- Speaker #0
Lorsque ce petit bolide atteindra 88 miles à l'heure, attends-toi à voir quelque chose qui décoiffe.
- Speaker #1
Ce qui place votre zone d'atterrissage à 5,0667 degrés de latitude nord et 77,3333 de longitude ouest.
- Speaker #0
Rien de tout ça, Mary.
- Speaker #1
Qu'est-ce que le réel ?
- Speaker #0
La seule variable constante est l'inattendue.
- Speaker #1
On ne peut pas la contrôler.
- Speaker #0
Je crois que vous êtes encore pire que ces créatures.
- Speaker #2
Elles,
- Speaker #0
elles n'essaient pas de se massacrer entre elles pour tirer le plus gros paquet. Voyons si une capacité de poussée de 10% permet de décollage.
- Speaker #1
Et 3,
- Speaker #0
2, 1... Chères auditrices, chers auditeurs, bienvenue dans ce nouvel épisode de Science, Art et Curiosité, le podcast du MUMONS. Aujourd'hui, et comme très souvent, je suis dans la brasserie du Vanderval Côté-Lamonce et je viens de vivre une préparation d'épisodes complètement dingue. J'ai vraiment hâte de te partager tout cela, et sans en dire plus parce que j'ai envie que tu découvres... Tout ça avec moi au fur et à mesure. J'accueille deux personnes aujourd'hui. Cécile Gerbeau. Salut Cécile.
- Speaker #2
Bonjour.
- Speaker #0
Comment vas-tu ?
- Speaker #2
Très très bien.
- Speaker #0
Et Grégory Morlighem. Bonjour. Comment vas-tu ?
- Speaker #1
Très bien, oui.
- Speaker #0
Alors, je maintiens un peu le suspense. Tu l'as vu, cher auditeur, cher auditeur. Je ne vais toujours pas indiquer de quoi on va parler aujourd'hui. Avant ça, je vais vous demander à tous les deux, chacun à votre tour, en quelques minutes, de juste expliquer qui vous êtes. et je peux... pense que ça donnera quelques indices aux auditeurs et aux auditrices pour découvrir ce dont on va parler aujourd'hui.
- Speaker #1
Alors je suis biologiste, je travaille quatre mois par an en Afrique du Sud et huit mois par an en Belgique.
- Speaker #0
Super, merci, on n'en dira pas plus, on verra après.
- Speaker #2
Voilà et donc moi je suis également biologiste et je passe une partie de mon année en Afrique du Sud et une partie de mon année en Belgique.
- Speaker #0
Alors maintenant on va rentrer un petit plus dans le détail, je vais quand même lâcher le sujet maintenant, j'avais prévu de le faire une question après, mais je pense que c'est important de le lâcher maintenant, c'est, on a tous cette image d'épinal, ces stéréotypes, je vais dire, sur les safaris en Afrique, en l'occurrence en Afrique du Sud, et les deux personnes qui sont avec moi, donc Cécile et Greg, sont des guides dans le parc Kruger, en Afrique du Sud, ils vont tout de suite nous en dire plus, et justement, ils vont nous parler de comment ça se passe sur place, de qu'est-ce qu'on peut y vivre, Qu'est-ce que ça véhicule comme message vers les personnes qui font cette expérience ? Et en même temps, on va un petit peu confronter un petit peu cette réalité du terrain que vous vivez tous les jours à ce qu'on peut voir dans les films, les séries, dans les documentaires aussi, pour faire un petit peu le point sur c'est quoi la réalité derrière ça. Et avant de faire ça, avant de rentrer dans le vif du sujet, je voudrais que maintenant vous preniez chacun et chacune un petit temps pour détailler votre parcours. Et répondre au final à cette question que je me suis posée assez vite aussi, c'est comment, en tant que biologiste qui ont étudié en Belgique, vous vous êtes retrouvé dans le parc Huguer à être guide safari ? C'est la question, j'ai l'impression.
- Speaker #1
Alors en fait, c'est une image. Quand dans les années 90, vers 18 ans, j'ai vu une émission avec Nicolas Hulot qui approchait un éléphant, ça s'appelait Opération Okavango. Je voyais cet éléphant qui s'approchait de la pirogue avec ses oreilles grandes ouvertes. Et là, je me suis dit, waouh, c'est ça que j'ai envie de faire. Ça, c'est mon rêve. Et puis après, il faut quand même choisir des études. Et je me suis dit que la biologie était peut-être le moyen le plus simple de m'orienter dans cette voie-là. Et donc, je suis parti pour des études de biologie. D'abord à l'université de Louvain-la-Neuve et ensuite l'université de Louvain-en-Valué. Donc, c'est une image. ou si c'est une image de... d'un documentaire animalier avec un animal qui s'avance vers une pirogue.
- Speaker #2
Alors moi j'avais choisi la biologie au départ parce que j'aimais justement tout ce qui était animaux et autres. Et donc j'ai d'abord fait mes deux candidats à Mons, à l'université de Mons. Et puis quand j'ai fini ma deuxième candidat, Louvain-la-Neuve avait ouvert une section en biologie moléculaire cellulaire humaine. Je suis partie à Louvain-la-Neuve, j'y ai rencontré mon futur époux, donc Greg. qui en fait à l'époque était déjà passionnée par l'Afrique. Et là j'ai terminé mon parcours de biologie à Louvain-la-Neuve, j'ai fait mon doctorat. Et puis bon ben voilà, après avoir travaillé dans différents laboratoires, j'ai suivi son impulsion et je suis rentrée dans une société qui n'avait rien à voir avec la biologie. L'Afrique, on a dû un peu la mettre de côté à l'époque parce qu'il y avait le travail, il y avait les enfants. Et puis quand les enfants étaient plus âgés, quand elles ont été en âge de pouvoir voyager, on est parti en Afrique. Parce que malgré tout, l'Afrique est toujours restée dans l'esprit de Grégory quelque chose d'important.
- Speaker #0
Alors juste pour que chers auditeurs, chères auditrices, nous comprennent bien ce dont on parle. Les deux personnes qui sont ici ne sont pas juste potes, elles sont ensemble. Vous êtes mariés ?
- Speaker #1
Oui, on est mariés.
- Speaker #0
Voilà, elles sont mariées, donc elles vivent en couple. Et donc, vous avez vécu ensemble cette expérience. Et à la base, j'ai l'impression, Greg, c'est plutôt, je vais dire, pas ton idéal, mais toi qui tires un petit peu vers l'Afrique ou ce n'est pas le cas ?
- Speaker #1
Oui, donc c'est le cas parce qu'en fait, je pensais à la fin de ma thèse partir en Afrique. Et puis, ma thèse, je ne l'ai pas terminée. Et j'ai commencé à travailler dans une entreprise, une entreprise familiale. Et donc ce rêve d'Afrique, il a été mis de côté. Il a été mis de côté jusqu'à l'âge de 40 ans. Et à 40 ans, c'est le moment où on prend des grandes décisions dans sa vie. Et il fallait que l'Afrique revienne. Et donc notre premier voyage a été fait en Afrique au Kenya, exactement. Mais un voyage un peu particulier dans le sens qu'on a passé 15 jours dans une ferme à voir comment la population locale vivait. Et avec nos enfants, on s'est rendu compte de ces conditions. Et pas seulement, je veux dire, une condition de... touristes qui seraient dans un parc animalier. Et c'est ce qui nous a plu, c'était découvrir cette Afrique authentique.
- Speaker #0
Tu le suis dans, je vais mettre plein de guillemets, son délire, entre guillemets, pardonnez-moi l'expression, un grec. Mais tu finis quand même par y adhérer.
- Speaker #2
Oui, parce que pendant 10-15 ans, il m'a rabattu les oreilles avec l'Afrique. Malgré tout, je suis biologiste, donc les documentaires animaliers, j'ai dit que j'adorais. Et puis, quand on a commencé à parler de l'Afrique et de voyager en famille, j'étais plus que partante pour le projet. Et puis, une fois que j'ai mis les pieds là-bas, c'était fini. J'étais conquise.
- Speaker #0
Alors, justement, on aurait pu s'arrêter là, entre guillemets, je caricature, un mois par an en Afrique en mode congé et le reste de la vie un peu comme tout le monde le connaît. Vous dépassez ça tous les deux ?
