undefined cover
undefined cover
#11 - Dr Charlotte Berthaut, prévenir plutôt que guérir cover
#11 - Dr Charlotte Berthaut, prévenir plutôt que guérir cover
MUTANT[S]

#11 - Dr Charlotte Berthaut, prévenir plutôt que guérir

#11 - Dr Charlotte Berthaut, prévenir plutôt que guérir

18min |13/06/2025
Play
undefined cover
undefined cover
#11 - Dr Charlotte Berthaut, prévenir plutôt que guérir cover
#11 - Dr Charlotte Berthaut, prévenir plutôt que guérir cover
MUTANT[S]

#11 - Dr Charlotte Berthaut, prévenir plutôt que guérir

#11 - Dr Charlotte Berthaut, prévenir plutôt que guérir

18min |13/06/2025
Play

Description

Et si la transformation du système de santé passait par une vraie culture de la prévention ? Pour ouvrir cette nouvelle saison de MUTANT[S], j’accueille Charlotte Berthaut, médecin anesthésiste-réanimatrice et fondatrice de la startup Dépistez-vous, une plateforme digitale innovante dédiée au dépistage précoce des cancers.


Dans cet épisode, nous revenons sur son parcours de médecin à entrepreneure en santé publique, les raisons personnelles et systémiques qui l’ont poussée à créer sa structure, et les leviers pour rendre la prévention plus désirable, accessible et efficace.

💡 Vous entendrez parler de :

  • L’importance d’agir en amont dans les parcours de santé,

  • Les freins culturels à la prévention en France,

  • La montée des cancers chez les moins de 50 ans,

  • L’approche pédagogique et ludique de Dépistez-vous,

  • Les limites du système curatif et l’appel à un changement culturel,

  • Le rôle clé des entreprises, mutuelles et professionnels paramédicaux dans la prévention.

Un échange inspirant et concret sur l’avenir de la santé, vu par une "docpreneure" engagée.


📢 Abonnez-vous à MUTANT[S] pour découvrir d'autres voix qui transforment le monde de la santé et prolongez les échanges grâce à MUTANT[S] - la news : abonnez-vous sur mon profile Linkedin (Cécile Gillet-Giraud) ou sur www.archen.info


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vu que le soin n'est pas accessible à tous à l'heure actuelle, autant faire en sorte que la prévention le soit.

  • Speaker #1

    Bonjour, vous écoutez Mutant. Je suis Cécile Gillet-Giraud, la créatrice de ce podcast et la fondatrice d'Arkene. J'accompagne les managers et leurs équipes face aux changements et vers de nouvelles habitudes de travail pour amener les organisations de santé vers plus d'efficacité, de sens et de durabilité. Ici, avec chacun de mes invités, nous interrogeons un aspect de transformation du monde de la santé, nous décryptons ses impacts sur la façon de travailler et nous mettons en lumière le chemin qu'il reste à parcourir et comment y contribuer. Aujourd'hui, je reçois le docteur Charlotte Berthaud, fondatrice et CEO de Dépistez-vous. Ensemble, nous allons parler de crossfit, de culture et de préventologue. C'est parti ! Bonjour Charlotte !

  • Speaker #0

    Bonjour Cécile !

  • Speaker #1

    Alors tu es anesthésiste réanimateur ou réanimatrice, diplômée de l'université Paul Sabatier à Toulouse en 2016, tu as exercé ensuite au CHU de Bordeaux. et à l'Institut Bergogne, qui est le centre de lutte contre le cancer de Nouvelle-Aquitaine. Et tu fondes en 2020 Dépistez-vous, dont on va reparler un peu plus tard, bien sûr. Mais je voulais d'abord te demander, comment est-ce qu'on passe aussi rapidement de médecin à startupeuse ?

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, je me pose encore la question. Je dirais que c'est un petit peu de folie et puis une bonne dose de conviction, de motivation pour te resituer un petit peu mon parcours que tu as bien écrit. J'ai effectivement exercé au centre anti-cancer de Bordeaux, l'Institut Bergogne, et j'avais passé le concours aussi pour être praticien spécialiste des centres de contre-cancer, donc j'avais prévu d'y rester quelques temps. Et finalement, au bout de quatre années, je me suis rendue compte que je n'étais pas alignée, ou en tout cas, ma vocation initiale d'être médecin pour avoir de l'impact, pour être utile, pour véritablement permettre aux gens de rester en bonne santé, elle était... finalement pas assez exploité. Donc c'était difficile pour moi parce que j'avais fait 13 années de médecine. J'avais ensuite fait ce qu'on appelle un poste internat. J'avais vraiment envie de rester dans ce domaine de l'anesthésie-réanimation et notamment en onco, ça me passionnait vraiment. Parallèlement à ça, l'autre constat qui m'a un petit peu chamboulée, c'était le diagnostic du mélanome de mon papa. Il avait une cinquantaine d'années, c'était un stade assez avancé, un stade 3. et finalement entre cet événement de vie plutôt personnel et mon poste à l'Institut Bergonier où j'avais la sensation d'être frustrée, d'arriver trop tard dans le parcours de soins, je voulais être vraiment dans l'amont, comment on fait pour rester en bonne santé. J'ai pris conscience que la prévention était insuffisamment valorisée dans le système de santé puisqu'on est finalement beaucoup dans un système de soins. Donc j'ai eu envie de prendre à bras le corps ce sujet pour faire en sorte que les patients que j'avais en face de moi ne me disent plus si j'avais su... ou j'ai oublié ou je ne me sens pas concernée ou le cancer, ça ne touche que les vieux ou je suis protégée parce que je fais du crossfit, je ne fume pas et je mange mes cinq fruits et légumes par jour ou bien je n'ai pas de symptômes, donc je ne vois pas pourquoi je me ferais dépister. Plein de fausses croyances, plein d'idées reçues. Et au final, ça m'a vraiment donné envie d'agir à ma petite échelle. Et donc, c'est un peu l'acte que dépister vous est né.

  • Speaker #1

    On voit un peu, même après 13 ans d'études, à quel point ce sentiment de ne pas être aligné, ça peut être un moteur vraiment très puissant. même quand on est médecin, et peut-être même surtout quand on est médecin, pour faire en sorte que cette fameuse vocation soit vraiment mise en pratique ?

  • Speaker #0

    Pour rebondir sur ce que tu dis, je pense que ça donne envie d'agir différemment, de manière peut-être plus directe et plus agile, parce que quand on est médecin, on est quand même dans un système, et c'est difficile des fois d'en sortir. Donc comment on peut sortir de ce cadre médical classique pour créer sa voie et faire de la prévention, je pense qu'on n'apprend pas en médecine. Et finalement, Dépistez-vous, ça m'a permis de... Combiner cette expertise médicale et cette vraie volonté d'aider son prochain et d'être utile avec une action plus concrète sur le terrain, dépister vous, faire de la prévention, et donc d'agir en amont. C'est vrai que c'est pour moi quelque chose de... C'est un peu comme un aboutissement que je n'aurais pas pu avoir avec la médecine parce qu'on n'a pas cette culture-là et on n'a pas cette éducation des médecins en France à ce stade. Aujourd'hui, j'espère que ça changera.

  • Speaker #1

    Et alors, justement, comment s'organisent tes activités aujourd'hui ? Est-ce que tu pratiques encore en tant que médecin ?

  • Speaker #0

    Alors... Oui, effectivement, je continue d'exercer comme anesthésiste de temps en temps. Je fais des remplacements, en fait, ponctuellement, quelques jours par-ci, par-là. Ça me permet de garder un pied sur le terrain, de voir des patients, de voir des confrères, des consoeurs. Mais il ne faut pas se mentir, l'essentiel de mon temps, 99,9%, c'est consacré à mon engagement entrepreneurial avec Dépistez-vous. Mais voilà, cet équilibre, ça me permet de rester quand même connectée à la réalité des patients et des soignants et en même temps, de développer des projets Et... d'innovation en santé publique, finalement, et de répondre à des enjeux de santé publique actuellement.

  • Speaker #1

    Et comment le fait de devenir entrepreneuse ou docpreneuse, comme tu me l'as dit, a changé ton regard sur la façon d'exercer la médecine et sur l'ensemble du système de santé,

  • Speaker #0

    en fait ? Effectivement, j'ai pu constater de l'intérieur, on va dire, du système à quel point l'immobilisme administratif freine l'innovation. Mais au-delà de ces lourdeurs administratives, c'est aussi des freins culturels profonds qui ralentissent le changement. La peur de l'échec, la méfiance vis-à-vis du privé, la crainte de faire autre chose autrement et de sortir un peu du cadre. J'ai compris qu'en fait, ce changement devait venir de l'intérieur de nous, professionnels. Et on est nombreux à faire le pas et à devenir des dog-preneurs, comme tu le disais, en osant bousculer un peu les codes, finalement, aujourd'hui. Moi, mon rêve, ce serait quand même que le système soit plus agile, parce qu'il est encore... compliqué de travailler en tant que startup avec les institutions qui soient plus agiles, plus collaboratifs et vraiment centrés sur le citoyen-patient. Je mettrais le mot attaché. L'idée, c'est quand même qu'on reste des citoyens le plus longtemps possible et qu'on soit que transitoirement des patients. Donc voilà, l'idée, c'est comment on peut collaborer et du coup, être plus efficients dans les collaborations publiques-privées, encore une fois. On en parle beaucoup, mais on n'a encore pas trouvé une vraie solution, en tout cas, pour pouvoir tester des solutions startup en dehors de... de cadres parfois dans lesquels on ne rentre pas et de cases dans lesquelles on ne rentre pas. Et je sais de quoi je parle.

  • Speaker #1

    Vous êtes plusieurs mutants à avoir déjà prononcé ces phrases de la nécessité d'un système de santé beaucoup plus collaboratif, plus agile. Et on voit bien qu'on n'y est pas encore et que c'est vraiment un élément essentiel pour pouvoir passer à un autre niveau, à une autre étape.

  • Speaker #0

    Oui, l'étape, c'est vraiment d'investir dans la prévention parce qu'investir dans la prévention, c'est non seulement sauver des vies, mais c'est garantir la soutenabilité de notre... notre modèle de santé pour demain.

  • Speaker #1

    Alors, on l'a évoqué déjà, tu as fondé en 2020 la startup Dépistez-vous, qui est une plateforme digitale dédiée à la prévention et au dépistage des cancers. À quel besoin ou à quel constat tu as voulu répondre à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    En fait, je me suis rendue compte d'une chose assez évidente, quand on s'intéresse de près au sujet, c'est qu'on pourrait éviter près d'un cancer sur deux, grâce à la prévention et au dépistage. C'est à peu près 150 000 cas de cancers par an. Donc déjà, ce premier constat donne assez de sens. pouvoir avancer sur le sujet et se dire qu'on est sur un vrai sujet de santé publique. J'ai pris conscience que la prévention, elle était souvent mal comprise, mal organisée, vécue comme plutôt optionnelle, secondaire par les citoyens, par les entreprises et par les assureurs et les mutuelles. Elle est peu désirable et surtout, elle est moins spectaculaire que forcément le soin en tant que tel et le pouvoir de guérir finalement. Donc la mesure en fait de l'acte de prévention est moins visible. que la mesure de quelqu'un qui est malade et qu'on guérit. Le ROI, le fameux, est moins palpable. Tant on sait qu'investir dans la prévention, c'est rentable, mais ce n'est pas du court terme, c'est plutôt du moyen long terme et donc plus compliqué à faire voir pour certaines entités. Donc j'ai voulu proposer une approche de la prévention et du dépistage plus moderne, plus accessible, notamment accessible à tous, parce que vu que le soin n'est pas accessible à tous à l'heure actuelle, autant faire en sorte que la prévention le soit pour éviter derrière de... justement d'engorger les hôpitaux notamment et de ne pas pouvoir se faire soigner comme il faut. Et donc, rendre vraiment cette prévention ludique, simple et personnalisée, parce qu'en fait, ne marche que ce qui nous parle et non pas une injonction qui soit généraliste. Donc, l'idée, c'est vraiment qu'elle soit simple, ludique, personnalisée et accessible à tous. L'impact finalement sociétal et économique auquel, du coup, on peut répondre aujourd'hui, il est colossal en fait, grâce à la prévention. On le sait, on a des chiffres, on a des études.

