé de quitter l'entreprise pour créer mon entreprise pour qu'il n'arrive pas l'accident. Et donc, cet accident, c'est un échec. Mais c'est comme ça. Et disons que là, c'est sécurité optimum. Même s'il y a 10 minutes de travail et qu'il faut 2 heures de sécurité, il y a 2 heures de sécurité. En fait, j'ai acheté du matériel pour ça. Des toutes petites nassettes qui puissent se faufiler partout pour ça. Le responsable secteur couverture, on fait le point très souvent. Et lui, il est aussi dans cette optique-là d'optimiser la sécurité au maximum sur chacun des chantiers. Et en fait maintenant on le vend autrement aussi. Notre prestation on la vend différemment. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, plutôt que de vendre une prestation, avant on appelait ça une prestation de service, c'est-à-dire que c'était un camion atelier mis en place de sécurité chez l'arnet, maintenant c'est un échafaudage. Même pour rien, c'est un échafaudage. Enfin pour rien, pour très peu, c'est un échafaudage. Si c'est vraiment une réparation de gouttière, bah là c'est une mise en sécurité. Mais on a une nouvelle méthodologie, on a acheté du matériel, on a fait des formations aussi harnais, on a fait pas mal de choses. Si vraiment le cachet on peut pas échafauder, on a aussi cette option-là. Mais on vend en prestations, c'est plus onéreux qu'avant. Et ça passe ou ça passe pas. Mais en tous les cas, on ne va pas contre la sécurité. On refuse. En fait, c'est plutôt le client qui va refuser. Moi, je vais, je fais des devis. Jérémy, le responsable couverture, pareil. Faire ses devis. On fait des devis avec échafaudage. Donc forcément, via la concurrence, aujourd'hui, tout le monde fait à l'échelle. Je pense que tant qu'on... Malheureusement, tant qu'on n'a pas de problème, je pense qu'on voit... On se sent inaccessible, on se sent vulnérable, on sent qu'on est au-dessus des lois. Sauf que quand ça tombe, quand ça tranche, là forcément. Bon alors après, on ne voit peut-être pas tous les choses de la même manière, mais je sais qu'au sein de notre entreprise, ça a été un élément tranchant. Aujourd'hui, on est complètement dans une autre optique. C'est... la sécurité avant la rentabilité. Parce qu'en fait, la rentabilité, c'est la sécurité. Et ça, en fait, tant qu'on ne vit pas ça, on ne peut pas le savoir. Donc vraiment, s'il y a quelque chose que je peux dire, c'est de ne pas penser que c'est de l'acquis, tout ça. de ne pas se dire je suis convaincu que Convaincu, ça veut dire qu'on est sûr de quelque chose, mais ce n'est pas palpable en fait. Il faut toujours avoir une remise en question perpétuelle, et toujours, tous les matins, se remettre en question.

  • Speaker #1

    Le témoignage d'Anthony Guillot illustre un fait accablant. La chute de hauteur reste la première cause de mortalité dans le secteur du bâtiment. Sébastien Therrier, bonjour. Vous êtes expert à la direction technique de l'OPP BTP et vous avez notamment travaillé 17 ans comme responsable travaux sur des chantiers de neuf et de réhabilitation. Que retenez-vous de ce témoignage ?

  • Speaker #3

    Tout d'abord, il s'agit d'un accident caractéristique que l'on retrouve assez souvent et dont les causes sont connues. C'est une intervention ponctuelle de réparation, quelque chose d'habituel pour un compagnon expérimenté. Ici, il travaille à l'échelle, ne la fixe pas bien et ne porte pas son harnais. Ensuite, l'investissement dans le matériel et les EPI ne suffit pas toujours à prévenir le danger. Le facteur humain, dont parle Anthony Guillaume, est en effet capital. Avec la force de l'habitude, on oublie en effet que le danger existe. Et c'est à ce moment-là que l'accident peut survenir. Enfin, et en conclusion, la prévention doit et peut être prise comme un facteur d'amélioration des conditions de travail et de l'efficacité de la production. C'est un levier de performance. Le plus dur est peut-être de s'y plonger, mais quand on commence, on y prend vite goût. On travaille mieux, bref, c'est un cercle vertueux.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BPP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit, rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

Description

Anthony Guillot, 50 ans, patron d’une entreprise de charpente-couverture près de Châteauroux, se pensait à l’abri de tout accident du travail. Et pourtant, un jour, l’un de ses salariés chevronnés, a glissé d’une toiture en voulant changer quelques tuiles. Après cette chute qui aurait pu être fatale, l’équipe et le chef d’entreprise restent choqués et se remettent en question…





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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Sur ce chantier, on a gagné deux minutes, le chantier de Kostov. Par contre, on a perdu 70 000 euros, des frais de fonctionnement, un camion qui est le camion de dépannage qui ne bouge plus depuis six mois. Et puis, au-delà de ça, on a manqué perdre un homme pour toujours. Et donc, cet accident, pour moi, il est... Il ne doit plus y avoir d'accident.

