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Mon chantier en sécurité

Episode 2 : Récit d'une chute de hauteur d'un chef d'entreprise

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11min |10/04/2024
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Episode 2 : Récit d'une chute de hauteur d'un chef d'entreprise

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11min |10/04/2024
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Description

En voulant bâcher un toit troué par la grêle, Pierre Wolfer, un chef d’entreprise expérimenté, a traversé une toiture fragile et a fait une chute de hauteur de plusieurs mètres. En cause, le défaut de harnais qui aurait pu limiter les dégâts. Survivant, mais très impacté Pierre Wolfer nous livre son témoignage.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Avec les années on prend confiance, trop de confiance, c'est ce qui est notre plus bel ennemi par le fait. Donc là le madrier a légèrement bougé et puis moi j'étais déséquilibré, puis j'ai traversé la toiture fibro et puis je me suis empalé 8 mètres plus bas sur... sur une barrière que l'artisan est en train de fabriquer pour fermer son extérieur par le fait. C'est le pire pour nous qu'il y ait un accident, parce que déjà la personne va se blesser, ça nous stoppe le chantier, et après on a les répercussions derrière, avec inspection du travail, gendarmerie et compagnie. Donc c'est une erreur, une grosse erreur de ma part. Je suis pleinement responsable de cette erreur par le fait. J'ai eu trop confiance en moi.

  • Speaker #1

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    Quand je suis tombé, je suis tombé sur une barrière qui a amorti le choc, on va dire. Donc ça m'a cassé toutes les côtes du côté droit. Ça m'a cassé le bassin à trois endroits, ce qui m'empêchait de marcher. Ça m'a cassé la mâchoire, oui. Et puis ça m'a cassé le tibia et le péronné. Il y avait 11 fractures en tout par le fait. Je suis resté trois semaines à l'hôpital et puis trois mois allongé. À l'hôpital, je n'ai pas eu le droit de me lever pendant trois mois. Donc à l'hôpital, pendant au moins 15 jours, j'étais levé avec un palan, parce qu'il ne fallait pas bouger, je ne pouvais pas bouger du tout. Pour les besoins, tout ça, c'était très compliqué, très lourd et très long. Alors le contexte du chantier c'est après un épisode de grêle, un énième épisode de grêle en 2022. Là l'épisode de grêle, il y en avait déjà eu deux avant, c'était je crois en mars et puis en juin. Donc on a toujours énormément, énormément d'appels. Là c'était le 20 juillet, cet épisode de grêle, un gros épisode de grêle. Et puis pareil, dans la journée si vous voulez, vous avez 15, 20, 30 appels. Donc après on ne peut pas répondre à tout le monde, tout ce qui est éloigné, on n'y va pas. Donc les plus proches, on y va. Et puis là c'est un ami qui est entrepreneur aussi, et son regard était grêlé complètement. Si ce n'était pas quelqu'un que je connaissais, je ne pense pas que j'aurais fait ce boulot-là. Voilà. Donc je lui ai dit, écoute, vois que t'en as surance et puis on va regarder pour essayer de tirer une bâche. Mais c'est une toiture en fibres, donc les connaisseurs sauront ce qu'il en est. C'est du fibres très fragile, puis là en plus haché. Donc j'avais décidé de prendre une nacelle pour accéder. C'est un toit qui a une hauteur de 6 mètres à peu près au chenot. Et puis après, il y a le rampant, la longueur du rampant qui devait faire, je pense, en tout cas 12-13 mètres. Et puis on a décidé de faire un plâtelage avec des madriers pour monter en sécurité. pour pouvoir tirer une bâche et accrocher cette bâche sur le plâtelage qu'on installait par le fait. Donc on a fait la première série de 4 mètres où c'était assez facile puisqu'on était dans la nacelle et puis on pouvait fixer, c'était une charpente métallique, donc on retraversait le madrier, la toiture pour aller choper les pannes, les IPN par le fait.

  • Speaker #1

    Et vous, les chutes de hauteur, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Et donc c'est en mettant la deuxième série, donc on était à une mètre en pénétration dans la toiture, où j'étais avec deux jeunes, donc un qui était toujours au sol et puis un autre jeune qui était avec moi dans la nacelle. Et puis on montait les madriers et puis quand il fallait les fixer après... On n'était pas très sûrs. Comme le jeune, il avait 23-24 ans, je suis sorti de la nacelle. Je n'ai pas mis mon harnais. C'est la faute la plus bête que j'ai pu faire. Surtout que l'année d'avant, j'avais fait la formation harnais pour toute l'entreprise. Donc là, je n'ai pas mis mon harnais. Je me suis dit que ça irait. Avec les années, on prend confiance, trop de confiance. Bel ennemi par le fait. Donc là le madrier a légèrement bougé et puis moi j'étais déséquilibré puis j'ai traversé la toiture fibro et puis je me suis empalé 8 mètres plus bas. sur une barrière que l'artisan était en train de fabriquer pour fermer son extérieur par le fait. Donc c'est ce qui m'a peut-être sauvé parce qu'il était sur une dalle béton. Donc là, ça a amorti la chute. Elle faisait 2,52 mètres haut cette barrière. Donc je suis tombé dessus sur le côté. Puis après, j'ai valdingué de l'autre côté, ce qui m'a cassé un petit peu dans tous les... Toutes les parties du corps, quoi. C'était un billard.

  • Speaker #2

    Mais votre harnais, pourquoi ne pas l'avoir mis ?