  • Speaker #1

    Ok et... Comment Dépistez-vous favorise cette prévention désirable alors ?

  • Speaker #0

    Effectivement, tu l'as bien dit. Dépistez-vous, c'est plusieurs choses, c'est plusieurs offres, c'est plusieurs solutions qui sont intriquées les unes aux autres. L'idée, c'est d'abord de passer d'un rôle réactif, on disait tout à l'heure celui de soigner, à un rôle proactif, celui d'agir et donc de prévenir. Notre mission, c'est plutôt prévenir que guérir. L'idée, c'est de pouvoir offrir à l'ensemble des citoyens, donc de 18 à pas de limite vraiment, l'accès à Dépistez-vous, avec à la fois une solution digitale qui est une web application sur laquelle on va trouver des questionnaires médicaux qui vont nous permettre de connaître notre profil de risque et donc de savoir quel dépistage on doit faire, à quel moment, avec quel professionnel de santé, d'avoir des rappels, conseils de prévention, d'avoir de la téléconsultation, d'avoir du lien avec les associations, avec les plateformes de rendez-vous et d'avoir vraiment accès à des ressources pédagogiques. Ça, c'est vraiment la partie digitale qui est comme un accompagnement dans le temps de l'individu, vraiment un suivi. pour qu'ils puissent rester en bonne santé et faire ces dépistages en temps et en heure, et avoir la bonne info au bon moment. Derrière, on a développé une seconde offre qui se complète très bien, puisque du coup on ajoute un peu plus d'humain, un peu plus d'interaction, et le côté un peu ludique et pédagogique avec des ateliers de prévention. Donc c'est des ateliers qu'on appelle prévention at work, qu'on fait en digital, en webinaire. On les co-anime entre un patient, un soignant et un membre de l'équipe Dépistez-vous. Souvent, on le fait sur des formats comme ça, webinaires, parce que ça permet de toucher des personnes qui sont en télétravail, qui sont multi-sites, d'avoir l'accès à un replay. Et on vise bien sûr les entreprises, mais aussi les mutuelles pour leurs adhérents. Donc nous, vraiment, l'idée, c'est de pouvoir toucher encore une fois l'ensemble des citoyens, mais via leur employeur ou via leur mutuelle ou leur assureur. Et ensuite, la dernière offre, ce sont des journées de dépistage sur site. pour les personnes identifiées à risque de cancer de la peau par la plateforme. Et donc là, on a des partenariats assez forts, à la fois pour orienter nos utilisateurs vers des pharmacies qui pourraient permettre ce diagnostic précoce des gains de beauté grâce à des solutions avec des dermatoscopes, notamment Equipédia. Et en même temps, si l'entreprise le propose à ses salariés, de pouvoir proposer le dépistage sur site, ce qui est quand même un gros plus pour que les gens puissent avoir accès à un dépistage précoce sans attendre des délais de rendez-vous parfois un peu longs, on le sait. Donc voilà, ça c'est nos trois offres. Et ensuite, on a quelques mesures d'impact déjà, puisqu'on a lancé il y a un an et demi à peu près la commercialisation. Et on a réussi à éviter des cancers chez 15% de nos utilisateurs répondants qui ont découvert une lésion précancéreuse et donc, par définition, éviter qu'elle se transforme en cancer. On a aussi engagé deux tiers de nos utilisateurs dans une démarche proactive puisqu'ils se sont allés voir leur médecin. après avoir fait un parcours sur Dépistez-vous. Donc, on les a sensibilisés et ils peuvent aller voir leur médecin avec les réponses au questionnaire pour la conduite à tenir derrière et le dépistage à faire. Et autre chose intéressante dont on n'a pas encore parlé, c'est le nombre de personnes à risque de moins de 50 ans identifiées par la plateforme. 53% de personnes identifiées à risque par la plateforme avaient moins de 50 ans. Et donc, ça, c'est intéressant pour nous parce que c'est une cible de jeunes adultes qui n'est pas... pas concernés par les campagnes de dépistage, notamment celles du sein et le colorectal, puisqu'elles commencent à 50 ans, et qui pourtant sont à risque, et on le sait, puisqu'il y a une augmentation vraiment exponentielle des cas de cancer chez les 14-49 ans, de plus de 80% ces 30 dernières années, et on attend encore 30% d'augmentation chez les 14-49 ans d'ici 5 ans. Donc il est urgent d'agir chez ces jeunes adultes, et où est-ce qu'on les trouve souvent dans les entreprises.

  • Speaker #1

    C'est des chiffres qu'on commence à entendre en effet de plus en plus et qui sont vraiment inquiétants. Moi qui travaille sur le changement culturel et les changements de comportement et d'habitude, j'ai envie de savoir, est-ce qu'il y a une recette Dépistez-vous qui permet aux personnes de passer à l'acte de dépistage par exemple, plutôt que de faire l'autruche par peur de trouver quelque chose ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai l'impression que ce qui marche, c'est vraiment la pédagogie, c'est vraiment l'éducation. Et ça, c'est rendu possible par le digital et par les ateliers, de pouvoir répondre aux questions que tu cites, en fait, finalement, de la peur, en fait, on se rend compte qu'il y a beaucoup de peur, beaucoup de fausses croyances et d'idées reçues. Et ça, en fait, on peut le, entre guillemets, combattre grâce à la pédagogie. Donc, c'est justement ce qu'on essaye de faire quand on donne la parole aux patients, quand ils racontent, quand ils témoignent son parcours, quand on donne la parole aux soignants qui viennent un petit peu apporter des conseils concrets. Et en fait, on part, finalement, des fois, de certaines croyances et on les déconstruit avec les individus en direct. Et en fait, je vois... très bien le changement de comportement, puisqu'à la fin, souvent, les gens nous disent « en fait, j'avais peur d'un truc, mais juste parce que je n'avais pas bien compris l'enjeu, l'intérêt, comment l'examen allait se passer, à quoi ça allait me servir. » Donc, le fait d'illustrer à la fois d'un témoignage, à la fois de quelques statistiques, de pouvoir aussi en parler, j'imagine que tu vois un petit peu notre communication sur nos réseaux. L'idée, c'est de prendre ça avec un peu d'humour, avec un peu de recul. C'est un sujet qui est tabou, c'est un sujet qui est compliqué, et justement, nous, on essaye de le prendre d'une autre manière pour que... puissent faire passer des messages sans que ça soit des injonctions et sans que ça soit mal vécu ou anxiogène, encore pire, pour les utilisateurs ou pour notre communauté. Je pense que c'est ça un peu la clé. Oui, ça doit être la clé de tout, la pédagogie et la communication.

  • Speaker #1

    Oui, ça, on est d'accord, tu prêches une convaincue. Alors, on en a parlé ensemble quand on s'est rencontrés. Toi, tu milites pour une évolution ou une transformation du système de santé, pour une véritable bascule vers la prévention qui va bien, bien au-delà de « dépistez-vous » . Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

  • Speaker #0

    Effectivement, je milite pour qu'on essaye de changer notre culture de la prévention en France. Peut-être déjà qu'on essaye d'en avoir une, donc de la changer. De sortir de ce fameux système curatif, de laisser le médecin soigné et l'hôpital soigné, et de laisser les malades aux médecins et les malades à l'hôpital. Et peut-être d'imaginer que les gens en bonne santé puissent aller voir d'autres acteurs, étant donné qu'en plus en médecine on est... mais pas vraiment formés à la prévention, en tout cas pas tous les médecins. Au final, peut-être qu'il serait intéressant d'envisager des métiers de préventionnistes ou de préventologues, alors je sais que ça existe dans certains domaines, qui seraient... qui serait finalement à la portée de paramédicaux, comme des infirmiers, infirmières, des IPA, infirmières de pratique avancée. L'idée, c'est de valoriser un petit peu une collaboration entre un monde médical, encore une fois, qui soigne, dans un parcours de soins, des acteurs économiques, des patients, et de promouvoir vraiment, plutôt qu'une assurance maladie, imaginez une assurance santé, et finalement qu'un soignant, peut-être même les kinés, peut-être même d'autres... profession paramédicale puissent devenir des acteurs d'éducation et de prévention.

  • Speaker #1

    Ça fait une parfaite transition avec les deux dernières questions que je pose à tous les invités de Mutant. Ça serait quoi, en final pour toi, une transformation du système de santé réussi ?

  • Speaker #0

    Pour moi, c'est un système qui place réellement et concrètement la prévention comme une des premières étapes du parcours de santé avant d'être dans le parcours de soins. C'est également pour moi, une meilleure valorisation des actions de prévention et des dépistages auprès des soignants, parce que les pharmaciens sont aussi des acteurs de la prévention, par exemple. C'est un système de santé qui soit plus agile, plus collaboratif et plus orienté sur l'expérience patient, ou l'expérience citoyen, si on veut parler de prévention. Du coup, c'est aussi envisager un parcours de santé plus personnalisé, ce vers quoi on tend, plus accessible. et respectueux des diversités, bien évidemment. Mais vraiment, le plus accessible, c'est important, c'est que ça ne doit pas rester que des mots, ça doit devenir très concret. On doit faire en sorte que la prévention soit accessible à tous, puisqu'on ne peut pas faire en sorte que le soin le soit. On voit bien qu'on a un ministre de la Santé et de l'accès aux soins, alors même qu'on devrait avoir un ministre de la Santé et de la prévention, comme on avait il y a quelques temps.

  • Speaker #1

    Comme quoi, on dit que les titres, ce n'est pas important, et en même temps, ça en dit très long sur l'approche et la philosophie choisies. Toute dernière question, quel conseil ou message tu voudrais passer à ceux qui nous écoutent pour se mettre en action et contribuer à cette transformation souhaitable ?

  • Speaker #0

    Je dirais, n'attendez pas que tout soit parfait pour vous lancer. Osez sortir du cadre et avancer, même à petits pas, mais avec motivation et détermination. C'est des petites actions répétées qui finissent par changer durablement le système, je pense. S'entourer. de partenaires engagés, ça fait la différence aussi. On peut vite se sentir seule, notamment, je sais de quoi je parle, quand on est solo fond d'art. Et l'importance du collectif, je le vois avec le réseau French Care, avec le collectif Femmes de Santé. Vraiment, la notion de collectif, on va plus loin, on fait bouger les lignes, c'est concret et on se sent entouré. Voilà, pour moi, c'est vraiment essayer de faire évoluer les mentalités sur une santé qui soit vraiment proactive et sur une culture de la santé et de la prévention et sur la responsabilité de tout un chacun. individu mais aussi collectif sur ces sujets.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Charlotte pour ton temps, pour cet échange passionnant qui est en fait le premier épisode de la nouvelle saison de Mutant. Et je te dis à très bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Cécile et à très bientôt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Mutant. Pour continuer l'échange ensemble, retrouvons-nous sur Mutant en la news à laquelle vous pouvez vous abonner sur mon profil LinkedIn ou sur le site www.arken.info. À très bientôt.