- Speaker #1
Tous les quatre, quand même. Tous les quatre ? Oui, parce qu'en fait, on a deux enfants. Camille, qui est la plus grande, et Chloé, qui est la plus petite, 27 et 25 ans. Et je pense que comme Cécile, elles ont été contaminées par le virus de l'Afrique. En tout cas, je veux dire des animaux. La plus grande, Camille, fait une thèse de doctorat sur la malaria. Et Chloé est vétérinaire. Donc, je pense que notre premier voyage a eu un impact sur le futur des enfants.
- Speaker #0
Et alors, vous dépassez un petit peu tout ça. Quand je dis vous dépassez, c'est que vous allez plus loin, en l'occurrence. Maintenant, vous passez un tiers, voire un demi de l'année là-bas. Qu'est-ce que vous y faites ? Comment ça se passe ? Et comment vous avez passé le cap de rester là-bas si longtemps ?
- Speaker #1
En fait, ce qui nous a fait changer de destination, donc on a d'abord été au Kenya, et on a été un peu déçus de l'image du safari, dans le sens qu'on nous avait montré les grands animaux, mais toute la complexité de l'écosystème, on ne nous l'a pas trop expliqué. Notre deuxième voyage s'est fait en Afrique du Sud, et là, c'est vraiment là que notre histoire commence, et c'est là qu'on a envie d'aller plus loin en Afrique. On rencontre des guides exceptionnels. qui passe autant de plaisir et de temps à nous expliquer une libellule, un caméléon, qu'un lion, qu'un éléphant. Et donc là, on avait la possibilité de comprendre l'écosystème de la savane, mais vraiment dans son entièreté. Et ça, on l'a retrouvé en Afrique du Sud, où il y a aussi un énorme volet conservation de la nature. Et c'est ce qui nous a porté.
- Speaker #2
Oui, d'ailleurs, en Afrique du Sud, le parc Ruger, en fait, va fêter ses 100 ans l'année prochaine. Il y a une conservation énorme de la nature. il y a... un respect total des animaux. Et donc nous, on a vraiment adhéré au projet de l'Afrique du Sud quand on a découvert le parc Kruger.
- Speaker #0
Et c'est plus ou moins à ce moment-là que vous décidez alors de vous investir en tant... Enfin, vous voulez devenir guide là-bas ou il se passe des choses entre eux ?
- Speaker #1
Donc en fait, on aimait les animaux, mais après avoir la capacité de partager et de guider, c'est encore autre chose. Donc on a entamé une formation en tant que guide, justement, suite à... à la rencontre d'excellents guides qui se trouvaient là-bas. Et cette formation, elle a deux volets. Le premier volet, c'est guide en voiture, en 4x4.
- Speaker #0
C'est un petit peu ce qu'on voit toujours dans les séries ou les films. C'est des gens qui sont dans des 4x4, etc.
- Speaker #1
Je veux même dire, c'est ce que vous voyez dans les films, mais c'est aussi ce que vous rencontrez si vous faites du tourisme en Afrique. En tout cas, orienté safari, 99 fois sur 100, c'est du safari en voiture. Et oui, je trouve que c'est intéressant pour voir les grands animaux, mais ça nous prive de... Plus petites espèces, mais aussi ça nous prive d'une immersion. Et quand on est à pied, là, on peut parler de véritable immersion.
- Speaker #0
Vous avez fait guide en voiture, mais en fait, après, vous êtes passé au niveau suivant, guide à pied. Donc vraiment emmener les gens à pied en autonomie pendant plusieurs jours dans la savane.
- Speaker #2
Oui, donc la formation se fait en deux parties. Il y a une partie théorique et grâce au Covid, on peut le dire. L'examen théorique se faisait à distance. et Pour pouvoir présenter cet examen, on a quand même étudié pendant un an. On a reçu des syllabus. Ces syllabus sont vraiment très généraux. Il y a de la biologie, de la climatologie, de la géologie. Il y a les bonnes pratiques pour pouvoir guider dans la savane. C'est vraiment très complet comme formation. Ensuite, il y a la partie pratique. Et donc là, cette partie pratique, nous on l'a fait en jury central, parce qu'on peut le faire avec des écoles, et donc ça implique de rester là-bas trois mois sur place et de suivre des cours, etc. Mais on peut également le faire en jury central, et donc on a étudié chacun séparément, et puis ensuite on a pris un mentor, un assesseur officiel, qui nous a fait passer cet examen pratique, là-bas sur place.
- Speaker #0
Et l'examen pratique, il consiste en quoi en gros ?
- Speaker #1
Alors l'examen pratique, c'est vous guider... votre assesseur pendant trois heures dans la savane, mais tout ce que vous rencontrez, que ce soit les arbres, les petits animaux, ou même les roches, vous lui donnez les explications. C'est ce qu'on avait apprécié, c'est cette approche globale de l'écosystème. Écosystémique,
- Speaker #0
on le disait.
- Speaker #1
Une approche systémique.
- Speaker #0
Il y a quand même une différence chez les guides. Il y a des guides armés et des guides non armés. Est-ce que vous pouvez m'expliquer un petit peu la différence entre ces deux types de guides et quel est leur rôle dans tout ce que vous faites ?
- Speaker #1
Il y a un terme qu'on entend souvent par ici, c'est ranger. Mais ranger en Afrique du Sud, ça n'a pas vraiment de signification. On va parler de field guide pour les guides qui sont en voiture et de trail guide et même big five trail guide pour les guides qui sont à pied. Et le big five, ça représente les environnements dans lesquels on a lions, buffles, rhinocéros, léopards, éléphants. Et là, le but est de faire des rencontres, notamment avec ces animaux. Et au niveau de l'Afrique du Sud, ça nécessite l'utilisation, en tout cas. le port d'une arme et une grande partie de l'examen va justement nous apprendre à utiliser cette arme en cas d'urgence tout en sachant, c'est important d'insister pour les gens qui nous écoutent, tout en sachant que c'est la dernière solution possible et que la présence des guides dans la savane est d'assurer la sauvegarde de la savane. Si aujourd'hui on n'a pas une présence à pied de guide avec des touristes ou même de rangers dans la savane, cette savane va être envahie par des braconniers. On a le rhinocéros qui est certainement une des espèces les plus menacées en Afrique. Et on a par exemple des anecdotes malheureuses, dans le sens où on était pendant un mois en campement, il y avait une présence sur place, mais à la fin du campement, quand on s'est retiré, quelques jours après, on a entendu que deux rhinocéros avaient été abattus par des braconniers. S'il y avait eu un relais, Donc à savoir s'il y avait suffisamment de personnes qui étaient intéressées par du safari à pied, de manière à pouvoir avoir des relais constants dans la savane, on assurait encore une meilleure protection à la savane.
- Speaker #2
Oui, donc comme dit Greg, c'est l'occupation du territoire qui est vraiment très importante pour pouvoir se battre contre le braconnage. D'ailleurs, je veux dire que nous, quand on marche dans la savane régulièrement, on est confronté à la présence de collets. Et donc un des rôles notamment des guides à pied dans la savane, c'est d'enlever ces collets. ou pour les collègues qu'on ne sait pas enlever parce qu'ils sont trop grands, on va simplement prendre leurs coordonnées GPS et les transmettre à la section anti-braconnage qui viendra ensuite enlever ces collègues.
- Speaker #0
Alors, toi Greg, tu es un guide armé. Cécile, toi tu es une guide non armée. Comment s'incarne cette différence dans votre métier de tous les jours et dans ce que vous pouvez faire ?
- Speaker #1
Au niveau du guide armé, il y a relativement peu de femmes qui sont guides armées parce que l'examen est physiquement très difficile. Il y a une mise sous pression dans des exercices, dans des scénarios d'attaque. Et il y a aussi le calibre qui est utilisé. Et même si, moi clairement, je n'ai même jamais, en situation de marche dans la savane, je n'ai jamais chargé une seule cartouche. Donc il faut savoir qu'il y a des cartouches en magasin, mais il n'y a rien dans la chambre. Comme les pilotes, on doit logger nos heures de brousse, donc de marche à pied, comme un pilote log ses heures de vol. J'ai plus ou moins 900 heures de marche, 54 face à face avec des animaux dangereux, donc le Big Five dont on a parlé avant. Et tout s'est toujours très bien passé, aussi bien pour l'animal que pour moi, que pour le groupe qui se trouvait derrière. Donc on ne doit vraiment pas voir l'arme comme une solution facile qui serait de se débarrasser d'un animal dangereux. L'utilisation de l'arme, ça représente un tiers de la formation. Et les deux tiers de la formation vont justement être... Comment comprendre ces animaux dangereux, Big Five, pour ne pas devoir utiliser son arme ? On a des connaissances qui ont 10 000 heures de brousse et qui n'ont même jamais chargé une seule cartouche.