  • Speaker #0

    Parce que j'étais sûr de moi. On n'est jamais... Et pourtant je dis toujours à mes gars, quand j'embauche un jeune, je lui dis, tu ne m'impressionneras pas si tu fais quelque chose de dangereux, tu m'impressionneras si tu fais les choses dans les règles et en sécurité. Et je n'ai pas tenu compte de cette phrase-là que je dis tout le temps. Les discours, c'est mes deux gars qui étaient là. Ils ont... Appeler les secours. Donc les pompiers, il y a une caserne de pompiers dans la ville où on est qui est assez proche. Ils sont venus direct et puis après ils ont vu qu'il y avait un gros problème. Parce que j'avais la rate aussi qui était touchée. Donc ils ont décidé d'appeler l'hélicoptère du CHU de Besançon. Alors la famille, c'est un de mes employés, pas un qui était sur place parce qu'après tous les gars, on a une dizaine, donc tous les gars sont venus sur le chantier. C'est un de mes employés, un des chefs d'équipe, qui est venu, qui a prévenu ma femme. L'accident est arrivé à 14h à peu près l'après-midi et ma femme a dû être prévenue vers 16h, 16h30, parce que personne ne pensait à la prévenir par le fait. Elle l'a pris, vous voyez bien, j'ai trois enfants, donc trois filles. Après, tout c'était là, ils attendaient. Au lieu de savoir comment ça allait se passer, parce que les gendarmes là-bas, si vous voulez, ils ont mis la trouille un peu à mes gars. Ils veulent savoir ce qui se passe, toujours, les gendarmes. Donc, dans leur enquête, c'est ce que les gars m'ont dit, ils ont mis un peu la pression sur mes gars pour savoir comment ça s'était passé. Si l'un d'eux ne m'avait pas poussé, en prêchant le faux pour savoir le vrai, si on s'entendait bien dans l'entreprise, s'il n'y en avait pas un qui avait voulu se venger. Vous voyez ? Et puis après, ils mettaient ça à un des plus jeunes qui était avec moi dans le panier. Donc le jeune était traumatisé, il pleurait. Et puis, comment vous dire ça, cette pression-là, ça a été retransmis à ma femme. Donc après, elle ne savait pas vraiment ce qui se passait, alors qu'on s'entend tous très bien dans l'entreprise, il n'y a pas de souci. Donc ça a été compliqué à gérer pendant en tout cas un jour. La prévention, c'est quelque chose de... on a beau le dire, on se le dit toujours, c'est de continuer, mais ces métiers-là en plus, on n'a pas droit à l'erreur. Une petite erreur et puis vous finissez comme moi. Et encore, je suis extrêmement chanceux. Je ne suis pas en fauteuil roulant, ça aurait pu être le cas. Ma femme a réalisé que c'est un métier dangereux. Et c'est vrai, quand on n'a jamais de gros pépins, et qu'on rentre toujours à la maison, tout va bien par le fait. Ce n'est pas le seul métier comme ça, je pense. Mais après, elle a réalisé que c'est un métier extrêmement dangereux. Et puis les premiers mois, elle était toujours à me dire Fais attention à ça, fais attention à ci Parce qu'on se rend compte que oui, après voilà quoi. Donc c'est devenu compliqué. Donc vous voyez bien qu'elle a dû gérer des choses qu'elle ne connaissait pas, puisque son boulot dans l'entreprise, c'est le secrétariat, les devis, répondre au téléphone, les factures, ces choses-là.

  • Speaker #2

    Avez-vous un message à faire passer ici aux entreprises ? au patron, à leurs employés ?

  • Speaker #0

    Le petit message, c'est vrai qu'au niveau de la sécurité, il faut toujours faire attention aux jeunes. Moi, j'ai toujours peur avec les jeunes qui sont trop... fous fous par le fait qu'ils pensent qu'ils sont invincibles. Personne n'est invincible, j'en suis la preuve vivante. À un moment donné, quand vous ne mettez pas les moyens au niveau de la sécurité, vous stoppez votre entreprise par le fait. Vous, quand vous êtes le patron, c'est votre entreprise qui va être stoppée. Et puis quand vous êtes l'employé, c'est votre vie tout court qui va s'arrêter, des répercussions avec vos enfants, votre femme, etc. Donc, euh... La prudence est toujours de mise, c'est certain, mais anticiper les dangers, Dieu sait s'ils sont nombreux dans notre métier. Dans notre métier, c'est vraiment... Je pense qu'il y a d'autres métiers qui sont sûrement comme genre cascadeurs, qui sont plus risqués, mais ils calculent toujours leurs risques. Et nous, on doit calculer aussi nos risques. Et puis si votre patron vous dit que ça coûte cher de la sécurité, il ne faut pas l'écouter, il ne faut pas le faire. C'est certain, il faut faire des choses comme elles doivent être faites.

  • Speaker #2

    Sébastien Therrier, bonjour. Vous êtes expert à la direction technique de l'OPP BTP et vous avez notamment travaillé 17 ans comme responsable travaux sur des chantiers de neuf et de réhabilitation. Que retenez-vous de ce témoignage ?

  • Speaker #3

    Bien sûr, ce récit de chute à travers une toiture en fibre au ciment parlera à tous les couvreurs. Je tiens à rappeler qu'une plaque en fibre au ciment ou en translucide ne résiste pas à une charge ponctuelle de plus de 15 kg. Ça veut dire que ce matériau ne résiste pas au poids d'un couvreur. Il faut le rappeler régulièrement à ses équipes et surtout bien se le mettre en tête. Autre point, et à mon avis le plus important, c'est que n'importe qui peut rappeler à un autre collègue ou même à son patron que ce qu'il fait est trop risqué ou dangereux, s'il ne porte pas son harnais ou s'il se met dans une situation trop dangereuse. Rien ne vous interdit de le signaler parce que ça peut sauver une vie.