  • Speaker #0

    Bonne journée.

Description

Et si la transformation du système de santé passait par une vraie culture de la prévention ? Pour ouvrir cette nouvelle saison de MUTANT[S], j’accueille Charlotte Berthaut, médecin anesthésiste-réanimatrice et fondatrice de la startup Dépistez-vous, une plateforme digitale innovante dédiée au dépistage précoce des cancers.


Dans cet épisode, nous revenons sur son parcours de médecin à entrepreneure en santé publique, les raisons personnelles et systémiques qui l’ont poussée à créer sa structure, et les leviers pour rendre la prévention plus désirable, accessible et efficace.

💡 Vous entendrez parler de :

  • L’importance d’agir en amont dans les parcours de santé,

  • Les freins culturels à la prévention en France,

  • La montée des cancers chez les moins de 50 ans,

  • L’approche pédagogique et ludique de Dépistez-vous,

  • Les limites du système curatif et l’appel à un changement culturel,

  • Le rôle clé des entreprises, mutuelles et professionnels paramédicaux dans la prévention.

Un échange inspirant et concret sur l’avenir de la santé, vu par une "docpreneure" engagée.


📢 Abonnez-vous à MUTANT[S] pour découvrir d'autres voix qui transforment le monde de la santé et prolongez les échanges grâce à MUTANT[S] - la news : abonnez-vous sur mon profile Linkedin (Cécile Gillet-Giraud) ou sur www.archen.info


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vu que le soin n'est pas accessible à tous à l'heure actuelle, autant faire en sorte que la prévention le soit.

  • Speaker #1

    Bonjour, vous écoutez Mutant. Je suis Cécile Gillet-Giraud, la créatrice de ce podcast et la fondatrice d'Arkene. J'accompagne les managers et leurs équipes face aux changements et vers de nouvelles habitudes de travail pour amener les organisations de santé vers plus d'efficacité, de sens et de durabilité. Ici, avec chacun de mes invités, nous interrogeons un aspect de transformation du monde de la santé, nous décryptons ses impacts sur la façon de travailler et nous mettons en lumière le chemin qu'il reste à parcourir et comment y contribuer. Aujourd'hui, je reçois le docteur Charlotte Berthaud, fondatrice et CEO de Dépistez-vous. Ensemble, nous allons parler de crossfit, de culture et de préventologue. C'est parti ! Bonjour Charlotte !

  • Speaker #0

    Bonjour Cécile !

  • Speaker #1

    Alors tu es anesthésiste réanimateur ou réanimatrice, diplômée de l'université Paul Sabatier à Toulouse en 2016, tu as exercé ensuite au CHU de Bordeaux. et à l'Institut Bergogne, qui est le centre de lutte contre le cancer de Nouvelle-Aquitaine. Et tu fondes en 2020 Dépistez-vous, dont on va reparler un peu plus tard, bien sûr. Mais je voulais d'abord te demander, comment est-ce qu'on passe aussi rapidement de médecin à startupeuse ?

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, je me pose encore la question. Je dirais que c'est un petit peu de folie et puis une bonne dose de conviction, de motivation pour te resituer un petit peu mon parcours que tu as bien écrit. J'ai effectivement exercé au centre anti-cancer de Bordeaux, l'Institut Bergogne, et j'avais passé le concours aussi pour être praticien spécialiste des centres de contre-cancer, donc j'avais prévu d'y rester quelques temps. Et finalement, au bout de quatre années, je me suis rendue compte que je n'étais pas alignée, ou en tout cas, ma vocation initiale d'être médecin pour avoir de l'impact, pour être utile, pour véritablement permettre aux gens de rester en bonne santé, elle était... finalement pas assez exploité. Donc c'était difficile pour moi parce que j'avais fait 13 années de médecine. J'avais ensuite fait ce qu'on appelle un poste internat. J'avais vraiment envie de rester dans ce domaine de l'anesthésie-réanimation et notamment en onco, ça me passionnait vraiment. Parallèlement à ça, l'autre constat qui m'a un petit peu chamboulée, c'était le diagnostic du mélanome de mon papa. Il avait une cinquantaine d'années, c'était un stade assez avancé, un stade 3. et finalement entre cet événement de vie plutôt personnel et mon poste à l'Institut Bergonier où j'avais la sensation d'être frustrée, d'arriver trop tard dans le parcours de soins, je voulais être vraiment dans l'amont, comment on fait pour rester en bonne santé. J'ai pris conscience que la prévention était insuffisamment valorisée dans le système de santé puisqu'on est finalement beaucoup dans un système de soins. Donc j'ai eu envie de prendre à bras le corps ce sujet pour faire en sorte que les patients que j'avais en face de moi ne me disent plus si j'avais su... ou j'ai oublié ou je ne me sens pas concernée ou le cancer, ça ne touche que les vieux ou je suis protégée parce que je fais du crossfit, je ne fume pas et je mange mes cinq fruits et légumes par jour ou bien je n'ai pas de symptômes, donc je ne vois pas pourquoi je me ferais dépister. Plein de fausses croyances, plein d'idées reçues. Et au final, ça m'a vraiment donné envie d'agir à ma petite échelle. Et donc, c'est un peu l'acte que dépister vous est né.

  • Speaker #1

    On voit un peu, même après 13 ans d'études, à quel point ce sentiment de ne pas être aligné, ça peut être un moteur vraiment très puissant. même quand on est médecin, et peut-être même surtout quand on est médecin, pour faire en sorte que cette fameuse vocation soit vraiment mise en pratique ?

  • Speaker #0

    Pour rebondir sur ce que tu dis, je pense que ça donne envie d'agir différemment, de manière peut-être plus directe et plus agile, parce que quand on est médecin, on est quand même dans un système, et c'est difficile des fois d'en sortir. Donc comment on peut sortir de ce cadre médical classique pour créer sa voie et faire de la prévention, je pense qu'on n'apprend pas en médecine. Et finalement, Dépistez-vous, ça m'a permis de... Combiner cette expertise médicale et cette vraie volonté d'aider son prochain et d'être utile avec une action plus concrète sur le terrain, dépister vous, faire de la prévention, et donc d'agir en amont. C'est vrai que c'est pour moi quelque chose de... C'est un peu comme un aboutissement que je n'aurais pas pu avoir avec la médecine parce qu'on n'a pas cette culture-là et on n'a pas cette éducation des médecins en France à ce stade. Aujourd'hui, j'espère que ça changera.

  • Speaker #1

    Et alors, justement, comment s'organisent tes activités aujourd'hui ? Est-ce que tu pratiques encore en tant que médecin ?

  • Speaker #0

    Alors... Oui, effectivement, je continue d'exercer comme anesthésiste de temps en temps. Je fais des remplacements, en fait, ponctuellement, quelques jours par-ci, par-là. Ça me permet de garder un pied sur le terrain, de voir des patients, de voir des confrères, des consoeurs. Mais il ne faut pas se mentir, l'essentiel de mon temps, 99,9%, c'est consacré à mon engagement entrepreneurial avec Dépistez-vous. Mais voilà, cet équilibre, ça me permet de rester quand même connectée à la réalité des patients et des soignants et en même temps, de développer des projets Et... d'innovation en santé publique, finalement, et de répondre à des enjeux de santé publique actuellement.

  • Speaker #1

    Et comment le fait de devenir entrepreneuse ou docpreneuse, comme tu me l'as dit, a changé ton regard sur la façon d'exercer la médecine et sur l'ensemble du système de santé,

  • Speaker #0

    en fait ? Effectivement, j'ai pu constater de l'intérieur, on va dire, du système à quel point l'immobilisme administratif freine l'innovation. Mais au-delà de ces lourdeurs administratives, c'est aussi des freins culturels profonds qui ralentissent le changement. La peur de l'échec, la méfiance vis-à-vis du privé, la crainte de faire autre chose autrement et de sortir un peu du cadre. J'ai compris qu'en fait, ce changement devait venir de l'intérieur de nous, professionnels. Et on est nombreux à faire le pas et à devenir des dog-preneurs, comme tu le disais, en osant bousculer un peu les codes, finalement, aujourd'hui. Moi, mon rêve, ce serait quand même que le système soit plus agile, parce qu'il est encore... compliqué de travailler en tant que startup avec les institutions qui soient plus agiles, plus collaboratifs et vraiment centrés sur le citoyen-patient. Je mettrais le mot attaché. L'idée, c'est quand même qu'on reste des citoyens le plus longtemps possible et qu'on soit que transitoirement des patients. Donc voilà, l'idée, c'est comment on peut collaborer et du coup, être plus efficients dans les collaborations publiques-privées, encore une fois. On en parle beaucoup, mais on n'a encore pas trouvé une vraie solution, en tout cas, pour pouvoir tester des solutions startup en dehors de... de cadres parfois dans lesquels on ne rentre pas et de cases dans lesquelles on ne rentre pas. Et je sais de quoi je parle.

  • Speaker #1

    Vous êtes plusieurs mutants à avoir déjà prononcé ces phrases de la nécessité d'un système de santé beaucoup plus collaboratif, plus agile. Et on voit bien qu'on n'y est pas encore et que c'est vraiment un élément essentiel pour pouvoir passer à un autre niveau, à une autre étape.

  • Speaker #0

    Oui, l'étape, c'est vraiment d'investir dans la prévention parce qu'investir dans la prévention, c'est non seulement sauver des vies, mais c'est garantir la soutenabilité de notre... notre modèle de santé pour demain.

  • Speaker #1

    Alors, on l'a évoqué déjà, tu as fondé en 2020 la startup Dépistez-vous, qui est une plateforme digitale dédiée à la prévention et au dépistage des cancers. À quel besoin ou à quel constat tu as voulu répondre à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    En fait, je me suis rendue compte d'une chose assez évidente, quand on s'intéresse de près au sujet, c'est qu'on pourrait éviter près d'un cancer sur deux, grâce à la prévention et au dépistage. C'est à peu près 150 000 cas de cancers par an. Donc déjà, ce premier constat donne assez de sens. pouvoir avancer sur le sujet et se dire qu'on est sur un vrai sujet de santé publique. J'ai pris conscience que la prévention, elle était souvent mal comprise, mal organisée, vécue comme plutôt optionnelle, secondaire par les citoyens, par les entreprises et par les assureurs et les mutuelles. Elle est peu désirable et surtout, elle est moins spectaculaire que forcément le soin en tant que tel et le pouvoir de guérir finalement. Donc la mesure en fait de l'acte de prévention est moins visible. que la mesure de quelqu'un qui est malade et qu'on guérit. Le ROI, le fameux, est moins palpable. Tant on sait qu'investir dans la prévention, c'est rentable, mais ce n'est pas du court terme, c'est plutôt du moyen long terme et donc plus compliqué à faire voir pour certaines entités. Donc j'ai voulu proposer une approche de la prévention et du dépistage plus moderne, plus accessible, notamment accessible à tous, parce que vu que le soin n'est pas accessible à tous à l'heure actuelle, autant faire en sorte que la prévention le soit pour éviter derrière de... justement d'engorger les hôpitaux notamment et de ne pas pouvoir se faire soigner comme il faut. Et donc, rendre vraiment cette prévention ludique, simple et personnalisée, parce qu'en fait, ne marche que ce qui nous parle et non pas une injonction qui soit généraliste. Donc, l'idée, c'est vraiment qu'elle soit simple, ludique, personnalisée et accessible à tous. L'impact finalement sociétal et économique auquel, du coup, on peut répondre aujourd'hui, il est colossal en fait, grâce à la prévention. On le sait, on a des chiffres, on a des études.