- Speaker #0
L'idée de ce que j'entends quand tu racontes ça, c'est... L'arme est là comme l'ultime rempart, le dernier élément à utiliser au cas où il y aurait vraiment un cas extrême avec un animal qui charge. Mais pour le reste, il y a toute une série d'autres méthodologies, processus qui permettent de vivre correctement la confrontation à l'animal. Et là, je me tourne peut-être vers Cécile parce que justement, toi, tu es guide sans arme. Oui,
- Speaker #2
donc moi, je suis guide sans arme. Donc je peux guider des clients, des personnes dans des endroits... dans lesquelles il n'y aura pas le Big Five, donc comme Greg a dit, les animaux les plus dangereux. Maintenant, c'est sûr que le point le plus important est de comprendre l'animal qui est en face de soi et de repérer quels sont, dans son comportement, les signes qui montrent que l'animal est potentiellement dangereux ou pourrait éventuellement charger. Donc ça, c'est vraiment la plus grande partie de notre formation. Et quand on est face à un animal, il y a toute une série de signes que l'on va pouvoir interpréter, qui vont nous permettre de dire... oui effectivement là il y a un danger ou là il n'y a pas de danger. Mais je veux dire que moi je n'ai pas le permis d'arme et donc pour tout ce qui est plus technique au niveau de l'arme, c'est plus ce que Greg pourra le dire à ce moment-là.
- Speaker #0
Moi ça me pose quand même une question, j'ai l'impression que le critère de sélection c'est le Big Five par rapport à l'arme. Pourtant j'imagine qu'il y a d'autres animaux quand même qui restent dangereux dans la savane. Pourquoi ce Big Five est aussi important par rapport à je peux guider si j'ai une arme ou je ne peux pas guider si j'ai une arme quand il y a une zone avec Big Five ?
- Speaker #1
En fait, les zones sont clairement déterminées et c'est un aspect légal. Donc effectivement, on peut avoir une rencontre avec un serpent ou même, je dirais, avec une girafe. Il ne faut pas négliger le comportement d'une girafe. Ça peut être un animal dangereux, mais légalement, on va faire la différence entre ces environnements Big Five et l'autre qui ne sont pas. Je voudrais aussi attirer l'attention sur le fait que depuis le départ, on parle d'armes, on parle de munitions, on parle de dangers. mais ce qui nous vient et ce qui vient à l'esprit de les personnes qui nous suivent dans la savane C'est cet esprit de calme, de sérénité et de rencontre avec des animaux où on est émerveillé. Alors peut-être que le premier sentiment quand on voit un éléphant qui s'approche, ça va être ce sentiment de peur, mais tout de suite ça fait place à l'émerveillement. Et la compréhension des émotions, qu'est-ce qu'un animal peut ressentir ? Qu'est-ce que mon groupe peut ressentir ? Et moi en tant que guide, qu'est-ce que je peux ressentir ? Mais c'est toutes ces composantes qu'on va analyser pour que la rencontre se passe bien. Et ces rencontres se passent, je vais dire, à 99,9%, très très bien. Même charger une cartouche, c'est quelque chose qui n'est pas du tout nécessaire. Parce qu'on a un rapport avec les animaux qui vont être, eh bien je ne vais pas presser un animal de manière à ce qu'il se sente harcelé et que par rapport à ça, il réagisse de manière dangereuse. Si on a un terme qui va regrouper tout ça, c'est comment je peux être bienveillant avec mon environnement et comment cette attitude bienveillante va me mettre en sécurité par rapport aux animaux, on va dire, dits dangereux qui se trouvent dans mon environnement.
- Speaker #0
Et ce que tu dis là me permet de passer sur le sujet suivant qui est vraiment une philosophie de guide dans cet environnement qui est très marqué. tu me le disais, vous me le disiez même tous les deux c'est Au final, la seule chose que l'on doit laisser, c'est notre trace de pas. J'ai l'impression que derrière ça, il y a une espèce de grande leçon par rapport à la place de l'être humain dans la nature qui devrait être perçue, comprise par la globalité du genre humain et pas juste les personnes qui viennent en safari.
- Speaker #1
On entend souvent parler de l'homme et la nature. Là, en Afrique du Sud, en tout cas dans la savane, on va parler de l'homme qui fait partie intégrante de la nature. Donc, il n'y a pas de raison de le séparer par rapport à la nature. Et ensuite... Pourquoi Cécile et moi, nous avons envie de sauvegarder la savane ? C'est parce que c'est l'endroit où est née notre espèce, c'est l'endroit où est née Homo sapiens. Et si pour nous on n'arrive pas à protéger notre berceau, j'ai l'impression qu'au niveau des autres environnements, c'est encore beaucoup plus compliqué à les protéger. Et si on n'est pas capable de protéger des espèces aussi intelligentes, magnifiques, comme l'éléphant ou le rhinocéros, là j'ai des craintes par rapport aux autres petites espèces qu'on peut rencontrer chez nous.
- Speaker #0
Ce que tu dis est quand même assez intéressant par rapport à cette image aussi qu'on a, c'est le guide safari, il est là pour protéger le groupe. Or, dans toute l'histoire que tu viens de raconter, le guide safari, il est avant tout là pour protéger la savane du groupe, en quelque sorte. Donc comment en fait ce curseur est mis entre ces deux extrêmes que j'ai peut-être décrits, et encore une fois, je peux complètement me planter, donc n'hésitez pas à me reprendre sur cette vision, mais il y a toute une série de stéréotypes dans ce qu'on perçoit du safari. qui ne sont peut-être pas du tout exactes et que j'aimerais que vous puissiez détailler.
- Speaker #1
En fait, on va s'appuyer sur les sept lois de la savane. Il y a sept lois qui ont permis à l'homme de cohabiter avec les animaux, on va dire, en relative sécurité. On entend souvent parler de... C'est la jungle, la loi de la jungle, mais il y a beaucoup plus de coopération entre les animaux que ce qu'on peut imaginer. Et justement, nous, on va travailler un peu sur cette coopération et le groupe se sent vraiment dans son milieu. On considère qu'il faut 24 heures pour que les personnes soient complètement détendues quand elles marchent dans la savane.
- Speaker #2
Oui, c'est très rigolo d'ailleurs, parce que quand on emmène un groupe dans la savane, en général, en fait, le premier jour, ils sont extrêmement stressés. C'est mon Dieu, qu'est-ce qu'on va rencontrer ? Mon Dieu, qu'est-ce qui va se passer ? Où est-ce qu'on va manger ? Où est-ce qu'on va dormir ? Et on va devoir se laver dans la rivière, il y a des crocodiles, il y a des hippopotames. Mon Dieu, comment ça va se passer ? Et en fait, après 24 heures, il y a un déclenchement qui se fait chez eux. Ils sont chez eux, tranquilles. Au début, il faut les accompagner pour tout ce qu'ils doivent faire. Après, il faut parfois même les retenir parce qu'ils sont vraiment complètement déconnectés. Ils sont en toute tranquillité, en toute... confiance et je veux dire qu'il y a vraiment un retour aux sources par rapport à ça.
- Speaker #0
Vous employez l'expression back to home, retour à la maison où il y a vraiment cette sensation de revenir dans le berceau de l'humanité.
- Speaker #1
Ah oui vraiment et ça se ressent comme a dit Cécile le premier jour est le plus stressant et il y en a un autre qui est aussi très stressant ces derniers jours c'est quand les personnes se disent ah maintenant on va quitter cet environnement on n'a pas rencontré de voiture on a fait des rencontres avec des éléphants on a fait des rencontres avec des girafes Et puis là, maintenant, on va revenir dans un monde avec tout son stress. Et vraiment, c'est quelque chose qui est très ressourçant. Nous, on pensait que c'était propre à notre personnalité. On découvre ça chez toutes les personnes qui nous suivent.