  • Speaker #1

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit, rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

Description

En voulant bâcher un toit troué par la grêle, Pierre Wolfer, un chef d’entreprise expérimenté, a traversé une toiture fragile et a fait une chute de hauteur de plusieurs mètres. En cause, le défaut de harnais qui aurait pu limiter les dégâts. Survivant, mais très impacté Pierre Wolfer nous livre son témoignage.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Avec les années on prend confiance, trop de confiance, c'est ce qui est notre plus bel ennemi par le fait. Donc là le madrier a légèrement bougé et puis moi j'étais déséquilibré, puis j'ai traversé la toiture fibro et puis je me suis empalé 8 mètres plus bas sur... sur une barrière que l'artisan est en train de fabriquer pour fermer son extérieur par le fait. C'est le pire pour nous qu'il y ait un accident, parce que déjà la personne va se blesser, ça nous stoppe le chantier, et après on a les répercussions derrière, avec inspection du travail, gendarmerie et compagnie. Donc c'est une erreur, une grosse erreur de ma part. Je suis pleinement responsable de cette erreur par le fait. J'ai eu trop confiance en moi.

  • Speaker #1

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    Quand je suis tombé, je suis tombé sur une barrière qui a amorti le choc, on va dire. Donc ça m'a cassé toutes les côtes du côté droit. Ça m'a cassé le bassin à trois endroits, ce qui m'empêchait de marcher. Ça m'a cassé la mâchoire, oui. Et puis ça m'a cassé le tibia et le péronné. Il y avait 11 fractures en tout par le fait. Je suis resté trois semaines à l'hôpital et puis trois mois allongé. À l'hôpital, je n'ai pas eu le droit de me lever pendant trois mois. Donc à l'hôpital, pendant au moins 15 jours, j'étais levé avec un palan, parce qu'il ne fallait pas bouger, je ne pouvais pas bouger du tout. Pour les besoins, tout ça, c'était très compliqué, très lourd et très long. Alors le contexte du chantier c'est après un épisode de grêle, un énième épisode de grêle en 2022. Là l'épisode de grêle, il y en avait déjà eu deux avant, c'était je crois en mars et puis en juin. Donc on a toujours énormément, énormément d'appels. Là c'était le 20 juillet, cet épisode de grêle, un gros épisode de grêle. Et puis pareil, dans la journée si vous voulez, vous avez 15, 20, 30 appels. Donc après on ne peut pas répondre à tout le monde, tout ce qui est éloigné, on n'y va pas. Donc les plus proches, on y va. Et puis là c'est un ami qui est entrepreneur aussi, et son regard était grêlé complètement. Si ce n'était pas quelqu'un que je connaissais, je ne pense pas que j'aurais fait ce boulot-là. Voilà. Donc je lui ai dit, écoute, vois que t'en as surance et puis on va regarder pour essayer de tirer une bâche. Mais c'est une toiture en fibres, donc les connaisseurs sauront ce qu'il en est. C'est du fibres très fragile, puis là en plus haché. Donc j'avais décidé de prendre une nacelle pour accéder. C'est un toit qui a une hauteur de 6 mètres à peu près au chenot. Et puis après, il y a le rampant, la longueur du rampant qui devait faire, je pense, en tout cas 12-13 mètres. Et puis on a décidé de faire un plâtelage avec des madriers pour monter en sécurité. pour pouvoir tirer une bâche et accrocher cette bâche sur le plâtelage qu'on installait par le fait. Donc on a fait la première série de 4 mètres où c'était assez facile puisqu'on était dans la nacelle et puis on pouvait fixer, c'était une charpente métallique, donc on retraversait le madrier, la toiture pour aller choper les pannes, les IPN par le fait.

  • Speaker #1

    Et vous, les chutes de hauteur, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Et donc c'est en mettant la deuxième série, donc on était à une mètre en pénétration dans la toiture, où j'étais avec deux jeunes, donc un qui était toujours au sol et puis un autre jeune qui était avec moi dans la nacelle. Et puis on montait les madriers et puis quand il fallait les fixer après... On n'était pas très sûrs. Comme le jeune, il avait 23-24 ans, je suis sorti de la nacelle. Je n'ai pas mis mon harnais. C'est la faute la plus bête que j'ai pu faire. Surtout que l'année d'avant, j'avais fait la formation harnais pour toute l'entreprise. Donc là, je n'ai pas mis mon harnais. Je me suis dit que ça irait. Avec les années, on prend confiance, trop de confiance. Bel ennemi par le fait. Donc là le madrier a légèrement bougé et puis moi j'étais déséquilibré puis j'ai traversé la toiture fibro et puis je me suis empalé 8 mètres plus bas. sur une barrière que l'artisan était en train de fabriquer pour fermer son extérieur par le fait. Donc c'est ce qui m'a peut-être sauvé parce qu'il était sur une dalle béton. Donc là, ça a amorti la chute. Elle faisait 2,52 mètres haut cette barrière. Donc je suis tombé dessus sur le côté. Puis après, j'ai valdingué de l'autre côté, ce qui m'a cassé un petit peu dans tous les... Toutes les parties du corps, quoi. C'était un billard.

  • Speaker #2

    Mais votre harnais, pourquoi ne pas l'avoir mis ?