  • Speaker #1

    Ok et... Comment Dépistez-vous favorise cette prévention désirable alors ?

  • Speaker #0

    Effectivement, tu l'as bien dit. Dépistez-vous, c'est plusieurs choses, c'est plusieurs offres, c'est plusieurs solutions qui sont intriquées les unes aux autres. L'idée, c'est d'abord de passer d'un rôle réactif, on disait tout à l'heure celui de soigner, à un rôle proactif, celui d'agir et donc de prévenir. Notre mission, c'est plutôt prévenir que guérir. L'idée, c'est de pouvoir offrir à l'ensemble des citoyens, donc de 18 à pas de limite vraiment, l'accès à Dépistez-vous, avec à la fois une solution digitale qui est une web application sur laquelle on va trouver des questionnaires médicaux qui vont nous permettre de connaître notre profil de risque et donc de savoir quel dépistage on doit faire, à quel moment, avec quel professionnel de santé, d'avoir des rappels, conseils de prévention, d'avoir de la téléconsultation, d'avoir du lien avec les associations, avec les plateformes de rendez-vous et d'avoir vraiment accès à des ressources pédagogiques. Ça, c'est vraiment la partie digitale qui est comme un accompagnement dans le temps de l'individu, vraiment un suivi. pour qu'ils puissent rester en bonne santé et faire ces dépistages en temps et en heure, et avoir la bonne info au bon moment. Derrière, on a développé une seconde offre qui se complète très bien, puisque du coup on ajoute un peu plus d'humain, un peu plus d'interaction, et le côté un peu ludique et pédagogique avec des ateliers de prévention. Donc c'est des ateliers qu'on appelle prévention at work, qu'on fait en digital, en webinaire. On les co-anime entre un patient, un soignant et un membre de l'équipe Dépistez-vous. Souvent, on le fait sur des formats comme ça, webinaires, parce que ça permet de toucher des personnes qui sont en télétravail, qui sont multi-sites, d'avoir l'accès à un replay. Et on vise bien sûr les entreprises, mais aussi les mutuelles pour leurs adhérents. Donc nous, vraiment, l'idée, c'est de pouvoir toucher encore une fois l'ensemble des citoyens, mais via leur employeur ou via leur mutuelle ou leur assureur. Et ensuite, la dernière offre, ce sont des journées de dépistage sur site. pour les personnes identifiées à risque de cancer de la peau par la plateforme. Et donc là, on a des partenariats assez forts, à la fois pour orienter nos utilisateurs vers des pharmacies qui pourraient permettre ce diagnostic précoce des gains de beauté grâce à des solutions avec des dermatoscopes, notamment Equipédia. Et en même temps, si l'entreprise le propose à ses salariés, de pouvoir proposer le dépistage sur site, ce qui est quand même un gros plus pour que les gens puissent avoir accès à un dépistage précoce sans attendre des délais de rendez-vous parfois un peu longs, on le sait. Donc voilà, ça c'est nos trois offres. Et ensuite, on a quelques mesures d'impact déjà, puisqu'on a lancé il y a un an et demi à peu près la commercialisation. Et on a réussi à éviter des cancers chez 15% de nos utilisateurs répondants qui ont découvert une lésion précancéreuse et donc, par définition, éviter qu'elle se transforme en cancer. On a aussi engagé deux tiers de nos utilisateurs dans une démarche proactive puisqu'ils se sont allés voir leur médecin. après avoir fait un parcours sur Dépistez-vous. Donc, on les a sensibilisés et ils peuvent aller voir leur médecin avec les réponses au questionnaire pour la conduite à tenir derrière et le dépistage à faire. Et autre chose intéressante dont on n'a pas encore parlé, c'est le nombre de personnes à risque de moins de 50 ans identifiées par la plateforme. 53% de personnes identifiées à risque par la plateforme avaient moins de 50 ans. Et donc, ça, c'est intéressant pour nous parce que c'est une cible de jeunes adultes qui n'est pas... pas concernés par les campagnes de dépistage, notamment celles du sein et le colorectal, puisqu'elles commencent à 50 ans, et qui pourtant sont à risque, et on le sait, puisqu'il y a une augmentation vraiment exponentielle des cas de cancer chez les 14-49 ans, de plus de 80% ces 30 dernières années, et on attend encore 30% d'augmentation chez les 14-49 ans d'ici 5 ans. Donc il est urgent d'agir chez ces jeunes adultes, et où est-ce qu'on les trouve souvent dans les entreprises.

  • Speaker #1

    C'est des chiffres qu'on commence à entendre en effet de plus en plus et qui sont vraiment inquiétants. Moi qui travaille sur le changement culturel et les changements de comportement et d'habitude, j'ai envie de savoir, est-ce qu'il y a une recette Dépistez-vous qui permet aux personnes de passer à l'acte de dépistage par exemple, plutôt que de faire l'autruche par peur de trouver quelque chose ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai l'impression que ce qui marche, c'est vraiment la pédagogie, c'est vraiment l'éducation. Et ça, c'est rendu possible par le digital et par les ateliers, de pouvoir répondre aux questions que tu cites, en fait, finalement, de la peur, en fait, on se rend compte qu'il y a beaucoup de peur, beaucoup de fausses croyances et d'idées reçues. Et ça, en fait, on peut le, entre guillemets, combattre grâce à la pédagogie. Donc, c'est justement ce qu'on essaye de faire quand on donne la parole aux patients, quand ils racontent, quand ils témoignent son parcours, quand on donne la parole aux soignants qui viennent un petit peu apporter des conseils concrets. Et en fait, on part, finalement, des fois, de certaines croyances et on les déconstruit avec les individus en direct. Et en fait, je vois... très bien le changement de comportement, puisqu'à la fin, souvent, les gens nous disent « en fait, j'avais peur d'un truc, mais juste parce que je n'avais pas bien compris l'enjeu, l'intérêt, comment l'examen allait se passer, à quoi ça allait me servir. » Donc, le fait d'illustrer à la fois d'un témoignage, à la fois de quelques statistiques, de pouvoir aussi en parler, j'imagine que tu vois un petit peu notre communication sur nos réseaux. L'idée, c'est de prendre ça avec un peu d'humour, avec un peu de recul. C'est un sujet qui est tabou, c'est un sujet qui est compliqué, et justement, nous, on essaye de le prendre d'une autre manière pour que... puissent faire passer des messages sans que ça soit des injonctions et sans que ça soit mal vécu ou anxiogène, encore pire, pour les utilisateurs ou pour notre communauté. Je pense que c'est ça un peu la clé. Oui, ça doit être la clé de tout, la pédagogie et la communication.

  • Speaker #1

    Oui, ça, on est d'accord, tu prêches une convaincue. Alors, on en a parlé ensemble quand on s'est rencontrés. Toi, tu milites pour une évolution ou une transformation du système de santé, pour une véritable bascule vers la prévention qui va bien, bien au-delà de « dépistez-vous » . Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

  • Speaker #0

    Effectivement, je milite pour qu'on essaye de changer notre culture de la prévention en France. Peut-être déjà qu'on essaye d'en avoir une, donc de la changer. De sortir de ce fameux système curatif, de laisser le médecin soigné et l'hôpital soigné, et de laisser les malades aux médecins et les malades à l'hôpital. Et peut-être d'imaginer que les gens en bonne santé puissent aller voir d'autres acteurs, étant donné qu'en plus en médecine on est... mais pas vraiment formés à la prévention, en tout cas pas tous les médecins. Au final, peut-être qu'il serait intéressant d'envisager des métiers de préventionnistes ou de préventologues, alors je sais que ça existe dans certains domaines, qui seraient... qui serait finalement à la portée de paramédicaux, comme des infirmiers, infirmières, des IPA, infirmières de pratique avancée. L'idée, c'est de valoriser un petit peu une collaboration entre un monde médical, encore une fois, qui soigne, dans un parcours de soins, des acteurs économiques, des patients, et de promouvoir vraiment, plutôt qu'une assurance maladie, imaginez une assurance santé, et finalement qu'un soignant, peut-être même les kinés, peut-être même d'autres... profession paramédicale puissent devenir des acteurs d'éducation et de prévention.

  • Speaker #1

    Ça fait une parfaite transition avec les deux dernières questions que je pose à tous les invités de Mutant. Ça serait quoi, en final pour toi, une transformation du système de santé réussi ?

  • Speaker #0

    Pour moi, c'est un système qui place réellement et concrètement la prévention comme une des premières étapes du parcours de santé avant d'être dans le parcours de soins. C'est également pour moi, une meilleure valorisation des actions de prévention et des dépistages auprès des soignants, parce que les pharmaciens sont aussi des acteurs de la prévention, par exemple. C'est un système de santé qui soit plus agile, plus collaboratif et plus orienté sur l'expérience patient, ou l'expérience citoyen, si on veut parler de prévention. Du coup, c'est aussi envisager un parcours de santé plus personnalisé, ce vers quoi on tend, plus accessible. et respectueux des diversités, bien évidemment. Mais vraiment, le plus accessible, c'est important, c'est que ça ne doit pas rester que des mots, ça doit devenir très concret. On doit faire en sorte que la prévention soit accessible à tous, puisqu'on ne peut pas faire en sorte que le soin le soit. On voit bien qu'on a un ministre de la Santé et de l'accès aux soins, alors même qu'on devrait avoir un ministre de la Santé et de la prévention, comme on avait il y a quelques temps.

  • Speaker #1

    Comme quoi, on dit que les titres, ce n'est pas important, et en même temps, ça en dit très long sur l'approche et la philosophie choisies. Toute dernière question, quel conseil ou message tu voudrais passer à ceux qui nous écoutent pour se mettre en action et contribuer à cette transformation souhaitable ?

  • Speaker #0

    Je dirais, n'attendez pas que tout soit parfait pour vous lancer. Osez sortir du cadre et avancer, même à petits pas, mais avec motivation et détermination. C'est des petites actions répétées qui finissent par changer durablement le système, je pense. S'entourer. de partenaires engagés, ça fait la différence aussi. On peut vite se sentir seule, notamment, je sais de quoi je parle, quand on est solo fond d'art. Et l'importance du collectif, je le vois avec le réseau French Care, avec le collectif Femmes de Santé. Vraiment, la notion de collectif, on va plus loin, on fait bouger les lignes, c'est concret et on se sent entouré. Voilà, pour moi, c'est vraiment essayer de faire évoluer les mentalités sur une santé qui soit vraiment proactive et sur une culture de la santé et de la prévention et sur la responsabilité de tout un chacun. individu mais aussi collectif sur ces sujets.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Charlotte pour ton temps, pour cet échange passionnant qui est en fait le premier épisode de la nouvelle saison de Mutant. Et je te dis à très bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Cécile et à très bientôt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Mutant. Pour continuer l'échange ensemble, retrouvons-nous sur Mutant en la news à laquelle vous pouvez vous abonner sur mon profil LinkedIn ou sur le site www.arken.info. À très bientôt.