  • Speaker #1

    Anthony Guillot, 50 ans, est patron d'une entreprise de charpente couverture près de Châteauroux. Jusqu'ici, il se pensait à l'abri de tout accident du travail. Son entreprise de 25 salariés est réputée dans le secteur de Châteauroux. Et il n'avait cessé d'investir et de se développer depuis sa création en 2007. Mais en juillet 2023, l'improbable est arrivé. La chute de hauteur d'un salarié chevronné alors qu'il changeait quelques tuiles sur le toit grillé d'une maison. Un travail à l'échelle, un harnais pas porté et une glissade ont conduit Christophe, un couvreur de 50 ans, à chuter. Il s'est cassé le fémur, il s'est entaillé profondément la main. Mais la chute aurait pu être fatale et tous les salariés sont restés sous le choc. Anthony Guillot, lui aussi, reste bouleversé plusieurs mois après les faits. Il a décidé de revoir totalement ses modes opératoires, notamment lors des interventions de courte durée. Il a décidé aussi de se faire accompagner dans une démarche active de prévention. Surtout, pour lui, la sécurité des salariés sur le chantier est redevenue une priorité, avant même le démarrage du chantier.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    Cet accident, en fait, ça a été un choc. En fait, on a eu la grêle il y a quelques mois. Donc on a été surmené de boulot pour pallier toutes les demandes. Et ce chantier où Christophe était, c'est un chantier où on est allé pour la grêle. Et en fait, avec la grêle, il y a eu des impacts. Donc là, on est arrivé, on a changé toutes les tuiles, sauf que les impacts, en fait, les tuiles fragilisées ne sont pas toutes cassées en même temps. Il y en a avec le temps qui continuent de casser. Donc il est réintervenu pour changer quelques tuiles. Il y avait une dizaine de tuiles apparemment sur le toit à changer. Et du coup, c'était tout dans le bas du toit, sauf une qui était presque au fêtage. Et donc, pour échanger cette tuile, il a été vraiment succinct dans la mise en sécurité. Et du coup, il a accroché l'échelle le plus basique possible et voilà, il est arrivé ce qui est arrivé. Pourquoi on est succinct ? Parce que c'est comme dans tout, en fait. Je veux dire, le premier jour où, par exemple, on se dit, je vais faire de la crobranche. On démarre, on est inquiet, on est anxieux, et puis plus on avance dans l'expérience, quand on commence à être sur la corde depuis 3-4 minutes, ça va déjà mieux qu'au départ, et puis au bout d'un quart d'heure, ça va encore mieux. Et du coup, le danger, il est le même qu'au départ, sauf qu'on prend de la sécurité. Et là, Christophe, c'est un gars qui a de l'expérience, qui a 50 ans, qui fait le métier depuis une trentaine d'années, et je pense que... C'est juste trop de confiance. Juste après cet accident, on a fait une causerie. Le lendemain, on a fait une causerie. À l'aube, à l'embauche, on a fait une causerie. On a beaucoup discuté. Tout le monde était choqué de ce qui venait d'arriver. Et puis, ça m'est venu d'un coup. Je leur ai dit, est-ce que quand vous décidez de prendre un risque, est-ce que vous metteriez votre enfant à votre place ? Est-ce que vous le feriez prendre le risque ? Et forcément, ben non. Et ça fait une espèce de dynamite dans leur tête. Et aujourd'hui, on n'est pas parfait, mais on tend à vraiment avoir toujours plus de sécurité.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BPP.

