Speaker #0La libido, c'est un sujet dont on parle encore trop peu entre femmes. Et quand on en parle, c'est souvent avec un peu de gêne, parfois de frustration, ou avec l'impression qu'il y aurait une norme à atteindre. Et pourtant, la libido est tout sauf linéaire, tout sauf figée. Elle bouge, elle fluctue, elle évolue, et tout cela souvent au rythme de nos hormones. Dans cet épisode, nous allons nous intéresser aux liens entre fluctuations hormonales et désirs sexuels, comment notre cycle influence-t-il nos envies, Et qu'en est-il quand on est sous pilule, en postpartum ou en période de ménopause ? Ce que disent les études peut vraiment nous aider à mieux comprendre et surtout à mieux s'écouter. Alors d'abord, rappelons-le, la libido ce n'est pas une machine qui fonctionne en continu. Ce n'est pas non plus une obligation. C'est un élan, un désir qui peut être influencé par notre environnement, par nos émotions, notre niveau de fatigue, mais aussi par nos hormones. Les chercheurs s'accordent aujourd'hui sur une chose. Le désir féminin est profondément influencé par le cycle menstruel. Il est donc naturel que votre envie évolue d'une phase à l'autre. Ce n'est pas un bug ou un dysfonctionnement, disons que c'est plutôt une mécanique du corps. Alors décryptons ensemble ce qui se passe au cours d'un cycle menstruel. Juste après les règles, on rentre dans la phase folliculaire. Les oestrogènes remontent, on retrouve de l'énergie, on se sent généralement plus légère, plus dynamique, et pour beaucoup de femmes, la libido commence à revenir doucement. et pour d'autres de manière beaucoup plus intense. Autour de l'ovulation, donc vers le 14e jour pour un cycle de 28 jours, c'est souvent là que le désir est le plus fort. Pourquoi ? Parce que les oestrogènes sont au niveau le plus haut, mais aussi parce qu'on a un petit pic de testostérone, une hormone clé dans la régulation du désir. Plusieurs études ont démontré que c'est à cette période que les femmes se sentent le plus attirantes, ont le plus de confiance en elles, et sont le plus à la recherche d'intimité. Puis, après l'ovulation, on rentre dans la phase luthéale. La progestérone prend le relais, ce qui va générer une baisse d'énergie, un moral un peu plus fluctuant, voire des symptômes de SPM. La libido peut alors chuter et c'est complètement normal. Et pendant les règles ? Là, c'est très variable. Certaines femmes peuvent ressentir de la fatigue, le besoin de se recentrer sur elles-mêmes, ou tout le contraire. Ce qui peut avoir un impact sur la libido dans un sens comme dans l'autre. C'est personnel et il n'existe absolument pas de normes. Au-delà du cycle menstruel, quels autres facteurs peuvent influencer notre libido ? Sous pilule, certaines femmes remarquent une baisse du désir. Ce n'est pas systématique mais c'est assez fréquent. Pourquoi ? Parce que la pilule diminue la production naturelle de testostérone, l'une des hormones liées à l'élan sexuel. C'est pourquoi certaines femmes retrouvent une libido plus vive après un arrêt de pilule. Après un accouchement et surtout pendant l'allaitement, les taux de prolactine sont très élevés, ce qui peut freiner le désir. Et à cela s'ajoutent souvent la fatigue, les douleurs, les changements corporels, rien d'anormal donc, mais cela mérite d'être reconnu et adressé. Enfin, à la ménopause, la chute des oestrogènes peut provoquer une sécheresse vaginale, une baisse de testostérone et un impact sur la libido. Là encore, des solutions existent. Lubrifiant, traitements hormonaux locaux... accompagnement sexothérapeutique, donc pas de fatalité, des solutions existent. Alors que faire face à toutes ces fluctuations ? Comment mieux vivre ce lien entre hormones et libido, sans culpabiliser ni se juger ? D'abord, s'observer. Se poser la question « à quel moment du cycle est-ce que je me sens le plus en phase avec mon désir ? » , ce qui va vous permettre de pouvoir repérer votre propre rythme. Ensuite, oser en parler avec son ou sa partenaire, ou éventuellement avec un ou une professionnelle de santé. Pour exprimer ce qui se passe, adapter les attentes, retrouver une forme de complicité sans se mettre la pression. Et surtout, s'autoriser à ne pas avoir envie. Le désir c'est quelque chose qui se cultive, pas qui se commande. Ce n'est pas un devoir conjugal ni une mesure de la féminité. C'est un indicateur de notre état intérieur, de notre équilibre, et il mérite qu'on l'écoute avec bienveillance, sans jugement de soi. Vous l'aurez compris, la libido féminine est tout sauf linéaire. Elle fluctue, elle se module, elle répond à nos hormones, à notre vécu, à notre mental, et elle a parfaitement le droit d'évoluer au fil des mois et au cours de la vie. Apprendre à se connaître, à s'écouter, à se respecter, C'est déjà une manière de nourrir ce désir à son propre rythme. Pour plus d'infos sur le sujet, je vous laisse tous les liens en description de l'épisode.