  • Speaker #0

    Bonne journée.

Share

Embed

You may also like

Description

Et si la transformation du système de santé passait par une vraie culture de la prévention ? Pour ouvrir cette nouvelle saison de MUTANT[S], j’accueille Charlotte Berthaut, médecin anesthésiste-réanimatrice et fondatrice de la startup Dépistez-vous, une plateforme digitale innovante dédiée au dépistage précoce des cancers.


Dans cet épisode, nous revenons sur son parcours de médecin à entrepreneure en santé publique, les raisons personnelles et systémiques qui l’ont poussée à créer sa structure, et les leviers pour rendre la prévention plus désirable, accessible et efficace.

💡 Vous entendrez parler de :

  • L’importance d’agir en amont dans les parcours de santé,

  • Les freins culturels à la prévention en France,

  • La montée des cancers chez les moins de 50 ans,

  • L’approche pédagogique et ludique de Dépistez-vous,

  • Les limites du système curatif et l’appel à un changement culturel,

  • Le rôle clé des entreprises, mutuelles et professionnels paramédicaux dans la prévention.

Un échange inspirant et concret sur l’avenir de la santé, vu par une "docpreneure" engagée.


📢 Abonnez-vous à MUTANT[S] pour découvrir d'autres voix qui transforment le monde de la santé et prolongez les échanges grâce à MUTANT[S] - la news : abonnez-vous sur mon profile Linkedin (Cécile Gillet-Giraud) ou sur www.archen.info


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vu que le soin n'est pas accessible à tous à l'heure actuelle, autant faire en sorte que la prévention le soit.

  • Speaker #1

    Bonjour, vous écoutez Mutant. Je suis Cécile Gillet-Giraud, la créatrice de ce podcast et la fondatrice d'Arkene. J'accompagne les managers et leurs équipes face aux changements et vers de nouvelles habitudes de travail pour amener les organisations de santé vers plus d'efficacité, de sens et de durabilité. Ici, avec chacun de mes invités, nous interrogeons un aspect de transformation du monde de la santé, nous décryptons ses impacts sur la façon de travailler et nous mettons en lumière le chemin qu'il reste à parcourir et comment y contribuer. Aujourd'hui, je reçois le docteur Charlotte Berthaud, fondatrice et CEO de Dépistez-vous. Ensemble, nous allons parler de crossfit, de culture et de préventologue. C'est parti ! Bonjour Charlotte !

  • Speaker #0

    Bonjour Cécile !

  • Speaker #1

    Alors tu es anesthésiste réanimateur ou réanimatrice, diplômée de l'université Paul Sabatier à Toulouse en 2016, tu as exercé ensuite au CHU de Bordeaux. et à l'Institut Bergogne, qui est le centre de lutte contre le cancer de Nouvelle-Aquitaine. Et tu fondes en 2020 Dépistez-vous, dont on va reparler un peu plus tard, bien sûr. Mais je voulais d'abord te demander, comment est-ce qu'on passe aussi rapidement de médecin à startupeuse ?

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, je me pose encore la question. Je dirais que c'est un petit peu de folie et puis une bonne dose de conviction, de motivation pour te resituer un petit peu mon parcours que tu as bien écrit. J'ai effectivement exercé au centre anti-cancer de Bordeaux, l'Institut Bergogne, et j'avais passé le concours aussi pour être praticien spécialiste des centres de contre-cancer, donc j'avais prévu d'y rester quelques temps. Et finalement, au bout de quatre années, je me suis rendue compte que je n'étais pas alignée, ou en tout cas, ma vocation initiale d'être médecin pour avoir de l'impact, pour être utile, pour véritablement permettre aux gens de rester en bonne santé, elle était... finalement pas assez exploité. Donc c'était difficile pour moi parce que j'avais fait 13 années de médecine. J'avais ensuite fait ce qu'on appelle un poste internat. J'avais vraiment envie de rester dans ce domaine de l'anesthésie-réanimation et notamment en onco, ça me passionnait vraiment. Parallèlement à ça, l'autre constat qui m'a un petit peu chamboulée, c'était le diagnostic du mélanome de mon papa. Il avait une cinquantaine d'années, c'était un stade assez avancé, un stade 3. et finalement entre cet événement de vie plutôt personnel et mon poste à l'Institut Bergonier où j'avais la sensation d'être frustrée, d'arriver trop tard dans le parcours de soins, je voulais être vraiment dans l'amont, comment on fait pour rester en bonne santé. J'ai pris conscience que la prévention était insuffisamment valorisée dans le système de santé puisqu'on est finalement beaucoup dans un système de soins. Donc j'ai eu envie de prendre à bras le corps ce sujet pour faire en sorte que les patients que j'avais en face de moi ne me disent plus si j'avais su... ou j'ai oublié ou je ne me sens pas concernée ou le cancer, ça ne touche que les vieux ou je suis protégée parce que je fais du crossfit, je ne fume pas et je mange mes cinq fruits et légumes par jour ou bien je n'ai pas de symptômes, donc je ne vois pas pourquoi je me ferais dépister. Plein de fausses croyances, plein d'idées reçues. Et au final, ça m'a vraiment donné envie d'agir à ma petite échelle. Et donc, c'est un peu l'acte que dépister vous est né.

  • Speaker #1

    On voit un peu, même après 13 ans d'études, à quel point ce sentiment de ne pas être aligné, ça peut être un moteur vraiment très puissant. même quand on est médecin, et peut-être même surtout quand on est médecin, pour faire en sorte que cette fameuse vocation soit vraiment mise en pratique ?

  • Speaker #0

    Pour rebondir sur ce que tu dis, je pense que ça donne envie d'agir différemment, de manière peut-être plus directe et plus agile, parce que quand on est médecin, on est quand même dans un système, et c'est difficile des fois d'en sortir. Donc comment on peut sortir de ce cadre médical classique pour créer sa voie et faire de la prévention, je pense qu'on n'apprend pas en médecine. Et finalement, Dépistez-vous, ça m'a permis de... Combiner cette expertise médicale et cette vraie volonté d'aider son prochain et d'être utile avec une action plus concrète sur le terrain, dépister vous, faire de la prévention, et donc d'agir en amont. C'est vrai que c'est pour moi quelque chose de... C'est un peu comme un aboutissement que je n'aurais pas pu avoir avec la médecine parce qu'on n'a pas cette culture-là et on n'a pas cette éducation des médecins en France à ce stade. Aujourd'hui, j'espère que ça changera.

  • Speaker #1

    Et alors, justement, comment s'organisent tes activités aujourd'hui ? Est-ce que tu pratiques encore en tant que médecin ?

  • Speaker #0

    Alors... Oui, effectivement, je continue d'exercer comme anesthésiste de temps en temps. Je fais des remplacements, en fait, ponctuellement, quelques jours par-ci, par-là. Ça me permet de garder un pied sur le terrain, de voir des patients, de voir des confrères, des consoeurs. Mais il ne faut pas se mentir, l'essentiel de mon temps, 99,9%, c'est consacré à mon engagement entrepreneurial avec Dépistez-vous. Mais voilà, cet équilibre, ça me permet de rester quand même connectée à la réalité des patients et des soignants et en même temps, de développer des projets Et... d'innovation en santé publique, finalement, et de répondre à des enjeux de santé publique actuellement.

  • Speaker #1

    Et comment le fait de devenir entrepreneuse ou docpreneuse, comme tu me l'as dit, a changé ton regard sur la façon d'exercer la médecine et sur l'ensemble du système de santé,

  • Speaker #0

    en fait ? Effectivement, j'ai pu constater de l'intérieur, on va dire, du système à quel point l'immobilisme administratif freine l'innovation. Mais au-delà de ces lourdeurs administratives, c'est aussi des freins culturels profonds qui ralentissent le changement. La peur de l'échec, la méfiance vis-à-vis du privé, la crainte de faire autre chose autrement et de sortir un peu du cadre. J'ai compris qu'en fait, ce changement devait venir de l'intérieur de nous, professionnels. Et on est nombreux à faire le pas et à devenir des dog-preneurs, comme tu le disais, en osant bousculer un peu les codes, finalement, aujourd'hui. Moi, mon rêve, ce serait quand même que le système soit plus agile, parce qu'il est encore... compliqué de travailler en tant que startup avec les institutions qui soient plus agiles, plus collaboratifs et vraiment centrés sur le citoyen-patient. Je mettrais le mot attaché. L'idée, c'est quand même qu'on reste des citoyens le plus longtemps possible et qu'on soit que transitoirement des patients. Donc voilà, l'idée, c'est comment on peut collaborer et du coup, être plus efficients dans les collaborations publiques-privées, encore une fois. On en parle beaucoup, mais on n'a encore pas trouvé une vraie solution, en tout cas, pour pouvoir tester des solutions startup en dehors de... de cadres parfois dans lesquels on ne rentre pas et de cases dans lesquelles on ne rentre pas. Et je sais de quoi je parle.

  • Speaker #1

    Vous êtes plusieurs mutants à avoir déjà prononcé ces phrases de la nécessité d'un système de santé beaucoup plus collaboratif, plus agile. Et on voit bien qu'on n'y est pas encore et que c'est vraiment un élément essentiel pour pouvoir passer à un autre niveau, à une autre étape.

  • Speaker #0

    Oui, l'étape, c'est vraiment d'investir dans la prévention parce qu'investir dans la prévention, c'est non seulement sauver des vies, mais c'est garantir la soutenabilité de notre... notre modèle de santé pour demain.

  • Speaker #1

    Alors, on l'a évoqué déjà, tu as fondé en 2020 la startup Dépistez-vous, qui est une plateforme digitale dédiée à la prévention et au dépistage des cancers. À quel besoin ou à quel constat tu as voulu répondre à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    En fait, je me suis rendue compte d'une chose assez évidente, quand on s'intéresse de près au sujet, c'est qu'on pourrait éviter près d'un cancer sur deux, grâce à la prévention et au dépistage. C'est à peu près 150 000 cas de cancers par an. Donc déjà, ce premier constat donne assez de sens. pouvoir avancer sur le sujet et se dire qu'on est sur un vrai sujet de santé publique. J'ai pris conscience que la prévention, elle était souvent mal comprise, mal organisée, vécue comme plutôt optionnelle, secondaire par les citoyens, par les entreprises et par les assureurs et les mutuelles. Elle est peu désirable et surtout, elle est moins spectaculaire que forcément le soin en tant que tel et le pouvoir de guérir finalement. Donc la mesure en fait de l'acte de prévention est moins visible. que la mesure de quelqu'un qui est malade et qu'on guérit. Le ROI, le fameux, est moins palpable. Tant on sait qu'investir dans la prévention, c'est rentable, mais ce n'est pas du court terme, c'est plutôt du moyen long terme et donc plus compliqué à faire voir pour certaines entités. Donc j'ai voulu proposer une approche de la prévention et du dépistage plus moderne, plus accessible, notamment accessible à tous, parce que vu que le soin n'est pas accessible à tous à l'heure actuelle, autant faire en sorte que la prévention le soit pour éviter derrière de... justement d'engorger les hôpitaux notamment et de ne pas pouvoir se faire soigner comme il faut. Et donc, rendre vraiment cette prévention ludique, simple et personnalisée, parce qu'en fait, ne marche que ce qui nous parle et non pas une injonction qui soit généraliste. Donc, l'idée, c'est vraiment qu'elle soit simple, ludique, personnalisée et accessible à tous. L'impact finalement sociétal et économique auquel, du coup, on peut répondre aujourd'hui, il est colossal en fait, grâce à la prévention. On le sait, on a des chiffres, on a des études.