  • Speaker #0

    Parce que j'étais sûr de moi. On n'est jamais... Et pourtant je dis toujours à mes gars, quand j'embauche un jeune, je lui dis, tu ne m'impressionneras pas si tu fais quelque chose de dangereux, tu m'impressionneras si tu fais les choses dans les règles et en sécurité. Et je n'ai pas tenu compte de cette phrase-là que je dis tout le temps. Les discours, c'est mes deux gars qui étaient là. Ils ont... Appeler les secours. Donc les pompiers, il y a une caserne de pompiers dans la ville où on est qui est assez proche. Ils sont venus direct et puis après ils ont vu qu'il y avait un gros problème. Parce que j'avais la rate aussi qui était touchée. Donc ils ont décidé d'appeler l'hélicoptère du CHU de Besançon. Alors la famille, c'est un de mes employés, pas un qui était sur place parce qu'après tous les gars, on a une dizaine, donc tous les gars sont venus sur le chantier. C'est un de mes employés, un des chefs d'équipe, qui est venu, qui a prévenu ma femme. L'accident est arrivé à 14h à peu près l'après-midi et ma femme a dû être prévenue vers 16h, 16h30, parce que personne ne pensait à la prévenir par le fait. Elle l'a pris, vous voyez bien, j'ai trois enfants, donc trois filles. Après, tout c'était là, ils attendaient. Au lieu de savoir comment ça allait se passer, parce que les gendarmes là-bas, si vous voulez, ils ont mis la trouille un peu à mes gars. Ils veulent savoir ce qui se passe, toujours, les gendarmes. Donc, dans leur enquête, c'est ce que les gars m'ont dit, ils ont mis un peu la pression sur mes gars pour savoir comment ça s'était passé. Si l'un d'eux ne m'avait pas poussé, en prêchant le faux pour savoir le vrai, si on s'entendait bien dans l'entreprise, s'il n'y en avait pas un qui avait voulu se venger. Vous voyez ? Et puis après, ils mettaient ça à un des plus jeunes qui était avec moi dans le panier. Donc le jeune était traumatisé, il pleurait. Et puis, comment vous dire ça, cette pression-là, ça a été retransmis à ma femme. Donc après, elle ne savait pas vraiment ce qui se passait, alors qu'on s'entend tous très bien dans l'entreprise, il n'y a pas de souci. Donc ça a été compliqué à gérer pendant en tout cas un jour. La prévention, c'est quelque chose de... on a beau le dire, on se le dit toujours, c'est de continuer, mais ces métiers-là en plus, on n'a pas droit à l'erreur. Une petite erreur et puis vous finissez comme moi. Et encore, je suis extrêmement chanceux. Je ne suis pas en fauteuil roulant, ça aurait pu être le cas. Ma femme a réalisé que c'est un métier dangereux. Et c'est vrai, quand on n'a jamais de gros pépins, et qu'on rentre toujours à la maison, tout va bien par le fait. Ce n'est pas le seul métier comme ça, je pense. Mais après, elle a réalisé que c'est un métier extrêmement dangereux. Et puis les premiers mois, elle était toujours à me dire Fais attention à ça, fais attention à ci Parce qu'on se rend compte que oui, après voilà quoi. Donc c'est devenu compliqué. Donc vous voyez bien qu'elle a dû gérer des choses qu'elle ne connaissait pas, puisque son boulot dans l'entreprise, c'est le secrétariat, les devis, répondre au téléphone, les factures, ces choses-là.

  • Speaker #2

    Avez-vous un message à faire passer ici aux entreprises ? au patron, à leurs employés ?

  • Speaker #0

    Le petit message, c'est vrai qu'au niveau de la sécurité, il faut toujours faire attention aux jeunes. Moi, j'ai toujours peur avec les jeunes qui sont trop... fous fous par le fait qu'ils pensent qu'ils sont invincibles. Personne n'est invincible, j'en suis la preuve vivante. À un moment donné, quand vous ne mettez pas les moyens au niveau de la sécurité, vous stoppez votre entreprise par le fait. Vous, quand vous êtes le patron, c'est votre entreprise qui va être stoppée. Et puis quand vous êtes l'employé, c'est votre vie tout court qui va s'arrêter, des répercussions avec vos enfants, votre femme, etc. Donc, euh... La prudence est toujours de mise, c'est certain, mais anticiper les dangers, Dieu sait s'ils sont nombreux dans notre métier. Dans notre métier, c'est vraiment... Je pense qu'il y a d'autres métiers qui sont sûrement comme genre cascadeurs, qui sont plus risqués, mais ils calculent toujours leurs risques. Et nous, on doit calculer aussi nos risques. Et puis si votre patron vous dit que ça coûte cher de la sécurité, il ne faut pas l'écouter, il ne faut pas le faire. C'est certain, il faut faire des choses comme elles doivent être faites.

  • Speaker #2

    Sébastien Therrier, bonjour. Vous êtes expert à la direction technique de l'OPP BTP et vous avez notamment travaillé 17 ans comme responsable travaux sur des chantiers de neuf et de réhabilitation. Que retenez-vous de ce témoignage ?

  • Speaker #3

    Bien sûr, ce récit de chute à travers une toiture en fibre au ciment parlera à tous les couvreurs. Je tiens à rappeler qu'une plaque en fibre au ciment ou en translucide ne résiste pas à une charge ponctuelle de plus de 15 kg. Ça veut dire que ce matériau ne résiste pas au poids d'un couvreur. Il faut le rappeler régulièrement à ses équipes et surtout bien se le mettre en tête. Autre point, et à mon avis le plus important, c'est que n'importe qui peut rappeler à un autre collègue ou même à son patron que ce qu'il fait est trop risqué ou dangereux, s'il ne porte pas son harnais ou s'il se met dans une situation trop dangereuse. Rien ne vous interdit de le signaler parce que ça peut sauver une vie.