  • Speaker #0

    Le paramètre vraiment qui a changé dans cette entreprise, c'est l'approche du chantier. Avant l'approche du chantier, après pour être complètement transparent aussi, c'est qu'avant pour moi on était vraiment parfait. Avant cet accident j'avais investi, j'avais fait beaucoup de choses, mais le facteur humain, la prise de conscience du danger, en fait je ne l'avais pas vraiment cerné. La sécurité est vraiment remontée au haut du tableau. Pourquoi ? Elle était descendue parce que... Comme j'ai investi environ 300 000 euros de matériel sécu, l'échafaudage, les nacelles, les EPI, pour 25 salariés, il faut beaucoup de choses, donc je me sentais un peu à l'abri. Donc aujourd'hui, en fait, on voit les chantiers complètement différents, même les chantiers éphémères, où avant c'était une approche assez succincte, aujourd'hui on échafaude, on fait des devis dans ce sens-là, les clients acceptent ou n'acceptent pas, mais prime abord. C'est la sécurité des gars. Même si on l'avait déjà avant, là c'est vraiment le paramètre. On s'en rend compte par exemple la semaine dernière où on fait une approche de chantier, on la voit complètement différemment d'avant. Avant on aurait mis deux échelles, un harnais et puis tout à la longe. Là on a décidé stop, on échafaudre. sécurité optimum, et moi en fait je me sens beaucoup plus serein.

  • Speaker #2

    Et vous, les chutes de hauteur, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de jeunes dans cette société, 80% de jeunes, et je pense que c'est plus facile. d'intégrer la sécurité dans l'esprit des jeunes que dans les gens d'une cinquantaine d'années parce qu'avec une cinquantaine d'années, on avait des méthodologies de travail il y a 30 ans qui n'ont rien à voir avec celles d'aujourd'hui. Donc il y a un côté faciliter la tâche qui prend le dessus sur le côté sécurité. Moi j'ai eu un accident il y a 20 ans, j'avais 29 ans. J'ai eu un accident, je suis tombé d'un toit, mon collègue est tombé. J'ai décidé ce jour-là de voir la vie autrement parce que tout ce que je vis depuis ce jour-là, c'est que du plus. Et du coup, j'ai décidé de quitter l'entreprise pour créer mon entreprise pour qu'il n'arrive pas l'accident. Et donc, cet accident, c'est un échec. Mais c'est comme ça. Et disons que là, c'est sécurité optimum. Même s'il y a 10 minutes de travail et qu'il faut 2 heures de sécurité, il y a 2 heures de sécurité. En fait, j'ai acheté du matériel pour ça. Des toutes petites nassettes qui puissent se faufiler partout pour ça. Le responsable secteur couverture, on fait le point très souvent. Et lui, il est aussi dans cette optique-là d'optimiser la sécurité au maximum sur chacun des chantiers. Et en fait maintenant on le vend autrement aussi. Notre prestation on la vend différemment. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, plutôt que de vendre une prestation, avant on appelait ça une prestation de service, c'est-à-dire que c'était un camion atelier mis en place de sécurité chez l'arnet, maintenant c'est un échafaudage. Même pour rien, c'est un échafaudage. Enfin pour rien, pour très peu, c'est un échafaudage. Si c'est vraiment une réparation de gouttière, bah là c'est une mise en sécurité. Mais on a une nouvelle méthodologie, on a acheté du matériel, on a fait des formations aussi harnais, on a fait pas mal de choses. Si vraiment le cachet on peut pas échafauder, on a aussi cette option-là. Mais on vend en prestations, c'est plus onéreux qu'avant. Et ça passe ou ça passe pas. Mais en tous les cas, on ne va pas contre la sécurité. On refuse. En fait, c'est plutôt le client qui va refuser. Moi, je vais, je fais des devis. Jérémy, le responsable couverture, pareil. Faire ses devis. On fait des devis avec échafaudage. Donc forcément, via la concurrence, aujourd'hui, tout le monde fait à l'échelle. Je pense que tant qu'on... Malheureusement, tant qu'on n'a pas de problème, je pense qu'on voit... On se sent inaccessible, on se sent vulnérable, on sent qu'on est au-dessus des lois. Sauf que quand ça tombe, quand ça tranche, là forcément. Bon alors après, on ne voit peut-être pas tous les choses de la même manière, mais je sais qu'au sein de notre entreprise, ça a été un élément tranchant. Aujourd'hui, on est complètement dans une autre optique. C'est... la sécurité avant la rentabilité. Parce qu'en fait, la rentabilité, c'est la sécurité. Et ça, en fait, tant qu'on ne vit pas ça, on ne peut pas le savoir. Donc vraiment, s'il y a quelque chose que je peux dire, c'est de ne pas penser que c'est de l'acquis, tout ça. de ne pas se dire je suis convaincu que Convaincu, ça veut dire qu'on est sûr de quelque chose, mais ce n'est pas palpable en fait. Il faut toujours avoir une remise en question perpétuelle, et toujours, tous les matins, se remettre en question.