- Speaker #2
Il y a vraiment une déconnexion complète parce qu'on se lève avec le soleil, on va se coucher avec le soleil, on est bercé dans les sons de la savane. Et comme dit Grégory, quand on rentre le premier jour au lodge et qu'on a les bruits du frigo qui se met en route pendant la nuit... une portière qui claque, tout de suite, les gens se rendent compte qu'on revient vite, très vite dans un milieu plus industrialisé. Alors,
- Speaker #0
à plus petite échelle, j'ai vécu un truc similaire. Il y a un festival à Mons qui s'appelle Mons en lumière. Et durant ce festival, toutes les voitures sont enlevées du parcours scénique qu'il y a dans Mons. Et Mons prend une autre dimension, en fait. Les piétons se réapproprient la rue. Il n'y a pas de bruit autre que ce... Il n'y a pas la voiture, en fait. Et c'est complètement dingue, ça. Ça nous permet de vivre la ville autrement. Alors, j'imagine que dans la nature, c'est encore un gap plus haut, quoi.
- Speaker #1
Oui, il y a deux phases. Il y a d'abord la déconnexion, comme tu viens de le dire, par exemple avec l'absence de voiture. Et ensuite, il y a la reconnection du corps avec la nature, dans le sens que, évidemment, sans GSM, sans montre, et donc sans notion du temps, on n'impose rien. Donc, il n'y a pas d'heure de lever quand on marche dans la savane. C'est on se lève avec le soleil. on se rend compte qu'après 24 heures, les gens savent précisément où ils se situent par rapport à leur journée. On mange quand on a faim, on a quasiment tous faim en même temps. Donc il y a vraiment une symbiose qui se recrée avec l'environnement.
- Speaker #0
Et c'est un petit peu ça que je trouve très intéressant. Je parlais dans ma question de grandes leçons à tirer par rapport à notre interaction avec la nature. J'ai l'impression que dans tout ce que vous vivez, il y a plein de choses à aller chercher pour justement... pouvoir permettre à chaque être humain de se reconnecter avec cette nature ?
- Speaker #1
Il y a la reconnection avec la nature et aussi ensuite, ce qui apparaît, c'est la vulnérabilité. Le fait qu'on soit en groupe et que ce qu'on réalise en groupe n'est pas possible seul, ça donne une autre dimension à cette expérience-là. Il y a aussi le fait de devoir prendre des décisions. Je parle là notamment pour les guides. Un guide, face à une approche, va devoir prendre des décisions. mais avec toujours malgré tout un risque potentiel étant donné qu'on s'adresse au monde du vivant. Et le fait de devoir prendre des décisions où évidemment on va minimiser le risque, mais que le risque n'est pas nul, quand on revient en Belgique, ça nous facilite dans la vie de tous les jours. Parce qu'on est quand même dans une société où on essaye à ce que le risque soit nul et que s'il y a quelque chose qui se passe, on en cherche un coupable. Donc c'est une autre attitude aussi quand on revient en Belgique de travailler avec... Oui, je fais quelque chose, je prends un risque et peut-être que j'aurai un échec et la prochaine fois, je m'améliorerai.
- Speaker #2
Moi, maintenant, par contre, si je me mets du côté des gens qui nous accompagnent, une des grandes choses qu'ils nous disent après, c'est la confiance en soi. Parce qu'il y a beaucoup de gens qui viennent avec nous et qui avaient un peu peur, justement, au départ, et avaient un manque de confiance en soi. Mais le fait de se rendre compte à la fin qu'ils ont pu le faire. Leur capital confiance explose en fait. Donc il y a la confiance en soi et alors il y a la solidarité. Donc c'est avant tout une expérience humaine puisque tout seul on ne peut pas le réaliser. C'est parce qu'on est tous en groupe, tous solidaires, que l'on peut réaliser ce genre d'expérience.
- Speaker #1
Une anecdote, justement, quand on part en autonomie, on dort à la belle étoile et donc on va avoir un tour de garde autour du feu. Et les personnes nous disent, oui, mais enfin, comment je vais fonctionner pour assurer mon tour de garde ? Alors, c'est remarquable de voir que déjà, elles sont stressées vis-à-vis de leurs responsabilités, vis-à-vis des autres, mais pas spécialement stressées pour elles. C'est déjà l'effet de groupe. Et ce à quoi on leur répond, oui, mais toi, quand tu iras dormir, la personne sur qui tu as veillé... elle fera la même chose pour toi, c'est ce qu'elle va te rendre.
- Speaker #0
Réciprocité.
- Speaker #1
C'est une réciprocité et le fait que ces responsabilités soient partagées, en fait, ça se passe toujours très bien au niveau du groupe.
- Speaker #0
Les personnes qui, justement, viennent en safari avec vous, qu'est-ce qu'elles cherchent au final ? Qu'est-ce qu'elles trouvent ? Est-ce que c'est la même chose ? Et si vous deviez retirer un petit peu des informations de tout ça, c'est pour elles, quand elles repartent, c'est quoi le sens d'avoir marché dans la savane ?
- Speaker #1
Il y a sur le point commun entre toutes les personnes, c'est certainement de vivre quelque chose de différent. Et quand on dit vivre, c'est vraiment vivre intensément, vu que nous, on va travailler en complète immersion. Donc ça, je pense que ça réunit toutes les personnes. Ensuite, est-ce que ces personnes viennent exactement pour la même raison ? Ça, je ne sais pas. Peut-être que certaines vont chercher un dépassement de soi. Peut-être que d'autres vont rechercher une reconnexion avec la nature. Peut-être un défi à relever. Peut-être un break. simplement dans leur vie de tous les jours. Nous, ce qui nous importe dans tout ça, c'est les valeurs qu'elles vont emmener avec elles. Donc, qu'est-ce qu'on va partager ensemble pendant cette expédition ? Alors, on le fait peut-être tous pour des raisons différentes, mais si on partage les mêmes valeurs, l'objectif est atteignable très facilement.
- Speaker #0
Une question qui, moi, me pend aux lèvres, c'est, on a parlé de ces fusils, etc., mais ça ne se limite vraiment pas qu'à ça. Tu l'as dit plusieurs fois, mais... Comment ça se passe au final les interactions avec les animaux dans cette savane quand vous vous baladez ? Est-ce que c'est juste qu'on les voit de loin ? Est-ce qu'ils viennent de façon très très proche ? Est-ce qu'ils chargent ? Est-ce qu'ils sont agressifs ? Est-ce qu'ils sont passifs ? Comment ça se passe ? Et j'imagine qu'il y a tous les cas possibles et inimaginables. Mais nous raconter un petit peu ces interactions avec ces animaux qui parfois nous paraissent très déconnectés de ce qu'on en est, humains, alors qu'il ne faut jamais oublier que l'humain reste. Un animal parmi d'autres.
- Speaker #1
Alors déjà, il faut partir sur une loi de la savane. C'est la loi numéro 4 qui nous dit qu'évite tout conflit inutile. Les animaux n'ont pas une énergie à perdre dans un conflit inutile. En tout cas dans la savane, c'est peut-être parfois devenu une spécialité chez l'homme, mais pas chez les animaux. Et donc, c'est possible qu'on ait un éléphant qui nous approche. Ça nous arrive. Un éléphant qui va approcher à une vingtaine de mètres. Et puis, par rapport à cette approche, nous, on va avoir toute une série d'outils. pour éviter justement de devoir mettre une cartouche. Alors le premier outil, c'est simplement se montrer. Ensemble, le groupe va se lever, ou s'il est déjà debout, il va avancer vers l'éléphant. Ça va être un signal pour dire à l'éléphant, voilà, nous existons aussi. Dans ta savane, nous aussi, nous sommes là. Ensuite, simplement lever la main, faire un signe, siffler, crier, et après, on va arriver dans des niveaux d'intimidation qui seront plus élevés, comme par exemple charger une cartouche. Il faut savoir que dans les 54 rencontres qu'on a déjà réalisées, siffler est le niveau le plus haut qu'on ait atteint. Ça peut paraître surprenant, mais de voir un rhinocéros à 5-6 mètres et que quand il veut encore s'approcher plus près, pas nécessairement avec des mauvaises intentions, mais à un certain moment, il faut quand même mettre une limite quelque part, le fait de siffler, de claquer des doigts, ça va éveiller son attention. Et c'est notre manière de lui montrer que nous aussi, nous avons une zone de confort et une zone d'alerte, une zone de warning, une zone dans laquelle on lui dit maintenant c'est tout. Là, tu es trop proche de nous. Et c'est le fait de placer ces limites par rapport à un animal qui va faire qu'on ne va pas devoir aller justement dans les étages supérieurs. Ça, c'est aussi une métaphore dans la vie de tous les jours. C'est où je mets la limite pour ne pas devoir réagir ou sur-réagir de manière trop importante.