  • Speaker #1

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit, rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

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En voulant bâcher un toit troué par la grêle, Pierre Wolfer, un chef d’entreprise expérimenté, a traversé une toiture fragile et a fait une chute de hauteur de plusieurs mètres. En cause, le défaut de harnais qui aurait pu limiter les dégâts. Survivant, mais très impacté Pierre Wolfer nous livre son témoignage.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Avec les années on prend confiance, trop de confiance, c'est ce qui est notre plus bel ennemi par le fait. Donc là le madrier a légèrement bougé et puis moi j'étais déséquilibré, puis j'ai traversé la toiture fibro et puis je me suis empalé 8 mètres plus bas sur... sur une barrière que l'artisan est en train de fabriquer pour fermer son extérieur par le fait. C'est le pire pour nous qu'il y ait un accident, parce que déjà la personne va se blesser, ça nous stoppe le chantier, et après on a les répercussions derrière, avec inspection du travail, gendarmerie et compagnie. Donc c'est une erreur, une grosse erreur de ma part. Je suis pleinement responsable de cette erreur par le fait. J'ai eu trop confiance en moi.

  • Speaker #1

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    Quand je suis tombé, je suis tombé sur une barrière qui a amorti le choc, on va dire. Donc ça m'a cassé toutes les côtes du côté droit. Ça m'a cassé le bassin à trois endroits, ce qui m'empêchait de marcher. Ça m'a cassé la mâchoire, oui. Et puis ça m'a cassé le tibia et le péronné. Il y avait 11 fractures en tout par le fait. Je suis resté trois semaines à l'hôpital et puis trois mois allongé. À l'hôpital, je n'ai pas eu le droit de me lever pendant trois mois. Donc à l'hôpital, pendant au moins 15 jours, j'étais levé avec un palan, parce qu'il ne fallait pas bouger, je ne pouvais pas bouger du tout. Pour les besoins, tout ça, c'était très compliqué, très lourd et très long. Alors le contexte du chantier c'est après un épisode de grêle, un énième épisode de grêle en 2022. Là l'épisode de grêle, il y en avait déjà eu deux avant, c'était je crois en mars et puis en juin. Donc on a toujours énormément, énormément d'appels. Là c'était le 20 juillet, cet épisode de grêle, un gros épisode de grêle. Et puis pareil, dans la journée si vous voulez, vous avez 15, 20, 30 appels. Donc après on ne peut pas répondre à tout le monde, tout ce qui est éloigné, on n'y va pas. Donc les plus proches, on y va. Et puis là c'est un ami qui est entrepreneur aussi, et son regard était grêlé complètement. Si ce n'était pas quelqu'un que je connaissais, je ne pense pas que j'aurais fait ce boulot-là. Voilà. Donc je lui ai dit, écoute, vois que t'en as surance et puis on va regarder pour essayer de tirer une bâche. Mais c'est une toiture en fibres, donc les connaisseurs sauront ce qu'il en est. C'est du fibres très fragile, puis là en plus haché. Donc j'avais décidé de prendre une nacelle pour accéder. C'est un toit qui a une hauteur de 6 mètres à peu près au chenot. Et puis après, il y a le rampant, la longueur du rampant qui devait faire, je pense, en tout cas 12-13 mètres. Et puis on a décidé de faire un plâtelage avec des madriers pour monter en sécurité. pour pouvoir tirer une bâche et accrocher cette bâche sur le plâtelage qu'on installait par le fait. Donc on a fait la première série de 4 mètres où c'était assez facile puisqu'on était dans la nacelle et puis on pouvait fixer, c'était une charpente métallique, donc on retraversait le madrier, la toiture pour aller choper les pannes, les IPN par le fait.

  • Speaker #1

    Et vous, les chutes de hauteur, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Et donc c'est en mettant la deuxième série, donc on était à une mètre en pénétration dans la toiture, où j'étais avec deux jeunes, donc un qui était toujours au sol et puis un autre jeune qui était avec moi dans la nacelle. Et puis on montait les madriers et puis quand il fallait les fixer après... On n'était pas très sûrs. Comme le jeune, il avait 23-24 ans, je suis sorti de la nacelle. Je n'ai pas mis mon harnais. C'est la faute la plus bête que j'ai pu faire. Surtout que l'année d'avant, j'avais fait la formation harnais pour toute l'entreprise. Donc là, je n'ai pas mis mon harnais. Je me suis dit que ça irait. Avec les années, on prend confiance, trop de confiance. Bel ennemi par le fait. Donc là le madrier a légèrement bougé et puis moi j'étais déséquilibré puis j'ai traversé la toiture fibro et puis je me suis empalé 8 mètres plus bas. sur une barrière que l'artisan était en train de fabriquer pour fermer son extérieur par le fait. Donc c'est ce qui m'a peut-être sauvé parce qu'il était sur une dalle béton. Donc là, ça a amorti la chute. Elle faisait 2,52 mètres haut cette barrière. Donc je suis tombé dessus sur le côté. Puis après, j'ai valdingué de l'autre côté, ce qui m'a cassé un petit peu dans tous les... Toutes les parties du corps, quoi. C'était un billard.

  • Speaker #2

    Mais votre harnais, pourquoi ne pas l'avoir mis ?