  • Speaker #1

    Ok et... Comment Dépistez-vous favorise cette prévention désirable alors ?

  • Speaker #0

    Effectivement, tu l'as bien dit. Dépistez-vous, c'est plusieurs choses, c'est plusieurs offres, c'est plusieurs solutions qui sont intriquées les unes aux autres. L'idée, c'est d'abord de passer d'un rôle réactif, on disait tout à l'heure celui de soigner, à un rôle proactif, celui d'agir et donc de prévenir. Notre mission, c'est plutôt prévenir que guérir. L'idée, c'est de pouvoir offrir à l'ensemble des citoyens, donc de 18 à pas de limite vraiment, l'accès à Dépistez-vous, avec à la fois une solution digitale qui est une web application sur laquelle on va trouver des questionnaires médicaux qui vont nous permettre de connaître notre profil de risque et donc de savoir quel dépistage on doit faire, à quel moment, avec quel professionnel de santé, d'avoir des rappels, conseils de prévention, d'avoir de la téléconsultation, d'avoir du lien avec les associations, avec les plateformes de rendez-vous et d'avoir vraiment accès à des ressources pédagogiques. Ça, c'est vraiment la partie digitale qui est comme un accompagnement dans le temps de l'individu, vraiment un suivi. pour qu'ils puissent rester en bonne santé et faire ces dépistages en temps et en heure, et avoir la bonne info au bon moment. Derrière, on a développé une seconde offre qui se complète très bien, puisque du coup on ajoute un peu plus d'humain, un peu plus d'interaction, et le côté un peu ludique et pédagogique avec des ateliers de prévention. Donc c'est des ateliers qu'on appelle prévention at work, qu'on fait en digital, en webinaire. On les co-anime entre un patient, un soignant et un membre de l'équipe Dépistez-vous. Souvent, on le fait sur des formats comme ça, webinaires, parce que ça permet de toucher des personnes qui sont en télétravail, qui sont multi-sites, d'avoir l'accès à un replay. Et on vise bien sûr les entreprises, mais aussi les mutuelles pour leurs adhérents. Donc nous, vraiment, l'idée, c'est de pouvoir toucher encore une fois l'ensemble des citoyens, mais via leur employeur ou via leur mutuelle ou leur assureur. Et ensuite, la dernière offre, ce sont des journées de dépistage sur site. pour les personnes identifiées à risque de cancer de la peau par la plateforme. Et donc là, on a des partenariats assez forts, à la fois pour orienter nos utilisateurs vers des pharmacies qui pourraient permettre ce diagnostic précoce des gains de beauté grâce à des solutions avec des dermatoscopes, notamment Equipédia. Et en même temps, si l'entreprise le propose à ses salariés, de pouvoir proposer le dépistage sur site, ce qui est quand même un gros plus pour que les gens puissent avoir accès à un dépistage précoce sans attendre des délais de rendez-vous parfois un peu longs, on le sait. Donc voilà, ça c'est nos trois offres. Et ensuite, on a quelques mesures d'impact déjà, puisqu'on a lancé il y a un an et demi à peu près la commercialisation. Et on a réussi à éviter des cancers chez 15% de nos utilisateurs répondants qui ont découvert une lésion précancéreuse et donc, par définition, éviter qu'elle se transforme en cancer. On a aussi engagé deux tiers de nos utilisateurs dans une démarche proactive puisqu'ils se sont allés voir leur médecin. après avoir fait un parcours sur Dépistez-vous. Donc, on les a sensibilisés et ils peuvent aller voir leur médecin avec les réponses au questionnaire pour la conduite à tenir derrière et le dépistage à faire. Et autre chose intéressante dont on n'a pas encore parlé, c'est le nombre de personnes à risque de moins de 50 ans identifiées par la plateforme. 53% de personnes identifiées à risque par la plateforme avaient moins de 50 ans. Et donc, ça, c'est intéressant pour nous parce que c'est une cible de jeunes adultes qui n'est pas... pas concernés par les campagnes de dépistage, notamment celles du sein et le colorectal, puisqu'elles commencent à 50 ans, et qui pourtant sont à risque, et on le sait, puisqu'il y a une augmentation vraiment exponentielle des cas de cancer chez les 14-49 ans, de plus de 80% ces 30 dernières années, et on attend encore 30% d'augmentation chez les 14-49 ans d'ici 5 ans. Donc il est urgent d'agir chez ces jeunes adultes, et où est-ce qu'on les trouve souvent dans les entreprises.

  • Speaker #1

    C'est des chiffres qu'on commence à entendre en effet de plus en plus et qui sont vraiment inquiétants. Moi qui travaille sur le changement culturel et les changements de comportement et d'habitude, j'ai envie de savoir, est-ce qu'il y a une recette Dépistez-vous qui permet aux personnes de passer à l'acte de dépistage par exemple, plutôt que de faire l'autruche par peur de trouver quelque chose ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai l'impression que ce qui marche, c'est vraiment la pédagogie, c'est vraiment l'éducation. Et ça, c'est rendu possible par le digital et par les ateliers, de pouvoir répondre aux questions que tu cites, en fait, finalement, de la peur, en fait, on se rend compte qu'il y a beaucoup de peur, beaucoup de fausses croyances et d'idées reçues. Et ça, en fait, on peut le, entre guillemets, combattre grâce à la pédagogie. Donc, c'est justement ce qu'on essaye de faire quand on donne la parole aux patients, quand ils racontent, quand ils témoignent son parcours, quand on donne la parole aux soignants qui viennent un petit peu apporter des conseils concrets. Et en fait, on part, finalement, des fois, de certaines croyances et on les déconstruit avec les individus en direct. Et en fait, je vois... très bien le changement de comportement, puisqu'à la fin, souvent, les gens nous disent « en fait, j'avais peur d'un truc, mais juste parce que je n'avais pas bien compris l'enjeu, l'intérêt, comment l'examen allait se passer, à quoi ça allait me servir. » Donc, le fait d'illustrer à la fois d'un témoignage, à la fois de quelques statistiques, de pouvoir aussi en parler, j'imagine que tu vois un petit peu notre communication sur nos réseaux. L'idée, c'est de prendre ça avec un peu d'humour, avec un peu de recul. C'est un sujet qui est tabou, c'est un sujet qui est compliqué, et justement, nous, on essaye de le prendre d'une autre manière pour que... puissent faire passer des messages sans que ça soit des injonctions et sans que ça soit mal vécu ou anxiogène, encore pire, pour les utilisateurs ou pour notre communauté. Je pense que c'est ça un peu la clé. Oui, ça doit être la clé de tout, la pédagogie et la communication.

  • Speaker #1

    Oui, ça, on est d'accord, tu prêches une convaincue. Alors, on en a parlé ensemble quand on s'est rencontrés. Toi, tu milites pour une évolution ou une transformation du système de santé, pour une véritable bascule vers la prévention qui va bien, bien au-delà de « dépistez-vous » . Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

  • Speaker #0

    Effectivement, je milite pour qu'on essaye de changer notre culture de la prévention en France. Peut-être déjà qu'on essaye d'en avoir une, donc de la changer. De sortir de ce fameux système curatif, de laisser le médecin soigné et l'hôpital soigné, et de laisser les malades aux médecins et les malades à l'hôpital. Et peut-être d'imaginer que les gens en bonne santé puissent aller voir d'autres acteurs, étant donné qu'en plus en médecine on est... mais pas vraiment formés à la prévention, en tout cas pas tous les médecins. Au final, peut-être qu'il serait intéressant d'envisager des métiers de préventionnistes ou de préventologues, alors je sais que ça existe dans certains domaines, qui seraient... qui serait finalement à la portée de paramédicaux, comme des infirmiers, infirmières, des IPA, infirmières de pratique avancée. L'idée, c'est de valoriser un petit peu une collaboration entre un monde médical, encore une fois, qui soigne, dans un parcours de soins, des acteurs économiques, des patients, et de promouvoir vraiment, plutôt qu'une assurance maladie, imaginez une assurance santé, et finalement qu'un soignant, peut-être même les kinés, peut-être même d'autres... profession paramédicale puissent devenir des acteurs d'éducation et de prévention.

  • Speaker #1

    Ça fait une parfaite transition avec les deux dernières questions que je pose à tous les invités de Mutant. Ça serait quoi, en final pour toi, une transformation du système de santé réussi ?

  • Speaker #0

    Pour moi, c'est un système qui place réellement et concrètement la prévention comme une des premières étapes du parcours de santé avant d'être dans le parcours de soins. C'est également pour moi, une meilleure valorisation des actions de prévention et des dépistages auprès des soignants, parce que les pharmaciens sont aussi des acteurs de la prévention, par exemple. C'est un système de santé qui soit plus agile, plus collaboratif et plus orienté sur l'expérience patient, ou l'expérience citoyen, si on veut parler de prévention. Du coup, c'est aussi envisager un parcours de santé plus personnalisé, ce vers quoi on tend, plus accessible. et respectueux des diversités, bien évidemment. Mais vraiment, le plus accessible, c'est important, c'est que ça ne doit pas rester que des mots, ça doit devenir très concret. On doit faire en sorte que la prévention soit accessible à tous, puisqu'on ne peut pas faire en sorte que le soin le soit. On voit bien qu'on a un ministre de la Santé et de l'accès aux soins, alors même qu'on devrait avoir un ministre de la Santé et de la prévention, comme on avait il y a quelques temps.

  • Speaker #1

    Comme quoi, on dit que les titres, ce n'est pas important, et en même temps, ça en dit très long sur l'approche et la philosophie choisies. Toute dernière question, quel conseil ou message tu voudrais passer à ceux qui nous écoutent pour se mettre en action et contribuer à cette transformation souhaitable ?

  • Speaker #0

    Je dirais, n'attendez pas que tout soit parfait pour vous lancer. Osez sortir du cadre et avancer, même à petits pas, mais avec motivation et détermination. C'est des petites actions répétées qui finissent par changer durablement le système, je pense. S'entourer. de partenaires engagés, ça fait la différence aussi. On peut vite se sentir seule, notamment, je sais de quoi je parle, quand on est solo fond d'art. Et l'importance du collectif, je le vois avec le réseau French Care, avec le collectif Femmes de Santé. Vraiment, la notion de collectif, on va plus loin, on fait bouger les lignes, c'est concret et on se sent entouré. Voilà, pour moi, c'est vraiment essayer de faire évoluer les mentalités sur une santé qui soit vraiment proactive et sur une culture de la santé et de la prévention et sur la responsabilité de tout un chacun. individu mais aussi collectif sur ces sujets.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Charlotte pour ton temps, pour cet échange passionnant qui est en fait le premier épisode de la nouvelle saison de Mutant. Et je te dis à très bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Cécile et à très bientôt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Mutant. Pour continuer l'échange ensemble, retrouvons-nous sur Mutant en la news à laquelle vous pouvez vous abonner sur mon profil LinkedIn ou sur le site www.arken.info. À très bientôt.