- Speaker #2
Moi, si je peux juste raconter une petite rencontre un peu marrante, en fait, c'est lors d'un tour de garde. Donc, on est en pleine nuit et donc pendant la nuit, on doit chacun à son tour pendant une heure. Surveiller simplement le camp et surveiller le feu. Et donc ça se passe comment ? On est autour du feu, on veille à ce que le feu soit maintenu. Et puis toutes les 5-10 minutes, on se lève, on fait un tour avec sa lampe torche pour voir qu'effectivement il n'y a rien autour du camp et aucun animal qui rentre dans le camp. Et en fait, ça fait 5 minutes que je viens de commencer, je me lève et puis là, avec ma lampe torche, je balaye et puis là, deux yeux rouges qui me regardent. Alors les yeux rouges, il faut savoir que ce sont des prédateurs. Donc là, tout de suite, je comprends bien que le prédateur n'est pas très loin et qu'il est en train de me regarder. Je me dis, il y en a peut-être d'autres yeux. Donc, je continue à balayer avec ma lampe torche et puis je me rends compte que non, ces deux yeux sont là toujours. Ils sont bien tout seuls. Je reviens sur les yeux qui sont toujours là. Et puis, normalement, l'histoire veut que je doive me rasseoir, attendre cinq minutes. Mais ça, je ne sais pas le faire. Je suis trop stressée. Et donc, je refais un tour sur moi-même. Et sur le temps où je fais le tour, en fait, les yeux se sont rapprochés. Alors là, ce que je fais, c'est que plutôt que de réveiller le mentor, je réveille mon mari en disant, Greg, regarde, là, il y a deux yeux. Et sur le moment où je lui fais le signe qu'il y a deux yeux, en fait, les deux yeux plongent sur le sol.
- Speaker #0
Et là, on comprend tout de suite que c'est un félin, un chat. On réveille le mentor avec toutes les lampes torches braquées dessus. C'était un beau léopard qui s'était approché, qui venait voir ce qui se passait dans le camp. Mais là, une fois qu'il était repéré, simplement, il est parti. Donc voilà, ça, c'est le genre de petite interaction qu'on peut avoir. Mais in fine, qui se passe très bien, en toute bienveillance, puisque l'animal, il reprend son chemin, il s'en va. Il faut savoir quand même que je n'avais fait que cinq minutes de tour de garde. Donc là, tout le monde est reparti dormir. Moi, j'avais encore 55 minutes après à tenir toute seule autour de mon feu en sachant qu'il y avait un liopard pas loin.
- Speaker #1
Question peut-être un peu délicate, donc peut-être qu'elle sera en off si vous me dites qu'elle doit passer en off. Mais là, on a parlé des animaux. Moi, je voudrais reparler des humains qui font les safaris, des accidents, des problèmes. Qu'est-ce qu'on peut rencontrer avec un groupe au final ?
- Speaker #2
Alors, on pourrait tout rencontrer, mais nous, ce qu'on va craindre, c'est la déshydratation. Ce sont des personnes qui vont être chargées trop lourdement pour partir six jours en autonomie. Et c'est une mauvaise protection par rapport au soleil. Alors ça paraît surprenant, mais ce sont les canons. Heureusement, on prépare bien les personnes qui nous suivent au niveau des informations. Donc on n'a jamais rencontré ce genre de soucis. Mais ce sont les soucis qui sont les plus fréquemment rencontrés par les guides. Et donc pas nécessairement une aventure qui aurait mal tourné, une rencontre qui aurait mal tourné avec un animal.
- Speaker #1
Encore une fois, je reste sur ce côté un petit peu touristique et ces images d'épinal. On a aussi cette image du documentaire animalier qu'on a tous, parce qu'on regarde National Geographic, parce qu'on regarde Arte, etc. Comment vous, qui êtes sur le terrain, et je pose la question à tous les deux, vous comparez ce qu'on voit dans ces documentaires et ce que vous vivez effectivement avec le groupe sur le terrain ?
- Speaker #2
Alors, l'image qui est donnée aux spectateurs de manière générale, elle est quand même assez partielle parce qu'on présente la savane comme une grande étendue d'herbe avec de temps en temps un arbre, un acacia au loin et peut-être un éléphant au loin. Il faut savoir que les premiers safaris photo, les premiers documentaires animaliers ont été tournés au Maasai Mara. Et donc effectivement, c'est la plaine du Maasai Mara.
- Speaker #1
Ça se trouve où ça le Maasai Mara ? Kenya. Kenya, d'accord.
- Speaker #2
Et donc comme la majorité des documentaires animaliers ont été tournés là-bas et encore aujourd'hui, la majorité de documentaires... Alors pour une raison qui est très simple, c'est qu'en fait, ils ont le droit d'approcher au Maasai marin avec leur 4x4 très proche des animaux. C'est pour ça que les vidéastes choisissent en général ce parc. Mais à côté de ça, la savane est beaucoup plus complexe que ça. On peut avoir une savane inondée, on peut avoir une savane avec des arbres très très grands, on peut avoir une savane semi-arbustive avec des buissons partout. Et là, c'est certainement un atout du parc national Kruger. C'est comme il s'étend sur 300 km nord-sud. Eh bien, on va traverser cet écosystème. Et donc, effectivement, il existe cette savane herbeuse qui représente un écosystème. Mais il y a encore six autres écosystèmes à découvrir.
- Speaker #0
Alors moi, si je peux rajouter, c'est que quand on regarde justement ces reportages qui sont faits sur le Kenya, comme disait Greg, en fait, ils ont le droit d'aller n'importe où avec leur 4x4. Et en allant n'importe où avec leur 4x4, ils écrasent simplement la savane. Ils écrasent tous les petits animaux, certains. tortu, caméléon, ils écrasent également toutes les jeunes pousses et toutes les plantes qui sont sensibles et donc ainsi ils détruisent l'écosystème parce que justement en écrasant tout, rien ne peut repousser. Par contre si on prend en Afrique du Sud dans le parc Kruger, en fait le hors pistes donc le fait de pouvoir voyager n'importe où est interdit. On est obligé de rouler sur des routes ou de rouler sur les pistes et donc ça permet justement à tout ce qui est en dehors de ces pistes de pouvoir se régénérer et Donc, c'est... C'est grâce à ça qu'il y a des arbustes, qu'il y a des grands arbres, comme Greg disait. Ce qu'au Maasai Maréa, malheureusement, c'est en train de disparaître.
- Speaker #1
Je voudrais revenir ici, et ce n'était pas prévu, donc improvisation complète, mais sur la notion de parc. Un parc, c'est un territoire protégé. Qu'est-ce qui se passe dans ce parc ? Comment les animaux passent de l'extérieur du parc à l'intérieur du parc ? C'est quoi tout ça ?
- Speaker #2
C'est une bonne question, c'est un grand débat. Parce qu'au départ, il y avait l'idée, pour les parcs nationaux qui ont été créés de manière générale en Afrique, que ces parcs ne soient pas clôturés. C'est le cas du Maasai Mara, par exemple, qui n'est pas clôturé. C'est le cas en Namibie du parc Etosha. Mais il faut savoir qu'avec une pression urbanistique constante aux portes du parc, qu'est-ce qui se passe ? On a des interactions entre les animaux et notamment les éleveurs. Donc il y a pas mal de lions, de prédateurs, qui ont trouvé que c'était beaucoup plus facile de chasser une vache qu'à l'intérieur. Et donc ils se sont fait abattre, si on parle de Namibie. Ils se sont fait empoisonner, si on parle du Maasai marin. Donc la question c'est, est-ce que c'est bien de fermer un parc ?
- Speaker #1
En Afrique du Sud, le Kruger est fermé ? Alors,
- Speaker #2
le Kruger est fermé dans sa partie ouest. Dans sa partie est, il n'est pas fermé. Ce sont des frontières naturelles comme une chaîne de montagne et comme les rivières au nord, c'est la rivière Lempopo. Mais il faut aussi se rendre compte que la taille du Kruger, c'est la taille de la Wallonie. Et quand on prend le Kruger plus toutes les réserves adjacentes, ce sont dans ces réserves-là que nous, on travaille principalement, ça représente la taille de la Belgique. Donc parfois, les gens se disent, ah mais tiens, c'est un parc fermé. Oui. Mais c'est énorme.