  • Speaker #0

    Parce que j'étais sûr de moi. On n'est jamais... Et pourtant je dis toujours à mes gars, quand j'embauche un jeune, je lui dis, tu ne m'impressionneras pas si tu fais quelque chose de dangereux, tu m'impressionneras si tu fais les choses dans les règles et en sécurité. Et je n'ai pas tenu compte de cette phrase-là que je dis tout le temps. Les discours, c'est mes deux gars qui étaient là. Ils ont... Appeler les secours. Donc les pompiers, il y a une caserne de pompiers dans la ville où on est qui est assez proche. Ils sont venus direct et puis après ils ont vu qu'il y avait un gros problème. Parce que j'avais la rate aussi qui était touchée. Donc ils ont décidé d'appeler l'hélicoptère du CHU de Besançon. Alors la famille, c'est un de mes employés, pas un qui était sur place parce qu'après tous les gars, on a une dizaine, donc tous les gars sont venus sur le chantier. C'est un de mes employés, un des chefs d'équipe, qui est venu, qui a prévenu ma femme. L'accident est arrivé à 14h à peu près l'après-midi et ma femme a dû être prévenue vers 16h, 16h30, parce que personne ne pensait à la prévenir par le fait. Elle l'a pris, vous voyez bien, j'ai trois enfants, donc trois filles. Après, tout c'était là, ils attendaient. Au lieu de savoir comment ça allait se passer, parce que les gendarmes là-bas, si vous voulez, ils ont mis la trouille un peu à mes gars. Ils veulent savoir ce qui se passe, toujours, les gendarmes. Donc, dans leur enquête, c'est ce que les gars m'ont dit, ils ont mis un peu la pression sur mes gars pour savoir comment ça s'était passé. Si l'un d'eux ne m'avait pas poussé, en prêchant le faux pour savoir le vrai, si on s'entendait bien dans l'entreprise, s'il n'y en avait pas un qui avait voulu se venger. Vous voyez ? Et puis après, ils mettaient ça à un des plus jeunes qui était avec moi dans le panier. Donc le jeune était traumatisé, il pleurait. Et puis, comment vous dire ça, cette pression-là, ça a été retransmis à ma femme. Donc après, elle ne savait pas vraiment ce qui se passait, alors qu'on s'entend tous très bien dans l'entreprise, il n'y a pas de souci. Donc ça a été compliqué à gérer pendant en tout cas un jour. La prévention, c'est quelque chose de... on a beau le dire, on se le dit toujours, c'est de continuer, mais ces métiers-là en plus, on n'a pas droit à l'erreur. Une petite erreur et puis vous finissez comme moi. Et encore, je suis extrêmement chanceux. Je ne suis pas en fauteuil roulant, ça aurait pu être le cas. Ma femme a réalisé que c'est un métier dangereux. Et c'est vrai, quand on n'a jamais de gros pépins, et qu'on rentre toujours à la maison, tout va bien par le fait. Ce n'est pas le seul métier comme ça, je pense. Mais après, elle a réalisé que c'est un métier extrêmement dangereux. Et puis les premiers mois, elle était toujours à me dire Fais attention à ça, fais attention à ci Parce qu'on se rend compte que oui, après voilà quoi. Donc c'est devenu compliqué. Donc vous voyez bien qu'elle a dû gérer des choses qu'elle ne connaissait pas, puisque son boulot dans l'entreprise, c'est le secrétariat, les devis, répondre au téléphone, les factures, ces choses-là.

  • Speaker #2

    Avez-vous un message à faire passer ici aux entreprises ? au patron, à leurs employés ?

  • Speaker #0

    Le petit message, c'est vrai qu'au niveau de la sécurité, il faut toujours faire attention aux jeunes. Moi, j'ai toujours peur avec les jeunes qui sont trop... fous fous par le fait qu'ils pensent qu'ils sont invincibles. Personne n'est invincible, j'en suis la preuve vivante. À un moment donné, quand vous ne mettez pas les moyens au niveau de la sécurité, vous stoppez votre entreprise par le fait. Vous, quand vous êtes le patron, c'est votre entreprise qui va être stoppée. Et puis quand vous êtes l'employé, c'est votre vie tout court qui va s'arrêter, des répercussions avec vos enfants, votre femme, etc. Donc, euh... La prudence est toujours de mise, c'est certain, mais anticiper les dangers, Dieu sait s'ils sont nombreux dans notre métier. Dans notre métier, c'est vraiment... Je pense qu'il y a d'autres métiers qui sont sûrement comme genre cascadeurs, qui sont plus risqués, mais ils calculent toujours leurs risques. Et nous, on doit calculer aussi nos risques. Et puis si votre patron vous dit que ça coûte cher de la sécurité, il ne faut pas l'écouter, il ne faut pas le faire. C'est certain, il faut faire des choses comme elles doivent être faites.

  • Speaker #2

    Sébastien Therrier, bonjour. Vous êtes expert à la direction technique de l'OPP BTP et vous avez notamment travaillé 17 ans comme responsable travaux sur des chantiers de neuf et de réhabilitation. Que retenez-vous de ce témoignage ?

  • Speaker #3

    Bien sûr, ce récit de chute à travers une toiture en fibre au ciment parlera à tous les couvreurs. Je tiens à rappeler qu'une plaque en fibre au ciment ou en translucide ne résiste pas à une charge ponctuelle de plus de 15 kg. Ça veut dire que ce matériau ne résiste pas au poids d'un couvreur. Il faut le rappeler régulièrement à ses équipes et surtout bien se le mettre en tête. Autre point, et à mon avis le plus important, c'est que n'importe qui peut rappeler à un autre collègue ou même à son patron que ce qu'il fait est trop risqué ou dangereux, s'il ne porte pas son harnais ou s'il se met dans une situation trop dangereuse. Rien ne vous interdit de le signaler parce que ça peut sauver une vie.