  • Speaker #0

    Bonne journée.

Description

Et si la transformation du système de santé passait par une vraie culture de la prévention ? Pour ouvrir cette nouvelle saison de MUTANT[S], j’accueille Charlotte Berthaut, médecin anesthésiste-réanimatrice et fondatrice de la startup Dépistez-vous, une plateforme digitale innovante dédiée au dépistage précoce des cancers.


Dans cet épisode, nous revenons sur son parcours de médecin à entrepreneure en santé publique, les raisons personnelles et systémiques qui l’ont poussée à créer sa structure, et les leviers pour rendre la prévention plus désirable, accessible et efficace.

💡 Vous entendrez parler de :

  • L’importance d’agir en amont dans les parcours de santé,

  • Les freins culturels à la prévention en France,

  • La montée des cancers chez les moins de 50 ans,

  • L’approche pédagogique et ludique de Dépistez-vous,

  • Les limites du système curatif et l’appel à un changement culturel,

  • Le rôle clé des entreprises, mutuelles et professionnels paramédicaux dans la prévention.

Un échange inspirant et concret sur l’avenir de la santé, vu par une "docpreneure" engagée.


📢 Abonnez-vous à MUTANT[S] pour découvrir d'autres voix qui transforment le monde de la santé et prolongez les échanges grâce à MUTANT[S] - la news : abonnez-vous sur mon profile Linkedin (Cécile Gillet-Giraud) ou sur www.archen.info


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vu que le soin n'est pas accessible à tous à l'heure actuelle, autant faire en sorte que la prévention le soit.

  • Speaker #1

    Bonjour, vous écoutez Mutant. Je suis Cécile Gillet-Giraud, la créatrice de ce podcast et la fondatrice d'Arkene. J'accompagne les managers et leurs équipes face aux changements et vers de nouvelles habitudes de travail pour amener les organisations de santé vers plus d'efficacité, de sens et de durabilité. Ici, avec chacun de mes invités, nous interrogeons un aspect de transformation du monde de la santé, nous décryptons ses impacts sur la façon de travailler et nous mettons en lumière le chemin qu'il reste à parcourir et comment y contribuer. Aujourd'hui, je reçois le docteur Charlotte Berthaud, fondatrice et CEO de Dépistez-vous. Ensemble, nous allons parler de crossfit, de culture et de préventologue. C'est parti ! Bonjour Charlotte !

  • Speaker #0

    Bonjour Cécile !

  • Speaker #1

    Alors tu es anesthésiste réanimateur ou réanimatrice, diplômée de l'université Paul Sabatier à Toulouse en 2016, tu as exercé ensuite au CHU de Bordeaux. et à l'Institut Bergogne, qui est le centre de lutte contre le cancer de Nouvelle-Aquitaine. Et tu fondes en 2020 Dépistez-vous, dont on va reparler un peu plus tard, bien sûr. Mais je voulais d'abord te demander, comment est-ce qu'on passe aussi rapidement de médecin à startupeuse ?

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, je me pose encore la question. Je dirais que c'est un petit peu de folie et puis une bonne dose de conviction, de motivation pour te resituer un petit peu mon parcours que tu as bien écrit. J'ai effectivement exercé au centre anti-cancer de Bordeaux, l'Institut Bergogne, et j'avais passé le concours aussi pour être praticien spécialiste des centres de contre-cancer, donc j'avais prévu d'y rester quelques temps. Et finalement, au bout de quatre années, je me suis rendue compte que je n'étais pas alignée, ou en tout cas, ma vocation initiale d'être médecin pour avoir de l'impact, pour être utile, pour véritablement permettre aux gens de rester en bonne santé, elle était... finalement pas assez exploité. Donc c'était difficile pour moi parce que j'avais fait 13 années de médecine. J'avais ensuite fait ce qu'on appelle un poste internat. J'avais vraiment envie de rester dans ce domaine de l'anesthésie-réanimation et notamment en onco, ça me passionnait vraiment. Parallèlement à ça, l'autre constat qui m'a un petit peu chamboulée, c'était le diagnostic du mélanome de mon papa. Il avait une cinquantaine d'années, c'était un stade assez avancé, un stade 3. et finalement entre cet événement de vie plutôt personnel et mon poste à l'Institut Bergonier où j'avais la sensation d'être frustrée, d'arriver trop tard dans le parcours de soins, je voulais être vraiment dans l'amont, comment on fait pour rester en bonne santé. J'ai pris conscience que la prévention était insuffisamment valorisée dans le système de santé puisqu'on est finalement beaucoup dans un système de soins. Donc j'ai eu envie de prendre à bras le corps ce sujet pour faire en sorte que les patients que j'avais en face de moi ne me disent plus si j'avais su... ou j'ai oublié ou je ne me sens pas concernée ou le cancer, ça ne touche que les vieux ou je suis protégée parce que je fais du crossfit, je ne fume pas et je mange mes cinq fruits et légumes par jour ou bien je n'ai pas de symptômes, donc je ne vois pas pourquoi je me ferais dépister. Plein de fausses croyances, plein d'idées reçues. Et au final, ça m'a vraiment donné envie d'agir à ma petite échelle. Et donc, c'est un peu l'acte que dépister vous est né.

  • Speaker #1

    On voit un peu, même après 13 ans d'études, à quel point ce sentiment de ne pas être aligné, ça peut être un moteur vraiment très puissant. même quand on est médecin, et peut-être même surtout quand on est médecin, pour faire en sorte que cette fameuse vocation soit vraiment mise en pratique ?

  • Speaker #0

    Pour rebondir sur ce que tu dis, je pense que ça donne envie d'agir différemment, de manière peut-être plus directe et plus agile, parce que quand on est médecin, on est quand même dans un système, et c'est difficile des fois d'en sortir. Donc comment on peut sortir de ce cadre médical classique pour créer sa voie et faire de la prévention, je pense qu'on n'apprend pas en médecine. Et finalement, Dépistez-vous, ça m'a permis de... Combiner cette expertise médicale et cette vraie volonté d'aider son prochain et d'être utile avec une action plus concrète sur le terrain, dépister vous, faire de la prévention, et donc d'agir en amont. C'est vrai que c'est pour moi quelque chose de... C'est un peu comme un aboutissement que je n'aurais pas pu avoir avec la médecine parce qu'on n'a pas cette culture-là et on n'a pas cette éducation des médecins en France à ce stade. Aujourd'hui, j'espère que ça changera.

  • Speaker #1

    Et alors, justement, comment s'organisent tes activités aujourd'hui ? Est-ce que tu pratiques encore en tant que médecin ?

  • Speaker #0

    Alors... Oui, effectivement, je continue d'exercer comme anesthésiste de temps en temps. Je fais des remplacements, en fait, ponctuellement, quelques jours par-ci, par-là. Ça me permet de garder un pied sur le terrain, de voir des patients, de voir des confrères, des consoeurs. Mais il ne faut pas se mentir, l'essentiel de mon temps, 99,9%, c'est consacré à mon engagement entrepreneurial avec Dépistez-vous. Mais voilà, cet équilibre, ça me permet de rester quand même connectée à la réalité des patients et des soignants et en même temps, de développer des projets Et... d'innovation en santé publique, finalement, et de répondre à des enjeux de santé publique actuellement.

  • Speaker #1

    Et comment le fait de devenir entrepreneuse ou docpreneuse, comme tu me l'as dit, a changé ton regard sur la façon d'exercer la médecine et sur l'ensemble du système de santé,

  • Speaker #0

    en fait ? Effectivement, j'ai pu constater de l'intérieur, on va dire, du système à quel point l'immobilisme administratif freine l'innovation. Mais au-delà de ces lourdeurs administratives, c'est aussi des freins culturels profonds qui ralentissent le changement. La peur de l'échec, la méfiance vis-à-vis du privé, la crainte de faire autre chose autrement et de sortir un peu du cadre. J'ai compris qu'en fait, ce changement devait venir de l'intérieur de nous, professionnels. Et on est nombreux à faire le pas et à devenir des dog-preneurs, comme tu le disais, en osant bousculer un peu les codes, finalement, aujourd'hui. Moi, mon rêve, ce serait quand même que le système soit plus agile, parce qu'il est encore... compliqué de travailler en tant que startup avec les institutions qui soient plus agiles, plus collaboratifs et vraiment centrés sur le citoyen-patient. Je mettrais le mot attaché. L'idée, c'est quand même qu'on reste des citoyens le plus longtemps possible et qu'on soit que transitoirement des patients. Donc voilà, l'idée, c'est comment on peut collaborer et du coup, être plus efficients dans les collaborations publiques-privées, encore une fois. On en parle beaucoup, mais on n'a encore pas trouvé une vraie solution, en tout cas, pour pouvoir tester des solutions startup en dehors de... de cadres parfois dans lesquels on ne rentre pas et de cases dans lesquelles on ne rentre pas. Et je sais de quoi je parle.

  • Speaker #1

    Vous êtes plusieurs mutants à avoir déjà prononcé ces phrases de la nécessité d'un système de santé beaucoup plus collaboratif, plus agile. Et on voit bien qu'on n'y est pas encore et que c'est vraiment un élément essentiel pour pouvoir passer à un autre niveau, à une autre étape.

  • Speaker #0

    Oui, l'étape, c'est vraiment d'investir dans la prévention parce qu'investir dans la prévention, c'est non seulement sauver des vies, mais c'est garantir la soutenabilité de notre... notre modèle de santé pour demain.

  • Speaker #1

    Alors, on l'a évoqué déjà, tu as fondé en 2020 la startup Dépistez-vous, qui est une plateforme digitale dédiée à la prévention et au dépistage des cancers. À quel besoin ou à quel constat tu as voulu répondre à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    En fait, je me suis rendue compte d'une chose assez évidente, quand on s'intéresse de près au sujet, c'est qu'on pourrait éviter près d'un cancer sur deux, grâce à la prévention et au dépistage. C'est à peu près 150 000 cas de cancers par an. Donc déjà, ce premier constat donne assez de sens. pouvoir avancer sur le sujet et se dire qu'on est sur un vrai sujet de santé publique. J'ai pris conscience que la prévention, elle était souvent mal comprise, mal organisée, vécue comme plutôt optionnelle, secondaire par les citoyens, par les entreprises et par les assureurs et les mutuelles. Elle est peu désirable et surtout, elle est moins spectaculaire que forcément le soin en tant que tel et le pouvoir de guérir finalement. Donc la mesure en fait de l'acte de prévention est moins visible. que la mesure de quelqu'un qui est malade et qu'on guérit. Le ROI, le fameux, est moins palpable. Tant on sait qu'investir dans la prévention, c'est rentable, mais ce n'est pas du court terme, c'est plutôt du moyen long terme et donc plus compliqué à faire voir pour certaines entités. Donc j'ai voulu proposer une approche de la prévention et du dépistage plus moderne, plus accessible, notamment accessible à tous, parce que vu que le soin n'est pas accessible à tous à l'heure actuelle, autant faire en sorte que la prévention le soit pour éviter derrière de... justement d'engorger les hôpitaux notamment et de ne pas pouvoir se faire soigner comme il faut. Et donc, rendre vraiment cette prévention ludique, simple et personnalisée, parce qu'en fait, ne marche que ce qui nous parle et non pas une injonction qui soit généraliste. Donc, l'idée, c'est vraiment qu'elle soit simple, ludique, personnalisée et accessible à tous. L'impact finalement sociétal et économique auquel, du coup, on peut répondre aujourd'hui, il est colossal en fait, grâce à la prévention. On le sait, on a des chiffres, on a des études.