  • Speaker #1

    Le témoignage d'Anthony Guillot illustre un fait accablant. La chute de hauteur reste la première cause de mortalité dans le secteur du bâtiment. Sébastien Therrier, bonjour. Vous êtes expert à la direction technique de l'OPP BTP et vous avez notamment travaillé 17 ans comme responsable travaux sur des chantiers de neuf et de réhabilitation. Que retenez-vous de ce témoignage ?

  • Speaker #3

    Tout d'abord, il s'agit d'un accident caractéristique que l'on retrouve assez souvent et dont les causes sont connues. C'est une intervention ponctuelle de réparation, quelque chose d'habituel pour un compagnon expérimenté. Ici, il travaille à l'échelle, ne la fixe pas bien et ne porte pas son harnais. Ensuite, l'investissement dans le matériel et les EPI ne suffit pas toujours à prévenir le danger. Le facteur humain, dont parle Anthony Guillaume, est en effet capital. Avec la force de l'habitude, on oublie en effet que le danger existe. Et c'est à ce moment-là que l'accident peut survenir. Enfin, et en conclusion, la prévention doit et peut être prise comme un facteur d'amélioration des conditions de travail et de l'efficacité de la production. C'est un levier de performance. Le plus dur est peut-être de s'y plonger, mais quand on commence, on y prend vite goût. On travaille mieux, bref, c'est un cercle vertueux.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BPP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit, rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

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Anthony Guillot, 50 ans, patron d’une entreprise de charpente-couverture près de Châteauroux, se pensait à l’abri de tout accident du travail. Et pourtant, un jour, l’un de ses salariés chevronnés, a glissé d’une toiture en voulant changer quelques tuiles. Après cette chute qui aurait pu être fatale, l’équipe et le chef d’entreprise restent choqués et se remettent en question…





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  • Speaker #0

    Sur ce chantier, on a gagné deux minutes, le chantier de Kostov. Par contre, on a perdu 70 000 euros, des frais de fonctionnement, un camion qui est le camion de dépannage qui ne bouge plus depuis six mois. Et puis, au-delà de ça, on a manqué perdre un homme pour toujours. Et donc, cet accident, pour moi, il est... Il ne doit plus y avoir d'accident.

  • Speaker #1

    Anthony Guillot, 50 ans, est patron d'une entreprise de charpente couverture près de Châteauroux. Jusqu'ici, il se pensait à l'abri de tout accident du travail. Son entreprise de 25 salariés est réputée dans le secteur de Châteauroux. Et il n'avait cessé d'investir et de se développer depuis sa création en 2007. Mais en juillet 2023, l'improbable est arrivé. La chute de hauteur d'un salarié chevronné alors qu'il changeait quelques tuiles sur le toit grillé d'une maison. Un travail à l'échelle, un harnais pas porté et une glissade ont conduit Christophe, un couvreur de 50 ans, à chuter. Il s'est cassé le fémur, il s'est entaillé profondément la main. Mais la chute aurait pu être fatale et tous les salariés sont restés sous le choc. Anthony Guillot, lui aussi, reste bouleversé plusieurs mois après les faits. Il a décidé de revoir totalement ses modes opératoires, notamment lors des interventions de courte durée. Il a décidé aussi de se faire accompagner dans une démarche active de prévention. Surtout, pour lui, la sécurité des salariés sur le chantier est redevenue une priorité, avant même le démarrage du chantier.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    Cet accident, en fait, ça a été un choc. En fait, on a eu la grêle il y a quelques mois. Donc on a été surmené de boulot pour pallier toutes les demandes. Et ce chantier où Christophe était, c'est un chantier où on est allé pour la grêle. Et en fait, avec la grêle, il y a eu des impacts. Donc là, on est arrivé, on a changé toutes les tuiles, sauf que les impacts, en fait, les tuiles fragilisées ne sont pas toutes cassées en même temps. Il y en a avec le temps qui continuent de casser. Donc il est réintervenu pour changer quelques tuiles. Il y avait une dizaine de tuiles apparemment sur le toit à changer. Et du coup, c'était tout dans le bas du toit, sauf une qui était presque au fêtage. Et donc, pour échanger cette tuile, il a été vraiment succinct dans la mise en sécurité. Et du coup, il a accroché l'échelle le plus basique possible et voilà, il est arrivé ce qui est arrivé. Pourquoi on est succinct ? Parce que c'est comme dans tout, en fait. Je veux dire, le premier jour où, par exemple, on se dit, je vais faire de la crobranche. On démarre, on est inquiet, on est anxieux, et puis plus on avance dans l'expérience, quand on commence à être sur la corde depuis 3-4 minutes, ça va déjà mieux qu'au départ, et puis au bout d'un quart d'heure, ça va encore mieux. Et du coup, le danger, il est le même qu'au départ, sauf qu'on prend de la sécurité. Et là, Christophe, c'est un gars qui a de l'expérience, qui a 50 ans, qui fait le métier depuis une trentaine d'années, et je pense que... C'est juste trop de confiance. Juste après cet accident, on a fait une causerie. Le lendemain, on a fait une causerie. À l'aube, à l'embauche, on a fait une causerie. On a beaucoup discuté. Tout le monde était choqué de ce qui venait d'arriver. Et puis, ça m'est venu d'un coup. Je leur ai dit, est-ce que quand vous décidez de prendre un risque, est-ce que vous metteriez votre enfant à votre place ? Est-ce que vous le feriez prendre le risque ? Et forcément, ben non. Et ça fait une espèce de dynamite dans leur tête. Et aujourd'hui, on n'est pas parfait, mais on tend à vraiment avoir toujours plus de sécurité.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BPP.