  • Speaker #1

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit, rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

Description

En voulant bâcher un toit troué par la grêle, Pierre Wolfer, un chef d’entreprise expérimenté, a traversé une toiture fragile et a fait une chute de hauteur de plusieurs mètres. En cause, le défaut de harnais qui aurait pu limiter les dégâts. Survivant, mais très impacté Pierre Wolfer nous livre son témoignage.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Avec les années on prend confiance, trop de confiance, c'est ce qui est notre plus bel ennemi par le fait. Donc là le madrier a légèrement bougé et puis moi j'étais déséquilibré, puis j'ai traversé la toiture fibro et puis je me suis empalé 8 mètres plus bas sur... sur une barrière que l'artisan est en train de fabriquer pour fermer son extérieur par le fait. C'est le pire pour nous qu'il y ait un accident, parce que déjà la personne va se blesser, ça nous stoppe le chantier, et après on a les répercussions derrière, avec inspection du travail, gendarmerie et compagnie. Donc c'est une erreur, une grosse erreur de ma part. Je suis pleinement responsable de cette erreur par le fait. J'ai eu trop confiance en moi.

  • Speaker #1

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP.

  • Speaker #0

    Quand je suis tombé, je suis tombé sur une barrière qui a amorti le choc, on va dire. Donc ça m'a cassé toutes les côtes du côté droit. Ça m'a cassé le bassin à trois endroits, ce qui m'empêchait de marcher. Ça m'a cassé la mâchoire, oui. Et puis ça m'a cassé le tibia et le péronné. Il y avait 11 fractures en tout par le fait. Je suis resté trois semaines à l'hôpital et puis trois mois allongé. À l'hôpital, je n'ai pas eu le droit de me lever pendant trois mois. Donc à l'hôpital, pendant au moins 15 jours, j'étais levé avec un palan, parce qu'il ne fallait pas bouger, je ne pouvais pas bouger du tout. Pour les besoins, tout ça, c'était très compliqué, très lourd et très long. Alors le contexte du chantier c'est après un épisode de grêle, un énième épisode de grêle en 2022. Là l'épisode de grêle, il y en avait déjà eu deux avant, c'était je crois en mars et puis en juin. Donc on a toujours énormément, énormément d'appels. Là c'était le 20 juillet, cet épisode de grêle, un gros épisode de grêle. Et puis pareil, dans la journée si vous voulez, vous avez 15, 20, 30 appels. Donc après on ne peut pas répondre à tout le monde, tout ce qui est éloigné, on n'y va pas. Donc les plus proches, on y va. Et puis là c'est un ami qui est entrepreneur aussi, et son regard était grêlé complètement. Si ce n'était pas quelqu'un que je connaissais, je ne pense pas que j'aurais fait ce boulot-là. Voilà. Donc je lui ai dit, écoute, vois que t'en as surance et puis on va regarder pour essayer de tirer une bâche. Mais c'est une toiture en fibres, donc les connaisseurs sauront ce qu'il en est. C'est du fibres très fragile, puis là en plus haché. Donc j'avais décidé de prendre une nacelle pour accéder. C'est un toit qui a une hauteur de 6 mètres à peu près au chenot. Et puis après, il y a le rampant, la longueur du rampant qui devait faire, je pense, en tout cas 12-13 mètres. Et puis on a décidé de faire un plâtelage avec des madriers pour monter en sécurité. pour pouvoir tirer une bâche et accrocher cette bâche sur le plâtelage qu'on installait par le fait. Donc on a fait la première série de 4 mètres où c'était assez facile puisqu'on était dans la nacelle et puis on pouvait fixer, c'était une charpente métallique, donc on retraversait le madrier, la toiture pour aller choper les pannes, les IPN par le fait.

  • Speaker #1

    Et vous, les chutes de hauteur, ça vous parle ?

  • Speaker #0

    Et donc c'est en mettant la deuxième série, donc on était à une mètre en pénétration dans la toiture, où j'étais avec deux jeunes, donc un qui était toujours au sol et puis un autre jeune qui était avec moi dans la nacelle. Et puis on montait les madriers et puis quand il fallait les fixer après... On n'était pas très sûrs. Comme le jeune, il avait 23-24 ans, je suis sorti de la nacelle. Je n'ai pas mis mon harnais. C'est la faute la plus bête que j'ai pu faire. Surtout que l'année d'avant, j'avais fait la formation harnais pour toute l'entreprise. Donc là, je n'ai pas mis mon harnais. Je me suis dit que ça irait. Avec les années, on prend confiance, trop de confiance. Bel ennemi par le fait. Donc là le madrier a légèrement bougé et puis moi j'étais déséquilibré puis j'ai traversé la toiture fibro et puis je me suis empalé 8 mètres plus bas. sur une barrière que l'artisan était en train de fabriquer pour fermer son extérieur par le fait. Donc c'est ce qui m'a peut-être sauvé parce qu'il était sur une dalle béton. Donc là, ça a amorti la chute. Elle faisait 2,52 mètres haut cette barrière. Donc je suis tombé dessus sur le côté. Puis après, j'ai valdingué de l'autre côté, ce qui m'a cassé un petit peu dans tous les... Toutes les parties du corps, quoi. C'était un billard.

  • Speaker #2

    Mais votre harnais, pourquoi ne pas l'avoir mis ?