- Speaker #1
C'est important de revenir là-dessus pour comprendre le chemin public.
- Speaker #2
Si maintenant on prend les populations animales dans certains parcs ouverts, à cause de ces conflits entre les populations et les animaux, on a des diminutions de 50% de la population. Si on prend rien que le cas des éléphants dans le parc Ruger, nous, notre première visite, c'était il y a 11 ans. A l'époque, il y avait 12 000 éléphants dans le parc Ruger. Aujourd'hui, grâce à cette protection, grâce au fait que les interactions entre les populations locales et les animaux, et notamment au niveau de l'agriculture, ne sont plus permises à cause de ces clôtures, il y a 22 000 éléphants dans le parc rugueur. Donc là, on arrive à un problème maintenant, qui est un problème de surpopulation. La difficulté du parc rugueur, c'est de lutter contre une trop bonne conservation de la nature qui fait que certains animaux sont rentrés en grande quantité.
- Speaker #1
Je voudrais vous poser une question un peu philosophique par rapport à ça. Est-ce qu'au final, dans notre société actuelle, il ne faudrait pas inverser le paradigme et dire qu'on a des zones très limitées où on peut mettre des industries et des zones beaucoup moins limitées, énormes, où la nature peut reprendre ses droits ?
- Speaker #2
Oui, c'est ce qui se passe, notamment au niveau des parcs. C'est que certains parcs qui n'étaient pas du tout chauds pour avoir des clôtures, maintenant on voit qu'en Tanzanie, on a une clôture qui est en train de se construire parce qu'il y a eu trop d'interactions entre les humains et les animaux. Moi, ça ne me dérange pas du tout. qu'en fait on ait des animaux qui soient dans un espace complètement préservé et 100% dédié aux animaux et que les activités humaines se fassent en dehors de ces parcs. Pour autant, pour autant, tout le monde a la possibilité financière de se rendre dans un parc Parce que quelque part, ça fait partie du patrimoine, je vais dire, patrimoine de l'humanité, notre patrimoine.
- Speaker #1
Patrimoine terrien, parlons peut-être de patrimoine terrien, parce que ça donne un sentiment d'appartenance à l'être humain d'une zone qui lui appartenait, il n'y a pas nécessairement. Je reprécise quand même ma question, c'est en termes de rationalité d'espace, en termes de ratio d'espace, pour l'instant, les parcs occupent beaucoup moins d'espace que le reste. Est-ce qu'à un moment, ce ne serait pas intéressant d'inverser la tendance et de pouvoir agrandir ces parcs ? et de limiter les zones industrielles, habitées, etc., pour que l'homme retrouve sa juste place dans la nature ? Point d'interrogation. C'est une question très vaste et je ne vous demande pas nécessairement un avis scientifique, peut-être juste un avis personnel par rapport à ce que vous vivez sur place.
- Speaker #0
Je pense que c'est difficile d'inverser la tendance vu la pression humaine, simplement. Maintenant, ce qui est super important pour ma part, c'est la conservation des habitats actuels. C'est le plus important. Et malheureusement, cette conservation des habitats actuels doit passer par ce système de clôture, de parc clôturé. Actuellement, étant donné justement, comme disait Grégory, la surpopulation des éléphants dans le parc Ruger, il y a une volonté de faire un parc transfrontalier qui pourrait partir de l'Afrique du Sud et remonter jusqu'en Tanzanie. Et donc, ils sont en train justement d'essayer de pouvoir connecter différents parcs l'un à l'autre pour permettre à ces éléphants de pouvoir voyager sur des terres qui sont beaucoup plus grandes. Mais ça implique que chaque pays accepte les mêmes règles de conservation. Or malheureusement, certains pays, en fait, il y a encore de la chasse, les gens n'ont pas assez de travail pour pouvoir ne pas chasser simplement la petite antilope et autres. Donc il y a une volonté de pouvoir agrandir ces parcs, mais c'est très difficile actuellement.
- Speaker #2
Il faut garder l'équilibre entre agrandir le parc, sauvegarder les animaux, et ensuite ne pas arriver à certaines situations. comme en Tanzanie où il y a des maceilles qui ont été déplacées et qui ont dû quitter leur terre ancestrale. Et après, pour revenir à la question de la cohabitation, on a la chance d'avoir le loup qui revient en France, mais il suffit de voir tous les problèmes que ça cause pour une cinquantaine de loups qui sont en train de se déplacer.
- Speaker #1
Au final, j'ai l'impression qu'en fait, ça interroge réellement et c'est une vraie interrogation. Il n'y a pas de réponse claire. La juste place de l'homme dans la nature. Ce qu'il peut faire, ce qu'il doit faire, ce qu'il ne peut pas faire, c'est vraiment quelque chose de très compliqué à l'heure actuelle dans notre société, de limiter cette pression humaine tout en essayant de garder une place dans le cycle de la nature. J'ai l'impression que c'est sur ça peut-être qu'on peut se mettre d'accord.
- Speaker #2
Oui, et alors peut-être, comme tu l'as dit, au niveau des guides, l'essentiel c'est de laisser le minimum de traces derrière nous. Quand on quitte un campement, il n'y a que la trace de nos pas et même le feu va être complètement réhabilité. On appelle ça la réhabilitation du feu. Donc on ne verra pas, même si c'est écologique, même si c'est des cendres, où on ne crée pas de déchets dangereux, au moins ces cendres n'existent plus. On a tout un système pour les faire disparaître. Et là, c'est de se dire, notre empreinte, qu'est-ce qu'elle est ? Parce qu'on est plus souvent en train de se poser la question de la protection des espèces. Je ne pense pas qu'il faut trop se tracasser pour la protection des espèces. tant qu'on est dans la protection de l'habitat. Après, la nature fait son travail elle-même, mais c'est la protection de l'habitat qui est plus importante que la protection de l'espèce.
- Speaker #1
La question de l'interventionnisme, du non-interventionnisme, il y a une question qui, par exemple, vient sur le tapis au niveau des spécistes, ces gens qui refusent de manger différentes espèces, etc. Et c'est philosophique. Mais n'empêche, c'est intéressant parce qu'il y a tous des mouvements différents chez les spécistes où certains se disent non, on ne doit pas intervenir, et d'autres se disent non, on doit intervenir pour préserver le vivant. Et encore une fois, c'est une question de curseur. Où est-ce qu'on le met et qu'est-ce qu'on veut en tant que société humaine ? Et j'ai l'impression que cette question-là, elle est au centre des débats à l'heure actuelle et ce ne sera pas facile de trouver une réponse.
- Speaker #0
Moi, je voulais aussi ajouter que l'éducation est quelque chose de très important parce que c'est bien beau tous ces parcs comme le Kruger, etc. Mais il faut savoir quand même que c'est un coût pour pouvoir entrer dans ces parcs et que donc la population locale qui vit autour de ces parcs, malheureusement... sont quand même encore des populations qui sont défavorisées et donc ces personnes n'ont pas la possibilité de rentrer dans le parc et de pouvoir voir exactement qu'est ce que c'est un rhinocéros, qu'est ce que c'est un éléphant et donc actuellement en Afrique du Sud en tout cas il y a plusieurs associations et initiatives locales qui justement se mettent en place et proposent aux enfants des communautés défavorisées de pouvoir passer trois quatre jours dans le parc Ruger justement pour se rendre compte Voilà. Pourquoi est-ce qu'il faut défendre un rhinocéros ? Pourquoi est-ce que c'est important ? Tout cet écosystème, pourquoi l'habitat est important ? Et c'est par l'éducation qu'on va pouvoir enseigner ce genre de choses.
- Speaker #2
On ne peut pas demander à une population locale qui a des difficultés pour subvenir à ses besoins de préserver la nature sous seul prétexte que ça fera le bonheur de quelques touristes. Donc il y a des enjeux beaucoup plus grands.
- Speaker #1
C'est le fameux dicton, la fin du monde ou la fin du mois.
- Speaker #2
Et alors quand on parle d'agrandissement, Cécile a parlé d'agrandissement de parcs. Ce sont des projets qui prennent énormément de temps. On est sur des dizaines d'années pour avoir les accords. C'est en train de se faire, mais ça prend énormément de temps. Et comment aborder ce problème avec une population locale qui, elle, regarde à la fin, comme tu dis, à la fin de la semaine ou à la fin du mois ?