  • Speaker #0

    Le paramètre vraiment qui a changé dans cette entreprise, c'est l'approche du chantier. Avant l'approche du chantier, après pour être complètement transparent aussi, c'est qu'avant pour moi on était vraiment parfait. Avant cet accident j'avais investi, j'avais fait beaucoup de choses, mais le facteur humain, la prise de conscience du danger, en fait je ne l'avais pas vraiment cerné. La sécurité est vraiment remontée au haut du tableau. Pourquoi ? Elle était descendue parce que... Comme j'ai investi environ 300 000 euros de matériel sécu, l'échafaudage, les nacelles, les EPI, pour 25 salariés, il faut beaucoup de choses, donc je me sentais un peu à l'abri. Donc aujourd'hui, en fait, on voit les chantiers complètement différents, même les chantiers éphémères, où avant c'était une approche assez succincte, aujourd'hui on échafaude, on fait des devis dans ce sens-là, les clients acceptent ou n'acceptent pas, mais prime abord. C'est la sécurité des gars. Même si on l'avait déjà avant, là c'est vraiment le paramètre. On s'en rend compte par exemple la semaine dernière où on fait une approche de chantier, on la voit complètement différemment d'avant. Avant on aurait mis deux échelles, un harnais et puis tout à la longe. Là on a décidé stop, on échafaudre. sécurité optimum, et moi en fait je me sens beaucoup plus serein.

  • Speaker #2

    Et vous, les chutes de hauteur, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de jeunes dans cette société, 80% de jeunes, et je pense que c'est plus facile. d'intégrer la sécurité dans l'esprit des jeunes que dans les gens d'une cinquantaine d'années parce qu'avec une cinquantaine d'années, on avait des méthodologies de travail il y a 30 ans qui n'ont rien à voir avec celles d'aujourd'hui. Donc il y a un côté faciliter la tâche qui prend le dessus sur le côté sécurité. Moi j'ai eu un accident il y a 20 ans, j'avais 29 ans. J'ai eu un accident, je suis tombé d'un toit, mon collègue est tombé. J'ai décidé ce jour-là de voir la vie autrement parce que tout ce que je vis depuis ce jour-là, c'est que du plus. Et du coup, j'ai décidé de quitter l'entreprise pour créer mon entreprise pour qu'il n'arrive pas l'accident. Et donc, cet accident, c'est un échec. Mais c'est comme ça. Et disons que là, c'est sécurité optimum. Même s'il y a 10 minutes de travail et qu'il faut 2 heures de sécurité, il y a 2 heures de sécurité. En fait, j'ai acheté du matériel pour ça. Des toutes petites nassettes qui puissent se faufiler partout pour ça. Le responsable secteur couverture, on fait le point très souvent. Et lui, il est aussi dans cette optique-là d'optimiser la sécurité au maximum sur chacun des chantiers. Et en fait maintenant on le vend autrement aussi. Notre prestation on la vend différemment. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, plutôt que de vendre une prestation, avant on appelait ça une prestation de service, c'est-à-dire que c'était un camion atelier mis en place de sécurité chez l'arnet, maintenant c'est un échafaudage. Même pour rien, c'est un échafaudage. Enfin pour rien, pour très peu, c'est un échafaudage. Si c'est vraiment une réparation de gouttière, bah là c'est une mise en sécurité. Mais on a une nouvelle méthodologie, on a acheté du matériel, on a fait des formations aussi harnais, on a fait pas mal de choses. Si vraiment le cachet on peut pas échafauder, on a aussi cette option-là. Mais on vend en prestations, c'est plus onéreux qu'avant. Et ça passe ou ça passe pas. Mais en tous les cas, on ne va pas contre la sécurité. On refuse. En fait, c'est plutôt le client qui va refuser. Moi, je vais, je fais des devis. Jérémy, le responsable couverture, pareil. Faire ses devis. On fait des devis avec échafaudage. Donc forcément, via la concurrence, aujourd'hui, tout le monde fait à l'échelle. Je pense que tant qu'on... Malheureusement, tant qu'on n'a pas de problème, je pense qu'on voit... On se sent inaccessible, on se sent vulnérable, on sent qu'on est au-dessus des lois. Sauf que quand ça tombe, quand ça tranche, là forcément. Bon alors après, on ne voit peut-être pas tous les choses de la même manière, mais je sais qu'au sein de notre entreprise, ça a été un élément tranchant. Aujourd'hui, on est complètement dans une autre optique. C'est... la sécurité avant la rentabilité. Parce qu'en fait, la rentabilité, c'est la sécurité. Et ça, en fait, tant qu'on ne vit pas ça, on ne peut pas le savoir. Donc vraiment, s'il y a quelque chose que je peux dire, c'est de ne pas penser que c'est de l'acquis, tout ça. de ne pas se dire je suis convaincu que Convaincu, ça veut dire qu'on est sûr de quelque chose, mais ce n'est pas palpable en fait. Il faut toujours avoir une remise en question perpétuelle, et toujours, tous les matins, se remettre en question.