  • Speaker #0

    Parce que j'étais sûr de moi. On n'est jamais... Et pourtant je dis toujours à mes gars, quand j'embauche un jeune, je lui dis, tu ne m'impressionneras pas si tu fais quelque chose de dangereux, tu m'impressionneras si tu fais les choses dans les règles et en sécurité. Et je n'ai pas tenu compte de cette phrase-là que je dis tout le temps. Les discours, c'est mes deux gars qui étaient là. Ils ont... Appeler les secours. Donc les pompiers, il y a une caserne de pompiers dans la ville où on est qui est assez proche. Ils sont venus direct et puis après ils ont vu qu'il y avait un gros problème. Parce que j'avais la rate aussi qui était touchée. Donc ils ont décidé d'appeler l'hélicoptère du CHU de Besançon. Alors la famille, c'est un de mes employés, pas un qui était sur place parce qu'après tous les gars, on a une dizaine, donc tous les gars sont venus sur le chantier. C'est un de mes employés, un des chefs d'équipe, qui est venu, qui a prévenu ma femme. L'accident est arrivé à 14h à peu près l'après-midi et ma femme a dû être prévenue vers 16h, 16h30, parce que personne ne pensait à la prévenir par le fait. Elle l'a pris, vous voyez bien, j'ai trois enfants, donc trois filles. Après, tout c'était là, ils attendaient. Au lieu de savoir comment ça allait se passer, parce que les gendarmes là-bas, si vous voulez, ils ont mis la trouille un peu à mes gars. Ils veulent savoir ce qui se passe, toujours, les gendarmes. Donc, dans leur enquête, c'est ce que les gars m'ont dit, ils ont mis un peu la pression sur mes gars pour savoir comment ça s'était passé. Si l'un d'eux ne m'avait pas poussé, en prêchant le faux pour savoir le vrai, si on s'entendait bien dans l'entreprise, s'il n'y en avait pas un qui avait voulu se venger. Vous voyez ? Et puis après, ils mettaient ça à un des plus jeunes qui était avec moi dans le panier. Donc le jeune était traumatisé, il pleurait. Et puis, comment vous dire ça, cette pression-là, ça a été retransmis à ma femme. Donc après, elle ne savait pas vraiment ce qui se passait, alors qu'on s'entend tous très bien dans l'entreprise, il n'y a pas de souci. Donc ça a été compliqué à gérer pendant en tout cas un jour. La prévention, c'est quelque chose de... on a beau le dire, on se le dit toujours, c'est de continuer, mais ces métiers-là en plus, on n'a pas droit à l'erreur. Une petite erreur et puis vous finissez comme moi. Et encore, je suis extrêmement chanceux. Je ne suis pas en fauteuil roulant, ça aurait pu être le cas. Ma femme a réalisé que c'est un métier dangereux. Et c'est vrai, quand on n'a jamais de gros pépins, et qu'on rentre toujours à la maison, tout va bien par le fait. Ce n'est pas le seul métier comme ça, je pense. Mais après, elle a réalisé que c'est un métier extrêmement dangereux. Et puis les premiers mois, elle était toujours à me dire Fais attention à ça, fais attention à ci Parce qu'on se rend compte que oui, après voilà quoi. Donc c'est devenu compliqué. Donc vous voyez bien qu'elle a dû gérer des choses qu'elle ne connaissait pas, puisque son boulot dans l'entreprise, c'est le secrétariat, les devis, répondre au téléphone, les factures, ces choses-là.

  • Speaker #2

    Avez-vous un message à faire passer ici aux entreprises ? au patron, à leurs employés ?

  • Speaker #0

    Le petit message, c'est vrai qu'au niveau de la sécurité, il faut toujours faire attention aux jeunes. Moi, j'ai toujours peur avec les jeunes qui sont trop... fous fous par le fait qu'ils pensent qu'ils sont invincibles. Personne n'est invincible, j'en suis la preuve vivante. À un moment donné, quand vous ne mettez pas les moyens au niveau de la sécurité, vous stoppez votre entreprise par le fait. Vous, quand vous êtes le patron, c'est votre entreprise qui va être stoppée. Et puis quand vous êtes l'employé, c'est votre vie tout court qui va s'arrêter, des répercussions avec vos enfants, votre femme, etc. Donc, euh... La prudence est toujours de mise, c'est certain, mais anticiper les dangers, Dieu sait s'ils sont nombreux dans notre métier. Dans notre métier, c'est vraiment... Je pense qu'il y a d'autres métiers qui sont sûrement comme genre cascadeurs, qui sont plus risqués, mais ils calculent toujours leurs risques. Et nous, on doit calculer aussi nos risques. Et puis si votre patron vous dit que ça coûte cher de la sécurité, il ne faut pas l'écouter, il ne faut pas le faire. C'est certain, il faut faire des choses comme elles doivent être faites.

  • Speaker #2

    Sébastien Therrier, bonjour. Vous êtes expert à la direction technique de l'OPP BTP et vous avez notamment travaillé 17 ans comme responsable travaux sur des chantiers de neuf et de réhabilitation. Que retenez-vous de ce témoignage ?

  • Speaker #3

    Bien sûr, ce récit de chute à travers une toiture en fibre au ciment parlera à tous les couvreurs. Je tiens à rappeler qu'une plaque en fibre au ciment ou en translucide ne résiste pas à une charge ponctuelle de plus de 15 kg. Ça veut dire que ce matériau ne résiste pas au poids d'un couvreur. Il faut le rappeler régulièrement à ses équipes et surtout bien se le mettre en tête. Autre point, et à mon avis le plus important, c'est que n'importe qui peut rappeler à un autre collègue ou même à son patron que ce qu'il fait est trop risqué ou dangereux, s'il ne porte pas son harnais ou s'il se met dans une situation trop dangereuse. Rien ne vous interdit de le signaler parce que ça peut sauver une vie.

  • Speaker #1

    Mon chantier en sécurité, un podcast réalisé par Prévention BTP. L'OPP BTP, c'est l'organisme professionnel de prévention du BTP. Paritaire, il est placé sous la tutelle du ministre en charge du travail. Il aide les entreprises du BTP à faire évoluer leurs pratiques afin de prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. C'est un service gratuit, rendu possible par les cotisations des entreprises. Retrouvez nos 6 épisodes sur toutes les plateformes de podcast et sur le site Prévention BTP.

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