- Speaker #1
Et ce qui est super intéressant dans ce que vous dites, c'est qu'au final, même les gens qui sont autour du parc, puisque de ce que je comprends, ils ne sont pas dans le parc, ils sont autour du parc, ne sont pas nécessairement sensibilisés à ce qui se passe dans le parc. C'est un peu comme si pour eux, même s'ils sont à 200 mètres de la clôture, ils ne savaient pas ce qui se passait au-delà de la clôture. Et au final, ils sont aussi déconnectés de la nature que nous on l'est en fait, alors qu'ils sont juste à côté.
- Speaker #2
L'association dont Cécile parle, qui a pour but justement de réimmerger les populations locales et en tout cas de leur faire prendre connaissance de leur propre faune, on a une anecdote qui est triste. Une dame qui a 80 ans et qui se rend pour la première fois dans le parc et qui voit effectivement... rhinocéros, éléphant. Et quand tout le monde, de ce qu'elle en ressent, elle dit deux choses. D'abord, c'est formidable. Et la deuxième chose, c'est que pourquoi j'ai dû attendre l'âge de 80 ans pour voir ces choses formidables qui sont à côté de chez moi.
- Speaker #1
C'est assez fou et c'est assez émouvant de se dire que cette déconnexion humaine de la nature, où qu'on soit, qu'on soit à 500 mètres de ce parc ou à 5000 kilomètres, elle est là. Et on a du mal en tant qu'être humain à rester connecté avec cette nature. Et même quand on essaie de la préserver, on crée une déconnexion au final.
- Speaker #2
Alors il y a quelqu'un qui nous a montré, alors ce n'est pas très récent, mais c'est le jeune Phyllis Jarrell Kennedy quand il était en visite au parc Yellowstone. Il avait une approche qui était beaucoup plus globale de la préservation de la nature et notamment des parcs. Il disait qu'en fait, on doit conserver des espaces dans un monde de plus en plus industrialisé où l'homme aura la possibilité de se ressourcer. Et donc on n'est pas dans une... protection de la nature simplement pour la protection de la nature, mais une protection de la nature avec un bénéfice pour l'homme. Et c'est parfois ce qu'on a tendance à oublier. On a l'impression qu'on veut sauver la nature avec ce geste de sauveur et de devoir, mais sans prendre connaissance qu'en fait, c'est un ressourcement pour l'homme. Et de voir qu'il l'est dit en 1967, en parlant d'un pays de plus en plus industrialisé et d'un homme déconnecté, je serais curieux de voir maintenant ce qu'il dirait de notre civilisation.
- Speaker #1
Le but du podcast, c'est aussi de se rattacher à des œuvres culturelles. Donc là, je vais vous poser une question directement connectée à ça. C'est quand vous regardez des films, des séries, peut-être qui parlent de safari, de parcs nationaux, etc. Est-ce que vous voyez des stéréotypes qui vous font marrer ou vous vous dites, mais ils sont complètement à côté de la plaque, qu'est-ce qu'ils racontent ? Ou est-ce que vous voyez des choses plutôt assez cohérentes ? Est-ce que vous pouvez me partager quelques exemples de positifs et de négatifs que vous voyez dans ces films et séries par rapport à ce que vous, vous vivez sur le terrain ?
- Speaker #2
Alors moi je vais parler du tourisme plutôt. J'essaierai Cécile parler de...
- Speaker #1
Il te refile la patate chaude Cécile !
- Speaker #2
Quand on organise le safari, les personnes nous disent, et notamment les guides sur place, c'est chouette vous travaillez dans ce qu'on appelle old style safari. Vous travaillez dans un safari de vieille époque, un peu comme Out of Africa. A savoir que si on cherche l'immersion, le luxe n'est certainement pas une piscine à débordement, le luxe n'est pas de l'air conditionné dans une chambre. Le véritable luxe pour nous, c'est l'espace, l'espace qui est autour de nous et le temps qu'on peut y consacrer. Donc, ce sont deux choses qui sont très importantes. Aujourd'hui, je pense que ça fait partie, en tout cas, ce serait bien que ça fasse partie d'un mode de tourisme qui doit être abandonné. Est-ce qu'on peut offrir des séjours avec des piscines à débordement dans une région où la population a des difficultés pour trouver de l'eau ? Est-ce qu'aujourd'hui, c'est normal d'apporter de l'eau par camion-citerne comme dans certains loges le font ? A mon avis, non. Ça n'a pas de sens. Est-ce que les gens sont coupables d'utiliser ces loges-là ? Non, parce qu'en fait, ils ne sont pas au courant. C'était un projet, on regrette qu'on n'ait pas pu le mettre en place. Mais quand vous achetez un frigo, vous savez s'il est A, B, C ou D. Nous, c'était l'idée de se dire, tiens, une réserve qui vous accueille, quelle est sa gestion de la nature ? Est-ce qu'elle est A, B, C ou D ?
- Speaker #0
Non, moi je pense qu'il y a de très bons documentaires animaliers, je veux dire, il ne faut pas critiquer, mais c'est vrai qu'il y a certains documentaires qui aiment bien monter des images pour raconter une histoire et donner un caractère plus humain et raconter une histoire. Il y a un peu de l'anthropomorphisme dans certains documentaires, parfois même simplement, enfin bon, je veux dire, c'est parce qu'on a le côté biologiste qui ressort. où on monte un singe dans un arbre qui mange un fruit qui prend dans l'arbre, mais qui n'est pas du tout le fruit de l'arbre. C'est plus à ce genre de choses que moi je pensais...
- Speaker #1
Certaines incohérences pour essayer de transmettre une histoire par-dessus tout, alors que cette histoire n'existe pas.
- Speaker #0
Et en essayant de mettre des émotions qui sont certainement nécessaires pour le spectateur, mais des émotions qui n'existent pas dans le chef des animaux qui sont finis.
- Speaker #2
Après, il y a évidemment une accroche qui doit être faite avec le spectateur. si la finalité c'est que la personne soit sensibilisée. à la protection de la nature, on peut pardonner évidemment des fautes qui sont faites. En tout cas, comme dit Cécile, ne pas partir sur l'anthropomorphisme et trouver des réactions qui ne sont pas nécessairement des réactions de l'animal, mais les réactions qu'un homme aurait s'il était à la place de l'animal.
- Speaker #1
Une autre question par rapport à ce tourisme au final, c'est ces images de célébrités qui viennent chasser hors ou dans des parcs, je ne sais pas exactement, je vous laisse préciser tout ça. des animaux, des lions, des éléphants, des girafes, qui créent souvent beaucoup de remous sur les réseaux sociaux. Comment, vous, en tant que guide, vous vous positionnez par rapport à ça ? Qu'est-ce que vous vivez sur place ? Qu'est-ce que vous voyez ? Qu'est-ce que vous avez envie de partager par rapport à ces questions ? En sachant que, de notre préparation avant l'enregistrement, je comprends que ce sont des questions qui sont au final beaucoup plus compliquées que ce que moi je pensais initialement.
- Speaker #2
Alors, le mot chasse, il soulève pas mal de questions. On va déjà remettre... à sa juste proportion, le nombre de touristes qui se déplacent en Afrique pour la chasse, il en existe, je parle de toute l'Afrique, je ne parle pas que de l'Afrique du Sud, c'est 18 000 touristes par an. Et si on prend le nombre de touristes qui se déplacent en Afrique du Sud pour du safari photo, donc pas du safari de chasse, c'est 9 millions. Donc déjà, même si évidemment certaines images sont choquantes quand on abat un animal, Ce ne sont pas les images les plus fréquentes. Ça reste très anecdotique.