  • Speaker #1

    Le témoignage d'Anthony Guillot illustre un fait accablant. La chute de hauteur reste la première cause de mortalité dans le secteur du bâtiment. Sébastien Therrier, bonjour. Vous êtes expert à la direction technique de l'OPP BTP et vous avez notamment travaillé 17 ans comme responsable travaux sur des chantiers de neuf et de réhabilitation. Que retenez-vous de ce témoignage ?

  • Speaker #3

    Tout d'abord, il s'agit d'un accident caractéristique que l'on retrouve assez souvent et dont les causes sont connues. C'est une intervention ponctuelle de réparation, quelque chose d'habituel pour un compagnon expérimenté. Ici, il travaille à l'échelle, ne la fixe pas bien et ne porte pas son harnais. Ensuite, l'investissement dans le matériel et les EPI ne suffit pas toujours à prévenir le danger. Le facteur humain, dont parle Anthony Guillaume, est en effet capital. Avec la force de l'habitude, on oublie en effet que le danger existe. Et c'est à ce moment-là que l'accident peut survenir. Enfin, et en conclusion, la prévention doit et peut être prise comme un facteur d'amélioration des conditions de travail et de l'efficacité de la production. C'est un levier de performance. Le plus dur est peut-être de s'y plonger, mais quand on commence, on y prend vite goût. On travaille mieux, bref, c'est un cercle vertueux.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BPP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit, rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

Description

Anthony Guillot, 50 ans, patron d’une entreprise de charpente-couverture près de Châteauroux, se pensait à l’abri de tout accident du travail. Et pourtant, un jour, l’un de ses salariés chevronnés, a glissé d’une toiture en voulant changer quelques tuiles. Après cette chute qui aurait pu être fatale, l’équipe et le chef d’entreprise restent choqués et se remettent en question…





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Transcription

  • Speaker #0

    Sur ce chantier, on a gagné deux minutes, le chantier de Kostov. Par contre, on a perdu 70 000 euros, des frais de fonctionnement, un camion qui est le camion de dépannage qui ne bouge plus depuis six mois. Et puis, au-delà de ça, on a manqué perdre un homme pour toujours. Et donc, cet accident, pour moi, il est... Il ne doit plus y avoir d'accident.