  • Speaker #1

    Ok et... Comment Dépistez-vous favorise cette prévention désirable alors ?

  • Speaker #0

    Effectivement, tu l'as bien dit. Dépistez-vous, c'est plusieurs choses, c'est plusieurs offres, c'est plusieurs solutions qui sont intriquées les unes aux autres. L'idée, c'est d'abord de passer d'un rôle réactif, on disait tout à l'heure celui de soigner, à un rôle proactif, celui d'agir et donc de prévenir. Notre mission, c'est plutôt prévenir que guérir. L'idée, c'est de pouvoir offrir à l'ensemble des citoyens, donc de 18 à pas de limite vraiment, l'accès à Dépistez-vous, avec à la fois une solution digitale qui est une web application sur laquelle on va trouver des questionnaires médicaux qui vont nous permettre de connaître notre profil de risque et donc de savoir quel dépistage on doit faire, à quel moment, avec quel professionnel de santé, d'avoir des rappels, conseils de prévention, d'avoir de la téléconsultation, d'avoir du lien avec les associations, avec les plateformes de rendez-vous et d'avoir vraiment accès à des ressources pédagogiques. Ça, c'est vraiment la partie digitale qui est comme un accompagnement dans le temps de l'individu, vraiment un suivi. pour qu'ils puissent rester en bonne santé et faire ces dépistages en temps et en heure, et avoir la bonne info au bon moment. Derrière, on a développé une seconde offre qui se complète très bien, puisque du coup on ajoute un peu plus d'humain, un peu plus d'interaction, et le côté un peu ludique et pédagogique avec des ateliers de prévention. Donc c'est des ateliers qu'on appelle prévention at work, qu'on fait en digital, en webinaire. On les co-anime entre un patient, un soignant et un membre de l'équipe Dépistez-vous. Souvent, on le fait sur des formats comme ça, webinaires, parce que ça permet de toucher des personnes qui sont en télétravail, qui sont multi-sites, d'avoir l'accès à un replay. Et on vise bien sûr les entreprises, mais aussi les mutuelles pour leurs adhérents. Donc nous, vraiment, l'idée, c'est de pouvoir toucher encore une fois l'ensemble des citoyens, mais via leur employeur ou via leur mutuelle ou leur assureur. Et ensuite, la dernière offre, ce sont des journées de dépistage sur site. pour les personnes identifiées à risque de cancer de la peau par la plateforme. Et donc là, on a des partenariats assez forts, à la fois pour orienter nos utilisateurs vers des pharmacies qui pourraient permettre ce diagnostic précoce des gains de beauté grâce à des solutions avec des dermatoscopes, notamment Equipédia. Et en même temps, si l'entreprise le propose à ses salariés, de pouvoir proposer le dépistage sur site, ce qui est quand même un gros plus pour que les gens puissent avoir accès à un dépistage précoce sans attendre des délais de rendez-vous parfois un peu longs, on le sait. Donc voilà, ça c'est nos trois offres. Et ensuite, on a quelques mesures d'impact déjà, puisqu'on a lancé il y a un an et demi à peu près la commercialisation. Et on a réussi à éviter des cancers chez 15% de nos utilisateurs répondants qui ont découvert une lésion précancéreuse et donc, par définition, éviter qu'elle se transforme en cancer. On a aussi engagé deux tiers de nos utilisateurs dans une démarche proactive puisqu'ils se sont allés voir leur médecin. après avoir fait un parcours sur Dépistez-vous. Donc, on les a sensibilisés et ils peuvent aller voir leur médecin avec les réponses au questionnaire pour la conduite à tenir derrière et le dépistage à faire. Et autre chose intéressante dont on n'a pas encore parlé, c'est le nombre de personnes à risque de moins de 50 ans identifiées par la plateforme. 53% de personnes identifiées à risque par la plateforme avaient moins de 50 ans. Et donc, ça, c'est intéressant pour nous parce que c'est une cible de jeunes adultes qui n'est pas... pas concernés par les campagnes de dépistage, notamment celles du sein et le colorectal, puisqu'elles commencent à 50 ans, et qui pourtant sont à risque, et on le sait, puisqu'il y a une augmentation vraiment exponentielle des cas de cancer chez les 14-49 ans, de plus de 80% ces 30 dernières années, et on attend encore 30% d'augmentation chez les 14-49 ans d'ici 5 ans. Donc il est urgent d'agir chez ces jeunes adultes, et où est-ce qu'on les trouve souvent dans les entreprises.

  • Speaker #1

    C'est des chiffres qu'on commence à entendre en effet de plus en plus et qui sont vraiment inquiétants. Moi qui travaille sur le changement culturel et les changements de comportement et d'habitude, j'ai envie de savoir, est-ce qu'il y a une recette Dépistez-vous qui permet aux personnes de passer à l'acte de dépistage par exemple, plutôt que de faire l'autruche par peur de trouver quelque chose ?

  • Speaker #0

    En fait, j'ai l'impression que ce qui marche, c'est vraiment la pédagogie, c'est vraiment l'éducation. Et ça, c'est rendu possible par le digital et par les ateliers, de pouvoir répondre aux questions que tu cites, en fait, finalement, de la peur, en fait, on se rend compte qu'il y a beaucoup de peur, beaucoup de fausses croyances et d'idées reçues. Et ça, en fait, on peut le, entre guillemets, combattre grâce à la pédagogie. Donc, c'est justement ce qu'on essaye de faire quand on donne la parole aux patients, quand ils racontent, quand ils témoignent son parcours, quand on donne la parole aux soignants qui viennent un petit peu apporter des conseils concrets. Et en fait, on part, finalement, des fois, de certaines croyances et on les déconstruit avec les individus en direct. Et en fait, je vois... très bien le changement de comportement, puisqu'à la fin, souvent, les gens nous disent « en fait, j'avais peur d'un truc, mais juste parce que je n'avais pas bien compris l'enjeu, l'intérêt, comment l'examen allait se passer, à quoi ça allait me servir. » Donc, le fait d'illustrer à la fois d'un témoignage, à la fois de quelques statistiques, de pouvoir aussi en parler, j'imagine que tu vois un petit peu notre communication sur nos réseaux. L'idée, c'est de prendre ça avec un peu d'humour, avec un peu de recul. C'est un sujet qui est tabou, c'est un sujet qui est compliqué, et justement, nous, on essaye de le prendre d'une autre manière pour que... puissent faire passer des messages sans que ça soit des injonctions et sans que ça soit mal vécu ou anxiogène, encore pire, pour les utilisateurs ou pour notre communauté. Je pense que c'est ça un peu la clé. Oui, ça doit être la clé de tout, la pédagogie et la communication.

  • Speaker #1

    Oui, ça, on est d'accord, tu prêches une convaincue. Alors, on en a parlé ensemble quand on s'est rencontrés. Toi, tu milites pour une évolution ou une transformation du système de santé, pour une véritable bascule vers la prévention qui va bien, bien au-delà de « dépistez-vous » . Est-ce que tu peux nous en dire plus ?

  • Speaker #0

    Effectivement, je milite pour qu'on essaye de changer notre culture de la prévention en France. Peut-être déjà qu'on essaye d'en avoir une, donc de la changer. De sortir de ce fameux système curatif, de laisser le médecin soigné et l'hôpital soigné, et de laisser les malades aux médecins et les malades à l'hôpital. Et peut-être d'imaginer que les gens en bonne santé puissent aller voir d'autres acteurs, étant donné qu'en plus en médecine on est... mais pas vraiment formés à la prévention, en tout cas pas tous les médecins. Au final, peut-être qu'il serait intéressant d'envisager des métiers de préventionnistes ou de préventologues, alors je sais que ça existe dans certains domaines, qui seraient... qui serait finalement à la portée de paramédicaux, comme des infirmiers, infirmières, des IPA, infirmières de pratique avancée. L'idée, c'est de valoriser un petit peu une collaboration entre un monde médical, encore une fois, qui soigne, dans un parcours de soins, des acteurs économiques, des patients, et de promouvoir vraiment, plutôt qu'une assurance maladie, imaginez une assurance santé, et finalement qu'un soignant, peut-être même les kinés, peut-être même d'autres... profession paramédicale puissent devenir des acteurs d'éducation et de prévention.

  • Speaker #1

    Ça fait une parfaite transition avec les deux dernières questions que je pose à tous les invités de Mutant. Ça serait quoi, en final pour toi, une transformation du système de santé réussi ?

  • Speaker #0

    Pour moi, c'est un système qui place réellement et concrètement la prévention comme une des premières étapes du parcours de santé avant d'être dans le parcours de soins. C'est également pour moi, une meilleure valorisation des actions de prévention et des dépistages auprès des soignants, parce que les pharmaciens sont aussi des acteurs de la prévention, par exemple. C'est un système de santé qui soit plus agile, plus collaboratif et plus orienté sur l'expérience patient, ou l'expérience citoyen, si on veut parler de prévention. Du coup, c'est aussi envisager un parcours de santé plus personnalisé, ce vers quoi on tend, plus accessible. et respectueux des diversités, bien évidemment. Mais vraiment, le plus accessible, c'est important, c'est que ça ne doit pas rester que des mots, ça doit devenir très concret. On doit faire en sorte que la prévention soit accessible à tous, puisqu'on ne peut pas faire en sorte que le soin le soit. On voit bien qu'on a un ministre de la Santé et de l'accès aux soins, alors même qu'on devrait avoir un ministre de la Santé et de la prévention, comme on avait il y a quelques temps.

  • Speaker #1

    Comme quoi, on dit que les titres, ce n'est pas important, et en même temps, ça en dit très long sur l'approche et la philosophie choisies. Toute dernière question, quel conseil ou message tu voudrais passer à ceux qui nous écoutent pour se mettre en action et contribuer à cette transformation souhaitable ?

  • Speaker #0

    Je dirais, n'attendez pas que tout soit parfait pour vous lancer. Osez sortir du cadre et avancer, même à petits pas, mais avec motivation et détermination. C'est des petites actions répétées qui finissent par changer durablement le système, je pense. S'entourer. de partenaires engagés, ça fait la différence aussi. On peut vite se sentir seule, notamment, je sais de quoi je parle, quand on est solo fond d'art. Et l'importance du collectif, je le vois avec le réseau French Care, avec le collectif Femmes de Santé. Vraiment, la notion de collectif, on va plus loin, on fait bouger les lignes, c'est concret et on se sent entouré. Voilà, pour moi, c'est vraiment essayer de faire évoluer les mentalités sur une santé qui soit vraiment proactive et sur une culture de la santé et de la prévention et sur la responsabilité de tout un chacun. individu mais aussi collectif sur ces sujets.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Charlotte pour ton temps, pour cet échange passionnant qui est en fait le premier épisode de la nouvelle saison de Mutant. Et je te dis à très bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Cécile et à très bientôt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Mutant. Pour continuer l'échange ensemble, retrouvons-nous sur Mutant en la news à laquelle vous pouvez vous abonner sur mon profil LinkedIn ou sur le site www.arken.info. À très bientôt.

  • Speaker #0

    Bonne journée.

Share

Embed

You may also like