- Speaker #1
Les images les plus visibles, mais pas nécessairement les plus fréquentes en termes d'occurrence. C'est ça qui est important de faire comprendre. Maintenant,
- Speaker #2
on a parlé de la protection de l'habitat. Sans être chasseur, je ne suis pas chasseur du tout, mais les 18 000 chasseurs qui viennent chaque année en Afrique vont occuper 60 % des territoires sauvages. Ça veut dire que ces territoires-là n'ont pas nécessairement un intérêt pour le touriste qui vient faire un safari photographique. Il faut comprendre qu'un Américain qui vient chasser un buffle et qui va mettre 25 000 $ pour tuer un buffle, lui, qu'on n'ait pas une superbe rivière, qu'il n'y ait pas d'autres espèces à cet endroit-là, somme toute, ça ne le dérange pas trop. Lui, ce qu'il veut, c'est abattre un buffle. Alors, qu'est-ce qui va se passer quand il aura abattu son buffle ? C'est que les 25 000 $ vont être répartis pour la conservation de la nature et pour la population locale. La question, c'est si demain, ces territoires ne sont pas utilisés pour la chasse, qu'est-ce qu'ils vont devenir ? S'ils sont utilisés pour l'agriculture, là, c'est clair qu'au niveau espèces sauvages, on aura perdu au change. Est-ce qu'il faut promouvoir la chasse ? Certainement pas. Mais c'est ce qu'on essaye, nous, avec le safari à pied, c'est de se dire... Toutes les surfaces, toutes les réserves, on peut y trouver quelque chose de très intéressant. Et donc le but, c'est que le touriste photo, le touriste safari photo, vienne aussi dans ces environnements-là. Et qu'il n'est pas que à l'idée de rencontrer le B5, les cinq espèces qui ont été vendues en agence de voyage.
- Speaker #1
Je vais synthétiser un peu ton propos. Au final, ces chasseurs contribuent à un système par le fait de payer la chasse et donc permettent quand même une viabilité du système. Donc ils sont utiles dans le système. Est-ce que ce n'est pas triste à l'heure actuelle de se dire que c'est la chasse qui permet partiellement de faire en sorte que le système soit viable et qu'on puisse préserver cette nature ? C'est un peu paradoxal.
- Speaker #0
Oui, c'est un peu paradoxal, mais de nouveau, comme Grégory le disait, c'est le fait d'occuper le territoire qui protège le territoire. Or, comme ces territoires-là n'ont pas forcément un bel attrait au niveau animaux, au niveau paysage, ces territoires-là ne sont pas... pas attirants pour le touriste normal. Et donc, il n'est pas protégé. Et donc, c'est malheureux, mais effectivement, le fait d'utiliser ces territoires-là pour de la chasse, même si je ne suis pas du tout chasseuse comme grec, le fait de faire de la chasse dans ces territoires, ça protège la...
- Speaker #1
À l'heure actuelle, vous voyez que cette chasse vous permet de protéger des territoires qui sont hors parc et qui ne pourraient pas être protégés dans d'autres cas.
- Speaker #2
Alors, il y a aussi un côté stratégique. Si vous avez une réserve dans laquelle vous avez des rhinocéros, il faut savoir que vous allez avoir une pression énorme au niveau du braconnage. Si cette réserve dans laquelle vous ne chassez pas, elle est attenante à d'autres réserves dans lesquelles, évidemment on ne chasse pas le rhinocéros, mais dans lesquelles on va chasser le buffle, il faut savoir que le fait d'être encerclé par ces réserves, vous avez une bonne ceinture contre le braconnage. Parce que jamais ces réserves ne vont laisser passer sur leur territoire des braconniers qui vont vouloir aller chercher une corde de rhinocéros dans votre réserve. C'est malheureux que le financement ne vienne pas d'ailleurs, mais effectivement, il y a un financement de la protection de la nature qui vient de la chasse.
- Speaker #1
Donc, ce que vous êtes en train de dire, c'est qu'à l'heure actuelle, il faut faire avec les contraintes qu'il y a et ces contraintes intègrent la chasse.
- Speaker #2
Le monde idéal, c'est un monde de protection de la nature avec suffisamment d'investissement des États dans la protection de la nature et suffisamment de ressources au niveau du tourisme pour la protection sans passer par la chasse.
- Speaker #1
Alors maintenant, on va revenir un peu en Belgique. Après avoir parlé longtemps de ces territoires en Afrique du Sud, vous l'avez dit au tout début, tous les deux, vous passez un certain temps en Afrique du Sud, un certain temps en Belgique. Qu'est-ce que vous faites quand vous êtes en Belgique ? Qu'est-ce que vous avez rapporté de ce que vous vivez en Afrique du Sud, en Belgique, et que vous essayez de partager ?
- Speaker #0
Alors en Belgique, ce que l'on fait, c'est qu'on fait des conférences sur justement notre vie là-bas, sur nos enseignements là-bas. Donc on a différentes conférences qui tournent, qui sont présentées en université, en école doctorale et autres. Et puis on organise des formations, mais ça j'ai plus laissé la main à Grégory puisque ça c'est plus son domaine.
- Speaker #2
Ce qui nous est apparu en Afrique du Sud durant notre formation, c'est que pour pouvoir approcher un éléphant, un animal dangereux, vous devez avoir une formation qui vous permet d'avoir confiance en vous. et on comprend que quand on approche un éléphant, il n'y a pas de rapport de force possible. Et donc on doit travailler dans la bienveillance. Et puis on s'est rendu compte que cette image-là, elle collait bien avec un type de leadership qu'on peut proposer dans les entreprises. Elle fait son chemin dans des grandes entreprises, et elle permet de parler vidéo, que c'est principalement Cécile qui prend, ça permet de matérialiser des concepts et de visualiser des concepts de management.
- Speaker #1
Et donc ? En quelque sorte, vous avez réimporté tout ce que vous vivez là-bas pour nourrir des leaders, des managers, des gestionnaires ici et qu'ils puissent intégrer les leçons que vous avez tirées dans cet environnement particulier à leur entreprise et essayer de changer le monde de l'entreprise vers un management plus juste et plus bienveillant.
- Speaker #2
Oui, la bienveillance, elle est au stand. Alors, c'est clair que c'est une bienveillance qui n'est pas, comme on le dit, c'est pas une bienveillance bisounours où tout est possible.
- Speaker #1
La bienveillance sans complaisance.
- Speaker #2
La bienveillance, comme tu dis, la bienveillance sans complaisance. On va la différencier de la gentillesse. Mais oui, si on travaille ça au cœur des entreprises, avec les lois de la savane, on voit directement les fruits qu'elles portent.
- Speaker #1
Alors, on arrive tout doucement à la fin de cet épisode. Et je vous ai prévenu, comme c'est votre premier épisode dans les podcasts, je n'ai pas été injuste avec vous. Généralement, quand les gens viennent une deuxième fois, je ne leur rappelle pas. Et donc, ils sont là. Non, c'est la citation. et donc Chaque épisode se clôture par une phrase. Ça peut être un motto, ça peut être une citation d'une personne célèbre, ça peut être un mantra que vous répétez chaque jour, mais qui vient un petit peu synthétiser tout ce qu'on a dit. Et je vous laisse partager sept ou sept phrases. Je ne sais pas ce que vous avez encore choisi.
- Speaker #0
Alors, moi, j'ai simplement synthétisé, puisqu'on est guide en Afrique du Sud. Guide nature, la nature est un guide.
- Speaker #1
Merci. Et toi, Greg ?
- Speaker #2
Alors, on est dans un monde où on est bombardé d'informations. Et par rapport à ça, c'est une citation d'Albert Einstein qui nous dit que la connaissance vient de l'expérience et pas de l'information.
- Speaker #1
Super, merci beaucoup. Je suis certain qu'on va se revoir pour d'autres choses, peut-être des podcasts, peut-être des formations, peut-être des conférences. Je ne sais pas encore. Mais j'ai beaucoup aimé cet échange. Merci beaucoup d'avoir partagé tout ça. Et chers auditeurs, chères auditrices, j'espère que tu as apprécié aussi la qualité de ces échanges. On se retrouve très, très vite pour le prochain épisode de Science, Art et Curiosité. Cécile, je te dis à très bientôt. Oui,
- Speaker #0
merci beaucoup pour l'invitation et à très bientôt.
- Speaker #1
Greg, même chose, à très bientôt.
- Speaker #2
Oui, merci pour le partage. Merci.
- Speaker #1
Et chers auditeurs, chères auditrices, on se retrouve dans deux semaines pour le prochain épisode de Science, Art et Curiosité. Très, très belle journée à vous tous. Tu viens d'écouter un épisode du podcast du MUMONS. Et franchement, j'espère qu'il t'a plu. D'ailleurs, si en passant, tu veux me faire un retour, ou si tu as des idées d'amélioration, surtout n'hésite pas à nous contacter. Tu peux aussi devenir notre ambassadeur et faire découvrir ce podcast tout autour de toi. Si tu as des idées de sujets, ou si tu souhaites enregistrer un épisode, surtout n'hésite pas à nous contacter. Rendez-vous sur le site internet mumons.be ou sur la page Facebook du MUMONS.