  • Speaker #1

    Anthony Guillot, 50 ans, est patron d'une entreprise de charpente couverture près de Châteauroux. Jusqu'ici, il se pensait à l'abri de tout accident du travail. Son entreprise de 25 salariés est réputée dans le secteur de Châteauroux. Et il n'avait cessé d'investir et de se développer depuis sa création en 2007. Mais en juillet 2023, l'improbable est arrivé. La chute de hauteur d'un salarié chevronné alors qu'il changeait quelques tuiles sur le toit grillé d'une maison. Un travail à l'échelle, un harnais pas porté et une glissade ont conduit Christophe, un couvreur de 50 ans, à chuter. Il s'est cassé le fémur, il s'est entaillé profondément la main. Mais la chute aurait pu être fatale et tous les salariés sont restés sous le choc. Anthony Guillot, lui aussi, reste bouleversé plusieurs mois après les faits. Il a décidé de revoir totalement ses modes opératoires, notamment lors des interventions de courte durée. Il a décidé aussi de se faire accompagner dans une démarche active de prévention. Surtout, pour lui, la sécurité des salariés sur le chantier est redevenue une priorité, avant même le démarrage du chantier.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    Cet accident, en fait, ça a été un choc. En fait, on a eu la grêle il y a quelques mois. Donc on a été surmené de boulot pour pallier toutes les demandes. Et ce chantier où Christophe était, c'est un chantier où on est allé pour la grêle. Et en fait, avec la grêle, il y a eu des impacts. Donc là, on est arrivé, on a changé toutes les tuiles, sauf que les impacts, en fait, les tuiles fragilisées ne sont pas toutes cassées en même temps. Il y en a avec le temps qui continuent de casser. Donc il est réintervenu pour changer quelques tuiles. Il y avait une dizaine de tuiles apparemment sur le toit à changer. Et du coup, c'était tout dans le bas du toit, sauf une qui était presque au fêtage. Et donc, pour échanger cette tuile, il a été vraiment succinct dans la mise en sécurité. Et du coup, il a accroché l'échelle le plus basique possible et voilà, il est arrivé ce qui est arrivé. Pourquoi on est succinct ? Parce que c'est comme dans tout, en fait. Je veux dire, le premier jour où, par exemple, on se dit, je vais faire de la crobranche. On démarre, on est inquiet, on est anxieux, et puis plus on avance dans l'expérience, quand on commence à être sur la corde depuis 3-4 minutes, ça va déjà mieux qu'au départ, et puis au bout d'un quart d'heure, ça va encore mieux. Et du coup, le danger, il est le même qu'au départ, sauf qu'on prend de la sécurité. Et là, Christophe, c'est un gars qui a de l'expérience, qui a 50 ans, qui fait le métier depuis une trentaine d'années, et je pense que... C'est juste trop de confiance. Juste après cet accident, on a fait une causerie. Le lendemain, on a fait une causerie. À l'aube, à l'embauche, on a fait une causerie. On a beaucoup discuté. Tout le monde était choqué de ce qui venait d'arriver. Et puis, ça m'est venu d'un coup. Je leur ai dit, est-ce que quand vous décidez de prendre un risque, est-ce que vous metteriez votre enfant à votre place ? Est-ce que vous le feriez prendre le risque ? Et forcément, ben non. Et ça fait une espèce de dynamite dans leur tête. Et aujourd'hui, on n'est pas parfait, mais on tend à vraiment avoir toujours plus de sécurité.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BPP.

  • Speaker #0

    Le paramètre vraiment qui a changé dans cette entreprise, c'est l'approche du chantier. Avant l'approche du chantier, après pour être complètement transparent aussi, c'est qu'avant pour moi on était vraiment parfait. Avant cet accident j'avais investi, j'avais fait beaucoup de choses, mais le facteur humain, la prise de conscience du danger, en fait je ne l'avais pas vraiment cerné. La sécurité est vraiment remontée au haut du tableau. Pourquoi ? Elle était descendue parce que... Comme j'ai investi environ 300 000 euros de matériel sécu, l'échafaudage, les nacelles, les EPI, pour 25 salariés, il faut beaucoup de choses, donc je me sentais un peu à l'abri. Donc aujourd'hui, en fait, on voit les chantiers complètement différents, même les chantiers éphémères, où avant c'était une approche assez succincte, aujourd'hui on échafaude, on fait des devis dans ce sens-là, les clients acceptent ou n'acceptent pas, mais prime abord. C'est la sécurité des gars. Même si on l'avait déjà avant, là c'est vraiment le paramètre. On s'en rend compte par exemple la semaine dernière où on fait une approche de chantier, on la voit complètement différemment d'avant. Avant on aurait mis deux échelles, un harnais et puis tout à la longe. Là on a décidé stop, on échafaudre. sécurité optimum, et moi en fait je me sens beaucoup plus serein.

  • Speaker #2

    Et vous, les chutes de hauteur, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup de jeunes dans cette société, 80% de jeunes, et je pense que c'est plus facile. d'intégrer la sécurité dans l'esprit des jeunes que dans les gens d'une cinquantaine d'années parce qu'avec une cinquantaine d'années, on avait des méthodologies de travail il y a 30 ans qui n'ont rien à voir avec celles d'aujourd'hui. Donc il y a un côté faciliter la tâche qui prend le dessus sur le côté sécurité. Moi j'ai eu un accident il y a 20 ans, j'avais 29 ans. J'ai eu un accident, je suis tombé d'un toit, mon collègue est tombé. J'ai décidé ce jour-là de voir la vie autrement parce que tout ce que je vis depuis ce jour-là, c'est que du plus. Et du coup, j'ai décidé de quitter l'entreprise pour créer mon entreprise pour qu'il n'arrive pas l'accident. Et donc, cet accident, c'est un échec. Mais c'est comme ça. Et disons que là, c'est sécurité optimum. Même s'il y a 10 minutes de travail et qu'il faut 2 heures de sécurité, il y a 2 heures de sécurité. En fait, j'ai acheté du matériel pour ça. Des toutes petites nassettes qui puissent se faufiler partout pour ça. Le responsable secteur couverture, on fait le point très souvent. Et lui, il est aussi dans cette optique-là d'optimiser la sécurité au maximum sur chacun des chantiers. Et en fait maintenant on le vend autrement aussi. Notre prestation on la vend différemment. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, plutôt que de vendre une prestation, avant on appelait ça une prestation de service, c'est-à-dire que c'était un camion atelier mis en place de sécurité chez l'arnet, maintenant c'est un échafaudage. Même pour rien, c'est un échafaudage. Enfin pour rien, pour très peu, c'est un échafaudage. Si c'est vraiment une réparation de gouttière, bah là c'est une mise en sécurité. Mais on a une nouvelle méthodologie, on a acheté du matériel, on a fait des formations aussi harnais, on a fait pas mal de choses. Si vraiment le cachet on peut pas échafauder, on a aussi cette option-là. Mais on vend en prestations, c'est plus onéreux qu'avant. Et ça passe ou ça passe pas. Mais en tous les cas, on ne va pas contre la sécurité. On refuse. En fait, c'est plutôt le client qui va refuser. Moi, je vais, je fais des devis. Jérémy, le responsable couverture, pareil. Faire ses devis. On fait des devis avec échafaudage. Donc forcément, via la concurrence, aujourd'hui, tout le monde fait à l'échelle. Je pense que tant qu'on... Malheureusement, tant qu'on n'a pas de problème, je pense qu'on voit... On se sent inaccessible, on se sent vulnérable, on sent qu'on est au-dessus des lois. Sauf que quand ça tombe, quand ça tranche, là forcément. Bon alors après, on ne voit peut-être pas tous les choses de la même manière, mais je sais qu'au sein de notre entreprise, ça a été un élément tranchant. Aujourd'hui, on est complètement dans une autre optique. C'est... la sécurité avant la rentabilité. Parce qu'en fait, la rentabilité, c'est la sécurité. Et ça, en fait, tant qu'on ne vit pas ça, on ne peut pas le savoir. Donc vraiment, s'il y a quelque chose que je peux dire, c'est de ne pas penser que c'est de l'acquis, tout ça. de ne pas se dire je suis convaincu que Convaincu, ça veut dire qu'on est sûr de quelque chose, mais ce n'est pas palpable en fait. Il faut toujours avoir une remise en question perpétuelle, et toujours, tous les matins, se remettre en question.

  • Speaker #1

    Le témoignage d'Anthony Guillot illustre un fait accablant. La chute de hauteur reste la première cause de mortalité dans le secteur du bâtiment. Sébastien Therrier, bonjour. Vous êtes expert à la direction technique de l'OPP BTP et vous avez notamment travaillé 17 ans comme responsable travaux sur des chantiers de neuf et de réhabilitation. Que retenez-vous de ce témoignage ?

  • Speaker #3

    Tout d'abord, il s'agit d'un accident caractéristique que l'on retrouve assez souvent et dont les causes sont connues. C'est une intervention ponctuelle de réparation, quelque chose d'habituel pour un compagnon expérimenté. Ici, il travaille à l'échelle, ne la fixe pas bien et ne porte pas son harnais. Ensuite, l'investissement dans le matériel et les EPI ne suffit pas toujours à prévenir le danger. Le facteur humain, dont parle Anthony Guillaume, est en effet capital. Avec la force de l'habitude, on oublie en effet que le danger existe. Et c'est à ce moment-là que l'accident peut survenir. Enfin, et en conclusion, la prévention doit et peut être prise comme un facteur d'amélioration des conditions de travail et de l'efficacité de la production. C'est un levier de performance. Le plus dur est peut-être de s'y plonger, mais quand on commence, on y prend vite goût. On travaille mieux, bref, c'est un cercle vertueux.

  • Speaker #2

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BPP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit, rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

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